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FST-Marrakech

Licence de Biotechnologie des plantes

Module : Pédologie et Nutrion Hydrique et Minérale des


Plantes

TP 2 :
RELATIONS HYDRIQUES DES PLANTES :
« Détermination du potentiel hydrique, du potentiel
osmotique, du potentiel de pression sous différentes
succions du milieu et déduction sur la physiologie
d’adaptation des plantes à la sècheresse »

Pr. A. Qaddoury
2021 - 2022
MESURE DES RELATIONS HYDRIQUES DES TISSUS VEGETAUX

INTRODUCTION
Les échanges d'eau entre deux milieux hydratés A et B sont conditionnés par leurs potentiels
hydriques (h). Il y a mouvement d’eau entre les deux milieux dès que la différence entre leurs
potentiels hydriques n’est pas nulle (Δ = A - B  0).
L’eau circule dans le sens du potentiel hydrique décroissant, c.à.d. du milieu où h est élevé vers le
milieu où h est bas (plus négatif). Le mouvement net de l’eau cessera à l’équilibre, quand les potentiels
hydriques des deux milieux seront égaux (A = B = Δ h = 0).
Dans le cas de deux compartiments séparés par une membrane hémiperméable le potentiel hydrique
(h) est réduit au potentiel osmotique (os) qui est égale mais de signe opposé à la succion (S) et à la
pression osmotique () : h = os = − S = − 
La pression osmotique d'une solution diluée, à la température T est donnée par l’équation :
 = C. i . R .T
Où :
C = concentration molaire, en moles par litre,
i = nombre de particules formées par dissociation du soluté,
R =constante des gaz parfaits= 8,3.103 J.mol-1.K-1 = 0,082 L.atm.mol-1.K-1
T =température absolu (en Kelvins)
Au niveau des tissus végétaux, les échanges d'eau se font à travers les parois et les membranes. Les
solutés du suc vacuolaire exercent une force d'attraction sur les molécules d'eau appelée pression
osmotique (). Au contraire, la paroi squelettique exerce une force de sens opposé, appelée pression
de paroi ou pression de turgescence (Pt), qui s'oppose à l'entrée d'eau dans la cellule. Le mouvement
d'eau est alors régi par la résultante de ces deux forces, appelée force de succion (S) :
S =  − Pt.
Le potentiel hydrique de la cellule (c) est égal mais de signe opposé à la succion (S) :
c = - S = -( − Pt ) = Pt − .
Au niveau d’une cellule végétale turgescente le potentiel hydrique (c) est déterminé par le potentiel
osmotique (os) généré par la pression osmotique (), qui attire l’eau vers l’intérieur de la cellule, et
par le potentiel de turgescence (t) généré par la pression de la paroi ou pression de turgescence (Pt),
qui s'oppose à l'entrée d'eau dans la cellule. Donc le potentiel hydrique (c) d’une cellule végétale
turgescente est :
c = os + t = (−) + Pt = Pt −  ; c = Pt − 
8

Au niveau d’une cellule végétale plasmolysée, la pression de la paroi ou pression de turgescence est
nulle (Pt = 0) et donc S = .
Donc le potentiel hydrique (c) d’une cellule végétale plasmolysée est :

