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Bettina Soulez

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Vous avez du mal à lire? Ce livre vous propose une
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cc: méthode complète pour identifier vos blocages et
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solliciter différemment vos yeux et votre cerveau.
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..... Il vous permet ainsi de gagner en attention,
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0 d'accroître vos capacités de mémorisation,
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de développer votre esprit de synthèse et de
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stimuler votre intuition... Ainsi, vous lirez vite
et bien n'importe quel texte (presse, Internet,
documents... ) sur n'importe quel support (papier
et électronique).

Bettina Soulez a créé la société« Beaucoup de Vous»


et accompagne les professionnels dans leur commu­
nication via formations, débats et conférences. Elle a
publié différents ouvrages notamment chez Eyrolles
et Dunod, et deux comédies chez L'Harmattan.

Retrouver
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Vl le goût de lire g
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Lire vite et bien

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Du même auteur

• La Bulle de champagne et le grain de sable, comédie, Paris, L'Harmattan, collection


«Théâtre des cinq continents», 2012.
• La Grande Cour, comédie, Paris, L'Harmattan, collection «Théâtre des cinq
continents», 2e tirage, 2012.
• La Cuisine de nos maires {collectif), Paris, Teymou r Éditions, 2008.
• Écrire vite et bien en affaires {collectif), Vincennes, Chiron, 2006 (4e édition).
• Cultivez votre réseau, Paris, Éditions d'Organ isation, 2005 (3e édition).
• Devenir un lecteur performant, Paris, Dunod, 2005 (2e édition).
• Former et se former, Vincennes, Chiron, 2001 (2e édition).

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Betti n a S o u lez

Lire vite et bien

4e édition
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EYROLLES
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Éditions Eyro l l es

61, bd Sai nt-Germ a i n


75240 Paris Cedex 0 5
www.edition s-eyro l l es.com

Mise en pages : Istria

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Ol En appl ication de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou
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partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation
0
u de l'éditeur ou du Centre français d'exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands­
Augustins, 75006 Paris.

©Groupe Eyrolles, 1999, 2000, 2002, 2012


ISBN : 978-2-212-55432-8
À mes parents q u i m 'ont donné l e goût de la l ecture,
À Bernard,
À Thomas, Émilie et Bruno,
À leurs enfants
car la transmission continue ...

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S o m m a i re
Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Partie 1 : La méthode . . . . . . .. . . . . . .. . . . . . . . ... . . . . . . .. . . 23


Chapitre 1 : Les objectifs visés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Chapitre 2 : La lecture performante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Chapitre 3 : Une gymnastique intellectuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Chapitre 4 : Faire travailler ses yeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Chapitre 5 : Faire travailler sa mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Chapitre 6 : De nouveaux atouts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Partie 2 : Blocages et remèdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95


Chapitre 1 : Repérer ses blocages et les antidotes possibles . . . . . . . . . . 97
Chapitre 2 : É crire sur les livres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Chapitre 3 : Le droit de choisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

Partie 3 : Les différentes formes d'écrits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123


Chapitre 1 : Lire les « classiques » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Chapitre 2: Lire efficacement des textes techniques . . . . . . . . . . . . . . . 133
Chapitre 3: Les lectures professionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
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Chapitre 4 : Lire des histoires aux enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
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Chapitre 5 : Lire les journaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
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..-! Chapitre 6 : Aborder tous les types de textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
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Partie 4 : Transmettre le goût de la lecture à ses enfants . ... 175
..._,
..c Chapitre 1 : Le goût de lire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
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>­ Chapitre 2 : La lecture et la scolarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
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u Concl usion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Index des notions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Index des pers o n n es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Bibl iogra phie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
Que l q u es mots s u r l'auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
Ta ble des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

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Préa m b u le
« Notre esprit estfait d'un désordre, plus d'un besoin de mettre
en ordre. »

Paul Valéry, Littérature

Com m ent lire ce livre ?

Au choix ...
Dans le désordre absol u, si cela vous plaît. En picorant, de-ci, de-là, ce
q u i vous intéresse en premier l ieu. En zappant, zigzagu ant dans l e texte
a u fil de votre h u meur et de vos besoins ...

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Dans un désordre organ isé, si vous connaissez déjà l es m éthodes de
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l ecture intégra le déstructurée et si vous venez fureter dans ce l ivre pour
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w consolider l 'ossatu re de votre m éthode actuelle.
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0 Dans l'ordre encore, parce que vous vou lez tout lire, en suivant l'orga­
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@ nisation que je vous propose ou encore parce que ce l ivre est pour vous
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une première a pproche d u sujet et que vous ignorez encore com ment
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un lecteu r peut devenir itinérant dans le texte en fa isant fi de l'ordre
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u suggéré par l e rédacteur.
Vous êtes l ibre ! Libre de lire ce q u i vous attire, d'approfond ir ce q u i vous
intéresse ! Libre de choisir, à votre façon, en fa isant émerger les a priori
positifs ou négatifs que vous avez sur un texte.

9
Feuilletez, regardez, testez en somme l 'écritu re, le somma ire et la table
des matières ava nt de vous décider à aller plus loin. Profitez d u choix
qui appa rtient à tout lecteur : entrer ou non dans u n texte, s'a pproprier
les pensées de quelqu'un ou l es la isser de côté. À chacun son itinéraire,
selon ses besoins ou ses intérêts.

Pourqu oi ce livre?

Cet ouvrage, par sa forme, vous permet u n périple personnel origi nal.
Vous pou rrez aisément devenir itinérant. Et j'espère de cette man ière
i ntéressera ceux q u i ont pris défin itivement l'habitude de zapper dans
tout, ceux qui ont d u mal à lire de longs chapitres, ceux qui préfèrent la
discussion à la lecture, ceux q u i naviguent déjà dans !'hypertexte... et
vous, précisément, l ecteur unique q u i, bien sûr, ne ressemblez à aucun
a utre !

Pourqu oi accélérer certaines lectures?

Com me la p l u pa rt des gen s, en entendant parler de lecture ra pide,


active, j'ai d'abord cru à un gadget, à u n e mode. j'aimais bien trop l es
mots, l es phrases, l es beaux textes pour me sentir concernée par u n tel
sujet ! N'ai-je pas fait des étu des littéraires ? Allons ! Ces él ucubrations
ne pouvaient toucher que les gestion naires, les compta bles, l es mani­
pulateurs de chiffres en tout genre, enfin , ceux qui ne cherchent qu'à
rogner la pl ace des mots pour y m ettre des chiffres. La lecture ra pide,
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pour moi, ne pouvait être qu'une astuce destinée a ux férus de nombres,
0 non aux amoureux des lettres.
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Aveuglement i nitial de ma part ! Tous, littéra ires, scientifiq ues, matheux
0
N ou man uels, nous avons besoin, un jour, de changer notre façon de lire.
@ Nous avons tant à l ire, sa ns cesse, pour notre profession, notre informa­
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·.:: tion ou notre plaisir, qu'il nous faut réapprendre à l ire avec goût, i ntérêt

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0 et efficacité.
u

Mais nos bl ocages sont a nciens, banals et tenaces. Prenons l'exemple


des enfants : ils attendent avec im patience de savoir déch iffrer lettres
et mots pour se sentir intégrés a u monde des adultes. Plus tard, cepen­
da nt, com me l ire reste pour beaucoup u n effort, enfants et adolescents

10
s'étiquetteront bons ou piètres l ecteurs : peut-être prendront-ils goût
à ce « dépassement de soi », peut-être l iront-ils ... mais peut-être, par
paresse ou facilité, feront-ils sem blant d'« oublier » cette activité q u i
l e u r coûte tant.
Pour eux, ne pas comprendre un texte ou un énoncé est une catas­
trophe ! Mais « ne pas comprendre » est le premier pas vers la connais­
sance : c'est bien celui qu 'il est intéressant de fa ire. En le franchissant, les
jeunes lecteurs iront plus loin, ils franchiront des étapes et acquerront des
connaissances nouvelles.

L'apprentissage scolaire a mis certa ines personnes face à elles-mêmes


et à leurs manq ues ; elles se sont trop rarement senties grisées par tout
ce q u i leur restait à découvrir. Ainsi, tapie dans leur conscience, alour­
die a u fil des années, l'appréhension de l'écrit - q u'il s'agisse d'écrire
ou de lire - s'est ancrée en eux. Et c'est bien cette appréhension que
je souhaite l es voir gommer ! Dans nos vies d'ad ultes, en effet, nous
devons l ire immanquablement. Même s'il existe d'a utres moyens
d'apprendre, tels que le voyage, la télévision, la radio, l e m u ltimédia,
Internet et ses moteurs de recherche, etc., rien ne rempl acera jamais
cette activité inouïe q u'est le face-à-face avec u n texte.
Pou r moi, l 'écrit reste u n écha nge essentiel entre deux personnes, entre
deux modes de pensée. Oui, la lecture est une démarche intellectuelle !
Oui, elle fait appel en perma nence à notre capacité à com prendre et à
nous ada pter à la pensée d u rédacteu r... m a is quel bonheur de se sentir
conquérant !
Ul
Je propose des méthodes de lecture performante parce que j'ai rencon­
Q)
0 tré beaucoup de gens culpabilisés de lire trop peu à leur goût, ou trop
1....

w mal. Changer sa façon de lire, c'est adopter de nouveaux réflexes et c'est
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aussi, d'une certa ine man ière, changer sa vie.
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·.:: Pourquoi m oi?

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S'intéresser à la l ecture depuis des a nnées, avoir identifié l es b locages
et l es craintes des gens, vou loir leur donner envie d'aller plus loin et
d'atteindre de nouveaux objectifs, tout cela incite à la réflexion. j'ai

11
donc réfléchi aux m éthodes, aux inh ibitions classiq ues, a ux attentes
des l ecteurs et a ux pistes possibles pour réussir.
j'ai rencontré de nom breuses person nes inquiètes à l'idée de remettre
en cause u n des apprentissages de leur enfance. Cela m'a donné envie
de leur proposer une m éthode q u i dédra matise et motive. j'ai tenu
com pte pour l'élaborer de ce que j'avais moi-même ressenti et de ce
que je pouva is deviner des demandes des a utres. Mon offre de « l ecture
performa nte » est le résu ltat du cheminement fait pour cha nger ma
propre façon de l ire, puis pour l'enseigner. Mes lectures, m es propres
sources d'inspiration, ma formation person nelle et mon expérience
avec des gens demandeurs, intéressés mais parfois inqu iets, débordés,
culpabil isés de n 'avoir pas assez de tem ps pour lire, m'ont incitée à
aller plus loin en tenant com pte des réactions de ce public en q u i je me
retrouve, et que j'aime épauler.
Cette méthode est donc née sur l e terrain. j'ai tenu compte des
angoisses, des tâton nements, des réflexes observés à l'âge adu lte et à
l'adolescence... En partant de ce que vivent l es lecteurs, je les incite,
au cours de formations, à s'amél iorer tout en respectant leur logique.
Cha nger sa façon de lire est une révol ution i ntime, culturelle, subtile q u i
permet e n quelq ues jours d e doubler, tripler s a vitesse d e l ecture.
Quel lecteur n 'a jamais souhaité dialoguer avec l'auteur du livre qu 'il lit ?
Quel auteur n'a jamais rêvé d'en tendre les questions de son lecteur ? Ce
dialogue, patiemment reconstitué, je vous l 'offre, je me l 'offre.

Lors des sessions de formation que j'an ime, les stagiaires me posent une

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foule de questions. Pensant que vous, lecteurs anonymes et lointains, vous
Q)
0 vous interrogiez sans doute de la même façon, j'ai progressivement noté
1....

w ces questions afin d'y répondre par écrit. Ce nouvel ouvrage sur la lecture
N
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performante est le résultat de ce travail a ttentif. Les animations de stage
N

@ me font vivre en direct les progrès des lecteurs et alimentent ma réflexion ;


..._,
..c les livres sont le fruit de cette réflexion .
Ol
·.::

o_ La lecture performante est une porte ouverte sur le savoir, un nouvel art
0
u
d'aller chercher aisément les connaissances là où elles se trouvent, dans
les dédales de l 'écrit. Ainsi, au-delà de la technique ou du plaisir de lire, il
s'agit bien d'accepter la transmission, d'accepter de recevoir - mais aussi
de donner !

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I n t ro d u ct i o n
« Ce qu; est memeur dans le nouveau
est ce qu; répond à un désjr anôen. »

Paul Valéry, Littérature

Ma proposition de l ecture performante est fondée sur u n double


constat : u n lecteu r croya nt bien l ire s'est souvent contra int à déchiffrer
avec pesanteur tous les mots d'un texte ; mais a ujourd'hui, à l'ère d u
« zapping » et d u m u ltimédia, chacun est pressé d'accéder a u x infor­
mations, de les l ire, et a ussi de m ieux l es lire. Ce l ivre favorise par ses
nom breuses entrées possibles la l ecture souple, agile, itinérante que
je préconise. Je souhaite décul pabil iser l e l ecteu r dans sa recherche de
nouveauté, le guider vers une l ecture plaisir, aérienne, l i bre et créative ...
Ul
Q)
Dans cette démarche, en somme, le lecteur ne su bit plus la pensée de
0
1...

l'a utre, mais agit avec elle.
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La lecture performante, vou s l e constaterez, a pporte beaucou p plus
0
N qu'il n'y paraît a u prime a bord : certes, elle aide à élargir les con nais­
@
....., sances de manière flagrante, mais elle attise aussi l'esprit, le rend plus
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Ol
·.:: vif en l e fa isant bondir de la synthèse à l 'ana lyse puis de nouveau à la
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0.
0 synthèse. Elle redonne a udace et confiance en soi, excite l'intuition et
u
l'imagination ; elle favorise l 'attention et la concentration, accroît les
capacités de mémorisation et aiguise l'appétit de culture.
Je souhaite au fil de ces pages réveil ler en vous tous ces réflexes réhabi­
lités, et vous proposer de les affûter chez vos enfants.

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Am is, l ecteurs en herbe, lecteurs end iablés, lecteu rs par obl igation,
lecteurs bridés, lecteu rs i ntrépides, si vous vous interrogez sur vos
modes de l ecture, a nciens ou actuels, vou s devinez, sa ns doute, q u e
vou s avez là des ressources considérables encore peu exploitées : ce livre
est donc écrit pour vou s et n'existera que grâce à vous.
La lectu re performa nte est un art de l i re, u n art de vivre, u n art d'accep­
ter la tra nsmission d'une génération à l'a utre, d'un monde à l'a utre ...
Repa rlons-en a u gré des l ignes !

L:ère nu m érique, u n i déal de trans m i ss i on?

Lire, c'est recevoir, c'est admettre que des i nformations vou s soient
tra nsmises. Les a nciens vou s ont écrit, vous parlent ... Apprend re à
lire, et bien l ire, savoir flâner dans l es bibliothèq ues et em prunter u n
livre à ses parents o u à u n proche, c'est créer u n l ien entre soi et l es
générations précédentes. En incitant leur enfant à l i re, l es parents l u i
don nent d'emblée la possibil ité d ' u n bagage, bagage peut-être dense,
bea u , utile ...
À notre tour, aimer l ire et inciter nos enfants à lire, c'est transmettre.
Génération après génération, nous som m es dans la transmission d u
savoir. Et pour permettre cette transmission, i l faut développer le goût,
à la fois du passé et de la nouveauté ou de l'innovation. Lire, c'est bien
plus que sim plement déch iffrer des textes. Nous con struisons ainsi nos
personnalités, mais aussi notre filiation.

Ul
On le sait : tout peut se dire... Mais nos émotions, notre mémoire
Q)
0 peuvent agir sur le stockage de l'i nformation. À l'opposé, l es écrits, en
1....

w nous demandant un effort, développent notre « moi jacasseu r », notre
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0
esprit critique, notre n écessaire « arrêt sur image ». De plus, pour se
N

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révéler fidèles à la pensée de l 'a uteur, ils l u i ont demandé u n effort de
..._,
..c conceptual isation et de synthèse .
Ol
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o_ L'ère n umérique nous offre u n choix incroyable et form idable de
0
u
supports ! Lirons-nous sur papier ou sur écran ? Avec une typo petite ou
un tantinet plus grosse, dans une police avec ou sans empattement,
du Times ou de l'Arial? Une lecture sur un smartphone, une tablette,
ou encore sur un bel et grand écran bien éclairé? Avec ou sans tableau

14
Powerpoint? Avons-nous des lectures volées entre deux rendez-vous,
face à la mer ou sur un quai de gare, le nez au vent ou dans un salon
cosy ? Est-ce une lecture qui nous est faite à voix haute, l'oreillette
bien calée dans l'oreille, et qui nous envoie les textes au creux du
tympan ? Bref, comment vivre avec cette transmission large et facile
et réussir ensuite à se recentrer sur les pépites reçues ?
Aujou rd'hui, tout est lecture, zapping, recherche de l'essentiel a u plus
vite. Alors, des pa uses s'im posent ! Décrochage, grosse flâ nerie o u
paresse : ça a ussi, c'est a utorisé, et même nécessaire.

Le dile m m e : papier ou écran

À l'heure de l'informatique, d u m u ltimédia et d'I nternet, n 'est-il pas


désuet de parler encore de la trace pa pier ?
Que d'entreprises et d'éq u ipes rêvent d u zéro papier, et comme cela
se comprend ! Nous sommes submergés par tant de pa perasse ! Mais
avant que ce monde, a priori idyl liq ue, devienne total em ent l e nôtre,
les textes de forme trad itionnel le ont encore de beaux jours devant eux.
Les éditeu rs croulent sous les manuscrits : il y a profusion de textes à
publier. Aussi devons-nous im pérativement devenir sélectifs, capables
d'analyse et de synthèse.
Traitement de texte, courrier électronique, trava il en réseaux, hyper­
texte, I nternet, m u ltimédia, CD Rom, tablettes et Smartphones, tout
vous incite à être itinéra nt, à devenir lecteu r interactif. Et si notre l ectu re
Ul
de l'écrit imprimé a besoin d'évoluer, c'est a ussi pa rce q u e des réflexes
Q)
0 nouveaux sont nés de cette révolution de l'informatiq u e mobile. I l
1....

w est devenu banal de vivre en réseau grâce à Facebook, Twitter, Viadeo,
N
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0
Li nkedin ...
N

@ Tous ces modes de lecture nous influencent et se nourrissent les uns


..._,
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Ol des autres. C'est justement de cette interaction entre les différents
·.::

o_ supports et nos nouvelles habitudes dont je parle dans ces pages : il
0
u
devient urgent d'améliorer notre façon de lire, parce que les supports
et les objectifs de lecture changent.

15
Tout ce que vous apprendrez pour dynamiser votre lecture des écrits
im primés rejaill ira sur votre aisance à circuler sur les a utoroutes de
l'information.
Commencez par repérer com m ent vous préférez lire : sur votre télé­
phone, sur u n écran d'ordin ateur, des livres, des journa ux, des tirages
papier va riés, etc. ? Qu'avez-vous tendance à laisser de côté ?

Ce qu'offre le Web

Les lieux d'accès à l'information sont m u ltiples : où que vou s vous trou­
viez dans le monde, l'accès à un ordinateu r connecté sur le web vous
relie à tout u n réseau : le vôtre, par le biais de vos e-mails, et le réseau
mondial.
La plura l ité de l'i nformation et l es sources m u ltiples peuvent vous
rendre plus savant : il vous devient possible de prendre con naissance de
plusieurs points de vue avant de vous forger l e vôtre. Vou s êtes tout à la
fois le cœur et les term inaisons de ce réseau.
La correction facile, la réactual isation q uotidienne de l'information
vous offrent u ne i nformation fraîche à tout moment.
En partant d'un site, vous pouvez naviguer sur plus de cinq mill iards
de pages sur I nternet - vous avez l 'em barras du choix ! Il faut alors se
montrer tout à la fois a udacieux, inventif et sélectif.
La facil ité d'utilisation rend I nternet accessible à presque toutes l es
générations. Chacun con n aît des « cyberretraités » capables de voyager
Ul
Q) depuis leur fauteuil ou de converser avec la jeunesse via la toile.
0
1....

w I nternet vous permet d'avoir un résea u qui dépasse votre génération.
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Vous lisez l es écrits d'a uteu rs que vous ne connaissez pas, de tous l es
N
âges, et vous évitez ai nsi de vous cantonner à u n réseau de personnes
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qui vous ressembl ent. L'interactivité est a u rendez-vous. U n gra nd
Ol
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bonheur de plus vous est offert : avoir souvent la possibil ité de com mu­
o_

u
0 niq uer avec les a uteurs des textes par le biais d'une boîte e-ma il.
Enfin, vous pouvez opter pour le s upport m u ltimédia par excellence :
u n e possibilité de fusion d u texte, de l'image, d u son et de la vidéo.

16
Une stratégie pou r être efficace

Ayez des objectifs de lecture. Visez des résultats.


Ainsi, dans un moteu r de recherche, entrez quelques mots clés pour
réd uire a u maxi m u m l e nom bre de réponses. Si vous entrez, dans un
moteu r de recherche com me Google, l e mot « bâtiment », les pistes
de lectu re seront ingérables car trop nom breuses. En reva nche, si vous
sa isissez des termes com me « fédération bâtiment Île-de- France », vous
trouverez quelques offres de l ecture tout à fait abordables.
Recherchez l es sites qui ont le souci du lecteu r et fuyez ceux q u i se
contentent d'être une vitrine froide. Les sites q u i tien nent compte d u
l ecteu r l u i permettent d e prendre contact, l u i offrent des informations
accessibles, des portes d'entrée m u ltiples, des informations bâties sous
forme d'hypertexte (référez-vous au plan « pyram ide inversée » p. 45),
des liens avec d'autres sites, etc.
L'émetteur est responsa ble de sa com mun ication. C'est l u i q u i doit
aller vers vous, et non l'inverse. Il a donc écrit « simple », en une langue
destinée a u plus gra nd nom bre. Il a su répondre à une nécessité : rester
profession nel et accessible, expert mais vu lgarisé, rap ide et pointil leux.
Son information a p l usieu rs nivea ux et s'adapte à p l usieurs vitesses de
com préhension.
La lecture sur écran nous paraît, a u départ, moins naturelle. Cependant,
elle fait appel aux mêmes mécanismes et demande la même gymnas­
tique visuelle et textuelle q u e le document écrit.
Ul La l ecture sur écran aigu ise plus particulièrement deux compétences :
Q)


0
1....

la recherche d'un parcours visuel plus performant avec la descente
w
N
et la montée ra pide des l ignes ;
..-!


0
N la navigation dans l e texte q u i désosse le texte grâce aux itinéraires
@
.....,
.c
que nous bâtissons sa ns cesse pour voler d'une fenêtre à une a utre,
Ol
·.:: d'un pavé visuel à un a utre. Notre périple dans l es outils modernes
>-
0.
0 d'i nformation transforme peu à peu notre façon d'aborder l'écrit
u
classiq ue, car la surabondance d'informations nous donne envie
d'accéder au savoir avec plus de célérité. Les m éthodes de lecture
performa nte sont plus que jamais au goût du jour pour préparer le
lecteur q u e vous devrez être demain.

17
Le parcours de vos yeux sur l'écran

Oui ! Le parcours de vos yeux sur la page écran diffère de cel u i adopté
sur la page papier. En effet, la l ecture sur écran ralentit de 25 °/o notre
ryth m e de déch iffrage par ra pport à la lecture tradition nelle d'une feuille
de papier. Cela est dû, entre a utres, à la tai l l e de l 'écran, à notre position
pour l i re, etc. Pou r bénéficier d'un confort de l ecture com parable, il nous
fa ut donc trouver sur l'écran une information moins vol u m ineuse que
sur le papier. Vous vérifierez cela en jaugeant votre propre aisa nce à l ire
lors de votre navigation sur certa ins sites : si l e rédacteu r a ten u com pte
de cette modification de votre confort, i l a allégé et changé la structure
de ses textes, et vous lirez l'ensemble avec plaisir et com préhension. S'il
a plaqué là son texte tel qu'il est traditionnellement présenté sur papier,
il vous rendra la lecture difficile.

Des repères qui attirent

Vous observerez vite que votre vitesse de lecture est étroitement


tributaire de votre confort ... et donc du travail d'adaptation fourni
préalablement par le rédacteur web.
Pa r exemple, votre œil sera attiré par :
> l e surl ignage et l es ca ractères gras qui créent des repères visuels.
Vous devenez capable de ba layer l'ensemble ra pidem ent en vous
appuyant sur certains mots phares mis en gras ;
> l e cœu r de l'offre, puis la colonne de gauche. Donc, les emplace­
ments que vous l irez en priorité sont : l e centre puis les colonnes de
Ul
Q)
0
gauche et de droite. Vous prêterez plus d'attention au haut qu'a u
1....

w
bas d e l a colonne gauche. E n revanche, l e bandeau d u haut, consi­
N
..-! déré comm e une place privilégiée pour l es publ icitaires, aura de ce
0
N
fait sur vous u n im pact assez faible ;
@
..._,
..c
Ol
> l es textes rédigés en colonnes, a u détriment des textes uti lisant
·.::

o_
toute la largeur de la page ;
0
u
> des titres expl icites, car vous manquez de tem ps et de confort pour
chercher longuement un sens aux subtil ités ;
> des textes courts rédigés avec des phrases courtes, de six à h u it
mots seulement !

18
Une information vite trouvée sinon ...

Comme le web est censé nous donner de l'information rapidement,


nous rechignons à faire descendre le curseur pour l ire l es informations
clés : nous nous évitons l es « ascenseurs » . Seuls 10 °/o des interna utes
font défiler la page a u-delà de ce q u i apparaît directement à l'écran.
En tant que l ecteu r, nous avons le réfl exe de fa ire notre choix entre les
options initialement visibles. Et si, au bout de trois clics sur u n même
site, nous n'avons toujours pas trouvé l'i nformation recherchée, nous le
q uittons ... souvent persuadés d'y avoir perdu notre temps.
Si, en arrivant sur un site, vous êtes confronté à un long téléchargement
d'images, vous a bandonnerez : c'est normal. Il s'agit pour vous, lecteu r,
d'une perte de tem ps. En reva nche, si, pendant ce téléchargement
d'images, du texte appa raît, cela vous fait patienter, car vous êtes alors
occupé.
La jeune génération q u i furète sur le web est plus affranchie du texte
que cel les q u i l 'ont précédée. Elle s'est habituée à la lecture directe sur
écra n , sans passer par u n tirage papier des informations à mémoriser.
Vous voyez donc tout l e travail que doit mettre en place l e bon rédac­
teu r d u web pour séd uire son l ectorat. Vous devinez aussi que si rien
de tout cela n'est fait, la lecture sur écran reste pesante et l ente.
Progressivement, les a uteurs de ces textes ont compris qu'ils devaient
apprendre à écrire en facilitant le travail d u l ecteur s'ils vou laient être
l us. Ainsi, si vous êtes performant sur certains sites, c'est sans doute
a ussi grâce a u travail effectué par le rédacteu r. Et si le texte vous paraît
Ul
Q)
mal adapté à l 'écra n, soyez exigeant : utilisez u n e a utre sou rce1 !
0
1....

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1.Vous trouverez de nombreuses informations sur l'écriture sur Internet d a n s mon ouvrage
� Cultivez votre réseau, paru a u x éditions d'Organisation.
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<QI
19
I nternet est-il po u r les e nfa nts ?
Vo u s n e p o uvez barricader n i vos enfa n t s n i u n savo i r offert à t o u s .
P o u r bien vivre I n ternet, i l fa u t e n a p prendre a u x enfa n ts les atouts
et les pièges, comme pour une b i b l i o t h è q ue ou pour la t é lévisi o n .
U n des ava ntages d ' I nternet s u r l a té lévi s i o n est q ue, face à u n
écran d ' or d i n a teur, s u r le web, i l fa ut être act if, s i n o n rien n e se
passe. Face à u n écran de t é lévis i o n , en reva n c he, i l est facile de
rester« scotché » , i n actif, affalé sur un siège.
Autre a t o u t d ' In ternet : ce s u p port est bea u c o u p p l u s attraya n t et
l u d i q ue q u ' u ne b i b li ot h è q u e de livres.
Votre rôle de parent est d o n t i n d i sc u t a b le : vo u s devez a p prendre
à votre enfa n t à bien uti liser cet o u t i l . I m possi ble, me sem b le-t-i l ,
de l e lui i n terdire : Internet fa it partie d u m o n de de d e m a i n , t o u t
c o m me v o s enfa n t s !

Votre Smartphone et vous ...

j 'entends dire : « mon Smartphone, je vis avec, je dors avec, je joue avec !
C'est u n compagnon, il me nourrit, m'endort, me réveille, me d istrait,
me console ... Outil à tout moment q u i me relie avec les a utres. Il est ma
mémoire et ma culture passée, présente et à ven ir, en quelque sorte il
est "mon maître à pensées" et qui sait si un jour il ne deviendra pas mon
maître à penser »... Brrr...

Les tablettes et autres écrans

Ce sont des outils modernes total em ent merveil leux où votre œil et
Vl
<lJ votre intel l igence peuvent s'exercer à m erveille ! Là, nous pouvons nous
0
>
._ perm ettre toutes sortes d'a udace : itinéra ires, parcours visuels, a uteu rs,
w
N sujets ...
.-i
0
N Les tablettes ont mille qual ités : la capacité de stockage, donc de choix
@


de textes, le poids rid icule de ce support (com pa ré à la masse d'infor­
Ol
·;:::
>
mations conten ues !), l'éclairage indépendant q u i nous permet de l ire
o.

u
0 en toute quiétude q u elle q u e soit la l u mière d u jour, la typogra phie que
nous pouvons ajuster à notre confort, la mise en page qui se module
selon nos souha its (une, deux ou trois colonnes), notre liberté de
zapping en restant incognito, le dictionnaire q u i nous offre ill ico le sens
de certa ins mots, le chronomètre intégré et le com pte de mots q u i nous

20
permettent l'un et l'a utre de voir nos progrès en vitesse de l ecture ...
bref, tout est fait pour q u e nous soyons ca ptés et captifs de ce monde
moderne, ingénieux et confortable. C'est une forme de livre et de jour­
nal incontournable qui nous incite à l i re beaucoup et partout ! Vivement
que les prix ba issent ...

Q u e l lecte u r êtes-vo u s ?

Ou i ou n o n ?
1. Q u a n d vous com mencez u n livre, q u ' i l vo us p la ise o u n o n, vous le
l i sez j u s q u ' a u b o u t .
2. S i vo u s achetez le j o u rn a l, vous le lisez en entier.
3. Pour vous, écrire d a n s u n livre est u n sca n d a le. Un livre est u n
o bjet préci eux.
4. Q u a n d vo u s ne co m p renez p a s u n passage d a ns u n e de vos
lectures, vous rel isez les q u elq ues lignes sur lesquelles vo us
venez de b u ter.
5. Q u a n d vo us lisez avec atten t i o n, vous entendez les m ots lus d a ns
votre tête.
6. Vo us lisez surtout des documents p rofessio n n els, p a r m a n q ue de
tem ps pour des lectures personn elles.
7. Vo us lisez les livres les u n s a p rès les a u t res, j a ma i s plu sieurs
livres à la fois.
8. Vo u s l i sez parfo is la fin d ' u n livre ava nt s o n d é b u t .
9. Vo u s a i mez d écouvrir les livres a u ca lme chez vo us : vo u s ne les
Vl
<lJ feu i lletez d o n c j a m a i s d a n s les l i br a iries.
0
>
._
1 O. Pour vo us, un bon lecteur ne fait a u c u n e i m passe d a n s un livre .
w
N 1 1 . Vo us n ' achetez j a m a i s le j o u r n a l car vous en a p prenez tout a u t a n t
.-i
0 pen d a n t le jour n a l té lévisé o u à l a ra d i o .
N

@ 1 2. Votre S ma r t p h o ne, votre t a b lette o u votre ord i nateur s o n t les




Ol
seuls s u p ports sur lesquels vous a i m ez lire les jour n a u x ou les
·;:::
> i n formations.
o.
0
u

21
Explications

Si vous avez dit « oui » à toutes les q uestions, à part à la question 8, vous
serez heureux de l ire ce l ivre et d'y découvrir de nouvelles façons d'abor­
der les textes. Vous al l ez apprendre au fil de ces pages ce q u i caractérise
les très grands lecteurs et comment en devenir u n à votre tour. Vous
avez tant à savoir que vous progresserez à grands pas !
Si vous avez répondu tantôt « non », tantôt « oui », vous avez des décou­
vertes à fa ire, et ce l ivre vous permettra de gagner encore, à l'avenir,
tem ps et efficacité.
Si vous avez répondu « non » à toutes l es q u estions, sa uf à la réponse 8,
vou s avez déjà de très bonnes tech niq ues, soit parce que vou s les avez
précédemment acquises (peut-être même grâce à mon a utre l ivre sur ce
sujet ...), soit parce q ue, de manière i ntuitive, vous vous êtes construit
des méthodes de l ecture performa nte. Ce l ivre va vous conforter dans
vos stratégies et, peut-être, vous indiq uer de nouvelles pistes.

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22
Partie 1

La m éthod e

« Notre volonté ne se portant à su;vre ou à ju;r aucune chose,


que selon que notre entendement la lu; représente bonne ou
mauva;se, n suffit de b;en juger pour b;enja;re. »

Descartes, Le o;scours de la méthode

Le monde a changé et nous auss i .

Pour réussir à dévorer u n texte a u l i eu de l e subir, comment


fai re?

Vl
ClJ
0
'­ Nous avons des outi ls formidables à notre d ispositio n . Encore
>
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faut-i l les con naître. Car« savoir», c'est pouvoi r s'offrir le luxe
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de choisir.
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u
Après avoir constaté d'une part l e souci des entreprises d'offrir à leur
personnel des formations courtes (manque de temps, manque d'ar­
gent), d'autre part la force de la motivation individ uelle, j'en s u is venu e
à concevoir des modes d e formation ada ptés à ces nouvelles exigences :
des l ivres q u i proposent des prolongements à leur l ecture même, des
sessions de formation courtes q u i encadrent et donnent des p istes, lais­
sant une large part à l'initiative person nelle qui s'ensuivra.
Car a pprendre à « lire plus vite et mieux » im pose un cha ngement de
com portement. Or, u n com portement peut être long à modifier. Et
/'aiguillon majeur en sera toujours la motivation.

Savo i r << b i e n li re >>

Ul
La l ecture demeure une activité éminem ment secrète, person nelle,
Q)
0
intime grâce à laquelle nous épro uvons des émotions et apprenons
1....

w sa ns cesse. I nd ividuellement, sa ns chercher à rendre des comptes à
N
.-!
0
q u iconque, jour après jour, vous changerez vos méthodes sponta né­
N

@
ment et gagnerez en efficacité, en confort de lecture, et en confiance en
..._,
..c vous-même. L e temps et la pratique sont vos alliés.
Ol
·.::

o_
Les buts de cette méthode sont de :
0
u
> élargir la variété de vos centres d'intérêt
> apprendre à mieux gérer votre recherche et sél ection d'informations
:c > vou s permettre de réd u ire le temps passé pour tel ou tel type de
e
� lecture
QJ
o..
:J
e
Cl
<QI
27
>- apprendre à vous concentrer plus facil ement sur u n texte
>- lire systématiquement l es conclusions des documents
>- vous décu lpabiliser lorsq u'il faut fa ire l'im passe sur certa ins
passages
>- intensifier la mémorisation de ce que vous lisez
>- vous donner ou redonner le goût de lire
>- bref, vous rendre u n meilleur lecteu r.
Enfin, vous serez plus a udacieux dans vos choix et a u rez u n appétit
de culture vivifié. C'est alors que votre ca rrière de l ecteur deviendra
grisante !

