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et sociale
FICHES DE RÉVISION
4e édition
Véronique Roy
Agrégée d’économie et gestion
Professeur en classes préparatoires à l’expertise
comptable
Damien Falco
Docteur en droit
Maître de conférences à l’université de Haute-Alsace
Professeur en classes préparatoires au DSCG à l’université
de Toulouse Capitole
© Dunod, 2022
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-084460-9
Sommaire
Avant-propos………………………………………………………………………………… 5
Table des sigles et abréviations…………………………………………………………… 6
1 Mobiles
Les fiches sont détachables ! Elles permettent donc de réviser en toutes circonstances
pour des usages variés : glissées dans le manuel, en complément du cours, à emporter
partout pour optimiser votre temps (dans les transports, entre deux cours…), etc.
2 Simples
La structure des fiches est basique et claire. Chaque fiche comporte des titres et
rubriques aisément repérables, des mots-clés, des notions essentielles surlignées.
3 Visuelles
Les fiches détachables Dunod reprennent l’essentiel du cours comme vous auriez pu le
faire. Les informations les plus importantes ont été sélectionnées et mises en avant dans
les rubriques ou surlignées dans le texte.
Des schémas, tableaux et autres synthèses facilitent la mémorisation du cours.
4 Ergonomiques
La navigation d’une fiche à l’autre est aisée : les nombreux renvois vous guident et
vous permettent de progresser à votre rythme tout en liant les notions du programme.
La lecture n’est donc pas nécessairement linéaire.
#Souple #Complémentaire
5 Fidèles au programme
100 % conformes au nouveau programme applicable depuis la rentrée 2019 (session
d’examens 2020), les fiches couvrent toutes les notions incontournables. À la fin de
chaque fiche, la rubrique « Le + de l’expert » vous offre de précieux conseils pour faire
la différence lors de l’épreuve.
#Fiable #RéussiteAssurée
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Table des sigles et abréviations
ACPR : Autorité de contrôle prudentiel et de résolution
Afnic : Association française pour le nommage Internet en coopération
AG : assemblée générale
AGE : assemblée générale extraordinaire
AGO : assemblée générale ordinaire
AIPD : analyse d’impact relative à la protection des données
AMF : Autorité des marchés financiers
Balo : bulletin des annonces légales obligatoires
Bodacc : bulletin officiel des annonces civiles et commerciales
B to B : business to business
B to C : business to consumer
CA : conseil d’administration
CAA : commissaire aux apports
CAC : commissaire aux comptes
CAHT : chiffres d’affaires hors taxes
C. civ. : Code civil
C. com. : Code de commerce
CDC : Caisse des dépôts et consignations
CET : contribution économique territoriale
CGI : Code général des impôts
CGV : conditions générales de vente
CIF : Commission des infractions fiscales
CFE : centre de formalités des entreprises
CJUE : Cour de justice de l’Union européenne
CMF : Code monétaire et financier
Cnil : Commission nationale de l’informatique et des libertés
Cofrac : Comité français d’accréditation
CPC : Code de procédure civile
CPP : Code de procédure pénale
CS : conseil de surveillance
CSE : comité social et économique
DES : déclaration européenne de services
DG : directeur général
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DGDDI : direction générale des douanes et droits indirects
DGFiP : direction générale des finances publiques
DGU : directeur général unique
DPEF : déclaration de performance extra-financière
DPO : délégué à la protection des données
DPS : droit préférentiel de souscription
EPIC : établissement public à caractère industriel et commercial
ETI : entreprises de taille intermédiaire
GEIE : groupement européen d’intérêt économique
GES : gaz à effet de serre
GIE : groupement d’intérêt économique
ICANN : Internet Corporation for Assigned Names and Numbers
ICO : Initial Coin Offering
IFI : impôt sur la fortune immobilière
Inpi : Institut national de la propriété industrielle
IS : impôt sur les sociétés
JAL : journal d’annonces légales
JO(RF) : Journal officiel de la République française
JOUE : Journal officiel de l’Union européenne
LPF : livre des procédures fiscales
LRAR : lettre recommandée avec avis de réception
LRE : lettre recommandée électronique
MARD : modes alternatifs de règlement des différends
Oceane : obligations convertibles échangeables en actions nouvelles ou existantes
OPA : offre publique d’achat
OPE : offre publique d’échange
OPR : offre publique de retrait
OPRA : offre publique de rachat d’actions
OTI : organisme tiers indépendant
PARL EXPERT : procédures alternatives de résolution de litiges (Afnic)
PCA : président du conseil d’administration
PCS : président du conseil de surveillance
PEA : plan d’épargne en actions
PME : petites et moyennes entreprises
PSFP : prestataire de services de financement participatif
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PV : procès-verbal
RCS : registre du commerce et des sociétés
RGPD : règlement général sur la protection des données
RM : répertoire des métiers
SA : société anonyme
SARL : société à responsabilité limitée
SAS/SASU : société par actions simplifiée/société par actions simplifiée unipersonnelle
SCA : société en commandite par actions
SCI : société civile immobilière
SCS : société en commandite simple
SE : société européenne
SFA : sauvegarde financière accélérée
SNC : société en nom collectif
SYRELI : système de résolution de litiges (Afnic)
TJ : tribunal judiciaire
TPE : très petites entreprises
TSDD : titre subordonné à durée déterminée
TSDI : titre subordonné à durée indéterminée
TSR : titre subordonné remboursable
TSS : titre super-subordonné
TUP : transmission universelle de patrimoine
TVA : taxe sur la valeur ajoutée
VAD : vente à distance
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DSCG1
1 Négociation et formation
du contrat
Mots-clés
Acceptation • Accord partiel • Bonne foi • Négociation • Offre • Pacte de préférence
• Promesse unilatérale
L’auteur peut se rétracter tant qu’elle n’est pas parvenue à son destinataire. Une fois
parvenue, elle est caduque dès la fin du délai fixé ou, en l’absence de délai, après un délai
raisonnable. À défaut, en cas de préjudice, des dommages et intérêts sont dus.
B. L’acceptation
Définition
L’acceptation est une réponse pure et simple à l’offre.
Elle peut être expresse ou tacite mais elle nécessite une manifestation extérieure de
volonté car le principe est que le silence ne vaut pas acceptation sauf :
–– lorsque les parties prévoient que le silence vaut acceptation ;
–– en cas de relations d’affaires antérieures et continues ;
–– en cas d’usage de la profession des parties selon lequel le silence vaut acceptation ;
–– lorsque l’offre a été faite dans le seul intérêt de son destinataire ;
–– lorsque le silence vaut acceptation du fait des circonstances qui l’ont entouré.
LE + DE L’EXPERT
La référence à l’accord partiel dans le contrat définitif permet, en cas de litige,
au juge ou à l’arbitre d’interpréter le contrat à la lumière de celui-ci.
Code civil, art. 1128. Sont nécessaires à la validité d’un contrat : 1° le consentement
des parties ; 2° leur capacité de contracter ; 3° un contenu licite et certain.
••Elle peut être physique ou morale et émaner du cocontractant ou d’un tiers. Pour être
cause de nullité, elle doit avoir un caractère déterminant, illégitime (la menace
Violence d’exercer une voie de droit n’est pas un cas de violence) et injuste.
••L’abus de l’état de dépendance est assimilé à la violence lorsqu’il confère à une partie
un avantage manifestement excessif.
Définition
La confirmation est une renonciation au droit de soulever la nullité du contrat. L’exécution
volontaire du contrat par celui qui connaissait l’existence d’une cause de nullité relative est
analysée en une confirmation tacite du contrat. La confirmation empêche son auteur non
seulement d’agir en nullité, mais aussi d’opposer la nullité par voie d’exception.
En cas de nullité relative, la réforme du droit des contrats a créé une action interrogatoire
pour les parties au contrat. Ainsi, une partie peut demander à celle qui peut se prévaloir
d’une nullité soit d’agir en nullité dans un délai de six mois à peine de forclusion, soit
de confirmer le contrat.
Un certain formalisme doit être respecté (écrit mentionnant la conséquence d’une
absence de réponse dans le délai de 6 mois).
On dit qu’elle est « perpétuelle ». Ainsi, par ce moyen de défense, si le délai de pres-
cription de l’action en nullité est dépassé, il est impossible de demander restitution ou
à l’inverse il est impossible d’obtenir l’exécution du contrat. La perpétuité de l’excep-
tion de nullité n’est possible uniquement si le contrat n’a pas reçu de commencement
d’exécution.
La nullité entraîne l’effacement du contrat et donc chaque partie doit restituer les pres-
tations en nature ou en valeur sauf :
•• Pour les contrats à exécution successive, car il n’y a pas d’effet rétroactif.
•• Pour incapacité d’un contractant, car la restitution porte sur ce qui « a tourné à son
profit », c’est-à-dire sur ce qu’il a encore en sa possession.
•• Pour les contrats immoraux, car l’action en restitution est paralysée par l’application
de l’adage « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».
•• Pour les meubles, car intervient la règle « En fait de meubles, possession vaut titre »
selon laquelle le sous-acquéreur de bonne foi ne peut se voir opposer la revendication
du bien par son véritable propriétaire.
C. La caducité
Définition
La caducité correspond à la fin du contrat liée à la disparition de l’un de ses éléments
essentiels après sa conclusion.
LE + DE L’EXPERT
La nullité partielle d’un contrat est possible si deux conditions cumulatives sont
réunies :
–– la cause de nullité ne doit affecter qu’une partie des clauses du contrat ;
–– les clauses concernées ne doivent pas avoir été déterminantes pour le consente-
ment d’une des parties.
• Code civil, article 1103. Les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui
les ont faits.
• Code civil, article 1104. Les contrats doivent être négociés, formés et exécutés de
bonne foi.
Code civil, art. 1190. Dans le doute, le contrat de gré à gré s’interprète contre le créancier
et en faveur du débiteur, et le contrat d’adhésion contre celui qui l’a proposé.
La théorie de l’imprévision
S’est posé le problème de savoir si, face à un contrat à exécution successive, équilibré au
moment de sa formation mais qui, par la suite, se montre plus que défavorable à l’une
des parties, le juge avait le pouvoir de le rééquilibrer pour imprévision. Longtemps refu-
sée par le Cour de cassation, la réforme du droit des contrats accepte l’imprévision et
donne pouvoir aux parties de demander au juge d’adapter le contrat. À défaut d’accord,
le juge peut réviser le contrat ou y mettre fin.
Ainsi plusieurs étapes sont prévues pour que le contrat soit modifié afin de permettre
un accord des parties avant la saisie du juge.
Étapes d’adaptation/révision d’un contrat
Même face aux tiers absolus, le contrat crée une situation juridique qu’ils ne peuvent
ignorer. De même, les parties peuvent leur opposer leur contrat pour, par exemple, enga-
ger la responsabilité de ceux qui ont aidé à violer l’obligation contractuelle (exemple du
débauchage) et ce à condition que les tiers aient eu connaissance du contrat. Enfin, un tiers
peut se prévaloir du contrat si son exécution ou sa mauvaise exécution lui porte préjudice.
Ce principe interdit aux créanciers d’intervenir sur le contrat conclu par leur débiteur ;
cependant, comme ils détiennent un droit de gage général sur les biens de ce dernier,
ils peuvent exercer l’action oblique leur permettant de se substituer à leur débiteur
négligent ou l’action paulienne afin d’attaquer un acte frauduleux de leur débiteur pour
qu’il ne leur soit pas opposable.
Pour les ayants cause à titre particulier, c’est-à-dire ceux qui n’ont acquis de leur auteur
qu’un ou plusieurs droits ou biens déterminés (ex. : un acheteur face au vendeur), le
principe applicable est celui d’intransmissibilité des créances relatives au bien acquis.
Mais comme certaines n’ont d’intérêt que pour le propriétaire du bien, la jurisprudence
admet la transmission des droits comme accessoires de la chose du moment qu’ils sont
indissociables. Ainsi, le sous-acquéreur a une action directe en responsabilité contre
le vendeur initial, ce droit s’est transmis avec la chose (ex. : action pour vices cachés).
B. Les dérogations
Il existe de nombreuses dérogations à l’effet relatif du contrat.
Effet relatif du contrat : exceptions
LE + DE L’EXPERT
La simulation est une opération par laquelle des parties concluent un contrat (contre-
lettre) qu’elles choisissent de garder secret en faisant croire aux tiers qu’elles ont
conclu un autre contrat (contrat apparent). Entre les parties, seule la contre-lettre
produit des effets. Les tiers, en revanche, peuvent se prévaloir vis-à-vis des parties
soit de l’acte apparent, soit de la contre-lettre.
B. L’exécution forcée
Il s’agit, pour le créancier, d’obtenir ce qui a été prévu au contrat et non l’équivalent.
L’exécution forcée en nature est en principe de droit mais l’action n’est possible qu’après mise
en demeure du débiteur d’exécuter son obligation. Cependant elle est exclue dans deux cas :
– lorsqu’elle est impossible (impossibilité matérielle ou morale) ;
– lorsque le coût pour le débiteur est manifestement disproportionné par rapport à
l’intérêt qu’en retirerait le créancier.
Le créancier peut procéder de façon extrajudiciaire, aux frais du débiteur, au remplace-
ment de ce qui a été fait en violation d’une obligation. Pour ce faire, il doit d’abord mettre
en demeure le débiteur de s’exécuter en lui laissant un délai raisonnable. À défaut, il pourra
faire exécuter l’obligation par un tiers du moment que cela est fait à un coût raisonnable.
Pour pouvoir détruire ou faire détruire aux frais du débiteur ce qui a été fait en violation
de l’obligation, le créancier doit avoir l’autorisation préalable du juge.
C. La réduction du prix
Définition
La réduction ou réfaction du prix est la sanction de l’inexécution partielle d’une obligation
par une diminution proportionnelle du prix.
A. La résolution judiciaire
Lorsque le juge prononce la résolution, elle rétroagit au jour fixé par le juge ou à défaut
au jour de l’assignation. Le Code civil précise les conditions dans lesquelles la résolution
donne lieu à des restitutions.
Code civil, art. 1229. Lorsque les prestations échangées ne pouvaient trouver leur
utilité que par l’exécution complète du contrat résolu, les parties doivent restituer
l’intégralité de ce qu’elles se sont procuré l’une à l’autre. Lorsque les prestations
échangées ont trouvé leur utilité au fur et à mesure de l’exécution réciproque du contrat,
il n’y a pas lieu à restitution pour la période antérieure à la dernière prestation n’ayant
pas reçu sa contrepartie.
B. La clause résolutoire
Les parties peuvent écarter le recours au juge en insérant une clause résolutoire
(ou pacte commissoire) précisant les engagements dont l’inexécution entraînera la réso-
lution du contrat de plein droit ou après mise en demeure infructueuse. La jurisprudence
impose que la clause résolutoire soit mise en application de bonne foi.
Si, malgré une telle clause le juge est saisi, il ne peut pas apprécier la proportionnalité
entre l’obligation inexécutée et la résolution imposée, il ne peut que regarder les condi-
tions d’application de la clause entre les parties. Cependant, si la clause est imprécise
ou équivoque, il retrouve ses pouvoirs et tranche sur la résolution ou non du contrat.
Certaines lois interdisent la clause résolutoire (par exemple dans un contrat de
travail).
C. La résolution unilatérale
Un contractant peut décider seul de rompre le contrat à la suite du manquement
de l’autre partie. Il faut une inexécution suffisamment grave. Sauf cas d’urgence,
le débiteur doit préalablement être mis en demeure de s’exécuter dans un délai
raisonnable. Si l’inexécution persiste, le créancier peut notifier au débiteur la réso-
lution en précisant les raisons qui la motivent. Cette résolution se fait aux « risques
et périls » du créancier. En cas de litige, il revient au créancier de prouver la gravité
de l’inexécution. À défaut, le juge lui fera supporter la responsabilité de la rupture
du contrat.
mais doit être prouvée dans les obligations de moyens) créant un préjudice (certain,
légitime, personnel et direct). Le préjudice peut être matériel, corporel ou moral mais
seul le dommage prévisible au moment de la conclusion du contrat est réparable sauf
en cas de dol ou de faute lourde. Enfin, il faut un lien de causalité entre le fait domma-
geable et le préjudice.
••Les deux parties sont libérées puisque les obligations réciproques se servent de cause mutuelle.
Les risques sont donc supportés par le débiteur de l’obligation impossible à exécuter. Le débiteur
de la chose ne pourra pas réclamer la contrepartie prévue.
••Cette règle n’est pas d’ordre public, ce qui permet aux parties d’en décider autrement
contractuellement et donc d’aménager les conséquences de la force majeure.
••Dans les contrats translatifs de propriété, les risques sont à la charge du propriétaire car ils sont
transmis en même temps que la propriété dès la formation du contrat. Ainsi si la chose vient
à périr entre la conclusion du contrat et la livraison, l’acheteur reste tenu de payer le prix même
si en contrepartie il ne reçoit pas le bien. Il existe une limite à cela : lorsque la personne qui n’est
plus propriétaire est mise en demeure de livrer le bien et que ce dernier périt entre la date de la
mise en demeure et la date de livraison, les risques sont alors pour la personne qui aurait dû livrer.
••Les parties peuvent aménager ce principe en dissociant au contrat le transfert de propriété
du transfert des risques et peuvent aussi envisager les suites à donner au cas de force majeure.
Pour constituer une cause d’exonération totale, la faute d’un tiers doit remplir les carac-
tères de la force majeure. À défaut, la faute ne relève que de l’exonération partielle.
Les clauses limitatives de responsabilité peuvent ••Ces clauses sont valables si elles ne
être employées par un débiteur qui ne souhaite contredisent pas une obligation essentielle :
pas réparer un dommage mais accepte d’en selon l’article 1170 du Code civil, toute clause
réparer d’autres. qui prive de sa substance l’obligation essentielle
du débiteur est réputée non écrite.
Les clauses élusives de responsabilité ou de non- ••Elles ne peuvent pas permettre à la partie qui
responsabilité dégagent de sa responsabilité le en bénéficie de s’exonérer de son dol ou de sa
cocontractant qui n’exécute pas une obligation. faute lourde.
La clause pénale revêt une fonction comminatoire : par son montant élevé, elle vise à
contraindre le débiteur à exécuter son obligation. Le juge peut modifier le montant des
dommages et intérêts en cas de sommes « manifestement excessives ou dérisoires ». S’il
diminue la somme, il doit tout de même rester au-dessus du montant réel du dommage.
Le montant de la clause pénale peut aussi être révisé lorsque l’inexécution n’est que partielle.
LE + DE L’EXPERT
En matière de réparation, les juges du fond ont tendance à diminuer le montant de la
clause pénale en l’absence de préjudice ou en cas de faible préjudice.
1 Le contrat de vente
Code civil, art. 1582 al.1. La vente est la convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une
chose et l’autre à la payer.
Le vendeur doit mettre le bien à la disposition de l’acheteur ; c’est donc à ce dernier de la retirer
(bien meuble) à ses frais dans le délai prévu au contrat, à défaut dans un délai raisonnable. En cas
d’inexécution, le vendeur peut demander l’exécution forcée ou il peut déclarer unilatéralement,
sans avoir besoin de mise en demeure préalable, que le contrat est résolu (dérogation au droit
commun).
2 Le contrat d’entreprise
Définition
Le contrat d’entreprise est la convention par laquelle un entrepreneur s’engage contre
rémunération à réaliser au bénéfice d’un donneur d’ordre, ou maître de l’ouvrage, un travail,
de façon indépendante et sans le représenter.
Le contrat d’entreprise répond aux règles générales quant à sa formation. Les parties ont
tout intérêt à préciser la prestation attendue de façon la plus complète et les modalités
de son exécution (le contrat doit mentionner si la sous-traitance est possible).
24 Contrats de vente et d’entreprise
Fiche 5
LE + DE L’EXPERT
Malgré l’existence d’un contrat de sous-traitance, l’entrepreneur principal reste éga-
lement responsable de l’exécution du contrat envers le maître de l’ouvrage.
3 Le contrat de franchise
Définition
Le contrat de franchise est une convention par laquelle une personne (le franchiseur) met
à la disposition d’une autre (franchisé) un savoir-faire original ainsi que des signes distinctifs
(marque, enseigne).
Obligations du franchiseur
Obligations du franchisé
••Respecter les normes fixées par le franchiseur et les conditions d’exploitation nécessaires
au maintien de l’image de marque du produit et du réseau.
••Ne pas vendre dans son territoire des produits ou services qui pourraient concurrencer
ceux du franchiseur.
••Ne pas exploiter la franchise en dehors de la zone géographique délimitée.
••S’approvisionner exclusivement ou quasi exclusivement auprès du franchiseur et/ou
des fournisseurs référencés par lui.
••Payer une redevance.
••Respecter une éventuelle clause de non-affiliation (empêchant de rejoindre ou créer une chaîne
concurrente à l’ancien franchiseur) ou clause de non-concurrence.
LE + DE L’EXPERT
L’une des grandes différences entre la franchise et la concession réside dans
l’approvisionnement exclusif qui est obligatoire dans la franchise, facultatif dans
la concession.
1 Le contrat d’assurance
A. Les règles générales
Définition
Le contrat d’assurance est un contrat par lequel un organisme, l’assureur, s’engage envers
une ou plusieurs personnes, les assurées, à couvrir, moyennant le paiement d’une somme
d’argent dite « prime d’assurance », une catégorie de risques déterminés par le contrat ou
« police d’assurance ». Les risques doivent être indépendants de la volonté des parties.
Contrat d’assurance
C. Le contrat d’assurance-vie
Définition
L’assurance-vie est une convention par laquelle l’assureur s’engage envers le souscripteur
à verser un capital ou une rente à un bénéficiaire en cas de décès de l’assuré, ou à l’assuré
lui-même s’il est toujours en vie à l’échéance du contrat.
2 La transaction
La transaction fait partie des modes alternatifs de règlement des conflits et l’ar-
ticle 2044 du Code civil la définit comme un « contrat par lequel les parties terminent
une contestation née ou préviennent une contestation à naître ».
La transaction doit obligatoirement mettre en présence trois éléments à savoir :
–– une contestation ;
–– une intention de transiger ;
–– des concessions réciproques.
La transaction met fin au litige mais ne règle que les différends qu’elle contient. Elle
rend alors impossible toute action en justice ou toute poursuite d’action ayant le même
objet. Elle a force obligatoire entre les parties ( fiche 3). Ainsi, en cas d’inexécution,
il est possible d’invoquer, face à la partie défaillante, toutes les sanctions pour mauvaise
exécution ou inexécution du contrat ( fiche 4).
LE + DE L’EXPERT
L’assurance « homme-clé » permet à l’entreprise de se prémunir contre le risque
de décès ou d’invalidité d’une personne qu’elle considère comme essentielle à sa
bonne marche.
Définition
La procédure pénale permet la mise en œuvre du droit pénal. Elle vise au rassemblement
des preuves, ainsi qu’à la recherche des auteurs et leurs jugements.
En principe elle est exercée par Elle est exercée par tous ceux qui ont
Exercice le ministère public qui est le juge personnellement souffert du dommage
de l’opportunité des poursuites. directement causé par l’infraction.
• Soit par le ministère public • Les parties civiles peuvent exercer leur
(avertissement, citation directe, action soit devant les juridictions civiles
convocation, comparution soit devant les juridictions répressives.
immédiate, réquisitoire introductif L’action devant le juge pénal est possible
d’instance). tant qu’il n’y a pas eu prescription
Mise en
• Soit par la victime (citation directe de l’action publique.
mouvement
ou plainte avec constitution de • Le résultat de l’action civile devant
partie civile). les juridictions civiles dépend de l’action
publique : la chose jugée au pénal
a autorité sur le civil et s’impose donc
à lui.
2 L’instruction préparatoire
Définition
Les juridictions d’instruction ont en charge l’instruction préparatoire ou « information
judiciaire ».
L’instruction est obligatoire pour les crimes, facultative pour les délits et en principe
inexistante pour les contraventions, mais le procureur de la République peut la demander.
Éléments de procédure pénale 33
Fiche 8
A. Le juge d’instruction
Le juge d’instruction (JI) est choisi parmi les membres du tribunal judiciaire et nommé
par décret présidentiel. Son rôle consiste à rassembler les preuves et informations
nécessaires et utiles à la manifestation de la vérité. Saisi par le ministère public, il instruit
à charge et à décharge. Il ne peut s’autosaisir de faits nouveaux sans avoir demandé au
procureur un réquisitoire supplétif.
