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D CG 2

Droit des sociétés

TOUT L’ENTRAÎNEMENT

France GUIRAMAND
Agrégée d’économie et de gestion
Titulaire d’un DEA de droit des affaires

2013/2014
EXPERT SUP
L’expérience de l’expertise
Les manuels DCG

DCG 1 • I ntroduction au droit, Manuel et Applications corrigées


Jean-François Bocquillon, Martine Mariage
DCG 2 • Droit des sociétés, Manuel et Applications corrigées
France Guiramand, Alain Héraud
DCG 3 • Droit social, Manuel et Applications corrigées
Paulette Bauvert, Nicole Siret
DCG 4 • Droit fiscal, Manuel et Applications
Emmanuel Disle, Jacques Saraf, Nathalie Gonthier-Besacier, Jean-Luc Rossignol
• Droit fiscal, Corrigés du manuel
Emmanuel Disle, Jacques Saraf, Nathalie Gonthier-Besacier, Jean-Luc Rossignol
DCG 5 • Économie, Manuel et Applications corrigées
François Coulomb, Jean Longatte, Pascal Vanhove
DCG 6 • Finance d’entreprise, Manuel et Applications
Jacqueline Delahaye, Florence Delahaye-Duprat
• Finance d’entreprise, Corrigés du manuel
Jacqueline Delahaye, Florence Delahaye-Duprat
DCG 7 • Management, Manuel et Applications corrigées
Jean-Luc Charron, Sabine Sépari
DCG 8 • Systèmes d’information de gestion, Tout-en-Un
Jacques Sornet, Oona Hengoat, Nathalie Le Gallo
DCG 9 • Introduction à la comptabilité, Manuel et Applications
Charlotte Disle, Robert Maeso, Michel Méau
• Introduction à la comptabilité, Corrigés du manuel
Charlotte Disle, Robert Maeso, Michel Méau
DCG 10 • Comptabilité approfondie, Manuel et Applications
Robert Obert, Marie-Pierre Mairesse
• Comptabilité approfondie, Corrigés du manuel
Robert Obert, Marie-Pierre Mairesse
DCG 11 • Contrôle de gestion, Manuel et Applications
Claude Alazard, Sabine Sépari
• Contrôle de gestion, Corrigés du manuel
Claude Alazard, Sabine Sépari

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corrigés détaillés permet de travailler toutes les difficultés du programme.
D CG 2
Droit des sociétés

TOUT L’ENTRAÎNEMENT

France GUIRAMAND
Agrégée d’économie et de gestion
Titulaire d’un DEA de droit des affaires

2013/2014
© Dunod, Paris, 2013
ISBN 978-2-10-059548-8
ISSN 1269-8792

Table des matières

Chapitre 1 Le contrat de société – La personne morale


Rappel de cours : 1. Définition. 2. Les éléments du contrat de société. 3 La libération
et l’évaluation des apports. 4. La responsabilité des associés. 5. Formalités
de constitution. 6. La personne morale 1
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 1 Blanard (éléments du contrat
de société, libération des apports). Cas 2 Pétunia (droits et obligations des associés).
Cas 3 Limoncel (la personne morale : éléments d’identification, fonctionnement et
responsabilité). Cas 4 Formalités (immatriculation) 3

Chapitre 2 Fonctionnement et contrôle de la société


Rappel de cours : 1. Le représentant légal. 2. Les associés. 3. Le contrôle de la société
par le commissaire aux comptes 8
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 5 Martel (le représentant légal).
Cas 6 Castel (contrôle de la société). Cas 7 Nahum (les associés) 11

Chapitre 3 Dissolution – Liquidation de la société


Rappel de cours : 1. La dissolution. 2. La liquidation 15
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 8 Lacroix (dissolution
de la société). Cas 9 Pic (liquidation de la société). Cas 10 Cabinet médical (cas
de dissolution d’une société) 18

Chapitre 4 La société sans personnalité juridique


Rappel de cours : 1. La société en formation. 2. La société de fait. 3. La société créée de fait.
4. La société en participation 22
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 11 Point (responsabilité des actes
conclus pour le compte d’une société en formation). Cas 12 Merle (société créée de fait).
Cas 13 Aulnay (société en participation) 25

V
Table des matières

Cas de synthèse 1 La société : constitution


fonctionnement et dissolution
Cas 14 Pousse-pousse. 28

Chapitre 5 SARL : les associés


Rappel de cours : 1. Les associés, leurs apports, leur responsabilité.
2. Les décisions collectives. 3. Les droits des associés 30
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 15 Basque (fonctionnement
d’une SARL). Cas 16 Cordier (droits des associés dans la SARL) 33

Chapitre 6 SARL : la gérance


Rappel de cours : 1. Nomination. 2. Révocation. 3. Pouvoirs. 4. Responsabilité civile 37
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 17 Basq’air (nomination,
pouvoirs, révocation du gérant). Cas 18 K7 Loc (obligations, pouvoirs, responsabilité) 41

Chapitre 7 SARL : le régime des conventions


Rappel de cours : 1. Les conventions réglementées. 2. Les conventions libres.
3. Les conventions interdites 45
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 19 Lavandin (cumul du
contrat de travail avec le mandat de gérant, conventions avec les associés de la SARL).
Cas 20 Hirondelle (les conventions et leurs conséquences) 48

Chapitre 8 SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations


Rappel de cours : 1. Opérations sur la répartition du capital. 2. Les variations
du capital. 3. Émission d’obligations nominatives. 4. La location de parts sociales 53
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 21 Polychim (augmentation
de capital, émission d’obligations). Cas 22 Arnal (cession de parts sociales,
capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social) 58

Chapitre 9 SARL : transformation en SA et en SAS


Rappel de cours : 1. Les conditions de la transformation. 2. Étapes de
la transformation. 3. Effets de la transformation 62
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 23 Jardins de l’ouest
(conditions et effets de la transformation d’une SARL en SA). Cas 24 Bio Fine
(transformation d’une SARL en SAS) 64

VI
Table des matières

Chapitre 10 EURL : constitution, fonctionnement, dissolution


Rappel de cours : 1. Constitution. 2. Fonctionnement. 3. Dissolution 68
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 25 Lambert (constitution,
fonctionnement). Cas 26 Rousse (constitution – fonctionnement – régime
des conventions). Cas 27 Solo (choix d’un statut juridique) 69

Cas de synthèse 2 SARL – EURL


Cas 28 Popov. 73

Chapitre 11 SA : constitution et statut des organes de gestion


Rappel de cours : 1. Constitution. 2. Statut des organes sociaux 75
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 29 Blum (constitution
d’une société anonyme). Cas 30 Père Boulange (direction d’une SA à directoire).
Cas 31 Marin (statut du PDG) 82

Chapitre 12 SA : fonctionnement


Rappel de cours : 1. Fonctionnement du conseil d’administration et du conseil de
surveillance. 2. Fonctionnement du directoire. 3. Fonctionnement des assemblées
générales ordinaires et extraordinaires (AGO, AGE) 88
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 32 Plastic SA (fonctionnement
du conseil d’administration).Cas 33 Lumière (fonctionnement d’une assemblée) 95

Chapitre 13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des


assemblées
Rappel de cours : 1. Pouvoirs des organes dirigeants de la SA avec conseil
d’administration. 2. Pouvoirs des organes de direction et de surveillance de la SA
à directoire. 3. Pouvoirs des assemblées 99
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 34 SA Plaisance (pouvoirs
des organes de gestion). Cas 35 Bonzini (pouvoirs des assemblées) 102

Chapitre 14 SA : responsabilité civile des mandataires sociaux


Rappel de cours : 1. Les cas de responsabilité civile des mandataires sociaux.
2. Mise en œuvre de la responsabilité civile des mandataires sociaux 106
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 36 SA Filou (responsabilité
civile et fiscale d’un PCA). Cas 37 Ricard (responsabilité des mandataires sociaux) 108

VII
Table des matières

Chapitre 15 Sociétés par actions : régime des conventions


Rappel de cours : 1. Les conventions réglementées. 2. Les conventions courantes
(dites libres). 3. Les conventions interdites 111
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 38 Laurent (qualification
de conventions, procédure des conventions réglementées). Cas 39 ABC (procédure des
conventions réglementées et conséquences de son non-respect) 115

Chapitre 16 Sociétés par actions : droits des actionnaires,


contrôle par le CAC
Rappel de cours : 1. Droits concernant tout actionnaire. 2. Droits des actionnaires
sous réserve de la détention de 5 % du capital. 3. Contrôle des sociétés par actions
par le commissaire aux comptes 119
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 40 Big Mat (droits
des actionnaires). Cas 41 Gem (droits des actionnaires minoritaires).
Cas 42 Ber (le contrôle par le CAC) 122

Chapitre 17 SA : les titres et les variations du capital


Rappel de cours : 1. Valeurs mobilières et cession des actions. 2. Augmentation de capital.
3. Réduction de capital. 4. Capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social 128
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 43 Baudouin (Émission
d’obligations et modifications du capital d’une société) 135

Chapitre 18 La société par actions simplifiée


pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)
Rappel de cours : 1. Constitution. 2. Fonctionnement. 3. Contrôle. 4. Transformation.
5. Dissolution 138
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 44 Colef (constitution d’une SAS).
Cas 45 LAFA (fonctionnement d’une SAS). Cas 46 Toutnet (choix d’une SAS) 141

Cas de synthèse 3 SA
Cas 47 CDB. 146

Chapitre 19 SNC et SCS


Rappel de cours : 1. Les associés. 2. La gérance. 3. Contrôle. 4. Dissolution 148
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 48 Print (fonctionnement,
dissolution d’une SNC). Cas 49 Serrile (décès d’un associé d’une SNC
et continuation de la société) 150

VIII
Table des matières

Chapitre 20 La société civile, la société d’exercice libéral


Rappel de cours : 1. La société civile de droit commun. 2. La société d’exercice libéral 154
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 50 Gup (la société civile, création
et fonctionnement). Cas 51 Vital (la société d’exercice libéral à responsabilité limitée) 157

Chapitre 21 Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC


Rappel de cours : 1. La société coopérative. 2. Le GAEC (groupement agricole
d’exploitation en commun) 160
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 52 SCA Frontignan
(la société coopérative). Cas 53 GAEC d’Ambias (le GAEC) 162

Chapitre 22 Les autres groupements : GIE – association


Rappel de cours : 1. Le groupement d’intérêt économique et le groupement
européen d’intérêt économique. 2. L’association 165
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 54 Embal (GIE et GEIE).
Cas 55 Rap (association) 170

Chapitre 23 Droit pénal : l’action publique


Rappel de cours : 1. Le cadre général de l’action publique. 2. La mise en œuvre
de l’action publique 173
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 56 SARL Domange (Cadre général
de l’action publique) Cas 57 Société Bâtiplus (Mise en œuvre de l’action publique). 178

Chapitre 24 Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés


Rappel de cours : 1. Infractions concernant la SARL. 2. Infractions concernant
la société anonyme. 3. Infractions concernant la société par actions simplifiée 180
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 58 Mif (présentation
de comptes infidèles). Cas 59 Gléran (abus de biens sociaux) 183

Chapitre 25 Infractions générales


Rappel de cours : 1. L’abus de confiance. 2. L’escroquerie. 3. Le faux et l’usage de faux.
4. Le recel 185
Tests de connaissances • Exercices d’application : Cas 60 Como (faux et usage
de faux). Cas 61 Pigeon (usage de faux). Cas 62 Circuit (non-révélation de faits
délictueux par le CAC, escroquerie). Cas 63 Eurocanyon 189

IX
Table des matières

Cas de synthèse 4 Autres types de sociétés et de


groupements, droit pénal
Cas 64 JFK. 193

Corrigés

Chapitre 1 Le contrat de société – La personne morale 197


Chapitre 2 Fonctionnement et contrôle de la société 202
Chapitre 3 Dissolution – Liquidation de la société 205
Chapitre 4 La société sans personnalité juridique 208
Cas de synthèse 1 La société : constitution,
fonctionnement et dissolution 212
Chapitre 5 SARL : les associés 214
Chapitre 6 SARL : la gérance 221
Chapitre 7 SARL : le régime des conventions 225
Chapitre 8 SARL : opérations sur capital et émission d’obligations 231
Chapitre 9 SARL : transformation en SA et en SAS 238
Chapitre 10 EURL : constitution, fonctionnement, dissolution 243
Cas de synthèse 2 SARL 248
Chapitre 11 SA : constitution et statut des organes de gestion 252
Chapitre 12 SA : fonctionnement 265
Chapitre 13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 272
Chapitre 14 SA : responsabilité civile des mandataires sociaux 279
Chapitre 15 Sociétés par actions : régime des conventions 282
Chapitre 16 Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC 288
Chapitre 17 SA : les titres et les variations du capital 295
Chapitre 18 La société par actions simplifiée
pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 299

X
Table des matières

Cas de synthèse 3 SA 303


Chapitre 19 SNC et SCS 307
Chapitre 20 La société civile, la société d’exercice libéral 311
Chapitre 21 Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC 313
Chapitre 22 Les autres groupements : GIE – association 316
Chapitre 23 Droit pénal : l ’action publique 320
Chapitre 24 Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés 323
Chapitre 25 Infractions générales 326
Cas de synthèse 4 Autres types de sociétés et de groupements,
droit pénal 328

XI
1
CHAPITRE
Le contrat de société –

La personne morale
1. Définition
2. Les éléments du contrat de société
3. La libération et l’évaluation des apports
4. La responsabilité des associés
5. Formalités de constitution
6. La personne morale

Rappel de cours

1. Définition
Le contrat de société est une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes
conviennent d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Il peut être ins-
titué par l’acte de volonté d’une seule personne. Les associés s’engagent à contribuer aux
pertes (art. 1832, C. civ.).
Comme tout contrat, le contrat de société est soumis à quatre conditions de validité :
consentement, capacité juridique des futurs associés, objet certain et licite (activité que la
société va exercer), cause licite.

2. Les éléments du contrat de société


Deux minimum (sauf dans l’EURL, l’EARL, l’EUSRL et la SASU : un associé
Associés unique) et aucun maximum (exceptée la SARL : 100). Personnes physiques ou
morales.
En numéraire (argent), en nature (bien meuble – corporel ou incorporel – ou
bien immeuble) et parfois en industrie (connaissances techniques, travail, ser-
vices) quand il est autorisé par la loi. Les apports forment le capital social (sauf
l’apport en industrie). Un montant minimum de capital est exigé dans certaines
Apports
sociétés à risque limité (37 000 F pour la SA et la SCA). Le capital est libre-
ment fixé par les statuts dans les autres sociétés (Sociétés civiles, SARL, SAS). En
échange des apports les associés reçoivent des droits sociaux (parts sociales ou
actions).
Entreprise commune Activité que la société exercera, voulue par tous les associés.
Participation au Une participation au résultat de l’exploitation (bénéfice, économie ou pertes)
résultat déterminée par les statuts, à défaut proportionnelle aux apports.
Volonté des associés de collaborer sur un pied d’égalité à la réalisation de
Affectio societatis
l’œuvre commune (élément jurisprudentiel).

1
1 Le contrat de société – La personne morale
C H A PI T R E

3. La libération et l’évaluation des apports


a) Libération
∑ L’apport en nature doit être immédiatement et intégralement libéré lors de la souscrip-
tion dans la SA et par référence à la SA dans la SCA et la SAS, librement libéré dans les
autres sociétés.
∑ L’apport en numéraire est libéré selon la volonté des associés sauf dans les SARL (libé-
ration obligatoire d’un cinquième, le reste dans les cinq ans) et les sociétés par actions
(libération obligatoire de la moitié à la constitution, le reste dans les cinq ans).
∑ L’apport en industrie (apport de savoir-faire, de compétence) fait l’objet d’une libération
progressive correspondant à l’activité déployée par l’associé au cours de la vie sociale.

b) Évaluation
∑ Dans les sociétés à risque illimité l’évaluation est libre ; elle est effectuée par les associés
et/ou un commissaire aux apports.
∑ Dans les sociétés à risque limité, l’intervention d’un commissaire aux apports est obli-
gatoire (sauf une exception dans la SARL, voir chapitre 6).

4. La responsabilité des associés


∑ Elle est indéfinie et solidaire dans les sociétés commerciales à risque illimité, indéfinie et
conjointe dans les sociétés civiles.
∑ Elle est limitée aux apports dans les sociétés à risque limité (SARL, SA, SAS, sociétés en
commandite pour les associés commanditaires).

5. Formalités de constitution
∑ Des statuts doivent être établis par écrit (précédée parfois d’une promesse de société
appelée aussi « protocole d’accord »). Ils contiennent des mentions obligatoires : forme
juridique, durée de la société (99 ans maximum, renouvelable), dénomination sociale,
siège social, l’objet, le montant du capital, les apports de chaque associé et les modalités
de fonctionnement. Des mentions particulières doivent y figurer, variables selon le type
de société.
∑ Signature des statuts auxquels sont joints éventuellement des annexes (rapport du com-
missaire aux apports, état des actes accomplis pour le compte de la société en formation
annexé aux statuts).
∑ Enregistrement des statuts auprès de la direction des impôts (pour donner date certaine
aux statuts et acquitter les droits d’enregistrement éventuels).
∑ Parution d’un avis de constitution dans un journal d’annonces légales (JAL).
∑ Constitution d’un dossier à déposer au Centre de formalités des entreprises (CFE) com-
portant :
– les statuts et ses annexes éventuelles ;
– l’avis du JAL ;
– la preuve de la domiciliation de la société (exemple : bail) ;

2
Le contrat de société – La personne morale 1
C H A PI T R E

– les pièces relatives à l’identification des responsables de la société (associés en nom ou


dirigeants) : pièce d’identité, extrait du casier judiciaire, acte de nomination des diri-
geants ;
– la demande d’immatriculation au RCS ;
– le certificat de dépôt des fonds (pour les apports en numéraire).
∑ Avis d’insertion au BODACC à l’initiative du greffier.
La loi de modernisation de l’économie du 4.8.2008 allége les formalités pour l’EURL et la
SASU dont l’associé unique est gérant ou président.
Les formalités de constitution peuvent être effectuées en ligne.
À compter de l’immatriculation, la société a la personnalité morale.

6. La personne morale
➤ Éléments d’identification
La société s’identifie par une dénomination sociale (le plus souvent) ou une raison sociale,
un siège social, une nationalité, une forme juridique. Elle aura un patrimoine distinct de
celui de ses associés, elle a la capacité juridique.

➤ Fonctionnement
Il est assuré par un organe dirigeant et une assemblée d’associés. Un organe intermédiaire
est parfois obligatoire (conseil d’administration ou conseil de surveillance dans la SA).
La société est représentée vis-à-vis des tiers par un ou plusieurs représentants légaux (les
dirigeants de droit) qui sont, le plus souvent, des personnes physiques : gérant, directeur
général, président.

➤ Responsabilité
La société a une responsabilité civile contractuelle du fait des contrats qu’elle conclut et
délictuelle ou quasi délictuelle du fait des fautes qu’elle commet volontairement ou du fait
de négligence ou imprudence.
La société engage sa responsabilité pénale pour les infractions commises pour son compte
par ses organes ou représentants.

Tests de connaissances
Thème : les éléments du contrat de société

1  Quelle différence faites-vous entre une promesse de société et le contrat de société ?

2  Quels sont les éléments du contrat de société ?

3
1 Le contrat de société – La personne morale
C H A PI T R E

3  Peut-on créer une société avec :


❏❏ A un seul associé ;
❏❏ B deux associés et plus.
4  Qualifier chacun des apports suivants en apport en numéraire, en nature ou en industrie :
❏❏ A une camionnette ;
❏❏ B un ordinateur ;
❏❏ C une compétence en comptabilité ;
❏❏ D un chèque de 2 000 F ;
❏❏ E un brevet ;
❏❏ F des actions ;
❏❏ G un fonds de commerce.

5  Une société est constituée pour réaliser :


❏❏ A un bénéfice ;
❏❏ B une économie.
6  Quelles sont les obligations d’un associé ?
❏❏ A il doit contribuer aux pertes ;
❏❏ B il doit participer aux dettes sociales.
7  Qu’est-ce que l’affectio societatis ?
❏❏ A c’est un élément déterminant du contrat de société ;
❏❏ B c’est l’affection que se portent les associés dans la société ;
❏❏ C c’est la volonté des associés de collaborer ensemble, sur un pied d’égalité, à l’œuvre
commune.
8  Une société est dite commerciale en fonction de son objet ou de sa forme juridique. Quali-
fier les sociétés de commerciale ou de civile en fonction des activités suivantes :
❏❏ A achat et vente de produits alimentaires (exemple : Carrefour) ;
❏❏ B l’exercice d’une profession libérale (médecin, avocat) ;
❏❏ C le transport de passagers (exemple : Air France) ;
❏❏ D la culture maraîchère ;
❏❏ E l’activité bancaire ;
❏❏ F l’achat de terrains en vue de la construction d’immeubles qui seront mis en vente.

Thème : les apports

9  Quelles sont les modalités de libération des apports pour :


❏❏ A l’apport en numéraire ;
❏❏ B l’apport en nature ;
❏❏ C l’apport en industrie.
10  Dans une société M. X apporte un matériel évalué à 1 000 F, M. Y 500 F en espèces,
Mme Z sa compétence de secrétaire. Que signifie pour eux le fait de souscrire au capital ?
Quel sera le montant du capital ?

4
Le contrat de société – La personne morale 1
C H A PI T R E

11  Lors de la constitution d’une société, l’intervention d’un commissaire aux apports pour
évaluer les apports en nature est :
❏❏ A facultative ;
❏❏ B obligatoire.

12  Quelle est la mission d’un commissaire aux apports ?

13  Les statuts doivent-ils contenir l’évaluation des apports en nature ?

14  Un commissaire aux apports a évalué les apports en nature à 6 000 F, les associés les esti-
ment à 8 000 F. Les associés peuvent-ils choisir une autre évaluation que celle fixée par le
commissaire aux apports ?

Thème : responsabilité des associés

15  À la clôture d’un exercice le résultat d’une société est déficitaire. Qui prendra en charge ce
déficit ?
16  Un salarié d’une société vient d’être licencié. Il réclame son dernier salaire et une indemnité
de licenciement. Qui paiera ?
17  Quel est l’engagement des associés vis-à-vis des tiers dans les sociétés suivantes :
❏❏ A dans une SNC ;
❏❏ B dans une SARL ;
❏❏ C dans une SA ;
❏❏ D dans une société civile.

18  La SARL Podan n’a pas payée la dernière facture d’Orange. Que peut faire le fournisseur ?
Peut-il se retourner contre l’associé majoritaire ?

Thème : la personne morale

19  Une clause des statuts doit préciser :


– la dénomination sociale pour une société commerciale : vrai /faux ;
– la raison sociale pour une société civile : vrai/faux.
20  Le siège social d’une société est :
❏❏ A son lieu d’exploitation ;
❏❏ B son lieu du principal établissement, celui où se trouvent les organes de direction et les
services administratifs ;
❏❏ C le domicile du représentant légal.
21  La nationalité de la société est déterminée par :
❏❏ A le siège social indiqué dans les statuts ;
❏❏ B le siège réel.
22  Le patrimoine de la société :
❏❏ A est distinct de celui des associés ;
❏❏ B se confond avec celui des associés.

5
1 Le contrat de société – La personne morale
C H A PI T R E

23  La société a :


❏❏ A la capacité de jouissance ;
❏❏ B la capacité d’exercice.
24  La société a une responsabilité :
❏❏ A civile contractuelle ;
❏❏ B civile délictuelle ou quasi délictuelle ;
❏❏ C pénale.
24  Qualifier la responsabilité d’une société dans les cas suivants :
– une société ne livre pas la quantité demandée par un client ;
– un salarié a un accident de travail dans l’entreprise ;
– plusieurs victimes sont à déplorer à la suite du naufrage d’un bateau de croisière apparte-
nant à une société.

Exercices d’application

CAS 1 BLANARD
Thème : éléments du contrat de société, libération des apports
Deux amies, Sophie Blanard et Béatrice Rime, envisagent de créer une société pour confectionner
et vendre des gâteaux d’anniversaire en confiserie pour enfants. Sophie, 25 ans, mariée avec Jean
sous le régime de la communauté légale, dispose de 3 000 F prélevés sur le compte joint de son
couple et Béatrice, 24 ans, célibataire, va investir 1 000 F. Elle apportera aussi un ordinateur qu’elle
évalue à 1 000 F. La première s’occupera de la réalisation des gâteaux, l’autre de la promotion
commerciale et de la gestion administrative. Elles ont convenu de partager les résultats en fonction
de leur apport.

 Questions
1) Vérifier que les éléments du contrat de société existent.
2) Quel sera le montant du capital ? Quelle en sera la composition ?
3) Qui peut évaluer le matériel de bureau ?
4) Comment sera réalisée la libération du capital ?
5) Sophie doit-elle procéder à une formalité particulière du fait des 3 000 F apportés ? (Vous
aider de l’extrait ci-dessous)
Article 1832-2. C.civ (extrait) : « Un époux ne peut [à peine de nullité] employer des biens
communs pour faire en apport à une société […] sans que son conjoint en ait été averti et sans
qu’il en soit justifié dans l’acte. »

CAS 2 PÉTUNIA
Thème : droits et obligations des associés
La société Pétunia est une SARL créée voilà cinq ans par trois cousins horticulteurs. Les trois pre-
mières années ont été bénéficiaires. Du fait de la sécheresse et de la mésentente entre les associés,

6
Le contrat de société – La personne morale 1
C H A PI T R E

le quatrième exercice a été déficitaire et cette année la société ne peut plus payer ses fournisseurs.
Les statuts sont muets sur la répartition des résultats. Chaque cousin a apporté un tiers du capital.

 Questions
1) Comment sont répartis les bénéfices dans cette société ?
2) Quel est l’engagement des associés à l’égard des pertes sociales ?
3) Les créanciers sociaux peuvent-ils saisir les biens personnels des associés s’ils sont impayés
(vous aider de l’extrait ci-dessous) ?
Article L223-1 al.1. C. com : « La société à responsabilité limitée est instituée par une ou plu-
sieurs personnes qui ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports. »

CAS 3 LIMONCEL
Thème : la personne morale : éléments d’identification,
fonctionnement et responsabilité
La SARL Limoncel fabrique une liqueur à base de citrons. Son usine de fabrication et la direction
sont basées à Menton, proche de la zone de culture des citrons. Elle s’approvisionne en Italie. Elle
vient d’acquérir une nouvelle chaîne d’embouteillage sur laquelle un salarié vient de se blesser.
Par ailleurs, la société vient de recevoir une réclamation d’un client qui n’a reçu que 10 bouteilles
au lieu des 12 qu’il avait commandées.

 Questions
1) Retrouvez les éléments d’identification de la société.
2) Qui a conclu l’achat de la nouvelle chaîne d’embouteillage ? Qui en est propriétaire ? Justi-
fiez votre réponse.
3) Quelle est la responsabilité de la société :
– vis-à-vis du salarié ?
– vis-à-vis du client ?

CAS 4 FORMALITÉS
Thème : immatriculation
Vous venez de recevoir un nouveau client dans votre cabinet d’expertise comptable qui vous charge
de constituer sa société. Vous devez rassembler les documents nécessaires à l’immatriculation de
la société au RCS de Lyon.

 Questions
1) Quelles sont les diverses pièces nécessaires à rassembler en vue de l’immatriculation ?
2) Auprès de quel organisme allez-vous déposer le dossier de constitution ? Pouvez-vous effec-
tuer les démarches de constitution en ligne ?
3) Quel est le document qui attestera de l’immatriculation de la société au RCS ?

7
2
CHAPITRE
Fonctionnement et

contrôle de la société
1. Le représentant légal
2. Les associés
3. Le contrôle de la société par le commissaire aux comptes

Rappel de cours

La société fonctionne au quotidien par l’intermédiaire de son (ses) représentant (s) légal
(aux) à qui la loi confère certains pouvoirs et en fixe les limites.
Les associés participent aussi à son fonctionnement et à son contrôle.
La société pourra être contrôlée, sous certaines conditions, par des organes extérieurs : le
commissaire aux comptes, l’AMF (Autorité des marchés financiers) pour les sociétés cotées.

1. Le représentant légal
➤ Statut du représentant légal
Il est nommé par les associés pour une durée (déterminée ou indéterminée) fixée par les
associés ou la loi, selon les sociétés. Il devra être, le plus souvent, une personne physique
ayant la capacité civile, non frappé d’interdiction de diriger ni d’incompatibilités. Il peut
être un des associés ou un tiers. Il sera le dirigeant de droit. Sa nomination sera publiée
afin d’informer les tiers. Son mandat peut être exercé à titre gratuit ou à titre onéreux.
Il peut démissionner, être révoqué à tout moment par les associés (ou par le tribunal,
selon les sociétés). Il obtiendra des dommages et intérêts si sa révocation est injustifiée
(selon les sociétés) mais il ne pourra pas réintégrer ses fonctions.

➤ Pouvoirs et limites du représentant légal


Ils sont déterminés par les associés, à défaut par la loi qui énonce :
–– vis-à-vis des associés : il peut faire tous les actes de gestion (d’administration et de
disposition) dans l’intérêt de la société, il doit respecter les pouvoirs des autres organes
de la société (actionnaires, conseil d’administration…) et les limites statutaires ;
–– vis-à-vis des tiers : il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes cir-
constances au nom de la société. Il engage la société dans le cadre de l’objet social et
au delà, selon les sociétés.

8
Fonctionnement et contrôle de la société 2
C H A PI T R E

➤ Obligations et responsabilité
Il doit exercer son mandat avec diligence et compétence et rendre compte de sa gestion
une fois par an dans un rapport de gestion écrit, soumis à l’approbation des associés.
Il engage sa responsabilité civile en cas de :
–– faute de gestion ;
–– infraction aux lois et règlements ;
–– violation des statuts.
Il engage aussi sa responsabilité pénale s’il commet les infractions prévues par la loi.

2. Les associés
Ils participent au fonctionnement et au contrôle de la société car la loi leur donne certains droits.

➤ Droit d’information
∑ Ils seront informés de la marche de la société lors de la tenue de l’assemblée générale
obligatoire dans les 6 mois de la clôture de l’exercice.
∑ Ils ont accès à divers documents avant la tenue de cette assemblée : rapport de gestion,
comptes annuels, etc.
∑ Ils peuvent, une ou deux fois par exercice (selon la société), obtenir communication des
documents sociaux et poser par écrit des questions sur la gestion au représentant légal qui
doit y répondre par écrit.
➤ Droit de convocation d’une assemblée
Ils pourront demander la convocation d’une assemblée en proposant un ordre du jour,
selon des modalités variables selon les sociétés.

➤ Droit de participer aux assemblées ordinaires et extraordinaires


Quel que soit le nombre de titres détenus.

➤ Droit de vote
Les associés sont compétents pour :
–– approuver les comptes annuels ;
–– affecter le résultat ;
–– nommer le commissaire aux comptes ;
–– approuver les conventions réglementées ;
–– modifier les statuts : modifier le capital, transformer la société en une autre forme
juridique, dissoudre la société, etc.

➤ Droit à l’expertise de gestion


Dans certaines sociétés et sous certaines conditions (détention d’un minimum de capi-
tal), ils peuvent obtenir la nomination en justice d’un expert chargé d’examiner une ou
plusieurs opérations de gestion.

9
2 Fonctionnement et contrôle de la société
C H A PI T R E

➤ Droit d’alerte
Selon les sociétés, deux fois par exercice, les associés peuvent poser des questions au repré-
sentant légal sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Le
dirigeant est tenu d’y répondre.
Le représentant légal qui ne respecte pas les droits des associés s’expose à des sanctions
civiles (obligation de faire sous astreinte, responsabilité civile, révocation justifiée) et par-
fois des sanctions pénales.

3. Le contrôle de la société par le commissaire


aux comptes
La présence du commissaire aux comptes est :
–– facultative (société civile, SNC, SCS, SARL, SAS), mais devient obligatoire si, à la clô-
ture d’un exercice, la société dépasse deux des trois seuils suivants relatifs au chiffre
d’affaires, au total du bilan et au nombre de salariés.
Société civile, SNC, SCS, SARL SAS
• CAHT (en million d’euros) 3,1 2
• Total bilan (en million d’euros) 1,55 1
• Nombre de salariés en moyenne sur l’exer- 50 20
cice

–– obligatoire dans les SA et SCA.

a) Désignation du commissaire aux comptes


Il est désigné par les associés à la majorité des décisions ordinaires. Il peut être nommé
par décision de justice à la demande de tout associé (SNC, SCS) et sous conditions de
détention de capital : 10 % pour la SARL et la SAS, 5 % pour la SA. Il est nommé pour six
exercices et son mandat est renouvelable.
Nombre :
–– 1 commissaire aux comptes titulaire et 1 suppléant ;
–– 2 commissaires aux comptes titulaires et 2 supléants quand la société est tenue d’éta-
blir des comptes consolidés.

b) Mission du commissaire au comptes


Il devra :
–– vérifier les documents comptables, contrôler leur conformité avec les règles en
vigueur ;
–– certifier les comptes (certification pure et simple, certification avec réserves ou refus
de certification) ;
–– informer les dirigeants sur les irrégularités constatées, notamment alerter le président
du conseil d’administration dans le cas de la SA, sur tout fait de nature à compro-
mettre la continuité de l’exploitation : « droit d’alerte » ;

10
Fonctionnement et contrôle de la société 2
C H A PI T R E

–– informer les associés par l’établissement d’un rapport sur les comptes annuels (et des
rapports spéciaux : par exemple, le rapport spécial sur les conventions réglementées
concernant les contrats conclus, notamment, entre la société et ses dirigeants) ;
–– informer le comité d’entreprise ;
–– révéler les faits délictueux constatés dans le cadre de sa mission au procureur de la
République.

c) Responsabilité du commissaire aux comptes


Il encourt plusieurs responsabilités :
pour les fautes et négligences commises dans l’exercice de ses fonctions,
Responsabilité ayant entraîné des conséquences dommageables, tant vis-à-vis de la
civile société que des tiers.

Responsabilité s’il commet diverses infractions prévues par la loi (exemple : non-révélation
pénale de faits délictueux).
Il peut être sanctionné par son ordre professionnel en cas
Responsabilité de manquement(s) aux règles déontologiques : blâme, radiation...
disciplinaire

d) Fin des fonctions


Le commissaire aux comptes cesse ses fonctions par :
–– l’arrivée du terme de son mandat s’il n’est pas renouvelé ;
–– la démission (possible pour simple convenance personnelle), il s’expose à des dom-
mages-intérêts si la démission est préjudiciable à la société ;
–– la récusation prononcée par le tribunal à la suite d’une demande en justice pour juste motif ;
–– la survenance d’une incapacité ou d’une incompatibilité ;
–– la mise en liquidation judiciaire de la société ;
–– la révocation en cas de faute ou d’empêchement par décision de justice.

Tests de connaissances

Thème : le représentant légal

Vrai Faux
1  Le représentant légal est nommé par les associés, s’il est associé, le représen-
tant légal vote (pour lui évidemment...)
2  La durée de son mandat peut être déterminée ou indéterminée

11
2 Fonctionnement et contrôle de la société
C H A PI T R E

3  Le représentant légal est toujours une personne physique

4  Le représentant légal doit être au-dessus de tout soupçon

5  Le représentant légal est irrévocable pendant la durée de son mandat

6  Il peut être réintégré dans ses fonctions après une révocation injustifiée

7  Le représentant légal a tous les pouvoirs dans une société

8  Il engage sa responsabilité civile seulement en cas de faute de gestion

9  Il encourt une amende pénale s’il ne soumet pas à l’approbation de l’assem-
blée générale des associés les comptes annuels

Thème les associés

10  Les associés ont :


❏❏ A le rapport de gestion et les comptes annuels à leur disposition avant la tenue de l’as-
semblée générale annuelle pour voter en connaissance de cause ;
❏❏ B le droit de convoquer l’assemblée des associés, à défaut de convocation par le représen-
tant légal ;
❏❏ C le droit d’approuver les comptes annuels par leur vote, de décider la répartition du
résultat ;
❏❏ D le droit de questionner le représentant légal ;
❏❏ E le droit de désigner un expert de gestion ;
❏❏ F le droit de révoquer le représentant légal qui ne leur plaît plus, sans avoir à se justifier

Thème : le contrôle de la société

11  Le contrôle de la société est assuré :


❏❏ A par les associés ;
❏❏ B par une personne extérieure mandatée par les associés.

12  Les associés peuvent désigner un commissaire aux comptes en dehors des cas où sa pré-
sence est obligatoire :
❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

13  Un associé détenant 30 % du capital n’arrive pas à convaincre ses coassociés de la néces-
sité de nommer un commissaire aux comptes. A-t-il un autre moyen légal d’y parvenir ?
14  À la clôture de l’exercice d’une société autre qu’une société par actions, dont l’effectif est
de 25 salariés, on constate que le chiffre d’affaires HT est de 4,5 millions d’euros et le total
du bilan de 3 millions d’euros. Que va-t-il se passer ?
15  Au cours de sa mission de contrôle des documents sociaux, le commissaire aux comptes
de la SA Abri vient de découvrir que le directeur général a acheté, aux frais de la société,
un ordinateur portable (1 000 _) qu’il a mis à la disposition exclusive de sa famille. Que
devra-t-il faire ?

12
Fonctionnement et contrôle de la société 2
C H A PI T R E

Exercices d’application

CAS 5 MARTEL
Thème : le représentant légal
La société Martel, spécialisée dans la rénovation d’appartements, est à la recherche d’un gérant
car, après quelques années d’exploitation, les deux associés actuels ne peuvent plus s’occuper de
la gestion (les chantiers étant trop nombreux). Un de leurs amis est disposé à assumer la tâche à
condition d’avoir les pleins pouvoirs, d’être nommé pour toute la durée de la société et d’avoir une
rémunération de 1 500 € par mois. Les associés vous consultent.

 Questions
1) Un non-associé peut-il être gérant de leur société ? Quelles sont les autres conditions pour
être gérant ?
2) Le gérant peut-il avoir tous les pouvoirs ?
3) Les associés pourront-ils le révoquer avant la fin de son mandat ?

CAS 6 CASTEL
Thème : contrôle de la société
La société Castel a été créée il y a cinq ans, dans le secteur import-export de denrées alimen-
taires, sous la forme d’une SARL. Le développement des échanges dans le cadre de l’Union euro-
péenne a favorisé son expansion. Elle a réalisé, au cours du dernier exercice, un chiffre d’affaires
de 70 000 _ avec dix salariés. Pour favoriser davantage sa croissance, les associés ont trouvé un
investisseur, M. Donjon, qui est prêt à souscrire partiellement à une augmentation de capital si on
accepte ses exigences :
–– la société actuelle devra être dotée d’un contrôle externe ;
–– la société actuelle se transforme en SAS ;
–– à terme, la société se transformera en SA dans laquelle :
• il obtiendra un contrat de travail de directeur administratif et financier dans la société,
• il aura, dans un an, un poste d’administrateur.

 Questions
1) La SARL actuelle doit-elle être dotée d’un commissaire aux comptes ? Si non, comment satis-
faire la première exigence de M. Donjon ?
2) La présence d’un CAC est-elle obligatoire si la société se transforme en SAS ?
3) Existe-t-il un contrôle externe dans une société anonyme ? Quelle sera la mission générale
de cette personne ?
4) Si les deux dernières exigences de M. Donjon sont satisfaites, que devra faire le commissaire
aux comptes lors de l’assemblée générale qui nommera M. Donjon en qualité d’administra-
teur ? (vous aider de l’annexe)

13
2 Fonctionnement et contrôle de la société
C H A PI T R E

Annexe : extraits d’articles de lois sur la SA :


Article L225-38 C. com «  Toute convention intervenant directement …entre la société et l’un de
ses administrateurs… doit être soumise à l’autorisation préalable du conseil d’administration… »
Article L225-40 C. com «  Le PCA avise le commissaire aux comptes de toutes les conventions auto-
risées et soumet celles-ci à l’approbation de l’assemblée… Le commissaire aux comptes présente sur
ces conventions (de l’article L 225-38) un rapport spécial à l’assemblée qui statue sur ce rapport »

Analyse de documents

CAS 7 NAHUM
Thème : contrôle par les associés
Extrait de l’arrêt de la Cour d’appel de Parisdu 19.09.2007
Un associé d’une société civile avait demandé par courrier à la société et à son gérant communi-
cation des documents sociaux (livres et documents sociaux, contrats, factures, correspondances,
procès-verbaux, etc.) N’obtenant pas de réponse, il a saisi le juge des référés qui a condamné, sous
astreinte, la société et son gérant à lui communiquer ces documents. La cour d’appel de Paris a
confirmé la décision et a jugé qu’en cas de non-respect de ce droit, le gérant engage sa responsabi-
lité civile sur la base de l’article 1382 du Code civil autorisant l’associé à saisir le juge des référés
pour faire respecter ce droit.

 Questions
1) Identifier le droit évoqué dans l’arrêt de la cour d’appel de Paris.
2) Quelle est la solution trouvée par l’associé et admise par la cour pour faire respecter ce
droit ?

14
3
CHAPITRE
Dissolution –

Liquidation de
la société
1. La dissolution
2. La liquidation

Rappel de cours

La dissolution est la décision de mettre un terme à l’activité sociale.


La liquidation est l’ensemble des opérations qui, après la dissolution d’une société, ont
pour objet de vendre les éléments d’actif, de payer des créanciers sociaux, de procéder au
partage entre les associés de l’actif net éventuel (boni de liquidation) ou, selon les cas, du
passif (mali de liquidation).

1. La dissolution
a) Causes communes de dissolution de toute société
∑ Arrivée du terme fixé dans les statuts.
∑ Réalisation ou extinction de l’objet social.
∑ Annulation du contrat de société.
∑ Dissolution anticipée décidée par les associés.
∑ Dissolution anticipée prononcée par le tribunal à la demande d’un associé pour justes
motifs, notamment en cas d’inexécution par un associé de ses obligations ou de mésen-
tente entre associés paralysant le fonctionnement de la société (si l’associé demandeur
n’est pas à l’origine de la mésentente).
∑ Effet d’un jugement ordonnant la liquidation judiciaire ou la cession totale des actifs
de la société.
∑ Toute autre cause prévue par les statuts.
∑ Jugement prononçant la dissolution de la société comme sanction pénale.

b) Causes spécifiques selon les sociétés


∑ SNC : décès, incapacité, interdiction d’un associé, révocation d’un gérant associé statu-
taire (sauf clause statutaire contraire ou décision de continuation à l’unanimité des autres
associés).

15
3 Dissolution – Liquidation de la société
C H A PI T R E

∑ SARL : plus de cent associés, perte de la moitié du capital social.


∑ SARL unipersonnelle : constitution d’une EURL par une autre EURL.
∑ SA : nombre d’actionnaires inférieur à sept, réduction du capital au-dessous du mini-
mum légal, perte de la moitié du capital social.
∑ Société en participation à durée indéterminée : par notification d’un associé aux autres
associés.

c) Effets de la dissolution
∑∑ La personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu’à
la clôture de celle-ci.
∑∑ Les mandats des organes de direction prennent fin.
∑∑ Les mandats des organes de contrôle sont maintenus sauf si la dissolution résulte d’un
jugement de liquidation judiciaire.
∑∑ Nomination de liquidateur(s).

2. La liquidation
a) Règles de liquidation des sociétés non commerciales
∑∑ La dissolution de la société entraîne sa liquidation (sauf en cas de fusion, scission ou de
réunion de toutes les parts sociales en une seule main).
∑∑ Elle n’a d’effet à l’égard des tiers qu’après sa publication.
∑∑ Le liquidateur est nommé selon les statuts et à défaut par les associés ou par décision
de justice. Il peut être révoqué dans les mêmes conditions. Sa nomination et sa révocation
doivent être publiées pour être opposables aux tiers.
∑∑ La personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu’à
la clôture de celle-ci.
∑∑ Si la clôture de la liquidation n’est pas intervenue dans un délai de trois ans à compter
de la dissolution, le ministère public ou tout intéressé peut saisir le tribunal, qui fait pro-
céder à la liquidation ou, si celle-ci a été commencée, à son achèvement.
∑∑ Après paiement des dettes et remboursement du capital social, le partage de l’actif est
effectué entre les associés dans les mêmes proportions que leur participation aux béné-
fices, sauf clause ou convention contraire.
∑∑ Les associés peuvent valablement décider, soit dans les statuts, soit par une décision ou
un acte distinct, que certains biens seront attribués à certains associés. À défaut, tout bien
apporté qui se retrouve en nature dans la masse partagée est attribué, sur sa demande, et
à charge de soulte (somme d’argent versée par l’associé aux autres quand le bien a une
valeur supérieure à celle qu’il devrait recevoir) s’il y a lieu, à l’associé qui en avait fait
l’apport.

b) Règles de liquidation des sociétés commerciales


Deux procédures sont prévues par la loi : la liquidation amiable et la liquidation légale.
Toutes deux sont soumises à des règles impératives :

16
Dissolution – Liquidation de la société 3
C H A PI T R E

Règles impératives à la liquidation amiable et à la liquidation légale


La société est en liquidation dès l’instant de sa dissolution sauf en cas de réunion de toutes les
parts sociales en une seule main (il y aura alors transmission universelle du patrimoine de la société
à l’associé unique personne morale).
• La dénomination sociale doit être suivie de la mention « société en liquidation ».
• La personnalité morale subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu’à la clôture de celle-ci.
• La dissolution ne prend effet vis-à-vis des tiers qu’à compter de la date de sa publication au RCS.
• La nomination du liquidateur doit être publiée par celui-ci.
• La dissolution n’entraîne pas de plein droit la résiliation des baux des immeubles utilisés pour
exercer l’activité de la société.
• Sauf consentement unanime des associés, la cession de tout ou partie de l’actif de la société en
liquidation à une personne ayant eu dans cette société la qualité d’associé en nom, de commandité,
de gérant, d’administrateur, de directeur général, de membre du conseil de surveillance, de membre
du directoire, de commissaire aux comptes ou de contrôleur, ne peut avoir lieu qu’avec l’autorisation
du tribunal de commerce, le liquidateur et, s’il existe, le commissaire aux comptes ou le contrôleur
dûment entendus.
• La cession de tout ou partie de l’actif de la société en liquidation au liquidateur ou à ses
employés ou à leurs conjoint, ascendants, descendants est interdite.
• La cession globale de l’actif de la société ou l’apport de l’actif à une autre société, notamment
par voie de fusion est autorisée :
– à l’unanimité des associés dans la SNC,
– à l’unanimité des commandités et à la majorité des commanditaires dans la SCS,
– à la majorité des parts sociales dans la SARL,
– aux conditions de quorum et de majorité AGE dans les sociétés par actions (SA, SAS, SCA, avec
accord unanime des commandités dans cette dernière).
• En fin de liquidation tous les associés sont convoqués pour statuer sur le compte définitif et le
quitus de la gestion au liquidateur, le décharger de son mandat et constater la clôture de la liquida-
tion.
• Si l’assemblée de clôture ne peut délibérer ou si elle refuse d’approuver les comptes du liquida-
teur, le tribunal tranchera à la demande du liquidateur ou de tout intéressé.
• L’avis de clôture de la liquidation doit être publié.
• Le liquidateur est responsable, à l’égard de la société et des tiers, des conséquences domma-
geables des fautes qu’il aura commises dans l’exercice de ses fonctions. L’action en responsabilité se
prescrit par trois ans (dix ans si le fait est qualifié crime).
• La poursuite des associés (non liquidateurs), ou de leurs conjoint survivant ou ayants cause, par
les créanciers sociaux se prescrit par cinq ans à compter de la publication de la dissolution de la
société au RCS.

➤ La liquidation amiable
Les statuts ou un accord entre associés peuvent l’organiser librement en respectant les
règles impératives ci-dessus.

➤ La liquidation légale
Outre le respect des règles impératives, à défaut de clause statutaire ou de convention
entre associés et sur décision de justice, elle est soumise aux règles suivantes :
∑∑ La dissolution met fin aux pouvoirs des organes de gestion (gérant, conseil d’adminis-
tration, directoire).

17
3 Dissolution – Liquidation de la société
C H A PI T R E

∑∑ La dissolution ne met pas fin aux fonctions du conseil de surveillance et des commis-
saires aux comptes.
∑∑ Le liquidateur est nommé :
–– dans la SNC, à l’unanimité des associés,
–– dans la SCS, à l’unanimité des commandités et à la majorité des commanditaires,
–– dans la SARL, à la majorité en capital des associés,
–– dans la SA, aux conditions de quorum et de majorité prévues pour l’AGO,
–– dans la SCA, aux conditions de quorum et de majorité prévues pour l’AGO mais avec
l’unanimité des commandités,
–– dans la SAS, à l’unanimité des associés, sauf clause contraire ;
∑∑ À défaut de désignation par les associés, le liquidateur peut être désigné par le tribunal
à la demande de tout intéressé.
∑∑ La durée du mandat du liquidateur ne peut excéder trois ans (renouvelable) ; il peut
être révoqué selon les formes prévues pour sa nomination.
∑∑ Dans les six mois de sa nomination, il devra convoquer les associés, leur présenter un
rapport sur la situation active et passive de la société, sur la poursuite des opérations de
liquidation et le délai nécessaire pour les terminer.
∑∑ Le liquidateur représente la société. Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour
réaliser l’actif. Il est habilité à payer les créanciers et répartir le solde disponible. Il ne
peut continuer les affaires en cours ou en engager de nouvelles pour les besoins de la
liquidation que s’il y a été autorisé, soit par les associés, soit par décision de justice s’il a
été nommé par la même voie.
∑∑ Le liquidateur doit, dans les trois mois de la clôture de chaque exercice (dans le cas où
la liquidation se déroule sur plusieurs exercices), établir les comptes annuels et convoquer
au moins une fois par an, dans les six mois de la clôture de l’exercice, l’assemblée des
associés qui statuera sur les comptes. En période de liquidation, les associés ont droit à
communication des documents sociaux comme antérieurement.

Tests de connaissances
Thème : la dissolution

1  À partir de chacune des situations suivantes, trouver la cause de dissolution de la société :
❏❏ A le retrait d’une licence pour l’exploitation d’un débit de boissons sous forme sociétaire ;
❏❏ B la décision d’un tribunal déclarant l’objet d’une société illicite ;
❏❏ C le 99e anniversaire d’une société ;
❏❏ D le vote de dissolution à l’unanimité des associés ;
❏❏ E la condamnation à un an de prison pour escroquerie d’un associé d’une SNC ;
❏❏ F la guerre que se livre, dans la société, deux associés détenant chacun 50 % du capital ;
❏❏ G les capitaux propres d’une société sont de 4 300 F et le capital social de 10 000 F ;
❏❏ H l’édification d’un immeuble et sa vente par appartements d’une société civile immobi-
lière créée à cet effet ;
❏❏ I le décès sans héritier de l’un des sept actionnaires d’une SA.

18
Dissolution – Liquidation de la société 3
C H A PI T R E

2  Les associés d’une SARL viennent de voter sa dissolution ; elle était dotée d’un commissaire
aux comptes. Quel sera l’avenir :
❏❏ A du mandat du gérant de la SARL.
❏❏ B du mandat du commissaire aux comptes.
❏❏ C Un des associés pourra-t-il devenir le liquidateur de cette société ?

3  Quand une société est dissoute, sa personnalité morale subsiste :


❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

4  Le tribunal vient d’annuler le contrat de la SARL Écran car son objet était fictif : Elle avait
été créée uniquement pour masquer les agissements frauduleux de ses associés. Divers
fournisseurs impayés de cette société se manifestent auprès des associés ; ceux-ci pré-
tendent que, leur responsabilité étant limitée, ils n’ont pas à assumer les dettes au-delà de
leurs apports. Qu’en pensez-vous ?
5  Quelle est la majorité requise pour dissoudre de façon anticipée :
❏❏ A une société civile ;
❏❏ B une SNC ;
❏❏ C une SARL ;
❏❏ D une SA.

6  Les associés de la société Bouc veulent arrêter l’activité sociale. Ils l’ont décidé par un vote
régulier et ont désigné l’ancien gérant, M. Émissaire, liquidateur de la société :
❏❏ A Cette nomination est-elle légale ?
❏❏ B Quelles formalités impliquent cette nomination ?

7  La nomination d’un liquidateur est-elle toujours obligatoire ?

Thème : la liquidation
8  Deux agriculteurs ont créé une société pour cultiver en commun des plantations de tour-
nesol. Après quelques années de collaboration, ils ne sont plus d’accord : l’un d’entre eux
veut maintenant cultiver du soja et l’autre s’y refuse. Ils veulent donc reprendre leur indé-
pendance et sont d’accord pour arrêter leur collaboration : quelle décision doit être prise ?
9  Comment les tiers peuvent-ils savoir qu’ils traitent avec une société en liquidation ?

10  Une SARL exploite son fonds de commerce dans un local loué. Elle vient d’être dissoute ; le
propriétaire du local a trouvé un autre locataire potentiel et prétend que la dissolution a
entraîné la résiliation du bail précédent. Qu’en pensez-vous ?
11  La SARL Antiquailles vient d’être dissoute. L’ancien gérant est intéressé par un bureau
d’époque Louis XV qui se trouve dans l’actif de la société. Pourra-t-il l’obtenir dans les
hypothèses suivantes :
❏❏ A il est le liquidateur de la société ;
❏❏ B il n’est pas le liquidateur de la société.

12  Par qui est nommé le liquidateur ?

13  Quelle est la mission du liquidateur d’une société ? Doit-il rendre compte aux associés ?

19
3 Dissolution – Liquidation de la société
C H A PI T R E

Exercices d’application

CAS 8 LACROIX
Thème : dissolution de la société
La société Christian Lacroix, maison de haute-couture, a été créée en 1987 avec l’appui du groupe
LVMH qui l’a vendue en 2005 au groupe Falic. Elle emploie une centaine de salariés.
En 2008, ayant accusé une perte de 10 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 30 millions
d’euros, elle a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris.

 Questions
1) La société Lacroix va-t-elle être dissoute ?
2) Que se passera-t-il si le plan de redressement échoue ?
3) Que vont devenir alors les salariés ?

CAS 9 PIC
Thème : liquidation de la société
Les associés de la SA Pic sont réunis pour voter la dissolution de la société. Le vote a eu lieu tout
à fait régulièrement mais une vive discussion oppose deux actionnaires : l’un prétend qu’il faut
nommer un liquidateur et l’autre qu’on peut s’en dispenser, puisqu’il n’y aura rien à partager, et
éviter ainsi des frais inutiles ; il menace de ne pas contribuer à la rémunération du liquidateur, si
toutefois les associés en nommaient un.

 Questions
1) La nomination d’un liquidateur est-elle obligatoire ?
2) Doit-il obligatoirement être rémunéré ? et par qui ?
3) Le vote de l’actionnaire opposé à la nomination du liquidateur le dispense-t-il de participer
à sa rémunération ?
4) Que devient le commissaire aux comptes de la société ?

Analyse de documents

CAS 10 CABINET MÉDICAL


Thème : cas de dissolution d’une société
LA COUR DE CASSATION a rendu l’arrêt suivant le 21.06.2011 :
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Colmar, 25 mai 2010), que pour les besoins de l’exercice de leur
profession de médecin, MM. X... et Y... ont, en 1991, constitué une société civile de moyens (la

20
Dissolution – Liquidation de la société 3
C H A PI T R E

SCM) ; qu’en 2006, un tiers des parts représentant le capital de la SCM a été cédé à Mme Z... ; que
faisant état de l’inexécution de ses obligations par cette dernière ainsi que de la mésentente entre
les associés, paralysant le fonctionnement de la société, MM. X... et Y... ont demandé sa dissolution
anticipée pour justes motifs ; […]
Attendu que Mme Z... fait grief à l’arrêt d’avoir accueilli cette demande, alors, selon le moyen : […]
que les associés d’une société civile qui sont à l’origine de la mésentente qui s’est instaurée entre
associés ne peuvent invoquer celle-ci à titre de juste motif leur permettant de solliciter la dissolu-
tion judiciaire de la société ; […]
Mais attendu qu’après avoir relevé que le conflit qui opposait MM. X... et Y... à Mme Z... relativement
à la contribution de cette dernière aux charges de la SCM avait dégénéré à la fin de l’année 2008,
Mme Z... ayant émis des propos quelque peu agressifs à l’égard de ses associés qui ont décidé de la
faire poursuivre disciplinairement, l’arrêt constate que le fonctionnement de la société constituée
entre les trois praticiens est complètement et définitivement bloqué ; qu’il relève que la réunion
d’une assemblée générale extraordinaire n’a pas été possible en l’absence de Mme Z... dès lors
que les statuts prévoient la réunion des trois quarts des parts sociales ; que l’arrêt ajoute que le
secrétariat n’est plus organisé en commun, que Mme Z... ne paye plus sa part de charges et que de
nombreuses procédures inévitablement assez longues et d’un coût élevé opposent les parties ; que
l’arrêt relève encore qu’au lieu de chercher une solution en participant aux assemblées générales,
Mme Z... fait défaut et demande l’annulation des assemblées tenues hors sa présence ; qu’en l’état
de ces constatations, desquelles il résulte que le fonctionnement de la société civile de moyens
était paralysé tant en raison de l’inexécution de ses obligations par Mme Z... que de la mésentente
entre les associés, la cour d’appel a légalement justifié sa décision ; que le moyen n’est pas fondé ;
[…]
Par ces motifs, rejette le pourvoi.

 Questions
1) Quel est le cas de dissolution évoqué dans l’arrêt ?
2) Sous quelles conditions peut-il s’appliquer ?
3) Quelle est la décision de la Cour de cassation et son argumentation ?

21
4
CHAPITRE
La société sans

personnalité juridique
1. La société en formation
2. La société de fait
3. La société créée de fait
4. La société en participation

Rappel de cours

L’immatriculation d’une société au RCS lui confère la personnalité morale.


Il existe des situations dans lesquelles un contrat de société existe sans que la société n’ait
été immatriculée ; cette société n’aura pas la personnalité morale, faute d’immatricula-
tion, mais les effets de l’existence d’un contrat de société vont se manifester à l’égard des
cocontractants et des tiers. Quatre situations se présentent :
–– soit les futurs associés veulent créer la société. En attendant son immatriculation, la
société est dite «en formation» ;
–– soit la société est voulue et fonctionne alors qu’elle se trouve en situation irrégulière.
Elle sera annulée. Il s’agit d’une « société de fait » ;
–– soit les parties contractantes ont créé une société sans en avoir pleinement conscience :
il s’agit d’une société créée de fait ;
–– soit les associés ont voulu créer une société mais ne souhaitent pas l’immatriculer : il
s’agit de la société en participation prévue par la loi.

1. La société en formation
Une société en formation existe en vue de l’acquisition de la personna-
Définition lité morale entre le moment où les associés conviennent de constituer la
société et celui où, étant immatriculée, elle a une vie juridique autonome.
Les personnes qui ont agi au nom d’une société en formation avant qu’elle
ait acquis la jouissance de la personnalité morale, sont tenues indéfiniment
(avec solidarité si la société est commerciale et sans solidarité si la société
Personnes est civile) des actes accomplis, à moins que la société, après avoir été régu-
responsables lièrement constituée et immatriculée, ne reprenne les engagements sous-
des actes accomplis crits. Ces engagements sont alors réputés avoir été souscrits dès l’origine
pour le compte d’une par la société (art. 1843 C. civ. et art. L.210-6 al. 2 C. com.).
société en formation Les personnes ayant agi sont les signataires des actes. Les actes accom-
plis doivent être des actes préparatoires à l’activité sociale (ex. : achat de
stocks, de matériel, d’équipement, conclusion d’un bail, recrutement de
personnel).

22
La société sans personnalité juridique 4
C H A PI T R E


Par principe, les personnes qui agissent pour le compte d’une société en
formation sont responsables des actes accomplis sauf si la société reprend
ces actes selon trois modalités de reprise :
• un état des actes accomplis pour le compte de la société annexé aux
Modalités de reprise statuts ;
• un mandat spécial donné par les associés ;
• un vote de reprise à la majorité ordinaire des associés après immatricula-
tion de la société.
La reprise ne peut pas avoir lieu si la société n’est pas immatriculée.

2. La société de fait
Elle est créée et voulue par les associés, elle a fonctionné de manière
Caractéristiques durable et importante mais elle est atteinte d’une irrégularité de fond ou
de forme qui va entraîner sa nullité.
• La société est en voie d’immatriculation, a démarré son activité mais ne
Situations pratiques
pourra pas être immatriculée (exemple : non-obtention d’une licence).La
d’existence d’une
société est immatriculée puis déclarée nulle (exemple : pour objet illicite).
société de fait
• La société a été dissoute mais continue de fonctionner.
Elle sera annulée, sans rétroactivité : les actes juridiques qu’elle a conclus
restent valables.
Effets de l’existence
Les associés devront assumer les dettes sociales vis-à-vis des tiers :
d’une société de fait
• de façon indéfinie et solidaire si l’objet de la société est commercial ;
• de façon indéfinie et conjointe si l’objet de la société est civil.

3. La société créée de fait


Elle résulte du comportement de personnes qui, sans en avoir pleinement
Définition
conscience, se traitent entre elles et agissent à l’égard des tiers comme de
jurisprudentielle
véritables associés.
Il faut retrouver les éléments du contrat de société, à savoir :
• la pluralité d’associés ;
• l’existence d’apports : en numéraire, en nature ou en industrie ;
Éléments • l’entreprise commune ;
constitutifs • l’affectio societatis qui a une force particulière et qui consiste en l’exer-
cice effectif d’une activité pour compte commun ;
• la participation aux bénéfices et/ou aux économies et la contribution
aux pertes.
Preuve La société créée de fait se prouve par tous moyens.
• Un contrat de société existe.
• Chaque associé de fait reste propriétaire des biens qui lui appartenaient
avant l’exploitation commune.
Effets de l’existence
• Chaque associé a droit aux bénéfices et contribue aux pertes proportion-
d’une société créée
nellement à son apport.
de fait
• Chaque associé est tenu indéfiniment des dettes sociales envers les tiers,
solidairement si la société est commerciale, conjointement si la société est
civile.

23
4 La société sans personnalité juridique
C H A PI T R E

4. La société en participation
Les associés peuvent convenir que la société ne sera pas immatriculée. La société
Définition est alors dite « société en participation » ; elle n’a pas la personnalité morale et n’est
pas soumise à publicité (art. 1871 C. civ.).
La société en participation doit réunir tous les éléments caractéristiques du contrat
de société : pluralité d’associés, apports, entreprise commune, partage des bénéfices
Éléments
(ou des économies) et des pertes, affectio societatis. Les associés peuvent convenir
constitutifs
librement des modalités de fonctionnement de la société, sous réserve du respect
des règles impératives.
• « Ostensible » ou « occulte » selon qu’elle se révèle aux tiers ou non.
Caractères • Civile ou commerciale selon la nature de l’objet social.
• À durée déterminée ou à durée indéterminée.
La société en participation se prouve par tous moyens (écrit, témoignages, pré-
Preuve
somptions, etc.).
• Société occulte : seul l’associé ayant contracté avec un tiers est engagé.
Responsabilité
• Société ostensible : les associés sont indéfiniment et solidairement responsables si
des associés
la société est commerciale, indéfiniment et conjointement si la société est civile.
Les statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants parmi les participants ou en
dehors d’eux. À défaut, tous les participants sont gérants.
Pouvoirs du gérant :
• dans ses rapports avec les tiers : il a de larges pouvoirs sur les biens dont il a
Fonctionne-
apparemment la disposition puisqu’il traite en son nom personnel et non pas au
ment
nom de la société ;
• dans ses rapports avec les participants : il est tenu de respecter le pacte social
(les limitations éventuelles de ses pouvoirs), d’agir dans l’intérêt exclusif de la
société et non dans son intérêt personnel, et de rendre compte de sa gestion.
• La société n’a pas la personnalité morale puisque non immatriculée.
• La société n’a pas de patrimoine social : chaque participant reste propriétaire de
son apport. Cependant, les associés peuvent convenir que les biens mis à disposi-
Effets tion de la société ou acquis au cours de la vie sociale seront indivis entre eux.
• Le participant qui contracte avec les tiers n’engage que lui, sauf révélation des
autres associés ; dans ce dernier cas, tous les associés sont personnellement respon-
sables des engagements pris par l’un d’eux.
• Commerciale : ce sont les causes de dissolution de la SNC qui s’appliquent.
• Civile : ce sont celles de la société civile.
Lorsque la société en participation est à durée indéterminée, sa dissolution peut
résulter, à tout moment, d’une notification adressée par l’un d’eux à tous les asso-
Dissolution ciés, pourvu que cette notification soit de bonne foi et non faite à contretemps.
de la société La dissolution n’entraîne qu’un règlement de comptes entre les associés (puisqu’il
n’y a pas de patrimoine social). Après établissement des comptes, la masse active
ou passive restante doit être partagée. Avant tout partage, chaque participant
reprend les apports en nature qu’il a mis à disposition de la société et dont il est
resté personnellement propriétaire.
• La société en participation est traitée fiscalement comme une entité distincte
de ses membres. Elle doit être déclarée auprès des services fiscaux et produire une
Régime fiscal déclaration de ses résultats.
• Elle est soumise à l’impôt sur le revenu (si elle a révélé l’identité des participants)
ou à l’impôt sur les sociétés, sur option irrévocable.

24
La société sans personnalité juridique 4
C H A PI T R E

Tests de connaissances

Thème : la société en formation


1  Quelle différence y-a-t-il entre la société en formation et la société créée de fait ? Existe-t-il
un intérêt juridique à les distinguer ?
2  Deux associés veulent créer une société de distribution de produits d’entretien (détergents,
cire…). En attendant l’immatriculation au RCS, ils ont effectué les actes énumérés ci-des-
sous. S’agit-il d’actes conclus pour le compte d’une société en formation ?
❏❏ A commande d’un véhicule pour les futures livraisons ;
❏❏ B signature d’un bail pour le local devant servir de siège social ;
❏❏ C commande de produits d’entretien à un fournisseur pour constituer un stock ;
❏❏ D embauche de la future secrétaire de la société ;
❏❏ E engagement d’un avocat qui sera chargé des formalités de constitution de la société ;
❏❏ F achat de cartons d’emballage pour les produits vendus ;
❏❏ G abonnement à France Telecom ;
❏❏ H ouverture d’un compte bancaire ;
❏❏ I établissement de factures à trois clients.
3  Quel est le point de départ de la société en formation ?

4  À quel moment prend fin la société en formation ?

Thème : responsabilité des actes réalisés


pour le compte d’une société en formation

5  Par principe, quelles sont les personnes responsables des actes passés pour le compte d’une
société en formation ? Préciser l’étendue de cette responsabilité.
6  Par exception, qui en est responsable ? Sous quelles conditions ?

7  Quelles sont les modalités de reprise des actes accomplis pour le compte d’une société en
formation ?

Thème : la société de fait


8  Quelles sont les caractéristiques de la société de fait ?

9  Quel sera l’avenir d’une société de fait ?

10  Quelle est la responsabilité des associés d’une société de fait ?

11  Une SARL de travail intérimaire a été créée par 2 associés et régulièrement immatriculée.
En réalité, l’objet de cette société est d’embaucher des travailleurs clandestins à l’aide de
faux papiers. Son activité a été découverte après dénonciation auprès du Procureur de la
République. Quel sera l’avenir de cette société ? L’Urssaf réclame un arriéré de cotisations
sociales à la SARL. Qui devra assumer cette dette ?

25
4 La société sans personnalité juridique
C H A PI T R E

Thème : la société créée de fait


12  Quelles sont les caractéristiques d’une société créée de fait ?

13  Comment prouver l’existence d’une société créée de fait ?

14  Deux voisins retraités cultivent leur parcelle de terrain dont chacun est propriétaire. Ils ont
pris l’habitude de s’entraider et se partagent, quand la récolte est bonne, leur production.
Existe-t-il une société créée de fait entre eux ?
15  Deux amis informaticiens s’installent dans un même local et proposent leurs services aux
commerçants de leur quartier ; ils ont ouvert un compte joint sur lequel ils versent les
honoraires respectifs qu’ils perçoivent et ont décidé par un acte sous seing privé qu’ils se
partageront les bénéfices et les pertes à parts égales. L’un d’eux a signé le bail du local dans
lequel ils travaillent et l’autre a acheté un ordinateur pour effectuer le travail. Le proprié-
taire du local réclame deux loyers impayés. À qui peut-il s’adresser ? Justifier votre réponse.

Thème : la société en participation


16  Quelles sont les caractéristiques d’une société en participation ?

17  Deux artisans ont décidé de s’associer pour réaliser un chantier en commun. Ils ont forma-
lisé leur accord par un protocole d’accord mais ils ne veulent pas immatriculer la société car
le chantier ne va durer que trois mois. Qui gérera la société ?
18  Le participant d’une société en participation a contracté un emprunt à sa banque en décla-
rant à son banquier que le prêt allait servir à la société. Quel est le caractère de cette
société ? Que se passera-t-il si l’emprunteur ne rembourse pas le prêt obtenu ?
19  La société en participation peut-elle faire l’objet d’une procédure collective de liquidation
judiciaire ?
20  Une société en participation arrive à son terme (dont la durée prévue était de deux ans). À
quelles opérations doit-on procéder ?
21  Une société en participation a-t-elle des obligations vis-à-vis de l’administration fiscale ?

Exercices d’application

CAS 11 POINT
Thème : responsabilité des actes conclus pour le compte
d’une société en formation
Les associés d’une société ont signé les statuts le 27.05.N. À ceux-ci était annexé un état sur lequel
figurait un bail de neuf ans conclu par l’un des associés, M. Point, pour un local devant servir de
siège social. À l’issue de leur réunion, les associés ont décidé de charger M. Deron, expert-comp-
table, d’effectuer les formalités de constitution (montant de ses honoraires : 1 000 _) et de s’occu-
per, pour l’avenir, de la tenue de la comptabilité de la société moyennant 2 400 _ par exercice.
Le 30.06.N, M. Point a acheté un ordinateur (1 500 _). Le 15.07.N, les associés reçoivent l’extrait
K bis du RCS.

26
La société sans personnalité juridique 4
C H A PI T R E

 Questions
1) Quels sont les actes passés ? Ont-ils été conclus pour le compte de la société en formation ?
2) Une modalité de reprise a-t-elle été effectuée pour chacun d’eux ? si oui,laquelle ?
3) Qui est tenu de payer les créanciers ? Envisager l’hypothèse où la société n’a pas été imma-
triculée au RCS.

CAS 12 MERLE
Thème : société créée de fait
M. et Mme Merle exploitent depuis dix ans un restaurant dont ils sont propriétaires. Leur établis-
sement, exploité sous la forme individuelle, figure dans le guide Michelin. Leurs deux enfants qui
ont suivi des études dans un lycée hôtelier sont fraîchement diplômés et majeurs ; les parents leur
proposent de venir travailler dans le fonds de commerce. Sébastien, le fils, s’occupera avec la mère
de la cuisine et la fille assurera l’accueil et le service en salle. Le père s’occupe des approvisionne-
ments, des relations bancaires et de la tenue comptable. Pour stimuler leurs enfants, les parents ont
pensé les rémunérer par un intéressement aux résultats de l’entreprise.
Sur la base de cet accord verbal, l’affaire prend un nouvel essor. La créativité du fils permet au
restaurant d’obtenir une étoile au guide Michelin.
Quelques années plus tard, Sébastien se marie avec Céline qui l’incite à créer son propre restaurant.
Les parents ne sont pas favorables à ce projet mais devant la détermination de leur fils, ils s’inclinent...
en lui souhaitant bonne chance. Sébastien qui a besoin de fonds pour créer son restaurant demande
à ses parents une somme correspondant à « sa part dans la société » (le restaurant des parents). Face
à un refus catégorique, il envisage d’engager une procédure pour faire reconnaître ses droits.

 Questions
1) Peut-il exister une société sans qu’un écrit n’ait été signé ?
2) Existe-t-il une société entre les membres de la famille Merle ?
3) Quels sont les droits auxquels Sébastien Merle prétend ?

CAS 13 AULNAY
Thème : société en participation
La commune d’Aulnay envisage la construction d’un groupe scolaire. Le marché a été remporté par
la SA Constructa qui a besoin de divers corps de métiers pour réaliser le chantier. Elle a conclu un
accord de partenariat avec trois entreprises spécialisées en électricité, plomberie et chauffage pour
la durée du chantier. L’accord a été matérialisé par un échange de lettres dans lesquelles les entre-
prises ont convenu du partage des résultats positifs et négatifs. Il est prévu que le responsable de
cette participation sera M. Nègre, PDG de la SA Constructa et que l’accord conclu demeurera secret.
En fin de chantier, des malfaçons apparaissent et la commune, n’arrivant pas à obtenir les modifi-
cations nécessaires, est contrainte d’avoir recours aux tribunaux.

 Questions
1) Qualifier la nature de l’accord conclu entre les quatre entreprises ?
2) Quel sera le rôle joué par M. Nègre ?
3) Contre qui la commune d’Aulnay pourra-t-elle engager son recours devant la justice ?

27
1
CAS DE
La société :

constitution
SYNTHÈSE
fonctionnement
et dissolution

Cas de synthèse

CAS 14 POUSSE-POUSSE
Deux cousins Marc et Stéphane viennent de terminer leurs études et sont à la recherche d’emploi.
Ils viennent de voir un reportage sur l’implantation de pousse-pousse à Paris. Sur le modèle asia-
tique, des tricycles sillonnent la ville transportant touristes et clients. Ils trouvent satisfaisante
cette solution de taxi écologique pour réduire le trafic automobile et le contourner en utilisant
les voies réservées au vélo. Très sportifs et en attendant de trouver l’emploi de leurs rêves, ils envi-
sagent d’implanter ensemble cette activité à Strasbourg. Après une étude de marché qui se révèle
favorable, ils décident de faire fabriquer chacun, à leurs frais (2 000 _), un tricycle équipé pour 2
passagers. Ils disposent de 1 000 _ d’économies chacun, qu’ils apporteront également à la future
société. Ils se répartiront par moitié le capital, les bénéfices et les pertes. Stéphane dirigera celle-ci.
Ils s’engagent pour 10 ans maximum.
Ils vous consultent sur leur projet de création

Dossier 1 : Création de la société

 Questions
1) Les éléments constitutifs d’une société sont-ils réunis ?
2) Quelle sera la composition du capital ? Présenter le bilan de constitution.
3) Quelle sera la responsabilité de chacun ?
4) A
 vant l’immatriculation de la société, Marc a engagé des dépenses publicitaires  : tracts
déposés à l’Office de tourisme et sur les voitures. Stéphane a réglé la consultation auprès
de l’expert-comptable pour la constitution de la société. La société devra-t-elle rembourser
ces dépenses aux associés ?

Dossier 2 : Développement de l’entreprise


Le printemps et la saison estivale ont été propices au développement de leur activité et nombreux
sont les Strasbourgeois qui empruntent désormais ce moyen de transport. Cependant, l’hiver arri-

28
La société : constitution fonctionnement et dissolution 1
CAS DE SYNTHÈSE

vant, il convient d’adapter le confort des pousse-pousse pour affronter les rigueurs de l’hiver. Aussi
Stéphane prend l’initiative de commander deux autres pousse-pousse protégeant mieux les passa-
gers et un pousse-pousse à assistance électrique. Il a également demandé à une entreprise spéciali-
sée de créer un site internet et a recruté une secrétaire pour répondre à la clientèle et effectuer les
tâches administratives et comptables.
Le chiffre d’affaires de la société de l’année écoulée a été de 60 000 _.
Stéphane rend compte de l’activité de l’entreprise à Marc chaque mois, oralement.

 Questions
5) S téphane doit-il avoir l’autorisation de Marc pour toutes les décisions évoquées dans le
sujet, prises ou à prendre ?
6) En vous aidant de l’annexe, vous indiquerez à Stéphane si les comptes rendus oraux men-
suels effectués auprès de Marc suffisent.
7) Stéphane vous demande s’il est tenu de désigner un commissaire aux comptes.

Dossier 3 : Avenir de la société


Après 2 ans d’exploitation bénéficiaire, Marc vient de trouver un emploi en CDI qu’il juge intéres-
sant. Il ne pourra plus participer à la société. Stéphane, de son côté, compte développer et étendre
cette activité à d’autres villes de la région.

 Questions
8) Quelles solutions pouvez-vous proposer compte tenu de cette nouvelle situation ?
9) Quelle est la solution qui vous paraît la meilleure pour les deux associés ?

ANNEXES
 Article 1856 C. civ
Les gérants doivent, au moins une fois dans l’année, rendre compte de leur gestion aux associés.
Cette reddition de compte doit comporter un rapport écrit d’ensemble sur l’activité de la société
au cours de l’année ou de l’exercice écoulé comportant l’indication des bénéfices réalisés ou prévi-
sibles et des pertes encourues ou prévues.
 Article L223-26 al. 1 (SARL)
Le rapport de gestion, l’inventaire et les comptes annuels établis par les gérants sont soumis à
l’approbation des associés réunis en assemblée, dans le délai de six mois à compter de la clôture
de l’exercice.

29
5
CHAPITRE
SARL :

les associés
1. Les associés, leurs apports, leur responsabilité
2. Les décisions collectives
3. Les droits des associés

Rappel de cours

La SARL est instituée par une ou plusieurs personnes qui ne supportent les pertes qu’à
concurrence de leurs apports. Quand elle ne comporte qu’un associé, il est dénommé
« associé unique ».
La SARL est une société commerciale, quel que soit son objet.

1. Les associés, leurs apports, leur responsabilité


La SARL est instituée par une (EURL) ou plusieurs personnes (2 minimum,
Les associés 100 maximum pour la SARL pluripersonnelle), personne physique ou per-
sonne morale.
Pas de montant minimum légal de capital. Il est fixé librement par les
statuts, il est divisé en parts sociales de valeur nominale libre. Trois types
d’apports possibles :
• les apports en numéraire à libérer d’au moins 1/5e à la souscription,
le reste dans les 5 ans à compter de l’immatriculation, sur appel de la
gérance ;
Les apports • les apports en nature doivent être évalués par un commissaire aux
apports. Lorsque la valeur d’aucun apport en nature n’excède 30 000 _
et si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature n’excède pas la
moitié du capital, les associés, à l’unanimité, peuvent écarter le recours au
commissaire aux apports ;
• les apports en industrie sont autorisés si les statuts les ont prévus. L’ap-
port en industrie n’entre pas dans la composition du capital social.
Les associés d’une SARL ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs
apports.
Leur responsabilité
Leur responsabilité est limitée. Ils ne peuvent pas perdre plus que ce qu’ils
ont apporté à la société.

Dans l’EURL, l’associé unique joue le rôle des associés dans la SARL pluripersonnelle.

30
SARL : les associés 5
C H A PI T R E

2. Les décisions collectives


a) Convocation des associés
∑∑ Par le gérant.
∑∑ À défaut, par le commissaire aux comptes s’il existe.
∑∑ Par un mandataire désigné par le tribunal à la demande d’un associé.

b) Modalités de consultation des associés


∑∑ Obligatoirement en assemblée :
–– pour l’approbation des comptes annuels ;
–– quand elle est demandée par un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts
sociales ou par un ou plusieurs associés détenant le dixième des parts sociales s’il(s)
représent(ent) au moins le dixième des associés (depuis la loi du 22.3.2012).
∑∑ Par consultation écrite.
∑∑ Par consentement des associés exprimé dans un acte.
Ces deux dernières modalités sont possibles si elles sont prévues dans les statuts et en
dehors des cas obligatoires de réunion des associés en assemblée.

c) Participation et représentation des associés


∑∑ Tout associé a droit de participer aux décisions et dispose d’un nombre de voix égal à
celui des parts sociales qu’il possède. Toute clause contraire est réputée non écrite.
∑∑ Un associé peut se faire représenter par un autre associé ou son conjoint à moins que
la société ne comprenne que deux associés ou deux époux. Il peut être représenté par une
autre personne si les statuts le permettent.
Lorsque les statuts le prévoient, sont réputés présents, pour le calcul du quorum et de la
majorité, les associés qui participent à la réunion par des moyens de visioconférence ou
de télécommunication.

d) Compétence
Les associés prennent des décisions ordinaires et des décisions extraordinaires.
∑∑ Les décisions ordinaires ont pour but :
–– de statuer sur les comptes de l’exercice, d’affecter le résultat de l’exercice ;
–– d’autoriser la gérance à effectuer telle ou telle opération subordonnée dans les statuts à
l’accord préalable des associés ;
–– de procéder à la nomination ou au remplacement des gérants (et, le cas échéant, des
commissaires aux comptes) ;
–– d’approuver les conventions intervenues entre la société et l’un de ses gérants ou asso-
ciés : il s’agit des conventions réglementées. La personne intéressée ne participe pas au
vote de la convention ;
–– plus généralement, de statuer sur toutes les questions qui n’entraînent pas une modi-
fication des statuts.
∑∑ Les décisions extraordinaires ont pour objet de statuer sur une modification des statuts.

31
5 SARL : les associés
C H A PI T R E

e) Règles de quorum et majorité


Quorum : pour les sociétés constituées après le 3.08.2005 : 1/4 des parts sociales sur
1re consultation ; 1/5 des parts sur 2e consultation.

Majorité des décisions collectives


Majorité des décisions collectives ordinaires
extraordinaires
1re consultation : • SARL constituées avant le 3.08.05 : décision
Décision des associés représentant plus de la des associés représentant au moins 3/4 des
moitié des parts sociales (majorité absolue). parts sociales.
• SARL constituées après le 3.08.05 et celles
ayant adopté la règle nouvelle dans leurs statuts
: 2/3 des parts détenues par les associés pré-
sents ou représentés.
2e consultation : Exceptions :
Décision prise à la majorité des votes émis, • unanimité pour le changement de nationalité,
quel que soit le nombre des votants (majorité la transformation en SNC, en SAS ;
relative). • majorité en nombre des associés représentant
Les statuts peuvent écarter cette 2e  au moins la moitié des parts sociales pour la
consultation (les décisions ordinaires seront cession de parts à des tiers, sauf majorité statu-
alors prises à la majorité absolue). taire plus forte,
• la majorité des parts sociales pour la transfor-
mation en SA quand le montant des capitaux
propres au dernier bilan excède 750 000 e ;
• la moitié au moins des parts sociales pour
l’augmentation de capital par incorporation de
bénéfices ou de réserves

3. Les droits des associés


∑∑ Droit de demander en justice un mandataire chargé de convoquer une assemblée.
∑∑ Droit de vote selon les règles de majorité ci-dessus.
∑∑ Droit à l’information (communication de documents) :
–– occasionnel, avant toute assemblée ;
–– permanent, à toute époque sur trois exercices ;
–– droit de poser par écrit des questions relatives à l’assemblée ;
–– droit de poser deux fois par an des questions par écrit au gérant sur tout fait de nature
à compromettre la continuité de l’exploitation : il s’agit du «droit d’alerte» ;
–– droit de demander au tribunal la désignation d’un expert sur une ou plusieurs opéra-
tions de gestion sous réserve de détenir au moins 10 % du capital (par un ou plusieurs
associés).
∑∑ Droit au dividende, aux réserves, au boni de liquidation.
∑∑ Droit au remboursement de l’apport ; droit à la reprise de l’apport.
∑∑ Droit de céder ses parts, de les transmettre, de les nantir (les donner en garantie).
∑∑ Droit d’engager la responsabilité du gérant (voir conditions dans le chapitre 6 point 4).
NB : Pour le contrôle de la société par le commisaire aux comptes, voir chapitre 2, point 3.

32
SARL : les associés 5
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : les associés, les apports, les décisions collectives

1  M. Blum veut créer une SARL, il envisage plusieurs éventualités. Ces solutions sont-elles
réalisables :
❏❏ A s’associer avec son épouse ;
❏❏ B être seul dans la société ;
❏❏ C s’associer avec sa famille : son épouse, son fils de 17 ans, sa fille de 23 ans ;
❏❏ D s’associer avec une autre SARL ;
❏❏ E apporter ses compétences.

2  M. Blum vous interroge sur sa responsabilité dans les deux situations suivantes :
❏❏ A il est associé avec sa famille ;
❏❏ B il est seul associé dans la SARL.
3  M. Puce et M. Poux sont associés dans une SARL. M. Poux vend ses parts à M. Puce. Que
devient la société ?
4  M. Boule a créé une EURL et veut en créer une autre. Est-ce possible ?

5  Le gérant d’une SARL, pour éviter le déplacement des associés, a décidé de les consulter
par écrit. Est-ce légal ?
6  M. Brun, associé d’une SARL, vient d’être hospitalisé. Il ne peut donc se rendre à la convo-
cation de l’assemblée annuelle d’approbation des comptes qui doit se tenir sous peu. Son
fils aîné est d’accord pour le représenter ; sera-t-il accepté pour voter à la place de son père ?
7  La répartition du capital de la société Z est la suivante :
– M. Z : 250 parts ;
– Mme Z : 50 parts ;
– le fils Z : 100 parts ;
– la fille Z : 50 parts.
Quel sera le nombre de voix de chaque associé ? L’un d’entre eux est-il majoritaire ?
8  Classer les décisions suivantes en décision ordinaire et décision extraordinaire et préciser la
majorité requise pour leur approbation :
❏❏ A l’approbation des comptes ;
❏❏ B l’affectation des résultats ;
❏❏ C la nomination du gérant ;
❏❏ D la transformation de la SARL en SA ;
❏❏ E la nomination d’un commissaire aux comptes ;
❏❏ F une augmentation de capital ;
❏❏ G l’approbation d’un contrat de travail passé entre la SARL et un de ses associés ;
❏❏ H la vente de parts sociales à un tiers.

33
5 SARL : les associés
C H A PI T R E

9  Dans une SARL, quel intérêt juridique présente la détention de :


❏❏ A 75 % du capital ?
❏❏ B 50 % plus une part sociale ?
❏❏ C 25 % plus une part sociale ?
❏❏ D 10 % du capital ?
❏❏ E 33 % plus une part sociale ?

10  Une SARL est créée avec 7 500 € d’apport en numéraire. Quel sera le montant minimal
de capital à libérer ? Un ordinateur (1 500 €) est apporté. Un des associés veut apporter
ses connaissances en informatique. Quel sera le montant du capital ? L’intervention d’un
commissaire aux apports est-elle obligatoire ?

Thème : droits des associés

11  Les associés de la SARL Big sont inquiets : le mois de juillet commence et le gérant ne les
a toujours pas convoqués pour l’approbation des comptes. La clôture de l’exercice est fixée
au 31.12. et il n’y a pas de commissaire aux comptes dans la société. Que peuvent-ils faire ?
12  M. Fouine vient de recevoir la convocation pour l’assemblée annuelle de sa société. Il veut
consulter les documents sociaux et demander des précisions sur certains points au gérant.
Obtiendra-t-il satisfaction ?
13  M. Latil a 30 % du capital d’une SARL qui vient d’accuser 20 000 _ de pertes au cours du
dernier exercice. Il considère le gérant seul responsable de cet exercice déficitaire et ne veut
pas en assumer la charge ; a-t-il raison ? Peut-il exercer des droits particuliers, compte tenu
du fait que cette situation est catastrophique pour l’entreprise.
14  Le gérant d’une SARL envisage de conclure un très gros contrat. Un des associés détenant
20 % du capital n’est pas d’accord pour réaliser cette opération qu’il juge dangereuse pour
la société. Peut-il s’y opposer et de quelle façon ?
15  Un des associés d’une SARL veut quitter la société. Un de ses amis, non associé, est disposé
à lui acheter ses parts. Leur accord suffit-il pour que la cession soit réalisée ?

Exercices d’application

CAS 15 BASQUE
Thème : fonctionnement d’une SARL
Jean, Stéphane, Marc et Éric, passionnés d’arts martiaux, ont créé il y a dix ans à parts éga­les une
SARL de surveillance, au capital de 4 000 e divisé en 1 000 parts. Ils ont démarché les entreprises
et les particuliers pour lesquels ils assurent la sécurité des locaux, des pro­priétés et des personnes.
Chacun d’eux est responsable d’une zone géographique d’égale importance. Toujours dans un

34
SARL : les associés 5
C H A PI T R E

souci d’égalité, ils ont instauré une gérance tournante : tous les deux ans, le gérant change. Cette
année, c’est Stéphane qui sera nommé, succédant à Marc. L’exercice est clos au 31.12. Il n’y a pas
de commissaire aux comptes. Une clause des statuts prévoit une répartition des dividendes en
fonction du chiffre d’affaires réalisé par chaque associé, les autres clauses sont conformes à la loi.
Les statuts n’ont pas été modifiés depuis la création de la société.

 Questions
1) Qui devra convoquer l’assemblée annuelle ? Qui fixera et quel sera son ordre du jour compte
tenu des souhaits de tous les associés ? En cas de carence de l’organe compétent, chaque
associé peut-il obtenir la réunion des associés ?
2) Éric ne pourra pas, pour des raisons personnelles, assister à l’assemblée. Jean peut-il le repré-
senter ? De quelles informations disposera-t-il pour donner ses consignes de vote à Jean ?
3) Stéphane veut bien assumer la gérance mais il voudrait être rémunéré alors qu’au départ, il
avait été convenu verbalement par les associés que la gérance serait exercée à titre gratuit.
À quelle majorité sera-t-il nommé ? Qui fixera sa rémunération s’il l’obtient ? Participera-t-il à
sa fixation ? S’il n’obtient pas satisfaction, quelle sera sa source de revenus ?
4) Selon Marc, il conviendrait de porter le capital à 10 000 e par incorporation de réserves et
bénéfices. Seul Éric n’est pas favorable au projet. Son opposition empêchera-t-elle la réalisa-
tion de l’augmentation de capital ?
5) Jean s’est toujours occupé des relations avec la banque et voudrait que la société lui accorde
un contrat de travail de directeur financier. À quelles conditions de vote ce con­trat pourra-t-il
lui être consenti ?
6) Éric n’est plus très motivé par sa participation dans cette société, d’ailleurs son chiffre
d’affaires a baissé. Quelle en sera la conséquence financière pour lui ? Il envisage de présen-
ter à ses associés un ami, Fabien, qui le remplacerait dans la société. Ce dernier exige qu’un
des trois associés lui cède également une part sociale. Fabien entrera-t-il dans la société ?
Pourquoi Fabien veut-il détenir une part sociale supplémentaire ?

CAS 16 CORDIER
Thème : droits des associés dans la SARL
M. Cordier est le fondateur et l’actuel gérant de la SARL au capital de 15 000 e, SARL qui porte son
nom. Son activité est la fabrication de pièces métalliques pour l’industrie mécani­que. La répartition
du capital est la suivante :
– M. Cordier, gérant : 400 parts ;
– M. Vis : 200 parts ;
– la SA Boulon, dont le PCA est M. Mir : 200 parts ;
– la SARL Tub, dont le gérant est M. Luc : 200 parts.
Depuis un an, des conflits opposent les deux sociétés associées à M. Cordier sur la conduite de la
stratégie de la SARL. MM. Mir et Luc interrogent régulièrement le gérant sur sa ges­tion et celui-ci
ne répond pas ou de façon très évasive.
L’assemblée générale annuelle de la SARL Cordier va se tenir prochainement.

35
5 SARL : les associés
C H A PI T R E

 Questions
1) MM. Mir et Luc pourront-ils participer à cette assemblée ?
2) M. Mir a appris, par le commissaire aux comptes de la SA qu’il dirige, que le gérant d’une
SARL doit permettre l’information permanente des associés. En quoi consiste-t-elle ?
3) L’exercice actuel va être déficitaire. M. Mir, mécontent, voudrait en connaître les rai­sons.
Quels moyens a-t-il de les connaître ?
4) M. Mir voudrait déposer, lors de la prochaine assemblée générale annuelle, une propo­sition
de résolution visant à écarter M. Cordier de la gestion. Il sera candidat pour le remplacer.
Les autres associés, consultés préalablement, sont favorables à son projet. La proposition
sera-t-elle débattue lors de l’assemblée ? quelle en sera l’issue ?

36
6
CHAPITRE
SARL :

la gérance
1. Nomination
2. Révocation
3. Pouvoirs
4. Responsabilité civile

Rappel de cours

1. Nomination
a) Conditions
∑∑ La SARL est dirigée par un ou plusieurs gérants (gérance dite collégiale), obli-
gatoirement des personnes physiques, choisis parmi les associés ou en dehors
d’eux. Le gérant est le représentant légal de la SARL, le dirigeant de droit.
Il doit avoir la capacité de tout mandataire, ne pas être frappé d’interdiction, de déchéance,
d’incompatibilité ; le mineur émancipé peut être gérant d’une SARL, les majeurs en tutelle
ou en curatelle ne peuvent l’être.
∑∑ Le gérant peut être de nationalité étrangère s’il a fait la déclaration en préfecture. Les
ressortissants d’un pays membre de l’Union européenne et les titulaires d’une carte de
résident sont dispensés de solliciter cette déclaration.
∑∑ Aucun texte ne prévoit une limite d’âge pour l’exercice des fonctions de gérant de SARL
mais les statuts peuvent en fixer une.
∑∑ Une même personne physique peut cumuler valablement plusieurs mandats de gérance
dans d’autres SARL sauf disposition contraire des statuts.

b) Règles de nomination
∑∑ Lors de la constitution de la société, le gérant est nommé par les associés dans les statuts
(gérant statutaire) ou dans un acte postérieur (gérant non statutaire).
∑∑ Au cours de la vie sociale, la nomination est décidée par un ou plusieurs associés repré-
sentant plus de la moitié des parts sociales sur première consultation, à la majorité des
votes émis sur deuxième consultation, à moins que les statuts n’écartent cette deuxième
consultation.
∑∑ Le gérant, s’il est associé, participe au vote.

37
6 SARL : la gérance
C H A PI T R E

c) Durée du mandat
∑∑ En l’absence de dispositions statutaires, les gérants sont nommés pour la durée de la
société.
∑∑ Les statuts peuvent laisser aux associés le soin de déterminer la durée de leurs fonctions
lors de chaque nomination et leur rémunération éventuelle.

d) Publicité
La nomination des gérants doit faire l’objet de mesures de publicité pour être opposable
aux tiers : insertion dans un journal d’annonces légales, dépôt au greffe du tribunal de
commerce d’une copie de la décision de nomination, inscription au registre du commerce
et des sociétés, insertion au BODACC.

e) Cas de cessation des fonctions des gérants


L’arrivée du terme de leur mandat, la survenance d’un événement personnel (décès, inca-
pacité, interdiction de gérer une entreprise, déchéance), la démission et la révocation.
En cas de décès du gérant, tout associé ou le commissaire aux comptes (s’il existe) pourra
convoquer les associés pour désigner un nouveau gérant.

f) Cumul du mandat de gérant avec un contrat de travail


Le gérant peut avoir un contrat de travail avec la société sous les conditions suivantes
déterminées par la jurisprudence :
–– le contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif ;
–– les fonctions techniques salariales doivent être distinctes des fonctions de gérant ;
–– le gérant doit se trouver dans un état de subordination au titre de son contrat de travail
ce qui implique qu’il soit associé minoritaire ou gérant non associé.