Savo i r l i re vite
U n l ecteu r qui l it environ 120 à 180 mots à la minute est u n l ecteu r l ent
qui décrypte le texte à la vitesse de la langue parlée. Sans doute su bvo­
calise-t-il, chante-t-il les mots dans sa tête. Ce lecteur pou rra évoluer
énormément en raréfiant peu à peu le nom bre de mots entendus dans
sa tête pendant sa l ecture.
Il est fréq uent de voir des gens lire, en début de formation, 150 ou 160
mots/m inute et, après seu lement deux jours de formation, passer pour
certains textes à 350 voire 500 mots/m in ute.
À titre d'exemple, une page comm e cel l e-ci contient 300 mots. Et ce
Ul
Q)
livre, du premier mot au dern ier, est fa it d'environ 38 ooo mots. Vous
0
1....
pouvez donc ca lculer votre rythme de l ecture en tenant com pte d u

w
nom bre de mots q ue vous l isez e n une minute.
N
..-!
0
N Si vous lisez 300 mots à la m i n ute, vous pouvez vous offrir quelques
@ petites pointes, selon l es su pports, à 400 ou 500 mots/m in ute en systé­
..._,
..c
Ol
·.::
matisant les propositions d u paragraphe précédent et la l ecture i nté­

o_
0
gra le déstructurée que je va is détail ler u n peu plus loin. Et vous pou rrez
u
encore progresser.
Si vous l isez 500, 600, 800 mots à la minute, vous êtes u n bon lecteu r,
voire très bon car, selon le texte, vous savez repérer, trier, accélérer ou
ral entir a u gré de votre fa ntaisie. Bonne contin uation !

28
Ainsi, lorsqu e vos rythmes de lecture, selon vos objectifs et la qualité d u
support, va rieront entre 400 et 600 ou entre 500 et 1 ooo mots/m in ute,
vous pou rrez considérer que vou s êtes u n l ecteur performant.

La m é t h o d e , vo us et m o i
U n in itiateu r est l à pour éveil ler des talents, sa ns être u n e référence à
atteindre ou dépasser ; je suis là pour vou s « ouvrir des portes », éveil ler
votre appétit de culture, vous donner envie de n aviguer dans tous les
textes en maîtrisant m ie ux votre temps, parce que je crois a ux progrès
et a u changement. La lecture est une activité personnelle, riche et variée
où seules deux personnes compten t : l'auteur et le lecteur. Viendra un temps
où le dispensateur de méthodes, le révélateur de vos talents se fera oublier !

À la question qu'on me pose souvent, à savoir « com b ien de mots à la


minute l isez-vous ? », je peux vous dire que mon nombre de « mots/
minute » va rie toujours en fonction du conten u et de l'appa rence d u
texte, d e m o n projet d e l ecteu r, de la stratégie de l ecture choisie, d e mes
objectifs, de ma réceptivité, de mon dynamisme, du temps que je me
suis fixé... Bref, il peut sans doute osci ller dans une proportion de 1 à 15.
Je me sens en fait « lectrice performa nte » car, si je suis tentée par u n
sujet d e lecture, j e le lira i d'une man ière ou d ' u n e a utre. Cela ne veut pas
dire q u e je l is tout, mais que, si je renonce à un texte, je sais pourquoi :
je dois approfondir mes connaissances d u sujet en ava l, je n'aime pas la
façon d'écrire de cet a uteur, je n'ai a ucun besoin, ni personnel ni profes­
Ul
Q)
sionnel, de certai nes lectures, ou encore je prendrai le temps, plus tard,
0
1....

de découvrir tel ou tel a uteur.
w
N
..-!
En reva nche, je lis tout ce que j'ai envie ou besoin de l i re selon les prio­
0
N rités que je me fixe. Dans ma bibliothèque, des l ivres que j'ai choisis
@ avec soin m'attendent, et j'en espère beaucoup de joie. je vis l'instant, je
..._,
..c
Ol
·.:: hais la routine mais j'ai des projets en permanence... sur mes rayonnages

o_
0 et dans ma tête...
u

29
,
,

<< Ec re m a g e >> o u
<< lect u re e n d i a g o n a le >> •••

j ' util ise peu ce voca bula ire. Pour moi, ce sont des mots galva udés,
parfois devenus cl ichés, et a uxquels certa ins attribuent des connota­
tions négatives, com me s'ils étaient autant de réflexes qui, pour le non­
initié, semblent être des moyens de mal faire !
Je préfère donc parler de « lecture repérante », « lecture sélective »,
« lecture intégrale structurée » ou « déstructurée ». Je vous invite à
découvri r ce que j'entends par là dans les chapitres su ivants.

E n re lisa nt vite, risquez-vo us d 'o u b l i e r


l'ortho g ra phe ?
Tout rédacteur soucieux de s o n orthog ra p h e s a i t que l'esse ntiel d o i t
se fa i re a u m o ment o ù i l é c r i t . U n e b o n n e relect u re n 'est fa ite q u e
p o u r contrô ler le respect d e s accords e t d e s c h a m p s lex icaux.
En fonct i o n de vos défa u ts p ri n c i p a u x , à vous d ' a d a p ter votre
ryt h m e de relect u re : vite p o u r vérifier le sens des p h rases et la
p lace des m ots, lentement p o u r repérer une à u n e les erreurs
o rt h o g ra p hiques.
Écrire n o u s d o n ne des res p o n s a b i lités vis-à-vis du lecteur. Il fa ut
d onc relire ses écrits et p ro p oser un texte correct.
En deve n a n t un lecteur p l u s exigeant, on devient peu à peu un
mei lleur rédacteur, soucieux de l' i n t ro d u ct i o n , d u plan d u d i scours,
de la conclu s i o n , du style et de l' o rt h o g ra p he.

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« L'avenir, c'est ce qui dépasse la main tendue. »

Arag on, extrait de « Le fou d'Elsa »

Un mot de plus, u n mot de moins? La belle affaire !

Quand nous lisons mot à mot, nous nous noyons dans le détail. Je vous
propose d'accél érer votre l ecture en sautant quelq ues mots de-ci, de-là.
Cet exercice incite l e cerveau à aborder la synthèse et à rechercher l'idée.
Votre intu ition et votre imagination ont travaillé de concert pour recréer
le sens des mots absents. Peu im porte à votre cervea u que l'œil ait tout
capté : la pensée vol e et échappe au mot à mot. « JI s'agit d'apprendre
à lire et aussi d'apprendre à penser, sans séparer jamais /'un de /'autre.
Or, une syllabe n 'a point de sens, et même un mot n 'en a guère. C'est la

Ul
phrase qui explique le mot », écrit l e philosophe Alain dans ses Propos sur
Q)
0 /'éducation.
1....

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Or, comme nous sommes des êtres « parlants », nous croyons que notre
..-!
0
N
pensée EST notre parole. Faux ! La parole n 'est q u 'une des expressions de
@ notre pensée. L'être h umain peut réfléchir et créer sans faire le détour par
.j..J
..c
Ol les mots.
·.::

o_
0 Voici une belle anecdote q u i date d'une époque où je m'interrogeais
u
peu sur les liens entre la pensée, l es mots et la l ecture. Un de mes
enfants est tout petit : bébé marcheur, château branl ant ne sachant
pas encore parler. Lui et moi, côte à côte, avançons pour la première
fois dans un jardin où vit en li berté un corbeau prétendum ent appri-

33
voisé. L'oiseau, a u moment où passe devant l u i mon petit bonhomme,
s'envole vers l u i et lui pince la lèvre d'un coup de bec ! Vous imaginez
les cris de l'enfant, mon désa rroi et ma fureur mêlés ! Rien de grave, le
tem ps passa, l'incident fut oublié... Un a n après, nous repassons dans
ce même jardin (entre-temps, mon fils avait appris à parler). j'entends
alors une petite voix me demander : « Il est parti, l 'oiseau q u i pique ? »
Cet événement m'a émerveillée : ses mots exprimaient sa pensée (une
piqûre), sa reconnaissance des lieux, son ressenti de l'année passée, son
inquiétude ren ouvel ée ... Quel l e synthèse adm irable l e cervea u sa it faire
et sait transmettre, éventuellement, par les mots !
Nous, lecteurs, pouvons l ire et com prendre sans voir n i a rticuler silen­
cieusement toutes les sylla bes. Créer au plus vite la synthèse des
idées, tel est l'objectif fondamental de la lecture. En 1932, Alain écri­
vait : « je ne crois pas q u 'on ait cherché quelque méthode qui éveille l'esprit
d'ensemble et qui délivre d'épeler. Les mieux doués y viennent tout seuls ; il
y faudrait amener les autres, qui souvent, je le parie, sont retardés par un
scrupule, par une défiance à l 'égard d'eux-mêmes. »

Oubl iez votre défiance vis-à-vis de vous-même, avancez sans scru p ule,
sa utez quelques mots : votre cervea u s'en trouvera stimulé. Créez votre
culture avec u n nouvea u rythme, cel u i q u e vous vous choisissez.

Essayez dès maintenant de supprimer la subvocalisation des mots


Ul
Q) courts tels que « en », « de », « par », « le », « la », etc. : balayez-les
0
1.... seulement du regard. Vous serez surpris de voir que vous comprenez

w
tout aussi bien. Puis, peu à peu, pensez à visualiser sans les subvoca­
N
..-!
0 liser des adverbes plus longs, tels que « bientôt », « soudain », ou des
N

@ mots aux terminaisons classiques telles que -ment, -ion, etc.


..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u

34
Cesse r d ' ente n d re les m ots d a ns la tête
La plupart des gens entendent des mots, parfois seu lement quelq ues
mots, dans leur tête, pendant qu'ils lisent. Dans son l ivre Dialogue
pédagogique a vec l'élève, Antoine de La Gara nderie évoq ue Einstein,
q u i s'entendait prononcer quelq ues-uns des mots qu'il lisait. Y a-t-il
exemple plus rassurant ? Peu à peu, en forçant son œil à aller effica­
cem ent de l'avant, tout lecteur arrive à diminuer le nombre de mots
entendus. I n utile donc de vous affoler si vous continuez à en repérer
quelq ues-uns : leur rareté fera leur valeur... Un jour, sans doute, vous
n'entendrez plus que l es mots-clés.
Dans les périodes o ù vous vous observerez en train de lire, vous le ferez
au détriment de l'objet de votre lecture. Mais peu à peu, tout se remet­
tra en place : vous découvrirez de nouvelles façons de lire, vous réussirez
à vous faire confiance et vous utiliserez ces tech niques modernes à votre
convenance.

Pou r gagner en aisance et en décontraction, pensez à ces l ectures q u i


vous font vivre des aventures « à cent à l'heu re ». Vou s êtes pressé d e
savoir, vous êtes sur le point de découvrir l'assassin, le Martien va enfin
sortir de sa soucoupe volante, le héros va séduire l'héroïne ... Votre
cerveau, pour connaître a u plus vite l'issue fatale, commande à votre
œil d'accélérer, et ce dernier obéit sa ns q ue vous en soyez conscient !
Vous intégrez tout, ra pidement et sans mal. .. Et si, comblé par l'inten­
sité de la scène, malheu reux d'avoir été trop vite, vous rel isez le passage
dévoré, vous constatez i m manqua blement que votre cervea u n'a rien
Ul
Q)
om is. Même si votre œil a accéléré, vous avez eu le temps de réaliser
0
1.... que « l e cendrier n 'était plus à la même place... le carillon d e l'horloge avait

w
N
sonné minuit. .. son visage était méconnaissable ... il lui avait dit un mot
.-!
0
N
doux à l'oreille... ».
@ Songez a ussi à ceux q u i arrivent à lire dans le bruit des transports en
..._,
..c
Ol
·.:: com mun ou en écoutant de la m usique : ils disent souvent qu'ils lisent

o_
0 merveil leusement b ien dans ces ambiances car le bruit extérieur les
u
em pêche d'entendre le mot à mot dans leur tête. De ce fait, ils accélèrent.
Ainsi, repérez les types de textes qui vous donnent des ailes et généralisez

:c ce comportement aux autres textes.


e

QJ
o..
:J
e
Cl
<QI
35
Si vous aimez la lecture et les mots, vous êtes probablement un
bon lecteur. Mais aujourd'hui, vous allez vous observer en train
de lire. Pour être plus efficace, analysez votre façon de procéder. Ce
regard sur vous-même peut compliq uer quelque temps votre vie de
lecteur, mais bientôt, tout se mettra en place, car vous appliquerez
les nouvelles méthodes que je vous propose dans cet ouvrage sans
plus vous observer ni y réfléchir... Des réflexes flambants neufs seront
en place !

C o n fi a n ce et le n te u r . . .
Parfois, la confiance en soi manque ... Et l e l ecteur ra lentit lorsqu'il cra int
de ne pas com prendre. Suffit-il de vous dire que « plus vous l isez vite,
m ieux vous com prenez » ? Si vous ra lentissez votre lecture, l 'idée vous
échappera ; si vous accélérez, vous la synthétiserez et la mémoriserez
plus a isément. La mémoire immédiate est si brève qu'elle se disperse dans
le mot à mot mais s'étoffe en bondissant vivement d'une idée à l'autre.
Peut-être que vous doutez ... Mais vous al lez en prend re con science rapi­
dement, et cela vous incitera à inverser la manœuvre.
j'ai un exemple en tête : à u n de mes stages est ven u u n jeune homme,
cadre en entreprise et term inant par ailleurs une thèse en philoso­
phie. Lors d'un des exercices que je propose, « l ectu re d'un l ivre de son
choix en u n e heure », il est ven u avec un gros l ivre : La Philosophie de la
volonté (à propos, symbolique, non ? ... ) . l i s'est plongé dans une partie
Ul
Q)
0
1....
>­ de ce texte, puis, lors de la mise en com m u n des lectures, a faci lement
w
N
..-!
évoqué son contenu, estimant l'avoir a bordé avec beaucoup plus de
0
N clairvoyance grâce à l'incitation à la ra pidité.
@
..._,
..c Fa isons-nous confiance : lisons vite pour recréer le sens.
Ol
·.::

o_
0
u

Ch asser les rég ress i o ns


La régression à chasser impérativement est celle q u i consiste à revenir
à la phrase q u i précède en cas d'incompréhension de quelq ues mots.

36
Vous avez sa ns doute observé que ce retou r en arrière ne vous apporte
rien, dans la mesure où, généralement, la phrase passée a besoin de la
phrase à venir pour se clarifier. Mieux vaut laisser notre intuition et notre
faculté d'an ticipation travailler sur la synthèse, sur l'idée évoquée, plutôt
que de se complaire dans cet esprit vérificateur, méfiant et besogneux qui
nous fait retourner en arrière pour relire un détail ou l'ébauche d'une idée.

La régression à laquelle vous devez dans certa ins cas vous soumettre
est celle occasionnée par ces maudites pertes d'attention en cours de
lecture ! Cependa nt, avant de relire l es lignes l ues une première fois
sa ns concentration, posez-vous quelq ues q uestions : « Que m'est-il
arrivé ? Suis-je trop peu informé pour com prendre ce texte ? Est-ce trop
théoriq ue, ou trop concret ? Est-ce le style de l'a uteur qui m'ennuie ?
Suis-je fatigué ?, etc. » Pratiquez donc /'introspection. Un bon diagnostic
réactivera la motivation et donc la remise en route de votre pensée.

Enfin, u n e troisième forme de « régression » doit s'envisager. Elle pour­


rait s'intituler, tout bêtement, « relecture ». Elle est largement autorisée
lorsque vous tombez amou reux d'un texte et q u 'une relecture vous fait un
plaisir immense !

D ix p o i nts clés p o u r d eve n i r u n lecte u r


p e rfo r m a n t
Notre vie trépida nte nous pousse à aller toujours plus vite. La lecture
reste cependant u ne activité nécessa irement chronophage. Nous
Ul
Q) devons donc reconsidérer notre manière de lire, connaître les tech­
0
1....

w
niq ues actuelles de lecture performa nte pour lire plus, pour lire m ieux
N
..-!
et pour l ire avec goût.
0
N

@
Bien lire demande de con naître d ix points clés :
..._,
..c
Ol 1. L'acte de com préhension va plus vite que l'acte de lecture. Alors,
·.::

o_ évitez de rendre votre cervea u escl ave de votre œil : au contraire,
0
u votre œil doit accélérer et stim u ler l'intell igence.
2. Ce que l'œil n'a pas bien vu, le cerveau le recrée : la sign ification
d'un mot se devine à son contour et a u contexte. Vous lirez bien si

37
vous faites fonctionner votre esprit de synthèse, et non si « vous
entendez l es mots dans votre tête ».
3. Si une phrase vous paraît floue, i n utile de la relire ; lisez pl utôt la
su ite. Un écriva in util ise souvent pl usieurs phrases pour illustrer
une idée. Régresser ne sert à rien, sinon à vous ra lentir : a nticipez
sur la pensée de l'a uteu r.
4. Agra nd issez votre champ visuel. Voir l e mot à mot est fastidieux ;
voyez-en plusieurs en même temps.
5. Observez com m ent votre mémoire fonctionne : en vous con na issant
m ieux, vous mémoriserez p l us.
6. Vous avez l e droit de détester le style de quelqu'un. Aiguisez votre
sens critique pour rester maître de vos lectures. Tenez com pte de vos
h u meurs, de vos a priori, et menez a insi une l ecture active.
7. Lisez des textes variés, sur des supports variés : écran, l ivres, télé­
phone, journaux papier, etc., et adoptez des modes de l ecture adap­
tés a ux supports et à vos objectifs. Si vous ne faites que des lectures
professionnel les, vous appa uvrissez votre bagage culturel et votre
faculté à vous ada pter à tout type d'écrits.
8. Déstructurez certa ines l ectures. Un com pte rendu professionnel
se lit différemment d'un Goncourt. Certa ines personnes écrivent
confusément : allez voir leur conclusion, c'est le fil conducteu r
d u développement. Pas d e concl usion ? Interrogez-vou s ... c'est u n
excellent indice !

Ul
9. Adoptez u n parcours volonta ire des yeux. Tout ne se l it pas de la
Q)
0 même façon : la chose écrite n'est pas sacrée. Usez de votre liberté
1....

w de lecteu r.
N
..-!
0
N
10. Fixez-vous des défis personnels « temps-compréhension » d'un
@ texte. L'objectif temps est u n bon stimula nt.
..._,
..c
Ol
·.::
Des points cl és, des stratégies de lecture adaptées à des écrits va riés,

o_
0
des entraînements chronométrés vous transformeront défi n itivement
u
en lecteu r performa nt.

38
La lect u re p e rfo rmante p o u r tous ?
N e confondons pas une méthode de l ecture perform ante avec une
méthode sensationnelle pour transformer l es gens en surdoués, même
si des expériences dans ce sens, généralement pi lotées par l es parents,
sont régulièrement entreprises sur des enfants. Rien ne prouve que
ces m éthodes soient appl icables à tous, ni que l es bénéficiaires en
deviennent plus heureux pour a uta nt. Lisez en lecture performa nte
quelq ues-uns de ces l ivres sur les surdoués destinés a u grand public, et
faites-vous une opinion personnelle.
Cependa nt, première remarque : pourquoi ne pas accepter d'emblée
l'idée q ue vous pouvez l ire tout ce qui vous fait envie ? Qui vous a mis
des barrières en vous im posant des zones à ne pas franchir ? Vous­
même. j'ai rencontré dans mon métier bien des personnes qui se sont
sorties seules des orn ières dans lesquelles elles se croyaient embourbées.
Tous les livres vous attendent, vous, lecteur, quel que soit votre niveau
intellectuel.

Tou t lire

Tentez d'aborder des doma ines q u i vous attirent, même s i vous êtes
néophyte. I l faut b ien comm encer quelque part ! Vous découvrirez vite
les ouvrages à l ire en amont et en aval pour comprendre pleinement tel
ou tel sujet. Cela d it, prenez soin de feu i l l eter un l ivre avant de l'acq ué­
rir. Vérifiez par exemple que le style vou s p laît : un même sujet peut être
Ul
Q)
abordé dans des styles très différents, selon l 'a uteur. À vou s de repérer
0
1....
cel u i que vou s aimerez l ire. Le but n'est pas de tout lire.

w
N
..-!
0
N
Lire très vite
@
..._,
..c
Ol
·.::
D'accord pour lire très vite, mais par rapport à qui, par rapport à quoi ?

o_
0
Sans conteste, vous pouvez améliorer vos capacités en devenant itiné­
u
rant dans le texte et en travaillant l 'agrand issement du champ visuel.
Vous êtes seul face a u texte, seu l à ten ir les rênes, seul j uge de votre
vitesse et seul maître de vos critères.

39
(/)
Q)
0


w
N
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0
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.......
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Ol
·c

Q.
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Q)
0
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Q)
0


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N

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.......
..c
Ol
·c

Q.
0
u
Les axes à t rava i lle r
Cette méthode de lecture se construit sur deux axes de travail : d'une
part, l'approche textuelle, d'a utre part, l'approche visuelle (p. 53). L'une
et l'a utre req uièrent votre motivation. Elles se complètent sur deux
terrains différents.
L'une vous rend plus agile, plus souple et plus confiant au fil de vos lectures,
l'autre plus audacieux et plus intelligent.

L' a p p roche text u e lle


L'approche textuelle s'appa rente à une gymnastique intellectuelle. Elle
con siste à déstructurer un texte en y identifiant les idées-clés. Vous
trouverez ci-dessous quelques schémas expl iquant com ment repérer
Ul
Q)
0
ra pidement la construction d'un texte. Référez-vou s à ces schémas pour
1....

w
gagner d u temps dans vos lectures. Sachez que plus l'a uteur que vous
N
..-! l isez est sensibil isé à l'écriture et à la l ecture, plus vou s avez de chances
0
N
de pouvoir vous appuyer sur un schéma de construction classique. j'en
@
..._,
..c
ai recensé quelques-u n s dans le tableau « Sept repères pour n aviguer »,
Ol
·.::

ci-dessous. U ne fois ces con naissances acq u ises, vous vous trouverez
o_

u
0 dans l'une des trois s ituations su ivantes :
> vous aurez retrouvé l 'exacte structure d u texte et votre lectu re sera
confortable ;

43
>- vous a u rez constaté que le texte suit globalement u n des sept plans
proposés, m a is q u e l 'a uteur s'est perm is q u elques libertés ; vous
vous sentirez plus fort, disposant d'un point de vue critiqu e (positif
ou négatif) écla iré ;
>- vous aurez mis à jour l es ra isons pour lesquelles vous avez mal
com pris la logique de l'a uteu r : vous venez de réa l iser qu'il n'a suivi
aucun plan. Il a cheminé au gré de sa pensée, sans jalonner son écrit
des points d'appui i nd ispensables à votre compréhension et à votre
faculté d'anticipation.
Approches visuelle et textuelle sont donc deux axes à trava il ler de
concert : l'une est mécaniq ue, l'autre est intel lectuelle. Toutes deux
se complètent à merveille pour faire de vous u n l ecteu r zélé, rapide et
itinéra nt.

Sept repères pour naviguer

Sept plans à connaître pour pratiquer


la lecture sélective ou
la lecture intégrale destructurée

1 . AIDA 2. Chronologie

Plan en quatre parties utilisé Il est rare de trouver le plan : passé-pré­


pour vendre une idée ou une chose sent-avenir. Vous trouverez plus souvent
(cité dans Méthodes de grilles d'analyse le plan : présent-passé-avenir.
et de recherches d'idées de Francis Yaiche,
Présent
éditions BELC).

�cD
Ul
Q)
0 A pou r « attirer l 'attention » Avenir
"'
1....

w 1 pou r « susciter le désir »
N D pour « provoquer le désir » Passé • @ @
A pour « inciter à l'action »
..-!
0
N

..._,
@
..c
Ol
·.::

o_
0
u

44
3. Bobine 4. Fusée
0 -------. INTRODUCTION : 0
Ouverture, première étape :
idée générale dépassant le sujet.
le sujet est annoncé.
Point particulier :
Axes du développement annoncés.

DEVELOPPEMENT :
D D
2 ou 3 grandes parties faisant souvent
alterner points théoriques et exemples.

A
CONCLUSION :
p C Axes du développement rappelés. C

0 -------'
Point particulier : l'idée-clé de l'auteur
mise en exergue.

Ouverture, dernière étape : idée très Arrimage, dernière étape : deuxième


générale ouvrant vers un nouveau sujet phase qui vient encore appuyer l'idée-clé
de réflexion. précédemment mise en exerg ue. Pas
d'ouverture, au contraire, bouclage du
sujet.

5. Entonnoir 6. SPRI

S Situation
P Problème qui se pose
R Résolution de principe du problème
Informations nécessaires à cette
résolution
Qui consiste à mettre a u début le plus
important, quitte à ne laisser que des (Plan proposé par Louis Timbal-Duclaux,
détails dans les dernières phrases, La méthode SPRI, éditions Retz)
même en conclusion. L'objectif premier
est d'accrocher le lecteur.

7. Pyramide inversée
Ul
Q)
Celui qui écrit sur le web a intérêt à bâtir son texte en adoptant
0
1.... le plan de la pyramide inversée. Le principe sous-jacent est le

w suivant : quel que soit le moment où le lecteur va arrêter sa lecture, il
N
..-! aura profité de l'essentiel de l'information. L'auteur propose donc la
0
N conclusion de l'article en premier.
@ Il a utilisé les liens hypertextes pour diviser les blocs. S'il a rédigé un texte long, il a
..._,
..c
prévu de le découper en différents tableaux. Votre information commence donc par le
Ol
·.::
texte le plus fort voire même la conclusion. Au bout de quelques lignes, l'information

o_
s'arrête mais, vous, lecteur avez la possibil ité d'entrer dans le détail en cliquant sur un
u
0
sigle « pour en savoir plus ».
L'auteur a tenu compte de deux im pératifs :
• A chaque moment, son lecteur peut le qu itter.
• Ce lecteur doit alors partir avec l'information.
Cela implique que le premier écran apprend l'idée maîtresse et que chaque écran qui
suit permet d'entrer dans les détails.

45
Stratégies à a ppli q u e r face à des textes t rès
d ivers
C o m men cez p a r réflé ch i r à l'objectif de vot re lectu re. I m p o ssible de
l i re de la m ê m e fa çon un ro m a n merve i l leux, un a rt i c le de j o u r n a l ,
u n c o m pte re n d u profes s i o n n el, votre c o n t rat d ' a s s u ra n ce o u votre
p o è m e préféré.
Pour compren dre vite un texte à usage pro fessionnel, lisez la
conclusion avant le développement ; vous y t rouverez l' a b o u t i ssement
du ra i s o n nement et serez a i n s i plus à même de c o m p re n d re, d a n s
le corps d u texte, les é léments menant progressivement à cette
conc l u s i o n .
Certa i n s textes p rofession nels, pa r leu r n a t u re, n ' o n t pas d e
conclusi o n . À vous de d i a g n o st i q uer s i elle a été o m ise par
nég l i g e n ce o u si la structure du d oc u ment n 'en i m p o sa i t p a s . Po u r
l i re efficacement d e tels textes, vous devez d o n c repérer les g ra n des
p a rties et les a rt i c u l a t i o n s en vous a p puyant s u r la typ o g ra p h ie.

Lect u res re p é ra nte, s é lect ive o u b i e n


i n tég ra le d ést ruct u rée
Pour les documents professionnels et les articles d e journaux, vous
pouvez adopter une lecture repérante, sélective ou bien intégra le
déstructurée. Qu'est-ce à dire ?

La lectu re repéra n te
Vl
<lJ La l ecture devient repérante lorsq ue votre œil balaie le texte à la
0
>
w
._
recherche de mots que vous reconnaîtrez uniq uement à leur contour : i l
N
.-i
e n est ainsi lorsque vous devez retrouver u n e information précise dans
0
N un gra nd vol u m e de documents. Elle devient insti nctive chez toute
@
.µ personne q u i parcourt de nom breux textes à la recherche d'informa­

Ol
·;::: tions très ciblées. Ainsi, les rédacteurs de revues de presse s'habituent
>
o.
0 à parcourir tous les jours les q uotidiens, tentant de débusquer l es
u
informations nécessaires à leur trava il. Vous-même, pratiquez la l ecture
repérante en recherchant ra pidement dans les pages de ce livre un ou
plusieurs mots figu rant dans l'index. L'exercice visuel est intéressant et
l'agrand issement du champ visuel est ainsi assuré, la subvoca lisation
devenant impossible.

46
La lecture sélective

Elle vou s incite à p iocher dans l es textes u n iq uement ce q u i vous inté­


resse. Elle permet de voler d'un support à l'a utre en vou s appuyant sur
l e somma ire et la structure, le contexte d u document, la personnal ité
de l'auteur, ses objectifs qui sont peut-être différents des vôtres. Vous
étoffez ainsi rap idement votre savoir sans culpabiliser de devoir laisser
des éléments de côté : vous allez sim plement et directement à ce q u i
est pour vou s essentiel. Soll icité par u n grand nom bre d'écrits, vous
êtes dans l 'obligation de procéder à un tri.

La lecture intégrale déstructuré e

E l l e vous offre l a possibil ité d e lire tout, dans u n désordre orga nisé,
en vous appuyant sur l es étapes du raisonnement. Plus q u e jamais,
les « Sept repères pour naviguer » présentés plus haut vous semble­
ront précieux ! Par exemple, pour a border l es articles de jou rnaux,
vous pouvez commencer par le titre, le chapeau, l'introduction et la
conclusion. Bien souvent, cette méthode vous donnera envie de l ire le
développement. Pour u n l ivre de réflexion, sautez l es passages où vous
reconna issez des idées déjà rebattues et allez directement à la décou­
verte de la nouveauté.

La lecture in tégrale s tructuré e

Ul
Enfin, dernière stratég ie, celle que vous connaissez depuis votre petite
Q)
0 enfance : la lecture intégrale structurée.
Réservez-la aux textes q u e vous
1....

w choisissez, ceux dont vous attendez évasion ou étonnement : roman,
N
..-!
0
poésie, nouvelle, conte ...
N

@
..._,
Vous le voyez, chaque texte m érite une stratégie particul ière. Tout sera
..c
Ol fonction de vos attentes, de votre besoin, de vos goûts et de ce que peut
·.::

o_ vous apporter la pensée de l'autre. Plus vous vous q uestionnerez avant
0
u
de vous lancer dans la découverte des écrits, m ieux vous gérerez votre
temps et votre bagage culturel.

47
Cette man ière d'être « itinérant » a u sein d'un texte n'est assurément
pas la seu le tech nique de lecture à trava iller, mais c'est l'approche la
plus valorisa nte, celle que je préfère. Elle ren d l e lecteu r créatif, a uda­
cieux et malin. Elle le libère et l u i rend son a utonom ie.

C o m m e n t m é m o riser la tota lité d ' u n écrit


l u ra p i d e m e nt ?
Mémoriser la total ité d'un écrit l u une seule fois en lecture perfor­
mante, c'est en retenir tout à la fois : l 'essentiel, l'idée, l e sens, l e but et
l'ensem ble des informations qu'il contient. En a ucun cas cela ne signi­
fie retenir par cœu r le mot à mot : rares sera ient même les surdoués
qui, ayant travaillé leur tech nique de m émorisation, y parviendraient
éventuellement.
Pour réussir cette lecture, vous devrez vous interroger sur le texte avant,
pendant et après votre l ecture. Rendez le texte vivant et maîtrisez-le en
déterm inant vos attentes.
Vous pouvez développer vos capacités de mémorisation en vous forgeant
u n a priori et un objectif de lectu re, en soignant votre prise d'informa­
tions, en vous i nterrogea nt en amont et en aval de votre lecture. En
effet, trop de gens ne se soucient de leur mémoire que lorsqu'ils veulent
réactiver un souvenir, a u l ieu de se soucier de leur mémoire future au
moment même où ils reçoivent l'information. Voici comment procéder :

Ul
> Recherchez en premier l ieu sa colonne vertébra l e, son axe directeur,
Q)
0
en vous appuyant sur la typogra phie, les titres, les sous-titres, l es
1....

w décrochements, les mots de lia ison.
N
..-!
0 > Lisez ensu ite l'introduction, souvent construite en trois phrases ou
N

@ trois éta pes. Elle annonce, logiq u ement, une idée très généra l e dans
..._,
..c
Ol sa prem ière phrase, puis le sujet que l'a uteu r veut traiter, enfin le
·.::

o_ plan suivi dans l e développement.
0
u
> Lisez ensuite la concl usion, q u i vous don nera la pensée finale de
l 'a uteur, la ra ison pour laquelle il a pris la plume, l'idée q u'il a cherché
à développer dans l e corps d u texte. Vous repérerez aisément que,
logiquement, la concl usion est elle a ussi construite en trois étapes

48
ou trois phrases : elle ra ppelle dans u n premier temps les gra ndes
idées développées, p u is elle m et en exergue cel le que le rédacteur
estime essentielle. Enfin , la dernière éta pe vise soit à verrouiller le
sujet, soit à élargir la réflexion vers de nouveaux horizons.
> Une fois l'introduction et la conclusion l ues, vous pou rrez vous
appuyer sur l es mots de l iaison, les pivots de la réflexion contenue
dans le corps d u texte. Vous com prendrez alors plus aisément le
développement, car vous a u rez l es clés pour entrer dans la pensée
de l'auteur.
Armé de ces quelq ues princi pes, vous irez plus facil em ent à l'essentiel.
Ainsi, bien mémoriser un texte impose :
> de se q u estionner sur ce texte avant d'entamer sa l ecture ;
> de faire vivre le conten u reçu grâce à u n e attitude attentive et récep­
tive pendant la l ecture ;
> de réactiver les acq u isitions grâce à de nouvelles approches.

Certa ins a uteurs, bien sûr, ne suivent pas ces principes, par choix -parce
q u e leur « art » s'exprime sous u n e forme différente - ou par incom pé­
tence - parce qu'ils ne savent pas orga n iser leur pensée. Peu importe.
Votre cadre de référence vous rend plus agile pour diagnostiquer ce q u i
est dans la norme et ce q u i ne l'est pas. Vous aiguiserez ainsi vos capa­
cités d'analyse, comprenant ce qui fait le génie de certains et la faiblesse
d'autres. Reportez-vous au tableau Les 7 repères pour naviguer p. 44.
Ul
Q)
0
1....

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..._,
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49
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.......
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.......
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Ol
·c

Q.
0
u
« Monter à cheval, danser, jouer a ux cartes, cela donne du
pla;s;r ; ma;s ;/faut savofr ; et ;/fa ut apprendre en se jurant
d'avo;r a uss; ce pla;s;r qu'on vo;t que les autres goûtent. »

Alain, Propos sur l'éducat;on

L' a p p roche visuelle et les d i ffére n ts


p a rco u rs
L'approche visuelle est u n trava il mécanique. Elle a ugmente le nom bre
de mots captés chaque fois que l'œil déch iffre la l igne de signes. Peut­
être ignorez-vous que l'œil saisit les mots écrits sur la feu ille en se
déplaçant par bonds successifs. L'œil de tout lecteur se déplace pendant
Ul
environ un quarantième de seconde et se fixe pendant environ un quart
Q)
0
1....
de seconde. Une des différences entre le lecteur lent et le lecteur perfor­

w mant rés ide dans le nom bre de mots vus à chaque fixation de l'œil.
N
..-!
0
N
L'œil d u lecteur exercé verra à chaque point de fixation plus de mots que
@ cel u i d u lecteu r lent, de même q ue le m usicien exercé lit les notes plus
..._,
..c
Ol vite q ue le m usicien débutant.
·.::

o_
0 Le lecteur performant fait voguer ses yeux sur la ligne en photographiant les
u
mots, sans les ânonner dans sa tête. I l se fait confiance, va de l'avant sur
les l ignes, a nticipe sur le sens et évite de revenir en arrière. Il recherche,
dans la phrase, l'idée évoquée par l'ensemble des mots, sans s'attarder
sur l'un d'eux en particu l ier ; en effet, on l'a vu, u n mot n'a de sens

53
que dans u n contexte spécifiq u e, u n sens toujours nouveau, renouvelé
à chaque util isation. Pour la com préhension d'une phrase et d'un para­
graphe, les idées à retrouver et à recréer priment : voilà pourquoi lire vite
permet de mieux com prendre.
Dans les premiers temps, vous vous observerez tant et tant que vous perdrez
de vue l'objet même de votre lecture, celui de comprendre ce qui est écrit :
c'est ce que le philosophe Alain appelle « /'attention nouée ». Ce désagré­
ment est normal ; peu à peu, vos habitudes changeront, sa ns même que
vous en ayez conscience, et vous acquerrez « /'attention déliée », syno­
nyme d'aisance, telle que l'évoque Alain dans Propos sur !'Éducation, PUF.
Ce travai l mécanique de l'œil nécessite un entraînement.
Il faut en effet soll iciter son œil plus activement. Pu isq ue nos yeux
procèdent par bonds, nous devons l es inciter à « photographier »
plusieurs mots à chaque point de fixation.
Voici d'a bord deux méthodes :
> La prem ière, utilisable dans l es colonnes de journaux, permet
l 'agrand issement d u champ visuel vertical. La méthode consiste à
« descendre l es mil ieux de colonnes avec u n crayon ». L'œil cible la
l igne en son mil ieu, là où le crayon pointe : vou s optez alors pour u n
parcours volonta ire e t vif des yeux, puisqu'ils descendent l a colon ne.