Quand le juge d’instruction exerce son pouvoir juridictionnel, il rend des ordonnances
susceptibles d’appel devant la chambre de l’instruction.
Le juge d’instruction dispose de larges pouvoirs :
•• Les actes d’information auxquels il peut procéder sont les perquisitions, les saisies, les
écoutes téléphoniques, les expertises et les enquêtes de personnalité, les confronta-
tions et auditions. Il peut entendre toute personne dont la déposition lui paraît utile.
•• Il peut mettre en examen une personne à l’encontre de laquelle il existe des « indices
graves et concordants » laissant penser qu’elle est auteur ou complice. Le principe est
le maintien en liberté mais la personne peut être placée sous contrôle judiciaire ou pla-
cée en détention provisoire sur décision du juge des libertés et de la détention (JLD).
•• Il peut prendre des mandats exécutables sur tout le territoire :
–– le mandat de comparution, mise en demeure de se présenter au juge à la date et
heure indiquées afin d’être soumis à un interrogatoire immédiat.
–– le mandat d’amener, ordre du juge adressé à la force publique de conduire immé-
diatement devant lui la personne désignée.
–– le mandat d’arrêt, ordre du juge adressé à la force publique de rechercher la per-
sonne désignée et de la conduire à la maison d’arrêt.
Ordonnance de mise La personne visée est laissée en liberté mais est soumise
sous contrôle judiciaire à des obligations (comme des limitations de sa liberté de déplacement).
B. La chambre de l’instruction
La chambre de l’instruction est une section de la cour d’appel, de formation collégiale
(1 président ; 2 conseillers ; 1 greffier et 1 représentant du ministère public) qui se réunit
au moins une fois par semaine.
Opposition Lorsque la partie n’a pu comparaître pour motif légitime, elle peut former
opposition devant la juridiction qui a statué, avec effet extinctif.
Pourvoi Les cas sont définis par la loi. Il a un effet dévolutif. Si le pourvoi est infondé
la Cour rend un arrêt de rejet qui termine définitivement le procès ; sinon elle casse
en cassation
la décision et renvoie devant une juridiction de même niveau.
Demande Les cas d’ouverture sont restreints (ex. : faux témoignages, révélation de faits
nouveaux). Une commission spéciale examine la demande et, si elle l’admet, saisit
en révision
la chambre criminelle.
Saisine Après avoir épuisé toutes les voies de recours internes, tout justiciable peut
saisir la CEDH s’il estime qu’un de ses droits issu de la convention européenne
de la CEDH
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales a été violé.
LE + DE L’EXPERT
La loi du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l’institution judiciaire limite
l’enquête préliminaire à 2 ans, durée prorogeable d’un an sur décision du parquet.
Le débat contradictoire s’ouvre dès l’enquête préliminaire, offrant à la victime
comme au suspect un accès facilité au dossier ainsi que la possibilité d’émettre des
observations. Le recours à la médiation pénale est développé.
La majorité pour la condamnation en cour d’assises en premier ressort passe de six à
sept 7 voix. Le rappel à la loi est supprimé et un avertissement pénal probatoire est
créé. Enfin, sauf exceptions, une libération sous contrainte automatique est possible
3 mois avant la fin de la peine d’emprisonnement.
1 L’infraction
A. Les éléments constitutifs
Une infraction nécessite la réunion de trois éléments : un élément légal, un élément
matériel, un élément moral.
• Le principe de la légalité des infractions est connu sous l’adage « Pas de peine sans texte ».
• La loi applicable est celle en vigueur au jour de la commission de l’infraction. Il n’y a pas
en principe de rétroactivité des lois, sauf si la nouvelle loi est plus clémente que l’ancienne.
Élément matériel
• L’acte peut être une action que la loi interdit ou une omission, c’est-à-dire que l’auteur ne fait pas
ce qu’il avait obligation de faire. Le principe est que l’infraction n’est punissable que si elle a été
commise ou tentée.
• Selon l’article L. 121-5 du CP, « la tentative est constituée dès lors que, manifestée par
un commencement d’exécution, elle n’a été suspendue ou n’a manqué son effet qu’en raison
de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur ». La tentative suppose une intention
coupable, un commencement d’exécution et un arrêt involontaire (ex. : arrivée de la police).
En matière de crime, la tentative est toujours punissable et, en matière de délits, elle ne l’est
que si un texte le prévoit ; elle n’existe pas en matière de contravention.
Élément moral
Pour les infractions occultes ou dissimulées, comme l’abus de biens sociaux, la loi pré-
cise que le délai de prescription de l’action publique ne commence à courir qu’à p artir de
leurs découvertes. Mais la loi fixe un délai butoir, à compter de leur commission, au-delà
duquel l’infraction est prescrite. Ce délai est de 12 ans pour les délits et de 30 ans pour
les crimes.
Code pénal, art. 121-7. Est complice d’un crime ou d’un délit, la personne qui sciemment,
par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation. Est également
complice, la personne qui, par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir,
aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre.
Définition
L’acte de complicité est un acte intentionnel, positif, antérieur ou concomitant à l’acte prin-
cipal (une infraction commise ou tentée).
3 La peine
Définition
La peine sanctionne l’auteur d’une infraction et en favorise l’insertion ou la réinsertion.
On distingue la peine principale (amende et/ou une peine de prison) et la peine com-
plémentaire, qui s’ajoute à la peine principale qu’elle peut remplacer quand la loi le
permet.
La peine est fonction de la gravité de l’infraction et de l’historique. En cas de circonstances
aggravantes, le juge peut dépasser les plafonds prévus. Il existe des circonstances aggra-
vantes objectives : l’action en bande organisée, la préméditation, l’effraction, l’escalade
et l’arme. Il existe aussi des circonstances aggravantes personnelles qui tiennent à la
qualité du délinquant (profession) ou de la victime (âge, lien de parenté).
Le juge peut, par le sursis, décider de dispenser une personne de l’exécution de sa peine.
Les causes d’extinction de la peine sont le décès ou la dissolution, la prescription,
l’amnistie ou la grâce présidentielle ou la réhabilitation, le relèvement des interdictions,
incapacités et déchéances.
LE + DE L’EXPERT
Les infractions non intentionnelles sont rares en droit pénal général mais fréquentes
en droit pénal des affaires (ex. : absence de convocation d’une assemblée).
Code pénal, art. 314-1 (élément légal). [L’abus de confiance est] le fait pour une
personne de détourner au préjudice d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque
qui lui ont été remis et qu’elle a accepté à charge de les rendre, de les représenter ou d’en
faire un usage déterminé.
Il existe un lien contractuel entre l’auteur et la victime puisque cette dernière a remis
volontairement la chose, l’auteur a détourné le bien ou en a fait un usage au but diffé-
rent que celui fixé d’un commun accord. L’auteur agit de mauvaise foi (élément moral).
Sanctions de l’abus de confiance
• 3 ans d’emprisonnement et 375 000 € d’amende
Personnes physiques
• Peines complémentaires éventuelles
• Amende 5 fois plus élevée
Personnes morales
• Peines complémentaires éventuelles
B. L’escroquerie
Code pénal, art. 313-1 (élément légal). L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un
faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de
manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer
ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs, ou un bien
quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge.
C. Le recel
Code pénal, art. 321-1 (élément légal). Le recel est le fait de dissimuler, de détenir ou de
transmettre une chose, ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre, en sachant
que cette chose provient d’un crime ou d’un délit. Constitue également un recel le fait, en
connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d’un crime ou d’un délit.
Sanctions du recel
••5 ans d’emprisonnement et 375 000 € d’amende
Personnes physiques (ou jusqu’à la moitié de la valeur des biens recelés)
••Peines complémentaires éventuelles
••Amende 5 fois plus élevée
Personnes morales
••Peines complémentaires éventuelles
D. Le faux
Code pénal, art. 441-1 (élément légal). Constitue un faux toute altération frauduleuse
de la vérité de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit,
dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée, qui a pour objet ou qui peut
avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques.
Le support sur lequel le faux est réalisé doit être source d’un droit ou d’une obligation. Le
faux peut être matériel et/ou intellectuel (faux dans son contenu) mais l’altération doit
être substantielle. Le faussaire doit avoir agi volontairement en connaissance de cause,
peu importe qu’il ait ou non tiré profit de la falsification (élément moral).
Sanctions du faux
••3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende (ou jusqu’à la moitié
de la valeur des biens recelés)
Personnes physiques
••Peines complémentaires éventuelles (ex. : interdiction de droit
civiques, civils ou de famille, exclusion des marchés publics)
Ce délit est puni d’un emprisonnement de 5 ans et de 375 000 € d’amende. Il faut une
volonté de dissimuler la vraie situation de la société (élément moral).
L’abus de biens sociaux est sanctionné par une peine de 5 ans d’emprisonnement et de
375 000 € d’amende. L’abus de biens sociaux est une forme adaptée aux SARL de l’abus
de confiance.
L’acte porte atteinte au patrimoine de la société qui subit un préjudice matériel. L’élé-
ment moral est caractérisé en cas de mauvaise foi du dirigeant et de recherche d’un
intérêt personnel, direct ou indirect.
3 Le blanchiment
Définition
Selon le code pénal, le blanchiment est le fait de faciliter, par tout moyen, la justification
mensongère de l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un crime ou d’un délit ayant
procuré à celui-ci un profit direct ou indirect. Constitue également un blanchiment le fait
d’apporter un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du
produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit.
Sanctions du blanchiment
••5 ans d’emprisonnement et 375 000 € d’amende
(ou jusqu’à la moitié de la valeur des biens ou fonds banchis)
Personnes physiques ••Aggravation en cas en cas d’habitude, de facilités procurées
par l’exercice d’une activité professionnelle et en cas de bande
organisée (jusqu’à 10 ans d’emprisonnement en plus de l’amende)
LE + DE L’EXPERT
Le Code monétaire et financier sanctionne trois cas d’abus de marché : le délit d’ini-
tié, la manipulation de cours et la diffusion de fausses informations sur la situation
d’un émetteur ou sur le cours d’un instrument financier.
LE + DE L’EXPERT
Le point de départ de la prescription à l’encontre du commissaire aux comptes est
fixé au plus tard au jour de la certification des comptes.
Sont visés sous le vocable « droit des concentrations d’entreprises » tous les secteurs
d’activité en matière de fusions, prises de contrôle et créations d’entreprises communes
autonomes.
B. La procédure
Notification à la Commission de l’OPA/OPE avant sa réalisation et après la conclusion de l’accord
ou de l’acquisition d’une participation de contrôle.
La Commission mène une enquête. Pour prendre sa décision elle prend en compte :
– la nécessité de préserver ou développer une concurrence effective dans le marché commun
– la position sur le marché des entreprises et de leur puissance économique et financière
– les choix des fournisseurs et des utilisateurs et leur accès aux sources d’approvisionnement
– l’apport de la concentration au progrès technique et économique
La commission émet
Accepte car l’opération des doutes sérieux
n’entrave pas le marché La Commission rend une décision sur la compatibilité.
ou une partie substantielle dans les 25 jours. Elle dispose
de celui-ci. de 90 jours
pour une inspection
approfondie.
25 jours 25 jours
Autorisation sous réserve Déclenchement
de réalisation effective Autorisation un examen Absence
des engagements pris approfondi de décision
65 jours 65 jours
Silence
Le ministre de l’Économie peut statuer sur Information Accord
l’opération pour des motifs d’intérêt général du ministre pendant
autres que le maintien de la concurrence. de l’Économie 25 jours
LE + DE L’EXPERT
Le contrôle français s’opère quand l’opération n’entre pas dans le champ du contrôle
européen. Selon le principe du guichet unique, dès qu’une opération de concentra-
tion revêt une dimension communautaire, la compétence des autorités nationales
est exclue, au profit de la Commission européenne.
1 Les ententes
A. L’interdiction des ententes
Définitions
• Au sens du droit européen, l’entente est soit un accord d’entreprise, soit une décision
d’associations d’entreprises, soit une pratique concertée.
• Au sens du droit interne, l’entente est toute convention, coalition, action concertée et
entente expresse ou tacite.
Peu importe que l’accord soit entre concurrents (accord horizontal) ou entre non-
concurrents (accord vertical). Peu importe qu’il y ait un contrat, une simple pratique
suffit à caractériser l’entente.
Ententes interdites
Droit européen (TUE, art. 81) Droit français (C. com., art. L. 420-1)
Les ententes susceptibles d’affecter le commerce Les ententes ayant pour objet ou pouvant
entre États membres et qui ont pour objet ou pour avoir pour effet d’empêcher, de restreindre
effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser ou de fausser le jeu de la concurrence sur un
le jeu de la concurrence à l’intérieur du marché marché, notamment lorsqu’elles tendent à :
commun, et notamment ceux qui consistent à : • limiter l’accès au marché ou le libre exercice
• fixer de façon directe ou indirecte les prix de la concurrence par d’autres entreprises ;
d’achat ou de vente ou d’autres conditions • faire obstacle à la fixation des prix par le libre
de transaction ; jeu du marché en favorisant artificiellement
• limiter ou contrôler la production, leur hausse ou leur baisse ;
les débouchés, le développement technique • limiter ou contrôler la production,
ou les investissements ; les débouchés, les investissements
• répartir les marchés ou les sources ou le progrès technique ;
d’approvisionnement ; • répartir les marchés ou les sources
• appliquer, à l’égard de partenaires commerciaux, d’approvisionnement.
des conditions inégales à des prestations
équivalentes en leur infligeant de ce fait
un désavantage dans la concurrence ;
• subordonner la conclusion de contrats à
l’acceptation, par les partenaires, de prestations
supplémentaires qui, par leur nature ou selon
les usages commerciaux, n’ont pas de lien
avec l’objet de ces contrats.
B. Les exemptions
Les exemptions catégorielles, au niveau européen, sont édictées par règlement de la
Commission ou du Conseil, et au niveau national par décret après avis de l’Autorité de
la concurrence.
Les exemptions individuelles concernent les ententes qui contribuent à améliorer la
production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou éco-
nomique (le droit français ajoute « y compris par la création ou le maintien d’emplois »),
tout en réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte, et sans :
–– imposer aux entreprises intéressées des restrictions qui ne sont pas indispensables
pour atteindre ces objectifs ;
–– donner à des entreprises la possibilité, pour une partie substantielle des produits en
cause, d’éliminer la concurrence ».
••Imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions
de transaction non équitables.
••Limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice
des consommateurs.
••Appliquer à l’égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des prestations
équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence.
••Subordonner à la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires, de prestations
supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien
avec l’objet de ces contrats.
Sanctions européennes
L’Autorité de la concurrence peut ordonner aux intéressés de mettre fin aux pratiques dans un délai
fixé ou imposer des conditions particulières.
Elle peut infliger une amende immédiatement ou en cas de non-respect des injonctions.
Le montant dépend de la gravité des faits, de l’importance du dommage causé et de la situation.
••S’il ne s’agit pas d’une entreprise : amende de 3 millions d’€ maximum.
••S’il s’agit d’une entreprise :
––procédure normale : amende de 10 % maximum du chiffre d’affaires mondial hors taxe ;
––procédure simplifiée : amende maximale de 750 000 € pour chaque auteur.
Les entreprises peuvent faire l’objet d’une mesure de clémence (pour les ententes uniquement)
ou d’une mesure de transaction.
Les décisions de l’Autorité de la concurrence sont publiées.
••Au niveau civil : la nullité de la pratique est encourue ainsi que des dommages et intérêts
pour les victimes.
••Sanction pénale en cas de participation frauduleuse, personnelle et déterminante à une entente
illicite ou un abus de position dominante : 75 000 € d’amende et 4 ans d’emprisonnement.
LE + DE L’EXPERT
Les avis et recommandations de l’Autorité de la concurrence sont consultables en
ligne (http://www.autoritedelaconcurrence.fr).
1 La concurrence déloyale
Définition
Constitue un acte de concurrence déloyale tout acte de concurrence contraire aux usages
honnêtes en matière industrielle ou commerciale, qui se caractérise par la destruction de
l’avantage concurrentiel d’autrui ou par l’assimilation de l’avantage concurrentiel d’autrui.
Imitation
L’imitation d’un produit n’est pas interdite mais si elle crée ou risque de créer une confusion
dans l’esprit de la clientèle dans le but de la détourner, il y a acte de concurrence déloyale.
Si ce produit est protégé par une marque son imitation est qualifiée de contrefaçon.
Parasitisme
C’est l’ensemble des comportements par lesquels un agent économique s’immisce dans le sillage
d’un autre afin de profiter sans rien dépenser de ses efforts et de son savoir-faire.
Désorganisation
Elle regroupe de nombreux procédés dont le but est de nuire à l’organisation interne de l’entreprise
(divulgation de fichiers clients ou des secrets ou débauchage de salariés).
B. La tansparence de la facturation
La délivrance de la facture doit avoir lieu dès que la vente ou la prestation de services est
réalisée. La facture doit mentionner le nom des parties, leur adresse, la date de la tran-
saction, la quantité et la dénomination précise, le prix unitaire hors TVA, toute réduction
de prix, la date du règlement, les conditions d’escompte et le taux des pénalités exigibles
le jour suivant la date de règlement inscrite sur la facture. Les parties doivent conserver
un exemplaire du document pendant 3 ans. La sanction est une amende de 75 000 €
pour les personnes physiques et de 375 000 € pour les personnes morales.
LE + DE L’EXPERT
Les annonces de réduction de prix pratiquées pendant les soldes ne doivent pas
constituer une pratique commerciale déloyale au sens de l’article L. 121-1 du Code
de la consommation. Dans tous les cas, le prix d’origine doit être clairement affiché
par le commerçant.
B. L’hébergement
Dans le cadre du commerce électronique, les hébergeurs proposent de multiples ser-
vices mais leur obligation première est bien évidemment la mise à disposition d’un
espace mémoire : il faut donc veiller à la capacité proposée et aux possibilités d’évolu-
tion. L’hébergeur devra préciser les possibilités techniques offertes : nombre de visiteurs
simultanés possibles, taux de disponibilité, l’assistance… Le contrat doit prévoir que
ces données demeurent la propriété exclusive de l’hébergé et qu’à ce titre elles seront
intégralement restituées à leur titulaire au terme du contrat.
Le fournisseur d’hébergement ne peut voir sa responsabilité civile et pénale engagée en
cas de contenu illicite sauf s’il a une connaissance effective du caractère illicite et qu’il
n’a pas agi au plus vite pour retirer ces données ou en rendre l’accès impossible.
▸▸Exemple
La Cour de cassation a décidé que Dailymotion était un hébergeur, qualité qu’elle a refusé à
eBay car le site assiste les vendeurs en leur donnant des informations pour leur permettre de
mettre en valeur la description des objets et d’optimiser ainsi les ventes. ◂
deux procédures extrajudiciaires (SYRELI et PARL EXPERT) mises en place par l’Afnic afin
de récupérer ou de faire supprimer un nom de domaine.
C. Les litiges
La responsabilité du cybercommerçant
La loi pour la confiance dans l’économie numérique et le Code de la consommation
disposent que « toute personne physique ou morale exerçant l’activité de commerce
électronique est responsable de plein droit à l’égard de l’acheteur (le professionnel
est responsable de plein droit à l’égard du consommateur) de la bonne exécution des
obligations résultant du contrat, que ces obligations soient à exécuter par elle-même
(le professionnel qui a conclu ce contrat) ou par d’autres prestataires de services, sans
préjudice de son droit de recours contre ceux-ci ».
Le cybercommerçant est donc responsable non seulement de son fait, mais encore
du fait de tous ceux qui ont participé à l’exécution du contrat (sous-traitants, trans-
porteurs, etc.).
••Les contractants professionnels peuvent choisir la loi applicable, le juge ou l’arbitre compétent.
Au sein de l’Union européenne c’est la loi de l’État membre d’établissement de l’opérateur de
commerce électronique qui s’applique.
••En l’absence de clause, la loi applicable est celle du pays dans lequel la partie fournissant
la prestation (le cybercommerçant) a sa résidence habituelle ou son siège au moment de
la conclusion du contrat. Quant aux juridictions compétentes, le demandeur peut saisir les
tribunaux de l’État sur le territoire duquel le défendeur a son domicile ; ou le tribunal du lieu où
l’obligation servant de base à la demande doit être exécutée (le lieu où les marchandises doivent
être livrées ou les services fournis).
Le droit européen permet au consommateur d’agir, tant en demande qu’en défense, devant
le juge de l’État dans lequel il a sa résidence. La loi applicable au contrat ne peut pas priver le
consommateur de la protection que lui assurent les dispositions impératives de la loi française
s’il a sa résidence habituelle en France.
LE + DE L’EXPERT
Certains points particuliers du contrat d’hébergement sont à vérifier, comme les cas
de suspension du contrat, les clauses concernant l’interface paiement sécurisé, les
clauses de confidentialité, les éventuelles clauses limitatives de responsabilité et la
restitution des données en fin de contrat.
L’article 1833 du Code civil modifié par la loi Pacte précise que « la société est gérée
dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environne-
mentaux de son activité ».
Les dirigeants doivent prendre en compte, dans leurs décisions de gestion, les enjeux
sociaux et environnementaux de l’activité sociale. La loi précise que les décisions n’en-
courent pas la nullité cas de non-respect de ces enjeux.
2 Le contenu de la DPEF
La DPEF présente :
• Le modèle d’affaires de la société en décrivant la société et ses activités avec les
chiffres clés, les principales ressources et produits et services délivrés.
Obligations de communication environnementale 63
Fiche 16
•• Des informations sur la manière dont la société prend en compte les conséquences
sociales et environnementales de son activité, avec les informations relatives :
–– aux conséquences sur le changement climatique de l’activité de la société et de l’usage
des biens et services qu’elle produit ;
–– à ses engagements sociétaux en faveur du développement durable, de l’économie circu-
laire, de la lutte contre le gaspillage alimentaire, de la lutte contre la précarité alimentaire,
du respect du bien-être animal et d’une alimentation responsable, équitable et durable ;
–– aux accords collectifs conclus dans l’entreprise et à leurs impacts sur la performance
économique de l’entreprise ainsi que sur les conditions de travail des salariés ;
–– aux actions visant à lutter contre les discriminations et promouvoir les diversités ;
–– aux mesures prises en faveur des personnes handicapées.
Elle doit présenter pour chaque catégorie d’informations retenue les principaux risques
liés à l’activité de la société, les politiques incluant les procédures de diligence raison-
nable mises en œuvre pour prévenir, identifier et atténuer la survenance de ces risques
ainsi que les résultats de ces politiques.
La DPEF comprend :
•• Les données observées au cours de l’exercice clos et, le cas échéant, au cours de
l’exercice précédent à titre comparatif. Elle doit être publiée et consultable sur le site
Internet de la société dans un délai de 8 mois à compter de la clôture de l’exercice et
pendant une durée de 5 ans.
•• Le cas échéant, une explication claire et motivée des raisons justifiant le choix par la
société de ne pas appliquer de politique spécifique en matière de risque.
3 Le contrôle de la DPEF
Pour les sociétés cotées ou non dépassant 500 salariés et 100 millions d’€ de total de
bilan ou de CA, les informations sociales et environnementales doivent faire l’objet
d’une vérification par un organisme tiers indépendant (OTI) qui peut être le CAC s’il est
habilité par le Comité français d’accréditation (Cofrac).
Le rapport de l’OTI comporte :
•• Une attestation relative à la présence dans le rapport de gestion de toutes les infor-
mations prévues signalant, le cas échéant, les informations omises et non assorties
des explications utiles.
•• Un avis motivé sur :
–– la sincérité des informations figurant dans le rapport de gestion ;
–– les explications relatives, le cas échéant, à l’absence de certaines informations ;
–– les diligences mises en œuvre pour conduire la mission de vérification.
La vérification par l’OTI donne lieu à un avis transmis à l’assemblée des actionnaires ou
des associés simultanément au rapport de gestion.
LE + DE L’EXPERT
La loi dite « Climat » du 22 août 2021 impose la mention des postes d’émissions
directes et indirectes de gaz à effet de serre (GES) liés aux activités de transport
amont et aval ainsi que du plan visant à réduire ces émissions.
Code civil, art. 1832. La société est constituée par deux ou plusieurs personnes qui
conviennent par un contrat d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie
en vue de partager les bénéfices ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Elle
peut être instituée dans les cas prévus par la loi par l’acte de volonté d’une seule personne.
Les associés s’engagent à contribuer aux pertes.
