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Biographie auteur
Hélène Weber est psychologue et Docteur en Sociologie. Enseignante à
l’Université de technologie de Troyes, elle accompagne des étudiants de
première année et les aide à acquérir une méthode de travail adaptée aux
études supérieures.
www.editions-eyrolles.com
Hélène Weber
Illustra ons de Dominique Donckels
OBJECTIF
MÉMOIRE
Au lycée et à l’université, (re)trouvez le goût de
travailler avec plaisir et efficacité
Éditions Eyrolles
61, boulevard Saint-Germain
75240 Paris cedex 05
www.editions-eyrolles.com
La collection Apprendre Autrement propose des livres pour apprendre de façon ludique, créative et
avec plaisir.
Illustrations originales de Dominique Donckels
http://nomdichtoupette.blogspot.be/
www.ruedesecoles.be
Mise en pages : Dominique Donckels
http://dominique-donckels.be/
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiel lement
le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre
français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© Groupe Eyrolles, 2013
ISBN : 978-2-212-55702-2
SOMMAIRE
Dédicace
Introduction
Mode d’emploi
À tous mes étudiants, qui par leurs critiques, leur curiosité et leurs
encouragements m’aident chaque jour à être une meilleure enseignante.
Hélène Weber
À ma famille, mes amis, mes élèves. Pour leur soutien, leurs conseils
avisés, leur innocence. Et parce qu’ils sont, heureusement, si bon public !
Dominique Donckels
INTRODUCTION
Résumé
L’essentiel du chapitre en quelques phrases.
Point méthode
Méthodes de travail concrètes qui permettent d’exploiter les
notions abordées dans le chapitre qui précède.
Méthode synthèse
L’essentiel des méthodes en quelques phrases.
1
LE PIÈGE DES PROCÉDÉS
MNÉMOTECHNIQUES
Résumé
Si vous déconnectez la mémorisation des informations que vous
apprenez de leur compréhension, vous ne serez pas en mesure
de mettre vos connaissances au service de la résolution de
problèmes, ni donc de réfléchir efficacement.
Mais que veut dire « comprendre » un contenu ? Quelles sont les stratégies
à mettre en œuvre ?
C’est ce que nous allons voir ensemble maintenant au chapitre 2.
2
DÉCOUVRIR SON PROFIL PÉDAGOGIQUE
Résumé
Les procédés mnémotechniques s’appuient principalement sur
l’exploitation de la capacité à évoquer visuellement les
informations. Les étudiants de profil pédagogique auditif ou
kinesthésique doivent ainsi s’entraîner à évoquer visuellement un contenu
qu’ils souhaitent mémoriser s’ils veulent apprécier tout leur potentiel.
D’autres stratégies sont cependant envisageables, dont vous pourrez prendre
connaissance au fil de la découverte des différents principes qui gouvernent
votre mémoire.
Les informa ons que vous mémorisez ont-elles un
sens ?
Dans le cadre de mon travail d’enseignante, il m’est arrivé d’organiser
des séances de révision en groupe. Je prenais un exercice de travaux
dirigés au hasard dans la liste de ceux que les étudiants étaient censés
maîtriser, je les installais quatre par quatre au tableau, et je leur
demandais de refaire l’exercice en question.
Une séance parmi toutes celles que j’ai organisées m’a marquée en
particulier : les quatre étudiants au tableau devaient répondre à la
première question d’un exercice, puis effectuer une pause pour que
nous discutions de leurs réponses.
Première question : ils écrivent tous exactement la même phrase au
tableau : « oui, parce que la fonction est continue et dérivable par
morceaux » (mathématiques). Je les regarde. Ils me regardent,
satisfaits.
Je leur demande : « Et qu’est-ce que ça veut dire ? »
« Mais c’est la bonne réponse madame », s’exclament-ils.
« Oui, mais ça veut dire quoi ? » répliqué-je.
Ils se regardent, penauds. Comme ils savent que je ne connais rien aux
maths, ils espèrent que je ne vais pas insister :
« Bon, en fait, tous les exercices de cette série commencent par la
même question. Et nous, on sait que quand on répond ça, on a bon et on
peut passer à la suite. »
« Et vous ne savez pas ce que ça veut dire ? »
« Non… »
L’un des quatre étudiants ose néanmoins intervenir : « En fait, moi,
quand j’écris cette phrase, c’est à ça que cela me renvoie… » Il dessine
alors un repère au tableau, sur lequel il trace un exemple de fonction
« continue et dérivable par morceaux ».
Ceci est un exemple frappant de la façon dont on peut mémoriser une
réponse à une question dans le cadre d’un exercice, sans avoir intégré
le sens de ce que l’on a appris. Ainsi, si cette même notion était
mobilisée dans un contexte différent, ces étudiants n’auraient aucun
moyen de faire un lien avec ce qu’ils ont mémorisé par cœur dans ce
cas précis.
Alors comment « donner du sens » à ce que l’on apprend en tenant
compte de son profil pédagogique ?
Lorsque vous cherchez à vous approprier un cours, une méthode de
calcul, des méthodes de résolution d’exercices ou finalement n’importe
quelle notion abstraite, rappelez-vous que vous pouvez tirer profit de
votre profil pédagogique à la fois pour améliorer votre compréhension
et votre mémorisation du contenu.
Je vais vous proposer différentes stratégies d’apprentissage afin que
vous puissiez commencer à envisager comment procéder concrètement.
Car on peut avoir pris conscience que l’on est de « profil pédagogique
kinesthésique » et se retrouver néanmoins démuni lorsqu’il s’agit de
réviser un cours comprenant dix pages de texte.
L’idée…
Le pédagogue Antoine de La Garanderie a défini trois profils
pédagogiques spécifiques (auditif, visuel et kinesthésique), qui
correspondent chacun à une manière particulière d’évoquer les
informations dans sa tête lorsque l’on apprend.
Chaque début d’année scolaire depuis trois ans, je me lance comme défi de
mémoriser le prénom des 250 étudiants que je vais accompagner par petits
groupes pendant l’année.
Bon, je vous l’avoue tout de suite, je rencontre quelques difficultés pour
atteindre mon but, même si j’améliore mes performances d’année en année,
grâce à l’utilisation de procédés mnémotechniques judicieusement choisis.
Voici comment je m’y suis prise la première année : lors du premier cours,
j’ai demandé à chaque étudiant d’inventer une phrase qui raconterait une
chose le concernant personnellement et rimant avec son prénom. Mon idée
était d’utiliser le principe d’association et la rime pour fixer les
informations dans ma mémoire. Au final, ce sont plutôt les informations
personnelles ou amusantes que je suis parvenue à associer aux personnes
qui m’ont permis d’atteindre mon objectif.
Mais il faut bien le dire humblement, j’avais oublié la moitié des prénoms
au bout de deux semaines…
Je me suis interrogée néanmoins sur ceux qui m’étaient restés en tête.
Je me souvenais de Thomas, dont la phrase était « avoir un totem
d’Obama » (on retrouvait le début et la fin de son prénom dans les
sonorités).
Je me souvenais également de Paul. Après beaucoup de réflexion, il avait
fait le lien entre son prénom et la chaîne de boulangerie homonyme. À
chaque fois que je le rencontrais dans les couloirs, je le visualisais
spontanément avec une baguette à la main… je me disais donc qu’il y avait
une histoire de boulangerie dans l’affaire… et je retrouvais son prénom.
Je me souvenais aussi de Romain. Lors du premier cours, il nous avait
raconté qu’il était passionné de mécanique et de motos. Il en possédait trois,
mais elles avaient toutes brûlé dans son garage quelques jours plus tôt.
Cette histoire m’avait tellement marquée que le prénom de cet étudiant et
son visage se sont instantanément gravés dans ma mémoire.
Je me souvenais évidemment d’autres prénoms encore. Pour chacun, c’était
une information insolite, drôle ou inattendue qui avait joué le rôle de
« marqueur ».
Je restais cependant très insuffisamment satisfaite de la stratégie que j’avais
mise en place. Pour un nombre incalculable d’étudiants, j’étais incapable de
me rappeler quoi que ce soit en les croisant dans les couloirs. Enfin, ce n’est
pas tout à fait juste… Je me souvenais en fait de la plupart des visages.
Ayant fait l’effort conscient et motivé de me souvenir d’eux, je pouvais sans
me tromper affirmer s’ils étaient dans mon cours ou pas. En revanche,
j’avais beau les fixer avec attention, pour la plupart d’entre eux, aucun
« indice » ne me permettait de me souvenir de leur prénom.
L’année suivante, forte de mes multiples recherches sur les procédés
mnémotechniques, j’ai adopté une stratégie qui s’est révélée beaucoup plus
efficace : partir d’un « indice » pour crocheter des informations.