PARCOURS 1

Votre œil descend au centre


de la colonne

-- -
Ul

-
- - - -- -
Q)
0
1....

w
--
·
<
-'
J
:.
_
- -
+�
N
..-!
0
N
Tout en devenant un
@
..._,
..c
-
---

---
---

� �--- !---_ Vous fixez ça ...


lecteur itinérant et
exigeant, vous devenez un
Ol et vous voyez
·.:: rédacteur rigoureux et
>­ tout ça !
o_ efficace.
0
u

Support privilégié :
la colonne de journal

54
> La seconde incite à l'agrand issement d u champ visuel horizontal.
Tracez pour cela de tem ps en tem ps dans les pages de l ivres deux
traits verticaux. Votre œil bondira d'un trait à l 'a utre, s'incitant à
capturer pl usieurs mots à chaque point de fixation.

PARCOURS 2 PARCOURS 3

Votre œil fait deux bonds Votre œil fait trois bonds

- - .... - - --.
... ... ....
,,,. ....
., ,. , '
' , ,
, '
' , \
\
et vous voyez l a
ligne e n 2 points
de fixation seule­
�--..I:::::,..-1__ Vous fixez là ...
puis l à ...
ment... ou 3 points
puis l à
de fixation.

Supports : pages de livres,


pages de documents,
ou les larges colonnes de journaux.

Voici également l es a utres parcours q u e vous pouvez utiliser.

PARCOURS 4 PARCOURS 5
Votre œil capte des paquets Vous destructurez et vous
de mots variez les parcours
Ul
Q)

CD
' ,

0
' ,

1....
>­ Vous
w
fouillez
N Vous promenez
..-!
0 votre regard sur
N
la feuille et Vous
@ vous voyez des balayez
..._,
..c
Ol paquets de
·.::

mots autour du '
, ' ,
o_ , '
point de
'

• •
.
0
Vous
u
fixation.
fouillez

Supports : les livres, Supports : articles de journaux,


les articles de journaux, documents professionnels.
les documents ...

55
PARCOURS 6

- - - --
--

- - - - - - - -
Vous dessinez un cadre dans
--.
-

la page et vous forcez vos yeux


- -
-- - - -

à ne naviguer que dans ce cadre.


- - .

--- - - -- - -

- -
-- - - - -

- -
-- - - -
-- .

-- --
-
-

\
\
\

\ // Vous voyez ceci


'... "' ""

vous recréez cela

Pour tous les supports

Le p a rco u rs ve rt i c a l
Saisissez l'occasion de vous entraîner tout de su ite à l a première
m éth ode indiq uée. Voici une de mes lettres présentée ici en colon nes.
Allez-y... chronométrez-vous.

À l'inconnu de la troi- inexpressifs tout à la écorchée.


sième marche fois.
C'est simple comme
Métro Buzenval Moi, de mon train, bonjour : vous attendez
ui j'aurais pu, de loin, des sous. Vous la main
Q)
Paris XXe
0
1...
vous offrir ce que j'ai tend ue, vous attendez
>-
w
Monsieur, de m ieux : u n sourire qu'une a utre main se
N
..-!
0 chaud et franc, u n tende. Que des doigts
N
La porte du wagon s'est signe de la main, u n inconnus, nets et
@
.j..J
..c entrouverte et là, je regard affectueux et lisses s'entrouvrent
Ol
·.::
>- vous a i vu : masse grise bleu. Mais vous ne pour laisser couler sur
o_
0
u tassée sur la marche, la nous regardez pas, ni votre paume sa ns âge
main tendue vers ces moi ni personne, tant une obole l âchée à la
mol lets et ces pieds votre paume offerte sauvette. Quelq ues
V\
pressés q u i battent le vous acca pare, pa ume p ièces de métal
ë
QJ

bitume, bruyants et inutile et vierge, sale et rend ues chaudes par �


QJ
o..
::J
e
Cl
(Q)
56
la magie de la bonté. incon n u sa ns trava il, tasser sur ces marches
À tout moment vous sans famille, sa ns ami, d u métro Buzenva l que
souha itez ce miracle : sans repères ... Moi, j'ai je ne ferais rien de plus.
que quelqu'un vous un m étier. O uf ! Fuyons Nourrir le monde
voie, vous fasse exister, la vision (prophétique, entier ? I m possible !
q u e vous redeveniez qui sait ?} de ces lende- Vous nou rrir vous ?
de la chair et d u sang mains sans joie. Oui, si Pourquoi vous pl utôt
posés sur une marche je donne trop rarement, que ceux des stations
et non seulement u n c'est a ussi, m e d is-je, Maraîchers ou Nation ?
tas de vêtements sales par pudeur. Alors, ce soir com me
qu'il faut contourner Vous, la pudeur ou l'autre soir, pour faire ()

lestement pour accéder la réserve, depuis bon ne mesure, pour �


a u train. belle l u rette, vous ne tuer ma honte, je me �·
Pourtant, s'arrêter... les con naissez plus. dédouanerai : j'enverrai
bloquer l e passage Alors que pouvez- par la poste un chèque
des gens pressés ... vous com prendre à à une association.
chercher ses sous ... se ce monde de fous qui Je m'impl iquerai moins
pencher vers vous ... passe, à ces gens affa i- qu'en « choisissant »
vous entendre rem er- rés et froids q u i n'ont moi-même le m isérable t;'
cier... voir votre gêne : que fa ire de vous offrir que je veux gâter ! �
ru

comme c'est im pu- sourires, accolades,



Je connais mon mal :
dique ! C'est se démar- sentiments ou argent ? je n'ai pas beaucoup
(/)
q uer, se différencier des Deux pla nètes, deux de tem ps pour vous, <D
(/)
passants « normaux », mon des séparés à « les pa uvres », tant
montrer a ux a utres jamais : l'un ne sait
ui
je veux bâtir, d'abord
� q u 'on va ut plus q u 'eux, plus ce q u e pense et encore, la sécu rité
0
1...
>-
w
s'affich er généreux ou l'a utre, le second se de m es proches et la
N
.--l capable de l'être. fourvoie sur les besoins m i enne. Alors j'ai au
0

Comme il est facile de du premier.


N
cœu r ma culpabilité
....,,
@

Ol
cavaler avec tous vers Et là, dans mon wagon, et mon remords d'être
ce train q u i sauve, qui derrière cette porte qui fondamentalem ent
ï::::
>-
o._

s e verrouille souda in, j e mesq u ine.


0
u fait oublier ceux q u i
sont à la traîne, ce train m e lamentera is volon- Je travaille et je cours
q u i em porte chacun tiers sur mon in util ité. comme u ne damnée,
"'
vers son gagne-pain Toute la misère du par peur. Peur de me
e

� quotidien. Oublions cet monde viendra it se retrouver là, u n jour à


<LI
a.
::i
e
u
(Q)
57
mon tour, comm e une personne, ne serviront reflet déformé et sentir
pou pée de ch iffons plus à rien ... que je vous ressemble
dont seu le la main Peur en rega rda nt étra ngement.
tendue a ura d u poids, a ujourd'hui vos yeux, À demain, l'ami, même
peu r de ne plus être l es vôtres, vous, l'in­ heure, même lieu ... et
aim ée, peu r de réaliser con n u de la troisième peut-être, enfin, saurai­
que mon gentil sourire marche, d'y deviner vos je vous aider vra iment.
et mon regard clair ne tendresses et charm es
feront plus chaud à passés, y voir mon Bettina Soulez

665 mots environ.


Nombre de mots par minute :

Le p a rco u rs h o rizontal
Voici u n court texte l ittéraire dans lequel vous pouvez tracer deux traits
verticaux : « Dans ces bottes-là ». Choississez les parcours 2, 3 ou 6.
...

Testez-vous : la ncez le chronomètre ...


«Comment tu te sens dans ces bottes-là ? J'su;s sûr que t'es b;en
dedans.

- Non,j'a;me pas. Je veux les autres bottes, celle qu; ressemblent à


des bottes de pêcheurs.
Ul
Q) - Non, pas celles-là : on a Jro;d a ux p;eds, dans celles-là. Et p;s, c'est
0 pas la mode. Faut que tu so;s à la mode. Elles sont belles, celles que
1....

w
N
tu essa;es, non ?
..-!
0
N - Non, je su;s mal dedans, je veux des tenn;s.
@
..._,
..c
Ol
- Non, les tenn ;s, ça tient pas le p;ed.
·.::

o_
0 - Mo;, ces bottes-là, j'les a;me pas ..
. »
u

Le père est un pauvre type, pas rasé, sale, voûté, sentant le v;n. À le
vo;r, on dev;ne une ex;stence s;n;stre, étr;quée : cela perce sous sa
peau sèche et ses joues creuses, cela se sent à son haleine alcooli­
sée, à ses vêtements douteux.

58
C'est toute sa v;e, ce môme-là, n l'a eu tard, ça se dev;ne. Il estfier
de sonfils, ça crève les yeux : n veut qu ';J so;t habmé comme un dur,
comme un de cesjeunes qu; ne se la;ssent pas monter sur les p;eds,
u n de ces jeunes qu;font peur a ux autres et que la v;e ne blessera
pas, croit-n.

Le gam;n a ônq a ns, pas plus ; ;J a un a ;r doux, le regard tendre,


les boucles blondes et sauvages. Il est habmé d'une man;ère
affl;geante pour son âge et surtout pour sa candeur apparente :
blouson noir à fermetures Écla;r, jean bleu marine, serré b;en sûr,
bottes no;res cloutées, p;erông à l'oreme. Le père veut, pour son
adorable bout de chou, tout ce qu';J n 'a pas eu : respect des autres,
regards env;eux,femmes amoureuses ; son fils sera m;eux que lu;,
grâce à lu;.

Il élève seul son enfa nt... et j'échafa ude : sa femme, la mère du


petit, cette garce, les a aba ndonnés, u ne blonde b;en en cha;r, une
de ces femmes qu; lu; tapa;ent toujours dans l'œ;J, autrefo;s. Une
femme qu ';J a su sédu;re et n 'a pas su garder, une de ces pas «

grand-chose qu;font la v;e et se détournent dès que cela dev;ent


»

trop dur de v;em;r entre saoulards, une femme sans cœur, sans
scrupules, mère par erreur.

C'est b;en, uneJamme comme ça ? Le père, sans son fils, estfoutu,


et le fils a;me son père comme un fils, sa ns savo;r, sans mesure...
La déchéance et la m;sère les frôlent, les ép;ent, les convoitent,
attendent le mo;ndre faux pas, ma;s elles ne sont pas encore sur
eux, elles n 'ont pas encore gagné. ou;, même une Jamme comme
ça, c'est b;en. Ils sont deux, ns s'épaulent ; pourvu que cela dure
Ul
Q)
a uss; pour eux, parce que deux, c'est déjà une Jamme. Ce père-ô,
0
1.... sale et a;mant, vaut m;eux que plus de père du tout. Et ce fils-là,

w
sous ces habits de petite frappe gardera peut-être une âme
« »,
N
.-!
0 d'enfa nt.
N

@ Bettina Soulez, janvier 1998


....,,
..c
Ol N o m bre de m ots : 474
·.::

o_ N o m bre de m ots pa r m i n ute :
0
u

59
D écontract i o n , puis concentration
Le fait de parcourir les lignes en focalisant sur sa vitesse de
lecture est u n réflexe courant d û à l'ambition, à l'impatience,
au stress et au désir d'aller de plus en plus vite. Attention : en
ag issant de la sorte, vous risquez de vous crisper et d e perdre le
sens du texte, de ne plus être concentré sur ce que vous lisez.
S i , a p rès la lect u re d ' u n passage, vous p renez conscience q u e vo us
avez perdu le fil à force de vouloir l i re trop vite, o u q u e vous vo us
êtes tout s i m p lement d éconcentré, il fa ut rep ren d re co nfia nce :

en s u rvola n t ra pi dement le texte pa rco u r u à la recherche des
m ots clés et des a rt i c u l a t i o n s du texte ;

en formulant l' i d ée maîtresse q u i s· en d é g age.
E n s u ite, avant d ' a b o rder la su ite de votre o uvrage, décont ractez­
vous en res p i ra n t largement, s u rvolez le texte ava n t de vo u s lancer
d a n s une lecture l i n é a i re, et recherchez, pen d a n t ce s u rvol, les
g ra n d s axes de la pensée et les g ra n des i d ées.
1 n u t i le de b r û ler les étapes : fixez-vo u s , j o u r a p rès j o u r, des o bjectifs
à vot re mes u re, réa l i sa b les et progressifs, permettant t o u t à la
fois de bien c o m p re n d re tout en lisant de p l u s en p l u s vite. Prenez
confia nce en vo u s .

Q u itter le m ot à m o t
Comment agrandir son champ visuel ?
Vous avez pris conscience q u e votre œil paressait dans la page, puisqu'il
ne se fixait que sur u n mot à la fois. Vous voici consterné, mais parti
Vl pour progresser ra pidement !
<lJ

0
._ Agrandir son champ visuel nécessite de laisser son œil voler le long des
>
w
N
lignes tandis que le cerveau construit le sens. Le fa ire ra pidement est plus
.-i
0
N
dél icat : il faut lire tous les jours en sollicitant ses yeux activement, à
@ chaque fois.


Ol
·;::: Premier conseil : entraînez-vous sur des a rticles dont l'enjeu, profes­
>
o.
0 sionnel par exemple, reste fa ible. j'évoque toujours les colonnes de jour­
u
naux : elles ont l e m érite de ne proposer q u e q u elques mots à chaque
ligne. « Descendre la colonne », comme indiqué pour l e parcours 1 p. 54,
en sollicitant son attention grâce à u n crayon q u i descend a u centre de
la ligne i ncite l'œil à capter plusieurs mots à la fois. Vous constaterez

60
que le cerveau reconstruit le sens a pporté par ces mots j uxtaposés et
qu'il devient inutile de les voir précisément u n à un. Notre esprit ainsi
soll icité recrée l'idée qui, elle seule, j ustifie l'association des mots.
Autre point fort de cette technique d u crayon : elle incite à cocher les
idées fortes d u texte verticalement, dans la marge, évitant ainsi le surl i­
gnage horizontal qui ral entit fortement la l ecture. Cela fait gagner d u
temps lors d e l a prem ière lecture et d e l a clarté lors d'une éventuelle
relecture.
Au fil des l ignes, vous gla nez d u sens en photogra ph iant quelq ues
mots. Puis, petit à petit, vous en enregistrez de plus en pl us, votre œil
s'habituant à être sol licité davantage, mettant en va leur les capacités
réelles et décuplées de votre cervea u .
Enfin, vous pouvez aussi vou s entraîner s u r ord inateur, comme j e l e fais
régulièrem ent en relisant ce l ivre : faites défi ler rapidement le texte q u e
vous venez d'écrire e n cibl ant l e m il ieu d e la page. Votre champ visuel
dépasse alors largement la simple ligne m édiane.
Aujou rd'hui, un entraînement vous est offert sur un article « De l'im pact
d'un manteau rouge sur le moral des gens » q u e j'ai fait pa raître dans
la revue CGA Contact n° 71. À vous de cibler l e milieu de la colonne et de
forcer votre champ visuel à s'agrandir. À vos chronos !

Gris ! Triste !
Noir ! Classique ! heureux, plein de projets, confiant,
Marron ! Passe-partout ! Regardez­ plein de santé, en forme quoi ! »
Ul
Q) nous, regardez-vous ! Comment Et pourtant ... un simple manteau
0
1....

oser se faire remarquer, détonner, rouge : si vous saviez son impact !
w
N alors que tous les discours nous
..-! Voici l'histoire : com m e bien des
0
N
portent à la prudence, à l'éco­
gens, pour un achat aussi impor­
@ nomie, à l'épargne, à la discré­
..._, tant que l'est celui d'un manteau,
..c
Ol
tion, au recroquevillement sur
·.:: j'attends les soldes de janvier.

o_
soi ? Actuellement, les maux des
0 J'arrive dans la boutique avec
u Français sont tellement mis en
mon vieux pardessus bleu marine,
exergue, l'avenir est peint avec des
indémodable, intemporel, l a valeur
couleurs si sombres, qu'il paraî­
sûre qui va avec tout et que, ma
trait inconvenant, voire malsain,
foi, il faut changer, car le temps ou
de s'afficher « bien dans sa peau,

61
l'usage a fait son œuvre. A priori, Eh bien, croyez-moi, après
j'aurais bien craqué cette fois-ci quelques semaines d'usage, je
pour un manteau noir : c'est joli peux dire qu'un manteau rouge est
aussi, le noir, cela donne de l'allure, « un m icrofacteur de confiance ». Et
c'est peu salissant et c'est un choix ce microfacteur de confiance, cette
sans risque, assurément. Alors, j'en petite touche de couleur, a une inci­
essaie quelques-uns : des bleus, dence sur le moral des gens. Ainsi,
oui, des noirs, bien sûr, des marron, dans la rue, sur un trottoir bondé,
au cas où je changerais d'idée ... j 'ai c'est à moi q ue les enfants et les
bien vu dans un coin de la boutique touristes demandent leur chemin.
cette note « flashante » donnée Dans le métro, l'autre jour (fait
par quelq ues manteaux rouges. Au rarissime ! ceux qui connaissent
point où j'en suis, un de plus un de l'am biance du métro vous le confir­
moins à essayer : après tout, je suis meront), une femme s'est déplacée
là pour ça ! Et je l'enfile ! Je ne l'ai pour venir me raconter, à moi !, un
pas sur le dos depuis deux secondes bout de sa vie. Dans les grandes
que la vendeuse s'exclame : « I l surfaces, les vendeuses lèvent les
vous va à ravir ! » Et une cliente qui yeux de leurs rayonnages pour
passe de surenchérir : « I l vous va sourire à celle qui passe. Ma fille,
merveilleusement ! Ça, c'est votre même, a changé d'avis et m'a dit
couleur ! » J e suis ravie et perplexe ! en se promenant avec moi : « Tu es
je n'avais pas prévu d'être si chouette avec ton manteau rouge,
voyante. Cependant, dans le miroir, tu fais "mode" ! » Et partout, un
je vois bien que j'offre bonne mine. bon accueil et un regard confiant.
J'hésite un peu et puis, hop ! je
Alors, ce fameux rouge m'a fait
craque ! On verra bien ! Je me sens
réfléchir. Qu'attendons-nous ?
forte, prête à affronter le regard
De nous laisser engluer par la
des autres.
Ul
Q)
tristesse ? Si nous continuons à
0
1....
Arrivée chez moi, j'attends le afficher du fade, du morne, de

w verdict familial. Mes enfants, habil­ la grisaille, du grunge, nous ne
N
..-!
0
lés comme tous les jeunes en jean récolterons que des lamentations,
N
et en pull noir ou bleu marine, me des jérémiades, des supputations
@
..._,
..c
disent, dépités : « La forme est jolie catastrophiques sur l'avenir...
Ol
·.::

mais il est vraiment trrrrrrèèèès Quand j'étais enfant, j'entendais
o_
0 rouge ! » Allons bon ! Ça commence dire : « I l vaut mieux faire envie
u
bien ... Puis arrive mon mari : « Ah que pitié. » Sage précepte à clai­
oui, c'est bien, ça change ... » Ouf ! ronner aujourd'hui sur les toits
Nous sommes déjà deux à assumer pour redonner confiance à l'entou­
la couleur. rage. La mode triste et sombre
comme l'époque, la consomma-

62
tion étriquée, l'allure misérabiliste tout en noir, avant même qu'ils
nous étouffent. Le mot d'ordre n e se lancent, nous leur brisons
est « épargner, se préparer à la les ailes. Offrons-leur l'espérance,
crise ». Or, épargner trop ou trop préparons-leur une place, avec
longtemps, tels de modernes l'épargne, peut-être, mais surtout
Harpagons, nous rassure dans un la confiance et l'imagination d'un
premier temps puis fait peur à avenir heureux.
nouveau, car l'épargne et la peur se
Le Japon, les États-Unis, la Corée,
nourrissent l'une de l'autre.
l'Italie ... oui, certes leurs économies
Serait-ce q ue toute consommation respectives jouent sur la nôtre,
affichée serait taxée maintenant mais nous, ici, nous sommes un +
de déraisonnable ? Pourtant, un un + un + ... et chacun d'entre nous
achat agréable et utile, quel qu'il a sa responsabilité dans le moral
soit, rend plus serein : ça, nous et l'ambition des troupes. Tout en
l'avons oublié. D'un manteau épaulant ceux qui sont vraiment
flambant neuf à une paire de en difficulté, sachons aussi, malgré
chaussures, à un vélo, une voiture « la morosité ambiante », parler
même ou encore un logement, il d'espoir et d'avenir. Dessinons
y a de la marge, et nous ignorons ce q ue nous avons à vendre ou à
depuis très longtemps le plaisir de acheter - objets, idées, projets -
la nouveauté. Colorons l a vie, colo­ non seulement avec des couleurs
rons l'avenir. Reprenons le chemin attrayantes, mais aussi avec des
de la consommation, car cela mots et des sourires, de l'écoute
aidera à redorer notre économie. et de la chaleur et, en prime, de
l'enthousiasme.
Le catastrophisme systématique
blesse le cœur des jeunes q ui, eux, P. S. : Et d'ores et déjà merci aux
ont aussi besoin de la confiance des créateurs qui, timidement, ont osé
Ul
Q)
plus anciens. En effet, les jeunes cet hiver jouer avec nos humeurs et
0
1....

w
ont leur avenir - et notre avenir m iser sur la couleur !
- à inventer ; et si nous peignons Betti na Soulez, CGA Contact,
N
..-!
0
n° 71
N

@ 977 mots.
..._,
..c
Ol
·.::
Nombre de mots par minute :

o_
0
u

63
Gym nast i q u e visuelle et p e rfo rm a n ce
Votre mode de lecture va évol uer avec u ne gym nastiq ue visuelle et une
gym nastique textuelle, l'une physique, l'autre intellectuelle.
Agrandir son champ visuel n'est q u 'une facette d e l a méthode, c'est l'as­
pect physique, musculaire qui se travaille et demande de /'en traînement.

Je vous propose de l ire ce texte. Ciblez le m ilieu des colonnes avec u n


crayon , comme déjà indiqué pour l es exe rc i ces p ré cé dents .
Calculez votre tem ps de lecture.

Place de la Nation. Minuit. Nous six au même moment. La voiture


venons de partager, tous les six, une qui nous précède ne ralentit pas,
très bonne soirée au restaurant en ne modifie pas sa trajectoire,
l'honneur de Paul : il vient d'avoir attrape l'homme sur la gauche et
neuf ans. Notre voiture s'apprête à le fait voler en l'air. Nous le voyons
sortir de la place entre les grandes accomplir une roue magnifique
colonnes du Trône. I l fait nuit sur le ciel sombre, bras et jambes
noire et il pleut. Nous suivons écartés. Il retombe lourdement sur
une voiture qui roule vite et dans le sol, à la droite de la voiture, et ne
laquelle nous devinons plusieurs bouge plus. Acrobate cassé.
occupants. Un piéton, sur le bord
Nous crions tous, terrorisés par
du trottoir, hésite et calcule son
ce corps meurtri, cette violence si
temps et la distance pour traver­
Ul facilement donnée, cette voiture
Q) ser l'avenue à cet endroit dange­
0 devant nous que nous voyons
1....

reux où n'existe aucun passage
w hésiter puis fuir. Bertrand, notre
N clouté. (De jour, nous sommes
..-!
conducteur, lui, a pilé sur place,
0
N
très nombreux à passer là, bravant
plus soucieux du blessé que du
@ les autos q uelques secondes pour
..._,
fuyard, et c'est bien .
..c
Ol gagner quelques minutes sur « le
·.::

o_
grand tour de la place »). Ce soir, Cette place de la Nation parle peu
0
u celui-ci semble jeune, plein de vie, au promeneur occasionnel, mais
sûr de lui ; il se lance à grandes l'habitant du quartier connaît
enjambées. ses masques superposés. Ainsi,
vous pouvez ne voir en elle que
Un drame en direct, vu par nous
les façades d'immeubles hauss-

64
manniens dessinant l'arrondi à l a teurs qui s'étaient a rrêtés. Seul
perfection. Vous pouvez y repérer, Bertrand donne son identité pour
heure après heure, les prostituées aller témoigner au com missariat
'
qui attendent placidement le le lendemain.
client... et la police qui parfois
Par l a suite, souvent, j'ai pensé à
contrôle les identités. Vous pouvez
ce jeune homme. Comment va-t­
vous attendrir devant les mines
il ? Qu'est devenue sa vie depuis
radieuses des enfants tournant
cet accident ? Où a l lait-il ce soir-là
sur le manège, sourire aussi des
d'un pas si joyeux ? Le commissa­
sempiternels joueurs de boules ou
riat n'a aucune information à nous
encore préférer accélérer le pas car
donner à son sujet.
d'inquiétants punks aux cheveux
fous ont fait leur fief de cette place. Deux mois passent. Le téléphone,
un jour, nous offre une tendre
Ce soir-là, une fois l'homme à
petite voix de vieille dame que nous
terre, les premiers sur les lieux sont
ne connaissons pas : « Je suis la
justement les punks. lis le couvrent
maman du jeune homme qui s'est
aussitôt de leurs vêtements les
fait renverser place de la Nation.
plus chauds tandis qu'un piéton
j'appelle pour remercier votre mari
s'engouffre dans un café pour
de s'être porté comme témoin, et
appeler les pompiers. D'autres
pour qu'il nous raconte ce qu'il a vu
voitures s'arrêtent derrière nous.
car, pour l'instant, le fuyard n'a pas
Tout est allé très vite. Nous restons
été identifié. » Nous lui redisons ce
là, loin du corps, pour aider et
que nous avons vu puis, surtout,
témoigner s'il le faut. Les enfants
nous lui demandons des nouvelles
assis à l'arrière tremblent, cloués
de son fils. « Il va bien. Il vient enfin
sur la banquette, incapables de
d'enlever sa minerve et seul son
sortir pour finir le trajet à pied.
poignet reste encore un problème :
Ul
Q)
Chacun décrit la voiture tel le qu'il
les médecins ont dû lui mettre des
0
1....
l'a vue et nous constatons avec
>­ broches. »
w consternation que toutes nos
N
..-!
0
versions divergent ! Intéressant La voix de cette vieille et douce
N
témoignage ! maman nous émeut beaucoup .
@
..._,
..c Soudain, elle ajoute : « Le pauvre, il
Ol Les pompiers arrivent et s'oc­
·.::
n'a pas eu de chance ... » Alors, nous

o_ cupent du blessé. Il est vivant
0 lui disons : « Ah, madame, c'est tout
u
mais mal en point. Un car de police
le contraire ! Il a eu beaucoup de
approche : en quelques secondes,
chance ! Le choc fut si violent, il fut
comme une volée de moineaux
' projeté si haut, qu'il est miraculeux
les punks ont disparu, ainsi que la
qu'il se porte si bien aujourd'hui.
plupart des passants ou conduc-

65
Votre fils, a u contraire, ce jour-là, a par une voiture, place de la Nation.
été protégé par une bonne étoile ! S'il y a une famille à laquelle je veux
Depuis ce jour, nous avons souvent souhaiter une heureuse nouvelle
pensé à lui, et cela nous fait un année, c'est la vôtre. Je tiens à
plaisir fou que vous nous donniez vous remercier de votre gentil lesse
de ses nouvelles. Nous avons eu si envers mes parents alors qu'ils
peur pour lui ! » étaient si inquiets pour moi. »

Les jours s'écoulent. Arrive le 1er À notre tour, nous sommes


janvier avec son cortège de « bonne touchés. Ainsi, il existe des êtres
année ! » claironnés de-ci de-là. bons et délicats qui pensent encore
Parmi les appels téléphoniques à vous, les mois passant, alors que
familiers survient alors une voix vous avez traversé si petitement
inconnue : « Je suis le jeune homme leur existence.
que vous avez vu se faire renverser
Bettina Soulez, avril i996
883 mots.

Nombre de mots par minute :

Après q u elques exercices de cette sorte, l'agrandissement du champ


visuel devient accessible à tous, plus ou moins rapidement selon le
niveau de départ. Cette seu le gym nastique visuelle est capitale, car elle
intensifie la décontraction face a u texte. Mais elle est insuffisante pour
vou s transformer en u n l ecteur performant. Elle s'ajoute a ux méthodes
vues précédemment a ux pages 43 à 47, celles q u i vous rendront plus
Ul réfléch i, attentif, participatif dans vos l ectures : cette a utre facette,
Q)
0
1....
rappelez-vous, est la gym nastique intellectuel le, celle qui vous rend

w « itinérant » dans le texte.
N
..-!
0
N
Ilfaut donc peu à peu apprendre à m ettre à profit la l ecture repérante, la
@ lecture sélective, la lecture intégrale déstructurée ou structurée.
..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u

66
0tu k.ori.ro1t:l:Al J-tjtu Au boM. At l'ϔl
:

Entraînez votre œil à bondir plus vite.

Voici un texte présenté de manière très particulière, de façon à


vous inciter à pratiquer le bond de l'œil selon le schéma suivant.

C'est un excel lent exercice pour s'entraîner à voir des groupes


de mots en accélérant sa lecture. Cela force le champ visuel à
s'agrandir.

J� J«.tl«.OlU.
1
,

Qui .-.======�� ne
s'est jamais plaint
de sa mémoire ? Mémoire
dont on se lamente souvent
au lieu de s'en féliciter :
nous sommes plus souvent tentés
de nous plaindre de nos oublis que
de nous réjouir de toutes nos
acquisitions. Or, notre mémoire,
bien sollicitée, est capable
de belles prouesses. Si vous vous
inquiétez parfois de votre difficulté
à mémoriser, sachez que nous avons tous
cette préoccupation : « pouvoir nous souvenir ».
Ul
Q)
Pensez à votre
0
1....

w
mémoire immédiate,
N
..-! première étape de la
0
N
mémorisation, qui est de quelques
..._,
@
..c secondes, pour mémoriser pour quelques mots ayant
Ol
·.::
>­ entre eux une logique. Ayez donc
o_

u
0
un raisonnement logique, répétez les idées clés,
repérez des phrases chocs,
facilement mémorisables... La mémoire im médiate
est la première marche, celle qui conduit aux mémoires
à court et long termes.

67
La mémoire est complexe :
elle est auditive ... « nous entendons »,
visuelle ... « nous voyons », olfactive ... « nous
sentons », tactile ... « nous touchons »,
gustative ... « nous goûtons », affective et
intuitive, « nous ressentons »,
logique ... « nous pensons » ...
Vous pouvez aiguiser vos différentes formes de
mémoire. Vos mémoires auditive, visuelle ou
affective en développant vos qualités
d'observation et de concentration. En parlant, en répétant,
en formulant des synthèses ou des rappels.
En utilisant des supports, en faisant des schémas,
des tableaux, des dessins, en prenant des notes.
En vous motivant, en laissant parler votre esprit critique,
positif ou négatif, vos humeurs. En imaginant la situation
à venir où vous réutiliserez ce que vous apprenez.

384 mots.

Nombre de mots par minute :

Ul
Q)
0
1....

w
N
..-!
0
N

@
..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u

68
Ul
Q)
0
1....

w
N
..-!
0
N

@
..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u
(/)
Q)
0


w
N
.-1
0
N

@
.......
..c
Ol
·c

Q.
0
u
Les ma n q u es d ' atte n t i o n
et d e co ncentra t i o n
Avant de vous lancer à corps perd u dans les méthodes intensifiant
l'attention et la concentration, identifiez les situations dans lesquelles
vous vous déconnectez de ce que vous faites. Réfléchissez déjà aux :
> fréq uences ;
> mom ents de la journée ;
> durées ;
> actions que vous tentiez d'entreprendre (trava il, lectu re, écriture ...) ;
> lieux et confort des l ieux où vous vous trouviez.
Ainsi, vous constaterez peut-être q u e vos pertes d'attention ou de
concentration s'accentuent lors de tâches répétitives, ou en fin de jour­
Ul
Q)
née, ou lors de lectu res très spécifiq ues (par exemple le com pte rendu
0
1....

w
de séa nce rédigé systématiquement par Duschmoll), ou lorsq ue vous
N
..-! vous im posez de lire tel journal, accom plissez des gestes routiniers
0
N {fermer l e gaz, verrouiller la porte, etc.), ou lorsq ue vous êtes assis face
@
..._,
..c
a u feu q u i fla m be dans la chem inée ... ou encore en l isant une phrase
Ol
·.::

extrêmement longue comm e cel le-ci !
o_
0
u Cette première analyse vous fournira des indices précieux sur l es ra isons
de cette attention ou concentration volatiles. En effet, l es remèdes
diffèrent en fonction des ca uses.

71
Deve n i r att e n t i f
Sa ns doute avez-vous déjà l u l a tête ailleurs, les yeux machinalement
actifs mais déconnectés de la pensée. Vous pouvez lire plusieurs pages
avant de réal iser q u e vous ron ronnez, divaguez, rêvassez... et souda in,
vous constatez que votre l ecture a été creuse ! Cette constatation est
démotivante mais courante : vous avez l u sans avoir ce q u e l'on appelle
« le geste d'attention ».

Analyser les raisons de sa rêver ie

Posez-vous q u elq ues q uestions pour diagnostiq uer l es motifs de votre


défail lance :
> Les idées évoq uées sont-elles trop complexes pour moi ?
> L'a uteur a-t-il u n style lourd ?
> Suis-je anormalement fatigué ?
> Est-ce une mauva ise heure pour l ire ce texte ?
> Est-ce trop théorique ? O u a u contraire trop pratique, trop terre à
terre ?
> Ai-je pensé, a u fil des l ignes, que je n 'avais rien à apprendre de cet
a uteu r ?
Toutes sortes de ra isons ont pu vous i nciter à mal lire ; elles sont soit
le fait d u lecteu r, soit cel u i du rédacteur. En vous q uestion nant a insi,
Ul vous saurez si vous, récepteu r d u message, êtes responsable de cette
Q)
0
1....
perte d'attention, ou si c'est l'autre, l'émetteu r, q u i l 'est, pour avoir

w par exemple mal formulé son m essage. Vous ne vous contenterez
N
..-!
0
plus jamais de dire sans nua nce : « Je suis n u l ! Je n'a rrive pas à l ire
N

@ correctem ent ! »
..._,
..c
Ol
·.::

o_
0 Avant de lire, travailler sa motivation
u

Mettez à jour vos émotions, prenez conscience des attentes q u e vous


avez d'un texte, c'est ce que j'appelle avoir un a priori de lecture. Si vous

72
ne vou s motivez pas pour aller vers la pensée de l'autre, vous prenez l e
risque d e décrocher ra pidement.
j 'entends déjà certains me dire : « Oui, mais souvent, nous avons
l'obl igation de lire des textes rébarbatifs, et notre motivation pour ces
textes-là n'existera jamais ! »
À ceux-là, voici ma réponse : nous a u rons toujours des l ectures fasti­
dieuses à fa ire, dont notre entou rage ou nous-mêmes escom pterons
des résultats. Le fait de faire émerger les émotions (bonnes ou ma uvaises)
que cela déclenche en nous et savoir pourquoi nous devons l ire nous
permet de nous motiver et de nous sentir « partie prena nte » avec le
texte, en devenant critiq ue et actif. L a raison q u i vous pousse à lire un
texte contient votre motivation : à vous de /'identifier et de la formuler. La
motivation u ltime, la plus fondamenta le et sou rnoise à la fois, restera :
« Je dois absol u ment prendre con naissance des informations contenues
dans ce texte, qui j ustifient mon travail et mon gagne-pa in » !

