Vous êtes sur la page 1sur 16

CHAPITRE 29.

– FONCTION SYMBOLIQUE, IMAGERIE MENTALE, RÊVE-


ÉVEILLÉ

Bernard Etchelecou
in André Etchelecou, Grand manuel de sophrologie

Dunod | « Les nouveaux chemins de la santé »

2017 | pages 690 à 704


ISBN 9782100763276
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/grand-manuel-de-sophrologie---page-690.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Distribution électronique Cairn.info pour Dunod.
© Dunod. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Fonction
Chapitre
symbolique,
29 imagerie mentale,
rêve-éveillé
BERNARD ETCHELECOU

Sommaire
1. Importance de la fonction symbolique............................................ 690
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
2. Applications thérapeutiques............................................................. 691

3. Imagerie mentale, travail en groupe................................................ 696

4. Bibliographie...................................................................................... 704

1. Importance de la fonction symbolique


S. Freud écrit dans un de ses articles avoir observé son petit-fils de 18 mois jouant
avec une bobine reliée à un fil. Ernst passait de longs moments à lancer la bobine
hors de sa vue, puis à la ramener vers lui avant de la relancer à nouveau. Il soulignait
de deux phonèmes ce mouvement de va-et-vient : « o-o-o » lorsque la bobine dis-
paraissait, « da » quand elle revenait. Ce qui selon sa maman signifiait fort (« partie »)
et da (« là ») :

« Tel était le jeu complet comportant une disparition et une réapparition, mais dont on ne voyait
généralement que le premier acte, lequel était répété inlassablement, bien qu’il fût évident que
c’est le deuxième acte qui procurait à l’enfant le plus de plaisir. » (Freud, 1973, p. 16-17)

Ernst était manifestement très investi dans ces « présences-absences » de la bobine


qu’il provoquait lui-même. Ce jeu de disparition et de retour était en fait selon Freud
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 691

une reprise par l’enfant du vécu de séparation, une tentative de contrôler le trau-
matisme subi par la perte de la mère. Ernst faisait COMME SI la bobine représentait
sa mère, et finalement toute personne ou chose susceptibles de disparaître, en se
faisant à lui-même la démonstration qu’il avait le pouvoir de les faire revenir à sa
guise.
On a tous eu l’expérience de ces enfants qui, à l’âge où l’angoisse de séparation est
prépondérante (vers 3-4 ans), deviennent extrêmement tyranniques, voulant dis-
poser à leur guise des êtres chers dont ils dépendent, et s’efforçant pour cela de les
« tenir en laisse » à l’instar de Ernst avec sa bobine. Comme si l’enfant pensait :
« Maman, dont je dépends tellement pour remédier à tous mes besoins, à mes peurs
et peines… maman qui est là pour assurer mon bien-être, ma sécurité, ne risque pas
de s’échapper puisque j’en fais très exactement ce que je veux. »

IMPORTANT
La représentation symbolique permet, à l’enfant comme à l’adulte
d’ailleurs, de mieux se distancier des vécus traumatisants, d’exprimer
ses conflits tout en tentant de les résoudre.
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Ce sont les dessins, jeux de rôles, tensions corporelles signifiantes, les
rêves et rêveries éveillées, et autres productions imagées qui offrent en
thérapie des occasions d’élaborations, une nouvelle chance de progres-
sion.

Le processus de symbolisation est prépondérant en sophrologie grâce au travail par


l’imagerie mentale pouvant être considérée comme une expression privilégiée des
désirs et conflits inconscients, mais aussi comme un moyen d’exploration de nos
ressources et de réaménagement constructif de soi.