2. Révocation
Elle peut être décidée par les associés ou par le tribunal.

a) Révocation par décision des associés


Les associés représentant plus de la moitié des parts sociales sur première consultation, à la majo-
rité des votes émis sur deuxième consultation quand la première majorité n’aura pas été atteinte,
peuvent révoquer le gérant. Les statuts peuvent exclure la faculté d’une deuxième consultation :
les statuts peuvent prévoir une majorité plus forte (mais pas l’unanimité) ou plus faible.
Le gérant, s’il est associé, participe au vote. Selon la jurisprudence, sa révocation peut
intervenir sans qu’elle soit portée à l’ordre du jour à condition qu’un point de l’ordre du
jour vise l’examen de sa gestion.
Si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut donner lieu à dommages-intérêts.
Le juste motif de révocation résulte d’une faute commise par le gérant (faute de gestion,
violation des statuts, infraction aux lois et règlements) mais peut aussi résulter du fait
que son attitude est de nature à compromettre l’intérêt social ou le fonctionnement de la
société (invalidité du gérant, réorganisation de la société…).

38
SARL : la gérance 6
C H A PI T R E

La décision de révocation prise sans juste motif ne peut être contestée si elle a été prise régulière-
ment. Le gérant ne peut pas être réintégré dans ses fonctions. Les tribunaux statueront seulement
sur le montant des dommages-intérêts à allouer au gérant révoqué ; ils seront à la charge de la
société.

b) Révocation par décision du tribunal


Tout associé peut demander en justice la révocation du ou des gérants pour cause légitime.
Cette action est ouverte à tout associé quelle que soit sa détention de capital. La juris-
prudence a jugé que l’abandon de fonctions, le refus de collaboration de deux cogérants
constituaient des causes légitimes de révocation.

3. Pouvoirs
a) Étendue
Pouvoirs du gérant vis-à-vis des associés Pouvoirs du gérant vis-à-vis des tiers
• Ils sont définis par les statuts. • Le gérant est investi des pouvoirs les plus
• Dans le silence des statuts, il peut accomplir étendus pour agir en toute circonstance au nom
tous les actes de gestion dans l’intérêt de la de la société sous réserve des pouvoirs que la loi
société. attribue expressément aux associés.
La violation d’une clause limitant ses pouvoirs • La société est engagée même par les actes du
permet aux associés d’engager la responsabilité gérant qui ne relèvent pas de l’objet social, à
du gérant et de prononcer sa révocation qui sera moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que
justifiée. l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait
l’ignorer compte tenu des circonstances, étant
exclu que la seule publication des statuts suffise
à constituer cette preuve.
• Les clauses statutaires limitant les pouvoirs du
gérant sont inopposables aux tiers.

b) Pluralité de gérants
∑∑ Dans leurs rapports avec les associés : en cas de pluralité de gérants et en l’absence de
répartition de pouvoirs entre eux, chacun peut agir séparément, sauf le droit pour les
autres de s’opposer à toute opération non encore conclue.
∑∑ Dans leurs rapports avec les tiers : en cas de pluralité de gérants, ceux-ci détiennent
séparément les pouvoirs ci-dessus. L’opposition formée par un gérant aux actes d’un
autre gérant est sans effet à l’égard des tiers, à moins qu’il ne soit établi que les tiers en ont
eu connaissance.

4. Responsabilité civile
a) Cas de responsabilité
Les gérants sont responsables individuellement ou solidairement (en cas de gérance col-
légiale) envers la société ou envers les tiers en cas :
–– d’infraction aux dispositions législatives ou réglementaires ;

39
6 SARL : la gérance
C H A PI T R E

–– de violation des statuts ;


–– de faute commise dans leur gestion : depuis la simple négligence ou imprudence aux
manœuvres frauduleuses. La justice a un pouvoir souverain d’appréciation de la faute de
gestion. À titre d’exemples : des commandes trop importantes alors que la société est défi-
citaire, des assurances insuffisantes, l’absence d’avis aux associés sur la gravité de la situa-
tion financière de la société, la conclusion d’un bail préjudiciable à la société, le défaut de
paiement des cotisations de Sécurité sociale alors que la trésorerie de la société le permet,
l’obstination à gérer seul et sans contrôle, notamment en refusant de réunir les associés en
assemblée générale, des fraudes fiscales, des négligences ayant entraîné la condamnation
de la société à des dommages-intérêts pour concurrence déloyale.

b) L’action en responsabilité
∑∑ Deux types d’actions :
Action individuelle Action sociale
Peut être intentée par toute personne Peut être exercée :
(associé ou tiers) justifiant d’un préjudice • par un associé agissant individuellement (action ut
personnel. singuli),
Les dommages-intérêts éventuellement • par un groupe d’associés représentant au moins le
alloués seront versés au demandeur. dixième du capital.
L’action sociale vise à réparer un préjudice subi par la
société, les dommages-intérêts éventuellement alloués
seront versés à la société et non au demandeur.

∑∑ Prescription de l’action : trois ans à compter du fait dommageable ou de sa révélation,


s’il a été dissimulé (dix ans si le fait est qualifié crime).
∑∑ Les gérants de droit ou de fait(1) ont également une responsabilité fiscale si, par des
manœuvres frauduleuses ou l’inobservation grave et répétée des obligations fiscales, ils
ont rendu impossible le recouvrement d’impositions et des pénalités dues par leur société.
NB : Pour le contrôle de la société par le CAC, voir chapitre 2, § 3.

5. Responsabilité pénale
Le gérant est pénalement responsable des infractions commises par la société s’il en est
auteur ou complice.
Il sera aussi sanctionné pénalement s’il commet des infractions spécifiques concernant la
SARL (se reporter au chapitre 24, § 1).

(1) Le dirigeant de fait est toute personne physique ou morale qui, assurant les mêmes fonctions et les
mêmes pouvoirs qu’un dirigeant de droit exerce en fait, en toute souveraineté et en toute indépendance,
une activité positive de gestion et de direction.

40
SARL : la gérance 6
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : statut de la gérance

1  Lors de la constitution d’une SARL, les associés ont quatre possibilités pour le choix du
gérant :
❏❏ A M. Perrin, l’associé majoritaire ;
❏❏ B La SARL X, détentrice de 10 % du capital ;
❏❏ C M. Law, associé anglais ;
❏❏ D M. Dur, non associé dans la société, ami de M. Perrin.
Lesquels peuvent être gérants ?
2  Le gérant d’une SARL peut-il avoir :
❏❏ A 17 ans ?
❏❏ B 40 ans ?
❏❏ C 75 ans ?
3  M. Dumont est gérant d’une SNC, PCA d’une société anomyne et gérant d’une société civile
immobilière. Il vient de créer une SARL. Peut-il en être le gérant ?
4  La majorité requise pour la nomination du gérant est de :
❏❏ A 50 % plus une part (majorité absolue) ;
❏❏ B la majorité des votes émis (majorité relative) ;
❏❏ C la majorité de 40 % des parts sociales prévue par les statuts.
5  Un candidat à la gérance est également associé ; pourra-t-il voter pour lui ?

6  Dans le silence des statuts :


❏❏ A le gérant est nommé pour la durée de la société ;
❏❏ B les associés peuvent fixer la durée de son mandat dans l’acte de nomination.
7  M. Long vient d’être nommé gérant d’une SARL à la suite de la démission de l’ancien.
Quelles formalités doit-il accomplir ? Quelle est l’incidence du défaut de publication de sa
nomination ?
8  Citez les cas de cessation des fonctions de gérant.

9  Dans une SARL, l’associé majoritaire est gérant ; peut-il être révoqué par les autres asso-
ciés :
❏❏ A oui ;
❏❏ B non.

10  Dans cette même société, un associé qui détient 4 % du capital peut-il obtenir la révocation
du gérant. Si oui, sous quelles conditions ?
11  Le gérant d’une SARL vient d’être révoqué légalement par les associés qui lui reprochent
des dépenses excessives, non conformes à l’intérêt social. Le gérant demande des dom-
mages-intérêts à la société ; d’après vous, les obtiendra-t-il ? Il réclame sa réintégration ;
est-ce possible ?

41
6 SARL : la gérance
C H A PI T R E

Thème : pouvoirs et responsabilité de la gérance

12  Quels sont les pouvoirs d’un gérant :


❏❏ A vis-à-vis des associés ?
❏❏ B vis-à-vis des tiers ?
13  Parmi les opérations suivantes, quelles sont celles qui sont de la compétence du gérant et
celles qui sont de la compétence des associés, dans le cas où les statuts sont conformes à
la loi :
❏❏ A l’achat de matériels et fournitures pour assurer la production de la société ;
❏❏ B l’obtention de prêts bancaires ;
❏❏ C l’embauche de salariés ;
❏❏ D l’approbation des comptes ;
❏❏ E l’augmentation de capital de la société ;
❏❏ F le transfert du siège social ;
❏❏ G la décision de construction d’un local pour entreposer les stocks de produits finis.

14  Le gérant d’une SARL spécialisée dans les travaux de jardinage a conclu, au nom de la
société, les actes suivants :
❏❏ A l’achat d’une fourgonnette pour transporter le matériel ;
❏❏ B un contrat avec un expert comptable qui sera chargé de tenir la comptabilité de la
société ;
❏❏ C un abonnement à France Télécom ;
❏❏ D un contrat d’assurances diverses avec la MAAF pour couvrir les risques liés à l’activité
de l’entreprise ;
❏❏ E un contrat de travail à mi-temps avec une secrétaire ;
❏❏ F l’achat dans une vente aux enchères d’un lot de matériels de sonorisation qu’il compte
revendre avec profit.
Indiquez si la société est engagée vis-à-vis des tiers par les actes du gérant.
15  Les statuts d’une SARL limitent les pouvoirs du gérant pour tout contrat supérieur à
5 000 e. Un des associés vient d’apprendre que le gérant a acheté, sans les consulter, un
véhicule utilitaire Renault de 6 000 e pour les besoins de l’entreprise. La société doit-elle
payer les échéances qui se présentent ? Les associés ont-ils un recours contre le gérant ?
16  Citer les cas de responsabilité d’un gérant de SARL.

17  Le gérant d’une SARL n’a pas payé les cotisations de Sécurité sociale dues par la société
par négligence alors que la société disposait d’une trésorerie suffisante. Des majorations
de retard sont réclamées à la SARL. Qui les paiera ? Que peuvent faire les associés à l’égard
du gérant ?
18  Le gérant d’une SARL n’a toujours pas convoqué les associés en l’assemblée générale
annuelle qui aurait dû se tenir depuis un mois pour respecter le délai légal et il s’est refusé
en cours d’année à communiquer les documents sociaux à un associé qui en faisait la
demande. Que risque-t-il ?
19  L’action sociale en responsabilité contre le gérant peut être intentée :
❏❏ A par un associé quelle que soit sa détention de capital ;
❏❏ B par un groupe d’associés représentant au moins le dixième du capital.

42
SARL : la gérance 6
C H A PI T R E

20  Les associés d’une SARL viennent de révoquer le gérant qui détournait des fonds sociaux
à son profit et celui de sa famille. Ils s’en sont rendu compte récemment alors que les
détournements remontent à quatre ans. La responsabilité du gérant peut-elle être engagée
et par qui ?
21  Les associés d’une SARL veulent engager la responsabilité du gérant également associé
majoritaire. Ce dernier rétorque qu’une clause des statuts subordonne l’exercice de l’action
sociale à l’autorisation de l’assemblée. Le gérant est-il à l’abri d’une action en responsabi-
lité ?

Exercices d’application

CAS 17 BASQ’AIR
Thème : nomination, pouvoirs, révocation du gérant
La SARL Basq’air est en voie de constitution à Biarritz. Son objet social sera le tourisme aérien. Deux
des associés, MM. Fly et Run, sont des pilotes confirmés qui se chargeront de faire découvrir leur
région, le Pays basque, aux touristes. Ils se partagent le capital social à raison de 30 % chacun, le
reste étant détenu par M. Fine qui est seulement un investisseur qui croit au projet. Ce dernier n’a
nullement l’intention de gérer la société qu’il voudrait voir confier à un ami, M. Blanco, qui a une
expérience de la direction de société puisqu’il est déjà gérant d’une autre SARL.

 Questions
1) À quelles conditions M. Blanco pourra-t-il être le gérant de la SARL ? Pour quelle durée ? Le
mandat qu’il exerce déjà fait-il obstacle à sa nomination de gérant de la SARL Basq’air ? Il
souhaite une rémunération de 1 500 F par mois. Qui a compétence pour la fixer ?
2) Les deux associés pilotes ne sont pas très favorables à la nomination de M. Blanco. Peuvent-
ils s’opposer à cette nomination ?
3) Sur l’insistance de M. Fine, M. Blanco est le gérant. Après deux années de gestion, M. Fly
découvre, en interrogeant l’expert-comptable de la société, que le gérant a engagé cette
année des dépenses publicitaires et promotionnelles très importantes, qu’il a effectué de
nombreux voyages à Paris pour faire connaître la société auprès d’organismes de tourisme
et qu’il a offert et participé à de nombreux repas dans de très grands restaurants parisiens
aux responsables de ces organismes. Les retombées commerciales n’ont pas eu lieu et les
documents comptables actuels accusent une perte importante. Il n’y aura pas donc pas de
distribution de bénéfices.
M. Fly voudrait obtenir la révocation de M. Blanco. L’accord de M. Run est-il nécessaire ?
4) M. Blanco a été révoqué par les associés mais trouve sa révocation injustifiée. A-t-il un
recours ? Peut-il espérer retrouver son poste ?

43
6 SARL : la gérance
C H A PI T R E

CAS 18 K7 LOC
Thème : obligations, pouvoirs, responsabilité du gérant
La SARL K7 Loc est une entreprise de location et vente de cassettes vidéo et de tous équipements
audiovisuels, au capital de 7 500 _ dont la répartition du capital est la suivante :
–– M. Monsi, gérant : 260 parts ;
–– M. Toulon : 40 parts ;
–– M. Sar : 120 parts ;
–– Mme Lotte : 80 parts.
Le gérant va devoir réunir les associés pour qu’ils se prononcent sur les comptes de l’exercice qui
vient de se clôturer. Il n’y a pas de commissaire aux comptes dans cette société.

 Questions
1) À quelle date doit-il le faire ? Qui établira les comptes annuels présentés aux associés ? Qui
approuvera ces comptes ? Les comptes seront-ils approuvés ?
2) Que devra faire le gérant après l’approbation des comptes ?
3) Le gérant peut-il remplacer cette réunion des associés en assemblée générale par le consen-
tement de tous les associés dans un acte ?
4) M. Monsi peut-il, seul, prendre l’initiative d’augmenter sa rémunération ?
5) Le gérant veut adjoindre à l’activité actuelle de la société, la location de DVD. Il veut aussi
ouvrir un autre magasin de location dans le quartier voisin. Peut-il le faire sans l’avis des
associés ?
6) L’ouverture de ce deuxième magasin se révèle déficitaire. M. Sar accuse le gérant d’être trop
ambitieux dans ses projets. Il veut engager la responsabilité de celui-ci. Son action a-t-elle
des chances de réussite ? Vous préciserez le(s) type(s) d’action(s) qu’il peut engager et dans
quel délai.

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7
CHAPITRE
SARL : le régime

des conventions
1. Les conventions réglementées
2. Les conventions libres
3. Les conventions interdites

Rappel de cours

Les conventions sont des contrats conclus directement ou indirectement entre la SARL
et l’un de ses gérants ou l’un de ses associés. En principe, elles doivent être soumises au
contrôle des associés pour éviter que les personnes intéressées ne tirent un avantage per-
sonnel de la société (conflit d’intérêt) ou bien elles ne devront pas être conclues.
Il existe trois types de conventions : les conventions réglementées, les conventions libres,
les conventions interdites.

1. Les conventions réglementées


a) Champ d’application
∑∑ Toute convention intervenue directement ou par personne interposée entre la société
et l’un de ses gérants ou associés.
∑∑ Toute convention conclue entre la SARL et une société dans laquelle les gérants ou
associés ont l’une des qualités suivantes :
–– associé indéfiniment responsable (ex. : le gérant de la SARL est également associé dans
une SNC) ;
–– gérant (exemple : un associé de la SARL est également gérant dans une autre SARL) ;
–– administrateur (exemple : le gérant de la SARL est aussi administrateur dans une SA) ;
–– directeur général ;
–– membre du conseil de surveillance ;
–– membre du directoire.

b) Procédure à suivre
∑∑ Contrôle a priori des associés (autorisation préalable avant la signature du contrat)
sous deux conditions cumulatives :
–– absence de commissaire aux comptes dans la SARL ;
–– convention conclue par un gérant non associé.

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7 SARL : le régime des conventions
C H A PI T R E

∑∑ Contrôle a posteriori dans les autres cas. La procédure à suivre est alors la suivante :
–– conclure la convention ;
–– informer le commissaire aux comptes, s’il existe, dans le délai d’un mois ;
–– rapport spécial du commissaire aux comptes (s’il existe) ou du gérant énumérant les
conventions, leurs caractéristiques et les personnes intéressées. Le dépôt du rapport
doit être fait quinze jours au moins avant l’assemblée ;
–– soumettre la convention à l’approbation des associés.
∑∑ Le vote devra se faire à la majorité ordinaire. Si elle est associée, la personne intéressée
par la convention est privée de son droit de vote ; ses parts sociales sont décomptées pour
le calcul de la majorité.

c) Conséquences du vote des associés


Les associés peuvent approuver la convention ou voter contre.
∑∑ Le refus d’autorisation préalable ou de ratification par les associés n’entraîne pas la nul-
lité de la convention en cause, mais les conséquences dommageables pouvant en résulter
pour la société sont à la charge du gérant et, s’il y a lieu, de l’associé contractant. Dans tous
les cas, les conventions non approuvées produisent leurs effets.
∑∑ L’action en responsabilité doit être intentée dans un délai de trois ans à compter du fait
dommageable c’est-à-dire de la conclusion de la convention ou, si elle a été dissimulée, de
sa révélation. Toutefois, lorsque le fait est qualifié de crime, l’action se prescrit par dix ans.
∑∑ Sanction de l’inobservation des prescriptions légales : le défaut du rapport du gérant
ou du commissaire aux comptes, le défaut de consultation des associés, le vote par la
personne intéressée par la convention entraînent les mêmes sanctions que le refus de
ratification (developpé au 1er §).

d) C
 as particulier du contrat de travail conclu par le gérant
ou par un associé avec la SARL
∑∑ Le gérant peut cumuler son mandat de gestionnaire de la société avec un contrat de
travail sous trois conditions :
–– que le contrat de travail corresponde à un travail effectif ;
–– qu’il existe une dualité de fonctions : une nette distinction entre les fonctions de gérance
et les fonctions techniques du contrat de travail ;
–– qu’un lien de subordination existe : le gérant doit être placé dans un état de subordina-
tion. Selon la Cour de cassation, le gérant majoritaire ne peut exercer une activité salariée
au sein de la société.
Le contrat de travail passé entre la société et le gérant est une convention réglementée.
∑∑ L’associé majoritaire non gérant peut conclure avec la société un contrat de travail sous
conditions :
–– qu’il occupe un emploi effectif ;
–– qu’il exerce les fonctions salariées dans un état de subordination ;
–– qu’il ne prenne aucune part, en droit et en fait, à la gestion de la société.
Le contrat de travail conclu entre la société et l’associé est une convention réglementée.

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SARL : le régime des conventions 7
C H A PI T R E

2. Les conventions libres


a) Définition
Il s’agit de conventions portant sur des opérations courantes et conclues à des conditions
normales.
Opérations courantes Conditions normales
Opérations habituellement effectuées par une Conditions habituellement pratiquées par une
société dans le cadre de son activité (il s’agit société vis-à-vis de ses clients et de ses fournis-
de tous les actes de gestion courante : achats, seurs. Elles tiennent compte des conditions en
ventes, assurances, etc.) usage dans les sociétés ayant la même activité
(exemple : remise habituelle consentie aux
clients, délais de paiement pratiqués)

b) Formalisme
∑∑ Puisque ces conventions sont « libres », elles ne sont soumises à aucun formalisme. Il
n’y aura pas de contrôle des associés.
∑∑ C’est le gérant qui qualifie la convention.
∑∑ En cas de contestation, le tribunal tranchera et pourra la requalifier de convention
interdite ou de convention réglementée.

c) Cas particuliers
➤ La fixation de la rémunération du gérant
Le plus souvent, les statuts prévoient que la rémunération des gérants sera fixée par déci-
sion collective ordinaire (ou extraordinaire) des associés ; les modifications ultérieures de
cette rémunération ne nécessitent alors qu’une simple décision prise aux mêmes condi-
tions de majorité.
La fixation de la rénumération est une convention entre le gérant et la société qu’il dirige.
S’agit-il d’une convention libre ou d’une convention réglementée soumise à la procédure
d’autorisation des associés au cours de laquelle la personne intéressée (le gérant associé)
ne participe pas au vote ? Le ministre de la Justice estime qu’il faut écarter du vote le
gérant associé, les praticiens le conseillent également. Une décision de la Cour de cas-
sation (arrêt du 04.10.2011) a réaffirmé que cette convention constituait une opération
courante, non soumise à la procédure des conventions réglementées dans la mesure où la
rémunération du gérant est « normale ».

➤ Les conventions conclues entre sociétés d’un groupe


Une convention conclue entre deux sociétés d’un même groupe peut être qualifiée de
convention libre ou de convention réglementée.

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7 SARL : le régime des conventions
C H A PI T R E

3. Les conventions interdites


Opérations concernées Personnes visées Sanctions
• Emprunts auprès de la • Le(s) gérant(s) de droit et • Nullité absolue du contrat :
société. le(s) gérant(s) de fait. – elle peut être invoquée par
• Se faire consentir par la • Les associés, personnes phy- les associés, par les tiers et les
société un découvert, en siques seulement. L’interdiction créanciers sociaux lésés ayant
compte courant ou autrement. est écartée si l’associé est une un intérêt légitime et peut
• Faire cautionner ou avaliser personne morale(1). être soulevée d’office par le
par la société les engagements • Les représentants légaux des tribunal ;
personnels des personnes personnes morales associées. – la société peut opposer la
visées envers les tiers. • Les conjoints, ascendants, nullité de la convention aux
Si la société exploite un établis- descendants des gérants, des tiers sauf si ces derniers sont de
sement financier, l’interdiction associés ou des représentants bonne foi ;
ne s’applique pas aux opéra- légaux des personnes morales – l’action en nullité se prescrit
tions courantes de cette acti- associées. par cinq ans.
vité conclues à des conditions • Toute personne interposée(2). • S’il s’agit d’un prêt, le béné-
normales. ficiaire devra restituer à la
société les sommes empruntées.
• Si la convention interdite
constitue un détournement de
biens sociaux, des sanctions
pénales seront applicables.
(1) Ainsi une SARL, dont un des associés est une société, peut consentir des prêts ou des avances à cette société
associée mais il faut alors respecter la procédure des conventions réglementées, dans la mesure où il ne s’agit pas
d’une opération courante et conclue à des conditions normales.
(2) Il y a personne interposée quand la personne visée par l’interdiction est la véritable bénéficiaire de la conven-
tion accordée apparemment à un tiers (ex. : la société accorde un prêt à un tiers et ce dernier, très rapidement,
octroie un prêt de même montant au gérant de la société : le tiers est une « personne interposée »).

Tests de connaissances
Thème : classification des conventions

1  Quelles sont, principalement, les personnes concernées par le régime des conventions dans
la SARL ?
2  Quelle est la classification des conventions ?

3  Qualifier les opérations suivantes en fonction de la classification précédente :


❏❏ A la vente d’un bien de la SARL à un associé ;
❏❏ B le contrat de travail d’un associé avec sa SARL ;
❏❏ C un prêt consenti par la SARL à son gérant ;
❏❏ D la vente d’un matériel fabriqué par la société à son gérant avec la remise habituelle de
10 %.

48
SARL : le régime des conventions 7
C H A PI T R E

4  Quel est l’intérêt de la qualification des conventions ?

5  Donner la définition d’une convention libre.

6  Une SARL vient de louer un local à un de ses associés, une SARL, moyennant un loyer
pratiqué dans le quartier. Qui va qualifier cette convention ? Quelle sera la qualification
retenue ? En cas de contestation sur celle-ci qui tranchera ?
7  Lors de la nomination de Pierre, gérant et associé de la SARL, une rémunération de 1 500 _
par mois lui a été consentie par les associés pour assumer les fonctions de gérance. Pierre
souhaiterait une augmentation de 10 % pour l’année à venir. Qui a compétence pour déci-
der de cette augmentation ? Pierre participera-t-il à la prise de décision ?

Thème : les conventions réglementées

8  Jean, gérant et associé (il détient 30  % du capital) de la SARL Merle, souhaite bénéfi-
cier d’un contrat de travail de directeur technique avec sa société. Sous quelles conditions
pourra-t-il l’obtenir ? Ce contrat sera-t-il soumis à une procédure particulière et pour quelle
raison ?
9  Dans les situations suivantes, vous devrez dire si le contrat conclu est une convention régle-
mentée sachant que les diverses sociétés énoncées ne font pas partie d’un même groupe
de sociétés :
❏❏ A un contrat passé par une SARL et une SCI dont un des associés est également gérant
de la SARL ;
❏❏ B un contrat passé entre une SARL et une SA dont un administrateur est le gérant de la
SARL ;
❏❏ C un contrat passé entre une SARL et une SA dont un membre du conseil de surveillance
est gérant de la SARL ;
❏❏ D un contrat de fournitures de matériels passé entre une SARL et une autre SARL dont les
associés et gérants n’ont aucun lien.
10  Quelles formalités doivent être accomplies lorsqu’on est en présence d’une convention
réglementée et que l’on se trouve dans chacune des situations suivantes :
❏❏ A il n’y a pas de commissaire aux comptes dans la société et la convention a été conclue
par le gérant non associé ;
❏❏ B il y a un commissaire aux comptes dans la société ;
❏❏ C le gérant est associé dans la société.

11  Une convention réglementée est soumise au vote des associés et concerne l’un d’entre eux
qui détient 20 % du capital. Cet associé peut-il participer au vote ? Quelle sera la majorité
requise pour que la convention soit ratifiée ?
12  Un des associés a loué un local appartenant à la SARL. Le gérant a soumis ce contrat au
vote des associés qui n’ont pas ratifié le contrat de bail car le loyer leur semble dérisoire.
L’associé doit-il quitter le local ? Les associés ont-ils un moyen de compenser la perte de
revenus pour la société ? Dans quel délai doivent-ils agir ?

49
7 SARL : le régime des conventions
C H A PI T R E

Thème : les conventions interdites

13  Quelles sont les opérations qui sont des conventions interdites ?

14  Une SARL vient de donner sa caution aux personnes suivantes. Dire pour chacune d’elles si
la convention sera qualifiée d’interdite :
❏❏ A caution de la SARL donnée à une banque pour garantir le prêt octroyé à une filiale de
la SARL ;
❏❏ B caution de la SARL donnée à une banque pour garantir le prêt octroyé à Jacques, asso-
cié de la SARL, pour faire construire sa résidence principale.
15  Le compte courant de Lionel, associé d’une SARL, est débiteur. Est-ce normal ? Que devra
faire Lionel ?
16  Le gérant d’une SARL vient de virer 750 _ du compte de sa société à celui de son fils qui
remboursera la somme le mois prochain au taux d’intérêt de 4 % (taux du marché). Que
pensez-vous de l’opération?
17  Le gérant d’une SARL vit en concubinage et sa société vient de prêter 1 200 _ à sa com-
pagne qui veut acheter divers appareils ménagers pour équiper le nouvel appartement
qu’ils occupent ensemble. Comment qualifier le rôle de la concubine ? Quel sera l’avenir
de ce prêt ?
18  Quel est le type de nullité sanctionnant une convention interdite ?

19  Qui peut engager l’action en nullité ? Dans quel délai ?

20  Une SARL s’est portée caution pour son ancien gérant. Ce dernier ne remboursant pas son
prêt personnel, la banque actionne la SARL en garantie. Le nouveau gérant refuse de payer
les échéances ; a-t-il juridiquement raison ?

Exercices d’application

CAS 19 LAVANDIN
Thème : cumul du contrat de travail avec le mandat de gérant,
conventions avec les associés de la SARL
La famille Sappe possède depuis trois générations plusieurs champs de lavande sur le plateau de
Valensole. Les parents aidés de leur trois enfants les cultivent. Ils récoltent le lavandin et le dis-
tillent pour obtenir de l’extrait dans l’usine qui a été créée sous forme de société anonyme en 1970.
Le père Sappe dirige cette entreprise dont les actionnaires sont les membres de la famille : le père,
la mère, le fils aîné Paul, la fille Michèle et le benjamin Claude.
Le tourisme s’étant développé dans cette région de Haute-Provence avec la création du barrage
de Sainte-Croix, Paul a eu l’idée de créer, sous forme de SARL, une boutique de vente de produits
régionaux à base de lavande : extraits, miel, sachets, diffuseurs… et leur dernière création : la glace
à la lavande.

50
SARL : le régime des conventions 7
C H A PI T R E

La répartition du capital de 7 500 _ (500 parts) de cette SARL est la suivante :


– le père : 150 parts ;
– la mère : 150 parts ;
– Paul, gérant : 100 parts ;
– Michèle : 50 parts ;
– Claude : 50 parts.
Il n’y pas de commissaire aux comptes dans cette SARL et les statuts sont conformes à la loi.
Paul perçoit en sa qualité de gérant une rémunération mensuelle de 1 200 _ qu’il voudrait voir
passer à 1 400 _ l’année prochaine. Michèle et Claude voudraient bénéficier d’un contrat de tra-
vail d’agent commercial pour l’une et de technicien pour l’autre puisqu’ils ont suivi ces formations
et qu’ils exercent ces compétences dans l’entreprise. En effet, Claude élèvent les abeilles pour la
fabrication du miel et Michèle présente, accueille et vend les produits aux clients du magasin.
En votre qualité d’expert-comptable des deux sociétés, Paul vous consulte sur divers points.

 Questions
1) Peut-il s’octroyer une augmentation de sa rémunération sans consulter ses associés puisqu’ils
ont donné verbalement leur accord ?
2) Peut-il conclure, au profit de ses frère et sœur, les contrats de travail pour lesquels tous les
associés sont favorables ? Y a-t-il des conditions à remplir et une procédure à suivre ?
3) Paul a acheté à la société anonyme de l’extrait de lavande pour la vente en magasin au prix
du marché. Doit-il effectuer des démarches particulières pour cette opération ?
4) Le fils de Claude va se marier. Afin de l’aider à s’installer, Claude voudrait que la SARL prête
4 500 _ à celui-ci au taux du marché. Cette opération est-elle possible ?
5) Tous les associés achètent, pour leur consommation personnelle, les produits dont ils ont
besoin au magasin. Paul voudrait savoir s’il peut le faire sans aucune restriction ni formalité
supplémentaire.
6) Michèle vient d’acquérir un terrain en vue de la construction de sa résidence principale. Le
Crédit Agricole lui consent un prêt mais lui réclame la caution de son père ou de la SARL
Paul, le gérant, peut-il consentir cette caution au nom de la société ?

CAS 20 HIRONDELLE
Thème : les conventions et leurs conséquences
Le gérant associé de la SARL Hirondelle détient 20 % des parts sociales. Il a convoqué régulière-
ment les associés pour la tenue de l’assemblée générale annuelle. Le gérant est aussi salarié de la
société : il occupe le poste de technico-commercial. À l’ordre du jour de l’assemblée, figurent les
résolutions suivantes :
–– approbation des comptes ;
–– affectation du résultat ;
–– ratification de l’augmentation du salaire du gérant dont le rapport a été communiqué dans les
délais aux associés.

51
7 SARL : le régime des conventions
C H A PI T R E

Les résolutions ont été adoptées à l’unanimité. Il n’y a pas de commissaire aux comptes dans la
société. Par la suite, un des associés trouve que l’augmentation de salaire consentie au gérant est
excessive.

 Questions
1) L’associé contestataire vous demande si le cumul de la gérance avec un contrat de travail
est légal.
2) Peut-il envisager de faire annuler la troisième résolution ?
3) Cet associé a appris qu’un prêt de 3 000 F a été consenti par la société à un ami du gérant
et que ce dernier a reversé le montant du prêt au gérant sur son compte dans le mois qui a
suivi l’octroi du prêt. Que pensez-vous de cette opération ?
4) Une action en responsabilité contre le gérant a-t-elle des chances de succès ? Sous quelles
conditions ?

52
8
CHAPITRE
SARL : opérations sur

capital et émissions
d’obligations
1. Opérations sur la répartition du capital
2. Les variations du capital
3. Émission d’obligations nominatives
4. La location de parts sociales

Rappel de cours

1. Opérations sur la répartition du capital


La répartition du capital peut être modifiée :
–– du vivant des associés ;
–– à la suite de leur décès ;
–– après la liquidation de communauté entre époux ;
–– à la suite d’un nantissement de parts sociales.

a) La cession des parts du vivant des associés (entre vifs)


Cession entre La cession est libre par principe sauf agrément des associés prévu par les
associés statuts.
Cession aux Elle est libre sauf si les statuts prévoient l’agrément des associés.
conjoints, ascen-
dants ou descen-
dants d’un associé
La cession doit être autorisée à la majorité des associés représentant au
moins la moitié des parts sociales (double majorité : en nombre et en
Cession à un tiers parts).
Le cédant participe au vote. Les statuts peuvent prévoir une majorité plus
forte.

b) La procédure d’agrément
∑∑ Notification du projet de cession
Le cédant doit notifier son projet par acte extrajudiciaire ou par lettre recommandée avec
avis de réception :
–– à la société ;
–– à tous les associés.

53
8 SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations
C H A PI T R E

∑∑ Consultation des associés : Dans les huit jours de la notification, le gérant doit convo-
quer les associés en assemblée ou les consulter par écrit si les statuts autorisent cette
modalité de consultation.
DÉCISION DES ASSOCIÉS
• Donnée à la majorité en nombre des associés représentant au moins la
Autorisation moitié des parts sociales (ou plus selon les statuts).
expresse • Décision des associés notifiée au cédant par lettre recommandée avec
AR.
La société n’a pas fait connaître sa décision dans le délai de trois mois à
Autorisation tacite
compter de la notification. Son silence vaut acceptation « tacite ».
Autorisation Après notification du refus d’agrément, les associés ou la société n’ont pas
par déchéance procédé au rachat des parts dans le délai imparti.
• Doit être notifié à l’associé cédant.
• L’associé cédant qui détient ses parts depuis au moins deux ans peut
obliger ses coassociés à les acheter ou à les faire acheter dans le délai de
trois mois à compter du refus.
Refus d’agrément
• L’associé cédant qui détient ses parts depuis moins de deux ans est
obligé de rester dans la société(1).
• L’associé cédant est en droit de renoncer à la cession et de conserver ses
parts.
(1) Sauf dans le cas de succession, liquidation de communauté de biens entre époux ou donation du conjoint,
d’un ascendant ou d’un descendant.

∑∑ L’achat des parts peut être effectué :


–– par les associés ;
–– par des tiers qui devront être agréés ;
–– par la société, par voie de réduction de capital.
∑∑ Le prix des parts est fixé par les parties, en cas de contestation le prix est fixé par un
expert désigné par les parties ou, à défaut d’accord entre elles, par ordonnance du pré-
sident du tribunal de commerce. Le cédant peut renoncer à la vente de ses parts même
après la procédure d’expertise sur la valeur des parts.

c) La clause de garantie de passif


Le plus souvent, quand la cession de parts porte sur une fraction importante de droits
sociaux, l’acquéreur exige du cédant qu’il certifie, d’une part l’exactitude des renseigne-
ments fournis sur le patrimoine de la société et les principaux engagements contractés par
celle-ci à l’égard des tiers et, d’autre part, l’exactitude du bilan et de la situation comp-
table ayant servi de base à la détermination du prix de cession et que le cédant s’engage
à prendre à sa charge toutes les dettes qui ne figureraient pas sur ce bilan, nées avant la
cession et qui viendraient à se révéler postérieurement à la date de la cession.

d) L a transmission par voie de succession en cas de décès


d’un associé
∑∑ Les parts sont librement transmissibles par principe.
∑∑ Les statuts peuvent stipuler que le conjoint ou les héritiers devront être agréés dans les
conditions de la cession à des tiers.

54
SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations 8
C H A PI T R E

∑∑ La procédure d’agrément ne s’applique pas quand le conjoint, les ascendants ou les


descendants ont déjà la qualité d’associés.

e) Après la liquidation de communauté entre époux


(Divorce, succession du fait du décès d’un des conjoints.)
∑∑ Les parts peuvent être attribuées au conjoint.
∑∑ Les statuts peuvent prévoir que le conjoint devra être agréé dans les mêmes conditions
que pour la cession à un tiers.

f) Nantissement des parts sociales


Les parts sociales peuvent être données en garantie (nantissement) d’une dette qu’un
associé a contractée. En cas de défaut de paiement, le créancier nanti va faire jouer la
garantie et devenir éventuellement associé de la société lors de la réalisation forcée des
parts. La loi a prévu la nécessité d’agréer le créancier nanti.
∑∑ Le projet de nantissement doit être notifié aux associés et la société.
∑∑ Le gérant, dans les huit jours de la notification, doit convoquer l’assemblée des associés
ou les consulter par écrit.
∑∑ La décision d’agrément doit être prise à la majorité en nombre des associés représen-
tant au moins la moitié des parts sociales. La société a trois mois pour faire connaître sa
décision. Passé ce délai, l’agrément est réputé acquis.
∑∑ Le consentement de la société au nantissement emporte agrément de l’adjudicataire
(acquéreur) en cas de réalisation forcée des parts, mais la société peut éviter cette consé-
quence et racheter les parts lors de la vente ; elle doit alors réduire corrélativement son
capital.
∑∑ Le refus d’agrément par les associés n’empêche pas le nantissement des parts mais, en
cas de réalisation forcée, l’acheteur devra être agréé comme en cas de cession des parts à
un tiers.

2. Les variations du capital


a) Augmentation de capital
➤ Augmentation de capital par apport en numéraire
∑∑ À peine de nullité de l’opération, il ne peut être procédé à une augmentation de capital
en numéraire que si le capital ancien est intégralement libéré.
∑∑ Quorum : pour les sociétés constituées à compter du 4.08.2005 et celles qui ont adopté
à l’unanimité les nouvelles règles prévues par la loi du 2.08.2005 :
–– un quart des parts sociales sur 1re consultation ;
–– un cinquième des parts sociales sur 2e consultation.
∑∑ Majorité : décision des associés représentant les trois quarts des parts sociales ou 2/3
pour les sociétés constituées à compter du 4.08.2005 et celles ayant adopté cette nouvelle
majorité.

55
8 SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations
C H A PI T R E

∑∑ Lorsque les parts sociales sont souscrites par des personnes non associées, elles devront
être agréées dans les mêmes conditions que lors de la cession à des tiers.
∑∑ Les parts sociales nouvelles doivent être libérées du quart à la souscription, le reste dans
les cinq ans.
∑∑ Les fonds provenant de la libération doivent être déposés dans les huit jours de leur
réception dans une banque, chez un notaire ou à la caisse des dépôts et consignations.
∑∑ Par une deuxième résolution, les associés vont constater la réalisation de l’augmenta-
tion de capital, voter la modification des statuts et donner les pouvoirs pour accomplir les
formalités de publicité.
∑∑ Les formalités de publicité consistent en l’enregistrement des statuts modifiés, l’inser-
tion de l’avis de l’augmentation de capital dans un journal d’annonces légales, le dépôt
au greffe des statuts modifiés et du procès-verbal des décisions des associés, l’inscription
modificative au RCS et l’insertion au BODACC à la diligence du greffier.
∑∑ Si l’augmentation de capital n’est pas réalisée dans les six mois à compter du premier
dépôt des fonds, les apporteurs peuvent demander au président du tribunal de commerce
l’autorisation de retirer le montant de leurs apports.
Remarque  : La loi n’a pas prévu de droit préférentiel de souscription au profit des associés
anciens dans la SARL lors d’une augmentation de capital par apport en numéraire mais les
statuts peuvent le prévoir.

➤ Augmentation de capital par apport en nature


∑∑ Quorum et majorité : identiques à ceux de l’augmentation de capital par apport en
numéraire.
∑∑ L’intervention d’un commissaire aux apports est obligatoire ; il devra être désigné par
les associés à l'unanimité, ou par décision de justice à la demande du gérant. L’absence de
nomination du commissaire aux apports n’est pas sanctionnée par la nullité de l’augmen-
tation de capital mais par la responsabilité des gérants et des apporteurs.
∑∑ Si la valeur attribuée aux apports est différente de celle retenue par le commissaire aux
apports, seuls les gérants et les personnes ayant souscrit à l’augmentation en seront res-
ponsables pendant cinq ans.
∑∑ Si l’apport est effectué par une personne déjà associée, elle peut participer au vote sur
l’approbation de son apport.
∑∑ Les mêmes formalités de publicité que pour l’augmentation de capital par apport en
numéraire sont à effectuer.
Remarque : Lorsque les parts sociales nouvelles sont souscrites par des personnes non associées,
celles-ci doivent, selon certains auteurs, être agréées par les autres associés dans les mêmes
conditions que celles d’une cession de parts, c’est-à-dire à la majorité par tête des associés repré-
sentant au moins la moitié des parts sociales. Toutefois, les ascendants, descendants ou conjoint
d’un associé pourront souscrire librement sauf si leur agrément a été prévu dans les statuts.

➤ Augmentation de capital par incorporation de réserves ou de bénéfices


∑∑ Quorum : identique à celui de l’augmentation de capital par apport en numéraire.
∑∑ Majorité : décision des associés représentant au moins la moitié des parts sociales.
∑∑ Les formalités de publicité sont identiques aux deux autres types d’augmentation.

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SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations 8
C H A PI T R E

∑∑ La réalisation de l’opération se fait soit par création de parts nouvelles attribuées aux
associés au prorata du nombre de parts anciennes détenues par chaque associé ; soit par
élévation du montant nominal des parts.

b) Réduction de capital
Pour les sociétés constituées à compter du 4.08.2005 et celles qui ont adopté à
l’unanimité les nouvelles règles prévues par la loi du 2.08.2005 :
Quorum
• 1/4 des parts sociales sur 1re consultation ;
• 1/5 des parts sociales sur 2e consultation.
Décision des associés représentant les trois quarts des parts sociales ou
Majorité 2/3 pour les sociétés constituées à compter du 4.08.2005 et celles ayant adopté
cette nouvelle majorité.
Réduction du montant nominal des parts sociales ou diminution du nombre de
Modalités parts ou achat par la société des parts sociales pour les annuler (quand la réduc-
tion n’est pas motivée par des pertes).
En cas de réduction du capital non motivée par des pertes, les créanciers
peuvent faire opposition à la réduction dans le mois à compter du dépôt au
greffe de la délibération des associés portant réduction du capital. L’opposition
doit être signifiée à la société et portée devant le tribunal de commerce. Les
Opposition des opérations de réduction ne peuvent pas commencer avant la fin du délai d’oppo-
créanciers sition. Le tribunal, saisi d’une opposition, décidera soit :
• le rejet de l’opposition ;
• le remboursement des créances ;
• ou la constitution de garanties au profit des créanciers.

S’il existe un commissaire aux comptes dans la société, le projet de réduction du capital
doit lui être communiqué 45 jours au moins avant la consultation des associés afin qu’il
fasse connaître son appréciation sur les causes et conditions de la réduction.

c) Capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social


∑∑ Si, du fait des pertes, le montant des capitaux propres devient inférieur à la moitié du
capital social, le gérant doit, dans les quatre mois qui suivent l’approbation des comptes
ayant fait apparaître ces pertes, consulter les associés sur l’opportunité de dissoudre la
société.
∑∑ Si la dissolution est écartée, la société dispose d’un délai expirant à la clôture du deu-
xième exercice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue
pour régulariser la situation :
–– soit en reconstituant ses capitaux propres à concurrence d’une valeur au moins égale à
la moitié du capital social ;
–– soit en diminuant son capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont
pu être imputées sur les réserves.
∑∑ À défaut de délibération régulière de l’assemblée et dans le cas où la société n’aurait
pas régularisé sa situation dans le délai prévu, tout intéressé peut demander en justice la
dissolution de la société.

57
8 SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations
C H A PI T R E

3. Émission d’obligations nominatives


La SARL peut émettre des obligations nominatives(1) sous certaines conditions :
–– la SARL ne doit pas procéder à une offre au public de ces obligations (le recours à la
publicité, à des établissements de crédit pour placer ses obligations lui est interdit).
Ces obligations sont des titres nominatifs ;
–– la SARL doit être dotée d’un commissaire aux comptes en raison du dépassement de
deux sur trois des seuils fixées par la loi (1 550 000 e de total de bilan, 3 100 000 e de
CA HT, 50 salariés) ;
–– ses trois derniers exercices de 12 mois doivent avoir été régulièrement approuvés par
les associés ;
–– la société doit mettre à disposition des souscripteurs une notice sur les conditions
d’émission et un document d’information lors de chaque émission ;
–– l’émission d’obligations doit être décidée par l’assemblée générale ordinaire des asso-
ciés.
La SARL dont le capital n’est pas été entièrement libéré peut émettre ces obligations. Les
souscripteurs des obligations seront réunis en une masse d’obligataires dotée de la per-
sonnalité morale et représentée par une ou plusieurs personnes physiques ou morales,
pour la défense de leurs intérêts.

4. La location de parts sociales


Instauré en 2005, ce nouveau contrat peut faciliter la transmission et la reprise d’une
entreprise : une personne physique loue ses parts sociales pour une certaine durée par
un contrat écrit et enregistré. Le locataire participe aux assemblées ordinaires, le bailleur
participe aux assemblées extraordinaires et conserve le droit de céder ses parts.

Tests de connaissances
Thème : cession – transmission des parts sociales

1  Un associé d’une SARL veut vendre ses parts sociales aux personnes suivantes :
❏❏ A la vente à son oncle, non associé ;
❏❏ B la vente à son conjoint, non associé ;
❏❏ C la vente à son coassocié.
Les statuts étant conformes à la loi, vous devrez lui préciser la règle de cession pour chaque
opération.

(1) Un titre est nominatif quand il est inscrit sur un compte tenu par la société au nom du titulaire des
titres.

58
SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations 8
C H A PI T R E

2  Jacques détient 80 % du capital d’une SARL avec son épouse. Ils souhaitent se retirer de
sa société en vendant leurs parts à un ami. Leur coassocié est défavorable à l’arrivée de cet
« étranger ». La cession pourra-t-elle avoir lieu quand même ?
3  Vincent, associé dans une SARL, vient de décéder. Sa veuve et ses enfants lui succéderont-
ils en qualité d’associés ?
4  M. et Mme Bernard viennent de divorcer après dix ans de mariage sous le régime de la
communauté légale. Pendant leur mariage, ils ont acquis une résidence principale et des
parts sociales d’une SARL dans laquelle seul le mari est associé. Quel sera le sort des parts
sociales lors de la liquidation de la communauté entre les époux ?
5  Lionel a emprunté de l’argent. Son créancier lui réclamant une garantie, il lui a consenti un
nantissement de parts sociales d’une SARL dont il est associé. Quelles sont les démarches à
entreprendre ? Le créancier nanti pourra-t-il devenir associé de la société ?
6  Marc veut vendre ses parts sociales à son cousin, non associé de la SARL. Indiquez-lui la pro-
cédure à suivre. Ses trois coassociés représentant 75 % du capital ne sont pas favorables
à son projet. Peut-il réaliser la cession malgré leur opposition (il détient les parts depuis
cinq ans) ?
7  En vendant ses parts, Gilbert a consenti à son acheteur, Robert, une clause de garantie de
passif pour les dettes fiscales. Après la cession, un contrôle fiscal intervient dans la SARL
qui aboutit à une rectification fiscale de 16 000 _. Robert n’a pas l’intention de contribuer
à cette dette. Il vous demande conseil pour y arriver, aidez-le.

Thème : augmentations de capital, émission d’obligations

8  Quelle est la majorité requise pour réaliser les opérations suivantes :


❏❏ A augmentation de capital en numéraire ;
❏❏ B augmentation de capital par apport en nature ;
❏❏ C augmentation de capital par incorporation de réserves ou de bénéfices.
9  Une augmentation de capital par apport en nature d’un associé est envisagée dans une
SARL. Il s’agit d’un terrain que l’associé évalue à 45 000 _. Qui fixera la valeur de l’apport ?
Qui est responsable de son évaluation ? L’associé apporteur participera-t-il au vote sur l’ap-
probation de l’apport ?
10  Le gérant d’une SARL va proposer une augmentation de capital par incorporation de
réserves lors de la prochaine assemblée générale. Tous les associés sont d’accord sauf l’un
d’eux (il détient 50 % du capital). L’opération pourra-t-elle être réalisée ?
11  Lors de la création d’une SARL, les associés ont apporté 16  000  _ de capital. Après
quelques années de fonctionnement, il s’avère que les capitaux investis dépassent large-
ment les besoins de l’entreprise et les associés demandent au gérant de faire le nécessaire
pour qu’ils puissent récupérer une partie de leurs apports. Que devra faire le gérant pour
satisfaire leur souhait ? (Il est précisé que l’activité de la société a toujours été bénéfi-
ciaire.) Les créanciers sociaux peuvent-ils s’opposer à ce projet ? Pour quelle raison sont-ils
intéressés par cette opération ?

59
8 SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations
C H A PI T R E

12  Une SARL au capital de 12 000 _ a une activité de sous-traitance. Depuis deux ans, la crise
dans son secteur d’activité a pesé sur ses résultats. Elle a enregistré de lourdes pertes. Afin
d’assainir sa situation financière, le gérant pense qu’il faut réduire son capital de moitié.
À quelles conditions l’opération vous paraît-t-elle réalisable ? Le principal fournisseur de la
société l’a appris et vous consulte pour savoir s’il peut s’y opposer.
13  À la clôture de l’exercice de la SARL au capital de 9 000 _, le gérant va devoir présenter
des comptes qui font apparaître un montant de capitaux propres de 4 000 _. A-t-il une
obligation particulière, compte tenu de cette situation financière ? Quelles sont les issues
envisagées par la loi ?
14  Une SARL peut-elle émettre des obligations ?

Exercices d’application

CAS 21 POLYCHIM
Thème : augmentation de capital, émission d’obligations
La SARL Polychim fabrique des tapis de sols synthétiques. Son capital actuel est de 23 000 _. Elle
envisage de nouveaux investissements sans faire appel aux concours bancaires qui lui paraissent
trop coûteux. Le gérant envisage plutôt une augmentation de capital par apport en numéraire
d’un montant de 12 000 _. Le principal fournisseur de matières premières de la société, la SARL
Granule, souscrirait volontiers à celle-ci dans son intégralité.

 Questions
1) Quel est l’organe compétent pour décider cette opération et quelle est la majorité requise ?
2) La volonté du fournisseur suffit-elle pour qu’il devienne associé dans la société Polychim ?
3) Quel sera le montant de la libération des apports ?
4) Quelle sera la conséquence juridique de l’arrivée de ce nouvel associé dans la répartition du
capital de la SARL Polychim ?
5) Sept mois après le dépôt des fonds par la SARL Granule, l’augmentation de capital n’a
toujours pas été réalisée. Le gérant de celle-ci veut récupérer les sommes déposées. En a-t-il
le moyen ?
6) En dehors de l’augmentation de capital, le gérant a-t-il un autre moyen légal de se procurer
des fonds ? (Conditions à préciser.)

CAS 22 ARNAL
Thème : cession de parts sociales, capitaux propres inférieurs
à la moitié du capital social
La SARL Arnal, immatriculée l’année dernière, est composée de quatre associés fondateurs : M. Bau-
cher (24 % du capital), Mme Arnal (40 %), gérante, M. Sahraoui (12 %) et Mlle Lambert (24 %).

60
SARL : opérations sur capital et émissions d’obligations 8
C H A PI T R E

Pour des raisons personnelles, M. Sahraoui (qui détient ses parts depuis moins de 2 ans) veut se
retirer de la société. Il a deux acquéreurs potentiels de ses parts : M. Raibaldi qui lui offre 3 000 _
et M. Baucher qui lui propose 2 300 F. Les trois associés restants dans la société sont hostiles à
l’arrivée d’un inconnu et les statuts de la société sont conformes à la loi.
Mme Arnal va bientôt réunir l’assemblée générale annuelle des associés qui devra statuer sur
l’approbation des comptes dont un extrait ci-dessous vous est présenté (clôture de l’exercice au
31.12 de l’année civile) :
EXTRAIT DU PASSIF
Postes Montants nets Montants nets
avant affectation après affectation
Capital 10 000 10 000
Réserve légale 500 500
Autres réserves 2 200 2 200
Report à nouveau – 4100 – 8000
Résultat de l’exercice – 3900
Situation nette 4 700 4 700
Les statuts sont inchangés depuis l’immatriculation de la société au RCS.

 Questions
1) Quelles sont les conditions et les démarches à effectuer dans les deux hypothèses de cession
de parts ?
2) Quelles seront les obligations du gérant à la suite de l’assemblée, dans l’hypothèse où les
associés ont approuvé les comptes et reporté le résultat de manière spéciale à cause du
bilan après affectation du résultat ?

61
9
CHAPITRE
SARL : transformation

en SA et en SAS
1. Les conditions de la transformation
2. Étapes de la transformation
3. Effets de la transformation

Ce point n’est pas au programme du DCG mais du DSCG. Il nous paraît cependant utile de
le traiter pour compléter l’étude de la SARL.
La loi du 4.8.2008 ayant assoupli les règles de constitution de la SAS, les associés d’une SARL
peuvent être tentés de transformer leur SARL en SAS.

Rappel de cours

Un principe juridique valable pour toutes les transformations de sociétés : la transforma-


tion régulière d’une société en une autre forme n’entraîne pas la création d’une personne
morale nouvelle.

1. Les conditions de la transformation


a) Conditions tenant à la société choisie
La SARL doit respecter les conditions requises pour la constitution d’une SA ou d’une
SAS :
–– capital minimum de 37 000 F pour la SA, librement fixé par les associés pour la SAS ;
–– sept associés minimum pour la SA, 2 pour la SAS, 1 pour la SASU ;
–– l’objet de la SARL doit être licite en SA ou en SAS.

b) Quorum et majorité
Quorum : pour les sociétés constituées à compter du 4.08.2005 : 1/4 des parts sociales sur
1re consultation ; 1/5 sur 2e consultation.
La transformation en SA doit être décidée par les associés à la majorité des trois quarts
des parts sociales ou 2/3 pour les SARL constituées à compter du 4.08.2005. Exception-
nellement, si les capitaux propres figurant au dernier bilan excèdent 750 000 F, la trans-
formation peut être décidée par les associés représentant la majorité des parts sociales.
La transformation de la SARL en SAS doit être décidée à l’unanimité des associés.

62
SARL : transformation en SA et en SAS 9
C H A PI T R E

c) Intervention de commissaires
∑∑ La décision de transformation est précédée du rapport d’un commissaire aux comptes
inscrit sur la situation de la société. Sa désignation peut être faite par le gérant. Le défaut
de ce rapport entraîne la nullité de la transformation.
∑∑ Un ou plusieurs commissaires à la transformation doivent être désignés par décision de
justice à la demande du gérant. Le commissaire aux comptes de la société, s’il existe, peut
être nommé commissaire à la transformation. Il est chargé d’apprécier sous sa responsabi-
lité la valeur des biens composant l’actif social et les avantages particuliers. Dans ce rapport,
il atteste que le montant des capitaux propres est au moins égal au capital social. Il peut être
chargé de l’établissement du rapport sur la situation de la société. Dans ce cas, il n’est rédigé
qu’un seul rapport contenant les deux missions. Ce rapport sera tenu à la disposition des
associés et déposé au greffe du tribunal de commerce huit jours au moins avant la tenue de
l’assemblée ou la consultation écrite des associés. Le commissaire à la transformation peut
être désigné à l’unanimité des associés.
Depuis la loi du 01.08.2003, la SARL dotée d’un commisssaire aux comptes qui se trans-
forme en société par actions (SA, SCA, SAS) n’a plus l’obligation de nommer un commis-
saire à la transformation.
∑∑ Les associés statuent sur l’évaluation des biens et l’octroi des avantages particuliers ;
ils ne peuvent les réduire qu’à l’unanimité. À défaut d’approbation expresse des associés
mentionnée au procès-verbal, la transformation est nulle.

2. Étapes de la transformation
• Capital minimum.
Vérification
• Nombre d’associés.
des conditions
• Objet licite.
• Commissaire aux comptes (rapport sur la situation de la société).
Désignation des • Commissaire(s) à la transformation (sauf si la SARL a un commissaire aux
commissaires comptes).
• Dépôt du ou des rapport(s).
• Approbation par les associés de l’évaluation des biens composant l’actif
social et les avantages particuliers à la majorité ordinaire.
• Décision de transformation à la majorité extraordinaire.
• Adoption des nouveaux statuts.
• Nomination selon le type de SA des premiers administrateurs ou des
premiers membres du conseil de surveillance.
Décisions à prendre • Nomination des commissaires aux comptes titulaires et suppléants (si la
SARL n’en était pas dotée). Obligatoire pour la SA, en cas de dépassement
de seuils pour la SAS.
• Réunion du premier conseil d’administration ou du premier conseil de sur-
veillance en vue de la nomination du président du conseil d’administration, du
directeur général ou du président et vice-président du conseil de surveillance et
de la nomination des membres du directoire et du président du directoire.

63
9 SARL : transformation en SA et en SAS
C H A PI T R E


• Enregistrement des nouveaux statuts auprès de l’administration fiscale.
• Insertion dans un journal d’annonces légales de la transformation.
• Dépôt au greffe du tribunal de commerce d’un exemplaire du procès-verbal
Formalités de l’assemblée ayant décidé la transformation, du procès-verbal de la décision
de nomination des nouveaux organes sociaux, des nouveaux statuts.
• Inscription modificative au RCS.
• Insertion au BODACC.

3. Effets de la transformation
∑∑ Si la transformation est régulière (respect des règles légales), elle n’entraîne pas la créa-
tion d’un être moral nouveau, c’est une société d’une autre forme juridique qui continue.
Il n’y aura pas de dissolution de la précédente et de création d’une nouvelle société (cela
présente un intérêt fiscal : on évite les frais liés à une dissolution et à une constitution de
société).
∑∑ Vis-à-vis des associés, la transformation prend effet du jour où ils ont pris la décision.
∑∑ Vis-à-vis des tiers, elle prend effet après achèvement des formalités de publicité.
∑∑ La transformation met fin aux pouvoirs des gérants.
∑∑ La transformation ne met pas fin aux mandats de l’organe de contrôle existant : le com-
missaire aux comptes déjà présent dans la SARL continue sa mission.
∑∑ La société aura de nouveaux statuts conformes à la nouvelle forme juridique.
∑∑ Des actions seront distribuées en échange des parts sociales. Elles seront émises (c’est-
à-dire inscrites en comptes) dès que l’opération sera définitivement réalisée, soit aussitôt
après l’assemblée ou la décision collective ayant approuvé la transformation, adopté les
nouveaux statuts et nommé les organes sociaux. Elles sont immédiatement négociables
(c’est-à-dire cessibles par virement de compte à compte). S’il existe des parts représenta-
tives d’apports en industrie, la transformation de la SARL en SA entraîne l’exclusion de
l’apporteur (apport en industrie interdit en SA). Il faudra liquider les droits de l’appor-
teur avec son accord. La transformation de la SARL en SAS n’a aucun effet sur les parts
d’industrie désormais autorisées par les statuts dans la SAS.
∑∑ Les créanciers de la société antérieurs à la transformation conservent leurs droits à
l’égard de la société et des associés.

Tests de connaissances
Thème : conditions de la transformation

1  Vous devez répondre aux questions suivantes en vous justifiant :


❏❏ A la transformation d’une société est-elle une modification statutaire ?
❏❏ B la transformation entraîne-t-elle la création d’un être moral nouveau ?
❏❏ C une association qui se transforme en société entraîne-t-elle la création d’un être moral
nouveau ?

64
SARL : transformation en SA et en SAS 9
C H A PI T R E

2  Une SARL de 15 000 _ de capital réparti entre quatre associés veut se transformer en SA
ou en SAS. Avant d’engager le processus de transformation, quelles conditions doit-elle
satisfaire ?
3  Quelle est la majorité requise pour la transformation d’une SARL en SAS et celle en SA dans
les situations suivantes ?
❏❏ A les capitaux propres de la SARL sont d’un montant de 300 000 e ;
❏❏ B les capitaux propres de la SARL atteignent 1,5 million d’euros.

4  Le gérant d’une SARL désirant transformer la société en SA vient d’apprendre par son
expert-comptable qu’il fallait désigner « des commissaires » pour assurer la régularité de
l’opération. Vous devrez lui préciser :
❏❏ A qui sont ces « commissaires » ;
❏❏ B qui les désignera ;
❏❏ C quel sera leur rôle respectif ;
❏❏ D dans quel intérêt ils sont nommés ;
❏❏ E si la désignation d’un seul commissaire est possible.

5  Quels sont les cas de nullité d’une transformation prévus par la loi ?

Thème : réalisation et effets de la transformation

6  Les associés d’une SARL sont réunis en assemblée pour décider de la transformation de leur
SARL en SA. Vous devrez préciser les résolutions qu’ils devront adopter et, pour chacune
d’elles, la majorité requise.
7  Le gérant d’une SARL est inquiet. Il se demande s’il pourra être le dirigeant de la future SA
après la transformation de la SARL. Si oui, quel poste occupera-t-il ?
8  Quelles sont les conséquences d’une transformation irrégulière ?
À quel moment prend effet la transformation :
❏❏ A vis-à-vis des associés ?
❏❏ B vis-à-vis des tiers ?

9  Une SARL vient de se transformer en SA. Elle était dotée d’un commissaire aux comptes.
Quel est l’avenir de son mandat ?
❏❏ A il sera renouvelé ;
❏❏ B il va se poursuivre jusqu’à son terme.

10  Les salariés de la SARL sont inquiets pour leur emploi car ils viennent d’apprendre sa trans-
formation en SA. Pouvez-vous apaiser leur inquiétude ? Par contre, les créanciers sociaux de
la SARL sont ravis de cette opération, pour quelle raison ?

65
9 SARL : transformation en SA et en SAS
C H A PI T R E

Exercices d’application

CAS 23 JARDINS DE L’OUEST


Thème : conditions et effets de la transformation d’une SARL en SA
La SARL Jardins de l’Ouest, créée en 1984, a connu une forte expansion avec le développement des
maisons individuelles. Son activité de pépiniériste à l’origine s’est diversifiée ; elle est devenue pay-
sagiste et a créé de grands centres commerciaux, les jardineries, qui connaissent un franc succès.
Le capital actuel de la SARL est de 500 000 _ divisé en parts sociales de 100 _ chacune ; il se
répartit de la façon suivante :
– M. Ferri, gérant : 2 500 parts ;
– Mme Ferri : 600 parts ;
– M. Douax : 1 500 parts ;
– Mme Chiesa : 400 parts.
Le commissaire aux comptes de la société, M. Chaspoul, a été nommé il y a deux ans. Les statuts
sont conformes à la loi et n’ont pas été modifiés depuis la création de la société.
Le bilan de la SARL avant affectation du résultat se présente comme suit :
Immobilisations incorporelles 100 000 Capital 500 000
Immobilisations corporelles 530 000 Réserves 230 000
Actif circulant 1 002 000 Résultat de l’exercice 40 000
Dettes 862 000
Total 1 632 000 Total 1 632 000
Les époux Ferri sont favorables à une transformation de la SARL en SA avec conseil d’administration
alors que les deux autres associés y sont opposés.

 Questions
1) Vous devrez indiquer à M. Ferri sous quelles conditions la transformation est possible en
l’état actuel de la situation.
2) Quel est l’avenir de son mandat de gérant si la transformation a lieu ?
3) Quel sera le rôle du commissaire aux comptes dans cette transformation ? Son mandat
prendra-t-il fin ?
4) L’entreprise de travaux publics qui a construit la dernière jardinerie a des traites sur la SARL.
Quelle est l’incidence de la transformation sur celles-ci ?

CAS 24 BIO FINE


Thème : transformation d’une SARL en SAS
La Sarl Bio Fine exploite un réseau de commerces consacrés aux produits alimentaires et cosmé-
tiques issus de l’agriculture biologique. Les préoccupations environnementales et la tendance au
développement durable permettent aux associés d’envisager l’avenir avec confiance, malgré la
crise. La clientèle suit.

66
SARL : transformation en SA et en SAS 9
C H A PI T R E

Dans le rayon de fruits et légumes, le gérant envisage de proposer des « paniers bio » hebdoma-
daires, sans abonnement, composés de fruits et légumes fournis par des maraîchers proches des
points de vente ; pour cela, il faut que M. Fine parte en quête d’agriculteurs disposés à fournir les
magasins. Le gérant centralise et gère les stocks afin d’optimiser les commandes auprès des four-
nisseurs qu’il sélectionne.
Au cours d’un entretien avec M. Fine, l’expert-comptable de la société a évoqué la transformation de
la SARL en société par actions simplifiées qui, selon lui, est plus souple que la SARL.
À l’issue de l’entrevue, M. Fine demande une étude de faisabilité du projet dont vous êtes chargé(e).
Vous devez répondre aux questions suivantes que se pose le gérant.

 Questions
1) Les conditions de constitution d’une SAS sont-elles actuellement remplies par la SARL ?
2) À quelle majorité la décision de transformation doit-elle être prise ? (M. Lab est toujours
réticent au changement, même s’il fait confiance au gérant)
3) Le projet de paniers bio est-il de sa compétence de M. Fine ? M. Fine pourra t-il assurer la
direction de la SAS ?
4) Les contrats de travail des associés seront-ils maintenus dans la nouvelle structure ?
5) Compte tenu de son développement, la SARL doit-elle obligatoirement nommer un commis-
saire aux comptes ? Quand sera t-il dans la SAS ?

 Renseignements concernant la SARL Bio Fine


SARL créée en 2006 dont le capital de 10 000 e est détenu par :
–– M. Fine, gérant 40 parts ;
–– M. Victor, 30 parts;
–– Mme Lex, 20 parts ;
–– M. Lab, 10 parts.
Les associés tiennent au maintien de cette répartition de capital.
5 magasins sont exploités : 2 salariés assument le fonctionnement de chacun des points de vente
et tous les associés ont un contrat de travail avec leur société.
Le chiffre d’affaires hors taxes de l’exercice écoulé est de 75 000 €.
Les statuts de la SARL sont conformes à la loi.
Il n’y a pas actuellement de commissaire aux comptes dans la société.

67
10
CHAPITRE
EURL : constitution,

fonctionnement,
dissolution
1. Constitution
2. Fonctionnement
3. Dissolution

Rappel de cours

Le créateur d’une entreprise individuelle a le choix entre plusieurs solutions :


–– l’entreprise individuelle dans laquelle il a une responsabilité illimitée ou limitée s’il
a fait une déclaration d’insaisissabilité notariée pour sa résidence principale et ses
immeubles bâtis ou non bâtis. Il pourra avoir le statut d’auto-entrepreneur depuis le
01.01.2009 s’il remplit certaines conditions ;
–– le statut d’EIRL (entrepreneur individuel à responsabilité limitée) voté le 15.06.2010
et entré en application le 1.01.2011 ;
–– la création d’une société à associé unique : l’EURL.
Le sigle EURL signifie entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée ; l’article 1832
al. 2 autorise, dans les cas prévus par la loi, la création d’une société par l’acte de volonté
d’une seule personne appelée « associé unique ».

1. Constitution
L’EURL peut être constituée par une personne physique ou une personne morale.
Une personne physique ou une personne morale peut constituer plusieurs EURL.
Une EURL ne peut pas être associée unique d’une autre EURL.
Le capital social est librement fixé par les statuts. Les autres conditions de fond sont iden-
tiques à celles de la SARL.
Les conditions de forme : des statuts types sont proposés par le CFE quand l’associé
unique, personne physique est en même temps le gérant de l’EURL. Dans ce cas, l’associé
unique gérant est dispensé de l’insertion au BODACC. Les autres formalités sont iden-
tiques à la SARL pluripersonnelle.

2. Fonctionnement
Le gérant de l’EURL doit être une personne physique.
La gérance peut être confiée à l’associé unique ou à un tiers.
Quand l’associé unique est une personne morale, elle devra nommer une personne phy-
sique en qualité de gérant.

68
EURL : constitution, fonctionnement, dissolution 10
C H A PI T R E

Les règles de fonctionnement de l’EURL sont calquées sur celles de la SARL pluriperson-
nelle avec quelques allègements lorsque la gérance est assurée par l’associé unique personne
physique : pas de convocation de l’AG, de quorum, de majorité à respecter. Ses décisions
sont enregistrées sur un registre. Le régime des conventions est applicable à l’EURL.
Quand l’associé unique, personne physique, assume la gérance de la société, il doit établir
les comptes annuels, l’inventaire et le rapport de gestion.
Depuis la loi du 19.10.2009, il est dispensé de l’établissement du rapport de gestion quand
la société ne dépasse pas deux des trois seuils : 1 million d’euros total du bilan ; 2 millions
d’euros CAHT ; 20 salariés en moyenne.
Les pouvoirs et la responsabilité du gérant, qu’il soit associé unique ou un tiers sont iden-
tiques à ceux de la SARL pluripersonnelle.
Le contrôle de l’EURL par un commissaire aux comptes est obligatoire quand l’EURL
dépasse deux des trois seuils : 1,55 million d’euros au total du bilan ; 3,1 millions d’euros
de CAHT ; 50 salariés en moyenne sur l’exercice.
Si l’associé unique cède une partie de ses titres, l’EURL devient automatiquement une
SARL pluripersonnelle (le formalisme de la cession de parts est à respecter).

3. Dissolution
Les causes de dissolution de l’EURL sont identiques à celles de la SARL pluripersonnelle
sauf le cas de mésentente entre les associés.
Cas particulier de dissolution de l’EURL : quand l’EURL est associé unique d’une autre
EURL puisque la loi interdit cette possibilité.
Si l’associé unique, personne physique décède, l’EURL continue avec ses héritiers.
La décision de dissolution est suivie de la liquidation de l’EURL quand l’associé unique
est une personne physique.
La décision de dissolution n’est pas suivie de la liquidation de l’EURL mais d’une trans-
mission universelle du patrimoine quand l’associé unique est une personne morale. Dans
ce cas les créanciers de l’EURL dissoute ont un droit d’opposition à la dissolution dans les
30 jours qui suivent la publication de la dissolution.

Tests de connaissances
Thème : constitution – fonctionnement de l’EURL

Questions Vrai Faux Commentaire


1  Une EURL doit être créée par une personne.

2  Une SARL devient une EURL par la réunion de toutes les parts en
une même main.

69
10 EURL : constitution, fonctionnement, dissolution
C H A PI T R E

3  Une personne physique ou morale peut créer plusieurs EURL

4  Le capital minimum légal d’une EURL est de 5 000 €

5  L’associé unique a une responsabilité limitée aux apports

6  Une EURL peut être associée unique d’une autre EURL

7  L’EURL dont l’associé unique est une personne physique et en


même temps gérant doit utiliser des statuts types
8  L’EURL dont l’associé unique est gérant est dispensée de la for-
malité d’insertion au BODACC
9  Le gérant d’une EURL peut être une personne physique ou une
personne morale
10  Le gérant peut être l’associé unique ou un tiers

11  Le fonctionnement de l’EURL est allégé quand l’associé unique


est gérant
12  L’associé unique gérant peut conclure avec sa société un contrat
de travail
13  L’associé unique gérant est révocable

14  L’EURL n’est pas soumise au régime des conventions

15  Le gérant doit établir le rapport de gestion, les comptes annuels,


l’inventaire
16  L’associé unique personne physique et gérant n’a pas à déposer
le rapport de gestion au RCS
17  Le gérant d’une EURL a les mêmes pouvoirs que le gérant d’une
SARL
18  Les règles de quorum et majorité de la SARL sont applicables à
l’EURL
19  L’EURL prend fin au décès de l’associé unique

20  Après sa dissolution, il n’y a pas de liquidation de l’EURL dont


l’associé unique est une personne morale

Exercices d’application

CAS 25 LAMBERT
Thème : constitution, fonctionnement
Michel Lambert devant financer ses études, il s’est installé dans un local qu’il loue près des facultés.
Équipé de son ordinateur, il propose d’effectuer la saisie de thèses et de tous documents à impri-

70
EURL : constitution, fonctionnement, dissolution 10
C H A PI T R E

mer (cartes de visites, dépliants publicitaires, etc.). Conscient qu’il faut adjoindre à cette activité la
reprographie des documents, il a contacté l’entreprise Canon et a obtenu la mise en place d’une
photocopieuse.
Depuis un an qu’il travaille, les résultats sont encourageants. Il envisage d’équiper son fonds
de nouvelles photocopieuses, d’offrir de nouveaux services (télécopie, internet…). Son banquier,
compte tenu des perspectives de développement qu’il envisage, lui suggère d’exploiter son entre-
prise sous la forme sociétaire, mais M. Lambert veut rester seul maître de son affaire. Vous êtes son
comptable et conseiller ; il vous pose plusieurs questions.

 Questions
1) Quelle est la structure sociétaire suggérée par le banquier qui conviendrait à son activité ?
Quels seraient son statut et sa responsabilité dans cette société ?
2) Conserverait-il l’indépendance de sa gestion à laquelle il est très attaché ? Devrait-il rendre
compte de sa gestion ?
3) Pour financer les nouveaux équipements, son banquier lui réclame sa caution. Quelle sera la
conséquence de cette garantie pour Michel Lambert ?
4) Il vient de faire la connaissance de Sylvie et envisage, après quelques années de vie com-
mune, de l’associer à sa société. Ce souhait sera-t-il réalisable ?

CAS 26 ROUSSE
Thème : constitution – fonctionnement – régime des conventions
Vous êtes consulté(e) dans votre cabinet par trois clients intéressés par l’EURL :
–– Mme Rousse veut ouvrir un fonds de commerce de vente de fleurs, compositions florales et
articles divers (livres, vases, parfums sur le thème des fleurs) ;
–– la société anonyme BRAT veut diversifier son activité (vente de matériaux de construction) en
créant une agence de conseil en économie d’énergie ;
–– la SARL Plouf créée à l’origine par 3 associés a vu deux associés se retirer de la société, M. Truc
a racheté leurs parts et se retrouve seul associé.
Mme Rousse investira 5 000 € et la SA Brat 10 000 €. Mme Rousse et la SA Brat veulent diriger
leur EURL.
L’EURL de conseils en économie d’énergie occupera un local dans la SA Brat contre paiement d’un
loyer à cette dernière.

 Questions
1) Mme Rousse et la SA Brat remplissent-t-elles les conditions de constitution d’une EURL ?
Peuvent-elles en constituer plusieurs ?
2) La situation de M. Truc est-elle légale ?
3) Qui peut assurer la gérance de ces trois sociétés ? Qui le décidera ?
4) Mme Rousse, si elle est gérante, peut-elle avoir un contrat de travail avec sa société ou
s’attribuer une rémunération ? Devra-t-elle établir le rapport de gestion ?
5) Le contrat de location de la future EURL de conseils est-il soumis à un formalisme particu-
lier ?

71
10 EURL : constitution, fonctionnement, dissolution
C H A PI T R E

CAS 27 SOLO
Thème : choix d’un statut juridique
Madame Solo a un projet de création d’entreprise : elle souhaite proposer un service d’aide à domi-
cile (tâches ménagères, courses, accompagnement d’enfants, divers). Elle veut rester indépendante.
Elle vous consulte pour connaître le statut juridique le mieux adapté.

 Questions
Dans un tableau comparatif entre l’entreprise individuelle, l’EURL et l’EIRL (entrepreneur individuel
à responsabilité limitée), vous devez :
1) établir la comparaison concernant la constitution du capital, l’évaluation des biens appor-
tés, l’acte constitutif, la publicité de la constitution, l’immatriculation ;
2) établir la comparaison concernant le fonctionnement de la structure : ouverture d’un compte
bancaire séparé, obligations comptables, assemblée annuelle, dépôt des comptes ;
3) comparer pour chaque structure la responsabilité de l’entrepreneur ;
4) proposer à Madame Solo la solution qui vous paraît la mieux adaptée.

72
2
CAS DE
SYNTHÈSE
SARL – EURL

Cas de synthèse

CAS 28 POPOV
R. Dumas a créé avec son épouse une entreprise individuelle en 1977 de fabrication de glaces
artisanales distribuées dans une boutique en bord de mer sous l’enseigne « Chez Popov ». Cette
activité bien que florissante n’en est pas moins saisonnière. Aussi, ils ont adjoint une activité de
confitures et soupes pour la saison hivernale. Mariés depuis 25 ans, le couple vient de divorcer et
la liquidation de communauté a entraîné le partage du fonds de commerce.
R. Dumas envisage aujourd’hui de créer, avec ses enfants, Julie (25 ans) et Jérémy (21 ans), une
société dont l’activité sera :
–– la fabrication de glaces et de sorbets pour la petite restauration ;
–– la fabrication de vinaigres fins : vinaigre à la figue, au piment d’Espelette, à la vanille et même
à la truffe.

Dossier 1 : la création de la société


R. Dumas vous consulte pour mettre au point les statuts d’une SARL lui assurant :
–– la gérance de la société ;
–– l’obligation de le consulter si ses enfants veulent céder leurs parts ;
–– empêcher ses enfants de faire obstacle à ses projets nécessitant une modification des statuts.
R. Dumas apporte le brevet de fabrication de glaces artisanales, l’enseigne Popov et le matériel
d’équipement qu’il évalue à 20 000 _, les enfants apportent du numéraire (2 000 _ chacun) et
leurs compétences dans le domaine culinaire car ils sont diplômés d’une école hôtelière (évaluées
à 500 _ pour chacun).
Vous recevez R. Dumas pour répondre aux questions qu’il se pose :

 Questions
1) Peut-il créer une SARL avec les éléments fournis ? Quel sera le montant du capital et celui
du capital libéré ? L’intervention d’un commissaire est-elle obligatoire ?
2) Quel avantage essentiel procure la SARL pour tous les associés ?

73
2
CAS DE SYNTHÈSE
SARL – EURL

3) Sera-t-il le gérant de la société jusqu’à ce qu’il en décide autrement ?


4) Devez-vous insérer une clause dans les statuts pour éviter l’arrivée de personnes étrangères
dans la société ?
5) La répartition du capital qui figure en annexe lui permet-elle de rester maître de la stratégie
de l’entreprise ? (pour les décisions modifiant les statuts)
R. Dumas est satisfait de votre travail et vous charge de la constitution de la société. Pendant ce
temps, après prospection, il achète un local dans une zone franche pour y installer le siège social
financé par un prêt auprès de sa banque (100 000 _).
6) Que devez-vous faire pour que la société prenne en charge les mensualités du prêt ?

Dossier 2 : Développement de la SARL


Le succès des vinaigres est foudroyant : les grands chefs français et étrangers s’arrachent ces pro-
duits si bien que R. Dumas veut investir dans l’achat de locaux plus grands (1 000 m2 d’usine
pour la fabrication, 200 m2 pour la vente) financé en partie par autofinancement, en partie par
l’émission d’obligations et par un prêt bancaire. Le siège social sera déplacé (dans le même dépar-
tement). Il veut recruter une dizaine de salariés. Ses deux enfants souhaitent obtenir chacun un
contrat de travail : cadre technique pour Julie et cadre commercial pour Jérémy. Ce dernier veut
acheter un bateau et demande à son père un découvert en compte-courant.
 Questions
7) R. Dumas peut-il prendre seul les décisions relatives aux opérations qu’il envisage ?
8) Une procédure particulière est-elle obligatoire pour les contrats de travail de ses enfants ?
9) R. Dumas peut-il accorder le découvert à son fils ?

Dossier 3 : Fonctionnement de la SARL


Très absorbé par les projets d’investissement, R. Dumas ne se préoccupe pas de ce qu’il appelle « la
paperasserie », à savoir les obligations du gérant en fin d’exercice.
 Questions
10) Il vous consulte pour savoir ce qu’il doit faire en fin d’exercice.
11) R. Dumas est-il assuré que les comptes annuels seront approuvés ?
Après 2 ans d’exploitation le CA HT est de 1,8 million d’euros pour l’exercice écoulé.
12) R. Dumas vous demande s’il faut désigner un commissaire aux comptes.

Dossier 4 : Avenir de la SARL


Les enfants de R. Dumas supportent de plus en plus difficilement l’autorité de leur père et envi-
sagent de partir de la société en lui cédant leurs parts.
 Questions
13) La société va-t-elle disparaître du fait de leur départ ?

ANNEXE CONCERNANT LA SARL « CHEZ POPOV »


Répartition du capital :
• R. Dumas, gérant : 200 parts
• Julie Dumas, associée : 20 parts et 5 parts d’industrie
• Jérémy Dumas, associé : 20 parts et 5 parts d’industrie

74
11
CHAPITRE
SA : constitution et

statut des organes
de gestion
1. Constitution
2. Statut des organes sociaux

Rappel de cours

1. Constitution
a) Définition
La société anonyme est une société dont le capital est divisé en actions, constituée par sept
associés au minimum, qui ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports.

b) Règles de constitution
• Montant minimal : 37 000 F que la SA procéde à une offre au public ou
non (ord. du 22.1.2009)
• Les apports doivent être effectués en numéraire ou en nature ; les
apports en industrie sont interdits.
• La souscription du capital doit être intégrale.
• La libération des apports en numéraire doit être au minimum de la moi-
tié du montant nominal des actions, la libération du surplus doit intervenir
Capital dans un délai de cinq ans à compter de l’immatriculation de la société sur
appel de fonds du conseil d’administration ou du directoire.
• Les apports en nature doivent être libérés intégralement à la souscrip-
tion.
• Les apports en nature doivent faire obligatoirement l’objet d’une évalua-
tion par un commissaire aux apports désigné à l’unanimité des fondateurs
ou à défaut par décision de justice à la demande d’un ou plusieurs d’entre
eux (loi du 22.03.2012).
• Certaines activités sont interdites à la SA : officines de pharmacie,
agences de placement des artistes de spectacle…
• Certaines activités sont réservées à la SA : société d’investissement en
valeurs mobilières, société d’assurances autres que les mutuelles, société
Objet
d’économie mixte…
• Certaines activités sont soumises à une réglementation particulière :
société d’experts-comptables, société d’exercice libéral à forme anonyme
(SELAFA).

75
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
C H A PI T R E

c) Caractéristiques
∑∑ La SA est une société commerciale quel que soit son objet, une société de capitaux, elle
peut procéder à une offre au public sous certaines conditions.
∑∑ Les actionnaires ne sont pas commerçants.
∑∑ Les actions, de valeur nominale libre, sont librement cessibles et négociables par prin-
cipe.
∑∑ La présence de commissaires aux comptes est obligatoire.
∑∑ Elle peut adopter l’une des deux organisations : la SA avec conseil d’administration ou
la SA avec conseil de surveillance et directoire.

d) Étapes de constitution
∑∑ Si la SA ne procéde pas à une offre au public, elle devra suivre les étapes de constitution
de toute société (voir chapitre 1) auxquelles s’ajoutera l’évaluation obligatoire des apports
en nature éventuels par le commissaire aux apports.
∑∑ Si la SA procéde à une offre au public, il faudra, en plus des étapes classiques :
–– établir un projet de statuts et le déposer au greffe du tribunal de commerce du futur
siège social ;
–– publier une notice sur les caractéristiques de la société au BALO ;
–– rédiger une note d’information à l’intention du public, soumise au visa de l’AMF
(Autorité des marchés financiers). Les prospectus et circulaires diffusés doivent repro-
duire les éléments de la notice ;
–– réunir une assemblée générale constitutive pour adopter les statuts.

e) Organisation
Deux types d’organisation : SA avec conseil d’administration et directeur général ou SA
avec conseil de surveillance et directoire.
Directeurs généraux Président du directoire
Directeur général
délégués éventuels
Directoire

Président du CA Président du CS
Vice-président CS

Conseil d’administration Conseil de surveillance

Assemblée d’actionnaires
Assemblée d’actionnaires

SA avec conseil d’administration SA avec conseil


de surveillance
La flèche indique l’organe de nomination. et directoire

76
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

2. Statut des organes sociaux


a) S
 tatut des mandataires sociaux dans la SA avec conseil
d’administration et PCA
➤ Nombre des mandataires sociaux au conseil d’administration
Les administrateurs doivent être au minimum trois et au maximum 18 (sauf en cas de fusion
ce nombre peut atteindre 24 pendant trois ans). En cas de vacance du poste par décès ou par
démission d’un ou plusieurs sièges d’administrateurs, le conseil d’administration peut, entre
deux assemblées générales, procéder à des nominations à titre provisoire en attendant la rati-
fication par AGO. Le tableau ci-dessous récapitule des diverses situations de « cooptation » :
Cooptation Lorsque le nombre d’administrateurs en fonction demeure supérieur au minimum
facultative statutaire.
Cooptation Lorsque le nombre d’administrateurs est devenu inférieur au minimum statutaire
obligatoire sans être inférieur au minimum légal.
Cooptation Lorsque le nombre d’administrateurs est devenu inférieur au minimum légal (3),
interdite le CA doit convoquer immédiatement l’AGO en vue de compléter l’effectif.

➤ Équilibre hommes/femmes au conseil d’administration


Le conseil d’administration est composé en recherchant une représentation équilibrée des
femmes et des hommes (art. L. 225-17 et suiv. du C. com.). La proportion de chaque sexe
ne pourra être inférieure à 40 % à partir de 2017 pour les sociétés cotées et 2020 pour les
sociétés non cotées d’une certaine taille.

➤ Direction de la société
∑∑ La direction de la société est assumée :
–– soit par un président du conseil d’administration choisi parmi les administrateurs. Il
est alors PCA et directeur général ;
–– soit par un directeur général : personne physique nommée par le conseil d’adminis-
tration.
C’est le conseil d’administration qui choisit entre les deux modalités d’exercice de la
direction générale, dans les conditions définies par les statuts ;
∑∑ Les directeurs généraux délégués : sur proposition du directeur général, le conseil d’ad-
ministration peut nommer une ou plusieurs personnes physiques chargées d’assister le
directeur général. Les statuts fixent le nombre maximal, qui ne peut dépasser cinq. Leur
présence est facultative.
➤ Conditions de leur nomination et de leur révocation
∑∑ Les administrateurs ne doivent plus obligatoirement être actionnaires de la société
sauf stipulation contraire des statuts.
∑∑ Les administrateurs peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales.
Dans ce cas, elles doivent nommer des représentants permanents qui seront soumis aux
mêmes conditions et obligations que les administrateurs.
∑∑ Le PCA, le directeur général et les directeurs généraux délégués sont obligatoirement
des personnes physiques.

77
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
C H A PI T R E

∑∑ Tous ces dirigeants doivent avoir la capacité juridique de tout mandataire et ne pas être
frappés d’interdiction de diriger, de déchéance ou d’incompatibilité.
∑∑ D’autres conditions regroupées dans le tableau ci-dessous concernent l’âge limite, le
cumul de mandats, la durée du mandat, les organes de nomination et de révocation :
Nombre de Durée du
Âge Organe Organe
Mandataire mandats mandat maxi-
limite de nomination de révocation
maximum mum
Administrateur aucune(1) cinq(2a) fixée par les AGO AGO
personne physique statuts, au à tout moment(6)
(autre que celui élu maximum
par les salariés) six ans(3)
Président du 65 ans(4) cinq(2a) maximum conseil d’admi- conseil d’admi-
conseil six ans(5 nistration nistration
d’administration à tout moment(6)
Directeur général 65 ans(4) un(2b et 4) fixée par le CA CA CA(7
Directeur général 65 ans (4)
pas de limite pas de limite CA sur propo- CA sur
délégué sition du direc- proposition
teur général du directeur
général(8)
(1) Une clause des statuts peut en prévoir une. D’autre part, le nombre des administrateurs ayant dépassé l’âge
de 70 ans ne peut pas être supérieur au tiers des administrateurs en fonction ; toute nomination qui enfreindrait
cette règle serait nulle.
(2) a. Par dérogation ne sont pas pris en compte les mandats exercés dans les sociétés contrôlées au sens de
l’article L. 233-16 (contrôle exclusif, conjoint ou influence notable) par la société. D’autre part, les mandats exer-
cés dans les sociétés contrôlées et non cotées ne comptent que pour un mandat.
Par dérogation ne sont pas pris en compte les mandats de représentants permanents :
– d’une société de capital risque ;
– d’une société financière d’innovation ;
– d’une société de gestion habilitée à gérer les fonds communs de placement.
b. Un deuxième mandat de directeur général peut être exercé dans une société contrôlée par la société dont cette
personne est directeur général. Une autre dérogation est possible : exercer un deuxième mandat dans une société
contrôlée et non cotée si les titres des deux sociétés ne sont pas cotées.
(3) La durée du mandat est fixée par les statuts, elle ne peut excéder six ans (loi du 22.03.2012).
Toute nomination d’une durée supérieure est nulle. Les administrateurs sont rééligibles, sauf clause contraire des
statuts.
(4) Le directeur général peut être le PCA ou un administrateur ; dans ce cas, un seul mandat sera décompté (celui
de DG). Les statuts doivent fixer une limite qui peut être inférieure ou supérieure à soixante-cinq ans ; à défaut, elle
est de soixante-cinq ans.
(5) Le président est nommé pour une durée qui ne peut excéder celle de son mandat d’administrateur. Il est rééligible.
(6).L’organe de révocation n’a pas à justifier sa décision. Seule une révocation «abusive» c’est-à-dire accompagnée
de circonstances injurieuses et vexatoires peut ouvrir le droit à dommages-intérêts pour le dirigeant révoqué. L’AGO
peut révoquer les administrateurs même si la résolution ne figure pas à l’ordre du jour de l’assemblée et procéder à
leur remplacement.
(7) Si la révocation est décidée sans juste motif, elle ne peut donner lieu à dommages-intérêts sauf si le directeur
général assume les fonctions de PCA.
(8) Si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut donner lieu à dommages-intérêts.

➤ Cumul de mandats, plafond global


Une même personne physique ne peut pas cumuler plus de 5 mandats de directeur géné-
ral, membre du directoire, directeur général unique, administrateur, membre du conseil

78
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

de surveillance. L’exercice de la direction générale par un administrateur compte pour un


seul mandat. Il existe une dérogation au plafond global de 5 mandats : une personne phy-
sique exerçant un mandat de direction (DG, DGU, MDD) peut détenir un nombre illimité
de mandats d’administrateur ou de membre du conseil de surveillance dans des sociétés
(cotées ou non) contrôlées par celle dans laquelle le mandat de direction est exercé.

➤ Rémunération des mandataires sociaux


L’assemblée générale peut allouer aux mandataires sociaux une somme
Jetons de présence
fixe annuelle qu’ils se répartiront.
Elles sont allouées par le conseil d’administration pour des missions parti-
Rémunérations
culières. Ces rémunérations sont des conventions réglementées soumises à
exceptionnelles
ratification de l’AGO.

Le conseil d’administration fixe la rémunération du PCA, celle du directeur général et


des directeurs généraux délégués. Ces rémunérations ne constituent pas des conventions
réglementées, la ratification par AGO n’est pas nécessaire sauf dans les SA dont les titres
sont cotés. La rémunération totale de chaque mandataire doit figurer dans le rapport du
CA à l’AGO, sauf dans les sociétés non cotées, si ces sociétés ne sont pas contrôlées par
des sociétés cotées.

➤ Cumul de mandat avec un contrat de travail


Depuis la loi du 22.03.2012, selon l’article 225-21-1, un administrateur en fonction peut
devenir salarié à conditions :
∑∑ que son contrat de travail corresponde à un travail effectif ;
∑∑ et que la société dans laquelle il siège réponde aux critères suivants :
–– effectif inférieur à 250 salariés ;
–– et total du bilan n’excédant pas 43 millions d’euros ou montant hors taxes du
chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros.
Un salarié de la société peut devenir administrateur sous réserve de remplir les conditions
suivantes :
–– le contrat de travail correspond à un emploi effectif ;
–– l’intéressé doit, dans l’exercice de ses fonctions salariées, demeurer dans un état de
subordination ;
–– le nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail ne doit pas
dépasser le tiers des administrateurs en fonctions.
Remarque : Les administrateurs élus par les salariés ne sont pas comptabilisés pour le calcul
de ce tiers.
Le directeur général et les directeurs généraux délégués peuvent cumuler leur mandat
avec un contrat de travail sous conditions :
–– le contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif ;
–– les fonctions de salarié doivent être distinctes de ses fonctions de directeur général et
de directeur général délégué ;
–– ils doivent être placés dans un état de subordination.

79
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
C H A PI T R E

Ces contrats de travail sont des conventions réglementées soumises à autorisation préa-
lable du conseil d’administration et à ratification de l’assemblée générale ordinaire.

➤ Formalités de publicité
La publicité de la nomination des mandataires sociaux devra être réalisée dans le mois qui
suit celle-ci ; elle consistera en :
–– une insertion dans un JAL ;
–– un dépôt de l’acte de nomination au greffe du tribunal de commerce ;
–– une inscription modificative au RCS ;
–– une insertion au BODACC.

b) S
 tatut des mandataires sociaux dans la SA avec conseil
de surveillance et directoire
➤ Nombre des mandataires sociaux au conseil de surveillance
Le conseil 3 à 18 (24 en cas de fusion). Ils devront élire parmi eux un président et un
de surveillance vice-président du conseil de surveillance.
Le nombre de membres est fixé dans les statuts ou, à défaut, par le conseil
de surveillance. Il peut être :
– d’une seule personne lorsque le capital est inférieur à 150 000 F ; il
Le directoire porte le nom de « directeur général unique » ;
– de cinq personnes au maximum (ou sept lorsqu’il s’agit d’une société
cotée).
Le conseil de surveillance nomme l’un d’eux président du directoire.

➤ Équilibre hommes/femmes
Les règles énoncées pour les administrateurs du conseil d’administration sont applicables
aux membres du conseil de surveillance.

➤ Conditions de nomination et de révocation


∑∑ Les membres du conseil de surveillance ne doivent plus être obligatoirement action-
naires sauf stipulation contraire des statuts.
∑∑ Les membres du directoire ne sont pas tenus d’être actionnaires sauf stipulation
contraire des statuts.
∑∑ Les membres du conseil de surveillance peuvent être des personnes physiques ou
morales sauf pour le président et le vice-président qui devront être obligatoirement des
personnes physiques ; les règles concernant les représentants permanents sont identiques
à celles des administrateurs personnes morales.
∑∑ Les membres du directoire sont obligatoirement des personnes physiques.
∑∑ Ces mandataires sociaux doivent avoir la capacité juridique de tout mandataire et ne
pas être frappés d’interdiction de diriger, de déchéance ou d’incompatibilité.
∑∑ Il existe une incompatibilité particulière : aucun membre du conseil de surveillance ne
peut faire partie du directoire.
∑∑ Les autres conditions résumées dans le tableau ci-après concernent l’âge limite, le
cumul de mandats, la durée du mandat, les organes de nomination et de révocation.