Lire avec u n crayon

Enfin, je propose u n troisième rem ède : l ire avec u n crayon . Le crayon


rend actif grâce a ux annotations q u e nous nous a utorisons et a ux repé­
rages des idées fortes ainsi mises en avant.
Se motiver, se créer un a priori de l ecture restent donc les techniques
élémenta ires pour devenir u n lecteu r attentif et actif.

Ul
Q)
0
1....

Am é l i o re r sa co n ce n t ra t i o n
w
N
..-!
0
Vous avez raison de vou s en soucier : nous acquérons tous très aisément
N
une propension à la distraction. Nous sommes la génération zapping !
@
..._,
..c
Pensons-y. Nos enfants ont perd u avant nous la capacité à se fixer long­
Ol
·.::

temps sur une activité : l es enseigna nts en perte d'autorité le savent
o_

u
0 bien. Certa ines activités scolaires s'abordent maintenant par tra nches
horaires de q uinze à vingt minutes au cours desq uel les se succéderont
des phases d 'attention, d'observation et de concentration.

1. Emerson, Ralph Waldo, Essays : Self-Reliance, 1841.


2. M u lford, Prentice, Vos fo rces et comment les utiliser ?, 1888.

73
Il vous est en effet possible de :
>- soutenir votre attention longtemps, par exemple toute une journée ;
>- observer u n objet précis pendant quelq ues instants : vou s ouvrez
alors votre champ de conscience au maxi m u m ;
>- vous concentrer sur u n point précis : vous fermez alors votre champ
de conscience pour qu'il foca l ise sur ce point. Cette concentration
ne peut donc d urer q u e peu de tem ps, dix min utes en moyenne.
Voici quelques entraÎnements, à considérer comme des jeux, q u i réacti­
veront vos capacités de concentration.
>- Comptez de 200 à o en sautant les nom bres de 3 en 3.
>- Regardez u n objet pendant trente secondes puis fermez les yeux
pour vous le représenter. Refaites cet exercice plusieurs fois afi n
d'a rriver à le voir dans l es détails.
>- Récitez l'alpha bet à l'envers.
>- Écoutez de la m u sique en essayant de d istinguer tou r à tour l es
différents instruments.
>- Repérez, par exemple dans une file d'attente, u n e forme ou une
couleur et essayez de la retrouver à d'autres endroits de votre
environ nement.
>- Certa ins matins, vous êtes réveillé par d'a utres bru its q u e cel ui,
mélodieux (!), de votre réveil. Prenez le temps d'identifier ces sons.
>- Baissez peu à peu l e son de votre radio et tentez d'entendre puis de
Ul
Q)
deviner l es mots q u e vous percevez mal. Cet exercice fatigant n'est
0
1....
à fa ire que pendant deux ou trois m i n utes !

w
N Se recentrer sur soi et sur ce que l'on vit est primordial. La capacité de
..-!
0
N concentration se cultive au quotidien ; elle guide vers une plus grande
@ capacité d'attention, de vigilance, d'écoute, de perception, de mémorisa­
..._,
..c
Ol
·.::
tion, puis d'analyse et de synthèse.

o_
0
u

74
Am é l i o re r sa m é m o i re
Faire trava iller sa mémoire est une occu pation de tous l es instants. En
aucun cas cela ne peut se limiter a ux seuls actes de l ecture.
Au cours de mon trava il sur la mémoire, trois points m'ont fra ppée :
1. Pou r augmenter ses capacités d e m émorisation, il faut vivre dans
l'instant, être attentif à ce que l'on fait a u moment où on le fait.
Vous venez de voir dans les réponses précédentes l'im portance de ce
geste d'attention.
2. Nous nous soucions toujou rs de notre mémoire lorsq ue nous cher­
chons à faire resurgir une idée. Seu l l e moment de la réactivation
de l'idée paraît alors im portant. Or, c'est surtout à l'instant de la
perception q u e nous devrions être attentifs. Com me le dit Danielle
Lapp dans Bien connaître e t utiliser sa mémoire paru chez Eyrolles :
« Si l 'on en registre d u vague, il ne faut pas s'étonner de se rappeler
d u vague. »
3. Nous som mes peu attentifs à l'enregistrement m u ltiple que nous
faisons de toute situation ; nous perdons ainsi des capacités
énormes de réactivation.
Pou r prendre con science de tout cela, je propose aux participants à mes
stages sur la mémoire deux exercices q u i surprennent toujou rs.

Ul
Je fais faire, en début de journée, un tour de table classique. Moment
Q)
0
capital : les participants parlent d'eux-mêmes, de ce qu'ils vivent,
1....

w
de leurs attentes, etc. Si je fais reformuler ensuite, par chacun,
N
..-!
l'essentiel de ce qui a été dit par les autres, le constat est clair : pour
0
N de multiples raisons, trop longues à détailler ici, chacun peut avoir
@ du mal à écouter l'autre. Or, comment communiquer, avancer avec
..._,
..c
Ol
·.::
l'autre, et tout simplement vivre en société si nous oublions d'être

o_ attentif à l'autre ?
0
u

75
En milieu de journée, alors qu'ils ont passé plusieurs heures
ensemble, je demande aux participants de se retourner pendant
quelques instants et de décrire la tenue vestimentaire des personnes
qu'ils ont face à eux depuis le matin. Le résultat de cette courte
expérience est souvent consternant : même lorsque certains ont
fait des efforts d'élégance évidents, la perception que les autres en
ont reste toujours affligeante. Seul le dixième de ce qui était à voir
s'est véritablement vu : une chemise jaune devient bleue, les jupes
se transforment en pantalons ... et même les lunettes passent d'un
visage à un autre ou les moustaches s'égarent, etc.

Comme l 'écoute reste un art difficile ! Et combien sont rares les situa­
tions où nous prenons le temps d'observer ; or, l'écoute et /'observation
conduisent à la concentration puis à la mémorisation.

L i re vite
Quand j'affirme : « plus nous l isons vite, m ieux nous comprenons », cela
dérange.
Imaginez pourtant un orateu r bavard à l'excès qui, souda in, parce qu'il
veut garder son emprise sur l'auditoire, se met à ral entir son débit
excessivement. Ses phrases, deven ues hachées, nous font perdre le fil
de ce qu'il veut dire. I m possible pour nous d 'anticiper et de synthétiser
l'idée, puisque notre mémoire immédiate ne peut remplir son rôle natu­
Ul
Q)
rel de « synthétiseu r ».
0
1....

w Ce q u e chacun peut tester facilem ent à l'oral se vérifie a ussi à l'écrit.
N
..-!
0
N
Notre pensée se forge en s'appuyant sur notre mémoire imméd iate.
@
..._,
Cette dern ière peut en registrer environ sept éléments, dont la ta ille
..c
Ol dépendra des soll icitations et des capacités de chacun. C'est là qu 'inter­
·.::

o_ vient la lecture performante : si nous lisons vite, la mémoire immédiate
0
u
réunit aisément des détails et recrée l'idée. La compréhension devient plus
aisée car notre mémoire immédiate a fonctionné pleinement.

Ces éléments passeront de la mémoire imméd iate à la mémoire à court


terme puis à long terme si :

76
> lors de l'enregistrement, nous avons éla boré des liens entre ces
éléments ;
> nous avons su orga n iser ces liens ra pidement pour les stocker
efficacement ;
> nous l es avons ancrés dans u n bagage déjà existant.
Prenons u n extrait des Essais de Montaigne (Livre 1), écrit au xv1e siècle.
Voici q u elques phrases, retra nscrites dans la langue de l'époque,
q u i illustrent mon propos. Lisez-les l entement en laissant s'écouler
q u elques centièmes de seconde a ux endroits où j'ai inséré des points
de suspension.
Le prem;er goust... que j'eus a ux /;vres, ... ;/ me v;nt du pla;s;r.. .
des fables de la Métamorphose ... d'Ov;de.... Ca r, env;ron l'aage.. .
de sept ou hu;ct. .. a ns, je me desrobo;s... de tout autre pla;s;r.. .
pour les /;re ; ... d'autant que cette langue esto;t... ma langue
maternelle..., et que c'esto;t le plus aysé... /;vre queje cogneusse...,
et le plus accommodé... à la fo;blesse... de mon aage, à cause de
la mat;ère. Car des Lance1ots du Lac, ... des Amadis, ...des Huons de
Bordeaus, ... et telfatras de J;vres à quoy... l'enfance s'amuse, je n 'en
conno;sso;s... pas seulement le nom, ny ne fa;s encore le corps,
tant exacte eston... ma d;sôphne.... Je m 'en rendo;s plus noncha­
lant. .. à l'estude... de mes autres leçons preschptes.
Votre cerveau a tourné a u ra lenti et il ne peut reconstituer l'idée d u
texte, tant i l bute s u r l'étrangeté d e certa ins mots.
En revanche, si vous lisez ces phrases ra pidement, si vous vous appuyez
Ul
Q)
0
sur l es verbes, noyaux des a rticulations, s i vou s essayez de deviner l e
1....

w
sens des mots grâce à l e u r contexte, vou s com prendrez plus facilement
N
..-! la structure d u texte, et donc son sens :
0
N

@ Le prem;er goust que j'eus aux /;vres, n me v;nt du pla;s;r des


.....,
.c
Ol
fables de la Métamorphose d'Ov;de. Car, env;ron l'aage de sept
·.::
>-
0.
ou hu;ct ans, je me desrobo;s de tout a utre pla;s;r pour les Nre ;
0
u d'autant que cette langue esto;t ma langue maternelle, et que
c'esto;t le plus aysé Nvre que je cogneusse, et le plus accommodé
à lafo;blesse de mon aage, à cause de la mat;ère. Car des Lance1ots
du Lac, des Amadis, des Huons de Bordeaus, et tel fatras de /;vres à
quoy l'enfance s'am use, je n 'en conno;sso;s pas seulement le

77
nom, ny neja;s encore le corps, tant exacte esto;t ma d;sôphne.
Je m 'en rendo;s plus nonchalant à l'estude de mes autres leçons
prescr;ptes.
Notons q u e la conna issance q u e vous avez d'un sujet demeure u n
facteu r clé pour la com préhension. Pa r exemple, ici, vous avez été aidé
si vous saviez déjà q u'au xv1e siècle, la term inaison d'un verbe en -ois
équ ivaut à notre actuelle term inaison -ais, ou que le es- devant le -t a
évolué en é- dans la langue moderne. L'ancrage de nouvelles connais­
sances dans les mémoires à court et long termes est rendue plus aisée par
un bagage déjà existant et ponctuellement réactivé.

La mémoire immédiate est donc la première marche à grimper pour


accéder à la con naissance. Elle trouve dans la lecture performante une
aide essentiel le à son élaboration. Une m émoire immédiate efficace
s'abreuve de synthèses ra pides.

Fa i re reve n i r à la su rfa ce le co n t e n u
d ' u n texte l u
Notre mémoire est m u ltiple : auditive, visuelle, olfactive, tactile,
gustative, affective, intuitive, logique ... Or, souvent, pour réactiver une
notion précédemment enregistrée, nous ne soll icitons qu'une seule
forme de m émoire. Les portes ouvrant s u r le souvenir sont m u ltiples : de
nom breuses clés peuvent se tourner pour y accéder.

Ul
À nous de prendre conscience de la mémoire que nous sol licitons
Q)
0
h ab ituellement pour tel l e ou telle activité, nota m ment la lecture, puis
1....

w d'extrapoler, de va rier. Ainsi, pour me souvenir d'une l ecture, je peux
N
..-!
0
avoir besoin d'évoquer des idées, l'idée maîtresse, la mise en pages, le
N
sentiment que je ressentais ava nt d'entamer cette l ecture, l'objectif
@
..._,
..c que je m 'éta is fixé, ou encore la person ne q u i m'a incitée à l ire ce texte­
Ol
·.::

là, ce jour-là.
o_
0
u Selon la grille de Herrmann1, nous avons q uatre dominantes cérébrales :

1. Voir documents émis par l'institut Herrmann France E u rope. On peut également se référer
pa r exemple a u x l ivres de Louis Timbal-Duclaux cités en bibliographie.

78
H ÉMISPH ÈRE G AUCHE H ÉMISPH ÈRE DROIT

cortical gauche cortical droit


appui sur les faits, la réal ité, besoin d'im ages, de projets, de
les théories, les mots clés, création
les ch iffres
limbique gauche limbique droit
références à l'ordre, sensibil ité a ux ambia nces,
l'organisation au contact, à la chaleur, aux
émotions

Notre mémoire, elle a ussi, a u ra besoin de repères pour le cortical droit


et d'imagination et de projets pour le cortical gauche, d'émotions pour
le l imbique droit et d'ordre pour le limbique gauche. Cela implique que
toute connaissance s'im prègne en nous sous différentes formes ; pour
la faire émerger, nous disposons donc aussi bien de l'émotion qu'elle
suscite, de l'ordre que nous lui avons donné, d u projet que nous avions
imaginé grâce à el le, des idées clés q u i nous avaient marqués ...
Voici un schéma inspiré de ces dominantes cérébrales ; il vous donne
un fil cond ucteur pour m ieux mémoriser vos lectu res. Comme pour de
nombreuses activités, vous constaterez qu'il com prend trois étapes
clés : avant-pendant-après. Pou r réussir la m émorisation, nous devons
deven ir « acteu r » en a mont en ayant d'a bord un projet, puis « acteur »
encore pendant la saisie d'informations, et « acteur » de nouveau,
Ul
Q)
une fois l'événement passé, pour le form uler et le stocker dans notre
0
1....

mémoire de diverses man ières.
w
N
..-!
0
N

@
..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u

79
AVANT PENDANT APRÈS
1 1
1. Avoir 2. Repérer 3. Repérer 4. Annoter 5. Reform uler
un projet l'ossature l'idée clé le texte
------

Avoir un geste
\ U n e grille
d'analyse
Projet lecteur d'attention
ex : SPRI*

Projet rédacteur 1 Le point de départ -


Synthétiser <
+ le point d'arrivée
= Objectif : ce que en une phrase
du texte
vous en ferez

� Ce à quoi cela
nser

Votre passé Vos impressions

Mot clé

Ch iffre clé

Idée clé Votre avenir

* Voir page 45 de ce livre

La m é m o i re a u d itive
Vl
<lJ R a res s o n t les pers o n nes q u i n ' o n t q u ' u n e m é m o i re a u d i t ive. Vo us
0
._ avez beaucoup p l u s que cela en vo u s - m ê me, et bien des terra i n s
>
w
de votre patri m o i n e i n tellectuel restent i nexplorés. Si vous veillez
N
.-i
0
à c u ltiver certa i n es autres de vos capac ités, vous développerez vos
N
facultés en bien des d o m a i n es.
@


En enten d a n t les mots d a n s vot re tête, vous s a c rifiez le repère
Ol
·;::: visuel q u e constitue l' o rthog ra p h e et vous le t ra n sformez en
>
o.
0
s u b vocalis a tion [ vo i r p . 351. Cela vo u s ra len t i t c o n s i d é ra b lement
u
d a n s votre ryt h m e de lecture, p u i sque vous o ra l i sez ce que vo u s
l i sez. Or, u n m o t éc rit s e repère à s o n contour : vous n e le co m p renez
pas m ieux si vo u s le p ro n o n cez. La s i m p le perce pt i o n de son c o n tour
et le c o n texte de son utilisation s u ffisent à sa c o m p réhe n s i o n .
Devenez l 'artiste d e vos l e c tures : créez la musique avec certains
écrits et l a pho tographie avec d'autres.

80
Vitesse et co m p ré h e n s i o n
Quand vous accélérez, vous pensez n e plus com prendre ...
Sans doute, pendant cet entraînement, êtes-vous allé trop vite, à la
recherche une fois de plus des l ettres ou des mots, et non des idées.
Toute personne tapant sur un clavier avec ses dix doigts vit une expé­
rience simila ire. Ainsi, j'ai remarqué q u e lorsq ue je pense à m es doigts
et a ux touches que je dois frapper pour écrire ra pidement tel ou tel mot,
le seu l fait de penser à m es doigts et à ce qu'ils doivent faire m'em pêche
d'agir vite ; je commets des erreurs. En reva nche, si je me la isse portée
par mes idées, en travaillant sa ns penser à mes réflexes physiques, je
tape vite. Bien sûr, il m'a fa l l u apprendre à faire cela, et ça m'a paru long.
Mais une fois le cap de /'apprentissage dépassé, la technique vient aider la
pensée, et non la parasiter.

Lire vite, c'est synthétiser, recréer l'idée très ra pidement, en s'appuyant


d'une part sur les articulations de la phrase et des paragraphes, d'autre
part sur le choix des mots fait par l'a uteur.
Dans votre désir d'accélérer, vous êtes deven u tributaire d u « chrono »,
u n iq uement du ch rono, et les idées sont restées a bsentes de votre
l ectu re. Vous vous êtes éloigné d u texte pour vous observer en train de
lire. Le rés u ltat est clair : vous avez pensé à vous-même en train de lire
et oublié l e sens des mots. Ne soyez pas déçu ! I l a rrive à tout le monde
de commettre cette erreur.
A idez votre mental avec votre corps ...
Détendez-vous quelq ues instants :
Ul
Q)
étirez vos m uscles, décrispez-vous, respirez profondém ent, essayez de
0
1....
vous calmer, de dédramatiser la s ituation. Reprenez foi en vous-même

w
N
en vous fa isant confiance. Envisagez u n marathon moins d ifficile que
..-!
0
N
prévu : l âchez u n peu la pression q u e vous vous imposez. Respirez
@ encore, bâ illez une ou deux fois, étirez encore vos m uscles et ayez de
..._,
..c
Ol
vous une image positive, réussissant dans de nom breuses activités .
·.::

o_
0
Reprenez ensuite p ied dans le texte en vou s appuyant sur la recherche
u
des idées de l'a uteu r ; la technique d'ensemble va a lors prendre sa pl ace
tranquil l em ent.
Pou r vous permettre de travailler cet aspect de la l ectu re, une sugges­
tion : une page comm e cel le-ci contient environ 350 mots. À vous de

81
calculer à l'occasion l e tem ps que vous m ettez à lire une page de ce type
et de vérifier ensuite la com préhension que vou s en avez.
Si une l ecture lente vous permet d'entretenir une mémoire fidèle,
vous avez de la chance. Pou r moi, « assim iler des i nformations » et
« apprendre par cœu r » sont deux démarches différentes.
Adopter u n e ou plusieurs techniq ues de l ecture performante permet
d'assimiler énormément d'informations et, par con séquent, d'éveiller
sa réactivité, son intuition et son imagination. Garder une tech nique
de l ecture lente peut être utile aux personnes dont c'est la façon d'ap­
prendre « par cœu r o u presque ». Vous l irez a lors moins, car la notion de
tem ps est i ncontou rnable, mais vous penserez avoir reten u fidèlement
la pensée d'un a uteur. À chacun de se poser encore et encore cette ques­
tion primordiale : Que/ est /'objectif de ma lecture ?

U n e m é m o i re d i ffére nte selon les â g es


L'enfant, pour grandir, a besoin d'assimiler. Son corps, son psychisme,
son énergie, ses capacités de mémorisation et de récupération, son
som meil, tout concourt à l u i permettre de recevoir, puis à assimiler,
pour évol uer. Les enfa nts affichent parfois des facil ités de mémorisa­
tion déconcertantes. I l s ravivent en nous le souvenir des facultés que
nous posséd ions a ussi, a utrefois, nous rendant un brin nostalgiques
de n otre enfance ... Pou r com penser, prenons con science de tout ce que
nous avons définitivement fixé dans notre inconscient, a nnée après
Ul
Q)
an née.
0
1....

w
Bien sûr, notre mémoire, avec le tem ps, fonctionne différemment ; bien
N
..-!
sûr, notre sens de l'observation s'est mod ifié ; bien sûr, le « par cœu r »
0
N n'est plus notre mode d'apprentissage ! Cependa nt, notre richesse
@
..._, i ntel l ectuelle et notre savoir sont considérables. I n utile de pleurer sur
..c
Ol
·.:: de prétendues compétences perd ues ! Voyons pl utôt ce q u e l'âge, l'ex­

o_
0 périence, la réflexion et le temps nous ont offert en culture, en savoir­
u
faire ou en « savoir-être ».
L'enfant, lorsq u 'il cherche dans sa tête une information q u 'il a apprise,
se fait confiance : il n 'analyse pas la façon dont il peut la retrouver mais
la cherche intuitivement et, généralement, la trouve. JI ressent rarement

82
u n sentiment de culpabilité face à un oubli ; tout au plus, pa rfois, de
/'agacement.

L'ad ulte est plus d u r avec l ui-même. Lorsq u'il oubl ie, i l s'en veut, a des
regrets, s'énerve, se contracte, se voit vieillir, fa iblir, en vient parfois
même à mal respirer : toutes ces attitudes l'enfoncent davantage dans
les affres de l'oubli. Or, a u contraire, i l fa ut la isser revenir à la surface un
des fils d'Ariane, une des clés qui feront surgir l'information oubliée : la
perception était m u ltiple (auditive, visuel le, affective, olfactive, etc.) , et
les moyens de faire revivre l'information le sont éga lem ent. Les enfants
font cela intuitivement : leur imaginaire et ses méandres leur paraissent
souvent plus efficaces pour retrouver une idée apprise que l 'ordre logique
imposé par les adu ltes lors de /'assimilation.

Dédramatiser l'oubli nous aidera à faire revivre les idées grâce à notre
imagination ou grâce à un réveil de nos perceptions.

Enfin, une m émorisation nécessite a u moins trois révisions des notions


que l'on cherche à acquérir ; ces révisions peuvent revêtir différentes
formes. Rien ne vous obl ige en effet à rel ire trois fois l es mêmes sources.
Vous pouvez aussi aller chercher confirmation d'une première idée dans
d'autres documents. Votre culture en sera agrandie.

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u

83
BESOIN ou INTÉRÊT

1,
H U M E U R/EMOTION

1
MOTIVATION

1
ATTENTION/CONCENTRATION

1
PERCEPTION/SENSATION

1
MÉMOIRE IMMÉDIATE = MÉMOIRE RÉFLEXE

CONSOLI DATION

1
ORGAN ISATION

1
MÉMOIRE À COURT TERME
7 éléments enregistrés en moyenne
Durée de cette mémoire : 5 à 60 secondes

CONSOLI DATION

1
ORGAN ISATION

Ul
1
Q) STOCKAGE

1
0
1....

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0
MÉMOIRE À LONG TERME
N
Élaboration de l'information sur plusieurs registres : sensoriel, émotionnel
@ et intellectuel. Durée : quelques minutes, quelques heures, des années, voire la vie entière
..._,
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Ol
·.::

o_
0
u RAPPEL

, 1
REACTIVATION

�t�
APPRENTISSAGE ••• RÉFLEXION ••• CRÉATION •••

84
Rete n i r u n e lect u re
Souvent, nous ne nous soucions de notre m émoire que pour réactiver
u n souven ir. Or, cette réactivation est la dernière phase d u processus
de la mémorisation, et sa qualité est surtout tributaire des phases q u i
l'ont précédée. La première éta pe en est l e besoin o u l'intérêt q u e nous
ressentons face à un événement ou u ne donnée à apprendre ; ce besoin
ou cet i ntérêt déclenchera une émotion q ui, à son tour, fera n aître la
motivation. La motivation permet à l'attention et à la concentration de
se fixer, ce qui favorise une bonne perception, et ainsi de suite !

Vous comprenez donc tout l'intérêt des objectifs de l ecture q u e je vous


propose de forger.

Ainsi, en vous occupant de votre mémoire régul ièrement, en cherchant


à l'a ugmenter, vous sa u rez, à tout le moins, la préserver. Les lamenta­
tions à son sujet ne se j ustifieront plus car vous serez responsable, jour
après jour, de ce qu'elle est et de ce qu'elle deviendra. Platon com pa rait
la mémoire h u maine à une tablette de cire de plus o u moins bonne
qualité selon les i ndividus. Depuis !'Antiquité, les images ont évolué, et
j'aime imaginer la mémoire comme u n hologram me. Cela i m pl ique que
la mémoire enregistre tout événement sous de m u ltiples facettes dont
la combina ison créera le souvenir ; a insi l es portes d'accès au souvenir
sont, elles aussi, m u ltiples.
Ul
Q)
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C u ltiver es p rits d e syn t h èse et d ' a n a lyse
. , .

p o u r m i e ux ecr1 re
Nous vivons q uotidiennement avec cette bipolarité. Toute activité nous
force à doser esprit de synthèse et esprit d'analyse. Pasca l, dans ses
Pensées, parlait déjà de « l'esprit de géométrie et de l'esprit de finesse ». Lire
demeure une activité comme une a utre, pour laquelle nous ne faisons
malheureusement travailler qu'une partie de notre cerveau à la fois. En
effet, notre capacité à synthétiser le texte lu provient de l'hémisphère
droit et notre aptitude à l'analyser est issue de l'hémisphère gauche. Il
faut donc solliciter à part égale ces hémisphères cérébraux, sans se conten­
ter de nos préférences.

Ainsi, dessiner ou faire des schémas force à développer son esprit de


synthèse en sollicita nt pl utôt l'hémisphère droit de notre cerveau.
Ul
Q)
Apprendre, retenir des déta ils, fait appel à l'esprit d'analyse, spécial ité
0
1....
de l'hémisphère gauche.

w
N
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Certa ines situations de la vie q uotidienne sont des pistes de trava il :
0
N monter u n meuble en kit en l isant le mode d'emploi (esprit d'analyse
@ fourni par l'hém isphère gauche), ou bien le monter à l'instinct (esprit de
..._,
..c
Ol
·.::
synthèse issu de l'hémisphère droit).

o_

u
0 Michel Serres, dans son l ivre Éclaircissements, affirme que le fait d'écrire
sur un clavier sollicite pour le langage non plus seu lement la main
gauche ou la main d roite avec laquelle on tiendrait u n stylo, mais, par l e
biais des deux mains, l e s deux parties d u cerveau ... Excellent !

89
En cherchant, à l'occasion, à contrarier ses dominantes cérébra les, sans
aller d'em blée vers ce q u i semble le plus facile, on s'enrichit considéra­
blement grâce à q u elques menus efforts.

D évelo p p e r son esp rit d e syn t h èse


Acq uérir l 'esprit de synthèse dépasse totalement le simple cadre de
la l ecture et peut se trava il ler à tout instant. En effet, si vous ne vous
souciez de votre esprit de synthèse que dans le cadre de déch iffrem ent
de textes, vou s vous entraînerez, certes, mais peut-être pas assez.
L'esprit de synthèse est un état d 'esprit.
Pour l'acquérir, il est nécessaire
d'adopter certa ins « gestes mentaux ». Vous trouverez l es moyens d'ac­
tiver votre esprit de synthèse :
>- dans votre comportement ;
>- dans la lecture ;
>- dans l 'écritu re.

Augmenter son espr i t de synthèse grâce


à son com porte ment

L'esprit de synthèse peut s'intensifier a u quotidien. Voici douze pistes.


À vous de cu ltiver toutes ces pistes :
1. Écoutez activement a utrui : vous anticiperez ainsi sur la final ité d u
Ul
Q)
discours e n identifiant une à u n e les d igressions.
0
1....

w 2. Reformulez souvent l es questions ou l es opinions des a utres : vous
N
..-!
0
entrerez alors dans la pensée de l'a utre et en exprimerez l'essentiel
N

@ à votre mani ère.


..._,
..c
Ol 3. Faites le tri entre l es faits, démontrés et accessibles à tous, et vos
·.::

o_ propres im pressions. Trop souvent, nous fa isons l'amalgame et
0
u
perdons du même cou p des capacités d'analyse et de persuasion.
4. Entraînez-vous à la réfutation. Réfuter, c'est réagir à l'argumenta­
tion de l'a utre. Or, toute bonne réfutation trouve naissance dans l es
idées mêmes de l'a utre, et cette éclosion d'idées ne peut advenir

90
que si l'on est capable de gérer l es émotions provoquées par l es
arguments de l'interlocuteu r.
5. Efforcez-vous de réagir à chaud intérieurement, par la pensée, tout
en maîtrisant vos réactions impulsives. Cette gestion de soi permet
d'écouter l'autre, de se m ettre au dia pason de son interlocuteur en
restant attentif à l'instant vécu, de synthétiser ses propres pensées
et de les évoq uer avec force après avoir eu le temps de les hiéra rchi­
ser, de s'orga niser, de vivre pleinement les situations.
6. Gérez votre trac. Vous permettrez ainsi à votre cervea u de travai l l er
sans être subm ergé par des émotions.
7. Prenez la parole dans des réu nions, conférences, etc. Vous a ppren­
drez par ce biais à être participatif et actif - donc en adéqu ation
avec le moment présent -, à gérer vos émotions, et à form uler vos
pensées de man ière synthétique.
8. Reform ulez en quelq ues mots, pour vous-même ou pour a utrui, l'es­
sentiel d'une al locution, d'un fi lm, d'une h istoire. Vous vous forcez
ainsi à h iérarchiser les informations recues, et vous en favorisez la
'

mémorisation à long terme.


9. Créez systématiquement des liens entre l es différentes sources
d'information. C'est ainsi qu'en ra pprochant diverses opinions, par
synthèse, vous vous forgerez vos propres convictions.
10. Sachez vou s présenter en q u elques mots, en une phrase ou en u n
slogan. Cette synthèse s u r soi-même est riche d e conséquences :
réflexion sur soi, ses priorités, son axe de pensée ; constatation de
Ul
Q) ses réal isations et objectifs professionnels ; risq ues de dispersion
0
1....

w
identifiés et évités ...
N
..-!
0
11. Luttez contre l'éparpil lement futile de votre pensée et de vos
N

@
actions, l e papillon nage, la distraction. Même si, dans tout métier,
..._,
..c i l faut parfois accepter d'être interrompu et distrait d'une activité
Ol
·.::
>­ i m portante et u rgente, il est bon de rester concentré sur l'essentiel
o_

u
0
et de « boucler » ce q u i mérite de l'être.
12. Inventez mille pistes encore inédites, q u i vous sont propres et vous
feront évoluer !

91
Ces douze « a rmes » vous entraîneront à synthétiser votre pensée. I n utile
d'attendre d'avoir un texte à l ire pour s'en soucier. Cela ne suffirait pas.

Augmenter son espr i t de synthèse


grâce aux textes lus

Amél iorez votre esprit de synthèse pendant vos l ectures en mettant par
exemple en pratique ces d ix techniques :
1 . Repérez la structure d u texte. Cela vou s permet d'en devenir maître
et d'avoir, en premier lieu, connaissance de son ossature.
2. Ava nt de l ire, i nterrogez-vous sur le projet de l'auteur pour le faire
concorder avec votre projet de lecteu r. À votre avis, pourquoi l'au­
teur a-t-il écrit ce texte ? Quel message veut-il faire passer ? À quel
titre, d'ailleurs, l'écrit-il ? Quelle expérience possède-t-il d u sujet ?
Et vous, quels besoi ns pensez-vous com bler grâce à cette lecture ?
Quelles sont vos attentes de ce texte ? Que souha itez-vous être
capable de faire, précisément, à la fin de cette l ectu re ?
3. Naviguez dans le texte l i néaire comme dans !'hypertexte : c'est vous
qui tenez l es rênes. En prenant l'in itiative de votre périple dans le
texte, vous vous faites confiance : vous laissez votre cerveau recréer
la logique d'ensemble, vous devenez actif. (Cette tech nique est
toutefois à éviter lors de la lecture de romans, surtout des bons
romans : là, laissez l e roma ncier vous envoûter à sa guise.)
4. Détachez-vous du texte, prenez du recul, a utorisez-vous à remettre
ui
Q) en cause ce q u e vous l isez, à sa uter les passages q u i ne vous
0
1....
>-
a pportent rien , à su rvoler ceux qui, d'après vous, reformu l ent ce
w
N q u e vous savez déjà. La performance passe par l e tri des idées et la
..-!
0
N gestion de son temps.
@
..._,
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5 . Repérez les mots de l ia ison, charnières de la pensée de l'a uteur.
Ol
·.::
>-
o_
6. Mettez en exergue u n mot clé par paragra phe. Cela i ncite à repérer
0
u l'idée porteuse q u i a justifié à elle seule l'écriture des paragra phes.
7. Reform ulez l'idée maîtresse de l'a uteu r avant de classer le document.
8. « Mettez à jour » vos propres im pressions ou h u meurs. En effet, alors
q u e vos h u meurs et vos a priori d'avant la l ecture vous ont i nfl uencé

92
pour recevoir la pensée de l'a uteu r, votre l ecture a éveillé en vous
d'autres humeurs, d'a utres impressions et aussi d'a utres pensées.
Faites le tri entre les u nes et les a utres.
9. Imaginez les dessins ou schémas q u i ill ustreraient l 'idée que vous
venez de lire. En passant du mot a u dessin, vous faites trava iller vos
deux hémisphères cérébraux.
10. Ama lgamez l'idée nouvel lement acq u ise avec les connaissa nces
que vou s possédiez déjà sur la q uestion : en invita nt l 'idée neuve à
s'ancrer sur ce q u i est déjà en place dans votre bagage culturel, vous
mémoriserez mieux l'ensemble. Vous créerez ainsi l'amalgame, le
métissage cher à M ichel Serres.

Cultiver son esprit de synthèse en écrivant

Même en tant qu'a uteur, votre esprit de synthèse peut être en éveil !
1. I nterrogez-vous sur l'im portance des déta ils q u e vous souha itez
énumérer.
2. Créez-vous u n projet de rédacteur avant de com mencer : objectif
de votre écrit, fil cond ucteu r de votre pensée, idées à faire passer
im pérativem ent ...
3. Soyez capable de synthétiser en une phrase ce que vous voul ez dire
en p l usieurs paragraphes (tech n ique clé des journal istes).
4. Orga nisez votre pensée « cervea u gauche - cervea u droit », c'est-à­
Ul
dire avec une savante alternance de théorie et d'exem ples.
Q)
0
1....
5. Imaginez des schémas, des graphiques.

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Déve lo p p e r so n esprit d ' a n a lyse
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Vous êtes concis, une qualité appréciable dans un monde où l'on donne
0
u souvent la vedette à ceux q u i parlent trop. Cela d it, parfois, il est bon de
savoir étoffer sa pensée.
À vous de repérer le type d'information q u e vous avez l'habitude de
donner. Peut-être réaliserez-vous ainsi q u e vous oubl iez régu l ièrement

93
d'ill ustrer votre propos par des exem ples ou des cas pratiq ues, ou que
vou s vous contentez d'évoquer des situations sans en tirer l e ra isonne­
m ent q u i s'im pose. Vou s pouvez aussi clarifier votre message en ra ppe­
lant à vos l ecteurs et aud iteurs les faits, et en précisant vos im pressions
- car peut-être avez-vous tendance à n'évoq uer qu'un ou deux détails.
En effet, une réflexion mérite souvent de s'articuler en binôme :
> théorie - exemple ;
> problème - résol ution ;
> ca uses - conséquences ;
> avant - après ;
> avantages - inconvénients, etc.