2. Applications thérapeutiques
L’imagination active
On trouve chez C. G. Jung une possibilité de travail sur soi qu’il appelle l’« imagi-
nation active » qui offre une occasion à l’inconscient de prendre forme, de devenir
d’une certaine manière l’interlocuteur de notre conscience éveillée. On n’est certes
pas là en prise directe avec notre inconscient, comme par exemple dans les rêves,
mais on peut amener l’affect, l’émotion, le conflit, à se représenter (paysage, per-
sonnage, animal, voix…) pour que le conscient puisse s’y confronter de façon active :
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

692 Parentés thérapeutiques

« L’imagination active donne lieu à une rencontre. Les figures prennent autant que possible, leur
autonomie. Un homme, une femme, un animal venus en rêve, évoqués et fréquentés en imagi-
nation, deviennent, pour une période, des interlocuteurs familiers. » (Humbert, 1983, p. 33)

CAS PRATIQUE
Grégoire et ses cauchemars
Grégoire a peur la nuit, fait des cauchemars, craint la venue d’une sorcière.
Après une petite détente, je lui demande de « voir dans sa tête » ce qui lui fait peur.
Il me dit :
« – C’est une sorcière.
– Elle est comment cette sorcière ?
– Toute noire, avec un chapeau noir, une robe noire, des souliers pointus noirs…
– Quel air elle a ?
– Un peu méchante.
– Tu te sens comment avec elle ?
– … Bien parce qu’il y a un petit soleil (qui le rassure).
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
– Est-ce que tu peux faire quelque chose pour elle ? (Tentative de retournement
des forces en présence, lui n’étant plus subissant mais actif et qui a du pouvoir.)
– … Euh… oui… Lui offrir un balai pour qu’elle se promène. »
Il la voit ensuite se promener dans l’espace, visiblement très satisfaite de son
cadeau.
Implicitement : non plus subir l’autre dangereux, mais avoir aussi du pouvoir
sur lui. En profiter pour donner à l’autre quelque chose qui puisse lui faire plaisir
(on ne peut décemment être méchant avec quelqu’un qui nous fait un si joli
cadeau)
Comme je sais que Grégoire croit encore au père Noël, je lui demande de se
remémorer une nuit (= moment où il a peur) de Noël, où le père Noël – autre
image de puissant, bénéfique celle-là : père imaginaire gratifiant opposé à mère
sorcière méchante ? – lui a offert des cadeaux. Il se retrouve effectivement une
nuit de Noël et me raconte combien il est content le matin de découvrir ses
cadeaux.
Donc dans la nuit se passe, contrairement à sa peur, quelque chose de très positif
et qui lui fait plaisir. Grégoire peut se mettre dans la peau de celui qui reçoit les
cadeaux, association possible avec la sorcière qui elle-même très contente de
son cadeau… qui lui permet d’ailleurs d’aller se promener… même au diable si
ça lui chante !
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 693

Le rêve-éveillé
Bien que le rêve-éveillé dirigé de Desoille soit l’approche la plus répandue, j’ai choisi
de présenter ici celle de Leuner, moins connue, mais qui peut aisément venir en
complément des outils du sophrologue. Cette méthode est à comprendre comme
une mise en contact avec une partie de soi qui cherche des solutions ; ceci en images.
Il s’agit, comme dans l’« imagination active » de Jung, de provoquer en quelque sorte
une rencontre avec soi-même par le biais des images et le flux de leurs associations
qui surgissent plus librement à la conscience en état de détente.
Leuner, selon la problématique du patient, lui propose une image qui sert de point
de départ aux cheminements de son imagination créatrice. La symbolique que ces
images de départ sont censées recéler n’est pas à prendre à la lettre, mais plutôt
comme une propension, une tendance à susciter plutôt telle ou telle thématique…
Ce qui compte n’est finalement que ce qu’en fait le sujet selon ses besoins et préoc-
cupations du moment.

Fiche Les thèmes proposés par Leuner


© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
● Un ENFANT (soi enfant, idéal de l’enfant, relation à ses propres enfants…).
● Une FLEUR (image que l’on a de soi, de sa situation…).
● TROIS ARBRES (triangulation parents-enfant…).
● Un PRÉ (départ, on se promène au gré des rencontres…).
● Une MONTAGNE (relation à l’autorité, comment on aborde les difficultés…).
● Un RUISSEAU (remonter à la source, rapport à la mère, au passé, aux origines…).
● Une MAISON (soi, visites de parties de soi…).
● Une LISIÈRE (limite conscient-inconscient…).