c = os + t = (−) + Pt = (−) + 0 = −  = − S ; c = − 


Lorsqu’ un organe végétal, de constitution anatomique uniforme, est immerge dans une solution
donnée, les mouvements de l’eau peuvent se traduire par une modification de sa morphologie et de sa
masse. Ces modifications, qui sont fonction du potentiel hydrique h des cellules de l’organe végétal et
de celui de la solution, peuvent être évaluées par différentes méthodes.
A- MESURE DES RELATIONS HYDRIQUES DES TISSUS VEGETAUX PAR LA METHODE
PONDERALE.
I- Protocole expérimental.
1- Préparation des solutions à différentes concentrations de saccharoses
Préparer une série de 6 tubes en verre contenant chacun 100 ml d’une solultion de saccharose de
concentration allant de 0M à 1M.
Pour cela, peser 171 g de saccharose et les dissoudre dans 250 ml d’eau. Compléter la solution obtenue
à 500 ml avec de l’eau distillée. Ainsi on vient de préparer une solution mère de saccharose à 1 mol/l.
La masse molaire du saccharose est égale à 342 g.
A partir de cette solution mère, préparer dans 6 tubes différents et par dilutions succéssives, les
différentes concentrations de saccharose selon le tableau 1 :
Tableau 1 : préparation des solutions à différentes concentrations de saccharose
Solutions Volume à prendre
N° Concentration (mol/L) Solution mère (ml) Eau distillée (ml)
1 0 0 100
2 0,2 20 80
3 0,4 40 60
4 0,6 60 40
5 0,8 80 20
6 1 100 0

2- Préparation du matériel végétal


A laide d’un emporte-pièce découper une douzaine de frites dans un même tubercule de betterave. Les
frites doivent être rapidement enfermées dans des boites pour éviter leur dessèchement.
Prendre une frite au hasard, l’essuyer délicatement et rapidement la peser et noter sa masse fraîche
initiale (mi) et sa longueur fraîche initiale (Li) en face de la concentration 0M (solution n°1) et la plonger
immédiatement dans le tube correspondant (verre n°1).
L
L : Longueur h
l : largeur l
h : hauteur
Volume = L x l x h cm3
Répéter l’opération pour les autres tubes (concentrations).
A l’équilibre, après deux heures environ, retirer la frite de betterave du tube n° 1 (0 mol/l), l’essuyer
délicatement et mesurer sa masse fraîche finale (mf) et sa longueurs fraîche finale (Lf). Refaire
l’opération pour les frites des autres tubes.
Placer toutes les frites dans une étuve à 105°C, et après 24h mesurer leurs masses sèches (ms) et leurs
longueurs sèches (Ls).

II- Résultats et interprétations


1- Compléter le tableau 2 et 3.
2- Tracer la courbe de la variation de l’allongement (100xL/Li) des frites en fonction de la
concentration de saccharose et celle de la variation de la masse (100xm/mi) des frites en fonction de
la concenetration de saccharose.
3- Sur les courbes obtenues, déterminer la concentration de saccharose qui ne provoque aucune variation
de longueur ou de masse (il n’y a eu ni gain ni perte d’eau), et qui présente donc le même potentiel
hydrique initial que les cellules du tubercule de betterave.
4- Sur chaque courbe, déterminer le point de la rupture de pente (point d’infléxion de la courbe) qui
indique la concentration qui provoque la plasmolyse limite. A ce point, la solution présente la même
pression osmotique que l’échantillon végétal étudié. En déduire, alors, le potentiel osmotique des
cellules de la betterave.
5- Analyser et interpréter ces courbes :
Commencer d’abord par prouver qu’on est en condition d’hémiperméabilité stricte, aussi bien, vis à vis
du saccharose externe que du contenu cellulaire.
Montrer que le point d’inflexion de la courbe sépare la courbe en deux zones : une zone physiologique
et une zone pathologique. Faire figurer ces zones sur les graphes.
Discuter les variations des échanges d’eau de part et d’autres de ce point.
6- - Calculer et reporter sur le tableau 4, la succion (S) et le potentiel hydrique () pour chaque solution
de saccharose.
- Déterminer le potentiel hydrique (), le potentiel osmtique (os) et le potentiel de turgescence
(t) des frites correspondantes.
- Analyser et interpréter ces résultats.
7- On pose la définition suivante de l’élasticité cellulaire e = L /  qui correspond à la pente de la
courbe de variation de P.
- Calculer alors le coefficient d’élasticité pour la betterave.
- Déterminer la relation entre les valeurs de e, les caratéristiques hydriques des cellules à la plasmolyse
limite et le type écologique de l’espèce étudiée.