Pourquoi ça marche ?
Vous avez repéré que, chaque fois, je pars d’un détail précis, auquel
j’associe ensuite diverses informations qui se succèdent de manière logique
(même si « logique » ne veut pas forcément dire « sérieux »).
Lorsque nous cherchons à nous remémorer une information, le processus
est à peu près toujours le même : certaines informations principales,
marquantes ou spécifiques nous reviennent en premier à l’esprit, puis, par
associations successives, d’autres suivent.
Imaginez par exemple que vous cherchez à vous souvenir du dernier livre
que vous avez lu. En général, ce sont d’abord des passages du livre qui vous
ont marqués qui vous reviennent en premier. Vous repensez alors à certains
personnages. Puis, en faisant l’effort de revenir sur ces moments et
personnages marquants, d’autres éléments plus exhaustifs vous reviennent
également.
C’est donc à partir d’informations-clés que, progressivement, beaucoup
d’autres informations associées vous reviennent en mémoire.
Appelons ces informations-clés des « crochets ». C’est à partir d’eux
qu’une ribambelle d’informations, par association, peut vous revenir.
Résumé
Le procédé mnémotechnique qui permet de mémoriser les noms
associés aux visages met en évidence le pouvoir des « indices
évocateurs » (ou « crochets ») concernant le fonctionnement de
la mémoire : certaines informations-clés permettent, par associations
logiques successives, de retrouver toute une série d’informations associées.
Sélec onner des mots-clés pour mieux mémoriser
Les « indices évocateurs » sont à mettre en lien avec une utilisation
efficace de ce que l’on nomme les « mots-clés ».
Un mot-clé correspond à un terme qui permet de figurer une notion
principale, faisant elle-même le lien entre les différentes informations
rassemblées dans un contenu de référence (un texte, un fichier, un
article…).
Il existe une multitude de situations d’apprentissage dans le cadre
desquelles l’usage de mots-clés est nécessaire :
• prendre des notes ;
• faire un résumé ;
• élaborer le plan d’un écrit ;
• construire une fiche de révision, etc.
Dans le cadre de ces différents exemples, il est souvent demandé aux
étudiants d’être en mesure de sélectionner un mot (ou une phrase) qui
va permettre, par association, de réactiver (ou évoquer) d’autres
informations associées.
Résumé du Point-méthode
Un mot-clé, dans un résumé ou une fiche de révision, doit
jouer le rôle d’ « indice évocateur » pour votre mémoire.
Le « bon » mot-clé est celui qui a le meilleur pouvoir de
réactivation : il doit vous permettre d’évoquer spontanément
un maximum de contenu.
C’est grâce aux associations d’informations que vous élaborez pendant
que vous apprenez que votre mot-clé joue le rôle d’indice évocateur : il
n’y a donc pas de mémorisation efficace sans « création de liens
logiques » entre les informations.
Fiche récapitula ve
Chapitre 3 : le principe des indices évocateurs
L’idée…
Les indices évocateurs sont des informations-clés permettant, par
associations logiques successives, de retrouver toute une série
d’informations associées. Le BON indice évocateur (mot, schéma,
formule…) est celui qui a le meilleur pouvoir de réactivation : il doit
vous permettre d’évoquer spontanément un maximum de contenu. Il
n’y a pas de mémorisation efficace sans création de liens logiques entre
les informations.
Résumé
Notre mémoire visuelle est un outil puissant quel que soit notre
profil pédagogique. Le processus de visualisation vise à
optimiser son exploitation.
Exploiter sa mémoire visuelle pour mieux apprendre
Le test des doubles photographiques met en évidence que les
informations de nature visuelle jouent le rôle d’indices évocateurs, telle
que nous avons défini cette notion au chapitre 3.
Si je fixe une image dans mon esprit, je peux, au moyen d’associations
logiques, retrouver un contenu d’informations associé.
Ce principe peut se décliner de différentes manières dans le but de
« rendre plus mémorables » certains contenus d’informations :
• les notes de cours ;
• les fiches de révision ;
• un brouillon pendant un examen, etc.
Je vous propose ci-dessous de découvrir deux techniques qui devraient
vous amener à exploiter votre mémoire visuelle pour mieux apprendre,
réviser et retranscrire des informations : l’usage de marqueurs visuels
et la transformation des informations.
Résumé du Point-méthode
Les marqueurs visuels (couleurs, symboles…) jouent le rôle
d’indices évocateurs au même titre que les mots-clés.
Traduire les informations textuelles en représentations visuelles permet
d’exploiter efficacement le pouvoir de notre mémoire visuelle.
Fiche récapitula ve
Chapitre 4 : le pouvoir de notre mémoire visuelle
L’idée…
Notre mémoire visuelle est un outil puissant, quel que soit notre profil
pédagogique. Les MARQUEURS VISUELS (couleurs, symboles…)
jouent le rôle d’indices évocateurs au même titre que les mots-clés. Par
exemple, le fait de souligner, de surligner, d’entourer les mots-clés ou
d’adopter un code couleur dans le cadre de vos notes de cours permet
de solliciter la mémoire visuelle lorsque l’on apprend. Transformer un
texte ou une notion abstraite en schéma explicatif est encore plus
efficace.
Je vous propose de penser à vos années d’études comme à une période plus
ou moins longue pendant laquelle vous accumulez nombre de
connaissances.
Imaginons que votre mémoire prenne la forme d’une grande armoire et que
chaque connaissance accumulée pendant cette période y figure sous la
forme d’un vêtement.
Si vous n’avez aucun projet spécifique quand vous acquérez une nouvelle
connaissance, que vous ne vous posez aucune question quant à l’usage que
vous allez pouvoir en faire, il y a de grandes chances pour que votre
armoire ne possède aucun système de rangement particulier, et que vous y
déposiez chaque nouveau vêtement l’un par-dessus l’autre, en pile, comme
il vient, sans vous soucier clairement de ce que vous en ferez plus tard.
Lorsqu’arrive le jour de l’examen, vous devez mobiliser ce que vous savez
pour répondre aux questions qui vous sont posées, et là, pas moyen de
retrouver ce dont vous avez besoin. Parfois, au sortir de l’épreuve, les
échanges que vous avez avec d’autres étudiants vous rappellent que vous
saviez pourtant ce qui était utile pour traiter le sujet… mais que c’était si
loin « au fond de la pile » que vous n’y avez plus pensé.
C’est un peu la même chose quand vous vous levez le matin et que vous
ouvrez votre armoire pour vous habiller. Si vos vêtements sont en tas au
fond de l’armoire (ou qu’ils sont éparpillés aux quatre coins de votre
chambre), vous allez fouiller dans votre pile, prendre chaque habit l’un
après l’autre, en essayer certains pour réaliser d’emblée qu’ils ne
correspondent pas à ce que vous recherchez…
Grand moment de solitude. Le bas et le haut ne vont pas ensemble ? Le
pantalon et le pull que vous mettez tous les jours sont dans la corbeille de
linge sale ? Vous ne parvenez plus à mettre la main sur l’accessoire
indispensable (ou simplement sur votre deuxième chaussure…) ? Bref, vous
êtes perdu.
Mais il est possible également que vous soyez particulièrement bien
organisé : chaque chose est à sa place, rangée en fonction de sa couleur, de
son usage, de son style ou de la saison. Quand vous ouvrez votre armoire,
vous retrouvez facilement et rapidement ce qu’il vous faut car c’est rangé là
où vous vous attendez que ça le soit.
Eh bien c’est la même chose lorsque l’on réfléchit !
Confronté à un problème (exercice de mathématiques, dissertation de
philosophie…), vous allez rechercher dans votre mémoire les informations
qui vont vous être utiles pour proposer une réponse ou trouver une solution
adéquate. Et si vous savez où chercher, la démarche est grandement
facilitée.
Ce principe d’organisation de vos connaissances pour mieux les mémoriser
(et ensuite vous en servir) est celui qui prévaut dans le cadre du procédé
mnémotechnique nommé « table de rappel » ou « grand système », et que
Tony Buzan présente de manière exhaustive dans son livre Booster sa
mémoire (voir bibliographie p. 181). Je vous propose de le découvrir
maintenant.
• Exercice 1
POUCE couteau Lard LUGE POMME Bac Rat Malle Nana Cale
On a vu que cette même liste de dix mots est organisée selon différentes
logiques :
• l’organisation est aléatoire ;
• l’ordre est alphabétique ;
• il y a quatre sous-catégories (nourriture, vivant, objets, bateau).
Ainsi, on s’aperçoit que c’est en organisant les informations de la manière
qui apparaît la plus logique que l’on gagne en efficacité lorsqu’il s’agit de
les mémoriser.