Le patient décrit ce qu’il voit, ce qu’il vit, ce qu’il ressent au long de son cheminement
en rêve-éveillé ; il explore tout ce qu’il peut découvrir dans ses images. II n’a bien
sûr pas recours à des images-solutions-magiques pour régler les problèmes qui
pourraient se présenter… Mais il peut à l’occasion questionner ses images : des
ressources s’y trouvent-elles qui pourraient l’aider ? Il se peut qu’aucune issue ne
soit entrevue, constat de l’impasse du moment, qu’il est toujours possible de ver-
baliser.
Le sujet se confronte au symbole : de quoi ce symbole peut bien avoir envie ? Qu’est
ce qui pourrait le « nourrir », le satisfaire pour sortir de la situation symptomatique ?
Le cas de Grégoire et sa sorcière, ci-dessus, est à cet égard édifiant.
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

694 Parentés thérapeutiques

Le thérapeute est présent, à l’écoute du patient qu’il accompagne sans intervenir


dans le contenu de ses images mais peut parfois l’aider à préciser ce qu’il voit, ce
qu’il ressent surtout, faciliter selon les cas la dynamique exploratoire (« Est-ce que
vous avez envie de quelque chose maintenant ? » « Y a-t-il un autre endroit dans ce
paysage qui attire votre attention ?… Où aimeriez-vous vous rendre ? », etc.)

CAS PRATIQUE
Les trois arbres (Alex, pilote de ligne)
Alex : Ces arbres sont ceux d’un verger de mon père devant la maison. (Il s’agit
d’un souvenir réel.)
Thérapeute : Certaines images et souvenirs bien réels peuvent apparaître et
on peut laisser tout aussi bien l’imagination jouer… On fait avec ce qui se pré-
sente, plus ou moins réel, plus ou moins imaginé. Qu’est-ce que vous ressentez
devant ces arbres ?
Alex : Une sensation… d’enracinement. Des arbres solides qui ont percé le
temps… Le plaisir des cerises, le soleil, l’été. Une sensation de liberté, de bien-
être… Être là juste pour le plaisir, pas de contraintes…
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Thérapeute : Comment pourriez-vous décrire ces arbres ?
Alex : LE PREMIER ARBRE, un tulipier, bien pommé, grand, beau, de grandes
feuilles larges, un arbre de décoration… Cet arbre me fait penser à ma mère et
mon père, le plaisir de les retrouver quand je revenais de l’école militaire, ma
mère une larme à l’œil (émotion)…
Derrière, (DEUXIÈME ARBRE) un cerisier assez vieux avec des branches qui
tombent par terre, on avait envie d’y grimper dedans…
Celui de droite, (TROISIÈME ARBRE), moins accessible car le terrain est en
bordure de clôture, en pente, une vue sur le lac Léman, le tronc est très haut, celui-
là on a du mal à y grimper…
(Il revient devant le deuxième arbre.)
J’ai envie de l’escalader…
Je suis en train de grimper comme un singe, rapide, d’instinct… pour arriver au
bout, facilement… sensation très agréable de rapidité, efficacité, bonne maîtrise
de l’ascension… Je suis dans l’arbre, comme dans un nid… Au-dessus de l’arbre
et de tous les autres arbres, j’observe, content d’être arrivé… profiter du moment
à fond, plénitude du relâchement après l’effort
Thérapeute : Avez-vous encore envie de quelque chose sur cet arbre ?
Alex : Un téléphone sonne et je redescends de l’arbre ! Les choses reprennent
leur cours, les contraintes quotidiennes sont là de nouveau…
(Il marche vers le troisième arbre.)
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 695