Tableau 2 : Variation de la longueur des frites de betterave en fonction de la concentration de saccharose


Concentration Succion de Longueur Longueur Allongement Eau échangée (%)
en saccharose la solution initiale finale (mm) = 100 x L/Li
N°1 0M Li (mm) Lf (mm) L = Lf – Li
N°2 0,2 M
N°3 0,4 M
N°4 0,6 M
N°5 0,8 M
N°6 1M

Tableau 3 : Variation de la masse des frites de betterave en fonction de la concentration de saccharose


Concentration Succion de masse initiale masse finale Variation de Eau échangée (%)
en saccharose la solution mi (g) mf (g) masse (g) = 100 x m/mi
N°1 0M m = mf – mi
N°2 0,2 M
N°3 0,4 M
N°4 0,6 M
N°5 0,8 M
N°6 1M
Tableau 4 : Variation des relations hydriques des frites de betterave en fonction de la concentration de
saccharose
Concentration de la solution de saccharose (mol.l-1)
1 2 3 4 5 6
0M 0,2 M 0,4 M 0,6 M 0,8 M 1M
Etat final des frites
Succion du milieu (S)
Potentiel hydrique du milieu ()
Potentiel hydrique des cellules (c)
Potentiel osmotique des cellules (os)
Potentiel de turgescence (t)
Coefficient d’élasticité de la paroi

B- MESURE INDIRECTES DES RELATIONS HYDRIQUES DES CELLULES DE TUBERCULE


DE BETTRAVE A L’AIDE DU REFRACTOMETRE
I - Protocol expérimental
1- Préparation des solutions de différentes succions
On utilisera les mêmes solutions préparées précédement.
2- Lecture au réfractomètre et détermination de l’indice de réfraction
L’indice de réfraction s’obtient en déposant une goutte d’une solution donnée (figure 1) sur le
prisme fixe et en l’écrasant à l’aide du prisme mobile (attention ces prismes sont très fragiles).

La différence d’indice de réfraction par rapport à l’eau pure est indiquée par la limite entre une plage
sombre et une plage claire, superposée à la graduation, qui s’obtient en regardant par l’oculaire du
réfractomètre et en visant une source lumineuse.
3- Détermination de l’indice de réfraction initial des différentes solutions de saccharose
Juste après avoir préparer les solutions de différentes concentration de saccharose, et avant d’y plonger
les frites de betterave, prélever une goutte de la solutions du pots n°1 (0 M/l) et déterminer son indice
de réfraction initial (n0), puis rincer et essuyer soigneusement les prismes du réfractomètre. Refaites la
même chose pour le tube n° 2 (0,2 M/l), et ainsi de suite pour les autres solutions.
Comparer ces valeurs à celles de la courbe n = f(C) (voir annexe) donnant la correspondance entre
l’indice de réfraction initial (n) et la concentration initiale des solutions.
Reporter ces résultats sur le tableau B.
4- Mesure de la variation de l’indice de réfraction.
Trente minutes (30 mn) après immersion des frites de betterave dans les solutions correspondantes,
homogénéiser les solutions en les agitant circulairement, prélever alors une goutte de chaque solution et
mesurer son indice de réfraction au réfractomètre.
Refaire l’opération chaque 30 mn jusqu’à ce que l’indice de réfraction (n) ne varient plus, c.à.d jusqu’à
l’obtention de l’équilibre.
5- Pesée finale des disques.
A l’équilibre, fait sortir les frites de chaque solution, les peser comme précédemment. Noter leur
masse fraiche finale (mf) sur le tableau B.