• Exercice 2
Voici une nouvelle liste de dix mots n’ayant a priori aucun lien les uns avec
les autres :
– dé
– nez
– mât
– rat
– loup
– chat
– cou
– fou
– pot
– tasse
Si vous choisissez de vous les répéter plusieurs fois dans votre tête pendant
deux minutes, il est probable que vous en mémoriserez six à huit. Certains
parviendront même peut-être à retenir les dix. Mais il y a toutes les chances
pour que vous les ayez oubliés dans quelques semaines…
Plusieurs procédés mnémotechniques peuvent vous aider à mémoriser ces
dix mots pour vous en souvenir sur le long terme. Ces procédés utilisent les
principes des associations, des images et/ou des lieux pour être efficaces.
Nous allons pour l’instant nous intéresser à un principe d’association
spécifique : celui qui nous invite à ordonner les informations pour mieux les
mémoriser. Pour cela, nous allons nous inspirer du procédé
mnémotechnique connu sous le nom de « grand système ».
Voici des images correspondant aux cinq premiers mots de la liste. Je vous
demande de vous entraîner à les revoir dans votre tête de la manière la plus
précise possible :
• Au chiffre 1 correspond le mot « dé » : visualisez un dé avec le chiffre
1 bien visible.
• Au chiffre 2 correspond le mot « nez » : visualisez les 2 narines d’un
énorme nez, avec un petit garçon qui mettrait son doigt dedans…
• Au chiffre 3 correspond le mot « mât » : visualisez un « 3-mâts »,
comme sur l’image, qui vogue sur les flots.
• Au chiffre 4 correspond le mot « rat » : visualisez un petit rongeur au
poil gris, avec des pattes qui se terminent chacune par 4 griffes acérées.
• Au chiffre 5 correspond le mot « loup » : visualisez l’animal hurlant à
la lune, et dessinez mentalement un gros chiffre 5 sur cette lune ronde.
Voici maintenant des images correspondant aux cinq derniers mots de la
liste. Comme précédemment, je vous demande de vous entraîner à les revoir
dans votre tête de la manière la plus précise possible.
• Au chiffre 6 correspond le mot « chat » : visualisez un chat qui aurait 3
grosses moustaches de chaque côté de son museau.
• Au chiffre 7 correspond le mot « cou » : visualisez un long cou
composé de 7 vertèbres.
• Au chiffre 8 correspond le mot « fou » : visualisez le fou du roi, en
train de tourner dans tous les sens pour faire rire la galerie, tournoyant
en 8 au milieu de la foule.
• Au chiffre 9 correspond le mot « pot » : visualisez un pot de fleurs
vide, dans lequel on aurait caché un œuf de Pâques (« 9 » de Pâques).
• Au chiffre 10 correspond le mot « tasse » : visualisez une tasse de café
dont l’anse formerait une barre verticale figurant le chiffre 1 et le corps
de la tasse le chiffre 0.
Fermez maintenant les yeux et entraînez-vous à revoir dans votre tête, selon
l’ordre des chiffres associés aux mots de la liste, chacune des images ainsi
créées.
Prenez maintenant une feuille et un stylo, et tentez spontanément d’écrire
tous les mots du premier exercice ; puis répondez aux questions suivantes :
• Avez-vous pris le temps de mémoriser le système de classement qui
vous correspondait le mieux (ordre alphabétique, sous-catégories…) ?
• Adopter une démarche d’organisation du contenu vous a-t-il permis de
faciliter sa mémorisation ?
Fermez maintenant ce livre, et formulez à voix haute les dix mots qui
composent la liste de l’exercice 2. Pour exploiter le procédé
mnémotechnique utilisé, il est nécessaire de revoir chacune des images que
vous avez formées dans votre tête. Que pouvez-vous en conclure ?
J’imagine que la plupart d’entre vous n’auront eu aucune difficulté à
mémoriser la troisième liste. Tout simplement parce que vous vous êtes
appuyé sur un système de classement que vous maîtrisez parfaitement : les
nombres allant de 1 à 10. Vous savez que des associations ont été élaborées
en relation avec ces dix nombres, cela vous donne donc un point de départ
pour retrouver l’image associée, d’où l’intérêt d’organiser ses
connaissances pour les mémoriser.
Pourquoi ça marche ?
En effet, pourquoi les performances en matière de mémorisation
augmentent lorsque l’on organise les informations de manière spécifique ?
Pour répondre à cette question, je vous propose une nouvelle métaphore.
Imaginez que votre mémoire prenne la forme d’une multitude de fils de
laine auxquels seraient accrochés des bonbons (un bonbon = une
information).
Si vous choisissez de ne pas organiser vos connaissances lorsque vous les
mémorisez, c’est comme si vous faisiez une grosse boule bien serrée avec
tous vos brins de laine. De fait, quand vous allez avoir besoin d’une
information, vous allez essayer de démêler votre pelote, cela va vous
prendre du temps, et il n’est pas du tout certain que les bonbons qui
correspondent à une même catégorie soient regroupés au même endroit.
Vous allez donc devoir tout re-dérouler pour mettre la main sur ce dont vous
avez besoin.
Imaginez maintenant que vous ayez eu à cœur de classer vos fils de laine,
que les bonbons sont accrochés à chacun d’eux parce qu’ils vont ensemble
et que chaque brin de laine reste bien accessible. Au moment où vous aurez
besoin d’une information, vous n’aurez qu’à tirer sur le brin de laine
correspondant à ce que vous cherchez, et toutes les informations en lien
suivront.
Lorsque vous choisissez un système de rangement approprié, vous n’avez
pas besoin de tout avoir en tête. Un seul indice évocateur (le brin de laine
qui dépasse) vous permettra de faire revenir les informations les unes après
les autres. Il s’agit là du principe d’association que nous allons aborder dans
le chapitre 6.
Résumé
Organiser, classer et trier ses connaissances facilite leur
mémorisation.
Le plus important est de repérer que cela permet ensuite une
meilleure utilisation des informations, et augmente donc notre capacité à
réfléchir efficacement.
Ordonner ses connaissances pour mieux les
mémoriser
Imaginez qu’un extraterrestre arrive sur la Terre sans connaître notre
planète. Il entre dans un stade où des milliers de personnes sont
rassemblées pour un concert.
Subitement, une personne remarque sa présence et prend peur. Un
mouvement de foule pousse toutes les personnes vers la sortie.
Finalement, l’extraterrestre se retrouve tout seul au milieu des objets
abandonnés sur place : des appareils photo, des sandwichs, du popcorn
écrasé, des vêtements de différentes formes, des sacs, etc.
Imaginons que cet extraterrestre ait à cœur de mieux connaître notre
planète et qu’il se donne pour objectif de classer tous ces objets
disparates.
Selon vous, comment va-t-il s’y prendre ?
Pour nous qui avons une connaissance de ces objets, plusieurs logiques
sont envisageables. Nous pouvons les classer :
• selon leur fonctionnalité (les vêtements ensemble, la nourriture
d’un côté…) ;
• selon leur valeur (si nous souhaitions les revendre…) ;
• selon leur état (les objets détériorés à la poubelle…), etc.
Mais notre extraterrestre, qui n’a aucune idée de la valeur ou de l’usage
de ces objets, pourrait adopter d’autres logiques et classer les objets
selon :
• leur taille ;
• leur couleur ;
• leur odeur, etc.
Il pourrait également repérer si certains peuvent éventuellement lui être
utiles, selon une logique qui n’aurait peut-être rien à voir avec la
fonctionnalité que nous aurions attribuée aux objets en question à
l’origine.
Résumé du Point-méthode
Dans la mesure où la mémorisation des informations est
tributaire de l’ordre que l’on est capable de mettre dans ses
connaissances, un apprentissage efficace passe par un bon
« système de classement » des informations.
Des connaissances bien organisées permettent de réfléchir plus vite et
avec davantage de pertinence, car les liens entre les informations et les
problèmes posés se font plus aisément.
Un débutant cherchera à s’approprier le plan du cours tel que proposé
par l’enseignant (ou le sommaire d’un ouvrage) ; un étudiant plus
avancé cherchera à comparer les approches de plusieurs auteurs pour se
construire une voie personnelle.
Fiche récapitula ve
Chapitre 5 : le principe de l’orde
L’idée…
Organiser, classer et trier ses connaissances facilitent leur
mémorisation. Des connaissances bien organisées permettent par
ailleurs de réfléchir plus vite et avec davantage de pertinence, car les
liens entre les informations et les problèmes posés se font plus
aisément.
