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Résumé

Mémoriser rapidement vos cours, comprendre mieux et plus vite, réviser


avec efficacité, vous en rêvez ?
Au moyen d’exercices ludiques et d’exemples concrets, ce livre se met au
service de votre succès et vous aide à :

→ comprendre comment fonctionne votre mémoire ;


→ découvrir votre profil d’apprentissage ;
→ trouver des procédés mnémotechniques qui vous correspondent ;
→ organiser votre travail et vos révisions ;
→ réaliser des fiches, des Mind Maps®… ;
→ « cartonner » le jour J !
Associé au site Internet donnezdusens.fr, cet ouvrage vous offre des clés
précieuses pour réussir vos études !

Biographie auteur
Hélène Weber est psychologue et Docteur en Sociologie. Enseignante à
l’Université de technologie de Troyes, elle accompagne des étudiants de
première année et les aide à acquérir une méthode de travail adaptée aux
études supérieures.

Dominique Donckels est illustratrice, graphiste et


institutrice. Vous pouvez retrouver ses illustrations sur :
ruedesecoles.blogspot.be
et nomdichtoupette.blogspot.be

www.editions-eyrolles.com
Hélène Weber
Illustra ons de Dominique Donckels

OBJECTIF
MÉMOIRE
Au lycée et à l’université, (re)trouvez le goût de
travailler avec plaisir et efficacité
Éditions Eyrolles
61, boulevard Saint-Germain
75240 Paris cedex 05
www.editions-eyrolles.com

La collection Apprendre Autrement propose des livres pour apprendre de façon ludique, créative et
avec plaisir.
Illustrations originales de Dominique Donckels
http://nomdichtoupette.blogspot.be/
www.ruedesecoles.be
Mise en pages : Dominique Donckels
http://dominique-donckels.be/

© 2013, Groupe Eyrolles


Tous droits réservés.
Il est formellement interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans
l’autorisation de l’éditeur et du centre français de l’exploitation du droit de copie.

Attention : la version originale de cet ebook est en couleur, lire ce livre


numérique sur un support de lecture noir et blanc peut en réduire la
pertinence et la compréhension.

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiel lement
le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre
français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© Groupe Eyrolles, 2013
ISBN : 978-2-212-55702-2
SOMMAIRE

Dédicace
Introduction
Mode d’emploi

CHAPITRE 1 / LE PIÈGE DES PROCÉDÉS MNÉMOTECHNIQUES


Savoir sans comprendre
L’histoire de la formule de maths

CHAPITRE 2 / DÉCOUVRIR SON PROFIL PÉDAGOGIQUE


Procédés mnémotechniques et profil pédagogique
Des habitudes évocatives particulières
Auditifs, visuels et kinesthésiques
Point méthode / Les informations que vous mémorisez ont-elles un
sens ?
Fiche récapitulative

CHAPITRE 3 / LE PRINCIPE DES INDICES ÉVOCATEURS


Utiliser un indice évocateur visuel
Visualiser une image insolite et inattendue
Faire preuve d’imagination et de créativité
Pourquoi autant d’informations ?
Pourquoi ça marche ?
Point méthode / Sélectionner des mots-clés pour mieux mémoriser
Fiche récapitulative

CHAPITRE 4 / LE POUVOIR DE NOTRE MÉMOIRE VISUELLE


Que retenir de cette expérience ?
Exploiter sa mémoire visuelle à l’aide de supports externes
Exploiter sa mémoire visuelle au plan interne
Point méthode / Exploiter sa mémoire visuelle pour mieux apprendre
Fiche récapitulative

CHAPITRE 5 / LE PRINCIPE DE L’ORDRE


Comment améliorer ses capacités de mémorisation en « mettant de
l’ordre » dans ses connaissances ?
Pourquoi ça marche ?
Les limites du grand système
Point méthode / Ordonner ses connaissances pour mieux les mémoriser
Fiche récapitulative

CHAPITRE 6 / LE PRINCIPE DES ASSOCIATIONS


Lier des informations pour mieux les mémoriser
Lier des informations pour mieux les comprendre
Point méthode / Mémoriser et comprendre en un seul geste
Fiche récapitulative

CHAPITRE 7 / LE PRINCIPE DE LA LOCALISATION DES


INFORMATIONS
Le défi du « burger de la mort »
Comment améliorer votre performance grâce au « palais de mémoire » ?
Comment ça marche ?
Point méthode / Mémoriser « plus et mieux » en s’appuyant sur ce que
l’on sait déjà
Fiche récapitulative

CHAPITRE 8 / LE PRINCIPE D’AGRÉGATION DES INFORMATIONS


L’organisation progressive des informations grâce à l’apparition de la
ponctuation
Le principe d’agrégation
Le « système PAO »
Principe d’agrégation et apprentissage
Point méthode / Comprendre et mémoriser un contenu en s’appuyant sur
le principe d’agrégation
Fiche récapitulative

CHAPITRE 9 / LE PRINCIPE DES PAUSES ET DES RÉACTIVATIONS


Lions-nous les informations sans y penser ?
L’importance de la réactivation
Comment favoriser le stockage des informations dans la mémoire à long
terme ?
Pendant les jours qui précèdent un examen, révisez-vous ou apprenez-
vous ?
Point méthode / La technique Pomodoro et la technique des flash-cards
Fiche récapitulative

CHAPITRE 10 / RENDRE UN CONTENU INOUBLIABLE


Comment rendre un cours mémorable ?
Comment s’approprier un cours pour le rendre inoubliable ?
Point méthode / « Traduire » pour mieux comprendre et mémoriser
Fiche récapitulative

CHAPITRE 11 / COMPRENDRE ET MÉMORISER AVEC LES MIND


MAPS®
Comment ça marche ?
Foire aux questions
Point méthode / Apprendre un contenu et prendre des notes grâce aux
Mind Maps®
Fiche récapitulative

CHAPITRE 12 / MÉMORISER, COMPRENDRE ET RÉFLÉCHIR AVEC


LES FICHES DE RÉVISION
Quel est votre objectif lorsque vous apprenez ?
Pourquoi faire des fiches de révision lorsque vous apprenez ?
Point méthode / Les fiches « contenu », les fiches « méthode » et les
fiches « problème »
Fiche récapitulative
Conclusion
Bibliographie
DÉDICACE

À tous mes étudiants, qui par leurs critiques, leur curiosité et leurs
encouragements m’aident chaque jour à être une meilleure enseignante.
Hélène Weber
À ma famille, mes amis, mes élèves. Pour leur soutien, leurs conseils
avisés, leur innocence. Et parce qu’ils sont, heureusement, si bon public !
Dominique Donckels
INTRODUCTION

Lorsque j’ai découvert en lisant certains auteurs que des « procédés


mnémotechniques » permettaient de « tout apprendre facilement et avec
plaisir », je me suis tout d’abord exclamée intérieurement : « Il existe des
techniques simples et pratiques pour tout mémoriser et c’est seulement
maintenant que je l’apprends ? »
Enseignante en école d’ingénieurs sur la thématique de la méthodologie de
travail, j’ai d’abord pensé qu’il fallait en informer mes étudiants, afin qu’ils
puissent bénéficier de ces « moyens magiques » pour apprendre tout ce
qu’ils voudraient sans effort.
Et c’est en lisant plusieurs ouvrages traitant du thème de la mémoire, mais
également et surtout en réfléchissant à la meilleure manière de mettre sa
mémoire au service de ses capacités de compréhension et de réflexion, que
je me suis aperçue que c’était tout de même un peu plus compliqué que ce
que certains voulaient bien nous laisser croire…
Les procédés mnémotechniques inventés par les Grecs sous l’Antiquité ne
permettent pas de tout mémoriser « sans effort ». Et même ceux qui les
utilisent pour réaliser des exploits extraordinaires doivent beaucoup
s’exercer pour obtenir de tels résultats.
En revanche, les principes que ces procédés exploitent pour être efficaces
révèlent tout ce que nous avons besoin de savoir pour comprendre comment
fonctionne notre mémoire. Et cette connaissance est essentielle pour celui
ou celle qui a pour objectif d’apprendre :
• en mémorisant les informations sur le long terme ;
• en améliorant sa compréhension ;
• en développant ses capacités de réflexion et sa créativité.
Et tout cela sur un mode ludique, et donc en prenant du plaisir.
Douze chapitres pour exploiter sa mémoire
Le chapitre 1 a pour objectif de vous montrer pourquoi le fait d’appliquer
certains procédés mnémotechniques sans réfléchir peut vous conduire à
mémoriser des informations sans les comprendre. Il s’agit là d’un piège à
repérer d’emblée, et à éviter soigneusement. Beaucoup d’étudiants, compte
tenu de leur manière d’apprendre, tombent d’ailleurs dedans.
Le chapitre 2 vise à mettre en évidence vos propres stratégies
d’apprentissage, car il va vous falloir en tenir compte pour adapter les
conseils donnés, et faire en sorte qu’ils vous correspondent vraiment. Nous
sommes en effet tous différents, et aucune méthode, aussi pertinente soit-
elle, ne pourrait répondre aux besoins de tout le monde. Mieux vous
connaître va ainsi vous permettre de mieux vous adapter à chaque situation
d’apprentissage.
Les chapitres 3 à 9 présentent chacun un grand principe de la mémoire
(indices évocateurs, associations, agrégation, pauses et réactivations…), en
s’appuyant sur la découverte d’un procédé mnémotechnique spécifique. Il
s’agit chaque fois de s’initier à une technique de mémorisation, de prendre
la mesure de ce qu’elle nous apprend sur le fonctionnement de notre
mémoire, pour ensuite envisager les méthodes d’apprentissage qui en
découlent.
Le chapitre 10 propose une synthèse de tous les principes de la mémoire
précédemment abordés, ainsi qu’une démarche pour « rendre un contenu
inoubliable ».
Le chapitre 11 présente le système des Mind Maps®, inventé par Tony
Buzan, afin de mettre en évidence les principes de la mémoire sur lesquels
il s’appuie, et préciser comment cet outil articule de manière efficiente les
processus de compréhension et de mémorisation (s’il est bien utilisé).
Enfin, le chapitre 12 traite des liens qui existent entre la mémoire et
l’activité de réflexion, afin d’être en mesure de construire des fiches de
révision pertinentes et efficaces.

Des méthodes concrètes


Pour mettre votre mémoire au service de vos objectifs d’apprentissage, vous
allez devoir acquérir des méthodes concrètes.
L’objectif de ce livre est de mettre en évidence les liens entre les processus
de mémorisation, de compréhension et de réflexion, et par ce biais, de vous
amener à vous approprier des méthodes de travail efficaces et adaptées à
votre manière d’apprendre.
Ainsi, chaque chapitre se termine par un « Point-méthode » développant des
méthodes de travail concrètes et directement praticables.

Des exercices pra ques


Tout au long de votre lecture, vous trouverez des exercices pour
accompagner et mettre en pratique les analyses et enseignements proposés.
Vous trouverez également dans les rubriques intitulées « Pour aller plus
loin » des liens vers des vidéos, qui vous permettront de découvrir de
manière ludique et interactive (sous forme d’exercices ou de tests) les
différents « principes de la mémoire » présentés tout au long des chapitres.
L’intérêt de pratiquer ces exercices « au cours » de votre lecture est
primordial. En effet, il existe plusieurs manières d’intégrer les informations
lorsque l’on apprend : vous pouvez vous appuyer sur les arguments
présentés dans le texte et « me croire sur parole », ou simplement vous
laisser convaincre. Mais vous pouvez également vous exercer de manière
active et « ressentir » comment fonctionne votre mémoire. C’est alors votre
mémoire dite « kinesthésique » qui sera sollicitée, en plus de votre capacité
à mémoriser des informations verbales rédigées par écrit.
Je vous souhaite une bonne lecture !
MODE D’EMPLOI

Pour aller plus loin


Des liens vers des articles du blog donnezdusens.fr pour
expérimenter ou approfondir les savoirs et savoir-faire
présentés dans ce livre.

Résumé
L’essentiel du chapitre en quelques phrases.

Point méthode
Méthodes de travail concrètes qui permettent d’exploiter les
notions abordées dans le chapitre qui précède.

Méthode synthèse
L’essentiel des méthodes en quelques phrases.
1
LE PIÈGE DES PROCÉDÉS
MNÉMOTECHNIQUES

Au détour de mes lectures et de quelques heures de recherche sur Internet,


j’ai découvert de nombreux sites invitant les étudiants à s’approprier des
techniques de mémorisation extraordinaires pour réaliser d’incroyables
performances dans le domaine scolaire.
Certains expliquent par exemple comment mémoriser mille décimales du
nombre Pi grâce au « grand système », comment intégrer le nom de tous les
pays du monde et de leurs capitales à l’aide du « palais de mémoire » ou
encore comment se souvenir de l’ordre des 54 cartes d’un jeu en moins de
cinq minutes en utilisant le système « Personne-Action-Objet ».
J’ai immédiatement été séduite par ces prodiges et ai donc construit une
intervention à destination de mes étudiants pour les aider à s’approprier
progressivement ces méthodes « révolutionnaires ».
Mais je me suis rapidement heurtée à un problème de taille. Car si toutes
ces méthodes sont effectivement très efficaces pour mémoriser beaucoup
d’informations tout en s’amusant, elles ne permettent pas de mieux
comprendre ce que l’on apprend, voire elles peuvent avoir l’effet pervers de
donner l’illusion de « savoir » alors que l’on a mémorisé un nombre
conséquent d’informations qui n’ont strictement aucun sens pour soi…

Savoir sans comprendre


Lorsque j’étais étudiante, j’assurais des heures de soutien scolaire auprès
d’une petite fille qui était alors à l’école primaire. Elle avait régulièrement
des exercices de lecture à pratiquer, suivis de questions portant sur le sens
du texte.
Je m’asseyais à côté d’elle, nos deux visages étaient penchés sur le livre à
lire, et elle commençait à ânonner. Cela lui demandait beaucoup d’efforts,
tant elle était concentrée sur le déchiffrage des sons de toutes ces lettres
associées entre elles.
Rapidement, j’ai réalisé qu’affairée à décrypter, elle ne pouvait pas
s’intéresser au sens de ce qu’elle lisait. Elle était en mesure de citer un mot
ou deux de mémoire, mais elle ne faisait aucun lien entre les informations
hachées qu’elle avait démêlées avec peine.
Oui, d’accord, me direz-vous. Mais on ne peut pas tout faire en même
temps. Ce n’est qu’au fur et à mesure que l’on maîtrise le b.a.-ba de la
lecture, que les mots sont reconnus avant même d’être lus intégralement et
que les phrases révèlent leur sens au fil de la lecture, que l’on peut alors se
concentrer sur leur signification. Le déchiffrage n’est plus un problème. Il
devient implicite, comme lorsque l’on apprend à faire du vélo ou à conduire
une voiture (si j’essaye de comprendre le fonctionnement de la boîte de
vitesse, je ne peux pas en même temps me concentrer sur la route).
Et pourtant…
Je vous propose de vous soumettre à une expérience amusante. Vous n’avez
aucune compétence dans le domaine des matières scientifiques ? Cela n’a
strictement aucune importance. Laissez-vous guider…

L’histoire de la formule de maths


Jetez tout d’abord un œil à la définition d’une « limite » en mathématiques.
Peu importe si les signes vous sont familiers ou non.
f(x) tend vers l quand x tend vers a si :
∀ ε > 0, ∃ η > 0, ∀ χ ∈ Ω {(0 < |χ-a| < η) ==> (|ƒ(χ)-l| < ε)}

Voici maintenant mon histoire…


Une splendide jeune femme (« f »), grande et élancée, tient un petit chien
nommé Xerox dans ses bras (« (x) »). Ils se baladent dans un magnifique
parc. Sentez-vous la douce brise qui caresse son visage ? Imaginez-vous les
allées qui entourent de grandes étendues d’herbe tendre ?
Mais quand la jeune femme, tenant son petit chien dans ses bras, se dirige
vers la sortie, et donc vers la limite du parc (« f(x) tend vers l »), Xerox tend
sa petite patte, comme s’il tentait désespérément de l’arrêter (« quand x tend
vers a si »).
Un grand mariage a lieu dans le parc.
Un verre de champagne à la main («∀»), une grosse femme pose son
arrière-train sur un banc («ε») : la lettre epsilon «ε» doit vous faire penser
aux fesses d’une grosse femme de côté ; le signe « supérieur à 0 » est à
mettre en regard de la phrase « au-dessus du sol, sur le banc ».
Je vais m’arrêter là.
Cette histoire applique à la lettre les trois grands principes de la mémoire
qui ont été mis en évidence par les Grecs sous l’Antiquité : l’exploitation
des lieux, des images et des associations.
Nous verrons en effet en quoi le fait de solliciter sa mémoire visuelle en
créant des images, en ayant le souci de localiser les informations à des
endroits précis tout en cherchant à créer des liens associatifs entre elles
constitue le fondement de tous les procédés mnémotechniques quels qu’ils
soient. Pourquoi et comment ? C’est ce que nous allons voir à partir du
chapitre 3.
Pour l’heure, j’ai choisi de vous raconter cette histoire pour vous aider à
mémoriser le début de la définition d’une limite en mathématiques.
Si vous redéroulez l’histoire dans votre tête, en revoyant la jeune femme
tenant son petit chien dans les bras, la réaction de l’animal quand elle se
dirige vers la sortie et cette femme énorme s’asseyant sur un banc, vous
devriez normalement, en associant chacune des scènes visualisées au signe
que je vous ai indiqué, être en mesure de retrouver le début de la formule.
Vous pouvez donc, en employant cette méthode, mémoriser facilement et en
vous amusant de nombreuses informations, même les plus complexes. Car
vous verrez qu’une histoire se retient facilement. Plus vous ferez intervenir
des informations sensorielles merveilleuses et précises (des couleurs, des
sensations, des odeurs…), plus l’histoire prendra corps dans votre esprit et,
selon la suite logique des données que vous aurez associées, plus les
connaissances afférentes s’inscriront profondément dans votre esprit… et
dans votre mémoire.
Lorsque j’écris cependant que cette méthode est « facile », je vais tout de
même un peu vite. Elle requiert une bonne dose d’imagination et de
créativité, ce qui n’est pas « facile » pour tout le monde.
Mais revenons à notre définition de la limite en mathématiques.
Savez-vous ce que signifie cette formule ? Chaque signe mathématique a-t-
il un sens pour vous ? Oui, me direz-vous, celui auquel je l’ai arbitrairement
associé dans l’histoire (à moins que vous ayez appris le sens mathématique
de cette formule avant de lire ce livre…).
On comprend aisément que cette gymnastique mentale peut donc se révéler
efficace pour mémoriser, mais qu’elle ne vous permettra en aucun cas de
comprendre ce que vous apprenez, ni d’utiliser vos connaissances pour
résoudre des problèmes ou développer une réflexion.
Prenons un exemple bien réel. Une étudiante est venue un jour me trouver
pour me demander conseil. Elle passait un temps très conséquent à
mémoriser ses cours, mais elle se trouvait systématiquement démunie
devant les exercices qui lui étaient soumis au moment des examens.
Je fais des fiches, me disait-elle. Je les relis tous les jours. Je les ai affichées
partout dans mon appartement, même dans les toilettes. J’y passe tellement
de temps que je finis par connaître toutes les formules par cœur. Pourtant, je
n’arrive pas à obtenir de bonnes notes. Mais il faut me croire, je vous assure
que je travaille !
Comment peut-on passer autant de temps à mémoriser des informations
sans que cela ait d’impact sur ses résultats ?
Cette étudiante passait beaucoup de temps à travailler, mais ne mettait pas
ses capacités à mémoriser au service de ses capacités à comprendre et à
réfléchir.
Si les examens avaient consisté en un contrôle de connaissances (récitation
de formules, copiage de démonstrations…), elle aurait très certainement
obtenu d’excellentes notes. Mais ce qui lui était demandé était tout autre. Il
s’agissait d’utiliser les connaissances acquises pour résoudre des problèmes
concrets.
Dans le cadre d’une discipline littéraire ou de sciences humaines et sociales,
l’examen peut également demander une restitution d’informations
(l’apprentissage par cœur peut alors porter ses fruits), mais s’il vous est
demandé de construire une dissertation et d’articuler vos connaissances en
vue de proposer une réponse personnelle à une question inédite, vous
pouvez rapidement vous retrouver perdu.
Alors, comment faire concrètement pour mettre votre mémoire au service
de votre capacité à réfléchir ? C’est grâce à l’analyse des grands principes
de la mémoire que nous allons répondre à cette question dans les chapitres
suivants.

Résumé
Si vous déconnectez la mémorisation des informations que vous
apprenez de leur compréhension, vous ne serez pas en mesure
de mettre vos connaissances au service de la résolution de
problèmes, ni donc de réfléchir efficacement.
Mais que veut dire « comprendre » un contenu ? Quelles sont les stratégies
à mettre en œuvre ?
C’est ce que nous allons voir ensemble maintenant au chapitre 2.
2
DÉCOUVRIR SON PROFIL PÉDAGOGIQUE

Lorsque j’ai commencé à enseigner en école d’ingénieurs, je ne comprenais


pas pourquoi certains de mes étudiants ne semblaient pas intéressés par ce
que je leur racontais.
Durant mes propres études, j’avais, comme tout étudiant qui se respecte,
passé du temps à critiquer mes professeurs, comparant l’intérêt que je
trouvais à aller dans le cours de l’un plutôt que dans le cours de l’autre.
J’appréciais comme il se doit les enseignants passionnés par leur matière,
qui exposaient avec enthousiasme leur contenu, en nous racontant dans les
détails, à l’aide de nombreux exemples concrets, ce que nous avions à
comprendre pour penser avec eux leur discipline.
Pourquoi donc, alors que je m’escrimais à leur parler avec passion, mes
étudiants ne m’accordaient pas l’attention que je pensais mériter ? C’est
l’une des questions que je n’arrêtais pas de me poser.
Et puis j’ai découvert La pédagogie des gestes mentaux d’Antoine de La
Garanderie, grâce à qui j’ai compris que nous n’adoptions pas tous les
mêmes stratégies pour apprendre (voir la bibliographie p. 181).
Lorsque j’assiste à une conférence, j’écoute ce que l’orateur raconte. S’il
projette des images à l’aide d’un rétroprojecteur, dessine un schéma au
tableau ou réalise une expérience devant moi, ce sont les explications
verbales qu’il prononce qui vont me permettre de donner du sens aux
informations qui m’arrivent.
Quand je lis une bande dessinée, ce sont d’abord les textes qui m’attirent.
Les films d’action m’ennuient rapidement. Je leur préfère les histoires « de
gens qui parlent ». J’aime donc avant tout écouter, je suis de profil
pédagogique auditif, même si j’aime aussi ressentir les choses pour les
comprendre.
Je me réfère ainsi très souvent à l’expérience de ce que j’ai « vécu » pour
interpréter ce qui me vient des autres. Si je réalise moi-même un exercice,
et que j’apprécie « en situation » ce que l’on cherche à me faire
comprendre, cela marquera fortement mon esprit, et je m’en souviendrai
pendant longtemps.
Mais en lisant les livres du pédagogue Antoine de La Garanderie, j’ai
découvert que les étudiants que j’avais en face de moi ne comprenaient pas
le monde comme moi. J’avais beau leur parler, ils m’écoutaient finalement
très peu. À une exception près : quand j’illustrais mes propos par des
exemples concrets issus d’une expérience qu’ils avaient déjà vécue, leurs
regards s’éclairaient. Ils « voyaient » alors ce que je voulais dire.
Soudainement, j’ai pris conscience qu’il fallait que je leur « donne à voir »
ce que je ne faisais jusque-là que leur répéter. J’ai donc associé des images
à mes propos, et j’ai tenté de traduire mes analyses en schémas.
J’ai alors eu la sensation que nous commencions à parler le même langage.
Antoine de La Garanderie classe les informations qui nous viennent de
l’extérieur en trois catégories distinctes :
• les informations « auditives » (explications verbales, mots,
phrases écrites ou transmises oralement…) ;

• les informations « visuelles » (images, dessins, photos, schémas,


formules…) ;

• les informations « kinesthésiques » (informations sensorielles –


odeurs, sensations relatives au toucher, bruits, couleurs –,
sentiments, manipulation d’objets, et plus globalement tout type
d’information qui passe par l’expérimentation et que l’on
ressent dans son corps…).

Nous avons tous un canal d’information privilégié, même si, le plus


souvent, nous avons plus ou moins appris à développer notre interprétation
de tous les types d’information.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez déterminer plus précisément votre « profil
pédagogique », et approfondir votre connaissance de la
pédagogie des gestes mentaux, vous pouvez consulter les
documents suivants sur mon site « Donnez du sens à vos
études » (http://donnezdusens.fr/) :
• les profils pédagogiques (article) :
http://donnezdusens.fr/quel-est-votre-profil-pedagogique/
• les profils pédagogiques (document PowerPoint) :
http://donnezdusens.fr/quel-est-votre-profil-pedagogique-2/
• formation « Quel étudiant êtes-vous ? » :
http://donnezdusens.fr/quel-etudiant-etes-vous/
Vous pouvez également bien sûr consulter directement les ouvrages
d’Antoine de La Garanderie (voir bibliographie p. 181), qui m’ont été
d’une grande aide pour mieux comprendre comment j’apprenais, mais
également pour mieux enseigner.

Procédés mnémotechniques et profil pédagogique


L’usage des procédés mnémotechniques convient-il à tous les étudiants,
quel que soit leur « profil pédagogique » ?
Dans son ouvrage intitulé Booster sa mémoire, Tony Buzan annonce dans le
cadre de l’introduction que son premier objectif est de réconcilier le lecteur
avec ses capacités en matière de mémorisation. Développer une mémoire
prodigieuse est à la portée de tous, semble-t-il annoncer dès les premières
pages.
Vous êtes dubitatif ? Eh bien il vous démontre, preuve à l’appui, que vous
êtes bien plus doué que ce que vous imaginez.
Sa démonstration débute par une histoire qu’il utilise pour vous amener à
mémoriser le nom des planètes du système solaire, dans l’ordre, de la plus
proche du Soleil à la plus éloignée. Les saynètes du récit s’enchaînent avec
humour, sollicitant votre mémoire kinesthésique (des couleurs, des
sensations, des émotions…) et le prodige s’accomplit : tout vous reste en
mémoire.
J’ai donc décidé de raconter cette histoire à mes étudiants. Ils m’ont
écoutée, amusés, et la liste des planètes, dans l’ordre, s’est inscrite comme
par magie dans leurs esprits étonnés.
Ils ont été conquis, séduits, comme je l’avais été moi-même en découvrant
cette histoire et l’effet qu’elle avait produit sur ma propre mémoire
quelques semaines plus tôt.
Puis j’ai poursuivi les exercices, présentant tour à tour comment mémoriser
grâce au « grand système » (voir chapitre 5) et au « palais de mémoire »
(voir chapitre 7). Ce dernier procédé, en particulier, demande de solliciter
quasi exclusivement sa mémoire visuelle pour être efficace.
Et c’est là que j’ai rencontré un couac.
À l’aide de ce procédé mnémotechnique, pratiquement tous les étudiants
obtenaient des scores impressionnants lorsque je leur demandais de
mémoriser diverses listes d’informations. Sauf un.
Il s’agissait pourtant d’un étudiant très motivé, qui ne comprenait pas lui-
même pourquoi son esprit se brouillait, le conduisant à mélanger toutes les
informations, pour ne plus finalement lui permettre de se souvenir de quoi
que ce soit. Il était décomposé et ne parvenait pas à cerner pourquoi il se
révélait si peu performant alors que tous ses camarades semblaient
mémoriser sans effort.

Un superbe SOLEIL a près de lui un petit thermomètre au MERCURE.