Dans cet arbre, le tronc est plus fin, plus haut, à côté le Lac Léman, une belle
vue… des ronces, des barbelés, peur d’avancer à cause des vaches qui peuvent
charger…
Thérapeute : Qu’est-ce qu’on fait avec cette peur ?
Alex : Je prends une petite échelle pour m’aider à grimper… Il y a des ronces,
les barbelés mêlés au tronc… une vache vient beugler dessous, je reste vigilant,
les branches sont fragiles, cassantes… J’ai envie d’y aller quand même… les
cerises, les ruches, c’est la production de mon père… Je suis dans l’arbre, mais
pas tranquille, ça bourdonne un peu… Je ne sais pas pourquoi, je pense à une
belle journée que je viens de passer, une cure de poissons au restau face à la mer
en escale à la Réunion, de belles filles, belle soirée en groupe, moment de bon-
heur où tout baigne…
Je descends de l’arbre, le temps du plaisir est passé… c’est le retour aux
contraintes, le temps du travail (il évoque le travail d’autrefois dans les champs
à cet endroit, avec un sentiment de tristesse car le terrain et la maison n’existent
plus, remplacés par une résidence qu’il voudrait pouvoir balancer comme Astérix
capable de déraciner et lancer un arbre au loin.)
Thérapeute (après un temps de silence) : Que ressentez-vous en ce moment ?
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Alex : Un sentiment d’ancrage, les racines, la terre de mon enfance, qui me
donne de l’énergie… J’ai le même sentiment parfois dans mon boulot. Sans pré-
tention, j’assure ! Même sentiment d’ancrage quand je pilote… Mon terrain de
force… J’ai l’image de mon père lui aussi fort et quand même un peu peur pour
lui parce qu’on avait des moutons agressifs qui chargeaient facilement… J’admire
l’agilité de mon père qui court dans l’arbre alors qu’un mouton le charge…
admiration et un peu peur pour lui.
L’avion que je pilote, cette sensation de force quand je tire sur les commandes,
maîtrise de la puissance de l’appareil… Une bonne assurance… au décollage,
totalement concentré, sensation d’efficacité.
Scènes du passé et vécus actuels s’associent, s’entrelacent autour de sensations,
sentiments, émotions, qui forment autant de fils conducteurs sous-jacents au
rêve-éveillé. La chronologie et les a priori logiques perdent de leur importance
au profit d’une libre association d’images.
On peut également observer que si le thérapeute avait l’idée de suggérer une
thématique en choisissant une image de départ, le sujet, lui, ne s’en saisit que
pour des projections éminemment personnelles selon ce qu’il a besoin de se dire,
d’exprimer à l’autre, de régler.
Ici s’affirment un besoin d’ancrage, le désir de se ressourcer dans des vécus forts
de l’enfance, y puiser pour l’actuel des sensations d’énergie, de plaisirs authen-
tiques, une façon de parvenir à ses objectifs malgré les batailles, les craintes, les
obstacles en présence, consolider les sentiments de maîtrise, d’assurance en ses
capacités.
On relève également l’impact du modèle paternel, objet de fierté enfantine et
source d’identification, son papa dont il aurait aimé (d’autres séances en
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

696 Parentés thérapeutiques

témoignent) davantage de reconnaissance sur ses aptitudes, sa « valeur » per-


sonnelle, une plus grande consolidation de ce sentiment d’assurance, d’« être à
la hauteur », à l’image du pilote qu’il est aux commandes d’un avion.
À l’entretien, Alex déplore son mécanisme tout en contraste de régler les ten-
sions : un trop grand cloisonnement entre les temps de plénitude et ceux des
contraintes, du devoir, du stress. Analogue à ces phases bien réelles dans sa vie
de pilote où alternent moments de repos (complet, où il tente de savourer tous
les plaisirs au maximum) et périodes de travail (dominées par le stress, les sen-
timents de devoir… « Être efficace et à la hauteur de ce qu’on attend de moi »
semble être alors son leitmotiv).
Il précise : « J’aimerais que ce cloisonnement soit moins fermé… Que tout ce
plaisir que je m’autorise ou que je me donne dans les moments de bien-être se
retrouve un peu plus aussi dans mon boulot ; j’aimerais voir que les contraintes,
les devoirs, ce pourrait être aussi beaucoup plus souple ! »
Mais Alex est conscient que pour acquérir une telle souplesse, il doit avoir des
attitudes moins exclusives, fonctionner moins en tout ou rien (soit sur le mode
plaisir, soit sur le mode contraintes).
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
3. Imagerie mentale, travail en groupe
Dans les groupes de formation, de développement personnel, ou bien sûr en pra-
tique individuelle, il existe de nombreuses techniques engageant un travail en ima-
gerie mentale.
En voici quelques-unes choisies pour leur efficacité et leur apport indéniable dans
les stages et séminaires. On commence toujours par une sophronisation de base.
On laisse naturellement dans nos inductions la possibilité de poursuivre ou non
(« Vous pouvez si vous le désirez visiter plus avant cette maison, en explorer toutes
les pièces, ressentir tout ce que vous pouvez y ressentir… ou, si vous préférez, choisir
de profiter pleinement de votre sensation de détente… en toute liberté »).