Explication
• Ayez u n projet
de lecteur
• Aiguisez
• Stimulez votre sens critique
votre mémoire
• Admettez q u e votre
mémoire sélectionne

• Fixez vous des délais


et des temps de lecture

Ul
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0
• Sacrifiez certa ines
1....
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informations
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• Laissez votre cerveau
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et vos yeux accélérer
Ol
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u
• Agra ndissez
votre cha m p visuel
• Destructurez le texte
si besoin
• Demandez davantage
• Anticipez sur les textes
à vos yeux
et votre cerveau

94
Partie 2

B l oca g es
et re m èd es
«Les v;ces entrent dans la compos;t;on des vertus,
comme les po;sons entrent dans la compos;t;on des remèdes. »

La Roch efoucauld, Max;mes et réf!ex;ons morales

Repérer les chausse-tra ppes et faire fi des mauvaises habitudes . . .


Faire sauter les barrières derrière lesque l l es nous sommes restés
bloqués . . .
Vl
ClJ
0
>.
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Recouvrer sa l iberté de lecteur, c'est s'offrir l a rencontre avec
� un texte, et avec lui créer des idées neuves.
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Les b loca g es
Voici q uelques blocages fréquents.
> Vous ach etez souvent des livres q u e vous ne l isez pas. Vous pensez
être la seule personne à faire cela.
> Pou r lire u n contrat, vous ne voyez q u'une solution : l e lire très lente-
m ent, car tou s les mots comptent.
> Quand vous l isez vite, vou s avez l'im pression de ne rien com prendre.
> Vous avez ma uvaise conscience q uand vous sacrifiez d u texte.
> Si vous sautez u n mot, vous êtes sûr ne plus rien comprendre par la
suite.
> Vous voudriez pouvoir lire les livres que d'a utres, a utour de vous,
lisent. Vous n'y parvenez pas. Que pouvez-vous faire ?
Ul
Q)
> Vous croyiez être u n bon lecteu r, mais a pprend re que d ifférentes
0
1....

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méthodes existent vous affole ...
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> Chacu n a sa personnalité. Vous ne pensez pas q u e les gens pu issent
N

@ changer si facilement.
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Ol > On vous a enseigné à toujours aller a u bout de ce q u e vous entre­
·.::

o_ prenez. Lorsque vous commencez un l ivre, vous vous forcez à le finir
0
u
même si vous le détestez.
> Lorsque vou s étiez enfa nt, vou s aviez une excellente m émoire.
Maintenant, vous ne savez même plus où retrouver une information
lue il y a quelq ues jou rs.

99
>- Vous n 'avez plus l e temps de lire pour votre plaisir. Avant, vous
aimiez cela, mais maintenant, vous êtes accaparé par mille activités
professionnelles ou domestiques.
>- Quand vous étiez jeune, vous lisiez volontiers des romans.
Mai ntena nt, vous auriez l'im pression de perdre votre temps s i vous
vous y remettiez. Vous ne lisez plus que des écrits ayant trait à votre
profession.
>- Vous cra ignez de reprendre très vite vos a ncien nes habitudes ...

Vos a n t i d otes
Une fois que vous a urez identifié les blocages qui vous concernent,
combattez-les !
>- Osez écrire sur l es l ivres pour l es faire vivre.
>- Osez annoter l es livres pour créer l e dia logue.
>- Osez admettre que d'a utres lisent à toute vitesse ... Et alors ?
>- Assumez le fait de ne pas vou s servir d u dictionnaire à chaque fois
q u e vous ignorez l e sens d'un mot
>- Osez lire u n roman en l ectu re performa nte, active ou ra pide ! Qui a
l e droit de flâ n er a éga l ement le d roit de courir...
>- Réa l isez u n de vos vieux rêves : prenez le tem ps de l ire les a uteurs
classiqu es tels que Balzac, Proust o u Zola (page 128) ...
Ul
Q) >- Osez stocker des livres en attente de l ecture.
0
1....

w
>- Apprenez à l i re les contrats efficacement.
N
..-!
0
>- Osez vous décontracter pour vous concentrer puis com prendre . ..

@ >- Sachez abandonner u n livre.


..._,
..c
Ol
·.:: >- Osez acq u érir de nouvel l es méthodes et varier le rythme de vos

o_
0 l ectures.
u

>- Changez pour progresser.


>- Mettez u n terme à votre lecture si elle ne vous convient pas.
>- Osez l ire pour l e plaisir.

1 00
> Osez lire a utre chose q u e des écrits ayant trait à votre trava il.
> Osez changer dura blement !

Toutes ces thématiq ues sont déta illées dans l es pages q u i su ivent.

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Q.
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Écrire sur u n livre, c'est en quelque sorte le faire vivre.
« U n l ivre se respecte. U n l ivre coûte cher : tu ne dois pas écrire dessus. »
Ces mots seraient-ils ceux de votre père, m ère, oncle ou tante, maîtres
d'école bien aimés ... ?
Remettre en cause u n principe reçu de ses parents ou de ses maîtres
semble toujours difficile. Qui n'a jamais eu le scru pule q ue vous
connaissez, vous, en ce moment ? I m pl icitement, vous croyez leur faire
d u tort, les remettre en cause, eux, directement. I l s vous ont l égué
des idées, des méthodes a uxq uelles ils tenaient ; vous les estimiez et,
a ujourd'hui, bousculer tout cela vous dérange. Quoi de plus normal ?
Cependa nt, le monde évolue, et vite. On nous demande d'assimiler
toujours plus et toujours plus ra pidement. Or, travail ler directement sur
l e texte d'un a utre permet de gagner u n temps précieux. Nous entrons
alors en com munication avec une a utre pensée et cela nous rend actif,
Ul
Q) nous force à la concentration et éveille notre esprit de synthèse (voir
0
1....

w
p. 90).
N
..-!
0
De plus, n'avez-vous jamais admiré, dans les bibl iothèq ues fa milia les,
N

@
les jol ies petites écritures serrées q u i commentaient dans la marge
.....,
.c les pensées d'un écrivain ? À u n e a utre époque, quelqu'un a noté u n
Ol
·.::
>- com menta ire à même l e l ivre ... Parfois même e n latin ! Pourtant, les
0.

u
0
l ivres coûta ient cher, a utrefois. N'est-ce pas ainsi que nos ancêtres ont
forgé leurs connaissa nces, leur culture ? N'est-ce pas ai nsi qu'ils se sont
élevés ? Pourq uoi donc renoncer, a ujourd'hui, à cette technique q u i a
déjà fait ses preuves ?

1 05
Libre à vous d 'écrire sur u n livre de poche dont vous êtes le possesseur.
Désacralisez l'écrit : même si notre société s'appuie sur lui, il est malheu­
reux de laisser ce respect se transformer en joug. Un livre n 'aura vécu que si,
vous, lecteur, le faites vivre, et si vous le gardez en mémoire.

Annoter et dialoguer

Annoter un l ivre peut permettre de créer le dialogue.


Un jour, une participa nte à une de m es formations nous a raconté avoir
prêté un de ses l ivres à un ami. Dans ce l ivre, com m e à son ha bitude,
elle avait écrit. En le l u i renda nt, son ami l u i a dit : « j'ai bea ucoup aimé
ton livre et j'ai répond u à toutes tes q uestions ! » Cette anecdote nous
a beaucoup plu : à travers la l ecture du texte, le deuxième l ecteur avait
com muniqué avec le premier. Et el le-même avait donné involontai­
rement un objectif de lecture à son ami : trouver l es réponses à ses
questions ...
Ainsi, si vous prêtez vos livres, bravo ! Mais pourquoi vous priver de dialo­
guer avec l'a uteu r ou avec la personne à q u i vous prêtez l e livre, en y
ajoutant vos p ropres commentaires ? Pou rquoi renoncer à u n mode de
mémorisation personnel ? Craignez-vous d'être sévèrement j ugé pour
avoir coché dans l a marge u n e phrase q u e vous trouvez belle ? Votre
point de vue peut ou non être partagé par le prochain lecteur... et cela n 'a
aucune importance. A u mieux, cela peut inciter /'autre à lire lui aussi tel
passage a vec attention et à vous parler ensuite de sa perception du texte.
Finalement, tout le monde y gagnera, simplement parce que vous, vous
Ul
Q) aurez osé.
0
1....

w
N
..-!
0
N

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..._,
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Ol
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1 06
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.......
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Ol
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Q.
0
u
Qui a décidé que l es l ivres lus par les a utres sont plus intéressants que
ceux que vous lisez ? Les styles d'écriture sont m u ltiples, heureuse­
ment, car le public a des centres d'intérêt va riés ! Chacun vit avec son
système de références. Personne ne peut avoir tout lu ni s'intéresser à
tout : à chacun ses fai l l es.
Cependa nt, élargir sa sphère, agrandir le champ de ses connaissances,
se plonger dans de nouvelles sources, étoffer son bagage, découvrir des
points de vue nouveaux, aborder aisément de nouveaux sujets, s'im pré­
gner de nouveaux styles, o uvrir l es ba rrières derrière l esquelles nous
nous sommes emprisonnés tout seu l, quelle joie ! quelle am bition !
Tout u n chacun peut à sa gu ise, en agissant par étapes, concrétiser cel a.
Pou r réussir, faites-vous aider par les gra nds manitous de la profession :
libraires et bibl iothécaires, amoureux des l ivres. Les libra ires ne sont
généra l ement pas des commerçants ordinaires. Parlez-leur sim plement
Ul
Q)
de ce que vous aimez et de ce que vous souha itez découvrir ou deve­
0
1....

nir ; en vous écoutant, ils sauront vous conseiller le livre qui sera à la
w
N
mesure de votre volonté et de vos capacités d'aujourd'hui. Peu à peu,
..-!
0
N
vous deviendrez le fin connaisseur d'un sujet, ou encore une personne
@ enrichie, étoffée, « métissée » de m ille a pproches, com m e aime l'évo­
.....,
.c
Ol quer M ichel Serres .
·.::
>-
0.
0 La lecture, deven ue agile grâce à des méthodes variées, devient vite un
u
plaisir. Et si, parfois, le sujet abordé ou le style de l'auteur la laisse encore
paraître a rdue, le plaisir de la culture gagnée prend /'avantage. Peu à peu,
à force de vous surpasser, vous devenez un lecteur audacieux créant son
sillon dans le monde des livres.

1 09
L i re p l u s i e u rs textes à la fo i s ?
I l est bien sûr possible de l ire p l usieurs textes en para l lèle. Les histoires
et les sujets se télescopent ra rem ent ! N'avez-vous pas ce type de rythme
a u bureau, enfourchant sans cesse différents cheva ux de bataille ? Ou
chez vous, lorsq ue vous regardez, semaine après semaine, plusieurs
feuilletons à la télévision ?
Quel plaisir de l ire, en fonction de votre h umeur d u moment, u n roman
historique, u n l ivre de réflexion, une revue scientifique, u n q uotidien,
u n prix littéra ire, u n recueil de poèmes, une bande dessinée ...
Offrez-vous le droit de l ire selon votre h umeur !

Le d ro i t d ' a l le r vite, o u d e ra le n t i r !
Certa ins lisent à toute vitesse ... Et alors ?
Vouloir l ire plus vite pour rival iser avec quelqu'un semble d'a bord
motivant. Cela donne envie d'évoluer, et ce premier pas est capital.
Cependant, l ire vite nécessite décontraction (qu i, elle précède la concen­
tration) mais aussi acceptation de son propre rythme, qu'il soit accé­
léré ou ra l enti. En effet, lorsq ue nous sommes crispés, notre humeur
nous joue des tours, notre cerveau limbique (siège des émotions et des
humeurs) empêche notre cortex (notre matière grise) de fonctionner à
plein rendement. Nos facultés de réflexion s'en trouvent amoindries.
Si votre parent ou ami, après vous avoir sti mulé, vous conforte dans
Ul
Q)
0
l'idée que vous l isez de plus en plus vite, tout va bien. En reva nche, s'il
1....

w
entretient la rival ité dans le seul but de vous écraser, je m'inquiète pour
N
..-! vous et pour votre appétit de l ecture. En effet, votre envie de l ire risq ue
0
N
de décliner si vous vous embou rbez dans ce cl ivage compétitif. Soyez
@
..._,
..c
égoïste, pensez à vous : gardez vos amis sa ns devenir leur fai re-valoir.
Ol
·.::

Ce temps nécessaire pour vous, a ujourd'hui, n'est-ce pas déjà votre
o_

u
0 intim ité ?
L'acte de lecture est u n acte personnel : chacun est seul face à son texte,
et vous n 'avez pas de compte à rendre sur le temps que vous mettez à le
déchiffrer.

1 10
Dans u n rom a n , tan tôt flâ n er, tantôt cour i r . . .

Lire u n l ivre en l ecture performante com me j e l'ai expliqué a u chapitre 2,


c'est toujours choisir la méthode adaptée à ses souha its et a u texte.
Si vous com mencez u n roman et que vous le trouvez pla isant, il est hors
de q uestion de lire le texte dans le désordre. Laissez-vous bercer par la
magie des mots et des images, laissez le conteur vous guider a u gré
de sa fa ntaisie et acceptez l e dépaysement tel qu'il vous est proposé.
En revanche, si vous l isez un roman q u i vous déplaît et que vous vous
sentez obl igé de le lire dans son intégralité, li bre à vous de l e l ire dans le
désordre, voire d'adopter une technique de survol.
li m'est arrivé de lire cinq uante pages d'un ouvrage, de m'a percevoir
que l'œuvre me dépla isait et, prête à capituler, de décider de lire direc­
tement les dernières pages. Là, j'ai découvert ce que l'a uteur fa isait
advenir de ses personnages ; je me suis notam ment rendu com pte q u e,
dans les dernières lignes, trois seuls restaient en piste. j'ai donc repris l e
texte là o ù j e l'avais abandonné e n choisissant d e n e lire ensu ite que les
passages concernant les personnages subsistant à la fin. j'ai donc l u le
texte impa rfaitement, certes, mais activement, en appliq uant une stra­
tégie ada ptée à la situation. Si je n'ava is pas opté pour cette m éthode,
soit je me serais forcée à le lire intégra lement, en pensant éventuelle­
ment à a utre chose - démarche id iote -, soit j'aurais abandonné ma
lecture avec un sentiment de culpabilité stérile. Lire ainsi m'a perm is de
rester maîtresse de ma l ecture. Cette expérience, « douloureuse » mais
concl uante, me permet d'envisager maintenant de lire un deuxième
Vl
<lJ
livre du même a uteur pour voir... pour en avoir le cœur net... pour le
0
._
tester encore ... savoir si cela tenait au thème, au style ou à mon état
>
w
d'esprit du moment.
N
.-i
0
N

@ R e n o u e r avec La Lect u re pla isir




Ol
·;::: Q ue d e belles excuses nous trouvons t o u s pour avo i r o u b l i é d e l i re
>
o.
0
ce ro m a n va nté p a r Pivot ou Poivre d 'Arvor ! M a i s o u i : les exigences
u
profess i o n nelles, les t ra n s p o rt s , les enfa n t s , le boulot, le m é n age,
les ré u n i o n s à l'école, tout vous acca p a re ! C'est d ra m a t i que, et
tellement b a n a l . Je ne va i s pas vous fa i re p l a i s i r : votre cas est t o u t
à fa i t o rd i n a i re. Vos excuses s o n t m a g n i fiques, m a i s elles n ' o n t
q u 'un m é rite : celui d 'att iser le rem o rds q u i , u n j o u r, peut-être, vous
a i d era à passer à l'acte. Soulagez-vous de to u t cela. Gérez votre
temps et programmez vos priorités.

111
C h a n g e r . . . c'est b o n !
Vraiment, faut-il changer ? Comment ne pas craindre l e cha ngement
lorsque nous réa l isons que, des a n nées durant, nous avons entreten u
des habitudes m éd iocres ? Pou rtant, a u q uotidien, nous savons chan­
ger : quand vous avez touché d u doigt ce qui vous fait mal, vous évitez
d'y revenir. Conditionnez-vous donc de même avec vos techniques de
lecture et faites-les évoluer.
Comme tout nouveau bagage, une formation fait ses preuves sur l e long
terme. O u i, les textes vous envah issent et il fa ut vous en affranchir avec
intel l igence, en dédramatisant l'utilisation de méthodes. Aujou rd'h ui,
je vous guide, mais viendra l e moment où le formateur se fera oublier...
Vous vous retrouverez a lors seul avec vos acquisitions, responsable de
ce que vous en ferez.
Alors, guettez vos réflexes et m ettez-vous à l 'épreuve régul ièrement.
Puisque vous lisez tous les jours, occupez-vous de votre lecture tous les
jours.

D u b o n usage d u n o n - d i ct i o n n a i re . . .
Chercher dans l e dictionnaire l e sens d'un mot : quel bon réflexe ! Tant
de gens croient rébarbatif ce merveilleux outil, et oublient de s'en servir.
Nous, adu ltes, pouvons sensibil iser l es enfants à cet objet précieux et
leur montrer à quel point la magie des mots est détecta ble et délectable
Ul
Q)
dans u n dictionnaire, quel q u'il soit.
0
1....

Un mot nouvea u s'acquiert grâce à des rencontres m u ltiples dans des
w
N
..-!
contextes différents. Nous l'aurons vraiment adopté lorsq ue nous nous
0
N verrons le réutil iser sans angoisse. Agrandir le champ de son vocabu­
@ laire im pose donc de s'a pproprier les mots. Les jeunes enfants l e font
..._,
..c
Ol
·.::
à u n rythme accéléré ; l'intu ition les guide bien souvent, et ils nous

o_
0
éton nent en util isant soudain u n terme qui nous sem ble étra nge dans
u
leur bouche.
Cependant, vérifier systématiquement dans le dictionnaire le sens
d'un mot inconnu, c'est m ettre en vei l leuse deux facultés clés : votre
capacité d'a nticipation et votre imagination. Essayez donc de deviner

1 12
l e plus souvent possible la sign ification d'un mot grâce à son contexte.
En effet, hors contexte, hors référence, u n mot n'a aucun sens. Seul son
environnement le l u i apporte.
Faites-vous confiance aussi souvent que possible en survolant les mots à
la recherche de l 'essentiel : l 'idée. La lecture doit demeurer un plaisir qui
sollicite votre imagination de mille manières. Faites vivre les mots d'Eins­
tein : « L'imagination est plus importante que la connaissance. » Imaginer
le sens d'un mot d'après son contexte est sans doute plus constructif
que d'en connaÎtre précisément le sens académique.

Stocker d es l ivres en atte n te d e lect u re


Beaucoup de gens acq u ièrent des livres qu'ils ne liront pas forcément :
les uns par manque de soin dans leurs choix intellectuels, les a utres
parce qu'ils achètent tel l ivre pour la qualité de sa rel i u re ou parce qu'il
sym bolise à leurs yeux la cultu re, d'autres encore parce q u'avec ce
premier acte, ils espèrent conditionner l e deuxième : la l ecture.
En outre, notre h umeur est variable. Cel le dans laquelle nous sommes
a u moment où nous choisissons u n livre dans notre bibliothèque est
détermina nte. Ainsi, grâce à ces quelq ues achats impul sifs faits u n jour,
vous trouverez à tout moment u n ouvrage q u i correspondra à vos états
d'âme, à votre envie de l ire : voici votre liberté retrouvée, et non pas
seulement la culpabilité d'avoir fait un achat i n utile.
N'est-il pas merveilleux de désirer acquérir, puis de savoir attendre pour
Ul
Q) mieux savourer, enfin de bousculer l'attente pour que naisse le plaisir de la
0
1....
>­ découverte et du partage ?
w
N
..-!
0
Posséder des livres en attente de l ecture est u n réel plaisir ; c'est une des
N

@
formes de l'art de lire. Com me l'écrivait Bertrand Poirot-Delpech dans
..._,
..c u n de ses articles d u Monde : « Je fa is attendre Platon, là-haut, sur son
Ol
·.::
>­ étagère ; et je l u i tiens tête si ça me cha nte1 ! »
o_
0
u

1. Le Monde d u 13 octobre 1993.

1 13
La lect u re performante dans d 'a utres lang ues
M o n p re m i e r livre s u r l a lect u re p e rformante a é t é t ra d u i t e n
espa g n ol. Cela c o n f i r m e l' idée selon laqu elle t o utes les l a n g u e s
lat i n e s s o n t c o n c e r n é e s p a r l a m é t h o d e prése ntée i c i . D ' a ille u rs ,
s i vous p ra t i q u e z l' espa g n o l, vous avez d éjà re marqué c o m m e les
Es p a g n o ls pa rlent vite, e n c h aînant les m o ts p o u r syn t h é t i s e r au
plus vite leur i d é e . La viva cité de leur fa ç o n de p e n s e r est illustrée
p a r leur d é b i t de pa roles. Plus q u e n o u s e n c o re, ils s e m blent avo i r
beso i n d ' a d a p t e r le u r m o d e de lect u re à leur fa ç o n de p a rler,
synonyme elle- m ê m e de leur fa çon de p e n s e r. La rapidité de l e u r
l a n g u e orale doit se sa tisfaire d 'une l a n g u e écrite rendue vivan te
par l a l e c ture performan te.
Il en va de m ê m e , b i e n évi d e m m e n t , p o u r la la n g u e a n g lo-saxo n n e ,
plus facile e n c o re à l i re q u e la n ô t re : a u x États - U n i s existent d e p u i s
fort longtemps d e s t e c h n i q u es va riées d e lect u re a ctive.

Savo i r a ba n d o n n e r u n l ivre
Ah ! le complexe de la perfection ! Comme il est répandu ... Les adeptes
de l 'Ana lyse transactionnelle1 parlent de cette exigence que nous avons
parfois pour nous-mêmes : l e « sois parfait ». Tout l ire jusqu'à la dern ière
miette même si l'on s'endort, tout boire jusqu'à la lie même si l'on n 'y
com prend goutte, tout a bsorber même si c'est indigeste... Être efficace,
ce n 'est pas cela.

Être efficace, être intelligent, c'est savoir trier, donc fa ire des choix, des
Vl
<lJ sacrifices.
0
._
>
w « Tout l ire » tout l e temps a des effets pervers. Ainsi, u n stagiaire m'a dit
N
.-i
0
u n jour qu'il se créait depuis longtemps l'obl igation terrible de lire son
N

@
magazine de télévision dans son intégralité : il lisait les feuilletons, l es

� publ icités, les résumés de tous les films, même de ceux qui ne l'intéres­
Ol
·;:::
> saient pas. Quel malheur ! Quel temps et q uelle énergie perdus ...
o.
0
u Dans les galeries de peinture, j'ai toujours aimé voir des visiteurs assis
en tête à tête avec le tableau de leur choix. Ceux-là ne cou rent pas forcé-

1. Se référer, par exemple, au livre de Chalvin : Les nouveaux outils de l'analyse transactionnelle,
cité en bibliographie.

1 14
ment plusieurs fois en tou s sens, cherchant à m émoriser successive­
ment toutes les peintures. I l s repèrent la pièce maîtresse à leurs yeux
et attardent leurs regards sur elle, au détriment du reste. Ils deviennent
maîtres de leur vision, et par là même de leur cu lture.
Si demain, vous allez au Louvre, admettez q u'il sera it va in de vouloir
tout voir. Vous tirerez u n meilleur profit de votre visite s i vous vous fixez
à l'ava nce des objectifs et allez adm irer qui La Victoire de Samothrace, q u i
La Joconde, q u i l es a ntiqu ités égyptiennes, q u i le Louvre médiéva l, q u i
la pyra mide inversée... Le peu que vous a u rez v u vous rendra heureux et
plus cu ltivé, même si vous n'aurez pas TOUT vu. Lorsque vous enta mez
u n livre de réflexion, u n essai, u n journal, u n document profession­
nel, si vous l isez tout, vous risquez de vous épuiser ra pidement... Si,
au contraire, vous sélectionnez ce qui vient étoffer votre savoir, en u n
mot : s i vous vous fixez à l 'avance des objectifs, vous serez fina lement
enrichi.
Lorsque vous prenez conscience q ue le travail que vous avez entrepris,
quel q u'il soit, est totalement hors de propos, sans aucune priorité pour
personne, voire qu'il vous fait régresser, vous passez à a utre chose et
vous vous mettez à gérer en priorité le plus i m portant et le plus u rgent.
Un sage réflexe vous fait cha nger d'occupation.
Pou rquoi alors le fait de lire un roman, sous prétexte que la lecture
devrait toujours être synonyme de détente ou de cu lture, tourne-t-il s i
souvent a u pensum ? S e forcer à surmonter u n e difficulté pour atteindre
quelque chose, u n objectif cu lturel, par exemple, ou une bonne note
ou une appréciation dans l e cadre d'un trava il : oui, mille fois oui. Mais
Ul
Q)
se forcer à l ire ce qui ne nous convient pas et dont on se dit « j'ai mal
0
1....

w
choisi », « c'est ardu », « c'est nul », « c'est mal écrit ». . . non !
N
..-!
0
Une lecture sélective et déstructurée s'impose. Évitez /'abandon-capitula­
N

@ tion. Optez pour une lecture zapping en lisant surtout la conclusion, qui
..._,
..c est le point d'arrivée de l'auteur. Ainsi, vous deviendrez maître du texte et
Ol
·.::
>­ de la décision d'abandon. Vous avez cessé de subir le texte, vous êtes deve­
o_
0
u nus actif, faisant preuve d'initiative.

1 15
Les t i cs à c hasser

Vouloir tout
Oublier lire à la même
Tics à chasser vitesse
de varier
ses lectures

Lire sans
en savoir
la raison Revenir
sans cesse
en arrière

S'en vouloir Cesser de


de ne pas s'entraîner
tout lire

Ul
Q)
0
1....

w
N
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0
N

@
..._,
..c
Ol
·.::

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0
u

1 16
J e u : I nt u i t i o n et I m a g i nation

Certains mots de ce texte ont été supprimés. Le but n'est pas d e


retrouver le mot exact, m a i s de s e prouver que l'ensemble du texte
se comprend même si tous les mots n'en sont pas lus. Notre cerveau
anticipe sur la suite de la phrase.

Avant de vous lancer, mettez votre chronomètre en marche !

Lesfemmes qui travaillent sont souvent ... à une gestion du temps


rigoureuse. En effet, lorsqu'unefemme est « active », elle l'est à un
... extrême. Elle souhaite ... vie personnelle, vie professionnelle, vie
sociale ou associative et viefamiliale. Rares sont celles qui ne sont
pas alors confrontées à des ... douloureux et multiples tant elles
doivent ... avec les vingt-quatre heures uniformément attribuées à
chacune. Il est ... que la femme de province et la ... vivant dans une
grande agglomération n 'ont ... les mêmes vies.

Celle qui souffre le plus, ... , est la jeunefemme, mère de un ou deux


enfants, habitant en ... banlieue parisienne et trava illant a u ... de
Paris. Prenons le ... d'Odette.

Odette ... souvent sa journée à 5 h 30, accomplit différentes ...


domestiques le matin pour que la maison, ses ... et son mari vivent
leur journée dans de ... conditions, consacre quelques instants
à se préparer elle, puis part vers 7 heures. Soit, à cette ... -là, elle
dépose les ... à une nourrice qui se chargera, elle, de ... le plus grand
Ul
Q)
à l'école, soit elle les laisse à son mari qui lui s' ... de tout cela, un
0
1....
peu plus ...

w
N
..-!
Odette a parfois 1 h 30 ou 1 h 45 de ... (autobus, RER ou train, puis
0
N métro) et a rrive sur son ... de travail vers 8 h 30 ou 8 h 45. Elle ...
@ alors jusqu'à 12 heures, heure à laquelle elle préfère déjeuner tant
..._,
..c
Ol
·.::
son petit-déjeuner a été ... Elle se remet au travail 45 minutes plus

o_ ..., car son objectif est de sortir le plus tôt possible pour ... un tant
0
u
soit peu de ses enfants en ... de journée.

De 12 h 45 à 77 heures, Odette boucle sa ... de travail. Elle court alors,


car si ... ne la retarde, ni son patron ni les grèves de métro, elle ...
attraper le bon train et a rriver chez elle, comme ..., 1 h 30 ou 1 h 45

1 17
plus tard. Dans le tra;n ou le RER, généralement elle dort un ...,
comme tous ses ..., car, s; elle reprend des forces ma;ntenant, cela
lu; permettra de ... un peu la so;rée et surtout de ... son repassage
en regardant Ma;gret à la ...

À 18 h 45, à la descente de l'autobus, elle a juste le ... d'acheter


quelques a rt;cles pour le dfner et d'aller ... les enfants chez la nour­
r;ce ; son mah, qu; a ... plus tard qu 'elle le maUn, fin;t plus tard
auss;. Il rentrera ... 8 heures, juste à temps pour ..., ce qu; n 'est pas
plus mal, car, ..., elle aura fa ;t travamer l'afné des ... assez longue­
ment. « La maftresse a d;t qu ';/ ava;t du ... à su;vre, alors, vous
comprenez, je l'a;de comme je ... ; on en a pour une heure, au ...,
tous les so;rs... » Dema;n, d'ameurs, ;/ ... qu 'elle s'organ;se différem­
ment car, à 18 heures, ;/y a une réun;on à l'... Elle devra part;r plus
tôt du ... ; ;/faudra donc qu 'elle y arr;ve plus tôt le ... et qu 'elle y
travame plus ta rd après-dema;n.

Ils dfnent ... ensemble devant la ..., et parjo;s, après le dfner, les
enfa nts auss; restent avec les ... : c'est la v;e deJa mme. Souvent, ns
se couchent tous avant elle, car elle cherche à ..., avant sa journée
du lendema;n, la va;sselle du ... et ce maud;t repassage.

Quand Odette éta;t enfant, elle dorma;t .... On d;sa;t d'elle qu 'elle
éta;t « une grosse dormeuse ». Les temps ont b;en ... Heureusement,
les adultes ont beso;n de mo;ns de somme;/ que les enfants.
Comment pourra;t-elle tout ... de front s; elle n 'ava;t pas cette
chance de ..., ma;ntenant, très peu ?

füen sûr, la v;e d'Odette est très ... de celle de femmes v;vant dans
Ul
d'autres ... de France. Ma;s des « Odette », mo;, j'en rencontre
Q)
0
... , je les adm ;re et je ne les env;e pas. Ce sont de braves soldats,
1....

w
défendant leur ... au travan, leur dro;t à un statut, leur ... à une
N
..-! reconna;ssance et leur dés;r d'avo;r une Ja mme un;e dans une
0
N ma;son b;en à ..., b;en chère à payer pendant de longues années
@ pour se mettre à l'abr;, elle et leurs enfa nts, et c'est d'ameurs pour
..._,
..c
Ol
·.::
... qu'elles se donnent tant de mal, pour que les enfants a;ent une

o_
0
v;e plus faôle que la leur, et c'est pour ça que c'est b;en embêtant
u
quand la maftresse ... qu'à l'école cela ne va pasfort, parce que, ça,
c'est le gra;n de sable, le ... qu; fera qu'on aura du mal quand ...,
parce qu'on ne saura pas l'a;der longtemps, le pet;t. L 'école dev;ent
s; ... et ;/ faudra b;en qu';/ a;t quelque chose dans les ma;ns, le

1 18
jeune, à défaut d'un métier : u n d;plôme quand ... Avec le chômage
qu; règne, ce sera;t toujours ça ...

Arrêtez votre chronomètre et ca lculez votre nom bre de mots l u s à la


m i n ute.
8 1 8 m ot s .
N o m b re d e mots par m i n ute :

Les femmes q ui travaillent sont souvent contraintes à une gestion


du temps rigoureuse. En effet, lorsqu'une femme est « active », elle
l'est à un point extrême. Elle souhaite concilier vie personnelle, vie
professionnelle, vie sociale ou associative et vie familiale. Rares sont
celles qui ne sont pas alors confrontées à des tiraillements doulou­
reux et multiples tant elles doivent jongler avec les vingt-quatre
heures uniformément attribuées à chacune. Il est probable que la
femme de province et la femme vivant dans une grande aggloméra­
tion n'ont pas les mêmes vies.

Celle qui souffre le plus, incontestablement, est la jeune femme,


mère de un ou deux enfants, habitant en grande banlieue parisienne
et travail lant au centre de Paris. Prenons le cas d'Odette.

Odette commence souvent sa journée à 5 h 30, accomplit différentes


tâches domestiques le matin pour que la maison, ses enfants et
son mari vivent leur journée dans de bonnes conditions, consacre
Ul
Q) q uelques instants à se préparer elle, puis part vers 7 heures. Soit, à
0
1.... cette heure-là, elle dépose les enfants à une nourrice qui se chargera,

w
elle, de mener le plus grand à l'école, soit elle les laisse à son mari qui
N
..-!
0 lui s'occupera de tout cela, un peu plus tard .
N

@ Odette a parfois 1 h 30 ou 1 h 45 de trajet (autobus, RER ou train,


..._,
..c
Ol
·.::
puis métro) et a rrive sur son lieu de travail vers 8 h 30 ou 8 h 45. Elle

o_
0
travaille alors jusqu'à 12 heures, heure à laquelle elle préfère déjeu­
u
ner, tant son petit-déjeuner a été matinal. Elle se remet au travail 45
minutes plus tard, car son objectif est de sortir le plus tôt possible
pour profiter un tant soit peu de ses enfants en fin de journée.

119
De 12 h 45 à 17 heures, Odette boucle sa journée de travail. Elle court
alors, car si rien ne la retarde, ni son patron ni les grèves de métro,
elle pourra attraper le bon train et arriver chez elle, comme prévu,
1 h 30 ou 1 h 45 plus tard. Dans le train ou le RER, généralement elle
dort un peu, comme tous ses voisins, car, si elle reprend des forces
maintenant, cela lui permettra de prolonger un peu la soirée, et
surtout de faire son repassage en regardant Maigret à la télévision.

À 18 h 45, à la descente de l'autobus, elle a juste le temps d'acheter


quelques articles pour le dîner et d'aller prendre les enfants chez la
nourrice ; son mari, qui a commencé plus tard qu'elle le matin, finit
plus tard aussi. Il rentrera vers 8 heures, juste à temps pour dîner,
ce qui n'est pas plus mal, car, entre-temps, elle aura fait travailler
l'aîné des enfants assez longuement. « La maîtresse a dit qu'il avait
du mal à suivre, alors, vous comprenez, je l'aide comme je peux ;
on en a pour une heure, au moins, tous les soirs ... » Demain, d'ail­
leurs, il faudra qu'elle s'organise différemment car, à 18 heures, il y a
une réunion à l'école. Elle devra partir plus tôt du bureau ; il faudra
donc qu'elle y arrive plus tôt le matin et qu'elle y travaille plus tard
après-demain.

Ils dînent tous ensemble devant la télévision, et parfois, après


le dîner, les enfants aussi restent avec les parents : c'est la vie de
fam ille. Souvent, ils se couchent tous avant elle, car elle cherche à
finir, avant sa journée d u lendemain, la vaisselle d u soir et ce maudit
repassage.

Quand Odette était enfant, elle dormait longtemps. On disait d'elle


qu'elle était « une grosse dormeuse ». Les temps ont bien changé.
Ul
Q) Heureusement, les adultes ont besoin de moins de sommeil que les
0
1.... enfants. Comment pourrait-elle tout mener de front si elle n'avait

w
N
pas cette chance de dormir, maintenant, très peu ?
..-!
0
N Bien sûr, la vie d'Odette est très différente de celle de femmes vivant
@
..._, dans d'autres régions de France. Mais des « Odette », moi, j'en
..c
Ol
·.::
rencontre énormément, je les admire et je ne les envie pas. Ce sont de

o_
0
braves soldats, défendant leur droit au travail, leur droit à un statut,
u
leur droit à une reconnaissance et leur désir d'avoir une famille unie
dans une maison bien à elles, bien chère à payer pendant de longues
années pour se mettre à l'abri, elle et leurs enfants, et c'est d'ailleurs
pour eux qu'elles se donnent tant de mal, pour que les enfants aient
une vie plus facile que la leur, et c'est pour ça que c'est bien embê-

1 20
tant quand la maîtresse signale qu'à l'école cela ne va pas fort, parce
q ue, ça, c'est le grain de sable, le truc qui fera qu'on aura du mal
q uand même, parce qu'on ne saura pas l'aider longtemps, le petit.
L'école devient si difficile, et il faudra bien qu'il ait quelque chose
dans les mains, le jeune, à défaut d'un métier : un diplôme quand
même. Avec Je chômage qui règne, ce serait toujours ça ...