Le soleil est si chaud que le thermomètre éclate et que les petites billes
de métal liquide s’éparpillent dans l’espace.
Curieuse et amusée, une petite jeune femme que vous imaginez belle,
voluptueuse et dégageant un doux parfum apparaît. Et comment
s’appelle cette jolie déesse ? VÉNUS !
Vénus joue, s’amuse avec les billes de mercure. Elle lance au loin l’une
des billes de mercure qui atterrit avec un « boum » retentissant au
milieu de votre jardin : sur TERRE.
Mais la bille est légère et, de votre jardin, elle rebondit dans celui de
votre voisin. Votre voisin est petit, colérique et hargneux. Et qui est le
dieu de la guerre ? MARS.
Mars est prêt à bondir sur vous pour vous terrasser. Mais il est stoppé
dans son élan par un géant tellement grand et puissant qu’il en fait
trembler toute la terre autour de vous. Vous levez les yeux vers ce géant
qui est aussi votre meilleur ami : une mèche de ses cheveux glisse sur
son front, formant le « J » de JUPITER : le roi des dieux.
Sur le tee-shirt de Jupiter, vous apercevez le mot SUN (soleil en
anglais), qui forme le début des noms des trois planètes suivantes :
SATURNE, URANUS et NEPTUNE.
Jupiter rit à gorge déployée. À ses pieds accourt le petit chien de Walt
Disney : PLUTO(N).
Des habitudes évoca ves par culières
Lorsque nous apprenons, nous avons l’habitude d’évoquer les informations
dans notre tête, à la fois pour les comprendre et pour les mémoriser. Mais
nous ne nous y prenons pas tous de la même manière.
Sur l’instant, je n’ai pas compris non plus pourquoi mon étudiant se
retrouvait en difficulté pour utiliser le « palais de mémoire », alors qu’il
avait parfaitement intégré l’ordre des planètes du système solaire à l’aide de
l’histoire de Tony Buzan. Je lui ai alors demandé comment il s’y était pris
concrètement, « dans sa tête », pour réaliser les deux exercices.
Concernant les planètes, il s’était re-raconté l’histoire dans sa tête.
L’enchaînement des situations évoluait de manière logique au fur et à
mesure qu’il re-déroulait chaque étape de l’histoire dans son esprit. Il
m’entendait raconter, et les phrases lui revenaient les unes après les autres.
Le « palais de mémoire » requiert de « déposer » dans des lieux spécifiques
des informations que l’on doit clairement visualiser au préalable. J’ai alors
compris que cet étudiant ne créait pas d’ « images », mais qu’il se répétait
des « phrases entières » dans sa tête.
Dans le cadre de ce procédé mnémotechnique, la chaîne associative qui
permet de retrouver les informations stockées découle de la visualisation de
chacun des espaces de stockage créés par la personne. Sans image, pas
d’articulations logiques qui permettent de passer de manière fluide d’une
information à l’autre. Et sans visualisation, pas de mémorisation (je
prendrai le temps au chapitre 7 de vous expliquer précisément en quoi
consiste ce procédé mnémotechnique).
Pour ceux qui ont besoin d’évoquer verbalement les informations pour les
comprendre et les mémoriser (les profils purement auditifs), l’usage de
certains procédés mnémotechniques demandera donc des ajustements. Mais
il peut s’avérer judicieux de s’exercer à développer sa capacité à
comprendre et intégrer directement les informations de nature visuelle, car
dans certaines situations d’apprentissage, cela permet d’être bien plus
efficace.
Audi fs, visuels et kinesthésiques
Si vous êtes de profil pédagogique auditif, vous avez besoin d’informations
verbalement explicitées pour comprendre ce qui vous est transmis.
Si vous êtes purement auditif, vous n’avez même besoin d’aucune
information visuelle pour soutenir votre attention et intégrer les
informations verbales qui vous parviennent. Elles prennent directement sens
dans votre esprit à mesure que vous les entendez (dès lors que vous avez le
niveau prérequis pour comprendre le vocabulaire employé et les notions
transmises).
Vous pouvez par contre vous retrouver en difficulté lorsque l’on vous
demande de comprendre et de mémoriser des informations visuelles. Vous
prenez alors le temps de traduire en phrases ce qui vous est montré.
Je vous propose de jeter un nouveau coup d’œil rapide à la formule
mathématique que je vous ai présentée dans le premier chapitre :
f(x) tend vers l quand x tend vers a si :
∀ ε > 0, ∃ η > 0, ∀ χ ∈ Ω {(0 < |χ-a| < η) ==> (|ƒ(χ)-l| < ε)}

Il s’agit d’une défini on faisant intervenir différents symboles.


Un étudiant de profil visuel, pour mémoriser cette formule, va s’entraîner à
la « revoir » dans sa tête. Il va regarder attentivement les signes, porter une
attention particulière aux liens logiques qui les organisent, puis
vraisemblablement fermer les yeux pour recréer dans son esprit l’image de
ce qu’il vient d’analyser.
Un étudiant de profil auditif va quant à lui se construire dans sa tête une
explication verbale pour intégrer le sens de la formule. Étant donné la
longueur de cette dernière, c’est tout un développement, parfois
extrêmement conséquent, qui va s’avérer nécessaire.
Dans cette situation, l’étudiant « visuel » sera donc plus efficace, car il
n’aura pas de « travail de traduction » à opérer.
Inversement, un étudiant « visuel » qui assiste à une conférence où
l’intervenant ne fait que parler devra mobiliser une énergie importante pour
se créer une version imagée de ce qu’il entend dans sa tête. Plus le discours
est abstrait, plus ce processus peut s’avérer compliqué et fastidieux.
Pour le kinesthésique, les informations prennent tout leur sens dès l’instant
où il a été possible de s’entraîner activement à les utiliser. Il peut
éventuellement commencer à comprendre en regardant un autre « faire »,
mais l’acquisition d’une nouvelle notion ne se fera complètement que
lorsqu’il aura lui-même « pratiqué ».
Comment développer ses capacités de « visualisation » ?
Nous allons voir dans le chapitre 3 que nous possédons tous une mémoire
visuelle qui ne demande qu’à être exploitée. Pourtant, nous sommes
nombreux à avoir privilégié d’autres habitudes évocatives pour apprendre.
Voici néanmoins comment progresser et développer votre mémoire
visuelle :
• développez un intérêt motivé et sincère pour les informations de nature
visuelle qui vous entourent (couleurs, lumières, dessins,
perspectives…) ;
• si vous êtes de profil auditif, partez des évocations avec lesquelles vous
êtes à l’aise, et entraînez-vous à créer des images dans votre tête qui
illustreraient ce que vous vous dites ;
• si vous êtes de profil kinesthésique, lorsque vous pratiquez une activité,
entraînez-vous ensuite à vous revoir dans votre tête en train de la
pratiquer.
Ce sont dans ces allers-retours répétés entre différentes manières d’évoquer
la même chose que vous pourrez faire des liens entre des habitudes de
compréhension différentes.

Pour aller plus loin


Dans le module de formation que j’ai mis en ligne à cette
adresse (http://donnezdusens.fr/quel-etudiant-etes-vous/), je
propose trois documents qui présentent différemment le
même contenu : le premier le présente en privilégiant les informations
auditives, le deuxième les informations de nature visuelle et le
troisième la sollicitation d’informations kinesthésiques.
Vous pouvez vous servir de cet exemple pour mieux cerner comment
passer d’une habitude évocative à une autre, en partant d’un même
contenu d’informations.

Résumé
Les procédés mnémotechniques s’appuient principalement sur
l’exploitation de la capacité à évoquer visuellement les
informations. Les étudiants de profil pédagogique auditif ou
kinesthésique doivent ainsi s’entraîner à évoquer visuellement un contenu
qu’ils souhaitent mémoriser s’ils veulent apprécier tout leur potentiel.
D’autres stratégies sont cependant envisageables, dont vous pourrez prendre
connaissance au fil de la découverte des différents principes qui gouvernent
votre mémoire.
Les informa ons que vous mémorisez ont-elles un
sens ?
Dans le cadre de mon travail d’enseignante, il m’est arrivé d’organiser
des séances de révision en groupe. Je prenais un exercice de travaux
dirigés au hasard dans la liste de ceux que les étudiants étaient censés
maîtriser, je les installais quatre par quatre au tableau, et je leur
demandais de refaire l’exercice en question.
Une séance parmi toutes celles que j’ai organisées m’a marquée en
particulier : les quatre étudiants au tableau devaient répondre à la
première question d’un exercice, puis effectuer une pause pour que
nous discutions de leurs réponses.
Première question : ils écrivent tous exactement la même phrase au
tableau : « oui, parce que la fonction est continue et dérivable par
morceaux » (mathématiques). Je les regarde. Ils me regardent,
satisfaits.
Je leur demande : « Et qu’est-ce que ça veut dire ? »
« Mais c’est la bonne réponse madame », s’exclament-ils.
« Oui, mais ça veut dire quoi ? » répliqué-je.
Ils se regardent, penauds. Comme ils savent que je ne connais rien aux
maths, ils espèrent que je ne vais pas insister :
« Bon, en fait, tous les exercices de cette série commencent par la
même question. Et nous, on sait que quand on répond ça, on a bon et on
peut passer à la suite. »
« Et vous ne savez pas ce que ça veut dire ? »
« Non… »
L’un des quatre étudiants ose néanmoins intervenir : « En fait, moi,
quand j’écris cette phrase, c’est à ça que cela me renvoie… » Il dessine
alors un repère au tableau, sur lequel il trace un exemple de fonction
« continue et dérivable par morceaux ».
Ceci est un exemple frappant de la façon dont on peut mémoriser une
réponse à une question dans le cadre d’un exercice, sans avoir intégré
le sens de ce que l’on a appris. Ainsi, si cette même notion était
mobilisée dans un contexte différent, ces étudiants n’auraient aucun
moyen de faire un lien avec ce qu’ils ont mémorisé par cœur dans ce
cas précis.
Alors comment « donner du sens » à ce que l’on apprend en tenant
compte de son profil pédagogique ?
Lorsque vous cherchez à vous approprier un cours, une méthode de
calcul, des méthodes de résolution d’exercices ou finalement n’importe
quelle notion abstraite, rappelez-vous que vous pouvez tirer profit de
votre profil pédagogique à la fois pour améliorer votre compréhension
et votre mémorisation du contenu.
Je vais vous proposer différentes stratégies d’apprentissage afin que
vous puissiez commencer à envisager comment procéder concrètement.
Car on peut avoir pris conscience que l’on est de « profil pédagogique
kinesthésique » et se retrouver néanmoins démuni lorsqu’il s’agit de
réviser un cours comprenant dix pages de texte.

Stratégies d’appren ssage pour les « audi fs »


Vous avez besoin d’explications verbales pour comprendre et vous avez
tendance à vous redire ces explications dans votre tête pour les
mémoriser. De fait, un schéma, une image, un graphique ou une
formule scientifique vous mettent souvent dans l’embarras, pas
forcément parce que vous ne savez pas comment les appréhender (peut-
être êtes-vous également un peu « visuel »), mais parce que ces
informations deviennent vraiment claires (et faciles à mémoriser)
seulement si vous les avez traduites « en mots ».
Pour tirer profit de votre capacité à comprendre et mémoriser « ce qui
est dit » :
• Transformez les schémas, dessins, graphiques ou formules en
explications verbalement formulées (chaque symbole, relation ou
élément visuel doit avoir un sens pour vous).
• Travaillez en groupe ou en binôme pour vous entraîner à expliquer
un exercice ou une notion à l’oral.
• Élaborez des fiches de révision en mettant en lien les informations
de manière logique, mais rédigez des explications personnelles,
reformulées avec vos propres mots.
• Entraînez-vous à résoudre oralement un exercice lorsque vous
révisez.
• Récitez vos leçons à voix haute.
• Travaillez avec quelqu’un qui vous posera des questions auxquelles
vous êtes censé savoir répondre à l’oral. Posez-lui également vous-
même des questions (entendre ses réponses vous aidera à les
mémoriser).

Stratégies d’appren ssage pour les « visuels »


Vous avez besoin d’avoir une représentation visuelle d’un contenu pour
le comprendre et vous avez tendance à « revoir les choses » dans votre
tête pour les mémoriser.
Pour tirer profit de votre capacité à vous représenter visuellement les
informations :
• Transformez les textes en schémas, dessins ou graphiques.
• Élaborez des fiches de révision colorées, agrémentées de symboles.
• N’hésitez pas à souligner, surligner, entourer et colorier un contenu
pour vous l’approprier.
• Élaborez un « code couleur » (à chaque couleur son contenu, par
exemple, les définitions en rouge, les formules en bleu, les
exemples en vert…).
• Entraînez-vous à « revoir dans votre tête » ce que vous souhaitez
mémoriser.
• Sélectionnez les représentations visuelles adéquates lorsque vous
cherchez à comprendre un contenu (une liste, un cycle, une
hiérarchie, un processus, une relation, une pyramide, etc.).
• Faites des fiches de révision qui tiennent uniquement sur le recto
d’une feuille (vous en visualiserez ainsi l’ensemble en un seul
coup d’œil).
• Dans le cadre de vos révisions, entraînez-vous à revoir dans votre
tête les fiches que vous aurez élaborées.

Stratégies d’appren ssage pour les « kinesthésiques »


Vous avez besoin d’être « actif » pour comprendre. Face à un texte, des
graphiques ou vos fiches de révision, vous avez tendance à vous
ennuyer. Vous avez besoin de bouger, de manipuler et d’être acteur de
votre apprentissage pour vous approprier un contenu.
Pour tirer profit de votre capacité à vous approprier des informations en
« vivant une expérience » :
• Ayez plusieurs sources d’informations disponibles lorsque vous
préparez des exercices ou que vous avez pour objectif de vous
approprier un contenu (cours, ressources Internet, livres ou
manuels…). Vous manipulerez ainsi ces différents outils pendant
vos recherches.
• Élaborez des fiches de révision « interactives ». Reprenez, par
exemple, les étapes de résolution d’un problème, décrivez-les, et
découpez le résultat obtenu (une étape par papier). Au moment de
vos révisions, entraînez-vous à remettre les informations dans
l’ordre.
• Pour apprendre un cours, élaborez une liste de questions auxquelles
vous devez savoir répondre. Pour réviser, piochez des questions au
hasard (vous pouvez utiliser la méthode des flash-cards, présentée
au chapitre 9, pour améliorer encore cette démarche).
• Élaborez des fiches de révision qui permettent de manipuler les
informations : toutes les définitions d’un côté, toutes les formules
de l’autre, puis les méthodes de calcul ou les théorèmes, etc. Face
à un exercice, classez toutes les informations du chapitre
correspondant qui ont un lien avec la question posée. Entraînez-
vous ensuite à sélectionner les notions requises.
Fiche récapitula ve
Chapitre 2 : découvrir son profil pédagogique

L’idée…
Le pédagogue Antoine de La Garanderie a défini trois profils
pédagogiques spécifiques (auditif, visuel et kinesthésique), qui
correspondent chacun à une manière particulière d’évoquer les
informations dans sa tête lorsque l’on apprend.

Comment donner du sens à ce que l’on apprend en tenant compte de


son profil pédagogique ?

Si vous êtes auditif, vous avez besoin de…

- vous redire des informations pour les


mémoriser ;
- transformer les informations visuelles en
explications verbales ;
- expliquer oralement à d’autres ;
- reformuler une explication avec vos
propres mots ;
- résoudre oralement des exercices ;
- réciter vos leçons à haute voix ;
- travailler en groupe en vous posant
mutuellement des questions.

Si vous êtes visuel, vous avez besoin de…


- revoir les informations dans votre tête pour
les mémoriser ;
- transformer les informations textuelles en
informations visuelles (schémas,
dessins…) ;
- élaborer des fiches de révisions colorées,
agrémentées de symboles ;
- souligner, surligner, entourer…

Si vous êtes kinesthésique, vous avez besoin


de…

- refaire, être actif et acteur pour


mémoriser ;
- rechercher plusieurs sources
d’informations pour comprendre ;
- vous entraîner à refaire des exercices ou à
re-rédiger une ficher de révision pour les
mémoriser ;
- rechercher des exemples d’expériences
pratiques afférentes à un contenu à
comprendre (ou des applications
concrètes).
3
LE PRINCIPE DES INDICES ÉVOCATEURS

Chaque début d’année scolaire depuis trois ans, je me lance comme défi de
mémoriser le prénom des 250 étudiants que je vais accompagner par petits
groupes pendant l’année.
Bon, je vous l’avoue tout de suite, je rencontre quelques difficultés pour
atteindre mon but, même si j’améliore mes performances d’année en année,
grâce à l’utilisation de procédés mnémotechniques judicieusement choisis.
Voici comment je m’y suis prise la première année : lors du premier cours,
j’ai demandé à chaque étudiant d’inventer une phrase qui raconterait une
chose le concernant personnellement et rimant avec son prénom. Mon idée
était d’utiliser le principe d’association et la rime pour fixer les
informations dans ma mémoire. Au final, ce sont plutôt les informations
personnelles ou amusantes que je suis parvenue à associer aux personnes
qui m’ont permis d’atteindre mon objectif.
Mais il faut bien le dire humblement, j’avais oublié la moitié des prénoms
au bout de deux semaines…
Je me suis interrogée néanmoins sur ceux qui m’étaient restés en tête.
Je me souvenais de Thomas, dont la phrase était « avoir un totem
d’Obama » (on retrouvait le début et la fin de son prénom dans les
sonorités).
Je me souvenais également de Paul. Après beaucoup de réflexion, il avait
fait le lien entre son prénom et la chaîne de boulangerie homonyme. À
chaque fois que je le rencontrais dans les couloirs, je le visualisais
spontanément avec une baguette à la main… je me disais donc qu’il y avait
une histoire de boulangerie dans l’affaire… et je retrouvais son prénom.
Je me souvenais aussi de Romain. Lors du premier cours, il nous avait
raconté qu’il était passionné de mécanique et de motos. Il en possédait trois,
mais elles avaient toutes brûlé dans son garage quelques jours plus tôt.
Cette histoire m’avait tellement marquée que le prénom de cet étudiant et
son visage se sont instantanément gravés dans ma mémoire.
Je me souvenais évidemment d’autres prénoms encore. Pour chacun, c’était
une information insolite, drôle ou inattendue qui avait joué le rôle de
« marqueur ».
Je restais cependant très insuffisamment satisfaite de la stratégie que j’avais
mise en place. Pour un nombre incalculable d’étudiants, j’étais incapable de
me rappeler quoi que ce soit en les croisant dans les couloirs. Enfin, ce n’est
pas tout à fait juste… Je me souvenais en fait de la plupart des visages.
Ayant fait l’effort conscient et motivé de me souvenir d’eux, je pouvais sans
me tromper affirmer s’ils étaient dans mon cours ou pas. En revanche,
j’avais beau les fixer avec attention, pour la plupart d’entre eux, aucun
« indice » ne me permettait de me souvenir de leur prénom.
L’année suivante, forte de mes multiples recherches sur les procédés
mnémotechniques, j’ai adopté une stratégie qui s’est révélée beaucoup plus
efficace : partir d’un « indice » pour crocheter des informations.

Pour aller plus loin


Je vous propose de découvrir cette stratégie avec la vidéo en
ligne :
http://donnezdusens.fr/procede-mnemotechnique-n5-les-noms-et-les-
visages/

Évidemment, le nom d’une personne s’inscrit progressivement dans notre


mémoire :
• lorsque nous rencontrons régulièrement cette personne (c’est alors la
réactivation de l’information qui favorise sa mémorisation) ;
• lorsque cette personne est associée dans notre esprit à un événement
marquant (c’est alors l’imprévu qui marque les esprits).
Mais quand vous avez deux cent cinquante prénoms à mémoriser en trois
semaines, et que vous ne rencontrez chaque personne qu’une seule fois,
comment faire ?
Vous pouvez envisager toutes les associations possibles et faire parler la
personne de tout et n’importe quoi, toutes les informations finiront par se
mêler et s’entremêler, de telle sorte que vous ne parviendrez plus à
raccrocher simplement un nom à un visage précis. Et si vous ajoutez à cela
tous les prénoms qui sont portés par plusieurs personnes dans votre groupe,
vous en arriverez à tout mélanger une bonne fois pour toutes.
Ainsi, pour démêler ce sac de nœuds, j’ai utilisé trois astuces : les indices
évocateurs, les associations fantaisistes et la visualisation d’images
inattendues.
U liser un indice évocateur visuel
Il s’agit de commencer à associer des idées en partant d’un indice visuel :
en regardant une personne, un détail caractéristique doit attirer votre
attention. Ainsi, les associations vont s’enchaîner jusqu’au prénom associé.
Par exemple : un étudiant porte des lunettes dont les montures sont orange.
Je fais l’effort conscient de retenir ce détail en le regardant. Puis j’associe :
« orange », « clémentine »… Il s’appelle Clément.
Deuxième exemple : un étudiant a des yeux verts… qui me font penser à
une « forêt », à « l’environnement », à « Nicolas Hulot »… Il s’appelle
Nicolas.

Visualiser une image insolite et ina endue


Vous pouvez également décider de créer « de toutes pièces » une image
associée au visage de la personne.
Par exemple : une étudiante s’appelle Jeanne. Elle a de longs cheveux
blonds. Je crée une image où ses cheveux prennent feu (un peu morbide, je
dois l’avouer… mais efficace)… « feu », « brûlée vive », « Jeanne
d’Arc »… Jeanne.
Deuxième exemple : un étudiant est passionné d’aviation mais il a le
vertige. Je l’imagine mort de peur, un parachute sur le dos, s’apprêtant à
sauter dans le « vide »… Il s’appelle David.

Faire preuve d’imagina on et de créa vité


Plus les images et les associations créées sont surprenantes, drôles et
imprévues, plus elles s’inscrivent facilement dans la mémoire.
Par exemple : un étudiant a un « F » sur la monture de ses lunettes. Je me
dis en le regardant que je dois penser à me rafraîchir la mémoire pour me
souvenir de son prénom. Or, la touche d’ordinateur « F5 » est un raccourci
clavier qui permet de « rafraîchir la page »… « F plus 5 lettres dans
l’alphabet permet d’arriver à la lettre K »… Il s’appelle Kevin.
Deuxième exemple : un étudiant a des cheveux très bouclés. Ses boucles me
font penser à des boules de Noël… Noël me fait penser au « gui » (sous
lequel on s’embrasse)… Il s’appelle Guillaume.
Ces deux derniers exemples semblent a priori très tirés par les cheveux.
J’étais persuadée en les élaborant qu’ils étaient bien trop alambiqués. Et
pourtant, ils font partie de ceux dont je me souviens le mieux encore
maintenant.

Pourquoi autant d’informa ons ?


Pourquoi en effet serait-il plus pertinent de mémoriser toutes ces
informations plutôt que de se souvenir d’un simple prénom ?
Voici une question qui revient souvent dès l’instant où l’on s’intéresse aux
procédés mnémotechniques. Pourquoi s’ennuyer à retenir tant
d’informations alors qu’il suffirait de se répéter deux ou trois fois les
prénoms en question pour s’en souvenir ?
C’est là justement que la mémoire nous joue des tours. Car si je suis
capable en quelques minutes de mémoriser douze prénoms en revanche, si
ces prénoms ne sont rattachés dans mon esprit à rien d’autre qu’aux visages
que j’ai vus une fois lors d’un cours, il est très probable que j’en oublie la
plupart très rapidement.
Plus une information est « accrochée » et mise en lien avec d’autres, mieux
elle s’inscrit dans la mémoire… et surtout, pour longtemps.
Ce principe s’appelle le principe des associations, mais nous y reviendrons
plus précisément au chapitre 6.

Pourquoi ça marche ?
Vous avez repéré que, chaque fois, je pars d’un détail précis, auquel
j’associe ensuite diverses informations qui se succèdent de manière logique
(même si « logique » ne veut pas forcément dire « sérieux »).
Lorsque nous cherchons à nous remémorer une information, le processus
est à peu près toujours le même : certaines informations principales,
marquantes ou spécifiques nous reviennent en premier à l’esprit, puis, par
associations successives, d’autres suivent.
Imaginez par exemple que vous cherchez à vous souvenir du dernier livre
que vous avez lu. En général, ce sont d’abord des passages du livre qui vous
ont marqués qui vous reviennent en premier. Vous repensez alors à certains
personnages. Puis, en faisant l’effort de revenir sur ces moments et
personnages marquants, d’autres éléments plus exhaustifs vous reviennent
également.
C’est donc à partir d’informations-clés que, progressivement, beaucoup
d’autres informations associées vous reviennent en mémoire.
Appelons ces informations-clés des « crochets ». C’est à partir d’eux
qu’une ribambelle d’informations, par association, peut vous revenir.

Résumé
Le procédé mnémotechnique qui permet de mémoriser les noms
associés aux visages met en évidence le pouvoir des « indices
évocateurs » (ou « crochets ») concernant le fonctionnement de
la mémoire : certaines informations-clés permettent, par associations
logiques successives, de retrouver toute une série d’informations associées.
Sélec onner des mots-clés pour mieux mémoriser
Les « indices évocateurs » sont à mettre en lien avec une utilisation
efficace de ce que l’on nomme les « mots-clés ».
Un mot-clé correspond à un terme qui permet de figurer une notion
principale, faisant elle-même le lien entre les différentes informations
rassemblées dans un contenu de référence (un texte, un fichier, un
article…).
Il existe une multitude de situations d’apprentissage dans le cadre
desquelles l’usage de mots-clés est nécessaire :
• prendre des notes ;
• faire un résumé ;
• élaborer le plan d’un écrit ;
• construire une fiche de révision, etc.
Dans le cadre de ces différents exemples, il est souvent demandé aux
étudiants d’être en mesure de sélectionner un mot (ou une phrase) qui
va permettre, par association, de réactiver (ou évoquer) d’autres
informations associées.

Comment faire un bon usage des mots-clés dans une prise


de notes ?
Il n’est pas toujours évident, pendant un cours magistral, de noter ce
que dit l’enseignant (ou ce qu’il écrit au tableau) et en même temps de
se concentrer pour comprendre le fond de son propos.
Une prise de notes efficace revient cependant à identifier les mots et
notions-clés qui, compilés dans sa prise de notes, permettront par la
suite de retrouver tout le contenu qui a été abordé par l’enseignant
pendant sa présentation.
Il ne s’agit pas pour autant d’avoir mémorisé tout ce qui a été dit, mais
d’avoir noté les éléments qui permettront, après coup, de retrouver
l’ensemble des informations.
Partant de ce principe, voici les informations qu’il apparaît important
de noter pendant une présentation (cours, conférence, exposé…) :
• le plan (les titres, les sous-titres…) ;
• le nom des notions (théorèmes, termes significatifs…) ;
• les références (auteurs, ouvrages, articles…) ;
• les schémas ;
• les explications ou métaphores proposées par l’enseignant qui
permettent de donner du sens au contenu.
Il s’agit pendant le cours d’écouter attentivement l’enseignant et de
sélectionner les mots et concepts-clés ; puis après le cours de se munir
des ouvrages cités et de tous les documents nécessaires (manuels,
documents web…) pour comprendre et mémoriser le cours.

Comment faire un bon usage des mots-clés dans des fiches


de révision ?
L’objectif d’une fiche de révision est de synthétiser un contenu en vue
de le mémoriser plus facilement. Une bonne technique d’élaboration de
fiches de révision peut également aider à mieux comprendre un
contenu (nous reviendrons sur ce point au chapitre 12).
Lorsque vous construisez une fiche, vous devez donc sélectionner dans
votre contenu de référence (cours, livre, notes, texte…) les mots,
notions ou formules-clés qui, par association, vous permettront de
réactiver toutes les informations que vous avez pour objectif de
connaître.
Dans un premier temps, vous pouvez vous retrouver en difficulté pour
effectuer ce travail de sélection des informations parce que « tout »
peut vous sembler important.
Mais plus vous parviendrez à prendre du recul vis-à-vis du contenu,
plus les liens logiques que vous allez être en mesure de nouer vont
vous amener à retrouver les informations en suivant la chaîne
associative qui se crée progressivement dans votre esprit.
C’est ici qu’il convient de faire le lien entre les processus de
mémorisation et de compréhension : « comprendre » doit vous
conduire à faire ces liens associatifs dans votre esprit. Ainsi, si vous
sélectionnez le bon mot-clé, vous serez capable de retrouver toutes les
connaissances que vous aurez intégrées dans votre chaîne associative.

Comment savoir si votre mot-clé est le bon ?