• Les apports en numéraire doivent être totalement libérés dans les 5 ans suivant l’immatriculation
de la société. Les apports en nature doivent être évalués soit par un commissaire aux apports
(sociétés de capitaux et SARL sauf exceptions) soit par les associés eux-mêmes. Dans ce dernier
cas ou lorsque les associés ne retiennent pas la valeur proposée par le commissaire aux apports,
les associés sont tenus solidairement et indéfiniment de la valeur attribuée et ce pendant 5 ans
à compter de l’immatriculation. Dans les sociétés de personnes, des formalités complémentaires
peuvent être effectuées en raison du statut marital des associés.
• Les associés évaluent les apports en industrie, à défaut le Code civil dispose que l’apporteur
en industrie n’a droit qu’à une part dans les bénéfices égale à celle de l’apporteur en nature
ou en numéraire dont les apports sont les moins élevés.
Constitution d’une société 65
Fiche 17
Elle est en principe proportionnelle aux apports mais les statuts peuvent fixer une répartition
non égalitaire, sous réserve de l’interdiction de la clause léonine, clause attribuant à un seul associé
tous les bénéfices ou pertes, ou clause l’exonérant de tout bénéfice ou perte.
Affectio societatis
66 Constitution d’une société
Fiche 17
Conditions de fond
••Certaines activités interdites : celles réservées aux autres (ex. : débit de tabac réservé à la SNC).
••Activités réservées : sociétés d’investissement en valeurs mobilières, d’assurance et d’économie
mixte.
••Capital variable interdit sauf SICAV et coopératives.
••Apport en industrie interdit.
••Apport en numéraire libéré de moitié à la constitution, le reste dans les 5 ans maximum.
2 actionnaires, personnes physiques ou morales, 7 actionnaires, personnes physiques ou morales,
capables ou non, étrangers ou non. capables ou non, étrangers ou non.
Capital : 37 000 € sauf exceptions. Capital : 37 000 €.
Conditions de forme
••Éventuel projet établi par les fondateurs. ••Rédaction obligatoire d’un projet
••Évaluation obligatoire des apports en nature par les fondateurs, dépôt au greffe
et avantages particuliers par un CAA (rapport du tribunal de commerce. Publicité au Balo,
déposé 3 jours avant signature des statuts), note d’information avec visa de l’AMF.
sauf pour des valeurs mobilières donnant ••Signature des bulletins de souscription.
accès au capital ou des instruments du marché Dépôt de la moitié des apports en numéraire
monétaire ayant été évalués dans les 3 mois dans les 8 jours. Certificat du dépositaire.
précédents et les autres éléments d’actif déjà ••Convocation de l’assemblée constitutive
évalués par un CAA dans les 6 mois précédant 8 jours avant sa tenue inscrite au JAL
la réalisation effective de l’apport. et au Balo. Rapport du CAA.
••Dépôt de la moitié des apports en numéraire ••Tenue de l’assemblée constitutive
dans les 8 jours de la réception pour adopter les statuts et nommer
par les fondateurs. Certificat du dépositaire. les organes de gestion et le CAC et approuver
••Signature des statuts et approbation l’évaluation des apports et les actes passés
des éventuels actes passés durant la période durant la période constitutive.
constitutive. ••Enregistrement + JAL + RCS (CFE) + Bodacc.
••Enregistrement + JAL + RCS (CFE) + Bodacc.
Constitution d’une société 67
Fiche 17
Les sociétés immatriculées au RCS, à l’exception des sociétés cotées, doivent, sous peine
d’amende, déclarer au greffe du tribunal de commerce leurs bénéficiaires effectifs, c’est-
à-dire la ou les personnes physiques contrôlant de manière effective la société. Le béné-
ficiaire effectif est :
–– soit la ou les personnes physiques détenant directement ou indirectement, plus de
25 % du capital ou des droits de vote de la société déclarante ;
–– soit la ou les personnes physiques exerçant par d’autres moyens, un pouvoir de
contrôle sur les organes de gestion, d’administration ou de direction de la société
déclarante ou sur l’assemblée générale de ses associés ou actionnaires ;
–– soit, uniquement à défaut d’identification d’un bénéficiaire effectif, la ou les personnes
physiques occupant directement ou indirectement la position de représentant légal
de la société déclarante.
Ces sociétés doivent déclarer l’étendue du contrôle exercé par le bénéficiaire effectif,
c’est-à-dire indiquer le pourcentage précis de capital ou de droits de vote détenus.
LE + DE L’EXPERT
Le choix de la forme sociale dépend de l’activité de la société, de la responsabilité
des associés (indéfinie dans la SNC et la société civile) du nombre d’associés et
de leurs statuts (incapables mineurs ou majeurs, formalités en cas d’apports de
biens communs dans les sociétés de personnes), des apports (apports en industrie
interdits parfois), du montant des apports pour les sociétés à capital minimum, de
la liberté statutaire (SNC ou SAS), de la possibilité de céder ses titres librement
ou non, du statut social du dirigeant (le gérant majoritaire de la SARL est assimilé
à un travailleur indépendant), du régime fiscal.
68 Constitution d’une société
DSCG1
18 Fiscalité des apports
Mots-clés
Apport à titre onéreux • Apport mixte • Apport pur et simple • Droits d’enregistrement
• Droits sociaux • TVA
•• L’apport de plusieurs biens (ou un fonds de commerce) dont certains sont rémunérés
par des droits sociaux et d’autres par le paiement d’un prix ou la reprise d’un passif.
L’apporteur est libre de choisir les biens ou la part des biens apportés qui relèveront
des apports purs et simples ou des apports à titre onéreux, en fonction de l’importance
des droits applicables sur chaque bien pris séparément.
▸▸Exemple
Romain souhaite apporter à une société soumise à l’IR un immeuble (non soumis à la
TVA immobilière) dont la valeur est de 350 000 € avec un crédit de 100 000 € dessus.
Il souhaite également apporter des liquidités à hauteur de 50 000 €.
Comment calculer le montant d’impôt dû sur cet acte d’apport ? La solution aurait-elle été
similaire si Romain avait apporté l’immeuble et les liquidités à une société IS ?
L’apport effectué par Romain correspond à un apport mixte, un apport rémunéré à la
fois par des droits sociaux et par le paiement d’un prix (ou la prise en charge d’un passif).
Il apporte plusieurs biens (un immeuble avec crédit attaché et des liquidités). Certains
sont rémunérés par des droits sociaux et d’autres par la reprise du passif (crédit). Dans ce
cas, l’apporteur est libre de choisir les biens ou la part des biens apportés qui relèveront
des apports purs et simples ou des apports à titre onéreux (ce choix doit être précisé
dans l’acte d’apport). Ce choix est fonction de l’importance des droits applicables sur
chaque bien pris isolément.
L’apport de 400 000 € se décompose de la manière suivante :
–– apport pur et simple : 300 000 € –– apport à titre onéreux (le passif) : 100 000 €
Les apports purs et simples sont exonérés d’impôt. Seuls les apports à titre onéreux
sont taxables.
La meilleure solution pour Romain consiste à préciser, dans l’acte d’apport, que le passif
s’impute en priorité sur les 50 000 € de liquidités qui sont exonérées (CGI, art. 810 bis).
Les 50 000 € restants seront imputés sur l’immeuble soumis aux droits d’enregistre-
ment (5 %). Les droits dus s’élèveront à : 50 000 × 5 %, soit 2 500 €.
Si Romain avait apporté l’immeuble et les liquidités à une société IS, l’immeuble aurait
été soumis au taux de 5 % même pour la partie des apports à titre pur et simple (sauf
si engagement de conservation des titres pendant 3 ans). Seules les liquidités auraient
été exonérées : 350 000 × 5 %, soit 17 500 € ◂
LE + DE L’EXPERT
Concernant les apports d’immeubles, la TVA est susceptible de s’appliquer si l’assu-
jetti agit en tant que tel. Dans ce cas, les apports d’immeubles neufs (non achevés
depuis plus de 5 ans) et les terrains à bâtir sont soumis à la TVA. Dans les autres cas,
la TVA ne s’applique pas. En vertu de l’article 256-I du CGI, la TVA s’applique aux
apports de marchandises neuves (stocks).
Définition
La transformation est le changement de forme sociale sans disparition de la personne
morale.
A la majorité des 2/3 (ou, selon l’année de constitution, à la majorité des 3/4).
SARL Une SARL ayant un montant de capitaux propres supérieur à 750 000 € peut
se transformer en SA à la majorité des parts sociales
SCA A la majorité des 2/3 des commanditaires et l’accord unanime des commandités
sauf clause contraire
LE + DE L’EXPERT
La transformation de la société est parfois obligatoire afin qu’elle perdure, ce qui est
le cas, par exemple, lorsqu’un associé de SNC ou un commandité perd la qualité de
commerçant ou lorsqu’une SARL dépasse 100 associés.
1 La nomination
A. Les règles de droit commun
Le représentant légal de la société est une personne (la plupart du temps personne
physique) liée à la société par un mandat social. La direction peut être collégiale et les
statuts peuvent créer un comité de gestion.
Sa nomination est publiée au JAL, RCS et Bodacc. Il est dirigeant de droit, par opposi-
tion au dirigeant de fait qui est une personne qui n’a pas été désignée dirigeant par les
associés mais qui « exerce en toute souveraineté et en toute indépendance une activité
positive de gestion et de direction ». Cette notion permet de le sanctionner.
Administrateur 5 ••Nombre illimité de mandats dans les sociétés, cotées ou non, contrôlées
par la société dans laquelle cette personne est administrateur.
ou membre
••Dans les sociétés sœurs non cotées en cas de détention de 5 mandats
du CS
ils ne comptent que pour un.
Plafond global 5 Une personne physique exerçant un mandat de direction peut détenir
tous mandats un nombre illimité de membres du CA ou CS dans des sociétés, cotées
ou non, contrôlées par celle dans laquelle le mandat de direction est
confondus
exercé.
••Droit des sociétés : cumul valable sous trois conditions cumulatives, sous peine de nullité :
––le contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif, distinct des fonctions
d’administrateur et exercé sous un lien de subordination ;
––le contrat de travail doit être antérieur à la fonction d’administrateur, ce qui n’est pas
obligatoire pour les membres du CS. Mais un administrateur en place peut conclure
un contrat de travail lorsque l’effectif de la société ne dépasse pas 250 salariés et que
le total bilan n’excède pas 43 M€ ou lorsque le chiffre d’affaires ne dépasse pas 50 M€.
Dans ce dernier cas l’administrateur devra respecter la procédure des conventions
règlementées ;
––le nombre d’administrateurs liés par un contrat de travail ne doit pas dépasser le tiers
du nombre d’administrateurs ou de membres du CS en place.
••Droit du travail : dans les sociétés cotées, lorsque les salariés détiennent plus de 3 % du capital,
un ou plusieurs membres du CA ou CS doivent être nommés par l’AGO parmi les salariés
actionnaires. Il en est de même dans les SA non cotées qui, outre le critère des 3 %, emploient
au moins 1 000 salariés en France ou 5 000 dans le monde.
••Dans une SA d’au moins 1 000 salariés en France ou d’au moins 5 000 salariés dans le monde,
des représentants des salariés doivent siéger au CA ou au CS. Au-delà du seuil de 8 administrateurs,
au moins 2 des salariés élus doivent être liés contractuellement avec la société depuis au moins
2 ans. En deçà de ce seuil, un seul suffit.
••Ils sont révocables pour faute dans l’exercice de leur mandat par décision du tribunal judiciaire
à la demande de la majorité des membres du CA ou CS.
••La participation à la gestion des salariés élus par leurs pairs au CA ou au CS est facultative
dans les sociétés privées et doit être prévue dans les statuts.
••Le salarié doit avoir un contrat depuis au moins 2 ans et ne doit pas avoir un mandat d’IRP.
••Ils ne peuvent pas être plus de 4 ou plus de 5 si la société est cotée. Ils sont révocables pour faute
dans l’exercice de leur mandat par décision du tribunal judiciaire à la demande de la majorité
des membres du CA ou CS.
Plafond global de 5 mandats (3, dans le cas Une personne physique exerçant un mandat
d’un DG, membre du directoire ou DGU de direction peut détenir un nombre illimité
d’une société cotée si la société dans laquelle de membres du CA ou CS dans des sociétés,
il exerce son mandat exécutif emploie, avec cotées ou non, contrôlées par celle dans laquelle
ses filiales, plus de 5 000 salariés en France le mandat de direction est exercé.
ou plus de 10 000 salariés dans le monde)
2 La rémunération
A. La rémunération dans les sociétés non cotées
Ce sont les associés qui fixent la rémunération des dirigeants, lesquels prennent part au
vote sur leur rémunération s’ils sont actionnaires.
Dans la SA, les membres du CA ou du CS perçoivent une rémunération (ex-jetons de
présence) fixée par l’AGO et les DG et membres du directoire perçoivent une rémuné-
ration pour leur fonction de directeur exécutif.
La mention des rémunérations des mandataires sociaux dans le rapport de gestion ne
concerne pas les sociétés non cotées, à l’exception de celles qui sont contrôlées par une
société cotée.
B. La rémunération des dirigeants des sociétés dont les actions sont admises
aux négociations sur un marché réglementé
Définition
Le « say on pay », mis en place par la loi Sapin 2, est une règle selon laquelle les éléments
de rémunération des dirigeants des sociétés cotées sont soumis obligatoirement au vote
des actionnaires.
3 La fin du mandat
Le terme du mandat est fixé dans l’acte de nomination. Sauf clause statutaire contraire, le
dirigeant est rééligible. Certaines situations personnelles (décès, incapacité, interdiction,
révocation ou encore démission – ni de mauvaise foi ni à contretemps) ou liées à la
société (dissolution fiche 53 – ou transformation) mettent fin au mandat.
LE + DE L’EXPERT
Certaines sociétés cotées ont mis en place un administrateur référent chargé
de veiller aux conflits d’intérêts éventuels au sein du CA, et de conseiller le président
en matière de gouvernance d’entreprise.
• Dans l’ordre interne le DG exerce la direction générale de la société et peut demander au PCA
de convoquer le CA sur un point déterminé et le PCA ne peut pas lui refuser.
• Dans l’ordre externe, il dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance
au nom de la société mais les garanties, cautions, et avals donnés par la société en faveur des
tiers doivent être autorisés par le CA. À défaut d’autorisation, la garantie n’engage pas la société,
il reste seul personnellement engagé. La loi de simplification du droit des sociétés du 19 juillet
2019 permet au CA de donner au DG cette autorisation globalement et sans limite de montant
pour garantir les engagements pris par les filiales contrôlées. Cette autorisation peut être
annuelle ou non. Dans ce cas, le DG doit rendre compte au CA au moins une fois par an.
• Le PCA préside le CA (convocation, fixation de l’ordre du jour et voix prépondérante), organise
et dirige les travaux du CA et veille au bon fonctionnement des organes de la société.
• Le CA détermine les orientations de l’activité sociale (objectifs et stratégies). Il peut se saisir pour
régler toute question intéressant la bonne marche de la société, doit s’assurer de « la mise en œuvre »
des orientations qu’il a définies et pour cela il peut effectuer tous les contrôles qu’il juge utiles.
••Le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom
de la société. Il doit demander l’accord du CS pour les cautions, avals, et garanties à défaut
la société n’est pas engagée. La même exception que dans la SA à CA s’applique en faveur
des engagements pris par les sociétés contrôlées.
••Pour les ventes d’immeubles et les cessions de participation, les statuts peuvent prévoir l’accord
préalable du CS. En cas de non-respect ou de refus du CS, la société est quand même engagée
pour les tiers de bonne foi.
••Le CS exerce le contrôle permanent de la gestion de la société par le directoire qui lui remet
un rapport d’activité trimestriel. Il vérifie les comptes qu’il reçoit dans les 3 mois de la clôture
de l’exercice. Il rédige un rapport pour l’AG. Son contrôle porte sur la régularité et l’opportunité
de la gestion mais il s’effectue a posteriori car il ne peut s’immiscer dans la gestion de la société.
Il peut fixer les grandes lignes stratégiques de la société.
••Le PCS convoque le CS et dirige les débats.
Responsabilité pénale Le dirigeant est responsable pénalement des infractions qu’il a commises
dans l’exercice de ses fonctions. De plus, il a une responsabilité spécifique
et spéciale
en cas de procédures collectives.
LE + DE L’EXPERT
En principe, l’action sociale appartient aux dirigeants : on parle alors d’« action
sociale ut universi » (à titre universel), ce qui ne peut provenir que des nouveaux
dirigeants à l’encontre des anciens.
Le but de la règlementation des conventions est d’empêcher que les dirigeants (et les
associés ou certains associés) abusent de leur position et décident d’actes en leur faveur.
• Conventions intervenues directement ou par personne interposée entre la SARL et le gérant ou associé.
• Conventions passées entre la SARL et une société dont un associé, indéfiniment responsable,
gérant, administrateur, directeur général, membre du directoire ou du CS, est simultanément
gérant ou associé de la SARL.
Procédure
••Procédure d’approbation a posteriori. Quand il existe un CAC ou si la convention est établie avec
un gérant associé. Le gérant signe la convention avec la société et avise le CAC (s’il en existe un)
de la conclusion de la convention dans le mois qui suit sa signature. Le CAC ou à défaut le gérant
établit un rapport spécial mentionnant la nature de la convention, le nom du gérant concerné,
les modalités de cette convention, et toute information permettant d’en apprécier l’intérêt.
Le rapport est présenté à l’AG ou envoyé aux associés. Pour l’approbation de ces conventions
l’intéressé est exclu du vote. Le vote se fait à la majorité sauf clause statutaire contraire.
••Procédure d’autorisation préalable. En l’absence de CAC et quand le gérant est un tiers. Il doit
y avoir une autorisation préalable des associés au vu du rapport spécial du gérant. Le refus
d’autorisation de la convention n’entraîne pas la nullité de la convention. Lorsqu’ il y a refus
de ratification de la convention par les associés ou non consultation des associés, ou défaut
de rapport, le gérant est responsable des conséquences dommageables.
Dans la SA
Conventions concernées
Procédure
••Le défaut d’approbation du conseil est une cause de nullité facultative qui peut être couverte
par un vote de l’AGO, sur rapport du CAC ou du dirigeant expliquant le non-respect.
••Le défaut d’information du CAC, l’absence de rapport spécial ou de vote de l’AG ou le refus de l’AG
n’entraîne pas la nullité. La convention produit ses effets mais les conséquences dommageables
éventuelles sont à la charge de l’intéressé.
LE + DE L’EXPERT
Dans la SAS, les conventions conclues entre sociétés ayant des dirigeants communs
ne sont pas visées et la procédure ne nécessite pas d’accord préalable.
1 Le droit d’information
Les associés disposent d’un droit d’information permanent (deux fois par exercice ils
peuvent se rendre au siège afin d’obtenir communication des comptes et documents
sociaux des trois dernières années) et un droit ponctuel qui naît au moins 15 jours avant
l’AG annuelle : ils reçoivent certains documents et peuvent demander à en recevoir
d’autres ou peuvent aller en consulter au siège. Ils peuvent poser des questions au diri-
geant qui y répondra lors de l’AG. Un ou plusieurs actionnaires détenant 5 % du capital
peut demander l’inscription d’une résolution à l’ordre du jour.
Les sociétés ne dépassant pas deux des trois seuils suivants (4 M€ pour le total du bilan
8 M€ pour le CA net et 50 salariés en moyenne) sont dispensées d’établir un rapport de
gestion. Le rapport de gestion est une synthèse de l’ensemble des informations portant
sur l’activité, les résultats et la situation financière et sociale de la société.
Les informations sur les conséquences sociales et environnementales de l’activité
de certaines SA et SCA figurent dans la déclaration de performance extrafinancière
( fiche 15). Dans les sociétés cotées le président du CA ou du CS doit joindre un rapport
spécial sur les conditions de préparation et d’organisation des travaux du conseil, ainsi
que les procédures de contrôle interne mises en place par la société.
détient mais il est possible de déroger à ce principe comme en cas d’actions de préfé-
rence donnant un droit de vote double.
Code de procédure civile, art. 145. S’il existe un motif légitime de conserver ou
d’établir avant tout procès la preuve de fait dont pourrait dépendre la solution d’un litige,
des mesures d’instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de
tout intéressé sur requête ou en référé.
▸ Exemples
Les droits pécuniaires recouvrent, entre autres, le paiement du dividende, le droit de nantir
ou de céder ses titres, le droit au bénéfice mis en réserve, le DPS ( fiche 25) ou encore le
droit au remboursement de la valeur des actions ou au boni de liquidation.
Les droits non pécuniaires recouvrent notamment le droit de vote, le droit d’information, le
droit d’être élu en tant que dirigeant, le droit de faire partie d’une association d’actionnaires
ou de la société (et donc de ne pas en être exclu par une décision de la majorité sauf dans la
SAS dans laquelle les clauses d’exclusion sont licites). ◂
Les actions de préférence
Définition
Les actions de préférence sont des actions conférant des droits particuliers, temporaires ou
permanents, assortis ou non de droits de vote.
Les actions de préférence peuvent être attribuées en cours de vie sociale par décision de
l’AGE avec respect de la procédure des avantages particuliers (rapport du commissaire
aux apports et absence de vote des bénéficiaires, qu’ils soient déjà actionnaires ou non).
La société peut limiter le nombre de voix ou le droit de vote pour certaines décisions ou le
supprimer totalement. Les actions privées du droit de vote ne peuvent représenter plus
de la moitié du capital ou le quart si la société est cotée.
Dans les sociétés cotées, le principe de proportionnalité du droit de vote à la quotité
du capital doit être respecté. Le droit de vote double n’est possible que pour les actions
libérées nominatives détenues depuis au moins 2 ans. Il peut être limité à condition que
cette limitation soit imposée à toutes les catégories d’actions.
Depuis la loi Pacte, les actions des sociétés non cotées ne sont plus soumises à ces
règles ; elles peuvent détenir des actions de préférence à droit de vote multiple ou
encore à droit de vote double sans conditions.
B. Le rachat par une société de ses propres actions
Il est interdit à une société de procéder à la souscription, à l’achat ou à la prise en gage de
ses propres actions ou d’avancer des fonds, d’accorder des prêts ou de consentir des sûretés
en vue de la souscription ou de l’achat de ses propres actions par un tiers. Les actions irrégu-
lièrement acquises doivent être cédées dans le délai d’un an à compter de leur acquisition.
À défaut, elles doivent être annulées. Les dirigeants encourent une amende de 150 000 €.
Par exception, il est permis à toute société d’acheter ses actions sous conditions :
•• L’achat intervient dans la limite de 10 % du capital pour les conserver ou utiliser à toute fin.
•• L’achat vise à régulariser les cours sur un marché réglementé par rapport à la valeur
d’actif net, pour augmenter le bénéfice par action en diminuant le nombre de titres de
la société ouvrant droit aux dividendes, à réduire le capital, à en attribuer les actions
aux salariés ou dirigeants, dans les 2 ans du rachat, à les attribuer en paiement ou en
échange d’actifs acquis dans le cadre d’une fusion, scission ou apport partiel d’actifs
(dans ce dernier cas, le rachat est limité à 5 % du capital).
•• Le rachat ne doit pas avoir pour effet d’abaisser les capitaux propres à un montant
inférieur à celui du capital augmenté des réserves non distribuables.
•• La société dispose de réserves, autres que la réserve légale, d’un montant au moins
égal à la valeur des actions détenues.
•• Un registre des achats est tenu.
•• Depuis 2019, les offres de rachat peuvent être adressées à un nombre restreint d’associés.
•• Si la société fait offre au public, elle doit informer l’AMF des rachats d’actions.
Les sociétés cotées peuvent prévoir dans leurs statuts une clause organisant le principe du
rachat des actions de préférence, à l’initiative de la société et/ou des détenteurs (loi Pacte).
Leur émission est de la compétence de l’AGE (qui peut déléguer ses pouvoirs au CA ou
au directoire), sur rapport du CA ou directoire et rapport spécial du CAC. Les titres émis
par une filiale peuvent être converties en actions de la société mère et vice versa. Dans
ce cas, les AGE des deux sociétés doivent autoriser l’émission.
Le contrat d’émission peut prévoir que ces valeurs et les titres auxquels elles donnent
droit ne peuvent être négociés qu’ensemble. Les titulaires doivent être regroupés dans
une masse, voire même plusieurs masses s’il y a une masse par catégorie de titres.
Lorsque les valeurs mobilières donnent droit au capital, les actionnaires ont un droit de
préférence de souscription sur ces titres.