Ul
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Partie 3

Les d iffé re n tes


fo rm es d ' écrits
« Là, tout n 'est qu 'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté. »

Charles Baudelaire, « L'.invitation au voyage »

Ta nt à l i re, tant de diversités à portée d e main ! Savoir tout l i re.

Que de rencontres a l lo ns-nous vivre g râce aux textes que


Vl
ClJ
d'autres ont écrits ! Place aux émotions, place au plaisir d e l i re,
0

>
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place à la culture . . .
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Q.
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Certa ines personnes ne liront jamais Ba lzac, Proust ou Zola parce
qu'elles s'en croient incapables. Quel dom mage de se créer ainsi, à soi­
même, des barrières infranch issa bles !
Soyez a udacieux !
N'avoir jamais essayé de l ire des a uteurs classiques parce que vous
gardez des souvenirs scolaires atroces est vrai ment regretta ble. Adoptez
donc des techniques actives pour rectifier le tir si le cœu r vous en dit.
Libre à vous d'aimer ou pas, mais essayez donc ava nt de j uger !
Voici quelq ues pistes forgées d'après l es clichés q ue l'on peut entendre
sur trois a uteurs en particul ier.

B a lzac
Ul
Q) Assez souvent, Honoré de Ba lzac com mence sur d e nombreuses pages
0
1....

par cam per le décor et les personnages avant d'entamer l'action : cela
w
N
..-!
peut être cinqua nte pages de « mise en scène » ! Il suffit de le savoir.
0
N Et vous, vous êtes l i bre de choisir votre mode de l ectu re : soit vous
@ savourez comme il se doit ces prem ières pages qui dès le début du livre
..._,
..c
Ol
·.::
décrivent l e cadre, soit vous repérez avec une technique de su rvol le

o_
0
moment où l'action va véritablement com mencer. Vous adoptez ainsi
u
une stratégie adaptée à vos goûts et qui vous donnera de l'appétit pour
poursu ivre la découverte.

1 27
P ro ust
Les phrases de Proust sont réputées pour être très longues mais extrê­
mement b ien ponctuées, ce q u i rend leur lecture accessible. Pour vous
lancer dans les phrases proustiennes et les méandres de cette pensée,
choisissez un moment où vous vous sentez disponible, où vous avez d u
tem ps devant vous, et la issez-vous porter p a r l e rythme d e l'écriture.
Évitez, pour l'a border, l es moments où vous vou s sentez bouillonna nt
et sous pression - à moins q ue vou s ne com ptiez sur ce texte pour vous
im poser u n changement de rythme !

Zola
Si, décidément, vou s supportez mal l es descriptions, m ieux vaut ici l es
sauter pl utôt que de faire carrément l'impasse sur toute l'œuvre de Zola.
El les sont aisément repérables : el les forment des paragraphes entiers
qui alternent souvent avec l'action. Pour se faire, par exemple : lisez
seulem ent le début des descriptions, sautez les passages fourmillant de
déta ils repérables grâce à la ponctuation, etc. S'i ntéresser à la ponctua­
tion est une grande aide pour sélectionner ce que l'on veut l ire ...
Cependant, sachez que beaucoup de lecteu rs chérissent particu lière­
m ent la vivacité des descriptions de cet a uteu r.

Ul
Q)
Le t h é â t re
0
1....

w
Gira udoux, Cocteau, Sa rtre ...
N
..-!
0 Anouilh, G u itry, Montherlant...
N

@ Ma rivaux, Musset...
..._,
..c
Ol
·.::

Shakespeare, Goldoni et notre m erveilleux Mol ière ...
o_
0
u Pa rlons ensemble quelq ues instants du théâtre écrit. Si vous ai mez
peu l ire l es descriptions, le monde du théâtre à l ire est pour vous ! Là,
l'a uteur donne les ind ications minimum pour que soit dressé le cadre
de l'action. Et la priorité, bien sûr, est le dialogue.

1 28
Tou s ces a uteurs de théâtre que je viens de citer sont remarquables.
Chacun a sa particula rité. Et leur écriture est belle, trava illée, chantante.
Pou rquoi se priver ? C'est si vite l u , le théâtre ! Le d ialogue rend l 'écri­
ture dynamique ! Vous voici embarqués pour une heure ou u n e heure
et dem ie, voire moins parfois ... Car, sur scène, la p ièce peut d u rer entre
une ou deux heures, certes, mais c'est parce qu'il faut y intégrer les
temps de dépl acement et l es silences entre les réparties. Une heure de
l ecture pour découvrir un gran d a uteur q u i va vous marquer à vie, c'est
trois fois rien, non ?

La poésie
Vous aimez les chansons ? Vous aimerez les poètes !
La poésie, c'est une balade ... Flâner ou courir, adm irer l e jardin ou l e
traverser à grandes enja mbées, cueil l ir des fleurs et s e l es approprier o u
l e s laisser a ux a utres, tout est possible.
Relisez donc quelq ues classiques : Ronsard, Du Bel l ay, La Fonta ine,
M usset, Rimbaud, Verlaine, Apollina ire, Devos, Brassens ... Dans un
poème, l e mot nous charme, certes, mais l e trava il ciselé des phrases
nous offre une synthèse subtile !
Le texte est court et se l it vite mais il réveille l'émotion qui devient intel­
l igence... Laissez-vous faire, laissez-vous prendre... C'est le moment de
lâcher prise et de rêvasser...

Ul
Q)
0
1....

w S ' a p p uye r s u r les c l i c h és
N
..-!
0
N Ainsi s'appuyer sur l es clichés dont sont affu blés nos grands a uteu rs
@ et lire leurs textes en gardant en tête ces clichés peuvent aider à les
..._,
..c
Ol
·.::
aborder. Notre sens critique, mis ainsi en éveil, nous suggère des prises

o_
0
de position telles que : « Tiens, on m'avait dit cela sur cet a uteu r et je
u
constate par moi-même q u'ici, il n'en est rien ... » Ou : « Cette phrase
ill ustre bien ce que l 'on m'a affirmé sur cel ui-ci. » Dans tous l es cas, cela
nous a u ra donné l'occasion de nous surpasser, de relever un défi. M ieux

1 29
vaut lire partiellement ou imparfaitement certa ins a uteurs que de ne
pas les lire du tout.
Pou rquoi toujours attendre de tout savoir, tout connaître, tout pouvoir
avant de se lancer dans une l ecture q u i n'engage que vous ? Jetez-vous
à l'eau ... et tant pis pour les éclaboussures !
j 'espère q ue ces astuces vont vou s rendre curieux et vous donner envie
de l ire quelq ues « classiq ues ». Du même coup, je souhaite q u e m es
remarq ues vous paraissent très vite tronquées, arbitra ires, contes­
tables pour tel ou tel o uvrage - bref, en choquant quelq ues-uns d'entre
vou s a ujourd'hui, j'aimera is être l'incitatrice de grands moments de
lecture plus tard. Comme si, en lisant certains ouvrages, vous pou rriez
ma intenant avoir envie de me dire : « Tu avais tort, Bettina ! Moi, au fil
de ce texte, j'ai découvert pl utôt ceci ou cela ... » Ou encore : « J e suis
d'accord, Bettina, ce l ivre-là va lait vrai ment la peine d'être lu de cette
man ière-là ! »

La technique proposée ici s'appuie sur un a priori de lecture à se créer : s'il


est positif, c'est mieux !

À chaque no uveau texte du même auteur, il devient excitant de rechercher


ce qui entre dans ce canevas, ce qui en déborde et ce qui le modifie.

Tous les émerveillements peuvent naître de ces variantes repérées qui sont,
en réalité, les traits d'écriture propres à chaque auteur. Attention, mémoire,
audace et intuition sont sollicitées.

Ul
Q)
0
1....

w Des a ut e u rs << i na ccess i b les >> ?
N
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0
N Certa ins a uteu rs, classiques ou non, vous paraissent inaccessibles.
@ Est-ce à dire que vous n'avez jamais essayé de les l ire, vou s en sentant a
..._,
..c
Ol
·.::
priori incapable, ou q ue vous l es avez a bandonnés ?

o_

u
0 Libre à vous de vous sentir fort, d'avoir de l'audace et d'éviter de vous
j uger sévèrem ent. Chassez les : « Je ne suis pas capable de ... C'est trop
dur pour moi. .. Je ne vais pas a rriver à finir... Les a utres le peuvent mais
pas moi. .. »

1 30
Conditionnez-vous différem ment : « Ces l ivres qui me font envie sont
écrits pour des l ecteurs : la ra ison d'être de ces l ivres est donc d'être l u s.
Je suis u n lecteur potentiel, moi aussi, a u même titre que l es a utres.
Autant essayer et j uger par moi-même de l'impact qu'ils peuvent
avoir sur moi. Il y aura toujours sur ma route des livres qui feront fig ure
de marches nouvelles à grimper... Si j'admets que le livre est pour moi le
moyen d'accéder à des connaissances ou à une sensibilité autre, je peux
prendre le risque, personnel et intime, de lire de nouveaux textes ... »

C ha n g e r p o u r p ro g ress e r
Nous avons tous des personnal ités et des talents d ifférents ! Quel le joie
même, cette diversité ! Ainsi, nous n'a borderons pas les m êmes textes
a u même mom ent, avec la même culture ni avec les mêmes objectifs.
Ces approches m u ltiples donneront lieu à des discussions enflamm ées,
parce q ue nourries d 'opinions divergentes.
Personne n'est né « mauvais lecteur » ou « bon l ecteur » : nous le sommes
devenus. Nous sommes en marche, sans cesse capables d'évoluer :
com me l'enfant est, a u départ, u n adulte en pu issance, nous sommes
dès la naissance progra mm és pour m ûrir et changer. Nous a pprenons
tout au long de la vie ... Et une habitude, identifiée comme sclérosante,
se cha nge. Nous avons fait du chemin depuis notre a pprentissage de
la lecture. Qui pourrait affirmer que ce chemin s'arrête au prochain
virage ?
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Q)
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Q.
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Les contrats et les textes j u ri d i q u es
Dans un contrat, chaque mot compte : c'est exact. Personne n'oserait
vous certifier le contraire, d'autant que la signature que vous apposerez
au bas du document vou s engagera définitivement. Mais réfléchissons
à ce qui se passe lorsq ue nous devons signer un contrat. Deux cas de
figure sont possibles :
1. Nous sommes s upposés l ire le texte devant la partie adverse et
apposer, dans la foulée de cette l ecture, notre signature.
2. Nous emportons le document pour le l ire à tête reposée et y appor-
ter, le cas échéant, des modifications avant un engagement défi nitif.
Bien sûr, la seconde situation est beaucoup plus conforta ble que la
première. En personne sage, il faut tenter de pouvoir en bénéficier et
d'éviter de se trouver dans la première situation. En effet, dans bien
Ul
Q) des cas, nous nous im posons à nous-même des conditions stressantes
0
1....

d'engagement de notre propre responsa bil ité : ne pouvons-nous diffé­
w
N
..-!
rer une signature de contrat en demandant à étudier le texte pendant
0
N quelque temps ? Est-ce si ridicule de vouloir réfléchir ?
@
..._,
..c
Cependant, parlons de ce cas que nous connaissons tous : il nous faut,
Ol
·.::

en quelques instants, lire un texte ardu, le comprendre et s'engager
o_

u
0 en apposant sa signature, face à quelqu'un qui attend impatiemment.
Cette situation, difficile à vivre, stresse. Or ce stress, s 'il est trop fort,
déclenche des émotions compliquées à gérer qui amenuisent nos capacités
de concentration, d'analyse et de réflexion.

1 35
Aux difficultés in hérentes a u texte s'ajoute le mal que vous vou s donnez
pour être concentré, conscient des enjeux im portants de votre lecture.
Pas question de signer u n contrat mal l u ou mal com pris ! Pourta nt,
bien souvent se tient en face de vous u n interlocuteur q u i attend votre
signature, comm e si cela était u n acte banal et sans conséquence !
La « concentration », dans de telles situations, se transforme alors en
« contraction » ; or, les deux attitudes ne peuvent faire bon ménage.

Trois éta pes à franchir pour bien l ire et, éventuell em ent, s igner u n
contrat :
> Première étape : prend re conscience de l'émotion inévita ble que
la lecture inhabituelle d'un contrat et sa signature vont provo­
quer. Cette émotion est due à des sensations mêlées d'u rgence et
d'inca pacité éventuelle, de j ugement porté par l'autre, de prise de
responsabilités en cas de signature com m e de non-signature, etc.
Identifier ce que l'on ressent aide à se cal mer et à agir.
> Deuxième étape : se souvenir que h acher l e sens par la lecture ânon­
née d u mot à mot ne fera pas surgir l'im portance de l 'idée. Alors
il faut se faire confia nce, aller de l'avant, l ire le texte vite, dans sa
globa lité, à la recherche des idées évoquées dans chaque paragraphe.
> Troisième étape : avant de signer, revenir sur l es déta ils, vérifier, une
fois les idées comprises, que des adverbes ou la ponctuation, par
exemple, ne modifient pas la portée de certa ins engagements.
Ainsi, deux modes de l ecture successifs sont souhaitables dans u n tel
Ul
Q) cas :
0
1....

w > Une première lecture performa nte de l'ensemble, à la recherche de
N
..-!
0
la structure et de la logique, des idées...
N

@ > Une seconde l ecture performa nte vérificatrice, pour dén icher l es
..._,
..c
Ol pièges .
·.::

o_
0
Dans toute com m u n ication, que ce soit u n texte j u ridique ou u n roman,
u
nous retrouvons toujours ce binôme de projets : d'un côté les préoc­
cupations, priorités et références de l'émetteur, de l'a utre les attentes,
doutes, certitudes et références du récepteur. Com ment alors imaginer
que nous pu issions lire un contrat et l e signer sa ns avoir à gérer en

1 36
même temps une émotion ? Ainsi, plus il sera a isé de su perposer les
deux projets (celui de l'émetteur et cel u i du récepteur), plus l'échange
sera gratifiant.
Dans tous les cas, si vous vous contentez d'une seule lecture lente et
ânonnée, vous êtes perdant !
Michel Serres, dans son livre Écla ircissements, dit à propos de ses méthodes
de travail et de pensée ph ilosophique : « Il faut aller vite quand la chose
à penser est complexe. » Un peu plus haut, il avait expliqué avoir pris à
la pensée mathématique le jeu des raccourcis foudroyants : « L'intuition
commence et commande, /'abstraction la suit et la démonstration, enfin,
se débrouille et rattrape, pédestre, comme elle peut. »

Pou r moi, la lecture performante se développe grâce aux mêmes proces­


sus : il faut aller vite dans la complexité pour recréer la synthèse des
idées et permettre à l'intu ition de s'exprimer.

Les longs textes tech n i q u es


Face à vous, u n texte j u ridique par exemple appa rem ment com plexe ;
vous êtes contracté, tendu devant la difficulté. Et l e m essage passe mal,
forcément.
Les textes à valeur j urid ique paraissent souvent difficiles à com prendre
car chacun de leurs mots revêt une importance singul ière. Fa isons le
tou r de leurs difficultés :
Ul
Q)
> leur longueur. lis ont souvent de m u ltiples a rticles ;
0
1....

> la longueu r de leurs phrases. Elles comportent généralem ent de
w
N
..-!
nombreuses a rticulations q u i sont a utant de n ua nces à prendre en
0
N compte. Or, comme nous l'avons vu, une phrase de plus de trente
@ mots est difficile à comprendre, pour tout l ecteu r ;
..._,
..c
Ol
·.::

> la profusion de mots finissant par -ment et par -ion. Ces mots-là
o_

u
0 paraissent abstraits, d'autant qu'ils ont très souvent plus de q uatre
syl labes ;
> la précision des termes, souvent empruntés à u n voca bula ire profes­
sionnel, peu compréhensibles d u grand public ;

1 37
>- l es idées évoquées, plus souvent théoriques que concrètes. Elles
semblent a bstraites, soit par leur contenu même, soit parce qu'elles
se réfèrent à un futur non encore imagina ble pour le l ecteur.
I l peut vous arriver de redevenir immature face à la difficulté ressentie
devant un texte : vous ânonnez les mots jusqu'à ce qu'ils devien nent
une bou illie indigeste dans votre tête, vous rel isez plusieurs fois la
même phrase sans la com prendre. Pire, vous devenez de plus en plus
rouge ou de plus en plus pâle, selon les complexions de votre peau, ou,
va riante courante éga lem ent, vous faites bêtement semblant de lire !
La stratégie de lecture performa nte à adopter pour de tels textes
ressemble à celle util isée pour les lectures professionnelles et tient
compte, bien sûr, des particula rités du texte.
>- Su rvoler la total ité d u texte pour en cerner la global ité.
>- Se créer u n a priori : « Finalement, cel u i q u i cherche à me faire signer
ce texte cherche à se protéger. A priori, de qui ou de quoi ? Que peut­
il craindre, à la différence de moi ? À q u i ce texte offre-t-il une garan­
tie : l ui, moi, ou vrai ment nous deux ? »
>- S'appuyer sur la structure des d ifférents a rticles o u paragraphes et
en retrouver la logique.
>- Phrase après phrase, repérer le verbe. Presque toutes l es fonc­
tions im portantes s'articu lent a utou r d u verbe : l e sujet est sujet
du verbe, les com pléments d'objet sont compléments du verbe, l es
compléments circonsta nciels sont compléments du verbe... I l est
donc essentiel de les repérer ; ils sont, comm e on nous l'a largement
Ul
Q) répété à l'école, les noyaux de la phrase, ou p l utôt sa force vive.
0
1....

w >- Se faire confiance et l ire vite chaque phrase afin de reconstru ire
N
..-!
0
l 'idée maîtresse .
N

@ >- Relire ensuite pour vérifier les détails ou l es subtilités.


..._,
..c
Ol
·.::
Pou r maîtriser tota lement un texte j u ridique, il apparaît nécessa ire de

o_
0
le l ire plusieurs fois à des rythmes va riés, synthétiquement d'abord,
u
analytiquem ent ensuite. La pire solution serait une seule lecture
longue, faite en ânonnant.

1 38
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Q.
0
u
Lire des textes professionnels est une activité inévitable. Certains s'y
com pla isent, ne l isant plus a u fil d u temps que ce qui a tra it à leur
profession. Cela comporte des risq ues, même si leur a isance fait des
envieux. D'autres ont le sentiment d'y consacrer beaucoup trop de
temps et souhaitera ient l imiter cette activité.
L'idéal est d'accomplir ra pidement et efficacement cette activité-ci
pour se libérer du temps pour en entreprendre d'a utres.
Les lectures professionnelles peuvent être difficiles si nous manquons de
motivation et si le style littéraire du rédacteur est médiocre.

I l est parfois difficile de se motiver pour la l ecture de certa ins textes


profession nels car leur intérêt ou l'exploitation que vous pourrez en
faire sont confus. Or, la motivation est source de toute performance
présente et future. Questionnez-vous ava nt de vous lancer dans la
l ectu re. Pou rquoi devez-vous le lire, que pouvez-vous en attendre,
Ul
Q) qu'en ferez-vous, q u i vous l'a adressé et pourquoi, q u i l'a écrit et dans
0
1....

w
quel objectif ? Puis, accordez-vous u n laps de temps précis pour le lire :
N
..-!
cinq, dix ou quinze min utes selon son ampleur. Votre motivation sera
0
N dopée par ce « rendez-vous de lecture » limité dans le temps. C'est ainsi
@ que vous créerez un projet de lecteur, lecteur critique (positif ou négatif),
.....,
.c
Ol
·.:: mais dans tous les cas, lecteur actif.
>-
0.

u
0
Vient enfin l'incontournable : l e style d u rédacteu r ! Si vou s trava illez
avec u n nouveau J u l es Verne, u n jeune Montesq uieu, une nouvelle
Col ette, un amoureux d u mot comm e Rabelais o u Pagnol, u n poète
façon Rimbaud ou Apollinaire, u n adepte de Maupassant ou de Zola,
alors vou s êtes gâté ! Lisez, lisez, réga lez-vous, demandez-en toujours

141
davantage ! Mais si l e verbe est fade, l'expression pauvre, la ponctua­
tion fantaisiste et inappropriée, les phrases longues, lourdes et creuses,
l'ensem ble confus et brou illon, sans structure et sa ns recherche, sa ns
logique et sans grâce, a lors :
1. Je vous plains !
2. Je vous conseille de :
> lire l'introduction et la conclusion en priorité ;
> trouver l e plan d u discou rs et vous forcer à vous faire d'abord une
vision globale d u texte ;
> vous m ettre dans la peau d u rédacteur : quel peut être son m essage
essentiel et où l 'a-t-il mis ? (si le texte est correctement construit, le
message clé est répété en conclusion) ;
> vous appuyer sur l es verbes pour com prendre la construction des
phrases, nota mment cel les des phrases très longues. En effet, tout
l ecteur sera agile face à une phrase n'excédant pas q u inze mots
mais peinera face à u n e phrase de trente mots ou plus ;
> repérer, pour les sa uter défin itivement, les débuts de phrase alam­
biqués tels q ue : « i l est clair que... il est bien évident que... il est à
su pposer que ... je me permets de signaler que ... », etc. ;
> identifer le ou les mots clés.
Grâce à ces quelq ues réflexes à cu ltiver face à tous types de textes
professionnels, vous a rriverez plus aisément à faire concorder vos
projets de l ecteur à ceux des rédacteurs.
Ul
Q)
0
1....

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0
L i re p o u r se d ive rt i r
N

@ Le piège a-t-il fonctionné ? En voulant devenir plus efficace dans votre


..._,
..c
Ol
·.::
trava il, vous avez oublié de cu ltiver u n des grands outils n écessaires à

o_
0
l'imagination, parent pauvre de la vie professionnelle : l e roman l u par
u
plaisir.
Depuis des a n nées, pour justifier ce massacre, qui sans doute vous
culpabil ise, vous vous persuadez que vos ra isons sont bonnes, incon­
tournables, et que vous avez choisi la sagesse. Certes, pendant u n

1 42
tem ps, certa ines de vos lectures vous ont paru prioritaires ... mais l e
roman, p a r s a diversité d e forme e t d'écriture, son appel a u rêve et à
l'imaginaire, son exotisme, par l'introspection qu'il suggère, ses réfé­
rences à des époques passées ou à des cultures nouvelles, ses méandres
facétieux, ses clins d'œil a u q uotidien, ses pirouettes et ses fanfaron­
nades, son a ppel à notre i ntuition et à l'anticipation ... le roman, donc,
nous en rich it.
Entretenir le goût pour ce type d'écrit équiva ut à entretenir des capaci­
tés intellectuelles parfois peu sollicitées dans la vie active. Pour ceux q u i
s'intéressent à nos dominantes cérébra les telles qu'elles sont évoq uées
par de m u ltiples scientifiques, cela concerne notre cerveau cortical
de l'hémisphère droit. Je vous renvoie a ux ouvrages de Henri Laborit,
biologiste, de Pau l Watzlawick, chercheur à l'institut sur la Recherche
mentale de Pa lo Alto, ou aux nom breux livres qui vu lgarisent l es théo­
ries de William Ned Herrmann.
Vous n 'avez pas à vous justifier lorsq ue vous souha itez lire u n roman.
U n livre sollicitant /'imagina ire est aussi constructif pour votre avenir
professionnel qu'un livre faisant appel à la réflexion.

Ul
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Vous aimez l ire des textes à voix ha ute a ux enfants. Est-ce q ue cela vous
ra lentit dans vos lectures à voix basse ?
Les stratégies de l ecture doivent varier, et toujours s'adapter à l'objectif
que vous vous fixez. Adopter des m éthodes de lecture performa nte (voir
p. 31) pour lire des textes à voix basse, ce n'est en aucun cas renon cer à
la parole ou à la lecture à voix haute. Vous pouvez, à certains moments,
l ire à voix haute de man ière déli bérée sa ns pour a utant craindre de vous
remettre à subvoca l iser (voir p. 35) dans vos lectures à voix basse. Même
si vous apprenez à flâner, vous n'oubliez pas comment marcher ou courir !

D'a illeurs, vous savez q u e b ien lire à voix ha ute, c'est anticiper sur la
suite de la phrase. Plus vous lirez avec a isa nce, avec cette capacité à
a nticiper, mieux vous mettrez l e ton sur l es mots que vous prononcerez,
et vous tiendrez alors votre petit public en haleine.
Enfin, avez-vous pris conscience que nous pouvons lire un texte à un
Ul
Q) enfant sans pour a utant penser réel lement à ce que nous l isons méca­
0
1....

w
niq uement ? Qui n'a jamais laissé voguer son esprit à mille l ieues de la
N
..-!
énième relecture d u Petit Chaperon Rouge ? Décidément, les apparences
0
N sont trompeuses ! Nous sommes beaucoup plus malins qu 'il n 'y paraît de
@ prime abord ... et notre cerveau est sacrément « élastique » !
.....,
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Ol
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0.
0
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1 47
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Q.
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Le journal a généra lem ent une a pparence a ustère et rébarbative, et pour­
tant, tant de personnes semblent se délecter de sa l ecture ! Com ment
ne pas se sentir anormal lorsq u 'on le redoute ou l'ignore !
Vous avez pourtant trouvé de bonnes ra isons pour y renoncer : le jour­
nal laisse les mains sales ! Les nouvelles que vous y découvrez sont
souvent désespérantes ! Peut-être cherch ez-vous, par cette éviction, à
garder esprit fleur bleue, jeunesse d'esprit, gaîté et candeur ! Certa ins
d'entre vou s su ivent même le journal télévisé d'un œil, le bâclant en
cinq min utes : « Les gros titres, ça s uffira, et vite, un feuil leton ! Qu'on
s'amuse ! » Ainsi, certa ins se conva inquent peu à peu de l'inutilité des
informations. Cependant, ce ra isonnement ne tient pas la route.
La recette serait trop simple : si éviter de se tenir au cou rant des drames
mondiaux nous m ettait à l'a bri des problèmes, la surinformation serait
morte depuis belle lurette ! Or s'informer, au contraire, est nécessa ire.
Ul
Q)
La mondialisation bouscule les entreprises, les professions et l'avenir des
0
1.... individus, mieux vaut donc garder la connaissance de ce qui nous envi­

w
N
ronne, voire cultiver /'intuition de ce qui peut adven ir.
..-!
0
N Et u n journal télévisé, si b ien fait soit-il, est différent de la l ectu re d'un
@ q uotidien ; tous deux sont complémentaires. Tout n'est pas à lire ou à
..._,
..c
Ol
·.:: regarder tous les jou rs, mais il faut s'astreindre à u n rythme minimal, à

o_
0 bâtir en fonction de ses possibil ités.
u

Pou r prendre goût au journal quotidien, voici quelq ues p istes : imagi­
nez qu'il vous a pporte le même plaisir q u'un feu illeton. Tous l es jours,
il vous raconte l'évolution de situations, vous fait réfléch ir sur des
aspects que vous aviez fa illi manquer, vous donne à penser. Arrêtez

1 51
de lire par obligation l e journal que quelqu'un d'autre a acheté à votre
p lace. Prenez l e temps de choisir plusieurs fois par mois votre journal,
choisi en fonction de vos goûts personnels, de vos opinions pol itiques,
des gros titres. Évitez de tom ber dans le p iège de l 'abonnement, q u i
tourne vite a u pensum ; l'abon nement sabre le plaisir d e l'initiative et
de la nouveauté, m a is il fait vite naître des remords lorsque l'entasse­
m ent des l ectures devient ingérable !
Enfin, dissociez l'a pport des q uotidiens, des hebdomadaires et des
mensuels. La démarche des rédacteurs, et celle des l ecteurs, varient
toujours en fonction du ryth m e de parution.

Ul
Q)
0
1....

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Q.
0
u
Affronter les textes d i ffi c i les
Il nous a rrive à tous de peiner face à certains types de textes. Pou r l es
uns, ce seront ceux des grands a uteurs, pour d'autres ceux de philo­
sophes, de psychologues ou de scientifiques, pour d'autres encore les
textes de loi, les textes admin istratifs ou l es articles de la presse écono­
mique ou politique, etc. Qui n'a jamais repéré u n e tel le faille ?
Que se passe-t-il alors en nous ? Émotion, énervement, a ngoisse ou
pa nique ? Dans tous les cas apparaît la peur d'échouer.
Voici q uelques rem èdes sim plissimes :
> Respirez profondément.
> Repensez a u fait que ce texte a été écrit a ussi pour vous.
> Recherchez dans les phrases l es verbes q u i seront les points d'appui
Ul indispensables à votre com préhension.
Q)
0
1....

> Et surtout, prenez un crayon et forcez-vous im pérativement à
w
N marquer dans la marge les idées clés. Votre attention et votre réac­
..-!
0
N
tivité en seront sti m ul ées.
@
..._,
..c
Devenir un lecteu r actif décuple la motivation, permet de faire le point
Ol
·.::

régu lièrement sur l'évol ution de la compréhension.
o_
0
u

1 55
Choisissez un des parcours de lecture proposés p. 54 à 56.

Calculez votre temps de lecture.

Colette, Yves Navarre, d'autres compagn;e, et comme le fera;t


encore ont écht des mervemes le plus fidèle des ch;ens, elle
sur les chats. À mon tour, je cède, nous escorte de p;èce en p;èce. Le
mo; qu; a; cru pendant v;ngt a ns prem;er levé ou le dern;er couché
ne pas a;mer ces a n;maux-là. Et a toujours Greta à ses côtés.
s; je me su;s résolue à les décou­
Tous, nous croyons être essen­
vr;r et à les a;mer, ce fut pour
Uels pour elle, ma;s elle n 'a;me
notrefille Math;lda.
qu'une personne, Math;lda,
Greta est là, le museau ghs, les notre fille. Elle ;ncarne sa mère
oremes po;ntues et la pupme nourr;ôère, son totem, son
d;latée. Aujourd'hu;, elle s'est objet de câhn et de séduct;on.
;nstallée à m;-chem;n entre Greta réclame ses tendresses et
Bertrand et mo;, vemant tantôt nul ne peut hvahser avec cette
sur l'un, tantôt sur l'autre. Elle fil;a t;o n-1à.
semble dorm;r auss; longtemps
Auréhen, notre fils afné, observe
que nous sommes snenôeux,
cet an;mal de lo;n, comme l'on
pu;s phsse déhcatement les yeux
observera;t une cur;os;té fêtée
lorsque notre d;alogue reprend.
par tous et dont on ne partage
s; l'un de nous se lève, elle dresse
pas l'engouement.
la tête, guettant un pas éventuel
Ul vers la cu;s;ne, plus préôsément Et Greta, dans sa v;e, n 'a qu'un
Q)
0
1....
vers le réfhgérateur, objet géant tourment : Paul. Paul qu; met du

w
de toutes ses convo;t;ses. s; « peps et du sport dans sa v;e
»
N
..-!
0 d'aventure, la porte de la cu;s;ne lasôve de chat. Car elle redoute
N

@ s'ouvre, alors commence une terr;blement les approches


..._,
..c
Ol
danse effrénée et câhne entre ;mprév;s;bles et chaot;ques de ce
·.::

o_
nos mollets. jeune enfant-là.
0
u
Rarement, elle saute sur nos Paul et Greta, en appartement,
genoux, trop envah;e par son art v;vent dans une brousse orga­
de v;vre ronron nant et pares­ n;sée par Paul : embûches, lasso,
seux. En revanche, elle a;me la repères, fauves en hberté, plu;es

1 56
diluviennes parfois. L'animal un mot Paul, hurle, hypnotise,
griffe et mord, terrorisé, et ne se jette sur sa proie, J'enserre,
compte que sur son agilité. s'impose en force... et se relève
soudainement. Balafré. Joliment
L 'hom me, le mâle, le chasseur,
rayé.
le maître du monde, le héros, en
Bettina Sou lez
363 m ot s .
N o m b re d e mots pa r m i n ute :

S u p p o rter les textes co nfus


Parfois, l e texte est mal ficelé mais il m érite ma lgré tout d'être l u .
Démarche à suivre :
1 . Le premier bon réflexe consiste à repérer l es erreurs d e construc­
tion. Cela vou s dédouanera : vous sa u rez que, si vou s peinez dans la
lecture de ce document, cela est dû a ux défailla nces d u rédacteur et
non aux vôtres. S'il semble cependant y avoir une ébauche d'intro­
duction, d'annonce de plan ou de concl usion, lisez-l es en priorité.
2. Ensu ite, interrogez-vous sur l'amont et l'ava l du texte : q u i est
l'a uteu r ? Quels sont ses sujets de prédilection ? A priori, pourquoi
écrit-il ?
3 . Puis, l isez en priorité ce q u i vous paraît mis en va leur ou ce qui est le
plus clair. Ne vous créez aucune obligation de linéarité si l'ensemble
pa raît confus.
Ul
Q)
0
4. Enfi n, notez dans les marges vos déductions et votre avancée dans
1....

w
la com préhension de l'ensemble.
N
..-!
0 Votre esprit critique vous a rendu plus actif et plus déterminé !
N

@
..._,
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Ol
·.::

o_
0
Vo u lo i r l i re i nt é g ra le m e n t
u

Lire les textes d e l a première à l a dernière l igne, dans l'ordre proposé


par l 'a uteur, reste une technique pla isa nte a ussi longtemps que vous
y trouvez des bénéfices. Ce sera bénéfique si vou s avez l e tem ps s uffi­
sant pour vous y consacrer, si vous avez u n respect solide et spontané

1 57
pour la pensée et la logique d u rédacteur, enfin si l e texte est clair et
compréhensible.
Cette technique devient inadéquate s itôt que votre lectu re est parasitée
par votre manque de tem ps, votre manque de connaissance du sujet,
des objectifs flous (tant ceux du rédacteur que du lecteur), une écriture
méd iocre, etc.
En revanche, quel confort de pouvoir passer plusieurs vitesses et de choisir
celle qui vous convient le mieux pour a vancer vers votre but !

Vite ce rner l' u t i li t é d ' u n texte


Facile parfois de j uger d'un texte au premier coup d'œil, nota m ment
avec toutes les âneries p u blicita ires atterrissant chaque jour dans la
boîte aux l ettres !
L'enveloppe, à elle seule, peut être parlante, car vou s reconna issez
à l 'étiquette le fich ier où figure votre nom. Un geste suffit souvent :
vers la poubelle, directement ! En effet, l e pourvoyeu r de mailing vous
a choisi au hasard, et bien des produ its ou services s'avèrent i n utiles.
Une fois l'enveloppe ouverte, vous l isez ra rem ent la tota lité du mail ing.
En effet, la publ icité est faite pour que vos yeux tom bent directement
sur LA phrase que le rédacteur veut que vous l isiez. À vou s de balayer
l'ensem ble du texte à la recherche de la petite phrase qui nuance la
proposition de départ ... et c'est cette petite phrase-là, souvent placée
Ul
à u n endroit insol ite, qui, une fois dénichée, vous fait, là encore, vous
Q)
0
débarrasser de l'ensemble !
1....

w
N
Facile encore de ja uger a u premier coup d'œil vos lectures personnel les,
..-!
0
N
car là, votre liberté reste entière.
@ Il est cependant plus compliqué de se faire rapidement un avis sur des
..._,
..c
Ol
·.::
lectures professionnelles, car leu rs enjeux sont parfois peu a pparents

o_
0
mais im portants.
u

Encore une fois, vous interroger sur vos attentes face à un texte, sur
vos besoins réels et sur vos objectifs, vous garantit u n e l ecture réussie,
sélective et efficace.