C’est celui qui a le meilleur pouvoir de réactivation du contenu que
vous souhaitez mémoriser. Simplement en le lisant, vous pourrez,
progressivement, vous souvenir de tout le contenu associé.
Par exemple, si vous souhaitez réaliser une fiche de révision en
mathématiques :
Pendant la phase de découverte du contenu, vous allez chercher à
comprendre l’outil (la formule, la méthode de calcul, la définition…).
Peut-être aurez-vous besoin de relire plusieurs fois les explications,
faire quelques exercices simples et remettre ce nouvel outil dans son
contexte pour vous l’approprier.
Si l’on vous demandait de faire une fiche de révision à cette étape de
votre apprentissage, vous auriez vraisemblablement besoin de tout
noter pour vous souvenir de tout.
Mais progressivement, les liens que vous allez créer entre les
informations vont jouer le même rôle que l’histoire que j’ai inventée
pour mémoriser la définition mathématique d’une limite dans le
premier chapitre.
Une fois que ces liens logiques s’enchaîneront aisément dans votre
esprit, vous n’aurez plus besoin de noter l’intégralité des informations
pour vous en souvenir. Un simple indice évocateur suffira : la formule
elle-même par exemple. À partir de celle-ci, vous pourrez retrouver,
par association, la démonstration, les exercices à partir desquels vous
vous êtes exercé ou encore un exemple d’application dans le domaine
scientifique.

Résumé du Point-méthode
Un mot-clé, dans un résumé ou une fiche de révision, doit
jouer le rôle d’ « indice évocateur » pour votre mémoire.
Le « bon » mot-clé est celui qui a le meilleur pouvoir de
réactivation : il doit vous permettre d’évoquer spontanément
un maximum de contenu.
C’est grâce aux associations d’informations que vous élaborez pendant
que vous apprenez que votre mot-clé joue le rôle d’indice évocateur : il
n’y a donc pas de mémorisation efficace sans « création de liens
logiques » entre les informations.

Fiche récapitula ve
Chapitre 3 : le principe des indices évocateurs

L’idée…
Les indices évocateurs sont des informations-clés permettant, par
associations logiques successives, de retrouver toute une série
d’informations associées. Le BON indice évocateur (mot, schéma,
formule…) est celui qui a le meilleur pouvoir de réactivation : il doit
vous permettre d’évoquer spontanément un maximum de contenu. Il
n’y a pas de mémorisation efficace sans création de liens logiques entre
les informations.

Comment faire un bon usage des indices évocateurs pour mémoriser


efficacement ?
4
LE POUVOIR DE NOTRE MÉMOIRE
VISUELLE

Personnellement, depuis que je vais à l’école, il faut que les choses « me


parlent » pour que je les comprenne.
J’ai réalisé en effet que je suis d’un profil pédagogique auditif. Quand je
consulte des sites sur Internet, je fuis les vidéos. Ce sont avant tout les
textes qui m’attirent. De ce fait, créer des images visuelles dans mon esprit,
que ce soit pour comprendre ou mémoriser des informations, me demande
un effort important.
Il n’en demeure pas moins que lorsque j’ai découvert que différents
chercheurs dans les années 70 avaient mis au point un test visant à prouver
que les performances de notre mémoire visuelle sont naturellement
extraordinaires, cela a attisé ma curiosité.
Se pouvait-il que je n’exploite pas suffisamment ce talent que nous
possédons tous ?
Le test se déroule de la manière suivante : dans un premier temps, plusieurs
milliers d’images défilent sur un écran au rythme d’une toutes les demi-
secondes. Ensuite, il s’agit de départager des couples d’images dont l’une
est inédite et l’autre fait partie de la liste initialement visionnée.
Il semble a priori difficile d’imaginer que nous soyons capables de
mémoriser tant d’informations en si peu de temps. Pourtant, au cours de ce
test, plus de 80 % des images ont été reconnues par les participants. Les
photographies n’avaient pas été mémorisées dans les moindres détails, mais
de nombreux éléments avaient joué le rôle d’ « indices évocateurs ».
Pour aller plus loin
Afin d’en avoir le cœur net, j’ai mis au point un test
similaire, auquel je vous propose de vous soumettre dès
maintenant :
http://donnezdusens.fr/testez-le-potentiel-de-votre-memoire-
visuelle/

Que retenir de ce e expérience ?


Lorsque vous vous soumettez à un test de ce type, vous vous apercevez que
vous gardez en mémoire un agencement de couleurs, la fonctionnalité d’un
objet ou un détail significatif de l’image qui vous permet ensuite de
distinguer sans erreur celles que vous avez déjà vues auparavant. Tous ces
éléments jouent après coup le rôle d’ « indices visuels », ce qui vous permet
de sélectionner la « bonne » image lorsque celle-ci vous est montrée aux
côtés d’une image qui ne figurait pas dans la liste initiale.
Nous pouvons donc affirmer que notre mémoire visuelle est un outil
puissant, quel que soit notre profil pédagogique.
En effet, que l’on soit de profil pédagogique auditif, visuel ou
kinesthésique, exploiter sa mémoire visuelle semble à la portée de chacun,
et être également une voie particulièrement efficace pour apprendre.
Il convient cependant de faire la distinction entre l’usage que l’on peut faire
des « informations visuelles » pour construire un support externe
d’apprentissage (comme une fiche de révision), et l’usage que l’on peut
faire d’une exploitation mentale du phénomène, où l’on va construire dans
sa tête des images à même de soutenir le processus de mémorisation :
• dans la première situation (support externe), vous vous appuyez sur des
images pour mémoriser ;
• dans la deuxième situation (processus mental), vous créez des images
dans votre tête, et c’est ce travail mental en lui-même qui vient soutenir
et rendre plus efficace votre capacité à mémoriser.
Exploiter sa mémoire visuelle à l’aide de supports
externes
Si vous êtes de profil pédagogique visuel, vous utilisez déjà les images dans
le but d’apprendre et de mémoriser :
• vous focalisez en priorité votre attention sur des images, des dessins,
des formules, des schémas, des photos… ;
• vous vous entraînez à les « revoir » dans votre tête pour les mémoriser ;
• vous cherchez à transformer les informations de nature « auditive » ou
« kinesthésique » en schémas, images, graphiques… ;
• lorsque vous lisez un contenu textuel, vous utilisez des marqueurs
visuels pour vous l’approprier (vous surlignez, soulignez, entourez,
mettez les titres en couleur, etc.).
Si vous n’êtes pas de profil pédagogique visuel, sachez que vous pouvez
vous entraîner à pratiquer ces différentes activités pour développer votre
capacité à exploiter les informations de nature visuelle. Car comme vous
avez pu vous en apercevoir grâce au test des « doubles photographiques »,
nous avons tous intérêt à exploiter nos compétences dans ce domaine.
Par contre, si le fait d’ajouter des couleurs dans un texte ou une fiche de
révision peut s’avérer très utile, ce n’est pas exclusivement sur cette
pratique que s’appuie votre mémoire visuelle pour être opérante : il faut
également avoir à l’esprit que c’est votre capacité à créer de toutes pièces
des images dans votre tête qui va être nécessaire.

Exploiter sa mémoire visuelle au plan interne


Lorsque vous utilisez des indices évocateurs pour mémoriser un prénom
associé à un visage par exemple, vous pouvez partir d’un élément visuel
« externe » (une coupe de cheveux, la couleur des yeux, des lunettes…)
pour inventer une association d’idées vous menant au prénom.
Mais vous pouvez également créer de bout en bout une « image inédite »
qui va soutenir le processus de mémorisation. J’en ai donné un exemple
avec l’étudiante prénommée Jeanne (voir p. 37) : en imaginant ses longs
cheveux blonds prendre feu (et en fixant cette image dans ma tête), j’ai créé
un « indice évocateur » qui m’a permis par association de mémoriser son
prénom.
C’est ce processus purement créatif de visualisation, qui sollicite votre
capacité à imaginer et faire des liens inédits entre les informations, qui est
en fait le moteur de votre mémoire visuelle.

Résumé
Notre mémoire visuelle est un outil puissant quel que soit notre
profil pédagogique. Le processus de visualisation vise à
optimiser son exploitation.
Exploiter sa mémoire visuelle pour mieux apprendre
Le test des doubles photographiques met en évidence que les
informations de nature visuelle jouent le rôle d’indices évocateurs, telle
que nous avons défini cette notion au chapitre 3.
Si je fixe une image dans mon esprit, je peux, au moyen d’associations
logiques, retrouver un contenu d’informations associé.
Ce principe peut se décliner de différentes manières dans le but de
« rendre plus mémorables » certains contenus d’informations :
• les notes de cours ;
• les fiches de révision ;
• un brouillon pendant un examen, etc.
Je vous propose ci-dessous de découvrir deux techniques qui devraient
vous amener à exploiter votre mémoire visuelle pour mieux apprendre,
réviser et retranscrire des informations : l’usage de marqueurs visuels
et la transformation des informations.

Se servir de marqueurs visuels pour organiser les


informa ons
Sortis de l’école primaire, nous avons tendance à délaisser nos feutres
de couleur et oublier que le dessin est un merveilleux moyen de
stimuler nos capacités d’apprentissage. Nos cahiers se remplissent de
lignes manuscrites ternes et sans relief. Et les élèves qui se risquent
encore à exercer leur créativité artistique en dehors des cours de dessin
se font bien souvent rappeler à l’ordre.
Je vous propose de ressortir vos feutres et crayons de couleur pendant
que vous prenez des notes, pendant que vous élaborez vos fiches de
révision ou encore lorsque vous rédigez votre brouillon pendant un
examen.
Plus les informations sont triées et organisées, plus nos idées sont
claires et notre capacité à réfléchir optimisée (voir chapitre 5).
Ainsi, si vous vous créez un système qui vous permet, avant même de
lire une information, de savoir quelle est sa nature, cela va vous
permettre à la fois de mieux la situer dans votre esprit, et de mieux la
mémoriser.
Et c’est là qu’un bon « code couleur » va se révéler un outil précieux.
Imaginez : vos titres sont en bleu et vos sous-titres en vert. Ou alors :
les définitions sont en bleu, les théorèmes en rouge et les exemples en
vert. Ou bien encore : les notions importantes sont en bleu, les noms
d’auteurs en rouge et les références d’ouvrages en vert.
Il s’agit de marquer visuellement grâce à ce code couleur les
informations essentielles sur lesquelles vous souhaitez attirer
l’attention (dans un brouillon d’examen ou dans vos notes) ou les types
d’informations qu’il vous faut absolument mémoriser (dans vos fiches
de révision).
L’utilisation de certains symboles peut également vous permettre de
retrouver une information importante dans un texte. Ils peuvent
signifier :
• « attention » ou « c’est important » ;
• « exemple » ;
• « à revoir », etc.
Si le code couleur que vous avez mis en place est efficace, il vous
permettra d’avoir des informations sur le contenu avant même de
l’avoir consulté. Vous retrouverez ainsi plus facilement une information
dans vos notes ou votre brouillon.
Mais l’avantage de ce système est encore plus significatif en ce qui
concerne les fiches de révision, car alors, les couleurs deviendront des
indices évocateurs du contenu et vous permettront de le mémoriser
avec plus d’efficacité.
Par exemple, lorsque vous rechercherez une information pendant un
examen, vous « évoquerez » beaucoup plus facilement votre fiche de
révision dans votre tête. Et les couleurs que vous avez choisies vous
guideront pour retrouver le contenu ainsi mis en valeur.

Transformer les informa ons textuelles en informa ons de


nature visuelle
Une deuxième technique pour vous appuyer sur votre mémoire visuelle
afin de mieux mémoriser des informations consiste à les transformer en
schéma, dessin, symbole ou toute autre information de nature visuelle.
Il s’agira par exemple de transformer un texte en schéma.
Cet exercice demande de bien comprendre les liens logiques entre les
informations pour les agencer d’une manière qui va leur donner du
sens. Vous devez ainsi saisir la nature des informations à traiter avant
de les organiser, qu’il s’agisse :
• d’une liste d’informations ;
• d’un processus (un phénomène en entraîne un autre) ;
• d’un cycle (les phénomènes s’enchaînent selon un ordre qui se
répète) ;
• d’informations hiérarchisées (de manière pyramidale, selon un
organigramme…) ;
• d’une relation entre deux phénomènes ;
• d’une matrice (plusieurs phénomènes interagissent les uns avec les
autres), etc.
Selon la nature de vos informations, vous choisirez l’organisation
visuelle la plus adaptée (croquis, dessin, schéma, tableau…). Plusieurs
représentations différentes peuvent d’ailleurs se compléter.
Ce travail de transformation est efficace pour mémoriser parce que
vous pourrez vous servir du « contenant » (votre représentation
graphique) comme indice évocateur. En évoquant celui-ci dans votre
tête, vous retrouverez le contenu par association (de la même façon que
s’il s’agissait d’une couleur ou d’un mot-clé).
La représentation graphique est cependant plus puissante qu’une
couleur, car son pouvoir d’organisation est plus grand.
Enfin, si vous associez l’usage des couleurs, des mots-clés et la
construction de schémas pertinents, votre mémoire visuelle sera
exploitée de manière optimale.

Résumé du Point-méthode
Les marqueurs visuels (couleurs, symboles…) jouent le rôle
d’indices évocateurs au même titre que les mots-clés.
Traduire les informations textuelles en représentations visuelles permet
d’exploiter efficacement le pouvoir de notre mémoire visuelle.

Fiche récapitula ve
Chapitre 4 : le pouvoir de notre mémoire visuelle

L’idée…
Notre mémoire visuelle est un outil puissant, quel que soit notre profil
pédagogique. Les MARQUEURS VISUELS (couleurs, symboles…)
jouent le rôle d’indices évocateurs au même titre que les mots-clés. Par
exemple, le fait de souligner, de surligner, d’entourer les mots-clés ou
d’adopter un code couleur dans le cadre de vos notes de cours permet
de solliciter la mémoire visuelle lorsque l’on apprend. Transformer un
texte ou une notion abstraite en schéma explicatif est encore plus
efficace.

Comment me re notre mémoire visuelle au service de nos objec fs


d’appren ssage ?
5
LE PRINCIPE DE L’ORDRE

Je vous propose de penser à vos années d’études comme à une période plus
ou moins longue pendant laquelle vous accumulez nombre de
connaissances.
Imaginons que votre mémoire prenne la forme d’une grande armoire et que
chaque connaissance accumulée pendant cette période y figure sous la
forme d’un vêtement.
Si vous n’avez aucun projet spécifique quand vous acquérez une nouvelle
connaissance, que vous ne vous posez aucune question quant à l’usage que
vous allez pouvoir en faire, il y a de grandes chances pour que votre
armoire ne possède aucun système de rangement particulier, et que vous y
déposiez chaque nouveau vêtement l’un par-dessus l’autre, en pile, comme
il vient, sans vous soucier clairement de ce que vous en ferez plus tard.
Lorsqu’arrive le jour de l’examen, vous devez mobiliser ce que vous savez
pour répondre aux questions qui vous sont posées, et là, pas moyen de
retrouver ce dont vous avez besoin. Parfois, au sortir de l’épreuve, les
échanges que vous avez avec d’autres étudiants vous rappellent que vous
saviez pourtant ce qui était utile pour traiter le sujet… mais que c’était si
loin « au fond de la pile » que vous n’y avez plus pensé.
C’est un peu la même chose quand vous vous levez le matin et que vous
ouvrez votre armoire pour vous habiller. Si vos vêtements sont en tas au
fond de l’armoire (ou qu’ils sont éparpillés aux quatre coins de votre
chambre), vous allez fouiller dans votre pile, prendre chaque habit l’un
après l’autre, en essayer certains pour réaliser d’emblée qu’ils ne
correspondent pas à ce que vous recherchez…
Grand moment de solitude. Le bas et le haut ne vont pas ensemble ? Le
pantalon et le pull que vous mettez tous les jours sont dans la corbeille de
linge sale ? Vous ne parvenez plus à mettre la main sur l’accessoire
indispensable (ou simplement sur votre deuxième chaussure…) ? Bref, vous
êtes perdu.
Mais il est possible également que vous soyez particulièrement bien
organisé : chaque chose est à sa place, rangée en fonction de sa couleur, de
son usage, de son style ou de la saison. Quand vous ouvrez votre armoire,
vous retrouvez facilement et rapidement ce qu’il vous faut car c’est rangé là
où vous vous attendez que ça le soit.
Eh bien c’est la même chose lorsque l’on réfléchit !
Confronté à un problème (exercice de mathématiques, dissertation de
philosophie…), vous allez rechercher dans votre mémoire les informations
qui vont vous être utiles pour proposer une réponse ou trouver une solution
adéquate. Et si vous savez où chercher, la démarche est grandement
facilitée.
Ce principe d’organisation de vos connaissances pour mieux les mémoriser
(et ensuite vous en servir) est celui qui prévaut dans le cadre du procédé
mnémotechnique nommé « table de rappel » ou « grand système », et que
Tony Buzan présente de manière exhaustive dans son livre Booster sa
mémoire (voir bibliographie p. 181). Je vous propose de le découvrir
maintenant.

Comment améliorer ses capacités de mémorisa on


en « me ant de l’ordre » dans ses connaissances ?
Afin de mesurer l’impact de l’organisation de ses connaissances sur leur
mémorisation, je vais vous proposer deux exercices.

• Exercice 1

Quel ensemble de mots vous apparaît le plus facile à mémoriser ?


• Aucun système de rangement…

POUCE couteau Lard LUGE POMME Bac Rat Malle Nana Cale

• Un système de rangement peu élaboré…


bac
cale
couteau
lard
luge
malle
nana
pomme
pouce
rat

• Un système de rangement un peu plus élaboré…

On a vu que cette même liste de dix mots est organisée selon différentes
logiques :
• l’organisation est aléatoire ;
• l’ordre est alphabétique ;
• il y a quatre sous-catégories (nourriture, vivant, objets, bateau).
Ainsi, on s’aperçoit que c’est en organisant les informations de la manière
qui apparaît la plus logique que l’on gagne en efficacité lorsqu’il s’agit de
les mémoriser.

• Exercice 2

Voici une nouvelle liste de dix mots n’ayant a priori aucun lien les uns avec
les autres :
– dé
– nez
– mât
– rat
– loup
– chat
– cou
– fou
– pot
– tasse

Si vous choisissez de vous les répéter plusieurs fois dans votre tête pendant
deux minutes, il est probable que vous en mémoriserez six à huit. Certains
parviendront même peut-être à retenir les dix. Mais il y a toutes les chances
pour que vous les ayez oubliés dans quelques semaines…
Plusieurs procédés mnémotechniques peuvent vous aider à mémoriser ces
dix mots pour vous en souvenir sur le long terme. Ces procédés utilisent les
principes des associations, des images et/ou des lieux pour être efficaces.
Nous allons pour l’instant nous intéresser à un principe d’association
spécifique : celui qui nous invite à ordonner les informations pour mieux les
mémoriser. Pour cela, nous allons nous inspirer du procédé
mnémotechnique connu sous le nom de « grand système ».

Pour aller plus loin


Vous pouvez retrouver une présentation vidéo synthétique de
ce procédé mnémotechnique sur le site Donnez du sens à vos
études à cette adresse : http://donnezdusens.fr/procede-
mnemotechnique-n2-le-grand-systeme/

Le principe du grand système s’appuie sur un code « chiffre-son » qui a été


inventé au XVIIe siècle :
• Chaque chiffre de 0 à 9 correspond à des sonorités spécifiques (le « 0 »
correspond par exemple aux sons « s » et « z »).
• En ajoutant des voyelles, il devient alors possible de créer une table de
rappel dans laquelle chaque nombre allant de 0 à 99 correspond à un
mot.
• Ces mots doivent être mémorisés (à l’aide du code chiffre-son) en
formant dans sa tête une image qui leur correspond, la plus précise et
extraordinaire possible (l’image virtuelle doit être colorée, bruyante,
odorante… en un mot : mémorable).
Une fois que toutes les images, associées à leur nombre, sont mémorisées, il
devient possible de mémoriser, à long terme, des séries de chiffres
aléatoires.
Le principe du grand système attire donc l’attention sur l’intérêt d’ordonner
les informations de manière logique pour mieux les mémoriser. Pour vous
en convaincre, je vous propose de mémoriser les dix premières images du
grand système.

Voici des images correspondant aux cinq premiers mots de la liste. Je vous
demande de vous entraîner à les revoir dans votre tête de la manière la plus
précise possible :
• Au chiffre 1 correspond le mot « dé » : visualisez un dé avec le chiffre
1 bien visible.
• Au chiffre 2 correspond le mot « nez » : visualisez les 2 narines d’un
énorme nez, avec un petit garçon qui mettrait son doigt dedans…
• Au chiffre 3 correspond le mot « mât » : visualisez un « 3-mâts »,
comme sur l’image, qui vogue sur les flots.
• Au chiffre 4 correspond le mot « rat » : visualisez un petit rongeur au
poil gris, avec des pattes qui se terminent chacune par 4 griffes acérées.
• Au chiffre 5 correspond le mot « loup » : visualisez l’animal hurlant à
la lune, et dessinez mentalement un gros chiffre 5 sur cette lune ronde.
Voici maintenant des images correspondant aux cinq derniers mots de la
liste. Comme précédemment, je vous demande de vous entraîner à les revoir
dans votre tête de la manière la plus précise possible.
• Au chiffre 6 correspond le mot « chat » : visualisez un chat qui aurait 3
grosses moustaches de chaque côté de son museau.
• Au chiffre 7 correspond le mot « cou » : visualisez un long cou
composé de 7 vertèbres.
• Au chiffre 8 correspond le mot « fou » : visualisez le fou du roi, en
train de tourner dans tous les sens pour faire rire la galerie, tournoyant
en 8 au milieu de la foule.
• Au chiffre 9 correspond le mot « pot » : visualisez un pot de fleurs
vide, dans lequel on aurait caché un œuf de Pâques (« 9 » de Pâques).
• Au chiffre 10 correspond le mot « tasse » : visualisez une tasse de café
dont l’anse formerait une barre verticale figurant le chiffre 1 et le corps
de la tasse le chiffre 0.
Fermez maintenant les yeux et entraînez-vous à revoir dans votre tête, selon
l’ordre des chiffres associés aux mots de la liste, chacune des images ainsi
créées.
Prenez maintenant une feuille et un stylo, et tentez spontanément d’écrire
tous les mots du premier exercice ; puis répondez aux questions suivantes :
• Avez-vous pris le temps de mémoriser le système de classement qui
vous correspondait le mieux (ordre alphabétique, sous-catégories…) ?
• Adopter une démarche d’organisation du contenu vous a-t-il permis de
faciliter sa mémorisation ?
Fermez maintenant ce livre, et formulez à voix haute les dix mots qui
composent la liste de l’exercice 2. Pour exploiter le procédé
mnémotechnique utilisé, il est nécessaire de revoir chacune des images que
vous avez formées dans votre tête. Que pouvez-vous en conclure ?
J’imagine que la plupart d’entre vous n’auront eu aucune difficulté à
mémoriser la troisième liste. Tout simplement parce que vous vous êtes
appuyé sur un système de classement que vous maîtrisez parfaitement : les
nombres allant de 1 à 10. Vous savez que des associations ont été élaborées
en relation avec ces dix nombres, cela vous donne donc un point de départ
pour retrouver l’image associée, d’où l’intérêt d’organiser ses
connaissances pour les mémoriser.

Pourquoi ça marche ?
En effet, pourquoi les performances en matière de mémorisation
augmentent lorsque l’on organise les informations de manière spécifique ?
Pour répondre à cette question, je vous propose une nouvelle métaphore.
Imaginez que votre mémoire prenne la forme d’une multitude de fils de
laine auxquels seraient accrochés des bonbons (un bonbon = une
information).
Si vous choisissez de ne pas organiser vos connaissances lorsque vous les
mémorisez, c’est comme si vous faisiez une grosse boule bien serrée avec
tous vos brins de laine. De fait, quand vous allez avoir besoin d’une
information, vous allez essayer de démêler votre pelote, cela va vous
prendre du temps, et il n’est pas du tout certain que les bonbons qui
correspondent à une même catégorie soient regroupés au même endroit.
Vous allez donc devoir tout re-dérouler pour mettre la main sur ce dont vous
avez besoin.
Imaginez maintenant que vous ayez eu à cœur de classer vos fils de laine,
que les bonbons sont accrochés à chacun d’eux parce qu’ils vont ensemble
et que chaque brin de laine reste bien accessible. Au moment où vous aurez
besoin d’une information, vous n’aurez qu’à tirer sur le brin de laine
correspondant à ce que vous cherchez, et toutes les informations en lien
suivront.
Lorsque vous choisissez un système de rangement approprié, vous n’avez
pas besoin de tout avoir en tête. Un seul indice évocateur (le brin de laine
qui dépasse) vous permettra de faire revenir les informations les unes après
les autres. Il s’agit là du principe d’association que nous allons aborder dans
le chapitre 6.

Les limites du grand système


Cette technique est très efficace, mais elle comporte deux limites :
• Tout d’abord, mémoriser l’ensemble de sa table de rappel demande un
entraînement significatif, et de multiples réactivations.
• Ensuite, l’utilisation de cette technique à des fins d’apprentissage de
notions, de théorèmes ou de théories diverses ne se révèle pas très
opérante.
Si vous décomposez les dates et les nombres que vous avez à mémoriser
pour les associer ensuite aux images de votre table de rappel, vous
déconnectez les liens logiques qui organisent les informations (ou vous les
brisez purement et simplement) pour leur appliquer une nouvelle logique,
celle-ci complètement arbitraire. Vous allez ainsi mémoriser beaucoup
d’informations à long terme, mais de manière mécanique et sans
comprendre les liens qui les articulent.
Finalement, très peu de domaines disciplinaires comprennent des suites de
nombres aléatoires à mémoriser.
Lorsque vous cherchez à vous approprier un contenu de cours, celui-ci est
le plus souvent composé de textes, de noms propres, de formules, de
chiffres, etc. Le principe du grand système s’appliquant exclusivement aux
nombres, il n’y a pas grand intérêt à l’utiliser par petits morceaux, quand
une date se présente au milieu d’un contenu.

Résumé
Organiser, classer et trier ses connaissances facilite leur
mémorisation.
Le plus important est de repérer que cela permet ensuite une
meilleure utilisation des informations, et augmente donc notre capacité à
réfléchir efficacement.
Ordonner ses connaissances pour mieux les
mémoriser
Imaginez qu’un extraterrestre arrive sur la Terre sans connaître notre
planète. Il entre dans un stade où des milliers de personnes sont
rassemblées pour un concert.
Subitement, une personne remarque sa présence et prend peur. Un
mouvement de foule pousse toutes les personnes vers la sortie.
Finalement, l’extraterrestre se retrouve tout seul au milieu des objets
abandonnés sur place : des appareils photo, des sandwichs, du popcorn
écrasé, des vêtements de différentes formes, des sacs, etc.
Imaginons que cet extraterrestre ait à cœur de mieux connaître notre
planète et qu’il se donne pour objectif de classer tous ces objets
disparates.
Selon vous, comment va-t-il s’y prendre ?
Pour nous qui avons une connaissance de ces objets, plusieurs logiques
sont envisageables. Nous pouvons les classer :
• selon leur fonctionnalité (les vêtements ensemble, la nourriture
d’un côté…) ;
• selon leur valeur (si nous souhaitions les revendre…) ;
• selon leur état (les objets détériorés à la poubelle…), etc.
Mais notre extraterrestre, qui n’a aucune idée de la valeur ou de l’usage
de ces objets, pourrait adopter d’autres logiques et classer les objets
selon :
• leur taille ;
• leur couleur ;
• leur odeur, etc.
Il pourrait également repérer si certains peuvent éventuellement lui être
utiles, selon une logique qui n’aurait peut-être rien à voir avec la
fonctionnalité que nous aurions attribuée aux objets en question à
l’origine.

