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Quelques
réflexions
Nathalie Zilkha
Dans Revue française de psychanalyse 2013/2 (Vol. 77), pages 427 à 432
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0035-2942
ISBN 9782130618461
DOI 10.3917/rfp.772.0427
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Nathalie Zilkha
Cette dernière occurrence nous est assez familière. Ainsi, un travail d’ado-
lescence en souffrance, qui a manqué à se faire au moment le plus opportun,
grève-t-il le devenir de l’individu, de manière plus ou moins circonscrite ou
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1. De nombreux enjeux ressortent de la pièce de Tennessee Williams, comme du film, mais celui
qui m’intéresse ici me semble davantage mis en relief dans le film que dans l’œuvre originale.
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Brick, trente ans, joué par Paul Newman, a beaucoup d’un « éternel ado-
lescent » (Ladame, 2003). Dans la première scène du film, il s’essaie, saoul, à
sauter des haies dans le stade vide de son ancienne école, en imaginant qu’on
l’acclame comme l’athlète qu’il était autrefois, fantaisie qui lui vaut de se
casser la cheville. On le retrouve ensuite noyant dans l’alcool, son chagrin, sa
douleur et ses défaites, allongé dans le canapé de la chambre qu’il occupe avec
sa femme, dans le vaste domaine de son père. Toute la famille est réunie pour
« fêter » l’anniversaire du père de Brick, « Big Daddy », interprété par Burt
Ives, qui souffre d’un cancer incurable qu’on lui cache.
À la nostalgie de l’adolescence, avec ce qu’elle comporte de force
physique et de promesse d’avenir, s’ajoute chez Brick une souffrance liée à
des enjeux plus spécifiquement adolescents. Brick est marié mais depuis le
suicide de Skipper, son meilleur ami et alter ego, il rejette sa femme, inter-
prétée par Elizabeth Taylor. La mort de son ami le hante, le deuil semble
impossible, d’autant que Brick est rongé par une culpabilité qu’il tente de
projeter sur sa femme. Le conflit entre investissement homosexuel et inves-
tissement hétérosexuel submerge Brick. Il se laisse attirer par le néant induit
par l’alcool, le moment où il ne pensera plus et ne sentira plus. Tout tourné
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Une formidable emphase est mise sur cette rencontre, avec son caractère
de corps à corps, et les enjeux de vie et de mort qui la portent. « Big Daddy »
interroge Brick sur ce qui le pousse à boire et ne se laisse pas abuser par ses
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Nous n’en avons jamais fini avec l’adolescence, comme avec l’infantile.
Qui plus est, nous n’aurons jamais fini de renoncer à cette période de la vie,
certes souvent douloureuse et compliquée, mais riche de possibles. De fait,
une position adolescente reste peu ou prou active chez l’adulte, sous une forme
plus ou moins serrée et contraignante, se réduisant à la répétition du non-
advenu, ou sous la forme d’une force et d’une quête d’authenticité, nourrissant
nos actes et notre processus de subjectivation.
RÉfÉrences bibliographiques