Principales obligations complexes
••L’obligation peut être convertie à tout moment (sauf si l’émetteur a fixé
des périodes de conversion). Quand l’obligataire convertit son titre,
Obligations il y a automatiquement augmentation de capital.
convertibles ••Avec les Oceane (obligations à option de conversion et/ou d’échange
en actions (OCA) en actions nouvelles ou existantes), l’émetteur peut choisir entre
un remboursement par conversion en actions nouvelles ou l’échange contre
des actions existantes prélevées sur l’autocontrôle ou rachetées sur le marché.
Obligations ••La société émet les obligations et, en même temps, les actions
correspondantes qui seront souscrites par un établissement financier
échangeables
s’engageant contre rémunération (donc opération coûteuse) à échanger
contre des actions
sur simple demande des obligataires les obligations contre les actions.
(OEA) Seules les sociétés cotées peuvent émettre de tels titres.
••Elles associent à la souscription d’une obligation un droit de souscription
Obligations
à une action (le bon).
avec bon
de souscription
••À l’échéance, le souscripteur a une obligation et un droit qu’il peut,
soit utiliser pour avoir une action, soit détacher et vendre. Le prix
en actions (OBSA)
de l’action est déterminé au moment de l’émission des obligations.
Ces obligations provoquent des augmentations de capital différées, de ce fait les diri-
geants doivent modifier le capital une fois par an.
B. Les titres subordonnés, les titres participatifs et les bons de caisse
••Les titres subordonnés à durée indéterminée (TSDI) sont émis
par les entreprises publiques et sont avec un coupon à intérêt variable ou fixe
et variable ou encore progressif, coupon qui peut être payé qu’en cas de
bénéfice distribuable et avec une absence de date certaine de remboursement
(c’est l’émetteur qui procède quand il le souhaite au remboursement).
Titres
subordonnés
••Les titres subordonnés remboursables (TSR) ou titres subordonnés
à durée déterminée (TSDD) employés dans les sociétés privées. Les titres
super-subordonnés (TSS) ont les mêmes caractéristiques que les TSDI
mais comportent des clauses sur le remboursement et le paiement des
intérêts encore plus défavorables au créancier : aucune obligation précise
de remboursement ou de rémunération.
1 L’augmentation de capital
A. Les principes généraux
Cette augmentation est décidée par l’AGE qui se prononce au vu de différents rapports :
– rapport du CA ou directoire sur les motifs de l’opération ;
– rapport du CAC et rapport spécial en cas de suppression du droit préférentiel de sous-
cription (DPS) ou d’augmentation de capital différée avec attribution d’options de
souscription d’actions ;
– rapport du CAA pour l’émission de nouvelles actions en cas d’apport en nature ou
lorsque les actions sont assorties d’avantages particuliers ;
– rapport complémentaire du CA ou directoire en cas de délégation sur la décision
d’augmentation du capital.
À chaque projet d’augmentation de capital, l’AGE doit arbitrer en faveur ou non des
salariés. Elle prend sa décision à la majorité des 2/3 des actions présentes ou repré-
sentées (le quorum est sur première convocation du quart des actions présentes ou
représentées et sur seconde convocation il est de 1/5). Elle peut déléguer ses pouvoirs
aux dirigeants sous réserve de résolutions spécifiques. L’organe de gestion dispose alors
des pouvoirs pour fixer les conditions de l’émission et constater la réalisation et modifier
les statuts. Puis un rapport spécifique complémentaire est soumis à l’AGO suivante sur
l’usage effectif des délégations. Dans les sociétés cotées, ces organes peuvent déléguer
leurs pouvoirs au DG, président du directoire ou au directeur général unique (DGU).
L’opération est réalisée :
– soit par émission de nouvelles actions ;
– soit par augmentation du nominal des anciennes actions. Cette décision requiert
l’unanimité car elle augmente les engagements des actionnaires (sauf incorporation
de réserves).
••Le capital n’a pas à être entièrement libéré. Il doit y avoir un commissaire aux apports (CAA) pour
évaluer le ou les biens. Lors du vote de l’AGE, les apporteurs, s’ils sont actionnaires, ne votent pas
mais leur accord est nécessaire pour diminuer la valeur de l’apport. Les nouvelles actions émises
peuvent être majorées d’une prime d’apport. Il n’existe pas de DPS.
••Dans la SARL, le recours au CAA répond aux mêmes règles qu’à la constitution. Dans la SA, SCA
et SAS sa nomination n’est pas nécessaire quand les éléments d’actifs apportés ont été évalués
dans les 6 mois avant l’apport par un CAA. Il doit y avoir réévaluation si des circonstances
nouvelles ont modifié sensiblement la valeur de l’actif.
••Toutes les réserves sont incorporables sauf celle attribuée aux salariés. Cette incorporation
de réserves est possible à tout moment. Elle est décidée à la majorité simple.
••Elle se manifeste soit par l’élévation de la valeur nominale des actions, soit par distribution
d’actions nouvelles gratuites proportionnellement aux droits dans l’ancien capital : ils ont
alors un droit d’attribution d’actions nouvelles proportionnel aux actions anciennes détenues,
droit négociable.
L’AGO peut décider d’offrir l’option entre le paiement du dividende en numéraire ou le paiement
en actions si les statuts l’ont prévu.
Les actions amorties deviennent des actions de jouissance qui perdent leur droit au
premier dividende et au remboursement de valeur nominale.
Lorsqu’il existe des obligations convertibles ou échangeables en action, l’amortissement
du capital est interdit.
B. La réduction du capital
Réduction de capital non motivée
Réduction du capital motivée par les pertes
par les pertes
LE + DE L’EXPERT
Si l’opération-miroir de l’amortissement du capital appelée « reconversion » consis-
tant à transformer les actions de jouissance en actions de capital est possible, elle
est rare en pratique.
1 L’offre au public
A. Les modalités et dérogations
Le règlement européen de 2017 dit « règlement prospectus » a été transposé en France
par l’ordonnance du 21 octobre 2019, laquelle modifie le champ du régime des offres au
public de titres financiers ou de parts sociales.
Constitue une offre au public de titres financiers l’une des opérations suivantes :
– une communication adressée sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit
à des personnes et présentant une information suffisante sur les conditions de l’offre
et sur les titres à offrir, de manière à mettre un investisseur en mesure de décider
d’acheter ou souscrire ces valeurs mobilières
– un placement de valeurs mobilières par des intermédiaires financiers.
L’émission de titres financiers avec offre au public nécessite en particulier la publication
préalable d’un document appelé « prospectus » portant sur les modalités et le contenu
de l’opération soumise au visa de l’AMF. Le prospectus doit être mis à la disposition des
souscripteurs par une publication au Balo.
Il existe des dérogations à l’obligation d’établir un prospectus en cas d’offre au public
auprès d’un cercle restreint, ou dans le cadre du financement participatif, ou d’un mon-
tant inférieur à 8 M€ (montant total en France et UE sur 12 mois), ou lorsque les béné-
ficiaires acquièrent les titres ou parts pour un montant total par investisseur et par offre
distinte d’au moins 100 000 € ou lorsque la valeur nominale de chacun des titres ou
parts est d’au moins 100 000 €.
Selon l’article L. 411-1 du Code monétaire et financier (CMF), seules les personnes ou
entités autorisées par la loi peuvent procéder à une offre au public de titres financiers
ou de parts sociales. Par dérogation, l’article L. 411-2 du CMF autorise toute personne
ou entité à procéder aux offres au public de titres financiers ou de parts sociales dans
les cas suivants :
– une offre de titres financiers ou de parts sociales s’adressant exclusivement à un cercle
restreint (moins de 150 personnes) d’investisseurs agissant pour leur propre compte
ou à des investisseurs qualifiés ;
– une offre au public relevant d’un financement participatif de 8 M€ maximum ;
– une offre de titres s’adressant exclusivement à des personnes ou entités ayant déjà la
qualité d’associé de la société émettrice des titres.
LE + DE L’EXPERT
Les Initial Coin Offering (ICO) ou offres au public de jetons sont des levées de fonds
permettant d’échanger des actifs numériques (« tokens » ou jetons) contre de la
cryptomonnaie (ethers ou bitcoins), lors du démarrage d’un projet. Les jetons sont
ensuite utilisés dans le projet financé et/ou peuvent être cédés sur des p lateformes
d’échange.
Définition
Le crédit à court terme (moins de 2 ans) correspond au financement des besoins d’exploi-
tation alors que le crédit à moyen terme (entre 2 et 7 ans) ou long terme (plus de 7 ans)
permet le financement de ses investissements.
liens économiques en dehors d’un groupe. Le crédit doit faire l’objet d’un contrat de prêt
soumis au régime des conventions réglementées et le montant du prêt est communiqué
dans le rapport de gestion.
Pour chaque prêt, le CAC établit une attestation selon laquelle il a vérifié :
–– la concordance du montant initial du prêt, mentionné dans le rapport de gestion, avec
les conditions du contrat ;
–– la concordance du montant du capital restant dû à la date de clôture, tel que men-
tionné dans le rapport de gestion, avec la comptabilité ;
–– la conformité des conditions d’octroi du prêt avec, d’une part, l’existence de liens entre
la prêteuse et l’emprunteuse et, d’autre part, le respect des conditions de situation
financière de la prêteuse et du montant du prêt.
L’entreprise prêteuse ne doit pas exploiter abusivement l’état de dépendance écono-
mique dans lequel se trouve l’emprunteuse. Le CAC demande une déclaration écrite à
l’entreprise selon laquelle elle n’est pas à ce titre sous le coup d’une action ou d’une
sanction de l’Autorité de la concurrence. S’il n’obtient pas cette déclaration, il fait état
de cette limitation dans son attestation.
2 L’emprunt obligataire
Définition
Une obligation est une valeur négociable constatant une créance sur une société et confé-
rant à un titulaire un même droit de créance pour une même valeur nominale. En principe,
l’obligation donne droit à un revenu fixe mais, pour attirer les souscripteurs, les émetteurs
stipulent des intérêts variables dépendant de la somme prêtée et d’indices.
A. L’émetteur
Les sociétés par actions peuvent émettre des obligations, à condition :
–– qu’elles aient deux années d’existence avec deux bilans approuvés (à défaut, le CAC
doit vérifier l’actif et le passif) ;
–– que le capital soit entièrement libéré ;
–– qu’un avis soit publié au Balo, ainsi qu’une note d’information visée par l’AMF en cas
d’offre au public.
S’il s’agit d’obligations ordinaires, l’émission est décidée par le CA ou le directoire, sauf
si les statuts ont donné ce pouvoir à l’AGO. S’il s’agit d’obligations donnant droit par la
suite à des actions, l’émission est alors décidée par l’AGE. L’AGO ou l’AGE peut déléguer
ses pouvoirs au CA ou au directoire pour une durée maximale de 5 ans.
Les groupements d’intérêt économique ( fiche 35) composés exclusivement de socié-
tés par actions et les associations ayant une activité économique peuvent émettre des
obligations.
Les SARL peuvent émettre des obligations, sous plusieurs conditions :
–– les obligations sont nominatives ;
–– aucune offre au public ne peut être émise ;
100 Financement par offre au public et crowdfunding
Fiche 27
B. Le crédit-bail immobilier
Définition
Le crédit-bail immobilier est l’opération par laquelle une entreprise donne en location des
immeubles à usage professionnel, achetés par elle ou construits pour son compte, lorsque
cette opération donne au locataire la possibilité de devenir propriétaire de tout ou partie du
bien loué au plus tard à l’expiration du bail.
LE + DE L’EXPERT
Le crédit-bail ne doit pas être confondu avec le contrat de « location financière »,
qui s’en distingue par le fait qu’il n’est pas assorti d’une promesse unilatérale de
vente au bénéfice du preneur.
L’effet de commerce n’est valable que s’il comporte un certain nombre de mentions
énumérées par la loi. Sauf clauses contraires, toutes les personnes qui ont apposé leur
signature sur l’effet de commerce sont solidairement tenues de son paiement.
Définition
L’escompte est l’opération par laquelle le titulaire d’une créance à court terme remet le
titre en pleine propriété à son banquier qui, en contrepartie, lui en verse immédiatement le
montant, déduction faite de sa rémunération (commission et intérêts).
En pratique, le client n’étant pas toujours le mieux placé pour négocier des conditions
intéressantes, la présentation du titre à l’escompte est parfois effectuée par un tiers.
▸ Exemple
Dans le cadre de l’escompte fournisseur, le vendeur ou fournisseur tire une traite sur son
acheteur, lequel, en vertu d’un mandat conféré par l’émetteur, fait escompter le titre auprès
de son propre banquier. Ce dernier verse les fonds avancés directement au tireur et opère le
recouvrement de l’effet à l’échéance auprès de son client. En cas de défaut de paiement, le
banquier-escompteur dispose d’un recours cambiaire contre le tireur. ◂
2 L’affacturage
Définition
L’affacturage est une opération de crédit par laquelle un établissement de crédit, le factor
ou « affactureur », règle, moyennant rémunération, les créances commerciales de l’un de
ses adhérents.
L’adhérent transfère la propriété des créances qu’il détient sur sa clientèle avec un
bordereau récapitulatif signé de sa main. L’affactureur devient titulaire des créances
par subrogation, et moyennant le paiement d’une commission, règle le montant des
créances transférées de manière anticipée, assure leur recouvrement et assume le risque
de non-paiement en cas de défaillance du débiteur. L’affactureur se réserve toujours
le droit d’approuver ou de rejeter les créances présentées par l’adhérent. L’affactureur
acquiert la propriété des créances ainsi que les actions, privilèges ou hypothèques acces-
soires, dont la clause de réserve de propriété.
Si la subrogation est opposable au débiteur de l’adhérent à la date du paiement subro-
gatoire, il effectue un paiement libératoire entre les mains du subrogeant tant qu’il n’a
pas connaissance de cette subrogation. Cependant, une fois celle-ci notifiée, il est tenu
de payer directement l’affactureur.
Seuls les établissements de crédit et les sociétés de financement peuvent être cession-
naires et le cédant doit agir dans le cadre de son activité professionnelle. La cession
s’effectue par un bordereau contenant des mentions obligatoires ; il est daté et signé
par le cédant. La cession est opposable aux tiers à compter de cette date. Le cessionnaire
devient propriétaire de la créance avec ses sûretés et accessoires.
Le cédant ne peut plus recevoir paiement au titre des créances cédées et est garant
solidaire du paiement des créances cédées, sauf clauses contraires. Le cessionnaire peut
notifier la cession au débiteur cédé, et lui interdire de payer le cédant. Le cessionnaire
peut également opter pour l’acceptation ; il bénéficie alors de l’inopposabilité des excep-
tions que le débiteur pouvait invoquer contre le cédant.
LE + DE L’EXPERT
Le bordereau Dailly est en perte de vitesse au profit de l’affacturage.
1 Le cautionnement
Définition
Le cautionnement est le contrat par lequel une personne « s’oblige envers le créancier à
payer la dette du débiteur en cas de défaillance de celui-ci. Il peut être souscrit à la demande
du débiteur principal ou sans demande de sa part et même à son insu » (Code civil, art.2288
issu de l’ordonnance du 15 septembre 2021).
La caution peut opposer au créancier toutes les exceptions dont bénéficie le débiteur,
sauf de l’incapacité de ce dernier si elle s’était engagée en la connaissant. Elle peut agir en
paiement contre le débiteur avant de payer le créancier (ex. : quand elle est poursuivie)
mais, bien souvent, elle exerce ses recours après avoir payé :
La caution est privée de tout recours quand elle a payé le créancier sans avertir le débiteur
qui a alors payé une seconde fois ou lorsqu’elle a payé le créancier sans être poursuivie
et sans avertir le débiteur qui aurait pu faire valoir l’extinction de la dette.
LE + DE L’EXPERT
Selon l’article 2291-1 du Code civil « Le sous-cautionnement est le contrat par
lequel une personne s’oblige envers la caution à lui payer ce que peut lui devoir le
débiteur à raison du cautionnement ».
Le gage est un contrat solennel. L’écrit doit mentionner la dette garantie, le ou les biens
donnés en gage et s’il y a dépossession ou non de la chose. Pour être opposable, le gage
sans dépossession doit être publié par une inscription sur un registre spécial.
S’il possède la chose, le créancier-gagiste doit veiller à sa conservation ; il dispose d’un
droit de rétention tant qu’il n’a pas été payé :
• À l’échéance, s’il est payé, il doit restituer la chose. À défaut, il peut faire ordonner en
justice la vente du bien aux enchères, sans que la convention puisse s’y opposer, et se
payer sur le prix.
• Il peut aussi demander en justice son attribution en paiement, solution qui peut être
prévue dans le contrat.
B. Le nantissement sans dépossession
Code civil, art. 2355. [Le nantissement] est l’affectation, en garantie d’une obligation, d’un
bien meuble incorporel ou d’un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs.
••Il est publié dans les 15 jours sur un registre spécial au greffe du tribunal de
commerce. L’inscription est valable pour 5 ans ; elle est renouvelable deux
fois et une plaque peut être apposée sur les biens.
Gage de l’outillage
et du matériel ••En cas de non-paiement, le créancier peut faire vendre les biens nantis aux
enchères et se faire payer préférentiellement. Si les biens ont été vendus,
il dispose d’un droit de suite lui permettant de revendiquer le bien auprès
du tiers dans l’hypothèse où une plaque y aurait été apposée.
Remarque : Dorénavant le gage sur des biens immobilisés par destination qu’ils soient
meubles ou immeubles est possible. De ce fait en cas de conflit entre ce créancier et le
créancier bénéficiant d’une hypothèque incluant ce bien, le conflit est réglé en fonction
des dates d’inscription.
2 L’hypothèque
Code civil, art. 2385. L’hypothèque est l’affectation d’un immeuble en garantie d’une
obligation sans dépossession de celui qui la constitue.
Droit Est payé sur le prix d’adjudication de l’immeuble avant les créanciers
de préférence hypothécaires de rangs inférieurs.
3 La fiducie-sûreté
Code civil, art. 2011. La fiducie est l’opération par laquelle un ou plusieurs constituants
transfèrent des biens, des droits ou des sûretés, ou un ensemble de biens, de droits ou
de sûretés, présents ou futurs, à un ou plusieurs fiduciaires qui, les tenant séparés de leur
patrimoine propre, agissent dans un but déterminé au profit d’un ou plusieurs bénéficiaires.
LE + DE L’EXPERT
Lorsque la valeur du bien excède le montant de la dette garantie, le bénéficiaire
d’une fiducie-sûreté verse la différence au constituant. Le décès du constituant ne
constitue pas une cause d’extinction de la fiducie-sûreté.
Définition
Le groupe est un ensemble de sociétés juridiquement indépendantes les unes des autres
mais soumises à une unité de décision économique.
Une holding permet de diminuer le capital nécessaire pour contrôler plusieurs enti-
tés, transmettre l’entreprise dans la famille, le rachat en leveraged buy-out (LBO) ou
leveraged management buy-out (LMBO), mettre en œuvre d’une politique commune.
Formes sociales de la holding
Société civile
• Elle permet de verrouiller le contrôle d’une entreprise car la cession des parts à des associés
ou tiers nécessite obligatoirement l’unanimité, ce qui assure une grande stabilité du capital.
Les associés ont un droit de retrait conformément aux statuts ou sur décision du juge pour juste
motif. Elle a pour avantage de ne pas avoir à déposer ses comptes au RCS.
• Les associés sont responsables indéfiniment et conjointement des dettes sociales, de ce fait elle a
une grande souplesse de fonctionnement mais cette responsabilité est un handicap important.
SARL
• Elle peut être constituée à un seul associé (EURL) et la responsabilité est limitée aux apports.
Grâce au mécanisme de l’agrément obligatoire pour les cessions à des tiers, les mouvements
de capital sont contrôlés. La SARL familiale peut constituer une forme sociale adaptée
lorsque les membres d’une même famille désirent procéder au rachat d’une entreprise. Il y a
moins de liberté contractuelle dans la SARL que dans les sociétés civiles et SAS.
• Un inconvénient est que le gérant est obligatoirement une personne physique. Le gérant
majoritaire est assimilé à un non salarié et de ce fait sa couverture sociale sera moins importante
que celle des dirigeants de SAS.
SAS
• La SAS offre une très grande liberté contractuelle. Elle peut être constituée par un seul
associé (SASU), la responsabilité est limitée aux apports. Elle n’a pas de capital minimum
et tous les apports sont possibles. Elle ne peut pas faire offre au public.
• Le président peut être une personne physique ou morale, son statut et ses pouvoirs sont fixés
par les statuts. Les statuts peuvent aménager la stabilité du capital grâce aux clauses d’agrément
pouvant jouer en cas de modification du contrôle ou de l’actionnariat d’une société associée
(clause de sauvegarde), des clauses de préemption, des clauses d’inaliénabilité (pour une durée
de 10 ans maximum mais renouvelable), des clauses d’exclusion et les pactes d’actionnaires.
Sont considérées comme agissant de concert les personnes qui ont conclu un accord
en vue d’acquérir, de céder ou d’exercer des droits de vote pour mettre en œuvre une
politique commune vis-à-vis de la société ou pour obtenir le contrôle de cette société.
L’action de concert est présumée entre :
–– une société et ses dirigeants ;
–– une société et les sociétés qu’elle contrôle ;
–– des sociétés contrôlées par les mêmes personnes ;
–– des associés d’une SAS et les sociétés qu’elle contrôle.
114 Composition des groupes de sociétés
Fiche 31
B. Les participations
Les participations simples
La participation est la détention durable d’une fraction de capital d’un montant com-
prise entre 10 et 50 %. Le rapport de gestion figure les acquisitions de participation et
à l’inverse, le nom du titulaire d’une prise de participation significative dans la société.
En cas d’acquisition de participations significatives de titres d’une société cotée, une
déclaration de franchissement de seuils doit être effectuée. Ainsi, toute personne agis-
sant seule ou de concert, qui vient à franchir les seuils de 1/20, 1/10, 3/20, 1/5, 1/4, 1/3,
1/2, 2/3, 18/20 et 19/20 du capital, doit le déclarer à l’AMF et à la société émettrice dans
les 5 jours de Bourse. En cas de non-respect les actions qui excèdent la fraction qui aurait
dû être déclarée sont privées du droit de vote pendant 2 ans et le tribunal peut étendre
cette sanction à toutes les actions pendant 5 ans.
L’information s’accompagne d’une déclaration d’intention lorsqu’elle porte sur plus
d’1/10 ou d’1/5 du capital. À défaut, l’acquéreur est privé des droits de vote attachés
aux actions excédant la fraction du seuil franchi et cela jusqu’à l’expiration d’un délai
de 2 ans suivant la date de la régularisation de la notification. S’il n’a pas respecté le
contenu de la déclaration, pendant les 12 mois suivant la publication à l’AMF, le tribu-
nal de commerce pourra prononcer la suspension totale ou partielle de l’ensemble de
ses droits de vote pour une durée maximale de 5 ans. Toutefois, en cas de changement
d’intention motivé par des modifications importantes dans l’environnement, la situation
ou l’actionnariat des personnes concernées, aucune sanction ne pourra être prononcée
et ce à condition qu’une nouvelle déclaration d’intention soit établie. Sanctions pénales
à l’encontre des dirigeants : amende de 18 000 €. Sanctions pécuniaires données par
l’AMF jusqu’à 1 500 000 €.
Les participations réciproques
Détient 10 % maximum
Société A Société B
Détient 10 % maximum
Deux sociétés possèdent mutuellement une fraction de leur capital ; les capitaux sont
donc imbriqués. De ce fait, les participations sont réglementées.
••Une société A ne peut pas posséder d’action d’une société B si cette dernière détient
dans son capital une fraction supérieure à 10 %. À défaut d’accord, celle qui détient la part la plus
faible doit l’aliéner.
••Si les deux sociétés participent à la même hauteur, chaque société doit diminuer sa participation
de sorte qu’elle ne soit pas supérieure à 10 % du capital.
••Un délai d’un an court pour régulariser la situation. En attendant, le droit de vote est supprimé.
Entre une société par actions et une autre société
••Lorsqu’une société par actions A détient plus de 10 % d’une autre société B, alors B ne peut
posséder aucune action de A. Elle dispose d’un an pour régulariser la situation et les droits de vote
sont supprimés.
••Lorsqu’une société par actions A détient une fraction inférieure ou égale à 10 %
d’une autre société B alors B peut posséder jusqu’à 10 % de A. Si B vient à dépasser le seuil
de 10 %, elle dispose d’un an pour régulariser la situation. En attendant, le droit de vote
des actions excédentaires est supprimé.