80
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

Nombre
Âge Durée du man- Organe Organe
Mandataire de
limite dat maximum de nomination de révocation
mandats
Membre du aucune(1) cinq(2a) fixée par statut, AGO AGO
conseil de maximum à tout moment(6)
surveillance six ans(3)
Président et aucun aucune fixée par le le conseil de le conseil de
vice-président sauf sauf conseil de surveillance surveillance à
du conseil de limite limite surveillance tout moment(6)
surveillance statutaire statutaire
Membre 65 ans(4) un(2b) fixée par les sta- le conseil de AGO sur propo-
du directoire tus entre deux et surveillance sition du conseil
six ans, à défaut de surveillance et
quatre ans pour juste motif
Président 65 ans(4) un(4) librement fixée le conseil de le conseil de
du directoire par le conseil de surveillance surveillance à
surveillance sans tout moment(6)
pouvoir excéder
six ans
(1), (2), (3), (4), (6) Voir notes du tableau précédent : reports identiques.

➤ Cumul des mandats, plafond global


Les règles énoncées pour les administrateurs sont applicables aux membres du conseil de
surveillance.

➤ Rémunération des mandataires sociaux


∑∑ Les membres du conseil de surveillance perçoivent des jetons de présence alloués glo-
balement par l’assemblée générale des actionnaires et des rémunérations exceptionnelles
pour des missions particulières. Le conseil détermine la rémunération des président et
vice-président du conseil de surveillance.
∑∑ Les membres du directoire : le conseil de surveillance fixe le mode et le montant de la
rémunération de chaque membre du directoire.
Ces rémunérations ne sont pas des conventions réglementées (sauf pour les rémunéra-
tions exceptionnelles) soumises à ratification par AGO sauf dans les SA cotées. La rému-
nération de chaque mandataire doit figurer dans le rapport du directoire à l’AGO, sauf
dans les sociétés non cotées non contrôlées par des sociétés cotées.

➤ Cumul du mandat avec un contrat de travail


∑∑ Membres du conseil de surveillance : ils peuvent cumuler leur mandat avec un contrat
de travail (que leur mandat soit antérieur ou postérieur au contrat de travail) sous réserve
de remplir les conditions suivantes :
–– le contrat de travail correspond à un travail effectif ;
–– l’intéressé est placé dans un état de subordination ;
–– le nombre des membres du conseil de surveillance titulaires d’un contrat de travail ne
dépasse pas le tiers des membres en fonctions (les membres élus par les salariés et ceux

81
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
C H A PI T R E

désignés comme représentants des salariés actionnaires ne sont pas comptabilisés pour
le calcul du tiers).
∑∑ Membres du directoire : le cumul est toujours possible, qu’ils soient salariés avant ou
après obtention du mandat de membre du directoire, sous réserve de remplir les condi-
tions suivantes :
–– emploi effectif ;
–– fonctions distinctes de celles de membre du directoire ;
–– qu’il soit placé dans un état de subordination.
Ces contrats de travail sont des conventions réglementées soumises à autorisation préa-
lable du conseil de surveillance et à ratification de l’assemblée générale ordinaire.

➤ Formalités de publicité
Elles sont identiques à celles des mandataires sociaux de la SA avec conseil d’administra-
tion (insertion de la nomination dans un JAL, dépôt de l’acte de nomination au greffe,
inscription au RCS, insertion au BODACC).

Tests de connaissances
Thème : constitution d’une société anonyme

1  Compléter le tableau ci-dessous sur les caractéristiques d’une société anonyme.

Nombre d’associés minimum et maximum


Nom des associés
Capacité requise des associés
Objet de la société
Capital minimum et maximum
Composition du capital (types d’apports)
Libération du capital
Durée de la société
Point de départ de la personnalité morale
Responsabilité des associés

2  Une SA vient d’être constituée avec un capital de 45 000 _ par apport en numéraire. Quels
sont le montant à souscrire et la somme à verser par les associés pour que le capital soit
légalement libéré ? Quel sera la valeur nominale des actions ?

82
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

3  Quelle organisation peut adopter une SA ?

4  Lors de la constitution d’une SA, un associé a apporté du matériel qu’il évalue à 3 000 _.
L’évaluation par l’associé est-elle suffisante ?
5  Une SA vient d’être constituée. Les associés doivent désigner des mandataires sociaux. Qui
seront-ils s’il s’agit :
❏❏ A d’une SA avec conseil d’administration ?
❏❏ B d’une SA avec directoire ?

6  La présence d’un commissaire aux comptes est-elle obligatoire dans une SA ?

Thème : statut des dirigeants d’une société anonyme avec CA

7  Les statuts d’une société anonyme ont fixé à cinq le nombre d’administrateurs qui est le
nombre actuel des membres du CA. M. Vic, administrateur, vient de décéder. Quelle est la
conséquence de ce décès sur la composition du conseil d’administration ?
8  M. Pim est administrateur et PCA dans la même société. Son mandat d’administrateur vient
de prendre fin et n’a pas été renouvelé. M. Pim conservera-t-il son mandat de PCA ? Autre
hypothèse : si M. Pim n’est plus PCA, qu’adviendra-t-il de son mandat d’administrateur ?
9  Le directeur général de la société Mix, au capital de 60 000 _, est débordé de travail ; il
souhaiterait être assisté d’un directeur général délégué. Il voudrait que ce soit une relation
d’affaires, M. Mir, 60 ans, spécialiste financier, non actionnaire de sa société, qui occupe
le poste. Sous quelles conditions est-ce envisageable? Vous lui préciserez également le
nombre possible de directeurs généraux délégués dans une SA.
10  Le conseil d’administration de la SA Lune non cotée, dont le capital est réparti en
1 000 actions de 500 _, se compose de trois administrateurs :
– M. Blanc, 55 ans, détenteur de 10 % du capital ;
– M. Brun, 60 ans, détenteur de 20 % du capital ;
– la SA Soleil détentrice de 60 % du capital.
Les statuts prévoient qu’il faut que les administrateurs détiennent 8 actions.
La composition du conseil d’administration est-elle légale ? Qui siégera au conseil d’ad-
ministration ? L’équilibre hommes-femmes est-il respecté ? Qui peut assumer la direction
générale de cette société et qui désignera le directeur général ?
11  M. Zen est très sollicité du fait de ses compétences ; on lui propose dans plusieurs sociétés
(sans lien entre elles) ayant leur siège social sur le territoire français et moyennant rému-
nération :
– un poste d’administrateur ;
– un poste de directeur général ;
– deux postes de directeur général délégué ;
– un poste de membre d’un conseil de surveillance ;
– un poste de gérant de SARL.
Il vous consulte pour savoir s’il peut cumuler tous ces mandats ou s’il doit choisir parmi
eux en fonction de la loi.

83
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
C H A PI T R E

Qui fixera sa rémunération s’il devient administrateur, directeur général ou directeur géné-
ral délégué ?
12  Un actionnaire conteste la rémunération allouée au président du conseil d’administration
et prétend qu’elle aurait dû être votée par l’assemblée générale ordinaire. A-t-il raison ?
13  Compléter le tableau ci-dessous relatif à la nomination et à la révocation des mandataires
sociaux suivants :
Mandataire Organe de Organe de Modalités
nomination révocation
Administrateur
Président du conseil d’administration
Directeur général
Directeur général délégué
Membre du directoire
Membre du conseil de surveillance
14  Philippe est président du conseil d’administration d’une société anonyme et il vient d’avoir
65 ans. Placé dans les hypothèses suivantes, vous devrez dire s’il va conserver son mandat :
❏❏ A les statuts de la société sont conformes à la loi ;
❏❏ B les statuts ont prévu un âge limite des fonctions de PCA à 70 ans ;
❏❏ C les statuts ont prévu un âge limite à 55 ans.

15  Daniel, administrateur d’une SA, est furieux. Au cours de l’assemblée générale annuelle, les
actionnaires ont voté à la majorité légale sa révocation d’administrateur sans que celle-ci
figure à l’ordre du jour. Il entend bien faire annuler cette délibération qu’il trouve injus-
tifiée. S’il n’y arrive pas, il compte réclamer à la société des dommages-intérêts. Il vous
consulte pour savoir s’il obtiendra satisfaction.
16  Valérie, administrateur de la SA Lorne, voudrait avoir un contrat de travail de directrice
commerciale dans sa société. Va-t-elle pouvoir l’obtenir ? Vous justifierez votre réponse.

Thème : statut des dirigeants d’une société anonyme à directoire

17  Robert est très ambitieux. Il vient d’être nommé membre du conseil de surveillance d’une
société anonyme. Il voudrait :
❏❏ A en être le président ;
❏❏ B être aussi le président du directoire.
Pourra-t-il cumuler ces deux fonctions ?
18  Une société anonyme à directoire a connu les évolutions suivantes :
❏❏ A à sa constitution, son capital était de 120 000 F ;
❏❏ B il a été porté à 300 000 e par augmentation de capital ;
❏❏ C actuellement la société est cotée en bourse.
Pour chaque situation, en application de la loi, vous devrez déterminer le nombre possible
des membres du directoire.

84
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

19  Paul a été nommé membre du directoire le 1er avril de l’année en cours (N) ; il vous inter-
roge sur la date d’expiration de son mandat dans trois hypothèses :
❏❏ A les statuts n’ont pas fixé la durée du mandat des membres du directoire ;
❏❏ B les statuts ont fixé la durée à sept ans ;
❏❏ C les statuts ont fixé la durée à cinq ans.

20  Le conseil de surveillance vient de révoquer M. Fier, président du directoire de la société,


non seulement de son poste de président mais aussi de son mandat de membre du direc-
toire. Il vous précise que c’est à la suite d’un changement de majorité consécutive à une
modification de répartition de capital qu’il a été destitué de ses fonctions alors que rien ne
peut lui être reproché, que la société a connu sous son mandat un développement régulier
et des exercices bénéficiaires. M. Fier vous consulte sur trois points :
❏❏ A ces deux révocations sont-elles légales ?
❏❏ B peut-il obtenir réparation du préjudice du fait de ces révocations ?
❏❏ C le contrat de travail qu’il a avec la société est-il maintenu ?

21  Une société anonyme a changé son organisation : elle vient d’adopter la forme classique
avec conseil d’administration. Bernard, membre du directoire dans l’ancienne organisation,
n’a pas été nommé administrateur. Il entend demander des dommages-intérêts pour révo-
cation sans juste motif. Les obtiendra-t-il ?
22  Stéphan veut occuper le poste de directeur technique de la société anonyme à directoire
Capric. Sous quelles conditions peut-il l’obtenir, dans les hypothèses suivantes :
❏❏ A il est déjà membre du conseil de surveillance de la société ;
❏❏ B il est déjà membre du directoire.

Exercices d’application

CAS 29 BLUM
Thème : constitution et direction de la SA avec conseil d’administration
La société Blum (société non cotée) est spécialisée dans la fabrication de vêtements de sports sous
la marque « Tandy ». Le capital de 570 000 F (apports en numéraire seulement) a été libéré aux
trois quarts à la constitution.
Après le décès du fondateur, sa répartition est la suivante :
–– Mme veuve Blum : 19 000 actions (administrateur) ;
–– Bernard Blum : 8 000 actions (président du conseil d’administration et directeur général) ;
–– Marc Blum : 6 000 actions (administrateur) ;
–– Gil Blum : 4 000 actions (administrateur) ;
–– Carole Blum : 500 actions (administrateur) ;

85
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
C H A PI T R E

–– Aurore Blum : 50 actions ;


–– SARL Shoot : 50 actions (administrateur) dont le représentant permanent est M. But.
L’effectif de la SA est de quarante salariés. Les statuts sont conformes à la loi. Le nombre d’adminis-
trateurs prévu dans les statuts est de six.
Le fils aîné, Bernard (64 ans), après la disparition de son père, a pris la tête de l’entreprise.
Il en est le PCA et le directeur général. Son fils Gil, diplômé d’HEC, 40 ans, est destiné à lui suc-
céder, d’autant qu’il a une solide expérience : il dirige déjà une SARL de vente de chaussures de
sports, il est aussi PCA d’une SA à Paris, spécialisée dans les articles de golf et PCA d’une société
anonyme d’import-export siégeant à Fort-de-France (Martinique). Carole Blum vient de réussir le
DEC et voudrait occuper le poste de directeur financier de la SA Blum. Marc Blum vient de décéder
à la suite d’un accident de voiture.
Les actionnaires ont nommé M. Linar en qualité de commissaire aux comptes dont vous êtes le
collaborateur.

 Questions
M. Linar vous charge de la mission suivante :
1) Vérifier que les conditions de constitution de la société anonyme Blum fixées par loi sont
respectées.
2) En fonction des éléments fournis, dire si la composition du conseil d’administration est
légale.
3) Pourquoi Bernard Blum devra-t-il céder son poste ? N’y a-t-il pas un moyen de le maintenir à
la tête de l’entreprise.
4) Gil peut-il éventuellement lui succéder compte tenu de ses diverses fonctions ?
5) Le souhait de Carole Blum peut-il être satisfait ?
6) Quelle sera la conséquence du décès de Marc Blum au niveau du conseil d’administration ?

CAS 30 PÈRE BOULANGE


Thème : direction d’une SA à directoire
M. Robert Paul a créé une chaîne de magasins en franchise à l’enseigne « Père Boulange » depuis
cinq ans sous la forme d’une société anonyme avec conseil d’administration dont il est le président
du conseil d’administration et le directeur général. Le siège social est à Lyon. Le capital de la
société s’élève à 120 000 F entièrement libéré divisé en 8 000 actions, réparti comme suit :
– Robert Paul : 3 600 actions ;
– Michel Paul, administrateur : 1 000 actions ;
– Loïc Paul, administrateur : 800 actions ;
– quatre neveux de R. Paul, chacun 650 : 2 600 actions.
Le commissaire aux comptes de la société est M. Castel. Les statuts sont conformes à la loi.
Pour assurer le développement de la société par la création de nouvelles franchises, Robert Paul a
besoin de capitaux. Un ami boulanger, M. Pétrin qui vient de vendre son fonds de commerce, est
prêt à investir 50 000 F dans la société mais il pose plusieurs conditions :
– que la société adopte l’organisation d’une société anonyme à directoire ;
– qu’il en soit le président du conseil de surveillance ou un membre du directoire (le directoire se
composerait de deux personnes, Robert Paul et M. Pétrin) ;
– qu’il bénéficie d’un emploi de directeur technique dans la société.

86
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

 Questions
Robert Paul vous consulte sur les points suivants :
1) Quelles opérations juridiques implique l’arrivée de M. Pétrin dans la société ?
2) Quelles conséquences aura le changement d’organisation sur les mandats des administra-
teurs actuels ? Et sur celui du commissaire aux comptes ?
3) Sous quelles conditions M. Pétrin peut-il devenir président du conseil de surveillance ou
membre du directoire ?
4) Quel est, entre les deux mandats, celui qui lui assure la situation la plus stable ?
5) Que vont devenir les administrateurs actuels (autres que Robert Paul) qui souhaitent conser-
ver un mandat social ?
6) M. Pétrin peut-il bénéficier du poste de directeur technique tout en étant président du
conseil de surveillance ou membre du directoire ?

CAS 31 MARIN
Thème : statut du PDG
La SA Valeo, société française cotée, 2e équipementier du secteur automobile, est confrontée à la
crise : elle a enregistré récemment une perte de 207 millions d’euros après une chute de 26 % de
son chiffre d’affaires. Son PDG est Monsieur Marin.
Le conseil d’administration envisage 5  000  suppressions de postes dans le monde dont 1  600
en France. Il prévoit de solliciter le fonds d’investissement mis en place par le gouvernement. Des
divergences stratégiques apparaissent entre M. Marin (à la tête de Valeo depuis 8 ans) et les admi-
nistrateurs. Le conseil d’administration vient d’annoncer le départ de M Marin.

 Questions
1) Quelles sont les causes possibles du départ de M. Marin ?
2) Des divergences stratégiques sont-elles un juste motif pour provoquer le départ de M. Marin ?
3) M. Marin peut-il prétendre à dommages-intérêts ?
4) Quelle décision doit prendre le CA après le départ de M. Marin ?

87
12
CHAPITRE
SA : fonctionnement

1. Fonctionnement du conseil d’administration et du conseil
de surveillance
2. Fonctionnement du directoire
3. Fonctionnement des assemblées générales ordinaires et
extraordinaires (AGO, AGE)

Rappel de cours

1. Fonctionnement du conseil d’administration et du


conseil de surveillance
a) Convocation
➤ Principe
Les statuts déterminent les règles de convocation et de délibération du conseil d’admi-
nistration.

➤ Exception
SA avec conseil d’administration SA avec conseil de surveillance
Lorsqu’il n’est pas réuni depuis plus de 2 mois, Le président du conseil de surveillance doit
le tiers au moins des membres du CA peut convoquer le conseil à une date qui ne peut être
demander au président du CA de convoquer postérieure à quinze jours lorsqu’un membre
celui-ci sur un ordre du jour déterminé. au moins du directoire, ou le tiers des membres
Le directeur général peut également demander du conseil de surveillance, lui présente une
au président du CA de convoquer le CA sur un demande motivée en ce sens. Si la demande
ordre du jour déterminé. reste sans suite, ses auteurs peuvent procéder
Le président du CA est lié par les demandes qui eux-mêmes à la convocation en indiquant l’ordre
lui sont adressées (il doit convoquer le CA). du jour.

➤ Délai de convocation
Les statuts peuvent le prévoir ; à défaut, le délai doit être suffisant pour permettre aux
membres d’assister à la séance (Cass. com. 1973).

➤ Formes de la convocation
Les statuts peuvent les prévoir ; à défaut, liberté est laissée aux auteurs de la convocation :
lettre simple ou recommandée, télégramme, télécopie ou même convocation verbale,
cette dernière est déconseillée pour les problèmes de preuve qu’elle peut poser.

88
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

➤ Lieu de la convocation
Par principe, les réunions ont lieu au siège social mais les statuts peuvent laisser au conseil
toute liberté pour fixer un autre lieu.

➤ Ordre du jour de la séance


Il est fixé par l’auteur de la convocation mais il peut être stipulé dans les statuts qu’il sera
arrêté au moment de la réunion.

b) Participation et représentation au conseil d’administration


et au conseil de surveillance
Participation au CA ou au CS Représentation au CA ou au CS
• Les membres de droit (administrateurs ou • Sauf clause contraire des statuts, un membre
membres du conseil de surveillance élus par du conseil peut donner mandat à un autre
l’assemblée générale ordinaire, les membres membre de le représenter à une séance.
salariés ou les membres salariés actionnaires)(1). • Chaque membre ne peut représenter qu’un
• Les membres cooptés (membres choisis par le seul de ses collègues au cours d’une même
conseil à titre provisoire). séance du conseil.
• Les commissaires aux comptes(2). • Le mandat peut être donné par lettre ou par
• Deux membres du comité d’entreprise délé- télégramme.
gués par le comité ont le droit d’assister à toutes
les séances du conseil avec voix consultative
(et non délibérative)(3).
(1) La personne morale administrateur doit désigner un représentant permanent qui est soumis aux mêmes
conditions et obligations et qui encourt les mêmes responsabilités civile et pénale que s’il était administrateur en
son nom propre. Sans précision législative, il sera désigné par le président du conseil d’administration ou l’un des
directeurs généraux, s’il en existe de la SA, administrateur morale.
(2) Ils doivent être convoqués à toutes les réunions du conseil qui doivent examiner et arrêter les comptes de
l’exercice écoulé et, si cela paraît opportun, ils peuvent être aussi convoqués à toute autre réunion du conseil.
(3) Le défaut de convocation des délégués du comité d’entreprise n’entraîne pas la nullité de la délibération du
conseil mais expose les dirigeants à des sanctions pénales pour entrave au fonctionnement de ce comité.

Il doit être tenu un registre de présence que signent les membres du conseil à chaque séance.
Dans le silence des statuts, les séances sont présidées par le président du conseil.

c) Délibérations du conseil d’administration et du conseil de


surveillance
Quorum au CA ou au CS Majorité au CA ou au CS
• Le conseil ne délibère valablement que si la • Les décisions sont prises à la majorité des
moitié au moins de ses membres sont présents membres présents ou représentés. Les statuts
; toute clause contraire est réputée non écrite ne peuvent déroger à cette règle qu’en pré-
seulement pour le conseil d’administration. voyant une majorité plus forte.
• Pour le calcul du quorum, il n’est pas tenu • Chaque membre représente 1 voix.
compte des membres représentés. • L’abstention ou le vote blanc sont assimilés à
un vote négatif.

89
12 SA : fonctionnement
C H A PI T R E


Quorum au CA ou au CS Majorité au CA ou au CS
• Le défaut de quorum peut entraîner la nullité • En cas de partage des voix, la voix du pré-
des décisions prises. sident est prépondérante mais les statuts
peuvent écarter cette règle.
Le membre du conseil intéressé par une conven-
tion est interdit de vote.
Les membres du conseil exercent librement leur
droit de vote. Les conventions de vote sont licites
sous certaines conditions.
Sauf disposition contraire des statuts, le règlement intérieur peut prévoir que sont réputés présents
pour le calcul du quorum et de la majorité les administrateurs et membres du conseil de surveil-
lance qui participent à la réunion du conseil par des moyens de visioconférence ou de télécommuni-
cation permettant l’identification des membres et garantissant leur participation effective.
Le recours à ces moyens est interdit pour l’établissement des comptes annuels et du rapport sur les
comptes annuels.

Les participants au conseil ont une obligation de discrétion à l’égard des informations
présentant un caractère confidentiel et données comme telles par le président. Son inob-
servation peut engager leur responsabilité.
Après chaque réunion du conseil, un procès-verbal de la réunion doit être établi.

d) Nullités des délibérations du conseil


∑∑ Les délibérations du conseil modifiant les statuts (sauf exceptions, ex : augmentation de
capital sur délégation de l’AGE).
∑∑ Les délibérations enfreignant les dispositions législatives (défaut de quorum, règle de
majorité) ou les principes généraux du droit (fraude, abus de droit).

2. Fonctionnement du directoire
∑∑ La loi ne contient aucune disposition relative aux délibérations du directoire.
∑∑ Le directoire délibère et prend ses décisions dans les conditions fixées par les statuts. Les
statuts devront donc préciser la périodicité des réunions, les conditions de convocation,
de quorum, de majorité et éventuellement de représentation.
∑∑ En l’absence de dispositions statutaires, les décisions du directoire ne sont pas subor-
données à l’existence d’un quorum et peuvent être prises à la majorité.
∑∑ Les membres du directoire ont une obligation de discrétion à l’égard des informations
présentant un caractère confidentiel et données comme telles par le président.
∑∑ Le vote des membres du directoire doit être libre mais les conventions de vote sont
licites sous certaines conditions.

3. Fonctionnement des assemblées générales ordinaires


et extraordinaires (AGO, AGE)
L’assemblée générale ordinaire est réunie au moins une fois par an dans les six mois qui
suivent la clôture de l’exercice, sous réserve de prolongation de ce délai par décision de
justice. Les autres assemblées sont réunies en fonction des besoins.

90
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

Remarque : On parle d’assemblée « mixte » lorsque des résolutions ordinaires et extraordinaires


sont à l’ordre du jour d’une même assemblée.

➤ Organe de convocation
L’assemblée est convoquée par le conseil d’administration ou le directoire. À défaut, elle
peut être convoquée :
–– par le(s) commissaire(s) aux comptes ;
–– par un mandataire désigné en justice par le président du tribunal de commerce ; à la
demande de tout intéressé en cas d’urgence ; à la demande d’un ou plusieurs action-
naires représentant au moins 5 % du capital social ; à la demande d’une association
d’actionnaires de la société si celle-ci est cotée en bourse ;
–– par le liquidateur ;
–– par les actionnaires devenus majoritaires à la suite d’une OPA, OPE ou d’une cession
de bloc de contrôle.
Le comité d’entreprise peut demander en justice la désignation d’un mandataire chargé
de convoquer l’assemblée générale des actionnaires en cas d’urgence.
Dans les SA à directoire, l’assemblée peut également être convoquée par le conseil de surveillance.

➤ Délais de convocation
∑∑ Sur première convocation : au moins quinze jours avant l’assemblée
∑∑ Sur deuxième convocation : au moins dix jours avant l’assemblée.
➤ Formes de la convocation
∑∑ Par un avis de convocation inséré dans un journal d’annonces légales et un avis au
BALO pour les sociétés cotées.
∑∑ Quand les actions sont nominatives, on doit convoquer par une lettre adressée à chaque
actionnaire (cas des sociétés non cotées et de certaines actions de sociétés cotées).
➤ Sanction des irrégularités
Toute assemblée irrégulièrement convoquée est annulable, sauf si tous les actionnaires
sont présents ou représentés.
DOCUMENTS À COMMUNIQUER AUX ACTIONNAIRES
Avant l’assemblée générale ordinaire annuelle
• Ordre du jour
• Comptes annuels et comptes consolidés éventuels. La communication de l’inventaire est suppri-
mée par la loi de simplification et d’amélioration de la qualité du droit.
• Tableaux des résultats des cinq derniers exercices
• Rapport de gestion du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance
• Rapport sur les procédures de contrôle interne (seulement pour les SA faisant une offre au public)
• Rapport de gestion du groupe éventuellement
• Tableaux des affectations de résultat précisant l’origine des sommes dont la distribution est pro-
posée
• Rapport sur les comptes annuels et rapport spécial sur les conventions réglementées du(des)
commissaire(s) aux comptes

91
12 SA : fonctionnement
C H A PI T R E


Avant l’assemblée générale ordinaire annuelle (suite)
• Éventuellement rapport des commissaires aux comptes quand la continuité de l’exploitation est
compromise (procédure d’alerte)
• Texte des projets de résolutions
• Identité et fonctions exercées par les membres du conseil en exercice et les candidats au conseil
• Montant global certifié exact par le commissaires aux comptes des rémunérations versées aux dix
ou cinq personnes les mieux rémunérées selon que la société compte plus ou moins de deux cents
salariés
• Montant des rémunérations versées à chaque mandataire social, pour les sociétés cotées
• Liste des actionnaires
• Dernier bilan social
Avant tout autre assemblée
• Texte des résolutions présentées
• Rapport du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance
• Éventuellement, rapport du commissaire aux comptes
• Liste des actionnaires
• Rapport des commissaires aux apports en cas d’augmentation de capital par apports en nature
ou rapport du commissaire à la fusion en cas de fusion

L’actionnaire peut exercer son droit de communication au siège social ou au lieu de la


direction administrative de la société et peut se faire assister d’un expert inscrit sur une
liste établie par les cours et tribunaux. Il pourra prendre copie des documents à l’excep-
tion de l’inventaire.
➤ Sanctions en cas de refus de communication
∑∑ L’actionnaire peut demander au président du tribunal de commerce, statuant en référé, une
ordonnance obligeant la société, sous astreinte, de communiquer les documents prévus.
∑∑ L’assemblée peut être annulée si l’actionnaire n’a pas été en mesure d’exercer son droit
de communication.
∑∑ L’actionnaire peut obtenir des dommages-intérêts dans la mesure du préjudice qu’il a
subi.
Pendant la période précédant la tenue de l’assemblée, tout actionnaire a la faculté de poser
par écrit des questions auxquelles le conseil d’administration ou le directoire sera tenu de
répondre au cours de l’assemblée.
➤ Lieu de réunion des assemblées
Elles peuvent être réunies au siège social ou en tout autre lieu du même département. Des
dérogations statutaires sont possibles.
➤ Ordre du jour
L’ordre du jour est arrêté par l’auteur de la convocation.
Un ou plusieurs actionnaires, représentant au moins 5 % du capital (ou moins quand le
capital est supérieur à 750 000 E), peuvent requérir l’inscription de projets de résolution
à l’ordre du jour. La demande d’inscription doit être envoyée 25 jours au moins avant la
date de l’AG (pour les SA ne procédant pas à une offre au public).
L’assemblée ne peut délibérer que sur des questions à l’ordre du jour : toute décision prise
contrairement à cette règle serait nulle de plein droit (sauf si tous les actionnaires étaient

92
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

présents ou représentés). Par dérogation, une assemblée peut, en toutes circonstances,


révoquer un ou plusieurs administrateurs ou membres du conseil de surveillance et pro-
céder à leur remplacement même si la révocation n’est pas prévue à l’ordre du jour.

➤ Participation
Tout actionnaire a le droit de participer aux assemblées. Toute clause statutaire contraire
est réputée non écrite.
Des exceptions légales existent pour les actions non libérées, les actions sans droit de vote.
Elles privent l’actionnaire du droit de participer à l’assemblée.

➤ Représentation
Un actionnaire peut se faire représenter par un autre actionnaire ou par son conjoint.
Toute clause contraire est réputée non écrite.
Le mandat est donné pour une seule assemblée mais il peut l’être pour deux assemblées,
l’une ordinaire, l’autre extraordinaire, si elles sont tenues le même jour ou dans un délai
de quinze jours.
Le pouvoir en blanc est légal : il s’agit d’une procuration datée et signée de l’actionnaire
dans laquelle il s’est abstenu de préciser le nom du mandataire. La conséquence est impor-
tante : le vote émis à l’aide de ce pouvoir est toujours favorable à l’adoption des projets
de résolution présentés ou agréés par le conseil d’administration ou le directoire et défa-
vorable à l’adoption de tous autres projets (exemple : ceux proposés par les actionnaires).

➤ Vote par correspondance


Tout actionnaire peut voter par correspondance au moyen d’un formulaire quelle que soit
la nature, ordinaire, extraordinaire ou spéciale de l’assemblée. Toute clause contraire des
statuts est réputée non écrite.
Pour le calcul du quorum, il n’est tenu compte que des formulaires qui ont été reçus par
la société avant la réunion de l’assemblée. Les formulaires ne donnant aucun sens de vote
ou exprimant une abstention sont considérés comme des votes négatifs.

➤ Vote par visioconférence ou par des moyens de télécommunication


Si les statuts le prévoient, sont réputés présents pour le calcul du quorum et de la majo-
rité, les actionnaires qui participent à l’assemblée par visioconférence ou par les moyens
de télécommunication permettant leur identification et dont la nature et les conditions
d’application sont déterminées par décret en conseil d’État : site internet exlusivement
consacré à cet usage, code fourni à chaque actionnaire pour qu’il s’identifie.

➤ Quorum
Assemblée générale ordinaire Assemblée générale extraordinaire
• Sur première convocation : le cinquième des • Sur première convocation : le quart des
actions ayant droit de vote actions ayant droit de vote
• Sur deuxième convocation : aucun quorum • Sur deuxième convocation : le cinquième des
n’est exigé actions ayant droit de vote

Les statuts des SA ne procédant pas à une offre au public peuvent prévoir un quorum
plus élevé.

93
12 SA : fonctionnement
C H A PI T R E

Toute assemblée délibérant sans que le quorum requis soit atteint est annulable.

➤ Majorité
Assemblée générale ordinaire Assemblée générale extraordinaire
Elle statue à la majorité des voix dont disposent Elle statue à la majorité des deux tiers des
les actionnaires présents ou représentés. voix dont disposent les actionnaires présents ou
représentés.

∑∑ Nombre de voix attaché aux actions


Il est proportionnel à la quotité de capital qu’elles représentent mais les statuts peuvent
limiter le nombre de voix à condition que la limitation soit imposée à toutes les actions.
En sens inverse, les statuts ou une assemblée générale extraordinaire ultérieure peuvent
attribuer un droit de vote double à toutes les actions nominatives entièrement libérées,
inscrites au nom d’un même titulaire depuis au moins deux ans.
∑∑ Suppression du droit de vote
Un administrateur, un directeur général, un directeur général délégué, un membre du
directoire ou du conseil de surveillance, un actionnaire détenant plus de 5 % du capital,
une société actionnaire intéressés par une convention conclue avec la société ne peuvent
pas prendre part au vote de la résolution relative à cette convention.
Un actionnaire vendant un bien à la société dans les deux ans de son immatriculation ne
peut pas participer au vote de la résolution concernant cette vente.
∑∑ Convention de vote
Parfois les associés ou certains d’entre eux s’engagent à voter dans un sens déterminé ou
à ne pas participer au vote. Ce contrat porte aussi le nom de « pacte d’actionnaires ». Il
est légal s’il a une durée limitée, s’il n’est pas contraire à l’intérêt social. La convention de
vote n’engage que les personnes signataires du pacte. Elle est inopposable à la société et
aux tiers.

➤ Nullités des assemblées


L’assemblée statuant sur un point qui n’est pas à l’ordre du jour est nulle de plein droit
(sauf s’il s’agit de la révocation d’administrateurs, de membres du conseil de surveillance
ou de membres du directoire ne figurant pas à l’ordre du jour).
Lorsque l’irrégularité porte sur une règle quelconque concernant le régime de la convoca-
tion, le droit de communication de l’actionnaire, l’assemblée peut être annulée (c’est une
faculté pour le juge qui est libre d’apprécier si la nullité doit être prononcée ou non). Des
sanctions pénales sont aussi prévues en cas d’infractions aux règles de fonctionnement
des assemblées générales (voir chapitre 24).
L’inobservation des règles relatives au quorum et au calcul des voix peut entraîner la nul-
lité de l’assemblée.
L’abus de droit de vote peut entraîner la nullité de la décision prise : les tribunaux tem-
pèrent la liberté de vote par la notion d’abus de droit. Ils sanctionnent tout vote abu-
sif c’est-à-dire contraire à l’intérêt social et émis dans l’unique dessein de favoriser les
membres de la majorité (« abus de majorité ») ou de la minorité (« abus de minorité »).

94
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : fonctionnement du CA et du CS

1  Michel, président, a réuni il y a trois mois le conseil d’administration de sa société, composé de


quatre administrateurs. Bernard, administrateur, souhaite une nouvelle réunion pour débattre
d’un projet que Michel envisage. Qui pourra convoquer le prochain conseil d’administration ?
Où se tiendra-t-il ?
2  Dans une société anonyme dotée d’un comité d’entreprise, le conseil d’administration doit se
réunir pour arrêter les comptes de l’exercice. Qui a le droit d’assister à cette réunion ? Le pré-
sident du conseil d’administration ne souhaite pas la présence des membres du comité d’entre-
prise : peut-il se dispenser de les convoquer ? Quelle en serait la conséquence sur la validité de
la délibération ? L’un des administrateurs est souffrant et ne pourra y assister : peut-il mandater
sa femme pour le représenter ?
3  Compléter le tableau ci-dessous :

Conseil d’administration Conseil de surveillance


Quorum
Majorité
4  Un membre du conseil de surveillance a chargé un de ses collègues de le représenter à la
prochaine réunion. Le conseil se compose statutairement de cinq membres. Le quorum sera-t-il
atteint ?
5  Au cours de la réunion d’un conseil d’administration composé de six administrateurs, trois
d’entre eux se sont opposés au projet de prêt que le président compte signer avec sa banque
car ils estiment que la société ne pourra pas en supporter les charges financières. L’autorisation
du conseil d’administration est prévue dans les statuts. L’autorisation sera-t-elle votée ?
6  Jacques vous informe qu’à l’ordre du jour du conseil d’administration (dont il est membre)
figurait l’autorisation d’une convention entre un administrateur et la société et que cet adminis-
trateur a pris part au vote. Il vous précise que si ce dernier n’avait pas voté, la majorité n’aurait
pas été atteinte. La décision du conseil est-elle valable ?
7  Les statuts d’une SA à directoire n’ont pas prévu de dispositions concernant le fonctionnement
de celui-ci. Quelles seront alors les règles de quorum et de majorité applicables ?

Thème : fonctionnement des assemblées

8  Nous sommes en septembre et l’assemblée générale ordinaire d’une SA n’a toujours pas été
réunie parce que les membres du conseil d’administration sont partis en vacances à l’île Mau-
rice (la clôture de l’exercice est fixée au 31 décembre). Un actionnaire détenant 8 % du capital
s’impatiente. Peut-il convoquer l’AGO ? Une autre personne que lui peut-elle le faire ?
9  Christian, actionnaire, vient de recevoir sa convocation avec l’ordre du jour pour l’AGO annuelle
le 15 du mois courant. La réunion doit avoir lieu le 20 de ce même mois. Le délai de convoca-
tion a-t-il été respecté ? Peut-il consulter les documents sociaux au siège social en compagnie
d’un ami spécialisé en comptabilité pour les analyser ?

95
12 SA : fonctionnement
C H A PI T R E

10  Marc, actionnaire détenant 3 % du capital d’une société anonyme (au capital de 150 000 e),
voudrait bien faire ajouter un point à l’ordre du jour de la prochaine assemblée à laquelle il
vient d’être convoqué dans le délai légal. Pourra-t-il le faire ?
11  L’AGE réunissant 80 % des actionnaires vient de voter une augmentation de capital sans que
l’ordre du jour ne l’ait prévue. Cette décision est-elle légale ?
12  Les statuts d’une société anonyme ont prévu un minimum de huit actions pour pouvoir accéder
à toutes les assemblées de la société. Cette clause est-elle valable ?
13  Jeanne, actionnaire, ne peut assister à la prochaine assemblée pour cause d’accouchement.
Son mari peut-il y aller à sa place ? Si ce dernier ne peut s’y rendre, Jeanne a-t-elle le moyen de
voter quand même ?
14  Compléter le tableau ci-dessous :

Asssemblée Assemblée générale


générale ordinaire extraordinaire
Quorum
Majorité
15  Deux actionnaires détenant 25 % et 26 % du capital ont convenu de toujours voter dans
le même sens lors des assemblées. Comment appelle-t-on ce type de contrat ? Est-il légal ?
Qu’adviendra-t-il si un des actionnaires ne le respecte pas ?
16  Gilbert est actionnaire minoritaire d’une société anonyme. Il est furieux car, pour la cinquième
année consécutive, il ne percevra pas de bénéfices : en effet, l’actionnaire majoritaire (le direc-
teur général) détenant 70 % du capital a voté la mise en réserve des bénéfices sous prétexte
d’une future augmentation de capital qui n’a jamais lieu et dont la société n’a pas besoin.
A-t-il le moyen de faire annuler cette décision qui a été prise cependant dans des conditions
régulières ?

Exercices d’application

CAS 32 PLASTIC SA
Thème : fonctionnement du conseil d’administration
La société anonyme Plastic est spécialisée dans la fabrication d’éléments plastiques pour l’industrie
agroalimentaire (bouchons, capsules, bouteilles, tubes, etc.). La société a été créée en 1970 par
M. Jean, ingénieur. Son capital social est de 1 200 000 F (12 000 actions), réparti de la façon
suivante :

96
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

– M. Jean : 74 % ;
– M. Henri : 5 % ;
– SA Moules : 10 % dont l’entrée au capital de la SA Plastic date de cette année ;
– M. Trepi : 3 % ;
– M. Noisu : 2 % ;
– M. Paul : 5 % ;
– M. Marc : 1 % ;
Les dirigeants actuels sont :
– M. Jean, président du conseil d’administration et directeur général ;
– M. Henri, administrateur ;
– SA Moules, administrateur ;
– M. Paul, administrateur.
La société ne fait pas d’offre au public et les statuts sont conformes à la loi. Le commissaire aux
comptes de la société est M. Jourdan.
L’effectif de la société est de 70 salariés. Elle est dotée d’un comité d’entreprise.
Le conseil d’administration doit se réunir pour arrêter les comptes de l’exercice écoulé.

 Questions
1) Déterminer la personne qui représentera la SA Moules au conseil d’administration.
2) Quelles sont les personnes qui devront être convoquées pour assister au prochain conseil
d’administration de la SA Plastic ?
3) En supposant que toutes les personnes convoquées soient présentes, déterminer le quorum
requis pour la validité des délibérations.
4) Comment se déroulera le vote au cas où M. Paul et M. Henri ne sont pas d’accord avec
l’arrêté des comptes présenté ?

CAS 33 LUMIÈRE
Thème : fonctionnement d’une assemblée
La société Lumière est une société anonyme de type familial : elle compte 10 actionnaires, descen-
dants et collatéraux du PDG Pierre, qui se répartissent les 1000 actions qui composent le capital.
Un neveu du président, Benjamin, vient d’accéder au capital par succession ; il en détient 2 %.
Le PDG dirige avec autorité l’entreprise, ce qui irrite certains actionnaires, dont la sœur du PDG,
Yvette. Cette dernière souhaite l’annulation de la dernière assemblée générale annuelle pour deux
motifs :
–– elle prétend qu’elle n’a pas été convoquée à cette assemblée et de ce fait elle n’a pas pu y
participer ;
–– certains actionnaires ont voté par visioconférence alors que les statuts sont conformes à la loi.

 Questions
1) Quel est l’organe chargé de convoquer l’assemblée générale ordinaire annuelle ? Quel en est
l’ordre du jour ? Si tous les actionnaires sont présents ou représentés sur première convoca-
tion, calculer le quorum et la majorité requis en nombre d’actions pour permettre la validité
des délibérations.

97
12 SA : fonctionnement
C H A PI T R E

2) Benjamin peut-il assister à l’assemblée compte tenu de sa faible participation au capital de


la société ?
3) Une animosité profonde existe entre les actionnaires minoritaires détenant moins de 5 %
du capital et Pierre, qu’ils voudraient révoquer de son poste d’administrateur. En ont-ils le
moyen au cours de la prochaine assemblée ?
4) Yvette pourra-t-elle obtenir l’annulation de la dernière AGO annuelle obligatoire ?
5) Dans quel délai doit-elle agir en annulation ?
6) Pierre peut-il être sanctionné pour l’absence de convocation d’Yvette ?

98
13 SA : pouvoirs

des organes dirigeants
et pouvoirs des
CHAPITRE
assemblées
1. P
 ouvoirs des organes dirigeants de la SA avec conseil
d’administration
2. Pouvoirs des organes de direction et de surveillance
de la SA à directoire
3. Pouvoirs des assemblées

Rappel de cours

1. P
 ouvoirs des organes dirigeants de la SA avec conseil
d’administration
a) Pouvoirs du directeur général, des directeurs généraux
délégués, du président du conseil d’administration
Attributions légales du DG, des DGD, du PCA Pouvoirs envers les tiers du DG, DGD
• Le directeur général est investi des pouvoirs les • Dans les rapports envers les tiers, le
plus étendus pour agir en toute circonstance au nom directeur général représente la société. La
de la société. Il exerce ces pouvoirs dans la limite de société est engagée par les actes du direc-
l’objet social et sous réserve de ceux que la loi attri- teur général qui ne relèvent pas de l’objet
bue expressément aux assemblées d’actionnaires social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers
et au conseil d’administration. Quand la direction savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il
générale est assumée par le PCA, il détient les pou- ne pouvait l’ignorer compte tenu des circons-
voirs conférés au directeur général. Il est le PDG de tances (la seule publication des statuts ne
la société. suffit pas à constituer cette preuve).
• Le directeur général délégué en accord avec le directeur • Les clauses statutaires ou les décisions du
général, a les pouvoirs qui lui ont été confiés par le CA. conseil d’administration limitant les pouvoirs
• Le PCA organise et dirige les travaux du CA, dont du directeur général sont inopposables aux
il rend compte à l’assemblée générale. Il veille au tiers.
bon fonctionnement des organes de la société et • À l’égard des tiers, les directeurs généraux
s’assure, en particulier, que les administrateurs sont délégués disposent des mêmes pouvoirs que
en mesure de remplir leur mission. le directeur général.

b) Pouvoirs du conseil d’administration


➤ Pouvoirs de gestion
Le conseil d’administration détermine les orientations de l’activité de la société et veille
à leur mise en œuvre sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux assemblées et
dans la limite de l’objet social ; il se saisit de toute question intéressant la bonne marche
de la société et règle par ses délibérations les affaires qui la concernent.
99
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
C H A PI T R E

➤ Pouvoir de contrôle
Le conseil procède aux contrôles et vérifications qu’il juge opportuns. Chaque adminis-
trateur reçoit toutes les informations nécessaires à l’accomplissement de sa mission et
peut se faire communiquer tous les documents qu’il juge utiles.

➤ Pouvoirs spécifiques
Attributions légales propres
Pouvoirs du CA envers les tiers
au conseil d’administration
• Convocation des assemblées générales. • Le conseil d’administration engage la
• Établissement des comptes annuels, du rapport de société même par ses actes qui ne relèvent
gestion. pas de l’objet social à moins que la société
• Cooptation des administrateurs. prouve que le tiers savait que l’acte dépas-
• Nomination et révocation du président du conseil sait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer
d’administration, du directeur général et des direc- compte tenu des circonstances (la seule
teurs généraux délégués et fixation de leur rémuné- publication des statuts ne suffit pas à
ration. constituer cette preuve).
• Nomination des membres des comités d’études. • Les clauses statutaires limitant les
pouvoirs du conseil d’administration sont
• Répartition des jetons de présence (l’allocation
inopposables au tiers.
globale des jetons de présence est de la compétence
de l’AGO).
• Décision de transfert du siège social dans le même
département ou dans un département limitrophe (la
ratification de cette décision doit être effectuée par la
plus prochaine AGO).
• Autorisation des cautions, avals, garanties données
par la société au profit de tiers.
• Autorisation des conventions entre la société et les
personnes visées par les conventions réglementées.
• Décision et réalisation des augmentations de capital
sur délégation de compétence de l’AGE.
• Paiement des dividendes en actions.

2. Pouvoirs des organes de direction et de surveillance


de la SA à directoire
a) Pouvoirs du directoire
Attributions légales Pouvoirs envers les tiers
Le directoire est investi des pouvoirs les plus éten- Le président du directoire ou le DGU repré-
dus pour agir en toute circonstance au nom de la sente la société envers les tiers.
société ; il les exerce dans la limite de l’objet social La société est engagée même par les actes du
et sous réserve de ceux expressément attribués par directoire qui ne relèvent pas de l’objet social,
la loi au conseil de surveillance et aux assemblées à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait
d’actionnaires. que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pou-
Il convoque les assemblées générales. vait l’ignorer compte tenu des circonstances,
Il peut décider une augmentation de capital sur étant exclu que la seule publication des sta-
délégation de compétence de l’AGE qui aura fixé tuts suffise à constituer cette preuve.
un plafond et une durée pour cette augmentation

100
SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 13
C H A PI T R E

Les limitations statutaires aux pouvoirs du directoire sont inopposables aux tiers ainsi que
les dispositions des statuts qui limitent le pouvoir de représentation du directoire.

b) Pouvoirs du conseil de surveillance


Mission de contrôle Autres attributions légales
Le conseil de surveillance exerce le contrôle • Nomination des membres du directoire et fixation
permanent de la gestion du directoire. Il de leur rémunération.
peut, à toute époque de l’année, opérer les • Choix du président du directoire.
vérifications et contrôles qu’il juge oppor- • Convocation des AG.
tuns. Le contrôle de la gestion ne doit pas • Proposition à l’assemblée de la révocation des
entraîner une immixtion dans cette gestion. membres du directoire.
Une fois par trimestre au moins, le directoire
• Cooptation des membres du conseil de surveil-
doit présenter un rapport au conseil de
lance.
surveillance. Chaque année, le conseil de
surveillance doit présenter à l’assemblée • Autorisation des conventions entre la société et
générale ordinaire un rapport contenant ses les personnes visées par les conventions réglemen-
observations sur le rapport du directoire ainsi tées.
que sur les comptes de l’exercice. • Répartition des jetons de présence alloués globa-
lement par l’AGO.
• Autorisation des cautions, avals et garanties don-
nées par la société au profit des tiers.
• Transfert du siège social dans le même dépar-
tement ou dans un département limitrophe sous
réserve de ratification par l’AGO.
• Nomination des membres de commissions.
• Autorisation pour la cession d’immeuble, la ces-
sion totale ou partielle de participations et la consti-
tution de sûretés.

Les statuts peuvent aussi subordonner la conclusion de certaines opérations par le direc-
toire à l’autorisation préalable du conseil de surveillance. Ces limitations ne sont toutefois
pas opposables aux tiers.

3. Pouvoirs des assemblées


Compétence AGO Compétence AGE
• Approbation annuelle des comptes et affecta- • Toutes les décisions modifiant les statuts.
tion du résultat de l’exercice. Toute clause contraire est réputée non écrite.
• Nomination, remplacement, révocation des • Unanimité des actionnaires pour :
administrateurs ou de membres du conseil de – le changement de nationalité qui résulte du
surveillance et ratification de la cooptation par transfert du siège social dans un pays étranger
le conseil de ces mandataires. (sauf si une convention existe entre la France
• Fixation des jetons de présence alloués au et ce pays permettant d’acquérir sa nationa-
conseil d’administration ou de surveillance. lité) ;
• Révocation des membres du directoire. – l’augmentation des engagements des action-
• Nomination des commissaires aux comptes naires (exemple : la transformation de la SA
titulaires et suppléants (mais leur révocation ne en SNC).
peut être prononcée que par décision de justice).

101
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
C H A PI T R E


• Approbation ou refus d’approbation des Compétence AGS
conventions conclues entre la société et les per- (assemblée générale spéciale)
sonnes visées par les conventions réglementées Prend les décisions relatives aux droits de la
et couverture des nullités dans ce domaine. catégorie d’associés qu’elle réunit (exemple :
• Paiement du dividende en actions. actionnaires titulaires d’actions de préférence,
• Ratification de la décision du conseil d’admi- voir chapitre 16, § 1).
nistration ou du conseil de surveillance relative Un ou plusieurs actionnaires réunissant au
au transfert du siège social dans le même dépar- moins 5 % des actions peuvent demander en
tement ou un département limitrophe. justice la désignation d’un mandataire chargé
• Émission d’obligations ordinaires. de convoquer l’AGS (loi du 22.03.2012).
• Achat par la société de ses propres actions en
vue de régulariser les cours.
• Acquisition par la société dans les deux ans
de son immatriculation d’un bien appartenant à
l’un de ses actionnaires et dont la valeur est au
moins égale à 10 % du capital social.

Tests de connaissances
Thème : pouvoirs des organes de gestion

1  Dans une société anonyme, dont les statuts sont conformes à la loi, vous devez cocher
d’une croix dans la case correspondante, l’organe qui est, en principe, compétent pour
prendre les décisions suivantes :

Conseil Conseil de
Décisions Directoire
d’administration surveillance
La convocation des assemblées
L’établissement des comptes annuels
L’autorisation des conventions réglementées
L’augmentation de capital
L’autorisation d’une caution donnée par la
société à un tiers
La révocation du président du CA
Nomination, révocation du DG, du directeur
général délégué
La nomination des membres du directoire
La cooptation des membres du conseil
L’élaboration du rapport de gestion de
l’exercice
La vérification de la gestion du directoire

102
SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 13
C H A PI T R E

2  Qui a le pouvoir de représenter la société envers les tiers :


❏❏ A dans la société anonyme avec conseil d’administration ?
❏❏ B dans la société anonyme avec conseil de surveillance ?
3  Luc est directeur général d’une SA avec conseil d’administration. Sachant que, pour tout
engagement supérieur à 20 000 F, les statuts lui imposent de solliciter l’accord des asso-
ciés, il vous consulte pour savoir s’il peut prendre seul les décisions suivantes :
❏❏ A  l’achat d’un local pour entreposer les stocks de produits fabriqués par l’entreprise d’un
montant de 12 000 F ;
❏❏ B  l’achat de matières premières nécessaires à la production de la société pour 22 000 _ ;
❏❏ C  donner la caution de la société au profit d’un ami du directeur général qui a souscrit un
prêt personnel ;
❏❏ D  augmenter le capital social de 30 000 _.

Thème : pouvoirs des assemblées

4  Cochez d’une croix la case correspondant à l’assemblée en principe compétente pour


prendre les décisions suivantes dans une société anonyme dont les statuts sont conformes
à la loi :

Assemblée générale Assemblée générale


Décisions
ordinaire extraordinaire
Nomination des membres du CA ou du CS
Fixation des jetons de présence
Ratification des conventions réglementées
Révocation des membres du directoire
Augmentation du capital
Changement d’organisation de la SA
Transfert du siège social
Approbation des comptes annuels
Paiement du dividende en actions
Émission d’obligations ordinaires
Émission d’OBSA (obligations avec bons de souscrip-
tion d’actions)
Affectation du résultat de l’exercice

5  Quel est l’organe compétent pour :


❏❏ A désigner les commissaires aux comptes ?
❏❏ B les révoquer ?

6  Une société est intéressée par un terrain appartenant à un actionnaire. Après négociation,
son prix d’acquisition est fixé à 150 000 E. Le directeur général vous demande s’il peut seul
signer ce contrat de vente au nom de la société. Il vous précise que le capital de la société
est de 450 000 E.

103
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
C H A PI T R E

7  Le président du directoire d’une société anonyme a signé un contrat de travail au pro-
fit d’un membre du conseil de surveillance de la société sans autres formalités. Un des
membres du directoire vient d’en prendre connaissance et lui fait remarquer qu’il n’avait
pas le droit de le faire. Qu’en pensez-vous ?
8  Qui peut prendre les décisions suivantes ? Une majorité est-elle nécessaire ?
❏❏ A 
le déplacement du siège social d’une société anonyme en Suisse ;
❏❏ B 
la transformation de la société anonyme en société en nom collectif.

Exercices d’application

CAS 34 SA PLAISANCE
Thème : pouvoirs des organes de gestion
M. Vent est président du conseil d’administration et dirige la SA Plaisance qui fabrique des bateaux
de plaisance à La Rochelle. Son capital est de 180 000 _. Elle emploie quarante salariés. Ses pro-
duits sont très appréciés car ils intègrent les nouveaux matériaux de construction utilisés dans la
navigation. L’entreprise participe aux salons nautiques organisés en France et en Europe, ce qui lui
a permis d’accroître son rayonnement commercial.
M. Vent négocie actuellement un contrat de conseiller technique avec Loïc Perron champion de voile.
Il envisage aussi un partenariat avec la SA Mistral pour un projet de recherche et peut-être la
création d’un groupement d’intérêt économique. Il est également à la recherche de capitaux pour
financer sa prochaine série de bateaux : il hésite entre solliciter des prêts bancaires et augmenter le
capital, augmentation souscrite en partie par les actionnaires actuels de la SA Plaisance et par un
investisseur extérieur, la SA Jeanteau. Cette dernière n’accepterait de rentrer dans le capital de la
SA Plaisance que si celle-ci adopte l’organisation d’une SA à directoire dont le président du conseil
de surveillance serait le président actuel de la SA Jeanteau, M. Vic.
Les statuts de la SA Plaisance sont conformes à la loi.

 Questions
1) M. Vent peut-il conclure seul le contrat avec Loïc Perron et créer un GIE avec la SA Mistral ?
2) L’emprunt bancaire envisagé serait assorti d’une hypothèque sur un terrain appartenant à la
société. M. Vent peut-il réaliser cette opération ?
3) Dans l’hypothèse du financement par augmentation de capital, quel est l’organe décision-
nel compétent ?
4) Qui pourra décider de l’adoption éventuelle de l’organisation à directoire de la SA ?
5) Si M. Vent est le président du directoire de la SA Plaisance, aura-t-il les mêmes pouvoirs
qu’avant ?
6) Quelles seront les obligations du directoire vis-à-vis du conseil de surveillance ?
7) M. Vic pourra-t-il collaborer avec M. Vent à la gestion de la SA Plaisance ?

104
SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 13
C H A PI T R E

CAS 35 BONZINI
Thème : pouvoirs des assemblées
L’entreprise Bonzini évolue depuis 60 ans dans le secteur de l’industrie des loisirs : elle fabrique
près de 5 000 baby-foot par an pour les particuliers, collectivités et lieux publics (cafés, hôtels)
dans ses 4 400 m2 de son site de Bagnolet (Seine-saint-Denis). Elle exporte 30 % de sa production
à destination de 60 pays sur les divers continents.
L’entreprise est fière de produire 100 % « made in France » ; elle donne la priorité à la qualité et au
respect de l’environnement.
Elle a réalisé au cours de l’exercice écoulé un chiffre d’affaires de 4 511 500 _ et un résultat de
66 635 _.
Son effectif est de 37 salariés. Son exercice correspond à l’année civile.
Son PDG, Gil Bonzini prépare la prochaine assemblée générale annuelle.

 Questions
1) Quels sont les points qui doivent être obligatoirement abordés par l’assemblée générale
annuelle ? Quelle est la date au plus tard à laquelle elle doit être réunie ? Quel est le délai
légal de convocation des actionnaires pour cette assemblée ?
2) M. Bonzini veut également évoquer les sujets suivants :
– l’augmentation des jetons de présence des administrateurs
– le renouvellement du mandat de M. Heid, commissaire aux comptes
– la transformation de la SA en SAS
Ces questions doivent-elles figurer à l’ordre du jour ? Relèvent-elles de la même assem-
blée ?
3) Au cours de sa mission, M. Heid fait remarquer à Gil Bonzini qu’il doit porter à l’ordre du jour
l’augmentation de la rémunération du salaire d’un administrateur chargé de la direction
commerciale qui a été décidée par le conseil d’administration.
Qu’en pensez-vous ? Quel sera le rôle de M. Heid au cours de cette assemblée ?
4) M. Bonzini doit-il publier le procès-verbal de l’assemblée générale ?

105
14
CHAPITRE
SA : responsabilité

civile des mandataires
sociaux
1. Les cas de responsabilité civile des mandataires sociaux
2. Mise en œuvre de la responsabilité civile des manda-
taires sociaux

Rappel de cours

Les mandataires sociaux sont liés à la société par un contrat assimilé au contrat de mandat ;
ils doivent veiller au bon fonctionnement de la société, doivent assumer leur mission avec
vigilance et diligence. La mission de gérer ou de surveiller la gestion implique celle de bien
gérer ou de bien surveiller. Toute défaillance peut engager leur responsabilité.
Le législateur a mis en place un dispositif relatif à la mise en œuvre de leur responsabilité.

1. Les cas de responsabilité civile des mandataires


sociaux
Selon que les mandataires sociaux sont des organes de direction (administrateurs, direc-
teur général, directeurs généraux délégués, membres du directoire) ou des organes de
surveillance (membres du conseil de surveillance), leur responsabilité est différente.
Remarque : Le commissaire aux comptes est un mandataire social, mais son rôle de
contrôleur indépendant fait que sa responsabilité est différente (se reporter au chapitre 2
§ 3 et au cas Ber du chapitre 16).

a) La responsabilité civile des organes de direction


Exemples : inobservation des règles de fonctionnement du conseil d’administra-
Infraction aux lois
tion, de tenue des assemblées, des modifications statutaires, irrégularité dans
et règlements
la tenue des comptes sociaux.
Violation des Exemple : violation d’une clause des statuts limitant les pouvoirs des dirigeants.
statuts
Les dirigeants sont responsables de tous leurs actes contraires à l’intérêt social,
de leurs fautes même non intentionnelles (fautes d’imprudence, de négligence),
qu’elles soient légères ou graves. L’inaction d’un dirigeant, loin de constituer
une cause d’exonération, est considérée comme une faute par les tribunaux.
La faute doit être génératrice d’un préjudice et il doit exister une relation entre
Faute de gestion
la faute et le préjudice. Toutefois la jurisprudence ne retient la responsabilité
personnelle du dirigeant que s’il a commis une faute séparable de l’exercice
de ses fonctions de gestion qui lui est imputable personnellement (exemple :
recherche de son intérêt personnel, vengeance, animosité envers la victime) ou
d’une gravité exceptionnelle (exemple : organiser une concurrence déloyale).

106
SA : responsabilité civile des mandataires sociaux 14
C H A PI T R E


Les dirigeants peuvent être condamnés à supporter tout ou partie des dettes
Existence sociales lorsque la liquidation judiciaire de la société fait apparaître une
d’un passif social insuffisance d’actif et que les dirigeants ont commis une faute de gestion ou
certains faits (action en comblement de passif).

La responsabilité des dirigeants d’une SA peut être individuelle ou solidaire :


–– individuelle lorsque la faute est imputable à un dirigeant déterminé et à lui seul
(exemple : faute commise par le PCA ou le directeur général) ;
–– solidaire lorsque la faute est commune ou collective (exemple : faute du conseil
d’administration). Un administrateur pourra cependant dégager sa responsabilité en
établissant qu’il a désapprouvé la décision, son opposition étant consignée dans le
procès-verbal du conseil d’administration.

b) La responsabilité civile des organes de surveillance


Les membres du conseil de surveillance sont responsables, à l’égard de la société ou
des tiers, des fautes personnelles qu’ils ont commises dans l’exécution de leur mandat
(exemple : négligence dans la mission de contrôle, légèreté lors du vote des autorisations
sollicitées par le conseil de surveillance).
Ils peuvent être déclarés civilement responsables des délits commis par les membres du
directoire si, en ayant eu connaissance, ils ne les ont pas révélés à l’assemblée générale.
Ils n’encourent aucune responsabilité en raison des actes de gestion puisqu’ils ne doivent
pas gérer (sauf s’ils se sont immiscés dans la gestion).
Les membres du conseil de surveillance ne sont pas soumis à la contribution au passif
social, ne peuvent pas être déclarés en faillite personnelle puisqu’ils ne sont pas dirigeants
(sauf s’il est prouvé qu’ils ont été dirigeants de fait).
Leur responsabilité n’est pas solidaire en cas de faute collective (à la différence des admi-
nistrateurs).
Remarque : Les dirigeants, sous certaines conditions, peuvent aussi engager :
– leur responsabilité fiscale : les dirigeants, de droit ou de fait qui, par des manœuvres fraudu-
leuses ou par l’inobservation grave et répétée des obligations fiscales, ont rendu impossible le
recouvrement d’impositions quelconques et des pénalités dues par leur société, peuvent être
condamnés personnellement au paiement de ces impositions et pénalités ;
– leur responsabilité pénale : les mandataires sociaux sont pénalement responsables s’ils sont
coupables d’infractions pénales prévues par la loi ; exemples : abus de biens sociaux, abus
de pouvoirs ou de voix, distribution de dividendes fictifs, présentation de comptes sociaux
infidèles, défaut d’établissement des comptes.
Par ailleurs, ils peuvent être pénalement responsables s’ils sont auteurs ou complices des
infractions pénales commises par la société (voir chapitre 24).

2. Mise en œuvre de la responsabilité civile


des mandataires sociaux
Une action en justice doit être engagée. Elle peut être individuelle ou sociale.

107
14 SA : responsabilité civile des mandataires sociaux
C H A PI T R E

∑∑ Action individuelle et action sociale :


L’action individuelle
Elle vise à protéger les intérêts d’une personne (associé ou tiers) qui a subi un préjudice (1).
L’action sociale
Elle vise à réparer le préjudice subi par la société (2). Elle peut être intentée :
• par les représen- • par les associés. • par une association
tants légaux de la Dans ce cas deux types d’actions peuvent être d’actionnaires de la
société (ex. : le nou- engagées : société.(4)
veau directeur général
l’action sociale ut sin- l’action sociale
contre l’ancien).
guli : par un associé engagée par un ou
agissant individuelle- plusieurs actionnaires
ment, quelle que soit représentant au
la fraction de capital moins 5 % du capital
qu’il détient. dans la SA(3).
(1) Les dommages-intérêts éventuellement octroyés seront versés à la victime du préjudice.
(2) Les dommages-intérêts éventuels seront versés à la société.
(3) Pourcentage réduit si le capital de la société est supérieur à 750 000 e.
(4) Qui peut exister dans les sociétés cotées, se reporter au chapitre 16.
∑∑ Prescription de l’action en responsabilité : trois ans à compter du fait dommageable
ou de sa révélation s’il a été dissimulé. Quand le fait fautif est qualifié crime, la prescrip-
tion est de dix ans.
La mise en œuvre de la responsabilité des membres du conseil de surveillance obéit aux
mêmes règles que celles des administrateurs.

Tests de connaissances
Thème : cas de responsabilité civile des mandataires sociaux

1  À partir des situations suivantes, vous devrez déterminer le cas de responsabilité civile du
dirigeant :
❏❏ A le PDG d’une société anonyme n’a pas sollicité l’autorisation du conseil d’administra-
tion sur une convention réglementée ;
❏❏ B son compte courant d’associé est débiteur ;
❏❏ C il a conclu un contrat avec un fournisseur pour le compte de la société dépassant le
montant qui était autorisé par une clause statutaire ;
❏❏ D il a souscrit un prêt auprès de sa banque à des conditions trop onéreuses pour la
société, compte tenu de sa situation financière difficile ;
❏❏ E il n’a pas souscrit de contrat d’assurance pour le compte de la société ;
❏❏ F il a effectué un voyage d’agrément aux Seychelles avec sa femme qui a été payé par la
société.

108
SA : responsabilité civile des mandataires sociaux 14
C H A PI T R E

2  Le conseil d’administration d’une SA, composé de trois administrateurs, a «  oublié  » de


convoquer l’assemblée générale annuelle obligatoire car la gestion a été tellement mau-
vaise qu’il préfère ne pas être confronté aux actionnaires. M. Fuite, administrateur, n’a
jamais assisté aux séances du conseil d’administration. Vous devrez déterminer :
❏❏ A le cas de responsabilité applicable ;
❏❏ B les personnes responsables ;
❏❏ C la qualification de leur responsabilité ;
❏❏ D si l’absence de M. Fuite peut l’exonérer de sa responsabilité.

3  Le conseil de surveillance d’une SA à directoire a constaté diverses irrégularités dans la


gestion du directoire. Ses membres sont-ils responsables dans chacune des situations sui-
vantes :
❏❏ A ces irrégularités ont été signalées dans leur rapport à l’assemblée générale annuelle ;
❏❏ B ces irrégularités ne figurent pas dans leur rapport.

4  M. Fouine, membre du conseil de surveillance et ami du président du directoire de la société,


a toujours accompagné ce dernier lors de négociations importantes avec des clients ou
des fournisseurs de la société. Il a largement influencé la stratégie mise en œuvre par les
conseils qu’il lui a donnés. La société rencontrant de graves difficultés, il vous demande
si son statut de membre du conseil de surveillance le met à l’abri de toute responsabilité.

Thème : la mise en œuvre de la responsabilité des mandataires sociaux
5  Le directeur général d’une SA non cotée a été révoqué du fait de son incompétence :
❏❏ A quelles sont les personnes au sein de la société qui peuvent engager sa responsabilité
pour réparer le préjudice social ?
❏❏ B quel type d’action peut être engagé ?
6  Une association d’actionnaires vient de se constituer dans une société cotée. Son président
surveille la gestion de près ; peut-il engager la responsabilité des dirigeants si le besoin
s’en fait sentir ?
7  M. Mars, actionnaire à hauteur de 2 % dans le capital de la SA Plume au capital de
150 000 _, considère que le DG a mené une gestion ruineuse pour la société. M. Avril, un
autre actionnaire détenant 3 % du capital, est du même avis.
❏❏ A Séparément chacun d’eux peut-il engager l’action sociale ?
❏❏ B Peuvent-ils l’engager ensemble ?

Exercices d’application

CAS 36 FILOU
Thème : responsabilité civile et fiscale d’un PCA
Cinq ans après le départ du directeur général, les actionnaires viennent d’apprendre par le nou-
veau directeur général qu’à l’ouverture du coffre de la société (dont la clef avait été emportée par

109
14 SA : responsabilité civile des mandataires sociaux
C H A PI T R E

l’ancien directeur général), des documents prouvant des irrégularités commises par ce dernier ont
été retrouvés. D’autre part, l’administration fiscale réclame à la société des arriérés de TVA, compte
tenu du fait que l’ancien dirigeant avait « oublié » de la déclarer.

 Questions
1) Les actionnaires ont-ils la possibilité d’engager la responsabilité de l’ancien dirigeant ?
2) Qui peut être amené à verser les arriérés de TVA ?

CAS 37 RICARD
Thème : responsabilité des mandataires sociaux
Paul, fils d’un négociant en vins, vient de mettre au point une boisson anisée et alcoolisée qui porte
son nom. Il décide, après le succès remporté auprès de la clientèle locale, de fonder la société qui
portera son nom sous la forme d’une société anonyme dont il sera le directeur général.
Une usine fabrique son produit et pour satisfaire la demande, il décide de créer une autre unité de
production. Il embauche plusieurs salariés, dont M. Pasqua qui sera son directeur commercial. Il a
besoin de prêts bancaires, sa banque financera ses investissements.
Il veut promouvoir le sport automobile et décide de construire un circuit pour Formule 1. Dans un
contexte concurrentiel rude, il fusionne avec une autre entreprise du secteur : Pernod. Il en profite
pour adopter la structure à directoire et nommer son fils, président du directoire.

 Questions
1) Recenser les décisions prises. Étaient-elles de la seule compétence du directeur général ?
2) Quelle responsabilité encourt-il ? Quelle sanction frappe les décisions prises irrégulière-
ment ?
3) Le directeur général s’expose-t-il à des santions personnelles ?
4) Si sa société n’avait pas connu le succès mais de graves difficultés, son dirigeant aurait-il pu
en être déclaré responsable, pour quelle cause ?
5) Dans la nouvelle formule d’organisation de la SA, la responsabilité d’un membre du conseil
de surveillance est-elle identique à celle d’un membre du directoire ?

110
15
CHAPITRE
Sociétés par actions :

régime des
conventions
1. Les conventions réglementées
2. Les conventions courantes (dites libres)
3. Les conventions interdites

Rappel de cours

Les conventions sont des contrats conclus directement ou indirectement entre une société
par actions (SA, SCA ou SAS) et une personne prévue par la loi. En principe, elles doivent
être soumises au contrôle des associés pour éviter que les personnes intéressées ne tirent
un avantage de la société, pour prévenir les conflits d’intérêts.
Il existe trois types de conventions : les conventions réglementées (soumises à une procé-
dure d’autorisation), les conventions libres (librement conclues) et les conventions inter-
dites (ne doivent pas être conclues, seront frappées de nullité).

1. Les conventions réglementées


a) Champ d’application
SA avec CA SA avec directoire SCA SAS
Convention intervenue Convention intervenue Convention intervenue Convention intervenue
directement ou par directement ou par directement ou par directement ou par
personne interposée personne interposée personne interposée personne interposée
entre la société et : entre la société et : entre la société et : entre la société et :
• un de ses adminis- • un des membres du • un de ses gérants, • son président ,
trateurs, directoire, • un des membres du • un de ses dirigeants,
• son directeur géné- • un des membres du conseil de surveillance, • un de ses action-
ral, conseil de surveillance, • un de ses action- naires disposant d’une
• un de ses directeurs • un de ses action- naires disposant d’une fraction des droits
généraux délégués, naires disposant d’une fraction des droits de vote supérieure à
• un de ses action- fraction des droits de vote supérieure à 10 %,
naires disposant d’une de vote supérieure à 10 %, • une société action-
fraction des droits 10 %, • une société action- naire (1) qu’elle
de vote supérieure à • une société action- naire (1) qu’elle contrôle au sens de
10 %, naire(1) qu’elle contrôle contrôle au sens de l’art. 233-3 C. com.
• une société action- au sens de l’art. 233-3 l’art. 233-3 C. com.,
naire(1) qu’elle contrôle C. com.,
au sens de l’art. 233-3
C. dom.,

111
15 Sociétés par actions : régime des conventions
C H A PI T R E


SA avec CA SA avec directoire SCA SAS
• les personnes ci- • les personnes ci- • les personnes ci-
dessus indirectement dessus indirectement dessus indirectement
intéressées, intéressées, intéressées,
• une entreprise(2a). • une entreprise(2b). • une entreprise(3).
(1). La société actionnaire doit détenir plus de 10 % des droits de vote.
(2)a. Si l’un des administrateurs, le directeur général, l’un des directeurs généraux délégués de la société est
propriétaire, associé indéfiniment responsable, gérant, administrateur, membre du conseil de surveillance, ou,
de façon générale, dirigeant de cette entreprise (par dirigeant la loi vise les directeurs généraux délégués ; les
membres du directoire ; le président et les autres dirigeants s’il s’agit d’une SAS).
b. Si l’un des membres du directoire ou du conseil de surveillance de la société est propriétaire, associé indéfini-
ment responsable, gérant, administrateur, membre du conseil de surveillance, ou, de façon générale, dirigeant de
cette entreprise.
(3). Si l’un des gérants ou l’un des membres du conseil de surveillance de la société est propriétaire, associé
indéfiniment responsable, gérant, administrateur, directeur général, membre du directoire ou membre du conseil
de surveillance de l’entreprise.

∑∑ La rémunération des dirigeants : c’est toujours une convention réglementée dans les SA
cotées. Dans les SA non cotées, la rémunération est soumise à la procédure des conven-
tions réglementées de façon variable.
Société
SA avec conseil Société en actions
SA avec directoire en commandite
d’administration simplifiée
par actions
Président du CA, Président du directoire Gérants : leur rémuné- Président et autres
directeur général et et membres du direc- ration est fixée par les dirigeants prévus par
directeur général délé- toire : le conseil de statuts (1). les statuts : la rémuné-
gué : le conseil d’admi- surveillance détermine ration est une conven-
nistration détermine le mode et le montant tion soumise au vote
la rémunération du de la rémunération des associés.
président, du directeur de chaque membre du
général et des direc- directoire.
teurs délégués.
Rémunération non Rémunération non Rémunération non Convention
soumise au régime soumise au régime soumise au régime réglementée
des conventions des conventions des conventions
Président du CS
et vice-président du
CS : le conseil de sur-
veillance détermine
la rémunération du
président et du vice-
président.
Rémunération non
soumise au régime
des conventions
Administrateurs : Membres du CS : Membres du CS :
rémunérations excep- rémunérations excep- les statuts fixent
tionnelles pour man- tionnelles pour man- les conditions de rému-
dats spéciaux fixées dats spéciaux fixées nération des membres
par le CA. par le CS. du conseil de surveil-
lance 2.

112
Sociétés par actions : régime des conventions 15
C H A PI T R E


Société
SA avec conseil Société en actions
SA avec directoire en commandite
d’administration simplifiée
par actions
Convention Convention Rémunération non
réglementée réglementée soumise au régime des
conventions
(1). Toute autre rémunération doit être allouée par l’assemblée générale ordinaire ; elle ne peut l’être qu’avec
l’accord unanime des commandités.
(2). En pratique : somme globale allouée par AGO.

Les conventions doivent être communiquées par l’intéressé au président (du CA ou du CS)
et au commissaire aux comptes. Tout actionnaire a le droit d’en obtenir communication.

b) Procédure à suivre
SA avec CA SA avec directoire SCA SAS
1. Information du 1. Information du 1. Information du CS 1. Pas d’information
CA sur la convention CS sur la convention sur la convention préalable sur la
projetée. projetée. projetée. convention projetée.
2. Autorisation préa- 2. Autorisation préa- 2. Autorisation préa- 2. Pas d’autorisation
lable du CA (l’admi- lable du CS lable du CS préalable.
nistrateur intéressé ne (le membre du CS inté- (le membre du CS inté-
vote pas). ressé ne vote pas). ressé ne vote pas).
3. Avis au commissaire aux comptes par le PCA, le PCS, selon la société. Le CAC n’est plus
obligatoire dans la SAS
sauf en cas de dépas-
sement de seuils
4. Rapport spécial du commissaire aux comptes sur les conventions Rapport spécial du
réglementées. CAC s’il existe
5. Approbation par AGO de la convention (l’intéressé ne vote pas).

c) Conséquences du vote des associés


∑∑ Les conventions non autorisées préalablement par le conseil d’administration ou le
conseil de surveillance peuvent être annulées si elles ont eu des conséquences domma-
geables pour la société et l’intéressé peut être poursuivi en responsabilité.
∑∑ L’action en nullité se prescrit par trois ans, à compter de la date de la convention (ou du
jour de sa révélation si elle a été dissimulée).
∑∑ La nullité peut être couverte par un vote de l’assemblée générale intervenant sur rapport
spécial des commissaires aux comptes exposant les circonstances en raison desquelles la
procédure d’autorisation n’a pas été suivie.
∑∑ Les conventions approuvées par l’assemblée, comme celles qu’elle désapprouve, pro-
duisent leurs effets à l’égard des tiers, sauf lorsqu’elles sont annulées dans le cas de fraude.
∑∑ Même en l’absence de fraude, les conséquences préjudiciables à la société des conven-
tions désapprouvées peuvent être mises à la charge de l’administrateur, du directeur
général, du membre du directoire, ou du membre du conseil de surveillance intéressé et,
éventuellement, des autres membres du conseil d’administration ou des autres membres
du conseil de surveillance.

113
15 Sociétés par actions : régime des conventions
C H A PI T R E

Rappel : Le contrat de travail conclu entre la société et l’un de ses dirigeants, quand il rem-
plit les conditions de validité, est toujours une convention réglementée (voir chapitre 11).

2. Les conventions courantes (dites libres)


Il s’agit de contrats passés entre les sociétés par actions et les personnes visées par les
conventions réglementées qui portent sur des opérations courantes (effectuées de manière
habituelle par la société) et conclues à des conditions normales (habituellement prati-
quées par la société : remise, délai de paiement…). Elles sont libres de toute autorisation
et formalisme.
La loi du 15.05.2011 a supprimé l’obligation de communiquer les conventions courantes
aux organes (président, conseil d’administration ou de surveillance) et au commissaire
aux comptes.

3. Les conventions interdites


a) Opérations concernées
∑∑ Emprunts auprès de la société.
∑∑ Découvert en compte courant ou autrement.
∑∑ Caution(s), aval(s) donnés par la société pour les engagements personnels des per-
sonnes visées envers les tiers.
L’interdiction ne s’applique pas si la société exploite un établissement financier aux opé-
rations courantes conclues à des conditions normales.

b) Personnes visées
SA avec CA SA avec directoire SCA SAS
• Président du CA • Membre du direc- • Gérant, personne • Président
• Directeur général toire physique • Autres dirigeants,
• Directeur général • Membre du CS, • Membres du CS, personnes physiques
délégué personne physique personne physique • Représentant per-
• Administrateur, • Représentant perma- • Représentant perma- manent de personnes
personne physique nent de la personne nent de la personne morales dirigeantes
• Représentant perma- morale membre du CS morale membre du CS • Conjoint,
nent de la personne • Conjoint, • Conjoint, ascendants,
morale administrateur ascendants, ascendants, descendants des per-
• Conjoint, descendants des per- descendants des per- sonnes ci-dessus
ascendants, sonnes ci-dessus sonnes ci-dessus • Toute personne
descendants des per- • Toute personne • Toute personne interposée
sonnes ci-dessus interposée interposée • Dirigeant de fait
• Toute personne • Dirigeant de fait • Dirigeant de fait
interposée
• Dirigeant de fait

114
Sociétés par actions : régime des conventions 15
C H A PI T R E

c) Sanctions
∑∑ Nullité absolue du contrat.
∑∑ Cette nullité peut être invoquée par les actionnaires, les tiers et les créanciers sociaux
lésés ayant un intérêt légitime, et peut être soulevée d’office par le tribunal.
∑∑ La société peut opposer la nullité de la convention aux tiers sauf si ces derniers sont de
bonne foi.
∑∑ L’action en nullité se prescrit par cinq ans.
∑∑ S’il s’agit d’un prêt, le bénéficiaire devra restituer à la société les sommes empruntées.
Si la convention interdite constitue un abus de biens sociaux, des sanctions pénales seront
applicables (voir chapitre 24).

Tests de connaissances
Thème : qualification des conventions

1  Définir la convention libre. Fait-elle l’objet d’une procédure particulière ?

2  Mettre une croix dans la colonne correspondante du tableau ci-dessous :

Opérations de sociétés non cotées Non soumise au régime Convention


des conventions réglementée
Fixation de la rémunération du président du
conseil d’administration
Fixation de la rémunération du gérant d’une
SCA
Fixation de la rémunération du président
d’une SAS
Fixation de la rémunération des membres du
directoire

3  Dans chacune des opérations suivantes effectuées par une société par actions, vous devrez
dire si la convention est interdite aprés avoir rappelé la nature d’une convention interdite :
❏❏ A un prêt de la société à son président du conseil d’administration ;
❏❏ B un découvert consenti par la société à un membre du directoire de la société ;
❏❏ C une caution donnée par une SCA au profit de son gérant ;
❏❏ D un prêt de la SAS à son président ;
❏❏ E un prêt d’une banque à son président au taux préférentiel habituellement pratiqué à
ses salariés ;
❏❏ F une caution donnée par une SA au profit du fils d’un administrateur ;
❏❏ G un prêt octroyé à la concubine d’un membre du directoire.

115
15 Sociétés par actions : régime des conventions
C H A PI T R E

4  La mère d’un membre du conseil de surveillance d’une société anonyme vient d’obtenir la
caution de celle-ci en garantie d’un prêt qu’elle a sollicité auprès de sa banque pour acheter
un terrain. Qualifier cette convention. Quelles en seront les conséquences ?

Thème : champ d’application et procédure des conventions réglementées


5  Un membre du conseil de surveillance d’une SA sollicite un contrat de travail auprès de sa
société. Qualifier la convention.
6  Une SA loue un local à une SCA. Vous découvrez que le directeur général de la SA est éga-
lement membre du conseil de surveillance de la SCA. Qualifier la convention. Doit-on suivre
une procédure particulière dans chacune des sociétés ?
7  Une SA à directoire vend une partie de sa production à une SAS à des conditions préféren-
tielles car un des membres de son directoire est président de cette dernière. Qualifier ce
contrat de vente.
8  Le gérant actionnaire commandité d’une SCA veut louer un terrain appartenant à sa société
pour ses besoins personnels. Il envisage de payer un loyer nettement plus faible que celui
pratiqué sur le marché. Doit-il suivre une procédure particulière ? Le gérant pourra-t-il exer-
cer son droit de vote ?
9  Quel est le rôle d’un commissaire aux comptes dans la procédure des conventions régle-
mentées ?
10  Quelle est la majorité requise pour l’approbation des conventions réglementées par les
actionnaires dans les sociétés par actions ?
11  Qu’adviendra-t-il d’une convention réglementée non autorisée préalablement par le conseil
d’administration d’une société ?
12  Une convention autorisée par le conseil de surveillance d’une SCA n’a pas été ratifiée par
l’assemblée des actionnaires. Quel sera le sort de cette convention ?
13  Une convention autorisée régulièrement par le conseil d’administration d’une SA a été éga-
lement approuvée par l’assemblée des actionnaires. Un actionnaire minoritaire conteste la
validité de la délibération sous prétexte que l’administrateur actionnaire concerné par la
convention a participé au vote de ratification. La contestation de l’actionnaire minoritaire
est-elle fondée ?

Exercices d’application

CAS 38 LAURENT
Thème : qualification de conventions, procédure des conventions réglementées
La SA Laurent est spécialisée dans le rechapage des pneus automobiles et poids lourds. Elle n’est
pas cotée.

116
Sociétés par actions : régime des conventions 15
C H A PI T R E

Le PCA, M. Bon, vient d’apprendre par un de ses administrateurs, M. Cap qui est également membre
du conseil de surveillance de la SCA Michelin, que cette dernière vient de déposer un brevet enre-
gistré auprès de l’Institut de la propriété industrielle. Il voudrait acquérir ce brevet car il permettrait
d’accroître la résistance de ses pneus rechapés et de faire face à la concurrence.
M. Bon vient d’acheter 4 pneus auprés de sa société pour changer ceux de son véhicule personnel
avec une remise de 20 %.
Le conseil d’administration de la SA Laurent vient de nommer un directeur général qui percevra
une rémunération fixe et des stock options. Il sera également directeur financier de la SA Laurent.
La SA Laurent est prête à se porter caution au profit de la BNP pour un de ses administrateurs qui
a obtenu un prêt pour financer l’achat de sa résidence secondaire.
Il vous est précisé que les deux sociétés ne font pas partie d’un même groupe.

 Questions
1) Vous devrez déterminer si la cession du brevet entre dans la catégorie des conventions
réglementées en vous justifiant. Cette qualification concerne-t-elle les deux sociétés contrac-
tantes ?
2) Qualifier la vente de pneus de la SA Laurent à M. Bon.
3) La rémunération du directeur général fera-t-elle l’objet d’une procédure particulière ?
4) Qualifier le contrat de travail du directeur général en convention libre, réglementée ou
interdite en vous justifiant.
5) M. Bon peut-il donner la caution de la SA Laurent à la BNP ?

CAS 39 ABC
Thème : procédure des conventions réglementées
et conséquences de son non-respect
La société anonyme ABC est spécialisée dans la fabrication de jambons cuits et crus et de salaisons
diverses. Elle s’approvisionne actuellement en viande de porc et produits alimentaires auprès de
divers fournisseurs sur le marché d’intérêt national le plus proche. Son directeur général, M. San-
glier, est à l’origine de la création d’une société anonyme, la SA Truie, dans laquelle il n’apparaît
pas. Ses actionnaires en sont sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs. Le directeur général de la
SA Truie est le plus jeune frère de M. Sanglier qui dirige en réalité sur les ordres de ce dernier. Cette
société est spécialisée dans l’approvisionnement en viande pour charcuterie.
Trois mois après sa création, un contrat d’approvisionnement a été passé entre la SA ABC et la SA
Truie. Cette dernière devenant le fournisseur exclusif de la SA ABC.
Quatre ans plus tard, le mandat de M. Sanglier venant à expiration, il n’a pas été renouvelé. Le nou-
veau directeur général de la société ABC, M. Marcassin, estime que les prix pratiqués par la SA Truie
sont excessifs. Il vient de rompre le contrat d’approvisionnement exclusif et s’approvisionne auprès
d’autres fournisseurs. La SA Truie l’assigne en justice pour non-exécution du contrat. M. Marcassin
plaide la nullité du contrat d’approvisionnement exclusif.

 Questions
1) Vous devrez indiquer sur quelle base juridique M. Marcassin se fonde pour prétendre que le
contrat d’approvisionnement exclusif est nul.

117
15 Sociétés par actions : régime des conventions
C H A PI T R E

2) Qu’aurait-il dû se passer lors de la passation du contrat pour éviter son annulation ulté-
rieure :
– au niveau du conseil d’administration ?
– lors de l’assemblée des actionnaires ?
3) Peut-on engager la responsabilité personnelle de M. Sanglier ?
4) Existe-t-il un délai de prescription pour faire annuler ce contrat ? Quel est le point de départ
de la prescription ?
5) Peut-on éviter la nullité du contrat ?

118
16
CHAPITRE
Sociétés par actions :

droits des actionnaires,
contrôle par le CAC
1. Droits concernant tout actionnaire
2. Droits des actionnaires sous réserve de la détention
de 5 % du capital
3. C
 ontrôle des sociétés par actions par le commissaire
aux comptes

Rappel de cours
Tout actionnaire a certains droits : d’information, de participation aux assemblées, de
vote, de poser des questions aux dirigeants.
Parfois, il lui faudra détenir un pourcentage de capital pour exercer certains droits : ins-
cription de projets de résolution à l’ordre du jour, droit à l’expertise de gestion, engager la
responsabilité des dirigeants sociaux.
Le contrôle des sociétés par actions est confié par la loi au commissaire aux comptes qui a
une mission légale. Depuis la loi du 4.8.2008, la SAS n’est tenue de désigner un CAC qu’en
cas de dépassement de seuils (voir chapitre 2 § 3).

1. Droits concernant tout actionnaire


a) Droit à l’information
Il s’exerce par :
∑∑ Un droit de communication permanent, à tout époque de l’année :
Tout actionnaire peut obtenir communication des documents sociaux suivants concernant
les trois derniers exercices :
• les comptes annuels (bilans, comptes de résultat et annexes) ;
• éventuellement, les comptes consolidés ;
• les rapports du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance, des commis-
saires aux comptes ;
• le texte et l’exposé des motifs des résolutions proposées ;
• les procès-verbaux des assemblées tenues au cours des trois derniers exercices ;
• les feuilles de présence à ces assemblées ;
• la liste des administrateurs ou des membres du directoire et du conseil de surveillance ;
• les renseignements concernant les candidats au conseil d’administration ou au conseil de surveil-
lance ;
• le montant global, certifié exact par les commissaires aux comptes, des rémunérations versées aux
dix ou cinq personnes les mieux rémunérées selon que l’effectif du personnel excède ou non deux
cents salariés ;
• éventuellement, les bilans sociaux ;
• le montant global, certifié par les commissaires aux comptes, des sommes ouvrant droit aux déduc-
tions fiscales ainsi que la liste des actions de parrainage et de mécénat réalisées par la société.

119
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC
C H A PI T R E

∑∑ Un droit de communication préalable à une assemblée :


Avant l’AGO annuelle
Tout actionnaire doit obtenir communication des documents suivants :
• ordre du jour, texte des projets de résolution présentés par le conseil d’administration ou le direc-
toire et ceux présentés par les actionnaires,
• exposé sommaire de la situation de la société au cours de l’exercice écoulé,
• comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexe) de l’exercice écoulé,
• comptes consolidés éventuels,
• tableau des affectations du résultat précisant l’origine des sommes dont la distribution est propo-
sée,
• tableau des résultats des cinq derniers exercices,
• rapport de gestion du conseil d’administration ou du directoire et les observations du conseil de
surveillance,
• rapport général et rapport spécial des commissaires aux comptes,
• liste (nom, prénom) des administrateurs et directeurs généraux ou des membres du conseil de
surveillance et du directoire,
• renseignements sur les candidats à ces postes,
• bilan social si la société occupe au moins trois cents salariés.
Avant AGO
Tout actionnaire peut obtenir communication des documents suivants :
• ordre du jour,
• rapport du conseil d’administration ou du directoire,
• exposé sommaire de la situation,
• tableau des résultats de la société au cours des cinq derniers exercices,
• texte des résolutions présentés par le CA ou le directoire et éventuellement par les actionnaires,
• liste des administrateurs, directeurs généraux, membres du directoire ou du conseil de surveillance
et renseignements sur les candidats au CA ou au CS,
• rapport du commissaire chargé d’apprécier la valeur d’un bien appartenant à un actionnaire et
devant être acquis par la société.
Avant AGE
Tout actionnaire peut obtenir les documents ci-dessus auquel s’ajoutera le rapport des commissaires
aux comptes, le cas échéant.

b) Droit de participer aux assemblées


L’accès aux AGO et AGE ne peut pas être limité par les statuts. Toute clause contraire est
réputée non écrite. Le fait d’empêcher un actionnaire de participer à une assemblée est
sanctionné pénalement (voir chapitre 24).

c) Droit de poser des questions par écrit


À compter de la communication des documents préalables à une assemblée, tout action-
naire a la faculté de poser par écrit des questions auxquelles le conseil d’administration ou
le directoire sera tenu de répondre au cours de l’assemblée.

120
Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

d) Droit de vote
Principe fondamental : tout associé a le droit de participer aux décisions collectives.
Exceptions
Les actions à dividende prioritaire, les actions non libérées, les actions d’autocontrôle notamment,
privent leurs titulaires du droit de vote.
Pour certaines résolutions seulement, l’actionnaire peut être privé du droit de vote en raison de
l’intérêt personnel qu’il a de les voir adopter :
• les apporteurs en nature et les bénéficiaires d’avantages particuliers ne peuvent participer au vote
des résolutions les concernant ;
• en cas d’acquisition par la société, dans les deux ans de son immatriculation au RCS, d’un bien
appartenant à l’un de ses actionnaires dont la valeur est au moins égale à 1/10e du capital social,
l’actionnaire vendeur est privé du droit de vote sur l’évaluation du bien ;
• les conventions entre la société et certaines personnes : la personne intéressée actionnaire ne
peut pas participer au vote sur l’approbation de la convention réglementée.

e) Droit de susciter la désignation d’un commissaire aux comptes


Si l’assemblée omet d’élire un commissaire, tout actionnaire peut demander en justice la
désignation d’un commissaire aux comptes.

2. D
 roits des actionnaires sous réserve de la détention
de 5 % du capital
Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital ou une
Inscription à l’ordre association d’actionnaires ont la faculté de requérir l’inscription à l’ordre
du jour de projets du jour de projets de résolution. Ce pourcentage est réduit quand le capital
de résolution social excède 750 000 _. Le projet de résolution doit être envoyé 25 jours
au moins avant la date de l’assemblée.
Engager l’action Les actionnaires, ou en se groupant s’ils représentent au moins 5 % du
en responsabilité capital, peuvent intenter l’action sociale contre les dirigeants sociaux. Ce
contre les dirigeants pourcentage est réduit quand le capital social excède 750 000 _.
sociaux
Depuis la loi du 8 août 1994, des associations d’actionnaires peuvent être
légalement constituées dans les sociétés cotées par les actionnaires justi-
Créer fiant d’une inscription nominative depuis deux ans au moins et détenant
une association ensemble au moins 5 % des droits de vote (ou moins quand le capital de
d’actionnaires la société est supérieur à 750 000 _) afin de représenter leurs intérêts au
sein de la société. Elles détiennent tous les droits des actionnaires minori-
taires énoncés dans ce tableau.
À défaut de convocation par le conseil d’administration ou le directoire à
Convocation
la demande d’un ou plusieurs actionnaires réunissant au moins 5 % du
d’assemblée
capital, ils vont pouvoir obtenir la convocation de l’assemblée générale par
générale
un mandataire désigné en justice.

121
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC
C H A PI T R E


Poser par écrit au PCA (ou au directoire) des questions sur une ou plusieurs
opérations de gestion, la demande doit être formulée par un ou plusieurs
Expertise
actionnaires représentant au moins 5 % du capital. À défaut de réponse
de gestion
dans le mois, les actionnaires pourront demander en justice la désignation
d’un ou plusieurs experts sur une ou plusieurs opérations de gestion.
Poser des questions par écrit, deux fois par exercice, au président du
Droit d’alerte conseil d’administration ou au directoire sur tout fait de nature à compro-
mettre la continuité de l’exploitation par un ou plusieurs actionnaires.
Demander en justice la récusation pour juste motif d’un ou plusieurs com-
Récuser le CAC missaires aux comptes désignés par l’assemblée générale. Demande formu-
lée par un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital.
Demander en justice la révocation, en cas de faute ou d’empêchement, des
Révoquer le CAC commissaires aux comptes. Demande formulée par un ou plusieurs action-
naires représentant au moins 5 % du capital.

3. C
 ontrôle des sociétés par actions par le commissaire
aux comptes
(Se reporter au chapitre 2, § 3.)

Tests de connaissances
Thème : droits d’information et de vote des actionnaires

1  M. Plus, nouvel actionnaire d’une société anonyme, voudrait prendre connaissance :
❏❏ A des statuts de la société ;
❏❏ B du montant des rémunérations versées à chaque administrateur ;
❏❏ C des comptes annuels de l’exercice écoulé ;
❏❏ D d’un rapport de gestion d’il y a cinq ans.
Indiquez-lui s’il peut consulter ces documents et à quel moment.
2  Détenteur de huit actions d’une société anonyme, M. Bois se demande s’il pourra voter lors
de l’assemblée générale mixte (assemblée devant délibérer sur des résolutions ordinaires
et extraordinaires) qui doit avoir lieu prochainement ; il sait que les statuts exigent un
minimum de neuf actions pour participer aux assemblées.
3  M. Riz a reçu les documents sociaux en vue de la prochaine assemblée annuelle et il vou-
drait des explications sur une opération conduite par la direction. Pourra-t-il obtenir ces
éclaircissements lors de l’assemblée ?