Pour ce faire, un débutant cherchera à s’approprier le plan du cours tel
que proposé par l’enseignant (ou le sommaire d’un ouvrage) ; un
étudiant plus avancé se donnera pour objectif de comparer les
approches de plusieurs auteurs pour se construire une voie personnelle.
Comment ordonner ses connaissances de manière à réfléchir et
mémoriser plus efficacement ?
6
LE PRINCIPE DES ASSOCIATIONS
Résumé
La mise en lien des connaissances permet de mieux les
mémoriser. Pourtant, si des associations fantaisistes sont
efficaces pour mémoriser à long terme, elles risquent de vous
pénaliser en ce qui concerne la compréhension du contenu.
Chercher à mettre en lumière les liens logiques qui existent déjà au sein de
la discipline permet d’atteindre deux objectifs complémentaires pour celui
qui apprend : mémoriser et comprendre.
Mémoriser et comprendre en un seul geste
Nous avons vu qu’il existe un point commun entre le processus de
mémorisation et le processus de compréhension : les deux consistent en
effet à faire des liens logiques entre des informations.
En revanche, si le processus de mémorisation s’accommode très bien
de liens fantaisistes et inédits qui n’ont rien à voir avec le contenu, le
processus de compréhension en souffre considérablement. Car pour
comprendre, il est nécessaire non pas d’inventer, mais de mettre en
lumière des liens qui existent déjà.
Je vous propose de découvrir maintenant deux techniques pour élaborer
efficacement vos fiches de révision.
Le théorème de Pythagore :
1 C’est quoi ? Dans un triangle rectangle, la somme de la mesure au
carré des deux plus petits côtés est égale au carré de l’hypoténuse.
Formule : a2 + b2 = c2
2 Pour quoi faire ? Ce théorème permet de retrouver la mesure de
l’un des côtés d’un triangle rectangle lorsque l’on connaît la
mesure des deux autres. Sa réciproque permet également de
démontrer qu’un triangle est rectangle (ou pas) si l’on connaît la
mesure de ses trois côtés.
3 Comment ? Trouver la mesure de l’un des trois côtés d’un triangle
rectangle lorsque l’on connaît les deux autres. Il s’agit de poser une
équation à une inconnue et de procéder au calcul.
4 Avec quoi ? Ce théorème fait partie du programme de géométrie de
la classe de 4e. Il permet d’initier les élèves aux démonstrations
mathématiques.
5 Pourquoi ? Démonstration : je vous laisse le soin d’en trouver une.
Il en existe plusieurs. Éléments historiques : ce théorème a été
découvert par Pythagore, mathématicien grec, qui serait né aux
alentours de 580 av. J.-C.
Plus vous renseignerez avec précision chaque réponse aux questions
posées, plus votre compréhension sera fine et exhaustive.
Résumé du Point-méthode
Mieux comprendre et mieux mémoriser lorsque l’on apprend,
c’est ce que permet la mise en évidence des liens logiques qui
organisent les informations d’un contenu.
Cerner l’architecture d’un contenu (manuel, livre, article…) permet de
s’approprier les connaissances de manière efficace.
Répondre aux « cinq questions de la compréhension » est une
démarche privilégiée pour ceux qui cherchent à mieux maîtriser des
outils d’analyse et de calcul, notamment en sciences. Mais cela peut
s’appliquer également de manière très efficace à des notions parfois
complexes abordées dans les matières littéraires et de sciences
humaines et sociales.
Fiche récapitula ve
Chapitre 6 : le principe des associations
L’idée…
La mise en lien des connaissances permet de mieux les mémoriser.
Pourtant, si des associations fantaisistes sont efficaces pour mémoriser
à long terme, elles risquent de vous pénaliser en ce qui concerne la
compréhension du contenu. Chercher à mettre en lumière les liens
logiques qui existent déjà au sein d’un contenu permet d’atteindre deux
objectifs complémentaires pour celui qui apprend : mémoriser ET
comprendre.
Comment associer les informa ons d’un contenu, à la fois pour les
comprendre et les mémoriser ?
7
LE PRINCIPE DE LA LOCALISATION DES
INFORMATIONS
Chaque question doit être lue une fois seulement, au rythme de une toutes
les cinq secondes environ. Vous êtes prêt ? C’est parti.
Répondez successivement, dans votre tête, aux dix questions suivantes :
1 Quel âge avez-vous ?
2 Quel est le prénom de votre mère ?
3 Avez-vous une voiture ?
4 Quel est le dernier fruit que vous avez mangé ?
5 Dans quelle ville habitez-vous ?
6 Quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ?
7 Quel est votre parfum de glace préféré ?
8 Quelle est la capitale de l’Italie ?
9 Comment allez-vous ?
10 Êtes-vous déjà allé en Thaïlande ?
Avez-vous vos dix réponses bien en tête ?
Notez-les sur un papier sans vous reporter aux questions. Comparez ensuite
les réponses et les questions : à partir de quelle question avez-vous commis
votre première erreur ? L’ordre des réponses est ici aussi important que leur
contenu.
Alors ? Quel est votre résultat ?
En général, les premières erreurs arrivent à la cinquième ou sixième
réponse… On en oublie une. On en intervertit deux. On a oublié la
question…
Mais quelle stratégie avez-vous concrètement adoptée pour vous souvenir ?
Certains se répètent plusieurs fois leurs réponses dans leur tête, dans
l’ordre, mais parviennent rarement à dépasser les sept réponses justes.
D’autres tentent de mémoriser les questions, ils s’en sortent parfois mieux
que les autres. D’autres encore essayent d’inventer une histoire pour
associer successivement leurs réponses dans l’ordre. Ils utilisent ainsi le
principe des associations pour mémoriser leur séquence. Cela marche
parfois plutôt pas mal.
Je vous propose maintenant de découvrir le procédé mnémotechnique du
« palais de mémoire » pour l’utiliser ensuite dans le cadre d’un nouveau
« burger de la mort ».
Comment ça marche ?
Ce procédé est efficace pour plusieurs raisons :
• Vous maîtrisez parfaitement votre « système de rangement » : le trajet
joue le rôle d’organisateur des informations (ce qui nous renvoie au
principe de l’ordre vu au chapitre 5).
• Vous inventez des liens associatifs mémorables (ce qui renvoie au
principe des associations du chapitre 6).
• Vous créez des images visuelles marquantes (ce qui renvoie au principe
de la mémoire visuelle abordé au chapitre 4).
• Enfin, chaque « réceptacle à souvenir » joue le rôle d’indice évocateur
(ce qui renvoie au chapitre 3).
Ce procédé mnémotechnique semble donc constituer une synthèse de tout
ce que nous avons vu jusqu’à présent.
Par ailleurs, il vient souligner un élément important : nous pouvons utiliser
des « systèmes de rangement » que nous maîtrisons déjà pour mémoriser
efficacement des plans ou des informations qui nous sont moins familiers.
Nous allons voir dans le cadre du Point-méthode ci-après en quoi cette
astuce peut se révéler très utile.
Résumé
Le « palais de mémoire » est un procédé mnémotechnique très efficace, qui
exploite tous les principes de la mémoire que nous avons vus jusqu’ici : les
indices évocateurs, le pouvoir de la mémoire visuelle, l’ordre et
les associations.
Il permet également de mettre en évidence l’intérêt d’utiliser
des informations « familières » pour y associer des informations
inédites lorsque l’on apprend.
Mémoriser « plus et mieux » en s’appuyant sur ce
que l’on sait déjà
Lorsque vous utilisez le « palais de mémoire » pour apprendre, vous
vous servez d’un lieu ou d’un enchaînement de lieux dont vous
connaissez parfaitement la séquence pour y arrimer les informations
que vous avez le projet de mémoriser.
Dans le cadre du « burger de la mort » auquel je vous ai soumis dans ce
chapitre, je vous ai suggéré d’utiliser comme « palais de mémoire » un
trajet que vous connaissez. Cependant, si vous avez bien compris la
logique de ce procédé mnémotechnique, vous constaterez que
n’importe quelle « représentation visuelle » dont vous maîtrisez
parfaitement les détails peut tout aussi bien faire l’affaire : votre
maison (et ses différents pièces et recoins), un tableau (et les différents
espaces et détails qui le composent), une carte géographique, les tiroirs
de votre commode, etc. L’important est de bien gérer la succession des
« lieux » que vous utiliserez comme « réceptacles à souvenir ».
Ensuite, vous pouvez disposer n’importe quelle liste d’informations
dans votre « palais ».
Mais maîtriser votre « palais de mémoire » ne suffit pas. Il faut
également que vous fassiez preuve de créativité lorsque vous élaborez
vos « images » associées à vos « réceptacles à souvenir ». Sinon vous
passerez à côté sans les « voir ».