Contrôle
Société A Société B
Contrôle
Détient une participation
d’autocontrôle dans A
Société C
LE + DE L’EXPERT
Les statuts peuvent imposer une déclaration de franchissement de seuil dès 0,5 %
du capital.
Code de commerce, art. L. 233-10 al. 1. Sont considérées comme agissant de concert
les personnes qui ont conclu un accord en vue d’acquérir, de céder ou d’exercer des droits
de vote pour mettre en œuvre une politique commune vis-à-vis de la société ou pour
obtenir le contrôle de cette société.
A. La procédure
La procédure normale
L’offre doit porter sur la totalité du capital ; le projet est présenté à l’AMF par une ou
plusieurs banques agissant pour le compte de l’initiateur en indiquant ses objectifs, le
nombre d’actions demandées, le prix offert et les modalités de calcul, ainsi que le délai
laissé aux actionnaires pour y répondre, délai ne pouvant être inférieur à 20 jours de
Bourse.
L’AMF se prononce sur la recevabilité dans un délai de 5 jours de Bourse. En cas d’accord,
elle publie un avis d’autorisation.
L’initiateur publie également son offre et la société visée y répond (elle informe le CSE).
Le principe de neutralité des dirigeants lors d’une OPA a été supprimé du droit fran-
çais. De ce fait, les dirigeants peuvent prendre toute mesure anti-OPA dans le respect
de l’intérêt social. Toutefois, les statuts peuvent prévoir que ces mesures doivent être
autorisées au préalable par l’AG. L’AMF oblige les sociétés à déclarer les opérations
effectuées sur les titres visés par l’offre.
L’offre est ouverte entre 25 et 35 jours de Bourse pendant lesquels les titres continuent
à être cotés et toute autre personne peut faire une surenchère d’au moins 2 % du prix
initial, dont les actionnaires peuvent bénéficier. Une fois le délai expiré :
–– l’AMF totalise les réponses positives ;
–– si elles sont supérieures ou égales au nombre demandé par l’initiateur, l’OPA a réussi.
La procédure simplifiée
En cas de procédure simplifiée, le délai de réponse des actionnaires est réduit à 10 ou
15 jours de Bourse (sauf en cas d’OPRA : 30 jours). Cette procédure s’applique aux :
•• Achats par une société de ses propres actions (offre publique de rachat d’actions
– OPRA) possibles pour faire suite à une réduction de capital ou afin d’éviter la décote
du cours par rapport à la valeur de l’actif net réévalué, ou pour améliorer la gestion
financière de la société, ou pour augmenter le bénéfice en diminuant le nombre d’ac-
tions donnant droit à des dividendes ou encore pour les distribuer à ses salariés. Ce
rachat est interdit dans les 15 jours avant la publication des comptes ou si l’émetteur
a connaissance d’une information ayant une influence sur le cours de l’action.
•• Prises de participation de 10 % au plus des titres conférant des droits de vote.
•• Projets d’acquisition d’un bloc de titres conférant la majorité des droits de vote.
•• Achats de titres par un associé détenant, seul ou de concert, la moitié au moins des
droits de vote.
2 jours
30 jours
Si l’auteur de l’OPA ne se présente pas devant le CSE, la société qui a déposé l’offre ne
peut exercer les droits de vote attachés aux titres de la société cible. Cette interdiction
s’étend aux sociétés qu’elle contrôle ou qui la contrôlent.
Si le CSE de la société cible estime ne pas avoir reçu des éléments d’information suffi-
sants, il peut saisir le président du tribunal judiciaire en référé afin qu’il ordonne tant à la
société cible qu’à l’auteur de l’offre de communiquer les éléments manquants. Le juge
a 8 jours pour statuer sur cette demande.
En cas de succès de l’OPA, l’auteur doit rendre compte au CSE, au cours des 6e, 12e et
24e mois suivant la clôture de l’offre, de la manière dont il aura mis en œuvre les décla-
rations d’intention ou engagements qu’il aura pris auprès du CSE au sujet du maintien
des sites d’activité et de la localisation des centres de décision.
C. Les défenses anti-OPA
Pour éviter une OPA, il est possible de :
•• Fidéliser l’actionnariat (distribuer un dividende majoré aux actions nominatives déte-
nues depuis un certain temps) et contrôler les mouvements de capitaux en ayant des
actions nominatives ou des actions au porteur identifiable.
•• Dissocier le pouvoir du capital en émettant du capital non votant.
•• Constituer un noyau dur avec par exemple la distribution d’actions à vote double aux
actionnaires principaux. Dans le but de créer un actionnariat stable, la loi dite Florange
a créé, pour les SCA et SA cotées, un droit de vote double « automatique » pour toutes
les actions nominatives entièrement libérées détenues depuis au moins 2 ans, que ces
actions soient détenues par un français ou un étranger. Ce droit de vote double est main-
tenu en cas de transfert pour cause de succession, liquidation de communauté de biens
ou de donation au conjoint ou ascendant et descendant, ainsi qu’en cas de fusion ou
scission du moment que ce droit existe aussi dans la société bénéficiaire.
•• Multiplier les pactes entre actionnaires. Selon le règlement de l’AMF, en cas d’OPA, les
signataires des pactes d’actionnaires doivent déclarer les clauses spécifiques pouvant
influencer l’appréciation de cette offre ou son issue.
•• Avoir pour holding de tête une société non cotée ou la transformer en SCA.
•• Réaliser une augmentation de capital en cours d’OPA.
•• S’appuyer sur une société partenaire qui ferait lors de l’OPA une surenchère (technique
dite du « cavalier blanc ») ou qui lancerait une OPA sur l’initiateur (technique dite du
« pacman »).
Les actionnaires ne sont pas tenus d’accepter une OPR mais le rachat forcé des actions
non présentées (retrait obligatoire) est autorisé s’il figure dans le projet.
Les minoritaires peuvent forcer les majoritaires à acquérir leurs titres si :
–– un associé, seul ou de concert, détient au moins 95 % des droits de vote ;
–– la SA se transforme en SCA et que les majoritaires ont les 2/3 des droits de vote ;
–– les majoritaires décident de modifier fortement les statuts.
B. La négociation de blocs de contrôle
Définition
La négociation de blocs de contrôle est l’opération par laquelle un actionnaire décide de
céder son bloc de contrôle, c’est-à-dire des titres donnant droit au moins à 50 % des droits
de vote.
LE + DE L’EXPERT
Franchissement de seuils et conséquences
5 10 15 20 25 30 50 2/3 90 95
Le groupe de sociétés ( fiche 27) n’a pas la personne morale, ce qui permet une
grande souplesse de fonctionnement mais son existence entraîne l’application de règles
spécifiques.
C. Le plan de vigilance
Les sociétés françaises employant plus de 5 000 salariés en France ou 10 000 dans le
monde avec leurs filiales doivent publier un plan de vigilance comportant des mesures
propres à identifier et à prévenir les atteintes aux droits humains et aux libertés fonda-
mentales qui pourraient résulter des activités de la société mère, des sociétés qu’elle
contrôle et de leurs fournisseurs sous-traitants en France comme à l’étranger. Selon
la loi dite « Climat », à compter du 1er janvier 2024, le plan de vigilance des sociétés
produisant ou commercialisant des produits issus de l’exploitation agricole ou forestière
devra comporter des mesures visant à prévenir la déforestation associée à la production
et au transport de biens et de services importés.
Le comité de groupe
Le comité de groupe est composé du chef de l’entreprise dominante (ou de son représen-
tant), assisté de deux personnes avec voix consultative et d’un maximum de 30 repré-
sentants du personnel, désignés par les organisations syndicales de salariés parmi leurs
élus aux CSE des sociétés du groupe, désignés pour 4 ans sauf accord.
Il se réunit au moins une fois par an, sous peine de délit d’entrave. Il reçoit les informa-
tions sur l’activité, la situation financière, les prévisions d’emploi annuelles, les perspec-
tives économiques du groupe, les comptes et bilan consolidés et rapport du commissaire
aux comptes. Il peut se faire assister par un expert-comptable rémunéré par l’entreprise
dominante. En cas d’OPA, il doit être informé.
Le comité d’entreprise européen
Le comité eurropéen doit être créé dans les groupes d’entreprises employant au moins
1 000 salariés dans les États membres et comportant au moins un établissement ou une
entreprise employant 150 salariés et plus dans au moins deux de ces États.
Il se réunit une fois par an sur les thèmes relatifs à la situation économique et financière,
l’évolution des activités du groupe et de l’emploi, les changements organisationnels, les
modifications juridiques des entreprises, les fermetures d’entités et les licenciements
collectifs.
B. La négociation collective
Les accords de groupe
Définition
Les accords de groupe sont, à l’instar des accords d’entreprise, des accords majoritaires.
Les accords de groupe sont conclus avec une ou plusieurs organisations syndicales
ayant recueilli au moins 50 % des suffrages exprimés au premier tour des élections du
comité social et économique (CSE). À défaut, la validité de ces accords est subordonnée
cumulativement à :
–– leur signature par une ou plusieurs organisations syndicales ayant recueilli au moins
30 % des suffrages exprimés au premier tour des élections du CSE ;
–– la validation de cet accord, dans un délai de 2 mois après sa conclusion, par un vote
des salariés à la majorité des suffrages exprimés. Faute de validation par les salariés,
l’accord est réputé non écrit.
Les taux de 50 % et de 30 % s’apprécient à l’échelle de l’ensemble des entreprises ou
établissements compris dans le périmètre de l’accord. L’éventuelle consultation des
salariés s’effectue également dans ce périmètre.
LE + DE L’EXPERT
La jurisprudence admet qu’un expert in futurum ou qu’un administrateur judiciaire
puisse exercer une mission s’étendant à l’intérieur du groupe.
CGI, article 216. Le régime des sociétés mères précise que « les produits nets des
participations, ouvrant droit à l’application du régime des sociétés mères […], touchés au
cours d’un exercice par une société mère, peuvent être retranchés du bénéfice net total de
celle-ci, défalcation faite d’une quote-part de frais et charges ».
Les produits nets des participations visés par l’article concernent les dividendes, les
distributions de réserves ou les répartitions du boni de liquidation.
L’exonération des distributions est conditionnée à la réintégration d’une quote-part
pour frais et charges dont le montant est susceptible de varier. Cette règle implique une
divergence entre les règles comptables et fiscales, ce qui nécessite de procéder à des
retraitements extracomptables.
Conditions et conséquences du régime des sociétés mères
• Les sociétés relèvent de l’IS
• Les titres sont détenus en pleine propriété ou en nue-propriété
Conditions
• La société mère détient au moins 5 % du capital de la filiale
• Les titres sont conservés pendant un délai minimum de 2 ans
Sociétés relevant Sociétés relevant du régime
Quote-part exclusivement du régime mère-fille et de l’intégration
à réintégrer mère-fille fiscale
5% 1%
▸ Exemple
Plusieurs sociétés relèvent du régime des sociétés mère-fille. La société Arthus verse
400 000 € de dividendes à la société Baïona. L’impôt dû au titre de cette distribution sera
calculé de la manière suivante :
– montant exonéré : 400 000 € ;
– montant à réintégrer extracomptablement : 400 000 × 5 %, soit 20 000 €.
Seule la quote-part de 20 000 € donne lieu à imposition au taux d’IS en vigueur. ◂
2 L’intégration fiscale
Définition
L’intégration fiscale vise à faire la somme arithmétique des résultats de chaque société du
groupe, de manière à obtenir une imposition unique, ceci permettant d’utiliser les pertes de
certaines des sociétés du groupe pour gommer les bénéfices des autres.
Fonctionnement du régime
••L’intégration fiscale conduit à une compensation des bénéfices et des pertes
de toutes les filiales à l’intérieur du groupe. Seule la société tête de groupe
dispose de la qualité de redevable.
Régime ••Pour déterminer le résultat du groupe, les filiales doivent calculer, de manière
isolée, leur résultat. Le résultat individuel de chaque filiale est additionné
afin d’établir le résultat du groupe. Des neutralisations doivent enfin être
effectuées.
B. Le paiement de l’impôt
Lorsque l’addition des résultats des différentes filiales fait apparaître un bénéfice, il est
soumis à l’impôt sur les sociétés selon le taux applicable. Toutes les filiales sont tenues
de souscrire leur propre déclaration fiscale et la société intégrante doit souscrire une
déclaration unique spécifique. La société tête de groupe est seule redevable de l’impôt
sur les sociétés même si toutes les sociétés intégrées sont solidairement responsables
en cas de non-paiement.
Les déficits anciens des filiales ne peuvent en principe être transférés à la société tête de
groupe. Cette règle a cependant été assouplie puisque les filiales peuvent céder à la
société tête de groupe les créances relatives à un report en arrière.
C. La sortie du groupe
Les filiales peuvent être amenées à sortir du groupe. La sortie du groupe implique la remise
en cause de certaines neutralisations. Dans cette situation, les filiales ne peuvent utiliser,
sur les exercices suivants, les déficits qu’elles ont connus au titre des exercices durant
lesquels elles relevaient de l’intégration. En pratique, la convention d’intégration prévoit
une indemnisation de la filiale afin de tenir compte du coût du régime pour celle-ci.
▸▸Exemple
Une société tête de groupe détient les sociétés suivantes : société A à hauteur de 97 % ;
société B à hauteur de 15 % ; société C à hauteur de 95 %. La société A détient la société B
à hauteur de 70 % et la société D à hauteur de 30 %. La société C détient la société B à
hauteur de 5 % et la société D à hauteur de 40 %.
Afin de déterminer le périmètre de l’intégration fiscale, un schéma (voir page suivante) per-
met de clarifier le groupe de sociétés :
••La société A est détenue directement par la société tête de groupe pour plus de 95 % (97).
La société A peut relever de l’intégration fiscale.
••La société C est également détenue directement par la société tête de groupe pour 95 %.
La société C peut relever de l’intégration fiscale.
••La société D est détenue indirectement par le biais des sociétés B et C. Cette détention
indirecte s’effectue par le biais de A à hauteur de 30 % (100 % × 30 % = 30 %) et par le
biais de C à hauteur de 40 %. Au total, la société D est détenue indirectement à hauteur
de 70 %. Elle ne peut donc pas relever du régime de l’intégration.
••La société B est détenue directement par la société tête de groupe à hauteur de 15 %.
Elle est aussi détenue indirectement par le biais de A à hauteur de 70 % (100 % × 70 %
= 70 %) et par le biais de C à hauteur de 5 % (100 % × 5 % = 5 %). Au total, la société B est
détenue à hauteur de 90 %. Elle ne peut donc pas relever du régime de l’intégration fiscale.
30 % 70 %
97 %
Tête 15 %
D B
de groupe
95 %
40 % 5%
LE + DE L’EXPERT
•• Il est indispensable de bien distinguer les conditions relatives au régime mère-fille
et celles qui sont applicables dans le cadre de l’intégration fiscale. Certaines dispo-
sitions étant assez proches, les confusions sont monnaie courante.
•• À compter du 1er janvier 2023, un régime de groupe de TVA sera mis en place en
France.
Un écrit, le contrat constitutif, est obligatoire et est déposé en deux exemplaires au greffe,
puis il doit y avoir immatriculation au RCS et enfin publicité au Bodacc (et non au JAL).
Le GIE est caractérisé par la liberté contractuelle et sa souplesse :
• Le GIE peut avoir un caractère civil ou commercial.
• Le GIE peut se constituer avec ou sans capital. Le capital peut être variable.
• L’objet du GIE est large mais il doit être économique et présenter un lien avec l’activité
de ses membres car il est une structure d’appoint. Le GIE ne doit pas reprendre à son
compte toute l’activité de ses membres sinon il y aurait fusion de fait.
• Le GIE peut avoir ou non comme résultat des bénéfices mais son objet n’est pas d’en
réaliser. En cas de bénéfices, l’AG procède à leur répartition car ils deviennent immé-
diatement propriété des membres du GIE.
• Le GIE ne peut se transformer qu’en SNC sans perdre la personne morale.
Les administrateurs
Tout GIE doit avoir obligatoirement un ou plusieurs administrateurs, personnes
physiques ou morales, qui engagent le GIE pour tout acte entrant dans son objet.
Le contrat organise librement le nombre des administrateurs, leur statut, leurs pou-
voirs. Les conventions conclues directement ou par personne interposée entre le GIE et
un administrateur sont règlementées.
Le contrôle
La dissolution
Les causes de dissolution sont l’arrivée du terme, la réalisation ou l’extinction de l’ob-
jet, la décision de l’assemblée, une décision judiciaire pour justes motifs, le décès d’un
membre personne physique ou dissolution d’une personne morale membre, incapa-
cité, faillite personnelle, interdiction de diriger ou de gérer d’un membre (sauf clause
contraire).
B. Le groupement européen d’intérêt économique (GEIE)
Les membres du GEIE peuvent être des personnes physiques ou morales exerçant une
activité lucrative dans l’Union. Il doit y avoir au moins deux membres relevant de deux
États de l’Union et son siège social doit être dans l’Union. Le contrat est déposé en deux
exemplaires au greffe et publié au RCS, Bodacc et JOUE.
La gérance
Il est administré par un ou plusieurs gérants, personnes physiques (mais les États,
comme la France, peuvent permettre une personne morale). Tout le reste est défini par
le contrat. Les gérants engagent le GEIE pour tout acte même s’il n’entre pas dans l’objet
social, sauf s’il est prouvéque le tiers connaissait ce dépassement.
Les membres
Ils sont réunis en assemblée ou, si le contrat le prévoit, consultés par écrit. Le contrat fixe
le nombre de voix de chaque membre (à défaut, un membre équivaut à une voix) mais
aucun ne peut détenir la majorité des voix. Faute de mention dans le contrat, les déci-
sions sont prises à l’unanimité, qui toutefois reste obligatoire pour les décisions impor-
tantes telles que le transfert du siège, la modification de l’objet, l’admission de nouveaux
membres ou l’autorisation de cession des droits ou encore le retrait d’un membre.
130 Autres modes de coopération interentreprises
Fiche 35
Le contrat peut prévoir l’exclusion d’un membre ; sinon, celle-ci n’est possible que s’il a
gravement manqué à ses obligations ou s’il cause de graves troubles et elle n’est pos-
sible que par décision de justice à la demande de la majorité des membres.
Toutes les autres règles de fonctionnement sont identiques au GIE mais ne peut pas
employer plus de 500 salariés. Un GEIE peut être transformé en un GIE français ou en
SNC sans perte de la personne morale. Toute société, association, tout GIE français peut
être transformé en GEIE sans perte de la personne morale
La dissolution
Mêmes cas que le GIE ainsi que le cas de membres ne remplissant plus les conditions de
nationalité et les autres causes prévues au contrat.
Le propriétaire n’a pas à verser d’indemnité mais il est tenu de reprendre les salariés du
locataire-gérant. À la fin du contrat, le bailleur récupère le fonds en l’état, mais les par-
ties peuvent avoir inséré, dans le contrat, une promesse unilatérale de vente par laquelle
le propriétaire s’engage à vendre son fonds au locataire-gérant.
LE + DE L’EXPERT
Le contrat innommé est un contrat qui ne fait l’objet d’aucun régime légal spécifique
quoiqu’il finisse par recevoir de la pratique une dénomination propre.
1 L’agrément fiscal
Définition
L’agrément fiscal est une décision administrative sollicitée par le contribuable qui autorise
l’application d’un régime fiscal particulier pour la réalisation d’opérations déterminées en
contrepartie du respect de certains engagements.
B. Le régime juridique
Pour bénéficier de l’agrément, le contribuable doit faire une demande auprès de la direc-
tion des finances publiques du ministère du Budget. La décision de l’administration peut
faire l’objet d’un recours. L’agrément de droit doit être motivé à la différence de l’agré-
ment discrétionnaire.
Une fois obtenu, l’agrément peut être retiré si le contribuable n’en réunit plus les
conditions d’application.
••La réponse de l’administration lui est opposable. ••La réponse de l’administration lui est opposable.
••Le silence de l’administration vaut acceptation ••Le silence de l’administration ne vaut pas
(délai variant entre 3 et 6 mois selon les rescrits). acceptation.
Cette garantie s’applique dès lors que le contribuable s’est conformé à la solution rete-
nue par l’administration, qu’il est de bonne foi et que sa situation est exactement iden-
tique à celle sur laquelle l’administration avait pris position.
B. La doctrine administrative
Définition
La doctrine administrative correspond aux commentaires émis par l’administration sur
l’application d’une loi. Elle lui permet de faire connaître sa position sur un point précis ou de
donner son interprétation d’un texte fiscal.
LE + DE L’EXPERT
La demande de rescrit doit être bien pensée par les conseillers fiscaux des entre-
prises. En effet, cette procédure conduit à exposer aux yeux de l’administration les
situations et les montages juridiques envisagés par l’entreprise.
Procédures spécifiques
Cette procédure permet d’effectuer une vérification de la comptabilité
depuis les locaux de l’administration. Pour cela, les agents demandent
aux entreprises de leur transmettre dans les 15 jours le fichier
des écritures comptables pour examen. À défaut de transmission,
Examen elles s’exposent à une amende de 5 000 €. Ce contrôle à distance
de comptabilité de la comptabilité concerne toutes les entreprises qui détiennent
une comptabilité sous forme informatisée. L’examen de la comptabilité
ne peut excéder un délai de 6 mois. Le contribuable bénéficie des mêmes
garanties que lors d’une vérification de comptabilité classique. Un avis
d’examen de comptabilité est également envoyé au contribuable.
Contrôle Lorsqu’une entreprise tient une comptabilité informatisée,
des comptabilités le contribuable doit remettre au début de la vérification le fichier
informatisées des écritures comptables sur lequel figurent les données comptables.
Depuis la loi de finances pour 2020, deux procédures d’abus de droit coexistent.
Abus de droit par fraude à la loi Abus de droit par fraude à la loi
à finalité exclusivement fiscale à finalité principalement fiscale
Garanties du contribuable
••L’envoi d’un avis de vérification.
Garanties communes ••Le respect de la charte du contribuable vérifié.
••L’obligation d’informer le contribuable sur les résultats du contrôle.
••Lorsqu’une vérification de comptabilité est achevée, il est impossible
de procéder à une nouvelle vérification portant sur la même période
Garanties spécifiques et sur le même impôt.
à la vérification ••La présence du vérificateur sur place ne peut excéder 3 mois lorsque
de comptabilité le montant du CAHT de l’entreprise n’excède pas les seuils du régime
simplifié.
••Le respect du principe du contradictoire tout au long de la vérification.
LE + DE L’EXPERT
Gardez à l’esprit que le droit de communication ne se confond pas avec la vérifica-
tion de comptabilité. Les conseillers d’entreprise doivent donc vérifier que l’exercice
du droit de communication ne masque pas une vérification de comptabilité.
1 Les rectifications
À l’issue du contrôle, plusieurs situations se présentent :
– soit aucune anomalie n’est détectée et le vérificateur adresse un avis d’absence de
rectification ;
– soit des anomalies ont été détectées et le vérificateur adresse, par lettre recomman-
dée avec accusé de réception, une proposition de rectification.
L’administration peut également utiliser la procédure d’imposition d’office dans certains
cas précis.
A. La rectification contradictoire
• La proposition de rectification doit comporter des mentions
obligatoires : les motifs du rehaussement, les impositions
Contenu supplémentaires, les intérêts et les majorations.
de la proposition • Le contribuable est libre de se faire assister d’un conseil.
de rectification • Le contribuable dispose d’un délai de 30 jours pour faire valoir
ses observations. Le délai est porté à 60 jours si le contribuable
en fait la demande.
Sanctions fiscales
Manœuvres
Manquements frauduleuses Défaut de paiement
Intérêt de retard
délibérés ou activité ou paiement tardif
occulte
0,20 % par mois de retard. 40 % 80 % ••IR, impôts locaux, IFI = 10 %
Il concerne tous les impôts ••IS, TVA = 5 %
La plainte pour fraude fiscale peut être déposée jusqu’à la fin de la sixième année qui suit
celle au cours de laquelle l’infraction a été commise. L’engagement des poursuites sur le
terrain pénal nécessite, dans certains cas, une saisine préalable de la Commission des infrac-
tions fiscales (CIF), laquelle suspend la prescription pendant une durée maximum de 6 mois.
La saisine de la commission des infractions fiscales n’est plus requise lorsque la fraude
excède le seuil de 100 000 € et lorsque des pénalités équivalentes à 80 % ou 100 % sont
appliquées ou en cas de récidive. Dans ces cas, l’administration est tenue de dénoncer
ces faits au procureur de la République, lequel est libre d’engager des poursuites. Pour
tous les faits autres que ceux-ci, la saisine de la CIF est maintenue.