Comment élaborer un système de classement per nent de


ses connaissances ?
Dans le cadre d’une fiche de révision, un étudiant compile les
informations qu’il a pour objectif de mémoriser.
Plus vous aurez de recul concernant votre contenu, plus les liens
logiques qui articulent les informations vous apparaîtront clairement,
plus vous pourrez concevoir un système de classement pertinent.
En tant que débutant, vous allez classer les informations comme le
ferait l’extraterrestre : vous allez plaquer sur les nouvelles
connaissances à acquérir des idées et des logiques que vous maîtrisez,
mais qui ne vous permettront pas forcément d’apprendre avec précision
et pertinence.
En général, le plus simple (et conseillé) est de commencer par
s’approprier le « système de rangement » des connaissances (le
sommaire pour un livre, le plan de l’enseignant pour un cours).
C’est en commençant par vous approprier la logique d’organisation
globale des connaissances proposée dans un contenu que vous pourrez
ensuite facilement assimiler les informations plus détaillées. Le cadre
(ou plan ou sommaire) joue le rôle de système de classement, avec ses
catégories et sous-catégories. Et vous verrez que chaque catégorie
jouera ensuite le rôle d’indice évocateur.

Comment s’affranchir du cadre ini al et développer une


pensée personnelle ?
Pour développer sa capacité à penser par soi-même, il faut développer
son esprit critique : remettre en question les conclusions, les arguments
ou les affirmations d’un auteur, comparer les approches différentes qui
existent sur un même sujet… pour finalement se construire une voie
personnelle, voire inédite.
Plus vous allez être capable de prendre du recul concernant votre sujet,
plus vous allez acquérir cette capacité à discuter une argumentation, et
plus vous gagnerez en autonomie de pensée.
Vous pourrez alors construire vos propres liens, ainsi que vos propres
systèmes de classement et d’organisation de vos connaissances.

Résumé du Point-méthode
Dans la mesure où la mémorisation des informations est
tributaire de l’ordre que l’on est capable de mettre dans ses
connaissances, un apprentissage efficace passe par un bon
« système de classement » des informations.
Des connaissances bien organisées permettent de réfléchir plus vite et
avec davantage de pertinence, car les liens entre les informations et les
problèmes posés se font plus aisément.
Un débutant cherchera à s’approprier le plan du cours tel que proposé
par l’enseignant (ou le sommaire d’un ouvrage) ; un étudiant plus
avancé cherchera à comparer les approches de plusieurs auteurs pour se
construire une voie personnelle.

Fiche récapitula ve
Chapitre 5 : le principe de l’orde
L’idée…
Organiser, classer et trier ses connaissances facilitent leur
mémorisation. Des connaissances bien organisées permettent par
ailleurs de réfléchir plus vite et avec davantage de pertinence, car les
liens entre les informations et les problèmes posés se font plus
aisément.
Pour ce faire, un débutant cherchera à s’approprier le plan du cours tel
que proposé par l’enseignant (ou le sommaire d’un ouvrage) ; un
étudiant plus avancé se donnera pour objectif de comparer les
approches de plusieurs auteurs pour se construire une voie personnelle.
Comment ordonner ses connaissances de manière à réfléchir et
mémoriser plus efficacement ?
6
LE PRINCIPE DES ASSOCIATIONS

Si je vous demande de raconter à voix haute à un ami le dernier film que


vous avez vu, que se passe-t-il dans votre tête pendant que vous racontez ?
J’ai proposé cet exercice à de nombreux groupes d’étudiants et les réponses
que j’ai obtenues ont été variées.
Une minorité d’étudiants racontent directement le film de manière très
organisée, selon un déroulement chronologique, ou bien selon un mode
thématique, agrémentant ainsi le récit de leurs analyses personnelles.
Mais ceux qui procèdent de la sorte ont en général déjà vu le film plusieurs
fois et ont, de ce fait, consacré du temps à l’analyser pour le comprendre. Ils
sont ainsi déjà passés par un processus d’organisation des informations (tel
que décrit au chapitre 5), et sont donc capables d’utiliser un « système de
classement » pour procéder à une présentation claire et argumentée.
Mais je vous rassure tout de suite, la majorité des étudiants racontent leur
expérience de la manière suivante :
• Ce sont d’abord des images fortes du film qui reviennent en mémoire :
un moment particulièrement marquant, une situation intense en
émotion, des effets spéciaux extraordinaires, une révélation
déstabilisante dans le déroulement de l’intrigue…
• Les étudiants racontent alors à voix haute tout ce qui leur revient en
tête, dans l’ordre où ils se rappellent les événements, même si la
plupart font un travail d’organisation des données pour reconstruire une
certaine chronologie.
• Au fur et à mesure qu’ils se souviennent, d’autres informations plus
anecdotiques leur reviennent.
• Parfois, quelques retours en arrière et rectifications sont nécessaires.
• Au final, c’est en racontant le film que progressivement ils se
remémorent beaucoup d’informations.
Cet exercice met en évidence la force du principe des associations
concernant le fonctionnement de notre mémoire. En effet, c’est parce
qu’une information est logiquement associée à une autre que l’on parvient,
en suivant le lien ainsi créé, à retrouver les connaissances les plus enfouies.
Je tiens tout de même à préciser que ces liens qui permettent de mémoriser
efficacement le contenu d’un film se créent si l’on a accordé une attention
consciente à ce qui se déroulait sous nos yeux. Si vous avez suivi le film
sans vous y intéresser, que vous avez régulièrement pensé à autre chose et
laissé vagabonder votre esprit, les effets sur votre mémoire seront beaucoup
moins probants.
Pour se souvenir, il faut avant tout le vouloir, ou alors se trouver capté par
une information qui ne nous lâche plus (nous nous intéresserons à ce
phénomène spécifique au chapitre 10).
Si le principe des associations se vérifie spontanément lorsque l’on regarde
un film, comment l’automatiser au cours d’un apprentissage (un contenu de
cours par exemple), et créer ainsi des « liens logiques » efficaces ?
Il s’agit là de mettre sa capacité à créer des associations au service de sa
capacité à mémoriser, mais aussi et surtout au service de sa capacité à
comprendre.
Si l’efficacité correspond à l’obtention du résultat attendu, un « lien
logique » efficace, dans notre contexte, serait en effet un lien qui permettrait
à la fois :
• de mieux mémoriser un contenu ;
• et de mieux le comprendre.
Je vous propose de nous intéresser successivement à ces deux objectifs.

Lier des informa ons pour mieux les mémoriser


Dans le chapitre 2, je vous ai raconté l’histoire que Tony Buzan expose dans
son livre Booster sa mémoire pour nous aider à mémoriser les planètes du
système solaire, de la plus proche à la plus éloignée du Soleil (voir p. 22).
Vous en souvenez-vous ?
J’ai également attiré votre attention sur le fait qu’inventer des « liens
arbitraires » pour mémoriser des informations (souvenez-vous de la formule
de maths…) pouvait constituer un piège.
Néanmoins, lorsque vous faites revenir les informations dans votre tête, les
images que vous avez créées (ou les phrases de l’histoire que vous vous
redites) sont liées les unes aux autres grâce aux articulations générées par le
récit. Chaque image s’articule à la suivante grâce à ces liens narratifs qui
construisent la continuité de l’histoire.
Ainsi, même si ces liens sont arbitraires, au sens où ils sont uniquement le
fruit de la fantaisie du conteur, ils permettent de stimuler un enchaînement
spontané des informations (voir p. 63 la métaphore des brins de laine).
En revanche, si lier vos connaissances entre elles vous permet de mieux les
mémoriser, cela ne vous permet pas nécessairement de mieux les
comprendre.
Par exemple, quand vous cherchez à vous approprier un concept en
philosophie ou une méthode de calcul en mathématiques, vous pouvez tout
à fait tenter de vous raconter une histoire fantaisiste pour accrocher les
informations et les mémoriser. Cependant, vous passerez à côté des « liens
logiques » qui existent déjà dans le contenu que vous avez pour objectif
d’apprendre.
Ainsi, si plutôt que d’inventer des liens logiques inédits, vous travaillez à
mettre en évidence les liens logiques qui existent déjà dans votre contenu
(concept, théorème, méthode de calcul, période de l’Histoire, etc.), non
seulement vous construirez des articulations qui vous permettront de mieux
mémoriser, mais vous constituerez en plus dans votre esprit des liens qui
vous permettront de mieux comprendre.
Lier des informa ons pour mieux les comprendre
Chaque champ disciplinaire, avant d’avoir donné lieu à la compilation de
connaissances éparses, multiples et variées, a été constitué par des
personnes ayant eu à cœur d’expliquer des phénomènes et de répondre à des
questions.
Pourquoi la Terre tourne-t-elle autour du Soleil ? Comment soigner une
personne atteinte de la tuberculose ? Pourquoi la France est-elle entrée en
guerre contre l’Allemagne en 1914 ? Comment exprimer une émotion ou
traduire des idées au travers d’un tableau ou d’une sculpture ? Etc.
Si vous travaillez à mettre en lumière ces liens logiques, non seulement
vous utiliserez le principe des associations pour mieux mémoriser, mais
vous constituerez également des liens qui vous permettront de mieux
comprendre.

Résumé
La mise en lien des connaissances permet de mieux les
mémoriser. Pourtant, si des associations fantaisistes sont
efficaces pour mémoriser à long terme, elles risquent de vous
pénaliser en ce qui concerne la compréhension du contenu.
Chercher à mettre en lumière les liens logiques qui existent déjà au sein de
la discipline permet d’atteindre deux objectifs complémentaires pour celui
qui apprend : mémoriser et comprendre.
Mémoriser et comprendre en un seul geste
Nous avons vu qu’il existe un point commun entre le processus de
mémorisation et le processus de compréhension : les deux consistent en
effet à faire des liens logiques entre des informations.
En revanche, si le processus de mémorisation s’accommode très bien
de liens fantaisistes et inédits qui n’ont rien à voir avec le contenu, le
processus de compréhension en souffre considérablement. Car pour
comprendre, il est nécessaire non pas d’inventer, mais de mettre en
lumière des liens qui existent déjà.
Je vous propose de découvrir maintenant deux techniques pour élaborer
efficacement vos fiches de révision.

Me re en évidence l’architecture d’un contenu en se posant


les « bonnes » ques ons
Pour le philosophe Gaston Bachelard, « toute connaissance est une
réponse à une question ». Cette affirmation met en lumière un procédé
très efficace pour créer des liens associatifs qui permettent de mieux
comprendre. Car si je construis une réponse qui me paraît cohérente eu
égard à une question que je me suis moi-même posée, l’information
obtenue s’inscrit dans ma mémoire spontanément.
Si je me pose une question, c’est que je poursuis un objectif. Et c’est en
regard de cet objectif que les informations obtenues vont être reliées.
Il est impératif de préciser quel est l’objectif poursuivi et de se
demander quel est notre projet quand nous décidons de nous approprier
une connaissance.
En situation d’apprentissage beaucoup d’étudiants se retrouvent en
difficulté lorsqu’il s’agit de donner du sens à ce qu’on leur demande de
savoir. Et lorsque l’enseignant lui-même semble ne pas accorder
d’importance à ce qu’il expose, la motivation de son public est
rarement au rendez-vous.
Pourtant, si ces domaines, matières ou disciplines sont aujourd’hui
enseignés, c’est nécessairement que de nombreuses personnes ont
passé des années de leur vie à se questionner sur leurs contenus, ainsi
qu’à chercher et trouver du sens à les étudier. Et si certains ont eu à
cœur de se pencher sur le sujet pendant des années, vous arriverez bien
à retrouver les raisons de leur engouement, au moins pour quelques
heures d’apprentissage et de révision !
Je me souviens avoir eu à faire un exposé lorsque j’étais en deuxième
année d’Histoire à la Sorbonne. J’avais reculé plusieurs fois le moment
de m’y mettre sérieusement parce que je trouvais que le sujet qui
m’avait été donné était inintéressant.
Et puis, la semaine précédant ma présentation, le dos au mur, j’ai
finalement trouvé la motivation pour commencer à travailler. J’ai
d’abord consulté un manuel qui résumait les différentes périodes de
l’Histoire que nous avions à étudier, puis un livre plus spécialisé sur le
sujet que je devais traiter, puis un autre, et encore un autre, et encore un
autre.
Comparer les approches de différents auteurs (car tous n’abordaient pas
ma thématique de la même manière, n’expliquaient pas les événements
de la même façon, n’illustraient pas leur propos à l’aide des mêmes
exemples…) m’a permis progressivement de mieux comprendre
pourquoi et comment les événements que l’on me demandait de
présenter s’étaient enchaînés. Et plus je faisais de liens entre les
informations, plus je comprenais. Et plus je comprenais, plus j’avais
envie d’en savoir plus, et plus je nourrissais la motivation de présenter
à mes camarades, dans le cadre de mon exposé, les différentes
découvertes que j’avais faites.
Plus j’ai pu prendre de recul, plus j’ai pu acquérir une vue globale de la
période historique en question, plus les informations ont été à la fois
organisées et reliées les unes aux autres dans ma tête, et plus elles se
sont inscrites profondément dans ma mémoire.
Cette première technique pour élaborer des fiches de révision en vue de
mettre en évidence les liens logiques qui organisent un domaine de
connaissances revient donc à repérer l’architecture globale du propos
(d’un auteur au sein d’un manuel, d’un livre, d’un article ou d’un
texte…).
Pour cela, vous devez vous poser les trois questions suivantes :
• Qu’est-ce que l’auteur cherche à montrer et (ou) à démontrer ?
Quel est son objectif ?
• Quelles sont les différentes étapes de sa démonstration ?
- Quelles sont ses affirmations ?
- Quels sont ses arguments ?
- Quels sont ses exemples ?
Je vous propose d’appliquer cette méthode au premier chapitre de ce
livre :
• Objectifs : montrer comment mettre concrètement ses capacités de
mémorisation au service de ses capacités de compréhension et de
réflexion. Justifier l’utilisation de certaines méthodes de travail qui
visent à atteindre cet objectif.
• Objectif chapitre 1 : montrer que si l’on déconnecte la
mémorisation des informations que l’on apprend de leur
compréhension, on ne sera pas en mesure de mettre ses
connaissances au service de la résolution de problèmes, ni donc de
réfléchir efficacement.
• Affirmation : il n’est pas possible de faire deux choses en même
temps, surtout si cela suppose de poursuivre des objectifs
contradictoires.
• Argument : certaines compétences demandent des prérequis qui
doivent être devenus des automatismes.
• Exemple : lorsque l’on commence à apprendre à lire, on ne peut
pas en même temps se concentrer sur le sens du texte et sur le
déchiffrage des mots.

Les cinq ques ons de la compréhension


Dans son livre intitulé Accompagner le travail des adolescents avec la
pédagogie des gestes mentaux (voir la bibliographie p. 181), Guy
Sonnois rapporte cinq questions qui permettent de comprendre avec
précision une connaissance.
Ainsi, si vous prenez le temps d’y répondre, elles vous conduiront à
comprendre n’importe quel savoir, à le mémoriser et à le réutiliser en
temps utile.
Mais avant même de vous intéresser aux « cinq questions de la
compréhension », il faut vous demander : à quoi cela va-t-il me servir
de savoir cela ? Dans quel contexte vais-je être amené à réutiliser cette
connaissance ?
Si vous parvenez à répondre à ces deux questions préalables, vous
retiendrez et comprendrez avec beaucoup plus d’efficacité tout ce que
vous découvrirez par la suite. Ce que vous trouverez sera
immédiatement articulé à un usage concret : résoudre un problème ou
penser différemment une situation.
Donc, face à un outil ou une connaissance que vous voulez comprendre
et maîtriser (une méthode de calcul, une notion philosophique, un
courant littéraire…), vous devez vous demander :
1 C’est quoi ? Vous définissez précisément : l’outil, les termes
employés, le nom des personnes évoquées (auteurs, chercheurs…),
etc.
2 Pour quoi faire ? Vous mettez en évidence à quoi sert cette
connaissance : que permet-elle de mieux comprendre ? Quel est
l’usage concret qui va pouvoir en être fait ?
3 Comment ? Vous définissez le « mode d’emploi » de cette
connaissance : comment allez-vous l’utiliser concrètement dans le
cadre d’une situation de résolution de problème ?
4 Avec quoi ? Vous cherchez à mettre en évidence les liens qui
existent entre cette connaissance et d’autres connaissances :
éléments liés au contexte, à la discipline…
5 Pourquoi ? Vous vous intéressez à l’origine de cette connaissance :
histoire, démonstration…
Je vous propose deux exemples pour illustrer cette démarche : les Mind
Maps® (méthodologie d’apprentissage) et le théorème de Pythagore
(mathématiques).

Les Mind Maps® :


1 C’est quoi ? Technique d’organisation visuelle des informations
qui met en évidence de manière synthétique les liens logiques qui
existent entre les informations.
2 Pour quoi faire ? Usages concrets : prendre des notes, faire des
fiches de révision, préparer une présentation orale. De manière
transversale, les Mind Maps® permettent de mieux mémoriser,
mieux comprendre, mieux réfléchir et stimulent la créativité.
3 Comment ? Pour faire une Mind Map®, il faut commencer par
présenter son sujet au centre d’une feuille. Il s’agit ensuite
d’inscrire des mots-clés ou des dessins sur des branches qui
émanent du sujet central. Les associations d’idées sont figurées au
moyen de ramifications successives.
4 Avec quoi ? Cet outil constitue une technique de travail spécifique,
à ranger avec toutes les autres démarches qui permettent
d’apprendre plus efficacement (fiches de révision, procédés
mnémotechniques…).
5 Pourquoi ? Tony Buzan a inventé cet outil à la suite des multiples
recherches qu’il a menées sur le fonctionnement du cerveau et
l’apprentissage d’une manière générale.

Le théorème de Pythagore :
1 C’est quoi ? Dans un triangle rectangle, la somme de la mesure au
carré des deux plus petits côtés est égale au carré de l’hypoténuse.
Formule : a2 + b2 = c2
2 Pour quoi faire ? Ce théorème permet de retrouver la mesure de
l’un des côtés d’un triangle rectangle lorsque l’on connaît la
mesure des deux autres. Sa réciproque permet également de
démontrer qu’un triangle est rectangle (ou pas) si l’on connaît la
mesure de ses trois côtés.
3 Comment ? Trouver la mesure de l’un des trois côtés d’un triangle
rectangle lorsque l’on connaît les deux autres. Il s’agit de poser une
équation à une inconnue et de procéder au calcul.
4 Avec quoi ? Ce théorème fait partie du programme de géométrie de
la classe de 4e. Il permet d’initier les élèves aux démonstrations
mathématiques.
5 Pourquoi ? Démonstration : je vous laisse le soin d’en trouver une.
Il en existe plusieurs. Éléments historiques : ce théorème a été
découvert par Pythagore, mathématicien grec, qui serait né aux
alentours de 580 av. J.-C.
Plus vous renseignerez avec précision chaque réponse aux questions
posées, plus votre compréhension sera fine et exhaustive.

Résumé du Point-méthode
Mieux comprendre et mieux mémoriser lorsque l’on apprend,
c’est ce que permet la mise en évidence des liens logiques qui
organisent les informations d’un contenu.
Cerner l’architecture d’un contenu (manuel, livre, article…) permet de
s’approprier les connaissances de manière efficace.
Répondre aux « cinq questions de la compréhension » est une
démarche privilégiée pour ceux qui cherchent à mieux maîtriser des
outils d’analyse et de calcul, notamment en sciences. Mais cela peut
s’appliquer également de manière très efficace à des notions parfois
complexes abordées dans les matières littéraires et de sciences
humaines et sociales.
Fiche récapitula ve
Chapitre 6 : le principe des associations

L’idée…
La mise en lien des connaissances permet de mieux les mémoriser.
Pourtant, si des associations fantaisistes sont efficaces pour mémoriser
à long terme, elles risquent de vous pénaliser en ce qui concerne la
compréhension du contenu. Chercher à mettre en lumière les liens
logiques qui existent déjà au sein d’un contenu permet d’atteindre deux
objectifs complémentaires pour celui qui apprend : mémoriser ET
comprendre.

Comment associer les informa ons d’un contenu, à la fois pour les
comprendre et les mémoriser ?
7
LE PRINCIPE DE LA LOCALISATION DES
INFORMATIONS

La scène se passe au Ve siècle avant J.-C. Un magnifique banquet a lieu


dans l’un des plus beaux palais de Grèce. Le poète Simonide de Céos quitte
un instant la table pour s’entretenir avec deux cavaliers venus lui porter un
message urgent.
C’est alors que le drame survient. Alors qu’il est sur le seuil, le toit du
bâtiment s’effondre d’un seul coup sur l’ensemble des convives. La scène
est tragique. Aucune des personnes rassemblées ce jour-là ne survit, à
l’exception de Simonide de Céos qui venait à l’instant même de s’absenter.
L’horreur de l’événement n’est cependant pas ce qui marqua les esprits des
années, voire même des siècles plus tard. Car ce qui arriva alors changea
pour toujours l’idée que les hommes se faisaient de leur mémoire.
Le choc lié à l’effondrement de la pierre avait été si violent que les corps
n’étaient plus reconnaissables, ce qui ajoutait encore à la douleur des
familles venues pleurer leurs morts.
Simonide de Céos ferma alors les yeux pour faire abstraction des sanglots et
des images d’horreur qui l’entouraient. Il fit progressivement revenir dans
sa tête la scène qu’il avait quittée peu de temps auparavant : il revit les
visages radieux des amis festoyant. Il réentendit les rires, retrouva le goût
des mets qu’il savourait dans sa bouche et la sensation des poignées de
main échangées.
Lentement, il invita les proches rassemblés là à le suivre parmi les
décombres, et fut capable, en revoyant chacune des scènes qui s’étaient
gravées dans son esprit, de retrouver où chaque convive se tenait, et
d’identifier ainsi les corps.
Ce fut à ce moment-là, selon la légende, que naquit l’art de la mémoire.
Le procédé mnémotechnique connu sous le nom du « palais de mémoire »
(que cette histoire, vous l’aurez compris, illustre parfaitement) s’appuie sur
la mémoire visuelle et les associations pour être efficace.
Si vous êtes d’un profil pédagogique purement auditif, et que vous avez
besoin de vous « redire » les choses dans votre tête pour les comprendre et
les mémoriser, vous risquez d’être mis en difficulté par ce procédé. Mais la
bonne nouvelle est que nous avons tous la possibilité de progresser !
Pour cela, je vous propose un nouveau défi pour tester l’efficacité du
« palais de mémoire » (également appelé « méthode des lieux » ou
« méthode des loci »).

Le défi du « burger de la mort »


Il y a quelques années, Alain Chabat présentait sur une chaîne française
cryptée un jeu télévisé du nom de « Burger quiz ». Peut-être vous en
souvenez-vous.
Il s’agissait de jeux de questions diverses qui se succédaient pour
départager deux candidats faisant équipe avec des personnalités du monde
du spectacle. Le vainqueur avait alors accès à l’épreuve finale, réputée
hautement difficile : le « burger de la mort ».
Je vous propose de tenter l’expérience. Voici le principe du jeu :
• je vais vous poser dix questions très simples ;
• votre objectif est de mémoriser, dans l’ordre, vos dix réponses ;
• votre mission consistera ensuite à formuler à voix haute et/ou à rédiger
par écrit les réponses aux dix questions que vous aurez mémorisées.

Pour aller plus loin


Pour cet exercice, je vous conseillerais (si vous en avez la
possibilité) de tester la version audio hébergée sur Internet
(http://donnezdusens.fr/testez-le-potentiel-du-procede-
mnemotechnique-du-palais-de-memoire-pour-memoriser-des-
informations-2/). Cela vous permettra d’être davantage mis en
situation. Vous pouvez également demander à une personne de votre
entourage de vous poser les questions, vous n’aurez pas ainsi à vous
concentrer à la fois sur votre lecture et sur vos réponses.

Chaque question doit être lue une fois seulement, au rythme de une toutes
les cinq secondes environ. Vous êtes prêt ? C’est parti.
Répondez successivement, dans votre tête, aux dix questions suivantes :
1 Quel âge avez-vous ?
2 Quel est le prénom de votre mère ?
3 Avez-vous une voiture ?
4 Quel est le dernier fruit que vous avez mangé ?
5 Dans quelle ville habitez-vous ?
6 Quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ?
7 Quel est votre parfum de glace préféré ?
8 Quelle est la capitale de l’Italie ?
9 Comment allez-vous ?
10 Êtes-vous déjà allé en Thaïlande ?
Avez-vous vos dix réponses bien en tête ?
Notez-les sur un papier sans vous reporter aux questions. Comparez ensuite
les réponses et les questions : à partir de quelle question avez-vous commis
votre première erreur ? L’ordre des réponses est ici aussi important que leur
contenu.
Alors ? Quel est votre résultat ?
En général, les premières erreurs arrivent à la cinquième ou sixième
réponse… On en oublie une. On en intervertit deux. On a oublié la
question…
Mais quelle stratégie avez-vous concrètement adoptée pour vous souvenir ?
Certains se répètent plusieurs fois leurs réponses dans leur tête, dans
l’ordre, mais parviennent rarement à dépasser les sept réponses justes.
D’autres tentent de mémoriser les questions, ils s’en sortent parfois mieux
que les autres. D’autres encore essayent d’inventer une histoire pour
associer successivement leurs réponses dans l’ordre. Ils utilisent ainsi le
principe des associations pour mémoriser leur séquence. Cela marche
parfois plutôt pas mal.
Je vous propose maintenant de découvrir le procédé mnémotechnique du
« palais de mémoire » pour l’utiliser ensuite dans le cadre d’un nouveau
« burger de la mort ».

Comment améliorer votre performance grâce au


« palais de mémoire » ?
Voici le principe :
• Il faut tout d’abord que vous visualisiez clairement dans votre tête un
trajet que vous maîtrisez parfaitement (par exemple une ligne de métro,
un trajet en voiture, un chemin que vous avez de multiples fois
emprunté à pied, etc.).
• Vous devez ensuite visualiser dix « réceptacles à souvenir » le long de
votre trajet. Il peut s’agir d’une pièce, d’un objet, d’un endroit précis…
L’important est que vous puissiez facilement le retrouver et le
visualiser quand vous effectuez dans votre tête le trajet que vous avez
choisi.
• À chaque nouvelle question posée, il va falloir que vous créiez une
image mémorable qui associe votre réponse au « réceptacle à
souvenir » qui se trouve sur votre trajet. Ainsi, quand il s’agira de
redonner toutes vos réponses dans l’ordre, vous n’aurez qu’à
retraverser chaque étape de votre parcours, re-visualiser l’image que
vous avez créée et, par association, formuler votre réponse.
Exemple : vous avez choisi le trajet qui vous mène à pied de chez vous à la
boulangerie. Votre premier « réceptacle à souvenir » est votre boîte aux
lettres, qui est à l’entrée de votre habitation.
Imaginons que ma première question soit : « Quelle est votre couleur
préférée ? » Vous pouvez alors repeindre votre boîte aux lettres avec la
couleur choisie et fixer cette image fantaisiste dans votre tête.
Votre deuxième réceptacle à souvenir peut être le réverbère que vous
croisez avant d’arriver au passage piéton. Si ma question est : « Quel est le
prénom de votre mère ? », vous pouvez imaginer votre mère en train de
grimper en haut du réverbère (image bizarre mais mémorable !).
Ensuite, quand vous devrez retrouver chacune de vos dix réponses, vous
referez pas à pas votre parcours, en faisant revenir l’image mémorable que
vous aurez associée à chacun de vos dix « réceptacles à souvenir » : tout
d’abord votre boîte aux lettres repeinte (couleur préférée), puis votre mère
grimpant au réverbère (le prénom de votre mère), etc.
Vous avez compris le principe ?