122
Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

4  Un actionnaire peut-il voter s’il est placé dans chacune des situations suivantes :
❏❏ A il a conclu avec sa société un contrat de travail ;
❏❏ B il projette de vendre un bien à sa société qui a été immatriculée depuis un an seule-
ment.
5  Le mandat du commissaire aux comptes d’une société arrive à expiration. Le directoire a
l’intention de proposer son renouvellement lors de la prochaine assemblée. Si le projet de
résolution ne figure pas à l’ordre du jour, son mandat peut-il être reconduit ?

Thème : détention de capital et droits des actionnaires

6  Dans le tableau ci-dessous, vous devrez préciser le niveau de détention de capital requis
pour que l’actionnaire exerce ses droits.
Droits de l’actionnaire Niveau de détention de capital mini-
mum
1. Convocation des assemblées par un mandataire de
justice, à sa demande
2. Poser par écrit des questions sur tout fait de nature
à compromettre l’exploitation (droit d’alerte)
3. Expertise de gestion
4. Inscription de projets de résolution à l’ordre du
jour de l’assemblée
5. Engager la responsabilité des dirigeants sociaux
6. Récuser les commissaires aux comptes
7. Révoquer les commissaires aux comptes

7  Un actionnaire minoritaire, détenant 4 % du capital de sa société anonyme, voudrait obte-


nir la désignation d’un expert de gestion dans l’objectif de contester la fusion-absorption
d’une société déficitaire adoptée récemment par sa société en AGE. Indiquez-lui si son
projet a des chances d’aboutir.

Thème : le commissaire aux comptes

Compléter le tableau ci-dessous :


Vrai Faux Commentaires
8  Toute société par actions est dotée d’un CAC

9  Deux CAC si elle publie des comptes consolidés

10  Certains liens (familiaux, financiers...) avec une société


ne lui permettent pas d’accepter un mandat dans celle-ci
11  Le CAC est nommé par le CA ou le CS

12  Son mandat est de 6 ans, renouvelable

13  Le CAC est révocable par l’AGO en cours de mandat


pour faute ou empêchement

123
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC
C H A PI T R E

14  Mission principale :
– vérifier les documents comptables
– contrôler la conformité de la comptabilité avec les règles
en vigueur
– vérifier la concordance des comptes et la sincérité des
informations du rapport de gestion et des documents
adressés aux actionnaires
– certifier les comptes annuels – donner des conseils de
gestion
15  Le CAC a l’obligation de révéler les faits délictueux au
procureur de la République
16  Le CAC doit alerter le DG ou le PDD

17  Le CAC n’est pas tenu au secret professionnel

18  Le CAC opère des vérifications à des dates précises

19  Le CAC doit participer au CA ou au directoire

20  Le CAC doit être convoqué à toutes les AG

21  Le CAC peut convoquer une AG

22  Le CAC est responsable :


– de ses fautes et négligences
– des infractions commises par les dirigeants
23  La nomination facultative du CAC dans la SAS peut
être demandée en justice par les associés

Exercices d’application

CAS 40 BIG MAT


Thème : droits des actionnaires
Les établissements Esbard, exploités sous l’enseigne Big Mat, sont spécialisés dans la fourniture
de matériaux de construction. Créés en 1975 par M. Esbard sous la forme d’une société anonyme,
ils comportent plusieurs points de vente reliés par informatique au siège social situé à Lyon. Ils
proposent à leur clientèle un choix de matériaux de construction : quérons, sables, dalles, etc. Son
expansion est liée au développement des maisons individuelles au pourtour des grandes villes.
Son capital de 300 000 F est détenu par la famille. Il se répartit de la façon suivante :
– Jacques Esbard, PCA et directeur général : 11 000 actions ;
– Colette Esbard, sa femme : 5 000 actions ;
– Patrick Esbard, le fils : 1 000 actions ;
– Céline Esbard, la fille : 1 000 actions ;

124
Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

– Romain Esbard, le petit-fils : 500 actions ;


– Jules Esbard, le frère : 750 actions ;
– Augustine Esbard, la sœur : 750 actions.
L’entente familiale, parfaite au début, se dégrade actuellement. Trois clans apparaissent : celui
des époux Esbard, celui des descendants et celui des collatéraux (frère et sœur). D’ailleurs, pour
la prochaine assemblée générale annuelle de la société, les deux clans opposés aux époux Esbard
ont convenu de voter contre l’affectation du résultat envisagée qui vise à mettre les bénéfices en
réserve.
L’ordre du jour de cette prochaine assemblée est le suivant :
– approbation des comptes de l’exercice écoulé ;
– affectation du résultat ;
– approbation de la convention conclue entre la SA et Colette Esbard, administrateur, augmentant
son salaire de directeur administratif ;
– renouvellement du mandat d’administrateur de Patrick Esbard.

 Questions
1) Face à l’hostilité de son frère et de sa sœur, Jacques Esbard prétend qu’il peut leur interdire
l’accès de l’assemblée. Qu’en pensez-vous ?
2) Quelle devra être l’attitude de l’épouse de Jacques lors du vote de la troisième résolution ?
3) L’accord conclu concernant la deuxième résolution entre les descendants et les collatéraux
est-il valable ?
4) Selon vous, l’affectation du résultat proposé sera-t-elle adoptée ? Les opposants ont-ils un
recours éventuel ?

CAS 41 GEM
Thème : droits des actionnaires minoritaires
La société GEM est une société anonyme cotée. Elle fabrique des cartes à puces, marché porteur
qui lui a permis d’accéder au rang international. Son directeur général, M. Las, vient de conclure
un accord avec un partenaire japonais pour permettre à l’entreprise de se développer en Asie du
Sud-Est.
La société a plusieurs établissements dans le sud de la France et son siège social se situe à Paris-
La Défense. Pour financer ses investissements, elle a fait appel au marché financier si bien que
son actionnariat comporte des investisseurs institutionnels (banques, compagnies d’assurances),
qui détiennent 25 % de son capital, les fondateurs de l’entreprise ont 51 % du capital ; diverses
sociétés partenaires détiennent 10 %, le reste est placé dans le public. Son capital est actuellement
de 15 millions d’euros.
M. Gento a acheté, à l’occasion d’une augmentation de capital, des actions de la société GEM et
il détient 4 % des titres de la société. Actuellement à la retraite, il suit de près l’évolution de cette
société.
Soucieux de préserver son patrimoine, M. Gento vous pose diverses questions.

 Questions
1) Peut-il convoquer la prochaine assemblée générale annuelle de la société ?

125
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC
C H A PI T R E

2) Il voudrait, lors de la prochaine assemblée, voir élire un autre administrateur que celui pro-
posé par le conseil d’administration. Est-ce possible ?
3) Le partenariat japonais qui vient d’être conclu lui semble périlleux. Peut-il obtenir la désigna-
tion d’un expert sur l’accord conclu ?
4) Au cas où la société rencontrerait de graves difficultés, la loi lui donne-t-elle le moyen d’anti-
ciper le danger ?
5) M. Gento, adhérent de l’ADAM (Association des actionnaires minoritaires), a appris que l’on
peut créer une association au sein de la société GEM. Vous devez lui préciser les conditions
de cette création et les droits conférés à cette structure.

ANNEXE
Lorsque le capital de la société est supérieur à 750 000 _, le montant du capital à représenter (5
%) est réduit ainsi qu’il suit :
Pour l’exercice des droits des actionnaires minoritaires (art. R22-71 C. com):
Tranches de capital Taux applicable
Sur les 750 000 premiers € : 4%
Tranche comprise entre 750 000 € et 7,5 millions d’€ 2,50 %
Tranche comprise entre 7,5 et 15 millions d’€ 1%
Au-delà de 15 millions d’€ 0,50 %

Pour la création d’une association d’actionnaires (L225-120 C. com):


Tranches de capital Taux applicable
Tranche comprise entre 750 000 et 4,5 millions d’euros : 4%
Tranche comprise entre 4,5 et 7,5 millions d’euros : 3%
Tranche comprise entre 7,5 et 15 millions d’euros : 2%
Au-delà de 15 millions d’euros : 1%

Analyse de documents

CAS 42 BER
Thème : le contrôle par le CAC
Résumé de l’arrêt de la Cour d’appel de Paris du 05.06.2007
Le comptable salarié d’une SA ayant pour activité la gestion et l’administration d’immeubles avait
commis pendant plusieurs années des détournements de fonds d’un montant total de 506 500 _.
Certains des comptes des exercices correspondants avaient été certifiés par le commissaire aux
comptes. Une société a ensuite absorbé la SA et engagé une action en responsabilité à l’encontre
du CAC.

126
Sociétés par actions : droits des actionnaires, contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

La cour d’appel de Paris a jugé que les agissements frauduleux du comptable auraient pu être mis
en évidence si les fautes suivantes n’avaient pas été commises :
–– le CAC n’a pas procédé aux contrôles que nécessitait l’activité spécifique d’administrateur de
biens mais s’est limité à un contrôle purement arithmétique ;
–– le CAC a manqué à son obligation d’apprécier la qualité du contrôle interne à l’entreprise et
de s’assurer que les procédures mises en place au sein de celle-ci étaient de nature à garantir
l’enregistrement correct des opérations et la sécurité des fonds détenus pour le compte des
clients.
La cour d’appel de Paris a toutefois retenu un partage de responsabilité entre le commissaire
aux comptes et la SA qui avait elle-même commis des fautes ayant facilité les détournements du
comptable dans la proportion de 60 % pour le CAC (soit 238 000 _) et 40 % pour la SA (soit
158 000 _).

 Questions
1) Quelle est la base légale de l’action engagée contre le commissaire aux comptes ?
2) Décrire la chronologie des faits.
3) Quelle est la solution de la cour d’appel de Paris ?

127
17
CHAPITRE
SA : les titres et les

variations du capital
1. Valeurs mobilières et cession des actions
2. Augmentation de capital
3. Réduction de capital
4. Capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social

Rappel de cours

Les valeurs mobilières sont des titres émis par des personnes morales
publiques ou privées, transmissibles par inscription en compte ou tradition,
Définition qui confèrent des droits identiques par catégorie. Elles donnent accès,
directement ou indirectement, à une quotité du capital de la personne
morale émettrice ou à un droit de créance général sur son patrimoine.
Ce sont des biens meubles incorporels, négociables, dématérialisées, c’est-
Caractéristiques à-dire qu’elles sont représentées par une inscription dans un compte auprès
de la société émettrice ou d’un intermédiaire financier.
Les valeurs mobilières revêtent la forme de titres au porteur (obligatoire
pour les sociétés cotées, selon les statuts pour les sociétés non cotées) ou
Forme
de titres nominatifs. Leur cession s’effectue par simple virement de compte
à compte.

1. Valeurs mobilières et cession des actions


a) Les valeurs mobilières
Il existe trois catégories de valeurs mobilières :
–– les actions ;
–– les obligations ;
–– les valeurs mobilières donnant accès au capital ou donnant droit à l’attribution de
titres de créance.

➤ Les actions
La loi distingue deux catégories d’actions :
Actions ordinaires Actions de préférence
Elles confèrent les droits suivants : Elles confèrent des droits particuliers de toute
• Droits non pécuniaires : nature par rapport aux actions ordinaires : avec
– participer aux assemblées, ou sans droit de vote, assorties de droits parti-
– droit d’information, culiers de toute nature, à titre temporaire ou
permanent.

128
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E


– droit d’être nommé aux fonctions sociales, Ces droits sont définis par les statuts. Exemple :
– droit d’agir en justice ; action à dividende prioritaire ou majoré, action
• Droits pécuniaires : avec attribution de siège aux organes de gestion
– droit aux dividendes, ou de contrôle, action à droit de vote double,
action conférant des avantages en nature
– droit au remboursement de l’apport,
(déplacements, voiture de fonction…).
– droit au boni de liquidation,
Les droits attachés aux AP peuvent être exercés
– droit préférentiel de souscription, dans une autre société que la société émettrice
(sauf exception)(1) (exemple : une filiale de la société mère).
– droit de céder ses titres. L’émission de certificats d’investissement n’est
Émises seulement par les SA, SCA, SAS : plus autorisée.
– les actions de numéraire doivent être libérées de la La loi a uniformisé le régime juridique de toutes
moitié de leur valeur nominale à la constitution de ces actions.
la société et du quart en cours de vie sociale ;
– les actions d’apport sont à libérer intégrale-
ment dès leur émission.
Leur valeur nominale est librement fixée dans
les statuts.
Les actionnaires bénéficient d’un droit préféren-
tiel de souscription auquel ils peuvent renoncer.
(1) L’ordonnance du 22.01.2009 a créé un régime spécifique pour les augmentations de capital avec suppression
du droit préférentiel de souscription par placement privé.

Régime juridique des actions de préférence :


–– elles peuvent être émises à la constitution de la société ou au cours de son existence ;
–– la décision d’émission est prise par l’AGE ou par décision des organes de gestion (CA,
directoire) si l’AGE a voté une résolution dans ce sens ;
–– un rapport des organes de gestion doit être réalisé avant la prise de décision ;
–– un rapport spécial du CAC doit être établi à destination des actionnaires ;
–– un commissaire aux avantages particuliers devra être nommé ;
–– la libération des actions : 1/2 si l’émission a lieu à la constitution, 1/4 en cas d’aug-
mentation de capital en numéraire au cours de son existence ;
–– les AP sans droit de vote sont limitées à 1/4 du capital pour les sociétés cotées ; 1/2
pour les sociétés non cotées. Il n’y a aucune limitation pour les autres AP ;
–– les porteurs d’AP sont regroupés en AGS.
Depuis le 1er janvier 2005, les sociétés par actions cotées ou non peuvent attribuer des
actions gratuites aux salariés et aux dirigeants sociaux sous certaines conditions.
• Rapport du CA ou du directoire.
• Rapport spécial des CAC.
• Vote de l’AGE autorisant le CA ou le directoire à décider des personnes bénéfi-
ciaires et du délai de l’autorisation (maximum 38 mois). Elle fixe aussi la durée de
Conditions conservation et de cession des actions attribuées. Le pouvoir relève du CA ou du
directoire s’il s’agit d’autorisation d’actions existantes (selon les auteurs). Dans ce
cas, la société devra procéder au rachat de ses propres actions.
• L’AG doit fixer un pourcentage maximal de capital qui ne peut excéder 10 % du
capital (existant ou à émettre).

129
17 SA : les titres et les variations du capital
C H A PI T R E


• Déterminés par le CA, le directoire ou le gérant (SCA) qui fixent aussi les critères d’attri-
bution.
• Ensemble des salariés de la société ou certaines catégories d’entre eux.
• Possibilité d’attribution aux salariés des sociétés ou GIE dont la société détient
au moins 10 % du capital directement ou indirectement et des salariés des sociétés
Bénéficiaires
ou GIE dont la société détient au moins 50 % du capital.
• Dirigeants : PCA, DG, DGD, MDD, gérant (SCA), président et dirigeants éventuels
de la SAS (non prévus par la loi mais selon avis d’auteurs).
Les salariés et dirigeants détenant déjà chacun plus de 10 % du capital social ne
peuvent pas en bénéficier.
Chaque année, l’AGO doit être informée par un rapport spécial du CA ou du directoire,
des attributions d’actions décidées.

➤ Les obligations
Titres négociables qui, dans une même émission, confèrent les mêmes droits de
Définition
créance pour une même valeur nominale (art. L. 213-5 C. mon. fin.).
• Titre représentatif d’un droit de créance sur la société.
• Titre négociable, inscrit en compte, transmissible par virement de compte à compte.
• Titre qui donne les mêmes droits pour une même émission.
Caractéristiques
On trouve diverses obligations en pratique tenant soit aux modalités d’émission
et de remboursement (obligations à prime, à lots, à fenêtre…), soit à des moda-
lités de fixation et de versement du taux d’intérêt (taux fixe, variable).
Le capital initial doit être intégralement libéré.
La société n’a pas à attendre l’établissement de 2 bilans régulièrement approu-
vés pour émettre des obligations sous réserve d’une vérification de sa situation
financière par un commissaire désigné en justice.
Conditions Compétence : CA, directoire ou gérants (SCA) sauf si l’AGO a décidé d’exercer
d’émission ce pouvoir ou si les statuts le lui réservent.
Exception : les émissions d’obligations ouvrant droit à des actions sont de la
compétence exclusive d’une AGE.
Le montant, la valeur nominale, la durée de l’émission sont librement fixés par
l’organe compétent qui décide de l’émission.
• Droit au paiement des intérêts pendant la durée du prêt.
• Droit au remboursement dans les conditions prévues dans le contrat d’émis-
Droits sion.
des obligataires • Droit de négocier ses titres.
• Droit d’information : communication des PV et feuilles de présence des AG de
la masse des obligataires à laquelle le titulaire appartient.
Pour défendre leurs intérêts, les obligataires sont regroupés (sauf exceptions)
dans une « masse », dotée de la personnalité morale (une masse par émission
d’obligations).
Organisation des Les obligataires désignent un ou plusieurs représentant(s) (3 maximum), per-
obligataires sonne physique ou morale, qui a le pouvoir d’accomplir au nom de celle-ci tous
actes de gestion pour la défense des intérêts communs des obligataires. Il a
accès aux AG de la société sans droit de vote. Il peut agir en justice (exemple :
action en nullité contre une délibération prise par la société).

130
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E


Les obligataires sont réunis en AG d’obligataires d’une même masse ; quorum :
1/4 des obligations ayant droit de vote sur 1re convocation, aucun quorum sur
2e convocation ; majorité : 2/3 des voix dont disposent les obligataires présents
ou représentés.
Le vote par correspondance est possible ainsi que la participation par visiocon-
férence ou autres moyens de télécommunication.

➤ Les valeurs mobilières donnant accès au capital ou donnant droit


à l’attribution de titres de créance
L’ordonnance de juin 2004 instaure un régime juridique unique pour ces valeurs mobi-
lières qui se sont développées dans les années 80 (BSA, OBSA, ORA, OCEANE…).
Une société choisit l’émission de ces titres pour attirer les investisseurs qui, de prêteurs,
peuvent devenir actionnaires (exemple : obligations remboursables en actions, ORA).

La décision d’émettre est prise par l’AGE ou déléguée par elle au CA ou au


directoire. La décision est prise au vu d’un rapport du CA ou du directoire et
d’un rapport du CAC.
Compétence L’émission de ces valeurs mobilières peut donner accès au capital d’une autre
société (exemple : une société filiale émet des obligations remboursables en
actions de la société mère) : un vote AGE doit intervenir dans les deux sociétés
concernées.
Toutes les sociétés par actions peuvent émettre ces valeurs mobilières.
Les actionnaires de la société ont un droit préférentiel de souscription (DPS)
proportionnel au montant de leurs actions à la souscription de ces valeurs
Régime juridique mobilières.
Les titulaires de ces titres sont regroupés en une masse dotée de la personna-
lité morale pour la défense de leurs intérêts. Leurs représentants ont accès aux
AG des actionnaires sans voix délibérative.

b) La cession des actions


➤ Le principe
Les actions sont librement cessibles sauf certaines qui sont temporairement inaliénables
(exemple : les actions souscrites ou achetées par le personnel dans le cadre de l’actionna-
riat des salariés).

➤ L’exception : la clause d’agrément


La clause d’agrément permet d’écarter l’entrée de personnes jugées indésirables, d’éviter
la modification de la répartition de capital organisée lors de la constitution de la société.

• Sauf en cas de succession, de liquidation de communauté de biens entre


époux ou de cession, soit à un conjoint, soit à un ascendant ou à un descen-
Champ dant, la cession d’actions à un tiers ou entre actionnaires, à quelque titre
d’application que ce soit, peut être soumise à l’agrément de la société par une clause des
statuts.
• Une clause d’agrément n’est possible que si les titres sont nominatifs

131
17 SA : les titres et les variations du capital
C H A PI T R E


• La clause d’agrément n’est donc jamais applicable dans les cas suivants :
– dévolution successorale,
– liquidation de communauté de biens entre époux
– cession au conjoint, à un ascendant, à un ascendant.
– cession de titres au porteur.
• Sanctions du non-respect de la clause d’agrément : la société doit refuser
de procéder au virement des actions. La cession est inopposable aux tiers. Les
dirigeants sociaux s’exposent à une action en responsabilité.
• Notification de la demande d’agrément à la société par l’actionnaire cédant
(il doit préciser l’identité du cessionnaire, le nombre d’actions à vendre, le prix
Procédure
de cession).
d’agrément
• Décision de la société : les statuts fixent l’organe compétent pour statuer sur
l’agrément (AGO, AGE, conseil d’administration ou conseil de surveillance).
• Le non-respect de la clause d’agrément entraîne la nullité de la cession.
Sanction
• La prescription de l’action en nullité est de 3 ans.

L’agrément de la cession est acquis dans les cas suivants :


–– par décision favorable notifiée au demandeur ;
–– quand la société n’a pas donné de réponse dans un délai de trois mois à compter de la
notification de la demande ;
–– quand, après un refus d’agrément, le rachat des actions n’est pas intervenu dans le
délai de trois mois à partir de la notification du refus d’agrément.
Le refus d’agrément doit être notifié avant l’expiration du délai de trois mois à compter de
la notification de la demande, faute de quoi l’agrément est réputé acquis.
Dans les trois mois de la notification du refus d’agrément, le conseil d’administration, le
directoire ou les gérants (dans la SCA) sont tenus :
–– de faire acheter les actions par un actionnaire ou par un tiers ;
–– d’acheter les actions avec obligation de procéder à une réduction du capital.
Le prix d’achat est fixé par les parties. En cas de désaccord, le prix est déterminé par un
expert désigné par les parties ou, à défaut d’accord entre elles, par un expert désigné par
le président du tribunal de commerce.
L’actionnaire cédant qui se heurte à un refus peut retirer son offre de vente à tout moment.
Il exerce alors son « droit de repentir ».

2. Augmentation de capital
Lors d’une augmentation de capital, les actionnaires ont, proportionnellement au mon-
tant de leurs actions, un droit préférentiel de souscription (DPS) aux actions nouvelles
auquel ils peuvent renoncer.
L’ordonnance du 22.01.2009 a créé un régime spécifique d’augmentation de capital sans
DPS par placement privé.

132
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E

a) Modalités et conditions
Modalités Conditions
Augmentation • Le capital ancien doit être intégralement libéré.
par apport en numéraire • Compétence de l’AGE qui statue au vu du rapport du CA ou du
directoire (et celui du CAC si le droit préférentiel de souscription est
supprimé).
• Dans la SA, l’AGE peut déléguer sa compétence pour décider de l’aug-
mentation de capital au CA ou au directoire en précisant son plafond et
sa durée. Le CA ou le directoire devra établir un rapport complémentaire
en cas de délégation de compétence.
• Libération : au minimum du quart de la valeur nominale à la souscrip-
tion, le reste dans les cinq ans sur appel du CA ou du directoire.
Augmentation • La libération du capital ancien n’est pas obligatoire.
par apport en nature • Intervention de commissaire(s) aux apports qui apprécient la valeur
des apports et les avantages particuliers, désigné(s) par le tribunal de
commerce.
• Compétence de l’AGE qui statue au vu du rapport du CA ou du direc-
toire et du CAA.
• Dans la SA, l’AGE peut déléguer sa compétence pour décider de l’aug-
mentation de capital au CA ou au directoire en précisant un plafond et
la durée. Le CA ou le directoire devra établir un rapport complémentaire
en cas de délégation de compétence.
Augmentation • Le capital ancien doit être intégralement libéré.
par compensation • Les créances doivent être liquides et exigibles.
de créances • Les créances font l’objet d’un arrêté de compte par le CA ou le direc-
toire, certifié exact par le CAC.
• Compétence de l’AGE. Le titulaire de la créance est privé du droit de
vote (s’il est actionnaire), ses actions sont décomptées pour le calcul du
quorum et de la majorité.
• Dans la SA, l’AGE peut déléguer sa compétence pour décider de l’aug-
mentation de capital au CA ou au directoire en précisant un plafond et
la durée. Le CA ou le directoire devra établir un rapport complémentaire
en cas de délégation de compétence.
Augmentation • La libération du capital ancien n’est pas obligatoire.
par incorporation • Compétence de l’AGE qui statue aux conditions de quorum et de
de réserves, bénéfices majorité AGO au vu d’un rapport du CA ou du directoire.
ou prime d’émission • Dans la SA, l’AGE peut déléguer sa compétence pour décider de l’aug-
mentation de capital au CA ou au directoire en précisant un plafond et
la durée. Le CA ou le directoire devra établir un rapport complémentaire
en cas de délégation de compétence.

b) Procédure
∑∑ Réunion du CA ou du directoire pour arrêter le projet d’augmentation de capital.
∑∑ Communication du projet au commissaire aux comptes.
∑∑ Rapport spécial du commissaire aux comptes.

133
17 SA : les titres et les variations du capital
C H A PI T R E

∑∑ Rapport du commissaire aux apports en cas d’augmentation de capital par apport en


nature.
∑∑ Tenue de l’AGE : décision d’augmentation de capital ou délégation de compétence au
CA ou au directoire, suppression éventuelle du DPS, modification des statuts.
∑∑ Réalisation de l’augmentation de capital.
∑∑ Enregistrement, insertion dans un JAL, dépôt d’actes au greffe, inscription modificative
au RCS, insertion au BODACC.

3. Réduction de capital
a) Conditions
Compétence de l’AGE qui statue au vu de deux rapports :
–– rapport du CA ou du directoire ;
–– rapport spécial du commissaire aux comptes.

b) Procédure
∑∑ Réunion du CA ou du directoire qui arrête le projet de réduction du capital.
∑∑ Communication du projet au commissaire aux comptes au moins quarante-cinq jours
avant l’AGE.
∑∑ Rapport spécial du CAC tenu à disposition des actionnaires quinze jours au moins
avant l’AGE.
∑∑ Tenue de l’AGE : décisions de réduction et de modification des statuts.
∑∑ Formalités : enregistrement, insertion dans un JAL, dépôt d’actes au greffe, inscription
modificative au RCS, insertion au BODACC.

c) Points spécifiques
∑∑ Droit d’opposition des créanciers à la réduction de capital sous certaines conditions :
–– en cas de réduction de capital non motivée par des pertes ;
–– la créance doit être antérieure à la date du dépôt au greffe du procès-verbal de la déli-
bération ayant décidé ou autorisé la réduction de capital ;
–– l’opposition doit être formée dans le délai de trente jours à compter du dépôt au greffe
du PV de la délibération ayant décidé ou autorisé la réduction de capital ;
–– l’opposition doit être portée devant le tribunal de commerce qui soit la rejette, soit
ordonne le remboursement de la créance, soit ordonne la constitution de garanties.
∑∑ La réduction en dessous du minimum légal n’est possible que sous conditions sus-
pensives :
–– soit sous condition d’une augmentation du capital ayant pour effet de porter le capital
à un montant au moins égal au minimum légal ;
–– soit sous condition de transformer la société en une autre forme juridique (exemple :
transformer la SA en SARL).

134
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E

4. C
 apitaux propres inférieurs à la moitié du capital
social
∑∑ Si du fait des pertes, le montant des capitaux propres devient inférieur à la moitié
du capital, le conseil d’administration ou le directoire est tenu, dans les quatre mois
qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, de consulter les
actionnaires à l’effet de décider s’il y a lieu à dissolution anticipée de la société.
∑∑ Si la dissolution est écartée, la société doit, au plus tard, à la clôture du deuxième exer-
cice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue, reconstituer
ses capitaux propres à concurrence d’une valeur au moins égale à la moitié du capital ou,
à défaut, réduire son capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu
être imputées sur les réserves.

Tests de connaissances
Thème : valeurs mobilières – cession d’actions

1  Quelle est la définition d’une valeur mobilière ?

2  Quelle différence essentielle faites-vous entre :


❏❏ A une action et une obligation ;
❏❏ B une action et une action de préférence ;
3  Quelles sont les caractéristiques des valeurs mobilières ?

4  L’émission d’actions de préférence sans droit de vote est-elle limitée ?

5  Quel est le droit conféré au titulaire d’une obligation avec bon de souscription d’actions ?

6  Indiquer dans le tableau ci-dessous l’organe compétent pour décider de l’émission des
valeurs mobilières :

Valeurs mobilières Organe décisionnel compétent

Actions

Obligations

Obligations avec bons de souscription d’actions

135
17 SA : les titres et les variations du capital
C H A PI T R E

7  M. Petit est actionnaire d’une SA dont les statuts contiennent une clause d’agrément pour
la cession à des tiers et entre actionnaires. Pourra-t-il librement céder ses actions aux per-
sonnes suivantes ? (Compléter le tableau par oui ou non.)
Vente à son épouse
Vente à son père
Vente à son fils
Vente à un autre actionnaire
Vente à un ami non actionnaire de la société

8  Qui est compétent pour donner l’agrément sur un projet de cession d’actions à un tiers ?

9  Une société a refusé l’agrément, le cédant peut-il renoncer à la vente de ses actions ?

10  Que va-t-il se passer si, après notification d’une demande d’agrément :


❏❏ A la société ne répond pas à la demande dans le délai requis ?
❏❏ B la société a refusé l’agrément et n’a donné aucune suite à son refus ?
11  Que doit faire légalement une société qui a notifié dans le délai requis son refus d’agré-
ment ?

Thème : augmentation – réduction de capital

12  Compléter le tableau ci-dessous :

Obligation de libérer
Types d’augmentation de Organe décisionnel Majorité
le capital ancien
capital compétent requise
(oui/non)
Augmentation par apport en
numéraire
Augmentation par apport en
nature
Augmentation par compensation
de créances
Augmentation par incorporation
de réserves

13  Quels sont les rapports soumis aux actionnaires réunis pour décider d’une augmentation
de capital par apport en nature ?
14  Quel est le rôle du commissaire aux comptes à l’occasion d’une augmentation de capital
par compensation de créances ?
15  Peut-on réduire le capital d’une société dans les cas suivants :
❏❏ A elle a réalisé des pertes ;
❏❏ B elle n’a pas réalisé de pertes ;
❏❏ C son capital sera inférieur au minimum légal après réduction ?

136
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E

16  Les créanciers sociaux ont un droit d’opposition à la décision de réduction de capital :


❏❏ A dans tous les cas ;
❏❏ B seulement en cas de réduction non motivée par des pertes.
17  Le capital social d’une SA est de 37 000 _ et ses capitaux propres sont actuellement de
13 000 _. Que devra-t-il se passer à l’issue de l’assemblée générale ordinaire annuelle ?

Exercices d’application

CAS 43 BAUDOUIN
Thème : Émission d’obligations et modifications du capital d’une société
Fondée il y a 80 ans, la société anonyme à directoire Baudouin est une PME de 145 salariés, spé-
cialisée dans la conception de moteurs et de systèmes de propulsion à usage marin. Les trois quarts
de sa production sont vendus à l’exportation, essentiellement en Afrique et en Asie.
En votre qualité de commissaire aux comptes de la société, vous assistez à la réunion du directoire
arrêtant les comptes en vue de la prochaine assemblée générale annuelle.
M. Sabor, président du directoire, commente le bilan qui fait apparaître des pertes et expose sa
stratégie pour l’avenir : il envisage la conception d’un nouveau moteur diesel 6 cylindres de 400
chevaux qui, selon lui, suscite un grand intérêt auprès de la clientèle en raison de son prix qui serait
de 40 % inférieur au modèle précédent. La fabrication de ce moteur nécessite l’acquisition d’une
station de conception assistée par ordinateur dont le prix s’élève à 23 000 _.
Compte tenu de la situation financière de la société, il envisage plusieurs solutions :
–– première solution : émettre un emprunt obligataire ;
–– deuxième solution : augmenter le capital de la société. Il a trouvé un partenaire extérieur, la
SA Bang, qui est disposé à investir 20 000 _ dans la société mais impose comme condition
préalable à son entrée au capital que le bilan soit « nettoyé ».
M. Sabor vous questionne sur les deux solutions envisagées.

 Questions
1) La société peut-elle procéder à un emprunt ? Il vous est précisé que les bilans ont toujours
été établis et approuvés.
2) Dans l’hypothèse de l’augmentation de capital, en quoi consiste la condition d’entrée au
capital de la SA Bang ? Les créanciers sociaux pourront-ils s’opposer à l’opération ?
3) Quelles sont les décisions qui devront être prises par la SA Baudouin pour permettre à la SA
Bang de devenir actionnaire ? Quel est l’organe compétent ?
4) Un des membres du conseil de surveillance, M. Piston, envisage de céder ses actions (il
détient 5 % du capital) car il n’approuve pas la stratégie proposée qu’il juge aventureuse.
Il souhaite les vendre à la SA Bang. Après consultation des statuts, vous découvrez que
l’article 40 prévoit l’agrément du conseil de surveillance. Quelle est donc la procédure que
doit suivre M. Piston pour «sortir» de la société ? Comment sera déterminé le prix de cession
des actions ?

137
18
CHAPITRE
La société par actions

simplifiée
pluripersonnelle et
unipersonnelle (SASU)
1. Constitution
2. Fonctionnement
3. Contrôle
4. Transformation
5. Dissolution

Rappel de cours
Créée en 1994, remaniée en 1999, la société par actions simplifiée peut être instituée par
une ou plusieurs personnes qui ne supportent les pertes qu’à concurrence de leur apport.
Cette société laisse une grande liberté contractuelle de constitution et de fonctionnement.
La loi du 4.8.2008 a libéralisé davantage la SAS : apport en industrie autorisé, montant
du capital libre, présence du CAC obligatoire seulement en cas de dépassement de seuils.

1. Constitution
Un ou deux associés minimum, personnes physiques ou personnes morales,
Associés
pas de maximum.
Responsabilité La responsabilité des associés est limitée aux apports.
Le capital de la SAS est librement fixé par les statuts ; il peut se composer
d’apports en numéraire (à libérer pour moitié lors de la souscription, le
reste dans les 5 ans), d’apports en nature (à libérer intégralement à la sous-
Capital
cription). L’apport en industrie est autorisé selon les modalités statutaires.
Le capital peut être variable (par une clause statutaire). Les titres sont des
actions.
Offre au public La société ne peut pas procéder à une offre au public.
L’affectio societatis est très marqué puisque des clauses d’agrément, d’ina-
Affectio societatis liénabilité, de contrôle du capital, d’exclusion peuvent être insérées dans
les statuts (sauf dans la SASU où ces clauses se révèlent inutiles).
Durée Sa durée est de 99 ans maximum, renouvelable.
Elle doit effectuer les formalités de constitution : rédaction des statuts,
Formalités enregistrement, publicité comme la SA (dispense de l’insertion au BODACC
pour la SASU dont l’associé unique personne physique est président).
Personnalité morale Elle a la personnalité morale à dater de son immatriculation au RCS.

138
La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 18
C H A PI T R E

2. Fonctionnement
a) La direction
∑∑ Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée.
∑∑ Un président doit être obligatoirement nommé à sa tête, personne physique ou per-
sonne morale : son statut est librement fixé par les statuts (mode de nomination, durée
des fonctions, rémunération, cessation des fonctions). Dans la SASU, l’associé unique
exerce la présidence ou désigne un président non associé (tiers qui peut être une personne
physique ou une personne morale).
∑∑ D’autres organes peuvent exister (conseil d’administration, directeurs généraux, etc.) :
les statuts les prévoient librement et fixent leur statut.
∑∑ Pouvoirs du président : vis-à-vis des associés, il a les pouvoirs les plus étendus pour agir
en toute circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social. Envers les tiers,
la société est engagée même par les actes du président qui ne relèvent pas de l’objet social.
Les limites statutaires sont inopposables aux tiers. Si la SAS a nommé des directeurs géné-
raux, ils peuvent avoir le même pouvoir de représentation que le président.
∑∑ Si la SAS a nommé des directeurs généraux, ils peuvent avoir le même pouvoir de repré-
sentation que le président.
∑∑ Le président doit établir les comptes annuels, l’inventaire, le rapport de gestion à la
clôture de l’exercice. La loi du 19.10.2009 dispense le président associé unique de la SASU
d’établir le rapport de gestion si la société ne dépasse pas les deux seuils sur trois néces-
saires pour la nomination obligatoire du CAC.
∑∑ La responsabilité des dirigeants est identique à celle des dirigeants de la SA.

b) Les associés ou l’associé unique


∑∑ Les statuts organisent les conditions de fonctionnement et la compétence des assem-
blées. Dans la SASU, l’associé unique exerce seul les pouvoirs dévolus aux assemblées. Il ne
peut pas déléguer ses pouvoirs. Il prend des décisions unilatérales qui seront répertoriées
dans un registre des décisions.
∑∑ Certaines décisions sont obligatoirement de la compétence des associés ou de l’associé
unique (vote en assemblée ou par correspondance selon les formes et conditions prévues
par les statuts) :
–– l’approbation des comptes et l’affectation du résultat ;
–– la nomination du commissaire aux comptes ;
–– l’approbation des conventions réglementées ;
–– les modifications de capital ;
–– la fusion, la scission ;
–– la dissolution de la société ;
–– la transformation de la société en une autre forme juridique.
∑∑ Quorum et majorité : déterminés librement par les statuts mais certaines décisions
doivent être prises à l’unanimité :
–– insertion d’une clause d’inaliénabilité temporaire (maximum 10 ans) des actions ;
–– insertion d’une clause agrément des cessions d’actions ;

139
18 La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)
C H A PI T R E

–– insertion d’une clause exclusion, retrait, admission d’un associé ;


–– suspension des droits non pécuniaires d’un associé.
Ces règles de quorum et majorité ne sont pas applicables dans la SASU.
∑∑ Les statuts peuvent attribuer à certains associés un nombre de voix différent de celui
accordé aux autres.
∑∑ Un droit de veto ou un droit d’ajournement peut être attribué à un ou plusieurs asso-
ciés dans certains cas particuliers.
∑∑ Régime des conventions : le commissaire aux comptes s’il existe ou, s’il n’y en a pas, le
président de la société présente aux associés un rapport sur les conventions intervenues
directement ou par personne interposée entre la société et son président, l’un de ses diri-
geants, l’un de ses actionnaires disposant d’une fraction des droits de vote supérieur à
10 % ou, s’il s’agit d’une société actionnaire, la société contrôlant au sens de l’article 233-3
C. Com. Les associés statuent sur ce rapport.
Dans la SASU, le régime des conventions s’applique : il sera fait mention des conventions
sur le registre des décisions, mais elles ne feront pas l’objet d’un rapport spécial sur les
conventions.
Les conventions non approuvées produisent leurs effets, à charge pour la personne inté-
ressée et éventuellement le président et les autres dirigeants d’en supporter les consé-
quences dommageables pour la société.
Les conventions portant sur les opérations courantes et conclues à des conditions nor-
males n’ont plus à être communiquées depuis la loi du 15.05.2011.
Les conventions interdites de la SA s’appliquent au président et aux dirigeants de la SAS
ainsi qu’à leurs conjoints, descendants et ascendants.
DROITS DES ASSOCIÉS
Droit de participer à la vie sociale Droits pécuniaires
• Droit de vote • Droit aux dividendes
• Droit d’information • Droit préférentiel de souscription
• Droit d’alerte • Droit aux réserves, au boni de liquidation
• Droit à l’expertise S ous condition de détenir
de gestion au moins 5 % du capital

• Droit de demander en justice la nomination d’un


CAC, sous condition de détenir 10 % du capital

3. Contrôle
∑∑ Les associés peuvent nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes par décision
collective des associés ou par l’associé unique dans la SASU.
Sa présence n’est désormais obligatoire que dans les SAS qui dépassent, à la clôture d’un
exercice social deux des seuils suivants fixés par l’article R. 227-1 du décret du 25.02.2009 :
–– total du bilan 1 000 000 € ;
–– chiffre d’affaires hors taxe 2 000 000 € ;
–– nombre moyen de salariés permanents employés au cours de l’exercice 20.

140
La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 18
C H A PI T R E

La société n’est pas tenue de désigner un commissaire aux comptes dès lors qu’elle n’a pas
dépassé les chiffres fixés pour deux de ces trois critères pendant les deux exercices précé-
dant l’expiration du mandat de commissaire aux comptes.
Sont également tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes les SAS qui
contrôlent une ou plusieurs sociétés ou qui sont contrôlées par une ou plusieurs sociétés.
Les conditions de leur nomination, la durée de leurs fonctions, leurs attributions, leur
rémunération, leur responsabilité sont identiques à celles des commissaires aux comptes
de SA.
Enfin, un ou plusieurs associés représentant au moins 10 % du capital peuvent demander
en justice la nomination d’un CAC.
∑∑ Expertise de gestion : un ou plusieurs associés représentant au moins 5 % du capital
social peuvent poser par écrit au président, des questions sur une ou plusieurs opérations
de gestion de la société. À défaut de réponse dans le délai d’un mois, ces actionnaires
peuvent demander en justice la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présen-
ter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
∑∑ Droit d’alerte : un ou plusieurs associés représentant au moins 5 % du capital peuvent
poser par écrit, deux fois par an, des questions au président sur tout fait de nature à com-
promettre la continuité de l’exploitation.

4. Transformation
La décision de transformation de la SAS en une société d’une autre forme doit être prise
à la majorité variable selon la société choisie (ex : unanimité pour la SNC).
L’associé unique peut, par décision unilatérale, transformer sa société en SARL et passer
ainsi de la SASU à l’EURL. Cette transformation ne peut être décidée que sur rapport
du commissaire aux comptes s’il existe attestant que le montant des capitaux propres
est au moins égal au montant du capital social.
Si la SAS n’a pas de CAC, un commissaire à la transformation doit apprécier la valeur des
biens composant l’actif social et les avantages particuliers lorsque la SAS veut se transfor-
mer en SA ou en SCA.
La décision de transformation en SAS (exemple : une SA se transforme en SAS) est prise
à l’unanimité des associés.

5. Dissolution
∑∑ De la SAS : cas de dissolution de la SA. Sa dissolution est suivie de la liquidation.
∑∑ De la SASU : la dissolution décidée par l’associé unique personne morale n’est pas
suivie de liquidation. Comme pour l’EURL, il y a transmission universelle du patri-
moine de la société à l’associé unique personne morale. Les créanciers sociaux ont la
possibilité de faire opposition à la décision de dissolution dans les 30 jours de sa publi-
cation.
Ainsi, l’associé unique, personne morale, prend à sa charge personnelle la totalité du pas-
sif social et récupère aussi tout l’actif social.
Si l’associé unique est une personne physique, elle devra procéder aux opérations de liqui-
dation, la règle de la transmission universelle est écartée.

141
18 La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : constitution de la SAS

1  Une SAS peut être constituée :


❏❏ A par des personnes physiques et des personnes morales ;
❏❏ B uniquement par des sociétés par actions ;
❏❏ C par une seule personne physique ou morale.
2  Les associés doivent :
❏❏ A être un ou deux au minimum ;
❏❏ B avoir chacun un capital de 75 000 F intégralement libéré.
3  Le capital minimum d’une SAS est de :
❏❏ A 225 000 F ;
❏❏ B 37 000 F ;
❏❏ C libre
❏❏ D le capital de la SAS doit être intégralement libéré.

4  La SAS peut procéder à une offre au public :


❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

5  Dans une SAS :


❏❏ A on ne peut pas vendre ses actions ;
❏❏ B on peut en être exclu.
6  Dans une SAS, on peut faire un apport en industrie :
❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.
Thème : fonctionnement de la SAS

7  À la tête d’une SAS on trouve obligatoirement :


❏❏ A un gérant ;
❏❏ B un président, personne physique ou personne morale.
8  Les statuts de la SAS peuvent mettre en place :
❏❏ A un conseil d’administration ;
❏❏ B un conseil de surveillance ;
❏❏ C un comité exécutif.
❏❏ D un ou plusieurs directeurs généraux ou délégués.

9  Le président de la SAS doit obligatoirement consulter les associés :


❏❏ A pour toutes les décisions ;
❏❏ B pour certaines décisions (préciser lesquelles).

142
La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 18
C H A PI T R E

10  Toutes les décisions sont prises à l’unanimité :


❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

11  Le président de la SAS est soumis au régime des conventions :


❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.
Thème : contrôle et dissolution de la SAS

12  La nomination d’un commissaire aux comptes dans une SAS peut-être :
❏❏ A facultative ;
❏❏ B obligatoire ;
❏❏ C judiciaire.

13  Les associés d’une SAS peuvent demander une expertise de gestion :


❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

14  La SAS est soumise :


❏❏ A à l’impôt sur le revenu ;
❏❏ B à l’impôt sur les sociétés.
15  La dissolution d’une SAS est suivie d’une liquidation :
❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

16  L’associé unique, personne morale, d’une SASU a décidé sa dissolution. Qui paiera les
dettes sociales qui subsistent ?
17  Les créanciers sociaux ont un droit d’opposition à la décision de dissolution d’une SAS.
❏❏ A vrai ;
❏❏ B faux.

Exercices d’application

CAS 44 COLEF
Thème : constitution d’une SAS
Les éditions Dap, SA au capital de 150 000 _, et les éditions Cort, SARL au capital de 100 000 _,
veulent créer une filiale commune sous la forme d’une SAS dont chaque associé détiendra 50 %
du capital pour produire ensemble des DVD. Sa dénomination sociale sera Colef, sa durée de cin-
quante ans et son capital sera le minimum requis par la loi.
La SA Dap en sera le dirigeant.

143
18 La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)
C H A PI T R E

Chaque associé n’aura pas le droit de vendre ses actions. Il pourra être exclu de la société s’il com-
met un acte de concurrence déloyale.
Le dirigeant de la SAS devra consulter l’autre associé pour tout projet d’édition de nouveaux DVD.

 Questions
1) À partir des éléments fournis, la SAS peut-elle être valablement constituée ?
2) Quels seront les organes de fonctionnement et de contrôle de cette SAS ?
3) L’interdiction faite à chaque associé de vendre ses actions est-elle légale ?
4) Quels sont les pouvoirs du président d’une SAS ? La limite imposée est-elle légale ?
5) La SA Dap peut-elle créer seule une SAS ? Pourra-t-elle diriger cette SASU ? Quels avantages
présente une SAS sur une SA ? Quel conseil donneriez-vous au dirigeant de la SA Dap ?

CAS 45 LAFA
Thème : fonctionnement d’une SAS
Trois sociétés de l’industrie agroalimentaire ont créé une SAS spécialisée dans la recherche et la
commercialisation de produits transgéniques.
Les statuts prévoient que chaque société détient un tiers du capital. La règle de l’unanimité s’ap-
plique pour toutes les décisions qui relèvent de la compétence des associés.
Le président, M. Maïs, envisage plusieurs opérations :
–– fusionner avec un laboratoire allemand ;
–– agrandir le laboratoire existant ;
–– renouveler le matériel d’expérimentation ;
–– faire approuver les comptes de l’exercice écoulé.
Par ailleurs, M. Maïs souhaite acheter un véhicule appartenant à la société pour son usage per-
sonnel.

 Questions
1) Déterminer l’organe compétent chargé de prendre les décisions concernant les opérations
envisagées par M. Maïs.
2) À quelle majorité seront prises ces décisions ?
3) Sous quelles conditions, M. Maïs pourra-t-il acquérir le véhicule souhaité ?
4) Chaque associé peut-il avoir recours à l’expertise de gestion ?

CAS 46 TOUTNET
Thème : choix d’une SAS
M. Chabot, ingénieur informaticien, a créé un site internet sur lequel il propose ses services aux
entreprises voulant commercialiser leur production au moyen d’internet. Il travaille seul pour l’ins-
tant et le développement de son activité l’incite à court terme à créer une entreprise sous forme
sociétaire. Il souhaite pour l’instant rester autonome, diriger sa société avec la plus grande liberté,
disposer d’une structure juridique avec le moins de tracasserie administrative.

144
La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 18
C H A PI T R E

Compte tenu des perspectives de croissance de son entreprise, il envisage à moyen terme de s’associer
à un partenaire spécialisé dans la mise en place de réseaux intranet dans les entreprises.
Enfin, à long terme, il voudrait bien que la société soit cotée.
Il vous précise qu’il dispose de 20 000 e pour créer sa société.

 Questions
1) Compte tenu des exigences de M. Chabot, conseillez-lui la société qui répond à ses projets :
– à court terme ;
– à moyen terme ;
– à long terme.
2) Quels sont les organes de direction et de contrôle des sociétés proposées pour les trois
projets ?
3) Pour réaliser le premier projet, il convient de préciser à M. Chabot comment il devra procéder
lors de la prise de décisions.
4) Qu’adviendra-t-il si son premier projet ne réussit pas et qu’il décide d’arrêter son activité ?
5) Quelle est l’opération juridique qui lui permettra d’avoir la forme juridique nécessaire à son
troisième projet ? En préciser les conditions.

145
3
CAS DE
SYNTHÈSE
SA – SAS


Cas de synthèse

CAS 47 INDISCRÈTE
Trois ex-cadres de la société Aubade, forts de l’expérience professionnelle, ont décidé de créer une
entreprise de lingerie fine avec leurs indemnités de licenciement. Leur concept est nouveau :
–– l’entreprise travaille à la commande ce qui évite la gestion de stocks ;
–– les commandes proviennent de ventes à domicile, ce qui évite la création de magasins ;
–– les articles sont personnalisés, sur mesure, haut de gamme, fabrication « made in France », à
des prix très accessibles ;
–– le respect de l’environnement : produits bio, vente de proximité.
En annexe, vous trouverez les éléments de constitution de la future société anonyme.

Dossier 1 : Création de l’entreprise

 Questions
1) Vous devez vérifier la légalité de constitution et d’organisation de la SA à partir des élé-
ments fournis (vous aider de l’annexe.)
2) Quel sera le montant minimal de capital à libérer  ? Les ex-salariés d’Aubade peuvent-ils
effectuer un apport en industrie ?

Dossier 2 : Démarrage de l’activité


Il faut mettre en place le réseau de conseillères de vente à domicile (CDV) : une formation sera
dispensée par l’entreprise. Une mallette de présentation des articles sera confiée à chacune d’elles
qu’elle utilisera au domicile d’une hôtesse (personne volontaire pour accueillir famille, amies, voi-
sines chez elle). Au cours de la réunion, les participantes peuvent essayer les articles, les personna-
liser et les commander.
Il faut aussi préparer la collection qui sera présentée et l’enrichir au fil des saisons.
Pour se faire connaître, un site internet sous le nom commercial « Indiscrète » va devoir être éla-
boré. Il permettra de faire connaître la collection et le mode de fonctionnement de l’entreprise. La
promotion de l’entreprise passe aussi par la parution d’articles dans la presse et la diffusion de
reportages TV.

146
SA – SAS 3
CAS DE SYNTHÈSE

 Questions
3) Qui est compétent pour recruter les CDV, commander les mallettes de présentation, lancer
la nouvelle collection, commander la création d’un site internet ?

Dossier 3 : Clôture du premier exercice


Les débuts sont très prometteurs, la société a enregistré 1 000 commandes, 50 conseillères de
vente à domicile et 12 salariés ont été recrutés. Une construction modulaire va devoir être édifiée
à côté des locaux d’origine, pour agrandir le site de production, trop petit. Par souci d’économie et
dans un premier temps, les dirigeants ont accepté une rémunération minimale. Compte tenu des
résultats encourageants, ils souhaitent l’augmenter.
Le conseil d’administration doit se réunir pour arrêter les comptes de l’exercice.

 Questions
4) Qui participera à ce conseil d’administration ? Quel en sera l’ordre du jour ?
5) C. Bois est seule opposée à la construction modulaire qui est à l’ordre du jour car elle préfère
attendre la construction promise par la Communauté des communes du Pays chauvinois.
Son opposition aura-t-elle des conséquences sur la décision du CA ?
6) B. Mongella souhaite un contrat de travail de styliste car elle estime que son travail de créa-
tion est fondamental pour le développement de l’entreprise. Son souhait est-il réalisable ?
7) À quelle date doit se tenir l’assemblée générale annuelle ? Quel en sera l’ordre du jour ?

Dossier 4 : Restructuration de l’entreprise


Les dirigeants actuels trouvent la structure juridique trop lourde à gérer. Leur expert-comptable leur
suggère d’adopter la SAS.

 Questions
8) Quels allégements offrent la SAS par rapport à la SA ?
9) Quelle décision doit être prise pour changer la forme juridique, par qui  ? (condition de
majorité à préciser)
10) Quel sera le sort des trois dirigeants actuels dans la future SAS ?

ANNEXE
Associés :
• Didier Legrand, 51 ans, PDG 1 000 actions
• Béatrice Mongella, 45 ans, administrateur, 1 000 actions, styliste, responsable des collections
• Christelle Bois, 35 ans, administrateur, 1 000 actions, chef de production
• 4 autres associés (anciens salariés d’Aubade) détiennent ensemble 1000 actions
• Capital 40 000 _ provenant de leurs indemnités de licenciement
• Siège social : Chauvigny – Département de la Vienne (86)
• Objet social : confection de lingerie fine
• Dénomination sociale : Indiscrète
• 12 salariés et 50 conseillères de vente à domicile (CVD)
• Total du bilan 20 millions d’euros.
L’exercice social correspond à l’année civile. Les statuts sont conformes à la loi.

147
19
CHAPITRE
SNC et SCS

1. Les associés
2. La gérance
3. Contrôle
4. Dissolution

Rappel de cours

Ces deux sociétés sont des sociétés de personnes. Elles ne nécessitent aucun capital mini-
mum.

1. Les associés
a) Leur qualité
∑∑ Dans la SNC, tous les associés ont la qualité de commerçant et sont responsables indé-
finiment et solidairement des dettes sociales.
∑∑ Dans la SCS, il y a deux catégories d’associés : les associés commandités dont la respon-
sabilité est indéfinie et solidaire et les associés commanditaires dont la responsabilité est
limitée aux apports.
∑∑ Deux associés sont nécessaires (un commandité et un commanditaire pour la SCS). Les
apports en industrie sont possibles pour les associés indéfiniment responsables.

b) Règles de majorité
∑∑ Dans la SNC, les décisions collectives des associés sont prises aux conditions de majo-
rité prévues par les statuts et, à défaut, à l’unanimité des associés (unanimité obligatoire
cependant pour certaines décisions : changement de nationalité, révocation d’un gérant
associé statutaire…).
∑∑ Dans la SCS, les décisions modifiant les statuts nécessitent le consentement de tous
les commandités et la majorité en nombre et en capital des commanditaires. Certaines
décisions requièrent l’unanimité de tous les associés (changement de nationalité, trans-
formation de la SCS en SNC). Les autres décisions sont prises aux conditions de majorité
statutaires.

c) Droits des associés


∑∑ Droit à communication des documents sociaux.
∑∑ Droit de poser des questions par écrit deux fois par an, auxquelles il doit être répondu
par écrit.

148
SNC et SCS 19
C H A PI T R E

∑∑ Réunion des associés obligatoire dans les six mois de la clôture de l’exercice pour l’ap-
probation des comptes.
∑∑ Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le consentement de tous les associés. Toute
clause contraire est réputée non écrite (SNC et SCS pour les associés commandités).

2. La gérance
a) Nomination
∑∑ Tous les associés sont gérants (sauf clause statutaire contraire). Les associés ou des
tiers, personnes physiques ou personnes morales, peuvent être gérants. Les associés
commanditaires ne peuvent pas être gérants car ils ne peuvent pas faire d’acte de ges-
tion externe.
∑∑ Si le gérant est associé, il doit avoir la capacité juridique de faire le commerce, ne pas
être frappé d’interdiction, de déchéance, d’incompatibilité. Aucune limite d’âge, ni de
cumul de mandats, ne sont prévus par la loi.
∑∑ Le gérant peut être rémunéré.
∑∑ Le gérant associé ne peut pas cumuler son mandat avec un contrat de travail.
∑∑ L’incapacité, l’interdiction de gérer mettent fin aux fonctions du gérant associé.

b) Pouvoirs
∑∑ Dans les rapports entre associés, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’inté-
rêt social (sauf limite statutaire).
∑∑ Dans les rapports avec les tiers, il engage la société par les actes entrant dans l’objet
social.
∑∑ En cas de pluralité de gérants, chacun peut s’opposer à une opération envisagée par un
autre, avant sa conclusion.
∑∑ Les limites statutaires aux pouvoirs du gérant sont inopposables aux tiers.

c) Obligations
Le rapport de gestion, l’inventaire et les comptes annuels établis par les gérants sont sou-
mis à l’approbation de l’assemblée des associés, dans le délai de six mois à compter de la
clôture dudit exercice.
À cette fin, les documents visés à l’alinéa précédent, le texte des résolutions proposées
ainsi que, le cas échéant, le rapport des commissaires aux comptes, les comptes consolidés
et le rapport sur la gestion du groupe sont communiqués aux associés. Toute délibération,
prise en violation des dispositions du présent alinéa et du décret pris pour son applica-
tion, peut être annulée.
Toute clause contraire est réputée non écrite.

d) Révocation
∑∑ La révocation du gérant est décidée par les associés (et par décision de justice, pour
cause légitime, même si la loi ne le prévoit pas expressément).
∑∑ Si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut donner lieu à des dommages-
intérêts.

149
19 SNC et SCS
C H A PI T R E

∑∑ Règles de révocation :
–– le gérant associé statutaire est révoqué à l’unanimité des autres associés ;
–– le gérant associé non statutaire est révoqué à l’unanimité des autres associés ou à la
majorité statutaire ;
–– le gérant non associé, statutaire ou non statutaire, est révoqué à la majorité statutaire
et à défaut à la majorité des associés.

e) Responsabilité
Le gérant est responsable en cas de :
–– faute de gestion ;
–– violation des statuts ;
–– infraction aux lois et règlements.

3. Contrôle
∑∑ Contrôle des associés à travers leurs droits (voir § 1).
∑∑ Contrôle du CAC dont la nomination est :
–– obligatoire en cas de dépassement de deux des trois seuils (identiques à ceux de la
SARL) ;
–– facultative à la demande des associés ;
–– judiciaire à la demande d’un associé.

4. Dissolution
Aux cas de dissolution de toute société (voir chapitre 3 § 1), s’ajoute celui du décès, de l’inca-
pacité de l’associé de SNC ou de l’associé commandité de la SCS. La continuation de la société
peut être prévue dans les statuts ou les autres associés peuvent la décider à l’unanimité.

Tests de connaissances
Thème : caractéristiques d’une SNC ou d’une SCS

1  Dans une SNC ou une SCS, on peut trouver en qualité d’associé :


❏❏ A un mineur ;
❏❏ B deux époux ;
❏❏ C un majeur en tutelle ;

150
SNC et SCS 19
C H A PI T R E

❏❏ D une SARL ;
❏❏ E un magistrat ;
❏❏ F un failli non réhabilité.
2  Les associés peuvent apporter (qualifier l’apport) :
❏❏ A 1 000 F ;
❏❏ B un local ;
❏❏ C des marchandises ;
❏❏ D du travail ;
❏❏ E des actions.

3  Le nombre d’associés doit être de :


❏❏ A deux minimum ;
❏❏ B vingt maximum ;
❏❏ C il n’y a pas de maximum.
4  Le capital doit être de :
❏❏ A 200 F ;
❏❏ B 7 500 F ;
❏❏ C aucun minimum, aucun maximum.
5  Il doit être libéré :
❏❏ A immédiatement ;
❏❏ B sur appel de la gérance.
6  Le capital est divisé en :
❏❏ A parts sociales de 15 € minimum ;
❏❏ B actions ;
❏❏ C parts sociales d’un montant libre.
7  Une SNC doit régler une facture de 1 000 € à un fournisseur. Qui la paiera ?

Thème : statut et pouvoirs de la gérance d’une SNC ou d’une SCS

8  Le gérant d’une SNC ou d’une SCS peut être :


❏❏ A un associé ;
❏❏ B un tiers ;
❏❏ C une personne morale.
9  Il est nommé :
❏❏ A par les associés à l’unanimité ;
❏❏ B par les statuts ;
❏❏ C dans un acte séparé des statuts.
10  M. Til est gérant de la SNC qui porte son nom, de la SCS Puit et de la SARL Vague. Peut-il
valablement cumuler ces diverses fonctions ?

151
19 SNC et SCS
C H A PI T R E

11  Un gérant d’une SNC ou d’une SCS a passé plusieurs actes pour le compte de sa société qui
fabrique et commercialise des vases et jardinières en terre cuite. Il convient de préciser si le
gérant engage ou non la société et de déterminer la responsabilité du gérant pour chacun
des actes suivants (dont on précisera par ailleurs la nature) :
❏❏ A il a embauché un ouvrier affecté au service fabrication ;
❏❏ B il a acheté des SICAV de trésorerie ;
❏❏ C il a suivi un stage de judo ;
❏❏ D il vient d’acheter de l’argile ;
❏❏ E il a souscrit un abonnement aux Échos ;
❏❏ F il a acheté un logiciel de comptabilité ;
❏❏ G il a viré 1 000 _ sur son compte personnel, de sa propre initiative, au titre de gratifica-
tion de fin d’exercice, car ce dernier a été particulièrement bon.
12  Le gérant d’une SNC dont les statuts ne contiennent aucune clause dérogatoire à la loi est
révocable :
❏❏ A à l’unanimité des associés ;
❏❏ B à l’unanimité des autres associés ;
❏❏ C à la majorité des associés.

13  À quelle majorité sera révoqué le gérant associé commandité d’une SCS ?

14  Un associé majoritaire d’une SNC est mécontent de la gestion du gérant. De quels moyens
légaux dispose-t-il pour surveiller de près la gestion ? Quel recours ultime a-t-il pour dégager
sa responsabilité dans cette société ?
15  La société Pile vient de clôturer son exercice ; le gérant va convoquer les associés pour
l’approbation des comptes. À quelle majorité sera-t-elle acquise :
❏❏ A dans une SNC ?
❏❏ B dans une SCS ?

Exercices d’application

CAS 48 PRINT
Thème : fonctionnement, dissolution d’une SNC
M. Vigne a créé avec deux amis, il y a dix ans et pour une durée de cinquante ans, la SNC Print
dont l’objet est la vente d’ordinateurs et la maintenance. Il en est le gérant (il a été nommé par
acte séparé).
La répartition du capital de 50 000 _ est la suivante :
–– M. Vigne : 250 parts ;
–– M. Carillo : 180 parts ;
–– M. Don : 70 parts.

152
SNC et SCS 19
C H A PI T R E

Depuis deux ans, la société connaît des difficultés et cette année son exercice va être déficitaire.
Des altercations ont eu lieu entre les associés, d’autant qu’une facture de pilotage d’hélicoptère de
500 _ vient d’être présentée à la société (M. Vigne, en sa qualité de gérant, a pris des leçons de
pilotage d’hélicoptère pour assouvir sa passion). M. Vigne voudrait arrêter l’activité de la société
alors que M. Carillo souhaite la révocation du gérant.
Les statuts de la SNC sont conformes à la loi, ils ne contiennent aucune clause dérogatoire.

 Questions
1) La société doit-elle payer la facture de pilotage de 500 _ ?
2) M. Carillo pourra-t-il obtenir la révocation de M. Vigne ?

CAS 49 SERRILE
Thème : décès d’un associé d’une SNC et continuation de la société
M. et Mme Serrile exploitent un fonds de commerce de bar-tabac-PMU à Angoulême, sous la forme
d’une SNC dont ils sont seuls associés actuellement. M. Serrile en est le gérant.
Mme Serrile s’occupe du débit de tabac. Ils ont deux enfants : Frédéric, 25 ans, qui travaille déjà
dans le café, sert la clientèle et gère les stocks de boissons ; Sidonie, 15 ans apporte son aide pen-
dant les vacances scolaires.
Après une hospitalisation, M. Serrile décède d’une crise cardiaque. Sa veuve, désemparée, vous
consulte sur plusieurs points.

 Questions
1) La société peut-elle poursuivre son activité sous la forme initialement choisie (les statuts
prévoient une clause de continuation de la société en cas de décès d’un associé) ?
2) Ses enfants peuvent-ils entrer dans la société ? Sinon, quelle sera la solution ?
3) La facture d’un créancier est impayée. Dans l’immédiat et du fait des événements récents,
le compte bancaire de la SNC est débiteur. Quels sont les recours du créancier de la SNC ?
4) Frédéric s’occupe de tout pour l’instant et envisage un nouvel agencement du fonds de
commerce. Doit-il régulariser sa situation ?

153
20
CHAPITRE
La société civile,

la société d’exercice
libéral
1. La société civile de droit commun
2. La société d’exercice libéral

En raison de leur objet, les activités suivantes sont civiles : l’agriculture, les activités
extractives, les activités intellectuelles (édition, arts, recherche), les professions libérales,
l’artisanat, les activités immobilières, les activités coopératives et mutualistes.
Aussi, à côté de la société civile de droit commun traitée dans ce chapitre, il existe des
sociétés civiles à statut particulier dont les principales sont : la SCM (société civile de
moyens) ; la SCP (société civile professionnelle) ; la SCI (société civile immobilière) ; les
sociétés coopératives ; les sociétés civiles et groupements agricoles (exemple : le GAEC).
Les professions libérales peuvent choisir aussi la société d’exercice libéral présentée dans
ce chapitre.

Rappel de cours

1. La société civile de droit commun


a) Définition
Ont le caractère civil toutes les sociétés auxquelles la loi n’attribue pas un autre caractère
à raison de leur forme, de leur nature ou de leur objet.

b) Constitution, fonctionnement, contrôle, dissolution, régime fiscal


Constitution
Nombre d’associés : deux minimum, pas de maximum.
Capacité des associés : civile.
Personnalité des associés : personne physique ou personne morale.
Capital minimum : libre.
Composition : apports en nature, en numéraire, en industrie (capital divisé
en parts sociales).
Naissance de la personnalité morale : à dater de son immatriculation au RCS.
Responsabilité des associés : indéfinie et conjointe.

154
La société civile, la société d’exercice libéral 20
C H A PI T R E


Fonctionnement
Organes : associés et gérant(s).
Direction : gérant(s), personne physique ou personne morale, associés
ou tiers.
Nomination du gérant : selon les règles statutaires (à défaut par décision des asso-
ciés représentant plus de la moitié des parts sociales).
Durée des fonctions : fixée par les statuts ou les associés (à défaut pour la durée
de la société).
Pouvoirs du gérant :
– vis-à-vis des associés : tous les pouvoirs dans l’intérêt social ;
– vis-à-vis des tiers : tous les pouvoirs dans le cadre de l’objet social.
Révocation du gérant :
(1)
• selon les règles statutaires (à défaut par décision des asso-
ciés représentant plus de la moitié des parts sociales) ;
• révocation judiciaire pour cause légitime à la demande
d’un associé.
Obligation : rendre compte de la gestion aux associés une fois par an.
Responsabilité du gérant : en cas de faute de gestion, violation des statuts, infraction
aux lois et règlements.
Décisions collectives : prises à la majorité statutaire, à défaut à l’unanimité. En
assemblée, par consultation écrite ou par consentement
exprimé dans un acte.
Droits des associés : droit de vote, droit à l’information, droit aux bénéfices et au
boni de liquidation, droit de céder ses parts, droit de retrait.
Obligations des associés : obligation d’apport, contribution aux pertes, obligation au
passif, indéfiniment à l’égard des tiers.
Contrôle
Par les associés : par l’exercice du droit de vote(2) et du droit d’information
Par le commissaire aux comptes : obligatoire si la société a une activité économique et si deux
des trois seuils suivants sont dépassés :
• 50 salariés en moyenne sur l’exercice,
• 3,1 millions d’euros de chiffres d’affaires HT,
• 1 550 000 e au total du bilan.
Dissolution
Cas de dissolution : communs à toute société (voir chapitre 3).
Le décès d’un associé n’entraîne pas la dissolution de la
société ; les héritiers devront être agréés si une clause d’agré-
ment est prévue dans les statuts.
Régime fiscal IR ou IS sur option
(1) Sans juste motif, la révocation peut donner lieu à dommages-intérêts.
(2) La procédure de contrôle des conventions ne s’applique que pour les conventions conclues entre une société
civile ayant une activité économique et ses dirigeants.

Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec l’agrément de tous les associés, sauf
exceptions prévues par la loi.

155
20 La société civile, la société d’exercice libéral
C H A PI T R E

2. La société d’exercice libéral


Les professions libérales ont le choix de créer :
–– des sociétés civiles : SCM (société civile de moyens), SCP (société civile professionnelle) ;
–– des sociétés d’exercice libéral, SEL.

a) Définition
Les professions libérales réglementées peuvent créer une société d’exercice libéral pour
l’exercice en commun d’une même profession ou de plusieurs professions libérales visées
par la loi. Sont concernées : les professions médicales et para-médicales, les professions
juridiques, les professions techniques.
Sociétés pouvant être adoptées sous la forme de SEL : SARL (SELARL), SA (SELAFA),
SCA (SELCA), SAS (SELAS)

b) Constitution et direction
SELARL SELAFA SELCA SAS
Nombre d’associés 1 à 100 minimum 3 • Un commandité 1 ou 2 minimum.
minimum.
• Trois commandi-
taires minimum.
Capital minimum libre 37 000 _ 37 000 _ Librement fixé par
légal les associés
Détention 100 % ou 50 % 50 % détenus par Identique à la Identique à la
du capital détenus par les les professionnels SELAFA SELAFA
professionnels selon les profes-
selon les profes- sions
sions.
Responsabilité des • Chaque associé est responsable sur Idem, mais la Identique à la
associés l’ensemble de son patrimoine de ses responsabilité des SELAFA
actes professionnels et la SEL est solidai- dettes sociales est
rement responsable avec lui. illimitée pour les
• La responsabilité des dettes sociales associés comman-
est limitée aux apports. dités.
Personnalité Oui après immatriculation au RCS et agrément de l’ordre professionnel.
morale
Direction La gérance est Deux tiers du Gérance assurée Le président doit
assurée par les conseil d’admi- par les profession- être un profession-
professionnels nistration ou du nels exerçant au nel exerçant au
exerçant au sein conseil de surveil- sein de la société. sein de la société
de la société. lance confiés aux
professionnels
exerçant au sein de
la société.
Régime fiscal • SELARL : IS. IS IS IS
• EURL : IR ou IS
sur option.

156
La société civile, la société d’exercice libéral 20
C H A PI T R E

En dehors de ces règles particulières, les règles de la forme juridique adoptée (SARL, SA,
SCA, SELAS) vont s’appliquer, à l’exception également :
∑∑ de la participation au vote des conventions concernant les dirigeants lorsqu’elles
portent sur les conditions dans lesquelles ils y exercent leur profession (seuls les pro-
fessionnels peuvent participer à l’assemblée ou au conseil compétents) ;
∑∑ du régime de cession des droits sociaux :
–– dans la SELARL, l’agrément des trois quarts des porteurs de parts exerçant la pro-
fession au sein de la société est nécessaire,
–– dans la SELAFA, l’agrément soit des deux tiers des actionnaires exerçant dans la
société, soit des deux tiers des membres du conseil d’administration ou du conseil
de surveillance exerçant au sein de la société est nécessaire,
–– dans la SELCA, l’agrément des deux tiers des commandités est nécessaire,
–– dans la SELAS, l’agrément des deux tiers des associés exerçant dans la société est
nécessaire.
Les litiges opposant la société avec un associé ou les associés entre eux sont de la compé-
tence des juridictions civiles.

Tests de connaissances
Thème : la société civile

1  Les individus suivants souhaitent créer une société pour exercer leur métier. Pourront-ils
choisir la forme d’une société civile :
❏❏ A un boulanger patissier ;
❏❏ B un marchand de journaux/papeterie ;
❏❏ C un expert-comptable ;
❏❏ D un écrivain ;
❏❏ E un chercheur ;
❏❏ F un agriculteur ;
❏❏ G un avocat ;
❏❏ H un médecin ;
❏❏ I un épicier ;
❏❏ J un promoteur immobilier.
2  La responsabilité des associés dans une société civile est en principe :
❏❏ A indéfinie et solidaire ;
❏❏ B indéfinie et conjointe.
3  Le gérant d’une société civile est révocable, dans le silence des statuts :
❏❏ A à l’unanimité des associés ;
❏❏ B par décision des associés représentant plus de la moitié des parts sociales.

157
20 La société civile, la société d’exercice libéral
C H A PI T R E

4  Dans une société civile, les décisions ordinaires ou extraordinaires sont prises :
❏❏ A à l’unanimité des associés dans le silence des statuts ;
❏❏ B 
à l’unanimité des associés seulement pour les décisions extraordinaires dans le silence
des statuts ;
❏❏ C à la majorité statutaire.
Thème : la SEL

5  Citer des professions pouvant choisir la forme juridique d’une SEL.

6  Des non-professionnels peuvent-ils participer au capital des SEL ?

7  Deux experts-comptables ont créé une SELARL ; leur responsabilité sera :


❏❏ A limitée aux apports dans tous les cas ;
❏❏ B limitée aux apports pour les dettes sociales seulement ;
❏❏ C illimitée pour leurs actes professionnels.
8  Quelles sont les personnes qui doivent diriger les SEL ?

Exercices d’application

CAS 50 GUP
Thème : la société civile, création et fonctionnement
Trois enseignants, collègues de travail dans le même établissement public et spécialisés chacun
dans un domaine particulier (les arts plastiques, la biologie et la gestion), font le même constat :
leur discipline évolue rapidement et il n’existe pas sur le marché les manuels adaptés aux besoins
de leurs étudiants. Chacun prépare actuellement un ouvrage qu’ils décident de diffuser dans le
cadre d’une société civile d’auteurs-éditeurs en apportant chacun 2 500 _. Ils conviennent que
chaque associé recevra des bénéfices en fonction des ventes de son ouvrage et que la contribution
aux pertes sera divisée en trois parts égales. Pour le reste ils s’en réfèrent à la loi.
C. Gain, comptable, en sera la gérante et recevra pour le premier exercice une rémunération.
Chaque associé devra fournir des informations pour la prospection commerciale.

 Questions
1) Vérifier que cette société peut être valablement constituée avec les éléments fournis.
2) La clause de répartition des bénéfices et pertes est-elle légale ?
3) Un fonctionnaire peut-il être gérant d’une société civile ?
4) À quelle majorité seront prises les décisions collectives ?
5) Il s’avère que les ventes sont trop faibles par rapport aux dépenses engagées (imprimerie,
publicité, expédition, rémunération du gérant, etc), comment les associés assumeront-ils les
dettes sociales qui s’élèvent à 1 400 _ ?

158
La société civile, la société d’exercice libéral 20
C H A PI T R E

CAS 51 VITAL
Thème : la société d’exercice libéral à responsabilité limitée
Le docteur Lond, généraliste, Mme Bel, orthophoniste, et Mme Otto, gynécologue, ont créé depuis
huit ans déjà une société civile professionnelle qui fonctionne bien. Ils veulent transformer celle-ci
en une société d’exercice libéral à responsabilité limitée comme le législateur les y autorise.

 Questions
1) À quelles conditions la transformation est-elle possible ?
2) Quel avantage procurera l’adoption de cette nouvelle forme juridique ?
3) Pourront-ils faire entrer dans leur société des non-professionnels ?

159
21
CHAPITRE
Les groupements

coopératifs : société
coopérative, GAEC
1. La société coopérative
2. Le GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun)

Rappel de cours

Le mouvement coopératif est né de la contestation du capitalisme. Le besoin d’une orga-


nisation de la production et de rapports sociaux plus humains dans l’entreprise est à
l’origine de la naissance de structures intégrant ces valeurs. C’est une loi du 10.09.1947
qui fixe les règles générales de la société coopérative. D’autres textes sont intervenus pour
adapter le schéma général aux spécificités de secteurs économiques : la SCOP (société
coopérative ouvrière de production), la société coopérative agricole, le GAEC (groupe-
ment agricole d’exploitation en commun), la société coopérative d’HLM. Deux structures
sont envisagées ici : la société coopérative en général et le GAEC.

1. La société coopérative
La définition de la société coopérative est donnée par l’article 1 L. 1947 : « La société coo-
pérative peut être une société à capital et personnel variables dont l’objet essentiel est :
–– de réduire, au bénéfice de ses membres et par l’effort de ceux-ci, le prix de revient, et,
le cas échéant, le prix de vente de certains produits ou de certains services, en assu-
mant les fonctions des entrepreneurs ou des intermédiaires, dont la rémunération
grèverait ce prix de revient ;
–– d’améliorer la qualité marchande des produits fournis à leurs membres ou de ceux
produits par ces derniers et livrés aux consommateurs.
Les coopératives exercent leur activité dans toutes les branches de l’activité humaine. »

a) Constitution
Elle regroupe des « sociétaires ». Chaque sociétaire doit être à la fois asso-
Les associés
cié et client ou fournisseur.
La société peut être constituée sans capital (des apports en industrie
suffisent) ou avec un capital libre (minimum 18 500 _ pour une SA coo-
pérative). Le capital est variable ce qui permet le retrait ou l’admission de
Le capital
nouveaux sociétaires en cours de vie sociale. Le capital peut être constitué
d’apports en numéraire, en nature et en industrie (sauf pour la SA).
Le capital est divisé en parts ou en actions selon la forme juridique choisie.

160
Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC 21
C H A PI T R E


Civil ou commercial.
L’objet Le but de la société n’est pas la recherche d’un profit mais la fourniture de
produits ou de services meilleurs et moins chers.
La forme juridique Choix possible entre la société civile, la SARL, la SA.
Les profits réalisés devront être répartis entre les sociétaires selon la règle
La répartition
de la ristourne c’est-à-dire non pas en fonction du nombre de titres détenus
du résultat
mais au prorata de leurs opérations avec la coopérative.
La responsabilité des Limitée pour la SARL et la SA, indéfinie et conjointe pour la société civile.
sociétaires

Les formalités à respecter sont identiques à celles de la forme juridique choisie.

b) Fonctionnement
L’organisation et le fonctionnement sont ceux de la forme juridique choisie : gérant et
assemblée de sociétaires pour la SARL et la société civile, conseil d’administration, direc-
teur général (ou conseil de surveillance et directoire) pour la SA.
Un principe démocratique est à signaler dans les règles de fonctionnement des assem-
blées : chaque sociétaire dispose d’une voix (sauf dérogation statutaire conforme à la loi).
La présence d’un commissaire aux comptes dépend de la forme juridique choisie.

2. Le GAEC
(groupement agricole d’exploitation en commun)
C’est une société civile à statut particulier régie par le Code civil et les articles L. 323-1 à
L. 323-16 du Code rural.

a) Constitution
2 minimum, 10 maximum.
Les associés doivent être des personnes physiques majeures.
Associés Deux époux ou deux personnes vivant maritalement ne peuvent pas être
seuls associés d’un GAEC. Les associés ne sont pas forcément des membres
d’une même famille.
Civil : l’exploitation d’un domaine agricole. Il doit permettre la réalisation
Objet
d’un travail en commun et la vente du fruit du travail des associés.
Pas de minimum requis : apports en numéraire, en nature, en industrie (ce
Capital dernier ne concourt pas à la formation du capital)
Le capital est divisé en « parts d’intérêts ». Le capital peut être variable
Les pertes d’exploitation sont partagées entre associés à proportion de
Responsabilité leurs parts d’intérêts.
des associés La responsabilité vis-à-vis des tiers est limitée à 2 fois la fraction du capital
possédée.
Agrément Le GAEC doit obtenir l’agrément d’un comité départemental ou régional.
Identiques à la société civile (statuts écrits, enregistrés, JAL, immatricula-
Formalités
tion au RCS).

161
21 Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC
C H A PI T R E

b) Fonctionnement
On applique au GAEC les règles de la société civile : un gérant doit être nommé, il devra
être obligatoirement un associé.
Les associés sont réunis en assemblées. Les décisions collectives sont prises à la majo-
rité statutaire, à défaut, à l’unanimité. Les associés participant effectivement au travail en
commun doivent avoir la majorité des voix.
Les associés ont les mêmes droits que ceux d’une société civile.
Retrait, exclusion d’un associé : lorsqu’un associé invoque un motif grave et légitime, il
peut être autorisé par les autres associés à se retirer du groupement. En cas de refus de
ceux-ci, l’autorisation peut être donnée par le tribunal de grande instance. Les statuts
peuvent prévoir l’exclusion d’un associé pour motif grave et légitime.

Tests de connaissances
Thème : la société coopérative

1  Donner la définition de la société coopérative.

2  Quel est son champ d’application ?

3  Quelle forme juridique peut être choisie par la société coopérative ?

4  Quelle est la particularité du capital social ?

5  Quel est le but d’une société coopérative ?

6  Comment sont répartis les profits réalisés par la coopérative ?

7  Quelle est la responsabilité des sociétaires ?

8  Quelle est la particularité de la coopérative dans la prise de décision en assemblée ?

9  La présence d’un commissaire aux comptes est-elle obligatoire ?

162
Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC 21
C H A PI T R E

Thème : le GAEC

Vrai Faux Commentaire


10  Le nombre d’associés : 2 minimum, 20 maximum

11  Deux époux peuvent ensemble créer un GAEC

12  Les associés doivent exploiter un domaine agricole en


commun
13  Tous les apports sont autorisés

14  Le capital peut être variable

15  La forme juridique du GAEC est choisie librement par


les associés
16  La responsabilité des associés est limitée envers les
tiers
17  Le GAEC doit obtenir un agrément avant son imma-
triculation
18  Le GAEC est immatriculé au RCS

19  Les associés qui travaillent dans le GAEC ont la majo-


rité des voix en assemblée
20  Un associé peut se retirer du GAEC ou en être exclu

21  La direction d’un GAEC est assurée par une gérance


(unique ou collégiale)

Exercices d’application

CAS 52 SCA FRONTIGNAN


Thème : la société coopérative
Dans la région Languedoc-Roussillon, la société coopérative agricole Frontignan réunit 230 coo-
pérateurs-producteurs. Elle s’occupe de la vinification, mise en bouteille et commercialisation des
récoltes des producteurs pour obtenir le « Muscat de Frontignan », appellation d’origine contrôlée.
Elle collecte et élabore 80 % de la production du Muscat
Elle a été fondée en 1904 et emploie actuellement 16 salariés. Son réseau commercial couvre la
France, l’Europe, le Japon et les États-Unis. Elle a la forme juridique d’une société anonyme au
capital variable (20 000 _ actuellement), avec conseil d’administration.

163
21 Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC
C H A PI T R E

 Questions
1) Vérifier que les conditions de constitution d’une société coopérative sont réunies.
2) La forme juridique choisie est-elle légale ?
3) Quelle est la majorité ordinaire à atteindre au sein de l’assemblée générale ?

CAS 53 GAEC D’AMBIAS


Thème : le GAEC
Le GAEC d’Ambias est une exploitation familiale située dans le sud de l’Aveyron. Il élève un trou-
peau de 300 brebis et transforme le lait cru en fromage fermier vendu à la ferme et sur les marchés
locaux. Mathieu, sa femme Annie et leur fils Olivier (25 ans) sont les trois associés du GAEC qui
travaillent tous les trois sur le domaine. Le GAEC vient de s’équiper d’un système de traite automa-
tique des brebis. Pour cela il a obtenu un prêt de son banquier.

 Questions
1) Le GAEC d’Ambias est-il légalement constitué ? Quelle est la forme juridique que doit adop-
ter le GAEC ?
2) Que se passera-t-il si le GAEC n’arrive pas à rembourser le prêt consenti par sa banque pour
le système de traite automatique ?

164
22
CHAPITRE
Les autres

groupements :
GIE –association
1. L e groupement d’intérêt économique et
le groupement européen d’intérêt économique
2. L’association

Rappel de cours

Le groupement d’intérêt économique a un régime juridique très souple, déterminé dans


un contrat. Le groupement d’intérêt économique a été institué en 1967 afin de permettre
aux entreprises d’unir leurs efforts dans un projet commun, tout en conservant leur
entière autonomie. Sur son modèle, la loi de 1989 a instauré le groupement européen
d’intérêt économique.
Le GIE et le GEIE n’ont pas vocation à rechercher des bénéfices, tout comme l’association
qui doit être constituée sans but lucratif.
Définition du GIE : Deux ou plusieurs personnes physiques ou morales peuvent consti-
tuer entre elles un groupement d’intérêt économique, GIE, pour une durée déterminée.
Le but du groupement est de faciliter, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette
activité. Il n’est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même. Son activité doit se rattacher
à l’activité de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci
(art. L. 251-1 C. com.).

1. L e groupement d’intérêt économique et


le groupement européen d’intérêt économique
a) Les similitudes
• Un contrat constitutif du groupement est rédigé et signé par les
membres.
• Objet : mettre en commun des moyens en vue de faciliter ou développer
l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résul-
tats de cette activité. L’objet peut être civil ou commercial.
Constitution
• Membres : deux ou plusieurs personnes physiques ou morales.
• Capital : constitué avec ou sans capital, pas de capital minimum. Apports
en numéraire, en nature, en industrie autorisés.
• Personnalité morale : à dater de l’immatriculation au RCS.
• Responsabilité des membres : indéfinie et solidaire.

165
22 Les autres groupements : GIE –association
C H A PI T R E


• Statut des dirigeants : organisé par le contrat (nomination, révocation).
• Pouvoirs des dirigeants vis-à-vis des membres : déterminés par le contrat,
les limitations sont inopposables aux tiers.
• Responsabilité des dirigeants en cas de faute de gestion, violation du
Fonctionnement contrat, violation des lois et règlements.
• Membres regroupés en assemblées : dans le silence du contrat, chaque
membre dispose d’une voix et la règle de l’unanimité s’applique.
• Droits des membres : droit de vote, droit au partage des bénéfices (s’il en
existe), droit de se retirer du groupement.
• Contrôleur(s) de gestion obligatoire(s), nommé(s) selon les modalités
du contrat ou obligatoirement par l’assemblée des membres quand le
groupement émet des obligations. Ils sont obligatoirement des personnes
physiques, choisis parmi les membres ou en dehors d’eux, leur nomination
est publiée. Leur mission est déterminée dans le contrat.
Contrôle • Commissaire(s) aux comptes obligatoire(s) si le groupement émet des
obligations ou quand le groupement compte au moins cent salariés à la
clôture d’un exercice. Leur nomination est facultative dans les autres cas.
Ils sont nommés par l’assemblée pour six exercices, leur statut et leur rôle
sont identiques à ceux de la société anonyme. Quand il existe, le commi-
saire aux comptes a le droit d’alerte.
Un groupement peut être transformé en société en nom collectif sans que
Transformation
la transformation entraîne dissolution ni création d’un être moral nouveau.
• Cas de dissolution : arrivée du terme ; réalisation ou extinction de l’ob-
jet ; décision de l’assemblée ; décision judiciaire pour justes motifs; décès
d’un membre ou dissolution d’un membre, personne morale ; incapacité,
faillite personnelle, interdiction de diriger d’un membre (ce cas de dissolu-
tion peut être écarté par une clause du contrat ou une décision unanime
Dissolution
des autres membres) ; groupement réduit à un seul membre.
• Effets de la dissolution : elle entraîne automatiquement la liquidation du
groupement, la personnalité morale subsiste pour les besoins de la liqui-
dation. Après paiement des dettes, l’excédent d’actif est réparti entre les
membres dans les conditions du contrat, à défaut, par parts égales.

b) Les divergences
Origine Deux membres au moins doivent relever de deux États différents de l’Union
des membres européenne dans le GEIE.
Durée Déterminée pour le GIE ; peut être à durée indéterminée pour le GEIE.
Outre le dépôt du contrat au greffe du tribunal de commerce, l’immatricula-
Formalités tion au RCS et l’insertion au BODACC, le GEIE doit faire l’objet d’une publica-
tion au Journal officiel de l’Union européenne.
Unanimité obligatoire dans le GEIE pour les décisions suivantes :
• Transfert du siège entraînant un changement de la loi applicable.
• Modification de l’objet du groupement.
• Modification des conditions de prise de décision.
Majorité
• Prorogation de la durée du groupement.
• Modification de la part contributive de chaque membre au financement du groupement.
• Admission de nouveaux membres.
• Autorisation donnée à un membre de céder tout ou partie de ses droits.

166
Les autres groupements : GIE –association 22
C H A PI T R E


• GIE : un ou plusieurs administrateurs, personnes physiques ou morales.
Direction • GEIE : un ou plusieurs gérants obligatoirement personnes physiques (ou
personnes morales si le contrat l’a prévu).
Pouvoirs • GIE : un administrateur engage le groupement par tout acte entrant dans
des dirigeants l’objet social.
vis-à-vis des tiers • GEIE : un gérant engage le groupement par tout acte au-delà de l’objet social.

2. L’association
a) Définition
Convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon
permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices; elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicables
aux contrats et obligations.

b) Typologie
Types d’associations Caractéristiques
Association non déclarée Constitution libre, sans formalité officielle. Elle n’a
aucune capacité juridique.
Association déclarée et publiée Soumise au dépôt des statuts. Déclarée et publiée,
elle a la capacité juridique, mais ne peut pas recevoir
de dons (autres que manuels), ni de legs.

Association reconnue d’utilité publique Soumise à des d’obligations administratives, elle a


une capacité juridique plus étendue lui permettant
notamment de recevoir des dons et legs.

Autres types : association agréée, fondation, fédération.


L’association déclarée étant la plus répandue, c’est elle qui fera l’objet du développement
ci-dessous.

c) Constitution de l’association déclarée et publiée


• Membres fondateurs : personnes physiques ou morales qui ont participé à sa
création.
Membres
• Membres actifs et adhérents : entrent dans l’association moyennant une cotisation.
de l’association
• Membres d’honneur : généralement dispensés de payer les cotisations annuelles.
• Membres bienfaiteurs payant volontairement une cotisation plus élevée.
• Élaboration du projet de statuts et tenue d’une assemblée constitutive.
• Adoption des statuts.
• Désignation d’un bureau qui doit se composer d’un président, d’un secrétaire,
d’un trésorier.
Étapes
de constitution • Désignation des membres devant composer le conseil d’administration (faculta-
tif).
• Dépôt des statuts, de la déclaration officielle de l’association, d’une attestation
justifiant le siège social et d’une demande de publication au Journal officiel
auprès de la préfecture.

167
22 Les autres groupements : GIE –association
C H A PI T R E

À compter du jour de la publication au Journal officiel, l’association a la capacité juri-


dique qui lui donne les droits suivants :
–– droit d’agir en justice ;
–– droit d’acquérir des biens à titre onéreux (mais, pour l’acquisition de biens immo-
biliers, elle ne peut acquérir que le local destiné à son administration et à la réunion
de ses membres et les immeubles strictement nécessaires à l’accomplissement du but
qu’elle se propose) ;
–– droit de protéger son nom ;
–– ouverture et gestion d’un compte bancaire ;
–– embauche de salariés ;
–– droit de percevoir des cotisations ;
–– droit de recevoir des subventions régionales, départementales ou communales ;
–– droit d’emprunter ;
–– droit d’émettre sous certaines conditions des obligations ;
–– droit de réaliser des actes de commerce à condition que ces actes soient accessoires à
son activité principale.
Elle ne peut recevoir ni dons ni legs mais peut recevoir des dons manuels.
DROITS ET OBLIGATIONS DES MEMBRES
Droits Obligations
• Droit aux prestations fournies par l’association. • Obligation de payer la cotisation.
• Droit de reprise d’apports mobiliers ou immobiliers • Obligation de respecter les statuts
effectués par l’adhérent après la liquidation de l’asso- et le règlement intérieur, s’il existe.
ciation. • Les membres de l’association ne sont
• Droit de se retirer quand l’association est à durée pas responsables des dettes de celle-ci.
illimitée.

d) Fonctionnement
∑∑ Le bureau est l’organe permanent et obligatoire de l’association qui se compose :
–– d’un président qui représente l’association envers les tiers, la dirige (il a tous les pou-
voirs de la vie civile), l’organise et la contrôle. La loi du 15 mai 2001 lui impose de
présenter à l’assemblée un rapport sur les conventions réglementées passées entre
l’association et un de ses administrateurs ou l’une des personnes assurant un rôle de
mandataire social (obligation incombant au commissaire aux comptes s’il existe) ;
–– un secrétaire qui assure la gestion administrative ;
–– un trésorier qui assure la gestion financière.
∑∑ Le conseil d’administration (facultatif sauf exceptions) est composé d’administrateurs
dont le nombre et les pouvoirs sont fixés par les statuts. Il se réunit une ou plusieurs fois
par an.
∑∑ Les assemblées générales se composent des membres de l’association ; elles sont convo-
quées par le président ou le conseil d’administration. Leur compétence varie :
–– l’assemblée générale ordinaire est chargée d’approuver la gestion de l’année écoulée,
de voter le budget pour l’année à venir, de renouveler le bureau et les membres du
conseil d’administration (s’il existe). Elle doit se tenir au moins une fois par an ;

168
Les autres groupements : GIE –association 22
C H A PI T R E

–– l’assemblée générale extraordinaire est compétente pour les décisions modifiant les
statuts.
Les statuts déterminent librement les conditions de quorum et de majorité des assem-
blées.
∑∑ Un conseil de surveillance peut être prévu par les statuts. Il se compose de membres
élus par l’assemblée générale ordinaire. Il contrôle l’activité des administrateurs et des
dirigeants et fait un rapport annuel à l’assemblée générale.

e) Contrôle de l’association
Les associations qui ont reçu une ou plusieurs subventions publiques dont le montant
atteint 153 000 e doivent établir des comptes annuels et nommer un commissaire aux
comptes et un suppléant depuis la loi du 8.01.2003. Il a le droit d’alerte sur tout fait de
nature à compromettre la continuité de l’activité.
Un arrêté du 14.10.2009 a autorisé la création par le ministère de l’Intérieur d’un réper-
toire national des associations afin d’améliorer la connaissance du monde associatif fran-
çais.

f) Responsabilité de l’association
∑∑ Responsabilité civile :
–– envers ses membres : elle engage sa responsabilité contractuelle en cas d’inexécution
ou de mauvaise exécution de ses obligations statutaires ; elle est responsable des dom-
mages corporels subis par ses membres ;
–– envers les tiers : l’association est responsable du dommage qu’elle cause aux tiers en
matière contractuelle ou délictuelle.
∑∑ Responsabilité pénale : depuis le 1er mars 1994, les associations sont responsables
pénalement, dans les cas prévus par les lois et règlements, des infractions commises pour
leur compte, par leurs représentants.

g) Responsabilité des dirigeants


∑∑ Responsabilité civile pour faute commise dans leur gestion. Lorsque l’association a été
mise en liquidation judiciaire et qu’il y a insuffisance d’actif, ils peuvent être appelés en
comblement de passif.
∑∑ Responsabilité pénale quand ils sont auteurs, coauteurs ou complices d’une infraction
imputable à l’association.
Remarque : Les membres de l’association ne sont pas responsables des dettes de celle-ci.

h) Procédures collectives
Les associations sont soumises aux procédures collectives de sauvegarde, redressement
et liquidation judiciaires puisqu’elles s’appliquent à « toute personne morale de droit
privé ». La liquidation judiciaire d’une association n’entraîne pas sa dissolution (à la dif-
férence d’une société). Après la clôture de la procédure pour extinction du passif, l’asso-
ciation retrouve l’exercice de ses droits (Cass. com. 19.10.2010).

