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Thierry Marot
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scolarisation-2006-1-page-165.htm
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Maître de conférences à l’université catholique d’Angers
Formateur en Capa-SH
Résumé : Apprendre la langue française nécessite de mener de front la découverte des réalités phonique,
sémantique et scripturale de la langue, selon deux étapes de développement : une étape de
compréhension au sens de clarté cognitive (consciences phonique, sémantique et scripturale)
puis une étape de mémorisation (savoirs phoniques, sémantiques et scripturaux). La difficulté
d’apprentissage dans le lire-écrire, selon cette approche, s’appréhende alors comme un désé-
quilibre : entre les réalités phonique, sémantique et scripturale avec, dans la plupart des cas, un
surinvestissement sur une de ces trois réalités ou (et) entre l’étape de compréhension et l’étape
de mémorisation au détriment de la première sur la seconde. L’aide pédagogique revient à tenter
de restaurer un équilibre et à établir des liens entre les différents aspects de la langue.
Mots-clés : Conscience phonique - Conscience sémantique - Conscience scripturale - Enseignement
systémique et développemental - Modèle développemental - Surinvestissement cognitif.
1. Cette étude est présente dans l’ouvrage (à paraître) : Prévenir l’illettrisme ou comment la recherche peut-elle
servir l’École ?, sous la direction de Jean-Pierre Gaté, préface d’Alain Bentolila, chapitre 3, p. 43-81.
La posture
Avant d’approfondir ces idées, il apparaît nécessaire de clarifier notre posture. De quelle
position parle-t-on quand nous évoquons l’apprentissage du lire-écrire ? Si nous occupons
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le poste de maître de conférences 2, notre propos est éclairé à la fois par les années
passées (18 au total) auprès des élèves en difficulté en tant qu’enseignant spécialisé,
titulaire du capsais E et par les actions de formation auprès des enseignants sur le sujet
de l’apprentissage du lire-écrire. Autrement dit, nos idées ne sont pas issues d’une
recherche en laboratoire (ce qui n’est pas critiquable en soi) mais d’un questionnement
tiré d’une réalité professionnelle, puis d’une recherche sur l’apprentissage de la langue,
sanctionnée par une thèse en sciences de l’éducation 3. En définitive, notre discours
puise son énergie dans cette triple identité professionnelle qui, en réalité, se résume
en une seule, celle du pédagogue (enseignant, formateur et chercheur) soucieux de
répondre au défi d’un apprentissage efficient de la langue pour chaque élève.
C’est, par conséquent en tant que pédagogue que nous nous sommes intéressé à
l’apprentissage du lire-écrire. Cela signifie un positionnement épistémologique et
méthodologique, fortement marqué par les sciences de l’éducation, dans lequel les
pratiques pédagogiques, observées dans leur singularité et leur globalité, tiennent
une place importante.
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étape et du « lire » pour la seconde de l’étape Nous nous
étape. En cela, elles sont constituan- phonique. situons sur
tes de l’étape sémantique. l’étape
scripturale.
Nous exprimerons quelques réserves sur ce dispositif car, d’une part, il croit simplifier
l’objet d’apprentissage et en fait le déforme, d’autre part, il procède par des étapes
successives, sans continuité et abordées de manière hiérarchique et, enfin, il n’offre
qu’un chemin unique de découverte de la langue.
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croire qu’il faut d’abord parler puis lire ou qu’il faut d’abord lire puis écrire mais que
les activités de lecture, d’écriture et de production de sens profitent mutuellement
au développement de l’élève lecteur-scripteur.
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son, sens et lettre, rappelons-le. Le mot développemental se fixe sur l’apprenant,
au regard de deux opérations cognitives essentielles ; la compréhension (au sens
de clarté cognitive) et la mémorisation.
Approche Approche
phonique scripturale
Étape de compréhension
Étape de mémorisation
Approche
sémantique
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Approche phonique
Savoirs phoniques
Conscience phonique
Conscience scripturale
Étape n°1 de Savoirs scripturaux
compréhension
Conscience sémantique
Savoirs sémantiques
Étape n°2 de
mémorisation
Approche scripturale
Approche sémantique
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sa conception plurielle, est éclairée par l’analyse de l’objet d’apprentissage (la langue),
les élèves eux-mêmes renvoient également certaine diversité, une hétérogénéité de
fait. Leur rapport à la langue débute très tôt, avant même le début de la scolarisation.