Mais attention, pour que ce procédé mnémotechnique soit efficace, il faut


absolument que votre parcours (et vos « réceptacles à souvenir ») soit très
clairement visualisable dans votre tête. Prenez le temps de le refaire
plusieurs fois (et de vous arrêter devant chaque « réceptacle ») avant de
vous soumettre au défi suivant.
Il faut également que vous créiez des images « marquantes » et explicites.
Ce n’est qu’à ce prix que vous mémoriserez efficacement, et sur le long
terme.
Il est temps maintenant, comme je vous l’avais annoncé, de rejouer au
« burger de la mort ». Répondez successivement, dans votre tête, aux dix
questions suivantes :
1 Quelle est votre couleur préférée ?
2 Combien de frères et sœurs avez-vous ?
3 Quel est le dernier endroit où vous êtes parti en vacances ?
4 Avez-vous lu le livre Le seigneur des anneaux de Tolkien ?
5 Combien de brosses à dents possédez-vous ?
6 Quel est le prénom de Marilyn Monroe ?
7 Préférez-vous les tartes aux fraises ou les éclairs au chocolat ?
8 À quel point aimez-vous jouer au football ?
9 Quel pays aimeriez-vous visiter ?
10 Selon vous, où se trouve la maison du Père Noël ?
Notez maintenant sur un papier vos dix réponses, dans l’ordre où les
questions vous ont été posées, et sans vous reporter aux questions. Pour ce
faire, re-parcourez tranquillement votre « palais de mémoire » (trajet,
parcours, chemin…). Arrêtez-vous devant chacun de vos « réceptacles à
souvenir ». Faites revenir l’image que vous avez créée et notez
l’information correspondante.
Comment vous en êtes-vous sorti ? Les informations vous sont-elles
réapparues plus facilement ?
Sur les 250 étudiants que j’ai soumis à l’exercice, plus de 85 % ont obtenu
un score de dix sur dix, alors qu’ils peinaient à obtenir cinq ou six réponses
justes sans utiliser le « palais de mémoire ».
Comment expliquer de telles performances ?
Lorsque l’on n’utilise aucun procédé mnémotechnique et que l’on se lance
sans stratégie dans ce type d’exercice, on a tendance à se répéter ses
réponses autant de fois que possible pour les mémoriser. À chaque nouvelle
question, les deux, trois ou quatre réponses précédentes sont répétées
intérieurement pour les associer à la nouvelle. La séquence s’allonge et la
répétition est de plus en plus ardue.
Si la question est très simple, en général on passe directement à la
répétition. Par contre, si la question demande un peu plus de réflexion (par
exemple : « quel est le dernier fruit que vous avez mangé ? »), alors les
premières difficultés surviennent. On se déconnecte de la séquence répétée
pour chercher la réponse adéquate et on commence éventuellement à douter
que l’ordre des réponses que l’on enchaîne sans réfléchir soit le bon…
Car finalement, on se répète les mots sans chercher à les associer : ni entre
eux de manière logique, ni à des images spécifiques. Il s’agit alors d’une
séquence « sans sens » et sans articulations associatives.
Par contre, si vous utilisez le « palais de mémoire », vous créez à la fois des
images en elles-mêmes mémorables, mais en plus, vous les articulez les
unes aux autres grâce au trajet que vous avez choisi.

Comment ça marche ?
Ce procédé est efficace pour plusieurs raisons :
• Vous maîtrisez parfaitement votre « système de rangement » : le trajet
joue le rôle d’organisateur des informations (ce qui nous renvoie au
principe de l’ordre vu au chapitre 5).
• Vous inventez des liens associatifs mémorables (ce qui renvoie au
principe des associations du chapitre 6).
• Vous créez des images visuelles marquantes (ce qui renvoie au principe
de la mémoire visuelle abordé au chapitre 4).
• Enfin, chaque « réceptacle à souvenir » joue le rôle d’indice évocateur
(ce qui renvoie au chapitre 3).
Ce procédé mnémotechnique semble donc constituer une synthèse de tout
ce que nous avons vu jusqu’à présent.
Par ailleurs, il vient souligner un élément important : nous pouvons utiliser
des « systèmes de rangement » que nous maîtrisons déjà pour mémoriser
efficacement des plans ou des informations qui nous sont moins familiers.
Nous allons voir dans le cadre du Point-méthode ci-après en quoi cette
astuce peut se révéler très utile.

Résumé
Le « palais de mémoire » est un procédé mnémotechnique très efficace, qui
exploite tous les principes de la mémoire que nous avons vus jusqu’ici : les
indices évocateurs, le pouvoir de la mémoire visuelle, l’ordre et
les associations.
Il permet également de mettre en évidence l’intérêt d’utiliser
des informations « familières » pour y associer des informations
inédites lorsque l’on apprend.
Mémoriser « plus et mieux » en s’appuyant sur ce
que l’on sait déjà
Lorsque vous utilisez le « palais de mémoire » pour apprendre, vous
vous servez d’un lieu ou d’un enchaînement de lieux dont vous
connaissez parfaitement la séquence pour y arrimer les informations
que vous avez le projet de mémoriser.
Dans le cadre du « burger de la mort » auquel je vous ai soumis dans ce
chapitre, je vous ai suggéré d’utiliser comme « palais de mémoire » un
trajet que vous connaissez. Cependant, si vous avez bien compris la
logique de ce procédé mnémotechnique, vous constaterez que
n’importe quelle « représentation visuelle » dont vous maîtrisez
parfaitement les détails peut tout aussi bien faire l’affaire : votre
maison (et ses différents pièces et recoins), un tableau (et les différents
espaces et détails qui le composent), une carte géographique, les tiroirs
de votre commode, etc. L’important est de bien gérer la succession des
« lieux » que vous utiliserez comme « réceptacles à souvenir ».
Ensuite, vous pouvez disposer n’importe quelle liste d’informations
dans votre « palais ».
Mais maîtriser votre « palais de mémoire » ne suffit pas. Il faut
également que vous fassiez preuve de créativité lorsque vous élaborez
vos « images » associées à vos « réceptacles à souvenir ». Sinon vous
passerez à côté sans les « voir ».
Encore une fois, une image, pour être mémorable, se doit d’être
détaillée, surprenante, drôle et/ou de faire appel aux cinq sens (il faut
que vous puissiez, dans votre tête, la voir, la sentir, la toucher ou la
goûter). Si vous faites cet effort de créativité, votre mémoire n’en sera
que renforcée.
Comment maintenant utiliser concrètement la méthode du « palais de
mémoire » pour apprendre ?
L’usage le plus répandu de ce procédé mnémotechnique consiste en la
mémorisation de listes d’informations : une donnée par « réceptacle à
souvenir », tout au long de votre trajet.
Vous pouvez ainsi mémoriser des informations aussi diverses que :
• les pays du monde et leurs capitales ;
• des artistes et leurs œuvres majeures ;
• les os du squelette humain, etc.
En revanche, pour être en mesure de « placer » chaque information
dans votre « palais », il faut d’abord que vous transformiez
l’information en image. Et c’est là que les choses se corsent.
Si vous êtes de profil pédagogique auditif, vous pouvez vous contenter
de déposer « un mot » le long de votre chemin. Si vous êtes de profil
pédagogique visuel, vous devez obligatoirement vous construire une
représentation visuelle de l’information que vous souhaitez mémoriser.
Et comme nous l’avons vu au chapitre 4, nous avons tous intérêt, quel
que soit notre profil pédagogique, à exploiter au maximum notre
mémoire visuelle. En effet, plus cette représentation visuelle sera
précise et détaillée, plus elle s’inscrira profondément dans notre
mémoire.

C’est d’ailleurs dans ce travail de traduction d’un mot en image que


réside tout l’enjeu de ce procédé mnémotechnique.
Vous pouvez alors procéder de deux manières différentes :
• soit vous faites preuve d’inventivité et de fantaisie et vous associez
votre information inédite à une information familière avec laquelle
vous parvenez spontanément à l’associer ;
• soit vous restez dans la discipline à laquelle appartient la notion et
vous répondez aux « cinq questions de la compréhension » pour
construire des liens associatifs et des images.
Une nouvelle fois, nous allons voir que ces deux options possibles, qui
conduisent toutes les deux à mémoriser efficacement des informations,
ne sont pas au service des mêmes objectifs d’apprentissage : dans le
cadre de la première, vous mettez votre mémoire au service de vos
capacités de créativité, alors que dans la deuxième, vous la mettez au
service de vos capacités de compréhension.

Mémoriser en développant sa créa vité


Lorsque vous utilisez des procédés mnémotechniques pour mémoriser
un contenu sans vous intéresser à l’approfondissement de sa
compréhension, les stratégies que vous allez employer vont
préférentiellement vous conduire à développer votre créativité.
Car lorsque vous créez vos « images » pour les rendre mémorables,
vous avez la possibilité d’exploiter toute l’inventivité dont vous êtes
capable. Ce sont alors des liens fantaisistes, qui n’ont rien à voir le plus
souvent avec le contenu que vous souhaitez mémoriser, qui vont vous
permettre de fixer les informations dans votre mémoire.
Prenons l’exemple de la mémorisation des pays d’Europe et de leurs
capitales : votre « palais de mémoire » peut correspondre à la carte de
l’Europe. Vous prenez votre document de géographie, et vous vous
entraînez à le revoir dans votre tête en fermant les yeux. Vous
choisissez pour ce faire un trajet qui vous conduira du premier pays que
vous allez garder en tête jusqu’au dernier de votre liste.
Votre entraînement consiste tout d’abord à bien mémoriser votre
parcours (palais).
Par exemple, vous partez de la France, pour enchaîner sur l’Andorre,
l’Espagne et le Portugal. Vous prenez ensuite le bateau jusqu’en
Islande, vous passez par l’Irlande, la Grande-Bretagne, etc.
Il faut que votre cheminement vous permette de passer par tous les
pays. Pour améliorer la fluidité de votre parcours dans certaines zones
qui vous posent problème (pour ma part, les pays du centre de
l’Europe), vous pouvez ajouter des péripéties à votre voyage : vous
vous arrêtez pour vous baigner en Sardaigne, vous rencontrez un ami
au Monténégro, etc.
Pour mémoriser les capitales, vous allez devoir focaliser votre attention
sur celles que vous ne connaissez pas encore (car vous en connaissez
déjà forcément certaines).
Premier exemple : quelle est la capitale d’Andorre (tout petit pays situé
à la frontière franco-espagnole) ? Andorre-la-Vieille.
Pour le coup, ce premier exemple n’est pas bien compliqué à
transformer en image (peut-être pourriez-vous simplement « border une
petite vieille dans son lit pour l’endormir »). Mais d’autres capitales
pourraient cependant vous donner plus de fil à retordre.
Deuxième exemple : quelle est la capitale du Monténégro (pays situé
au nord de la Grèce, entre l’Albanie et la Bosnie) ? Podgorica.
Et c’est là que votre capacité à faire preuve d’imagination est
sollicitée ! Je vous donne un exemple « personnel » de ce que cela peut
donner : je m’imagine en train de consulter mon iPod sur lequel
apparaît une photo de gorille mangeant des Carambars. Cette image est
mémorable et me permet par association de retrouver la capitale en
question.
Association : iPod/gorille/Carambars.
Au cours de mes tribulations en Europe, au moment où je traverse le
Monténégro, je fixe dans ma tête cette image d’un iPod faisant
apparaître un gorille se délectant de Carambars. Il faut que je précise au
maximum cette représentation, et que je m’imagine par exemple hilare
devant cette photo surprenante, pour bien graver l’image dans mon
esprit.
Par contre, si cette stratégie peut se révéler très efficace, elle privilégie
les capacités d’invention au détriment des capacités de compréhension.
Ainsi, choisir votre stratégie d’apprentissage va dépendre de votre
objectif et de l’approche avec laquelle vous vous sentez le plus à l’aise.
Si vous devez vous soumettre à un examen qui porte sur un simple
contrôle de connaissances, cette méthode peut suffire et peut vous
permettre d’apprendre tout en vous amusant. Vous pouvez même
travailler en groupe et profiter des idées qui émergent souvent plus vite
lorsque l’on est à plusieurs (en faisant un brainstorming par exemple).
Dans le cadre d’un examen qui porte exclusivement sur un contrôle de
vos connaissances, vous pourrez réciter, sans difficulté, tous les pays
d’Europe et leurs capitales, en faisant successivement revenir dans
votre tête les images que vous aurez imaginées dans le but de les
mémoriser. Cette technique est efficace.
Quels sont cependant les écueils dans lesquels elle risque de vous
enfermer ?
• Il est possible tout d’abord que vous vous retrouviez prisonnier de
votre trajet, c’est-à-dire que vous pourriez avoir besoin de re-
dérouler tout votre parcours pour être à même de retrouver une
information dont vous avez besoin, mais dont l’image n’apparaît
qu’au milieu de vos pérégrinations.
• Vous pourriez également avoir des difficultés à introduire une
nouvelle information après coup. Par exemple, vous avez travaillé
à mémoriser les noms de tous les champignons comestibles. Au
détour d’une recherche, vous découvrez un nouveau spécimen de
bolet qui ne faisait pas partie de votre liste initiale. Or, vous avez
mémorisé avec tellement de précision la partie du trajet consacrée
à cette catégorie de champignon que vous vous retrouvez dans
l’incapacité d’ajouter un « réceptacle à souvenir » supplémentaire
sur votre route…
Il est évidemment possible de travailler à développer vos capacités
d’adaptation : par exemple, vous pouvez vous concentrer pour moduler
votre parcours après coup (et ajouter quelques arrêts ou réceptacles
pour des informations complémentaires…).
Vous pouvez également adopter une stratégie quelque peu différente, et
privilégier les images et liens associatifs qui favorisent la
compréhension de votre contenu.

Mémoriser en développant ses capacités de compréhension


Je vous renvoie tout d’abord aux cinq questions de la compréhension
que nous avons exposées au chapitre 6 (voir p. 78).
Imaginons que vous ayez pour objectif de mémoriser les formules de
tous les acides en chimie. Prenons l’exemple de l’acide perchlorique :
HClO4.
Si vous suivez la « logique créativité », vous pouvez choisir de
« ranger » tous vos acides dans votre cuisine. Le nom « perchlorique »
me fait pour ma part penser au mot « percolateur » (il s’agit des
machines qui permettent de faire du café de type expresso en mettant
de la vapeur sous pression). J’imagine donc mon acide à côté de la
machine à café, ce qui me fait penser à son nom.
Ensuite, j’associe une image à chacun des atomes de ma formule : une
hydre à plusieurs têtes pour l’hydrogène (H), une piscine pour le chlore
(Cl) et un masque à oxygène pour l’oxygène (O). Je visualise donc une
hydre à cinq têtes dont quatre d’entre elles sont coiffées d’un masque à
oxygène et dont la cinquième est plongée dans une piscine de café.
J’ai inventé cette image il y a plus de cinq mois et elle est toujours
aussi fermement inscrite dans ma mémoire.
Oui, ce travail d’élaboration peut sembler fastidieux au premier abord.
Mais c’est ce temps passé au début de votre travail de mémorisation
qui fera que vous vous souviendrez des informations encore très
longtemps après.
Cette démarche est une nouvelle illustration de la « logique créativité ».
Que serait alors une illustration de la « démarche compréhension » ?
Revenons aux questions de la compréhension : Quoi ? Pour quoi faire ?
Comment ? Avec quoi ? Pourquoi ?
Vous pouvez ainsi :
• rechercher les différentes situations dans le cadre desquelles vous
avez appréhendé les acides en question (cours, exercices, travaux
pratiques…). Chaque fois, dans son contexte d’utilisation,
demandez-vous « avec quoi » il a été mis en lien et à « quoi » il a
servi ;
• vous informer de l’histoire de certains acides (« pourquoi ? »), de
leurs applications industrielles (« pour quoi faire ? »), des
chercheurs qui les ont découverts (« avec quoi ? »), etc ;
• trouver les liens et les différences entre les différentes formules
(« avec quoi ? ») : presque tous les acides commencent par
exemple par « H » (hydrogène)…
Ces questionnements vous permettront de faire des liens entre vos
connaissances, et de les structurer. Je vous propose alors, pour exploiter
tout le potentiel du « palais de mémoire », de le coupler au principe de
l’ordre présenté au chapitre 3.

Mémoriser un « système de rangement » au moyen d’un


« palais de mémoire »
J’ai insisté à plusieurs reprises sur l’intérêt que constituait le fait de
mémoriser « l’architecture d’un contenu » avant de mémoriser toutes
les informations qui le composent de manière plus exhaustive. Il s’agit
d’un conseil que donne également Tony Buzan dans son livre intitulé
Une tête bien faite (voir bibliographie p. 181).
Cette approche permet de vous approprier un « système de rangement »
pour y stocker ensuite les connaissances que vous souhaitez assimiler.
Vous saurez ainsi où les situer et avec quelles autres informations les
articuler. Cette démarche constitue un premier pas vers une
mémorisation, mais également une compréhension et une réflexion
plus efficaces.
Une fois que vous avez bien cerné (ou constitué par vos propres
moyens, comme dans le cas des acides en chimie) votre « système de
rangement » (un plan, des chapitres, des arguments successifs, des
périodes de l’Histoire, des notions qui s’articulent…), donc une fois
que vous avez déjà fait un travail de compréhension du contenu, vous
pouvez utiliser un « palais de mémoire » pour le mémoriser.
Afin de conserver un maximum de flexibilité associative (et être ainsi
en mesure d’ajouter des informations, si nécessaire), je vous conseille
de ne pas vous appuyer sur un trajet (qui a donc un début et une fin),
mais sur une représentation structurée qui ne nécessite pas d’ordre
spécifique pour être « visitée » : par exemple une maison, dans laquelle
vous pouvez visiter le salon ou la cuisine en premier, mais tout aussi
bien monter directement à l’étage pour vous rendre dans la salle de
bains ou la chambre d’amis.
Ensuite, vous associez chaque chapitre à une pièce, et chaque sous-
chapitre à un contenant dans cette pièce (une armoire, une commode,
des étagères…). Vous aurez ainsi la possibilité de ranger d’autres
connaissances dans chaque tiroir, espace ou recoin.
Vous passez ici par un approfondissement de votre compréhension du
contenu avant de le mémoriser. Et vous vous appuyez sur un « palais de
mémoire » que vous connaissez parfaitement pour y ranger des
informations toutes fraîches dont vous voulez vous souvenir sur le long
terme.
Ici, le travail de recherche que vous faites sur les notions, qui va vous
amener à répondre aux cinq questions de la compréhension, va
naturellement vous amener à « imager » les informations. Si l’on
reprend l’exemple des acides en chimie, les recherches citées vont vous
amener à vous revoir en train de manipuler les solutions dans le cadre
d’une séance de travaux pratiques, à imaginer un chercheur au moment
de l’une de ses découvertes ou encore à envisager l’effet de l’utilisation
de tel acide pour obtenir tel résultat d’expérience.
L’avantage de cette approche est qu’elle vous amène à visualiser des
informations qui favorisent, une fois encore, à la fois vos capacités de
mémorisation et de compréhension.

Résumé du Point-méthode
Le procédé mnémotechnique du « palais de mémoire » est un
outil qui peut être utilisé pour mémoriser un contenu, mais
également pour améliorer sa créativité ou favoriser ses
capacités de compréhension.
Lorsqu’il s’agit pour vous de coupler les objectifs de compréhension et
de mémorisation, il est préférable de choisir un « palais » qui offre une
certaine flexibilité d’utilisation (comme une maison ou un meuble de
rangement), plutôt qu’un trajet qui oblige parfois à respecter un ordre
spécifique pour « retrouver » les informations qui y sont stockées.

Fiche récapitula ve
Chapitre 7 : le principe de la localisation des informations

L’idée…
Le PALAIS DE MÉMOIRE utilise les indices évocateurs, le pouvoir de
la mémoire visuelle interne, l’ordre et les associations. Il permet
également de mettre en évidence l’intérêt d’utiliser des informations
« familières » pour y associer des informations inédites lorsque l’on
apprend. Lorsqu’il s’agit pour vous de coupler les objectifs de
compréhension et de mémorisation, il est préférable de choisir un
PALAIS qui offre une certaine flexibilité d’utilisation (comme une
maison ou un meuble de rangement), plutôt qu’un trajet, qui oblige
parfois à respecter un ordre spécifique pour retrouver les informations
qui y sont stockées.

Comment mémoriser plus et mieux en s’appuyant sur ce que l’on sait


déjà ?
8
LE PRINCIPE D’AGRÉGATION DES
INFORMATIONS

Dans son ouvrage intitulé Aventures au cœur de la mémoire, Joshua Foer


raconte comment il s’est intéressé à l’évolution de l’écriture et à la façon
dont elle a influencé la place occupée par la mémoire dans la culture
occidentale (voir la bibliographie p. 181). Je vous propose de suivre le
cheminement de ses découvertes pour mieux appréhender le principe
d’agrégation qui fait l’objet de ce chapitre.

L’organisa on progressive des informa ons grâce à


l’appari on de la ponctua on
Les premières marques de ponctuation furent inventées à partir du Ier siècle
avant J.-C. Avant cela, les mots étaient collés les uns aux autres en un flot
ininterrompu de lettres majuscules appelé scriptio continua.
La phrase précédente aurait alors été rédigée de la manière suivante :
AVANTCELALESMOTSETAIENTCOLLESLESUNSAUXAUTRESENU
NFLOT
ININTERROMPUDELETTRESMAJUSCULESAPPELESCRIPTIOCONT
INUA…
Ce n’est qu’au IXe siècle que l’espacement entre les mots devient la norme,
et que la page écrite comprend suffisamment d’informations en termes de
ponctuation pour que la lecture se pratique en silence.
Cependant, à cette époque, il n’existe pas encore de sommaire, d’index, de
chapitres ou de titres. Il est donc impossible de trouver une information
particulière sans examiner le texte dans son intégralité. En réalité, les
manuscrits en scriptio continua ne peuvent être consultés que s’ils sont déjà
mémorisés.
Il faut savoir que notre cerveau possède le plus génial système d’indexation
de mémoire vive jamais inventé : pour chaque sujet important, il crée des
centaines, sinon des milliers d’adresses, et ce, pour tout type de données.
Notre mémoire interne est ainsi non linéaire et associative.
L’apparition de l’index (aux environs du XIIIe siècle après J.-C.) constitue
une avancée majeure pour le livre, car il a permis d’accéder à son contenu
par la méthode non linéaire grâce à laquelle nous accédons à nos souvenirs
internes.
Il faut imaginer qu’avant l’apparition de l’index, les livres étaient comme
les cassettes à bande magnétique qui existaient avant l’apparition du
compact disc. Si vous vouliez accéder directement à une chanson située au
milieu de la bande, il fallait la faire défiler intégralement.
Ainsi, le livre devenant de plus en plus facile à consulter grâce à l’index,
l’impératif de mémorisation de son contenu perd de son importance.
À partir de là, le concept de « savoir » commence à évoluer : l’érudit,
autrefois celui qui possédait l’information en lui, dans sa mémoire interne,
devient celui qui est capable de trouver l’information dans le monde
labyrinthique de la mémoire externe (les livres, les journaux, les documents
informatisés, Internet…).
Il faut alors bâtir en soi un schéma d’organisation pour accéder aux faits,
aux citations, aux idées.
Notre mémoire externe s’est ainsi transformée sur le modèle de notre
mémoire interne. La « mémoire externe » correspond à tous les outils et
documents à notre disposition qui nous permettent de ne pas avoir à
mémoriser les données dont nous avons besoin (pour réfléchir, pour prendre
des décisions, pour résoudre des problèmes…). Lorsqu’un besoin se
présente, notre travail consiste à trouver et sélectionner les informations
pertinentes, à les trier et à les organiser de telle manière qu’elles servent nos
objectifs.
Le principe d’agréga on
Il est intéressant de se demander comment notre cerveau procède pour
compiler les informations qui lui parviennent.
Il les classe, des plus mémorables aux plus anecdotiques. Et lorsque nous le
sollicitons pour faire ressortir ces données stockées, il procède par
associations successives, faisant émerger les thématiques les plus
prégnantes pour ensuite révéler les détails les plus précis.
Lorsque nous sommes récipiendaires d’informations, le cerveau procède de
façon inverse, collectant les données les plus marquantes pour y associer
ensuite, selon des ramifications d’associations multiples, les informations
plus exhaustives.
Compte tenu de ces mécanismes, il est possible de donner à notre cerveau
des informations facilement assimilables en les organisant de telle manière
qu’il n’aura plus qu’à s’en souvenir.
Si vous ne faites aucun travail d’organisation de vos données avant de tenter
de les mémoriser, vous allez vous en souvenir de manière anarchique. À
l’inverse, si vous choisissez consciemment de les agréger (de les réunir) de
manière logique, vous allez vous en souvenir plus facilement, et être en
mesure de les faire revenir à votre conscience beaucoup plus rapidement.
Le principe d’agrégation s’apparente à l’apparition progressive de la
ponctuation concernant l’histoire de l’écriture. Le propre de ce processus
est d’articuler des informations parcellaires afin de leur donner du sens et
de les transformer en indice évocateur pertinent.
Prenons un exemple simple. Vous souhaitez mémoriser le nombre suivant :
0805194508032000.
Première « agrégation », vous scindez ce nombre en deux : 08051945 et
08032000.
Deuxième « agrégation », vous donnez un sens à cet enchaînement de
chiffres aléatoire : 08/05/1945, soit la date de la signature de l’armistice lors
de la Seconde Guerre mondiale, et 08/03/2000, soit le jour de la Journée
mondiale de la Femme de l’année 2000.
C’est en articulant les données de manière signifiante que l’information
initiale peut être facilement mémorisée :
• on opère tout d’abord le travail qui vise à agencer les données pour leur
donner du sens ;
• puis on mémorise l’indice évocateur obtenu.
Ensuite, par associations successives, on retrouve facilement la donnée
initiale, soit le nombre à 16 chiffres.
Je vous propose maintenant de découvrir le procédé mnémotechnique
intitulé « système Personne-Action-Objet » (ou système PAO) afin de
mieux cerner comment fonctionne le principe d’agrégation.

Le « système PAO »
Ce procédé est celui qui est utilisé par les mnémonistes lors des grands
concours de mémoire internationaux, lorsqu’il s’agit de retenir l’ordre des
cartes dans un ou plusieurs jeux de 54 cartes. Afin de mémoriser « plus et
plus vite » que les autres, les champions s’appuient sur le principe
d’agrégation en sélectionnant habilement des informations tronquées qui
vont ensuite servir d’indice évocateur.

Pour aller plus loin


Vous trouverez une présentation vidéo du système PAO à
l’adresse suivante : http://donnezdusens.fr/procede-
mnemotechnique-n3-le-systeme-pao/

Ce procédé n’est pleinement efficace que s’il est couplé au procédé du


« palais de mémoire ». Chaque groupe d’informations agrégées est ainsi
« stocké » dans un réceptacle à souvenir.
Le « système PAO » s’utilise selon trois étapes successives :
• Première étape : mémoriser une image associée à chaque
carte du jeu
Comme dans le cadre du « grand système », il convient tout d’abord de
mémoriser une « table de rappel ». À chaque carte va correspondre une
image judicieusement choisie, qui va systématiquement (et c’est
important !) faire intervenir :
• une Personne ;
• qui effectue une Action ;
• avec un Objet.
C’est la raison pour laquelle ce procédé se nomme « système PAO »
(Personne-Action-Objet).
À la différence du « grand système », cette table de rappel est personnelle.
Il n’y a que vous qui associerez telle carte à telle image. Afin qu’elle soit
mémorable, n’oubliez pas qu’il faut que cette image soit précise, inattendue,
« sensoriellement multidimensionnelle » (odeur, texture, couleur…), drôle,
etc.
Prenons un exemple :
• l’as de cœur va correspondre à votre mère en train de laver un éléphant ;
• le 10 de carreau va correspondre à Barack Obama en train de gifler un
ours en peluche ;
• le valet de trèfle va correspondre à Marilyn Monroe en train de manger
une pastèque ;
• et ainsi de suite pour toutes les cartes du jeu.

• Deuxième étape : agréger les informa ons


Maintenant que vous avez en mémoire l’ensemble de votre table de rappel,
vous êtes prêt à associer les informations entre elles et à vous délester de
certaines pour mémoriser plus rapidement.
Comment procéder ? Si vous n’agrégez pas les informations, vous vous
devez de mémoriser chaque carte du jeu, dans l’ordre, de manière
exhaustive.
Il faut donc que vous agrégiez les informations de manière signifiante :
plusieurs informations associées les unes avec les autres vont avoir un sens
nouveau qui va vous permettre de « laisser filer » certaines d’entre elles.
Imaginons que les trois premières cartes de mon paquet soient le valet de
trèfle, le 10 de carreau et l’as de cœur (les trois cartes auxquelles j’ai
associé une image plus haut). À l’aide du « palais de mémoire », je pourrais
disposer chaque image dans un réceptacle à souvenir. Ce serait efficace,
mais laborieux, car il me faudrait 54 réceptacles à souvenir différents pour
pouvoir « placer » l’ensemble de mon jeu de cartes.
Je peux utiliser le principe d’agrégation pour aller plus vite, en associant les
cartes trois par trois. Pour ce faire, j’associe :
• la personne de la 1re image ;
• à l’action de la 2e image ;
• à l’objet de la 3e.
Je forme ainsi une nouvelle image totalement inédite qui agrège trois
informations en une.
Nous obtenons ainsi « Marilyn Monroe en train de gifler un éléphant ».