Activation du processus de réussite1

Exercices de pratique
Laisser venir une expérience-référence de réussite.

1. Les trois premières techniques sont extraites de Missoum, Lhabouz, 1992.


Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 697

Revivre intensément cette expérience.


S’immerger dans cette expérience de réussite : retrouver images, sons, sensations,
relation à soi et aux autres… S’associer au maximum au plaisir de réussir.
Observer le même scénario de l’extérieur (étape cognitive), et se poser la ques-
tion : « Qu’ai-je appris dans ce succès d’important sur moi ou sur les autres que
je peux ré-exploiter dans une autre expérience, qui peut être réutilisé, amélioré
et projeté dans l’avenir ? »
Se voir dans une situation prochaine en train d’employer ce que l’on vient
d’apprendre sur soi (demain, après-demain, dans une semaine…). Éprouver ce
plaisir de réussir dans la situation à venir.
Reprise.

Réduire les croyances limitantes

Exercices de pratique
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Sur les plans professionnel, personnel, des loisirs :
● « Je ne suis pas capable de… »
● Qui dit cela ? vous ? la voix de quelqu’un d’autre ? (analyse).
● Retrouver une expérience vécue où s’est manifestée, même faiblement, ma
limitation.
● « Pouvais-je appréhender cette expérience autrement, sous un angle diffé-
rent ? De quelles ressources aurais-je eu besoin dans cet événement pour être
capable de… »
● SAP avec objectif intermédiaire réalisé.
● Reprise.

La ligne du temps

Exercices de pratique
Visualisez et mettez-vous en contact avec deux souvenirs :
● un souvenir d’enfance ;
● un souvenir d’adolescence.
Localisez bien chacune de leur image précisément dans l’espace autour de vous.
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

698 Parentés thérapeutiques

Faites de même avec un souvenir très récent.


Puis avec deux images de votre futur :
● une image de vous dans 5 ans ;
● dans 10 ans.
Après avoir repéré toutes ces images avec netteté, reliez-les entre elles dans cet
ordre : image du passé lointain, puis image du présent, de l’avenir proche, de
l’avenir lointain.
En les reliant entre elles sous la forme graphique que vous désirez (rectiligne, en
spirale…), vous obtenez votre ligne du temps.
Donnez à cette ligne de la consistance, le volume, la couleur… qui vous
conviennent.
Maintenant, observez attentivement votre ligne du temps et modifiez sa forme
générale à votre guise : arrondissez les angles, donnez-lui l’esthétique que vous
voulez.
Quand vous en êtes satisfait, placez-vous dans votre ligne, au temps présent, et
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
en vous orientant vers le passé laissez venir à vous les images, sensations, sen-
timents… de votre passé, du plus proche au plus lointain.
Puis, tournez-vous vers votre avenir pour faire de même. Vivez par anticipation
les scènes de votre avenir, du plus proche au plus lointain (SAP concernant vos
objectifs à atteindre).
Ensuite, quittez votre ligne du temps, amusez-vous à flotter au-dessus d’elle.
Reprise.

Couleurs

Exercices de pratique
Une couleur uniforme apparaît (= sa couleur « propre »), laisser venir des asso-
ciations personnelles à partir de cette couleur.
Une couleur que je n’aime pas, associations à partir de cette couleur.
Ma couleur préférée, associations à partir de cette couleur.
SAP : vécu par anticipation d’un projet à atteindre.
Reprise.
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 699

Couleur, image de soi

Exercices de pratique
Laisser venir en face de soi une couleur synonyme de santé, sur laquelle on se
concentre.
On imagine que la couleur vient remplir progressivement notre corps, de la tête
aux pieds.
Comme une onde colorée de santé qui s’insinue partout dans notre cerveau,
notre visage, nos muscles, nos organes, notre corps tout entier.
Peut-être que dans certaines zones du corps, certains organes, certaines parties,
c’est une autre couleur qui prend place… On prend le temps de constater.
Reprise.
Sur une feuille de papier, on va dessiner notre corps tel qu’on l’a perçu, sa couleur
globale, les zones qui ont éventuellement pris une autre coloration (parfois
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
= problèmes spécifiques de santé passés ou présents, les zones plus ou moins
appréciées, les dégoûts, fantasmes corporels, etc.).
Dialogue post-sophronique.

