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sur le choix de ce terme au niveau des politiques éducatives et des
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tion pour tous de recevoir une instruction scolaire.
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1. Cette loi reconnaît et fonde une dignité à la personne handicapée suivant toutes les étapes
de sa vie. une impulsion nouvelle est donnée pour la prise en compte des différences.
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la littérature scientifique récente.
II
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2. Gérald Boutin, Lise Bessette, Inclusion ou illusion ? Élèves en difficulté en classe ordi-
naire : défis, limites et modalités, montréal, éditions nouvelles, 2009.
3. http://www.ledevoir.com/societe/education/279198/inclusion-ou-illusion
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recueillant le témoignage des professionnels du collège ullswater
Community College 9, felicity armstrong 10 constate que la culture
d’inclusion se manifeste autant au niveau des processus, des pratiques,
des rapports sociaux qu’au niveau de l’organisation spatiale, financière
et administrative des institutions. néanmoins, armstrong relève que
pour ces professionnels, « il est impossible de trouver assez de temps
pour réaliser les rencontres entre enseignants et professionnels et de
faire le planning pour que les collaborations sur le plan des curriculum
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La iiie république voit naître les grandes lois de Jules ferry insti-
tuant l’école gratuite (1881), laïque et obligatoire (1882). La loi de
l’obligation scolaire pour toute la population (6-12 ans) va créer une
situation inédite en confrontant ensemble toute une classe d’âge d’en-
fants qui ne se rencontraient pas auparavant. pour situer ce phénomène,
nous portons l’attention sur la sémantique qui a été utilisée dans les
textes de lois pour désigner les enfants différents : anormalité (anté-
rieure à la loi de 1909), arriération (1909) 12, inadaptation (1943) 13,
handicap et intégration sociale (1975), intégration scolaire (1983), enfin
11. Ibid.
12. « au terme d’enfance anormale, mentionné dans le projet de loi de 1909, se substitue,
dans la loi promulguée, celui d’enfance arriérée, jugé moins péjoratif, la notion d’irréver-
sibilité est nuancée, gommée, du moins en apparence. Le terme d’arriéré n’a pas la conno-
tation péjorative actuelle » (Jacqueline roca, De la ségrégation à l’intégration, évry,
CtnErhi, 1992, p. 16).
13. dans les années 1940, le secteur de l’enfance inadaptée, distinct du milieu scolaire,
s’institutionnalise en france. En 1940, Léonce malécot crée à paris une association de
parents, « Les papillons blancs », puis « dans la période de l’après-guerre naissent les asso-
ciations de parents d’enfants inadaptés » (Jacqueline roca, op. cit., p. 177). En 1960,
l’union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés (unapEi) est fondée. « Les
enfants pris en charge par le secteur privé [associatif] ne sont pas les mêmes que ceux dont
s’occupe l’éducation nationale. il s’agit la plupart du temps d’enfants débiles profonds,
caractériels ou délinquants » (Jacqueline roca, op. cit., p. 178).
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contextes concernant les trois types d’école et des évolutions en faveur
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des élèves différents, depuis l’école obligatoire.
…/…
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et à ses normes de s’engager dans 133
de fonctionnement. des aides une évolution des pratiques
individuelles leur sont d’accueil et d’enseignement,
en général apportées pour pour permettre à tous
leur permettre de suivre les élèves d’apprendre 16. »
l’enseignement
tel qu’il est 15. »
15. Bernard Gossot, Claude mollo, « Les groupes départementaux handiscol’ en 2001 :
mise en place et fonctionnement », rapport au ministre de l’éducation nationale et au
ministre délégué à l’Enseignement professionnel, 2002, en ligne : ftp://trf.education.
gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/handiscol.pdf
16. éric plaisance et coll., op. cit., p. 161.
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fant ». Enfin, la circulaire du 30 avril 2002 (n° 2002-111) reprend les
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termes de « besoins éducatifs particuliers ».
17. nicole Galasso-Chaudet, Prise en compte des élèves à « besoins éducatifs particuliers »
et pratiques enseignantes : les logiques en jeu en contexte d’« école inclusive », thèse de
doctorat, universités de nantes, angers et Le mans (unam), 2013.