• Troisième étape : placer ce e nouvelle image dans un


« palais de mémoire »
Grâce au principe d’agrégation, je peux mémoriser les informations plus
rapidement. Chaque image nouvellement créée (à partir de ma table de
rappel initiale) comprend les indices évocateurs qui me permettront, dans
un second temps, de retrouver les cartes associées, dans l’ordre.

Principe d’agréga on et appren ssage


À moins d’avoir le projet d’amuser votre entourage, de compter les cartes
lors de votre prochaine visite au casino ou de participer à un championnat
de mémorisation, je ne vois pas quel intérêt vous pourriez avoir à vous créer
et à mémoriser une table de rappel « carte à jouer/image PAO ».
Il s’agit donc d’un procédé mnémotechnique qui nécessite certains
ajustements pour être exploité dans le cadre scolaire.
Comment donc utiliser le principe d’agrégation pour apprendre plus
facilement ?
C’est ce que nous allons voir dans le cadre du Point-méthode suivant.

Résumé
Le principe d’agrégation propre à la mémoire consiste à
articuler des informations de manière signifiante en vue de se
délester de certaines. Les nouvelles informations obtenues,
agrégées et parcellaires, deviennent ainsi des indices évocateurs pertinents
qui permettent de retrouver très facilement le contenu associé.
Pour que ces indices évocateurs soient efficaces (c’est-à-dire pour qu’ils
permettent véritablement de faire revenir à la conscience l’ensemble des
informations à mémoriser), il faut qu’ils aient un sens. Ce sens que vous
allez être capable de leur attribuer dépend des informations qui sont déjà
stockées dans votre mémoire.
Comprendre et mémoriser un contenu en
s’appuyant sur le principe d’agréga on
J’ai une amie qui est de profil pédagogique quasi exclusivement auditif
(voir le chapitre 2 pour préciser la définition de cette notion). Elle a
besoin d’explications verbales pour comprendre (écrites ou orales). Sa
bibliothèque est remplie d’ouvrages « pour tout » : Comment apprendre
le yoga en 10 leçons, Comment apprendre l’anglais en 10 leçons,
Comment jouer au tennis en 10 leçons. Même l’activité la plus
manuelle et physique doit « passer par les mots » pour qu’elle puisse
l’aborder. Ce n’est qu’ensuite, à partir de ces phrases répétées et
redites, qu’elle parvient à passer à l’action. Mais en ayant bien réfléchi
avant.
Par exemple, lorsqu’elle a passé le permis de conduire, elle a obtenu le
code du premier coup, avec beaucoup de facilité. Les premières
difficultés ont débuté avec les cours de conduite, car lorsque l’on a
l’objectif de savoir conduire, c’est en situation que l’on apprend, et
c’est en pratiquant que l’on progresse.
On peut avoir une approche théorique parfaitement rodée en ce qui
concerne les rétros, la boîte de vitesse, la priorité à droite et les
panneaux de signalisation, ce n’est qu’au volant, le pied sur
l’accélérateur et la main sur le levier de vitesse que l’on apprend
vraiment. L’acquisition d’un savoir théorique et celle d’une
compétence pratique ne procèdent pas du même mécanisme ni du
même canal d’apprentissage.
Je me souviens d’une de nos conversations :
- Hélène, j’aimerais comprendre un truc.
- Oui ?
- Quand tu entres sur un rond-point…
- Oui ?
- Eh bien, le moniteur me demande de prendre la deuxième sortie.
Alors, j’entre confiante en suivant la voiture qui me précède. Mais tu
comprends, ensuite, « ça tourne »… Alors je m’embrouille et je ne
sais plus où je dois sortir…
Bref. Elle a passé sept fois l’examen de conduite, et n’a toujours pas
son permis !
Cette histoire authentique met en évidence plusieurs choses, mais en
particulier ceci : il est tout à fait possible de « savoir ce qu’il faut
savoir », mais de ne pas être capable d’utiliser ce savoir en situation.
Vous pouvez savoir théoriquement comment il faut s’y prendre pour
conduire, mais vous perdez tous vos moyens une fois que vous êtes au
volant. Vous avez appris par cœur la définition d’un théorème de
mathématiques, mais vous êtes incapable de résoudre un exercice qui
vous demande de l’utiliser. Vous pouvez connaître sur le bout des
doigts votre leçon d’Histoire, et n’avoir jamais compris comment
organiser vos idées dans le cadre d’une dissertation.
Bref, vous pouvez avoir « appris » et avoir compris « à quoi sert » ce
que vous avez appris… mais demeurer incapable d’ « utiliser » ce que
vous avez appris.
En d’autres termes, vous ne connaissez pas le « mode d’emploi » de
vos connaissances.

Comment s’appuyer sur le principe d’agréga on pour


s’approprier le « mode d’emploi » de ses connaissances ?
Nous allons appliquer le principe d’agrégation à des situations qui
nécessitent de « résoudre un problème » : une question de dissertation
dans une discipline littéraire (philosophie, français, Histoire…) ou un
problème dans une discipline scientifique (mathématiques, physique,
chimie…).
Ces deux types d’exercices, quelle que soit la discipline, requièrent de
maîtriser deux ensembles de données :
• les connaissances propres au champ : les théorèmes, les définitions,
les auteurs, les œuvres, les notions, les dates, etc ;
• la « méthodologie d’utilisation » de ces connaissances : comment
élaborer une dissertation (construire une introduction, une
conclusion et une problématique, rédiger un paragraphe
argumentatif ou illustratif, articuler sa pensée à des apports
théoriques…) ? Comment utiliser un théorème dans un exercice
concret ? Comment rédiger une démonstration ? Etc.
Il convient donc à la fois de maîtriser un domaine de connaissances et
les étapes académiques qui permettent de s’en servir pour élaborer une
argumentation ou résoudre des problèmes d’application.
Le principe d’agrégation peut vous aider à être plus efficace dans la
compréhension d’une « démarche de résolution de problème » et dans
sa mémorisation. En définitive, agréger les informations va vous
permettre de les mémoriser en même temps que vous les comprenez.
Je vous propose une approche en trois phases qui consistent :
- à repérer et clarifier les étapes de votre « démarche de résolution » ;
- pour ensuite agréger les informations contenues dans le cadre de
chaque étape ;
- pour enfin mémoriser le résultat obtenu.
• Première phase : repérer les étapes successives de la méthode que
vous devez maîtriser
J’attire votre attention sur un point : repérer les étapes successives de la
résolution d’un exercice suppose ici de se poser la question « comment
faire ? » :
- Comment faire ou rédiger une dissertation ?
- Comment utiliser tel théorème pour résoudre un problème de
géométrie ?
- Comment introduire une citation dans le cadre d’un paragraphe
argumentatif ?
- Comment démontrer telle affirmation, principe ou formule ? Etc.
Il s’agit donc de s’approprier une méthode. Or, appliquer une méthode
suppose de cheminer selon différentes étapes : on commence par
vérifier cela, on se donne tel objectif, on prend connaissance des
informations à sa disposition, etc.
Selon le contexte et les situations, plusieurs étapes, sous-étapes, etc.,
peuvent s’avérer nécessaires. Mais il existe toujours une ou plusieurs
logiques de résolution existantes. Les repérer va vous permettre de
maîtriser la forme et vous donner la possibilité de vous concentrer sur
le fond : solliciter les connaissances adéquates, sélectionner la
démarche la plus rapide ou la moins complexe, etc.
Prenons l’exemple de la construction d’une introduction dans le cadre
d’une dissertation. Il existe plusieurs manières d’aborder la
construction de ce premier temps d’un devoir. Voici celle que je vous
propose :
- rédiger une accroche (une citation, un exemple, un fait d’actualité
ou historique…) qui va vous permettre d’introduire judicieusement
le sujet ;
- annoncer le sujet ;
- exposer sa problématique (différentes questions qui vont mettre en
évidence les enjeux du sujet, ses présupposés et ses controverses) ;
- annoncer son plan (quelles étapes allez-vous franchir pour répondre
aux questions soulevées par votre problématique).
Dès l’instant où ces différentes étapes sont clairement identifiées, vous
pouvez vous détacher de la forme pour vous intéresser aux
connaissances à mobiliser afin de donner du corps à votre exposé.
Il en va de même dans le cadre des matières scientifiques. Si vous
maîtrisez parfaitement la méthode d’utilisation des théorèmes et des
définitions au programme, vous pourrez vous concentrer sur les
problèmes posés et sélectionner l’outil ou les outils adéquats.
Selon mon expérience, lorsqu’un étudiant ne maîtrise pas la
« méthode », il se rue sur le calcul, couche sur le papier « tout ce qu’il
sait » (en Histoire par exemple) ou part dans des digressions qui n’ont
que peu de rapport avec la question posée. C’est ce qui conduit l’un de
mes collègues, enseignant en « mesures physiques », à rappeler
inlassablement aux étudiants la même chose : « Lisez l’énoncé, rien
que l’énoncé, uniquement l’énoncé. » Beaucoup d’étudiants, maîtrisant
de manière très approximative le contenu de leurs cours, ne répondent
pas en effet à la question posée.
• Deuxième phase : agréger les informa ons de manière logique
Une fois que cette démarche en plusieurs étapes est claire et que la
succession des étapes est logique dans votre esprit (vous comprenez la
raison d’être de chacune d’elles et leur attribuez donc du sens), vous
pouvez vous concentrer sur les mots et concepts-clés. Ceux-ci vont
synthétiser dans votre esprit l’objectif à atteindre :

• Troisième phase : mémoriser le résultat obtenu


Pour vous approprier complètement cette démarche, il est nécessaire de
l’utiliser plusieurs fois pour vérifier qu’elle fonctionne. Vous devez
donc rédiger quelques introductions ou résoudre quelques exercices
pour vous assurer qu’elle répond bien à l’usage prévu.
Vous pouvez ensuite passer à l’étape de mémorisation : vous redire
dans votre tête ou revoir les informations ainsi agrégées.
Prenons un exemple avec l’utilisation du théorème de Pythagore :

Résumé du Point-méthode
Le principe d’agrégation peut vous aider à synthétiser les
informations dans le cadre d’une démarche de résolution de
problème.
Afin de vous concentrer sur le fond dans le cadre d’un
examen, vous pouvez commencer par bien maîtriser la forme,
à savoir la méthode d’utilisation de vos connaissances.
Fiche récapitula ve
Chapitre 8 : le principe d’agrégation des informations

L’idée…
Le principe d’agrégation propre à la mémoire consiste à articuler des
informations de manière signifiante en vue de se délester de certaines.
Les nouvelles informations obtenues, agrégées et parcellaires,
deviennent ainsi des indices évocateurs pertinents qui permettent de
retrouver très facilement le contenu associé. Afin de vous concentrer
sur la résolution du problème posé dans le cadre d’un examen, vous
pouvez commencer par bien maîtriser le MODE D’EMPLOI de vos
connaissances.
Par exemple : s’il vous est demandé de rédiger une dissertation, vous
pourrez vous concentrer sur vos idées si vous maîtrisez les techniques
d’écriture d’une introduction, d’un plan ou d’un paragraphe
argumentatif.
Comment s’appuyer sur le principe d’agrégation pour
s’approprier efficacement le « mode d’emploi » d’une
connaissance ?
9
LE PRINCIPE DES PAUSES ET DES
RÉACTIVATIONS

Avez-vous déjà eu le sentiment que vous maîtrisiez bien mieux certaines


connaissances après une nuit de sommeil ?
Vous avez passé de longues heures à réviser un examen. Vous avez fait et
refait des exercices, lu et relu votre cours. Mais ce n’est qu’après être
complètement passé à autre chose que vos idées sont enfin devenues claires.
Avez-vous déjà consacré un temps important à chercher la solution d’un
problème, épluchant des documents, faisant de nombreuses recherches sur
Internet, posant moult questions à votre entourage… pour finalement
trouver une idée alors que vous aviez arrêté de chercher ?
Avez-vous déjà renouvelé complètement votre perception d’une situation ou
d’un problème dans un contexte qui n’avait a priori rien à voir avec celui-
ci ?
Vous vous êtes posé une question, vous vous êtes demandé comment vous
sortir d’une situation problématique ou vous étiez à la recherche d’une idée
vraiment novatrice… et c’est au moment où vous vous y attendiez le moins
que votre esprit a généré une proposition inédite qui, sur le moment, vous a
donné l’impression de sortir de nulle part.
Pourquoi est-ce lorsqu’on s’y attend parfois le moins que les choses
semblent se nouer ou se dénouer d’elles-mêmes ?

Lions-nous les informa ons sans y penser ?


Dans son ouvrage Une tête bien faite (voir la bibliographie p. 181), Tony
Buzan présente un graphique mettant en évidence le pourcentage
d’informations mémorisées après une période d’apprentissage, en fonction
du temps qui passe. Selon ce document, notre cerveau continuerait à
« mémoriser » les informations après la fin d’une période de travail : un pic
serait atteint quelques heures plus tard, puis le souvenir de ces informations
déclinerait rapidement.
Si elles ne sont pas réactivées, les informations sont donc condamnées à
disparaître de notre mémoire. En revanche, réaliser de courtes pauses
pendant une période d’apprentissage nous permettrait de continuer à lier les
informations sans y penser.
Comment comprendre ces processus ?
Sans intention consciente, notre cerveau poursuivrait son travail de mise en
relation des informations les unes avec les autres. Cela expliquerait
pourquoi nous avons l’impression, après coup, que nos pensées sont plus
claires, que nous comprenons mieux ou que de nouvelles idées ou solutions
afférentes à un problème surgissent de manière inopinée.
Ce processus serait également essentiel en ce qui concerne nos compétences
en matière de créativité. Si les liens les plus inattendus sont à l’origine des
idées les plus novatrices (associer des éléments que personne n’avait pensé
à associer jusque-là), celui qui veut développer sa créativité aurait tout
intérêt à développer sa curiosité pour les domaines les plus divers, en
particulier ceux qui n’ont a priori rien à voir avec son champ d’expertise.
Car des connexions inédites peuvent s’opérer sans crier gare. C’est ainsi,
par exemple, qu’un ingénieur suisse, Georges de Mestral, inventa la
fermeture Velcro : en observant avec attention les fleurs de bardane qui
s’étaient accrochées à son pantalon et à la fourrure de son chien lors d’une
promenade dans la campagne. Qui aurait pu prévoir que cette expérience
anodine et apparemment si éloignée de l’ingénierie allait donner lieu à de
tels développements industriels ?

L’importance de la réac va on
Nous avons évoqué le principe des associations dans le cadre du chapitre 6 :
nous mémorisons les informations en les associant à d’autres informations.
Le principe d’association de la mémoire serait cependant à la fois conscient
et non conscient. Spontanément, notre cerveau poursuivrait son travail de
renforcement des liens sans intervention volontaire de notre part.
Ainsi, si nous faisons l’effort de lier les informations dans le but de nous en
souvenir, la façon dont fonctionne notre cerveau, et la façon dont il stocke
les informations, joue en faveur d’une amélioration continue de nos
performances (du moins à court terme). Et si notre objectif pour mémoriser
est de créer des liens associatifs logiques et cohérents entre nos idées, nous
permettons ainsi à notre cerveau de les stocker d’autant plus efficacement.
Il convient néanmoins d’attirer l’attention sur un paramètre important : il
faut avoir véritablement pris le temps de « chercher » à faire des liens
logiques entre les données pour que les associations générées (sur le coup
ou après) soient pertinentes et ancrées dans notre esprit sur la durée.

Comment favoriser le stockage des informa ons


dans la mémoire à long terme ?
Une information nous reste en mémoire parce qu’elle est fortement arrimée
à une autre information qui est elle-même déjà passée dans notre mémoire à
long terme. Un « crochet » (comme nous l’avons vu au chapitre 3) est ainsi
d’autant plus solide qu’il raccroche une idée nouvelle à une idée déjà bien
ancrée. C’est la raison pour laquelle notre pouvoir de mémorisation d’une
information est très dépendant des informations sur le même sujet que nous
avons déjà en mémoire.
Un certain nombre des étudiants que j’accompagne en première année
d’école d’ingénieurs ont déjà effectué une première année après le
baccalauréat en classe préparatoire scientifique. Trois types de parcours
avant leur arrivée sont ainsi possibles :
• soit l’étudiant a abandonné la classe préparatoire dès les premières
semaines ;
• soit il a persévéré et cherché à réussir pendant une part importante de
l’année mais a fini par abandonner ou par ne pas obtenir son passage en
deuxième année du fait de résultats insuffisants ;
• soit enfin il a travaillé durant toute l’année et a obtenu son passage en
deuxième année.
Parmi les étudiants ayant travaillé pendant la majeure partie de l’année, les
cours de mathématiques et de physique auxquels ils assistent à leur arrivée
en école d’ingénieurs ont un air de « déjà-vu ». S’ils ont travaillé
sérieusement l’année précédente, les contenus abordés, qui leur sont
apparus complexes et très difficiles à maîtriser, sont devenus clairs et tout à
fait abordables l’année suivante. De nombreux liens se sont en fait noués
sans qu’ils s’en soient rendu compte.
Si l’on a fait un effort conscient pour s’approprier des connaissances, des
liens se sont obligatoirement mis en place ; les réactiver devient alors
beaucoup plus facile.

Pendant les jours qui précèdent un examen,


révisez-vous ou apprenez-vous ?
Beaucoup d’étudiants sont touchés par la « flemme » lorsqu’il s’agit pour
eux de s’attaquer à leur travail scolaire. Ils remettent systématiquement
leurs révisions à plus tard, ne préparent pas (ou plus) leurs exercices de
travaux dirigés, regardent s’amonceler leurs notes de cours sur leur bureau
et sentent monter l’adrénaline à mesure que le jour de l’examen approche.

D’autres cependant anticipent le travail à abattre en fonction des échéances.


Ils ont comme objectif de comprendre leurs cours au fur et à mesure et
consacrent régulièrement quelques heures dans leur emploi du temps de
travail personnel à dépasser leurs difficultés de compréhension, à
approfondir les notions principales d’un contenu et à s’entraîner à refaire les
exercices vus en travaux dirigés. Ils ne font pas toujours de fiches de
révision, mais chaque temps de travail (personnel ou face au professeur) est
l’occasion pour eux de nouer des liens entre les informations transmises.
Lorsque les étudiants « qui remettent toujours à plus tard » se retrouvent
dos au mur, la semaine, le week-end ou le jour qui précède l’examen, ils
sont en situation d’apprentissage, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas encore noué
les liens qui permettent de mémoriser et ne se sont pas encore posé les
questions qui permettent de comprendre. Donc, ils « apprennent ».
À l’inverse, les étudiants qui ont travaillé régulièrement ont déjà fait le
travail de mise en lien des informations (compréhension). Ils s’attaquent
donc au travail de mémorisation sur le long terme en réactivant leurs
connaissances et en renforçant les liens associatifs créés les semaines
précédentes. Eux, ils « révisent ».
Lorsque l’on découvre un contenu pour la première fois, les liens associatifs
entre les informations sont faibles. Lorsqu’on les revoit, ils se renforcent.
Le principe de « réactivation » met ainsi en évidence que plus une
information est « revue » (en la révisant, en l’utilisant dans le cadre d’un
exercice, en y faisant référence dans le cadre d’une situation pratique…),
plus elle s’inscrit dans la mémoire à long terme.
Pour contrer le processus d’oubli, il faut donc se donner régulièrement des
occasions de revoir, réutiliser ou ré-expérimenter les connaissances que l’on
souhaite assimiler.

Résumé
Lorsque vous avez pour objectif de comprendre un contenu et
de le mémoriser sur le long terme, sachez que le temps peut
jouer en votre faveur :
• Lorsque vous faites des pauses pendant vos séquences d’apprentissage
(et/ou que vous travaillez régulièrement), vous permettez à votre cerveau
de poursuivre sans stress son travail de mise en relation des informations
les unes avec les autres. Ces liens favorisent à la fois votre
compréhension et votre mémorisation du contenu.
• Sans réactivation d’un contenu d’information, le processus normal
d’oubli vous conduit à « perdre » très rapidement une part importante
de ce que vous venez d’apprendre. Revoir, réutiliser ou ré-expérimenter
un savoir vous permet de l’inscrire progressivement dans votre
mémoire à long terme. Il s’agit du principe de réactivation.
La technique Pomodoro et la technique des flash-
cards
Comment faire concrètement en sorte que le temps joue en notre faveur
concernant nos objectifs d’apprentissage ? Comment tirer avantage de
ces liens qui se nouent sans que nous y pensions, et du principe de
réactivation qui permet à nos connaissances de s’inscrire dans notre
mémoire à long terme ?
Je vais vous présenter deux techniques qui devraient vous permettre de
répondre à ces questions : la technique Pomodoro et la technique des
flash-cards. La première permet de planifier judicieusement ses
séquences de travail afin de tirer habilement parti des temps de pause
lorsque l’on apprend. La deuxième permet de faciliter le processus de
réactivation des connaissances.

La technique Pomodoro
La technique Pomodoro est une méthode de planification de
l’apprentissage qui a été inventée par Francesco Cirillo à la fin des
années 1980. Il s’agit d’une stratégie en quatre étapes qui permet, outre
d’exploiter cette propension qu’a le cerveau de continuer à faire des
liens entre les informations pendant les pauses, de favoriser la
motivation à travailler en planifiant ses objectifs :
• Phase n° 1 : planifier sa séquence de travail
Il s’agit d’une étape essentielle qui vous oblige à vous poser la question
suivante : quels sont mes objectifs ?
Quels cours voulez-vous travailler ? Quels exercices avez-vous pour
projet d’être capable de refaire ? Quel devoir allez-vous finaliser ? Quel
examen allez-vous réviser ? Etc.
Vous pouvez effectuer ce travail de planification sur l’année, sur le
semestre, sur la semaine, sur une période de révision et/ou simplement
sur un temps de travail spécifique (par exemple, une soirée ou une
séquence de travail prévue pendant le week-end). Cette étape de
planification peut s’avérer très bénéfique pour certains étudiants : si
vous aimez anticiper et vous organiser, cela vous demandera de mettre
cette compétence que vous possédez déjà au service de votre travail
scolaire.
Certains étudiants sont cependant très réfractaires à ce travail
d’organisation, qui a plutôt pour effet de les stresser. Pour ceux-là, il
convient de prendre les choses comme elles viennent, afin de ne pas se
focaliser sur un objectif que l’on doute de pouvoir atteindre, ou de
s’enfermer dans un cadre qui n’aura pour seul effet que de les amener à
vouloir en sortir. Si vous vous reconnaissez, vous pouvez passer
directement à la phase n° 2, voire envisager d’autres méthodes de mise
au travail qui n’ont pas pour particularité d’induire un sentiment
d’urgence ou la recherche d’une performance particulière.
• Phase n° 2 : décliner ses objec fs en tâches intermédiaires
réalisables en 25 minutes
Vous avez maintenant décidé de vous mettre au travail. Et vous avez au
moins une heure devant vous. Il s’agit alors de déterminer plusieurs
tâches à réaliser dont vous projetez qu’elles vont vous prendre
approximativement 25 minutes : refaire un exercice, élaborer une fiche
de révision à partir d’un contenu de cours spécifique, rédiger un
paragraphe de dissertation, relire et corriger un écrit, échafauder la
première ébauche du plan d’un mémoire, etc.
Choisissez et listez vos différentes tâches en fonction du temps dont
vous disposez.
• Phase n° 3 : alterner Pomodori et pauses de 5 minutes
C’est maintenant qu’il faut vous munir d’un minuteur. Pour la petite
histoire, sachez que pomodoro signifie « tomate » en italien. À
l’origine, le minuteur utilisé par Cirillo quand il a mis au point sa
technique avait la forme d’une tomate.
Vous réglez donc votre minuteur sur 25 minutes et vous le positionnez
face à vous. Et c’est parti pour votre première séquence de travail. Un
simple coup d’œil au minuteur vous permet de faire le point sur votre
temps restant.
De deux choses l’une, soit cette technique booste votre productivité
(vous vous devez de rester focalisé sur votre tâche pendant les 25
minutes de votre séquence), soit elle génère un sentiment d’angoisse
qui vient plutôt perturber votre concentration. Quoi qu’il en soit, vous
pouvez aussi vous servir de cette structuration très cadrée de votre
temps de travail personnel pour « vous en remettre » aux objectifs fixés
en début de séance et à ce temps qui défile et qui s’impose à vous.
Une fois la séquence de 25 minutes arrivée à son terme, que vous ayez
fini ou pas la tâche prévue, vous faites une pause. Celle-ci doit vous
permettre de passer véritablement à autre chose (pendant ce temps,
votre cerveau poursuit ses associations sans intention consciente de
votre part), mais elle ne doit pas vous amener à interrompre
définitivement votre séquence de travail.
Quels types d’activité conviennent bien à ce type de pause ? Faites
quelques étirements, préparez-vous un thé ou un café, mangez un fruit,
consultez vos mails ou votre page Facebook… Ces différentes choses,
vous les ferez sans culpabilité puisque vous êtes en pause et qu’elles
font donc partie intégrante de votre stratégie d’apprentissage.
Quoi que vous fassiez, jetez préalablement un coup d’œil à votre tâche
suivante. Si vous savez ce qui vous attend ensuite, vous vous remettrez
plus facilement au travail.
Les 5 minutes sont passées ? Vous pouvez passer à la tâche et à vos 25
minutes suivantes. Peu importe si vous avez mené à bien la tâche
précédente (ce qui peut s’avérer frustrant), puisque votre cerveau, en
poursuivant son travail de mise en lien spontané, vous amènera à avoir
les idées beaucoup plus claires quand vous y reviendrez plus tard.
• Phase n° 4 : prendre le temps de faire un vrai bilan
Vous avez maintenant réalisé trois, quatre, voire cinq pomodori
successifs. Il est temps de faire un bilan. Quelles tâches avez-vous
menées à bien ? Quels objectifs avez-vous atteints ? Quel travail vous
reste-t-il à accomplir ? Quelles incompréhensions sont encore
d’actualité ?
Ce temps est très important. Vous faites le point sur ce qui est fait et sur
ce qui vous reste à faire. Vous pouvez ainsi commencer à envisager la
planification de votre prochaine séquence de travail. Et vous pouvez
compter sur votre cerveau qui va continuer à « travailler pour vous »
dans l’intervalle. Vous avez identifié vos lacunes, ce qu’il vous reste à
faire et les questions encore en suspens. Votre esprit reste donc en
éveil, prêt à faire un lien inédit avec tout ce qui pourra vous apporter
des réponses, des solutions ou des idées nouvelles sur le sujet.