LE + DE L’EXPERT
Les sanctions fiscales et pénales sont susceptibles de se cumuler. Le Conseil consti-
tutionnel admet le cumul sous certaines conditions. L’administration et le juge pénal
doivent donc toujours faire une bonne application des sanctions pour éviter la cen-
sure des juridictions.
1 Le recours gracieux
Le contribuable peut demander une remise gracieuse de l’imposition supplémentaire.
La demande doit être motivée pour avoir des chances d’aboutir. L’administration n’a
aucune obligation de répondre ou de motiver sa réponse.
Le silence gardé par l’administration pendant 2 mois vaut rejet du recours gracieux. Le
rejet peut être attaqué par le biais d’un recours pour excès de pouvoir devant la juridic-
tion administrative.
2 Le recours contentieux
La phase contentieuse se divise en deux versants : le recours préalable et le contentieux
juridictionnel.
A. Le recours préalable
Les contribuables doivent adresser au service des impôts une réclamation avant de pou-
voir régulièrement saisir la juridiction compétente. La réclamation doit être adressée au
service des impôts dont dépend le lieu d’imposition, c’est-à-dire :
– en matière d’impôts directs recouvrés par les comptables du Trésor, au service qui a
établi le rôle dans lequel se trouve l’impôt contesté ;
– en matière d’impôts recouvrés par les comptables de la DGFiP, au service auquel cor-
respond le service des impôts chargé du recouvrement desdits impôts.
La réclamation doit être adressée avant le 31 décembre de la 2e année qui suit le
recouvrement de l’impôt. Les services fiscaux disposent de 6 mois pour répondre à la
demande. L’absence de réponse équivaut à un rejet de la réclamation.
B. Le contentieux juridictionnel
Si le contribuable s’estime insatisfait de la décision prise par l’administration sur sa
réclamation, ou si cette même administration n’a pas répondu dans un délai de 6 mois,
il peut porter le litige devant la juridiction compétente, administrative ou judiciaire.
La charge de la preuve pèse le plus souvent sur le contribuable. C’est le cas lorsque la
base d’imposition est conforme à sa déclaration puisque c’est au contribuable de prou-
ver que l’imposition est exagérée. C’est également le cas lorsque la base d’imposition a
été modifiée à la suite d’une rectification contradictoire, et que le contribuable a accepté
la rectification ou en cas de rejet de la rectification. Enfin, si la base d’imposition a été
établie d’office, il revient au contribuable de prouver le caractère exagéré de celle-ci.
Du point de vue des moyens de preuve admissibles, le principe de la liberté de la preuve
prévaut. Cette règle est toutefois limitée par le caractère écrit de la procédure, faisant
obstacle à la production de témoignages.
Le cheminement du contentieux est sensiblement identique à celui des différends relevant
de l’ordre administratif : tribunal judiciaire, cour d’appel et Cour de cassation. Le délai
pour saisir le tribunal est de 2 mois. Il est d’un mois pour faire appel et de 2 mois pour
se pourvoir en cassation. Aucun recours n’est par principe suspensif, ni l’appel, ni le
pourvoi en cassation.
LE + DE L’EXPERT
Le contentieux fiscal présente la particularité de mettre en place un recours préa-
lable du contribuable directement auprès de l’administration fiscale avant d’avoir
la possibilité d’engager une procédure juridictionnelle.
1 La fusion
Définition
La fusion est la réunion d’au moins deux sociétés préexistantes en une seule.
A. La fusion-absorption
Les modalités
Les dirigeants doivent arrêter le traité de fusion qui énumère : les motifs, buts et condi-
tions de la fusion, l’évaluation de l’actif et du passif de l’absorbée, la date d’arrêté des
comptes, le rapport d’échange avec les méthodes d’évaluation qui doivent être objec-
tives, sincères et respecter l’égalité entre actionnaires, les modalités de remise des titres
de l’absorbante aux associés de l’absorbée (Si un associé n’a pas le nombre de titres lui
donnant droit à un titre de l’absorbante, il doit acheter ou céder des rompus). Ce projet
ou traité est soumis pour avis au CSE puis il est déposé au tribunal de commerce et
publié au JAL au moins un mois avant la date de l’AGE.
Le commissaire à la fusion est désigné par le président du tribunal de commerce sta-
tuant sur requête des sociétés. Il est obligatoire pour les sociétés par actions et SARL et
en cas de fusion entre de telles sociétés. Il peut être écarté lorsque :
• Il s’agit de l’absorption d’une filiale (SA ou SARL) détenue à 100 %, ou à 90 % sous
réserve d’une offre de rachat des actions des minoritaires de l’absorbée. Aucun accord
de l’absorbée n’est requis, uniquement un accord de principe de l’absorbante.
• Les associés ou actionnaires décident à l’unanimité de ne pas y recourir.
• La société absorbante ou absorbée n’est ni une société par actions ni une SARL.
Le commissaire à la fusion établit un rapport dans lequel il vérifie que les valeurs attribuées
aux actions ou parts sont pertinentes et que le rapport d’échange est équitable. Il mentionne
la méthode suivie pour la détermination du rapport d’échange et les difficultés particu-
lières d’évaluation. Ce rapport est déposé au siège au moins un mois avant l’AG. Si les deux
sociétés ont formulé une requête commune pour sa désignation un seul rapport est établi.
En cas d’apport en nature ou d’avantages particuliers, un second rapport est nécessaire (en
l’absence de commissaire à la fusion, le rapport est rédigé par un commissaire aux apports).
La réalisation de la fusion
La loi Pacte permet à l’AGE d’une SA de déléguer ses pouvoirs au CA ou directoire pour
décider d’une fusion par absorption (durée maximale de 26 mois) et le pouvoir de déter-
miner les modalités définitives du projet de fusion (durée maximale de 5 ans). Lorsque le
CA ou le directoire demande une délégation, il doit établir un rapport écrit et le mettre
à la disposition des actionnaires.
Restructurations de l’entreprise 143
Fiche 40
Lorsque la société absorbante détient une participation dans la société absorbée, elle doit
obligatoirement annuler sa participation dans la société absorbée selon deux systèmes :
•• Par le système de la fusion-renonciation, l’absorbante renonce aux actions ou parts
qui auraient dû lui revenir et limite son augmentation de capital.
•• Par la fusion-allotissement avant la fusion, un partage partiel de l’actif de l’absor-
bée intervient au profit de l’absorbante à concurrence de ses droits dans le capital de
l’absorbée. L’opération est peu utilisée en pratique car elle est fiscalement onéreuse
(imposition des plus-values et des distributions).
Si la société absorbée possède des titres de la société absorbante, la fusion conduit la
société à détenir ses propres titres :
•• Si l’absorbante est une SARL, cette opération est interdite.
•• Si l’absorbante est une société de capitaux, elle peut conserver ses actions jusqu’à
10 % de son capital (au-delà les actions doivent être cédées dans les 2 ans). Les titres
de l’absorbante dans l’absorbée sont maintenus et le capital de l’absorbante est
augmenté en tenant compte de cette participation. Une publicité légale (JAL, RCS,
Bodacc) est exigée, ainsi qu’une déclaration de conformité. La loi Pacte a supprimé
cette dernière pour les SAS et les SCA.
B. La fusion par création d’une nouvelle société
Les sociétés fusionnantes sont dissoutes sans liquidation car elles transfèrent à une nou-
velle société leurs patrimoines réciproques, moyennant l’attribution de titres.
Les assemblées des deux sociétés doivent approuver la fusion, mais aussi les statuts
de la nouvelle société, et désigner les nouveaux dirigeants. La date d’effet de la fusion
correspond à la date d’immatriculation de la nouvelle société au RCS. Cette opération
est très rare car elle est fiscalement désavantageuse.
2 La scission
Définition
La scission est l’opération par laquelle une société transmet son patrimoine à plusieurs
sociétés.
Pour la société qui reçoit l’apport, l’opération prend la forme d’une augmentation de
capital par apport en nature. La société doit négocier les contrats nécessaires au fonc-
tionnement de l’activité, sauf les contrats de travail et les baux commerciaux. Quant au
passif, une cession de dettes intervient par accord des parties.
Pour la société qui effectue l’apport, une cession intervient contre remise de titres.
Il s’agit d’un acte de gestion ne nécessitant pas l’accord des associés, ce qui peut être
dommageable en cas d’apport important.
Selon une recommandation de l’AMF, le régime des fusions doit être suivi lorsque l’apport
partiel entraîne une modification de l’objet social de la société auteur de l’apport. Les par-
ties peuvent se placer d’un commun accord sous ce régime. Dans ce cas, une décision
des associés intervient, donc un rapport de gestion, des rapports de commissaires, une
assemblée, un droit d’opposition des créanciers et une publicité légale. Cette lourdeur est
compensée par le fait que la transmission universelle du patrimoine (TUP) ( fiche 41)
de la branche d’activité offre une plus grande efficacité.
gain réalisé lors de l’échange de titres en fonction du régime prévu pour les personnes
physiques et les personnes morales. Lorsque les titres sont détenus par une personne
morale, il existe un régime de sursis d’imposition sur option (CGI, art. 38‑7 bis).
À défaut d’application des régimes de faveur, la scission de société implique les mêmes
conséquences fiscales que la dissolution (imposition des bénéfices, des provisions, des
plus-values et du boni de liquidation).
L’opération de scission peut bénéficier du même régime de faveur que celui applicable
aux fusions si les conditions fixées à l’article 210 B du CGI sont réunies. Lorsque les
conditions ne sont pas réunies, un agrément doit être obtenu.
LE + DE L’EXPERT
Le régime spécial des fusions est parfois moins favorable que le régime de droit
commun (ex. : déficits fiscaux de l’absorbée). Le régime de faveur est également
applicable, depuis la loi de finances pour 2020, aux opérations de fusion et de scis-
sion sans échange de titres (entre sociétés sœurs).
1 L’information obligatoire
Tout commerçant doit tenir une comptabilité et dresser des comptes annuels, sauf les
commerçants personnes physiques soumis au régime des micro-entreprises :
• Les sociétés commerciales doivent établir des annexes au bilan indiquant de nombreux
éléments comme, par exemple, l’état des cautionnements, avals et garanties donnés
par la société, ou encore pour les sociétés cotées l’inventaire des valeurs mobilières
détenues. Certaines sociétés sont tenues d’établir des comptes consolidés.
• La loi Pacte autorise les moyennes entreprises, situées au-dessus des seuils des
petites entreprises sans dépasser deux des trois seuils suivants (20 M€ au total du
bilan, 40 M€ de CAHT et 250 salariés), à adopter une présentation simplifiée de leur
compte de résultat et à ne rendre publique qu’une présentation simplifiée de leur
bilan et de leur annexe qui n’a pas à être accompagnée du rapport du commissaire
aux comptes. Les sociétés appartenant à un groupe ne peuvent pas faire usage de
cette faculté.
• Les sociétés par actions, SARL et SNC détenues par des sociétés par actions et SARL
sont tenues de déposer au greffe du tribunal de commerce leurs comptes annuels.
• Les micro-entreprises peuvent demander que leurs comptes annuels, déposés au
greffe du tribunal de commerce, ne soient pas rendus publics.
Définition
Constituent des micro-entreprises, les commerçants remplissant au moins deux des
critères suivants : un total de bilan de moins de 350 000 €, un montant net du CA de moins
de 700 000 € et un nombre moyen de salariés inférieur à 10.
confidentialité, ne peuvent être délivrés qu’aux sociétés les ayant déposés, aux autorités
judiciaires et administratives, ainsi qu’à la Banque de France.
Les petites entreprises peuvent ne pas rendre public leur compte de résultat.
Définition
Est considérée comme une « petite entreprise », une organisation ne dépassant pas deux
des trois seuils suivants : 6 M€ au total du bilan, 12 M€ de CA et une moyenne de 50 salariés.
Les sociétés commerciales, les EPIC, GIE et GEIE ( fiche 35) et les associations ayant
une activité économique ( fiche 57) et au moins 300 salariés (sont pris en compte les
CDI de la société et ceux des filiales détenues directement ou non à plus de 50 %) ou
un CAHT de 18 M€ doivent établir des comptes prévisionnels. Cette obligation cesse
lorsque l’entité ne remplit plus ces conditions durant deux exercices successifs.
2 La procédure d’alerte
A. L’alerte par le commissaire aux comptes (CAC)
Le CAC est obligatoire :
–– dans les sociétés commerciales franchissant deux seuils des trois seuils suivants : 4 M€
au bilan, 8 M€ de CAHT et 50 salariés ;
–– dans les sociétés tête de groupe, dès lors que l’ensemble des sociétés dépasse deux des
trois seuils suivants : 4 M€ au bilan cumulé, 8 M€ de CAHT cumulé et 50 salariés. Les
sociétés têtes de groupe contrôlées par une société ayant un CAC en sont dispensées ;
–– dans les sociétés contrôlées par les personnes contrôlantes précitées, en cas de fran-
chissement de deux des trois seuils suivants : 2 M€ au total du bilan, 4 M€ de CAHT
et 25 salariés ;
–– quand sa nomination s’effectue à la demande d’un ou de plusieurs associés détenant
au moins le tiers du capital. Le CAC est alors nommé pour trois exercices et non six.
Définition
La procédure d’alerte consiste, pour le CAC qui relève tout fait de nature à compromettre
la continuité de l’exploitation, à alerter les personnes et autorités compétentes, sauf si les
dirigeants ont engagé une procédure de conciliation ou de sauvegarde.
Procédure d’alerte en SA
Continuité
Délibération du CA ou CS
assurée
Oui
Phase 3 Le CAC établit un rapport Non Fin de l’alerte
Rapport spécial et demande la réunion
transmis d’une AG qu’il peut convoquer
au CSE en cas d’urgence
Continuité
Décision de l’AG assurée
Oui
Le CAC informe le président Non Fin de l’alerte
Phase 4
du tribunal de commerce
Fin de la
ou du tribunal judiciaire
procédure
(pour les sociétés civiles)
et lui transmet tous
les documents nécessaires
Dans les sociétés commerciales, lorsque le dirigeant, informé des difficultés par le CAC,
ne répond pas à celui-ci ou ne lui donne pas une réponse satisfaisante ou encore lorsque
les décisions prises à l’issue de l’assemblée générale ne permettent pas d’assurer la
continuité de l’exploitation, le CAC peut demander à être entendu par le président du
tribunal.
Depuis l’ordonnance de 2021, le CAC peut informer le président du tribunal dès la pre-
mière information faite au dirigeant lorsque l’urgence commande l’adoption de mesures
immédiates et que le dirigeant s’y refuse ou propose des mesures insuffisantes. Il n’a pas
besoin d’attendre le délai de réponse de 15 jours.
Issues de l’entretien
Entretien
LE + DE L’EXPERT
Différentes informations sont disponibles dans RCS (PV d’AG, rapports de gestion
ou du CAC, comptes annuels etc) et dans certains registres spéciaux (registre des
protêts, registre spécial des inscriptions de nantissements ou de crédit-bail, etc.).
1 Le mandataire ad hoc
Un débiteur exposé à des difficultés peut demander en justice la désignation d’un
mandataire ad hoc. Le débiteur peut proposer au juge le nom d’un mandataire. Le CAC
est informé par le greffier et par LRAR de cette nomination.
Cette procédure est ouverte à :
– toute entreprise artisanale ou commerciale et à toute personne morale de droit privé
ayant ou non une activité économique ;
– toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante, y com-
pris une profession libérale.
Le débiteur expose au président du tribunal les difficultés et les mesures de redresse-
ment envisagées. La loi ne définit pas le degré des difficultés nécessaire à la nomination
du mandataire ad hoc.
Le président peut nommer un mandataire dont il fixe la durée et le contenu de la mission. Le
mandataire émet périodiquement un rapport au tribunal qu’il doit alerter dès qu’il constate
la cessation des paiements. En cas de difficultés financières, le mandataire peut négocier
un protocole d’accord avec les créanciers (délais de paiement et/ou remises de dettes).
Si aucun accord n’a été conclu durant le temps imparti, le mandataire ad hoc en informe le
président du tribunal. Dans ce cas, il y a lieu de constater l’échec de la procédure de mandat
ad hoc. S’ensuit alors une procédure de conciliation, de sauvegarde ou redressement.
2 La conciliation
La procédure de conciliation est ouverte aux entreprises éprouvant une difficulté juri-
dique, économique ou financière avérée ou prévisible et ne se trouvant pas en cessation
des paiements depuis plus de 45 jours.
La demande de conciliation est formulée, par écrit, par le débiteur exposant ses difficultés
sans qu’il ait à en informer le CSE. Le président du tribunal peut charger un expert d’éta-
blir un rapport sur la situation économique, sociale et financière. Le président désigne
un conciliateur pour une durée de 4 mois (prorogeable d’un mois à la demande du conci-
liateur), avec pour mission de trouver un accord avec les créanciers appelés à accorder
des délais de paiement ou à concéder des remises de dettes. Le juge peut charger le
conciliateur d’en suivre l’exécution.
A. La portée de l’accord de conciliation et de son homologation éventuelle
Le débiteur atteste qu’il n’était pas en état de cessation des paiements lors de la conclusion
de l’accord ou qu’il l’était depuis moins de 45 jours et que l’accord met fin à cette situation.
La décision constatant l’accord lui donne force exécutoire. Aucune publicité ne s’impose,
sauf en cas d’homologation.
À compter de l’accord, les créanciers signataires ne peuvent plus agir en recouvrement
de leurs créances, alors que les non-signataires conservent leurs droit de poursuite en
cas de non-paiement mais le débiteur peut obtenir du juge qu’il lui accorde des délais
de paiement de 2 ans. L’ordonnance de 2021 lui permet même de ne pas attendre une
action du créancier afin de demander un échelonnement de la dette dans la limite de la
durée de la mission du conciliateur. Les garants et coobligés peuvent se prévaloir de ces
délais de paiement. L’accord peut être homologué. À cette fin :
–– le débiteur ne doit pas être en cessation des paiements ou l’accord y met fin ;
–– les termes de l’accord sont de nature à pérenniser l’activité de l’entreprise ;
–– l’accord ne porte pas atteinte aux intérêts des créanciers non signataires.
Les effets de l’accord constaté ou homologué sont :
–– la fin de la procédure de conciliation ;
–– la suspension, pendant son exécution, de toute action en justice et de toute poursuite
individuelle en paiement de créances comprises dans l’accord ;
–– la suspension des délais impartis aux créanciers signataires de l’accord ;
–– le bénéfice de l’accord pour les cautions ou garanties autonomes, ainsi que pour les
personnes coobligées ou ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou
cédé un bien en garantie.
B. L’inexécution de l’accord de conciliation
L’inexécution de l’accord homologué entraîne sa résolution. Le juge peut alors pro-
noncer la déchéance des délais de paiement accordés. L’ouverture d’une procédure de
sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire fait suite à cette résolution. Les
personnes qui avaient consenti, dans le cadre de l’accord homologué, un nouvel apport
de trésorerie au débiteur ou qui lui ont fourni un nouveau bien ou service pour les besoins
de son activité sont payées en priorité (privilège dit « de l’argent frais »). Ce privilège
prime les créances nées avant l’ouverture de la conciliation, ou celles de la période
d’observation de la procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire ou encore
celles qui sont nées après le jugement de liquidation judiciaire.
C. La préparation de la cession de l’entreprise
Le conciliateur peut préparer la cession partielle ou totale de l’entreprise. La cession
sera alors mise en œuvre lors de la procédure collective ultérieure. Si le juge estime suf-
fisantes les démarches et les offres effectuées par le conciliateur, il peut, après avis du
ministère public, écarter la procédure d’appel d’offres. Il fixe alors la date de l’audience
d’examen des offres. Le juge peut autoriser, après avis du ministère public, la cession de
l’entreprise au profit des dirigeants de droit ou de fait par un jugement motivé.
LE + DE L’EXPERT
La préparation de la cession ne peut débuter qu’après avis des créanciers participant
à la conciliation. L’accord de conciliation peut être communiqué au tiers opposant
dont l’action été déclarée recevable.
2 La saisine
La procédure de sauvegarde est à l’initiative exclusive du débiteur qui saisit le tribunal de
commerce ou le tribunal judiciaire en joignant des documents à l’appui de sa demande.
La procédure de redressement judiciaire est ouverte, en principe, sur demande du dé-
biteur (avec documents à l’appui) au plus tard dans les 45 jours de la cessation des
paiements ( fiche 43) (sous peine d’interdiction de gérer). À défaut, un créancier peut
demander cette ouverture en précisant la nature et le montant de sa créance et en indi-
quant les procédures et voies d’exécution engagées pour le recouvrement. Il doit prou-
ver par motivation sérieuse la cessation des paiements. Le procureur de la République
peut saisir le juge afin d’ouvrir la procédure pour des motifs touchant à la protection
d’intérêts supérieurs.
LE + DE L’EXPERT
Le jugement est rendu en audience publique. Il est publié au JAL, au RCS et au Bodacc.
La publicité au Bodacc est le point de départ du délai de déclaration de créances.
Définition
La période d’observation vise à analyser les chances de sauvegarde ou de redressement du
débiteuŕ et de dresser un plan.
Sa durée est de 6 mois renouvelable une fois dans la procédure de sauvegarde, dans la
procédure de redressement judiciaire elle peut être en plus exceptionnellement pro-
longée de 6 mois à la demande du procureur. La période d’observation peut prendre fin
à tout moment ; une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire est alors
prononcée.
Depuis la réforme, lorsque les engagements pour le règlement du passif peuvent être
établis sur la base d’une attestation de l’expert-comptable ou du CAC, ils portent sur les
créances déclarées admises ou non contestées et sur les créances identifiables, notam-
ment celles dont le délai de déclaration n’est pas expiré. Cette mesure permet d’accé-
lérer le déroulement de la période d’observation et l’examen d’un plan sans attendre
que toutes les créances déclarées soient vérifiées. Ce principe s’applique tant pour la
sauvegarde que pour le redressement judiciaire.
–– les créances des créanciers affectés d’une classe qui a voté contre le plan sont inté-
gralement désintéressées par des moyens identiques ou équivalents lorsqu’une classe
de rang inférieur a droit à un paiement ou conserve un intéressement dans le cadre
du plan ;
–– aucune classe de parties affectées ne peut, dans le cadre du plan, recevoir ou conserver
plus que le montant total de ses créances ou intérêts ;
–– le rejet a été fait par une ou plusieurs classes de détenteurs de capital d’une entreprise
ayant au moins 150 salariés et un chiffre d’affaires d’au moins 20 millions, mais qui
n’auraient rien perçu en cas de liquidation ou plan de cession du moment que le plan
ne prévoit pas la cession de tout ou partie des droits des classes n’ayant pas approuvé
le projet de plan.
La décision du tribunal vaut approbation des modifications de la participation au capital
ou des droits des détenteurs de capital ou des statuts prévues par le plan.
LE + DE L’EXPERT
Suite à la crise sanitaire il existe une procédure temporaire dite « de traitement
de sortie de crise » pour les entreprises de moins de 20 salariés et de moins de
3 M€ de passif hors capitaux propres. Elle concerne les entreprises en cessation
des paiements mais ayant les fonds nécessaires pour payer les créances salariales
et capables d’adopter dans les 3 mois un plan de règlement des dettes antérieures.
Un mandataire surveille l’entreprise et représente les créanciers.
Le jugement d’ouverture emporte de plein droit l’interdiction de payer toute créance née
antérieurement à ce jugement, mais la compensation entre une créance née avant le
jugement et une dette est possible à une double condition :
–– la créance et la dette présentent un lien de connexité ;
–– le créancier a bien déclaré sa créance.
Il est interdit de payer les créances nées après le jugement d’ouverture qui ne bénéfi-
cient pas du privilège de paiement, à l’exception des créances liées aux besoins de la vie
courante du débiteur. Il est toutefois possible d’acquitter une créance antérieure afin
de retirer une chose légitimement retenue ou pour obtenir les biens transférés dans un
patrimoine fiduciaire, ou encore pour lever l’option d’achat d’un crédit-bail ( fiche 27).
L’autorisation du juge-commissaire est nécessaire pour :
–– réaliser tout acte étranger à la gestion courante ;
–– constituer une garantie, même une sûreté conventionnelle ;
–– compromettre ou transiger ;
–– payer le transporteur exerçant son action directe ;
–– exercer le droit de retrait d’une créance litigieuse cédée en payant au cessionnaire le
prix réel de la créance afin d’en être libéré.