18. Le titre du rapport est : « special Educational needs. report of the Committee of
Enquiry into the Education of handicapped Children and Young people ».
19. michel Chauvière, dans michel Chauvière, éric plaisance (sous la direction de), L’école
face aux handicaps. Éducation spéciale ou éducation intégrative ?, paris, puf, 2000, p. 119.
20. felicity armstrong, op. cit.
fixée aux fins de décrire les handicaps, dans les travaux statistiques et
leur étude. Cette nomenclature française se présente comme un lexique.
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syndrome d’hyperactivité. nous remarquons au passage qu’une logique
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marchande 24 s’immisce dans le système scolaire anglais, où il s’agit
d’évaluer, de faire reconnaître des problèmes pour en obtenir en retour
des financements.
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rences soient biologiques ou socioculturellement construites », l’école
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de type « comprehensive school » faisant une place à tous les élèves.
Cette évolution signifie que les problématiques qui émergent ne se
posent plus en termes d’inclusion/non-inclusion, mais en termes de
« besoins éducatifs particuliers » conséquents à la scolarisation et à
l’inscription de tous les élèves. autrement dit, la notion d’école inclu-
sive reposerait en premier lieu sur le principe légal du droit pour tout
enfant, quel qu’il soit, à fréquenter l’école ordinaire. Ce que confirment
éric plaisance et coll. 30 quand ils affirment qu’« en france, on préfère
parler d’école pour tous » (Ept).
26. Ces précisions sont suivies du commentaire suivant : « Les prises en charge par l’ins-
titution scolaire sont elles-mêmes diverses et évolutives. »
27. felicity armstrong, op. cit.
28. Circulaire n° 2010-38 du 16 mars 2010. préparation de la rentrée 2010.
29. danielle Zay, « quelles politiques d’inclusion scolaire et sociale dans une Europe bras-
sant des populations multiples ? », 2010, en ligne (https://plone. unige.ch/aref2010/com
munications-orales/premiers-auteurs-en-z/quelles%20politiques%20dinclusion.pdf), et
L’éducation inclusive. Une réponse à l’échec scolaire ?, paris, L’harmattan, 2012.
30. éric plaisance et coll., op. cit., p. 160.
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meilleurs, il est plus difficile et risqué pour le chercheur d’engager un
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travail de déconstruction, et pour le praticien d’exercer sa pensée critique.
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mobilisent ce qu’elles savent déjà et ont recours aux collègues lorsque
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c’est possible (si disponibilité et solidarité dans l’épreuve). mais elles
ne font jamais référence spontanément dans leurs récits à des outils
préconstruits, ni à des méthodes pédagogiques, ni encore à des auteurs
comme point d’appui pour appréhender ces situations. nous supposons
que ces appuis référentiels qui sous-tendent des pratiques auraient pu
déjà être intégrés dans l’action et l’expérience, sans qu’il soit pour
autant nécessaire aux enseignantes d’y revenir.
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sont « présents » dans toutes les classes. Les enseignants du premier
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degré s’efforcent de faire face à la demande croissante d’aide aux
élèves en difficulté. pour les enseignantes interviewées, il n’y a pas de
refus d’aider les élèves. Elles s’y engagent, mais en même temps témoi-
gnent de leur manque de formation ainsi que de l’insuffisance de temps
à consacrer aux élèves différents, dont certains sont laissés-pour-
compte. La « logique domestique » se déploie dans son état de grand 35,
qui consiste à chercher des réponses, à se concentrer, à aider les élèves.
L’état de petit est également présent, à travers le fait de ne pas toujours
pouvoir accorder plus de disponibilité à des élèves qui en auraient pour-
tant besoin. Cette distinction suscite plusieurs remarques.