La technique des flash-cards


Le principe des flash-cards est ultra-simple : une information sur le
verso d’une carte, une information sur le recto. Le principe est de
réactiver facilement et régulièrement le lien associatif qui unit deux
types d’information :
• une question et sa réponse ;
• une image et le mot qui la désigne ;
• un mot et sa traduction dans une autre langue ;
• une définition mathématique et sa formule, son graphique ou son
schéma ;
• un écrivain et ses dates de naissance et de mort ;
• un peintre et la reproduction de l’une de ses œuvres majeures, etc.
Il existe de nombreux jeux de flash-cards payants dans le commerce
(notamment dans le domaine de l’apprentissage des langues
étrangères). J’ai néanmoins tendance à considérer que les meilleures
flash-cards sont celles que l’on s’est confectionnées soi-même. Pour les
personnes de profil pédagogique à tendance ou dominante
kinesthésique, cela stimule en plus leurs compétences propres :
manipuler, toucher, être actif et acteur du processus.
Vous prenez donc un contenu que vous souhaitez vous approprier, et
vous réalisez toute une série de cartes : une information sur le recto et
la ou les informations associées sur le verso.
Vous êtes plutôt « auditif » ? Inscrivez des mots et des phrases sur vos
cartes.
Vous êtes plutôt « visuel » ? Privilégiez les images, les schémas, les
photos ou les graphiques.
Imaginons que vous vous attaquiez à un chapitre de votre cours de
mathématiques. Vous pouvez choisir de réaliser des cartes
question/réponse : quelle est la définition de telle notion ? Par quelles
étapes successives faut-il passer pour résoudre tel type de problème ?
Quels sont les théorèmes utilisables pour démontrer telle chose ?
Quelle est la formule de ceci ou de cela ? Etc.
En rédigeant vos cartes, vous stimulez votre mémoire kinesthésique,
d’une part parce que vous « écrivez » vos réponses, mais également
parce que vous vous mettez dans la position active de rechercher les
questions les plus pertinentes à poser en fonction de votre contenu.
La technique des flash-cards favorise donc la mémoire en ce sens
qu’elle aide à renforcer le lien associatif entre deux informations. Mais
elle possède un autre atout : elle facilite le processus de réactivation des
informations, car une fois que vos cartes sont confectionnées, vous
pouvez les réutiliser de diverses manières :
• vous pouvez les réviser quand bon vous semble et en de multiples
endroits (dans les transports en commun, pendant dix minutes
entre deux cours, le soir avant de vous endormir…) ;
• vous pouvez envisager de réviser à plusieurs (vous mélangez les
cartes réalisées par les uns et les autres et chacun pioche à son tour
pour tenter de répondre aux questions…) ;
• vous pouvez également vous tester régulièrement (prendre cinq
cartes au hasard et vérifier si vous avez bien mémorisé les
réponses avant de consulter la réponse au verso…), etc.
Cette technique reste donc excellente quand il s’agit de mémoriser un
grand nombre d’informations, notamment par cœur (en chimie, dans le
cadre du concours de médecine, en langues…). Elle trouve cependant
des usages multiples dans toutes les disciplines, car il est rare qu’un
cours ne consacre pas une partie de son contenu à l’assimilation d’un
certain nombre de connaissances de base sur un sujet, une période ou
une problématique. Par contre, il ne s’agit pas d’une démarche qui vous
conduit à améliorer votre compréhension d’un contenu. Pour ce faire,
d’autres types de fiches de révision sont préférables à réaliser (voir
chapitre 12).

Résumé du Point-méthode
La technique Pomodoro est très utile pour exploiter la
propension qu’a notre cerveau à continuer à mettre en lien les
informations après une période d’apprentissage. Elle permet
également de planifier efficacement ses objectifs de travail, ce qui
favorise la lutte contre la procrastination.
La technique des flash-cards permet quant à elle de faciliter le
processus de réactivation des informations, ce qui a pour effet de
favoriser la mémorisation à long terme des connaissances.

Fiche récapitula ve
Chapitre 9 : le principe des pauses et des réactivations

L’idée…
Lorsque vous faites des PAUSES pendant vos séquences
d’apprentissage, vous permettez à votre cerveau de poursuivre sans
stress son travail de mise en relation des informations les unes avec les
autres. Ces liens favorisent à la fois votre compréhension et votre
mémorisation du contenu.
Sans RÉACTIVATION d’un contenu, le processus normal d’oubli vous
conduit à perdre rapidement une part importante de ce que vous venez
d’apprendre. Revoir, réutiliser ou expérimenter un savoir vous permet
de l’inscrire progressivement dans votre mémoire à long terme.

Comment faire concrètement en sorte que le temps joue en notre


faveur concernant nos objec fs d’appren ssage ?
10
RENDRE UN CONTENU INOUBLIABLE

Dans leur livre intitulé Ces idées qui collent (voir la bibliographie p. 181),
Dan et Chip Heath se sont attachés à mettre en évidence les principes qui
font d’une idée une idée mémorable. Ils en ont ainsi dénombré six :
1 La simplicité : trouver et communiquer l’idée essentielle d’un
message.
2 L’inattendu : attirer l’attention en créant la surprise et retenir
l’attention en suscitant l’intérêt.
3 Le concret : rendre les idées abstraites plus concrètes à l’aide
d’exemples qui permettent à l’interlocuteur de s’identifier à
ce dont il est question.
4 La crédibilité : utiliser des preuves indiscutables, précises, simples et
vérifiables.
5 L’émotion : amener les gens à se sentir personnellement concernés.
6 L’histoire : donner aux gens l’énergie et l’envie d’agir en utilisant les
histoires comme source d’inspiration.
Dans le cadre de leur ouvrage, les deux auteurs se positionnent du côté du
locuteur : celui qui parle et a un message à faire passer. Les conseils
présentés ont ainsi pour objectif de l’aider à transformer son message dans
le but de rendre son contenu inoubliable.
Dès le premier chapitre, ils attirent l’attention sur une « difficulté
spécifique » que rencontre chaque personne qui commence à gagner une
certaine expertise concernant son sujet. Ils nomment cette difficulté la
« malédiction du savoir » : plus vous maîtrisez ce dont vous parlez, plus
vous avez tendance à employer un langage abstrait que vos interlocuteurs,
moins à l’aise que vous, auront des difficultés à comprendre, mais
également à mémoriser. Ce souci aura également un effet sur le degré
d’attention de votre public. Ainsi, vos interlocuteurs peuvent vous trouver
particulièrement érudit, mais ne garder aucun souvenir de ce que vous avez
dit.
En lisant cette partie de l’ouvrage, je l’ai spontanément mise en lien avec un
passage du livre de Joshua Foer dont j’ai déjà parlé au chapitre 8 (voir p.
104). Nous avons vu en effet que notre mémoire visuelle était
potentiellement exceptionnelle si nous apprenions à l’exploiter
judicieusement. Joshua Foer rapporte ainsi les résultats d’un travail de
recherche mené par un étudiant de l’université de Berkeley : en 1920,
Milman Parry, tout juste 18 ans, choisit le problème de la paternité de
l’œuvre d’Homère comme sujet de mémoire de Master. Il met en évidence
la preuve que les textes homériques ont été transmis par voie orale. Ceci est
repérable dans les textes eux-mêmes : toutes les bizarreries stylistiques qui
rendent tant de lecteurs perplexes (éléments narratifs trop convenus et trop
récurrents, épithètes bizarrement répétitives…) sont en fait des sortes de
preuves matérielles de la méthode de fabrication des poèmes dans le but de
les rendre le plus mémorables possible.
Milman Parry découvre qu’au lieu de transmettre le texte proprement dit,
les rhapsodistes des Balkans communiquaient un ensemble de règles
stéréotypées qui permettaient de reconstruire le poème après coup : chaque
récitation de l’histoire n’était pas exactement identique à la précédente,
mais elle lui ressemblait beaucoup, car chaque étape du récit, en étant
traduite en contenu facilement visualisable, permettait à ceux qui
l’écoutaient de s’en souvenir.
J’ai également pu expérimenter ce processus dans le cadre des cours que je
dispense. Dès que je développe des idées et notions abstraites, les étudiants
qui ne sont pas familiers des concepts que j’aborde se désintéressent et se
dispersent. En revanche, si j’illustre régulièrement mon propos d’exemples
concrets (principe n° 3 de Dan et Chip Heath), mettant en scène des
personnes auxquelles ils peuvent s’identifier (les histoires et la crédibilité,
principes n° 4 et 6) et qui traitent de situations qui les concernent
(l’émotion, principe n° 5), leur intérêt reste soutenu et ils se souviennent de
ce dont il a été question d’un cours sur l’autre.

Comment rendre un cours mémorable ?


Si l’objectif d’un enseignant ou d’un formateur est de rendre son contenu
mémorable, il me semble qu’il a tout intérêt à s’inspirer des principes
exposés par Chip et Dan Heath dans leur livre. J’ajouterai cependant quatre
principes supplémentaires à ceux déjà énumérés :
1 Les questions :
amener son public à se poser des questions afin de
favoriser la compréhension et inviter chacun à se sentir
concerné (voir chapitre 6 sur les associations).
2 L’utilité :
aider son public à envisager l’usage concret qu’il va pouvoir
faire de ce que l’on a à lui dire afin de l’aider à se projeter
dans l’avenir (voir chapitre 6 sur les associations).
3 Le plan :
annoncer où l’on veut en venir, où on en est, et ce qu’il reste à
aborder. Certains d’entre nous ont besoin de se repérer
précisément pour maintenir leur niveau d’attention et ne pas se
sentir perdus (voir chapitre 5 sur l’ordre).
4 Les canaux de communication : utiliser tous les canaux de
communication à sa disposition. Souvenez-vous que le degré
d’attention et de compréhension est dépendant de la capacité de votre
public à intégrer les informations que vous leur transmettez. Ne vous
contentez pas de parler aux « auditifs », montrez également ce que
vous souhaitez transmettre aux « visuels » et invitez les
kinesthésiques à s’en référer à leur expérience pratique, à manipuler,
toucher et impliquer leur corps dans le processus d’apprentissage
(voir chapitre 2).
En tant qu’enseignant ou formateur, vous pouvez donc vous appuyer sur ces
pistes et conseils pour aider votre public à s’intéresser à votre contenu, ainsi
qu’à mieux le comprendre et le mémoriser, dès la phase de présentation.

Comment s’approprier un cours pour le rendre


inoubliable ?
En tant qu’étudiant, vous avez sûrement déjà fait l’expérience d’assister à
des cours, lire des livres ou plus généralement aborder un contenu « plus ou
moins » inoubliable. Vous aviez pourtant comme objectif de vous
l’approprier en vue d’un examen, de la rédaction d’un devoir ou d’un
mémoire, ou de la préparation d’un exposé.
Quelle démarche adopter ?
À de multiples égards, la phase d’appropriation d’un contenu lorsque l’on
apprend peut être mise en parallèle avec ce processus qui vise à rendre ce
contenu inoubliable : il s’agit de le comprendre, et de s’en souvenir pour
être en mesure de le réutiliser le cas échéant. J’attire cependant une
nouvelle fois l’attention sur les deux options qui s’offrent à vous lorsque
vous cherchez à mémoriser efficacement :
• vous pouvez utiliser des stratégies mnémotechniques qui conduisent à
désolidariser les processus de mémorisation et de compréhension, mais
qui vous permettent d’exploiter votre créativité et votre imagination ;
• vous pouvez vous appuyer sur des stratégies qui visent à améliorer
votre compréhension de ce contenu afin de mieux visualiser les
connaissances qu’il compile, ou créer des liens signifiants entre les
informations ; les liens et associations créés faciliteront alors sa
mémorisation, comme sa compréhension.
Confronté à un contenu que vous avez pour objectif de vous approprier,
vous pouvez donc vous appuyer sur les principes énoncés ci-dessus pour le
rendre mémorable.
Comment procéder concrètement ? C’est ce que nous allons voir dans le
cadre du Point-méthode suivant.

Résumé
Selon Dan et Chip Heath il existe six principes qui permettent
de rendre un contenu inoubliable : la simplicité, l’inattendu, le
concret, la crédibilité, l’émotion et l’histoire.
J’ajoute quatre principes supplémentaires à ces six premiers : les questions,
l’utilité, le plan et les canaux de communication utilisés.
« Traduire » pour mieux comprendre et
mémoriser
En regard des dix principes énoncés dans ce chapitre pour
rendre un contenu inoubliable, je vous propose une méthode en huit
étapes pour vous approprier un contenu (de cours, d’exposé, de
livre…). Vous y retrouverez l’ensemble des principes de la mémoire
présentés dans le cadre des chapitres précédents.
Les étapes 1 à 3 de cette méthode correspondent à des préoccupations
que vous devez avoir durant toute votre séquence de travail : tenir
compte de votre profil pédagogique, définir votre objectif, rechercher
constamment la simplicité.
L’étape 4 vous conduit à planifier votre séquence de travail afin que
« le temps soit votre allié ».
Les étapes 5, 6 et 7 vous permettent de comprendre le contenu en
même temps que vous travaillez à le mémoriser : en vous questionnant,
en structurant et ordonnant les connaissances, et en partant d’exemples
concrets pour cheminer vers les notions abstraites.
Enfin, l’étape 8 vous permettra de prendre du plaisir à travailler et
d’inscrire vos connaissances dans votre mémoire à long terme.

• Étape 1 - L’u lité : quel est votre projet ?


Bien souvent, nous nous attaquons à notre travail sans définir au
préalable d’objectif précis. Certains disent « y aller à l’instinct » : un
peu de mathématiques ? Quelques exercices de physique ? Une heure à
tenter d’écrire la suite d’un mémoire tout juste commencé ?
Plus vous saurez déterminer avec précision ce que vous attendez de
votre séquence de travail, plus vous saurez choisir les stratégies les plus
à même de vous aider à atteindre votre but.
Votre objectif : répondre à la question suivante le plus précisément
possible : « à la fin de cette séquence de travail, je veux être capable
de… »

• Étape 2 - Les canaux de communication : comment


exploiter efficacement vos ressources ?
Cette question doit vous guider tout au long de votre séquence de
travail. C’est en vous appuyant sur vos ressources propres que vous
aurez le plus de chances d’être efficace et de rester motivé.
Si vous avez compris la notion de « profil pédagogique » (exposée au
chapitre 2), vous commencez à avoir une idée des « canaux de
communication » qui vous correspondent.
Ainsi, lorsque vous butez sur un contenu :
- commencez par analyser sur quel mode il vous est transmis, et le cas
échéant, « traduisez-le » dans la « langue mentale » qui vous
correspond ;
- recherchez un contenu similaire (manuel, explications d’un autre
étudiant…) qui vous serait transmis dans la langue qui vous convient
(une représentation visuelle, des explications verbales, une
expérimentation pratique…).
Votre objectif : traduisez votre contenu dans la « langue mentale » que
vous maîtrisez le mieux.
Par exemple pour apprendre un cours :
- un auditif lira son cours, le transformera en fiche de révision et pourra
lire un livre pour approfondir sa maîtrise du sujet traité ;
- un visuel cherchera à transformer chaque texte en représentation
visuelle (schéma, frise temporelle, graphique…). Il réalisera des
fiches de révision dans lesquelles toutes les informations seront
regroupées de manière schématique, colorée, etc ;
- un kinesthésique s’appuiera essentiellement sur des situations
expérimentales pour s’approprier les concepts abstraits. Il réalisera
des fiches de révision « interactives » et ludiques, et effectuera
différentes recherches pour étayer les éléments pratiques à partir
desquels il aura commencé à s’approprier le contenu.
• Étape 3 - La simplicité : comment mettre le doigt sur
l’essentiel ?
Il me semble qu’il s’agit d’un objectif très important, qui doit
également vous guider tout au long de votre séquence de travail.
Comment réduire un message à sa substantifique moelle ? Autrement
dit, comment rendre simple ce qui paraît de prime abord compliqué ?

Votre objectif : quelle que soit sa taille ou sa densité, traduisez en une


seule phrase l’ensemble du contenu que vous cherchez à vous
approprier (un chapitre, un cours entier, un livre…).
Par exemple, ce livre que vous êtes en train de lire… Comment
évoquer l’ensemble de son contenu en une seule phrase ?
Bien souvent, formuler la question à laquelle l’auteur cherche à
répondre est une bonne porte d’entrée pour atteindre cet objectif de
simplicité.

• Étape 4 - Le temps : comment exploiter efficacement le


temps dont vous disposez ?
Votre capacité à mémoriser décline au fil du temps et votre mémoire se
détériore à mesure que les semaines passent.
Pendant que vous travaillez : faites des pauses régulières (5 minutes
toutes les demi-heures, 10 minutes toutes les deux heures…). Par
contre, prévoyez ce que vous allez faire ensuite avant même de prendre
votre pause, cela vous aidera à vous remettre au travail.
Après une période de travail : envisagez un planning de révision adapté
(à la fin d’une séquence de travail, après 24 heures, une semaine, un
mois…). Si vous avez travaillé à comprendre votre contenu pendant
une séquence d’étude, le travail de mémorisation ne sera effectif et
efficace qu’à la condition que vous respectiez le principe de
réactivation (afin de le faciliter, je vous présenterai dans les deux
derniers chapitres de ce livre des techniques d’élaboration de fiches de
révision facilement réactivables).
Certains étudiants me disent que le simple fait d’envisager de planifier
quelque chose les met dans un état de stress important : pour l’un, il
suffit de prévoir quelque chose pour faire le contraire ; pour l’autre,
anticiper est une contrainte insupportable qui « brime sa liberté ». Je
suppose que cette question de la gestion du temps est une affaire
personnelle. Sachez juste que notre mémoire est dépendante du temps,
et que si vous choisissez (ou ne pouvez faire autrement) de ne pas
planifier, vous devrez exploiter avec d’autant plus de précision les
autres principes de la mémoire…

• Étape 5 - Les questions : quelle est la problématique du


contenu ?
Problématiser, c’est se questionner, transformer un énoncé en
problème.
Habituellement, un contenu est le produit d’une série de
questionnements. Certains enseignants les formulent explicitement au
début de leurs cours. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Un contenu peut vous être présenté sur le mode de la description, sans
démonstration, ni question, ni problématique. Pourtant, comprendre
suppose de se questionner. Donc, si les questionnements ne sont pas
explicites, à vous de les retrouver.
Vous pouvez également ajouter vos propres questionnements à ceux de
l’auteur de votre contenu : à quoi cela va-t-il vous servir de savoir
cela ? Quel type de problème cela va-t-il vous permettre de résoudre ?
À quel type de question cela va-t-il vous permettre de répondre ?
Votre objectif : mettre en évidence ou retrouver les différentes
questions qui ont présidé à l’élaboration du contenu.

• Étape 6 - Le plan : quelle est la structure du contenu ?


Plus on sait de choses sur un sujet, plus il devient simple d’intégrer de
nouvelles connaissances. Le pédagogue Jean Piaget nommait ce
principe « le principe d’assimilation ». Lorsque l’on aborde pour la
première fois un contenu complètement nouveau pour soi, cela nous
oblige à faire un effort pour organiser, structurer et mettre en lien nos
connaissances (voir le principe de l’ordre abordé au chapitre 5). Par
contre, une fois que ce processus d’ « accommodation » est achevé,
chaque nouvelle connaissance est assimilée plus facilement : elle vient
compléter, nuancer ou préciser ce que l’on sait déjà.
Votre objectif : clarifier la structure du contenu (chapitres, sous-
chapitres…) en précisant chaque fois la problématique (les questions
soulevées) des différentes parties identifiées.

• Étape 7 - Le concret : différencier, illustrer, comparer


C’est bien souvent en passant par l’analyse d’exemples concrets que
l’on parvient à s’approprier une notion abstraite. Pourquoi ? Parce
qu’un exemple met en scène des éléments ou des personnes de la
réalité, ce qui permet de s’appuyer sur son expérience pour penser le
phénomène en question.
Un exemple concret permet au visuel de visualiser, au kinesthésique de
solliciter son expérience pratique et à l’auditif de faire référence à une
histoire qui a du sens.
Par contre, un exemple n’est pas l’équivalent de la notion abstraite. Si
je veux définir ce qu’est une table, en désigner une comme exemple ne
suffit pas, car si je me contente d’un unique exemple, il se peut très
bien que je ne sois pas capable de reconnaître une table à l’allure
différente dans la mesure où elle ne sera pas identique à celle que l’on
m’a désignée en première instance.

C’est la difficulté que rencontrent les étudiants qui apprennent


uniquement en mémorisant les corrections d’exercices types. Ils
apprennent à utiliser une notion dans le contexte exclusif de cet
exercice et ne parviennent pas ensuite à transférer leurs connaissances
d’un contexte à un autre.
Votre objectif : trouver des exemples différents venant illustrer la même
notion abstraite, et repérer ce qu’ils ont de commun.
Par exemple, définir ce qu’est une table : une table est composée d’une
surface plane, supportée par un ou plusieurs pieds, sur laquelle on peut
disposer des objets.

• Étape 8 - Des histoires inattendues, crédibles et


passionnantes : comment faire vos
recherches ?
La plupart des étudiants apprécient que leurs enseignants émaillent
leurs cours d’histoires, d’exemples concrets et d’expériences pratiques.
Plus les situations rapportées leur permettent de s’identifier aux
personnes ou personnages dont il est question (ou à l’enseignant quand
celui-ci réalise une expérience en situation), plus les étudiants sont
captivés, s’intéressent et retiennent les informations transmises.
Comment recréer ce phénomène lorsque vous êtes seul devant votre
contenu de cours à apprendre ?
Votre objectif : partir à la recherche des informations qui vous
donneront envie d’en savoir plus.
Certaines matières, certains auteurs, certains livres ou certains cours ne
vous intéressent pas. Vous avez beau vous forcer, vous installer à votre
bureau et ouvrir vos cahiers, votre motivation est en berne.

Pourtant, il a bien fallu que d’autres que vous s’intéressent à ces


contenus pour y consacrer des recherches et des ouvrages, qui font
qu’ils sont aujourd’hui enseignés. Partez en quête de ce qui les a
motivés : sur Internet, à la bibliothèque, en en parlant avec les étudiants
qui prennent du plaisir à étudier lesdites matières…
Les étudiants disent souvent qu’un enseignant motivant est un
enseignant motivé. Si celui que vous avez en cours ne correspond pas à
cette définition, trouvez les personnes qui, elles, y correspondent et
apprenez de leur expérience.

Résumé du Point-méthode
Pour comprendre et rendre mémorable un contenu que vous
cherchez à vous approprier, il vous faut adopter les huit
principes suivants :

1. Définir votre projet.


2. Exploiter votre profil pédagogique.
3. Mettre le doigt sur l’essentiel.
4. Exploiter judicieusement le temps dont vous disposez.
5. Identifier les questions soulevées.
6. Cerner la structure du contenu.
7. Passer par des exemples concrets pour maîtriser les notions
abstraites.
8. Partir à la recherche d’histoires inattendues, crédibles et fascinantes.

Fiche récapitula ve
Chapitre 10 : Rendre un contenu inoubliable

L’idée…
Pour comprendre et rendre mémorable un contenu que vous cherchez à
vous approprier, je vous propose de travailler selon les huit étapes
suivantes :
11
COMPRENDRE ET MÉMORISER AVEC
LES MIND MAPS®

Le système des Mind Maps® (appelées aussi cartes mentales ou schémas


heuristiques) a été inventé dans les années 1970 par le psychologue anglais
Tony Buzan. Il s’agit d’une manière schématique de représenter les liens
logiques qui articulent différentes informations sur une thématique donnée.
Pour une présentation plus approfondie, vous pouvez vous reporter à
l’ouvrage Une tête bien faite (voir la bibliographie p. 181).
Tony Buzan, pour élaborer sa technique, est parti d’un constat simple : les
informations nous sont principalement transmises de manière linéaire et
progressive (dans le cadre d’un exposé, d’un cours, d’un livre…) alors que
notre cerveau les enregistre de manière non linéaire et associative (voir le
chapitre 6 sur les associations). De ce fait, si je m’escrime à mémoriser les
informations qui sont compilées dans mon cours (prises en notes sur des
feuilles que j’ai remplies de gauche à droite et de haut en bas), à moins de
l’avoir appris par cœur comme s’il s’agissait d’un poème, je vais me
souvenir de mots et concepts-clés, qui seront dans mon esprit associés entre
eux de manière logique.
Mon cerveau va donc être contraint de réorganiser les informations afin de
les stocker plus facilement.
Concevoir une Mind Map® nous invite d’emblée à organiser les
informations de manière structurée. Nous sommes obligés de définir le
thème central et les sujets secondaires, de sélectionner les mots et concepts-
clés de notre contenu, de les articuler de manière logique en les triant et en
les organisant. Tony Buzan insiste par ailleurs sur l’importance d’utiliser cet
outil pour stimuler au maximum notre mémoire visuelle : en adoptant un
code couleur, en transformant les concepts en dessins, en localisant les
informations sur une page unique faisant la synthèse d’un ensemble de
données sur un thème choisi.
Transformer un contenu en Mind Map® permet donc d’instaurer un rapport
positif entre le cerveau et les informations : les notions sont structurées pour
une insertion optimisée.

Comment ça marche ?
Quels sont les usages concrets de cet outil ? Quel est son mode d’emploi ?
Et quel est l’intérêt d’organiser les informations de cette façon ?
Je vous propose ci-après quelques éléments de réponses… en Mind Map®.
Une année, j’ai élaboré un cours à destination de mes étudiants pour les
initier à l’utilisation des Mind Maps®. Si la grande majorité d’entre eux a
été convaincue de l’intérêt de la démarche (exploiter la mémoire visuelle,
faciliter l’assimilation des informations par le cerveau, synthétiser les
connaissances…), certains, il est vrai, n’ont pas voulu investir le temps
nécessaire à sa découverte.
Une étudiante m’a ainsi formulé les choses de la manière suivante : « Bon,
moi, madame, ma méthode actuelle, c’est vrai qu’elle est assez anarchique,
mais au moins je m’y retrouve. Et pour l’instant, ça marche. Alors pourquoi
chercher plus loin ? »
Le système des Mind Maps® est pourtant intéressant à deux niveaux dans le
cadre de l’apprentissage :
• d’une part, il exploite les différents principes de la mémoire et favorise
donc l’inscription des informations dans la mémoire à long terme ;
• d’autre part, il contraint celui qui l’utilise à trier, sélectionner, organiser,
structurer et mettre en lien les informations d’un contenu, et de ce fait,
il favorise également la compréhension.
Il faut cependant avoir à l’esprit que le système des Mind Maps® ne guide
pas la réflexion de celui qui l’emploie. Il est en réalité une boîte vide avec
de multiples tiroirs, des espaces de rangement très bien pensés et un
système interne d’organisation qui contraint celui qui l’utilise à se poser des
questions.
Ainsi, une étudiante qui s’y est convertie a pu exprimer son expérience de
la manière suivante : « J’ai d’abord choisi de rédiger des Mind Maps® pour
essayer d’apprendre plus efficacement mon cours. D’une part, je réunissais
toutes mes connaissances sur une seule feuille et, d’autre part, je
déterminais les liens logiques entre chaque élément. À présent, mes Mind
Maps® me servent plutôt de « fiche méthode ». J’y décris le parcours à
réaliser pour réussir un type d’exercice, encore une fois en établissant des
liens logiques. Je pense que ce qui rend une Mind Map® efficace, c’est le
travail d’analyse et de réflexion nécessaire avant la rédaction pour
déterminer ces liens logiques. Donc, contrairement aux simples fiches, cela
demande plus de temps. Cependant lorsque celle-ci est terminée, c’est
généralement que l’on a compris son cours. Pour finir, je dirais que le côté
visuel est plus attrayant pour les révisions, tout comme son côté
« compact ». En effet, voir que tout tient sur une seule feuille pour réviser
ses examens finaux a un certain côté rassurant. » (Je remercie ici
sincèrement Floriane pour son retour d’expérience.)
Une Mind Map® ne se substitue pas au travail d’analyse et de réflexion
nécessaire pour s’approprier son cours. Par contre, elle ne peut pas être
réalisée si ce travail préalable n’est pas effectué.
Le plus important réside dans le fait que la représentation des informations
afférentes à un contenu sous forme de Mind Map® est un merveilleux
moyen d’exploiter tous les principes de la mémoire que nous avons exposés
dans ce livre :
• les indices évocateurs : grâce à l’usage des mots et concepts-clés ;
• le pouvoir de la mémoire visuelle : les Mind Maps® sont représentées
sur une feuille unique, et elles stimulent la vue grâce à l’usage des
couleurs, des dessins, etc ;
• l’ordre : la formalisation des informations selon la logique des
ramifications successives conduit à les ordonner de manière logique ;
• les associations : en n’utilisant que des mots-clés ou des dessins, on se
déleste des « mots inutiles » qui ne jouent aucun rôle dans le processus
de mémorisation, mettant ainsi en évidence les liens qui articulent les
notions et concepts entre eux ;
• la localisation : car l’organisation des informations conduit à les
localiser ; ainsi le cerveau intègre la place qui a été choisie pour chaque
contenu sur l’espace de la feuille ;
• l’agrégation : une Mind Map® est en elle-même une illustration du
principe d’agrégation ; les mots-clés articulés entre eux ont demandé à
l’auteur de se délester des informations qui n’étaient pas nécessaires à
la réactivation du contenu ;
• les pauses : une Mind Map® s’accommode très bien des pauses qu’un
étudiant peut effectuer aux différentes étapes de sa réalisation ; en
reprenant son travail après ses 5 minutes d’interruption, la Mind Map®,
même inachevée, lui permettra de reprendre très facilement là où il en
était resté (la structure d’ensemble est immédiatement repérable, et les
ajouts ou modifications se font sans difficulté) ;
• les réactivations : une Mind Map® tient sur le recto d’une feuille (facile
à consulter, à transporter…), la synthèse des informations rend le
contenu plus « compact » (et donc moins impressionnant) ; les mots ou
dessins-clés sont d’excellents indices évocateurs (ce qui permet de
stimuler la mémoire à loisir)… Il s’agit donc d’un outil
particulièrement maniable qui permet des réactivations faciles aussi
souvent que nécessaire.
Il existe de nombreux arguments pour vous inciter à vous convertir aux
Mind Maps®. Vous pouvez donc tenter dès à présent de vous munir d’une
feuille et d’un stylo, et d’essayer de concevoir par exemple la Mind Map®
de ce livre : le titre au centre, une ramification par chapitre (avec un mot ou
une image-clé), puis des mots-clés triés et organisés les uns par rapport aux
autres…
C’est là que vous allez sûrement rencontrer quelques difficultés et vous
poser quelques questions, car si cela paraît simple de prime abord, de
nombreux questionnements peuvent rester en suspens lorsque l’on passe à
la pratique.