169
22 Les autres groupements : GIE –association
C H A PI T R E

i) Dissolution
∑∑ Cas de dissolution :
–– dissolution volontaire décidée en assemblée générale extraordinaire ;
–– dissolution statutaire par réalisation de l’objet ; arrivée du terme (une clause de proro-
gation est possible) ;
–– dissolution judiciaire à la requête de tout intéressé ou du ministère public (objet devenu
illicite ou contraire aux bonnes mœurs) ;
–– dissolution administrative : certaines associations peuvent être dissoutes par décret en
Conseil des ministres.
∑∑ Effets de la dissolution :
–– la dissolution donne lieu à liquidation. Un liquidateur est nommé par l’assemblée ou
par décision de justice ;
–– après paiement des créanciers de l’association, l’actif restant doit être transmis à une
ou plusieurs associations selon la volonté de l’assemblée générale. À défaut, les biens
sont dévolus à l’État.

Tests de connaissances
Thème : GIE et GEIE

1  Indiquer le nombre minimum et la qualité des membres, ainsi que le montant du capital
d’un GIE et d’un GEIE.
2  Quel est l’objet d’un GIE ou d’un GEIE ?

3  Qui sont les dirigeants d’un GIE ? d’un GEIE ?

4  Les assemblées de membres d’un GIE délibèrent :


❏❏ A à la majorité prévue par le contrat ;
❏❏ B à l’unanimité ;
❏❏ C à l’unanimité des membres dans le silence du contrat.
5  Quels sont les droits des membres d’un GIE ?

6  Peut-on exclure le membre d’un GIE ?

Thème : l’association

7  Quelle est la différence entre un GIE et une association ?

8  Compléter le tableau comparatif ci-après entre l’association et la société :

170
Les autres groupements : GIE –association 22
C H A PI T R E

Critères Association déclarée Société


But de la création
Durée
Nature de l’objet
Mise en commun initiale
Apports
Composition du patrimoine
Point de départ de la personnalité morale
Capacité juridique
Droits financiers des membres
Responsabilité de l’association ou de la
société
Responsabilité civile des membres ou associés
vis-à-vis des créanciers
Responsabilité civile des dirigeants

9  Quel est l’avantage pour une association d’être reconnue d’utilité publique ?
10  Quels sont les organes d’une association ?
11  Le président d’une association déclarée peut-il prendre les décisions suivantes :
❏❏ A ouvrir un compte bancaire ;
❏❏ B acheter un terrain pour placer l’argent de l’association ;
❏❏ C intenter une action en justice pour défendre les intérêts de son association ;
❏❏ D recruter du personnel ;
❏❏ E demander une subvention au conseil général de son département ;
❏❏ F vendre des casquettes lors de la fête annuelle de l’association.

12  Quand une association est dissoute, que devient l’actif restant de l’association après liqui-
dation ?
13  Une association doit-elle établir des comptes annuels et nommer un commissaire aux
comptes ?
14  Une association en difficulté peut-elle faire l’objet d’une procédure collective ?

Exercices d’application

CAS 54 EMBAL
Thème : GIE et GEIE
La société anonyme ABC spécialisée dans l’imprimerie voudrait constituer un GIE pour trois ans
avec une société anonyme spécialisée dans l’emballage afin de promouvoir leurs produits dans

171
22 Les autres groupements : GIE –association
C H A PI T R E

l’Union européenne. Elles le constitueront sans capital ; il aura cinq salariés à sa création et n’émet-
tra pas d’obligations. Dans un deuxième temps, ces deux entreprises prévoient de se regrouper avec
trois autres sociétés (italienne, espagnole et allemande) pour distribuer leurs produits.

 Questions
1) Le GIE envisagé répond-il au champ d’application de ce groupement ? Peut-on constituer un
GIE sans capital ?
2) Qui pourra le diriger ?
3) Le GIE aura-t-il la personnalité morale ?
4) Quelle sera la responsabilité des membres du groupement ?
5) Ce GIE sera-t-il doté d’organes de contrôle ?
6) Le groupement pourra-t-il se transformer en société ? en GEIE en intégrant les trois sociétés
européennes ? y aura-t-il, dans ce dernier cas, un changement au niveau de la direction ?

CAS 55 RAP
Thème : association
M. Paul, retraité, a un portefeuille de valeurs mobilières dans diverses sociétés cotées. Soucieux de
la défense de ses intérêts, il a adhéré à l’ADAM. Il vient d’acquérir 1 % du capital de la société cotée
Rap (capital social de quatre millions d’euros). Lors de la dernière assemblée générale annuelle, il
a sympathisé avec d’autres actionnaires minoritaires. Ils ont convenu de créer ensemble une asso-
ciation d’actionnaires au sein de la société Rap puisque la loi de 1994 leur en donne la possibilité.

 Questions
1) Qu’est-ce que l’ADAM et quel est son objet ?
2) Sous quelles conditions la création d’une association d’actionnaires au sein de la société
est possible ? Vous aider du rappel de cours du chapitre 16.
3) M. Paul est chargé du dossier de constitution de l’association. Quelles pièces doit-il conte-
nir ?
4) Quelles démarches doit-il entreprendre :
a) pour que son association soit déclarée ? préciser l’intérêt de cette « déclaration » ;
b) pour que son association puisse agir ?
5) Quels seront les droits de cette association d’actionnaires ?

172
23
CHAPITRE
Droit pénal :

l’action publique

1. Le cadre général de l’action publique


2. La mise en œuvre de l’action publique

Rappel de cours

L’Etat est chargé de faire respecter l’ordre public dans le cadre des lois.
Le code pénal définit l’ensemble des infractions commises par des personnes physiques
ou morales et leurs sanctions.
Le code de procédure pénale fixe les règles de mise en œuvre de l’action publique.
L’action publique est l’action conduite au nom de la société en vue de réprimer une infraction
en application de la loi pénale. Elle est engagée au nom de la société puisqu’elle vise à réprimer
un trouble à l’ordre public et non à réparer un préjudice personnel. Elle est mise en œuvre par
le ministère public, contre les auteurs, coauteurs ou complices d’une infraction.
D’autres codes, tel le Code de commerce, contiennent des infractions spécifiques.

1. Le cadre général de l’action publique


a) La source de l’action publique : l’infraction
➤ Définition
L’infraction se définit comme étant une action ou omission et est punie de certaines
peines également fixées strictement par la loi pénale. L’infraction est donc un comporte-
ment interdit sous la menace d’une sanction pénale.

➤ Classification des infractions


Dans un sens large, le mot infraction vise, dans un ordre hiérarchique décroissant, tout
crime, délit ou contravention, soit envisagé abstraitement par le législateur, soit perpétré
concrètement par un malfaiteur.

➤ Éléments constitutifs
Trois éléments doivent être réunis pour qu’il y ait infraction :

173
23 Droit pénal : l’action publique
C H A PI T R E

Élément légal Élément matériel Élément moral ou intentionnel


L’infraction doit être L’infraction doit avoir été commise ou L’auteur de l’infraction doit
prévue par la loi au tentée. (la tentative de vol est punie avoir agi volontairement, en
moment de sa commis- comme le vol). conscience.
sion.
Il n’y a pas d’infraction Elle peut également résulter d’une L’infraction consiste en la volonté
sans texte législatif. omission. (Exemple : non-révélation délibérée d’accomplir un acte
de faits délictueux par le commissaire puni par la loi (art. 121.3 du
aux comptes) Code pénal(1).
(1) Dans certains cas, la négligence, l’imprudence ou le manquement à une obligation de prudence ou de sécurité, légale
ou règlementaire, sont aussi sanctionnés ; il s’agit de faute non intentionnelle.
L’élément intentionnel n’est pas un élément constitutif nécessaire à la poursuite des contraventions puisque l’article 121.3
du Code pénal ne mentionne pas les contraventions : « il n’y a pas de crime ou délit sans intention de le commettre ».

➤ Les responsables de l’infraction


Une personne physique ou morale. La personne morale est pénalement
responsable des infractions commises par ses organes ou représentants. En
L’auteur droit pénal des affaires, les dirigeants de droit (gérants, directeurs géné-
raux, membres du conseil – d’administration ou de surveillance – et les
dirigeants de fait) sont pénalement responsables.
Le coauteur Il a participé dans les mêmes termes que l’auteur de l’infraction à celle-ci.
Il est celui qui, par son aide ou son assistance, a facilité la préparation ou
Le complice
la consommation de l’infraction, de façon consciente
Il assumera la responsabilité pénale du fait d’autrui dans certains cas
Un tiers
(exemple : l’employeur pour une infraction commise par un salarié).

La ou les personnes poursuivies prennent le nom :


–– de contrevenant devant le tribunal de police,
–– de prévenu devant le tribunal correctionnel,
–– d’accusé devant la cour d’assises.
Remarque : La loi du 13.12.2011 supprime la juridiction de proximité comme juridiction auto-
nome et elle rattache les juges de proximité au tribunal de grande instance (TGI) en modifiant
leurs compétences (loi applicable au 01.01.2015).

➤ La victime
Elle subit un préjudice direct du fait de l’infraction.
Devant le tribunal, ou devant le juge d’instruction, la victime peut se constituer partie
civile, cela lui permet d’être informée du suivi de la plainte et d’être indemnisée de son
préjudice éventuel par la juridiction pénale.

➤ Juridictions compétentes
Les infractions sont poursuivies et jugées devant des juridictions différentes selon les
types d’infractions.
Les contraventions Les délits Les crimes
• Le tribunal de police pour les contraventions • Le tribunal correctionnel. • La cour d’assises.
des 4 premières classes et de 5e classe. • La cour d’appel (chambre • La cour d’assises
• La cour d’appel dans certaines hypothèses. des appels correctionnels) statuant en appel

174
Droit pénal : l’action publique 23
C H A PI T R E

Dans tous les cas, la chambre criminelle de la cour de cassation est compétente pour sta-
tuer sur les pourvois formés contre les décisions des juridictions précitées.
Certaines juridictions ont des compétences spéciales, on citera par exemple le tribunal pour
enfants pour les mineurs, ainsi que la cour d’assises des mineurs selon la gravité des faits.

b) L’effet de l’action publique : la sanction ou peine


➤ Les diverses peines
Pour les contraventions Des peines d’amendes.
Pour les délits Des amendes et peines d’emprisonnement
Pour les crimes Des peines d’emprisonnement
Les peines prévues pour chaque infraction sont dites peines principales.
Des peines complémentaires peuvent s’y ajouter si elles sont prévues par un texte.
En matière de délit et de contravention le juge peut prononcer des peines de substitution.

➤ Les peines applicables aux personnes morales


• Amende multipliée par 5 par rapport • Interdiction d’exercer certaines activités profession-
à celle infligée à une personne physique nelles.
pour les contraventions et délits. • Fermeture d’établissement
• Amende de 1 000 000 _ maximum • Exclusion de certains marchés publics.
pour une peine criminelle. • Interdiction de faire offre publique.
• Dissolution de la personne morale • Interdiction d’émettre des chèques.
dans certains cas. • Affichage et diffusion de la décision de condamnation.

2. La mise en œuvre de l’action publique


a) Les sujets de l’action publique
Le sujet actif de l’action publique est principalement le Ministère public, corps de magis-
trats chargé de conduire l’action publique.
Le demandeur est la victime si elle se constitue partie civile.
Le sujet passif est l’auteur de l’infraction, celui qui supporte les effets de l’action publique.

b) Les principes de l’action publique


Les principes de l’action publique à respecter sont les suivants :
Toute personne poursuivie est présumée innocente, tant qu’elle
La présomption d’innocence
n’a pas été condamnée de façon définitive.
Le principe de la légalité Pas de condamnation pénale sans texte de loi.
Si la loi nouvelle est plus sévère, elle ne s’applique pas aux infrac-
Le principe de la non-
tions déjà commises mais si elle est plus douce, elle s’applique
rétroactivité de la loi pénale
immédiatement.
La personne poursuivie doit être ne mesure de discuter les faits et
Le principe du contradictoire
moyens qui lui sont opposés, elle peut être assistée de son conseil.
L’existence de plusieurs Les juridictions du 1er degré, les cours l’appel, (sauf pour certaines
degrés de juridiction. contraventions), la cour de cassation.

175
23 Droit pénal : l’action publique
C H A PI T R E

c) Le pouvoir de déclenchement de l’action publique


L’article 1 du Code de procédure pénale précise : « L’action publique pour l’application
des peines est mise en mouvement et exercée par les magistrats (le Ministère public) ou
par les fonctionnaires auxquels elle est confiée par la loi. Cette action peut aussi être mise
en mouvement par la partie lésée (la victime de l’infraction) dans les conditions fixées par
le présent code. »
Il est représenté par le procureur de la République (ou par le procureur géné-
Le Ministère public ral devant la cour d’appel ou de Cassation), ou par des fonctionnaires habili-
tés : commissaires de police pour les contraventions, administration fiscale…
La partie lésée La victime de l’infraction sous certaines conditions.

d) Les modalités de déclenchement de l’action publique


∑∑ De sa propre initiative, le ministère public déclenche l’action publique.
∑∑ Sur plainte de la victime au commissariat de police, à la gendarmerie, ou directement
auprès du Ministère public.
Il appartient au Ministère public d’apprécier ou non s’il doit déclencher l’action publique,
c’est le principe de l’opportunité des poursuites.
Il peut choisir différentes options :
–– le classement sans suite, il décide de ne pas poursuivre.
–– il peut proposer une mesure alternative aux poursuites sous certaines conditions ;
–– le déclenchement d’une enquête préliminaire ou de flagrance.
–– l’ouverture d’une information devant un juge d’instruction (pour les crimes et les
délits qui nécessitent des investigations spécifiques).
–– l’engagement immédiat de poursuite devant la juridiction compétente.

e) Les modalités de poursuites


Le procureur de la république peut procéder par :
–– convocation en justice, notamment par officier de police judiciaire, si l’infraction ne
nécessite pas d’instruction ;
–– citation directe : le procureur de la république saisit directement la juridiction com-
pétente en vue d’une comparution ;
–– comparution immédiate, si l’infraction est un délit commis par un majeur passible
d’une peine d’emprisonnement comprise entre 2 et 7 ans ;
–– réquisitoire introductif qui permet la saisine de la juridiction d’instruction quand une
instruction est obligatoire, en matière de crime par exemple, ou quand la complexité
de l’affaire délictuelle l’exige.

176
Droit pénal : l’action publique 23
C H A PI T R E

f) Les différents types d’enquêtes


Sous le contrôle du parquet. Sous le contrôle du juge d’instruction
•  L’enquête préliminaire, prescrite par • Au cours d’une instruction un juge rassemble les preuves
le procureur de la république, peut d’une infraction, enregistre les dépositions des témoins, des
être menée par la police nationale ou parties civiles, décide le la mise en examen des suspects et
la gendarmerie, pour rechercher et du renvoi ou non devant la juridiction compétente.
réunir les éléments d’une infraction, •  Le juge d’instruction peut déléguer certaines investiga-
en identifier l’auteur et permettre des tions à des officiers de polices judicaires de la police ou de
poursuites. la gendarmerie par commission rogatoire
• L’enquête de flagrance peut être • La chambre d’instruction de la cour d’appel exerce le
menée lorsque l’infraction est en train contrôle de l’instruction.
de se commettre ou vient de se com- • Depuis le 1.01.2010, une collégialité de l’instruction et
mettre (ou tenter) des pôles d’instruction sont mis en place pour certaines
affaires.

g) La fin de l’action publique


L’action publique prend fin par :
–– le jugement ou arrêt devenu définitif, ayant statué sur l’infraction. C’est à dire non
susceptible d’opposition, d’appel ou de pourvoi en cassation ;
–– le décès de l’auteur de l’infraction. L’action publique est dite éteinte ;
–– le retrait de la plainte de la victime, lorsque cette plainte est une condition nécessaire
aux poursuites (exemple le délit de diffamation) ;
–– le paiement de l’amende dans les hypothèses d’amendes forfaitaires en matière
contraventionnelle.
–– l’exécution conforme d’une composition pénale ;
–– l’amnistie d’une infraction ;
–– l’abrogation d’une infraction par la loi ;
–– l’autorité de la chose jugée (sous réserve que l’affaire ait déjà été jugée par une juri-
diction pénale) ;
–– la prescription : l’action publique est éteinte au bout de 1 an pour les contraventions,
de 3 ans pour les délits et de 10 ans pour les crimes, sous réserve qu’aucun acte inter-
ruptif n’ait été effectué entre temps, tels un procès verbal et un acte de poursuite. Le
point de départ de la prescription est le jour de la commission de l’infraction, ou de
sa révélation en cas de dissimulation.

177
23 Droit pénal : l’action publique
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : le cadre général de l’action publique
1  À quelle condition l’action publique peut-elle être engagée ?

2  Compléter le tableau suivant :

Catégories d’infractions
Éléments constitutifs d’une infraction
Nom donné à l’auteur d’une infraction selon la catégorie d’infraction
Juridictions de 1er degré compétentes selon la catégorie d’infraction
Peines principales prononcées
3  Donner la définition de l’infraction.

4  Pourquoi les peines applicables aux personnes morales sont-elles différentes de celles appli-
cables aux personnes physiques ?

Thème : la mise en œuvre de l’action publique


5  Quel est le but de l’action publique ?

6  Quelle démarche est le plus souvent à l’origine du déclenchement de l’action publique ?

7  Quelles sont les personnes qui peuvent déclencher l’action publique ?

8  Quelles sont les solutions du procureur de la République après un dépôt de plainte de la


victime d’une infraction ?
9  Quels sont les objectifs d’une victime d’infraction qui dépose une plainte avec constitution
de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction ?
10  Qu’est-ce que l’instruction ? Dans quels cas y aura-t-il l’ouverture d’une instruction ?

11  Citer des cas d’extinction de l’action publique.

Analyse de documents

CAS 56 SARL DOMANGE


Thème : cadre général de l’action publique
• Extrait de l’arrêt du 15.01.2008 de la Cour de cassation, chambre criminelle :
« Statuant sur le pourvoi formé par la SARL électricité Domange contre l’arrêt de la cour d’appel
de Metz, chambre correctionnelle, qui a déclaré la SARL Électricité Domange coupable d’homicide
involontaire sur la personne de Daoud X, l’a condamnée à 15 000 _ d’amende et s’est prononcé
sur les intérêts de la partie civile…

178
Droit pénal : l’action publique 23
C H A PI T R E

« Attendu qu’il ressort de l’arrêt attaqué par la société prévenue que Daoud X, électromécanicien au
service de la société, a été mortellement blessé au moment où ce salarié, pour changer les lampes
du hall d’un atelier, manœuvrait (avec l’aide d’un ouvrier intérimaire désigné dans les heures précé-
dant l’accident et non formé à la sécurité spécifique à ce type de matériel) une nacelle de location
mise le matin même à la disposition de la société sans aucune démonstration de fonctionnement ;
que la SARL Domange a été condamnée sur la base de l’article 221-6 du Code pénal car elle a omis
de respecter la notice d’utilisation de la nacelle qui prescrivait la présence d’opérateurs formés.
« Rejette le pourvoi ».
• Extrait de l’article 221-6 du code pénal :
«  Le fait de causer par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une
obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi, la mort d’autrui constitue un homicide
involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 _ d’amende… »
 Questions
1) Que s’est-il passé dans la SARL Domange ?
2) Trouver les éléments de l’action publique.
3) Quelles sont les juridictions qui ont été saisies ? Quelle est la décision finale ?
4) Quelles sont les sanctions qui s’appliquent à la SARL Domange ?

CAS 57 SOCIÉTÉ BÂTIPLUS


Thème : mise en œuvre de l’action publique
La société Bâtiplus est en train de construire un immeuble à usage d’habitation. Elle a entreposé
divers matériels nécessaires au chantier dans un local fermé. Un matin, le chef de chantier se rend
compte que divers matériaux (du cuivre notamment) ont disparu, la porte du local ayant été frac-
turée. La société chargée de la surveillance a effectué sa ronde de nuit régulièrement et n’a rien
constaté d’anormal au moment de sa visite.
Il vous est communiqué les articles et extraits du Code Pénal : ;
– article 311-1 « le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui » ;
– article 311-3 « le vol est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 _ d’amende » ;
– article 311-4 -6˚ « le vol est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 _ d’amende lorsqu’il
est commis dans un local d’habitation ou dans un lieu utilisé ou destiné à l’entrepôt de fonds,
valeurs, marchandises ou matériels, en pénétrant dans les lieux par ruse, effraction ou escalade ».

 Questions
1) Que doit faire le dirigeant de la société Bâtiplus ?
2) Quelle est la base légale de l’infraction commise ?
3) Qui déclenchera l’action publique ?
4) Comment se déroulera l’action publique ?
5) La société Bâtiplus a-t-elle un délai pour agir ?

179
24
CHAPITRE
Infractions

spécifiques du droit
pénal des sociétés
1. Infractions concernant la SARL
2. Infractions concernant la société anonyme
3. Infractions concernant la société par actions simplifiée

Rappel de cours
Le code de commerce contient les dispositions pénales concernant des infractions com-
mises par les sociétés commerciales et les GIE. La loi du 22.3.2012 a dépénalisé un grand
nombre d’infractions. La sanction pénale est remplacée, soit par une injonction, soit par
une annulation.
Exemples :
1. Si l’assemblée générale annuelle d’une SARL n’est pas tenue dans les 6 mois de la
clôture de l’exercice, le Ministère public ou toute personne intéressée (un associé)
peut saisir le président du tribunal compétent statuant en référé afin d’enjoindre, le
cas échéant sous astreinte, aux gérants de convoquer cette assemblée ou de désigner
un mandataire pour y procéder – art L223-26.
2. Les droits de vote et les droits à dividende des actions ou coupures d’actions émises
en violation des règles de constitution d’une SA sans offre au public sont suspendus
jusqu’à régularisation de la situation. Tout vote émis ou tout versement de dividende
effectué pendant la suspension est nul – art L225-16-1.
Nous allons évoquer les seules infractions pénales désormais en vigueur en matière de
sociétés.
Chaque infraction doit réunir les trois éléments : légal, matériel et moral pour être sanc-
tionnée (voir chapitre 26).
Les peines prévues par la loi sont des peines maximales, il n’y a pas de minimum légal. Le
juge reste souverain dans la limite du plafond prévue par la loi.

1. Infractions concernant la SARL


Infractions Personnes Peine maximale :
concernées emprisonnement
et/ou amende
Émission de valeurs mobilières à l’exception des obliga- Gérant(s) Six mois et 9 000 €
tions nominatives
L241-2

180
Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés 24
C H A PI T R E


Infractions Personnes Peine maximale :
concernées emprisonnement
et/ou amende
Surévaluation d’un apport en nature Toute personne Cinq ans et
Répartition de dividendes fictifs Gérant(s) 375 000 €
Présentation de comptes ne donnant pas une image fidèle Gérant(s)
Abus des biens ou du crédit de la société Gérant(s)
Abus de pouvoirs ou de voix Gérant(s)
L 241-3
Ne pas, pour chaque exercice, dresser l’inventaire, établir Gérant(s) 9 000 €
les comptes annuels et un rapport de gestion L 241-4
Ne pas soumettre à l’approbation de l’assemblée des Gérant(s) 9 000 €
associés l’inventaire ou de l’associé unique, les comptes
annuels et le rapport de gestion établis pour chaque exer-
cice L241-5

Ces dispositions s’appliquent au gérant de fait (article L 241-9).

2. Infractions concernant la société anonyme


Infractions Personnes Peine maximale :
concernées emprisonnement
et/ou amende
Infractions Émettre, négocier des actions sans que Fondateurs, 150 000 €
relatives à la les actions de numéraire aient été libé- président, admi-
constitution rées à la souscription ou que les actions nistrateurs ou
d’apports en nature aient été intégrale- directeurs
ment libérées L242-1 généraux
Surévaluation d’un apport en nature Toute personne Cinq ans et
L 242-2 9 000 €
Négocier des actions de numéraire non Titulaires 150 000 €
libérées L242-3 d’actions
Infractions Répartition de dividendes fictifs Président, Cinq ans et
relatives à la Publication ou présentation de comptes administrateurs 375 000 €
direction et ne donnant pas une image fidèle ou directeurs
à l’adminis- Abus des biens ou du crédit de la société généraux
tration Abus de pouvoirs ou de voix
L242-6
Ne pas, pour chaque exercice, dresser 9 000 €
l’inventaire ni établir les comptes annuels
et un rapport de gestion L242-8
Infractions Empêcher un actionnaire de participer à Président, admi- Deux ans et
relatives aux une assemblée nistrateurs 9 000 €
assemblées L242-9
d’action-
naires

181
24 Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés
C H A PI T R E


Infractions Personnes Peine maximale :
concernées emprisonnement
et/ou amende
Ne pas soumettre à l’approbation de Président, admi- Six mois et
l’assemblée générale ordinaire les nistrateur 9 000 €
comptes annuels et le rapport de gestion
L 242-10
Infractions Émettre des actions sans que le capital Président, admi- 150 000 €
relatives aux antérieur ait été intégralement libéré nistrateurs ou les
modifica- L242-17 commissaires aux
tions de comptes
capital
Donner ou confirmer des indications Deux ans et
inexactes dans les rapports présentés l’AG 18 000 €
appelée à décider de la suppression du
droit préférentiel de souscription
L242-20
Procéder à une réduction de capital sans Président, admi- 30 000 €
respecter l’égalité des actionnaires L nistrateurs
242-23

Les peines prévues ci-dessus sont applicables aux membres du directoire et aux membres
du conseil de surveillance des SA à directoire L 242-30, aux gérants des sociétés en com-
mandite par actions L 243-1 et au président et dirigeants des sociétés par actions simpli-
fiées L 244-1.

3. Infractions concernant la société par actions simplifiée


En plus des peines prévues figurant dans le tableau précédent, les infractions ci-dessous
visent cette société
Infractions Personnes Peine maximale :
concernées emprisonnement
et/ou amende
Ne pas consulter les associés en cas d’augmentation, d’amor- Président ou Six mois et 7 500 €
tissement, de réduction du capital, de fusion, de scission, de un dirigeant
dissolution ou de transformation en une société d’une autre
forme L 244-2
Procéder à une offre au public de titres financiers ou de faire Dirigeant(s) 18 000 €
admettre des actions aux négociations sur un marché régle-
menté L 244-3
Ces dispositions sont applicables à toute personne qui aura exercé la direction d’une SAS
sous le couvert et au lieu et place du président et des dirigeants de cette société (le diri-
geant de fait) (L 244-4).

182
Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés 24
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : les infractions relatives à la constitution,
au fonctionnement de la société
Le gérant d’une SARL a pris les décisions suivantes. Dire s’il est en infraction. Si oui, préciser la
peine encourue.
Décisions O N Peine encourue
1  Il a surévalué un bien qu’il a apporté pour avoir
davantage de titres
2  Il n’a pas convoqué l’AG annuelle dans le délai
légal car l’exercice n’est pas bon
3  Il n’a pas établi le rapport de gestion

4  Il n’a pas soumis à l’approbation de l‘assemblée


des associés, les comptes annuels, l‘inventaire et le
rapport de gestion
5  Il n’a pas déposé les comptes annuels au greffe

Thème : Présentation ou publication de comptes annuels ne donnant


pas une image fidèle, la distribution de dividendes fictifs, l’abus de biens sociaux

6  Qu’est-ce que la notion d’image fidèle ?

7  Définir l’infraction de distribution de dividendes fictifs. Quelles sont les personnes visées
par l’infraction. Quelle est la peine encourue ?
8  Le gérant d’une SARL a actuellement son compte courant débiteur. Il a viré sur son compte
bancaire une somme d’argent par un chèque de la société, en fin de mois, car il estime avoir
bien travaillé. Il a payé avec la carte bancaire de la société son prochain voyage avec son
épouse aux Bahamas. Quelle est votre opinion sur ces agissements ?

Exercices d’application

CAS 58 MIF
Thème : présentation de comptes infidèles
Le 22 juin N, le président de la société d’assurance MIF soumet à l’approbation des associés les
comptes de l’exercice clos le 31.12.N–1. Les comptes font apparaître un résultat bénéficiaire de
24 millions d’euros. Les comptes sont approuvés régulièrement par l’assemblée générale annuelle.

183
24 Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés
C H A PI T R E

Cependant, les comptes auraient dû faire apparaître une perte de 60 millions d’euros à la suite de
provisions pour dépréciation des titres d’une filiale, qui n’ont pas été réalisées : en effet un rapport
d’audit présenté le 10 juin N au directeur général nécessitait un report de l’assemblée pour un retrai-
tement des comptes ou la mention d’évènements significatifs mentionnés dans l’annexe du bilan. Le
directeur général, de manière délibérée, a refusé la présentation d’un bilan déficitaire et exigé que les
pertes soient réparties sur plusieurs exercices, au besoin par des manipulations comptables.

 Questions
1) L’attitude du dirigeant vous paraît-elle coupable ? Justifiez votre réponse.
2) Si oui, quelle est la peine encourue ?

CAS 59 GLÉRAN
Thème : abus de biens sociaux
M. Gléran, directeur général d’une société anonyme, a versé d’importantes sommes à un tiers pour
faire bénéficier la société de marchés qui lui ont été effectivement attribués. Les versements avaient
pour objectifs d’accroître le chiffre d’affaires de la société et de maintenir le dirigeant à son poste.
Ce dirigeant a été condamné à 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 30 000 _ d’amende pour
abus de biens sociaux (Cass. crim. 22.09.2004) en application de la jurisprudence selon laquelle
« quel que soit l’avantage à court terme qu’elle peut procurer, l’utilisation des fonds sociaux ayant
pour seul objet de commettre un délit tel que la corruption est contraire à l’intérêt social en ce
qu’elle expose la personne morale au risque anormal de sanctions pénales ou fiscales contre elle-
même et ses dirigeants et porte atteinte à son crédit et à sa réputation ».

 Questions
1) Retrouver les éléments constitutifs du délit d’abus de biens sociaux dans le cas.
2) Le dirigeant a-t-il été condamné à la peine maximale encourue ?

184
25
CHAPITRE
Infractions générales

1. L’abus de confiance
2. L’escroquerie
3. Le faux et l’usage de faux
4. Le recel

Rappel de cours

Les infractions de droit pénal général trouvent leur application dans la vie des affaires.
L’abus de confiance joue le rôle similaire à l’abus de biens sociaux dans les sociétés à
risque illimité (SNC, société civile). L’escroquerie, le faux et usage de faux, le recel commis
par les groupements sont pénalement sanctionnés.

1. L’abus de confiance
L’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice
d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis
Élément légal
et qu’elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire
un usage déterminé (art. 314-1 C. pén.).
• Détourner des fonds, valeurs ou une chose préalablement remise à
Élément matériel l’auteur du délit de façon légitime.
• Causer un préjudice à la victime.
Le détournement doit être intentionnel, l’auteur a conscience que la chose
Élément moral remise doit être restituée et que le détournement cause un préjudice à la
victime.
L’auteur : personne physique ou morale (exemple : une SNC).
Personnes visées
Le(s) complice(s).
Peine principale : 3 ans d’emprisonnement et 375 000 _ d’amende
Peine pour
Peines complémentaires : interdiction de droits civiques, civils, de famille,
la personne
d’exercer une fonction publique, exclusion de marchés publics, confiscation
physique
de la chose qui a permis le délit.
Peine principale : amende 375 000 _ × 5 (art. 131-38 C. pénal)
Peine pour la per-
Peines complémentaires : déchéance, interdiction d’exercer, affichage,
sonne morale
diffusion de la décision, dissolution (art. 131-39 C. pénal).
Prescription 3 ans à compter du jour du détournement (ou de sa découverte).

La tentative d’abus de confiance n’est pas punissable.

185
25 Infractions générales
C H A PI T R E

Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 750 000 _ d’amende lorsque
l’abus de confiance est réalisé :
–– par une personne qui fait appel au public afin d’obtenir la remise de fonds ou de
valeurs soit pour son propre compte, soit comme dirigeant ou préposé de droit ou de
fait d’une entreprise industrielle ou commerciale ;
–– par toute autre personne qui, de manière habituelle, se livre ou prête son concours,
même à titre accessoire, à des opérations portant sur les biens des tiers pour le compte
desquels elle recouvre des fonds ou des valeurs (exemple : un commerçant qui pra-
tique le dépôt-vente et qui garde, à son profit le produit de la vente des biens déposés) ;
–– au préjudice d’une association qui fait appel au public en vue de la collecte de fonds
à des fins d’entraide humanitaire ou sociale (exemple : l’ARC, Association pour la
recherche sur le cancer) ;
–– au préjudice d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une
maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de gros-
sesse, est apparente ou connue de son auteur (exemple : un médecin qui obtient d’un
patient en phase terminale un testament à son profit).
Les peines sont portées à dix ans d’emprisonnement et à 1 500 000 _ d’amende lorsque
l’abus de confiance est réalisé par un mandataire de justice ou par un officier public ou
ministériel soit dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, soit en raison
de sa qualité (exemple : un huissier qui détourne l’argent déposé par un débiteur dans
son étude).

2. L’escroquerie
L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse
qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres
frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déter-
Élément légal
miner ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des
fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consen-
tir un acte opérant obligation ou décharge (art. 313-1 C. pén.)
• Utilisation de moyens frauduleux : usage d’un faux nom ou d’une fausse
qualité, l’abus d’une qualité vraie (exemple : le notaire qui abuse de la
confiance de son client), l’emploi de manœuvres frauduleuses précédant la
remise (exemple : incendie volontaire d’un entrepôt pour obtenir une prime
Élément matériel d’assurance).
• Remise de fonds, de valeurs, d’un bien ou la fourniture d’un service ou un
acte opérant obligation ou décharge (exemple : fausse déclaration de TVA,
obtenir un testament en faveur de l’auteur du délit).
• Existence d’un préjudice subi par la victime ou un tiers.
Élément moral L’escroquerie doit être intentionnelle.
Personnes visées Auteur(s) personne physique ou personne morale et leur(s) complice(s).
Peine pour la 5 ans d’emprisonnement et 375 000 _ d’amende et autres peines iden-
personne physique tiques à celles prévues pour l’abus de confiance.

186
Infractions générales 25
C H A PI T R E


Peine pour la Amende de 375 000 _ ¥ 5 et peines identiques à celles prévues pour
personne morale l’abus de confiance.
3 ans à compter du jour de la remise des fonds, du bien, de la fourniture
Prescription
du service ou de l’acte.

La tentative d’escroquerie est punissable.


Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 750 000 _ d’amende lorsque
l’escroquerie est réalisée :
–– par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de
service public, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa
mission ;
–– par une personne qui prend indûment la qualité d’une personne dépositaire de l’au-
torité publique ou chargée d’une mission de service public ;
–– par une personne qui procède à une offre au public en vue de l’émission de titres
(exemple : société cotée) ou fait appel au public en vue de la collecte de fonds dans un
but humanitaire ou social (exemple : association humanitaire) ;
–– au préjudice d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une
maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de gros-
sesse, est apparente ou connue de son auteur.
Les peines sont portées à dix ans d’emprisonnement et à 1 000 000 _ d’amende lorsque
l’escroquerie est commise en bande organisée.

3. Le faux et l’usage de faux


Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à
causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un
écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou
Élément légal
qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant
des conséquences juridiques (art. 441-1 C. pén.).
Le faux et l’usage de faux sont punis des mêmes peines.
• Un support : écrit ou autre (film, cassette…).
• Support faux : modifié (imitation de signature, surcharge…).
Élément matériel • Support ayant un effet juridique (exemple : fausse carte d’identité pour
obtenir divers droits…).
• Un préjudice.
Élément moral Le faux et l’usage de faux doivent être intentionnels.
Auteur(s) personne physique ou morale et leur(s) complice(s).
Personnes visées Le faussaire et l’utilisateur du faux peuvent être distincts : les deux seront
sanctionnés de la même façon.
3 ans d’emprisonnement et 45 000 _ d’amende.
Peine pour la Peines complémentaires : interdiction de droits civiques, d’exercer une
personne physique fonction publique, exclusion des marchés publics, confiscation de la chose
qui a permis le délit.

187
25 Infractions générales
C H A PI T R E


Peine pour la Amende : 45 000 _ x 5 et peines identiques à celles de l’abus de
personne morale confiance.
Prescription 3 ans à compter de la réalisation du faux.

La tentative de faux est punissable.


Le faux ou l’usage du faux commis dans un document délivré par une administration
publique est puni de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 _ d’amende.
Le faux ou l’usage du faux commis dans une écriture publique ou authentique ou dans un
enregistrement ordonné par l’autorité publique est puni de dix ans d’emprisonnement et
de 150 000 _ d’amende.
Les peines sont portées à quinze ans de réclusion criminelle et à 225 000  _ d’amende
lorsque le faux ou l’usage de faux est commis par une personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de ses fonc-
tions ou de sa mission. Dans ce cas il s’agit d’un crime.

4. Le recel
Le recel est le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose,
ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que
Élément légal cette chose provient d’un crime ou d’un délit. Constitue également un recel
le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit
d’un crime ou d’un délit (art. 321-1 C. pén.).
• Dissimulation d’une chose ou sa détention, le fait de la transmettre ou
d’être un intermédiaire pour transmettre la chose.
Élément matériel • Le fait de profiter de la chose provenant d’une infraction (sans forcément
la détenir).
• La chose doit provenir d’une infraction (crime ou délit).
Le recel doit être intentionnel. Le receleur doit savoir que la chose provient
Élément moral
d’un crime ou d’un délit.
Personnes visées Le receleur et le(s) complice(s).
Peine pour la 5 ans d’emprisonnement et 375 000 _ d’amende.
personne physique Peines complémentaires : interdictions et déchéances.
Peine pour la 375 000 _ x 5 et peines identiques à l’abus de confiance.
personne morale
Prescription 3 ans à compter du jour où le délit prend fin.

La tentative de recel n’est pas punissable.


Le recel est puni de dix ans d’emprisonnement et de 750 000 _ d’amende lorsqu’il est
commis de façon habituelle ou en utilisant les facilités que procure l’exercice d’une acti-
vité professionnelle et lorsqu’il est commis en bande organisée.

188
Infractions générales 25
C H A PI T R E

Tests de connaissances
Thème : abus de confiance et escroquerie
Qualifiez les agissements suivants et justifiez votre réponse :

Agissements Qualification Justification


1   Le gérant d’une SNC refuse de restituer le
véhicule de fonction après sa révocation car il
considère qu’il est un dédommagement de sa
révocation injustifiée
2  L’expert-comptable refuse de restituer une
somme délivrée à titre de provision par une
cliente qui ne souhaite plus lui confier sa comp-
tabilité avant toute intervention du profession-
nel
3  Une société revend des biens déposés par un
tiers qui les lui avait confiés pour les remettre
gratuitement à un organisme collecteur
4  M. X, frappé d’une interdiction de gérer, est, en
réalité le gérant de fait d’une société civile. Un
fournisseur impayé de la société dépose plainte
contre lui
5  M. Z a tiré des traites de complaisance pour
obtenir du crédit auprès de sa banque (au
moyen de l’escompte)
6  Un client remet à son fournisseur un chèque
en paiement d’une dette, lui demande de ne
pas l’encaisser car il est fait à titre de dépôt. Le
fournisseur l’encaisse
7  Le salarié d’une entreprise utilise le fichier clien-
tèle au profit d’une entreprise concurrente
8  Le président d’une association utilise la carte
bleue de celle-ci pour payer un fournisseur de
matériaux. Ces matériaux vont lui permettre
d’effectuer des travaux dans sa maison de cam-
pagne

9   Quels sont les dirigeants de sociétés susceptibles d’être poursuivis pour abus de
confiance ? Les autres relèvent de quelle infraction similaire ? La peine encourue est-elle
différente ?

189
25 Infractions générales
C H A PI T R E

Thème : faux, usage de faux, recel


Qualifiez les agissements suivants et justifiez votre réponse :
Agissements Qualification Justification
10 Une société fictive emploie des salariés fictifs, leur
délivre des bulletins de salaires, les licencie ensuite,
le tout pour leur permettre d’encaisser des indemni-
tés de chômage
11 Une infirmière « aide » un patient très diminué,
inconscient, à rédiger un testament en sa faveur
12 Un chômeur produit le diplôme de son frère en chan-
geant le prénom pour se faire embaucher
13 Un ami de M. X, administrateur d’une société cotée,
a reçu de ce dernier des informations sur la société. Il
vend ses titres et réalise ainsi de fortes plus-values
14 M. Z achète un portable à un prix dérisoire prove-
nant d’un vol
15 Un expert-comptable intervient dans la fixation de la
valeur des parts sociales cédées à un tiers alors qu’il
sait que les titres sont surévalués
16 Accepter le don d’une chose dont on sait qu’elle
provient d’un vol

Exercices d’application

CAS 60 COMO
Thème : faux et usage de faux
M. Como vit en France depuis plusieurs années avec l’identité d’un autre. Arrivé en France avec un
visa de 3 mois, il a acheté pour 600 _ la fausse carte d’identité d’un ressortissant français. Depuis,
il a perçu des allocations de divers organismes : Pôle emploi, CAF, sécurité sociale (20 000 _ au
total).
Il y a quelques jours, se présentant à un bureau de poste pour retirer un colis, l’employé, trouvant
sa carte d’identité douteuse, prévient la police.

 Questions
1) Quelle suite sera donnée aux agissements de M. Como ? Justifier votre réponse.
2) À quelle sanction s’expose-t-il ?

190
Infractions générales 25
C H A PI T R E

CAS 61 PIGEON
Thème : usage de faux
Il arrive une histoire incroyable à M. Pigeon : il reçoit des amendes de la SNCF dressées dans des
trains qu’il n’a jamais pris, des factures de téléphone mobile pour des abonnements qu’il n’a jamais
contractés, son compte bancaire se vide de sommes qu’il n’a jamais retirées. Alarmé, il apprend que
l’auteur de ces opérations utilise son permis de conduire qui lui avait été volé dans un vestiaire de
football par un copain qui avait juste remplacé sa photo par la sienne. Il vous signale qu’il avait
déclaré la perte de son permis de conduire auprès du commissariat de police en son temps.

 Questions
1) Que conseillez-vous de faire à M. Pigeon ?
2) Qualifier les agissements du « copain » de M. Pigeon. À quelle sanction s’expose-t-il ?

CAS 62 CIRCUIT
Thème : non-révélation de faits délictueux par le CAC, escroquerie
Le dirigeant d’une société a été jugé coupable d’escroquerie pour avoir organisé un circuit de
ventes fictives d’automobiles à l’exportation et obtenu du Trésor public, pendant quatre années,
plus de 87 millions d’euros en remboursement de taxes jamais décaissées, en produisant des décla-
rations mensuelles de chiffre d’affaires, appuyées de documents contrefaits ou falsifiés, qui comp-
tabilisaient des crédits fictifs de TVA.
Le commissaire aux comptes de la société a été poursuivi et condamné pour complicité d’escroque-
rie car, selon la cour de cassation (Cass. crim. 26.02.2004), il est coupable de non-révélation de
faits délictueux, il avait connaissance des escroqueries commises par le dirigeant et avait certifié
des comptes permettant la poursuite des activités de la société au préjudice de l’État, appelé
chaque mois à rembourser le montant de la TVA.

 Questions
1) Qu’aurait dû faire le commissaire aux comptes dans le cadre de sa mission ? Quelle est la
sanction encourue pour cette omission ?
2) Pourquoi le commissaire aux comptes est-il déclaré complice d’escroquerie ? Quelle est la
peine maximale encourue dans ce cas ?

Analyse de documents

CAS 63 EUROCANYON
Un journal vient de révéler les faits suivants.
L’enquête d’un juge d’instruction a mis en lumière un système d’arnaque géant, appelé « carrousel
à la TVA ». L’opération consiste pour des sociétés souvent fictives à faire tourner des marchandises

191
25 Infractions générales
C H A PI T R E

entre des pays de l’Union Européenne et à se faire rembourser par la France une TVA qui n’a, en
fait, jamais été payée.
Il s’agit d’une entreprise luxembourgeoise, Eurocanyon, qui achetait des téléphones portables hors
taxe au Royaume-Uni pour les revendre en France à des sociétés écrans, créées pour l’occasion.
Celles-ci les écoulaient ensuite en facturant la TVA, sans la déclarer, à un troisième type d’entre-
prises, dites « blanc bleus », qui se faisaient rembourser cette taxe. L’argent gagné sur la TVA aurait
été sorti du système probablement par un jeu de virement bancaire à l’étranger. Le préjudice est
évalué à 100 millions d’euros pour l’État français.
Le cerveau présumé de l’opération est le gérant d’Eurocanyon. Une quinzaine de personnes partici-
pant à ce réseau ont été mises en examen.

 Questions
1) Qualifier l’infraction commise par les membres de ce réseau. Justifier votre réponse.
2) Quelle est la sanction encourue par le gérant de la société Eurocanyon et les membres du
réseau ?

192
4
CAS DE
Autres types de

sociétés et de
SYNTHÈSE
groupements,
droit pénal

Cas de synthèse

CAS 64 JFK
Trois jeunes médecins (un généraliste J., un pédiatre F. et un ophtalmologiste K.) décident de
s’installer en zone rurale avec l’aide de la municipalité de Régusse (Var) qui met à leur disposition
un local entièrement rénové moyennant un loyer modique de 600 _ par mois. Chaque praticien
restera indépendant et propriétaire de son matériel professionnel. Afin de tester leur collaboration,
ils souhaitent créer une société civile de moyens pour laquelle une documentation vous est fournie
en annexe
Chaque praticien détiendra un tiers des parts sociales.
La salle d’attente sera équipée (chaises, banque d’accueil, téléphone etc.) aux frais de la SCM pour
un montant total de 5 000 _.
Une secrétaire sera recrutée par la SCM : elle assurera l’accueil, la prise de rendez-vous, le travail
administratif et comptable (salaire : 2 000 _ par mois).
Le généraliste J. sera le gérant de la SCM. L’exercice social correspond à l’année civile.

 Questions
1) En vous aidant de la documentation figurant en annexe vous devrez dire si leur projet de
création de la SCM est réalisable.
2) Comment seront répartis les frais engagés ?
3) L’artisan qui a fourni la banque d’accueil reste impayé. Que doit-il faire pour obtenir le paie-
ment de sa facture ? Les associés sont-ils engagés à titre personnel ?
4) Le gérant a-t-il une obligation en fin d’exercice ?

193
4
CAS DE SYNTHÈSE
Autres types de sociétés et de groupements, droit pénal

Des désaccords surviennent entre les associés au cours de la 2e année de fonctionnement concer-
nant l’augmentation de la secrétaire et des investissements en informatique à effectuer.
Le pédiatre vous consulte.

 Questions
5) Peut-on mettre un terme à la SCM ?
La SCM a été dissoute. Le généraliste et l’ophtalmologiste envisagent, après le départ du pédiatre
et sur vos conseils d’adopter la SELAS.

 Questions
6) Quel avantage juridique présente cette structure ?
7) Le généraliste peut-il en assurer la direction ?
Vous êtes chargé(e) de la tenue comptable de la SELAS. Au cours de votre mission, vous vous rendez
compte que le dirigeant a payé le plombier qui est intervenu dans sa résidence principale avec un
chèque de la SELAS.

 Questions
8) Le dirigeant a-t-il commis une infraction ? si oui, laquelle ? que risque-t-il ?
Le généraliste, très sportif, est contacté pour créer et présider l’association sportive régussoise
(ASR).Vous devez l’aider dans ses démarches.

 Questions
9) Qu’allez-vous faire pour donner naissance à l’ASR ?
10) Au cours d’une manifestation sportive organisé par l’ASR, un participant a été sérieuse-
ment blessé par manque de sécurité. L’ASR est-elle responsable ?

ANNEXE
La société civile de moyens a pour objet la prestation de services ou la fourniture de moyens maté-
riels (personnel, locaux, appareils) à ses associés dont la situation juridique professionnelle ne subit
aucun changement.
Elle a pour but de faciliter l’exercice de l’activité de chacun des associés.
Il n’y a ni partage de bénéfices ni de clientèle, mais seulement contribution aux frais communs.
Les associés ne peuvent être que des membres d’une ou plusieurs professions libérales, personnes
physiques ou personnes morales (SCP, SEL ou associations)
La société civile de moyens est régie par les articles 1845 et suivants du Code Civil.
Les apports peuvent être effectués en numéraire, en nature et en industrie (ce dernier n’est pas
envisageable car il serait forcément professionnel, or la SCM ne peut s’immiscer dans l’exercice de
la profession)
À l’égard des tiers, les associés répondent indéfiniment des dettes sociales à proportion de leur part
dans le capital social.
La répartition des frais généraux se fait conformément à l’accord intervenu entre les associés.
Les cas de dissolution de la SCM sont ceux de la société civile de droit commun

194
3


CORRIGÉS
Le contrat de société – La personne morale 1
C H A PI T R E

S
Chapitre 1
Le contrat de société – La personne morale

É
Tests de connaissances
1 La promesse de société (ou « protocole d’accord ») n’est pas le contrat de société lui-même.

G
C’est une étape préalable et facultative dans le processus de formation de la société. Elle
crée à la charge de ceux qui s’engagent une obligation de faire. Son inexécution se résoudra
en dommages-intérêts que percevront les bénéficiaires de la promesse, en réparation du
préjudice subi par le défaut de constitution de la société.

I
2 Éléments du contrat de société :
– un ou plusieurs associés, personnes physiques ou personnes morales ;
– des apports : en numéraire, en nature, en industrie (interdit dans certaines sociétés) ;
– une entreprise commune : activité de la société (objet social) ;

R
– l’affectio societatis : volonté des associés de collaborer sur un pied d’égalité à l’entreprise
commune ;
– le partage du résultat : bénéfice ou économie, pertes.
3 On peut créer une société avec :

R
A Un seul associé, personne physique ou personne morale : il s’agit de l’EURL ou de la SASU.
B Deux associés ; c’est le minimum prévu par l’article 1832 du Code civil dans toutes les
sociétés sauf exceptions : EURL, SASU : un ; SA : sept ou trois (SELAFA) ; SCA : quatre.
La loi ne fixe aucun maximum sauf pour la SARL (cent, depuis le 25.03.2004).

O
4 Qualification des apports
A. Une camionnette, B un ordinateur, E un brevet, F des actions et G un fonds de commerce
sont des apports en nature.
C. Une compétence en comptabilité est un apport en industrie.

C
D. Le chèque de 2 000 F est un apport en numéraire.
5 Une société est constituée pour réaliser : A un bénéfice : un bénéfice est un enrichissement
pécuniaire, et/ou B une économie  : une économie est le fait d’éviter une dépense. Une
société est valablement constituée si elle a pour unique objet d’éviter à ses membres des
dépenses, à l’exclusion de toute recherche de gain positif (ex. : achat de marchandises à
moindre coût, se grouper pour partager des charges de fonctionnement).
6 Les obligations d’un associé : A contribuer aux pertes sociales : cette contribution concerne
les rapports entre associés ; B participer indéfiniment aux dettes sociales vis-à-vis des créan-
ciers dans les sociétés à risque illimité, à hauteur de son apport seulement dans les sociétés à
risque limité. L’obligation aux dettes concerne les rapports des associés envers les tiers.

197
1 Le contrat de société – La personne morale
S C H A PI T R E

7 L’affectio societatis est : A un élément déterminant qui permet de qualifier le contrat passé
entre les parties et C la volonté des associés de collaborer ensemble sur un pied d’égalité à
l’œuvre commune (définition jurisprudentielle).
8 Une société est commerciale par son objet si elle effectue des actes de commerce. Une
É

société est également commerciale si elle adopte l’une des formes prévues par la loi sur les
sociétés commerciales, que son objet soit civil ou commercial. Sont réputées commerciales
par la forme, selon la loi : la SNC, la SARL, la SA, les sociétés en commandite simple et par
actions, la SAS.
G

Les activités A achat et vente de produits alimentaires, C transport de passagers et E activité


bancaire, sont des activités commerciales par nature.
Les activités B profession libérale, D culture maraîchère et F achat de terrains en vue de la
construction d’immeubles à vendre, sont des activités civiles (profession libérale, agriculture,
immobilier).
I

9 Modalités de libération de l’apport


A. L’apport en numéraire : son versement est librement organisé dans les SNC, SCS. Il doit
être déposé dans les huit jours de sa réception pour le compte de la société en formation par
R

la personne qui l’a reçu, soit à la Caisse des dépôts et consignations, soit chez un notaire,
soit dans une banque. Il est bloqué jusqu’à l’immatriculation de la société ou de la demande
de restitution en cas de non-immatriculation. Dans la SA la SCA, la SAS, la libération de
l’apport doit être au moins de la moitié du montant nominal des actions de numéraire lors
de la constitution ; le complément devra être versé dans un délai de cinq ans à compter de
R

l’immatriculation de la société sur appel de fonds du conseil d’administration, du directoire,


du gérant ou du président. Dans la SARL, la libération doit être au moins du cinquième du
montant de l’apport, le reste interviendra dans les 5 ans à compter de l’immatriculation de
la société au RCS.
B. L’apport en nature (en pleine propriété) doit être immédiatement et intégralement libéré
O

dans la SA, la SCA et la SAS. Il est réalisé par le transfert à la société de la propriété des biens
apportés, transfert qui n’intervient qu’au jour où la société est immatriculée au RCS, et par
la mise de ces biens à la disposition effective de la société.
C. L’apport en industrie se libère par le fait que l’associé rend les services promis à la société.
C

L’apporteur doit, en principe, exercer son activité pendant la durée de la société.


10 Souscrire au capital d’une société c’est s’engager à apporter. Le montant du capital de la
société sera de 1 500 F car l’apport en industrie de Mme Z ne contribue pas à la formation
du capital.
11 Intervention d’un commissaire aux apports : A elle est facultative dans la SNC et la SCS ;
B elle est obligatoire dans la SARL (sauf une exception : lorsque la valeur d’aucun apport
en nature n’excède pas 30 000 E et si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature
n’excède pas la moitié du capital) et dans les sociétés par actions : SA, SCA, SAS.
12 Le commissaire aux apports apprécie sous sa responsabilité l’évaluation des apports en
nature effectuée par les associés. Son rapport décrit chacun d’entre eux, indique le mode
d’évaluation choisi et sa justification ; il confirme que la valeur des apports correspond au
moins à la valeur nominale des titres.
13 L’évaluation des apports doit figurer dans les statuts. Elle va contribuer à fixer le niveau du
capital qui est une mention obligatoire des statuts. Le rapport du commissaire aux apports
doit être annexé aux statuts.

198
Le contrat de société – La personne morale 1
C H A PI T R E

S
14 Les associés ne sont pas tenus par l’évaluation du commissaire aux apports ; ils peuvent en
retenir une autre mais, dans ce cas, ils en sont solidairement responsables pendant cinq ans
à l’égard des tiers.
15 Dans le contrat de société, les associés s’engagent à contribuer aux pertes. Dans le silence

É
des statuts, la quote-part de pertes de chaque associé est proportionnelle à son apport.
16 Il s’agit d’une dette sociale à la charge de la société. Après avoir mis vainement la société
en demeure de payer, le salarié, toujours impayé, pourra se retourner contre l’un quelconque
des associés s’il s’agit d’une société dans laquelle la responsabilité des associés est indéfinie

G
et solidaire. Dans une société à risque limité, il pourra provoquer une procédure collective en
sa qualité de créancier impayé.
17 Engagement des associés vis-à-vis des tiers  : A dans la SNC, l’engagement des associés
est indéfini et solidaire ; B et C dans la SARL et la SA, leur responsabilité est limitée aux
apports ; D dans une société civile, elle est indéfinie et conjointe.

I
18 Orange doit mettre en demeure la société de payer. En cas de non-paiement, elle pourra
assigner la société en paiement mais ne pourra pas saisir les biens personnels de l’associé
majoritaire dont la responsabilité est limitée à son apport.

R
19 Vrai  : l’appellation d’une société commerciale est une dénomination sociale. Faux  : une
société civile peut choisir entre une dénomination sociale et une raison sociale sauf les SCP
et SEL qui sont désignées par une dénomination sociale L 28.3.2011.
20 B. Le siège social d’une société est celui de son principal établissement, celui où se trouvent
les organes de direction et les services administratifs, selon la jurisprudence.

R
21 A. La nationalité de la société est déterminée par le lieu du siège social selon la loi et B. les
tribunaux peuvent déterminer le siège social par référence au siège réel notamment quand
la société fixe son siège social dans un paradis fiscal.
22 A. Le patrimoine de la société est distinct de celui des associés.

O
23 A.  La société a la capacité de jouissance (être titulaire de droits) mais pas B la capacité
d’exercice car il faut désigner un représentant légal qui agira en son nom et pour son compte.
24 A. La société engage sa responsabilité civile contractuelle du fait de la mauvaise exécution
du contrat conclu. B. La société engage sa responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle
pour les fautes et négligences qu’elle commet. C. La société engage sa responsabilité pénale
pour des infractions commises pour son compte par ses organes et représentants. C
Exercices d’application
CAS 1 Blanard
1) Éléments du contrat de société
• Associé(s) : elles sont deux (minimum légal), majeures donc présumées capables.
• Des apports : chaque associé effectue un apport.
• Une participation aux résultats qui est manifestée (bénéfices, économies, pertes).

199
1 Le contrat de société – La personne morale
S C H A PI T R E

• L’affectio societatis : collaboration égalitaire des tâches à l’entreprise commune.


• Une entreprise commune : fabrication et vente de gâteaux.
2) 5 000 F composé de deux apports en numéraire (3 000 F et 1 000 F) et d’un apport en
nature (matériel de bureau évalué à 1 000 F).
É

3) Selon le type de société choisi, l’évaluation peut être réalisée par les associés ou
obligatoirement par un commissaire aux apports. Compte tenu de la modicité de l’apport en
nature, l’accord des associés sur l’évaluation qui figurera dans les statuts suffira.
G

4) L a libération du capital est variable selon le type d’apport :


–– l’apport en nature (en pleine propriété) est libéré par le transfert du bien à la société, transfert
qui n’intervient qu’au jour où la société est immatriculée au RCS. L’ordinateur devra être mis
à la disposition de la société à partir de l’immatriculation. La société en devient propriétaire ;
I

–– l’apport en numéraire sera libéré de façon libre dans la SNC ou la SCS. Dans la SARL, la libéra-
tion d’un cinquième doit être déposé dans les huit jours de sa réception pour le compte de la
société en formation par la personne qui l’a reçu, soit à la Caisse des dépôts et consignations,
soit chez un notaire, soit dans une banque, le reste dans les 5 ans en une ou plusieurs fois, sur
R

décision du gérant. Dans les sociétés par actions (SA, SCA, SAS), la libération est de la moitié,
le surplus dans les 5 ans à compter de l’immatriculation au RCS. Dans ce cas la libération de
4 000 _ se fera selon la forme juridique choisie par les associés.
5) F ormalité liée à l’apport d’un bien commun
R

Réalisé par un époux, l’apport d’un bien commun autre qu’un immeuble ou un fonds de com-
merce à une SNC, SCS ou SARL nécessite l’information du conjoint et la justification de cette infor-
mation dans les statuts, à peine de nullité de l’apport. Sophie apporte un bien commun (somme
de 3 000 _ prélevée sur le compte joint du couple). Elle devra avertir son conjoint de l’apport et
O

justifier de cette formalité dans les statuts.

CAS 2 Pétunia
C

1) Selon l’article 1832 al. 1 du Code civil, les associés partagent les bénéfices. Les statuts pré-
voient la répartition entre associés ; à défaut, chacun des associés a droit à une part de bénéfices
proportionnelle à son apport. Chaque cousin a droit à un tiers des bénéfices.
2) Les associés s’engagent à contribuer aux pertes (art. 1832 al. 3 C. civ.). Dans le silence des
statuts, la quote-part de pertes de chacun est proportionnelle à son apport. Chaque cousin doit
assumer un tiers des pertes.
3) Les associés ont une obligation aux dettes sociales variable selon le type de société. Dans
une SARL, les associés ne sont responsables qu’à hauteur de leur apport. Les créanciers sociaux
doivent mettre la société en demeure de payer et, en cas d’insuccès, intenter une action en paie-
ment contre la société. Celle-ci pourra être soumise à une procédure collective. Les créanciers
sociaux pourront peut-être récupérer tout ou partie de leurs créances sur l’actif social mais ne
pourront pas saisir les biens personnels des associés. Ces derniers ont déjà perdu leur apport.

200
Le contrat de société – La personne morale 1
C H A PI T R E

S
CAS 3 Limoncel
1) Éléments d’identification de la personne morale
Limoncel : dénomination sociale ; SARL : forme juridique ; Menton : siège social. La société a la

É
nationalité française puisque son siège social est en France.
2) La société n’a pas la capacité d’exercice, elle doit être représentée pour conclure les actes de la
vie juridique : l’achat de la chaîne d’embouteillage a été conclu par son représentant légal.
La société a la capacité de jouissance (être titulaire de droits) : la société est propriétaire de cet

G
outil de production qui est entré dans son patrimoine (à l’actif).
3) Responsabilité de la société
• Vis-à-vis du salarié. La société est responsable civilement de ses fautes et négligences qu’elle
commet : il s’agit de la responsabilité civile délictuelle et quasi délictuelle. Le salarié devra

I
prouver une faute (ou une négligence), un dommage et un lien de causalité entre la faute et
le dommage pour obtenir réparation sous la forme de dommages et intérêts. La société pourra
tenter de se dégager en tout ou partie de sa responsabilité en prouvant une faute de la vic-
time, d’un tiers ou un cas de force majeure. La société peut engager sa responsabilité pénale

R
pour l’infraction de blessures involontaires si les éléments de l’infraction sont prouvés.
• Vis-à-vis du client. Un contrat de vente a été passé entre la société et son client. La mauvaise
exécution du contrat (quantité livrée inférieure à la quantité commandée) engage sa responsa-
bilité civile contractuelle. Le client peut exiger la livraison des produits manquants (exécution

R
forcée du contrat) et la société est tenue de les lui livrer.

CAS 4 Formalités

O
1) Pièces nécessaires au dossier de constitution
• Les statuts enregistrés auprès du service des impôts (1 exemplaire).
• L’attestation de parution de l’avis de constitution dans un JAL.
• Le document attestant de la domiciliation de la société.

C
• Les pièces relatives au dirigeant : la photocopie de la carte d’identité, la déclaration sur l’hon-
neur de non-condamnation, l’acte de nomination du dirigeant.
• La demande d’immatriculation au RCS (formulaire rempli).
• Le certificat de dépôt des fonds éventuel.
• Les pièces nécessaires si l’activité est réglementée (diplôme, autorisation…).
Il faudra acquitter les frais d’immatriculation par un moyen de paiement (chèque, carte bancaire).
2) Organisme auprès duquel s’effectue le dépôt du dossier de constitution
Le dossier doit être déposé au CFE du siège social de la société (Lyon dans le cas).
La voie électronique sur le site internet du CFE compétent est également possible pour le remplis-
sage du formulaire électronique, la numérisation des pièces justificatives et le paiement par carte
bancaire des frais d’immatriculation.
3) Document attestant de l’immatriculation au RCS
L’extrait K bis atteste de l’immatriculation de la société au RCS.

201
2 Fonctionnement et contrôle de la société
S C H A PI T R E

Avant l’obtention de ce document, lors du dépôt du dossier complet, le CFE délivre un récépissé
de création d’entreprise (RCE) qui permettra d’accomplir les démarches nécessaires auprès des
organismes publics et privés chargés d’une mission de service public (courrier, EDF…).
É

Chapitre 2
G

Fonctionnement et contrôle de la société

Tests de connaissances
I

Vrai :  1 car tout associé a le droit de vote proportionnellement à son apport ; 2 si les associés
n’ont pas déterminé sa durée, le mandat est de la durée de la société (sauf dans les cas où
la loi impose une durée) ; 4 le représentant légal ne doit pas être frappé d’interdiction
R

de diriger ; 9 il s’agit d’une infraction pénale prévue par la loi.


Faux :  3 dans certaines sociétés (exemple : SNC), le représentant légal peut être une personne
morale) ; 5 le représentant légal est révocable à tout moment ; 6 il ne peut pas être
réintégré car la confiance est perdue ; 7 il a des pouvoirs limités par la loi, les statuts,
R

l’objet social selon les sociétés ; 8 il engage sa responsabilité civile également en cas
d’infraction aux lois et règlements et de violation des statuts.
10 Les associés ont les droits énoncés en A, C, D (poser des questions par écrit sur la gestion et
le droit d’alerte) et F (droit de révocation à tout moment mais certains dirigeants auront droit
à des dommages et intérêts si la révocation n’est pas justifiée).
O

Les associés ne peuvent pas : B et E (ils doivent demander en justice la désignation d’un
mandataire chargé de convoquer l’assemblée et la nomination d’un expert de gestion).
11 Le contrôle de la société est assuré A par les associés et B par une personne extérieure
mandatée par les associés : le commissaire aux comptes dont la présence est, dans certaines
C

sociétés, obligatoire.
12 A. Les associés peuvent désigner un commissaire aux comptes en dehors des cas où sa
présence est obligatoire par un vote des associés à la majorité prévue pour les décisions
ordinaires.
13 Un commissaire aux comptes peut être désigné par décision de justice à la demande de tout
associé (SNC, SCS), à la demande d’associés représentant le dixième du capital (SARL, SAS),
à la demande de tout actionnaire (SA) si l’assemblée omet de l’élire puisque sa présence est
obligatoire.
14 La nomination d’un commissaire aux comptes devient obligatoire puisque deux des trois
seuils sont dépassés (chiffre d’affaires et total du bilan).
15 Le commissaire aux comptes doit informer le dirigeant de l’irrégularité aux fins de régulari-
sation et révéler au procureur de la République le fait délictueux à défaut de régularisation.
Il s’agit d’un abus de bien social puisque le matériel acquis avec les fonds sociaux est utilisé
à des fins personnelles et non dans l’intérêt social.

202
Fonctionnement et contrôle de la société 2
C H A PI T R E

S
Exercices d’application
CAS 5 Martel

É
1) Représentant légal : conditions
Le représentant légal d’une société doit, sauf exception, être une personne physique, associé ou
non, capable, non frappé d’interdiction, de déchéance ou d’incompatibilité. Il peut exercer son
mandat à titre gratuit ou être rémunéré : il peut donc obtenir une rémunération que les associés

G
fixeront. Il doit être nommé par les associés par un vote à la majorité pour une durée déterminée
(à défaut pour la durée de la société). Dans le cas, le fait qu’il ne soit pas associé n’est pas un
obstacle à sa nomination et il peut être nommé pour toute la durée de la société (ce qui n’est pas
souhaitable). Il faudra vérifier qu’il remplit les autres conditions.

I
2) Pouvoirs du représentant légal
Les pouvoirs du représentant légal sont déterminés par les associés, à défaut par la loi qui stipule que :
–– vis-à-vis des associés, le représentant légal peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt
de la société, il doit respecter les pouvoirs des autres organes (ceux des associés) et les limites

R
statutaires ;
–– vis-à-vis des tiers, il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances
au nom de la société.
Dans le cas, il faut se référer à la loi qui limite les pouvoirs du représentant légal : les pouvoirs

R
attribués par la loi aux associés (approbation des comptes, affectation du résultat…) ne peuvent
pas être transférés au représentant légal. Le futur représentant légal n’aura pas les pleins pou-
voirs, comme il le souhaite.
3) Révocation du représentant légal

O
Le représentant légal d’une société est révocable à tout moment par les associés par un vote
majoritaire (et selon les sociétés, les associés peuvent avoir recours au tribunal pour obtenir la
révocation, cas de la SARL). Les associés n’ont pas à justifier leur décision de révocation mais dans
certaines sociétés, le représentant légal obtiendra des dommages et intérêts si la révocation est
injustifiée (ex : dans la SARL pour le gérant).
Dans le cas, les associés pourront décider de mettre fin à son mandat avant le terme convenu à
charge de payer des dommages et intérêts éventuels au représentant légal si la révocation est
C
injustifiée.

CAS 6 Castel
1) La présence d’un commissaire aux comptes est facultative dans une SARL. Elle devient obliga-
toire si, à la clôture d’un exercice, la société dépasse deux des trois seuils suivants :
–– un chiffre d’affaires hors taxes de 3,1 millions d’euros ;
–– un total du bilan de 1,55 million d’euros ;
–– un effectif moyen de cinquante salariés.
Dans le cas, le chiffre d’affaires ne dépasse pas 1,55 million d’euros (70 000 _) et l’effectif est
inférieur à cinquante (dix salariés). La SARL n’est pas obligée de désigner un commissaire aux
comptes. Mais les associés peuvent, par un vote à la majorité, décider la nomination de ce man-
dataire, ce qui satisferait à la première exigence de M. Donjon.
203
2 Fonctionnement et contrôle de la société
S C H A PI T R E

2) La présence d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans la SAS si elle dépasse 2 des
trois seuils suivants : 2 millions d’euros de CAHT, 1 million d’euros de total de bilan, 20 salariés
en moyenne sur l’exercice.
Dans le cas aucun seuil n’est dépassé donc l’éventuelle SAS n’aura pas l’obligation de désigner
É

un CAC.
Les associés peuvent cependant décider d’en désigner un (nomination facultative)
3) La présence d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans une SA ; il sera désigné par
l’assemblée générale ordinaire des actionnaires. Sa mission légale est la suivante :
–– informer les dirigeants sur les contrôles et vérifications opérés, leur signaler les irrégularités et
G

inexactitudes découvertes ;
–– informer les actionnaires par un rapport sur les comptes annuels. Il certifie les comptes annuels
(certification pure et simple, certification avec réserves ou refus de certification). Il établit des
rapports spéciaux selon les cas ;
I

–– informer le procureur de la République en lui révélant les faits délictueux dont il a pu avoir
connaissance ;
–– informer le président du tribunal de commerce de la situation économique et financière com-
promise de l’entreprise (droit d’alerte) :
R

–– informer le comité d’entreprise en lui fournissant les explications demandées.


4) Le commissaire aux comptes devra présenter à l’assemblée générale annuelle obligatoire un
rapport spécial sur les conventions réglementées. En effet, le contrat de travail conclu entre la SA
et M. Donjon est une convention réglementée soumise à une procédure d’autorisation préalable du
R

conseil d’administration, une information du commissaire aux comptes qui rédigera le rapport spé-
cial à destination des actionnaires amenés à ratifier en AGO cette convention dite « réglementée ».

Analyse de documents
O

CAS 7 Nahum
1) Droit évoqué
C

Les associés d’une société civile ont le droit d’obtenir communication des livres et des documents
sociaux et de poser par écrit des questions sur la gestion sociale auxquelles il devra être répondu
par écrit dans le délai d’un mois (art. 1855 C. civ.).
2)  Solution trouvée par l’associé
S'agissant d'une société civile, l'associé n’obtenant pas de réponse du gérant il a saisi le juge des référés
pour l’obliger, sous astreinte(1), à lui communiquer les documents sociaux. La cour d’appel a validé ce moyen
en basant sa décision sur la responsabilité pour faute (art. 1382 du C. civ.) qui justifie la saisine du juge
des référés.
Pour les sociétés commerciales, l’article L. 238-1 du Code de commerce permet le recours au juge
des référés pour faire respecter ce droit d’information.

1. L’astreinte est une somme d’argent par jour de retard dans l’exécution d’une obligation à laquelle est
condamné un débiteur envers son créancier.

204
Dissolution – Liquidation de la société 3
C H A PI T R E

S
Chapitre 3
Dissolution – Liquidation de la société

É
Tests de connaissances
1 Détermination des causes de dissolution

G
A. Le retrait d’une licence est une cause d’extinction de l’objet social.
B. La décision du tribunal déclarant l’objet de la société illicite est une cause d’annulation
du contrat de société.
C. Le 99e anniversaire d’une société est l’arrivée du terme légal (la prorogation est possible).

I
D. Le vote par les associés de la dissolution est un cas de dissolution anticipée décidée par
les associés.
E. La condamnation à cinq ans de prison d’un associé d’une SNC est une cause de dissolu-

R
tion due à l’interdiction d’un associé de SNC.
F. La mésentente entre associés est un cas de dissolution anticipée qui pourra être prononcée par le
tribunal, si elle entraîne la paralysie de fonctionnement de la société.
G. Des capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social sont un cas éventuel de dissolution

R
de la société du fait de la perte de la moitié du capital social dans la SARL et la SA.
H. L’édification d’un immeuble et sa vente par appartements par une société civile immobi-
lière sont une cause de dissolution du fait de la réalisation de l’objet social.
I. Le décès d’un actionnaire sans héritier est un cas de dissolution spécifique à la SA dont le

O
nombre d’actionnaires doit être de sept minimum.
2 Effets du vote de la dissolution d’une société dotée d’un commissaire aux comptes : A le
mandat du gérant prend fin et B le mandat du commissaire aux comptes est maintenu
jusqu’à la clôture de la liquidation. C Un associé peut devenir liquidateur, il sera nommé par
le vote des associés.
3 A. La personnalité morale d’une société dissoute subsiste, pour les besoins de la liquidation,
jusqu’à la clôture de celle-ci. C
4 Les premiers gérants et les associés auxquels la nullité de la société est imputable sont
solidairement responsables, envers les autres associés et les tiers, du dommage résultant de
l’annulation. L’action se prescrit par trois ans à compter du jour où la décision d’annulation
est passée en force de chose jugée.
5 Majorité requise pour dissoudre une société de façon anticipée : A société civile et B SNC :
unanimité des associés dans le silence des statuts ; C SARL : trois quarts des parts sociales ou
deux tiers selon la date de constitution de la SARL ; D SA : deux tiers des voix dont disposent
les actionnaires présents ou représentés.
6 Nomination du liquidateur : A l’ancien gérant peut devenir liquidateur de la société sous
réserve qu’il remplisse les conditions légales ; B le liquidateur devra procéder à la publicité
de la dissolution et de sa nomination auprès du RCS et faire figurer à côté de la dénomina-
tion sociale « société en liquidation » pour informer les tiers.

205
3 Dissolution – Liquidation de la société
S C H A PI T R E

7 Sauf dans certains cas où la dissolution n’entraîne pas liquidation (exemple : cas de réunion
de toutes les parts en une même main), la nomination d’un liquidateur est obligatoire.
8 Les agriculteurs qui souhaitent mettre un terme à la société devront voter la dissolution
anticipée de la société.
É

9 Les tiers sont informés qu’une société est en liquidation par la publication de la décision de
dissolution et par la mention «société en liquidation» qui doit suivre la dénomination sociale
pendant toute la période de liquidation.
10 La dissolution n’entraîne pas de plein droit la résiliation des baux des immeubles utilisés
G

pour exercer l’activité sociale.


11 A. La cession de tout ou partie de l’actif de la société en liquidation au liquidateur est inter-
dite ; B sauf consentement unanime des associés, la cession de tout ou partie de la société
en liquidation à une personne ayant eu dans cette société la qualité de gérant ne peut avoir
lieu qu’avec l’autorisation du tribunal de commerce, le liquidateur et, s’il existe, le commis-
I

saire aux comptes dûment entendus.


12 Le liquidateur est nommé par les associés à une majorité variable selon les sociétés (voir
Rappel de cours) et à défaut, par le tribunal à la demande de tout intéressé.
R

13 Le liquidateur représente la société. Il doit réaliser l’actif, payer les créanciers, répartir le
solde disponible. Il ne peut continuer les affaires en cours ou en engager de nouvelles pour
les besoins de la liquidation que s’il y a été autorisé par les associés ou décision de justice.
Il doit réunir les associés pour leur présenter son projet de liquidation. Si la liquidation
s’étale sur plusieurs exercices, il doit établir les comptes annuels et convoquer au moins
R

une fois par an, dans les six mois de la clôture de l’exercice, l’assemblée des associés qui
statuera sur les comptes. En fin de liquidation, il doit convoquer les associés pour statuer sur
le compte définitif, sur le quitus de la gestion du liquidateur, le décharger de son mandat et
constater la clôture de la liquidation.
O

Exercices d’application
C

CAS 8 Lacroix

1) L’article 1844-7 énonce que « la société prend fin […] par l’effet d’un jugement ordonnant la
liquidation judiciaire […] de la société ».
La société a fait l’objet d’un jugement de redressement judiciaire, procédure collective ayant pour
objectif la poursuite de l’activité de l’entreprise, le maintien de l’emploi et l’apurement du passif.
Elle n’a pas été l’objet d’un jugement de liquidation judiciaire. La société Lacroix ne répond pas
au cas de dissolution prévue par la loi.
2) En cas d’échec du plan de redressement mis en place à la suite du jugement de redressement
judiciaire, un jugement de liquidation judiciaire sera prononcé. La liquidation judiciaire est desti-
née à mettre fin à l’activité de l’entreprise ou à réaliser le patrimoine du débiteur par une cession
globale ou séparée de ses droits et de ses biens.

206
Dissolution – Liquidation de la société 3
C H A PI T R E

S
3) Dans la procédure de liquidation judiciaire, le liquidateur est chargé de procéder au licenciement
total des salariés s’il est mis fin à l’activité de l’entreprise, partiel si une cession globale ou partielle
des biens de l’entreprise est réalisée, c’est-à-dire si un repreneur se manifeste.

É
CAS 9 PIC

1) La dissolution d’une société anonyme entraîne sa liquidation. Le liquidateur doit être obligatoire-
ment nommé selon les statuts ou, à défaut, par les associés. Dans la SA, il est nommé aux conditions

G
de quorum et de majorité prévues pour l’AGO. À défaut de désignation par les associés, le liquida-
teur peut être désigné par le tribunal à la demande de tout intéressé.
2) Le liquidateur est un mandataire. Son mandat peut être gratuit ou rémunéré. Il sera payé par
la société.

I
3) Puisque la société devient débitrice de la rémunération du liquidateur, l’actionnaire sera
contraint, indirectement, de participer à celle ci.
4) La dissolution ne met pas fin au mandat du commissaire aux comptes de la société dont la
présence est obligatoire dans la SA. Le commissaire aux comptes poursuivra son mandat jusqu’à

R
la clôture de la liquidation.

CAS 10 Cabinet médical

R
1) Cas de dissolution
La société prend fin par la dissolution anticipée de la société prononcée par le tribunal à la
demande d’un associé pour justes motifs.
Une SCM se compose de 3 médecins X,Y et Z. Les docteurs X et Y demandent la dissolution anti-

O
cipée de la société pour juste motif.
2) Conditions de la dissolution anticipée judiciaire
Il doit y avoir :
–– inexécution de ses obligations par un associé
–– ou mésentente entre les associés paralysant le fonctionnement de la société .
L’associé demandeur de la dissolution ne doit être responsable de la mésentente.
C
3) Décision de la cour de cassation
Elle rejette le pourvoi de Mme Z formé contre l’arrêt de la cour d’appel de Colmar qui a prononcé
la dissolution judiciaire de la société.
Son argumentation est la suivante :
–– Mme Z ne paie plus ses charges, il y a inexécution de ses obligations par un associé ;
–– Il y a mésentente entre associés ( propos agressifs, poursuite disciplinaire) et Mme Z n’assiste
plus aux assemblées, ce qui ne permet pas de rassembler les 3/4 des parts sociales nécessaires
à l’AGE (puisque Mme Z en détient 1/3). Le fonctionnement de la société est paralysé.

207
4 La société sans personnalité juridique
S C H A PI T R E

Chapitre 4
La société sans personnalité juridique
É

Tests de connaissances
1 La société en formation n’a d’existence qu’en vue de l’acquisition de la personnalité morale.
G

La société créée de fait existe à partir du seul accord contractuel des associés sans aucune
recherche de la personnalité morale.
Intérêt juridique  : seule la personne qui a agi au nom d’une société en formation avant
l’immatriculation est personnellement responsable des actes accomplis (sauf reprise après
I

immatriculation) alors que si une société créée de fait est établie, les engagements pris par
un associé pour le compte de la société engagent personnellement tous les autres, même
s’ils n’ont pas participé à l’acte.
2 A. La commande d’un véhicule, B la signature d’un bail, C la commande de produits d’entre-
R

tien pour constituer un stock, D l’embauche de la future secrétaire, E l’engagement d’un


avocat chargé des formalités de constitution, F l’achat de cartons d’emballage pour les pro-
duits vendus, G l’abonnement à France Télécom, H l’ouverture d’un compte bancaire, sont
des actes passés pour le compte de la société en formation : ils préparent le commencement
R

de l’exploitation. I l’établissement de trois factures est un acte d’exercice de l’activité sociale


mais, s’il revêt un caractère limité dans son importance et dans sa durée et s’il est occasion-
nel, il peut garder le caractère d’actes pour le compte d’une société en formation selon la
jurisprudence qui les qualifiera au cas par cas.
3 Le point de départ de la société en formation est la manifestation de volonté des associés de
O

créer une société. Une société en formation peut être reconnue à partir de simples pourpar-
lers (Cass. com. 1977), de démarches auprès des administrations, de recherche de capitaux,
etc. L’appréciation se fera au cas par cas par les tribunaux.
4 La société en formation prend fin à partir de l’immatriculation de la société au RCS.
C

5 Les personnes ayant agi pour le compte de la société en formation sont responsables des
actes conclus  : indéfiniment solidairement si la société est commerciale, indéfiniment et
conjointement si la société est civile.
6 Les associés qui ont donné mandat si la société n’est pas immatriculée. La société lorsqu’elle
a été immatriculée si une des modalités de reprise a été effectuée.
7 La société peut reprendre les actes par :
– un état des actes accomplis pour le compte de la société en formation annexé aux statuts ;
– un mandat spécial donné par les associés après la signature des statuts ;
– un vote de reprise des associés à la majorité ordinaire après immatriculation de la société
au RCS.
8 La société de fait est créée et voulue par les associés, elle fonctionne de manière durable et
importante mais elle est atteinte d’une irrégularité de fond ou de forme.
9 La société de fait va être annulée par le tribunal sans rétroactivité. Les actes juridiques
qu’elle a conclus demeurent valables.

208
La société sans personnalité juridique 4
C H A PI T R E

S
10 Les associés d’une société de fait engagent leur responsabilité vis-à-vis des tiers de façon :
– indéfinie et solidaire si l’objet de la société est commercial ;
– indéfinie et conjointe si l’objet de la société est civil.
11 L’objet de la société est illicite. La société sera annulée sans rétroactivité. La dette de l’Urssaf

É
subsiste. Les associés devront l’assumer de façon indéfinie et solidaire puisqu’il s’agit d’une
société commerciale (SARL). L’Urssaf peut demander le paiement de l’intégralité de la dette
à l’un des deux associés (le plus solvable). Celui qui a payé se retournera contre son coasso-
cié pour lui réclamer sa contribution à la dette.

G
12 Il s’agit d’une société que les associés ont créée sans en avoir pleinement conscience, qui
comporte tous les éléments du contrat de société mais qui n’est pas dotée de la personnalité
morale, faute d’immatriculation.
13 La société créée de fait se prouve par tous moyens : écrits, témoignages, présomptions, etc.

I
14 Existence d’une société créée de fait : par référence au contrat de société, on constate qu’il y
a pluralité d’associés (ils sont deux), qu’ils ont fait des apports en industrie (chacun fournit
un travail de jardinage), mais on ne peut conclure à l’affectio societatis car il n’y a pas vrai-
ment d’exploitation pour compte commun. Le partage de la production peut être assimilé au

R
partage des bénéfices mais il n’y a pas de contribution aux pertes. On conclura qu’il n’existe
pas de société créée de fait entre eux.
15 Les éléments du contrat de société existent dans ce cas : pluralité d’associés, apports (en
industrie), entreprise commune (activités de service), exploitation en commun (tenue comp-
table, compte joint), partage des bénéfices et des pertes (prévu dans l’acte sous seing privé).

R
Chaque associé de fait est tenu solidairement des dettes sociales (les loyers) si la société est
commerciale, conjointement si la société est civile.
Dans le cas, l’objet social est de nature commerciale (fourniture de services) ; le bailleur peut
poursuivre et réclamer à un associé de fait la totalité des loyers impayés.

O
16 Caractéristiques d’une société en participation  : société volontairement non immatricu-
lée comportant tous les éléments du contrat de société ; elle n’a donc pas la personnalité
morale. Elle peut être occulte ou ostensible, civile ou commerciale, à durée déterminée ou
indéterminée. Elle se prouve par tous moyens.
17 Gérance d’une société en participation : les statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants

18
parmi les participants ou en dehors d’eux. À défaut, tous les participants sont gérants.
Caractère de la société en participation : ayant révélé à son banquier l’existence de la société
C
en participation, elle a un caractère ostensible. Le participant qui contracte avec les tiers (le
banquier en l’espèce) n’engage que lui, sauf révélation des autres associés ; la révélation
a pour conséquence que tous les associés sont personnellement responsables des engage-
ments pris par l’un d’eux. Si la société a un objet commercial, les associés seront solidai-
rement responsables envers le banquier ; si la société a un objet civil, les associés seront
conjointement responsables envers le banquier.
19 Procédure collective : la société en participation n’étant pas immatriculée, elle n’a pas la
personnalité morale, donc pas de patrimoine social. Elle ne peut pas faire l’objet d’une pro-
cédure collective.
20 Dissolution de la société en participation et ses conséquences : l’arrivée du terme prévu est
un cas de dissolution de la société. Après établissement des comptes, les associés devront
procéder au règlement des comptes : la masse active ou passive restante doit être partagée.

209
4 La société sans personnalité juridique
S C H A PI T R E

Avant tout partage, chaque participant reprend les apports en nature qu’il a éventuellement
mis à disposition de la société et dont il est resté personnellement propriétaire.
21 Obligations fiscales d’une société en participation : elle doit déclarer son existence auprès
de l’administration fiscale en précisant l’identité des participants. Elle doit produire
É

annuellement une déclaration de ses résultats et est imposable à l’impôt sur le revenu.
Elle peut opter pour l’impôt sur les sociétés (option irrévocable).

Exercices d’application
G

CAS 11 Point
1) Actes passés
I

• Un contrat de bail (créancier : le bailleur).


• Un contrat de prestation de services avec l’expert-comptable (créancier : l’expert-comptable).
• L’achat d’un ordinateur (créancier : le fournisseur).
R

Ces actes préparent le commencement de l’exploitation : la société est tenue d’avoir un siège
social, d’effectuer les formalités de constitution de la société et de satisfaire aux obligations
comptables, acheter un matériel va permettre le fonctionnement de la société. Ce sont des actes
accomplis pour le compte d’une société en formation.
R

2) Modalités de reprise
Une société peut reprendre les actes accomplis pour son compte dans un état annexé aux statuts
ou par un mandat spécial donné par les associés ou par un vote de reprise des associés après son
immatriculation.
O

Bail : reprise dans l’état des actes accomplis pour le compte de la société annexé aux statuts.
Prestation de services : reprise par un mandat spécial donné par les associés après la signature
des statuts.
Achat : pas de reprise, un vote des associés à la majorité après l’immatriculation de la société au
RCS permettra la reprise par la société de cet achat.
C

3) Responsabilité des actes


Les personnes qui ont agi au nom d’une société en formation avant qu’elle ait acquis la jouissance
de la personnalité morale, sont tenues indéfiniment (avec solidarité si la société est commerciale
et sans solidarité si la société est civile) des actes accomplis, à moins que la société, après avoir
été régulièrement constituée et immatriculée, ne reprenne les engagements souscrits. Ces enga-
gements sont alors réputés avoir été souscrits dès l’origine par la société (art. 1843 C. civ. et art.
L.210-6 al. 2 C. com.).
La société ayant été immatriculée, c’est elle qui est devenue débitrice vis-à-vis du bailleur et de
l’expert-comptable, mais pas vis-à-vis du fournisseur puisque l’achat n’a pas fait l’objet d’une
reprise. Le fournisseur devra réclamer le paiement à M. Point, son débiteur. Ce dernier aura intérêt
à faire voter la reprise par les associés après l’immatriculation.
Si la société n’avait pas été immatriculée :
–– les loyers et les honoraires dus restent à la charge des associés de façon indéfinie et solidaire
(si la société est commerciale) puisqu’ils ont donné leur consentement à la passation de ces
actes ;

210
La société sans personnalité juridique 4
C H A PI T R E

S
–– la facture de l’ordinateur reste à la charge de M. Point, personne ayant agi pour le compte de
la société en formation et donc tenue indéfiniment tant que la société n’a pas la personnalité
morale.

É
CAS 12 Merle
1) Preuve de la société créée de fait
La société créée de fait se prouve par tous moyens, ce qui signifie qu’elle peut exister alors qu’au-

G
cun écrit n’a été signé. Dans le cas, un accord verbal entre les membres de la famille avait été
conclu pour exploiter le restaurant en famille.
2) Conditions d’existence d’un contrat de société
• Un contrat : un accord verbal a été conclu, la condition est remplie.

I
• Pluralité d’associés : ils sont quatre alors que le minimum d’associés est de deux, la condition
est remplie.
• Des apports : on peut considérer que les parents ont fait un apport en nature (le fonds de
commerce) et que les enfants ont réalisé des apports en industrie (leur travail).

R
• Une entreprise commune : l’exploitation du restaurant.
• Le partage des bénéfices : la rémunération versée aux enfants consiste en un intéressement
aux résultats de l’exploitation  ; on peut considérer qu’il s’agit d’un partage des bénéfices
même s’il n’est pas réparti de façon égalitaire.

R
• La contribution aux pertes : la jurisprudence estime que cet élément ne doit pas être induit
de la situation mais décidé expressément par les associés ; cet élément manque dans le cas.
• L’affectio societatis : peut-on dire dans le cas proposé qu’il y avait une collaboration égalitaire
des associés à l’exploitation d’une activité pour compte commun ? Le rôle prédominant des

O
parents penche pour une réponse négative.
Conclusion : tous les éléments d’un contrat de société n’étant pas réunis, il est fort probable que
la justice ne statuera pas en faveur de l’existence d’une société créée de fait.
3) Les droits prétendus de Sébastien

C
Dans l’hypothèse où Sébastien se considère comme associé de la société créée de fait, il prétend
avoir droit à des parts sociales : parts d’industrie en échange de son apport. En qualité d’apporteur
en industrie il a droit aux bénéfices et au boni de liquidation. En obtenant la reconnaissance de
l’existence d’une société créée de fait, il pourrait en obtenir la dissolution et la liquidation avec
partage du boni de liquidation, ce qui lui permettrait d’obtenir des fonds pour financer son projet
personnel.

CAS 13 Aulnay
1) Nature de l’accord entre les quatre entreprises
• Un contrat a été signé par échange de lettres.
• Plusieurs participants l’ont conclu.
• Des apports en industrie (le savoir-faire de chaque entreprise) ont été réalisés.
• Une entreprise commune : la réalisation du groupe scolaire.

211
1
CAS DE SYNTHÈSE
La société : constitution, fonctionnement et dissolution
S
• La volonté de collaborer à une œuvre commune existe.
• Un partage des bénéfices et une contribution aux pertes sont prévus dans l’accord.
On peut conclure à l’existence d’une société en participation «occulte» puisque l’accord doit
demeurer secret.
É

2) Rôle joué par M. Nègre


L’accord de participation peut désigner un ou plusieurs gérants parmi les participants ou en dehors
d’eux ; M. Nègre est donc le gérant de cette société en participation. À l’égard des tiers, il traite
au nom de sa société dont il est le représentant légal ; il n’engage qu’elle. Dans ses rapports avec
G

les participants, il doit agir dans l’intérêt de la société en participation.


3) Recours en justice de la commune d’Aulnay
La commune ne connaît que la SA Constructa puisque la société en participation est occulte. Elle
devra engager ses poursuites judiciaires contre celle-ci aux fins d’indemnisation.
I
R

Cas de synthèse 1
La société : constitution,
fonctionnement et dissolution
R

CAS 14 Pousse-pousse
O

1) Éléments constitutifs d’une société


La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter
à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profi-
ter de l’économie qui pourra en résulter.
C

Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule personne.
Les associés s’engagent à contribuer aux pertes (art 1832 C. civ).
Dans le cas, ils sont 2 associés majeurs ; l’entreprise commune est le transport de passagers en
tricycle. Ils apportent des biens numéraires et le matériel. Ils ont décidé de partager les bénéfices
et les pertes. Ils manifestent leur intention de participer de façon égalitaire à la société (affectio
societatis). Les éléments sont réunis pour constituer une société.
2) Composition du capital
Il se compose de biens : les deux véhicules et 2 000 _ de numéraire.
Le bilan de constitution : actif : matériel 4 000 _ ; trésorerie 2 000 _ ; passif : capital 6 000 _.
3) Responsabilité des associés
Les associés d’une société civile ont une responsabilité indéfinie et conjointe. Les associés d’une
société commerciale ont une responsabilité illimitée et solidaire (SNC) ou une responsabilité limi-
tée aux apports (SARL-SA).

212
La société : constitution, fonctionnement et dissolution 1
CAS DE SYNTHÈSE

S
Dans l’espèce : il est conseillé aux associés de choisir une société commerciale à responsabilité
limitée (exemple : SARL).
4) La société en formation
Les personnes qui ont agi au nom d’une société en formation avant l’immatriculation sont tenues

É
des obligations nées des actes ainsi accomplis, avec solidarité si la société est commerciale, sans
solidarité dans les autres cas. La société régulièrement immatriculée peut reprendre les engage-
ments souscrits, qui sont alors réputés avoir été dès l’origine contractés par celle-ci.
Cas d’espèce : la société est en formation quand les deux associés ont conclu séparément les deux

G
actes (ce sont les personnes ayant agi). Il s’agit d’actes préparatoires à l’activité sociale (dépenses
publicitaires, honoraires de l’expert-comptable pour la constitution de la société). Les deux asso-
ciés doivent voter la reprise des actes accomplis pour le compte de la société après l’immatricula-
tion de la société au RCS si aucune autre modalité de reprise n’a été faite antérieurement. Ainsi
la société pourra leur rembourser les dépenses engagées.

I
5) Pouvoirs du gérant
Dans les rapports entre associés, le gérant peut accomplir tous les actes de gestion que demande
l’intérêt de la société. Les statuts peuvent soumettre certaines décisions à l’autorisation préalable

R
des associés. Le gérant peut réaliser tous les actes de gestion courante : actes de disposition et
d’administration.
Dans le cas, on dénombre  : la commande de matériel (2 pousse-pousse), la commande d’une
prestation de service (le site internet) et le recrutement d’un salarié. Il s’agit d’actes de gestion

R
courante de la compétence du gérant. Les statuts ne limitent pas les pouvoirs du gérant puisque
les statuts sont conformes à la loi. Stéphane n’a pas à demander l’autorisation de Marc pour
conclure ces contrats.
6) Rapport de gestion

O
Il ressort de l’analyse de l’annexe que le gérant doit, une fois par an, établir un rapport rendant
compte de sa gestion sur l’activité de la société au cours de l’exercice écoulé et le soumettre à
l’approbation des associés que la société soit civile ou commerciale.
Le gérant engage sa responsabilité civile en cas de faute de gestion, infraction aux lois et règle-
ments, violation des statuts.
Le gérant (d’une SARL) qui ne soumet pas à l’approbation des associés l’inventaire, les comptes
annuels et le rapport de gestion de l’exercice s’expose à une sanction pénale : 9 000 _ d’amende. C
Dans le cas Stéphane ne doit pas se contenter de rapports oraux mensuels mais doit établir un
rapport de gestion (et d’autres documents-inventaire et comptes annuels dans la SARL) et le(s)
faire approuver par les associés (lui et Marc). Sinon, il engage sa responsabilité civile pour viola-
tion de la loi et sa responsabilité pénale s’il s’agit d’une SARL.
7) Nomination obligatoire du commissaire aux comptes
Dans une société civile ou une SARL, la présence d’un commissaire aux comptes est obligatoire si
la société dépasse 2 des 3 seuils suivants : 3,1 millions d’euros de CAHT, 1,55 million d’euros au
total du bilan, 50 salariés en moyenne sur l’exercice. La nomination du CAC est de la compétence
des associés par décision ordinaire.
Dans le cas, 2 chiffres sont connus : 60 000 _ de chiffre d’affaires et 1 salarié. Les seuils ne sont
pas dépassés. Le commissaire aux comptes n’est pas obligatoire dans cette société. Stéphane ne
peut pas nommer seul le CAC.