Le juge-commissaire peut autoriser la vente de biens sur lesquels portent les mesures
conservatoires, dès lors que leur conservation génère des frais ou lorsque ces biens
sont susceptibles de dépérissement. Le prix de cession est versé à la Caisse des dépôts
et consignations (CDC) ; il est insaisissable mais le juge-commissaire peut autoriser
l’affectation des sommes aux besoins de la gestion des affaires du propriétaire de ces
biens, si les fonds disponibles du débiteur sont insuffisants.
2 La préservation du patrimoine
A. Les revendicants
Les vendeurs de biens peuvent revendiquer les biens mobiliers sous certaines conditions.
Biens concernés
••Les biens dont la vente a été résolue avant le jugement d’ouverture
••Les marchandises en cours de transport
••Les marchandises consignées pour être revendues pour le compte du propriétaire
••Les effets de commerce ou autres titres non payés toujours dans le portefeuille du débiteur
••Les biens meubles vendus avec clause de réserve de propriété.
Actions possibles
Action en revendication Action en restitution
••Son objet est de faire reconnaître le droit ••C’est une procédure pour les propriétaires
de propriété sur un bien pour en obtenir de biens dont le contrat a fait l’objet
la restitution. Elle ne peut être exercée d’une publicité et donc pour lesquels le droit
que dans le délai de 3 mois suivant la publication de propriété ne fait aucun doute.
du jugement d’ouverture (ou de liquidation).
Actions possibles
Action en revendication Action en restitution
••L’administrateur, sur autorisation du juge- ••La demande de restitution du bien se fait
commissaire, peut s’opposer à la revendication par LRAR à l’administrateur ou au débiteur.
en payant le prix immédiatement. ••À défaut d’accord de ce dernier dans le mois
••Le propriétaire doit envoyer une LRAR de la demande, le juge statue.
à l’administrateur ou au débiteur ••Un bien qui n’aurait pas été réclamé
(ou au liquidateur) en lui demandant par une telle action peut être vendu
de lui répondre dans le délai d’un mois dans le mois suivant la mise en demeure
et en lui donnant les mesures prises au propriétaire par LRAR. Le prix de vente est
pour lui remettre son bien. consigné et après clôture de la procédure il est
••En cas de contestation, le juge-commissaire statue. restitué au créancier ou à ses ayants droit.
Si le bien a été revendu sans l’accord du vendeur et malgré la clause de réserve, dans ce cas
le vendeur face au sous-acquéreur se heurte à la règle « En fait de meuble, la possession vaut
titre » (C.civ., art. 2276). Le vendeur ne pourra revendiquer que le prix ou la partie du prix
que le sous-acquéreur n’aura pas encore réglé ; donc, si ce dernier a payé l’intégralité, il ne
pourra plus revendiquer. Le conjoint établit la liste de ses biens personnels, conformément
au régime matrimonial. Si le mandataire prouve que les biens revendiqués ont été acquis
avec des sommes fournies par le débiteur, les biens sont alors réunis dans l’actif.
La date de cessation des paiements ne peut être antérieure de plus de 18 mois à celle
du jugement d’ouverture. En cas de conciliation homologuée, la date de cessation des
paiements ne peut être reportée à une date antérieure à l’homologation, sauf fraude.
Jugement
d’ouverture
Afin de reconstituer l’actif du débiteur, certains actes accomplis par le débiteur durant la
période suspecte sont entachés de nullité ou annulables.
••Actes à titre gratuit translatifs de propriété. ••Les actes à titre gratuit faits dans les 6 mois
••Contrat commutatif dans lequel précédant la date de cessation des paiements.
les obligations du débiteur excèdent ••Les paiements pour dettes échues effectués
notablement celles de l’autre partie. et les actes accomplis à titre onéreux
••Paiement de dettes non échues au jour après la date de cessation des paiements
du paiement. peuvent être annulés si les cocontractants ont
••Paiement de dettes échues fait autrement eu connaissance de la cessation des paiements.
qu’en espèces, effets de commerce, virements, ••Tout avis à tiers détenteur, toute saisie
bordereaux Dailly ou tout autre mode attribution ou toute opposition, lorsqu’il a
de paiement communément admis été délivré ou pratiqué par un créancier
dans les relations d’affaires. après la date de cessation des paiements
••Dépôt ou consignation de sommes à défaut et en connaissance de celle-ci.
d’une décision de justice ayant acquis force ••À la règle prévoyant que tous les paiements
de chose jugée. peuvent être déclarés nuls, une exception a été
••Toute sûreté réelle, sûreté conventionnelle, faite en faveur des lettres de change, billets
tout droit de rétention et tout droit à ordre ou chèques pour assurer la circulation
de nantissement constitué sur les biens des effets de commerce. Mais l’administrateur
du débiteur pour dettes antérieurement peut exercer une action contre le tireur
contractées. de la lettre ou contre le bénéficiaire
d’un chèque et le premier endosseur d’un billet
••Mesure conservatoire à moins que l’inscription
s’ils connaissaient l’état de la cessation
ou l’acte de saisie ne soit antérieur à la date
des paiements.
de cessation des paiements.
••Levées ou reventes d’options de souscriptions
ou d’achats d’actions, transfert de biens
ou droits dans un patrimoine fiduciaire.
LE + DE L’EXPERT
Les contrôleurs disposent d’un droit subsidiaire de contestation des actes de tiers,
antérieurs au jugement d’ouverture, ayant entraîné un appauvrissement de la
société.
Défaut de déclaration
À défaut de déclaration de créances, les créances sont déclarées inopposables pendant
la procédure, ce qui signifie que le créancier ne pourra retrouver ses droits que dans un
seul cas, celui de clôture de la procédure pour extinction de passif.
••Le superprivilège garantit le paiement, ••Le privilège général porte sur la généralité
par préférence à toute autre créance des meubles et immeubles par préférence
privilégiée, des rémunérations (dans la limite à toute autre créance privilégiée.
de 2 fois le plafond de la sécurité sociale). ••Il couvre les salaires et accessoires
••Il porte sur les rémunérations de toute pour les 6 derniers mois, les indemnités
nature dues aux salariés et apprentis pour et les créances résultant de la rupture
les 60 derniers jours de travail. des contrats pendant la période d’observation
••Ces rémunérations doivent être payées ou dans le mois de l’arrêt du plan ou dans les
immédiatement après le jugement d’ouverture 15 jours suivant la liquidation.
et l’administrateur doit verser immédiatement ••Les sommes sont payées avec les fonds
un mois de salaire impayé. disponibles, ou à défaut par l’AGS
••Le solde doit être payé dans les 10 jours à la demande du représentant des salariés
du jugement d’ouverture, à défaut dès les sur présentation des relevés de créances,
premières rentrées d’argent ou par l’AGS. avant l’expiration du délai de 3 mois
après le jugement d’ouverture.
LE + DE L’EXPERT
Le superprivilège des salariés ne vaut que dans le cadre d’une procédure collective.
Durée du plan
Ne ne peut excéder 10 ans (15 ans pour les agriculteurs). Le juge prend acte des délais et remises
acceptés par les créanciers qu’il peut réduire.
Effets du plan
• Dans la procédure de sauvegarde, les personnes physiques ayant accordé un cautionnement
ou une garantie autonome en faveur du débiteur peuvent se prévaloir du plan. Le juge peut
rendre inaliénables certains biens, et tout acte passé en violation peut être annulé à la demande
de tout intéressé dans les 3 ans à compter de la conclusion de l’acte.
• Les délais de paiement ne peuvent pas excéder la durée du plan. Le premier paiement ne peut
intervenir au-delà du délai d’un an ; au-delà de la deuxième année, le montant de chacune
des annuités prévues par le plan ne peut être inférieur à 5 % du passif admis et à compter
de la sixième année il ne doit pas être inférieur à 10%.
• Les créanciers qui n’ont accepté aucun délai ou remise peuvent se voir imposer par le juge des délais
de paiement uniformes. Le plan peut donner la possibilité d’obtenir un paiement dans des délais
plus brefs en contrepartie d’une réduction du montant de la créance, sauf créances salariales
superprivilégiées et créances inférieures à 500 €.
• En cas de cession partielle d’actifs, le prix est versé au débiteur.
2 La sauvegarde accélérée
Elle est réservée, sous conditions cumulatives :
–– au débiteur déjà engagé dans une conciliation et ayant élaboré un plan assurant au
mieux la pérennité de l’entreprise et susceptible d’être accepté par les parties a ffectées ;
–– au débiteur qui n’est pas en cessation des paiements ou qui était en cessation des paie-
ments depuis moins de 45 jours avant la demande de l’ouverture de la conciliation ;
–– au débiteur ayant des comptes certifiés par un CAC ou établis par un expert-comptable.
La réforme de 2021 supprime la sauvegarde financière accélérée qui était pour les entre-
prises endettées auprès des établissements de crédit et obligataires mais précise qu’il est
possible de limiter la procédure de sauvegarde accélérée aux établissements de crédit
et autres créanciers financiers. Les spécificités de cette procédure sont les suivantes :
–– la constitution de classes de parties affectées est obligatoire ;
–– le débiteur dresse la liste des créances de chaque partie affectée ayant participé à la
conciliation en précisant les privilèges et suretés ainsi que les accords de subordination
éventuels ;
–– il est possible d’avoir une dispense d’inventaire ;
–– la résiliation de plein droit ne touche pas le contrat en cours pour lequel le créancier
a mis l’administrateur en demeure de se prononcer sur la poursuite ;
–– les règles de revendication de meubles sont écartées ;
–– la sauvegarde accélérée n’a d’effets qu’à l’égard des parties affectées par le projet de
plan établi lors de la conciliation et ce projet est soumis au vote des classes de parties
affectées, dont la constitution obligatoire ;
–– le tribunal arrête le plan dans un délai de deux mois à compter du jugement d’ouverture.
À la demande du débiteur et de l’administrateur judiciaire, le tribunal peut proroger
ce délai sans excéder quatre mois. À défaut d’arrêté de plan dans ce délai, il met fin
à la procédure.
LE + DE L’EXPERT
En cas de modifications substantielles du plan sur les modalités de remboursement
les créanciers intéressés sont consultés et ont 21 jours pour faire part d’observation.
Leur silence vaut acceptation sauf s’il s’agit de remises de dettes ou de conversion
en titre de capital de valeurs mobilières.
1 La liquidation judiciaire
A. Le jugement d’ouverture et les organes de la liquidation
La liquidation judiciaire est ouverte à tout débiteur en cessation des paiements et dont le
redressement est manifestement impossible et aux personnes ayant cessé leur activité ou
décédées si tout ou partie de leur passif provient de leur activité professionnelle. Elle peut
intervenir dès le départ ou à tout moment durant la période d’observation ou lors du plan
de sauvegarde ou de redressement. Les règles concernant la date de cessation des paie-
ments, la déclaration de créances, les nullités des actes de la période suspecte et les actions
en revendication sont identiques à celles de la sauvegarde et du redressement judiciaire.
Le jugement a les mêmes effets que le jugement d’ouverture de la procédure de redres-
sement judiciaire mais rend exigibles les créances non échues.
Acteurs de la liquidation judiciaire
Liquidateur
Débiteur
Créanciers
de conciliation, les créances garanties par des sûretés immobilières ou mobilières spéciales
assorties d’un droit de rétention ou garanties par un nantissement du matériel d’équipement ou de
l’outillage.
B. La réalisation de l’actif
La réalisation de l’actif peut intervenir :
•• Sans cession de l’entreprise. Le liquidateur procède aux opérations de liquidation en
même temps qu’à la vérification des créances. S’il lui apparaît que le produit sera
absorbé par les frais de justice et les créances privilégiées, il n’a pas à vérifier les
créances chirographaires. Les sommes perçues doivent être versées sur un compte à
la Caisse des dépôts et consignation.
•• Les actifs du débiteur, pris individuellement, sont cédés. Le juge-commissaire fixe le
prix de vente des immeubles vendus séparément ainsi que les conditions essentielles
de la vente et la publicité. Il peut procéder à une vente à l’amiable ou à une adjudi-
cation avec une mise à prix (il y a alors purge de l’hypothèque). Les biens mobiliers
sont aussi vendus publiquement aux enchères ou de gré à gré sur ordonnance du
juge-commissaire.
•• Avec cession de l’entreprise. La cession de l’entreprise a pour but d’assurer le maintien
d’activités susceptibles d’exploitation autonome, d’assurer le maintien de tout ou
partie de l’emploi et d’apurer le passif. Lorsque le juge autorise la cession, il valide la
poursuite de l’activité et fixe le délai dans lequel les offres de reprise doivent parvenir
au liquidateur. Seul un tiers peut émettre une offre, ce qui exclut le débiteur, les diri-
geants de droit ou de fait, les parents ou alliés et les contrôleurs. L’offre est émise par
écrit et doit mentionner l’objet de la cession (biens et contrats), les prévisions d’acti-
vité et de financement, le prix de cession et les modalités de règlement, la qualité des
apporteurs de capitaux et des garants, la date de la réalisation de la cession, le niveau
et les perspectives d’emploi, les garanties souscrites, les prévisions de cession d’actif
au cours des 2 ans suivant la cession de l’entreprise. Les modifications sont possibles
à condition qu’elles soient plus favorables.
••Le juge retient l’offre qui lui paraît la meilleure après avoir entendu les intervenants.
••Le juge détermine les contrats cédés. Lorsque la cession porte sur des biens comportant
un privilège spécial, un nantissement ou une hypothèque, le tribunal affecte la quote-part du prix
de cession à chacun de ces biens.
••La modification du plan adopté ne peut intervenir que sur des éléments substantiels
et à la demande du cessionnaire mais en aucun cas elle ne peut porter sur le prix de cession.
Exécution du plan
••Le cessionnaire est uniquement redevable du prix de la cession ; il ne peut pas se voir imposer
d’autres charges que les engagements qu’il a souscrits.
••Tant que le prix n’est pas intégralement payé, il ne peut, à l’exception des stocks, aliéner ou donner
en location-gérance les biens qu’il a acquis. À défaut, l’annulation de la cession est possible.
••Le tribunal peut assortir le plan de cession d’une clause d’inaliénabilité pour une certaine durée
(en général 2 ans) sur certains biens.
••Le cessionnaire rend compte au commissaire à l’exécution du plan à chaque exercice. Le juge peut
prononcer d’office la résiliation du plan en cas de non-respect de ses engagements. Dans ce cas, le prix
déjà payé reste acquis et le cessionnaire peut être condamné en plus à des dommages et intérêts.
•• Seules sont vérifiées les créances susceptibles de venir en rang utile et les créances
salariales, le liquidateur établit un projet de répartition de ces créances.
•• Au plus tard dans un délai de 6 mois ou d’un an quand le débiteur a plus d’un salarié
et un CA > 300 000 €, le tribunal prononce la clôture de la liquidation après avoir
entendu le débiteur. Il peut, par décision motivée, proroger la procédure pour une
durée de 3 mois maximum.
3 Le rétablissement professionnel
Sont concernées par le rétablissement professionnel les personnes physiques, à l’excep-
tion de celles ayant opté pour l’EIRL, et :
–– n’ayant employé aucun salarié au cours des 6 derniers mois ;
–– n’étant pas impliquées dans une procédure prud’homale en cours ;
–– n’ayant pas bénéficié d’une clôture pour insuffisance d’actif ou d’un rétablissement
professionnel depuis moins de 5 ans ;
–– dont l’actif ne dépasse pas 15 000 € (sans compter les biens déclarés insaisissables).
La procédure dure 4 mois afin de vérifier la réalité de la situation patrimoniale du dé-
biteur. Le débiteur n’est pas dessaisi, les poursuites des créanciers ne sont pas arrêtées
et ils n’ont pas à déclarer leurs créances mais le juge peut, à la demande du débiteur,
reporter le paiement et ordonner la suspension des procédures d’exécution engagées.
À l’issue des 4 mois, le juge renvoie l’affaire au tribunal qui décide, soit de l’ouverture
d’une liquidation judiciaire, soit de la clôture de la procédure.
La clôture de la procédure de rétablissement professionnel entraîne l’effacement des
dettes nées antérieurement au jugement d’ouverture, portées à la connaissance du
juge commis par le débiteur et ayant fait l’objet d’une information du créancier par le
mandataire judiciaire.
Ne peuvent pas être effacés les dettes alimentaires, les salaires dus, les dettes résultant
d’une infraction pénale et les dettes de remboursement envers les garants.
LE + DE L’EXPERT
Le juge prononce l’ouverture d’une procédure de liquidation dans quatre cas :
•• Les conditions du rétablissement professionnel ne sont plus remplies.
•• Le débiteur risque d’encourir des sanctions professionnelles ou pénales.
•• Un acte est sujet à une action en nullité (période suspecte).
•• Le débiteur a obtenu le bénéfice du rétablissement professionnel de mauvaise foi.
Personnes physiques
• Avoir poursuivi abusivement une exploitation déficitaire
qui ne pouvait conduire qu’à la cessation des paiements
exerçant une activité
professionnelle • Avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de son actif
ou frauduleusement augmenté son passif
Le juge peut prononcer l’incapacité d’exercer une fonction publique élective pour une
durée égale à celle de la faillite.
B. Les interdictions professionnelles
Le tribunal peut prononcer, en lieu et place de la faillite personnelle, une interdiction
(générale ou limitée) de diriger, de gérer, d’administrer ou de contrôler directement ou
indirectement toute entreprise commerciale, artisanale, ou toute exploitation agricole
ou toute personne morale, soit une ou plusieurs de celles-ci.
Cette sanction, qui n’excède jamais 15 ans, peut aussi être prononcée :
–– dans le cas où le débiteur, de mauvaise foi, n’a pas remis au mandataire de justice à
l’administrateur ou au liquidateur les renseignements qu’il est tenu de lui communi-
quer dans le mois suivant le jugement d’ouverture ;
–– dans le cas où le dirigeant a omis sciemment de demander l’ouverture d’une procédure
de redressement ou de liquidation judiciaire dans le délai de 45 jours à compter de la
cessation des paiements, sans avoir, par ailleurs, demandé l’ouverture d’une procédure
de conciliation.
Le prononcé d’une interdiction de diriger emporte, pour les dirigeants, la déchéance du
droit de vote dans les assemblées générales et le juge peut également leur imposer de céder
leurs titres. L’intéressé peut demander au tribunal la levée de tout ou partie des sanctions.
C. Les sanctions
La banqeroute est passible :
–– d’un emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 75 000 € (7 ans et 100 000 € pour
le dirigeant d’une entreprise prestataire d’investissements) ;
–– de peines complémentaires (ex. : interdiction de fonction publique pendant 5 ans,
exclusion des marchés publics et interdiction d’exercer l’activité à l’occasion de
laquelle le délit a été commis pendant 5 ans, interdiction pendant 5 ans d’émettre
des chèques et de gérer ou de contrôler une entité, privation de droits civiques, civils
et de famille).
LE + DE L’EXPERT
Outre la banqueroute, le juge pénal peut également prononcer une mesure de
faillite personnelle ou une interdiction de diriger.
▸▸Exemple
La cession du fonds emporte la cession des baux commerciaux, des contrats de travail, de
certains contrats d’assurance ou encore des contrats d’édition. ◂
▸▸Exemple
Le dol peut provenir de la présentation de faux documents comptables. En général, un audit
financier est mené afin d’évaluer le prix. ◂
Il est possible d’insérer une clause d’earn out (ou clause d’intéressement) selon laquelle
le prix est fractionné, avec une partie payable immédiatement et une autre partie
variable à paiement différé en fonction des futures performances de la société.
L’acheteur bénéficie de la garantie du droit du contrat de vente. La garantie des vices
cachés ne peut jouer que si l’acheteur démontre l’impossibilité de continuer l’activité
(le vendeur garantit l’existence des titres et non la solvabilité de la société). Les clauses
de garantie de passif sont fréquentes dans les cessions de contrôle.
Définition
Par une clause de garantie de passif le cédant garantit la véracité ou l’exactitude des
informations fournies pour fixer le prix de vente. Une telle clause vise à prémunir le
cessionnaire contre toute aggravation du passif ou diminution de l’actif provenant d’un évé-
nement inconnu au jour de la cession, mais dont l’origine est antérieure, et qui se révélerait
postérieurement à la cession.
Le cédant a fortement intérêt à préciser, dans la clause de garantie de passif, les caté-
gories de dettes qu’il prend en charge (fiscales, sociales...) et à fixer un plafond à son
engagement.
B. La forme de la cession
Les droits sociaux sont cédés selon deux modalités.
••Unanimité requise
SNC ••À défaut d’accord, aucune solution de sortie n’a à être proposée à l’associé
qui reste prisonnier de ses titres (il peut alors conclure une convention
de croupier)
SAS Actions librement négociables mais possibilité statutaire d’agrément, voire de clause
d’inaliénabilité de 10 ans max. (renouvelable à l’unanimité au plus tard à l’échéance)
SCS Unanimité en principe requise mais les statuts peuvent être plus souples
LE + DE L’EXPERT
Lorsque le cessionnaire ne dispose pas des capitaux suffisants pour acquérir la
totalité des titres proposés, il peut procéder à des ventes successives en faisant en
sorte que le vendeur soit obligé, par des promesses de cession ou par des pactes de
préférence. De même, la personne physique souhaitant acquérir une société peut
décider de conclure préalablement un contrat de location de parts sociales pour les
SARL soumises à l’IS ou d’actions, montage renforcé par le recours au crédit-bail.
1 Les plus-values
A. Les plus-values professionnelles
Cession par une entreprise ayant opté pour l’IR
Lorsque le cédant est une entreprise relevant de l’impôt sur le revenu, la plus-value
professionnelle doit être qualifiée en fonction de la nature du bien cédé et de la durée
de détention des titres cédés.
Relèvent des plus-values à long terme les titres détenus depuis plus de 2 ans, de même
que les titres détenus depuis moins de 2 ans à condition que la cession comprenne éga-
lement des titres de même nature détenus depuis plus de 2 ans.
Lorsque tous les titres cédés sont détenus depuis moins de 2 ans :
– la plus-value est intégrée dans les résultats d’exploitation et imposée dans les condi-
tions de droit commun ;
– la moins-value est déductible du résultat d’exploitation ;
– les plus-values dégagées lors de la cession des titres faisant partie de l’actif immo-
bilisé se voient appliquer le régime des plus-values à long terme (taux d’imposition
de 12,8 %), auquel il faut ajouter les prélèvements sociaux à hauteur de 17,2 %, soit
30 % au total ;
– les moins-values nettes à long terme ne sont imputables que sur les plus-values à long
terme réalisées au cours des dix exercices suivants.
Le régime des plus-values connaît de nombreuses exonérations :
• L’exonération en faveur des TPE (très petites entreprises) (CGI, art. 151 septies). Elle
concerne toutes les immobilisations, quel que soit le fait générateur, à quatre condi-
tions.
Recettes annuelles
Exercice HT inférieures à :
d’une activité – 350 000 €
commerciale, Activité Activité (entreprises de vente, hôtels,
industrielle, exercée depuis exercée à titre cafés et restaurants)
artisanale, au moins 5 ans personnel – 126 000 €
libérale (autres prestataires
ou agricole de services)
•• L’exonération pour les PME dont le fonds de commerce est inférieur à 1 000 000 €
(CGI, art. 238 quindecies). Pour le calcul de la valeur du fonds de commerce est pris en
compte le tarif stipulé des éléments transmis ou leur valeur vénale, ce à quoi s’ajoutent
les charges en capital et les indemnités stipulées au profit du cédant. Le cédant
doit exercer son activité depuis au moins 5 ans. L’entreprise doit être une PME au
sens communautaire. La cession peut également porter sur une branche complète
d’activité. L’exonération est totale si le fonds de commerce à une valeur inférieure
à 500 000 € et dégressive si sa valeur est comprise entre 500 000 et 1 000 000 €.
•• L’exonération du dirigeant en retraite (CGI, art. 151 septies A). Ce régime s’applique aux
exploitants individuels et aux associés de sociétés de personnes partant à la retraite.
Activité
commerciale, Retraite effective
Activité
PME au sens industrielle, dans le délai de 2 ans
exercée depuis
européen artisanale, suivant ou précédant
au moins 5 ans
libérale la cession
ou agricole
La loi de finances pour 2022 dispose que le délai entre la cession et le départ à la retraite
soit porté de 2 à 3 ans lorsque le cédant a fait valoir ses droits à la retraite entre le 1er jan-
vier 2019 et le 31 décembre 2021.