Il se construit avec les expérimentations de la langue, les personnalités, les usages
familiaux, la culture de l’écrit qu’elle soit ignorée ou encouragée. Dans une même
classe, on peut observer chez certains élèves une attirance pour la musicalité de
la langue, l’enchaînement des effets sonores … D’autres préfèrent le discours, les
messages porteurs de sens qui les emmènent dans l’imaginaire… D’autres enfin
se passionnent pour la trace écrite, pour la mise en forme visuelle de la parole…
10. Pierre Perruchet (dir.), Les automatismes cognitifs, Pierre Mardaga, Liège, 1988.
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La troisième idée se centre sur la difficulté en lecture/écriture. Selon cette approche,
la difficulté ne se définit pas nécessairement comme un manque ou une absence
de compétences. Elle témoigne plutôt d’une conception déformée de la langue et
se manifeste à l’image d’un surinvestissement cognitif sur un seul versant de la
langue.
Sémantique Sémantique
Sémantique
Phonique
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Des compétences nombreuses
sur les savoirs phoniques, scripturaux Peu de compétences
et sémantiques sur les consciences phonique,
scripturale et sémantique
Scripturale
Sémantique
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➀ Une capacité à oraliser correctement ➀ ➊ ➊ Différencier nettement
un message entendu ou lu ➁ ➋ à l’oral les phonèmes
➁ Une compréhension sourds et sonores
des concepts : ➂ ➌ ❷ Connaître les différents
syllabe et phonème phonèmes de la langue
➂ Une capacité à isoler ❸ Mémoriser
une syllabe ou un phonème ➃ ➍ les différentes graphies
➃ Une capacité à reproduire des vocaliques
des rimes dans un message ➄ ➎ ➍ Mémoriser les différentes
oral graphies des consonantiques
➄ Une capacité à identifier ❺ Connaître pour chaque graphie
un élément sonore commun ➅ ➏ un mot-clé
➅ Une capacité à ordonner ❻ Identifier les différentes
les éléments sonores ➆ ➐ formes de liaison
➆ Une capacité à segmenter ➇ ➑ ❼ Connaître des exemples de liaison
en syllabes et en phonèmes ➑ Énoncer une poésie avec un énoncé
➇ Une compréhension de la liaison oral respecté (pieds, rythme….)
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être résulter d’un apprentissage de la langue défaillant ou insuffisant parce que trop
deséquilibré ; cet apprentissage de l’élève questionne notre façon d’enseigner la
langue. Notre réflexion se veut une participation à ce questionnement.
Bibliographie
Bentolila (Alain), De l’illettrisme en général et de l’école en particulier, Plon, Paris, 1996,
217 pages.
Chauveau (Gérard), Comment l’enfant devient lecteur, Retz, Paris, 1997, 192 pages.
Ferreiro (Emilia), L’écriture avant la lettre, Hachette éducation, Paris, 2000, 253 pages.
Frith (Uta), « Beneath the surface of developmental dyslexia », K. Patterson, J. Marshall,
& M. Coltheart, Eds., Surface Dyslexia, Neuropsychological and Cognitive Studies of
Phonological Reading, Erlbaum, London, 1985, p. 301-330.
Frith (Uta), « A developmental framework for developmental dyslexia », Annals of Dyslexia,
36, 1986, 69-81.
Gombert (Jean-Émile), Cole (Pascale), Valdois (Sylviane), Goigoux (Roland), Mousty
(Philippe), Fayol (Michel), Enseigner la lecture au cycle 2, Nathan Pédagogie, Paris, 2000,
208 pages.
Lentin (Laurence), Apprendre à penser, parler, lire, écrire, Paris, 1998, 173 pages.
Pothier (Béatrice), Comment les enfants apprennent l’orthographe, Éditions Retz Nathan,
Paris, 1996, 200 pages.