213
5 SARL : les associés
S C H A PI T R E

8) Solutions juridiques
• Poursuite de la société en l’état avec les deux associés.
• Passage d’une société pluripersonnelle à une société unipersonnelle (exemple : la SARL devient
une EURL) par la vente des parts de Marc à Stéphane qui sera l’associé unique.
É

• Dissolution anticipée de la société décidée par les associés.


9) Choix d’une solution
Le maintien de la société sans changement est favorable à Marc qui touchera 50 % des bénéfices
sans participer à la société et défavorable à Stéphane qui poursuit l’activité sociale seule. On peut
G

suggérer une modification des statuts sur la clause de répartition des bénéfices et pertes.
La transformation en société à associé unique est cohérente, Stéphane restant seul dans la société
mais elle nécessite la cession des titres de Marc. Il faudra évaluer les titres, constater par écrit la
cession, modifier les statuts (clause de répartition du capital) et effectuer les formalités de publi-
I

cité. Stéphane devra trouver le financement pour acquérir les titres de Marc.
La dissolution de la société nécessite le vote des associés. Il s’agit d’une modification statutaire
(l’arrivée du terme est anticipé puisque la durée de la société était de 10 ans). Une majorité extra-
ordinaire doit être réunie (unanimité pour une société civile, 2/3 pour une SARL, mais en réalité,
R

compte tenu qu’ils détiennent chacun la moitié du capital, il faudra quand même l’unanimité). La
dissolution entraîne la liquidation de la société. Après les opérations de liquidation, les associés
se partagent le boni ou le mali de liquidation.
Cette dernière solution ne paraît pas adaptée puisque Stéphane veut poursuivre et développer
l’activité sociale, d’autant plus que l’activité de l’année antérieure a été bénéficiaire.
R

En conclusion il vaut mieux conseiller à Stéphane la deuxième solution. Pour cela il faut que la
société soit une SARL et qu’elle se transforme en EURL. Stéphane sera gérant et associé unique.
Il sera seul maître à bord.
O

Chapitre 5
C

SARL : les associés

Tests de connaissances
1 Les associés d’une SARL ne sont pas commerçants ; il n’est donc pas nécessaire qu’ils aient
la capacité requise pour être commerçants :
A. deux époux peuvent constituer, entre eux ou avec des tiers, une SARL ;
B. la SARL unipersonnelle peut être instituée par l’acte de volonté d’une seule personne
physique ou morale (mais il est interdit à une EURL d’avoir pour associé unique une autre
EURL) ;
C. un mineur émancipé ou non peut être associé d’une SARL ;

214
SARL : les associés 5
C H A PI T R E

S
D. les personnes morales peuvent être associées d’une SARL (sauf s’il s’agit d’une personne
morale dont l’objet est l’exploitation d’un laboratoire d’analyses médicales).
E. l’apport en industrie est autorisé dans la SARL si les statuts les autorisent et en déter-
minent les modalités de souscription.

É
2 Responsabilité des associés : A associé avec sa famille dans une SARL ou B associé unique :
la responsabilité des associés d’une SARL pluripersonnelle ou unipersonnelle est limitée au
montant de leurs apports.
3 La SARL était pluripersonnelle, elle devient unipersonnelle par réunion dans une même main

G
(celle de M. Puce) de toutes les parts de la SARL.
4 Une même personne physique peut être associée unique de plusieurs SARL unipersonnelles.
Il reste néanmoins interdit à une EURL d’avoir comme associé unique une autre EURL.
5 Toutes les décisions ou certaines d’entre elles pourront être prises par consultation écrite des
associés à condition que les statuts l’aient prévu et qu’il ne s’agisse pas d’un cas obligatoire

I
de réunion des associés en assemblée (approbation annuelle des comptes et tenue d’une
assemblée à la demande d’un ou plusieurs associés représentant la moitié des parts sociales
ou par un ou plusieurs associés détenant 10 % des parts sociales s'il(s) représente(nt) au
moins 10 % des associés.

R
6 Un associé peut se faire représenter par son conjoint à moins que la société ne comprenne
que les deux époux. Un associé peut se faire représenter par un autre associé sauf si les
associés sont au nombre de deux. Il ne peut se faire représenter par une autre personne (le
fils dans le cas) que si les statuts le permettent.

R
7 Chaque associé dispose d’un nombre de voix égal au nombre de parts sociales qu’il possède
(250, 50, 100, 50 dans le cas). Toute clause contraire est réputée non écrite ; il est interdit
de conférer à certaines parts un droit de vote plural.
M. Z détient 250 parts sur 450, soit plus de la moitié des parts (55,55 %) ; il est associé

O
majoritaire dans sa société.
8 Décisions ordinaires : A L’approbation des comptes ; B l’affectation des résultats ; C la nomi-
nation du gérant ; E la nomination d’un commissaire aux comptes ; G l’approbation d’un
contrat de travail passé entre la SARL et un associé sont valablement adoptées :
– sur première consultation : par décision des associés représentant plus de la moitié des
parts sociales (majorité absolue), que ce résultat soit obtenu par le vote d’un seul ou de
plusieurs associés. Sur première convocation la majorité se calcule en tenant compte de
C
l’ensemble des parts sociales composant le capital et non pas en fonction des parts déte-
nues par les associés présents ou représentés à l’assemblée. Si cette majorité n’est pas
atteinte en raison de l’absence d’associés, il faut réunir les associés une seconde fois ;
– sur deuxième consultation  : par la décision des associés à la majorité des voix émises
(majorité relative) quel que soit le nombre des associés ayant participé au vote.
Quand les associés statuent sur une convention passée entre la société et l’un des associés
(G), le calcul de la majorité est effectué par rapport à un nombre de parts déterminé après
déduction des parts sociales possédées par l’intéressé, celui-ci ne pouvant pas participer au
vote.

215
5 SARL : les associés
S C H A PI T R E

Les statuts peuvent imposer une majorité plus élevée que la majorité légale.
Décisions extraordinaires : D modification de la forme juridique ; F modification du capital
social  ; H changement de la clause de répartition du capital social après la cession. Les
décisions extraordinaires ont pour objet de statuer sur la modification des statuts. Pour les
É

sociétés constituées avant le 3.08.2005, les modifications statutaires sont décidées par les
associés représentant au moins les trois quarts des parts sociales (75 % du capital). Toute
clause exigeant une majorité plus élevée ou moins élevée est réputée non écrite.
Pour les sociétés constituées après le 3.08.2005 et celles qui ont adopté la nouvelle majorité
dans leurs statuts : deux tiers des parts détenues par les associés présents ou représentés.
G

Des exceptions légales existent :


D. la majorité des parts sociales pour la transformation de la SARL en SA quand les capitaux
propres au dernier bilan excèdent 750 000 e ;
F. la moitié au moins des parts sociales pour une augmentation de capital par incorporation
I

de bénéfices ou de réserves ;
H. la majorité des associés (majorité en nombre) représentant au moins la moitié des parts
sociales sauf majorité statutaire plus forte. Une double majorité est donc exigée pour une
R

cession de parts sociales à une personne étrangère (tiers) à la société.


9 A. Avec 75 % du capital on détient la majorité pour l’adoption des décisions extraordinaires
dans les SARL constituées avant le 3.08.2005 et qui n’ont pas adopté les nouvelles règles
de majorité ; B avec 50 % plus une part on détient la majorité absolue pour l’adoption des
décisions ordinaires ; C avec 25 % plus une part on détient la minorité de blocage, c’est-à-
R

dire que l’on peut s’opposer aux décisions extraordinaires dans les sociétés constituées avant
le 3.08.2005 ; D 10 % du capital est une des conditions requises pour demander l’expertise
de gestion, engager l’action sociale en responsabilité civile contre le gérant ou demander en
justice la désignation d’un commissaire aux comptes. E avec 33 % plus une part, on détient
O

la minorité de blocage pour les décisions extraordinaires dans les SARL constituées après
2005.
10 Les parts représentant des apports en numéraire doivent être libérées d’au moins un cin-
quième de leur montant. La libération du surplus intervient en une ou plusieurs fois sur
décision du gérant, dans les 5 ans à compter de l’immatriculation de la société au RCS. La
C

libération sera de 1 500 e au minimum.


L’apport en nature doit être évalué par un commissaire aux apports. Une exception est pré-
vue par la loi : lorsque la valeur d’aucun apport en nature n’excède 30 000 e et si la valeur
totale de l’ensemble des apports en nature n’excède pas la moitié du capital : les associés,
à l’unanimité, peuvent écarter le recours au commissaire aux apports. Dans le cas, l’ordi-
nateur a une valeur inférieure à 30 000 e et 1 500 e est inférieur à la moitié du capital
(9 000 e/2 = 4 500 e). Les associés peuvent décider à l’unanimité de ne pas avoir recours
au commissaire aux apports. Ils procèdent donc à l’évaluation de cet apport en nature et en
sont responsables.
L’apport en industrie est autorisé s’il est prévu dans les statuts. Il n’entre pas dans la forma-
tion du capital.
Le montant total du capital sera de : 9 000 e (soit 7 500 e + 1 500 e).

216
SARL : les associés 5
C H A PI T R E

S
11 À défaut de convocation par le gérant (ici dans les six mois de la clôture de l’exercice
puisqu’il s’agit de l’assemblée générale annuelle obligatoire) et en l’absence de commissaire
aux comptes, tout associé, quelle que soit sa détention de capital, peut demander au pré-
sident du tribunal de commerce statuant en référé la désignation d’un mandataire chargé

É
de convoquer l’assemblée et de fixer son ordre du jour. L’associé doit avoir vainement mis
en demeure le gérant de convoquer l’assemblée préalablement à sa demande en justice, de
plus sa demande doit être faite dans l’intérêt social (cas d’espèce). Si le gérant ne convoque
pas l’assemblée, l’associé peut demander la convocation en justice.
12 Avant l’assemblée annuelle, le gérant doit communiquer aux associés les documents sui-

G
vants concernant l’exercice écoulé :
– l’inventaire ;
– les comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe) et les comptes consolidés si elle
est tenue de les établir ;

I
– le rapport du gérant sur sa gestion et éventuellement le rapport de gestion du groupe ;
– le texte des résolutions proposées ;
– le rapport du commissaire aux comptes s’il existe.

R
Le gérant doit envoyer aux associés les documents ci-dessus, à l’exception de l’inventaire
(tenu à la disposition des associés au siège social), quinze jours au moins avant l’assemblée
annuelle. La violation de ces dispositions peut entraîner la nullité de la délibération (le
juge apprécie). À compter de la date de communication des documents sociaux ci-dessus,
tout associé a la faculté de poser par écrit des questions auxquelles le gérant est tenu de

R
répondre au cours de l’assemblée générale. Toute clause statutaire supprimant cette faculté
serait réputée non écrite. Un refus de réponse du gérant pourrait entraîner la nullité de
l’assemblée.
13 Dans les rapports entre associés, les pertes sociales sont réparties selon les statuts ; à défaut,

O
cette répartition est proportionnelle aux apports de chacun des associés. M. Latil devra donc
obligatoirement contribuer aux pertes à hauteur de sa participation au capital (30 %) sauf
clause contraire. D’autre part, si un passif social apparaît, à l’égard des tiers, les associés
ne sont tenus que dans la limite de leurs apports. Si M. Latil a déjà « perdu » son apport en
contribuant aux pertes, il n’aura pas d’obligation au passif social (sauf cas particuliers).
Tout associé non gérant peut, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au
gérant sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. C’est le « droit
C
d’alerte ». Il peut aussi demander en justice la révocation du gérant et engager, sous cer-
taines conditions, sa responsabilité.
14 Un ou plusieurs associés, représentant au moins le dixième du capital social, peuvent
demander en justice la désignation d’un expert chargé de présenter un rapport sur une ou
plusieurs opérations de gestion (ici l’associé détient 20 % du capital et la passation d’un
contrat est un acte de gestion relevant de la compétence du gérant, sauf clause statutaire).
L’associé peut avoir recours à l’expertise de gestion : la demande doit revêtir un caractère
sérieux. Le rapport de l’expert sera communiqué au demandeur et au gérant.
15 Les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société qu’avec le consen-
tement de la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts sociales sauf
majorité statutaire plus forte. L’accord intervenu entre les deux personnes ne suffit pas, il
faudra obtenir le vote des associés à la double majorité (en nombre et en parts).

217
5 SARL : les associés
S C H A PI T R E

Exercices d’application
CAS 15 Basque
É

1) La convocation des associés est effectuée par le gérant. L’assemblée ne peut pas se tenir
avant l’expiration du délai de 15 jours de la communication des documents. L’assemblée annuelle
obligatoire doit avoir lieu dans les six mois de la clôture de l’exer­cice (30 juin au plus tard dans le
cas). Le gérant fixe l’ordre du jour qui sera le suivant en l’espèce :
G

–– approbation des comptes annuels ;


–– affectation du résultat ;
–– nomination du gérant, fixation de sa rémunération ;
–– approbation de la convention entre la SARL et Jean ;
I

–– augmentation de capital par incorporation de bénéfices et de réserves ;


–– autorisation (agrément) de cession de parts sociales à un tiers (Fabien).
On observe que, lors de cette assemblée, seront débattues des décisions ordinaires (les quatre
premières) et des décisions extraordinaires (les deux dernières).
R

À défaut de convocation des associés par le gérant, la convocation se fera par mandataire désigné
par le tribunal à la demande d’un associé.
La consultation des associés doit avoir lieu en assemblée quand elle est demandée par un ou
plusieurs associés détenant la moitié des parts sociales ou par un ou plusieurs associés détenant
R

le dixième des parts sociales s’ils représentent au moins le dixième des associés.
En l’espèce, chaque associé détient le quart des parts sociales et représente le quart des associés
(ils sont quatre à parts égales, selon le sujet). Chacun pourra demander au tribu­nal la désignation
d’un mandataire et la consultation devra obligatoirement se faire en assemblée.
O

2) Un associé peut se faire représenter par un autre associé à moins que la société ne comprenne
que deux associés. Éric pourra donner mandat à Jean de le représenter pour cette assemblée (ils
sont quatre dans la société) ; le mandat donné pour une assemblée vaut pour les assemblées suc-
cessives convoquées avec le même ordre du jour. Pour don­ner ses consignes de vote à Jean, Éric a
dû recevoir du gérant, quinze jours avant l’assem­blée, les documents suivants :
C

–– les comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexe) ;


–– le rapport du gérant sur sa gestion ;
–– le texte des résolutions proposées.
L’inventaire doit être tenu à disposition des associés au siège social quinze jours égale­ment avant
l’assemblée. Les associés ne sont pas autorisés à prendre copie de ce docu­ment. La non-communi-
cation des documents cités peut entraîner la nullité de la délibération.
3) Le gérant d’une SARL est nommé au cours de la vie sociale par les associés à la majo­rité de
plus de la moitié des parts sociales sur première consultation, sur deuxième con­sultation à la
majorité des votes émis. Les statuts peuvent écarter la faculté de la deuxième consultation. Le
futur gérant, s’il est associé, participe au vote. Puisque les associés ont convenu d’une gérance
tournante tous les deux ans, la majorité sera atteinte.
En ce qui concerne sa rémunération, la loi n’a prévu aucune disposition sur ce point. Ce sont
donc les statuts ou une décision collective des associés qui la détermineront (ordi­naire ou extra-
ordinaire, selon les statuts). Dans le cas, la gérance devait être gratuite. C’est donc un vote des

218
SARL : les associés 5
C H A PI T R E

S
associés qui peut octroyer une rémunération à Stéphane. Le gérant, s’il est associé, peut-il prendre
part au vote ? non, selon le ministre de la Justice car il s’agit d’une convention entre la société
et son gérant ; oui, si les conditions sont normales, selon un arrêt de la Cour de cassation du
04.10.2011. Dans la pratique, on conseille d’écarter le gérant associé du vote. Si on écarte le futur
gérant associé du vote, le calcul de majorité se fera sur la base de 75 % du capital. En l’espèce,

É
il est peu probable que les associés acceptent de rémunérer le nouveau gérant alors qu’il était
convenu d’une gérance à titre gratuit. Faute de rémunération, Stéphane recevra seulement sa part
de bénéfices, si l’exercice a été bénéficiaire et si les associés votent leur distribution.
4) Le gérant actuel, Marc, a mis à l’ordre du jour l’augmentation de capital par incorpo­ration

G
de réserves et de bénéfices. Il s’agit d’une décision extraordinaire qui nécessite, en principe, une
décision des associés représentant au moins trois quarts des parts sociales puisque la SARL a été
constituée avant le 4.08.2005 et que les statuts n’ont pas été modi­fiés depuis cette date. À titre
exceptionnel, la décision d’augmentation de capital par incorporation de réserves ou de bénéfices
peut être prise par les associés représentant seu­lement la moitié des parts sociales.

I
Dans le cas, le seul opposant (Éric) ne représente que 25 % des parts sociales. La décision sera
adoptée puisqu’elle recueillera 75 % alors qu’il suffirait qu’elle rassemble 50 % des parts sociales.
5) Un contrat de travail conclu entre la SARL et son gérant ou un associé est une conven­tion

R
réglementée qui doit être approuvée par les associés. La personne intéressée, si elle est associée,
ne doit pas participer au vote : on doit exclure Jean du vote. La majorité ordi­naire devra donc être
calculée sur la base de 75 % des parts sociales. Un vote réunissant 376 parts sociales sur première
consultation est nécessaire pour que Jean bénéficie du contrat de travail (il faudra aussi que ce
contrat réponde à d’autres conditions : emploi effectif, dualité de fonctions, lien de subordina-

R
tion). Voir le régime des conventions, chapitre 7.
6) La baisse du chiffre d’affaires d’Éric entraînera une baisse de sa part de bénéfices puisque
les statuts prévoient une participation aux bénéfices en fonction du chiffre d’affaires réalisé par
chaque associé. La cession des parts sociales d’une SARL à un tiers (Fabien) nécessite la majo-

O
rité en nombre (trois sur quatre dans le cas) représentant au moins la moitié des parts, sauf si les
statuts prévoient une majorité plus forte. Le cédant (Éric) participe au vote.
L’exigence de Fabien d’acquérir une part sociale de Jean, Stéphane ou Marc, en plus des 25 %
du capital de la SARL qu’il achète à Éric, lui donnera la minorité de blocage pour les décisions
extraordinaires. Son vote d’opposition suffira pour faire obstacle aux déci­sions extra­ordinaires qui
ne lui conviendraient pas. C
CAS 16 Cordier
1) Représentation des personnes morales aux AG
Les personnes morales associées dans une SARL sont valablement représentées aux assemblées
par leur représentant légal ou par toute personne agissant sur délégation de pouvoir de celui-ci.
MM. Mir et Luc pourront donc participer à la prochaine assemblée de la SARL.
2) Droit d'information des associés
Chaque associé a le droit, à toute époque, de prendre connaissance au siège social des documents
suivants concernant les trois derniers exercices :
–– comptes annuels (bilans, comptes de résultats, annexes) ;

219
5 SARL : les associés
S C H A PI T R E

–– inventaires ;
–– rapports soumis aux assemblées ;
–– procès-verbaux de ces assemblées.
Il peut en prendre copie sauf en ce qui concerne l’inventaire. Toute clause contraire à ce droit
É

d’information est réputée non écrite. Les associés peuvent demander au président du tribunal
d’enjoindre sous astreinte (ordonner avec paiement d’une somme déterminée par jour de retard)
au gérant le respect de ce droit.
3) Droit de communication des associés avant AG
G

Concernant l’exercice écoulé, le gérant doit communiquer aux associés, préalable­ment à l’assem-
blée annuelle, les documents suivants :
–– inventaire ;
–– comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe) ;
–– rapport du gérant sur sa gestion ;
I

–– texte des résolutions proposées ;


–– rapport du commissaire aux comptes s’il en existe un.
Le gérant doit envoyer ces documents aux associés quinze jours au moins avant l’assem­blée
R

annuelle (à l’exception de l’inventaire qui est tenu à leur disposition au siège). Les associés
doivent aussi avoir communication de certains frais généraux : charges somp­tuaires et frais géné-
raux excessifs ou ne figurant pas sur le relevé spécial annexé à la déclaration des résultats.
À compter de la date de communication des documents sociaux, tout associé a la faculté de poser
par écrit des questions auxquelles le gérant est tenu de répondre au cours de l’assemblée géné-
R

rale. Un refus de réponse du gérant pourrait entraîner la nullité de l’assemblée.


M. Mir devrait, à travers les documents sociaux et les questions au gérant, pouvoir déce­ler les rai-
sons de l’exercice déficitaire. M. Mir, en sa qualité de représentant légal de la SA Boulon, associée
de la SARL Cordier, et au nom de sa société, pourrait aussi à propos d’une ou plusieurs opérations
O

de gestion demander en justice la désignation d’un expert de gestion puisque la SA Boulon


détient 20 % du capital social (le minimum requis étant au moins 10 % pour exercer ce droit).
4) Inscription de résolution à l'ordre du jour
Le gérant fixe l’ordre du jour. Dans le silence de la loi et sauf clause contraire des sta­tuts, les asso-
C

ciés ne peuvent pas exiger l’inscription de projets de résolution à l’ordre du jour de l’assemblée
(à la différence de la SA dans laquelle, sous réserve de détenir 5 % du capital, les actionnaires
peuvent obtenir l’inscription de projets de résolution à l’ordre du jour). À défaut d’entente avec le
gérant, ils doivent solliciter du président du tribunal de commerce la désignation d’un mandataire
chargé de convoquer l’assemblée et de fixer son ordre du jour.
Cependant, plusieurs décisions jurisprudentielles ont déclaré valables des délibérations de SARL
au cours desquelles la révocation du gérant a été décidée alors que l’ordre du jour ne la prévoyait
pas, à condition que ce dernier comporte une rubrique sur la « gestion du gérant » ou « l’étude
de la situation actuelle de la société et de son administration  ». M. Mir ne peut donc obtenir
l’inscription de sa proposition de résolution à l’ordre du jour mais la révocation du gérant reste
envisageable en fonction de l’ordre du jour prévu par le gérant, M. Cordier. Le vote semblerait
acquis puisque les associés favorables à la révo­cation représentent 600 parts sur 1000 des parts
sociales (le gérant est révocable par décision des asso­ciés représentant plus de la moitié des parts
sociales sur première consultation, à la majorité des votes émis sur deuxième consultation). Les
statuts peuvent écarter la faculté de la deuxième consultation.

220
SARL : la gérance 6
C H A PI T R E

S
La nomination de M. Mir en qualité de gérant doit être décidée par les associés représen­tant
plus de la moitié des parts sociales (les statuts peuvent prévoir une majorité plus éle­vée selon les
auteurs).

É
Chapitre 6

G
SARL : la gérance

Tests de connaissances

I
1 A. M. Perrin est une personne physique et sous réserve de remplir les conditions requises
(capacité, non interdit, non déchu, non frappé d’incompatibilité), il peut être gérant. B Le
gérant d'une SARL doit être obligatoirement une personne physique ; une personne morale

R
ne peut être gérante, elle devra désigner une personne physique pour la représenter. C Bien
qu’étranger, M. Law est un ressortissant de l’Union européenne, il est dispensé de tout for-
malisme et, par conséquent, il peut être gérant. D Une personne physique non associée peut
être gérante sous conditions de remplir les conditions de A.

R
2 A. À 17 ans, on est mineur. Si le mineur est émancipé, il peut être gérant ; sinon, il n’est pas
capable juridiquement. B 40 ans et C 75 ans : il n’y a pas de limite d’âge pour remplir les
fonctions de gérant, sauf limite statutaire.
3 M. Dumont peut cumuler ce nouveau mandat avec les autres. La loi n’a prévu aucune limite
de cumul de mandats mais les statuts de la SARL pourraient prévoir une limite au cumul.

O
4 A. La nomination du gérant est décidée par les associés représentant plus de la moitié des
parts sociales sur première consultation, B à la majorité des votes émis sur deuxième consul-
tation quand la majorité de la première consultation n'est pas atteinte. Les statuts peuvent
écarter cette deuxième consultation.

C
5 Oui. En sa qualité d’associé, il a un droit de vote, il ne peut en être privé.
6 A. Le gérant est nommé pour la durée de la société, dans le silence des statuts et B. Les
associés peuvent fixer la durée de son mandat dans l’acte de nomination.
7 Formalités à accomplir : insertion au JAL, dépôt au greffe du tribunal de commerce de la
copie de sa décision de nomination, inscription au RCS, insertion au BODACC. En principe,
le défaut de publication de nomination (ou de cessation) de fonctions de gérants n’est pas
opposable aux tiers, à moins que la société établisse que le tiers avait personnellement
connaissance du changement intervenu. Toutefois, dans la SARL, si le tiers prouve qu’il n’a
pas pu avoir connaissance du changement, la nomination ne sera opposable au tiers qu’à
partir du seizième jour suivant celui de la publication au BODACC.

221
6 SARL : la gérance
S C H A PI T R E

8 Cas de cessation des fonctions de gérant : arrivée du terme du mandat, décès, incapacité,
interdiction, déchéance, incompatibilité, démission, révocation du gérant. En cas de décès,
tout associé ou le CAC (s’il existe) pourra convoquer les associés pour désigner un nouveau
gérant.
É

9 B. Le gérant est révocable par décision des associés représentant plus de la moitié des parts
sociales (50 % plus une part). Le gérant associé participant au vote et étant majoritaire s’op-
posera à sa révocation et ne pourra pas être révoqué par les autres associés. Sur deuxième
consultation, il pourra être révoqué par la majorité des votes émis, sauf disposition statutaire
contraire. La solution sera d’obtenir la révocation du gérant par le tribunal.
G

10 Un associé, quelle que soit sa détention de capital, peut demander en justice la révocation
du gérant pour cause légitime.
11 Le juste motif de révocation peut résulter d’une faute du gérant (non-respect de l’intérêt
social en l’espèce). Il n’obtiendra pas de dommages-intérêts. Même non justifiée, la révoca-
I

tion décidée régulièrement ne peut être annulée. Le gérant n’obtiendra pas sa réintégration
(la confiance des associés est perdue !), le maintien à la tête de la société est impossible.
12 A. Vis-à-vis des associés, il a les pouvoirs définis par les statuts et dans le silence des statuts,
il peut accomplir tous les actes de gestion dans l’intérêt social. B Vis-à-vis des tiers, il a les
R

pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société sous réserve
des pouvoirs que la loi attribue aux associés. La société est engagée même par les actes du
gérant qui ne relèvent pas de l’objet social sauf si le tiers était au courant du dépassement.
Les clauses limitatives des pouvoirs du gérant sont inopposables aux tiers.
R

13 Les opérations suivantes sont de la compétence du gérant : A l’achat de matériels et fourni-


tures pour la fabrication ; B l’obtention de concours bancaires (escompte, découvert, crédit
de trésorerie, prêt) ; C l’embauche de salariés ; F le transfert du siège social s’il a lieu dans le
même département du siège social ou un département limitrophe, sous réserve de ratifica-
tion par décision extraordinaire des associés ; G la décision de construction d’un local.
O

Les opérations suivantes sont de la compétence des associés : D l’approbation des comptes ;
E l’augmentation de capital de la société ; F le transfert du siège social dans les autres cas
que ceux cités dans le paragraphe précédent.
14 Tous les actes sont de la compétence du gérant. Tous entrent dans le cadre de l’objet social
C

sauf le dernier (l’achat d’un lot de matériels de sonorisation). Tous engagent la société,
même le dernier puisque le gérant engage la société au-delà de l’objet social.
15 Les clauses statutaires limitant les pouvoirs du gérant sont inopposables aux tiers. La société
devra payer les échéances. Les associés pourront engager la responsabilité du gérant pour
violation des statuts et provoquer sa révocation qui sera justifiée.
16 Trois cas de responsabilité civile : faute de gestion ; violation des statuts ; infraction aux lois
et règlements. Il engage sa responsabilité pénale pour les infractions prévues par la loi.
17 Les cotisations et les majorations de retard seront payées par la société et le gérant ne peut
être condamné qu’à des pénalités prévues par l’article R. 244-4 du Code de la Sécurité
sociale et éventuellement à des dommages-intérêts pour le préjudice qu’il a pu causer à la
caisse de Sécurité sociale. Le défaut de paiement des cotisations de Sécurité sociale alors
que la trésorerie de la société le permettait est une faute de gestion (Cass. civ. 1963). La
révocation du gérant est justifiée et les associés peuvent engager sa responsabilité civile
(remboursement des majorations de retard et des dommages-intérêts).

222
SARL : la gérance 6
C H A PI T R E

S
18 Le gérant ne respecte pas la loi qui lui impose de soumettre aux associés l'approbation des
comptes annuels ; il ne respecte pas non plus le droit d’information permanent dont dis-
posent les associés. Ces infractions à la loi engagent la responsabilité civile et pénale (voir
chapitre 24 § 1) du gérant. Sa révocation éventuelle sera justifiée.

É
19 A. Par un associé quelle que soit sa détention de capital (action sociale ut singuli et B par
un groupe d’associés représentant au moins le dixième du capital.
20 L’action en responsabilité contre un gérant se prescrit par trois ans à compter du fait dom-
mageable ou de sa révélation. Le point de départ de l’action est ici la révélation du délit.

G
L’action n’est donc pas encore prescrite. Le nouveau gérant ou les associés, individuellement
ou en se groupant (détention de 10 % du capital au minimum dans ce dernier cas), peuvent
engager l’action sociale. Ils peuvent aussi engager l’action publique (voir chapitre 23).
21 Est réputée non écrite toute clause des statuts ayant pour effet de subordonner l’exercice de
l’action sociale à l’avis préalable ou à l’autorisation de l’assemblée. Le gérant n’est donc pas

I
à l’abri d’une action en responsabilité.

Exercices d’application

R
CAS 17 Basqu’air
1) Le gérant d'une SARL doit être obligatoirement une personne physique. M. Blanco est une

R
personne physique donc il peut être gérant s’il est capable et s’il n’est pas frappé d’interdiction,
de déchéance ou d’incompatibilité. Il devra être nommé par les associés dans les statuts ou dans
un acte postérieur pour une durée que les associés fixeront, sinon, pour la durée de la société. Sa
nomination devra être publiée (pour être opposable aux tiers).

O
Les statuts peuvent fixer le mode de calcul de la rémunération du gérant ou en laisser le soin à
une décision collective ordinaire des associés.
Une même personne physique peut cumuler valablement plusieurs mandats de gérance sauf
disposition contraire des statuts. Le mandat exercé par M. Blanco ne fait pas obstacle à sa nomi-
nation à la tête de la société Basq’air sauf clause contraire dans les statuts dans l’une des deux
sociétés qu’il dirige (ou va diriger).
2) Le gérant est nommé par les associés représentant plus de la moitié des parts sociales (50 %
C
plus une part sociale) sur première consultation. Une seconde consultation est possible (sauf si les
statuts l’écartent) au cours de laquelle il sera nommé à la majorité des votes émis. En votant dans
le même sens, les deux associés pilotes représentent 60 % du capital. Ils peuvent s’opposer à la
nomination de M. Blanco sur première et deuxième consultations.
3) La révocation du gérant de SARL peut être obtenue :
–– par décision des associés représentant plus de la moitié des parts sociales sur première consul-
tation ou à la majorité des votes émis sur deuxième consultation (sauf si les statuts ont écarté
cette deuxième consultation). Si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut donner
lieu à dommages-intérêts. La révocation doit être portée à l’ordre du jour. M. Blanco ne le fera
pas mais la jurisprudence a jugé que la révocation est possible si un point de l’ordre du jour
vise l’examen de la gestion. Si tel est le cas, il faudra que les deux associés pilotes votent dans

223
6 SARL : la gérance
S C H A PI T R E

le même sens pour que la révocation soit régulière puisque, ensemble, ils détiennent 60 % du
capital. M. Fly seul ne pourra l’obtenir puisqu’il ne détient que 30 % du capital. Il pourra alors
utiliser la deuxième modalité ;
–– par décision du tribunal pour cause légitime. Tout associé quelle que soit sa détention de
capital peut engager une action en révocation du gérant pour cause légitime. Dans le cas, le
É

tribunal appréciera si les dépenses engagées par le gérant pour promouvoir la société étaient
conformes à l’intérêt social ou constituent une cause légitime de révocation.
4) M. Blanco, révoqué par les associés, a droit à des dommages-intérêts si sa révocation est
injustifiée. Il faudra qu’il s’adresse à la justice pour les obtenir. Le tribunal appréciera le motif
G

de révocation (ici, la faute de gestion). S’il obtient satisfaction, c’est la société qui lui versera les
dommages-intérêts.
La décision de révocation, même non motivée, ne peut être contestée si elle a été prise régulière-
ment. Si tel est le cas, M. Blanco ne peut espérer retrouver son poste. Il se contentera de l’indem-
I

nisation éventuellement octroyée. Si la décision n’a pas été prise régulièrement, elle pourra être
annulée et M. Blanco pourra être à nouveau le gérant de la société.
R

CAS 18 K7 Loc
1) Les comptes annuels établis par le gérant doivent être soumis à l’approbation des associés
réunis en assemblée, dans le délai de six mois à compter de la clôture de l’exercice. Ce délai peut
être prolongé par décision de justice à la demande du gérant.
R

Un délai de quinze jours doit être respecté entre la communication des documents aux associés
et la tenue de l’assemblée.
L’approbation des comptes est une décision ordinaire nécessitant la majorité des parts sociales sur
première consultation et la majorité des votes émis sur deuxième consultation. M. Monsi gérant et
O

associé détient 260 parts sur 500 soit plus de la moitié des parts sociales (52 % du capital). Les
comptes seront donc approuvés.
2) Dans le mois qui suit l’approbation des comptes, le gérant doit déposer au greffe du tribunal
de commerce :
–– les comptes annuels ;
C

–– la proposition d’affectation du résultat ;


–– la décision d’affectation du résultat.
3) La loi autorise un mode de consultation des associés par l’expression du consentement de tous
les associés dans un acte sous deux conditions :
–– que ce mode de consultation soit prévu dans les statuts ;
–– que la consultation ne vise pas l’approbation annuelle des comptes ni la réunion des associés
demandée par eux.
Dans le cas, l’assemblée statuant sur le comptes annuels doit obligatoirement se faire par réunion
des associés.
4) La fixation de la rémunération du gérant est de la compétence des associés, son augmentation
doit être approuvée par les associés. M. Monsi ne peut la décider seul. Il peut participer au vote
(mais selon la pratique il vaut mieux qu’il s’abstienne de voter pour éviter le soupçon de conflit
d’intérêt).

224
SARL : le régime des conventions 7
C H A PI T R E

S
5) Dans les rapports entre associés, le gérant a les pouvoirs déterminés par les statuts et dans le
silence de ceux-ci, il peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. L’intérêt de la
société est qu’elle prospère et la décision de développer son activité dans le cadre de l’objet social
défini par les statuts (location, vente de cassettes vidéo et de tous équipements audiovisuels) est
conforme à l’intérêt social. Il a donc le pouvoir de décider seul d’adjoindre une nouvelle activité

É
et d’ouvrir un autre magasin. Une clause des statuts pourrait soumettre cette décision à l’autori-
sation des associés.
6) Le gérant engage sa responsabilité dans trois cas :
–– faute de gestion ;

G
–– infraction aux lois et règlements ;
–– violation des statuts.
Il existe deux types d’actions :
–– l’action individuelle qui peut être intentée par toute personne (associé ou tiers) qui subit un

I
préjudice. Dans le cas M. Sar va subir un préjudice personnel du fait que l’exploitation devient
déficitaire, il devra contribuer aux pertes. Les dommages-intérêts éventuellement octroyés lui
reviendront à titre personnel ;
–– l’action sociale qui peut être intentée par un associé agissant individuellement (M. Sar) ou

R
par un groupe d’associés représentant au moins 10 % du capital. Les dommages-intérêts sont
alors alloués à la société.
Ces actions en responsabilité se prescrivent par trois ans à compter du fait dommageables ou, s’il
a été dissimulé, de sa révélation (dix ans si le fait est qualifié crime).

R
Dans le cas, M. Sar devra démontrer une faute de gestion qui peut consister en des investisse-
ments trop importants pour la société dans la réalisation du projet de développement. Il peut être
reproché au gérant un manque de prudence dans la marche des affaires sociales. C’est le tribunal
qui appréciera souverainement s’il y a ou non faute de gestion.

O
Chapitre 7
SARL : le régime des conventions
C
Tests de connaissances
1 Le(s) gérant(s) et les associés.
2 Il existe trois types de conventions  : les conventions libres, les conventions interdites, les
conventions réglementées.
3 A et B La vente d’un bien de la SARL à un associé et le contrat de travail conclu avec un
associé sont des conventions réglementées. C Le prêt consenti par la SARL à son gérant est
une convention interdite. D La vente d’un matériel fabriqué par la société à son gérant avec
une remise de 10 % pratiquée habituellement est une convention libre.

225
7 SARL : le régime des conventions
S C H A PI T R E

4 Éviter d’utiliser les biens de la société à titre personnel, éviter les conflits d'intérêt. Une
convention libre peut être conclue sans aucune procédure particulière. Une convention inter-
dite ne doit pas être conclue. Une convention réglementée doit être soumise au contrôle des
associés en respectant une procédure.
É

5 Une convention libre est un contrat portant sur une opération courante conclue à des condi-
tions normales, passé entre la SARL et les personnes visées par les conventions. Par opération
courante on entend celle que la société effectue de façon habituelle, dans le cadre de son
activité ; les conditions normales sont celles que la société pratique habituellement dans ses
rapports avec les tiers.
G

6 Le gérant a compétence pour gérer la société. Ce contrat de bail est un acte de gestion sou-
mis au régime des conventions réglementées. Il pourra cependant la qualifier de convention
libre s’il s’agit d’une opération courante (ex : la SARL bailleresse est une agence immobilière)
conclue à des conditions normales (loyer pratiqué sur le marché). En cas de contestation (par
I

les associés le plus souvent), il appartiendra au tribunal de qualifier le contrat.


7 Les modifications ultérieures de la rémunération du gérant sont de la compétence des
associés aux conditions de majorité ordinaire. Selon le ministre de la Justice et les praticiens,
il faut que le gérant associé (Pierre) soit écarté du vote soumettant cette opération à la
R

procédure des conventions réglementées. La Cour de cassation considère qu’il s’agit d’une
convention libre si la rémunération est normale.
8 Conditions du cumul du contrat de mandat et du contrat de travail pour le gérant de la SARL
Merle (Jean) :
R

– le contrat de travail doit correspondre à un travail effectif (et non fictif) ;
– il doit y avoir dualité de fonctions : les fonctions de gérance et celles correspondant au
contrat de travail doivent être distinctes. Cette dualité n’est pas reconnue par la jurispru-
dence lorsque la société est de taille modeste ;
O

– un lien de subordination doit exister : la détention du capital ne doit pas être majoritaire
pour le gérant (ici, il ne détient que 30 % du capital, il n’est donc pas un gérant majori-
taire : la condition est remplie).
Sous réserve que les trois conditions soient remplies, Jean pourra valablement cumuler son
mandat de gérant avec un contrat de travail. S’agissant d’un contrat entre une SARL et son
C

gérant, il s’agit d’une convention réglementée soumise au contrôle a posteriori des associés
puisque le gérant est associé. Lors du vote, le gérant associé ne doit pas y prendre part.
9 A. Le contrat entre la SARL et la SCI est une convention conclue entre la SARL et une société
dans laquelle le gérant de la SARL est un associé indéfiniment responsable dans la SCI. Il
s’agit d’une convention réglementée.
B. Le contrat entre la SARL et la SA dont un administrateur est gérant de la SARL est une
convention réglementée car les dirigeants sont communs aux deux sociétés.
C. Le contrat entre la SARL et la SA dont un membre du conseil de surveillance est gérant de
la SARL est une convention réglementée car il s’agit d’un cas visé par la loi d’une convention
entre une SARL et une société dans laquelle le gérant est également membre du conseil de
surveillance de la SA.

226
SARL : le régime des conventions 7
C H A PI T R E

S
Cependant, ces trois conventions (A, B, C) peuvent être qualifiées de conventions libres si
elles portent sur des opérations courantes conclues à des conditions normales.
D. Le contrat de fournitures de matériels entre deux SARL dont les gérants et associés n’ont
aucun lien n'est pas une convention réglementée. Mais, si on rapporte la preuve que les

É
SARL sont des personnes interposées et que le contrat bénéficie aux gérants ou associés
des sociétés contractantes, la convention sera qualifiée de convention libre ou réglementée,
selon les modalités du contrat.
10 A. S’il n’y a pas de commissaire aux comptes et que le gérant n’est pas associé, la convention
réglementée doit être autorisée à la majorité ordinaire, avant sa signature, par les associés.

G
Il s’agit d’un contrôle a priori.
B. S’il y a un commissaire aux comptes dans la société et C. si le gérant est associé, la
convention réglementée suivra la procédure du contrôle a posteriori dont les étapes sont les
suivantes :

I
– le gérant signe la convention ;
– il en informe le commissaire aux comptes dans le cas B dans le mois qui suit la signature
du contrat ;
– un rapport spécial est rédigé par le commissaire aux comptes dans le cas B et par le gérant

R
dans le cas C. Ce rapport décrit la convention, ses caractéristiques, la personne intéressée ;
– les associés doivent ratifier la convention par un vote à la majorité ordinaire. Si la personne
intéressée est associée, elle ne peut pas participer au vote au cours de l’assemblée.
11 L’associé intéressé par une convention réglementée ne peut prendre part au vote et ses parts
ne sont pas prises en compte pour le calcul de la majorité. Il faut donc déduire les 20 %

R
détenus par l’associé. La majorité sera donc acquise sur première consultation si les associés
représentant plus de 40 % approuvent la convention. Sur deuxième consultation, la majorité
des votes émis suffira.
12 Les conventions réglementées non approuvées par les associés produisent néanmoins leurs

O
effets. Le refus de ratification par les associés n’entraîne pas la nullité des conventions en
cause, à charge pour le gérant et, s’il y a lieu, pour l’associé contractant de supporter indi-
viduellement ou solidairement, selon les cas, les conséquences dommageables pouvant en
résulter pour la société.
En l’espèce, le contrat de bail reste valable ; l’associé ne doit pas quitter le local. Une action
en responsabilité peut être intentée par les associés contre le gérant et l’associé bénéficiant
du contrat pour leur réclamer un loyer plus important. Ils devront engager l’action dans un
C
délai de trois ans à compter du fait dommageable c’est-à-dire de la conclusion de la conven-
tion.
13 Les opérations qui sont des conventions interdites sont les suivantes :
– les emprunts auprès de la société ;
– les découverts, en compte courant ou autrement, consentis par la société aux personnes
visées par la loi ;
– les cautions, avals donnés en garantie par la société envers les tiers pour les personnes
visées par la loi.
14 A. La caution de la SARL au profit de sa filiale : la filiale n’est pas associée de la SARL ; il
s’agit d’une transaction financière entre sociétés d’un même groupe. Le caractère courant du
prêt est présumé ; si les conditions du prêt sont normales, la convention sera libre.

227
7 SARL : le régime des conventions
S C H A PI T R E

B. La caution de la SARL au profit d’un associé, personne physique (Jacques) pour garantir
un engagement personnel (financement de sa résidence principale), est une convention
interdite.
15 À peine de nullité du contrat, il est interdit aux associés personnes physiques d’une SARL
É

de se faire consentir par elle un découvert, en compte courant ou autrement. Lionel devra
rembourser la somme et rendre son compte courant créditeur.
16 À peine de nullité du contrat, il est interdit aux descendants des gérants ou associés d’une
SARL (ici le fils du gérant) de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts
auprès de la société. Il s’agit donc d’une convention interdite. Le contrat de prêt est frappé
G

d’une nullité absolue, le bénéficiaire du prêt devra restituer les sommes empruntées.
17 La concubine du gérant peut être considérée comme une personne interposée car le béné-
ficiaire réel du contrat conclu apparemment avec un tiers (la concubine) peut être le gérant
du fait de la vie commune du couple et de l’utilisation du prêt (achats d’appareils ménagers
I

servant au ménage). L’interdiction de cette convention s’applique, selon la loi, à toute per-
sonne interposée (ici la concubine). La somme devra être remboursée à la société.
18 La nullité frappant les conventions interdites est une nullité absolue.
19 Les personnes pouvant intenter l’action en nullité d’une convention interdite, sous réserve
R

d’avoir subi un préjudice et d’avoir un intérêt légitime, sont :


– le nouveau gérant qui découvre la convention interdite ;
– les associés ;
– les tiers et les créanciers sociaux.
R

La prescription de l’action en nullité est de cinq ans.


20 La caution donnée par la SARL en garantie d’un prêt personnel consenti par une banque au
gérant de la SARL est une convention interdite. La société peut opposer la nullité du caution-
nement à la banque et ne pas payer les échéances à la place de l’ancien gérant défaillant…
à moins que la banque soit de bonne foi... ce qui serait surprenant.
O

Exercices d’application
C

CAS 19 Lavandin
1) Toute modification de la rémunération du gérant nécessite une décision collective des associés.
Paul ne peut décider seul l’augmentation qu’il envisage même si les associés ont donné verbale-
ment leur accord.
Le problème est de savoir si le gérant associé participe au vote ou si la décision est soumise à la
procédure des conventions réglementées c’est-à-dire que le gérant associé est privé du droit de
vote. Il est conseillé par le ministre de la Justice et les praticiens de le priver du droit de vote. La
Cour de cassation qualifie cette opération de convention libre si l’augmentation est normale.
Il vaut mieux conseiller à Paul de ne pas voter d’autant que les associés ont donné officieusement
leur accord et que la majorité sera atteinte même s’il ne vote pas.

228
SARL : le régime des conventions 7
C H A PI T R E

S
2) Les associés, même majoritaires, peuvent conclure avec la société un contrat de travail sous
réserve de remplir plusieurs conditions :
–– le travail doit correspondre à un travail effectif : c’est le cas puisque Claude fabrique le miel qui
est vendu dans le magasin et que Michèle s’occupe de la vente des produits ;

É
–– le travail doit être exercé dans un état de subordination : Claude et Michèle travaillent appa-
remment sous les ordres du gérant ;
–– les associés ne prennent aucune part, en droit ou en fait, à la gestion de la société. Le sujet est
muet sur ce point, on peut envisager que cette condition est remplie.
Claude et Michèle peuvent donc cumuler valablement leur qualité d’associé avec un contrat

G
de travail. Ces deux contrats de travail constituent des conventions réglementées soumises au
contrôle des associés. Il faut déterminer le type de contrôle : a priori ou a posteriori.
Lorsqu’il n’y a pas de commissaire aux comptes mais que le gérant (Paul) est associé, le gérant
doit organiser un contrôle a posteriori. La procédure sera la suivante :

I
–– le gérant signe les contrats de travail ;
–– le gérant établit un rapport sur les conventions dans lequel il en fera la description (nature du
contrat de travail, conditions, personne intéressée) et le déposera quinze jours avant l’assem-
blée pour la consultation par les associés ;

R
–– il réunira une assemblée aux fins de ratification des conventions à la majorité ordinaire (ou il
pourra attendre l’assemblée générale annuelle obligatoire).
Au cours de la délibération, les associés concernés sont privés de droit de vote. Dans le cas, le vote
sera acquis sur première consultation si la majorité atteint 201 parts sur 400 (on exclut les 100

R
parts de Claude et Michèle, associés intéressés par les conventions). Le sujet précisant que tous
les associés sont favorables, les conventions seront ratifiées.
3) Il s’agit d’un contrat conclu entre la SARL et une société dans laquelle un des associés (le père)
a la qualité d’administrateur dans la société anonyme. Par principe, il s’agit d’une convention
réglementée si l’on s’en tient aux parties contractantes. Cependant du fait de la nature de l’opé-

O
ration, on peut dire qu’il s’agit d’une opération courante (achat d’extrait de lavande pour vendre
au magasin). Il faut s’interroger sur les conditions de la vente :
–– si les conditions sont normales, c’est-à-dire que ce sont celles pratiquées par la société dans ses
rapports avec les tiers, l’opération est une convention libre de tout formalisme ;

C
–– si les conditions sont anormales (remise exceptionnelle), la convention reste une convention
réglementée.
En l’espèce les conditions sont celles du marché. L’opération est une convention libre. Le gérant
peut la conclure sans avoir à la soumettre au contrôle des associés.
4) À peine de nullité du contrat, il est interdit aux associés, personnes physiques, de contracter,
sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la société. Cette interdiction s’applique
également aux descendants des personnes citées. Il n’est donc pas permis au gérant de consentir
le prêt au fils de Claude (associé personne physique) puisqu’il est un descendant de l’associé
(Claude).
5) Les achats réalisés par les associés de produits vendus par leur société sont des opérations
courantes. Ce sont des conventions libres si les conditions de vente sont normales. Sous réserve de
respecter cette condition, Paul n’aura pas de formalités à remplir.

229
7 SARL : le régime des conventions
S C H A PI T R E

6) À peine de nullité du contrat, il est interdit aux associés personnes physiques de faire cau-
tionner par la société leurs engagements envers les tiers (ici le Crédit agricole). Cette opération
constitue une convention interdite et Paul ne doit pas donner la caution de la SARL.
É

CAS 20 Hirondelle
1) Le gérant d’une SARL peut cumuler son mandat avec un contrat de travail sous réserve de rem-
plir trois conditions fixées par la jurisprudence :
G

–– que le contrat de travail corresponde à un travail effectif : dans le cas, le gérant exerce l’activité
de technico-commercial de façon réelle apparemment ;
–– qu’il existe une dualité de fonctions : les fonctions de gérance couvrent des tâches de direction
générale alors que celles de salarié correspondent à des tâches plus spécifiques à la fois tech-
niques et commerciales dans le cas ;
I

–– que le gérant soit placé dans un état de subordination. Pour apprécier cette condition, on tient
compte du pourcentage de capital détenu par le gérant, le gérant majoritaire ne remplissant
pas cette condition selon la Cour de cassation. Dans le cas, le gérant détient 20 % du capital.
La condition est remplie.
R

Le gérant semble, selon les données du sujet, remplir les conditions de validité pour cumuler les
deux contrats.
Un vote des associés devra intervenir. Le gérant associé ne doit pas prendre part au vote.
2) Le contrat de travail conclu entre la société et son gérant est une convention réglementée. Il
R

doit faire l’objet d’un contrôle des associés a posteriori dans le cas, puisqu’il n’y a pas de commis-
saire aux comptes mais que le gérant est associé.
Toute modification ultérieure de ce contrat doit aussi être soumise au contrôle des associés (c’est
le cas puisqu’il s’agit d’une augmentation de salaire). Le gérant a présenté dans les délais son
O

rapport sur cette convention.


L’assemblée doit ratifier la convention par un vote des associés à la majorité ordinaire. La personne
intéressée par la convention ne doit pas prendre part au vote et ses parts ne sont pas prises en
compte pour le calcul du quorum et de la majorité.
Dans l’espèce, la convention a été approuvée irrégulièrement puisque le gérant a pris part au
C

vote : en effet, le sujet précise que les résolutions ont été adoptées à l’unanimité. Cette irrégularité
n’entraîne cependant pas la possibilité d’une annulation de la délibération (Cass. 28 juin 88) mais
le même effet que le défaut de ratification par les associés, à savoir que la convention, produira
ses effets à charge pour le gérant de subir les conséquences dommageables du contrat pour la
société. Dans le cas, l’associé contestataire devra prouver que la rémunération est excessive pour
que la société obtienne le remboursement des sommes trop perçues par le gérant.
3) À peine de nullité du contrat, il est interdit au gérant de contracter, sous quelque forme que ce
soit, des emprunts auprès de la société. Cette interdiction s’applique à toute personne interposée.
Il y a interposition de personne quand la personne visée par l’interdiction est la véritable bénéfi-
ciaire de la convention accordée apparemment à un tiers.
Dans le cas, la société a conclu un contrat avec un tiers, l’ami du gérant, mais ce dernier a reversé
la somme empruntée au gérant. L’ami a joué le rôle de personne interposée. Elle sera considérée
comme telle par la jurisprudence. Ce contrat pourra être annulé puisqu’il entre dans le champ
d’application des conventions interdites.

230
SARL : opérations sur capital et émission d’obligations 8
C H A PI T R E

S
4) Outre la nullité du contrat et la restitution des sommes empruntées à la société, le gérant
engage sa responsabilité civile pour infraction aux lois et règlements : ici, il s’agit d’une infraction
à la législation sur les conventions interdites.
L’action en nullité du contrat se prescrit par cinq ans car il s’agit d’une nullité absolue. L’action

É
en responsabilité contre le gérant se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou de
sa révélation. Si le fait est qualifié crime, l’action se prescrit par dix ans. Sous réserve d’agir dans
le délai de trois ans à compter de la révélation du fait dommageable (la conclusion du contrat),
l’action en responsabilité civile engagée par tout associé a toutes les chances de succès.
Le gérant encourt également une sanction pénale pour abus de biens sociaux.

G
Chapitre 8

I
SARL : opérations sur capital et
émission d’obligations

R
Tests de connaissances

R
1 A. La vente à un oncle non associé : il s’agit d’une cession de parts à un tiers qui doit être
autorisée à la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts sociales sauf
si les statuts prévoient une majorité plus forte.
B. La vente au conjoint non associé : elle est libre s’il n’y a pas de limitation statutaire. C la

O
vente au coassocié : elle est libre s’il n’y a pas de clause limitative dans les statuts.
2 Il s’agit d’une cession à un tiers. Elle doit être autorisée à la majorité des associés représen-
tant au moins la moitié des parts sociales. C’est donc à une double majorité en nombre et
en parts que la cession peut être autorisée. Les cédants participent au vote.
Dans le cas, il y a trois associés. La majorité en nombre est de deux ; les époux en votant
dans le même sens l’atteignent. Ils représentent 80 % des parts sociales (50 % suffisent) : la
moitié en parts est atteinte également. La cession pourra avoir lieu.
C
3 La transmission des parts sociales d’une SARL par voie de succession, en cas de décès d’un
associé, est libre mais les statuts peuvent stipuler que le conjoint ou les héritiers devront être
agréés à la majorité des associés représentant la moitié des parts sociales. Il est à noter que
la clause d’agrément ne s’applique pas aux héritiers qui ont déjà la qualité d’associé.
4 Les parts sociales sont librement transmissibles en cas de liquidation de communauté de
biens entre époux. Toutefois, les statuts peuvent stipuler que le conjoint ne peut devenir
associé qu’après avoir été agréé dans des conditions de majorité qui ne peuvent être plus
fortes que celles d’une cession à un tiers. Il conviendra de consulter les statuts.

231
8 SARL : opérations sur capital et émission d’obligations
S C H A PI T R E

• Première hypothèse : les statuts ne contiennent pas de clause d’agrément. Les deux époux
devront partager la valeur des parts sociales puisqu’il s’agit d’un bien commun. Le mari
restera seul associé si, lors de l’apport, il a effectué les formalités nécessaires.
• Deuxième hypothèse : les statuts contiennent une clause d’agrément, l’autorisation des
É

associés à la double majorité sera nécessaire. En cas de refus d’agrément, les autres asso-
ciés doivent acheter ou faire acheter (par des tiers ou par la société elle-même) les parts du
conjoint non agréé. Si les parts n’ont pas été achetées dans les trois mois à compter du refus,
l’agrément du conjoint est réputé acquis.
Dans le cas, si l’épouse est agréée, elle devient associée ; si elle n’est pas agréée, elle recevra
G

la valeur des parts sociales qui seront achetées ou bien elle deviendra associée si, dans le
délai de trois mois, le rachat n’a pas été effectué.
5 S’agissant du nantissement de parts sociales d’une SARL, les démarches suivantes doivent
être effectuées : Lionel doit notifier aux associés et à la société le projet de nantissement ; le
I

gérant, dans les huit jours de la notification, doit consulter les associés ; l’agrément du nan-
tissement doit être donné à majorité des associés représentant au moins la moitié des parts
sociales. La société a trois mois pour faire connaître sa décision. Passé ce délai, l’agrément
est réputé acquis.
R

Le consentement des associés au nantissement emporte agrément de l’acheteur en cas


de réalisation forcée des parts. Donc, le créancier nanti impayé va provoquer la vente des
parts sociales (réalisation forcée). S’il en devient acheteur, il deviendra associé de la société
puisque le nantissement a été agréé par les associés.
R

6 Il s’agit d’une cession à un tiers soumise à l’agrément des associés à la majorité des associés
représentant au moins la moitié des parts sociales. Dans le cas il y a quatre associés : trois
d’entre eux sont hostiles au projet et ils représentent 75 % des parts sociales. Il y aura refus
d’agrément du cousin mais, comme Marc détient ses parts depuis plus de deux ans, il peut
obliger ses coassociés à acheter ou à faire acheter la totalité des parts dont la cession était
O

projetée. En cas de contestation sur le prix, un expert désigné par les parties ou, à défaut
d’accord entre elles, par ordonnance du président du tribunal de commerce, le fixera. La
cession ne s’impose pas au cédant dans le cas où il n’est pas d’accord avec l’évaluation de
l’expert. Le cédant peut renoncer à vendre ses parts (droit de repentir).
7 Lors d’une cession de parts sociales, le cédant, Gilbert, a consenti au cessionnaire (ache-
C

teur), Robert, une clause de garantie de passif. Cette dernière engage le cédant à prendre
en charge les dettes figurant dans la clause qui viendraient à se révéler postérieurement à
la date de la cession. En application de cette clause, Robert doit appeler en garantie Gilbert
pour que celui-ci verse à la société sa contribution à la dette fiscale puisqu’il s’agit d’une
dette antérieure à la cession qui s’est révélé postérieurement à celle-ci. Robert n’étant pas
associé à l’époque, il ne veut pas contribuer à participer au passif : la clause de garantie de
passif le protège.
8 A. L’augmentation de capital par apport en numéraire et B l’augmentation de capital par
apport en nature nécessitent une décision des associés représentant les trois quarts des parts
sociales ou 2/3 pour les SARL constituées à compter du 4.08.2005 et celles ayant adopté
cette nouvelle majorité ; C l’augmentation de capital par incorporation de réserves ou de
bénéfices nécessite une décision des associés représentant au moins la moitié du capital.
9 Lors d’une augmentation de capital par apport en nature, l’intervention d’un commissaire
aux apports est obligatoire. Il devra être désigné par le président du tribunal de commerce

232
SARL : opérations sur capital et émission d’obligations 8
C H A PI T R E

S
sur requête du gérant. Le commissaire aux apports rédigera un rapport fixant l’évaluation
dont il est responsable. Si la valeur attribuée aux apports par les associés est différente de
celle retenue par le commissaire aux apports, le gérant et les personnes ayant souscrit à
l’augmentation de capital en deviennent responsables pendant cinq ans. Si l’apport est
effectué par une personne déjà associée, elle peut participer au vote sur l’approbation de

É
son apport.
10 L’augmentation de capital par incorporation de réserves nécessite une décision des associés
représentant au moins la moitié du capital. Dans le cas, l’associé défavorable au projet repré-
sente 50 % du capital et les autres associés favorables 50 %. La proposition d’augmenta-

G
tion sera donc adoptée.
11 La SARL a un capital trop important par rapport à ses besoins financiers. Les associés sou-
haitent donc un remboursement partiel de leur apport devenu inutile pour la société. Le
gérant devra :

I
– communiquer un projet de réduction de capital au commissaire aux comptes de la société,
s’il existe, quarante-cinq jours avant la consultation des associés. Celui-ci fera connaître son
appréciation sur les causes et conditions de la réduction ;
– consulter les associés sur la réduction du capital ;

R
– effectuer les formalités de publicité si le projet est adopté ;
– attendre la fin du délai d’opposition des créanciers pour réaliser la réduction de capital.
En effet, en cas de réduction de capital non motivée par des pertes, les créanciers peuvent
faire opposition à la réduction de capital dans le mois à compter du dépôt au greffe de la
délibération des associés portant réduction de capital. L’opposition doit être signifiée à la

R
société et portée devant le tribunal de commerce. Les opérations de réduction de capital ne
peuvent pas commencer avant la fin du délai d’opposition. Le tribunal saisi d’une opposition
décidera :
– soit le rejet de l’opposition s’il la juge infondée ;
– soit le remboursement des créances s’il considère les créanciers menacés ;

O
– soit la constitution de garanties pour renforcer les chances de remboursement des créan-
ciers.
Réduire le capital social, c’est diminuer les possibilités de remboursement des créanciers
puisque le capital est la garantie de ces derniers. Ils ont donc intérêt à le voir augmenter
plutôt que de le voir réduire.
12 Réduire de moitié le capital de la SARL signifie qu’il passera de 12 000 _ à 6 000 _. La loi
autorise la réduction de capital motivée par des pertes.
C
Les associés devront donc se prononcer sur la réduction de capital à la majorité extraordi-
naire.
Le fournisseur est un créancier de la société. Dès lors que la réduction de capital est motivée
par des pertes, les créanciers n’ont pas de droit d’opposition.
13 Dans cette société les capitaux propres (4  000  _) sont devenus inférieurs à la moitié
(4 500 _) du capital social (9 000 _). Le gérant doit :
– faire approuver les comptes dans les six mois de la clôture de l’exercice ;
– consulter les associés dans les quatre mois qui suivent l’approbation des comptes ayant
fait apparaître les pertes sur l’opportunité de dissoudre la société.
Si la dissolution est écartée, la société dispose d’un délai expirant à la clôture du deuxième
exercice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue pour régula-
riser la situation. La régularisation consistera :

233
8 SARL : opérations sur capital et émission d’obligations
S C H A PI T R E

– soit en la reconstitution des capitaux propres à concurrence d’une valeur au moins égale à
la moitié du capital social ;
– soit en la diminution du capital d’un montant égal à celui des pertes qui n’ont pu être
imputées sur les réserves.
À défaut de délibération régulière de l’assemblée et dans le cas où la société n’aurait pas
É

régularisé sa situation dans le délai prévu, tout intéressé peut demander en justice la disso-
lution de la société.
14 Émission d’obligations. La SARL peut émettre des obligations nominatives sous les condi-
tions suivantes :
G

– la SARL ne doit pas procéder à une offre au public lors de cette émission. Les titres émis
doivent être nominatifs ;
– la SARL doit être dotée d’un CAC du fait du dépassement des seuils légaux ;
– ses trois derniers exercices de 12 mois doivent avoir été régulièrement approuvés par les
associés ;
I

– la société doit mettre à disposition des souscripteurs une notice sur les conditions d’émis-
sion et un document d’information ;
– l’émission d’obligations doit être décidée par un vote à la majorité ordinaire des associés ;
– les souscripteurs sont réunis dans une masse d’obligataires dotée de la personnalité morale
R

et représentée par une ou plusieurs personne(s) physique(s) ou morale(s) chargée(s) de la


défense de leurs intérêts.
L’émission est possible même si le capital initial de la SARL n’est pas intégralement libéré.
R

Exercices d’application
CAS 21 Polychim
O

1) La décision d’augmenter le capital est de la compétence des associés. Il s’agit d’une décision
extraordinaire puisqu’elle modifie les statuts. Elle sera adoptée à la majorité des trois quarts des
parts sociales ou 2/3 si la société a été constituée à compter du 4.08.2005.
C

2) Dans la SARL, il n’existe pas légalement de droit préférentiel de souscription au profit des
anciens associés mais les statuts peuvent le prévoir.
Selon certains auteurs, lorsque les parts sociales sont souscrites par des personnes non associées,
elles devront être agréées par les anciens associés à la majorité en nombre représentant la moitié
des parts sociales. La volonté du fournisseur n’est pas suffisante pour qu’il devienne associé, il
faudra celle des associés anciens pour qu’il soit agréé.
3) Les parts sociales correspondant à l’augmentation de capital doivent être libérées du quart de
leur montant à la souscription. Les 3 000 _ devront donc être déposés dans les huit jours de leur
réception dans une banque, chez un notaire ou à la caisse des dépôts et consignations.
4) Le capital social de la SARL Polychim passera de 23 000 _ à 35 000 _ après l’augmentation
de capital. Le nouvel associé, la SARL Granule, en détiendra 34,78 %. Ce pourcentage lui donne
la minorité de blocage pour les décisions extraordinaires qui est, soit de plus de 25 % du capital
social, soit de plus du tiers si la société a été constituée à compter du 4.08.2005.

234
SARL : opérations sur capital et émission d’obligations 8
C H A PI T R E

S
5) Si l’augmentation de capital n’est pas réalisée dans les six mois à compter du premier dépôt
des fonds, les apporteurs peuvent demander au président du tribunal de commerce l’autorisation
de retirer le montant de leurs apports. Le délai de six mois étant écoulé, la SARL Granule peut
effectuer cette démarche. Elle mettra ainsi un terme à son projet de participation dans la société
Polychim.

É
6) La SARL peut émettre des obligations nominatives sous les conditions suivantes :
–– la SARL ne doit pas procéder à une offre au public lors de cette émission. Les titres émis
doivent être nominatifs ;

G
–– la SARL doit être dotée d’un CAC du fait du dépassement des seuils légaux ;
–– ses trois derniers exercices de 12 mois doivent avoir été régulièrement approuvés par les asso-
ciés ;
–– la société doit mettre à disposition des souscripteurs une notice sur les conditions d’émission
et un document d’information ;

I
–– l’émission d’obligations doit être décidée par un vote ordinaire des associés ;
–– les souscripteurs sont réunis dans une masse dotée de la personnalité morale et représentée
par une ou plusieurs personne(s) physique(s) ou morale(s) chargée(s) de la défense de leurs
intérêts.

R
L’émission est possible même si le capital initial de la SARL n’est pas intégralement libéré.
La SARL Polychim, sous réserve de remplir les conditions énoncées, peut émettre des obligations
nominatives pour se procurer des fonds. Les souscripteurs deviendront des créanciers de la société,
non des associés.

R
CAS 22 Arnal
Il y a dans cette société quatre associés personnes physiques ; l’un d’eux est gérant minoritaire et

O
détient la minorité de blocage, Mme Arnal a plus de 33 1/3 % (40 %). Une cession de parts est
envisagée par l’un des associés, soit à un autre associé, soit à un tiers. D’autre part, du fait que
la société rencontre de graves difficultés financières (la perte de plus de la moitié de son capital
social), la gérante va devoir remplir diverses obligations.

C
1) La cession de parts
a) La cession de parts entre associés (M. Sahraoui à M. Baucher)
Les parts sont librement cessibles entre les associés. Cependant les statuts peuvent prévoir une
clause limitant la cessibilité en soumettant la cession à l’agrément des associés de la majorité des
associés représentant au moins la moitié des parts sociales.
En l’espèce, les statuts étant conformes à la loi, ils ne contiennent pas de clause d’agrément
nécessitant le vote des associés sur la cession de parts ; celle-ci est donc libre. Le problème est celui
du prix de cession qui doit être déterminé par la volonté des parties. Le soin de fixer le prix d’une
vente peut être confié à un tiers (art. 1592 C. civ.) et implique un accord préalable des parties sur
le choix du tiers (art. 1843-4 C. civ.).
La cession à M. Baucher permettrait à ce dernier de détenir la minorité de blocage des décisions
extraordinaires (s’y opposer) avec 36 % des parts sociales (minimum 33 1/3 % plus une part).

235
8 SARL : opérations sur capital et émission d’obligations
S C H A PI T R E

Démarches à effectuer en cas de cession :


• La cession doit être constatée par écrit (acte sous seing privé ou notarié). L’acte doit être signé
par les parties et dressé en autant d’exemplaires qu’il y a de cocontractants, plus un pour l’en-
registrement, éventuellement un pour le dépôt au siège social et deux pour le dépôt au greffe.
É

• La cession doit faire l’objet de la formalité de l’enregistrement au cours de laquelle seront


calculés les droits d’enregistrement (droits d’enregistrement payés par l’acheteur).
• La cession doit être notifiée à la société pour lui être opposable au moyen :
–– soit du dépôt d’un original de l’acte de cession au siège contre remise par le gérant d’une
attestation de dépôt,
G

–– soit d’une signification par huissier ou d’une acceptation de la société par l’intermédiaire
de son gérant dans un acte authentique. Ce procédé plus coûteux aura tendance à dispa-
raître en pratique.
• Un exemplaire de l’acte de cession doit être déposé au greffe du tribunal de commerce pour
I

que la cession soit opposable aux tiers en même temps que les statuts modifiés.
b) La cession à un tiers (M. Sahraoui à M. Raibaldi)
Les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société qu’avec le consente-
R

ment de la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts sociales (sauf majorité
plus forte prévue dans les statuts).
Lorsque la société comporte plus d’un associé, le projet de cession est notifié à la société et à
chacun des associés. Si la société n’a pas fait connaître sa décision dans le délai de trois mois à
compter de la dernière des notifications prévues, le consentement à la cession est réputé acquis.
R

Si la société a refusé de consentir à la cession, les associés sont tenus, dans le délai de trois mois
à compter de ce refus, d’acquérir ou de faire acquérir les parts à un prix fixé dans les conditions
prévues par l’article 1843-4 du Code civil. Toute clause contraire à l’article 1843-4 est réputée non
écrite. À la demande du gérant, ce délai peut être prolongé une seule fois par décision de justice,
O

sans que cette prolongation puisse excéder six mois.


La société peut également, avec le consentement de l’associé cédant, décider, dans le même délai,
de réduire son capital du montant de la valeur nominale des parts de cet associé et de racheter
ces parts au prix déterminé dans les conditions prévues ci-dessus. Un délai de paiement qui ne
saurait excéder deux ans peut, sur justification, être accordé à la société par décision de justice.
C

Sauf en cas de succession, de liquidation de communauté de biens entre époux, ou de donation


au profit d’un conjoint, ascendant ou descendant, l’associé cédant peut exiger le rachat de ses
parts s’il détient ses parts depuis au moins deux ans. Toute clause contraire aux dispositions du
présent article est réputée non écrite.
En l’espèce, M. Raibaldi est un tiers étranger à la société, il devra être agréé par les associés.
M. Sahraoui a dû notifier son projet de cession à la société et à chacun des associés.
Il faudra obtenir le vote à la majorité des associés (trois sur quatre) représentant au moins la
moitié des parts sociales (50 % du capital). En dehors de M. Sahraoui, les trois autres associés
représentant 88 % du capital sont hostiles à l’arrivée d’un inconnu dans la société : ils voteront
contre, il y aura refus d’agrément qu’il faudra faire connaître à M. Sahraoui dans le délai de trois
mois à dater de la notification du projet de cession.
Deux hypothèses sont à envisager :
–– le refus d’agrément est signifié dans le délai imparti : M. Sahraoui est prisonnier de ses titres
puisqu’il les possède depuis moins de deux ans et que l’on est pas dans un cas de succession,

236
SARL : opérations sur capital et émission d’obligations 8
C H A PI T R E

S
liquidation de communauté de biens entre époux ou de donation au profit d’un conjoint,
ascendant ou descendant  ; il ne pourra donc pas exiger de faire racheter ses parts par les
associés ou la société ;
–– le refus d’agrément n’est pas signifié dans le délai imparti : le consentement à la cession est
réputé acquis ; M. Sahraoui n’aura plus qu’à effectuer les démarches développées plus haut.

É
M. Sahraoui ne peut vendre ses parts à M. Raibaldi actuellement ; s’il est pressé, il lui est conseillé
de trouver un compromis sur le prix de cession avec M. Baucher.
2) Obligations du gérant

G
Si, du fait des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres de la société
deviennent inférieurs à la moitié du capital social, les associés décident, dans les quatre mois
qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, s’il y a lieu à dissolution
anticipée de la société.
En raison des pertes constatées, le montant des capitaux propres est devenu inférieur à la moitié

I
du capital (capitaux propres : 4 700 _ ; capital social : 10 000 _). Le gérant doit consulter les
associés pour décider s’il y a lieu à dissolution anticipée de la société.
La décision de dissolution anticipée est une décision extraordinaire qui ne peut être valablement

R
prise par les associés qu’aux conditions de majorité requises pour la modification des statuts, c’est-
à-dire par les associés représentant au moins les deux tiers des parts sociales dans le cas.
A défaut par le gérant ou le commissaire aux comptes de provoquer une décision ou si les asso-
ciés n’ont pu délibérer valablement, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la
société. Le tribunal peut accorder à la société un délai maximal de six mois pour régulariser la

R
situation ; il ne peut prononcer la dissolution si, au jour où il statue sur le fond, cette régularisation
a eu lieu.
La décision prise par les associés doit, sous peine de sanction pénale, faire l’objet d’une publicité :
–– un avis dans un JAL ;

O
–– un dépôt au greffe du tribunal de commerce ;
–– et une inscription au registre du commerce et des sociétés.
Régularisation de la situation
La société doit reconstituer ses capitaux propres de la moitié au moins du capital dans un certain

C
délai prévu par la loi. Si la dissolution n’est pas prononcée à la majorité exigée pour la modifica-
tion des statuts, la société est tenue, au plus tard à la clôture du deuxième exercice suivant celui
au cours duquel la constatation des pertes est intervenue, de réduire son capital d’un montant
au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves, si dans ce délai, les
capitaux propres n’ont pas été reconstitués à concurrence d’une valeur au moins égale à la moitié
du capital social.
En l’espèce, les associés doivent voter ou écarter la dissolution. Deux hypothèses :
–– ils écartent la dissolution : la situation doit être régularisée ;
–– ils votent la dissolution : les opérations de liquidation doivent être entreprises.

237
9 SARL : transformation en SA et en SAS
S C H A PI T R E

Chapitre 9
SARL : transformation en SA et en SAS
É

Tests de connaissances
1 A. La transformation d’une société est une modification statutaire puisque la forme juridique
G

est une des mentions obligatoires devant figurer dans les statuts.
B. Si elle est régulière, la transformation d’une société n’entraîne pas la création d’une per-
sonne morale nouvelle. Il n’y a pas dissolution de la société de l’ancienne forme juridique
et création d’une société dotée de la nouvelle forme juridique mais continuation de la per-
I

sonne morale avec une nouvelle forme juridique (cette règle permet notamment d’éviter les
charges fiscales lourdes).
C. Une association est un groupement ayant une nature juridique différente de celle de la
société (cette dernière prévoit le partage de bénéfices, la première non). La nature juridique
R

a été fixée dès l’origine par le contrat. Changer de groupement signifie changer de contrat.
Il n’y a donc pas un simple changement de forme juridique. Il ne peut y avoir de transforma-
tion d’une association en une société. Il faudra dissoudre l’association et créer une société
ayant l’activité de l’association.
R

2 La SARL doit répondre aux conditions de validité de la SA ou de la SAS à savoir :


– avoir un capital minimum de 37 000 _ pour la transformation en SA, capital libre pour la
SAS. Il faudra donc, préalablement à la transformation, augmenter le capital de la SARL (le
capital ancien devra avoir été intégralement libéré s’il s’agit d’une augmentation de capital
par apport en numéraire) pour la transformation en SA ;
O

– regrouper sept associés au minimum  : il faudra rechercher trois nouveaux associés qui,
selon le cas, devront être agréés pour la transformation en SA. Pour la transformation en
SAS, 2 associés suffisent (ou 1 pour la SASU). Ils sont 4, la condition est remplie ;
– vérifier que l’objet de la SARL est licite en SA ou en SAS.
3 La transformation d’une SARL en SAS nécessite l’unanimité des associés. A La transforma-
C

tion en SA est décidée par les associés représentant au moins trois quarts des parts sociales
ou 2/3 pour les sociétés constituées à compter des 4.08.2005 quand les capitaux propres
sont inférieurs ou égaux à 750 000 e  ; B la transformation en SA est décidée par les
associés représentant la majorité des parts sociales quand les capitaux propres figurant au
dernier bilan excèdent 750 000 e.
4 Lors d’une transformation d’une SARL en SA :
A. un commissaire aux comptes et un ou plusieurs commissaires à la transformation doivent
être désignés (ces derniers ne sont pas obligatoirement nommés quand la SARL est déjà
dotée d’un commissaire aux comptes).
B. Le commissaire aux comptes peut être désigné par le gérant ; il n’est pas nécessaire de
recourir à une décision de justice pour sa désignation. Le commissaire aux comptes de la
société, s’il existe, peut être désigné. Le commissaire à la transformation est nommé par
accord unanime des associés  ; à défaut d’accord, le commissaire à la transformation est

238
SARL : transformation en SA et en SAS 9
C H A PI T R E

S
nommé par le président du tribunal de commerce statuant sur requête du gérant. Le commis-
saire aux comptes de la société, s’il existe, peut être nommé commissaire à la transformation.
C. Le commissaire aux comptes doit établir un rapport sur la situation de la société  ; le
défaut de ce rapport entraîne la nullité de la transformation mais le tribunal saisi d’une

É
action en nullité peut accorder à la société un délai de régularisation. Le commissaire à la
transformation dans un rapport, doit apprécier la valeur des biens composant l’actif social et
les avantages particuliers et doit attester que le montant des capitaux propres est au moins
égal au capital social. Huit jours au moins avant l’assemblée appelée à statuer, ce rapport
doit être :

G
– tenu, au siège social, à la disposition des associés ou envoyé à chaque associé en cas de
consultation écrite ;
– déposé au greffe du tribunal de commerce.
D. Ils sont nommés dans l’intérêt des associés (vérifier, que l’égalité entre associés est respec-

I
tée lors de la transformation) et des tiers.
E. Le commissaire aux comptes de la société, s’il existe, peut être nommé aussi commissaire
à la transformation. Le commissaire peut rendre compte de sa double mission dans un seul
rapport.

R
5
Cas de nullité de la transformation :
– non-respect des règles de majorité lors du vote de la transformation ;
– le défaut du rapport du commissaire aux comptes sur la situation de la société ;
– le défaut d’approbation expresse des associés sur l’évaluation des biens et l’octroi des
avantages particuliers du rapport du commissaire à la transformation ;

R
– si la décision de transformation est constitutive d’un abus de droit.
6 Les associés devront voter sur les résolutions suivantes :
– augmentation de capital s’il est inférieur à 37 000 _ : à la majorité extraordinaire s’il
s’agit d’une augmentation de capital par apport en numéraire ou par apport en nature et

O
à la moitié des parts sociales s’il s’agit d’une augmentation de capital par incorporation de
réserves ou de bénéfices ;
– agrément des nouveaux associés s’ils sont moins de sept et si ce sont des tiers, à la majorité
en nombre des associés représentant au moins la moitié des parts sociales ;
– approbation de l’évaluation des biens composant l’actif social et les avantages particuliers
à la majorité des associés représentant plus de la moitié des parts sociales ;
– transformation en SA et adoption des nouveaux statuts à la majorité extraordinaire ou à la C
majorité des parts sociales si les capitaux propres excèdent 750 000 e ;
– nomination des premiers administrateurs ou premiers membres du conseil de surveillance
selon le type d’organisation de la SA aux conditions de quorum et majorité des décisions
ordinaires de la SA (majorité des voix des actionnaires présents ou représentés) ;
– nomination du ou des commissaires aux comptes pour six exercices si la SARL n’en était
pas dotée à la majorité ordinaire de la SA ;
– procuration pour effectuer les formalités de publicité à la majorité ordinaire de la SA.
7 La décision de transformation met fin au mandat des organes de gestion (gérant(s)) de la
SARL sans que cette décision puisse être considérée comme une révocation. Il faudra nom-
mer les administrateurs et que le conseil d’administration nomme l’ancien gérant directeur
général pour qu’il dirige la société anonyme.

239
9 SARL : transformation en SA et en SAS
S C H A PI T R E

8 La violation des règles de transformation exposent la société :


– à une éventuelle action en annulation de la transformation ;
– à la constitution d’une personne morale nouvelle (avec des conséquences fiscales lourdes).
A. Vis-à-vis des associés, la transformation prend effet à la date de leur décision de trans-
É

formation ; B vis-à-vis des tiers, la transformation n’est opposable qu’après achèvement des
formalités de publicité.
9 B. Le mandat du commissaire aux comptes de la SARL va se poursuivre puisque la trans-
formation de la société ne met pas fin aux fonctions des organes de contrôle. Son mandat
G

expirera à la date initialement prévue en tenant compte du temps accompli dans la société
sous son ancienne forme.
10 Les droits et obligations contractés par la société sous son ancienne forme subsistent sous
la nouvelle forme. Les salariés ont des contrats de travail qui seront maintenus dans la SA.
La transformation n’entraîne aucune interruption dans les obligations contractuelles de la
I

société que ce soit envers les salariés, ses clients ou ses fournisseurs.
La SA offre en garantie aux créanciers un capital minimum obligatoire (37 000 _) alors que
celui de la SARL est libre. Il est normal qu’ils soient satisfaits de la transformation.
R

Exercices d’application
R

CAS 23 Jardins de l’ouest


1) Conditions de la transformation de la SARL en SA
• Le capital social doit être de 37 000 _ minimum ; en l’espèce il est de 350 000 _, la condi-
tion est remplie.
O

• Il doit y avoir sept associés au minimum, ils sont quatre actuellement. Il faut envisager une
cession de parts des associés actuels aux trois futurs associés ou une augmentation de capital
par apports en numéraire ou en nature de ces derniers. L’agrément des nouveaux associés
devra être voté, si ce sont des tiers, à la majorité en nombre des associés représentant au
C

moins la moitié des parts sociales : dans le cas, les époux Ferri ne représentent pas la majorité
en nombre. L’agrément de tiers ne pourra être adopté. Reste la solution pour les époux Ferri
de céder des parts à des ascendants ou descendants puisqu’elle est libre (les statuts étant
conformes à la loi, il n’y a pas de clause d’agrément pour la cession des parts aux ascendants
ou descendants) pour trouver les trois nouveaux associés.
• L’activité de jardinerie est licite en SA.
• La décision de transformation doit être prise à la majorité des parts sociales quand les capitaux
propres figurant au dernier bilan excèdent 750 000 e. Dans le cas, le montant des capitaux
propres sont de 770 000 _. Les époux Ferri représentant 62 % des parts sociales, la décision
de transformation sera adoptée ainsi que l’approbation de l’évaluation des biens.
• Nomination par M. Ferri du commissaire aux comptes pour l’établissement d’un rapport sur
la situation de la société. Il pourra nommer M. Chaspoul, actuel commissaire aux comptes de
la SARL.
• Le gérant n’a pas à demander la nomination d’un commissaire à la transformation puisque
la loi du 01.08.2003 dispense toute société de quelque forme que ce soit (donc la SARL ici)

240
SARL : transformation en SA et en SAS 9
C H A PI T R E

S
de nommer un commissaire à la transformation quand elle est dotée d’un commissaire aux
comptes (c’est le cas de la SARL dont M. Chaspoul est commissaire aux comptes) et qu’elle se
transforme en société par actions (cas d’espèce : la SARL se transforme en SA).
Conclusion : sous réserve de trouver trois nouveaux associés, la transformation est possible.

É
2) Effet de la transformation sur le mandat de gérant
La décision de transformation met fin au mandat de gérant de la SARL à dater de la décision vis-
à-vis des associés et à dater de la publicité de la transformation vis-à-vis des tiers.
M. Ferri pourra devenir le directeur général de la future SA s’il est nommé par le conseil d’adminis-

G
tration de la SA. Il faudra avoir prévu, lors de la cession de parts, que les époux Ferri conservent la
majorité AGO pour pouvoir nommer les administrateurs favorables ensuite à la désignation de M.
Ferri en qualité de directeur général.
La direction générale d’une SA peut être assurée par le PCA de la SA. Donc M. Ferri pourrait être
administrateur, PCA et directeur général.

I
3) Le rôle du commissaire aux comptes
• Son mandat se poursuit dans la nouvelle forme de société puisque la décision de transforma-
tion ne met pas un terme aux fonctions des organes de contrôle.

R
• Dans le cadre de l’opération de transformation, il pourra être chargé du rapport sur la situation
de la société, de la vérification des biens composant l’actif social et les avantages particuliers.
4) Effet de la transformation vis-à-vis des créanciers

R
La transformation régulière d’une société en une autre forme juridique n’entraîne pas la création
d’un être moral nouveau. L’entreprise de travaux publics était créancière de la SARL, les droits et
obligations contractés par la société sous son ancienne forme juridique subsistent sous la nouvelle
forme. La transformation n’a aucune incidence sur les obligations de la SARL. Donc l’entreprise
de travaux publics est devenue créancière de la SA. Si elle bénéficiait de sûretés, ces dernières

O
sont maintenues.

CAS 24 Bio Fine


1) Conditions de constitution d’une SAS
Les règles de constitution de la SAS sont les suivantes :
C
–– le capital est libre, fixé par les associés : la SARL a un capital de 10 000 €, il peut rester à ce
niveau dans la SAS. Le capital est divisé en actions d’une valeur librement fixée par les action-
naires. La répartition du capital actuelle pourra être maintenue dans la SAS. À noter que les
apports en industrie peuvent être autorisés par les statuts de la SAS ;
–– le nombre d’associés minimum est de 1 ou 2 : ils sont 4, la condition est remplie. M. Fine, à
terme pourrait se retrouver seul dans une SASU, s’il ne souhaite pas voir l’arrivée de nouveaux
associés en rachetant les titres de ses associés actuels ou ceux de leurs héritiers ;
–– l’activité de la SARL est licite en SAS.
2) Règle de majorité applicable à la décision de transformation
Il s’agit d’une décision extraordinaire puisqu’il y a modification des statuts (la forme juridique
change). La transformation d’une SARL en SAS nécessite l’unanimité des associés (c’est une excep-

241
9 SARL : transformation en SA et en SAS
S C H A PI T R E

tion à la règle de majorité des décisions extraordinaires qui nécessite normalement les 2/3 des
parts détenues par les associés présents ou représentés applicable dans cette SARL créée après
2005)
Application : Il faudra obtenir l’accord de M. Lab pour que la transformation soit décidée M. Fine
devra le convaincre du bien-fondé de la transformation.
É

3)  Direction de la SARL et de la SAS


Le gérant est le représentant légal de la SARL : il a, envers les tiers, le pouvoir d’engager la société
même au-delà de l’objet social
G

Application : Les contrats envisagés avec les agriculteurs sont des actes de gestion courante qui
entrent dans le cadre de l’objet social. M. Fine peut les conclure seul.
Le mandat de gérant prend fin à la suite de la décision de transformation de la SARL.
La direction de la SAS est assurée par un président, personne physique ou personne morale dési-
gné par les associés à la majorité fixée par les statuts.
I

Application : M. Fine perdra son mandat de gérant, il faudra qu’il soit nommé par les associés pour
se maintenir à la tête de la SAS.
4) Avenir des contrats de travail
R

La transformation régulière d’une société en une autre forme juridique n’entraîne pas la création
d’une personne morale nouvelle. C’est la même personne morale qui perdure. Les contrats atta-
chés à la personne morale sont maintenus. Par ailleurs le droit du travail fixe la règle du maintien
des contrats de travail en cas de changement d’employeur.
R

Application : Les contrats de travail seront maintenus dans la nouvelle structure. Toute modifica-
tion de ces contrats devra faire l’objet de la procédure des conventions réglementées dans la SAS,
pour le dirigeant et tout actionnaire détenant 10 % du capital : dans le cas M. Fine et tous les
associés.
O

5) Nomination d’un commissaire aux comptes


La nomination d’un commissaire aux comptes dans la SARL est obligatoire quand elle dépasse
deux des trois seuils suivants :
–– 1,55 million de total de bilan ;
C

–– 3,1 millions de chiffre d’affaires hors taxes ;


–– 50 salariés en moyenne sur l’exercice.
Application : la SARL Bio Fine a réalisé un chiffre d’affaires HT de 75 000 €, son effectif salarial
est de 14 (10 salariés dans les magasins et les 4 contrats de travail des associés). Le total du bilan
est méconnu. Deux seuils sur trois ne sont pas dépassés. La SARL n’est pas tenue de désigner un
commissaire aux comptes.
Dans la SAS, la présence du commissaire aux comptes est obligatoire en cas de dépassement de
2 des 3 seuils suivants :
–– 1 million d’euros de total du bilan ;
–– 2 millions d’euros de CA HT ;
–– 20 salariés permanents au cours de l’exercice écoulé.
Application : La SAS, une fois adoptée, ne dépassera pas les seuils fixés, elle ne sera pas tenue de
désigner un commissaire aux comptes.

242
EURL : constitution, fonctionnement, dissolution 10
C H A PI T R E

S
Chapitre 10
EURL : constitution, fonctionnement, dissolution

É
Tests de connaissances

G
Questions Vrai Faux Commentaire
1  Une EURL doit être créée par une per- X Personne physique ou personne morale
sonne
2  Une SARL devient une EURL par la X Il n’y a plus qu’un seul associé, la SARL
réunion de toutes les parts en une devient automatiquement une EURL

I
même main
3  Une personne physique ou morale peut X Pour une personne morale, l’EURL est un
créer plusieurs EURL instrument de filialisation

R
4  Le capital minimum légal d’une EURL X Il est librement fixé dans les statuts
est de 5 000 €
5  L’associé unique a une responsabilité X Tout comme dans la SARL
limitée aux apports
6  Une EURL peut être associée unique X La loi l’interdit : la création d’EURL en cas-

R
d’une autre EURL cade ne protège pas les tiers
7  L’EURL dont l’associé unique est une X Le CFE les propose, l’associé choisit de les
personne physique et en même temps utiliser ou non
gérant doit utiliser des statuts types

O
8  L’EURL dont l’associé unique est gérant X Mesure d’allégement du formalisme pour
est dispensée de la formalité d’insertion les petites entreprises
au BODACC
9  Le gérant d’une EURL peut être une X Le gérant doit être obligatoirement une
personne physique ou une personne personne physique
morale
10  Le gérant peut être l’associé unique ou X Obligatoirement un tiers, personne phy-
C
un tiers sique quand l’associé unique est une per-
sonne morale
11  Le fonctionnement de l’EURL est allégé X Il n’a pas à se convoquer, respecter un quo-
quand l’associé unique, personne phy- rum ou une majorité
sique, est gérant
12  L’associé unique gérant peut conclure X Il détient 100 % du capital : le lien de
avec sa société un contrat de travail subordination n’existe pas
13  L’associé unique gérant est révocable X Le contraire serait incohérent
14  L’EURL n’est pas soumise au régime des X Même régime que celui de la SARL
conventions

243
10 EURL : constitution, fonctionnement, dissolution
S C H A PI T R E


15  Le gérant doit établir le rapport de ges- X Mêmes obligations que pour la SARL à
tion, les comptes annuels, l’inventaire l’exception du rapport de gestion quand
l’associé unique est gérant et que la société
ne dépasse pas certains seuils (loi du
19.10.2009)
É

16  L’associé unique personne physique et X Il n’a plus à l’établir


gérant n’a pas à déposer le rapport de
gestion au RCS
17  Le gérant d’une EURL a les mêmes X Envers l’associé unique (quand le gérant est
G

pouvoirs que le gérant d’une SARL un tiers) et les tiers


18  Les règles de quorum et majorité de la X Puisque l’associé est seul
SARL sont applicables à l’EURL
19  L’EURL prend fin au décès X Elle continue avec les héritiers
I

de l’associé unique
20  Après sa dissolution, il n’y a pas de X Le patrimoine actif et passif est transmis à
liquidation de l’EURL dont l’associé la personne morale, associé unique (trans-
unique est une personne morale mission universelle)
R

Exercices d’application
R

CAS 25 Lambert
1) Structure, statut, responsabilité
M. Lambert voulant rester seul maître de son affaire, la structure d’une SARL unipersonnelle (EURL)
O

conviendrait car elle dissocie le patrimoine social de la société du patrimoine personnel de M.


Lambert. Il peut apporter son fonds de commerce (apport en nature) ou un apport en numéraire
d’un montant libre. Il serait l’associé unique détenant 100 % du capital de sa société avec une
responsabilité limitée à son apport. Actuellement, il est le chef d’une entreprise individuelle avec
une responsabilité illimitée sur son patrimoine personnel vis-à-vis de ses créanciers mais la loi
C

lui permet de soustraire sa résidence principale et certains biens de ses créanciers professionnels
sous conditions. Il peut même adopter le statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limitée
(EIRL), ce qui protège son patrimoine personnel sans créer une personne morale.
2) Gestion de l'EURL
La gérance d’une SARL doit être assurée par une personne physique, associé ou tiers. M. Lambert
pourra donc en être le gérant sous réserve de ne pas être frappé d’interdiction de diriger, d’incom-
patibilité ou de déchéance.
Chaque année le gérant de l’EURL doit établir un inventaire, les comptes annuels (bilan, compte
de résultat et annexe) et un rapport de gestion. L’associé unique doit approuver les comptes et
toutes ses décisions doivent être, à peine de nullité, consignées dans un registre coté et paraphé
(registre des décisions).
Les règles relatives à la tenue des assemblées (convocation, vote, majorité) ne sont pas applicables
à l’EURL dans la mesure où l’associé unique est également gérant. Il n’a pas non plus l’obligation
d’établir le rapport de gestion (sous conditions).

244
EURL : constitution, fonctionnement, dissolution 10
C H A PI T R E

S
Le gérant de l’EURL doit déposer au greffe du tribunal de commerce, dans le mois qui suit leur
approbation les comptes annuels, la proposition d’affectation du résultat et décision d’affecta-
tion, éventuellement comptes consolidés et rapport du commissaire aux comptes (art. L232-22
modifié par la loi du 20.3.2012).

É
3) Caution et effet
La caution est une garantie accordée par M. Lambert sur son patrimoine personnel. Si la société
ne peut rembourser le banquier, ce dernier pourra poursuivre le patrimoine personnel de M. Lam-
bert. Le banquier a ainsi des possibilités de remboursement plus larges. Dans cette situation, M.

G
Lambert ne bénéficie plus de la responsabilité limitée offerte par l’EURL qu’il a créée ; il est dans
la même situation que lorsqu’il était en entreprise individuelle.
4) Transformation de l'EURL
L’associé unique peut céder à un tiers tout ou partie de ses droits sociaux (ici à Sylvie). Il trans-

I
forme alors l’EURL en SARL pluripersonnelle. Il devra effectuer les formalités relatives à la cession
de parts sociales et à la modification corrélative des statuts.