Si j’étais un animal

Exercices de pratique
Si j’étais un animal, lequel je serais ? Visualiser cet animal, ses comportements
et caractéristiques, en quoi on se ressemble ?
Celui que je ne voudrais surtout pas être ? Visualiser cet animal dans ses com-
portements et caractéristiques, en quoi il me déplaît ?
Si j’étais un animal, lequel je voudrais être ? En quoi il correspond à mon idéal,
mes aspirations ?
Reprise.
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

700 Parentés thérapeutiques

Animal confident

Exercices de pratique
On s’installe dans une situation agréable… Un paysage plaisant, où l’on se sent
bien, où l’on se sent très bien…
Concentrez-vous sur un problème actuel auquel vous souhaitez trouver une
solution.
En observant la nature qui vous entoure, vous voyez venir un animal.
Un animal amical, qui vient tout près de vous. S’il est grand il se met à côté de vous,
s’il est plus petit il peut poser sa tête sur vos genoux, s’il est petit vous pouvez le
prendre sur vos genoux.
Contact ++ avec l’animal.
Cet animal connaît tout de vous, vos désirs, vos craintes, vos difficultés, ce qui
est bon ou moins bon pour vous…
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Vous soumettez votre problème à cet animal.
Dialogue ++ avec l’animal confident. Vous l’écoutez, il a peut-être quelque solu-
tion à vous donner…
Retour à la nature environnante, l’animal – que l’on pourra toujours retrouver
si l’on veut – repart avec les siens.
Reprise.

Maison, jardin, oiseau

Exercices de pratique
Visualisez une maison que vous laissez apparaître spontanément.
Commencez par faire le tour de la maison, pour l’observer de l’extérieur… Que
ressentez-vous ?
Vous pouvez pénétrer dans cette maison, partir à sa découverte, en explorer
toutes les pièces, vous attarder si vous voulez ici ou là…
Et après avoir bien visité, ressenti, cette maison… Vous pouvez sortir dehors.
Dans un jardin cette fois… dont vous explorez tous les aspects… avec tous vos
sens… Ce jardin, peut-être votre jardin secret…
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 701

Et à présent, si vous observez bien, par là à l’extérieur, vous pouvez repérer un


oiseau… Cet oiseau vous attend… Il a cette capacité un peu magique de pouvoir
vous transporter… Vous vous arrangez pour monter sur cet oiseau, ou vous
agripper à lui… Et vous laisser porter, voler avec lui au-dessus de paysages que
vous percevez… Chacun vit ce voyage à sa manière… Survolant parfois des
endroits fantastiques… parfois des coins connus, parfois totalement nouveaux…
Vous vous laissez aller à vivre pleinement ce voyage, comme il se présente…
L’oiseau vous dépose maintenant à un endroit que vous découvrez tranquille-
ment, le laissant repartir à sa propre vie.
Reprise.

Soi enfant

Exercices de pratique
Je m’imagine dans un environnement, un paysage, très agréable.
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Vient un petit enfant qui s’approche de moi… qui vient tout contre moi.
J’accueille cet enfant avec beaucoup d’émotion car cet enfant n’est autre que
moi… moi enfant.
Contact chaleureux à l’écoute de cet enfant, ce qu’il a à me dire, n’a pas pu dire,
ses désirs, peurs, attentes, revendications…
J’écoute cet enfant, je peux dialoguer avec lui : moi adulte qui échange avec moi
enfant.
Je lui dis tout mon amour, tout ce qu’il a besoin d’entendre, le prends avec moi…
Le laisse entrer en moi.
Vécu profond de la sensation d’unité de soi dans la détente.
Reprise.