1 58
Va rier ses lectu res et l i re vra i m e n t
de tout
N e l ire qu'une m ince variété d'écrits, c'est amoindrir ses q ual ités de
l ecteu r. Sans doute êtes-vous plus efficace dans un domaine précis,
mais votre champ de com préhension et d'acceptation de modes de
pensée différents se rétrécit. Varier ses l ectures, c'est faire travai l l er son
imagination et ses capacités d'adaptabilité.
Pou r progresser, il faut créer. Pour créer, il faut imaginer. La créativité,
même dans le trava il, s'appuie sur l'imaginaire.
Acceptez cependant que certa ins textes nécessitent plusieurs l ectures
successives : une pour la m élodie, une a utre pour le sens a pparent, une
a utre encore pour le sens caché, etc.
Soyez indulgent avec vous-même.
Formu l ez toujours, en premier chef, votre objectif de lecture.

Poésie
À vous de calculer votre temps de lecture : 30 secondes, 60 ...

Je monte dans un taxi


Des chants d'oiseaux m 'accueillent
Plénitude
Ul
Q)
0
1....
« Cha ngez de côté

w
N
Vous serez mieux »
..-!
0
N J'obéis et glisse sur la banquette
@
..._, Le visage remplit le rétroviseur
..c
Ol
·.::

Regards
o_
0
u Pépiements d 'oiseaux incongrus dans un Paris neigeux
Voiture volière
Le bonheur la douceur
Un jour de Noël

1 59
Il d;t
« Ma rad;o raconte que les o;seaux se parlent
Ils ;nventent des mélod;es pour expr;mer
Amour peurfa;m
Un o;seau d';c; ne comprend pas un o;seau d'ameurs »
Je su;s charmée
Sans doute un chant d'amour
Je ris
Je d;s
« Pour calmer les pressés
Un jour de grève
Un jour de stress
Un jour defête
Quelques pép;ements c'est gagné »

Il m 'observe
Et dit encore
« À Noël dern;er
Même jour même heure
Une cl;ente sublime s; belle, s; stressée
M 'a emmené à Étretat
Ul
Q)
J'ava;s oublié
0
1....

La mer l'h;ver c'est s; beau »
w
N
..-!
0
N
J'écoute j';mag;ne
@
..._,
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Ol
Vaguesfolles
·.::

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0
Sable sans ba;gneurs
u
Bleu happant l'âme
Yeux noyés d';mmensité
Joues salées

1 60
Cheveux dressés drus
Corps bibendum de chiffo ns

Il rêve
« Cefut bon
Un beau cadeau de Noël
Nous étions ces oiseaux
Pépiements solitude plénitude »
Je redoute d'en entendre plus
Un chauffeur racontant sesfrasques
D'unefemme à l'autre
D'un Noël à l'autre
Non
S'il évoque
Les corps ou les esprits s'enchevêtrant
Il va s'abfmer, prêter à sourire

Ah il le sait
Ah il se tait
Un conte sa ns mots
Un Noël ancien esquissé sublimé
Ul
Q)
Des oiseaux, une plage, un homme, un taxi
0
1....

Des regards un miroir
w
N
..-! C'est a ussi ça
0
N

@
La poésie
..._,
..c
Ol
La vie
·.::
>­ Bettina Soulez, février 2002
o_
0
u

Poésie de 254 mots.

Nombre de mots par minute :

161
S ' ouvrir à d'au tres lectures

Vous vous passionnez pour des essa is sur la société, la politique ou


l'entreprise ? Bravo ! Vous vivez dans le présent et dans l'avenir ; vous
posez les problèmes et cherchez les résolutions. Votre pensée est solli­
citée sous de m u ltiples formes et cette diversité fait votre richesse.
Donc, pour vous, tout va bien ... sauf si la fantaisie a peu de p lace dans
vos lectures. U n jour, vous rencontrerez peut-être quelqu'un q u i vous
gu idera vers l es joies du roman, de la nouvelle ou d u conte. Car le
réa l isme a d u bon, mais le rêve a ussi...
Alors, si vous souhaitez vous tester tout de su ite, voici une nouvelle qui
vous sortira inévitablement d u cadre habituel de vos l ectures.

4 pt.f:H: K.QLllJtÂLl : l'Oï'AhW:tLlï'


Si vou s le sou haitez, c'est le moment d'activer votre chronomètre !
Agathe et Jean sont a bsents ; à cette heure, tous deux sont encore
au bureau. Le gard;en de l';mmeuble monte parjo;s les co/;s
encombra nts qu ';/s reço;vent dans la journée. Aujourd'hu;, le
paquet adressé à Agathe n 'est pas trop gros, elle aura ;t pu passer
le prendre à la loge, ma;s bon ! Il ne sa;t pas ménager sa pe;ne...
Il ouvre la porte d'entrée grâce au trousseau de clés qu ';/s lu; ont
confié et pose le carton sur la table du salon.

À pe;ne est-;/ sort; qu'une vo;x s'élève dans l'appartement :


Ul
Q)
0
1.... « Bonjour ! d;t la table du salon.

w
N
..-!
- H; ! How a re you ? répond l'ord;nateur portable encore
»

0
N emballé qu; v;ent deja ;re son entrée.
@
..._,
..c
Ol
5;/ence... La table regarde la cha;se qu; regarde la lampe qu;
·.::

o_
regarde le canapé qu; regarde l'étagère... Perplex;té ! Que
0
u comprendre à ce langage ?

« D'où v;ens-tu ? reprend courageusement la table.

- USA. .. I am Amehcan...

1 62
- Hou là là... Va fallo;r nous parlerfrança;s, ;c;, tempête déjà la
lampe acar;âtre. S'ag;t pas de s';mposer sur la table, à tout bous­
culer sans nous pa rler correctement ! Nous sommes des objets
fra nça;s, en France, et pas quest;on de se la;sser colon;ser ! lô ne
se parle qu'une langue : la nôtre.

- Excusez-ma;, ose u ne toute pet;te vo;x, celle d'un rav;ssant


objet pe;nt à l'or posé sur l'étagère. Nous sommes quelques­
u ns dans cette p;èce à parler d'autres langues ; ma sœur et mo;
parlons a uss; h;nd;, je vous le rappelle, et notre am; l'éléphant
parle swahn;.

- Oh ! Vous, la bêcheuse ! Toujours à vous mettre en a vant sous


prétexte qu'en d'autres temps, vous a vez pr;s l'av;on ! Vous êtes
vra;ment horr;p;Jante !

- Horr;p;Jante à vos yeux certa;nement, ma;s prête à rendre


serv;ce a ux autres. Cher objet encore ;nconnu, cher Amér;ca;n,
sachez que l'éléphant que vo;ô, ma sœur la coupelle que vo;Jà
et mo; sommes auss; très hab;tués à l'angla;s, et nous sommes
prêts à fa;re les ;nterprètes.

- Merô ;nfin;ment, répond alors l'ord;nateur dans un fra nça;s


parja;t, où que j'ame, je n'a ;ja ma;s a ucun problème de langue :
je possède une mémo;re colossale qu; me permet de converser
a vec tout un chacun dans la langue de mon cho;x. C'est d'a;J­
leurs pour cela que mes cous;ns et mo;, nous som mes chéhs par
nos propr;éta;res : nous formons les mamans modernes de leur
Ul
Q) commun;cat;on. »

0
1....

w Tous, médusés, regardent dans la d;rect;on de l'objet emballé.
N
..-!
0
D'autor;té, ;J v;ent de prendre sa place. La table sur laquelle ;J est
N
posé se redresse et a tout de su;tefière allure. Elle qu; sembla;t un
@
..._,
..c
peu éraflée, essoufflée même par quelques déménagements et
Ol
·.::

cette v;e sous les combles, apparaft presquefr;ngante, moderne.
o_

u
0
Une deux;ème jeunesse, en somme... grâce à lu;, déjà !

La lampe, p;ncée d'avo;r été remba rrée s; efficacement,


marmonne :

« Ça va deven;r ;nv;vable, ;c;, avec tous ces prétent;eux f »

1 63
La porte s'ouvre : Agathe apparaft. À peine entrée, elle n 'a d'yeux
que pour son colis. Elle laisse tomber à même le sol sa veste et,
debout, avec impaUence, défa;t son paquet. Tous les anciens
habitués de la pièce trouvent ce changement dans les manières
d'A gathe bouleversa nt ! Comment, elle, si soigneuse auparavant,
peut-elle laisser choir ainsi sa veste et même oublier de caresser
du doigt, comme elle lefait toujours en passant, le petit éléphant
africain en ébène ?

Le dépiautage du colis va bon train. Peu à peu, chacun entre­


voit un écran, un clavier et un curieux petit boftier. La lampe
s'esclaffe :

« Ah ! Mon Dieu ! Que vous êtes moche ! C'est bien la peine d'être
si prétentieux ! Quand je pense à tous ces watts que je vais
dépenser à vous éclairer ! Quel gâchis ! »

La table, solidaire déjà de l'ordinateur, rétorque :

« Vous ne connaissez rien à l'art moderne ni au design ! Alors


ta isez-vous, parce que vous, a vec vos pompons, vous êtes digne
du grenier !

- Laissez-la dire, intervient l'ordinateur. Je sais que je ne suis pas


beau ...

- Oh ! Mais si, mais si, moi je vous trouve très beau ! s'entête la
table.

- Vous êtes très indulgente ! Merci, mais je connais ma laideur.


Ul
Q)
Ma beauté à moi est invisible. Les atouts, a u départ, ne sont les
0
1....

w
mêmes pour person ne. Ainsi, moi, je ne suis pas a imé pour ce que
N
..-! je parais mais pour ce queje donne. Et en général, tout le monde
0
N
oublie très vite mon appa rence. Alorsje ne me sens pas si mal loti
@
..._,
..c
par rapport à d'autres. »

Ol
·.::

o_
Agathe, bien sûr, n 'a pas entendu cette conversation d'objets. Elle
0
u estfascinée par le clavier et par l'écran. Sans attendre, elle tire la
chaise et s'installeface à son ordinateur. Elle pose délicatement
ses doigts sur les touches, pianote en quelques bruits sourds, et
sourit. L'écran s'allume et se couvre de caractères, de chiffres et
de dessins.

1 64
« Cén;al ! d;t-elle, ;J est gén;al... et cette sour;s s; rap;de, quelle
jo;e !»

Dans le co;n de la p;èce, un grand cr; v;ent de la b;bJ;othèque :

« Une sour;s ! Quelle horreur ! Ma;s c'est notre mort à tous que
vous apportez : ces bêtes sont monstrueuses ! Là d'oùje v;ens,j'a;
eu l'occasfon d'en vo;r de près, et les J;vres et mo;, nous en avons
gardé des traces...

- M a souhs à mo; est ;noffens;ve. Je la ret;ensfermement comme


l'aveugle son ch;en. Attachée à mo;, elle se nourht :je lafa;s v;vre,
en somme. Lo;n de mo;, elle meurt ou dev;ent ;nut;Je.

- Oua;s ! Ben mo;, je vous trouve b;en encombrant ! reprend la


lampe. Vous arr;vez, là, avec toutes vos nouveautés, votre langage,
votre sour;s et votre lum;ère personnelle. Vous ne manquez pas
de culot ! Chacun, ;c;, a une fonct;on, et une seule ! Personne ne
s'est av;sé jusqu ';c; de rés;ster longtemps à ma lum;ère. Alors
entre nous, je vous le d;s tout net, ce sera la guerre ! Je ne m 'en
la;ssera; pas compter par un jeunot de votre espèce !

- C'est dommage que vous pren;ez tout cela s; mal, d;t alors l'or­
d;nateur. Vous vous fiez trop a ux apparences : je su;s quelqu'un
de très s;mple, en réahté, et j'a;me beaucoup la compagn;e.
J'a;mera ;s être votre am; à tous et je ne souha;te en r;en vous
déranger.

- Ma;s vous ne nous dérangez pas du tout, s'éche la coupelle


Ul
Q)
;nd;enne, tout émue.
0
1....

w
- Oh, ou; ! Nous sommes enchantés defa;re votre conna;ssance,
N
..-! ajoute l'éléphant. C'est s; bon que vous nous apport;ez ce pet;t
0
N
vent d'exot;sme.
@
.._,
..c
Ol
- Et mo;, je su;s rav;e de me rendre ut;Je, d;t la table. Grâce à
·.::

o_
vous, je verra; plus souvent les gens a uprès de mo; ! Je sens que
0
u vous et mo;, nous allonsfa;re un duo fantast;que ! Contre vents
et marées, je vous protégera;.

- Vous n 'êtes tous que des n ;a;s ! reprend la lampe. Ne voyez­


vous pas que cet objet moderne vous apporte la révolut;on ? Il va

1 65
nous changer Agathe, ;/ va consommer tant d'énerg;e électrique
et huma;ne que nous serons tous sacrifiés ! Aux oubhettes vous
sombrerez, au rebut vous atterr;rez, s; vous ny prenez pas garde.
Tout à l'heure, déjà, l'éléphant a été oubhé... Ma;ntenant, c'est
mo; : voyez Agathe qu; ne pense pas à m 'allumer alors que la
nu;t tombe ; d'habitude, à cette heure, je brme déjà depu;s belle
lurette. Oema;n, la coupelle, ce sera votre tour ! Votre coup de
plumeau, vous ne l'aurez pas : vous resterez sale et terne, pu;s
vous part;rez jetée dans un v;eux carton. Qu; sa;t, même, s;, un
jour, vous, la grosse b;bhothèque, vous nefin ;rez pas aufeu, avec
tous vos hvres b;en sûr, ca r, après tout, cet écran d'ord;nateur
ressemble b;en, parjo;s, à des pages de hvre ... Fa;tes lesfiers, vous
tous, accuemez qu; vous voulez et r;ra b;en qu; r;ra le dern;er ! »

Un silence terrible s';nstalle dans la p;èce. La lampe a marqué


un po;nt : tous sont ;nqu;ets, songeurs, ne sachant que penser.
Et s; c'était vra ; ? Et s; cet ;nconnu, s; différent de tous, appor­
tait le malheur ? En effet, l'éléphant et la lampe n 'ont pas eu
leurs so;ns hab;tuels ... En effet, Agathe semble s; lo;n d'eux tous,
perdue dans ses pensées, tapant des d;x do;gts, sans arrêt, sur
ce clav;er de malheur ! En effet, souda;n, l'aven;r de tous semble
comprom;s.

Alors, u ne vo;x s 'élève, celle de l'ord;nateur :

« Vous ne pouvez pas lutter contre le modern;sme. Le moder­


n;sme a du bon, je vous l'assure. Soyez confiants. Agathe, avec
Ul
mo;, ne cha nge pas du tout au tout. Elle s'améhore, elle s'enrich;t,
Q)
0 elle évolue avec son temps. La ma;son y gagnera, j'en su;s sûr.
1....

w
N - Mon petit bonhomme, s'acharne la lampe, gardez vos cert;­
..-!
0
N tudes, je garde les m;ennes ! Vous n 'êtes pas le seul à vous être
@ pris pour un objet moderne ! On sa;t ce que c'est, nous, les objets
..._,
..c
Ol
·.::
modernes ! C'est b;en s;mple : nous avons déjà vu passer un réveil

o_
0
so;-d;sant très soph ;st;qué, avec lum;ère ;ntégrée, sonnerie et
u
rad;o, qu; a essayé de nous ;nt;m;der tous avec son boucan et
ses cl;gnotants, ma;s ;/ a rendu l'âme rap;dement : ;/ a filé à la
poubelle sans avo;r eu le temps defa;re "ouf !". Nous savons tous
a uss; que dans la p;èce à côté survit un réfrigérateur, frimeur

1 66
comme ;J est peu perm;s d'être, qu; est arr;vé ;c; fhngant, avec
une lum;ère personnelle apparemment permanente, u n dég;­
vrage a utomaUque et des bacs à glaçons dern;er ch : tout ça,
j'ose à pe;ne vous d;re où ça en est ! La lum;ère est morte, le dég;­
vrage automat;que a uss;, et les bacs à glaçons sont tous fissurés
et ;nuUhsables. Mo;, je rés;stera; a u modern;sme car je conna;s
trop vos méthodes : vous mettre en avant pour prendre notre
place ! Mo;, j'y vo;s cla;r...
»

Les objets se ta;sent, attr;stés par ce chmat devenu détestable.


Oepu;s longtemps, ;/s savent que la lampe a une langue de
v;père ; elle est s; la;de, s; v;eme a uss;, que toute nouveauté
l';nqu;ète. Ils se sont hab;tués à lu; pardonner, à la la;sser d;re
auss; sa ns trop l'écouter. Ma;s là, face à cet ord;nateur s; doux,
charmant et culUvé, elle a dépassé les bornes.

Souda;n, le téléphone sonne. Agathe s'arrache alors à sa cha;se,


se lève enfin et va répondre. Tous l'entendent d;re : « ou;, Jean, je
su;s rav;e. Cet ord;nateur m 'enchante tant que j'a; même oubhé
de dÎner. Je sens qu'une nouvelle v;e commence pour moL Merô
pour ce cadeau royal. Dès ton retour de voyage, je te montrera;
tout ce que }'aura; m;s en forme : en s;x jours, ce sera colossal !
À propos, s; tu vo;s un joh objet ch;no;s, par exemple en pap;er
mâché, pense à notre salon ! »

« nens ! Je vous l'ava;s b;en d;t ! Une nouvelle v;e, et avec du


pap;er mâché, en pr;me ! Où allons-nous ? s'excla me alors la
»

Ul
lampe.
Q)
0
1....

Et la nu;t, doucement, se pose sur les gens et les objets, plongeant
w
N chacun dans les ténèbres.
..-!
0
N
Au maUn, un sole;/ rad;eux envah;t l'appartement. Les lattes
@
..._,
..c
du parquet, réchauffées, craquent. Le réfr;gérateur réveme son
Ol
·.::

moteur quelques ;nstants. Agathe dort encore, enfou;e sous sa
o_

u
0
couette. Tout à coup, le carmon de la porte d'entrée provoque,
comme à l'accoutumée, u n fracas étourd;ssant. Agathe remue
un orte;/, entrouvre un œ;J et le referme a uss;tôt. Alors le carmon
s'ag;te de nouveau, plus ;ns;sta nt encore. Agathe lu; répond :
« J'arr;ve .. et lentement se lève, enroulée dans sa couette. Elle
. »

1 67
Utubejusqu'à la porte et l'ouvre pour la;sser entrer la bombe que
redoutent tous les objets de valeur : son neveu Arthur.

« Ah ? C'est to; ? Ma;s que v;ens-tu fa;re de s; bon ma Un ?

- Je v;ens jouer avec ton ord;nateur, pard; ! J'a; le même à l'école,


alors tu penses s; je sa;s m 'en servfr !

- Tu es sûr de to; ? Tu ne risques pas de me le casser ?

- Un ord;nateur, c'est ;ncrevable ! Et même un enfant de cinq


a ns saura;t s'en servir. Alors pour mo; qu; en a ; treize, tu penses
comme c'estfacile ! »

Et Arthur, sans plus attendre, s';nstalle devant lu;, l'allume, lu;


pa rle, le tr;pote, dess;ne et écht mme choses grâce à lur Agathe,
quant à elle, déjeune vanlam ment et se prépare.

« Agathe, c'est géa nt que tu a;es acheté ça !

- Je sa;s ! Je su;s rav;e a uss; ! Cette nu;t, j'a; rem;s au net tous mes
textes. J'a; rendez-vous ce mat;n avec mon éd;teur, et s; je s;gne
enfin mon contrat, je m 'offre auss;tôt une gâtehe.

- Quo; donc ?

- Il y a des mo;s, j'a; repéré une lampe dans la rue d'à côté. Elle
fera merveme dans cette p;èce : elle mettra en valeur tous ces
objets que j'a;me tant et que tu as s; peu le dro;t de thpoter : les
deux coupelles, l'éléphant, mes beaux hvres, la b;bhothèque et la
table a ncienne. Ici, seule cette lampe atroce, v;eme, qu; n 'écla;re
Ul
Q) plus grand-chose, ne mér;te pas d'être là. Je va;s la don ner à un
0
1....

w
brocanteur.
N
..-!
0
- Tu as sûrement ra;son, ma;s mo;, ;ci, ce que j'aime par-dessus
N

@ tout, c'est ton ord;nateur ! Alors, achète une très johe lampe qu;
..._,
..c
Ol
le mette b;en en valeur, lu; !
·.::

o_
0
- Oh ou;. C'est b;en mon ;ntenUon ! Ici régnera l'harmon;e. »
u

Agathe sa;s;t sa d;squette, la met da ns sa mallette, enfile son


manteau et part avec Arthur. Les objets restent muets, très gênés
de ce qu';/s ont entendu : quel rude coup pour le moral de la
lampe ! Enfin, le s;/ence est rompu par la lampe elle-même :

1 68
« Je comprends enfin pourquoi je suis si mal à l'aise ici. Je ne vis
pas en osmose avec vous. Je suis "déplacée". J'ai connu d'autres
endroits, moins modernes, où mes pompons faisaient fureur,
où les gens m 'appréciaient. Vivement que j'y retourne. Il était
temps qu'Agathe pense à se séparer de moi. Rien de tel qu'un
brocanteur : ils sont des artisans du bonheur pour une chose telle
que moi. Vous aviez raison, monsieur Je-sais-tout, on ne peut
pas lutter avec le modernisme. Il n 'y aura donc pas de guerre :
à défaut de pouvoir lutter à a rmes égales, je me retire. J'ai mon
honneur pour moi. À chacun sa vie. »

L 'ordinateur, prudent, ne dit rien.

En fin de journée, la porte d'entrée s'ouvre enfin. Agathe appa­


raft, suivie de deux hommes. L 'un dépose un énorme paquet à
côté de l'ordinateur, l'autre, à la demande d'A gathe, débranche
la lampe à pompons et la prend à pleines mains en disant :

« Pour sûr, on n 'en voit plus beaucoup, d'ces lampes-là. Mais


y'a des gens à qui ça plaft toujours. Vous savez, les goûts et les
couleurs, dans not' métier, on sait bien qu 'ça se commande pas.
Comme on dit chez nous : "Chaque chose a sa place, suffit d'sa­
voir où !"

- Oui, oui, bien sûr...

- Allez, ma p'tite dame, à plus tard... Vous savez où me trouver,


si un jour, vous avez encore besoin de vous débarrasser de queq'
Ul
chose. J'suis toujours preneur !
Q)
0
1.... - Merci, mais tous nos objets ont une histoire et me rappellent

w
N
un moment heureux de notre passé. Seule la lampe était là,
.-!
0
N
oubliée dans un placard, quand nous avons pris possession de
@ cet appartement. Ainsi, comme je ne l'ai pas vraiment choisie, je
..._,
..c
Ol n 'a i a ucune raison de la garder plus longtemps.
·.::

o_

u
0 - C'est sûr ! Et elle fera bien le bonheur de quelqu'un d'autre !
Allez, a u revoir, ma petite dame.

- Au revoir, monsieur. »

1 69
Déjà, Agathe ouvre son nouveau paquet. Un a bat-jour splend;de
apparaÎt, pu;s un p;ed de lampe travamé et superbe.

«Oh ! C'est beau, ;c; ! s'écrje la nouvelle venue une fojs dévêtue
de son emballage.

- Soyez la bjenvenue ! djsent d'une même vo;x rjante l'ordjna­


teur, la table, la b;bhothèque, les coupelles, l'éléphant et les hvres.

- Bonjour à tous ! Enfin, me vojô dans uneJamme... »

Elle regarde tout autour d'elle pu;s souda;n s'exclame :

<<Oh ! Que vojs-je ? Un ordjnateur !... Là d'où je vjens, ;/y ava;t,


cher ordjnateur, un de vos cousjns... Quelle compagn;e pla;-
sante... Que d'h ;sto;res superbes j'a; entendues grâce à lu;.

- Comptez sur mo;, johe la mpe, pour vous raconter, à mon tour,
mme contes savoureux, dans toutes sortes de langues, s; cela
vous enchante.

- Quelle bonne ;dée ! s'excla ment alors tous les objets.

- Je fera; de mon m;eux, repr;t la lampe avec émoUon, pour


vous don ner le memeur de ma lumjère : vous, les ord;nateurs, s;
savants, s; cult;vés, vous mér;terjez, à tout le mojns, les feux de
la rampe. Majs je ne peux vous donner que ce que j'a; : tous mes
watts. »

Dans la p;èce, l'harmonje règne. Agathe dÎne tand;s que l'ord;­


nateur raconte a ux uns et a ux autres J'hjstojre d'un couple : elle
Ul
Q) s'appelle Agathe, ;/ s'appelle Jean et. ..
0
1....
>­ Betti na Soulez
w
N
..-! 2 791 mots.
0
N

@ Nombre de mots par minute :


..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u

1 70
E n lisa nt vite, risqu ez-vous m a i ntenant d e tout
bâcle r ?
B i e n a u c o n t ra i re ! P o u r l'éla boration de syn thèses, le cerveau
a b e s o i n de synthèses ra p i d e s et de servite u rs efficaces : un œ i l
p h o t o g ra p h i a n t p l u s i e u rs mots à la f o i s , u n e m é m o i re i m m é d i a te
large et fonct i o n n a n t a u m a x i m u m de ses possibi lités.
C i t o n s une fois e n c o re le p h i lo s o p h e Ala i n dans ses Propos sur
l 'éducation, é d ité e n 1 932 : « O n dit souvent q u ' i l fa u t a p p re n d re
lente m e n t et q u e c ' e st le moye n d'a ller vite ; m a i s j e n e s u i s p a s
a s s u ré d e c e l a . . . Dès q u e l'atte n t i o n s'attard e , e l le se d é t o u r n e . »
Adieu à la lect u re pesante et p r i m i t ive ! Vive la célérité et la
récréativité d a n s les textes !

C i n q styles d ' écrits, c i n q d é m a rches

Les livres de réflex i on

Ava nt l'achat :
>- Lisez la quatrième de couverture, écrite par l'éd iteur.
>- Interrogez-vous sur l'a uteur et sur son projet d'écriture.
>- Interrogez-vous sur votre propre projet de lecteu r.
>- Vérifiez la date de parution.
>- Lisez la concl usion et la table des matières.
>- Survolez l'ensemble et l isez quelques lignes pour apprécier le style.
Vl
<lJ

0
Pendant la lecture :
._
>
w
>- Déstructurez.
N
.-i
0
N >- Gardez u n crayon à la main et écrivez sur l e livre.
@


>- Lisez tout si cela vous rend heureux .
Ol
·;:::
>
o.
>- Ne lisez que ce que vous souhaitez ou ce dont vous avez besoin si
0
u cela suffit à vos objectifs de l ecteu r.
>- Datez et signez le l ivre papier une fois lu.
Tentez dès que possible la lecture de l ivre sur tablettes électroniq ues :
c'est une variante enrich issante.

1 71
Les rom ans

> Pour renouer avec la l ittérature, faites-vous conseiller par u n l ibraire


ou u n bibl iothécaire.
> Avant l'acquisition, survolez quelq ues l ignes.
> Ne l isez l es préfaces, de préférence, qu'après avoir term iné le livre.
> Si vous aimez l e texte, lisez-l e i ntensément : à toute heure, en tous
l ieux.
> Si vous aimez l'a uteu r, lisez toutes ses œuvres (ou presque !).
> Si vous êtes déçu et avez envie d'a rrêter votre lecture, allez quand
même l ire l es dern ières pages. Perdu pour perdu ...
> Résum ez-vous l'histoire une fois le l ivre terminé.
> Discutez d u livre avec q uelqu'un, ou racontez-le.
> Datez et signez votre l ivre papier.
Tentez la l ecture de l ivre sur tablettes él ectroniq ues : c'est une variante
enrichissante.

Les doc u m ents professionnels

> Déstructurez votre l ecture en vous appuyant sur la typogra phie


{décrochements, caractères gras, etc.) , l es titres, les sous-titres.
> Cherchez la concl usion et lisez-la en priorité.
Ul > Aiguisez votre sens critique en identifia nt ce qui ne va pas : style,
Q)
0
1....
présentation ...

w
N > Repérez en priorité l es verbes dans les phrases.
..-!
0
N
> Gardez u n crayon à la main si vous l isez une version papier, et écri­
@
..._,
..c
vez sur le docu ment ava nt de le classer.
Ol
·.::
>­ > Fixez-vous des d u rées de l ectu re.
o_
0
u

1 72
L' informat i on

> Pou r la presse papier, préférez l'achat impulsif d u journal à


l'abonnement.
> Pou r la l ecture des journaux sur le web, c'est le bonheur : un vra i
trava i l de réécritu re est déjà fait par l es journal istes. I l s tiennent
com pte de la petitesse des écra ns et de la marge de manœuvre de
votre gym nastique visuelle, ce q u i rend l'approche intellectuelle très
rapide et gratifiante.
> Recherchez le sommaire du journal pour choisir l'essentiel de vos
lectures.
> Lisez d'a bord ce q u i vous tente le plus.
> Gardez u n crayon à la main.
> Choisissez le parcours qui vous convient. Pensez au parcours n° 4
(p. 54 à 56)
> Lisez les passages en caractères gras (le chapeau). I l s'agit soit d'un
résu m é de ce qui s u it, soit des premiers éléments de l'article.
> Repérez la structure des a rticles : titre, cha pea u, introduction, plan
choisi, etc.
> Lisez d'a bord l'introduction (a priori, les trois prem ières l ignes o u l e
premier paragraphe) p u is l a concl usion (a priori, l e s trois dernières
lignes ou le dernier paragra phe).
> Repérez le plan d u discours (voir p. 44 et 45).
Ul
Q) > Prévoyez u n laps de tem ps précis pour l ire votre journal : dix, quinze,
0
1....
>­ quarante-cinq minutes...
w
N
..-! > Lisez sur votre smartphone quand cela vous cha nte : dans une file
0
N
d'attente, dans le train, sur u n banc publ ic, etc. Ces instants « vol és »
@
..._,
..c deviennent bien instructifs ...
Ol
·.::

o_
0
u
I nternet

> Util isez efficacement l es moteurs de recherche.


> Appuyez-vous sur les titres, les constructions en hypertexte.

1 73
>- Acceptez de sacrifier de l 'information.
>- N'imprimez que ce qui mérite d'être stocké, travaillé, réutil isé.
>- Zappez à tout prix et devenez maître de votre tem ps et de votre
savoir en p icorant dans plusieurs sources et en fa isant votre propre
trava il de synthèse.
>- Soyez critique et exigeant.

Ul
Q)
0
1....

w
N
..-!
0
N

@
..._,
..c
Ol
·.::

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0
u

1 74
Partie 4

Tra n s m ettre
l e g o û t d e la l ectu re
à ses e nfa n ts
« Il nousfaut en ria nt instruire la jeunesse,
Reprendre ses défauts avec grande douceur,
Et du nom de vertu ne lui pointfaire peur. »

Molière, L 'École des ma ris

Vl
ClJ Les textes sont écrits pour q u e la transm ission pre n n e vie au­
0

>
delà de nos existences, au-delà des siècles écou lés.
w
N
.-i
0
N
Tou r à tou r, nous sommes e n charge de cette transm ission . . .
@
et e l l e passe par l e goût d e l a lectu re évei llé et entrete n u chez
l'enfant.
(/)
Q)
0


w
N
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0
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.......
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Ol
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Q.
0
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0
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0


w
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0
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.......
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Ol
·c

Q.
0
u
Q u a n d l' e n fa n t n ' a rrive pas
à se co n ce n t re r
Le philosophe Ala in1 s'est intéressé à l'inattention. Pour lui, il en existe
trois sortes :
1. « L'inattention tota l e o u indifférence q u i est la marque de la dernière
stupidité. »
2. « L'inattention mobile qui est au contraire pleine de vie et de mouve­
m ents [...] Ici [...] l es moindres incidents sont saisis au vol. »
3. « L'inattention [...] corrélative de l 'attention [...] La distraction d u
savant, d u penseur, d e l'homme qui méd ite, e n est un exemple
grossi. »
J e sou haite en ajouter une q uatrième : l'inattention de l'absent, d u
Ul rêveu r, d e cel u i q u i, censé écouter o u prêter attention, n e se sent
Q)
0
1....
ni motivé ni concerné par ce q u i se passe. Il oublie donc la situation

w présente pour partir vers son ailleurs...
N
..-!
0
N
Pour aider votre enfant, à vous donc de diagnostiquer ce q u i se passe.
@ Vérifiez d'abord qu'il dort suffisa m ment à la ma ison pour aborder
..._,
..c
Ol
·.::
correctement ses journées d'école. Fa ites-l e parler et écoutez-le sans

o_
0
le braq uer. Allez voir les enseignants et échangez. Aidez votre enfant à
u
mettre des mots sur ce qu'il ressent à l'école et faites émerger les situa­
tions où il se sent en confiance là-bas. Repensez à ce que vous-même y
avez vécu enfant, et soyez indu lgent.

1. Propos sur l'éducation, op. cit.

1 79
>- S'il vit la s ituation 3, pas de souci : votre enfant a des capacités de
concentration fantastiques.
>- S'il vit la situation 2 et se laisse distraire par mille choses, aidez­
le à se canal iser plus longtemps sur une activité. Reportez-vous a u
chapitre sur la mémoire et p l u s particul ièrement a u x rubriques qui
traitent de la motivation, l'attention et la concentration.
>- S'il vit la situation 4 et n'est pas motivé par ce q u i se passe en cou rs,
évoq uez avec lui ses objectifs à long terme, pour qu'il découvre
progressivement les ra isons pour l esq uelles il doit étudier. Tenez
com pte éga l ement du fait que certa ins enfants préfèrent ne rien
faire q ue d'être confrontés à la difficulté, à l 'échec ou au j ugement.
>- Seule la situation 1 est vra i ment alarmante et m érite une aide
spécia l isée.
« Le régu lateur de l'attention, c'est l 'action », nous dit Alain. Pou r que
vos enfants réussissent et se sentent concernés, rendez-les curieux et
actifs, en tant que lecteu rs comm e en tant qu'élèves, pour qu'ils se
sentent ensu ite concernés par la nécessaire écoute en classe.

C o m m e n t fa i re l i re u n e n fa n t q u i d i t
<< d éteste r l i re >> ?

« Mon enfant déteste lire, com ment le convaincre ? » Que de parents me


posent cette q uestion ! Que d'attentes elle révèle... Il est d ifficile, sans
Ul
Q)
connaître le mil ieu fam ilial et le nivea u scolaire d'un enfant, de donner
0
1.... des conseils. Cependa nt, ra ppelons quelq ues évidences.

:
w
N
..-!
>- La valeur de l'exemple existe réellement exemple pour l'enfant de
0
N parents-lecteurs q u i lisent par goût et pas seulement, au burea u,
@ par obl igation. M ieux va ut donner l'exemple de parents q u i savent
..._,
..c
Ol
·.::
l âcher la télévision certains soirs pour s'évader grâce à un bouq uin.

o_

u
0 >- Flâner en l ibrairie avec l 'enfant, l u i montrer que mille contes sont à
portée de main et offerts à notre bon vouloir, peut l u i donner envie
de choisir une œuvre pl utôt qu'une a utre et provoquer, entre l u i et
vous, des moments riches d'écha nge. En bibl iothèque, il verra q ue
tous ces l ivres l'attendent et qu'ils sont à portée de main.

1 80
> L'incitation a u choix, voire à la possession d u l ivre qu'il a sélectionné,
va lui rendre l e l ivre attachant avant même qu'il ne l'ait ouvert.
Inciter l'enfa nt à rechercher ses goûts propres : si vous-même, enfant,
avez aimé Tintin ou l ' Iliade et l ' Odyssée, rien ne dit que votre fils ou
votre fille partagera les mêmes goûts.
> Commenter positivement, le plus souvent possible, le choix des
lectures im posées par l'école.
Ces quelq ues pistes aideront peut-être l es enfants à intégrer défin iti­
vement et i ntimement les l ivres à leur rythme de vie. Pour la majorité
des enfants, la lectu re, avant de devenir un outil d'évasion ou une source
de savoir, est une occupation demandant quelques efforts. Aidons-les à
dépasser ce cap.