R
CAS 26 Rousse
1) Conditions de constitution
Une société peut être constituée par la volonté d’une seule personne appelée « associé unique »,

R
dans les cas prévus par la loi (EURL et SASU) que cette personne soit une personne physique
(Mme Rousse) ou une personne morale (la SA Brat).
Le capital est librement fixé par l’associé unique (5 000 € pour Mme Rousse et 10 000 € pour
la SA Brat). L’EURL est une société commerciale par la forme. La responsabilité de l’associé unique

O
est limitée et l’intérêt de créer une EURL est de séparer le patrimoine personnel de l’associé
unique de celui de la société. Pour la SA Brat, la création de l’EURL lui permet de dissocier son
activité initiale de la nouvelle : le patrimoine de la SA sera distinct de celui de l’EURL.
Les conditions de forme devront être accomplies  : rédaction de statuts (des statuts types sont
proposés par le CFE pour l’associé unique personne physique qui assure la gérance, Mme Rousse

C
dans le cas), enregistrement des statuts, insertion au JAL, dépôt du dossier d’immatriculation au
CFE, insertion au BODACC (sauf pour l’associé unique personne physique et gérant qui en est
dispensé – Mme Rousse dans le cas).
Une personne physique ou une personne morale peut créer plusieurs EURL dont elle sera l’associé
unique. Les trois associés uniques pourront donc constituer autant d’EURL qu’ils le souhaitent.
2) Légalité de la situation de M. Truc
M. Truc se trouve dans la situation où toutes les parts sociales de la Sarl pluripersonnelle initiale-
ment créée se trouve en une seule main à la suite de la cession de parts réalisée par deux associés
(qui se sont retirés de la SARL) à M. Truc.
Cette situation est légale puisque le législateur autorise la constitution de la SARL avec un seul
associé (l’EURL).
Il faudra que M. Truc effectue les formalités relatives aux cessions de parts et modifie en consé-
quence les statuts pour que la clause de répartition du capital soit conforme à la réalité. M. Truc
est à l’avenir l’associé unique de l’EURL Plouf .

245
10 EURL : constitution, fonctionnement, dissolution
S C H A PI T R E

3) Gérance des trois sociétés


Le gérant d’une EURL doit être une personne physique, capable, non frappé d’interdiction, d’in-
compatibilité ou de déchéance. Il peut s’agir de l’associé unique ou d’un tiers.
Dans les cas d’espèce, Mme Rousse peut assurer la gérance de son EURL. La SA Brat devra dési-
É

gner une personne physique en qualité de gérant car une personne morale (la SA) ne peut être
gérante de l’EURL. M. Truc pourra être gérant de sa société. Ces personnes physiques doivent
remplir les conditions énoncées au paragraphe précédent.
Le gérant est nommé par l’associé unique, la règle de majorité de la SARL ne s’applique pas puisqu’il
détient la totalité du capital. La publicité de sa nomination devra être faite pour informer les tiers.
G

4) Contrat de travail de l’associé unique gérant


Une des conditions jurisprudentielles pour que le gérant ait un contrat de travail est qu’un lien de subor-
dination existe. Ce lien est apprécié en fonction de la détention de capital qui doit être minoritaire. Ce
n’est pas le cas de Mme Rousse puisqu’elle détient 100 % du capital de sa société et qu’elle la dirige.
I

Mme Rousse ne peut pas avoir de contrat de travail avec sa société.


Par contre, elle peut décider de s’allouer une rémunération pour rétribuer ses fonctions de gérante
(ce qui lui évitera la confusion de patrimoines si elle venait à faire des prélèvements pour ses
R

besoins personnels).
La loi du 19.10.2009 lui permet de ne pas établir le rapport de gestion si sa société ne dépasse
pas deux des trois seuils : 1 million d’euros au total du bilan ; 2 millions d’euros CAHT ; 20 salariés
en moyenne sur l’exercice.
R

5) Régime des conventions réglementées


Les règles applicables aux conventions conclues entre l’associé unique et l’ EURL sont, sous réserve
de quelques assouplissements, les mêmes que celles de la SARL pluripersonnelle.
Toute convention conclue entre l’EURL et l’associé unique doit faire l’objet d’une mention sur
O

le registre des décisions (nature, objet, modalités essentielles de la convention). Il s’agit d’une
convention réglementée.
Le gérant, ou s’il existe le commissaire aux comptes de l’EURL, n’a pas à établir le rapport spécial
sur les conventions réglementées.
Dans le cas, il s’agit d’un contrat de location conclu entre l’associé unique (la SA brat, le loueur)
C

et l’EURL (le locataire). Il s’agit bien d’une convention réglementée qui devra être portée sur le
registre des décisions de l’EURL.

CAS 27 Solo
1) Tableau comparatif relatif à la constitution
Entreprise individuelle EURL EIRL
Capital Sans objet Librement fixé par les Sans objet
statuts
Évaluation des Sans objet Commissaire aux apports Toute affectation d’actif
biens apportés selon la valeur des (hors liquidités) d’une
apports valeur unitaire supérieure
à 30 000 E doit être
évaluée par un expert.

246
EURL : constitution, fonctionnement, dissolution 10
C H A PI T R E

S
Acte constitutif Sans objet Statuts Sans objet
Publicité de la Sans objet Oui, dépôt des statuts au Oui, dépôt de la décla-
constitution RCS, publicité dans un ration d’affectation
JAL, au BODACC au registre légal de

É
l’entrepreneur (selon son
activité)
Immatriculation Oui, au registre légal Oui, au RCS Oui, comme pour l’entre-
dont dépend l’activité de prise individuelle
l’entrepreneur

G
2) Tableau comparatif relatif au fonctionnement
Entreprise individuelle EURL EIRL
Ouverture d’un compte Non Oui Oui

I
bancaire séparé
Obligations comptables Présentation simplifiée Comptes annuels Présentation simplifiée
des comptes des comptes

R
Assemblée annuelle Non Oui, dépôt des comptes Non
valant approbation des
comptes
Dépôt des comptes Non Oui, au greffe Oui, au registre légal
dans les 6 mois de la

R
clôture des comptes

3) Comparaison de la responsabilité de l’entrepreneur


• Entreprise individuelle : sa responsabilité est illimitée. Ayant un seul patrimoine, ses créanciers
pourront saisir ses biens personnels. Cependant, l’entrepreneur peut, par une déclaration d’insai-

O
sissabilité notariée, mettre à l’abri sa résidence principale, ses terrains bâtis et non bâtis.
• EIRL : sa responsabilité est limitée aux biens énoncés dans la déclaration d’affectation lors de
l’adoption de ce statut vis-à-vis de ses créanciers professionnels. Son patrimoine personnel est
préservé.

C
• EURL : sa responsabilité est limitée à ses apports. Son patrimoine personnel est préservé.
4) Solution la mieux adaptée
Le statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) allie un formalisme peu contrai-
gnant (pas de statuts), une responsabilité limitée aux biens que l’entrepreneur envisage d’affecter
à son activité professionnelle et il peut bénéficier du statut social et fiscal de l’auto-entrepreneur.
Ce statut est envisageable depuis le 1.01.2011.

247
2
CAS DE SYNTHÈSE
SARL
S
Cas de synthèse 2
SARL
É

CAS 28 Popov
1) Constitution de la SARL – montant du capital et du capital libéré –
G

commissaire aux apports


a) Constitution de la SARL
La société à responsabilité limitée est instituée par une ou plusieurs personnes : personnes phy-
siques ou morales. Le montant du capital de la société est fixé par les statuts : il est déterminé
I

librement par les associés. Les apports peuvent être des apports en nature, en numéraire. Le cas
échéant, les statuts déterminent les modalités selon lesquelles peuvent être souscrites des parts
sociales en industrie.
Dans le cas, la SARL va être constituée légalement avec 3 personnes physiques majeures. Les
R

apports envisagés sont possibles :


–– apports en nature : brevet, enseigne, matériel d’équipement ;
–– en numéraire : des espèces ;
–– en industrie : les compétences des deux enfants. Il faudra insérer une clause dans les statuts
R

autorisant ces apports en industrie.


b) Montant du capital et capital libéré
Les parts sociales doivent être intégralement libérées lorsqu’elles représentent des apports en
nature. Les parts représentant des apports en numéraire doivent être libérées d’au moins un cin-
O

quième de leur montant. La libération du surplus intervient en une ou plusieurs fois sur décision
du gérant, dans un délai qui ne peut excéder cinq ans à compter de l’immatriculation de la société
au registre du commerce et des sociétés. Les apports en industrie ne concourent pas à la formation
du capital social.
Dans le cas le montant du capital sera de 24 000 _ (20 000 _ des apports en nature et 4 000 _
C

d’apports en numéraire). Les apports en industrie (1 000 _) ne doivent pas entrer dans la forma-
tion du capital.
Le capital libéré obligatoirement sera de 20 000 _ (apports en nature) plus 1/5° des apports en
numéraire, soit 20 800 _.
c) Commissaire aux apports
Les statuts doivent contenir l’évaluation de chaque apport en nature. Il y est procédé au vu d’un
rapport annexé aux statuts et établi sous sa responsabilité par un commissaire aux apports dési-
gné à l’unanimité des futurs associés ou à défaut par une décision de justice à la demande du
futur associé le plus diligent.
Toutefois, les futurs associés peuvent décider à l’unanimité que le recours à un commissaire aux
apports ne sera pas obligatoire, lorsque la valeur d’aucun apport en nature n’excède 30 000 _ et
si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature non soumis à l’évaluation d’un commissaire
aux apports n’excède pas la moitié du capital.

248
SARL 2
CAS DE SYNTHÈSE

S
Dans le cas, la valeur de l’apport en nature (20 000 _) excède la moitié du capital (24 000 _/
2 = 12 000 _). L’intervention du commissaire aux apports est obligatoire.
2) Avantage essentiel de la SARL pour les associés
La société à responsabilité limitée est instituée par une ou plusieurs personnes qui ne supportent

É
les pertes qu’à concurrence de leurs apports. Les associés ont une responsabilité limitée à leurs
apports. Leur patrimoine personnel sera épargné. Ils risquent seulement de perdre leurs apports.
3) Gérance : nomination et révocation

G
La société à responsabilité limitée est gérée par une ou plusieurs personnes physiques. Les gérants
peuvent être choisis en dehors des associés. Ils sont nommés par les associés, dans les statuts ou
par un acte postérieur, à la majorité ordinaire. En l’absence de dispositions statutaires, ils sont
nommés pour la durée de la société. Le gérant peut être révoqué par décision des associés à la
majorité ordinaire, à moins que les statuts prévoient une majorité plus forte. Si la révocation est

I
décidée sans juste motif, elle peut donner lieu à des dommages et intérêts. En outre, le gérant est
révocable par les tribunaux pour cause légitime, à la demande de tout associé.
Dans les assemblées ou lors des consultations écrites, les décisions sont adoptées par un ou
plusieurs associés représentant plus de la moitié des parts sociales. Si cette majorité n’est pas

R
obtenue et sauf stipulation contraire des statuts, les associés sont, selon les cas, convoqués ou
consultés une seconde fois, et les décisions sont prises à la majorité des votes émis, quel que soit
le nombre des votants.
Dans le cas, R. Dumas est une personne physique que l’on peut supposer capable, non frappé

R
d’interdiction ou de déchéance (à vérifier). Il détient la majorité ordinaire (200 parts sur 250).
Son vote suffit pour qu’il soit désigné en qualité de gérant. Il sera nommé pour la durée de la
société si la durée n’est pas précisée dans son mandat. Il ne pourra pas être révoqué par les asso-
ciés puisqu’il détient la majorité mais il reste révocable par le tribunal pour cause légitime, à la
demande d’un de ses enfants associés.

O
4) Clause d’agrément
Les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société qu’avec le consente-
ment de la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts sociales, à moins que
les statuts prévoient une majorité plus forte.
Dans le cas, la cession des parts sociales à des tiers étrangers prévue par la loi nécessite la majo-
rité des associés (2/3) représentant au moins 125 parts. La majorité en nombre peut être atteinte C
si les deux enfants veulent céder leurs parts mais ils n’atteignent pas la majorité en parts (ils
détiennent 50 parts).
Il n’est pas utile de prévoir une autre clause avec une majorité plus forte. Celle de la loi suffit à
éviter l’arrivée de personnes étrangères, compte tenu de la répartition du capital.
5) Conséquence juridique de la répartition du capital sur les décisions
extraordinaires
Dans les sociétés à responsabilité limitée constituées après le 2  août 2005, les modifications
statutaires sont décidées à la majorité des deux tiers des parts détenues par les associés présents
ou représentés. Les statuts peuvent prévoir des quorums ou une majorité plus élevés, sans pouvoir,
pour cette dernière, exiger l’unanimité des associés.
Dans le cas, R. Dumas détient 200 parts sur 250. La majorité extraordinaire se situe à 167 parts.
Par son vote, il pourra seul prendre les décisions modifiant les statuts.

249
2
CAS DE SYNTHÈSE
SARL
S
6) Responsabilité des actes accomplis pour le compte d’une société en formation
Les sociétés commerciales jouissent de la personnalité morale à dater de leur immatriculation au
registre du commerce et des sociétés. Les personnes qui ont agi au nom d’une société en forma-
tion avant qu’elle ait acquis la jouissance de la personnalité morale sont tenues solidairement et
É

indéfiniment responsables des actes ainsi accomplis, à moins que la société, après avoir été régu-
lièrement constituée et immatriculée, ne reprenne les engagements souscrits. Ces engagements
sont alors réputés avoir été souscrits dès l’origine par la société.
Lors de la constitution d’une société à responsabilité limitée, l’état des actes accomplis pour le
compte de la société en formation, avec l’indication, pour chacun d’eux, de l’engagement qui en
G

résulterait pour la société, est présenté aux associés avant la signature des statuts.
Cet état est annexé aux statuts, dont la signature emporte reprise des engagements par la société,
lorsque celle-ci a été immatriculée au registre du commerce et des sociétés.
Dans le cas, un état des actes accomplis mentionnant l’achat du local financé par un prêt devra
I

être annexé aux statuts. Une fois les statuts signés et la société immatriculée, le prêt sera repris
par la société qui devra payer les mensualités de remboursement.
7) Pouvoirs du gérant
R

Dans les rapports entre associés, les pouvoirs des gérants sont déterminés par les statuts, et dans
le silence de ceux-ci, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société.
Le déplacement du siège social dans le même département ou dans un département limitrophe
peut être décidé par le gérant, sous réserve de ratification de cette décision par les associés à la
majorité extraordinaire.
R

Une société à responsabilité limitée, tenue de désigner un commissaire aux comptes et dont les
comptes des trois derniers exercices de douze mois ont été régulièrement approuvés par les asso-
ciés, peut émettre des obligations nominatives à condition qu’elle ne procède pas à une offre au
public de ces obligations.
O

Dans le cas certaines décisions sont de la seule compétence de R. Dumas, à savoir : l’achat des
locaux, la souscription du prêt bancaire, le déplacement du siège social dans le même départe-
ment, le recrutement des salariés (y compris les contrats de travail de ses enfants).
Cependant, il devra soumettre à ratification d’une AGE le déplacement du siège social, et à rati-
fication d’une AGO les contrats de travail de ses enfants qui sont des conventions réglementées
C

(voir question 8). Il ne pourra pas procéder à l’émission d’obligations puisque la société n’est pas
dotée d’un commissaire aux comptes.
8) Procédure des conventions réglementées
Le gérant ou, s’il en existe un, le commissaire aux comptes, présente à l’assemblée ou joint aux
documents communiqués aux associés en cas de consultation écrite, un rapport sur les conven-
tions intervenues directement ou par personne interposée entre la société et l’un de ses gérants
ou associés. L’assemblée statue sur ce rapport. Le gérant ou l’associé intéressé ne peut prendre
part au vote et ses parts ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.
Toutefois, s’il n’existe pas de commissaire aux comptes, les conventions conclues par un gérant
non associé sont soumises à l’approbation préalable de l’assemblée.
Dans le cas, les contrats de travail conclus entre la SARL et les enfants associés sont des conven-
tions réglementées. Le gérant étant associé doit soumettre la ratification de ces conventions à
l’assemblée, après avoir signé les contrats. Ses enfants ne devront pas voter. Il sera donc seul, par
son vote, à décider de l’octroi ou non des contrats de travail.

250
SARL 2
CAS DE SYNTHÈSE

S
9) Convention interdite
À peine de nullité du contrat, il est interdit aux gérants ou associés autres que les personnes
morales de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la société, de se
faire consentir par elle un découvert, en compte-courant ou autrement, ainsi que de faire cau-

É
tionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers. Cette interdiction s’applique aux
représentants légaux des personnes morales associées.
Dans le cas, R. Dumas ne doit pas accorder le découvert en compte-courant à son fils. Il s’agit
d’une convention interdite par la loi.

G
10) Obligations du gérant en fin d’exercice
Le rapport de gestion, l’inventaire et les comptes annuels doivent être établis par le gérant. Ils sont
soumis à l’approbation des associés réunis en assemblée, dans le délai de six mois à compter de
la clôture de l’exercice. Si l'assemblée des associés n'a pas été réunie dans ce délai, le ministère
public ou toute personne intéressée peut saisir le président du tribunal compétent statuant en

I
référé afin d'enjoindre, le cas échéant sous astreinte, aux gérants de convoquer cette assemblée
ou de désigner un mandataire pour y procéder.
Les documents ci-dessus, le texte des résolutions proposées ainsi que le cas échéant, le rapport des

R
commissaires aux comptes sont communiqués aux associés. Toute délibération prise en violation
des dispositions ci-dessus peut être annulée.
À compter de la communication prévue à l'alinéa précédent, tout associé a la faculté de poser par
écrit des questions auxquelles le gérant est tenu de répondre au cours de l'assemblée.
L'associé peut, en outre, et à toute époque, obtenir communication des documents sociaux concer-

R
nant les trois derniers exercices.
Toute clause contraire à l’article L223-26 modifié par la loi du 22.03.2012 est réputée non écrite.
Le gérant s’expose à des sanctions pénales :
–– s’il n’établit pas les documents sociaux (amende de 9 000 €) ;

O
–– s’il ne soumet pas ces documents à l’approbation des associés (amende de 9 000 €).
Dans le cas, R. Dumas doit établir les documents sociaux, convoquer les associés en assemblée
pour statuer sur les comptes de l’exercice écoulé, leur communiquer les documents sociaux pour
qu’ils puissent voter en connaissance de cause.
11) Majorité des décisions ordinaires
Dans les assemblées, les décisions ordinaires sont adoptées par un ou plusieurs associés représen- C
tant plus de la moitié des parts sociales.
Si cette majorité n’est pas obtenue et sauf stipulation contraire des statuts, les associés sont, selon
les cas, convoqués ou consultés une seconde fois, et les décisions sont prises à la majorité des
votes émis, quel que soit le nombre des votants.
Dans le cas, l’approbation des comptes est une décision ordinaire. M. Dumas détient à lui seul la
majorité ordinaire (200 parts sur 250 – majorité ordinaire 126 parts). Les comptes seront approu-
vés.
12) Désignation d’un commissaire aux comptes
Sont tenues de désigner un commissaire aux comptes au moins les sociétés à responsabilité limi-
tée qui dépassent à la clôture d’un exercice social deux des critères suivants : le total de leur bilan
(1,55 million d’euros), le montant hors taxes de leur chiffre d’affaires (3,1 millions d’euros) ou le
nombre moyen de leurs salariés au cours d’un exercice (50).

251
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

Dans le cas la SARL a réalisé un CAHT de 1,8 million d’euros et le nombre de salariés est de 12.
La connaissance de ces 2 seuils, inférieurs au minimum légal, suffit pour conclure que la SARL n’a
pas l’obligation de désigner un commissaire aux comptes.
13) Cession des parts entre associés et conséquences concernant la SARL
É

Les parts sont librement cessibles entre les associés.


La société peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule
personne.
Lorsque la SARL ne comporte qu’une seule personne, celle-ci est dénommée «associé unique».
G

L’EURL peut résulter de la réunion de toutes les parts en une même main.
Dans le cas, après la cession des parts des enfants au père (cession entre associés) le père se
retrouve seul dans la SARL, elle devient une EURL dont R. Dumas est associé unique et gérant.
I

Chapitre 11
SA : constitution et statut des organes de gestion
R

Tests de connaissances
R

1   Tableau des caractéristiques d’une société anonyme


Nombre d’associés minimum et maximum sept minimum, pas de maximum
Nom des associés actionnaires
Capacité requise des associés civile
O

Objet de la société civil ou commercial


Capital minimum et maximum 37 000 _ minimum que la SA procède à une offre au
public ou non. Pas de capital maximun
Composition du capital (types d’apports) • apports en numéraire, apports en nature
C

• apports en industrie interdits.


Libération du capital • apports en numéraire : libération minimum de la moitié à
la souscription, le reste dans les cinq ans ;
• apports en nature : libération intégrale et immédiate à la
souscription
Durée de la société libre, 99 ans maximum, renouvelable
Point de départ de la personnalité morale l’immatriculation de la société au RCS
Responsabilité des associés limitée aux apports

2   La souscription du capital, par laquelle les associés s’engagent à apporter, doit être intégrale
dans une SA. La libération des apports en numéraire doit être au minimum de la moitié du
montant nominal des actions lors de la souscription, la libération du surplus doit intervenir
dans le délai de cinq ans à compter de l’immatriculation de la société sur appel de fonds du
conseil d’administration ou du directoire. Cette libération sera attestée par un certificat du
dépositaire des fonds (banque, notaire ou caisse des dépôts et consignations).

252
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

S
Dans le cas, le montant à souscrire est de 45 000 _, le montant minimum à libérer par
les associés est de 22 500 _. La valeur nominale des actions est librement fixée dans les
statuts.
3   Une SA peut adopter, au choix, deux types d’organisation : la SA avec conseil d’adminis-

É
tration, président du conseil d’administration et directeur général ou la SA avec conseil de
surveillance et directoire.
4  
Dans la SA, les apports en nature doivent faire l’objet obligatoirement d’une évaluation par
un commissaire aux apports nommé à l’unanimité des fondateurs ou à défaut par décision
de justice à la demande d’un ou plusieurs d’entre eux (art. L225-8 modifié par la loi du

G
22.03.2012). Le commissaire aux apports doit établir, sous sa responsabilité, un rapport
sur l’évaluation des apports en nature contenant la description de l’apport, le mode d’éva-
luation adopté et l’affirmation que la valeur des apports correspond au montant du capital
qu’ils représentent. Ce rapport est tenu à la disposition des futurs actionnaires qui peuvent

I
en prendre copie, huit jours au moins avant la date de signature des statuts.
L’évaluation par l’apporteur est donc insuffisante. Elle devra être faite par un commissaire
aux apports.
5   A. Les mandataires sociaux concernant une SA avec conseil d’administration sont :

R
–– les administrateurs qui forment le conseil d’administration. Ils désignent parmi eux
un président : le PCA ;
–– un directeur général qui peut être :
• soit un administrateur du conseil d’administration (PCA ou simple administrateur),

R
• soit une autre personne physique nommée par le conseil d’administration et por-
tant le titre de directeur général.
–– Il appartient au conseil d’administration, dans les conditions définies par les statuts,
de choisir entre ces deux modalités d’exercice de la direction générale et d’en infor-
mer les actionnaires et les tiers ;

O
–– des directeurs généraux délégués nommés par le conseil d’administration sur propo-
sition du directeur général. Les statuts fixent leur nombre qui ne peut dépasser cinq.
Leur présence est facultative.
B. Les mandataires sociaux à la tête d’une SA avec directoire sont :
–– les membres du conseil de surveillance qui désignent parmi eux un président et un
vice-président ; C
–– les membres du directoire, choisis par le conseil de surveillance qui désignera le
président du directoire.
6   L’assemblée générale ordinaire des actionnaires doit désigner obligatoirement un ou plu-
sieurs commissaires aux comptes dans une société anonyme.
7   Le conseil d’administration doit être composé de trois membres au moins et de 18 au plus
(24 en cas de fusion). À l’intérieur de ces limites, le nombre des administrateurs est déter-
miné dans les statuts.
En cas de vacance, par décès ou démission, l’effectif du conseil doit être complété par voie
de cooptation : la cooptation consiste, de la part des membres du conseil d’administration, à

253
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

désigner eux-mêmes à titre provisoire un nouvel administrateur dans le délai de trois mois à
compter du jour de la vacance du poste (le décès dans le cas). Sa nomination devra ensuite
être approuvée par la plus prochaine assemblée générale ordinaire.
Dans le cas, les statuts ont prévu que le conseil d’administration doit se composer de cinq
É

administrateurs. Du fait du décès de l’un d’eux, le nombre est de quatre, c’est-à-dire en-
dessous du minimum statutaire mais au dessus du minimum légal. La cooptation est obli-
gatoire. À défaut de ratification, la nomination de l’administrateur est annulée, mais les
délibérations prises et les actes accomplis par le conseil antérieurement à la décision de
l’assemblée demeurent valables.
G

Si le conseil néglige de pourvoir au poste vacant, tout intéressé peut demander au président
du tribunal de commerce statuant sur requête, la désignation d’un mandataire chargé de
convoquer l’assemblée générale à l’effet de procéder à la nomination.
Aucune disposition légale ne fixe la durée du mandat de l’administrateur coopté. Selon les
I

auteurs, son mandat expirera au terme de celui de l’administrateur remplacé.


8   Le président du conseil d’administration doit être choisi parmi les membres du conseil d’ad-
ministration. Il doit être une personne physique à peine de nullité de la décision de nomina-
tion.
R

M. Pim vient de perdre son mandat d’administrateur puisqu’il n’a pas été renouvelé. Il ne
fait plus partie du conseil d’administration ; il ne peut donc plus être le président du conseil
d’administration de la société. Dans l’hypothèse où M. Pim perdrait son mandat de président
du conseil d'administration, il conserverait son mandat d’administrateur.
R

9   Le directeur général délégué est une personne physique chargée d’assister le directeur géné-
ral. Il peut être choisi, soit parmi les membres du conseil d’administration, soit en dehors
d’eux (cas d’espèce). Il n’est pas nécessaire qu’il soit actionnaire de la société (cas d’espèce).
Il ne doit pas dépasser la limite d’âge légale (65 ans) sauf si les statuts en prévoient une
(il a 60 ans), respecter les conditions de capacité, d’incompatibilité et d’interdiction d'un
O

administrateur. Il peut assurer plusieurs mandats de directeur général délégué sans limita-
tion dans d’autres SA. Il doit être nommé par le conseil d’administration sur proposition du
directeur général. Sa nomination doit être publiée de la même façon que celle du président
selon la loi.
C

Nombre maximum de directeurs généraux délégués dans la SA : Les statuts fixent le nombre
maximum des directeurs généraux délégués qui ne peut être supérieur à cinq selon la loi.
10   Légalité de la composition du conseil d’administration :
–– il doit se composer de trois administrateurs au moins et de 18 au maximum : ici il y
a trois administrateurs, la condition est remplie ;
–– les administrateurs ne doivent plus détenir un certain nombre d’actions de leur
société à compter du 1.1.2009 sauf disposition statutaire contraire. Ce nombre est
déterminé par les statuts. Dans le cas, les statuts exigent la détention de 8 actions.
Les trois administrateurs remplissent la condition de détention de titres (respective-
ment M. Blanc : 100, M. Brun : 200, la SA Soleil : 600) ;
–– les administrateurs doivent avoir la capacité de tout mandataire, ne pas être frappés
d’incompatibilité, de déchéance ou d’interdiction. Sans précision du sujet, on devra
vérifier cette condition ;

254
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

S
–– les administrateurs peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales.
Dans le cas le conseil d’administration se compose de deux personnes physiques et
d’une personne morale (la SA Soleil). Lors de sa nomination comme administrateur, la
personne morale doit désigner un représentant permanent qui est soumis aux mêmes
conditions et obligations que s’il était administrateur en son nom propre (sauf en ce qui

É
concerne la qualité d’actionnaire qui, selon les auteurs, n’a pas à être exigé du repré-
sentant permanent). La limitation du nombre des mandats est applicable aux représen-
tants permanents. Le choix du représentant permanent par la société est entièrement
libre. La SA Soleil devra donc désigner une personne physique qui la représentera au

G
conseil d’administration de la société Lune ;
–– le CA est composé en recherchant une représentation équilibrée des hommes et des
femmes. Cette disposition vise les sociétés par actions (SA, SCA). La SA devra se
conformer à cette disposition ;
–– une personne physique ne peut exercer simultanément plus de 5 mandats d’admi-

I
nistrateur de sociétés anonymes ayant leur siège social sur le territoire français, sauf
dérogations (voir le rappel de cours). Cette limitation ne concerne que les adminis-
trateurs personnes physiques. Cette condition doit être vérifiée pour MM. Blanc et
Brun ; de même il faudra vérifier qu’ils ne dépassent pas le plafond global (5), tous

R
mandats confondus ;
–– le nombre des administrateurs ayant dépassé l’âge de 70 ans ne peut être supérieur
au tiers des administrateurs en fonction, sauf limite d’âge fixée par les statuts. Dans
le cas deux sur trois des administrateurs ne dépassent pas 70 ans (M. Blanc et Brun)

R
et sauf statuts contraires, la condition est remplie ;
–– il conviendra également de vérifier si les administrateurs cumulent leur mandat avec
un contrat de travail ; vérifier que le contrat de travail correspond à un emploi effectif
et qu’en qualité de salarié, il est dans un état de subordination  ; s’assurer que le
nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail ne dépasse pas

O
le tiers des administrateurs en fonction ;
–– lors de la constitution de la société les administrateurs sont nommés dans les sta-
tuts ; au cours de la vie sociale, ils sont nommés par l’assemblée générale ordinaire
(sauf les administrateurs élus par les salariés). Il conviendra de vérifier si les condi-

C
tions de nomination ont été respectées ;
–– les administrateurs sont élus pour une durée fixée dans les statuts. Cette durée ne
peut excéder six ans (art. L 225-18 modifié par la loi du 22.3.2012).
Il faudra vérifier que leur mandat est en cours de validité.
Membres du conseil d’administration de la SA Lune et présidence du CA :
–– M. Blanc, administrateur personne physique ;
–– M. Brun, administrateur personne physique ;
–– SA Soleil, administrateur personne morale : M. X, représentant permanent de la SA
Soleil.
Conditions pour la présidence :
–– le président doit être une personne physique ;

255
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

–– il doit être membre du conseil d’administration ;


–– le président ne doit pas avoir plus de 65 ans (sauf autre limite fixée par les statuts) ;
–– en qualité d’administrateur, il ne peut exercer simultanément plus de 5 mandats de
sociétés anonymes ayant leur siège social en France métropolitaine, sauf dérogations
É

(voir le rappel de cours) ;


–– il doit avoir la capacité de tout mandataire, ne pas être frappé d’incompatibilité ou
d’interdiction. Cette condition devant être remplie par les administrateurs, elle est
supposée être remplie pour exercer les fonctions de PCA.
Sous réserve de remplir ces conditions, les trois membres du conseil de la SA Soleil peuvent
G

être nommés président. Il est de la compétence du conseil d’administration d’élire parmi ses
membres un président à la majorité des membres présents ou représentés (à moins que les
statuts ne prévoient une majorité plus forte).
Direction générale de la SA Lune :
I

La direction générale est assumée, soit par le PCA, soit par une autre personne physique
nommée par le CA et portant le titre de directeur général. Le CA choisit entre ces deux moda-
lités d’exercice de la direction générale. Il a compétence pour désigner le directeur général
qui doit être une personne physique.
R

11   Le cumul de mandats de M. Zen :


–– le poste d’administrateur est assimilable au poste de membre d’un conseil de surveil-
lance : au total il aura deux mandats ; la limite légale étant de 5, il peut donc les
cumuler ;
R

–– le poste de directeur général. La limite légale est de un. M. Zen occuperait un poste
de directeur général ; il peut l’occuper tout à fait légalement ;
–– les deux postes de directeur général délégué  : une même personne peut assumer
plusieurs mandats de directeur général délégué sans limitation. M. Zen peut occuper
O

ces deux postes ;


–– le poste de gérant de SARL : aucune limite légale n’existe pour le cumul de ce poste
avec les précédents. M. Zen peut l’occuper valablement avec les précédents.
Pour le plafond global : une personne physique ne peut exercer simultanément plus de 5
mandats de directeur général, de membre du directoire, de directeur général unique, d’admi-
C

nistrateur ou de membre du conseil de surveillance de SA ayant leur siège sur le territoire


français, sauf dérogations.
M. Zen cumule 3 mandats (administrateur, directeur général, membre du conseil de surveil-
lance). Il respecte les limites légales du cumul et peut donc exercer simultanément ces divers
mandats.
Fixation de sa rémunération :
–– en qualité d’administrateur  : c’est l’assemblée générale ordinaire qui fixe globale-
ment les jetons de présence. Les administrateurs se répartissent ensuite entre eux la
somme allouée ;
–– en qualité de directeur général et de directeur général délégué : c’est le conseil d’ad-
ministration qui la détermine. Cette rémunération n’est pas une convention régle-
mentée soumise à ratification par l’assemblée générale ordinaire sauf si la SA est
cotée.

256
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

S
12   Outre sa part de jetons de présence perçue en qualité d’administrateur (montant voté par
AGO et réparti entre administrateurs), le président peut recevoir une rémunération déter-
minée par le conseil d’administration. Cette dernière ne constitue pas une convention sou-
mise à la procédure des conventions réglementées nécessitant la ratification par l’assemblée

É
générale ordinaire (Cass. com. 1987) sauf si la SA est cotée.
L’actionnaire ne peut exiger un vote AGO mais peut essayer de démontrer en justice que
cette rémunération est abusive afin d’obtenir pour la société le remboursement de la frac-
tion qui lui paraît excessive. En effet, il a été jugé que constitue un abus de biens sociaux
le fait par le président de s’attribuer de son propre chef ou d’obtenir par un vote du conseil

G
d’administration une rémunération qu’il savait excessive compte tenu des ressources et de la
situation de la société. Le président est alors contraint de restituer la somme trop perçue.
13   Organes de nomination et de révocation des mandataires sociaux :
Organe Organe

I
Mandataire Modalités
de nomination de révocation
Administrateur AGO AGO(1) à tout moment(2)
Président du conseil conseil conseil d’administration à tout moment(2)

R
d’administration d’administration
Directeur général conseil conseil d’administration à tout moment(3)
d’administration
Directeur général délégué CA sur proposition du CA sur proposition du à tout moment(3)
directeur général directeur général

R
Membre du directoire conseil de surveil- AGO sur proposition du à tout moment(3)
lance conseil de surveillance
Membre du conseil AGO AGO1 à tout moment(2)
de surveillance

O
(1) L’assemblée peut en toutes circonstances révoquer un ou plusieurs administrateurs ou membres du conseil de
surveillance et procéder à leur remplacement, même si la résolution ne figure pas à l’ordre du jour.
(2) Aucune limite ne doit entraver la possibilité de révocation. Celle-ci n’a pas à être justifiée. Même sans juste motif,
le mandataire révoqué n’aura pas droit à des dommages-intérêts. Cependant la jurisprudence admet qu’il peut obtenir
une indemnisation si sa révocation est intervenue dans des circonstances de nature à porter une atteinte injustifiée à

C
son honorabilité (circonstances injurieuses ou vexatoires).
(3) Certains dirigeants sont mieux protégés : si sa révocation n’est pas justifiée, ils ont droit à des dommages-intérêts.

14   Cessation des fonctions de PCA


A. Philippe a 65 ans et les statuts sont conformes à la loi : lorsque le président atteint l’âge
de 65 ans, il est réputé démissionnaire d’office.
B. Les statuts ont prévu un âge limite fixé à 70 ans : Philippe peut poursuivre son mandat
jusqu’à 70 ans.
C. Les statuts ont fixé l’âge limite à 55 ans : Philippe aurait dû démissionner à 55 ans et le
commissaire aux comptes aurait dû signaler cette irrégularité. Il est réputé démissionnaire
d’office. Il doit être remplacé par le conseil d’administration ou les actionnaires peuvent
voter en AGE une modification statutaire pour porter l’âge limite au-delà de 55 ans s’ils
veulent maintenir Philippe à la tête de l’entreprise.

257
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

15   Révocation d’un administrateur : Les administrateurs peuvent être révoqués à tout moment
par l’assemblée générale ordinaire, que leur nomination résulte des statuts ou d’une assem-
blée.
La révocation peut être prononcée ad nutum (sur un signe de tête) : la décision n’a pas à être
É

justifiée par un motif quelconque (Cass. com. 1985).


La loi précise que l’assemblée peut « en toutes circonstances, révoquer un ou plusieurs adminis-
trateurs et procéder à leur remplacement ». Il en résulte que, même si l’ordre du jour ne men-
tionne pas cette révocation, l’assemblée ordinaire ou extraordinaire (toujours aux conditions
de majorité AGO) peut la prononcer.
G

Cette possibilité de révocation ne souffre aucune limitation. Seraient nulles toutes les clauses
des statuts qui tiendraient à la réduire ou qui prévoiraient le versement d’une indemnité subs-
tantielle à l’administrateur révoqué. Il en serait de même de toute convention susceptible de
faire échec à cette liberté de révocation.
Dans la mesure où le vote a été régulier, Daniel n’a aucune chance de pouvoir faire annuler la
I

délibération ayant entraîné sa révocation. L’administrateur révoqué aura droit à des dommages-
intérêts seulement si la mesure de révocation est entourée de circonstances injurieuses ou vexa-
toires à son égard (publicité malveillante de la décision de révocation, brusquerie et manœuvres
vexatoires…). L’administrateur doit être mis en mesure de présenter ses observations devant l’as-
R

semblée. S’il arrive à prouver le caractère injurieux ou vexatoire de sa révocation, Daniel pourra
obtenir des dommages-intérêts.
16  
Le cumul du mandat d’administrateur avec un contrat de travail
Il s’agit, en l’espèce, d’un administrateur en fonction qui désire obtenir un contrat de tra-
R

vail. Le cas n’a pas été prévu expressément par la loi mais l’interdiction découle d’un texte
(L. 133-5 C. com.) : il est interdit aux administrateurs de recevoir de la société une rémunéra-
tion autre que des jetons de présence, une rémunération exceptionnelle, une rémunération
en qualité de PCA ou de directeur général.
La violation de cette interdiction est sanctionnée par la nullité du contrat de travail et la
O

responsabilité des administrateurs pour violation de la loi. Il est donc impossible à Valérie
d’obtenir un contrat de travail. La solution pour elle est de démissionner de son poste, de
signer avec la société le contrat de travail et de se faire réélire en qualité d’administrateur
pour respecter les conditions de cumul dans le cas où un salarié veut devenir administra-
teur :
C

–– son contrat de travail doit être antérieur à sa nomination en qualité d’administrateur,


son emploi effectif, l’exercice de ses fonctions salariées en état de subordination ;
–– le nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail ne peut pas
dépasser le tiers des administrateurs en fonction (la règle du tiers est écartée en cas de
rachat d’une entreprise par ses salariés).
Cependant, la loi du 22.03.2012 introduit une exception à l’interdiction d’un administrateur
en fonction de devenir salarié  : selon l’article L225-21-1, un administrateur peut devenir
salarié d'une société anonyme au conseil de laquelle il siège si cette société ne dépasse pas,
à la clôture d'un exercice social, les seuils définissant les petites et moyennes entreprises,
concernant la définition des micro, petites et moyennes entreprises et si son contrat de tra-
vail correspond à un emploi effectif.
Tout administrateur mentionné au premier alinéa du présent article est compté pour la
détermination du nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail (règle
du tiers).

258
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

S
Conclusion : il faut vérifier si la SA Lorne ne dépasse pas les seuils fixés par la loi pour que
Valérie obtienne le contrat de travail.

17   Cumul de mandats PCS et PDD


A. Cumul du mandat de membre du conseil de surveillance et de président du conseil de

É
surveillance : le conseil de surveillance élit parmi ses membres un président et un vice-pré-
sident. À peine de nullité de la nomination, le président et le vice-président doivent être
des personnes physiques. Robert peut être cumulativement MCS et président du conseil de
surveillance sous réserve d’être élu.

G
B. Cumul du mandat de membre du conseil de surveillance et de président du directoire :
aucun membre du conseil de surveillance ne peut faire partie du directoire. Les membres du
directoire sont nommés par le conseil de surveillance qui désigne le président du directoire.
L’incompatibilité prévue par la loi interdit à Robert d’être président du directoire tout en
étant membre du conseil de surveillance.

I
18   Nombre des membres du directoire
Principe : le nombre est fixé par les statuts, à défaut, par le conseil de surveillance. La loi
prévoit des seuils :

R
A. La société avait un capital de 120 000 _ : le capital étant inférieur à 150 000 _, le
directoire peut se composer exceptionnellement d’une seule personne (au lieu de deux mini-
mum) ; appelée « directeur général unique ».
B. La société avait un capital de 300 000 e : le nombre pouvait se situer entre deux et cinq

R
membres du directoire.
C. La société est cotée : le nombre peut se situer entre deux et sept membres du directoire.
19   Durée du mandat d’un membre du directoire
A. Dans le silence des statuts, la durée du mandat est de quatre ans, le mandat de Paul

O
expirera au 1er avril N+4
B. La durée des fonctions du directoire peut être fixée par les statuts dans des limites com-
prises entre deux et six ans. La durée de sept ans prévue par les statuts est illégale : elle sera
réputée non écrite, on devra lui substituer la durée de quatre ans. Paul terminera son mandat
au 1er avril de N+4 ;
C. Le durée du mandat est fixée par les statuts à cinq ans, la clause est légale. Paul terminera
son mandat le 1er avril de N+5.
C
20   Révocation d’un membre du directoire et de son président
A. Légalité des deux révocations :
–– la révocation du président du directoire est de la compétence du conseil de surveillance,
à tout moment. Cette révocation de M. Fier est légale ;
–– la révocation de membre du directoire : alors que la nomination des membres du direc-
toire relève de la compétence du conseil de surveillance, leur révocation ne peut être
prononcée que par l’assemblée générale sur proposition du conseil de surveillance.
Cette révocation de M. Fier est illégale puisqu’elle a été votée par le conseil de surveil-
lance au lieu du vote par l’assemblée.
B. Réparation du préjudice du fait des deux révocations :
–– le pouvoir de révocation de la qualité de président du directoire par le conseil de sur-
veillance est discrétionnaire. Le président du directoire ne saurait prétendre à des dom-

259
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

mages-intérêts même si la révocation est prononcée sans juste motif ;


–– la révocation d’un membre du directoire est libre. Toutefois, s’il est révoqué sans juste
motif, il est en droit de demander à la société des dommages-intérêts pour le préjudice
qu’il subit de ce fait. Apparemment il n’y a pas de juste motif de révocation : il n’a pas
commis de faute (la société a connu un développement régulier, elle est bénéficiaire).
É

Cependant il a été jugé qu’une divergence de vue sur la gestion de la société survenant
entre le nouveau groupe majoritaire et un membre du directoire constitue un juste motif
de révocation (CA Angers 22.11.1983). Dans le cas de M. Fier, on peut lui conseiller
d’intenter une action en dommages-intérêts. Le tribunal appréciera souverainement la
G

notion de juste motif en fonction des circonstances de fait.


C. Maintien du contrat de travail du membre du directoire révoqué : la révocation de ses
fonctions de membre du directoire ne met pas fin au contrat de travail que l’intéressé a
conclu avec la société. M. Fier continuera d’occuper ses fonctions salariales.
I

21   Changement du mode d’organisation et incidence sur le terme du mandat de membre du


directoire : en cas de changement du mode d’administration de la société par substitution de
la formule du conseil d’administration par celle du directoire, les mandats des dirigeants de
l’ancienne organisation prennent fin. Les membres du directoire ne peuvent pas prétendre
R

que la suppression de leur poste résultant de ce changement constitue une révocation sans
juste motif, sauf si ce changement a été décidé dans le seul but de leur nuire.
Bernard n’obtiendra pas de dommages-intérêts pour révocation sans juste motif sauf s’il
arrive à démontrer une révocation abusive c’est-à-dire que le changement a eu pour objectif
unique de l’évincer de son poste.
R

22   Cumul d’un mandat dans une SA à directoire avec un contrat de travail


A.  Par un membre du conseil de surveillance  : les membres du conseil de surveillance
peuvent, dans la limite du tiers des membres en fonction, cumuler leur mandat avec un
contrat de travail dans la société, même s’ils sont déjà en fonction. Le contrat de travail doit
O

correspondre à un emploi effectif, ses fonctions doivent être distinctes de celles de membre
du conseil de surveillance et l’intéressé doit être placé dans un état de subordination. Sté-
phan, sous réserve de remplir les conditions ci-dessus, pourra conclure un contrat de travail
avec la société tout en étant membre du conseil de surveillance. Ce contrat est une conven-
tion réglementée soumise à autorisation du conseil de surveillance et ratification par AGO.
C

B. Par un membre du directoire : l’un des avantages de la formule à directoire de la société


anonyme consiste dans la possibilité pour un membre du directoire d’être en même temps
salarié de la société : il peut être nommé membre du directoire alors qu’il est déjà salarié ou
devenir salarié alors qu’il est déjà membre du directoire comme Stéphan. Le contrat de tra-
vail n’est valable que s’il correspond à un emploi effectif, à des fonctions distinctes de celles
exercées dans le cadre de la direction de la société et si l’intéressé est placé dans un état de
subordination à l’égard de la société. Comme le directoire est un organe collégial, l’octroi du
contrat de travail est subordonné à l’accord des membres du directoire statuant à la majo-
rité prévue dans les statuts pour la validité des décisions du directoire. Le contrat de travail
conclu alors que l’intéressé est déjà membre du directoire est une convention réglementée
soumise à la procédure prévue en pareil cas (autorisation par le conseil de surveillance et
ratification par l’assemblée générale ordinaire).

260
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

S
Exercices d’application
CAS 29 Blum

É
1) Vérification des conditions de constitution de la SA
• Le nombre d’associés doit être au minimum de sept actionnaires, ils sont sept.
• Le capital minimum doit être de 37 000 F, il est de 570 000 F.

G
• Le capital doit être libéré de la moitié du montant nominal des actions, il a été libéré aux trois
quarts, dans les cinq ans à compter de l’immatriculation, il devra être intégralement libéré.
• L’activité de la SA doit être licite : c’est le cas de la fabrication de vêtements.
• La présence d’un commissaire aux comptes est obligatoire : M. Linar a été nommé.

I
2) Légalité de la composition du conseil d’administration
Les statuts fixent le nombre des administrateurs qui doivent être au minimum trois et au maxi-
mum 18. Les administrateurs peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales
(dans ce cas, un représentant permanent, M. But, a été désigné par la personne morale, la SARL

R
Shoot, administrateur). Ils choisissent parmi eux un président, obligatoirement une personne phy-
sique qui ne doit pas dépasser 65 ans dans le silence des statuts. La loi n’exige plus qu’ils soient
actionnaires de la société mais les statuts peuvent l’exiger. Le CA doit rechercher dans sa compo-
sition une représentation équilibrée des hommes et des femmes. D’autres conditions doivent être
remplies que le cas ne permet pas de vérifier (capacité, âge, cumul de mandats, durée du mandat,

R
organe de nomination).
Dans le cas, les statuts ont fixé à six le nombre d’administrateurs : ils sont cinq personnes phy-
siques et une personne morale. Le président du conseil d’administration est une personne phy-
sique âgée de 64 ans. Ils sont tous actionnaires de la société mais ce n’est pas obligatoire (sauf

O
si les statuts l’exigent). Sous réserve que les autres conditions non vérifiables soient remplies, la
composition du conseil d’administration est légale. Il y a 2 femmes et 4 hommes administrateurs
: la règle de l’équilibre est respectée.
3) Le changement de président du conseil d’administration et de directeur

C
général
Dans le silence des statuts, l’âge limite du PCA et du DG est de 65 ans. Dans un an, Bernard Blum
devra céder son poste puisqu’il est âgé actuellement de 64 ans. Pour qu’il se maintienne à son
poste, la SA doit envisager une modification statutaire par AGE introduisant une clause fixant la
limite d’âge du PCA et du DG au-delà de 65 ans.
4) Cumul de mandats
Une personne physique ne peut exercer simultanément plus de cinq mandats d’administrateurs
de sociétés anonymes ayant leur siège social sur le territoire français sauf dérogations. Gil Blum
est gérant d’une SARL, mandat qui n’entre pas dans le calcul du cumul ; par contre il est adminis-
trateur d’une SA à Paris et d’une SA en Martinique. Avec le mandat d’administrateur de la société
Blum, il détiendrait trois mandats d’administrateur. Il peut donc occuper valablement ce nouveau
poste d’administrateur.
La même règle de cumul est applicable à la fonction de PCA.

261
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

Une personne physique ne peut exercer qu’un mandat de directeur général sauf dérogations. Gil
Blum n’aurait qu’un mandat de DG (dans la SA Blum). Au total, il ne doit pas dépasser le plafond
global (5) tous mandats confondus (DG, MDD, DGU, ADM, MCS). Gil Blum a 4 mandats au total.
Il peut les exercer valablement.
É

5) Cumul d’un mandat d’administrateur avec un contrat de travail


Un administrateur en fonction ne peut recevoir de la société d’autre rémunération que des jetons
de présence ou une rémunération exceptionnelle pour une mission particulière. Cette disposition
interdit à un administrateur en fonction d’être salarié de la société puisqu’il percevrait un salaire.
G

Cependant, la loi du 22.03.2012 introduit une exception dans les PME (voir exercice d’application
n° 16).
Carole ne peut, en restant administrateur, conclure un contrat de travail. Mais elle peut démission-
ner, signer un contrat de travail et se faire réélire ensuite au conseil d’administration. Elle peut
bénéficier de l'exception légale (il faudra vérifier les seuils concernant la société).
I

6) Cooptation d’un administrateur


En cas de vacance, par décès ou par démission, si le nombre d’administrateurs devient inférieur
au minimum statutaire, sans toutefois être inférieur au minimum légal, le conseil d’administration
R

doit procéder à la nomination d’administrateur(s) à titre provisoire en vue de compléter son effec-
tif dans le délai de trois mois à compter du jour où se produit la vacance.
Les nominations effectuées par le conseil sont soumises à ratification de la plus prochaine assem-
blée générale ordinaire. À défaut de ratification, les délibérations prises et les actes accomplis
R

antérieurement par le conseil d’administration demeurent valables.


Lorsque le conseil néglige de procéder aux nominations requises ou de convoquer l’assemblée, tout
intéressé peut demander en justice, la désignation d’un mandataire chargé de convoquer l’assem-
blée générale, à l’effet de procéder aux nominations ou de ratifier les nominations.
Dans le cas, le nombre statutaire des administrateurs est de six, ils ne sont plus que cinq après le
O

décès de Marc Blum. Le conseil doit obligatoirement procéder à son remplacement à titre provi-
soire dans les trois mois du décès et faire ratifier cette nomination par la plus prochaine assemblée
générale ordinaire : il s’agit d’un cas de cooptation obligatoire.
C

CAS 30 Père Boulange


1) Opérations juridiques nécessitées par l’arrivée d’un nouvel actionnaire
• Une augmentation de capital de la société par apport en numéraire de 50 000 F, ce qui por-
tera le capital à 170 000 F, entièrement souscrite par M. Pétrin (ce qui nécessitera le vote de
la suppression du droit préférentiel de souscription lors de l’AGE).
• Une modification statutaire : la société anonyme sera dotée pour l’avenir d’un directoire et
d’un conseil de surveillance. Modifiant les statuts, ce changement nécessite un vote en assem-
blée générale extraordinaire.
2) Conséquences du changement du mode d'organisation sur les mandats
d'administrateurs
Le changement du mode d’organisation de la société anonyme met un terme aux mandats des
administrateurs. De nouvelles nominations devront avoir lieu pour doter la société de manda-

262
SA : constitution et statut des organes de gestion 11
C H A PI T R E

S
taires : membres du conseil de surveillance et membres du directoire. Ces nouvelles nominations
feront l’objet des formalités de publicité pour être opposables aux tiers.
Cependant le mandat de commissaire aux comptes ne prend pas fin, il continue sous la nouvelle
organisation en tenant compte de la durée déjà effectuée sous l’ancienne.

É
Dans le cas, Robert Paul perd son mandat de PCA, d’administrateur et de directeur général,
Michel et Loïc Paul, leur mandat d’administrateur. M. Castel conserve son mandat de commissaire
aux comptes.
3) Conditions de nomination du président du conseil de surveillance et de

G
membre du directoire
a) Du président du conseil de surveillance
Il est nommé par le conseil de surveillance, parmi ses membres. Il faut donc qu’il soit préala-
blement membre du conseil de surveillance. Pour cela, il doit être élu par l’assemblée générale

I
ordinaire des actionnaires. Certaines conditions sont requises pour être membre du conseil de
surveillance : capacité de mandataire, non interdit de diriger une société, être actionnaire ou non
de la société (M. Pétrin le sera), respecter le nombre maximum de cumul de mandats (cinq, sauf
dérogations).

R
Dans le cas, M. Pétrin aurait un mandat de membre du conseil de surveillance et un mandat de
président du conseil de surveillance. Seul le mandat de membre du conseil de surveillance est pris
en compte pour appliquer la règle du cumul de mandat.
b) De membre du directoire

R
Il est nommé par le conseil de surveillance. Il n’est pas tenu d’être actionnaire. Il doit être obliga-
toirement une personne physique, avoir la capacité requise pour être mandataire. Il ne doit pas
avoir plus de 65 ans (sauf clause statutaire contraire) ni détenir plus d’un mandat de membre du
directoire ou de directeur général.

O
Le directoire de la SA se compose de 2 membres au moins (exceptionnellement 1) et 5 membres
au plus (7 pour les sociétés cotées).
Rappel : un membre du CS ne peut être simultanément membre du directoire et inversement.
4) Situation la plus stable entre celle d’un membre du conseil de surveillance et
celle d’un membre du directoire
a) Au niveau de la durée du mandat C
• Un membre du conseil de surveillance est élu pour une durée fixée par les statuts, elle ne peut
excéder 6 ans. Il est rééligible.
• Un membre du directoire est élu pour une durée fixée par les statuts entre deux et six ans, à
défaut de clause statutaire, la durée sera de quatre ans. Il est rééligible.
Si les statuts sont conformes à la loi, le statut de membre du conseil de surveillance est plus long
au cours de la vie de la société (six ans) que le mandat de membre du directoire qui est de quatre
ans, à défaut de clause statutaire.
b) Au niveau de la révocation
• Un membre du conseil de surveillance est révocable par AGO à tout moment même si l’ordre
du jour ne prévoit pas la révocation. Elle n’a pas à être justifiée. Le membre du conseil de surveil-
lance n’obtiendra des dommages-intérêts que si sa révocation est abusive, c’est-à-dire entourée de
circonstances injurieuses ou vexatoires.

263
11 SA : constitution et statut des organes de gestion
S C H A PI T R E

• Un membre du directoire est également révocable par AGO sur proposition du conseil de surveil-
lance. Révoqué sans juste motif, il pourra obtenir de la société des dommages-intérêts.
Conclusion : les modalités de révocation d’un membre du directoire lui assure une plus grande
stabilité dans ses fonctions car la société s’expose au versement de dommages-intérêts si la révo-
cation n’est pas justifiée.
É

5) Devenir des anciens administrateurs


Dans l’ancienne organisation, il y avait trois administrateurs au conseil d’administration. Dans
la nouvelle organisation le directoire se composera de deux personnes : Robert Paul et M. Pétrin.
G

Il faudra nommer les membres du conseil de surveillance qui pourraient être Michel et Loïc Paul
(les mêmes conditions de nomination étant requises). Mais devant se composer d’au moins trois
membres, il faudrait nommer un nouveau membre au conseil de surveillance pour respecter la
composition légale (trois membres minimum).
I

6) Cumul d’un mandat de membre du conseil de surveillance ou de membre du


directoire avec un contrat de travail
Un membre du conseil de surveillance y compris le président et un membre du directoire en fonc-
tion peuvent cumuler leur mandat avec celui de salarié de la société sous réserve de remplir les
R

conditions suivantes :
–– pour un membre du conseil de surveillance : occuper un emploi effectif, être placé dans un
état de subordination ; que le nombre des membres du conseil de surveillance titulaires d’un
contrat de travail ne dépasse pas le tiers des membres en fonction ;
R

–– pour un membre du directoire : occuper un emploi effectif ; exercer des fonctions distinctes de
celles de membre du directoire ; qu’il soit placé dans un état de subordination dans l’exercice
de ses fonctions salariales.
Ces contrats de travail sont des conventions réglementées soumises à l’autorisation préalable du
conseil de surveillance et à ratification de l’assemblée générale ordinaire.
O

Dans le cas, M. Pétrin pourrait donc cumuler son mandat de membre du conseil de surveillance ou
de membre du directoire avec un contrat de travail sous réserve de remplir les conditions ci-dessus.

CAS 31 Marin
C

1) Le départ de M. Marin peut résulter :


–– d’une démission donnée par le PDG ;
–– ou d’une révocation décidée par le CA qui a le pouvoir de révoquer le président du conseil
d’administration et le directeur général.
Dans le cas de M. Marin, il s’agit d’une révocation pour divergences stratégiques.
2) La révocation du PDG peut être décidée à tout moment par le CA ; la révocation est libre.
Le juste motif de révocation peut résulter d’une faute de gestion commise par le dirigeant. Même
si elle n’est pas fautive, l’attitude du dirigeant constitue un juste motif de révocation lorsqu’elle
est de nature à compromettre l’intérêt social ou le fonctionnement de la société. La révocation
peut être justifiée par le désir du CA d’orienter la gestion dans un sens auquel s’oppose le diri-
geant. Des divergences stratégiques entre le CA et le directeur général constituent un juste motif
de révocation.
3) La révocation du directeur général décidée sans juste motif peut donner lieu à dommages-intérêts. La
révocation étant justifiée, M. Marin n’obtiendra pas de dommages-intérêts s’il engage une action.

264
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

S
4) Le départ de M. Marin provoque la vacance du poste de président du conseil d’administration,
d’administrateur et de directeur général. Le CA doit nommer à titre provisoire un administrateur
(cooptation si elle est obligatoire), un PCA et un directeur général puisque ces décisions sont de
sa compétence.

É
Chapitre 12

G
SA : fonctionnement

I
Tests de connaissances
1   Personnes compétentes pour convoquer le conseil d’administration. Les statuts fixent
librement les règles relatives à la convocation du conseil d’administration  ; il faut donc

R
s’y référer pour savoir qui a compétence dans cette société pour convoquer le conseil (en
général, c’est le président du CA). Toutefois, la loi a prévu que si le conseil ne s’est pas réuni
depuis plus de deux mois, un groupe d’administrateurs peut, à la condition de représenter
au moins le tiers des membres en fonction, demander au président de convoquer le conseil

R
sur un ordre du jour de la réunion. Les statuts, selon les auteurs, peuvent prévoir des règles
plus strictes (exemples : un délai d’absence de réunion inférieur à deux mois ou une propor-
tion d’administrateurs inférieure au tiers des membres en fonction).
Dans le cas, le délai d’absence de réunion est de trois mois mais Bernard est seul à deman-
der la réunion. Il faudrait qu’un autre administrateur se joigne à lui pour qu’il forme un

O
«groupe» d’administrateurs et qu’ils représentent au moins le tiers (par exemple deux sur
quatre) des membres en fonction. En l’état actuel, il ne peut pas demander la convocation
du conseil d’administration.
Le directeur général, s’il y en a un, peut également demander au président de convoquer le
CA sur un ordre du jour déterminé. Le président devra convoquer le CA. Lieu de convocation.
Les réunions ont lieu au siège social mais les statuts peuvent laisser au conseil toute liberté
pour fixer un autre lieu. Il ne faudra pas que le choix d’un autre lieu ait pour but d’empêcher
C
les administrateurs d’assister à la réunion (pour les empêcher de voter par exemple), sinon il
y aurait abus de droit.
2   Personnes ayant le droit d’assister au conseil d’administration devant arrêter les comptes
de l’exercice. Les administrateurs élus par l’assemblée ou les salariés ; les administrateurs
cooptés (s’il y a eu cooptation) ; le commissaire aux comptes de la société ; deux membres
du comité d’entreprise délégués par celui-ci qui n’auront qu’une voix consultative.
Non-convocation des délégués du comité d’entreprise et conséquence sur la validité de
la délibération du conseil. Le défaut de convocation des délégués du comité d’entreprise
n’entraîne pas la nullité de la délibération du conseil.
La représentation d’un administrateur au conseil. Sauf clause contraire des statuts, un
membre du conseil peut donner mandat à un autre membre de le représenter à une séance
du conseil d’administration. Dans le cas, si les statuts le permettent, la femme de l’adminis-

265
12 SA : fonctionnement
S C H A PI T R E

trateur souffrant pourra le représenter. Sinon, il faudra qu’il donne procuration à un autre
administrateur.
Si la femme de l'administrateur est elle-même administrateur, elle pourra le représenter.
3   Règles de fonctionnement du conseil d’administration et du conseil de surveillance :
É

Conseil d’administration et Conseil de surveillance


Quorum La moitié des membres doivent être présents
Majorité Majorité des membres présents ou représentés (1 membre = 1 voix)
G

4   Calcul du quorum d’un conseil de surveillance. Pour le calcul du quorum, il n’est pas tenu
compte des membres représentés. Dans le cas, le nombre à prendre en compte est de quatre
sur cinq puisque le membre représenté ne compte pas pour le calcul du quorum. Le quorum
sera atteint si les membres du conseil de surveillance sont trois sur quatre ; ils pourront alors
délibérer valablement. Le défaut de quorum peut entraîner la nullité des décisions prises.
I

À noter que sont réputés présents pour le calcul du quorum et de la majorité les adminis-
trateurs qui participent à la réunion du conseil par des moyens de visioconférence et de
télécommunication si les statuts les autorisent.
R

5   Vote d’une décision au conseil d’administration. Les décisions sont prises à la majorité des
membres présents ou représentés. Il s’agit d’un vote « par tête » et non par « représentation
en capital ». En cas de partage des voix, la voix du président est prépondérante sauf si les
statuts ont écarté cette règle. Dans le cas il y a partage des voix (trois contre trois). La voix
du président qui est favorable au projet permettra d’atteindre la majorité nécessaire pour
R

que l’autorisation soit donnée, sauf si les statuts ont écarté la règle de la voix prépondérante
du président.
6   Validité d’une décision du conseil d’administration. Une convention entre la société et l’un
de ses administrateurs est une convention réglementée soumise à autorisation préalable
O

du conseil d’administration. L’administrateur ne doit pas participer au vote. La décision est


annulable puisque les règles concernant le vote de l’administrateur et la majorité n’ont pas
été respectées.
7   Règles légales de quorum et de majorité concernant le fonctionnement d’un directoire.
La loi ne prévoyant aucune règle, le fonctionnement du directoire est organisé par les sta-
C

tuts. Cependant, le législateur a prévu qu’en l’absence de dispositions statutaires, les déci-
sions du directoire ne sont pas subordonnées à l’existence d’un quorum et peuvent être
prises à la majorité (cas d’espèce).
8   Convocation de l’assemblée générale annuelle. L’assemblée doit être convoquée par le
conseil d’administration dans les six mois de la clôture de l’exercice. À défaut, elle peut être
convoquée :
–– par les commissaires aux comptes ;
–– par un mandataire désigné en justice par le président du tribunal de commerce à la
demande de tout intéressé en cas d’urgence, d’un ou plusieurs actionnaires représen-
tant au moins 5 % du capital social, d’une association d’actionnaires de la société si
celle-ci est cotée en bourse ;
–– par le liquidateur ;
–– par les actionnaires devenus majoritaire à la suite d’une OPA, OPE ou d’une cession
de bloc de contrôle.

266
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

S
Ce n’est donc qu’en cas de carence de l’organe compétent chargé de convoquer que la loi
a prévu des organes de substitution. Si le commissaire aux comptes prend l’initiative de
convoquer l’assemblée, il doit avoir préalablement demander en vain sa convocation au
conseil d’administration par lettre recommandée avec demande d’avis de réception et sa
convocation doit être justifiée.

É
Dans le cas, il y a carence du conseil d’administration (l’assemblée aurait dû être convoquée
au plus tard au 30 juin et on se situe au mois de septembre). L’initiative de convocation
émane d’un actionnaire détenant 8 % du capital, il est en mesure seul d’obtenir la désigna-
tion d’un mandataire de justice par le tribunal de commerce. De plus, le tribunal vérifiera

G
si la demande est légitime et conforme à l’intérêt social avant de désigner le mandataire
chargé de convoquer l’assemblée.
Le comité d’entreprise peut également demander en justice la désignation d’un mandataire
chargé de convoquer l’assemblée générale des actionnaires, en cas d’urgence.

I
9   Délai de convocation d’une assemblée générale ordinaire. Sur première convocation, le
délai est d’au moins quinze jours avant l’assemblée ; sur deuxième convocation, le délai est
d’au moins dix jours. Dans le cas, le délai est de cinq jours. Qu’il s’agisse d’une première ou
deuxième convocation, le délai n’a pas été respecté. L’assemblée pourra être annulée par la

R
justice pour cette irrégularité. Il s’agit d’une nullité facultative (le juge apprécie si la nullité
doit ou non être prononcée).
Assistance d’un expert pour la consultation des documents. L’actionnaire peut exercer
son droit de communication au siège social. L’actionnaire est en droit de se faire assister
d’un expert inscrit sur une liste établie par les cours et tribunaux. Il pourra prendre copie

R
des documents, à l’exception de l’inventaire. Dans le cas, l’ami n’est pas autorisé à consulter
les documents sauf s’il est un expert inscrit sur la liste des cours et tribunaux. L’actionnaire
pourra consulter les documents, en prendre copie (sauf pour l’inventaire) et les faire analyser
ensuite par son ami afin de se faire une opinion sur la gestion avant la tenue de l’assemblée.

O
10   Ordre du jour d’une assemblée. L’ordre du jour est fixé par l’auteur de la convocation. Tou-
tefois, la loi prévoit qu’un ou plusieurs actionnaires, représentant au moins 5 % du capital
dans une société anonyme dont le capital est inférieur ou égal à 750 000 e, peut demander
l’inscription de projets de résolution à l’ordre du jour.
La demande doit être envoyée au siège social par lettre recommandée avec demande d’avis
de réception vingt-cinq jours au moins avant la date de l’assemblée réunie sur première
convocation si la société ne procède pas à une offre au public. On ne tient donc pas compte
C
de la date d’envoi de l’avis de réunion. La demande doit être accompagnée du texte des
projets de résolution et, le cas échéant, d’un bref exposé des motifs.
Le président du conseil d’administration ou du directoire doit accuser réception des projets
de résolution, par lettre recommandée, dans le délai de cinq jours à compter de cette récep-
tion.
Les projets doivent être obligatoirement inscrits à l’ordre du jour et soumis au vote de l’as-
semblée, ce qui interdit au conseil d’administration ou au directoire de les écarter éventuel-
lement de l’ordre du jour.
Sanction : les délibérations prises par les assemblées en violation du droit des actionnaires de
faire inscrire des projets de résolution à l’ordre du jour sont nulles de plein droit.
Dans le cas, l’actionnaire a reçu l’avis de convocation dans le délai légal de convocation
(quinze jours avant l’assemblée sur première convocation ou six jours sur deuxième convo-

267
12 SA : fonctionnement
S C H A PI T R E

cation). Il est trop tard pour qu’il puisse adresser son projet qui doit être envoyé vingt-cinq
jours au moins avant la date de l’assemblée. D’autre part, ne détenant que 3 % du capital
d’une société dotée de 150 000 E de capital, il ne détient pas le minimum requis pour
demander une inscription de projets de résolution à l’ordre du jour (il pourrait se regrouper
avec d’autres actionnaires pour atteindre le minimum de 5 %). Les deux conditions requises
É

n’étant pas remplies, Marc ne pourra obtenir l’inscription de son projet à l’ordre du jour.
11   Le vote d’une décision non inscrite à l’ordre du jour. L’assemblée ne peut délibérer que
sur des questions à l’ordre du jour ; toute décision prise en violation de cette règle est nulle
de plein droit sauf si tous les actionnaires étaient présents ou représentés. Par exception,
G

une assemblée peut, en toutes circonstances, révoquer un ou plusieurs administrateurs ou


membres du conseil de surveillance et procéder à leur remplacement.
Dans le cas, tous les actionnaires n’étaient pas présents ou représentés (le quorum était de
80 % des actionnaires) et la décision prise n’était pas la révocation d’un membre du conseil
I

mais une décision d’augmentation de capital. La décision est illégale, elle est frappée d’une
nullité de plein droit.
12   Validité d’une clause limitant l’accès aux assemblées. Tout actionnaire a le droit de parti-
ciper aux assemblées (ordinaires et extraordinaires) ; toute clause contraire est réputée non
R

écrite. Dans le cas, la clause est illégale.


13   Représentation d’un actionnaire. Un actionnaire peut se faire représenter par un autre
actionnaire ou par son conjoint ; toute clause contraire est réputée non écrite. Jeanne pourra
donc donner mandat à son mari pour qu’il la représente à l’assemblée.
R

Vote par correspondance. Tout actionnaire peut voter par correspondance, au moyen d’un
formulaire, quelle que soit la nature de l’assemblée. Toute clause contraire est réputée non
écrite. Sans être présente, Jeanne pourra utiliser le vote par correspondance au moyen d’un
formulaire établi par la société et adressé à Jeanne qui en aura fait la demande. Ce formu-
laire doit être conçu pour que l’actionnaire puisse exprimer son vote sur chacune des résolu-
O

tions proposées. Pour être pris en compte le formulaire doit parvenir à la société trois jours
au moins avant la date de réunion de l’assemblée, sauf délai plus court prévu par les statuts.
Vote par visioconférence ou par des moyens de télécommunication : tout actionnaire qui
participe à l’assemblée par ces moyens sera réputé présent pour le calcul du quorum et de
la majorité si les statuts prévoient l’utilisation de ces moyens.
C

14   Tableau des règles de validité des assemblées


Assemblée générale Assemblée générale
ordinaire extraordinaire
• Sur première convocation : un cinquième • Sur première convocation : le quart des
des actions ayant droit de vote actions ayant droit de vote
Quorum
• Sur deuxième convocation : aucun quo- • Sur deuxième convocation : le cinquième
rum n’est exigé des actions ayant droit de vote
Elle statue à la majorité des voix dont Elle statue à la majorité des deux tiers des
Majorité disposent les actionnaires présents ou voix dont disposent les actionnaires pré-
représentés sents ou représentés

268
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

S
15   Convention de vote. Un contrat par lequel des associés conviennent de voter dans le même
sens est une convention de vote ; il porte aussi le nom de « pacte d’actionnaires ». Il est
légal s’il a une durée limitée dans le temps et s’il n’est pas contraire à l’intérêt social. Si
un des actionnaires ne le respecte pas, les conséquences préjudiciables de son inexécution

É
entraîneront l’octroi de dommages-intérêts pour le cocontractant victime de l’inexécution
préjudiciable. Le pacte d’actionnaires n’est pas opposable (n’a aucun effet juridique) à la
société, ni aux tiers, mais il produit des effets seulement envers ceux qui l’ont signé.
16   Abus de majorité

G
Tout actionnaire est libre de voter comme il l’entend mais les tribunaux tempèrent cette
liberté de vote par la notion d’abus de droit. Ils sanctionnent tout vote abusif c’est-à-dire
contraire à l’intérêt social et émis dans l’unique but de favoriser les membres de la majorité
ou de la minorité.
Dans le cas, la mise en réserve des bénéfices prive l’actionnaire minoritaire de son droit au divi-

I
dende. Le motif invoqué par l’actionnaire majoritaire est certes conforme à l’intérêt social (future
augmentation de capital) mais il se trouve que ce projet n’a pas été réalisé depuis cinq ans. En
pareil cas, des décisions jurisprudentielles ont annulé ce type de délibération pour abus de majorité
par application de la théorie jurisprudentielle de l’abus de droit.

R
Exercices d’application

R
CAS 32 Plastic SA
1) La représentation d’un administrateur personne morale au conseil
d’administration

O
Lors de sa nomination comme administrateur, la personne morale doit désigner un représentant
permanent qui est soumis aux mêmes conditions et obligations et qui encourt les mêmes respon-
sabilités civile et pénale que s’il était administrateur en son nom propre.
Il n’est cependant pas obligatoire que le représentant permanent soit personnellement action-
naire de la société. La loi limite le nombre de ses mandats à 5.
La loi ne précise pas l’organe compétent pour désigner le représentant permanent. Selon les
auteurs, il appartient au directeur général de la SA administrateur de le désigner. Il exercera son
C
mandat pour la durée du mandat d’administrateur de la personne morale.
La rémunération du représentant permanent incombe à la personne morale administrateur (cette
dernière touche les jetons de présence).
En cas de décès, de démission ou de révocation de son représentant permanent, la personne
morale est tenue de notifier sans délai à la société la situation et de donner l’identité du succes-
seur.
Dans le cas, la SA Moules est administrateur personne morale. Le directeur général de celle-
ci devra désigner un représentant permanent qui siègera au conseil d’administration de la SA
Plastic.

269
12 SA : fonctionnement
S C H A PI T R E

2) Personnes à convoquer au conseil d’administration arrêtant les comptes de


l’exercice
• Les membres élus par l’assemblée générale : dans le cas, MM. Jean, Henri et Paul, et le repré-
sentant permanent de la SA Moules qui sera désigné par le directeur général de la SA Moules.
É

• Le commissaire aux comptes de la société Plastic, M. Jourdan.


• Deux membres du comité d’entreprise.
3) Quorum requis pour la validité des délibérations du conseil
d’administration
G

Le conseil ne délibère valablement que si au moins la moitié de ses membres sont présents. Toute
clause contraire est réputée non écrite.
Pour le calcul du quorum, il n’est pas tenu compte des membres représentés. Dans le cas, les quatre
administrateurs sont présents : le quorum est de deux au moins. Le commissaire aux comptes et
I

les membres du comité d’entreprise n’ont pas voix délibérative (ils ont voix consultative) : ils ne
sont pas pris en compte dans le calcul du quorum.
On rappelle que le défaut de quorum peut entraîner la nullité des délibérations du conseil d’admi-
nistration.
R

4) Majorité au conseil d’administration


Les décisions sont prises à la majorité des membres présents ou représentés. En cas de partage
des voix, celle du président du conseil est prépondérante sauf si les statuts ont écarté cette règle.
Dans le cas, les administrateurs Henri et Paul voteront contre l’arrêté des comptes, les deux autres,
R

dont le président, voteront pour. La voix du président sera prépondérante puisque les statuts n’ont
pas écarté cette règle (ils sont conformes à la loi selon le sujet). L’arrêté des comptes sera adopté.

Lumière
O

CAS 33

1) Convocation, ordre du jour, quorum et majorité de l’AGO annuelle


a) Organe compétent pour la convocation de l’AGO annuelle
L’assemblée générale ordinaire annuelle est convoquée par le conseil d’administration (ou le direc-
C

toire). À défaut, elle peut être convoquée :


–– par les commissaires aux comptes ;
–– par un mandataire désigné en justice par le président du tribunal de commerce à la demande
de tout intéressé en cas d’urgence, à la demande d’un ou plusieurs actionnaires représentant
au moins 5 % du capital social, à la demande d’une association d’actionnaires de la société si
celle-ci est cotée en bourse ;
–– par le liquidateur ;
–– par les actionnaires devenus majoritaires à la suite d’une OPA, OPE ou d’une cession de bloc
de contrôle ;
–– par le conseil de surveillance dans la SA à directoire.
Le comité d’entreprise peut demander en justice la désignation d’un mandataire chargé de convo-
quer l’assemblée générale des actionnaires en cas d’urgence.
Dans le cas, il appartient au conseil d’administration de la SA Lumière de convoquer l’assemblée.

270
SA : fonctionnement 12
C H A PI T R E

S
b) Ordre du jour de l’assemblée générale ordinaire générale obligatoire
L’ordre du jour est arrêté par l’auteur de la convocation. Dans le cas, les résolutions suivantes
doivent y figurer :
–– l’approbation des comptes de l’exercice ;

É
–– l’affectation du résultat de l’exercice ;
–– autres résolutions mises à l’ordre du jour par le CA ou inscrites à l’ordre du jour par les action-
naires (éventuellement).
c) Calcul du quorum et de la majorité de l’assemblée générale ordinaire

G
• Quorum : sur première convocation le quorum est du cinquième des actions ayant droit de vote,
soit 200 actions dans le cas (sur deuxième convocation, aucun quorum n’est exigé).
• Majorité : l’assemblée statue à la majorité des voix dont disposent les actionnaires présents ou
représentés, soit 501 actions dans le cas.

I
2) Participation d’un actionnaire minoritaire à l’assemblée générale
ordinaire annuelle
Tout actionnaire a le droit de participer aux assemblées ; toute clause contraire est réputée non écrite.

R
Des limites légales existent pour les actions non libérées, les actions sans droit de vote.
Dans le cas, les statuts sont conformes à la loi. Malgré sa faible participation au capital (2 % =
20 actions), Benjamin pourra participer à l’assemblée.
3) Ordre du jour d’une assemblée et révocation d’un administrateur

R
L’assemblée ne peut délibérer que sur des questions à l’ordre du jour : toute décision prise contrai-
rement à cette règle serait nulle de plein droit (sauf si tous les actionnaires étaient présents ou
représentés). Par exception, une assemblée peut, en toutes circonstances, révoquer un ou plu-
sieurs administrateurs et procéder à leur remplacement.
Dans le cas, les actionnaires minoritaires souhaitent révoquer Pierre, administrateur au cours de

O
l’assemblée. Cette révocation, bien que non prévue à l’ordre du jour, pourrait être décidée vala-
blement à condition que la majorité ordinaire (501 actions) se dégage. Par ailleurs, il convient de
rappeler qu’un ou plusieurs actionnaires, représentant au moins 5 % du capital (quand le capital
est inférieur ou égal à 750 000 e), peuvent requérir l’inscription de projets de résolution à l’ordre
du jour. Ils pourront solliciter l’inscription de la révocation de l’administrateur.
4) Non-convocation d’un actionnaire à une assemblée – vote par visio-conférence C
Toute assemblée irrégulièrement convoquée peut être annulée sauf si tous les actionnaires sont
présents ou représentés. La preuve de l’absence de convocation doit être rapportée par celui qui
se prétend libéré d’une obligation (Cass. 10.11.2009). C’est donc au CA de rapporter la preuve
qu’il a bien convoqué Yvette. L’assemblée est donc annulable puisqu’Yvette n’a pas pu y participer.
Le vote par visioconférence est autorisé si les statuts le prévoient. Dans le cas, les statuts étant
conformes à la loi, le vote par visioconférence n’est pas possible.
Pour ces deux raisons, Yvette peut demander en justice l’annulation de l’assemblée générale
tenue irrégulièrement. Il s’agit d’une nullité facultative : le juge apprécie s’il y a lieu ou non de
prononcer la nullité.
5) Délai pour agir en annulation d’une assemblée
L’action en nullité se prescrit par 3 ans à compter du jour de l’assemblée ou de sa révélation.
Yvette devra respecter ce délai de prescription pour valider son action en justice.

271
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
S C H A PI T R E

6) Sanction pour non-convocation d’un actionnaire à l’assemblée générale


obligatoire
Le conseil d’administration engage sa responsabilité civile délictuelle pour violation de la loi.
Une sanction pénale est prévue à l’encontre du président et des administrateurs seulement en cas
É

de non soumission à l’approbation de l’assemblée générale des comptes annuels et du rapport


de gestion (une peine de 9 000 _ et 6 mois d’emprisonnement). Pierre n’encourt pas de sanction
pénale puisque l’assemblée générale d’approbation des comptes a eu lieu.
G

Chapitre 13
SA : pouvoirs des organes dirigeants
I

et pouvoirs des assemblées


R

Tests de connaissances
1   Compétence des organes sociaux d’une société anonyme
R

Décisions Conseil Conseil Directoire


d’administration de surveillance
La convocation des assemblées X X
L’établissement des comptes annuels X X
O

L’autorisation des conventions réglementées X X


L’augmentation de capital X X
sur délégation sur délégation
de l’AGE de l’AGE
C

L’autorisation d’une caution donnée par la X X


société à un tiers
La révocation du président du CA X
Nomination, révocation du DG, du directeur X
général délégué
La nomination des membres du directoire X
La cooptation des membres du conseil X X
L’élaboration du rapport de gestion de l’exercice X X
La vérification de la gestion du directoire X
2   Pouvoir de représentation de la société envers les tiers : A dans la SA avec conseil d’admi-
nistration : le directeur général représente la société dans ses rapports avec les tiers ; B dans
la SA avec conseil de surveillance : le président du directoire ou, le cas échéant, le directeur
général unique représente la société dans ses rapports avec les tiers.

272
SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 13
C H A PI T R E

S
3   Pouvoirs du directeur général d'une SA avec conseil d'administration
Le directeur assume, sous sa responsabilité, la direction générale de la société ; il représente
la société dans ses rapports avec les tiers. Sous réserve des pouvoirs que la loi attribue
expressément aux assemblées d’actionnaires ainsi que des pouvoirs qu’elle réserve de façon

É
spéciale au conseil d’administration, et dans la limite de l’objet social, le président est investi
des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société.
Dans les rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du directeur
général qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que

G
l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, étant
exclu que la seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve.
Les dispositions des statuts ou les décisions du conseil d’administration limitant ces pouvoirs
sont inopposables aux tiers.
A. L’achat d’un local pour entreposer les stocks de produits fabriqués par l’entreprise d’un

I
montant de 12 000 _ : la décision entre dans le cadre de l’objet social et son montant est
dans la limite des statuts. Le directeur général engage la société envers le vendeur du local ;
il peut valablement passer ce contrat seul.

R
B. L’achat de matières premières nécessaires à la production de la société pour 22 000 _ :
l’engagement dépassant 20 000 _, le directeur général doit solliciter l’accord des associés.
Conséquences vis-à-vis des tiers : les dispositions des statuts limitant les pouvoirs du direc-
teur général sont inopposables aux tiers ; le contrat engage la société si le directeur général
conclut le contrat sans solliciter l’accord des associés. Conséquences à l’égard de la société

R
et des actionnaires : le directeur général a commis une faute en ne respectant pas les limites
statutaires (violation des statuts), sa responsabilité civile pourrait être mise en cause dans le
cas où l’achat est préjudiciable pour la société.
C. Donner la caution de la société au profit d’un ami du directeur général qui a souscrit un
prêt personnel : les cautions, avals et garanties donnés par des sociétés autres que celles

O
exploitant des établissements bancaires ou financiers doivent être autorisés par le conseil
d’administration  ; le directeur général outrepasse ses pouvoirs en empiétant sur ceux du
conseil d’administration, ceci rend le cautionnement inopposable à la société sans que le
tiers, qui ne peut ignorer les restrictions légales aux pouvoirs du directeur général, puisse

C
invoquer un mandat apparent.
D. Augmenter le capital social de 30 000 _ : l’assemblée des actionnaires ou le CA sur
délégation de l’AGE sont seuls compétents pour décider une telle opération qui modifie les
statuts. L’opération si elle est réalisée par le directeur général seul est nulle.
4   Assemblée compétente :
Décisions AGO AGE
Nomination des membres du CA ou du CS X
Fixation des jetons de présence X
Ratification des conventions réglementées X
Révocation des membres du directoire X
Augmentation du capital X

273
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
S C H A PI T R E

Changement d’organisation de la SA X
Transfert du siège social X
Approbation des comptes annuels X
É

Paiement du dividende en actions X


Émission d’obligations ordinaires X
Émission d’obligations avec bons de souscription d’actions X
Affectation du résultat de l’exercice X
G

5   Nomination – Révocation du commissaires aux comptes


A. Les commissaires aux comptes sont désignés dans les statuts si la société ne procède
pas à une offre au public ; par l’assemblée constitutive dans le cas contraire. Au cours de
la vie sociale, ils sont nommés par l’assemblée générale ordinaire. À défaut de nomination
I

par l’AGO, tout actionnaire peut demander en justice la désignation d’un commissaire aux
comptes.
B. En cas de faute ou d’empêchement, les commissaires aux comptes peuvent être relevés de
leurs fonctions avant l’expiration normale de celles-ci par décision de justice à la demande :
R

– du conseil d’administration ou du directoire ;


– d’un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital social ;
– par une association d’actionnaires dans les sociétés cotées ;
– par l’assemblée générale ;
– par le comité d’entreprise ;
R

– par le ministère public ;


– par l’ AMF si la société procède à une offre au public.
6   Achat par une société anonyme d’un terrain appartenant à un actionnaire
L’assemblée générale ordinaire est compétente si l’acquisition du bien a lieu dans les deux
O

ans de l’immatriculation et si sa valeur est au moins égale à 10 % du capital.


Dans le cas, la valeur du bien représente plus de 10 % du capital (un tiers) mais on ne
connaît pas la date éventuelle d’acquisition par rapport à l’immatriculation de la société.
Deux hypothèses sont envisageables :
C

–– le bien est acquis dans les deux années qui suivent l’immatriculation, le directeur
général doit soumettre cet achat au vote de l’assemblée générale ordinaire. L’action-
naire vendeur est interdit de vote : ses actions ne sont pas prises en compte pour le
calcul du quorum ni pour celui de la majorité ;
–– le bien est acquis après deux ans de l’immatriculation, le directeur général peut
acheter seul ce terrain sauf si les statuts ou le conseil d’administration ont limité ses
pouvoirs. S’il excédait ses pouvoirs, la société resterait engagée envers le vendeur
(tiers) mais le directeur général pourrait engager sa responsabilité si la vente se révé-
lait préjudiciable pour la société.
7   Conclusion d’un contrat de travail avec un membre du conseil de surveillance par le pré-
sident du directoire. Toute convention intervenant entre une société et l’un des membres
du directoire ou du conseil de surveillance de cette société doit être soumise à l’autorisation

274
SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 13
C H A PI T R E

S
préalable du conseil de surveillance ; il s’agit d’une convention réglementée. Le membre du
conseil de surveillance intéressé ne peut prendre part au vote sur l’autorisation sollicitée.
Le président du directoire n’a pas le droit de signer ce contrat de travail sans avoir obtenu
l’autorisation préalable du conseil de surveillance.

É
8   Organe compétent et majorité requise
A Le déplacement du siège social d’une société anonyme en Suisse : il s’agit d’une modifica-
tion statutaire (changement de siège donc de nationalité) qui nécessite le vote en assemblée
générale extraordinaire. Le changement de nationalité résultant du transfert du siège social
dans un pays étranger exige un vote à l’unanimité des actionnaires (sauf si une convention

G
existe entre la France et le pays du transfert permettant d’acquérir la nationalité).
B La transformation de la société anonyme en société en nom collectif : il s’agit d’une modi-
fication statutaire (changement de forme juridique) ; un vote en assemblée générale extra-
ordinaire est nécessaire. L’engagement des actionnaires sera accru puisqu’ils auront une

I
responsabilité indéfinie et solidaire à l’avenir : la loi exige dans ce cas que le vote ait lieu à
l’unanimité et non pas à la majorité des deux tiers.

Exercices d’application

R
CAS 34 SA Plaisance

R
1) Pouvoirs du directeur général
La direction générale de la société peut être assumée par le PCA, ce dernier se verra appliquer les
dispositions relatives au directeur général. Le PCA organise et dirige les travaux du CA ; il veille au
bon fonctionnement des organes de la société.

O
La loi attribue au directeur général les pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance
au nom de la société sous réserve que l’acte entre dans l’objet social et ne soit pas de la compé-
tence des assemblées générales ou du conseil d’administration. Par ailleurs, le directeur général
assume, sous sa responsabilité, la direction générale de la société ; il représente la société dans ses
rapports avec les tiers. Envers les tiers, la société est engagée par les actes du directeur général qui
ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que l’acte dépassait
cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances (la seule publication des
C
statuts ne suffit pas à établir cette preuve). Les clauses statutaires ou les décisions du conseil
d’administration limitant les pouvoirs du directeur général sont inopposables aux tiers.
a) Signature du contrat de conseiller technique
Cet acte entre dans le cadre de l’objet social. Il n’est pas de la compétence des assemblées ou du
conseil d’administration. De par sa fonction de représentation, le directeur général est habilité
à signer ce contrat et la société est engagée vis-à-vis de Loïc Perron (tiers vis-à-vis de la société).
b) Projet de création d’un GIE avec la SA Mistral
Pour les mêmes raisons que précédemment, cet acte constitutif d’un GIE peut être signé par le
directeur général puisqu’il entre dans le cadre de l’objet social (la recherche étant le prolongement
de l’activité de la société).

275
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
S C H A PI T R E

2) Emprunt assorti d’une hypothèque


Le conseil d’administration a des attributions légales qui limitent le pouvoir du directeur général,
notamment, il doit autoriser les cautions, avals, garanties donnés par la société au profit de tiers.
L’emprunt entre dans le cadre de l’objet social : réalisation de la future production de bateaux. Le
É

directeur général est compétent pour le souscrire. Cependant, l’hypothèque est une garantie réelle
consentie au banquier prêteur (tiers). Le conseil d’administration devra autoriser cette hypothèque
et le directeur général devra produire auprès du banquier le procès-verbal du conseil d’adminis-
tration l’autorisant à la consentir. Au cas où cette autorisation ne serait pas donnée, la société ne
serait pas engagée.
G

3) Augmentation de capital
Toutes les décisions modifiant les statuts sont de la compétence de l’assemblée générale extraor-
dinaire. Depuis l’ordonnance de 2004, l’AGE peut déléguer sa compétence au conseil d’adminis-
tration : elle doit cependant en fixer le plafond et la durée.
I

La réalisation de l’augmentation de capital est de la compétence du conseil d’administration sur


délégation de l’assemblée générale extraordinaire.
4) Changement d’organisation de la société anonyme
R

Le passage de l’organisation d’une SA avec conseil d’administration à celle d’une SA à directoire


est une modification statutaire (les modalités de fonctionnement changent, elles sont une men-
tion obligatoire des statuts). Le changement est donc de la compétence d’une assemblée générale
extraordinaire.
R

Rappel : Les mandats des organes de gestion cessent à cette occasion. Il faudra nommer les
nouveaux organes de gestion (directoire) et de contrôle (conseil de surveillance) mais le mandat
du commissaire aux comptes se poursuit jusqu’à son terme avec la nouvelle organisation.

5) Pouvoirs du directoire
O

La définition légale des pouvoirs du directoire est identique à celle des pouvoirs du directeur
général ; le pouvoir de représentation de la société vis-à-vis des tiers est conféré au président du
directoire. Une différence importante  : le directoire est un organe collégial ce qui signifie que
les membres du directoire doivent agir collégialement. Toutefois, pour éviter une trop grande
C

lourdeur dans la direction, les membres du directoire peuvent, avec l’autorisation du conseil de
surveillance, et sauf clause contraire des statuts, se répartir entre eux les tâches de direction. Mal-
gré cette répartition, les actes individuels de chaque membre du directoire sont réputés avoir été
accomplis collégialement. Ils engagent donc le directoire tout entier.
Il a été jugé que la fonction de président du directoire ne confère pas à son titulaire un pouvoir
de direction plus étendu que celui des autres membres du directoire mais seulement la mission de
représenter la société dans ses rapports avec les tiers.
M. Vent aura donc moins de pouvoir en sa qualité de membre du directoire. Il ne pourra pas être
seul membre du directoire puisque la société a un capital de 180 000 _. (Rappel : lorsque le
capital social est inférieur à 150 000 _, le directoire peut être composé d’une seule personne qui
prend le titre de directeur général unique.)
6) Obligations du directoire vis-à-vis du conseil de surveillance
a) Rapport trimestriel
Une fois par trimestre au moins, le directoire doit présenter un rapport au conseil de surveillance.

276
SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées 13
C H A PI T R E

S
b) Établissement des comptes annuels
Dans le délai de trois mois à compter de la clôture de chaque exercice, le directoire doit arrêter
les comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe) de la société et les communiquer au
conseil de surveillance, pour lui permettre d’exercer son contrôle. Dans le même délai, il doit lui

É
soumettre, le cas échéant, les comptes consolidés.
c) Rapport sur les comptes annuels
Le directoire doit communiquer au conseil de surveillance le rapport qu’il présentera à l’assemblée
générale ordinaire appelée à statuer sur les comptes de l’exercice écoulé.

G
7) Participation du président du conseil de surveillance à la gestion de la société
par le directoire
Le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion du directoire. Il peut, à toute
époque de l’année, effectuer les vérifications et contrôles qu’il juge opportuns. Le conseil de sur-

I
veillance présente à l’assemblée générale ses observations sur le rapport de gestion du directoire
ainsi que sur les comptes de l’exercice.
Le président du conseil de surveillance rend compte, dans un rapport à l’assemblée générale joint
au précédent, des conditions de préparation et d’organisation des travaux du conseil ainsi que des

R
procédures de contrôle interne mises en place par la société.
Ce contrôle est indépendant de celui qui incombe aux commissaires aux comptes : il porte un
jugement sur la régularité des comptes mais aussi sur l’opportunité des actes de gestion du
directoire.

R
Le contrôle de la gestion ne doit pas entraîner une immixtion dans cette gestion sinon les membres
du conseil de surveillance pourraient être qualifiés de «dirigeants de fait» et encourir une respon-
sabilité plus grande que celle qui leur incombe.
M. Vic devra s’en tenir au contrôle de la gestion de la SA par le directoire car aucun membre du
conseil de surveillance ne peut faire partie du directoire et inversement (incompatibilité légale).

O
CAS 35 Bonzini
1) Ordre du jour obligatoire de l’assemblée générale annuelle
L’AGO est compétente pour toutes les questions relatives aux comptes de l’exercice écoulé. Elle
doit approuver les comptes sur le rapport du CA et celui du commissaire aux comptes et procéder
C
à l’affectation du résultat.
• Deux résolutions devront obligatoirement figurer à l’ordre du jour : l’approbation des comptes
et l’affectation du résultat.
• Date de convocation de l’AGO annuelle : L’assemblée générale ordinaire est réunie au moins
une fois par an, dans les six mois de la clôture de l’exercice, sous réserve de prolongation de ce
délai par décision de justice. Dans le cas, l’exercice social est clôturé au 31.12.N. L’assemblée doit
se tenir au plus tard le 30.06 N+1. Exceptionnellement plus tard, sur décision de justice.
• Délai légal de convocation : les actionnaires doivent être convoqués :
–– au moins 15 jours avant la tenue de l’assemblée, sur première consultation ;
–– au moins 10 jours sur 2e consultation (décret du 23.06.2010).

277
13 SA : pouvoirs des organes dirigeants et pouvoirs des assemblées
S C H A PI T R E

2) Ordre du jour
Une assemblée générale ordinaire est compétente pour toute décision autre que la modification
des statuts
L’assemblée générale extraordinaire est seule habilitée à modifier les statuts dans toutes leurs
É

dispositions. Toute clause contraire est réputée non écrite.


Dans le cas l’AGO est compétente :
–– pour l’augmentation des jetons de présence des administrateurs (montant global pour l’en-
semble des administrateurs, le CA étant compétent pour la répartition entre eux) ;
G

–– pour renouveler le mandat du commissaire aux comptes.