Encore une fois, une image, pour être mémorable, se doit d’être
détaillée, surprenante, drôle et/ou de faire appel aux cinq sens (il faut
que vous puissiez, dans votre tête, la voir, la sentir, la toucher ou la
goûter). Si vous faites cet effort de créativité, votre mémoire n’en sera
que renforcée.
Comment maintenant utiliser concrètement la méthode du « palais de
mémoire » pour apprendre ?
L’usage le plus répandu de ce procédé mnémotechnique consiste en la
mémorisation de listes d’informations : une donnée par « réceptacle à
souvenir », tout au long de votre trajet.
Vous pouvez ainsi mémoriser des informations aussi diverses que :
• les pays du monde et leurs capitales ;
• des artistes et leurs œuvres majeures ;
• les os du squelette humain, etc.
En revanche, pour être en mesure de « placer » chaque information
dans votre « palais », il faut d’abord que vous transformiez
l’information en image. Et c’est là que les choses se corsent.
Si vous êtes de profil pédagogique auditif, vous pouvez vous contenter
de déposer « un mot » le long de votre chemin. Si vous êtes de profil
pédagogique visuel, vous devez obligatoirement vous construire une
représentation visuelle de l’information que vous souhaitez mémoriser.
Et comme nous l’avons vu au chapitre 4, nous avons tous intérêt, quel
que soit notre profil pédagogique, à exploiter au maximum notre
mémoire visuelle. En effet, plus cette représentation visuelle sera
précise et détaillée, plus elle s’inscrira profondément dans notre
mémoire.
Résumé du Point-méthode
Le procédé mnémotechnique du « palais de mémoire » est un
outil qui peut être utilisé pour mémoriser un contenu, mais
également pour améliorer sa créativité ou favoriser ses
capacités de compréhension.
Lorsqu’il s’agit pour vous de coupler les objectifs de compréhension et
de mémorisation, il est préférable de choisir un « palais » qui offre une
certaine flexibilité d’utilisation (comme une maison ou un meuble de
rangement), plutôt qu’un trajet qui oblige parfois à respecter un ordre
spécifique pour « retrouver » les informations qui y sont stockées.
Fiche récapitula ve
Chapitre 7 : le principe de la localisation des informations
L’idée…
Le PALAIS DE MÉMOIRE utilise les indices évocateurs, le pouvoir de
la mémoire visuelle interne, l’ordre et les associations. Il permet
également de mettre en évidence l’intérêt d’utiliser des informations
« familières » pour y associer des informations inédites lorsque l’on
apprend. Lorsqu’il s’agit pour vous de coupler les objectifs de
compréhension et de mémorisation, il est préférable de choisir un
PALAIS qui offre une certaine flexibilité d’utilisation (comme une
maison ou un meuble de rangement), plutôt qu’un trajet, qui oblige
parfois à respecter un ordre spécifique pour retrouver les informations
qui y sont stockées.
Le « système PAO »
Ce procédé est celui qui est utilisé par les mnémonistes lors des grands
concours de mémoire internationaux, lorsqu’il s’agit de retenir l’ordre des
cartes dans un ou plusieurs jeux de 54 cartes. Afin de mémoriser « plus et
plus vite » que les autres, les champions s’appuient sur le principe
d’agrégation en sélectionnant habilement des informations tronquées qui
vont ensuite servir d’indice évocateur.
Résumé
Le principe d’agrégation propre à la mémoire consiste à
articuler des informations de manière signifiante en vue de se
délester de certaines. Les nouvelles informations obtenues,
agrégées et parcellaires, deviennent ainsi des indices évocateurs pertinents
qui permettent de retrouver très facilement le contenu associé.
Pour que ces indices évocateurs soient efficaces (c’est-à-dire pour qu’ils
permettent véritablement de faire revenir à la conscience l’ensemble des
informations à mémoriser), il faut qu’ils aient un sens. Ce sens que vous
allez être capable de leur attribuer dépend des informations qui sont déjà
stockées dans votre mémoire.
Comprendre et mémoriser un contenu en
s’appuyant sur le principe d’agréga on
J’ai une amie qui est de profil pédagogique quasi exclusivement auditif
(voir le chapitre 2 pour préciser la définition de cette notion). Elle a
besoin d’explications verbales pour comprendre (écrites ou orales). Sa
bibliothèque est remplie d’ouvrages « pour tout » : Comment apprendre
le yoga en 10 leçons, Comment apprendre l’anglais en 10 leçons,
Comment jouer au tennis en 10 leçons. Même l’activité la plus
manuelle et physique doit « passer par les mots » pour qu’elle puisse
l’aborder. Ce n’est qu’ensuite, à partir de ces phrases répétées et
redites, qu’elle parvient à passer à l’action. Mais en ayant bien réfléchi
avant.
Par exemple, lorsqu’elle a passé le permis de conduire, elle a obtenu le
code du premier coup, avec beaucoup de facilité. Les premières
difficultés ont débuté avec les cours de conduite, car lorsque l’on a
l’objectif de savoir conduire, c’est en situation que l’on apprend, et
c’est en pratiquant que l’on progresse.
On peut avoir une approche théorique parfaitement rodée en ce qui
concerne les rétros, la boîte de vitesse, la priorité à droite et les
panneaux de signalisation, ce n’est qu’au volant, le pied sur
l’accélérateur et la main sur le levier de vitesse que l’on apprend
vraiment. L’acquisition d’un savoir théorique et celle d’une
compétence pratique ne procèdent pas du même mécanisme ni du
même canal d’apprentissage.
Je me souviens d’une de nos conversations :
- Hélène, j’aimerais comprendre un truc.
- Oui ?
- Quand tu entres sur un rond-point…
- Oui ?
- Eh bien, le moniteur me demande de prendre la deuxième sortie.
Alors, j’entre confiante en suivant la voiture qui me précède. Mais tu
comprends, ensuite, « ça tourne »… Alors je m’embrouille et je ne
sais plus où je dois sortir…
Bref. Elle a passé sept fois l’examen de conduite, et n’a toujours pas
son permis !
Cette histoire authentique met en évidence plusieurs choses, mais en
particulier ceci : il est tout à fait possible de « savoir ce qu’il faut
savoir », mais de ne pas être capable d’utiliser ce savoir en situation.
Vous pouvez savoir théoriquement comment il faut s’y prendre pour
conduire, mais vous perdez tous vos moyens une fois que vous êtes au
volant. Vous avez appris par cœur la définition d’un théorème de
mathématiques, mais vous êtes incapable de résoudre un exercice qui
vous demande de l’utiliser. Vous pouvez connaître sur le bout des
doigts votre leçon d’Histoire, et n’avoir jamais compris comment
organiser vos idées dans le cadre d’une dissertation.
Bref, vous pouvez avoir « appris » et avoir compris « à quoi sert » ce
que vous avez appris… mais demeurer incapable d’ « utiliser » ce que
vous avez appris.
En d’autres termes, vous ne connaissez pas le « mode d’emploi » de
vos connaissances.
Résumé du Point-méthode
Le principe d’agrégation peut vous aider à synthétiser les
informations dans le cadre d’une démarche de résolution de
problème.
Afin de vous concentrer sur le fond dans le cadre d’un
examen, vous pouvez commencer par bien maîtriser la forme,
à savoir la méthode d’utilisation de vos connaissances.
Fiche récapitula ve
Chapitre 8 : le principe d’agrégation des informations
L’idée…
Le principe d’agrégation propre à la mémoire consiste à articuler des
informations de manière signifiante en vue de se délester de certaines.
Les nouvelles informations obtenues, agrégées et parcellaires,
deviennent ainsi des indices évocateurs pertinents qui permettent de
retrouver très facilement le contenu associé. Afin de vous concentrer
sur la résolution du problème posé dans le cadre d’un examen, vous
pouvez commencer par bien maîtriser le MODE D’EMPLOI de vos
connaissances.
Par exemple : s’il vous est demandé de rédiger une dissertation, vous
pourrez vous concentrer sur vos idées si vous maîtrisez les techniques
d’écriture d’une introduction, d’un plan ou d’un paragraphe
argumentatif.
Comment s’appuyer sur le principe d’agrégation pour
s’approprier efficacement le « mode d’emploi » d’une
connaissance ?
9
LE PRINCIPE DES PAUSES ET DES
RÉACTIVATIONS
L’importance de la réac va on
Nous avons évoqué le principe des associations dans le cadre du chapitre 6 :
nous mémorisons les informations en les associant à d’autres informations.
Le principe d’association de la mémoire serait cependant à la fois conscient
et non conscient. Spontanément, notre cerveau poursuivrait son travail de
renforcement des liens sans intervention volontaire de notre part.