II- Résultats et interprétations


1- prouver d’abord qu’on est en condition d’hémiperméabilité stricte, aussi bien, vis à vis du saccharose
externe que du contenu cellulaire.
2- Compléter alors le tableau A à partir du graphe 1 donnant la double correspondance entre l’indice de
réfraction (n), la concentration en saccharose, et la succion de la solution (S).
3- Etablir sur un même graphe les courbes représentatives suivantes:
a- S = f(E) : - montrer que cette courbe présente un point singulier pour lequel l’une des tangentes est
verticale, pour la valeur de S provoquant la plasmolyse limite.
- Examiner l’évolution du rapport dS/dE de part et d’autre de la plasmolyse limite.
- Déterminer EL, Si et Ei, (i = état initial = moment du prélèvement, et L = état de plasmolyse limite).
b -  = f(E); la construction de ce graphe est simple du moment qu’on a prouvé opérer en condition
d’hemiperméabilité stricte.
La loi de Van T’Hoff donne alors:  . E = L . EL.
Déterminer i.
c-  = f(E) ;  =  - S s’obtient par simple différence graphique entre S = f(E) et  = f(E).
On posera alors la définition suivante de l’élasticité cellulaire e = dV / d = dE / d, où V est le volume
cellulaire. C.à.d qu’on la définit par la déformation volumique causée lors d’une variation donnée de la
turgescence.
On posera l’hypothèse e =  / V-VL =  / E-EL qui consiste à estimer que l’élasticité est inversement
proportionnelle à la déformation provoquée par rapport à l’état de repos. Dans ce cas on aura:
dE / d =  / E-EL   d = (E-EL) dE.
Après intégration des deux membres de l’égalité et calcul de la constante d’intégration pour  = 0 et E
= EL (point de plasmolyse limite et de repos mécanique) on obtient:
 = ( E-EL)2 x 1/2.
- Calculer alors le coefficient d’élasticité d’une parabole théorique se rapprochant de façon
satisfaisante de la courbe expérimentale.
4- Les trois courbes ci-dessus décrivent complètement le comportement osmomécanique des cellules
étudiées face à la disponibilité en eau du milieu.
- En établissant la correspondance entre plasmolyse limite (en milieu liquide) et le point de
fletrissement permanent (en milieu aérien) montrer que les courbes délimites une zone physiologique
d’une zone pathologique.
- Comment varie d / dS dans chacune de ces zones, la zone physiologique ne correspond elle pas
à celle où existe une possibilité de régulation mécanique de  en fonction de S, et la zone pathologique
ne correspond elle pas à celle où cette possibilité ne subsiste plus.
- Montrer alors que plus  est élevée (résistance à la plasmolyse ou au fletrissement) et plus  est
faible (grande rigidité du squelette cellulaire), plus la cellule est adaptée à toutes les formes de sécheresse
physiologique (faible teneur en eau du milieu ou bien eau relativement abondante mais liée à un substrat
salin, microporeux ou colloïdal). Vérifier alors que:
- Les hydrophytes ont un L faible et un  élevé.
- Les xérophytes ou halophytes ont un L élevé et un  faible.
- Les mésophytes ont des valeurs intermédiaires.
On peut alors utiliser ces deux valeurs pour quantifier le comportement hydrique d’une espèce et par là
vérifier son classement écologique. Sachant que les mésophytes, auxquelles appartiennent la plus part
des plantes cultivées, atteignent leurs point de fletrissement pour une succion de sol de 16 atmosphère,
dans quelle catégorie rangez-vous l’espèce étudiée.
Tableau B.
Eau échangée = (mf – mi)
Concentration en Masse fraiche Masse fraiche (mf – mi) E = Ei + ----------------- x 100
n Succion initiale finale ------------------- x 100 mi
saccharose mi mf mi
0M
0,2 M
0,4 M
0,5 M
0,6 M
0,8 M
1M
mf : Poids frais du lot de 10 disques au début de l’expérimentation avant séchage à l’étuve
ms : Poids sec du lot de 10 disques après séchage à l’étuve
Ei : Quantité d’eau (en g) initialement contenue dans les échantillons = moyenne des (mf – ms)
n : Indice de réfraction
mi : Poids frais initial du lot de 10 disques avant de les plonger dans la solution de saccharose correspondante
mf : Poids frais final du lot de 10 après les avoir retiré de la solution de saccharose correspondante à la fin de l’expérimentation
E : Quantité d’eau (en g) contenue dans les échantillons à la fin de l’expérimentation.

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Figure1 : Courbe de correspondance entre la concentration, la pression osmotique et l’indice
de réfraction

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