Fa i re a i m e r la lect u re à son e n fa n t . . .
m a l g ré l u i !
Votre enfant vou s ressem ble, pensez-vous ... Or, justement, lorsqu e
vous étiez enfant, vou s détestiez trava il ler votre francais et vous n e
'

l isiez pas ! Vous vous sentez donc fautif ou solidaire de son manque
d'ap pétit pour la lecture ...
ôtez-vous de l'idée que ce type de com portement est héréditaire ! Le
mimétisme intervient, certes : dans une fam ille qui ne l it pas, pourquoi
chercher à devenir différent, se diront certa ins enfa nts. Pou r quelques
Ul
Q)
a utres, a u contraire, casser l e carca n d u modèle familial, s'afficher
0
1.... com me l'exception, sera motivant. Cependant, ressembler à des parents

w
N
q u i ne lisent pas ou plus représente u n certain confort : les enfants
..-!
0
N
peuvent ainsi s'économ iser ou rester paresseux au nom de cette sacro­
@ sa inte ressemblance !
..._,
..c
Ol
·.::
Admettez donc que vos enfa nts pu issent devenir différents de vous en

o_
0
gra ndissant et qu'ils puissent même vous su rprendre par des qual ités
u
que vous n 'avez pas. Flattez-les, encouragez-les à la moindre velléité de
différenciation, dans ce domaine notamment.

1 81
Ce l ivre est - i l a d a pt é à d es e n fa n ts ?
Comme la motivation est la base de /'apprentissage, si votre enfant vous
q uestion ne et que vous sentez qu'il est mûr pour réfl échir à certa ins de
ses propres réflexes, profitez des q uestions posées dans ces pages pour
lui suggérer quelq ues changements.
Ces méthodes déculpabil isent, dédramatisent, rendent confiant et
a udacieux ; il faut donc donner a ux jeunes les moyens de se prouver
tout cel a.

À partir de quel âge s'appl i que cette méth ode?

Les adolescents, selon leur matu rité, sont susceptibles d'être intéressés
par certains des principes présentés ici. Encore faut-il qu'ils en soient
demandeurs et qu'ils aient envie de consacrer quelques bri bes de leur
précieux tem ps à l'apprentissage de ces techniques. I l est difficile d'im­
poser à un jeune u n enseignement n'aya nt aucune note scola ire à la clé.
Si vous êtes enseignant ou si vous êtes un parent pédagogue écouté
par vos enfants, vous pouvez leur proposer par exemple les tech niques du
bond de / 'œil, les recherches de structure de texte, les appuis sur les verbes
et la lecture déstructurée du journal.

Ul
Q)
0
1....

w
N
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0
N

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..._,
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Ol
·.::

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0
u

1 82
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Ap p re n d re à l i re s o i - m ê m e à s o n e nfa nt
I l y a votre enfant e t vous, et ce que vou s avez envie d e partager avec l u i.
Peut-être êtes-vous fait pour le l u i enseigner et l'appréciera-t-il ; peut­
être est-ce trop lourd pour vous, pour l u i ou pour vous deux.
Si votre motivation est très forte, sans doute vous en sortirez-vous très
bien. Alors, travaillez la q uestion et lancez-vous ! Les parents d'Arthur,
dans leur l ivre La Méthode Arthur1 conseillent la m éthode Dorman. I l en
existe certainement d'a utres q u i ont fait leurs preuves, elles a ussi.
Cependa nt, à moins d'avoir soi-même beaucoup de temps libre pour se
lancer dans une telle entreprise, mieux va ut la isser les professionnels
se charger de cet enseignement. C'est a ussi un moyen pour les enfants
d'acquérir peu à peu de l'a utonomie par rapport à leurs parents. Prendre
en charge, en tant que parent, cet enseignement-là a ussi, c'est créer
Ul
Q)
une dépendance-reconnaissance peut-être lou rde pour l'enfant. De
0
1....
plus, la vie sociale et l'aide d'un groupe sont souvent déterm ina ntes

w
N
pour sti m u ler ou rassurer certains enfants.
..-!
0
N Et l'enfant ne risque-t-il pas de s'ennuyer en classe s'il sait déjà l ire ?
@ C'est q uitte ou double selon le profil et la m éthode d'apprentissage de
..._,
..c
Ol
·.::
l'enseignant.

o_

u
0 Enfin, très i mportant : que vous l u i donniez personnell ement cet ensei­
gnement ou pas, l 'essentiel est de se préserver avec l u i des tem ps de
jeux et d'échange qui soient a utres que des relations scolaires avec
obl igation de résultat.

1. Voir en bibliographie.

1 85
L' o rt h o g ra p h e . . . aïe !
L'orthogra phe est u n code social qui s'apprend dès l'enfance et q u i
deviendra à vie une arme redoutable d a n s la sélection. E n effet, à
compétences et diplômes éga ux, sera choisi cel u i q u i respecte l'ortho­
graphe. La l utte pour trouver du travai l passe aussi par ce trou de souris.
La méthode d'apprentissage de la lecture en CP est-celle responsable de
la ma uvaise orthographe de votre enfant ?
Il sera it bien pratique pour tous les parents inqu iets de disposer d'un
diagnostic tout fait : « Certes oui, tous les problèmes d'orthographe
viennent de la classe de CP ! » Cependant, si l'a pprentissage de la lecture
entre la rgement en jeu dans cel u i de l'orthographe, d'a utres facteurs
intervien nent a ussi. Rappelons-en donc quelq ues-uns :
>- la matu rité de l'enfant à son entrée a u CP ;
>- l 'envie d'apprendre de l'enfant ;
>- l e climat fam il ial ;
>- la confiance q ue les parents accordent à l'enseignant ;
>- la confiance q ue les parents ont dans la réussite de l'enfant ;
>- l 'estime que l 'enfant a pour l'enseignant ;
>- l 'adéqu ation entre l e caractère de l'enseignant et la m éthode qu'il a
décidé d'employer ;
>- l 'adéqu ation entre l es besoins de l 'enfant et la méthode util isée ;
Ul
>- l e suivi de cette méthode dans les différentes classes, en amont et
Q)
0
1....
en ava l.

w
N
Si votre enfant a une ma uvaise orthographe, peut-être la méthode
d'apprentissage de la lecture (globa l e ou sem i-globale, par exemple) lui
..-!
0
N

@
..._,
convenait-el le mal, mais peut-être y a-t-il a ussi d'a utres rai sons, plus
..c
Ol difficiles à mettre à jour. Cela m érite votre réflexion, cas par cas .
·.::

o_
0
u

1 86
Les e nsei g n a nts et vo u s
Comme l'enseignement d e l a lecture et d e l'orthogra phe se fait à l'école,
loin de vous, comment, dans ces cond itions, soutenir a u mieux votre
enfant dans son apprentissage ? La p l u part des parents connaissent peu
les finesses des d ifférentes méthodes. Si vous êtes dans ce cas, vous
pouvez agir de quatre façons : l'une ava nt l'apprentissage, la deuxième
pendant l'apprentissage, la troisième et la quatrième après.
Avant l'entrée en CP, renseignez-vous auprès de la direction de l'école
sur la méthode employée. En obtenant des réponses, soit vous serez
rassuré et pou rrez ensuite faire confiance, soit vous forcerez l'écol e
à prendre e n considération vos inqui études, peut-être partagées
par d'a utres parents. Si vraiment, les échos que vous avez eus sur la
méthode employée sont ma uvais, si vous avez l e sentiment q u'aucun
cha ngement n'est en vue et que vous h abitez en vil le, vous êtes libre de
choisir un a utre établ issement pour votre enfant. Votre enfant est plus
important que la défense d'un système scolaire. Soyez actif et vigil ant,
puis choisissez.
En effet, une fois l'apprentissage entamé, vous devez faire confiance
aux enseigna nts. Intervenir, c'est embrouiller l'enfant, prendre le risque
de le démotiver en a ffichant de la suspicion. Faire confiance ne veut
cependant pas dire a bandonner toute vigilance. Au contraire, il fa ut être
présent, l e réconforter, l e rassurer ; il fa ut a ussi dialoguer avec l'institu­
teu r si vous craignez q ue votre enfant ait d u mal à passer certains caps.
Généralement, l es chefs d'établissement eux-mêmes veillent sur le bon
Ul
Q)
dérou lement de cette classe charn ière ; dans la p l upart des cas, ils l'ont
0
1.... confiée à u n enseignant de qualité. En cas de problème, vous pouvez

w
N
donc leur en parler.
..-!
0
N Après la prem ière a n née d'apprentissage de votre enfa nt, vous avez
@ encore deux rôles très im portants à jouer. L'u n concerne la l ectu re,
..._,
..c
Ol
·.:: l'a utre l 'orthographe.


o_

u
0
La lecture, tout d'a bord. La lecture doit être vue comme un outil indis­
pensable à bien man ier, car elle ouvre les portes du savoir.
I l faut impé­
rativement inciter l'enfant à lire, quel que soit le su pport de l ecture.

1 87
>- L'orthogaphe : vous devez être u n relais tenace et exigent de l'école.
Battez-vous pour que ce code social soit acq u is. Donnez à votre
enfant sur ce sujet l e moyen de réussir.
Les parents trouveront par exemple u n appui dans les livres très intéres­
sants d'Antoine de La Garanderie et de son équ i pe. Je vous en propose
deux en bibl iographie. Vous verrez dans ces ouvrages com ment aider
efficacement u n enfant à adopter l e bon réflexe en matière d'écriture,
notam ment en faisant appel à sa mémoire visuelle d u mot écrit, et pas
seulement à sa mémoire visuelle de l'objet ou à sa mémoire a uditive
des sons.
Les façons de lire et d'écrire des enfants sont a ussi l 'affa ire des parents ;
les instituteurs ont besoin de nous pour prendre le relais et aider l 'en­
fant à mettre en pratique ce q u'ils enseignent.

Des l ivres t ro p co m p l i q u és
Que faire si les l ectures im posées par l'école sont d'un nivea u trop élevé
pour votre enfant ?
L'aider à ne pas renoncer. Beaucoup d'enfants découvrent l e plaisir de
lire à l'école, mais beaucoup aussi s'en détournent dès cette époque.
En réal ité, bien souvent, cela n'est pas dû à la difficulté des l ivres eux­
mêmes, mais à la motivation qui se crée a lors pour le texte, l'a uteur, la
note, le professeur.

Ul
Entrer dans une h istoire et adopter le style de l 'a uteur im posent une
Q)
0
grande souplesse d'esprit et de la disponibil ité. L'enfant, trop pressé,
1....

w n'a parfois encore aucune des deux. Pour l'aider à su rmonter cel a, vous
N
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0
pouvez lire à voix haute les d ix premières pages de l'œuvre. N'ayant
N

@
plus qu'à écouter, il se laissera porter par l'h istoire et s'y accrochera.
..._,
..c Cependant, faites un contrat avec l u i avant de com mencer, ne devenez
Ol
·.::
>­ pas son escl ave : dix pages suffisent. La lectu re individuelle sera beau­
o_

u
0
coup plus rap ide, même pour l u i.
Enfin, assurez-vous que votre enfant l it avec régularité ... U n livre a ban­
donné trop longtemps est difficile à reprendre.

1 88
L'ach at d es l ivres
Votre enfant est a u collège et, pour lui faire gagner d u tem ps, vous vous
chargez d'acheter l es l ivres que son professeur lui demande de lire.
Vous êtes très dévoué, trop peut-être. Si vous h abitez une ville, les
l ibrairies et l es bibl iothèq ues sont nom breuses, et la p l upart des
enfants peuvent prendre en charge eux-mêmes leurs com mandes de
l ivres. I ncitez vos enfants le plus tôt possible à prend re certaines déci­
sions les concernant directement, dans ce domaine notam m ent. L'acte
de l ecture commence par la prise en charge d u choix, de l'emprunt o u
d e l 'achat.
En a l lant à la librairie à leur place, vous ôtez à vos enfants la possibil ité
d'admirer la grande variété d'idées, de livres, de présentations de textes
q u i se renouvellent en permanence. L'attrait pour les livres passe a ussi
par la fascination des bibl iothèques et des l ibrairies.

C o n fia nce, p a rtage et a u t o n o m i e


Les enfants se sentent vite va lorisés par u n professeur q u i parle avec
eux de littérature et les éveille à u n imaginaire nouveau . Laissez-leur la
liberté nécessaire pour nouer des liens avec le dispensateur de culture mis à
leur disposition : leur professeur de lettres. À /'école, vos enfants vivent leur
histoire, ce n'est plus la vôtre.

Cependa nt, notre devoir de parent est d'être vigilant et d'écouter nos
Ul
Q) enfants lorsq u'ils nous signalent une situation a normale ou une situa­
0
1....

tion qui les dérange. Là, il faut agir et si nous, parents, nous omettons
w
N
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d'être près de nos enfants dans ces moments-là, nous rempl issons mal
0
N notre rôle.
@
..._,
..c
Pou r a utant, i n utile de se méfier de tout l e corps enseignant. Pour
Ol
·.::

la p l u pa rt, ils aiment profondément leur métier et choisissent les
o_

u
0 ouvrages à l ire dans l e programme qui est proposé à l 'échelle nationale.
A priori, il faut faire confiance ; ensuite, il faut repérer les margina lisa­
tions éventuelles et agir : l es parents peuvent alors prendre contact,
dans les éta bl issements, avec les conseil lers d'éducation ou proviseurs.

1 89
<< Lect u res pa rtag ées >>

Vous lisez avant votre enfant tous les livres q u'il doit lire pour ses cou rs.
Vous souhaitez ainsi, en discutant des textes avec lui, l'aider dans sa
réflexion. Avez-vous raison de procéder ainsi ?
Oui et non.
Oui, vous avez ra ison de parler littérature avec votre enfant. La culture se
partage, et le dialogue à propos d'un texte enrichit ; attention cependant
à écouter la perception que votre enfant a du livre avant de lui suggérer la
vôtre.Les visions ou les im pressions peuvent différer ; même si vous
avez affa ire à u n enfant, sa com préhension d u texte est aussi va lable
que cel le de l'adulte, sa ns pour a utant s'exprimer de la même façon.
Non, vraiment, vous devriez éviter de l ire les livres avant votre enfant !
Vous l e privez d'une grande joie : être l e premier à découvrir u n texte,
être l'i nstigateu r, le maître de quelque chose, dans sa fa m i lle, a u près de
vous ... Évitez d'entrer en com pétition, inconsciente ou su pposée, avec
lui. Vous n'avez pas à refa ire votre scolarité en même temps que votre
enfa nt. I l se sentirait d'emblée en retard par rapport à vous. En revanche,
s'il devient l'initiateur de certaines de vos avancées, littéraires entre a utres,
il sera fier d'être ce qu 'il est.

Laissez-le être le créateu r de sa culture, grâce à son professeur dans cette


occasion-ci, car dans q uelques mois, il fera l e deuil de ce professeur,
pour u n a utre, différent, et ce sera bien. Il oubliera le rôle que le précé­
dent aura joué pour ne se souvenir que de ce que lui, enfant, adolescent ou
étudiant, aura osé faire comme lecture et l'essentiel sera là.
Ul
Q)
0
1....
De plus, quel bonheur d ' être le premier à effeuiller, à « casser » un livre, à

w
N
mettre son em preinte ... et vous l e priveriez de cela ! Non, décidément,
..-!
0
N
la issez-le l ire en premier, et su ivez-le dans ses l ectures.
@
..._,
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Ol
·.::

M o n expé r i e n ce p e rso n n e lle



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0
u

Je m e suis vite rendu com pte grâce à mes enfants de la diversité possible
des profils de jeunes lecteurs. En effet, lorsq ue mon fils aîné s'est mis
à aimer l es l ivres, j'ai commencé à faire des investissements effrénés
en pensant que, de toute façon, mes a utres enfants liraient eux a ussi,

1 90
plus tard, les mêmes textes. j'ai vite déchanté : m es trois enfants ont en
matière de lecture des goûts com plètement différents.
Si les uns et les a utres ont l u toutes sortes de texte, chacun a eu ses
préférences : l'un les l ivres de réflexion, l'autre les romans, le troisième
les revues ... Les l ivres q u'ils ont choisis reflétaient des a ppétits très
différents très tôt et c'est cela q u i rend leur vie, même maintenant,
si riche d'échanges. En reva nche, leur point de ra l l iement est sans
conteste leurs plongées intenses dans l e monde d u Web et de la lecture
sur écran !
Ce constat, d'ailleurs, n'est que cel u i d'aujourd' hui, car ils changeront
encore, je le pense, découvrant a u fur et à mesure de leur avancée dans
la vie, des sujets nouveaux à a border. Ainsi, ils seront allés de J u les Verne
aux encyclopédies, des contes de Grimm a ux livres scientifiq ues, ou des
bandes dessinées aux journaux. Trois personnal ités, trois démarches de
l ecteurs, trois appétits de culture différents, trois êtres riches en puis­
sance, chacun à leur man ière ...

Lect u re et m o d e r n i t é à l' éco le


Vous avez l'im pression que votre enfant prend d u retard ... L'école n'est
pas encore équipée d'ordinateu rs ni de connexion Internet...
Ouf ! Plus on attend, plus l es appareils deviennent faciles à util iser.
C'est une consolation. Pourtant, mon conseil : al l ez voir dans les bibl io­
thèques m unicipales, à la mairie ou dans l es atel iers informatiq ues de
Ul
Q) votre ville. I l existe sans doute quelque part une structure permettant
0
1....

w
d'accueil lir l es enfants.
N
..-!
0
La très jeune génération est très intu itive et l ibre avec ces outils :
N

@
c'est u n bonheur de les voir à l'aise face à eux, manipulant même les
..._,
..c Smartphones de leurs parents avec dextérité pour y trouver photos,
Ol
·.::
>­ jeux, textes qui les attirent. Soyons donc prévoyants pour e ux, à l eu rs
o_

u
0
côtés. I l s peuvent décaler leur apprentissage par rapport à d'a utres
enfants car, dans ce même temps, ils développeront d'a utres savoirs. I l
n e sera donc jamais trop tard. Comme nous, i l s ont toute leur vie pour
s'initier à de nouvelles techniq ues.

191
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Q.
0
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Conclusion
« Il y a du bonheur dans toute espèce de talent. »

Balzac, Le père Goriot

Ah ! Ma conclusion ... Dernier écha nge avec vous - ou u n des premiers


car, mal icieux, vous l isez peut-être cette page bien ava nt l'heure, aya nt
choisi, depuis quelq ues chapitres déjà, un itinéraire personnel q u i vous
a mené là ... Mais l e mot « fi n » approche et le silence de l'après-discours
va prendre pl ace.
Lors de mes sessions de formation, l es participants expriment souvent
à voix h aute et avec chaleur ce qu'ils ont a ppris en stage. Certains m'ont
Ul
dit : « C'est une formation à la tolérance que nous avons reçue. Nous avons
Q)
0 appris à aller vers différents modes de pensée, à repérer les difficultés
1....

w d'un texte, à a vancer avec ces difficultés, en acceptant ses imperfections
N
.-!
0
parce que nous les avons cernées et que nous savons les surmonter. » Ou
N

@
encore : « Vous m 'avez enseigné à me déculpabiliser. » Ou : « Vous m 'avez
..._,
..c appris que le rédacteur est responsable de son texte et que je ne suis donc
Ol
·.::
>­ pas le seul responsable lorsque je ne comprends pas. » Ou : « Ma prem ière
o_

u
0
démarche à la suite de cette formation : je passe en librairie. » Ou : « ]'ai eu
la confirmation que les méthodes de lecture que j'avais déjà et qui étaient
totalement empiriques sont bonnes, et que je suis donc sur la bonne voie.
Merci. » Ou : « je pensais gagner du temps pour entreprendre d'autres
activités. je réalise que je viens d'apprendre à gagner du temps pour lire

1 93
encore plus q u 'a uparavant. » O u
: « Je me fais confiance, j'anticipe ma inte­
nant sur la pensée de l'auteur. » Ou encore : « Vous m 'avez donné envie de
renouer avec la littérature. En entreprise, nous avons si peu /'occasion de
parler littérature... en même temps, nous savons tous que les gens cultivés
sont très appréciés . . .»
Ces remarq ues et bien d'a utres m'ont a idée à mesurer combien l es
personna lités pouva ient cha nger lors d'un entraînement com me cel u i­
ci. Car la l ecture développe de m u ltiples qual ités, vous l'avez vu.
Vous, bien sûr, je ne vous entends pas, mais j'espère avoir contribué,
grâce à cet ouvrage, à vous fortifier, vous motiver et vous affra nchir face
a ux écrits. La manne des textes est infinie : textes plus o u moins anciens,
bien sûr, vers lesquels il est facile de se tourner. .. et textes à venir, emplis
de données nouvelles, et surtout revêtant des formes variées, éloignées
de nos apprentissages premiers. Alors, accueillez ce foisonnement de
textes avec sérén ité. Vous seul, lecteu r, avez ce pouvoir de donner vie
a ux pensées écrites et de les faire fructifier.
Michel Serres, dans ses entretiens avec Bruno Latour parus sous le titre
Éclaircissements, écrivait : « Quand vous ne disposez d'aucun modèle,
que vous errez dans u n désert, vou s ne percevez pas toujours les choses
très cla irement. [...] À deux, com me a ujourd'hui, le débat, déjà, écla ir­
cit les choses. » En vous accompagnant dans vos lectu res, en rom pant
votre solitude, j'ai souhaité vous avoir apporté, en plus de la palette de
vos dons ravivés et colorés, un nouvel a rt de lire. Maintena nt, toutes
les bibliothèques du savoir s'offrent à vous, qu'elles soient sur papier
ou sur écra n . Alors soyez l'artisan talentueux de votre cu lture, puis
Ul
Q)
transmettez à votre tour ce que vous avez reçu via vos l ectures. Vos
0
1.... enfants ou vos proches, dans votre vie personnelle ou professionnel le,

w
N
tout votre entourage, en somme, sera grandi grâce à ce que vous a u rez
..-!
0
N
l u et sa u rez pa rtager.
@ Naviguez bien, naviguez loin et em barquez l e monde avec vous !
..._,
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Ol
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1 94
I n d ex d es n o t i o ns

A écrire, écriture 61, 81, 89, 105, 109, 129


éducation 189
analyse, analyser 49, 71, 89, 135
émotion 73, 79, 91, 136
analyse transactionnelle 114
enfant 20, 82, 147, 175
anticipation, anticiper 37, 53, 90, 117, 147
enseignant 187
apprendre 33, 89, 185
enseignement 185
apprendre par cœur 82
apprentissage 11, 81, 131, 182, 186
H
attention 13, 54, 71, 84
audace 13, 20, 130 hypertexte 17, 92, 173

c
CD Rom 15 imaginaire 83, 143, 189
cerveau 33, 60, 89, 110 imagination 33, 112, 117
concentration 60, 71, 73 initiative 27, 115
Ul
Q) confiance 36, 81, 186, 189 instituteur 187
0 crayon 54, 60, 73 internet 16, 20, 173
1....

w création 79, 84 intuition 33, 37, 117, 151
N
..-! créativité 159 itinérant 39, 44, 66
0
N culture 28, 83, 115
@ L
..._,
..c
Ol D lecture intégrale déstructurée 44, 47, 66
·.::

o_ dispersion 91 lecture intégrale structurée 47
0
u
distraction 73, 91 lecture repérante 46, 66
lecture sélective 44, 47, 1 1 5
E logiq ue 48, 136, 138

écoute 74, 179, 188


écran 14, 20

1 95
M rédacteur, rédaction 18, 30, 141, 158
réflexe 30, 36, 112, 142
mémoire 69, 84, 188
réflexion 49, 110, 135
méthode 23, 39, 54, 182
minute 28, 74
s
motivation 27, 72, 84, 141, 185
multimédia 15 smartphone 20, 191
stratégie 17, 46, 111
0 stress 60, 135
subvocalisation 34, 46, 80
œil 35, 37, 53, 67
surdoué 39
orthographe 30, 186
synthèse, synthétiser 33, 76, 89, 171
p
T
parcours visuel 17, 20
tablette 20, 171
pensée 33, 49, 90
technique 35, 81, 92, 137
perception 74, 190
temps 27, 74, 82, 1 57
positif, positiver 44, 130, 141
trac 91
R
V
réactivation, réactiver 48, 75, 85
vigilance 74, 187
réactivité 82, 1 55
réalisme 162
w
récréativité 171
Web 16, 20

Ul
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0
1....

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Ol
·.::

o_
0
u

1 96
I n d ex d es p e rson n es

A L
Alain 33, 34, 53 , 54, 171, 179, 180 Laborit, Henri 143
Apollinaire, Guillaume 129, 141 Lapp, Danièle 75
Aragon, Louis 33 La Rochefoucauld 95

B M
Balzac, Honoré de 100, 127, 193 Maupassant, Guy de 141
Baudelaire, Charles 123 Molière 128, 175
Montaigne 77
c
Colette 141, 1 56 0
Ovide 77
D
Ul Descartes, René 23 p
Q)
0
1....
Pagnol, Marcel 141

w E Pivot, Bernard 111
N
..-!
Einstein, Albert 35, 113 Platon 85, 113
0
N Poirot-Delpech, Bertrand 113
@ Poivre d'Arvor, Patrick 1 1 1
..._,
..c
G
Ol Proust, Marcel 100, 127, 128
·.::
>­ Garanderie, Antoine de la 35 , 188
o_
0 Goncourt 38
u R
Grimm 191
Rabelais 141
Rimbaud, Arthur 129, 141
H
Herrmann 78, 143

1 97
s V
Serres, Michel 89, 93, 109, 137. 194 Valéry, Paul 9, 13
Verne, Jules 141, 191
T
Timbal-Duclaux, Louis 78 z
Zola, Emile 100, 127, 128, 141

Ul
Q)
0
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0
N

@
..._,
..c
Ol
·.::

o_
0
u

1 98
B i b l i o g ra p h i e
ALAIN, Propos sur /'éducation, Pa ris, PUF, coll. « Quadrige », 1986
Françoise BRISSARD, Développez /'in telligence de votre enfant par la
méthode de La Garanderie, Monaco, Le Rocher, 1988

Dom inique CHALVIN, Utiliser tout son cervea u, Th iron, ESF éditeu r, 1987
Louis Timbal- DucLAux, La Méthode SPRI, Paris, Retz, 1983
Louis Timba l-DucLAux, L'Expression écrite, Thiron, ESF éditeu r, 1980

Antoine DE LA GARANDERIE, Dialogue pédagogique avec l'élève, Pa ris,


Centurion, 1989
Marie-Agnès G1RAUDY, Bettina SouLEz, Écrire vite et bien en affaires, Paris,
Casteilla, col l. « Top », 2005, 4e édition
Marie-Josèphe GouRMELIN, La Lecture rapide des documents économiques
et financiers, Top Casteilla 1990, Paris
Ul
Q) C. G. J uNc, Essai d'exploration de /'inconscient, Paris, Folio, col l.
0
1.... « Essa is », 1988

w
N Al bert LABARRE, Histoire du livre, Paris, PUF, coll. « Que sa is-je ? », 1994
..-!
0
N Henri LABORIT, L'Agressivité détournée, Paris, 10/18 , 1970
@
..._, Danielle LAPP, Bien connaître et utiliser sa mémoire en toutes
..c
Ol
·.:: circonstances, Pa ris, Dunod, 1992

o_

u
0 Danielle LAPP, Améliorer sa mémoire à tout âge, Pa ris, Du nod, 1997
Roger- Luc MARY, Réussir grâce à la concentration, Pa ris, De Vecchi, 1990
Daniel PENNAc, Comme un roman, Paris, Gallimard, 1992
:c Bernard P1vm, Le Métier de lire, réponses à Pierre Nora, Paris, Gallimard,
e
� 1990
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Cl
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1 99
J aona RAMIANDR1soA, La Méthode Arthur, Pa ris, Fixot, 1992
Michel S ERR ES, Éclaircissements, Paris, Fra nçois Bourin, 1992
Michel S ERR ES, Le Tiers Instruit, Paris, François Bourin, 1991
Bettina SouLEz, Devenir un lecteur performant, Paris, Du nod, 2e édition,
2005
Kurt TEPPERWEIN, Méthode de Training Mental, comment transformer
positivement votre vie, Esca lquens, Dangles, coll. « In itiation », 1992

Jean-Baptiste ToucHARD, Multimedia Interactif, Microsoft Press, 1994


Pa ul WATZLAw1cK, Le Langage du changement, Paris, Seuil, coll. « Points
Essais », 1978
Donald H. WE1ss, Comment améliorer votre mémoire, Paris, Pocket, 1992

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0
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Q u e lq u es m ots s u r l'a u t e u r
Lorsque l'économie déra pe, l a com m u n ication s'enl ise ! Bettina Soul ez
a donc créé en 2008 la société : « Beaucoup de Vous » pour accompagner
les professionnels et les aider à donner du sens à leurs engagements,
actions et discours.
Consu ltante vingt ans dans des entreprises, des ministères, au CELSA­
Pa ris IV... elle devient en 2007 Di rectrice de la Com m u n ication d'un
gra nd groupe d u BTP.
Les formations q u'elle a proposées pendant de nombreuses a n nées
s'articulent a utou r de « la qualité du message », de l'ém ission de ce
message comm e de sa réce ption. Elle donne donc des techniques pour
que chacun amél iore ses performances en lecture, écriture, mémorisa­
tion et prise de parole.
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Q) Elle a p u blié plusieurs livres sur le développement personnel et la
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com m u n ication, notamment Cultivez votre réseau, aux Éditions d'orga­
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n isation et deux comédies aux éditions L'Harmattan : La bulle de cham­
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N pagne et le grain de sable et La grande cour. Elle anime des débats et des
@ conférences. Elle a été, en tout début de carrière, professeur de Lettres .
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u Elle blogue sur :
a u bonsens.com et beaucoupdevous.com.

201
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Ta b le d es m a t i è res
Som m a i re . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Préa m b u l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Comment lire ce livre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Po u rquo1 ce ivre 10
. 1· ;:>
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Po u rquo1 acce'I' 10
. .
erer certaines I ectu res ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Po u rquo1 moi . 77
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

I ntroduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
L'ère n u m érique, un idéal de transmission ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Le dilem me : papier o u écran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Ce q u 'offre le Web . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Une stratégie pour être efficace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Quel lecteur êtes-vous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Explications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
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Partie 1 : La méthode
Q)
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

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Chapitre 1 : Les objectifs vi sé s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
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Savoi r « bien l i re » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Savoir l i re vite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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La méthode, vous et moi . . . . . . . . . . . . . . .29 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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0 « É crémage » ou « lecture en diagonale » ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
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Chapitre 2 : La lecture performante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31


Un mot de plus, un mot de moins ? La belle affaire ! . . . . . . . . . . . . . 33
Cesser d'entendre les mots d a n s la tête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

203
Confi ance et lenteur. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Chasser les régressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Dix points clés pour devenir u n lecteur performant . . . . . . . . . . . . . . 37
La lecture performa nte pour tous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
To ut lire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Lire très vite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Chapitre 3 : Une gymnastique intellectuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41


Les axes à trava i l l e r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
L'a p p roche textuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Lectures repérante, sél ective ou bien intégrale déstructurée . . . . . . 46
La lecture repéronte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
La lecture sélective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
La lecture intégrale déstructurée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
La lecture intégrale structurée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Comm ent m é m o riser la totalité d ' u n écrit l u ra pidement ? . . . . . . . 48

Chapitre 4 : Faire travailler ses yeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51


L'a p p roche visuelle et les différents parcours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Le parcou rs vertical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Le parcou rs horizo nta l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Quitter le mot à mot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Gym nasti q u e visuelle et perform a n ce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

Chapitre 5 : Faire travailler sa mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

Les m a n q ues d'attention et d e concentration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71


Devenir attentif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
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Q) Analyser les raisons de sa rêverie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
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Avant de lire, travailler sa motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
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N Lire avec un crayon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
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Amél iorer sa concentration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
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@ A me; 1 ·1orer sa m e m o 1 re . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
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Ol Lire vite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
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o_ Faire reve n i r à la s u rface l e contenu d ' u n texte l u . . . . . . . . . . . . . . . . 78
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Vitesse et com p réhension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Une mémoire d ifférente selon les âges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Reten i r une lectu re . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

204
Chapitre 6 : De nouveaux atouts . . . . . . .. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Cultiver esprits d e synthèse et d ' a n a lyse pour m ieux écrire . . . . . . . 89


Dével opper son esprit de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Aug menter son esprit de synthèse grâce à son comportement . . . . . 90
Aug menter son esprit de synthèse grâce aux textes lus . . . . . . . . . . . 92
Cultiver son esprit de synthèse en écrivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Développer son esprit d ' a n a lyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

Partie 2 : Blocages et remèdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

Chapitre 1 : Repérer ses blocages et les antidotes possibles . . ... . . . . 97 .

Les bl ocages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Vos antidotes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 0

Chapitre 2 : É crire sur les livres . . . .. . . ... . . .. . . ... . . ... . . ... . . . . 103

Ann oter et dialoguer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

Chapitre 3 : Le droit de choisir . . .. ... .. .. .. ...


. . . . 107. . . . . . . . . . . . . .

. .
L i re p 1 us1eu rs textes a' 1 a fois ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
.

Le droit d'aller vite, ou de ra lentir ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110


Dans un roman, tantôt flâner, tantôt courir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 7 7
Cha nger... c'est bon ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Du bon usage d u non-dict i o n n a i re .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Stocker des l ivres en attente de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Savoir abandonner u n livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

Partie 3 : Les différentes formes d'écrits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

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Q) Chapitre 1 : Lire les « classiques » . .. . . ... . . .. . . ... . . ... . . ... . . . . 125
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>­ Bal zac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
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Proust . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
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"" Zol a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
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....., Le théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
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·.:: La poésie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
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0.
0 S'appuyer sur les clichés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
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Des auteurs « i naccessibles » ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Cha nger pour progresser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

Chapitre 2 : Lire efficacement des textes techniques . . . . . . . . . . . . . . . 133

Les contrats et les textes juridiq ues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

205
Les l o n gs textes techniq ues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Chapitre 3 : Les lectures professionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Lire pour se d ivertir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

Chapitre 4 : Lire des histoires aux enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

Chapitre 5 : Lire les journaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

Chapitre 6 : Aborder tous les types de textes 153 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Affro nter les textes difficiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155


Su pporter l e s textes confus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Vou l o i r l i re intégra lement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Vite cerner l'utilité d ' u n texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Varier ses lectu res et l i re vra i m ent de tout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
S'o uvrir à d'autres lectures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Cinq styles d'écrits, cinq d é m a rches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Les livres de réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Les romans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . 172
Les documents professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
L'information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

Partie 4 : Transmettre le goût de la lecture à ses enfants . . . . 175

Chapitre 1 : Le goût de lire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177


Quand l'enfant n'a rrive pas à se con centrer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Comment faire l i re un enfant q u i dit « détester l i re » ? . . . . . . . . . . 180
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Fa i re aimer l a lecture à son enfant ... m a lgré l u i ! . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
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1.... Ce livre est-il a d a pté à des enfants ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

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N
À partir de quel âge s'applique cette méthode ? . . . 182 . . . . . . . . . . . . .

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Chapitre 2 : La lecture et la scolarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
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Apprendre à l i re soi-même à son enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
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L'orthogra p h e ... aïe ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
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0 Les enseign a nts et vous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Des l ivres trop compliqués . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
L'achat des livres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Confiance, pa rtage et a utonomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
« Lectures p a rtagées » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

206
M o n expérience perso n n e l l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Lecture et modernité à l 'éco l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
I n dex des notions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
I n dex des person nes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Bibl iogra phie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 99
Quelques mots sur l ' auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
Ta ble des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

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