Ainsi, si nous faisons l’effort de lier les informations dans le but de nous en
souvenir, la façon dont fonctionne notre cerveau, et la façon dont il stocke
les informations, joue en faveur d’une amélioration continue de nos
performances (du moins à court terme). Et si notre objectif pour mémoriser
est de créer des liens associatifs logiques et cohérents entre nos idées, nous
permettons ainsi à notre cerveau de les stocker d’autant plus efficacement.
Il convient néanmoins d’attirer l’attention sur un paramètre important : il
faut avoir véritablement pris le temps de « chercher » à faire des liens
logiques entre les données pour que les associations générées (sur le coup
ou après) soient pertinentes et ancrées dans notre esprit sur la durée.
Résumé
Lorsque vous avez pour objectif de comprendre un contenu et
de le mémoriser sur le long terme, sachez que le temps peut
jouer en votre faveur :
• Lorsque vous faites des pauses pendant vos séquences d’apprentissage
(et/ou que vous travaillez régulièrement), vous permettez à votre cerveau
de poursuivre sans stress son travail de mise en relation des informations
les unes avec les autres. Ces liens favorisent à la fois votre
compréhension et votre mémorisation du contenu.
• Sans réactivation d’un contenu d’information, le processus normal
d’oubli vous conduit à « perdre » très rapidement une part importante
de ce que vous venez d’apprendre. Revoir, réutiliser ou ré-expérimenter
un savoir vous permet de l’inscrire progressivement dans votre
mémoire à long terme. Il s’agit du principe de réactivation.
La technique Pomodoro et la technique des flash-
cards
Comment faire concrètement en sorte que le temps joue en notre faveur
concernant nos objectifs d’apprentissage ? Comment tirer avantage de
ces liens qui se nouent sans que nous y pensions, et du principe de
réactivation qui permet à nos connaissances de s’inscrire dans notre
mémoire à long terme ?
Je vais vous présenter deux techniques qui devraient vous permettre de
répondre à ces questions : la technique Pomodoro et la technique des
flash-cards. La première permet de planifier judicieusement ses
séquences de travail afin de tirer habilement parti des temps de pause
lorsque l’on apprend. La deuxième permet de faciliter le processus de
réactivation des connaissances.
La technique Pomodoro
La technique Pomodoro est une méthode de planification de
l’apprentissage qui a été inventée par Francesco Cirillo à la fin des
années 1980. Il s’agit d’une stratégie en quatre étapes qui permet, outre
d’exploiter cette propension qu’a le cerveau de continuer à faire des
liens entre les informations pendant les pauses, de favoriser la
motivation à travailler en planifiant ses objectifs :
• Phase n° 1 : planifier sa séquence de travail
Il s’agit d’une étape essentielle qui vous oblige à vous poser la question
suivante : quels sont mes objectifs ?
Quels cours voulez-vous travailler ? Quels exercices avez-vous pour
projet d’être capable de refaire ? Quel devoir allez-vous finaliser ? Quel
examen allez-vous réviser ? Etc.
Vous pouvez effectuer ce travail de planification sur l’année, sur le
semestre, sur la semaine, sur une période de révision et/ou simplement
sur un temps de travail spécifique (par exemple, une soirée ou une
séquence de travail prévue pendant le week-end). Cette étape de
planification peut s’avérer très bénéfique pour certains étudiants : si
vous aimez anticiper et vous organiser, cela vous demandera de mettre
cette compétence que vous possédez déjà au service de votre travail
scolaire.
Certains étudiants sont cependant très réfractaires à ce travail
d’organisation, qui a plutôt pour effet de les stresser. Pour ceux-là, il
convient de prendre les choses comme elles viennent, afin de ne pas se
focaliser sur un objectif que l’on doute de pouvoir atteindre, ou de
s’enfermer dans un cadre qui n’aura pour seul effet que de les amener à
vouloir en sortir. Si vous vous reconnaissez, vous pouvez passer
directement à la phase n° 2, voire envisager d’autres méthodes de mise
au travail qui n’ont pas pour particularité d’induire un sentiment
d’urgence ou la recherche d’une performance particulière.
• Phase n° 2 : décliner ses objec fs en tâches intermédiaires
réalisables en 25 minutes
Vous avez maintenant décidé de vous mettre au travail. Et vous avez au
moins une heure devant vous. Il s’agit alors de déterminer plusieurs
tâches à réaliser dont vous projetez qu’elles vont vous prendre
approximativement 25 minutes : refaire un exercice, élaborer une fiche
de révision à partir d’un contenu de cours spécifique, rédiger un
paragraphe de dissertation, relire et corriger un écrit, échafauder la
première ébauche du plan d’un mémoire, etc.
Choisissez et listez vos différentes tâches en fonction du temps dont
vous disposez.
• Phase n° 3 : alterner Pomodori et pauses de 5 minutes
C’est maintenant qu’il faut vous munir d’un minuteur. Pour la petite
histoire, sachez que pomodoro signifie « tomate » en italien. À
l’origine, le minuteur utilisé par Cirillo quand il a mis au point sa
technique avait la forme d’une tomate.
Vous réglez donc votre minuteur sur 25 minutes et vous le positionnez
face à vous. Et c’est parti pour votre première séquence de travail. Un
simple coup d’œil au minuteur vous permet de faire le point sur votre
temps restant.
De deux choses l’une, soit cette technique booste votre productivité
(vous vous devez de rester focalisé sur votre tâche pendant les 25
minutes de votre séquence), soit elle génère un sentiment d’angoisse
qui vient plutôt perturber votre concentration. Quoi qu’il en soit, vous
pouvez aussi vous servir de cette structuration très cadrée de votre
temps de travail personnel pour « vous en remettre » aux objectifs fixés
en début de séance et à ce temps qui défile et qui s’impose à vous.
Une fois la séquence de 25 minutes arrivée à son terme, que vous ayez
fini ou pas la tâche prévue, vous faites une pause. Celle-ci doit vous
permettre de passer véritablement à autre chose (pendant ce temps,
votre cerveau poursuit ses associations sans intention consciente de
votre part), mais elle ne doit pas vous amener à interrompre
définitivement votre séquence de travail.
Quels types d’activité conviennent bien à ce type de pause ? Faites
quelques étirements, préparez-vous un thé ou un café, mangez un fruit,
consultez vos mails ou votre page Facebook… Ces différentes choses,
vous les ferez sans culpabilité puisque vous êtes en pause et qu’elles
font donc partie intégrante de votre stratégie d’apprentissage.
Quoi que vous fassiez, jetez préalablement un coup d’œil à votre tâche
suivante. Si vous savez ce qui vous attend ensuite, vous vous remettrez
plus facilement au travail.
Les 5 minutes sont passées ? Vous pouvez passer à la tâche et à vos 25
minutes suivantes. Peu importe si vous avez mené à bien la tâche
précédente (ce qui peut s’avérer frustrant), puisque votre cerveau, en
poursuivant son travail de mise en lien spontané, vous amènera à avoir
les idées beaucoup plus claires quand vous y reviendrez plus tard.
• Phase n° 4 : prendre le temps de faire un vrai bilan
Vous avez maintenant réalisé trois, quatre, voire cinq pomodori
successifs. Il est temps de faire un bilan. Quelles tâches avez-vous
menées à bien ? Quels objectifs avez-vous atteints ? Quel travail vous
reste-t-il à accomplir ? Quelles incompréhensions sont encore
d’actualité ?
Ce temps est très important. Vous faites le point sur ce qui est fait et sur
ce qui vous reste à faire. Vous pouvez ainsi commencer à envisager la
planification de votre prochaine séquence de travail. Et vous pouvez
compter sur votre cerveau qui va continuer à « travailler pour vous »
dans l’intervalle. Vous avez identifié vos lacunes, ce qu’il vous reste à
faire et les questions encore en suspens. Votre esprit reste donc en
éveil, prêt à faire un lien inédit avec tout ce qui pourra vous apporter
des réponses, des solutions ou des idées nouvelles sur le sujet.
Résumé du Point-méthode
La technique Pomodoro est très utile pour exploiter la
propension qu’a notre cerveau à continuer à mettre en lien les
informations après une période d’apprentissage. Elle permet
également de planifier efficacement ses objectifs de travail, ce qui
favorise la lutte contre la procrastination.
La technique des flash-cards permet quant à elle de faciliter le
processus de réactivation des informations, ce qui a pour effet de
favoriser la mémorisation à long terme des connaissances.
Fiche récapitula ve
Chapitre 9 : le principe des pauses et des réactivations
L’idée…
Lorsque vous faites des PAUSES pendant vos séquences
d’apprentissage, vous permettez à votre cerveau de poursuivre sans
stress son travail de mise en relation des informations les unes avec les
autres. Ces liens favorisent à la fois votre compréhension et votre
mémorisation du contenu.