34. Ibid.
35. Ibid.
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prendre en compte les symptômes réels ou la pathologie de l’élève
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raux : le modèle [ou logique] civique, le modèle domestique et le
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modèle industriel », également logique de l’opinion, de l’inspiration et
marchande. ainsi, pour être totalement justifié, un bon professeur doit
être à la fois : « un magistrat » (application de règles) ; « un père
aimant » (relation humaine individuelle auprès de chacun) ; « un expert
performant » (techniques pédagogiques, efficacité, évaluation) ; « un
artiste inspiré » (motivant, captivant) 37. voici comment les pratiques
enseignantes peuvent se trouver caractérisées en termes de logiques :
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apparaît alors comme un collectif qui fait corps et dont la logique
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civique entre en tension permanente avec les autres logiques, et plus
précisément avec la logique domestique ;
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ger et mettre en œuvre de nombreux projets : pprE, pps, pai, pap (respec-
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tivement projet personnalisé de réussite éducative mis en place pour
chaque élève en difficulté ; projet personnalisé de scolarisation, pour
les élèves en situation de handicap ; projet d’accueil individualisé,
répondant au besoin de santé des élèves ; plan d’accompagnement
personnalisé récemment institué – circulaire du 22 janvier 2015 – pour
les élèves ayant des difficultés durables).
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risque, au final, d’induire de la souffrance : pour l’enfant à inclure et
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chez les autres élèves, là où une inclusion ponctuelle et au cas par cas
était auparavant réalisée et aurait pu être simplement amplifiée (sans
pour autant être massifiée). L’inclusion s’apparenterait, de cette
manière, pour certains types d’élèves (porteurs de handicaps spéci-
fiques, souffrant de retards mentaux, de troubles aigus du comporte-
ment), à un forçage, obligeant dès lors l’enfant différent à se comparer
à l’aune d’une normalité pourtant inaccessible pour lui, et amené à se
référer constamment à son irréductible différence, tandis que le
discours social, dans un déni de réalité, prétend le contraire. souffrance
également pour des professionnels qui affrontent ces mutations sans
préparation aucune. dans cette dynamique, relevant de l’injonction
contradictoire ou paradoxale (Bateson), la logique domestique qui
étaye les compétences professionnelles, au vu de son inflation constatée
dans les récits de pratiques, se précise comme étant le recours principal
pour étayer les pratiques enseignantes. Le débat devient plus vif à
considérer les parents et familles d’enfants handicapés qui, en plus de
devoir effectuer un douloureux travail de prise de recul concernant la
différence de leur enfant, peuvent se trouver maintenus dans l’illusion
de l’enfant « normal », « comme » les autres et sans problème.
40. voir « Les débuts de l’éducation spéciale », dans maurice Capul, michel Lemay, De
l’éducation spécialisée, toulouse, érès, 1999 (1re éd. 1996), p. 27-36.
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par d’autres chercheurs 43 qui parlent d’inclusion « en trompe- l’œil 44 »,
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de « contradiction 45 », de « forçage intégratif » et de « normalisa-
tion »46, d’« accroissement des écarts 47 » et de « stigmatisation de
l’élève 48 ».
41. philippe Jourdy, « inclusion scolaire : quel rôle pour le médicosocial ? », Direction[s],
n° 95, mai 2012, p. 47-49.
42. « rapport officiel de la Commission du débat national sur l’avenir de l’école », paris,
La documentation française, 2004, p. 59.
43. nicole Galasso-Chaudet, op. cit., p. 98-100.
44. Jean-Yves Le Capitaine, « L’intégration : une inclusion en trompe-l’œil », Liaisons,
2006, en ligne : http://dcalin.fr/publications/le_capitaine.html.
45. philippe Cormier, « La question de l’adaptation de l’école aux élèves à besoins parti-
culiers », 2005, en ligne : http://dcalin.fr/publications/cormier2.html
46. Jacky poulain, « Badaboum ? (épiques équipes, écoles et drames) ou Les questions
posées par la scolarisation des élèves handicapés après la loi de 2005 », 2007, en ligne :
http://dcalin.fr/publications/poulain2.html
47. élisabeth Bautier, « pratiques scolaires et difficultés des élèves », dans Tisser des liens
pour apprendre, paris, retz, 2007, p. 9-24.
48. alexis pourriau, mémoire sur les relations d’apprentissage en interaction entre un élève
handicapé mental et un élève classique en Eps, université du maine, 2011, p. 8.