La portée de l’exonération est moins avantageuse que dans les cas précédents puisqu’elle
ne porte que sur l’impôt sur le revenu. Les prélèvements sociaux au taux de 17,2 % sont
toujours exigibles.
Cession par une entreprise ayant opté pour l’IS
Lorsque le cédant est une entreprise relevant de l’IS, le régime fiscal de la cession dépend
de la qualification des titres cédés.
La plus-value ou la moins-value relative à la cession de titres de placement est intégrée
ou déduite du résultat d’exploitation comme les autres produits et charges.
Pour les titres de participation, l’entreprise doit effectuer, à la clôture de l’exercice, la
différence entre :
–– les plus-values et moins-values à court terme (détenues depuis moins de 2 ans) ;
–– les plus-values et moins-values à long terme (détenues depuis plus de 2 ans).
On obtient une plus-value ou une moins-value nette à court ou à long terme :
•• La plus-value nette à court terme de cession de titres de participation intègre le résul-
tat d’exploitation soumis à l’impôt sur les sociétés.
•• Les moins-values nettes à long terme de cession de titres de participation sont déduc-
tibles des résultats d’exploitation.
•• La plus-value nette à long terme de cession de titres de participation fait l’objet d’un
traitement particulier puisqu’elle est exonérée sous condition de réintégration d’une
quote-part de frais et charge de 12 %.
182 Fiscalité de la transmission de l’entreprise à titre onéreux
Fiche 52
•• La moins-value nette à court terme est déduite du résultat d’un point de vue comp-
table mais le droit fiscal ne l’admet pas en déduction. Il faut alors neutraliser l’opéra-
tion en effectuant une réintégration extracomptable du montant de la moins-value
à court terme.
▸▸Exemple
L’associé Xavier cède les parts qu’il détient dans une SARL pour un montant de 200 000 €
correspondant à 60 % du capital de la société.
••Calcul de l’abattement : 23 000 × 60 % = 13 800 €.
••Calcul de la base imposable : 200 000 – 13 800 = 186 200 €.
••Calcul des droits d’enregistrement : 186 200 × 3 % = 5 580 €. ◂
Les cessions d’actions sont soumises à un droit d’enregistrement dont le taux est fixé à
0,1 % (CGI, art. 726, I-1).
Un abattement de 300 000 € est applicable pour les cessions d’actions aux salariés ou
aux membres de la famille.
Pour les sociétés cotées, les droits d’enregistrement au taux de 0,1 % ne sont dus qu’en
présence d’un acte venant constater la cession. Ainsi, dans le cas où la cession ne donne
pas lieu à la rédaction d’un écrit, les droits d’enregistrement ne sont pas dus. Il s’agit de
ne pas pénaliser les échanges sur les marchés financiers français.
Pour les sociétés non cotées, les droits d’enregistrement sont toujours dus.
LE + DE L’EXPERT
Souvenez-vous que, par exception, le bail commercial fait partie des éléments du
fonds de commerce. Le droit au bail est donc cédé avec le fonds.
Outre les clauses statutaires, il existe des causes spécifiques de dissolution selon la
forme sociale.
SARL Nombre d’associés supérieur à 100 et lorsque le montant des capitaux propres
est inférieur à la moitié du capital social.
Définition
La liquidation regroupe l’ensemble des opérations consécutives à la dissolution : le recouvre-
ment des créances et l’apurement du passif social, la reprise des apports des associés et le
partage d’un éventuel boni de liquidation.
C. Le rôle du liquidateur
La désignation d’un liquidateur entraîne la cessation des fonctions des organes de
gestion.
Le liquidateur dresse l’inventaire, recouvre les sommes dues, réalise l’actif, désintéresse
les créanciers sociaux et règle le passif social. Il informe les associés.
Il a interdiction de réaliser l’actif à son profit, celui de ses ascendants, descendants et
salariés. Quand la réalisation a lieu au profit d’une personne ayant eu, dans la société,
la qualité d’associé en nom, de commandité, de dirigeant, de membre du CS, de CAC
ou de contrôleur, le liquidateur doit recueillir l’accord de tous les associés ou, à défaut,
du juge.
Le liquidateur doit convoquer une AG dans les 6 mois de sa nomination pour présenter
un rapport sur la situation de la société et faire statuer sur les comptes pour la période
allant du début de l’exercice jusqu’au jour de la dissolution. À̀ chaque exercice, il doit
convoquer une AG annuelle et, à la fin de l’exercice, l’AG de clôture.
D. Le partage
Définition
Le partage consiste en la récupération des actifs restants par les associés.
Si des apports en nature restent toujours dans la société, les apporteurs en nature les
reprennent (à défaut, ils en récupèrent la valeur). Si le bien a bénéficié d’une plus-value,
elle est répartie entre les associés. S’il reste un boni de liquidation, il est distribué en
fonction des statuts ou de la proportion dans le capital.
La clôture de la liquidation est publiée et la société est radiée dans les 8 jours de la
notification au RCS. Un avis est publié au Bodacc.
LE + DE L’EXPERT
Dans le cadre du partage suivant la liquidation, l’attribution préférentielle d’un bien
à un associé est possible, à charge de soulte.
Les plus-values et les moins-values à court ou long terme doivent se compenser afin de
dégager une plus-value ou une moins-value nette. La plus-value ou moins-value nette à
court terme est intégrée dans le résultat d’exploitation. La plus-value nette à long terme est
imposée à 16 %. Il faut ajouter à ce taux les prélèvements sociaux à hauteur de 17,2 %, impli-
quant une imposition réelle de 33,2 %. La loi prévoit un régime de faveur lorsque l’entreprise
individuelle ou une branche complète d’activité de celle-ci est apportée à une société.
Un autre régime de faveur existe lorsque l’entreprise individuelle est transmise dans
sa totalité à titre gratuit ( fiche 55), à condition que l’exploitation soit poursuivie par
les bénéficiaires de la transmission. Le report des plus-values (CGI, art. 41) laisse place
à une exonération lorsque l’activité est poursuivie par le nouvel exploitant pendant au
moins cinq années à compter de la date de transmission.
Il existe également la possibilité d’appliquer les trois cas d’exonérations traditionnelles
( fiche 55) :
– l’exonération en faveur des PME dont le fonds de commerce est inférieur à 1 000 000 €
(CGI, art. 238 quindecies) ;
– l’exonération en faveur des TPE (CGI, art. 151 septies) ;
– l’exonération concernant le dirigeant partant à la retraite (CGI, art. 151 septies A).
B. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
L’entrepreneur individuel est tenu de déclarer la cessation au service des impôts dans
les 30 jours pour la déclaration de TVA. Ce délai est porté à 60 jours pour les entreprises
placées sous le régime simplifié d’imposition. Une régularisation du paiement de la TVA
est effectuée si nécessaire.
Fiscalité de la cessation d’activité et de la dissolution d’une société 191
Fiche 54
LE + DE L’EXPERT
La Cour de cassation, allant à l’encontre de la doctrine administrative, a jugé que le
capital social remboursé aux associés n’était pas soumis au droit de partage.
192 Fiscalité de la cessation d’activité et de la dissolution d’une société
DSCG1
55 Transmission de l’entreprise
ou de la société à titre gratuit
Mots-clés
Attribution préférentielle • Convention de partage • Convention d’indivision
• Don manuel • Donation-partage • Indivision • Mandat
Les biens indivis ne peuvent être gérés que sur décisions prises, en principe, à l’unanimité
pour les actes de disposition et à la majorité des deux tiers pour les actes d’administra-
tion, d’où des risques de blocage. L’indivision est un état précaire puisqu’un héritier peut
demander le partage quand il le souhaite.
B. La gestion de l’indivision
L’indivision peut être gérée par :
• Un mandat. L’un des héritiers ou un tiers est mandaté par les héritiers pour gérer
l’indivision. Les indivisaires détenant les deux tiers de l’indivision peuvent donner
mandat à l’un d’entre eux en en informant les autres pour exercer la gestion courante
de l’entreprise. Pour les actes dépassant ses pouvoirs il fat l’accord de tous les indivi-
saires. Même en l’absence d’un mandat spécial un indivisaire peut prendre en charge
la gestion du moment que les autres ne s’opposent pas, ce qui implique un mandat
tacite. Le juge peut autoriser un indivisaire à passer un acte en cas de refus des autres
indivisaires si ce refus venait à mettre en péril l’intérêt commun.
• Une convention d’indivision. Les indivisaires peuvent décider d’établir une convention
d’indivision qui doit être établie par écrit, lister les biens de l’indivision et préciser
Transmission de l’entreprise ou de la société à titre gratuit 193
Fiche 55
les droits de chaque indivisaire (en présence d’un bien immobilier, la convention doit
être établie par un notaire). Elle est à durée déterminée, dans la limite de 5 ans renou-
velable, ou indéterminée. Pour gérer l’indivision, les héritiers peuvent nommer l’un
d’entre eux ou une autre personne, avec la possibilité d’une pluralité de gérants. La
désignation du gérant est prévue par la convention ou effectuée plus tard, sur décision
unanime des héritiers.
C. La fin de l’indivision
Le partage met fin à l’indivision.
Définition
La convention de partage consiste en l’allotissement et l’attribution de biens ou de sommes
d’argent à chaque partie.
La vente des biens peut être imposée ; il peut s’agir de l’entreprise, en l’absence d’accord
sur le repreneur ou lorsque les autres biens ne permettent pas de désintéresser les
créanciers non entrepreneurs.
L’attribution préférentielle de certains biens, dont le fonds de commerce ou le fonds
artisanal, agricole ou commercial, permet de les soustraire de la masse à partager pour
les attribuer à l’un des indivisaires, à charge pour ce dernier de verser aux autres une
soulte éventuelle. Cette solution évite le morcellement d’un bien, voire sa vente.
Définition
L’attribution préférentielle est une modalité du partage obligeant à placer un bien dans le
lot revenant au bénéficiaire qui n’en devient le propriétaire exclusif qu’au jour du partage
définitif.
sociétés dans lesquelles les associés ont la qualité de commerçant (associé en nom ou
commandité), le mineur peut être associé s’il a obtenu la capacité juridique à devenir
commerçant.
Quand les héritiers sont réunis au sein d’une indivision ils doivent nommer, d’un commun
accord, un représentant qui vote en leur nom. Les titres de la société peuvent aussi être
démembrés ; le nu-propriétaire est alors compétent pour prendre les décisions, sauf
celle concernant l’affectation des bénéfices (cette règle n’est pas d’ordre public).
La donation peut être subordonnée à une condition qui a pour objet de faire dépendre
l’existence même de la libéralité d’un événement futur dont la réalisation est incertaine.
La condition peut être :
–– suspensive. Dans ce cas, la donation ne produit aucun effet tant que la condition ne
s’est pas réalisée ;
–– résolutoire. Dans ce cas, sa réalisation entraîne l’anéantissement de la libéralité.
Les donations sont réputées effectuées en avancement de la part sur la succession,
c’est-à-dire qu’au décès elles sont rapportées dans la succession (sauf si elles ont été
réalisées hors part successorale).
▸▸Exemple
Un chef d’entreprise, gérant-associé de société, transfère de son vivant, généralement lors-
qu’il prend sa retraite (voire avant) à des membres de sa famille, le plus souvent ses enfants,
Transmission de l’entreprise ou de la société à titre gratuit 195
Fiche 55
la nue-propriété de ses parts sociales, puis à cause de mort l’usufruit. Les parts sociales seront
ainsi reconstituées au moment du décès, les héritiers devenant alors pleinement associés. ◂
L’opération, dite de donation-partage, est intéressante à double titre :
•• Elle permet aux héritiers de s’acclimater à la société.
•• Elle est soumise à un régime fiscal attractif (prise en compte de l’âge du donateur et
au décès le donataire recouvre la pleine propriété et n’a aucun droit de mutation à
payer). En pratique, les parties constituent une holding ( fiche 30).
Une loi de 1988 permet à des personnes autres que des descendants de bénéficier de
donations-partages mais elle ne s’applique que rarement aux entreprises car le tiers doit
verser la soulte assortie de droits fiscaux très élevés.
LE + DE L’EXPERT
•• Le décès de l’entrepreneur individuel n’entraîne pas, en principe, la résolution du
bail commercial mais il met fin au contrat de franchise ou de concession.
•• Le décès du locataire-gérant entraîne la résolution du crédit-bail.
Abattements forfaitaires
B. Les donations
Le calcul des taxes de donation suit également quatre étapes :
•• Étape 1. Évaluation.
Si la donation ( fiche 55) est réalisée avec un démembrement de propriété, la taxation ne
concerne que la nue-propriété transmise en application du barème fixé à l’article 669 du CGI.
•• Étape 2. Abattements.
L’abattement se renouvelle tous les 15 ans :
Conjoint 80 724 €
Ascendants 100 000 €
Enfants 100 000 €
PACS 80 724 €
Frères et sœurs 15 932 €
Petits-enfants 31 865 €
Arrière-petits-enfants 5 310 €
•• Étape 4. Réductions des droits. Les réductions de droits liées à l’âge du donateur ont
été supprimées par la loi du 29 juillet 2011, sous réserve de ce qui suit s’agissant des
donations d’entreprise en pleine propriété.
LE + DE L’EXPERT
L’exonération au titre du pacte Dutreil peut être remise en cause durant l’intégralité
des délais fixés par la loi en cas de non-respect des engagements, en particulier si
les titres de la société sont cédés.
1 Les associations
Définition
Selon la loi de 1901, l’association est une convention par laquelle deux ou plusieurs per-
sonnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité
dans un but autre que de partager des bénéfices.
••Les membres ont droit aux prestations fournies par l’association, de reprendre
ses biens apportés après la liquidation si l’AG l’autorise.
••Ils doivent s’acquitter de la cotisation et respecter les statuts et le règlement
intérieur. Ils ne sont pas tenus des engagements de celle-ci envers les tiers.
Membres
••L’assemblée générale est compétente pour tous les actes dépassant
l’administration courante, la nomination et la révocation des dirigeants,
les modifications statutaires et la dissolution.
••En principe, il n’existe pas de quorum et chaque membre dispose d’une voix.
œuvre ou d’une mission d’intérêt général ou les redistribue pour assister une personne
morale à but non lucratif dans l’accomplissement de ses œuvres et de ses missions d’intérêt
général (loi dite LME, n° 2008-776 du 4 août 2008).
En cas de liquidation, le boni est transmis à un fonds de dotation dont l’objet est similaire
ou comparable ou à une fondation reconnue d’utilité publique.
3 Le fonds de pérennité
Le fonds de pérennité a été institué par la loi Pacte.
Définition
Un fonds de pérennité résulte de l’apport gratuit et irrévocable d’actions ou de parts
sociales d’une ou de plusieurs sociétés exerçant une activité industrielle, commerciale, arti-
sanale ou agricole, ou détenant directement ou indirectement des participations dans une
ou plusieurs sociétés exerçant une telle activité.
L’apport effectué au fonds de pérennité est, en principe, inaliénable. Il est réalisé par un
ou plusieurs fondateurs afin que le fonds gère les actions ou parts et exerce les droits
attachés dans le but de contribuer à la pérennité économique de cette ou de ces sociétés
et de réaliser ou de financer des œuvres ou des missions d’intérêt général.
Le fonds est déclaré en préfecture avec le dépôt des statuts. Il jouit de la personnalité
morale à compter de la date de publication au JO. Ses ressources sont les revenus et
produits de sa dotation, des produits des activités autorisées par les statuts. Aucun fonds
public ne peut être versé à un fonds de pérennité.
Le fonds est administré par un conseil d’administration (CA) d’au moins trois membres.
Un comité de gestion (au moins trois membres, dont un membre du CA) est chargé du
suivi la gestion financière et de la dotation des actions contribuant à la pérennité éco-
nomique des sociétés. Il formule des recommandations au CA relatives à :
–– la gestion financière de la dotation ;
–– l’exercice des droits attachés aux parts ou titres détenus ;
–– les actions permettant de contribuer à la pérennité économique de ces sociétés. La
modification de l’objet ne pourra être décidée qu’après deux délibérations du CA prises
à la majorité des deux tiers des membres.
Un CAC doit être désigné dès lors que le montant total des ressources dépasse 10 000 €
à la clôture du dernier exercice. L’administration reçoit un rapport d’activité joint aux
comptes et s’assure de la régularité du fonctionnement du fonds. En cas de dysfonction-
nements graves affectant la réalisation de l’objet, elle pourra, après mise en demeure
non suivie d’effet, demander au juge la dissolution du fonds. Les autres causes de disso-
lution sont fixées par les statuts et l’actif net du fonds sera transféré à un bénéficiaire
désigné par les statuts ou, à défaut, à un autre fonds de pérennité ou de dotation ou à
une fondation.
LE + DE L’EXPERT
• Sont immatriculées au registre du commerce et des sociétés (RCS) les associations
émettant des obligations et les associations effectuant, de façon habituelle, des
opérations de change manuel.
• L’association artisanale doit être inscrite au répertoire des métiers (RM) lorsqu’elle
emploie au moins 10 salariés.
Prix Les prix pratiqués se distinguent-ils de ceux constatés dans le secteur lucratif ?
La TVA est un impôt sur la consommation puisqu’il est supporté par toutes les personnes
qui réalisent un achat. Son mécanisme repose sur le droit à déduction qui permet aux opé-
rateurs de déduire de la TVA collectée (TVA exigible) celle qu’ils ont eux-mêmes payée sur
leurs acquisitions (TVA déductible). Ce système assure la neutralité économique de la taxe.
Opération réalisée avec une société établie dans l’UE
Achat Vente
Acquisition intracommunautaire Livraison intracommunautaire
Achat Vente
Importation Exportation
A. Les importations
Les importations de biens font l’objet d’une autoliquidation pour les assujettis à la TVA.
Depuis le 1er janvier 2022, la gestion et le recouvrement de la TVA à l’importation est
transférée à la DGFiP. La DGDDI reste compétente pour le recouvrement de la TVA des
personnes non assujetties.
B. Les exportations
Les exportations sont exonérées de TVA dans la majorité des situations. La plupart du
temps, le pays tiers destinataire de l’exportation (pays d’importation) taxera lui-même
l’opération. En raison du régime d’exonération, les exportateurs peuvent bénéficier d’un
droit à déduction et du système des achats en franchise dans les mêmes conditions que
les opérateurs réalisant des livraisons intracommunautaires.
Importations Exportations
Autoliquidation (distinction à faire selon le lieu Exonération (le droit à déduction et les achats
du dédouanement) en franchise restent applicables)
LE + DE L’EXPERT
Depuis le 1er janvier 2022, la déclaration d’échanges de biens est supprimée. Elle est
remplacée par l’état récapitulatif et la déclaration d’enquête statistique.
1 Le principe
Les prestations de services font l’objet d’un régime particulier. La raison tient au fait
que ce type d’opérations ne fait pas l’objet de livraison physique rendant leur contrôle
plus complexe que les livraisons de biens.
Les prestataires de services qui réalisent des opérations auprès d’assujettis établis dans
d’autres États membres de l’UE doivent déposer une déclaration européenne de services
(DES). Elle est souscrite par voie électronique et doit être produite au plus tard le 10e jour
ouvrable du mois qui suit celui au cours duquel est intervenue l’exigibilité de la taxe.
En ce qui concerne les prestations de services internationales, une distinction doit être
opérée en fonction de la nature de la relation entre le preneur et le prestataire de
services. Dans les relations B to B, l’imposition s’effectue au lieu d’établissement du
preneur tandis que dans les relations B to C, l’imposition se réalise au lieu d’établisse-
ment du prestataire.
Lieu d’imposition des prestations de services
Relation B to B Relation B to C
2 Les dérogations
Le régime des prestations de services internationales comporte de nombreuses déroga-
tions. Elles sont tellement nombreuses que la règle s’est quelque peu inversée, faisant
des dérogations le principe et du principe l’exception.
A. Les prestations matériellement localisables
Les dérogations générales concernent à la fois les relations B to B et les relations B to C.
Nature de la prestation Lieu d’imposition
Prestations sur des immeubles TVA du lieu où l’immeuble est situé
Lieu d’imposition
LE + DE L’EXPERT
Les entreprises peuvent se déclarer auprès du guichet électronique unique pour
faciliter le versement de la TVA.
Si malgré les règles prévues par les conventions internationales, une double imposition
demeure, deux méthodes permettent d’y remédier :
•• La méthode de l’exemption consiste à exonérer de l’impôt français les revenus pro-
venant de l’autre État et imposables dans celui-ci en application de la convention.
•• La méthode de l’imputation consiste à inclure les revenus taxés à l’étranger dans
l’assiette taxable en France, puis de déduire de l’imposition un crédit d’impôt corres-
pondant à l’impôt payé à l’étranger.
LE + DE L’EXPERT
L’imputation peut être totale ou ordinaire :
–– en cas d’imputation totale, l’impôt déjà payé dans l’État source est intégralement
déduit de l’impôt acquitté sur l’ensemble des revenus dans l’État de résidence ;
–– en cas d’imputation ordinaire, les non-résidents sont éligibles à un crédit d’impôt
dans l’État de résidence.
216 Territorialité de l’impôt sur le revenu
DSCG1
62 Territorialité de l’impôt
sur les sociétés
Mots-clés
Convention fiscale internationale • Cycle commercial complet • Établissement permanent
et autonome • Établissement stable • Exploitation • Impôt sur les sociétés • Principe
de territorialité • Représentant • Revenu actif • Revenu passif
Principe Dérogation
• Imposition à l’IS sur les seuls • Les revenus « passifs » sont imposables en France.
bénéfices réalisés par des entreprises Il s’agit des revenus issus de la détention
exploitées en France. d’un droit (dividendes, loyers, redevances, etc.)
• Exclusion des bénéfices et des déficits ou d’une opération exceptionnelle (plus-value).
réalisés par une entreprise exploitée • Les aides à caractère commercial consenties aux filiales
à l’étranger. étrangères sont admises en déduction si la société
française y trouve une contrepartie suffisante (les aides
à caractère financier ne sont pas admises en déduction).
Imposition à l’IS sur les bénéfices réalisés par une entreprise exploitée en France.
▸▸Exemple
La société française Bois Doré a pour activité la vente de meubles design. L’activité étant
florissante, la société a développé son activité à l’étranger. À partir des éléments suivants,
il est possible de déterminer le résultat imposable à l’IS en France en considérant qu’il n’y a
aucune convention fiscale entre les différents États, et sachant que :
––la société Bois Doré réalise un bénéfice de 800 000 € en France ;
––la société Bois Doré a effectué un abandon de créances à caractère commercial de
300 000 € à une filiale allemande, dans le but de conserver certains clients ;
––une usine autonome a réalisé au Mexique un bénéfice de 400 000 €.
Le déficit de l’usine située au Mexique ne peut pas être imputé en France puisqu’il s’agit d’une
entreprise exploitée à l’étranger. En revanche, l’abandon de créances à caractère commercial
semble déductible dans la mesure où il existe une contrepartie permettant de maintenir la
clientèle. Le résultat imposable en France est donc : 800 000 – 300 000, soit 500 000 €. ◂
LE + DE L’EXPERT
La notion d’établissement stable peut également résulter d’un siège de direction
ou de l’existence, sur un territoire, d’un agent dépendant disposant des pouvoirs lui
permettant d’engager la société.
▸ Exemple
Les critères français permettent de dresser une liste des États ou territoires non coopératifs :
Anguilla, Fidji, Guam, îles Vierges américaines, îles Vierges britanniques, Palaos, Panama,
Samoa, Samoa américaines, Seychelles, Trinité et Tobago, Vanuatu. ◂
Le transfert indirect de bénéfices peut être mis en œuvre par des abandons de créances
non justifiés, des ventes à des prix faibles, des achats à des prix excessifs ou une répar-
tition volontairement déséquilibrée des charges communes.
L’article 57 du CGI met en place une présomption de transfert indirect de bénéfices
en indiquant que, pour les entreprises dépendantes ou qui contrôlent des entreprises
situées hors de France, les bénéfices indirectement transférés à ces dernières sont incor-
porés aux résultats imposables. Cette présomption est simple, de sorte que l’entre-
prise peut la réfuter en apportant la preuve que l’opération a entraîné une contrepartie
normale.
Le bénéfice constitue un revenu de capitaux Imposition en France des bénéfices en tant que tels
mobiliers en France selon les droits détenus
LE + DE L’EXPERT
Soyez attentif(ve) à la distinction entre les États à fiscalité privilégiée et les États ou
territoires non coopératifs. Les dispositifs de lutte contre l’évasion fiscale diffèrent
souvent selon ces catégories de pays.