Sans RÉACTIVATION d’un contenu, le processus normal d’oubli vous
conduit à perdre rapidement une part importante de ce que vous venez
d’apprendre. Revoir, réutiliser ou expérimenter un savoir vous permet
de l’inscrire progressivement dans votre mémoire à long terme.
Dans leur livre intitulé Ces idées qui collent (voir la bibliographie p. 181),
Dan et Chip Heath se sont attachés à mettre en évidence les principes qui
font d’une idée une idée mémorable. Ils en ont ainsi dénombré six :
1 La simplicité : trouver et communiquer l’idée essentielle d’un
message.
2 L’inattendu : attirer l’attention en créant la surprise et retenir
l’attention en suscitant l’intérêt.
3 Le concret : rendre les idées abstraites plus concrètes à l’aide
d’exemples qui permettent à l’interlocuteur de s’identifier à
ce dont il est question.
4 La crédibilité : utiliser des preuves indiscutables, précises, simples et
vérifiables.
5 L’émotion : amener les gens à se sentir personnellement concernés.
6 L’histoire : donner aux gens l’énergie et l’envie d’agir en utilisant les
histoires comme source d’inspiration.
Dans le cadre de leur ouvrage, les deux auteurs se positionnent du côté du
locuteur : celui qui parle et a un message à faire passer. Les conseils
présentés ont ainsi pour objectif de l’aider à transformer son message dans
le but de rendre son contenu inoubliable.
Dès le premier chapitre, ils attirent l’attention sur une « difficulté
spécifique » que rencontre chaque personne qui commence à gagner une
certaine expertise concernant son sujet. Ils nomment cette difficulté la
« malédiction du savoir » : plus vous maîtrisez ce dont vous parlez, plus
vous avez tendance à employer un langage abstrait que vos interlocuteurs,
moins à l’aise que vous, auront des difficultés à comprendre, mais
également à mémoriser. Ce souci aura également un effet sur le degré
d’attention de votre public. Ainsi, vos interlocuteurs peuvent vous trouver
particulièrement érudit, mais ne garder aucun souvenir de ce que vous avez
dit.
En lisant cette partie de l’ouvrage, je l’ai spontanément mise en lien avec un
passage du livre de Joshua Foer dont j’ai déjà parlé au chapitre 8 (voir p.
104). Nous avons vu en effet que notre mémoire visuelle était
potentiellement exceptionnelle si nous apprenions à l’exploiter
judicieusement. Joshua Foer rapporte ainsi les résultats d’un travail de
recherche mené par un étudiant de l’université de Berkeley : en 1920,
Milman Parry, tout juste 18 ans, choisit le problème de la paternité de
l’œuvre d’Homère comme sujet de mémoire de Master. Il met en évidence
la preuve que les textes homériques ont été transmis par voie orale. Ceci est
repérable dans les textes eux-mêmes : toutes les bizarreries stylistiques qui
rendent tant de lecteurs perplexes (éléments narratifs trop convenus et trop
récurrents, épithètes bizarrement répétitives…) sont en fait des sortes de
preuves matérielles de la méthode de fabrication des poèmes dans le but de
les rendre le plus mémorables possible.
Milman Parry découvre qu’au lieu de transmettre le texte proprement dit,
les rhapsodistes des Balkans communiquaient un ensemble de règles
stéréotypées qui permettaient de reconstruire le poème après coup : chaque
récitation de l’histoire n’était pas exactement identique à la précédente,
mais elle lui ressemblait beaucoup, car chaque étape du récit, en étant
traduite en contenu facilement visualisable, permettait à ceux qui
l’écoutaient de s’en souvenir.
J’ai également pu expérimenter ce processus dans le cadre des cours que je
dispense. Dès que je développe des idées et notions abstraites, les étudiants
qui ne sont pas familiers des concepts que j’aborde se désintéressent et se
dispersent. En revanche, si j’illustre régulièrement mon propos d’exemples
concrets (principe n° 3 de Dan et Chip Heath), mettant en scène des
personnes auxquelles ils peuvent s’identifier (les histoires et la crédibilité,
principes n° 4 et 6) et qui traitent de situations qui les concernent
(l’émotion, principe n° 5), leur intérêt reste soutenu et ils se souviennent de
ce dont il a été question d’un cours sur l’autre.
Résumé
Selon Dan et Chip Heath il existe six principes qui permettent
de rendre un contenu inoubliable : la simplicité, l’inattendu, le
concret, la crédibilité, l’émotion et l’histoire.
J’ajoute quatre principes supplémentaires à ces six premiers : les questions,
l’utilité, le plan et les canaux de communication utilisés.
« Traduire » pour mieux comprendre et
mémoriser
En regard des dix principes énoncés dans ce chapitre pour
rendre un contenu inoubliable, je vous propose une méthode en huit
étapes pour vous approprier un contenu (de cours, d’exposé, de
livre…). Vous y retrouverez l’ensemble des principes de la mémoire
présentés dans le cadre des chapitres précédents.
Les étapes 1 à 3 de cette méthode correspondent à des préoccupations
que vous devez avoir durant toute votre séquence de travail : tenir
compte de votre profil pédagogique, définir votre objectif, rechercher
constamment la simplicité.
L’étape 4 vous conduit à planifier votre séquence de travail afin que
« le temps soit votre allié ».
Les étapes 5, 6 et 7 vous permettent de comprendre le contenu en
même temps que vous travaillez à le mémoriser : en vous questionnant,
en structurant et ordonnant les connaissances, et en partant d’exemples
concrets pour cheminer vers les notions abstraites.
Enfin, l’étape 8 vous permettra de prendre du plaisir à travailler et
d’inscrire vos connaissances dans votre mémoire à long terme.
Résumé du Point-méthode
Pour comprendre et rendre mémorable un contenu que vous
cherchez à vous approprier, il vous faut adopter les huit
principes suivants :
Fiche récapitula ve
Chapitre 10 : Rendre un contenu inoubliable
L’idée…
Pour comprendre et rendre mémorable un contenu que vous cherchez à
vous approprier, je vous propose de travailler selon les huit étapes
suivantes :
11
COMPRENDRE ET MÉMORISER AVEC
LES MIND MAPS®
Comment ça marche ?
Quels sont les usages concrets de cet outil ? Quel est son mode d’emploi ?
Et quel est l’intérêt d’organiser les informations de cette façon ?
Je vous propose ci-après quelques éléments de réponses… en Mind Map®.
Une année, j’ai élaboré un cours à destination de mes étudiants pour les
initier à l’utilisation des Mind Maps®. Si la grande majorité d’entre eux a
été convaincue de l’intérêt de la démarche (exploiter la mémoire visuelle,
faciliter l’assimilation des informations par le cerveau, synthétiser les
connaissances…), certains, il est vrai, n’ont pas voulu investir le temps
nécessaire à sa découverte.
Une étudiante m’a ainsi formulé les choses de la manière suivante : « Bon,
moi, madame, ma méthode actuelle, c’est vrai qu’elle est assez anarchique,
mais au moins je m’y retrouve. Et pour l’instant, ça marche. Alors pourquoi
chercher plus loin ? »
Le système des Mind Maps® est pourtant intéressant à deux niveaux dans le
cadre de l’apprentissage :
• d’une part, il exploite les différents principes de la mémoire et favorise
donc l’inscription des informations dans la mémoire à long terme ;
• d’autre part, il contraint celui qui l’utilise à trier, sélectionner, organiser,
structurer et mettre en lien les informations d’un contenu, et de ce fait,
il favorise également la compréhension.
Il faut cependant avoir à l’esprit que le système des Mind Maps® ne guide
pas la réflexion de celui qui l’emploie. Il est en réalité une boîte vide avec
de multiples tiroirs, des espaces de rangement très bien pensés et un
système interne d’organisation qui contraint celui qui l’utilise à se poser des
questions.
Ainsi, une étudiante qui s’y est convertie a pu exprimer son expérience de
la manière suivante : « J’ai d’abord choisi de rédiger des Mind Maps® pour
essayer d’apprendre plus efficacement mon cours. D’une part, je réunissais
toutes mes connaissances sur une seule feuille et, d’autre part, je
déterminais les liens logiques entre chaque élément. À présent, mes Mind
Maps® me servent plutôt de « fiche méthode ». J’y décris le parcours à
réaliser pour réussir un type d’exercice, encore une fois en établissant des
liens logiques. Je pense que ce qui rend une Mind Map® efficace, c’est le
travail d’analyse et de réflexion nécessaire avant la rédaction pour
déterminer ces liens logiques. Donc, contrairement aux simples fiches, cela
demande plus de temps. Cependant lorsque celle-ci est terminée, c’est
généralement que l’on a compris son cours. Pour finir, je dirais que le côté
visuel est plus attrayant pour les révisions, tout comme son côté
« compact ». En effet, voir que tout tient sur une seule feuille pour réviser
ses examens finaux a un certain côté rassurant. » (Je remercie ici
sincèrement Floriane pour son retour d’expérience.)