Foire aux ques ons


Voici un florilège des questions, et leurs réponses, que vous pourriez être
amené à vous poser en réalisant une Mind Map®.

• Avez-vous le droit de ne pas dessiner ou de ne pas me re de


couleur sur votre Mind Map® ? Devez-vous… ? Êtes-vous
obligé de… ?
Partez d’abord d’un principe simple : en ce qui concerne les Mind Maps®,
ou tout autre outil visant l’amélioration de la productivité, de la créativité
ou de l’efficacité, vous êtes toujours libre de faire comme bon vous semble.
N’est-ce pas d’ailleurs ce que vous faites déjà ? Vous prenez ce qui vous
intéresse dans une démarche, et vous l’adaptez ensuite pour qu’elle
corresponde à vos besoins, à vos objectifs ou à votre personnalité.
En revanche, avant de supprimer certains aspects de l’outil, assurez-vous
que vous ne le faites pas pour de mauvaises raisons (c’est trop compliqué,
ça demande trop de temps ou trop d’efforts…), alors que cet aspect
constitue justement sa valeur ajoutée.
Pour répondre à la question initiale donc, Tony Buzan a conçu le système
des Mind Maps® pour booster, entre autres, les capacités de mémorisation.
Ainsi, l’usage de la couleur et des dessins constitue un moyen dont l’intérêt
a été scientifiquement prouvé dans ce domaine.
De la même façon, vous pouvez décider d’écrire des phrases entières sur les
branches de vos Mind Maps® (les personnes qui ont un profil
d’apprentissage auditif/verbal se sentiront naturellement plus à l’aise si elles
rédigent entièrement certaines informations). Cependant, s’il est suggéré de
n’utiliser que des mots ou des images-clés, il y a aussi des raisons :
beaucoup de mots (les conjonctions de coordination, les articles, etc.) ne
jouent aucun rôle dans la mémorisation car le cerveau, quand il stocke les
informations, ne fait qu’associer des concepts et des mots-clés entre eux.
Ainsi, vous concentrer uniquement sur les « indices évocateurs pertinents »
va également vous aider à inscrire les informations dans votre mémoire à
long terme.

• Comment choisir les bons mots-clés ?


Le bon mot-clé est celui qui a le meilleur « pouvoir de réactivation ».
Quand vous le lisez, il fonctionne comme un indice auquel est
« accrochée » toute la ribambelle d’autres idées, concepts ou informations
que vous souhaitez retenir.

• Devez-vous obligatoirement reprendre le plan de l’auteur ?


Lorsque vous faites la Mind Map® d’un livre, d’un cours ou plus
généralement d’un contenu qui n’est pas de vous, il est important de vous
assurer que vous avez bien compris la pensée de l’auteur avant de la
discuter, la critiquer ou l’invalider. Parfois, comprendre un auteur vous
conduit à réorganiser ses arguments et sa pensée selon une logique qui vous
paraît plus… logique. La flexibilité de l’outil Mind Map® s’adapte
particulièrement bien à ce processus de personnalisation et d’adaptation.

• À quelle étape de l’appren ssage doit-on réaliser une Mind


Map® ?
Lorsque vous « mind-mappez » pour vous approprier un contenu, vous
passez par différentes phases : une première lecture rapide, une lecture plus
approfondie, la définition des concepts les plus compliqués, une prise de
recul pour une vue d’ensemble, une synthèse des informations-clés en vue
de les mémoriser.
En réalité, vous pouvez réaliser une Mind Map® à chacune de ces étapes.
Elle sera le reflet de votre niveau de compréhension et de distanciation
critique. Plus vous maîtriserez le contenu, plus il sera simple pour vous de
trouver les mots-clés les plus pertinents (un simple mot suffira alors à
réactiver un grand nombre d’informations) et de les associer (les liens
logiques entre les idées vous apparaîtront de plus en plus clairement).

• Comment réaliser des Mind Maps® qui n’ont pas un aspect


« brouillon » ?
Si ce sont les idées, les informations ou les mots-clés qui vous donnent cette
impression de brouillon, c’est soit que vos idées elles-mêmes sont
brouillonnes, soit que les idées de la personne dont vous « mind-mappez »
le propos (et/ou la façon dont elle l’expose) le sont. Ce n’est pas un
problème a priori (même si l’on préfère penser clairement d’emblée,
écouter des orateurs ou lire des auteurs dont le propos est clair et structuré).
Des idées géniales se cachent parfois sous un emballage peu avenant (et
inversement d’ailleurs…).
De la même façon que vous pouvez faire le brouillon d’un dessin ou d’un
écrit, vous pouvez commencer par faire le brouillon d’une Mind Map®. Les
outils informatiques sont alors parfaits pour corriger, adapter et améliorer sa
production au fur et à mesure. C’est l’un des avantages d’utiliser un logiciel
informatique (Xmind et Freemind sont des logiciels de Mind Map®
gratuits). Ils vous permettent de ne pas avoir à anticiper l’espace nécessaire
dont vous allez avoir besoin.
En revanche, attention à la phase « impression », vous pouvez avoir des
surprises… comme une Mind Map® qui occuperait un mur entier de votre
bureau (c’est du vécu !).

• Jusqu’où doit-on aller dans les détails (ou dans la synthèse) ?


Certains de mes étudiants réalisent des fiches de révision sous forme de
Mind Map®. Une fiche par feuillet A4 constitue un bon objectif pour
réactiver ensuite régulièrement le contenu en vue de le mémoriser.
Une Mind Map® peut ainsi correspondre à un chapitre, au plan général du
cours, à une méthode de résolution d’un problème, et même à tout cela à la
fois. Chacun trouve l’usage qui lui convient.
• Comment trouver l’inspira on pour réaliser une Mind Map® ?
Voilà une question que je trouve très intéressante. Malheureusement, au
risque de vous décevoir, « une manière d’organiser les idées » ne
remplacera jamais les idées elles-mêmes, aussi ingénieuse soit-elle.
Par contre, ayez toujours à l’esprit qu’une Mind Map® constitue « une
manière d’organiser et de structurer les informations » qui va favoriser :
– la mémorisation car elle permet d’utiliser toute une série de procédés
mnémotechniques particulièrement efficaces (les couleurs, l’espace, les
associations, etc.) ;
– la compréhension car elle oblige à rechercher et mettre en évidence les
liens logiques entre les informations ;
– la réflexion car elle contraint à catégoriser et organiser ses connaissances ;
– la créativité car elle invite à générer des liens inédits entre vos idées.

Résumé
Une Mind Map® correspond à un outil d’organisation des
informations qui favorise à la fois leur compréhension et leur
mémorisation.
Apprendre un contenu et prendre des notes grâce
aux Mind Maps®
Je vais vous présenter maintenant des démarches concrètes pour vous
approprier le système des Mind Maps® dans le cadre de différentes
situations d’apprentissage.

Apprendre un contenu grâce aux Mind Maps®


Si l’outil permet de booster les capacités de compréhension, de
réflexion et de mémorisation, exploiter le système des Mind Maps®
dans le cadre des apprentissages scolaires semble tout indiqué. Il vous
faudra cependant un certain investissement en temps pour vous
approprier la méthode. Représenter les informations de cette manière
est si différent de la prise de notes linéaires habituelle que cela
demande certains efforts.
Ainsi, si vous décidez de changer de méthode de travail, vous allez
peut-être être confronté à des difficultés de compréhension. Si vous
avez, par exemple, décidé de prendre des notes sous forme de Mind
Map®, votre enseignant n’a pas forcément dans le même temps pris la
décision de vous simplifier la tâche en ralentissant son rythme de
parole ou en vous donnant des conseils. Vous devrez donc gérer deux
objectifs conjointement : l’organisation des informations et leur
compréhension.
N’oubliez pas une chose : une Mind Map® est une manière de
représenter les informations. De ce fait, elle met en évidence votre
niveau de compréhension d’un contenu. L’avantage, c’est que vous
pouvez la construire au fur et à mesure que vous vous appropriez les
connaissances. Elle devient alors un guide d’apprentissage en même
temps qu’une manière de formaliser vos fiches de révision ou vos
notes.
Ainsi, faire une Mind Map® peut convenir à chaque étape
d’apprentissage :
• au moment de la découverte d’un contenu (pour une première
structuration) ;
• au moment de sa lecture rapide (pour identifier les points
compliqués) ;
• au moment de sa lecture approfondie (pour faire des liens logiques
entre les informations) ;
• au moment de sa révision (pour synthétiser les connaissances afin
de les mémoriser plus facilement).
Dans la mesure où réaliser une Mind Map® vous contraint à faire des
liens logiques entre les informations, à structurer l’ensemble du
contenu, à identifier les différentes thématiques, à sélectionner les
mots-clés et à mettre en forme l’ensemble, cela demande à l’évidence
un certain temps. Mais il faut bien comprendre que c’est ce même
temps qui s’impose à vous lorsque vous souhaitez comprendre et
mémoriser n’importe quel contenu. Il s’agit donc d’étapes
d’apprentissage essentielles et nécessaires.
Pour mémoriser efficacement une Mind Map®, n’oubliez pas de vous
appuyer sur votre profil pédagogique (voir le chapitre 2) : un auditif va
s’entraîner à se redire dans sa tête ce qui est écrit sur sa Mind Map®, un
visuel va s’entraîner à la revoir dans sa tête, alors qu’un kinesthésique
va s’entraîner à la refaire.
Puisqu’une Mind Map® vous conduit à synthétiser les informations sur
le recto unique d’une feuille, elle est très maniable : vous pouvez la
glisser dans vos affaires pour la réviser entre deux cours, vous
organiser un planning de réactivations régulières ou encore procéder à
des échanges avec d’autres étudiants pour comparer et compléter vos
approches.
Il peut s’avérer en effet très intéressant de donner à voir ses Mind
Maps® à d’autres (enseignants, collègues…) afin qu’ils vous donnent
leur avis concernant leur pertinence, la justesse des informations
reportées et les oublis éventuels. Il s’agit d’un outil dynamique qu’il
faut utiliser comme tel.

Prendre des notes sous forme de Mind Map®


On l’a vu précédemment, réaliser une Mind Map® vous met d’emblée
dans une posture active : vous devez trier, sélectionner et organiser les
informations en même temps qu’elles vous sont transmises. Cela
constitue un gain de temps appréciable, dans la mesure où vous mettez
en forme les connaissances immédiatement.
Ce travail de mise en forme vous permet également de préparer les
réactivations ultérieures des informations. Vous faites des liens
associatifs qui vous permettent de comprendre le contenu en même
temps qu’on vous le transmet, et vos notes s’apparentent d’emblée à
des fiches (synthétiques, sur le recto d’une feuille…) qui serviront au
moment de vos révisions.
Mais voyons en pratique comment cela se passe.
Lorsque vous suivez un cours complexe dans des conditions parfois
peu propices à la concentration (notions abstraites, discipline nouvelle,
transmission magistrale, rythme rapide, ambiance bruyante…), et que
vous ne parvenez pas à vous représenter facilement ce que le prof
explique, comment alors être en mesure de réaliser une Mind Map®
pertinente ?
Ayez à l’esprit qu’écrire peut vous empêcher de penser lorsque le
contenu transmis vous apparaît trop compliqué, trop dense ou trop
abstrait. Or, le cours doit vous aider à mieux comprendre. Il vaut donc
mieux vous concentrer sur ce que l’enseignant raconte plutôt que sur la
retranscription de ce qu’il dit. Sinon, vous risquez de noter
scrupuleusement sans rien comprendre du tout… en vous disant « je
comprendrai plus tard »…
Il vous faudra parfois faire quelques recherches ultérieures pour trouver
les livres, manuels ou ressources Internet qui pourront compléter le
cours. Mais si vous faites cet effort, vous pourrez vous concentrer sur
les explications de l’enseignant sans craindre de ne pas avoir tout noté.
Comment faire ensuite ? Voici ce que vous devez prendre en note : le
plan, les noms, les formules, le nom des notions et des concepts (quand
le prof les explique, vous écoutez et cherchez à comprendre), les
dessins/graphiques/schémas (cela favorise leur mémorisation), les
exemples que vous ne retrouverez pas ailleurs, les références (livres,
articles, auteurs…) et les conseils.
Évidemment, plus l’enseignant sera clair dans sa façon de présenter son
contenu, moins vous aurez de difficultés à construire votre Mind Map®
(dans la mesure où vous devez structurer le plan en nommant vos
branches principales et sélectionner des mots-clés pertinents).
Certains contenus seront cependant davantage mis en valeur avec des
représentations schématiques plus opérantes et adaptées comme les
cycles, les frises chronologiques, les tableaux ou encore les
organigrammes. En matière de représentation visuelle des informations,
il est très important de rester créatif !

Résumé du Point-méthode
L’organisation des informations sous forme de Mind Map®
permet de favoriser les capacités de compréhension, de
réflexion et de mémorisation. Il convient cependant de définir
son objectif avec précision pour en exploiter tout le potentiel.

Fiche récapitula ve
Chapitre 11 : Comprendre et mémoriser avec les Mind Maps®
L’idée…
Une MIND MAP® correspond à un outil d’organisation des
informations qui favorise à la fois leur compréhension et leur
mémorisation. Le principe consiste à structurer les informations sur le
modèle non linéaire utilisé par le cerveau lorsqu’il stocke les
informations :
- un thème central,
- des ramifications successives,
- des informations-clés (mots ou dessins) sur chaque branche,
- des couleurs, des symboles, de l’humour…

Comment exploiter efficacement l’ou l « Mind Map® » pour favoriser


la mémorisa on des informa ons, en tenant compte de son profil
pédagogique ?
12
MÉMORISER, COMPRENDRE ET
RÉFLÉCHIR AVEC LES FICHES DE
RÉVISION

Pendant un temps, j’ai cru que les étudiants qui s’astreignaient à faire des
fiches de révision devaient nécessairement avoir plus de chances que les
autres de réussir leurs examens. Pour toute personne extérieure à la chose, il
s’agit en effet d’un indice visible et mesurable d’implication et de sérieux.
Puisque l’étudiant passe du temps à rédiger ses fiches, c’est qu’il travaille.
Et s’il travaille, il y a fort à parier qu’il obtiendra de bons résultats.
Pourtant, au risque de vous décevoir, j’ai pu constater à de nombreuses
reprises qu’élaborer des fiches de révision ne constituait absolument pas
une garantie de réussite. De la même façon que faire et refaire des exercices
qui ont été traités en cours ou en travaux dirigés ne permet pas à coup sûr
d’obtenir de bonnes notes au moment des examens.
Car en réalité, ce n’est pas « ce que vous faites » qui est important, mais ce
qui se passe dans votre tête pendant que vous agissez. Ainsi, certains
étudiants ne font pas de fiche de révision et obtiennent d’excellentes notes,
alors que d’autres compilent l’ensemble de leurs cours sur des fiches
cartonnées et échouent systématiquement.

Quel est votre objec f lorsque vous apprenez ?


La première question à vous poser est de savoir quel objectif vous
poursuivez lorsque vous apprenez.
En général, lorsque vous abordez un contenu pour la première fois, votre
objectif est de le comprendre. Ensuite, lorsque vous vous préparez en vue
d’un examen, votre objectif est de mémoriser les informations susceptibles
de vous être utiles pour aborder l’épreuve. Enfin, lorsque vous composez
pendant votre examen, votre objectif est de réfléchir efficacement.
• Comprendre suppose de vous poser les bonnes questions pour donner
du sens aux informations que vous cherchez à vous approprier.
• Mémoriser suppose d’anticiper l’usage concret que vous pourrez être
amené à faire des informations comprises. Il s’agit alors de les associer
de manière logique, de les organiser, de les agréger entre elles et de les
réactiver (autrement dit, d’exploiter tous les grands principes de la
mémoire présentés dans les chapitres précédents).
• Réfléchir suppose enfin que vous ayez ordonné, structuré et associé les
informations dans votre mémoire de telle sorte que vous pourrez
retrouver efficacement la connaissance « utile » en fonction du
problème qui vous sera soumis.
Ces différentes opérations mentales (se questionner, donner du sens aux
informations, les articuler de manière logique, les organiser de manière
efficiente…), certains étudiants les réalisent spontanément lorsqu’ils
apprennent.
• Dans le cadre du cours, ils mettent en lien les informations avec ce
qu’ils savent déjà, anticipent l’usage qu’ils pourront en faire, se
questionnent et structurent les données.
• Dans le cadre de leurs révisions, ils s’attachent à cerner quelles sont les
questions à se poser à chaque étape de la résolution du problème
identifié, ils retiennent quels sont les pièges à éviter et les différentes
conclusions possibles en fonction des résultats obtenus.
• Dans le cadre des examens, ils se demandent quel outil va leur être utile
parmi tous ceux qu’ils connaissent, ils réactivent dans leur tête la
structure globale de toutes les connaissances afférentes au sujet posé et
sont à même de sélectionner celle qui convient en fonction des
circonstances.
La deuxième question à vous poser est donc de savoir si vous réalisez
spontanément ces différentes opérations intellectuelles pendant que vous
apprenez.
Si vous les réalisez déjà, il est probable que vous avez le sentiment de ne
pas avoir besoin de faire de fiches de révision.
Si vous réalisez par contre que vos séquences de travail ne vous conduisent
pas à penser de cette façon, acquérir une bonne méthode pour réaliser des
fiches de révision vous sera vraisemblablement très utile.

Pourquoi faire des fiches de révision lorsque vous


apprenez ?
• Pour vous poser les bonnes questions : pour ce faire, une bonne
exploitation des « 5 questions de la compréhension » (voir p. 78)
constitue une excellente stratégie.
• Pour donner du sens aux informations : vos fiches peuvent vous
conduire à visualiser vos connaissances, à les définir et/ou à formaliser
votre expérience pratique. Elles peuvent donc convenir à tous les types
de profil pédagogique et vous permettre d’approfondir votre
compréhension d’un contenu.
• Pour associer les informations entre elles : une méthode adaptée vous
obligera à créer des liens logiques entre les informations, ce qui
constitue le processus essentiel de la compréhension et favorise
également la mémorisation des informations.
• Pour structurer votre contenu : une fiche doit vous amener à clarifier
l’organisation générale d’un contenu de manière claire et ordonnée, ce
qui favorise vos capacités de réflexion.
• Pour agréger vos connaissances : une fiche vous conduit également à
faire un travail de synthèse. Vous allez donc devoir cerner les mots, les
formules et les concepts-clés inhérents à votre contenu.
• Pour favoriser votre motivation : une fiche qui met d’abord en évidence
la structure des informations est facile à compléter et/ou à modifier
après une période de pause. Vous pouvez donc la réaliser par étapes
successives sans perdre de vue votre objectif.
• Pour réactiver les informations plus facilement : une fiche synthétique
qui exploite tous les principes précédents tient sur le recto d’une feuille
de format A4. Elle est donc facilement maniable pour les révisions que
vous planifierez.
• Pour réfléchir plus efficacement : des informations structurées,
sélectionnées et ordonnées sur un espace défini vous conduisent à avoir
une vue organisée des connaissances à votre disposition. Le travail qui
consiste à sélectionner les outils appropriés en fonction des problèmes
qui vous seront soumis au moment des examens sera donc facilité.

Résumé
Une bonne technique de réalisation de fiche de révision doit
vous guider dans le processus de compréhension d’un contenu,
et vous permettre de mémoriser celui-ci plus efficacement.
Dans le cadre d’un contexte de résolution de problème, ce travail réalisé
doit également vous amener à réfléchir d’une manière plus efficace.
Les fiches « contenu », les fiches « méthode » et les
fiches « problème »
Pour la plupart d’entre nous, une « fiche de révision » évoque le
résumé synthétique d’un contenu de cours. C’est d’ailleurs la raison
pour laquelle beaucoup d’étudiants ne prennent pas le temps d’en
faire : s’il s’agit de recopier ses notes, un manuel ou un polycopié en
plus petit, quel intérêt ?
Il existe effectivement des fiches de révision qui ne servent à rien, dans
le sens où le travail réalisé ne stimule ni les capacités de
compréhension, ni les capacités de mémorisation. Si vous vous
contentez de recopier quelques informations-clés pour les relire encore
et encore jusqu’à l’examen, vous pouvez passer à côté de votre
véritable objectif, qui est d’être en mesure de réutiliser vos
connaissances dans un contexte plus ou moins inédit.
Je vais donc vous proposer une démarche pour élaborer trois types de
fiches de révision différents : des fiches « contenu », des fiches
« méthode » et des fiches « problème ». Dans la mesure où ces trois
types de fiches doivent chaque fois vous conduire à mieux comprendre
et mémoriser un contenu, les réaliser vous demandera assurément plus
de travail et d’efforts que la réalisation d’une fiche classique. Mais si
cela vous permet au bout du compte d’améliorer de manière
significative vos capacités de réflexion, alors j’espère vous convaincre
que cela en vaut la peine.

Les fiches « contenu »


La fiche « contenu » est celle qui ressemble le plus à la fiche de cours
classique. En revanche, son objectif n’est pas d’offrir une compilation
linéaire des informations qu’il s’agira ensuite de se répéter, mais de
donner lieu à l’appropriation des informations qui composent un
contenu (un cours, un livre, un chapitre de manuel…) en s’attachant à
cerner les points suivants :
• la structure ;
• les informations-clés ;
• et les liens logiques qui articulent ces informations.
La réalisation d’une Mind Map® sied très bien à ce type d’objectif.
Vous synthétisez vos connaissances en ayant le souci de mettre en
évidence leur définition (« c’est quoi ? »), leur origine ou
démonstration (« pourquoi ? ») et les liens qui existent entre elles
(« avec quoi ? »).

Les fiches « méthode »


La fiche « méthode » a pour objectif de vous amener à maîtriser
l’utilisation d’un outil (un théorème mathématique, une technique
d’argumentation, un savoir-faire pratique…). Il convient ainsi de mettre
en évidence les points suivants :
• la définition de l’outil (conditions d’utilisation, formule s’il s’agit
d’un outil mathématique, vocabulaire…) ;
• l’utilité de l’outil (à quel type de problème permet-il de trouver des
solutions ?) ;
• la démarche d’utilisation (les étapes successives, les questions à se
poser, les pièges à éviter, les conclusions en fonction des résultats
obtenus).
Vous établissez clairement la définition d’un outil (« c’est quoi ? »),
l’usage concret que vous pouvez en faire (« pour quoi faire ? ») et la
démarche pour l’utiliser (« comment ? »).

Les fiches « problème »


Réaliser une fiche « problème » suppose que vous ayez pris du recul
concernant tous les outils (théorèmes, définitions, techniques, savoir-
faire…) inhérents à un champ de connaissances donné. Il s’agira
ensuite d’identifier un type de problème à résoudre et de classer ces
différents outils en fonction des circonstances.
Il conviendra alors de mettre en évidence les points suivants :
• les différents types de problèmes que vous êtes censé être à même
de savoir résoudre ;
• les outils pertinents (en fonction des données qui vous sont fournies
et des objectifs imposés).
Vous déterminez un type de problème qui pourrait vous être soumis et
vous organisez et triez tous les outils (« pour quoi faire ? ») que vous
maîtrisez sur la question (« avec quoi ? »).

Résumé du Point-méthode
Les fiches « contenu » doivent vous permettre de cerner la
structure globale d’un ensemble d’informations, les liens qui
les articulent de manière logique, ainsi que les connaissances-
clés qui le composent.
Les fiches « méthode » doivent vous amener à maîtriser parfaitement le
« mode d’emploi » d’un outil (définition, conditions d’utilisation,
étapes successives de résolution du ou des problèmes qu’il permet de
résoudre, conclusions possibles en fonction du résultat obtenu).
Les fiches « problème » doivent vous conduire à organiser tous les
outils que vous maîtrisez concernant un problème ou un objectif donné
(à partir du type de problème identifié, quelles sont les questions
successives que vous devez vous poser, qui vous permettent de
sélectionner les outils, démarches ou méthodes appropriées).

Fiche récapitula ve
Chapitre 12 : les fiches de révision

L’idée…
Une bonne fiche de révision doit vous guider dans le processus de
compréhension d’un contenu et vous permettre de le mémoriser plus
efficacement. Dans le cadre d’un contexte de résolution de problème,
ce travail réalisé doit également vous amener à réfléchir d’une manière
plus efficiente.
Il existe ainsi différents types de fiche : des fiches CONTENU, des
fiches MÉTHODE et des fiches PROBLÈME.

Comment réaliser des fiches de révision qui favorisent les capacités


de compréhension et de réflexion ?
CONCLUSION

Il y aura toujours des personnes qui auront de meilleurs résultats que


d’autres. Pour autant, gardez toujours en tête que progresser est à la portée
de tous.
Dans les différentes institutions où j’ai travaillé comme enseignante
(université, école d’ingénieurs, école d’éducateurs), j’ai toujours eu à cœur
de favoriser la confiance en eux des étudiants, afin qu’ils croient en leurs
capacités à réussir.
Pour autant, il n’a jamais été question de les « assister » ou de leur
transmettre des contenus finalisés qu’ils n’auraient plus dès lors qu’à
s’approprier. La plupart sont d’ailleurs très attachés à leur liberté de penser
par eux-mêmes. Je n’ai fait alors que les accompagner dans le travail de
mise en valeur et d’exploitation de leur potentiel.
Ce livre procède de la même démarche.
N’oubliez jamais que vous avez un nombre insoupçonnable de ressources à
exploiter, en vous-même. J’espère donc que ce livre vous aura permis
d’envisager de nouvelles voies d’apprentissage, plus adaptées à votre
personnalité, à votre profil pédagogique et à vos objectifs.
BIBLIOGRAPHIE

Audrey Akoun, Isabelle Pailleau, Apprendre autrement avec la Pédagogie


Positive, à la maison et à l’école, (re)donnez à vos enfants le goût
d’apprendre, Eyrolles, 2013.
Tony Buzan, Une tête bien faite, Eyrolles, 2011.
Tony Buzan, Booster sa mémoire, Éditions d’Organisation, 2004.
Joshua Foer, Aventures au cœur de la mémoire, Robert Laffont, 2012.
Chip Heath et Dan Heath, Ces idées qui collent, Pourquoi certaines idées
survivent alors que d’autres meurent, Village Mondial, 2007.
Antoine de La Garanderie, Les Profils pédagogiques, Le Centurion,
Paidoguides (épuisé).
Antoine de La Garanderie, Pédagogie des moyens d’apprendre, Les
enseignants face aux profils pédagogiques, Le Centurion, Paidoguides
(épuisé).
Guy Sonnois, Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie
des gestes mentaux, Chronique sociale, 2009.
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