Vieux sage

Exercices de pratique
S’imaginer au sommet d’une montagne (vécu du paysage, sensations de liberté).
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

702 Parentés thérapeutiques

En observant un peu au-dessous du sommet, on remarque une source qui jaillit,


pour devenir un torrent un peu plus bas.
On va se laisser guider par ce torrent ou trouver un sentier à côté, pour descendre
progressivement dans la vallée (vécu des différents étages de la montagne, faune,
flore…).
Tout en bas on peut à loisir s’étendre dans une prairie (sentiment d’harmonie
avec la nature environnante).
De cet endroit peut s’observer l’entrée d’une grotte au flan de la montagne…
On s’approche avec curiosité : la grotte est un peu sombre à l’entrée, mais au
bout d’une sorte de couloir on repère de la luminosité, comme si des rayons de
soleil avaient pu se frayer un passage dans la montagne.
En avançant dans le couloir rocheux on aperçoit sur les côtés des peintures,
tableaux et autres graffiti qui représentent des événements plus ou moins impor-
tants de notre vie…
On arrive bientôt dans une sorte de salle, très belle, où un vieux sage nous
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
accueille.
Ce sage connaît tout de la vie et connaît tout de nous… On prend notre temps
pour dialoguer avec lui, lui demander conseil… On peut tout aussi bien rester
silencieux, juste profiter à plein de sa bienveillante énergie.
À un moment on décide de sortir de cette grotte… Emplis d’une énergie renou-
velée, on dit au revoir au vieux sage qui sera toujours là si on veut le retrouver.
Et c’est avec une belle sensation de force, de forme, de vitalité que l’on retrouve
le couloir vers la sortie, observant à nouveau çà et là les événements de notre
passé, sans jugement particulier…
Retour dans la prairie, avant de regrimper, confiants et tranquilles, au sommet
de notre montagne.
Reprise.

Ressources

Exercices de pratique
En posture debout : mouvement de relaxation dynamique.
En position assise : Explorer un paysage féerique aux mille couleurs, sons, odeurs
et goûts.
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

Chapitre 29 Fonction symbolique, imagerie mentale, rêve-éveillé 703

Rencontrer un personnage féminin aidant.


Rencontrer un personnage masculin également bienveillant.
Aller vers un château et le visiter de fond en comble… Un trésor nous y attend
avec toutes les ressources nécessaires pour faire face à un problème actuel ou à
venir… De quelles ressources s’agit-il ? Une attitude nouvelle à adopter ? Une
meilleure utilisation de la détente, une ressource que l’on a déjà utilisée lors d’une
autre épreuve ? Où ?
Partir avec cette ressource se promener en liberté, ou revivre notre rêve le plus
plaisant, ou encore s’essayer à des activités nouvelles…
Reprise.

Jouer avec sa difficulté

Exercices de pratique
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)
Laissez venir une représentation, image-symbole, de votre difficulté.
Laissez-la prendre un certain volume, une ou des couleurs.
Concentrez-vous sur les caractéristiques de cette représentation (son volume,
sa forme, son poids, sa texture, les sonorités qui s’en dégagent…).
Jouez avec cette représentation : déformez-la à votre gré, donnez-lui des formes
plus ou moins fantaisistes, grotesques, découpez-la, recollez-la de façon plus
esthétique, etc.
Approfondissement de la détente.
Laissez revenir l’image dans sa forme du début ou transformée.
Trouvez à la représentation un endroit qui lui convient, où elle a bien sa place,
où elle trouve satisfaction.
SAP (s’anticiper en moindre difficulté ou difficulté résolue, dans un proche ave-
nir).
Reprise.
Etchelecou-9782100763276-BAT.pdf?(Col.?NouveauxChemins)?--?11-04-2017?--??15:58:24

704 Parentés thérapeutiques

4. Bibliographie
Freud S. (1973). Au-delà du principe de plaisir. Essais de psychanalyse, Paris, Payot.
Humbert E. G. (1983). Jung, Paris, Éditions universitaires.
Missoum G., Lhabouz J.-M. (1992). Piloter sa vie en champion, Paris, L’Âge d’Être.
© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

© Dunod | Téléchargé le 05/08/2020 sur www.cairn.info par via Université de Rouen (IP: 92.170.60.12)

Vous aimerez peut-être aussi