Une Mind Map® ne se substitue pas au travail d’analyse et de réflexion
nécessaire pour s’approprier son cours. Par contre, elle ne peut pas être
réalisée si ce travail préalable n’est pas effectué.
Le plus important réside dans le fait que la représentation des informations
afférentes à un contenu sous forme de Mind Map® est un merveilleux
moyen d’exploiter tous les principes de la mémoire que nous avons exposés
dans ce livre :
• les indices évocateurs : grâce à l’usage des mots et concepts-clés ;
• le pouvoir de la mémoire visuelle : les Mind Maps® sont représentées
sur une feuille unique, et elles stimulent la vue grâce à l’usage des
couleurs, des dessins, etc ;
• l’ordre : la formalisation des informations selon la logique des
ramifications successives conduit à les ordonner de manière logique ;
• les associations : en n’utilisant que des mots-clés ou des dessins, on se
déleste des « mots inutiles » qui ne jouent aucun rôle dans le processus
de mémorisation, mettant ainsi en évidence les liens qui articulent les
notions et concepts entre eux ;
• la localisation : car l’organisation des informations conduit à les
localiser ; ainsi le cerveau intègre la place qui a été choisie pour chaque
contenu sur l’espace de la feuille ;
• l’agrégation : une Mind Map® est en elle-même une illustration du
principe d’agrégation ; les mots-clés articulés entre eux ont demandé à
l’auteur de se délester des informations qui n’étaient pas nécessaires à
la réactivation du contenu ;
• les pauses : une Mind Map® s’accommode très bien des pauses qu’un
étudiant peut effectuer aux différentes étapes de sa réalisation ; en
reprenant son travail après ses 5 minutes d’interruption, la Mind Map®,
même inachevée, lui permettra de reprendre très facilement là où il en
était resté (la structure d’ensemble est immédiatement repérable, et les
ajouts ou modifications se font sans difficulté) ;
• les réactivations : une Mind Map® tient sur le recto d’une feuille (facile
à consulter, à transporter…), la synthèse des informations rend le
contenu plus « compact » (et donc moins impressionnant) ; les mots ou
dessins-clés sont d’excellents indices évocateurs (ce qui permet de
stimuler la mémoire à loisir)… Il s’agit donc d’un outil
particulièrement maniable qui permet des réactivations faciles aussi
souvent que nécessaire.
Il existe de nombreux arguments pour vous inciter à vous convertir aux
Mind Maps®. Vous pouvez donc tenter dès à présent de vous munir d’une
feuille et d’un stylo, et d’essayer de concevoir par exemple la Mind Map®
de ce livre : le titre au centre, une ramification par chapitre (avec un mot ou
une image-clé), puis des mots-clés triés et organisés les uns par rapport aux
autres…
C’est là que vous allez sûrement rencontrer quelques difficultés et vous
poser quelques questions, car si cela paraît simple de prime abord, de
nombreux questionnements peuvent rester en suspens lorsque l’on passe à
la pratique.
Résumé
Une Mind Map® correspond à un outil d’organisation des
informations qui favorise à la fois leur compréhension et leur
mémorisation.
Apprendre un contenu et prendre des notes grâce
aux Mind Maps®
Je vais vous présenter maintenant des démarches concrètes pour vous
approprier le système des Mind Maps® dans le cadre de différentes
situations d’apprentissage.
Résumé du Point-méthode
L’organisation des informations sous forme de Mind Map®
permet de favoriser les capacités de compréhension, de
réflexion et de mémorisation. Il convient cependant de définir
son objectif avec précision pour en exploiter tout le potentiel.
Fiche récapitula ve
Chapitre 11 : Comprendre et mémoriser avec les Mind Maps®
L’idée…
Une MIND MAP® correspond à un outil d’organisation des
informations qui favorise à la fois leur compréhension et leur
mémorisation. Le principe consiste à structurer les informations sur le
modèle non linéaire utilisé par le cerveau lorsqu’il stocke les
informations :
- un thème central,
- des ramifications successives,
- des informations-clés (mots ou dessins) sur chaque branche,
- des couleurs, des symboles, de l’humour…
Pendant un temps, j’ai cru que les étudiants qui s’astreignaient à faire des
fiches de révision devaient nécessairement avoir plus de chances que les
autres de réussir leurs examens. Pour toute personne extérieure à la chose, il
s’agit en effet d’un indice visible et mesurable d’implication et de sérieux.
Puisque l’étudiant passe du temps à rédiger ses fiches, c’est qu’il travaille.
Et s’il travaille, il y a fort à parier qu’il obtiendra de bons résultats.
Pourtant, au risque de vous décevoir, j’ai pu constater à de nombreuses
reprises qu’élaborer des fiches de révision ne constituait absolument pas
une garantie de réussite. De la même façon que faire et refaire des exercices
qui ont été traités en cours ou en travaux dirigés ne permet pas à coup sûr
d’obtenir de bonnes notes au moment des examens.
Car en réalité, ce n’est pas « ce que vous faites » qui est important, mais ce
qui se passe dans votre tête pendant que vous agissez. Ainsi, certains
étudiants ne font pas de fiche de révision et obtiennent d’excellentes notes,
alors que d’autres compilent l’ensemble de leurs cours sur des fiches
cartonnées et échouent systématiquement.
Résumé
Une bonne technique de réalisation de fiche de révision doit
vous guider dans le processus de compréhension d’un contenu,
et vous permettre de mémoriser celui-ci plus efficacement.
Dans le cadre d’un contexte de résolution de problème, ce travail réalisé
doit également vous amener à réfléchir d’une manière plus efficace.
Les fiches « contenu », les fiches « méthode » et les
fiches « problème »
Pour la plupart d’entre nous, une « fiche de révision » évoque le
résumé synthétique d’un contenu de cours. C’est d’ailleurs la raison
pour laquelle beaucoup d’étudiants ne prennent pas le temps d’en
faire : s’il s’agit de recopier ses notes, un manuel ou un polycopié en
plus petit, quel intérêt ?
Il existe effectivement des fiches de révision qui ne servent à rien, dans
le sens où le travail réalisé ne stimule ni les capacités de
compréhension, ni les capacités de mémorisation. Si vous vous
contentez de recopier quelques informations-clés pour les relire encore
et encore jusqu’à l’examen, vous pouvez passer à côté de votre
véritable objectif, qui est d’être en mesure de réutiliser vos
connaissances dans un contexte plus ou moins inédit.
Je vais donc vous proposer une démarche pour élaborer trois types de
fiches de révision différents : des fiches « contenu », des fiches
« méthode » et des fiches « problème ». Dans la mesure où ces trois
types de fiches doivent chaque fois vous conduire à mieux comprendre
et mémoriser un contenu, les réaliser vous demandera assurément plus
de travail et d’efforts que la réalisation d’une fiche classique. Mais si
cela vous permet au bout du compte d’améliorer de manière
significative vos capacités de réflexion, alors j’espère vous convaincre
que cela en vaut la peine.
Résumé du Point-méthode
Les fiches « contenu » doivent vous permettre de cerner la
structure globale d’un ensemble d’informations, les liens qui
les articulent de manière logique, ainsi que les connaissances-
clés qui le composent.
Les fiches « méthode » doivent vous amener à maîtriser parfaitement le
« mode d’emploi » d’un outil (définition, conditions d’utilisation,
étapes successives de résolution du ou des problèmes qu’il permet de
résoudre, conclusions possibles en fonction du résultat obtenu).
Les fiches « problème » doivent vous conduire à organiser tous les
outils que vous maîtrisez concernant un problème ou un objectif donné
(à partir du type de problème identifié, quelles sont les questions
successives que vous devez vous poser, qui vous permettent de
sélectionner les outils, démarches ou méthodes appropriées).
Fiche récapitula ve
Chapitre 12 : les fiches de révision
L’idée…
Une bonne fiche de révision doit vous guider dans le processus de
compréhension d’un contenu et vous permettre de le mémoriser plus
efficacement. Dans le cadre d’un contexte de résolution de problème,
ce travail réalisé doit également vous amener à réfléchir d’une manière
plus efficiente.
Il existe ainsi différents types de fiche : des fiches CONTENU, des
fiches MÉTHODE et des fiches PROBLÈME.