L’AGE est compétente pour la transformation de la SA en SAS car il s’agit de modifier la clause des
statuts qui fixe la forme juridique de la société.
M. Bonzini pourra convoquer une seule AG dite « mixte » qui devra délibérer sur des points ordi-
naires et extraordinaires (à des majorités différentes selon les points).
I

3) Ratification d’une convention réglementée – Rôle du commissaire aux comptes


• Ratification d’une convention réglementée : toute convention intervenant directement entre
la société et l’un de ses administrateurs doit être soumise à l’autorisation préalable du conseil
R

d’administration. L’intéressé est tenu d’informer le conseil. Il ne peut prendre part au vote sur
l’autorisation sollicitée. Le président du conseil d’administration donne avis aux commissaires
aux comptes de cette convention autorisée et soumet celle-ci à l’approbation de l’assemblée
générale. L’intéressé ne peut pas prendre part au vote et ses actions ne sont pas prises en
compte pour le calcul du quorum et de la majorité.
R

Le contrat de travail conclu entre la société et l’administrateur est une convention réglemen-
tée, toute modification de ce contrat doit être autorisé par le conseil d’administration et rati-
fiée par l’assemblée générale. M.  Bonzini doit porter la ratification de cette convention à
l’ordre du jour.
O

• Rôle du commissaire aux comptes au cours de l’assemblée : Le commissaire aux comptes


rend compte de sa mission de contrôle dans un rapport sur les comptes annuels qu’il doit
présenter à l’assemblée.
Le commissaire aux comptes présente, sur les conventions règlementées, un rapport spécial à
l’assemblée, qui statue sur ce rapport. M. Heid devra établir et présenter à l’assemblée géné-
C

rale son rapport sur les comptes annuels et le rapport spécial sur la convention réglementée
portant la modification du contrat de travail d’un administrateur.
4) Publicité du procès-verbal de l’assemblée générale
Les sociétés par actions sont tenues de déposer un exemplaire au greffe du tribunal pour être
annexé au registre du commerce et des sociétés, dans le mois (2 mois en cas de dépôt électro-
nique) qui suit l’approbation des comptes annuels par l’assemblée ordinaire des associés, un
exemplaire :
–– des comptes annuels et du rapport du commissaire aux comptes sur les comptes annuels
(le dépôt du rapport de gestion est supprimé par la loi du 22.3.2012 sauf pour les sociétés
cotées), art. L232-23 ;
–– de la proposition d’affectation du résultat soumis à l’assemblée et de la résolution d’affecta-
tion votée.
M. Bonzini devra donc effectuer seulement le dépôt des documents ci-dessus au greffe du registre
du commerce et des sociétés mais pas l’intégralité du procès-verbal de l’assemblée. NB : Le défaut
de cette publicité n’est plus sanctionné pénalement.

278
SA : responsabilité civile des mandataires sociaux 14
C H A PI T R E

S
Chapitre 14
SA : responsabilité civile
des mandataires sociaux

É
Tests de connaissances

G
1 Détermination des cas de responsabilité
A.  défaut d’autorisation du conseil d’administration pour une convention réglementée  :
infraction à la loi ;
B. compte courant d’associé débiteur : c’est une convention interdite : infraction à la loi ;

I
C. conclusion d’un contrat au-delà d’une limite statutaire : violation des statuts ;
D. obtention d’un prêt à des conditions trop onéreuses pour la société : faute de gestion ;
E. absence de souscription d’un contrat d’assurance pour la société : faute de gestion ;

R
F. voyage d’agrément payé par la société : infraction à la loi (abus de biens sociaux).
2 Non-convocation de l’assemblée générale annuelle d’une SA
A. cas de responsabilité : infraction à la loi ; en effet, la loi oblige le conseil d’administration,
dans les six mois de la clôture de l’exercice, de convoquer l’assemblée générale des action-

R
naires devant statuer sur les comptes annuels (une prolongation du délai est possible sous
certaines conditions) ;
B. personnes responsables : les membres du conseil d’administration ;
C. qualification de leur responsabilité : civile et solidaire ;

O
D. conséquence de l’absence de M. Fuite, administrateur, aux séances du conseil : l’absence
injustifiée, loin d’écarter la responsabilité de l’administrateur, constitue une faute (manque
de diligence dans l’exercice de sa mission) sanctionnée par les tribunaux.
3 Responsabilité des membres du conseil de surveillance. Ils sont responsables, à l’égard de
la société ou des tiers, des fautes personnelles qu’ils ont commises dans l’exécution de leur


mandat. La négligence dans la mission de contrôle de la gestion du directoire est une faute :
A. si les irrégularités ont été signalées dans leur rapport à l’assemblée, ils n’en seront pas
C
responsables ;
B.  si les irrégularités n’ont pas été signalées, ils peuvent être déclarés civilement respon-
sables des fautes commises par les membres du directoire si, en ayant eu connaissance, ils
ne les ont pas révélés à l’assemblée générale.
4 Responsabilité d’un membre du conseil de surveillance et direction de fait. Les membres
du conseil de surveillance n’encourent aucune responsabilité en raison des actes de gestion
puisqu’ils ne sont pas des dirigeants. Cependant, s’ils sont qualifiés de dirigeant de fait
(définition jurisprudentielle : toute personne physique ou morale qui, assurant les mêmes
fonctions et les mêmes pouvoirs qu’un dirigeant de droit, exerce en fait, en toute souverai-
neté et en toute indépendance, une activité positive de gestion et de direction), ils subiront
les mêmes responsabilités que les dirigeants de droit.

279
14 SA : responsabilité civile des mandataires sociaux
S C H A PI T R E

Dans le cas, M. Fouine pourrait être qualifié de dirigeant de fait par le tribunal car il a un rôle
déterminant dans la définition stratégique de la société et son fonctionnement (il participe
aux négociations). Le tribunal est souverain pour en décider.
5 A. Personnes pouvant engager la responsabilité du PCA au sein de la société :
É

– le nouveau directeur général de la société ;


– les associés de la société.
B. Type d’action envisageable : l’action sociale puisqu’il s’agit de réparer le préjudice subi par la
société du fait de l’incompétence de l’ancien directeur général. Elle peut être engagée :
– par le nouveau directeur général ;
G

– par un associé agissant individuellement quelle que soit sa fraction de capital  : action
sociale « ut singuli » ;
– par un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital social (ou moins si
le capital est supérieur à 750 000 _).
I

L’action devra être engagée dans le délai de trois ans à compter du fait dommageable ou de
sa révélation s’il a été dissimulé, dix ans si le fait fautif est qualifié crime.
6 Action en responsabilité par une association d’actionnaires. Une association d’action-
naires peut sous certaines conditions être légalement constituée dans une société cotée. Son
R

objectif est de représenter les intérêts des actionnaires minoritaires au sein de la société. La
loi lui a donné la possibilité d’engager l’action sociale en responsabilité civile contre les diri-
geants à condition de détenir au moins 5 % du capital de la société (pourcentage dégressif
si le capital social de la société dépasse 750 000 _).
C’est le représentant légal de l’association (le président) qui est habilité à engager cette
R

action dans le délai de trois ans (ou dix ans si le fait est qualifié crime) du fait dommageable
ou de sa révélation.
7 Conditions d’engagement de l’action sociale en responsabilité civile d’un PCA de SA
A. Action engagée par chaque actionnaire individuellement : il s’agit de l’action sociale ut
O

singuli qui peut être engagée par chaque associé, quelle que soit sa fraction de capital. MM.
Mars et Avril peuvent donc engager cette action séparément.
B. Action engagée par les deux associés : un ou plusieurs actionnaires, s’ils représentent au
moins le vingtième (5 %) du capital social, peuvent charger à leurs frais un ou plusieurs
C

d’entre eux de les représenter pour soutenir, tant en demande qu’en défense, l’action sociale
contre les dirigeants. Le retrait, en cours d’instance, d’un ou plusieurs associés, soit qu’ils
aient perdu la qualité d’associé, soit qu’ils se soient volontairement désistés, est sans effet
sur la poursuite de l’instance.
MM. Mars et Avril peuvent engager l’action sociale puisqu’ils détiennent ensemble 5 % du
capital.

Exercices d’application
CAS 36 Filou
1) Délai de prescription de l’action en responsabilité civile
L’action en responsabilité se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou de sa révé-
lation (dix ans si le fait est qualifié crime).

280
SA : responsabilité civile des mandataires sociaux 14
C H A PI T R E

S
En l’espèce, la découverte du fait dommageable a lieu cinq ans après la commission des faits.
Cependant le délai de prescription court de la révélation du fait fautif s’il a été dissimulé. C’est le
cas ici puisque les irrégularités ont été découvertes à l’ouverture du coffre. Le délai de prescription
n’est donc pas atteint ; l’action en responsabilité peut être engagée.

É
2) La responsabilité fiscale du directeur général
Les dirigeants, de droit ou de fait, qui, par des manœuvres frauduleuses ou par l’inobservation
grave et répétée des obligations fiscales, ont rendu impossible le recouvrement d’impositions
quelconques et des pénalités dues par leur société, peuvent être condamnés personnellement au

G
paiement de ces impositions et pénalités.
L’administration fiscale, après avoir vainement mis en demeure la société de payer la rectification
fiscale, pourra engager la responsabilité du dirigeant si elle rapporte la preuve que les conditions
ci-dessus sont réunies. Le dirigeant paiera alors personnellement la rectification fiscale.

I
CAS 37 Ricard
1) Organes compétents pour la prise de décisions

R
Le directeur général est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au
nom de la société sous réserve que l’acte entre dans l’objet social et ne soit pas de la compétence
des assemblées générales ou du conseil d’administration. Le directeur général assume, sous sa
responsabilité, la direction générale de la société. Il la représente dans ses rapports avec les tiers.

R
Envers les tiers, la société est engagée par les actes du directeur général qui ne relèvent pas de
l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que les tiers savaient que l’acte dépassait cet objet ou
qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances.
Les décisions que le directeur général pouvait prendre seul sont les suivantes : la création d’une
nouvelle unité de production ; le recrutement du personnel ; l’obtention de prêts bancaires ; la

O
construction du circuit automobile.
Ce sont des décisions de gestion qui favorisent le développement de la société ou son image de
marque. Elles relèvent de la compétence légale du directeur général.
Les décisions que le directeur général ne pouvaient pas prendre seul : la fusion et le changement

C
d’organisation de la société avec l’adoption de la SA à directoire qui sont de la compétence d’une
assemblée générale extraordinaire d’actionnaires ; la nomination de son fils en qualité de pré-
sident du directoire qui est de la compétence du conseil de surveillance.
2) Responsabilité encourue
Le directeur général a pris des décisions qui ne relèvent pas de sa compétence, sa responsabilité
civile pour infraction à la loi peut être engagée. Les décisions prises irrégulièrement sont sanction-
nées par la nullité.
3) Sanctions civiles personnelles éventuelles à l’encontre du directeur général
• Paiement de tout ou partie des dettes de la société (action en comblement de passif en cas
d’insuffisance d’actif et de faute de gestion pour certains faits énumérés par la loi).
• Déclaration éventuelle de faillite personnelle entraînant interdictions et déchéances à l’en-
contre du dirigeant.
• Condamnation au paiement de dommages-intérêts.

281
15 Sociétés par actions : régime des conventions
S C H A PI T R E

4) Responsabilité du dirigeant pour les décisions relevant de sa compétence et


ayant entraîné de graves difficultés
Le directeur général aurait pu en être déclaré responsable si les décisions avaient manqué de
prudence ou de diligence de sa part et si elles avaient entraîné un préjudice : une faute de gestion
É

aurait pu être invoquée.


5) Responsabilité comparative d’un membre du conseil de surveillance
et d’un membre du directoire
Les membres du conseil de surveillance sont responsables, à l’égard de la société
G

ou des tiers, des fautes personnelles qu’ils ont commises dans l’exécution de leur
mandat (exemple : négligence dans la mission de contrôle, légèreté lors du vote
des autorisations sollicitées par le directoire).
Ils peuvent être déclarés civilement responsables des délits commis par les
Membre du conseil
membres du directoire si, en ayant eu connaissance, ils ne les ont pas révélés à
I

de surveillance
l’assemblée générale.
Ils n’encourent aucune responsabilité en raison des actes de gestion (sauf s’ils se
sont immiscés dans la gestion).
Leur responsabilité n’est pas solidaire en cas de faute collective (à la différence
R

des administrateurs).
Ce sont les dirigeants de la société. Il sont responsables en cas :
• d’infraction aux lois et règlements ;
Membres • de violation des statuts ;
R

du directoire • de faute de gestion.


Ils peuvent être soumis à la contribution au passif social éventuel. La responsabi-
lité est solidaire en cas de faute collective.
Les membres du directoire ont une responsabilité plus lourde que celle des membres du conseil
de surveillance.
O

Chapitre 15
C

Sociétés par actions : régime des conventions

Tests de connaissances
1   Définition de la convention libre. Convention portant sur une opération courante et
conclue à des conditions normales. Une opération courante est celle effectuée par la société
d’une manière habituelle dans le cadre de son activité. Pour déterminer si une convention
a été conclue à des conditions normales, il convient de tenir compte des conditions dans
lesquelles sont habituellement conclues des conventions semblables non seulement dans la
société en cause mais encore dans les autres sociétés du même secteur d’activité.

282
Sociétés par actions : régime des conventions 15
C H A PI T R E

S
Les conventions courantes n’ont plus à être communiquées aux organes (président, CA, CS)
ni au commissaire aux comptes depuis la loi du 15.05.2011.
2   Tableau de classification d’opérations en convention courante et convention
réglementée

É
Non soumise
Convention
Opérations de sociétés non cotées au régime
réglementée
des conventions
Fixation de la rémunération du président du conseil
X

G
d’administration
Fixation de la rémunération du gérant d’une SCA X
Fixation de la rémunération du président d’une SAS X
Fixation de la rémunération des membres du directoire X

I
NB : Les rémunérations des dirigeants de sociétés cotées sont soumises à la procédure des
conventions réglementées.
3   Détermination de conventions interdites
Les emprunts auprès de la société, les découverts en compte courant ou autrement, les cau-

R
tions, avals donnés par la société pour garantir les engagements personnels des personnes
visées par la loi sont des conventions interdites.
A. un prêt de la société à son président : convention interdite ;
B. un découvert consenti par la société à un membre du directoire : convention interdite ;

R
C. une caution donnée par une SCA au profit de son gérant : convention interdite ;
D. un prêt d’une SAS à son président : convention interdite ;
E. un prêt d’une banque à son président à un taux préférentiel habituel : convention règle-
mentée ;

O
F. une caution donnée par une SA au profit du fils d’un administrateur : convention interdite
(le fils est un descendant) ;
G. un prêt octroyé à la concubine d’un membre du directoire : convention interdite s’il est
prouvé que la concubine est une personne interposée.
4   Caution d’une société au profit d’un ascendant d’un membre du conseil de surveillance
de la société et conséquences. La caution donnée par la société pour les engagements C
personnels d'un ascendant d'un membre du conseil de surveillance est une convention inter-
dite. Le contrat de cautionnement est frappé de nullité absolue. Les actionnaires, les tiers et
les créanciers sociaux lésés ayant un intérêt légitime peuvent invoquer cette nullité qui se
prescrit par cinq ans. La société peut opposer la nullité du contrat aux tiers. Si la convention
constitue un abus de biens sociaux, des sanctions pénales seront applicables à l’encontre du
mandataire social intéressé et des autres membres du CS (chapitre 24).
5   Contrat de travail d’un membre du conseil de surveillance
Le contrat de travail entre un membre du conseil de surveillance et sa société est toujours
une convention réglementée.
6   Contrat de location entre une SA et une SCA
• Qualification de la convention : il s’agit d’un contrat entre une SA et une entreprise (la
SCA) dont un membre du conseil de surveillance est également directeur général de la

283
15 Sociétés par actions : régime des conventions
S C H A PI T R E

SA ; c’est une convention réglementée du fait des parties contractantes.


• Procédure à suivre dans les deux sociétés
–– information du CA de la SA et du CS de la SCA sur la convention projetée ;
–– autorisation préalable du CA et du CS de la SCA (le membre du conseil de surveillance
É

intéressé ne doit pas voter) ;


–– avis de la convention au commissaire aux comptes des sociétés par le CA de la SA et
le CS de la SCA ;
–– établissement d’un rapport spécial du commissaire de chaque société sur la conven-
tion ;
G

–– soumission de la convention à l’approbation de la convention par une AGO dans la SA


et dans la SCA (l’intéressé, s’il est actionnaire, ne doit pas voter).
7   Contrat de vente entre une SA et une SAS. L’opération de vente est conclue entre deux
sociétés ayant un dirigeant commun. Vendre sa production pour une société est, par prin-
I

cipe, une opération courante. Pour qualifier cette opération de convention courante, il fau-
drait aussi que les conditions de vente soient normales. Dans le cas, les conditions de vente
sont préférentielles. Le contrat doit être qualifié de convention réglementée et suivre la
procédure décrite dans le cas précédent dans les deux sociétés.
R

8   Contrat de location conclu par un gérant avec sa société (SCA). Toute convention conclue
entre la société et son gérant est une convention réglementée. Il devra suivre la procédure
suivante :
–– informer le conseil de surveillance de sa société ;
R

–– obtenir son autorisation ;


–– aviser le commissaire aux comptes de la société ;
–– obtenir l’approbation de l’AGO au cours de laquelle, étant actionnaire, il sera privé
de son droit de vote.
O

9   Rôle du commissaire aux comptes dans la procédure des conventions réglementées.


Avisé par le président du conseil d’administration, le président du conseil de surveillance, le
gérant ou le président d’une SAS, le commissaire aux comptes présente un rapport spécial
sur les conventions à l’assemblée, qui statue (vote) sur ce rapport. Ce rapport contient l’énu-
mération des conventions soumises à l’approbation de l’assemblée, le nom des personnes
C

intéressées, la nature et l’objet des conventions, leurs modalités (prix, tarifs, ristournes,
délais de paiement, intérêts stipulés, sûretés conférées), l’importance des fournitures livrées
ou des prestations de service fournies.
10   Majorité requise pour l’approbation des conventions réglementées. Les conventions régle-
mentées doivent être approuvées en assemblée générale ordinaire ; la personne actionnaire
intéressée par la convention ne peut pas participer au vote et ses actions ne sont pas prises
en compte pour le calcul du quorum et de la majorité. Calcul de la majorité :
Totalité des actions résultant du quorum
– Actions détenues par la personne intéressée
+ 1 action
2
11   Conséquences d’une convention non autorisée préalablement par le conseil d’adminis-
tration d’une société. Les conventions non autorisées préalablement par le conseil d’admi-
nistration peuvent être annulées dans un délai de 3 ans si elles ont eu des conséquences
dommageables pour la société et l’intéressé peut être poursuivi en responsabilité. La nullité

284
Sociétés par actions : régime des conventions 15
C H A PI T R E

S
peut être couverte par un vote de l’assemblée générale intervenant sur rapport spécial des
commissaires aux comptes exposant les circonstances en raison desquelles la procédure
d’autorisation n’a pas été suivie.
12   Sort d’une convention désapprouvée par l’assemblée générale ordinaire. Les conven-

É
tions approuvées par l’assemblée (comme celles qu’elle désapprouve) produisent leurs
effets à l’égard des tiers, sauf lorsqu’elles sont annulées dans le cas de fraude. Même
en l’absence de fraude, les conséquences préjudiciables pour la société des conventions
désapprouvées peuvent engager la responsabilité de la personne intéressée et, éventuelle-
ment, des autres membres du conseil d’administration ou des autres membres du conseil

G
de surveillance.
13   Contestation d’un actionnaire minoritaire. La personne intéressée par la convention ne
peut pas prendre part au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le calcul
du quorum et de la majorité. Dans le cas où l’administrateur actionnaire concerné par la

I
convention a pris part au vote : la délibération sur la convention est annulable. La contesta-
tion de l’actionnaire même minoritaire est fondée. Il faudra procéder à un nouveau vote et
l’administrateur intéressé ne devra pas voter.

R
Exercices d’application
CAS 38 Laurent

R
1) La cession d’un brevet entre une SA et une SCA
L'achat d’un brevet par une société n’est pas une opération courante. Cette opération est une
convention réglementée pour les deux sociétés. Dans chacune d’elles, ce contrat devra suivre la
procédure des conventions réglementées.

O
a) Dans la SA
Les conventions intervenues directement ou par personne interposée entre une société (la SA
Laurent) et une entreprise (la SCA Michelin) si l’un des administrateurs de la société (M. Cap) est
membre du conseil de surveillance de l’entreprise (M. Cap) sont soumises à autorisation préalable
du conseil d’administration.
b) Dans la SCA
C
Les conventions intervenues directement ou par personne interposée entre la société (la SCA
Michelin) et une entreprise (la SA Laurent) si l’un des membres du conseil de surveillance (M. Cap)
est administrateur de l’entreprise (M. Cap) sont soumises à autorisation préalable du conseil de
surveillance.
2) La vente de pneus au PCA
Les conventions portant sur des opérations courantes et conclues à des conditions normales ne
sont pas soumises à la procédure des conventions réglementées.
Par opération courante, il faut entendre celle effectuée par la société d’une manière habituelle
dans le cadre de son activité : la vente de pneus est pour la SA une opération courante.
Par conditions normales, il faut entendre celles qui sont habituellement pratiquées par la société
dans ses rapports avec les tiers de telle sorte que la personne intéressée ne retire pas de l’opéra-

285
15 Sociétés par actions : régime des conventions
S C H A PI T R E

tion un avantage qu’il n’aurait pas eu s’il avait été un fournisseur ou un client quelconque de la
société. Il faut tenir compte des usages pour des conventions semblables dans d’autres sociétés
ayant la même activité.
La remise de 20 % consentie peut être qualifiée de normale si elle est habituellement pratiquée
par la société ; le contrat est une convention courante. Il ne serait donc pas soumis à la procédure
É

des conventions réglementées.


3) La rémunération du directeur général
La fixation de la rémunération d’un directeur général d’une société anonyme non cotée est déter-
G

minée par le conseil d’administration. Elle n’a pas à être soumise à l’approbation de l’assemblée
des actionnaires quels que soient les éléments de cette rémunération (les stock options sont des
options de souscription ou d’achat d’actions de la société que le directeur général pourra souscrire
à des conditions avantageuses ; c’est une forme d’intéressement que pratiquent les entreprises
pour inciter leurs dirigeants à bien gérer).
I

4) Le contrat de travail de directeur financier


Sous réserve qu’il soit réel et sérieux (emploi effectif, fonctions salariées déterminées, lien de
subordination), le contrat de travail constitue toujours une convention réglementée soumise à
R

autorisation préalable du conseil d’administration, avis au commissaire aux comptes qui établira
un rapport spécial sur cette convention et à la ratification de l’assemblée générale des action-
naires. Le directeur général intéressé (s’il est actionnaire) ne devra pas prendre part au vote de
l’AGO.
R

5) La caution de la SA Laurent
À peine de nullité du contrat, il est interdit aux administrateurs autres que les personne morales
de faire cautionner par la société leurs engagements envers les tiers. En l’espèce, l’administra-
teur (personne physique) a emprunté de l’argent à la BNP pour financer l’achat d’une résidence
O

secondaire (engagement envers un tiers, la BNP). Il souhaite que la SA Laurent se porte caution
au profit de la BNP. Cette caution est une convention interdite. Le CA ne doit pas la donner ; s’il
le faisait, elle serait frappée d’une nullité absolue.
C

CAS 39 ABC
1) Base juridique de la nullité du contrat d’approvisionnement
Les conventions réglementées conclues sans autorisation du conseil d’administration peuvent être
annulées si elles ont eu des conséquences dommageables pour la société. Encore faut-il démontrer
que ce contrat constituait une convention réglementée et que ce contrat a eu des conséquences
dommageables pour la société.
a) Le contrat est une convention réglementée
Toute convention intervenant entre une société (ici la SA ABC) et un directeur général indirecte-
ment intéressé (M. Sanglier) ou dans laquelle il traite par personne interposée (la SA Truie), doit
être soumise à l’autorisation préalable du conseil d’administration.
Il suffit donc à M. Marcassin de démontrer que M. Sanglier était une personne indirectement
intéressé par le contrat ou que la SA Truie était une personne interposée et que le réel bénéficiaire
de ce contrat était M. Sanglier, véritable « maître de l’affaire » (de la SA Truie), pour obtenir de la

286
Sociétés par actions : régime des conventions 15
C H A PI T R E

S
justice la qualification de « convention réglementée » du contrat.
b) Le contrat a eu des conséquences dommageables pour la société
Il faut démontrer que les conditions du contrat étaient défavorables pour la société ABC. C’est le
cas puisque son fournisseur (la SA Truie) pratiquait des tarifs supérieurs à ceux des autres fournis-

É
seurs. C’est la raison pour laquelle M. Marcassin l’a rompu.
2) Procédure légale des conventions réglementées
a) Au niveau du conseil d’administration

G
Le directeur général (M. Sanglier) doit informer le conseil d’administration de la convention proje-
tée. Le conseil d’administration doit voter l’autorisation de la convention ; la personne intéressée,
si elle est administrateur, ne peut pas prendre part au vote sur l’autorisation sollicitée. Le président
du conseil d’administration doit aviser le commissaire aux comptes de cette convention dans le
mois qui suit sa conclusion.

I
b) Au niveau de l’assemblée des actionnaires
Le commissaire aux comptes de la société doit présenter à l’assemblée générale ordinaire un rap-
port spécial sur la convention. Ce rapport doit être déposé au siège social quinze jours au moins

R
avant la réunion de l’AGO.
Après avoir entendu le rapport spécial du CAC, l’assemblée vote. La personne intéressée, si elle
est actionnaire, ne peut pas prendre part au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour
le calcul du quorum et de la majorité.

R
3) Responsabilité de l’administrateur
«  Sans préjudice de la responsabilité du directeur général […] les conventions réglementées
conclues sans autorisation préalable du conseil d’administration peuvent être annulées si elles
ont des conséquences dommageables pour la société. » Le directeur général peut donc être res-
ponsable personnellement et être condamné à verser des dommages-intérêts à la SA ABC si sa

O
responsabilité est reconnue par la justice et que la société ABC a subi un préjudice.
4) Prescription de l’action en nullité d’une convention non autorisée
L’action en nullité se prescrit par trois ans, à compter de la date de la convention. Toutefois, si
la convention a été dissimulée, le point de départ du délai de la prescription est reporté au jour
où elle a été révélée. Dans le cas, la convention a été conclue depuis plus de trois ans. Il suffira
à M. Marcassin de démontrer que la convention avait été dissimulée par M. Sanglier pour faire
C
courir le délai de prescription à compter du jour où M. Marcassin en a eu connaissance (date de
la révélation de la convention).
5) La couverture de la nullité d’une convention non autorisée par le conseil
d’administration
La nullité peut être couverte par un vote de l’assemblée générale intervenant sur rapport spé-
cial des commissaires aux comptes exposant les circonstances en raison desquelles la procédure
d’autorisation n’a pas été suivie. L’intéressé ne peut pas prendre part au vote et ses actions ne sont
pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.

287
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC
S C H A PI T R E

Chapitre 16
Sociétés par actions : droits des actionnaires
contrôle par le CAC
É

Tests de connaissances
G

1 Droit de communication permanent. Quelle que soit sa détention de capital, tout action-
naire a un droit de communication permanent, à toute époque, de certains documents
sociaux :
A. Les statuts : toute personne (a fortiori un actionnaire) a le droit, à toute époque, d’obtenir
I

au siège social, la délivrance d’une copie certifiée conforme des statuts en vigueur au jour de
sa demande. La société doit annexer à ce document la liste, comportant leur nom et prénom
usuel, des administrateurs ou des membres du conseil de surveillance et du directoire, selon
R

le cas, ainsi que des commissaires aux comptes en exercice.


B. Le montant des rémunérations versées à chaque administrateur : tout actionnaire a le
droit, à toute époque, à communication du montant global, certifié exact par les commis-
saires aux comptes, des rémunérations concernant les trois derniers exercices versées aux
personnes les mieux rémunérées, le nombre de ces personnes étant de dix ou de cinq selon
R

que l’effectif du personnel excède ou non deux cents salariés. M. Plus obtiendra le détail des
rémunérations et avantages en nature versés à chaque mandataire social dans le rapport de
gestion seulement s’il s’agit d’une SA cotée.
C. Les comptes annuels : le droit de communication permanent de l’actionnaire porte sur les
O

trois derniers exercices et vise les comptes annuels (bilans, comptes de résultat et annexes).
M. Plus pourra donc consulter les comptes annuels de l’exercice écoulé.
D.  Le rapport de gestion  : l’actionnaire a droit à communication des rapports du conseil
d’administration concernant les trois derniers exercices. Le rapport demandé par M. Plus
étant antérieur à trois ans, les dirigeants sont en droit de lui en refuser la communication.
C

2 Droit de participer aux assemblées. Les statuts ne peuvent pas exiger un nombre minimal
d’actions pour ouvrir le droit de participer aux assemblées générales ordinaires et extraordi-
naires ; toute clause contraire est réputée non écrite.
M. Plus pourra participer à l’assemblée mixte, la clause des statuts est réputée non écrite.
3 Demande d’explications. Le conseil d’administration ou le directoire, selon le cas, doit adres-
ser ou mettre à la disposition des actionnaires les documents nécessaires pour permettre à
ceux-ci de se prononcer en connaissance de cause et de porter un jugement informé sur la
gestion et la marche des affaires de la société. À compter de la communication des docu-
ments, tout actionnaire a la faculté de poser par écrit des questions auxquelles le conseil
d’administration ou le directoire, selon le cas, sera tenu de répondre au cours de l’assemblée.
M. Riz pourra obtenir les éclaircissements souhaités.
En pratique, c’est à partir du jour de la convocation jusqu’à l’ouverture des débats que les
actionnaires peuvent déposer des questions écrites car la loi ne fixe pas de date limite pour
ce dépôt de questions écrites.

288
Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

S
Les réponses aux questions écrites font partie des débats et devront figurer en résumé dans
le procès-verbal de l’assemblée.
4 Droit de vote. Tout associé a le droit de participer aux décisions collectives (art. 1844 al.
1 C. civ.). Le droit de vote est un attribut essentiel de l’action, il est d’ordre public ; aucune

É
disposition statutaire ou conventionnelle ne peut l’écarter. L’actionnaire ne peut en être privé
que dans les cas prévus par la loi.
A. un actionnaire peut être un salarié de la société. S’il n’est pas une personne visée par les
conventions réglementées, son contrat de travail ne sera pas soumis au vote de l’assemblée.
Il n’y aura donc pas de vote sur ce contrat ; B. en cas d’acquisition par la société, dans les

G
deux ans de son immatriculation au RCS, d’un bien appartenant à l’un de ses actionnaires
dont la valeur est au moins égale à 1/10e du capital social, l’actionnaire vendeur est privé
du droit de vote en ce qui concerne la résolution relative à l’évaluation de ce bien.
5 Renouvellement du mandat du commissaire aux comptes. Le renouvellement doit figurer

I
à l’ordre du jour pour que le commissaire aux comptes soit reconduit dans ses fonctions.
À défaut, tout actionnaire peut demander en justice la désignation d’un commissaire aux
comptes et le président du directoire sera entendu préalablement à la nomination. Cette
dernière sera provisoire en attendant le vote AGO désignant le commissaire aux comptes

R
choisi par les actionnaires.
6

Niveau de détention
Droits de l’actionnaire
du capital minimum

R
1. Convocation des assemblées par un mandataire de 5%
justice, à sa demande
2. Poser par écrit des questions sur tout fait de nature à 5%
compromettre l’exploitation (droit d’alerte)

O
3. Expertise de gestion 5%
4. Inscription de projets de résolution à l’ordre du jour de 5 % ou moins si le capital
l’assemblée est supérieur à 750 000 E
5. Engager la responsabilité des dirigeants sociaux 5 % ou moins si le capital
est supérieur à 750 000 E
6. Demande en justice de récusation des commissaires
aux comptes
5%
C
7. Demande en justice de révocation des commissaires aux 5 %
comptes

7 Expertise de gestion. Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital


social peuvent, soit individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que ce soit,
poser par écrit au président du CA (ou du directoire) des questions sur une ou plusieurs opé-
rations de gestion. La réponse doit être communiquée au CAC. À défaut de réponse dans le
mois, ces actionnaires peuvent demander en référé la désignation d’un ou plusieurs experts
chargés d’un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion. La demande doit revêtir un
caractère sérieux (Cass., 1987) ou l’opération doit porter atteinte à l’intérêt social (Cass. Com.
10.2.98), elle doit porter sur une ou plusieurs opérations de gestion et non sur l’ensemble

289
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC
S C H A PI T R E

de la gestion. Les opérations qui relèvent de la compétence d’une assemblée ne sont pas des
actes de gestion (Cass., 1989). En l’espèce, même si l’actionnaire se regroupe avec d’autres
pour atteindre 5 % du capital requis, sa demande porte sur une décision qui a été prise par
une assemblée (fusion). Ce n’est pas un acte de gestion. Sa demande sera rejetée.
É

Vrai Faux Commentaires


8 Toute société par actions est dotée d’un X Vrai pour la SA et la SCA ; pour la SAS
CAC seulement en cas de dépassement de
seuils
G

9 Si la société publie des comptes consolidés X Et 2 suppléants au lieu de 1 normale-


2 CAC sont désignés ment (et un suppléant)

10 Certains liens (familiaux, financiers…) X Il y a incompatibilité


avec une société ne permettent pas au CAC
I

d’accepter un mandat dans celle-ci


11 Le CAC est nommé par le CA ou le CS X Par l’AGO

12 Son mandat est de 6 ans, renouvelable X 6 exercices, renouvelable


R

13 Le CAC est révocable par l’AGO en cours X Révocable par décision de justice
de mandat pour faute ou empêchement
14 Mission principale :
• vérifier les documents comptables X
R

• contrôler la conformité de la comptabilité


avec les règles en vigueur X
• vérifier la concordance des comptes et la sin-
cérité des informations du rapport de gestion
et des documents adressés aux actionnaires X
O

• certifier les comptes annuels X


• donner des conseils de gestion X L’immixtion dans la gestion constitue
une faute justifiant sa révocation.
15 Le CAC a l’obligation de révéler les faits X Sous peine d’une sanction pénale (voir
délictueux au procureur de la République chapitre 24)
C

16 Le CAC doit alerter le DG ou le PDD X Sur tout fait de nature à compromettre


la continuité de l’exploitation
17 Le CAC n’est pas tenu au secret profes- X La violation du secret professionnel est
sionnel une faute et une infraction pénale

18 Le CAC opère des vérifications à des dates X À toute époque qu’il juge opportune
précises
19 Le CAC doit participer au CA ou au direc- X À la réunion arrêtant les comptes de
toire l’exercice écoulé seulement

20 Le CAC doit être convoqué à toutes les AG X Il n’est pas obligé d’y assister

21 Le CAC peut convoquer une AG X En cas de carence de l’organe chargé


de le faire

290
Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

S
22 Le CAC est responsable :
• de ses fautes et négligences X
• des infractions commises par les dirigeants X Sauf pour non-révélation de faits délic-
tueux dont il a eu connaissance

É
23 La nomination facultative du CAC peut X S’ils représentent au moins 5 % du
être demandée en justice par les associés capital

Exercices d’application

G
CAS 40 Big Mat

I
1) Le droit de participer aux assemblées
Les statuts ne peuvent pas exiger un nombre minimal d’actions pour ouvrir le droit de partici-
per aux assemblées générales ordinaires et extraordinaires. La menace du PDG est impossible à
mettre en œuvre (sous peine de sanction pénale ; voir chapitre 27).

R
2) Le droit de vote et ses exceptions
Tout associé a le droit de participer aux décisions collectives sauf exceptions prévues par la loi.
Toute convention intervenant entre une société et l’un de ses administrateurs (Colette, l’épouse
de Jacques) doit être soumise à autorisation préalable du conseil d’administration (Colette ne doit

R
pas voter sur cette autorisation) et à ratification de l’assemblée.
L’intéressé ne peut pas prendre part au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le
calcul du quorum et de la majorité. Mme Colette Esbard ne devra pas voter lors de la ratification
de la convention augmentant son salaire de directeur administratif de la société. La majorité sera

O
calculée sur 15 000 actions au lieu de 20 000 (le vote sera acquis s’il réunit 7 501 actions).
3) Légalité d’une convention de vote
Les associés qui s’engagent à voter dans un certain sens ou à ne pas voter passent une convention
de vote (ou pacte d’actionnaires). Ce contrat (verbal en l’espèce) est légal dans la mesure où sa

C
durée est limitée et s’il n’est pas contraire à l’intérêt social. La convention n’engage que les per-
sonnes contractantes. Elle est inopposable à la société et aux tiers.
Dans le cas, l’accord entre les descendants et les collatéraux pour voter contre l’affectation du
résultat est une convention de vote limitée dans sa durée (elle a été conclue pour la prochaine
assemblée), cependant elle n’est pas conclue dans l’intérêt social mais plutôt dans l’intérêt person-
nel des actionnaires qui souhaitent percevoir leur dividende. Cette convention n’est pas valable.
4) Adoption de l’affectation du résultat
L’assemblée générale ordinaire statue à la majorité des voix dont disposent les actionnaires pré-
sents ou représentés. Compte tenu de la répartition du capital, les opposants ne disposent que
de 4 000 actions, ce qui est loin de la majorité ordinaire (10 001 actions) qui leur permettrait de
s’opposer à la décision d’affectation du résultat.

291
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC
S C H A PI T R E

Les époux Jacques Esbard sont majoritaires, ils détiennent 16 000 actions. Ils voteront toujours
en faveur des résolutions proposées par le conseil d’administration dont Jacques est le PCA et
directeur général. Leur vote peut-il être considéré comme un abus de majorité ? Les tribunaux
tempèrent la liberté de vote par la notion d’abus de droit. Ils sanctionnent par la nullité tout
É

vote abusif, c’est-à-dire contraire à l’intérêt social et émis dans l’unique dessein de favoriser les
membres de la majorité ou de nuire à la minorité. Il faudra donc rechercher quel est le but de la
mise en réserve des bénéfices pour déceler l’éventuel abus de majorité (mise en réserve dans un
but de priver les actionnaires minoritaires de leur dividende). Si le but de la mise en réserve est de
permettre des investissements futurs, il n’y a pas abus de majorité.
G

CAS 41 GEM
1) Convocation d’une assemblée générale par un actionnaire
I

À défaut de convocation par le conseil d’administration ou le directoire, l’assemblée générale peut


être convoquée par un mandataire, désigné en justice, à la demande soit de tout intéressé en cas
d’urgence, soit d’un ou plusieurs actionnaires réunissant 5 % du capital, soit d’une association
R

d’actionnaires répondant aux conditions fixées par l’article L. 225-120 C. Com.


Dans le cas, il convient de vérifier les trois situations possibles :
–– il n’y a pas un cas d’urgence à convoquer l’assemblée d’après les faits évoqués ;
–– M. Gento ne détient que 4 % du capital mais il pourrait se regrouper avec d’autres actionnaires
pour atteindre le seuil de 5 % ;
R

–– il n’y a pas encore d’association d’actionnaires dans la société.


Seule la deuxième solution est possible pour M. Gento.
2) Inscription à l’ordre du jour d’un projet de résolution
O

L’ordre du jour est arrêté par l’auteur de la convocation. Toutefois un ou plusieurs actionnaires
représentant au moins 5 % du capital ou une association d’actionnaires, ont la faculté de requérir
l’inscription à l’ordre du jour de projets de résolution. Ce pourcentage est réduit quand le capital
social excède 750 000 _.
M. Gento est en droit d’appliquer la réduction légale : 4 % sur 750 000 _, soit 30 000 _ ; 2,5 %
C

entre 775 000 et 7,5 millions d’euros, soit 1 855 625 ; 1 % entre 7,5 et 15 millions d’euros, soit
75 000 ; soit au total 1 960 625 _.
Il doit donc détenir 1 960 625 _ de capital selon la loi ; or, il en détient actuellement 600 000 _.
Il ne peut pas obtenir seul l’inscription du projet de résolution visant à proposer la candidature
d’un administrateur.
Le projet de résolution doit être envoyé 25 jours au moins avant la date de l’assemblée.
3) Nomination d’un expert de gestion
Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital peuvent, soit individuelle-
ment, soit en se groupant sous quelque forme que ce soit, poser par écrit au PCA (ou au directoire)
des questions sur une ou plusieurs opérations de gestion de la société. À défaut de réponse dans
le détail d’un mois, ces actionnaires peuvent demander en justice (en référé) la désignation d’un
ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
Cette demande peut également être formulée par l’association d’actionnaires de la société.

292
Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC 16
C H A PI T R E

S
Conditions de la demande :
–– détention de 5 % du capital. M. Gento ne détient que 4 % mais il peut se grouper avec
d’autres actionnaires pour atteindre le seuil de 5 % requis ;
–– la demande doit porter sur une ou plusieurs opérations de gestion. Dans le cas, l’accord conclu

É
par le président avec le partenaire japonais est bien une opération de gestion déterminée ;
–– la demande doit revêtir un caractère sérieux ou l’opération doit porter atteinte à l’intérêt social
ce qui semble être le cas en l’espèce ;
–– la demande doit être faite auprès du PCA.
Conclusion : si M. Gento arrive à convaincre d’autres actionnaires de formuler la demande pour

G
atteindre 5 % du capital, il peut valablement demander l’expertise de gestion (appelée aussi
expertise de minorité).
4) Le droit d’alerte exercé par les actionnaires
Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital social ou une association d’ac-

I
tionnaires peuvent, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au président du conseil
d’administration ou au directoire sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploi-
tation. La réponse est communiquée aux commissaires aux comptes.

R
En cas de graves difficultés, M. Gento pourra poser deux fois au maximum dans l’exercice des
questions écrites au président s’il réunit, avec d’autres actionnaires, le seuil de 5 % du capital.
5) Association d’actionnaires dans une société
Depuis la loi du 8 août 1994, des associations d’actionnaires peuvent être légalement constituées

R
dans les sociétés cotées par les actionnaires.
a) Conditions de création
Dans les sociétés cotées, les actionnaires justifiant d’une inscription nominative depuis au moins
deux ans et détenant ensemble au moins 5 % des droits de vote peuvent se regrouper en asso-

O
ciations destinées à représenter leurs intérêts au sein de la société. Pour exercer leurs droits, ces
associations doivent avoir communiqué leurs statuts à la société et à l’AMF. Toutefois, lorsque le
capital de la société est supérieur à 750 000 _, la part des droits de vote à représenter est réduite.
Il faut satisfaire également aux conditions de création de toute association (plusieurs personnes
animées d’un intérêt autre que lucratif).
b) Droits de l’association d’actionnaires C
• Demander en justice la désignation d’un mandataire chargé de convoquer l’assemblée générale
à l’issue d’une OPA, OPE ou d’une cession de bloc de contrôle.
• Requérir l’inscription à l’ordre du jour de projets de résolution.
• Poser par écrit au PCA (ou au directoire) des questions sur une ou plusieurs opérations de ges-
tion de la société. À défaut de réponse dans un délai d’un mois, elle pourra demander en référé
la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs
opérations de gestion.
• Poser par écrit, deux fois par an, des questions sur tout fait de nature à compromettre la conti-
nuité de l’exploitation.
• Exercer l’action en responsabilité contre les dirigeants sociaux.
• Demander la récusation et la révocation des commissaires aux comptes.

293
16 Sociétés par actions : droits des actionnaires contrôle par le CAC
S C H A PI T R E

c) Création de l’association d’actionnaires dans la société GEM


• La société est cotée.
• Du fait que la société GEM dépasse 750  000  _ de capital, il faut détenir un minimum de
capital calculé comme suit :
É

–– 4 % entre 750 000 et 4,5 millions d’euros = 150 000 F ;


–– 3 % entre 4,5 et 7,5 millions d’euros = 600 000 F ;
–– 2 % entre 7,5 et 15 millions d’euros = 1 million d’euros.
Soit au total 1 750 000 _ minimum. M. Gento en détient 600 000 _ ; il ne remplit pas à lui seul
G

la condition de détention du capital.


• Les titres détenus par les adhérents de l’association doivent être des actions nominatives déte-
nues depuis au moins deux ans.
• M. Gento devra réunir d’autres personnes car une association doit regrouper plusieurs personnes.
• Il faudra établir des statuts et les communiquer à la société et à l’AMF.
I

Analyse de documents
R

CAS 42 Ber
1) Base légale
R

L’article L. 225-241 al. 1 du Code de commerce énonce : « Les commissaires aux comptes sont res-
ponsables, tant à l’égard de la société que des tiers, des conséquences dommageables des fautes
et négligences par eux commises dans l’exercice de leurs fonctions. »
Cet article engage la responsabilité civile du commissaire aux comptes.
O

2) Chronologie des faits


• Un comptable salarié d’une SA de gestion et d’administration d’immeubles détourne des fonds
pendant plusieurs années.
• Le CAC de la SA certifie les comptes sans effectuer les contrôles suffisants qui auraient permis
C

de révéler ces détournements.


• La SA est absorbée par une autre société qui découvre après l’absorption les détournements.
• La société absorbante engage la responsabilité civile du CAC et de la SA pour obtenir répara-
tion du préjudice subi (les conditions financières de la fusion ont été désavantageuses).
3) Solution de la cour d’appel de Paris
Elle retient la responsabilité du CAC pour faute dans sa mission de contrôle mais elle partage la
responsabilité avec la SA qui a commis des fautes ayant facilité les détournements du comptable,
dans la proportion de 60 % pour le CAC et 40 % pour la SA.
Le CAC devra verser la somme de 238 000 _ de dommages et intérêts à la société absorbante en
réparation du dommage qu’elle a subi.

294
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E

S
Chapitre 17
SA : les titres et les variations du capital

É
Tests de connaissances
1 Les valeurs mobilières sont des titres émis par des personnes morales publiques ou privées,

G
transmissibles par inscription en compte, qui confèrent des droits identiques par catégorie.
Elles donnent accès, directement ou indirectement, à une quotité du capital de la personne
morale émettrice (pour les actions) ou à un droit de créance général sur son patrimoine (pour
les obligations).
2 Différences entre titres

I
A. Différence entre une action et une obligation : l’action donne droit au dividende, fonction
des aléas de la vie sociale, alors que l’obligation donne droit au paiement d’un intérêt fixe
et au remboursement du prêt.

R
B. Différence entre une action et une action de préférence : l’action donne le droit de vote et
des droits pécuniaires alors que l’action de préférence donne accès à un droit particulier et
de toute nature, à titre temporaire ou permanent (dividende prioritaire, droit de vote double,
siège au CA…).
3 Caractéristiques des valeurs mobilières. Ce sont des biens meubles incorporels, négo-

R
ciables, dématérialisés, c’est-à-dire que les valeurs mobilières sont représentées seulement
par une inscription dans un compte de la société émettrice ou d’un intermédiaire financier.
Elles revêtent la forme de titres au porteur ou de titres nominatifs.
4 Émission d’actions de préférence sans droit de vote. L’émission est limitée à 1/4 du capi-

O
tal pour les sociétés cotées, 1/2 pour les sociétés non cotées.
5 Droit d’un titulaire d’une OBSA. Le titulaire d’une obligation avec bon de souscription
d’actions a le droit de souscrire à une action à un moment déterminé.
6 Organe compétent pour émettre des valeurs mobilières

Actions
Valeurs mobilières Organe décisionnel compétent
AGE ou CA ou directoire sur délégation de compé-
C
tence de l’AGE dans la SA
Obligations AGO
AGE ou CA ou directoire sur délégation de compé-
Obligations avec bons de souscription d’actions
tence de l’AGE dans la SA
7 Liberté de cession d’actions
Vente à son épouse oui
Vente à son père oui
Vente à son fils oui
Vente à un autre actionnaire non, l’agrément doit être demandé
Vente à un ami non actionnaire de la société non, l’agrément doit être demandé

295
17 SA : les titres et les variations du capital
S C H A PI T R E

8 Organe compétent pour donner l’agrément lors d’une cession d’actions à un tiers : les
statuts le déterminent. Il peut s’agir de l’AGO, de l’AGE, du conseil d’administration ou du
conseil de surveillance.
9 Renonciation à la cession. La renonciation à la vente par le cédant est possible à tout
É

moment de la procédure d’agrément.


10 Avenir d’une demande d’agrément après notification : A. si la société ne répond pas dans
le délai de trois mois, l’agrément est réputé acquis, la cession pourra avoir lieu  ; B. si la
société, après avoir notifié le refus dans le délai de trois mois, n’a pas organisé le rachat des
G

actions, l’agrément est réputé acquis, la cession initialement prévue pourra avoir lieu.
11 Obligation de la société en cas de refus d’agrément. La société qui a refusé l’agrément d’une
cession doit :
–– faire acheter les actions par un actionnaire ou par un tiers qu’elle agréera ;
–– racheter les actions elle-même et procéder à une réduction de capital.
I

12 Organe compétent pour décider d’une augmentation de capital


Types Obligation
Organe décisionnel compé-
d’augmentation Majorité requise de libérer le capital
tent
R

de capital ancien (oui/non)


AGE, CA ou directoire sur délé- 2/3
Augmentation par
gation de compétence de l’AGE ou majorité CA oui
apport en numéraire
ou directoire
AGE, CA ou directoire sur délé- 2/3
R

Augmentation par
gation de compétence de l’AGE ou majorité CA non
apport en nature
ou directoire
Augmentation par AGE, CA ou directoire sur délé- 2/3
compensation de gation de compétence de l’AGE ou majorité CA oui
O

créances ou directoire
Augmentation par AGE, CA ou directoire sur délé- 50 % + 1
incorporation de gation de compétence de l’AGE ou majorité CA non
réserves avec quorum et majorité AGO ou directoire
C

13 Rapports soumis aux actionnaires lors d’une augmentation de capital par apport en
nature :
–– rapport du conseil d’administration ou du directoire ;
–– rapport du commissaire aux apports ;
–– rapport complémentaire en cas de décision d’augmentation de capital par le CA ou
le directoire sur délégation de compétence de l’AGE.
14 Rôle du commissaire aux comptes lors d’une augmentation de capital par compensation
de créances : il doit certifier exact l’arrêté de comptes établi par le conseil d’administration
ou le directoire faisant état des créances.
15 Cas de réduction de capital : A quand la société a réalisé des pertes et B même si elle n’en
n’a pas réalisé. C La réduction du capital en dessous du minimum légal est possible sous
conditions suspensives :
–– d’une augmentation du capital ayant pour effet de porter le capital à un montant au
moins égal au minimum légal ;

296
SA : les titres et les variations du capital 17
C H A PI T R E

S
–– ou d’une transformation de la société en une autre forme juridique (ex. : transformer
la SA en SARL).
16 Droit d’opposition des créanciers
B. Le droit d’opposition des créanciers à une réduction de capital est possible sous certaines

É
conditions :
– la réduction de capital ne doit pas être motivée par des pertes ;
– leur créance doit être antérieure à la date du dépôt au greffe du procès-verbal de la délibé-
ration ayant décidé ou autorisé la réduction de capital ;
– l’opposition doit être formée dans le délai de trente jours à compter du dépôt au greffe du

G
PV de la délibération ayant décidé ou autorisé la réduction de capital ;
– l’opposition doit être portée devant le tribunal de commerce qui soit la rejette, soit ordonne
le remboursement de la créance, soit ordonne la constitution de garanties.
17 Capitaux propres inférieurs à la moitié du capital social

I
• Si, du fait des pertes, le montant des capitaux propres devient inférieur à la moitié
du capital, le conseil d’administration ou le directoire est tenu, dans les quatre mois
qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, de consulter
les actionnaires à l’effet de décider s’il y a lieu à dissolution anticipée de la société.

R
Dans le cas, les capitaux propres (13 000 E) sont inférieurs à la moitié du capital
(18 500 e).
• Si la dissolution est écartée lors de l’AGE, la société doit, au plus tard à la clôture du
deuxième exercice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est interve-
nue, reconstituer ses capitaux propres à concurrence d’une valeur au moins égale à la

R
moitié du capital ou, à défaut, réduire son capital d’un montant au moins égal à celui
des pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves.

Exercices d’application

O
CAS 43 Baudouin
1) L’émission d’obligations
Elle est soumise aux conditions suivantes :
C
–– émission autorisée dans les sociétés par actions : la condition est remplie puisqu’il s’agit d’une
société anonyme ;
–– le capital ancien doit être intégralement libéré, la condition doit être remplie compte tenu de
l’ancienneté de la société (80 ans) ;
–– la décision doit être prise par le directoire sauf si l’AGO décide d’exercer ce pouvoir ou si les
statuts le lui réservent.
Conclusion : Sous réserve du vote approuvant l’émission, l’opération est possible.
2) La condition d’entrée au capital de la SA Bang
Cette société souhaite un apurement préalable des pertes qui ressortent du bilan afin d’entrer
dans une société assainie sur le plan financier et dont la valeur des actions sera le reflet réel de sa
situation financière. Elle ne veut pas surpayer les titres.

297
17 SA : les titres et les variations du capital
S C H A PI T R E

Une réduction de capital doit être effectuée suivie d’une augmentation de capital qui sera sous-
crite par la SA Bang. Il s’agit du «coup d’accordéon».
C’est une AGE qui décidera de cette réduction au vu du rapport du directoire et du rapport du
commissaire aux comptes. Lorsque la réduction de capital est motivée par des pertes, les créan-
ciers sociaux n’ont pas le droit de s’opposer à l’opération.
É

3) Décisions à prendre par la SA Baudouin pour permettre l’entrée


au capital de la SA Bang
• Décision d’augmentation de capital par l’AGE ou par le directoire en cas de délégation de
G

compétence de l’AGE.
• Suppression du droit préférentiel de souscription attribué par la loi aux anciens actionnaires au
profit d’une personne dénommée, la société Bang.
• Modification des statuts (le montant du capital change).
• Délégation au directoire pour réaliser l’opération.
I

L’organe compétent pour décider de cette opération est l’assemblée générale extraordinaire des
actionnaires à la majorité des deux tiers ou le directoire à la majorité statutaire si l’AGE lui a
délégué sa compétence.
R

4) Cession d’actions
Les statuts de la SA Baudouin contiennent une clause d’agrément lors de la vente d’actions à des
tiers (art. 40 des statuts). La SA Bang est bien un tiers puisque les solutions (emprunt ou augmen-
tation de capital) ne sont pour l’instant que des projets.
R

 Procédure
• M. Piston devra notifier sa demande d’agrément à la société en précisant l’identité du cession-
naire (la SA Bang), le nombre d’actions à vendre (5 % du capital) et le prix de cession.
• Le conseil de surveillance statuera sur l’agrément puisque c’est l’organe compétent prévu par
O

les statuts. Il a trois mois pour notifier sa réponse à M. Piston.


• La décision (agrément ou refus d’agrément) doit être notifiée à M. Piston.
Dans le cas, on peut envisager deux hypothèses :
–– l’agrément est donné, la cession devra être suivie des formalités de publicité (enregistrement de
C

la cession, dépôt de l’acte de cession au greffe, inscription modificative des statuts) ;


–– le refus d’agrément doit être notifié dans le délai de trois mois à la SA Bang. Dans les trois mois
de cette notification, la SA Baudouin devra faire acheter les actions par un actionnaire ou un
tiers qu’elle agréera ou rachetera elle-même et devra alors procéder à une réduction de capital.
 Détermination du prix de cession des actions
Le prix est fixé par les parties. En cas de désaccord, il est déterminé par un expert désigné par les
parties ou, à défaut d’accord entre elles, par un expert désigné par le président du tribunal de
commerce.

298
La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 18
C H A PI T R E

S
Chapitre 18
La société par actions simplifiée

É
pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)

Tests de connaissances

G
1 A. et C par une ou plusieurs personnes physiques ou morales.
2 A. La SAS doit comporter un associé unique (SASU) ou deux associés au minimum.
3 C. Le capital est librement fixé par les associés. Les apports en numéraire doivent être libérés

I
de moitié à la souscription, le reste dans les 5 ans. Les apports en nature doivent être immé-
diatement et intégralement libérés (comme pour la SA).
4 B. Faux.

R
5 A. Si une clause d’inaliénabilité a été insérée dans les statuts ; B si une clause d’exclusion
est prévue dans les statuts. Ces clauses n’existent évidemment pas dans la SASU.
6 A. La loi du 4.8.2008 autorise l’apport en industrie selon les modalités statutaires.
7 B. Un président qui peut être une personne physique ou une personne morale.

R
8 A. Un conseil d’administration, ou B un conseil de surveillance, ou C un comité exécutif ou
D un ou plusieurs directeurs généraux ou directeurs généraux délégués.
9 B. le président doit consulter obligatoirement les associés pour les décisions suivantes :
– l’approbation des comptes et l’affectation du résultat dans les six mois de la clôture de
l’exercice ;

O
– la nomination du commissaire aux comptes ;
– l’approbation des conventions réglementées ;
– les modifications de capital ;
– la fusion, la scission ;
– la dissolution de la société ; C
– la transformation en une société d’une autre forme.
Si le président est l’associé unique, il doit mentionner ces décisions unilatérales dans le
registre des décisions.
10 B. Faux : la majorité requise est celle prévue par les statuts mais certaines décisions doivent
être obligatoirement prises à l’unanimité :
– clause d’inaliénabilité temporaire des actions ;
– agrément des cessions d’actions ;
– exclusion, retrait, admission d’un associé ;
– suspension des droits non pécuniaires d’un associé.
Dans la SASU, l’associé unique prend seul les décisions.

299
18 La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)
S C H A PI T R E

11 A. Vrai, ainsi que les autres dirigeants éventuels. Dans la SASU, si le président est l’associé
unique, il est également soumis au régime des conventions. Il mentionnera les conventions
sur le registre des décisions.
12 A. Facultative : par un vote des associés.
É

B. Obligatoire en cas de dépassement de seuils et de contrôle (voir rappel de cours chapitre


2 §  3), qu’il s’agisse d’une SAS pluripersonnelle ou d’une SASU.
C. Judiciaire sur demande en justice des associés détenant au moins 10 % du capital.
13 A. Vrai, les associés, sous réserve de détenir au moins 5 % du capital peuvent poser par
G

écrit au président, des questions sur une ou plusieurs opérations de gestion de la société.
À défaut de réponse dans le délai d’un mois, ces actionnaires peuvent demander en justice
la désignation de l’expert sur une ou plusieurs opérations de gestion. Cette disposition ne
trouve pas application dans la SASU.
14 B. La SAS est soumise à l’impôt sur les sociétés.
I

15 A. Vrai pour la SAS pluripersonnelle. B Faux pour la SASU si l’associé unique est une per-
sonne morale.
16 Après la dissolution d’une SASU par décision de l’associé unique personne morale, il y a
R

transmission universelle du patrimoine de la SASU (actif et passif) à l’associé unique. La


personne morale devra payer les dettes sociales de la SASU.
17 A. Vrai dans la SASU, dont l’associé unique est une personne morale.
B. Faux dans la SAS pluripersonnelle.
R

Exercices d’application
O

CAS 44 Colef
1) Vérification des conditions de constitution d’une SAS
• Les associés  : deux minimum (condition remplie), des personnes morales ou des personnes
C

physiques (ici, 2 personnes morales : une SA et une SARL).


• Capital mimimum de la SAS : le capital de la SAS est libre depuis la loi du 4.8.2008.
• Sa durée sera de 50 ans, la durée légale est de 99 ans maximum renouvelable.
• L'activité d'édition est un objet licite.
2) Organes de fonctionnement et de contrôle de la SAS
• La direction doit être assurée obligatoirement par un président, personne physique ou per-
sonne morale : dans le cas il s’agit d’une personne morale, la SA Dap.
• Les associés prendront les décisions collectives.
• Un commissaire aux comptes éventuel dont la présence n’est obligatoire qu’en cas de dépas-
sement de seuils (2 millions d'euros de CA HT, 1 million d'euros au total du bilan, 20 salariés
en moyenne sur l'exercice).
• Éventuellement, selon les statuts, tout autre organe de direction et/ou de contrôle.

3) Les statuts peuvent prévoir une clause d’inaliénabilité des actions à condition qu’elle soit
temporaire (maximum 10 ans). Cette clause ne peut être adoptée ou modifiée qu’à l’unanimité

300
La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU) 18
C H A PI T R E

S
des associés.
4) Les pouvoirs du président
Il a les pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société dans la
limite de l’objet social dans les rapports envers les associés.

É
Envers les tiers, il représente la société, engage la société au-delà de l’objet social. Les limites
statutaires sont inopposables aux tiers.
Les statuts peuvent limiter les pouvoirs du président : dans le cas, tout nouveau projet d’édition
de DVD doit être soumis à l’accord des associés. Cette clause est légale mais cette limitation sta-

G
tutaire est inopposable aux tiers.
5) Création d’une SASU, direction et avantages sur la SA
Un associé unique, personne morale (SA Dap) ou personne physique, peut créer une SASU uni-
personnelle.

I
La direction d’une SASU peut être confiée à un président, personne morale (SA Dap).
Il y a moins d’associés dans la SAS (1, 2, plusieurs au lieu de sept minimum pour la SA). Le capital
d’une SAS peut être variable (interdit dans la SA). La SAS peut contrôler son actionnariat par une
clause d'inaliénabilité et car il lui est interdit de procéder à une offre au public.

R
La SAS présente une liberté de fonctionnement qui s’oppose à la lourdeur de la SA.
Conseil au DG de la SA Dap : proposer la transformation de la SA en SAS dont il sera le président.

R
CAS 45 Lafa
Il s’agit d’une SAS pluripersonnelle.
1) Organe compétent pour les décisions à prendre

O
• Pouvoirs du président : vis-à-vis des associés, il a les pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social. Envers les tiers, la
société est engagée même par les actes du président qui ne relèvent pas de l’objet social. Les
limites statutaires sont inopposables aux tiers.
Le président pourra :
–– agrandir le laboratoire existant ;
–– renouveler le matériel d’expérimentation.
C
Ce sont des décisions de gestion courante pour lesquelles il a les pouvoirs les plus étendus pour agir
en toutes circonstances au nom de la société dans la limite de l’objet social (cas d’espèce).
• Certaines décisions sont obligatoirement de la compétence des associés ou de l’associé unique
(vote en assemblée ou par correspondance selon les formes et conditions prévues par les sta-
tuts) :
–– l’approbation des comptes et l’affectation du résultat ;
–– la nomination du commissaire aux comptes ;
–– l’approbation des conventions réglementées ;
–– les modifications de capital ;
–– la fusion, la scission ;
–– la dissolution de la société ;
–– la transformation en une société d’une autre forme.

301
18 La société par actions simplifiée pluripersonnelle et unipersonnelle (SASU)
S C H A PI T R E

Les associés devront voter pour :


–– fusionner avec un laboratoire allemand,
–– approuver les comptes de l’exercice écoulé,
la loi ayant prévu que ces décisions sont obligatoirement de la compétence des associés.
É

2) Règle de majorité requise


• Aucune pour les décisions de la compétence du président, il les prend seul.
• Pour les décisions de la compétence des associés : majorité prévue par les statuts.
G

3) Conditions d’acquisition du véhicule


Les associés délibèrent sur les conventions intervenues directement ou par personne interposée
entre la société et son président ou ses dirigeants. Ils statuent sur le rapport présenté par le com-
missaire aux comptes éventuel. La personne interessée par la convention ne participe pas au vote
(si elle est associée).
I

Il s’agit de la vente d’un véhicule de la SAS à son président. C’est une convention réglementée
soumise à une procédure d’autorisation.
4) Expertise de gestion
R

Un ou plusieurs associés représentant au moins 5 % du capital social peuvent poser par écrit au
président, des questions sur une ou plusieurs opérations de gestion de la société. À défaut de
réponse dans le délai d’un mois, ces actionnaires peuvent demander en justice la désignation d’un
ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
R

Dans le cas, chaque associé disposant d'un tiers du capital peut exercer le droit à l’expertise de
gestion.

CAS 46 Toutnet
O

1) Sociétés répondant au projet (à court, moyen, long terme)


• Projet à court terme  : La SASU ne comporte qu’un associé. Le président peut être l’associé
unique (M. Chabot) ou un tiers. Le capital est libre (il apporte 20 000 e) libérable pour moitié à
C

la souscription, le reste dans les 5 ans pour les apports en numéraire. Le législateur a fixé un cadre
minimum de fonctionnement et laisse à l’associé unique une grande liberté dans la rédaction des
statuts et une souplesse de fonctionnement qui s’oppose à la rigidité et au formalisme de la SA.
La loi impose la présence d’un commissaire aux comptes qu’en cas de dépassement de seuils. La
création de la SAS unipersonnelle est bien adaptée aux entreprises innovantes (cas de la future
société Toutnet).
• Projet à moyen terme : La SAS pluripersonnelle. M. Chabot, par cession de titres ou augmenta-
tion de capital, fera rentrer son partenaire dans la SASU. Elle se transformera automatiquement en
SAS pluripersonnelle. À cette occasion, les associés pourront inclure des clauses diverses (d’agré-
ment, d’inaliénabilité, de contrôle de capital, d’exclusion) caractéristiques de la SAS.
• Projet à long terme : La SAS ne peut pas procéder à une offre au public, il faudra adopter le
statut de la SA ou de la SCA puisque M. Chabot envisage que la société soit cotée .
2) Organes de direction et de contrôle
• Organe de direction : Dans la SASU et la SAS pluripersonnelle : un président, associé unique (M.
Chabot) ou un tiers, personne physique ou personne morale ; le président représente la société

302
SA, SAS 3
CAS DE SYNTHÈSE

S
dans ses rapports avec les tiers, il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes cir-
constances au nom de la société dans la limite de l’objet social. Dans ses rapports avec les tiers, la
société est engagée même par les actes du président qui ne relèvent pas de l’objet social. Dans la
SA : l’organe de direction est le directeur général dont les pouvoirs sont identiques à ceux du pré-
sident de la SAS, limité par les pouvoirs d’un organe, le conseil d’administration ou de surveillance.

É
• Organe de contrôle : Dans la SAS unipersonnelle et pluripersonnelle, la présence d’un commis-
saire aux comptes est obligatoire en cas de dépassement de seuils (voir question 2 cas 44, Colef)
et de contrôle. Dans la SA, la présence du CAC est obligatoire.

G
3) Prise de décisions
L’associé unique est également le président de la société dans le cas. L’associé unique exerce les
pouvoirs dévolus à la collectivité des associés dans la SAS pluripersonnelle. Il prend des décisions
unilatérales qui seront répertoriées dans un registre des décisions. Chaque année, le président
devra établir les comptes annuels. Le dépôt des comptes au RCS vaut approbation de ces derniers.

I
4) Dissolution de la SASU
L’associé unique prendra la décision de dissolution. Elle sera suivie d’une liquidation de la SASU
puisque l’associé unique est une personne physique.

R
5) Opération juridique pour changer de forme sociale (de SAS en SA)
Une décision de transformation sera nécessaire pour passer de la SAS pluripersonnelle à la SA
prise à la majorité prévue par les statuts. Cette transformation ne peut être décidée que sur rap-
port d’un commissaire aux comptes attestant que le montant des capitaux propres est au moins

R
égal au montant du capital social et d’un commissaire à la transformation si la SAS n’a pas de
CAC.
Il faudra :
–– que le capital minimum soit de 37 000 e ;

O
–– 7 actionnaires ;
–– nommer un CAC et les organes dirigeants d’une SA.

Cas de synthèse 3 C
SA, SAS

CAS 47 Indiscrète
1) Légalité de constitution et d’organisation de la SA
Le nombre des associés d’une SA ne peut être inférieur à sept, ils sont 7 dans la SA Indiscrète. Le
capital social doit être de 37 000 _ au moins, il est de 40 000 _ d’apports en numéraire. L’objet
social doit être licite : la fabrication de lingerie fine est légale.

303
3
CAS DE SYNTHÈSE
SA, SAS
S
La société anonyme est administrée par un conseil d’administration composé de trois membres au
moins. Le conseil d’administration est composé en recherchant une représentation équilibrée des
femmes et des hommes. Le minimum hommes-femmes légal, 3 administrateurs, est prévu au CA
de la SA dont 2 femmes et un homme ; la représentation est équilibrée.
Les statuts doivent prévoir, pour l’exercice des fonctions d’administrateur, une limite d’âge s’appli-
É

quant soit à l’ensemble des administrateurs, soit à un pourcentage déterminé d’entre eux. À
défaut de disposition expresse dans les statuts, le nombre des administrateurs ayant dépassé
l’âge de soixante-dix ans ne peut être supérieur au tiers des administrateurs en fonction. Toute
nomination intervenue en violation des dispositions de l’alinéa précédent est nulle.
G

Les statuts doivent prévoir pour l’exercice des fonctions de président du conseil d’administration
une limite d’âge qui, à défaut d’une disposition expresse, est fixée à soixante-cinq ans. Toute nomi-
nation intervenue en violation des dispositions prévues à l’alinéa précédent est nulle.
La direction générale de la société est assumée, sous sa responsabilité, soit par le président du
conseil d’administration, soit par une autre personne physique nommée par le conseil d’adminis-
I

tration et portant le titre de directeur général.


Dans les conditions définies par les statuts, le conseil d’administration choisit entre les deux
modalités d’exercice de la direction générale visées au premier alinéa. Les actionnaires et les tiers
R

sont informés de ce choix dans des conditions définies par décret en Conseil d’État.
Lorsque la direction générale de la société est assumée par le président du conseil d’administra-
tion, les dispositions relatives au directeur général lui sont applicables. Les statuts doivent prévoir
pour l’exercice des fonctions de directeur général ou de directeur général délégué une limite d’âge
qui, à défaut d’une disposition expresse, est fixée à soixante-cinq ans.
R

Dans le cas, aucun des administrateurs n’atteint 70 ans, la limite du tiers n’est pas atteinte. La
direction générale de la société est assumée par une personne physique, D. Legrand, le PCA, ce
qui est légal, le DG n’a pas 65 ans (il a 51 ans). Il respecte la limite d’âge.
Reste à vérifier la capacité des administrateurs qui ne doivent pas être frappés d’incompatibilité,
O

d’interdiction ni de déchéance et savoir s’ils respectent le cumul de mandats.


Conclusion : Les conditions de légalité de constitution et d’organisation de la SA sont respectées
à partir des éléments fournis.
2) Montant de capital à libérer – apport en industrie
C

Les actions de numéraire sont libérées, lors de la souscription, de la moitié au moins de leur valeur
nominale. La libération du surplus intervient en une ou plusieurs fois sur décision du conseil d’ad-
ministration ou du directoire selon le cas, dans un délai qui ne peut excéder cinq ans à compter
de l’immatriculation de la société au registre du commerce et des sociétés.
Les actions ne peuvent représenter des apports en industrie.
Dans la SA Indiscrète, le montant minimal de capital à libérer à la souscription est de 20 000 _.
Les associés ne peuvent pas faire d’apport en industrie.
3) Organe compétent
Le directeur général est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au
nom de la société. Il exerce ces pouvoirs dans la limite de l’objet social et sous réserve de ceux que
la loi attribue expressément aux assemblées d’actionnaires et au conseil d’administration.
Il représente la société dans ses rapports avec les tiers. La société est engagée même par les actes
du directeur général qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers
savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances,

304
SA, SAS 3
CAS DE SYNTHÈSE

S
étant exclu que la seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve. Les dispositions
des statuts ou les décisions du conseil d’administration limitant les pouvoirs du directeur général
sont inopposables aux tiers.
Dans le cas le directeur général peut recruter les CDV, commander les mallettes de présentation,
lancer la nouvelle collection et passer commande pour le site internet. Cela fait partie des actes

É
de gestion de sa compétence.
4) Participants au CA – Ordre du jour
 Participants au CA

G
Les administrateurs, membres de droit du CA, sont convoqués par le PCA pour participer aux
réunions du CA. Les commissaires aux comptes sont convoqués à toutes les réunions du conseil
d’administration qui examinent ou arrêtent des comptes annuels.
Dans le cas, seront donc convoqués pour assister à cette réunion du CA les 3 administrateurs et

I
le CAC (qui est obligatoire dans une SA) puisqu’il s’agit de la réunion qui arrête les comptes de
l’exercice.
 Ordre du jour

R
L’ordre du jour est fixé par l’auteur de la convocation.
Compte tenu du sujet, plusieurs règles peuvent être énoncées :
Il peut être alloué, par le conseil d’administration, des rémunérations exceptionnelles pour les
missions ou mandats confiés à des administrateurs. Dans ce cas, ces rémunérations sont soumises

R
à l’autorisation préalable du CA (régime des conventions réglementées).
Le conseil d’administration détermine les orientations de l’activité de la société et veille à leur
mise en œuvre. Sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux assemblées d’actionnaires
et dans la limite de l’objet social, il se saisit de toute question intéressant la bonne marche de la
société et règle par ses délibérations les affaires qui la concernent

O
Dans le cas, l’ordre du jour sera le suivant :
–– arrêté des comptes, établissement de l’inventaire, du rapport de gestion, des comptes annuels
de l’exercice écoulé ;
–– autorisation préalable des rémunérations exceptionnelles aux administrateurs ;

C
–– le projet de construction modulaire.
À noter que, pour l’augmentation de la rémunération des administrateurs, on peut penser à la
règle de la fixation des jetons de présence qui sera alors évoquée lors de l’AGO annuelle (Q 7).
5) Majorité au CA
À moins que les statuts ne prévoient une majorité plus forte, les décisions du CA sont prises à la
majorité des membres présents ou représentés. Chaque membre détient une voix.
Dans le cas, l’opposition de C. Bois représente une voix sur 3, la majorité n’est pas atteinte, elle
n’est pas suffisante pour faire obstacle au projet de construction modulaire.
6) Cumul du mandat d’administrateur avec un contrat de travail
Les administrateurs ne peuvent recevoir de la société aucune rémunération, permanente ou non,
autre que des jetons de présence et des rémunérations exceptionnelles. Un administrateur en
fonction ne peut pas recevoir de salaire. Toute clause statutaire contraire est réputée non écrite et
toute décision contraire est nulle. Cependant, la loi du 22.03.2012 introduit une exception : selon
l’article L225-21-1, un administrateur peut devenir salarié d'une société anonyme au conseil de

305
3
CAS DE SYNTHÈSE
SA, SAS
S
laquelle il siège si cette société ne dépasse pas, à la clôture d'un exercice social, les seuils (effectif
inférieur à 250 salariés et total du bilan n’excédant pas 43 millions d’euros ou montant HT du CA
n’excédant pas 50 millions d’euros) et si son contrat de travail correspond à un emploi effectif. Le
contrat de travail est une convention réglementée.
Dans le cas, B. Mongella, administrateur en fonction peut obtenir le contrat de travail de styliste
É

espéré car la société ne dépasse pas les seuils (12 salariés et 20 millions au total du bilan) et son
emploi est effectif.
7) Date et ordre du jour de l’AGO annuelle
G

L’assemblée générale ordinaire est réunie au moins une fois par an, dans les six mois de la clôture
de l’exercice, sous réserve de prolongation de ce délai par décision de justice.
Dans le cas l’AGO annuelle doit se tenir le 30 juin de N+1.
Le conseil d’administration présente à l’assemblée les comptes annuels accompagnés du rapport
de gestion.
I

Les commissaires aux comptes relatent, dans leur rapport, l’accomplissement de la mission qui
leur est dévolue. Les commissaires aux comptes présentent, sur les conventions, un rapport spécial
à l’assemblée, qui statue sur ce rapport.
R

L’assemblée délibère et statue sur toutes les questions relatives aux comptes annuels de l’exercice
écoulé.
L’assemblée générale peut allouer aux administrateurs en rémunération de leur activité, à titre de
jetons de présence, une somme fixe annuelle que cette assemblée détermine. Sa répartition entre
les administrateurs est déterminée par le conseil d’administration.
R

L’ordre du jour des assemblées est arrêté par l’auteur de la convocation.


Dans le cas l’ordre du jour sera le suivant :
–– approbation des comptes annuels ;
–– affectation du résultat ;
O

–– approbation du rapport spécial du CAC sur les conventions réglementées (pour les rémuné-
rations exceptionnelles et le contrat de travail) ou fixation de l’augmentation des jetons de
présence des administrateurs.
8) Allégements de la SAS par rapport à la SA
C

a) Concernant la constitution
• Une société par actions simplifiée peut être instituée par une ou plusieurs personnes : 2 per-
sonnes minimum (ou une pour la SASU) suffisent à constituer une SAS, contre 7 pour la SA ;
• Les apports en industrie sont possibles si les statuts les autorisent.
b) Concernant la direction
Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée. La société est représentée à
l’égard des tiers par un président : un seul organe de direction est imposé par la loi, le président.
Pas de conseil d’administration ou autre organe, sauf si les statuts le prévoient. La structure est
allégée dans la SAS.
c) Concernant le contrôle
Sont tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes les sociétés par actions simplifiées
qui dépassent, à la clôture d’un exercice social, deux des seuils fixés par la loi. La présence d’un
CAC n’est pas obligatoire dans tous les cas, à l’inverse de la SA.

306
SNC et SCS 19
C H A PI T R E

S
9) Organe compétent pour la transformation – Majorité requise
L’assemblée générale extraordinaire est seule habilitée à modifier les statuts dans toutes leurs
dispositions. Toute clause contraire est réputée non écrite.
Toute société anonyme peut se transformer en société d’une autre forme si, au moment de la

É
transformation, elle a au moins deux ans d’existence et si elle a établi et fait approuver par les
actionnaires le bilan de ses deux premiers exercices.
La décision de transformation en société par actions simplifiée est prise à l’unanimité des associés.
Dans le cas, la SA ne pourra être transformée en SA qu’après 2 ans d’existence et 2 bilans établis

G
et approuvés. Les actionnaires devront décider à l’unanimité la transformation de la SA en SAS.
10) Sort des dirigeants après la transformation
La transformation de la société met fin aux mandats des dirigeants de l’ancienne forme juridique.
Les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles une ou plusieurs personnes autres que

I
le président, portant le titre de directeur général ou de directeur général délégué, peuvent exercer
les pouvoirs confiés à ce dernier.
Dans le cas, il faudra désigner un président de la SAS qui pourra être D. Legrand. Les deux autres
administrateurs pourront être directeur général ou directeur général délégué.

R
Chapitre 19

R
SNC et SCS

Tests de connaissances

O
1 A. Un mineur, émancipé ou non, n’a pas la capacité commerciale, il ne peut être associé
d’une SNC ou associé commandité d’une SCS  ; B deux époux ensemble ou séparément
peuvent être associés dans une SNC sous réserve qu’ils aient la capacité commerciale ; C
un majeur en tutelle est un incapable, il ne peut être associé d’une SNC ou associé com-
mandité d’une SCS ; D une personne morale peut être associée d’une SNC ou d’une SCS,
sauf la société civile ; E un magistrat est un fonctionnaire, sa profession est incompatible
C
avec l’exercice d’une activité commerciale, il ne peut pas être associé d’une SNC ou associé
commandité d’une SCS ; F il est interdit à une personne déclarée en faillite d’exercer le com-
merce.
2 A. L’apport en numéraire de 1 000 _ ainsi que les apports en nature sont possibles.
B. Le local, C les marchandises, E des actions : ils devront faire l’objet d’une évaluation qui
est librement fixée par les associés dans la SNC. L’apport d’un immeuble doit être fait par
acte authentique et publié à la conservation des hypothèques. Les actions sont des droits de
créance (bien meuble incorporel) que l’on peut apporter.
D. Le travail est un apport en industrie autorisé dans la SNC et dans la SCS pour les associés
commandités seulement. Il ne concourt pas à la formation du capital.
3 Nombre d’associés : A deux minimum dans la SNC et la SCS (un commandité et un com-
manditaire) et C aucun maximum mais en pratique le nombre sera restreint car il s’agit de
sociétés basées principalement sur la confiance entre associés.

307
19 SNC et SCS
S C H A PI T R E

4 Le montant du capital : C la loi ne fixe aucun minimum, aucun maximum. Des apports sont
cependant obligatoires.
5 Libération du capital  : B aucune disposition légale n’impose la libération immédiate ou
dans un délai déterminé des parts sociales. Les associés peuvent donc librement convenir
É

des modalités de cette libération. Les parts représentatives d’apports en numéraire peuvent
être libérées, sur appel de la gérance, au fur et à mesure des besoins de la société.
6 Composition du capital  : C la loi n’exige aucune valeur nominale minimale des parts
sociales.
G

7 Le règlement d’une dette sociale d’une SNC


Si le compte bancaire de la société est créditeur, la société est tenue de payer sa dette à
condition que celle-ci soit due par la société (si la commande à l’origine de la facture entre
dans l’objet social).
Si la société ne peut pas payer, le fournisseur doit mettre la société en demeure de payer par
I

acte extrajudiciaire (c’est-à-dire par exploit d’huissier, une lettre recommandée avec avis de
réception étant sans valeur juridique ; Cass. com. 1er juin 1993). Si elle ne paie pas et à condi-
tion qu’il s’agisse d’une dette sociale, le fournisseur pourra poursuivre les associés puisqu’ils
R

sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes. Un associé peut être poursuivi
pour le tout (principe de la solidarité entre associés) ; après avoir payé, il se retournera contre
ses coassociés en divisant ses recours (réclamer à chacun leur part de dette).
8 Qualité du gérant de SNC ou de SCS : A il peut être un associé mais seulement un associé
commandité dans la SCS ; B un tiers et C une personne morale.
R

La loi laisse une grande liberté aux associés dans le choix du gérant qui peut être un associé,
un tiers ou une personne morale. Ils peuvent être plusieurs (gérance collégiale). Par principe,
dans la SNC, tous les associés sont gérants sauf stipulation contraire des statuts. Dans la
SCS, tous les associés commandités sont gérants.
O

9 Nomination du gérant de SNC ou de SCS


A. La nomination du gérant est toujours de la compétence des associés mais ce sont les
statuts qui fixent la majorité requise ; à défaut c’est à l’unanimité dans la SNC.
B. Le gérant peut être désigné par les associés dans les statuts, il est « gérant statutaire ». Il
sera nommé dans les conditions requises pour la modification des statuts : unanimité, sauf
C

clause contraire.
C. Le gérant peut être nommé dans un acte séparé des statuts : il est « non statutaire ». Les
conditions de sa nomination sont fixées par les statuts : à l’unanimité ou à la majorité.
10 Cumul de mandats  : aucun texte ne l’interdisant, une même personne peut en principe
assumer plusieurs gérances de sociétés différentes. Les statuts peuvent limiter cette pos-
sibilité ; il faut admettre qu’il en est ainsi lorsque les statuts prévoient par une clause très
utilisée que «le gérant consacrera tout son temps à la société».
11 Pouvoirs du gérant : à l’égard des tiers, le gérant «engage la société par les actes entrant
dans l’objet social», les clauses statutaires limitant ses pouvoirs sont inopposables aux tiers.
En cas de pluralité de gérants, ceux-ci peuvent séparément engager la société. Même si
un gérant s’oppose aux actes d’un autre gérant, cette opposition est sans effet à l’égard
des tiers sauf s’ils ont eu connaissance de cette opposition. Donc la limite aux pouvoirs
du gérant est l’objet social : la sécurité des tiers est donc assurée. Il doit aussi respecter les
pouvoirs confiés par la loi aux associés.

308
SNC et SCS 19
C H A PI T R E

S
Dans le cas, l’objet social est la fabrication et la commercialisation de vases et jardinières en
terre cuite. Le gérant a tous les pouvoirs pour effectuer des actes qui permettent la réalisa-
tion de cet objet social.
Il a donc engagé la société par les actes suivants : A l’embauche d’un ouvrier ; B l’achat de
SICAV de trésorerie ; D l’achat d’argile (matière première pour la fabrication des vases) ; E

É
l’abonnement au journal économique Les Échos ; F l’achat d’un logiciel de comptabilité.
Mais la société n’est pas engagée par les actes suivants : C le stage de judo et G la gra-
tification de 1 000 _ qu’il s’est octroyée. En effet la pratique du judo n’est pas utile à la
réalisation de l’objet social et la gratification est de la compétence des associés.

G
Le gérant engage sa responsabilité civile en cas de violation des statuts, infraction aux lois
et règlements, faute de gestion  : les actes C et G engagent sa responsabilité civile pour
infraction à la loi.
Le gérant engage aussi sa responsabilité pénale pour infraction au droit pénal général et
spécifique du droit des sociétés (abus de confiance, escroquerie, infractions aux dispositions

I
relatives à la publicité de la dénomination sociale, aux procès-verbaux, au droit de commu-
nication aux associés, à la nomination et à l’exercice des fonctions des commissaires aux
comptes, à la réglementation des participations réciproques). Ici, il peut être poursuivi pour
délit d’abus de confiance.

R
12 Révocation du gérant : B à l’unanimité des autres associés pour le gérant associé statutaire
(règle impérative) et pour le gérant associé non statutaire ; C à la majorité des associés pour
le gérant non associé.
13 La révocation du gérant associé commandité est décidée à l’unanimité des autres associés

R
commandités et à la majorité en nombre et en capital des commanditaires.
14 Droits d’un associé pour surveiller la gestion : droit de communication, deux fois par an,
des livres et documents sociaux ; droit de poser des questions sur la gestion sociale, ques-
tions auxquelles le gérant est tenu de répondre par écrit ; droit d’information préalable à

O
l’assemblée générale annuelle : rapport de gestion, inventaire, comptes annuels et, le cas
échéant, rapport du commissaire aux comptes. Il peut aussi, dans les conditions de vote pré-
vues dans les statuts, faire nommer un commissaire aux comptes et faire révoquer le gérant.
Pour dégager sa responsabilité de la société à l’avenir, il peut céder ses parts mais les parts
sociales d’une SNC ne peuvent être cédées qu’à l’unanimité, toute clause contraire étant

C
réputée non écrite.
15 L’approbation des comptes sera votée : A dans une SNC aux conditions de majorité prévues
par les statuts, à défaut à l’unanimité des associés ; B dans la SCS aux conditions de majorité
fixées par les statuts.

Exercices d’application
CAS 48 Print
1) Paiement de la facture de 500 F
« Dans ses rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans l’objet social
[…] Les clauses limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables aux tiers. » Prendre des leçons
de pilotage d’hélicoptère n’entre pas dans le cadre de l’objet social (vente d’ordinateurs et mainte-
nance) ; la société n’est donc pas engagée par cet acte de gestion du gérant et n’a pas à payer la
facture qui se présente. Le créancier devra se retourner contre M. Vigne.

309
19 SNC et SCS
S C H A PI T R E

2) Révocation du gérant
« Si un ou plusieurs associés sont gérants et ne sont pas désignés par les statuts, chacun d’eux
peut être révoqué de ses fonctions, dans les conditions prévues par les statuts ou, à défaut, par
une décision des autres associés, gérants ou non, prise à l’unanimité ». « Si la révocation est déci-
É

dée sans juste motif, elle peut donner lieu à dommages-intérêts ».


M. Vigne est un gérant associé qui a été nommé dans un acte séparé. Les statuts ne comportent
pas de règle de majorité particulière donc l’unanimité des autres associés est nécessaire  : M.
Carillo et M. Don devront voter la révocation de M. Vigne. Si ces deux associés ne s’entendent pas
pour le révoquer, la révocation judiciaire pour cause légitime, à la demande d’un associé, semble
G

possible. Si sa révocation n’est pas justifiée (aucune faute de gestion, violation des statuts, infrac-
tion aux lois et règlements, excès de pouvoirs, etc.), la société risque d’être condamnée à lui verser
des dommages-intérêts.
En l’espèce, M. Vigne a enfreint la loi en prenant des leçons de pilotage d’hélicoptère. Il a agi en
I

dehors de l’objet social vis-à-vis des tiers et à l’encontre de l’intérêt social vis-à-vis des associés. Sa
révocation semble donc justifiée et la société ne devra pas verser des dommages-intérêts.
R

CAS 49 Serrile
1) Conséquences du décès d'un associé de SNC
En cas de continuation de la SNC et si un ou plusieurs héritiers de l’associé décédé sont mineurs
R

non émancipés, ceux-ci ne répondent des dettes sociales qu’à concurrence des forces de la suc-
cession de leur auteur. En outre, la société doit être transformée, dans le délai d’un an à compter
du décès, en société en commandite dont le mineur devient commanditaire. À défaut, elle est
dissoute.
Dans le cas, du fait de la présence de la fille mineure, il faudra transformer la SNC en SCS dans
O

laquelle la fille sera associée commanditaire, dans le délai d’un an à compter du décès du père et
à l’unanimité des associés.
2) Poursuite de la société avec les héritiers
S’il a été stipulé qu’en cas de décès de l’un des associés la société continuerait avec son héritier,
C

ces dispositions seront suivies. Les enfants, héritiers de leur père, peuvent entrer dans la société
puisqu’une clause de continuation de la société est prévue en cas de décès d’un associé. Mais l’un
d’eux étant mineur, la société devra être transformée en SCS.

3) Recours du créancier de la SNC


• Mettre en demeure la société de payer puisqu’il s’agit d’une dette sociale.
• En cas de non-paiement, engager des poursuites contre Mme Serrile, associée indéfiniment
responsable de la SNC.
4) Gérance de la SNC et contrat de travail
Dans la SNC, avant le décès de son père, le fils avait un contrat de travail avec la société. Après le décès
il est devenu associé mais il n’en est pas le gérant. Il faut donc qu’il soit nommé à l’unanimité des
associés (sauf clause statutaire de majorité) pour qu’il devienne le représentant légal de cette société et
puisse gérer celle-ci, comme ses intentions le suggèrent. Son contrat de travail prendra fin car un gérant
associé d’une SNC ne peut cumuler son mandat avec un contrat de travail.

310
La société civile, la société d’exercice libéral 20
C H A PI T R E

S
Chapitre 20
La société civile, la société d’exercice libéral

É
Tests de connaissances
1 Les individus C, D, E, F, G, H et J peuvent choisir la société civile car leurs activités sont

G
civiles. Les individus A, B et I ont des activités commerciales (achat en vue de la revente), ils
ne peuvent adopter la société civile.
2 B. La responsabilité des associés d’une société civile est indéfinie et conjointe.
3 B. Dans le silence des statuts, le gérant d’une société civile est révocable par décision des

I
associés représentant plus de la moitié des parts sociales.
4 Les décisions ordinaires ou extraordinaires sont prises : A à l’unanimité des associés dans le
silence des statuts ou C à la majorité statutaire.

R
5 Professions concernées par les SEL :
– professions médicales et paramédicales  : médecin, orthophoniste, biologiste, infirmier,
vétérinaire, kinésithérapeute… ;
– professions juridiques et judiciaires : avocat, huissier, notaire… ;

R
– professions techniques : expert-comptable, commissaire aux comptes, architecte, géomètre-
expert…
6 50 %, 75 % et parfois 100 % du capital (SEL d’avocats, d’huissiers, de notaires, de pharma-
ciens) doivent être détenus par des professionnels exerçant leur profession dans la société.
La participation de non-professionnels est donc limitée à certaines SEL.

O
7 La responsabilité des associés de la SELARL sera  : B limitée aux apports pour les dettes
sociales seulement ; C illimitée pour leurs actes professionnels. La société est solidairement
responsable dans ce cas.
8 Ce sont les professionnels exerçant au sein de la société qui doivent assurer la gérance dans
les SELARL et les SELCA et composer les deux tiers du conseil d’administration ou du conseil
de surveillance dans les SELAFA, être président de la SELAS. C
Exercices d’application
CAS 50 GUP
1) Conditions de constitution d’une société civile
• Nombre d’associés minimum : deux, ils sont trois personnes physiques ayant la capacité civile.
• Qualité des associés : les associés sont des fonctionnaires. Il n’y a pas d’incompatibilité avec la
qualité d’associé dans une société civile et leur statut de fonctionnaire.

311
20 La société civile, la société d’exercice libéral
S C H A PI T R E

• Capital : aucun minimum n’est requis mais des apports sont obligatoires : ici 7 500 _ sont
apportés en numéraire.
• Objet social : l’édition est une activité civile ; l’objet est légal.
• L’affectio societatis doit être présent : la volonté de collaborer sur un pied d’égalité existe dans
É

le cas.
2) Le partage des bénéfices et la contribution aux pertes
La part de chaque associé dans les bénéfices et sa contribution aux pertes se déterminent à pro-
portion de sa part dans le capital social. Les statuts peuvent adopter une répartition différente
G

(cas d’espèce). Toutefois, la stipulation attribuant à un associé la totalité des bénéfices ou l’exo-
nérant de la totalité des pertes (ou inversement) est réputée non écrite. La répartition envisagée
est légale.
3) Direction d’une société civile
I

Les associés, personnes physiques, peuvent être gérants. Un fonctionnaire peut être gérant d’une
société civile. Il n’y donc pas d’incompatibilité. Il ne doit pas être frappé d’une interdiction ou
d’une déchéance (à vérifier).
R

4) Majorité des décisions collectives


À défaut de clause statutaire (cas d’espèce puisque il est fait référence à la loi), les décisions ordi-
naires ou extraordinaires sont prises à l’unanimité.
5) La responsabilité des associés
R

La responsabilité des associés dans une société civile est indéfinie et conjointe : ils répondent
indéfiniment des dettes sociales (jusqu’à 1 400 _), à proportion de leur part dans le capital social
(un tiers chacun puisque la responsabilité est conjointe). Toutefois les créanciers ne peuvent pour-
suivre les associés en paiement des dettes sociales qu’après avoir préalablement et vainement
O

poursuivi la personne morale. Le créancier doit diviser ses poursuites car la responsabilité des
associés est conjointe (réclamer 1/3 de 1 400 _ à chaque associé).

CAS 51 Vital
C

1) Transformation d’une SCP en SELARL


Une décision de transformation doit être prise à la majorité statutaire, à défaut à l’unanimité des
associés de la SCP.
Les conditions de création d’une SELARL doivent être respectées : pas de capital minimum légal,
deux à cent associés (trois ou plus dans le cas), trois quarts du capital au moins doivent être
détenus par les professionnels.
Les formalités de publicité habituelles pour toute société devront être effectuées auxquelles
s’ajoute l’obtention de l’agrément de l’Ordre des médecins. La société n’aura la personnalité
morale qu’après immatriculation au RCS et agrément de l’Ordre.
2) Avantage procuré par l’adoption de la SELARL
La responsabilité des associés est indéfinie et conjointe dans la SCP (depuis la loi du 28.03.2011),
leur responsabilité sera amoindrie dans la SELARL  : chaque associé reste responsable sur son
patrimoine personnel de ses actes professionnels et la société est solidairement responsable avec
lui. Pour les dettes sociales, la responsabilité des associés est limitée aux apports.

312
Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC 21
C H A PI T R E

S
3) La participation de non-professionnels dans la SELARL
Dans la SELARL de professionnels de santé, un quart du capital peut être détenu par des non-
professionnels :
–– personnes physiques ou personnes morales exerçant la profession constituant l’objet social de

É
la société ;
–– pendant un délai de dix ans, par des personnes physiques, qui ont cessé toute activité profes-
sionnelle au sein de la société ;
–– par les ayants droit des personnes physiques ci-dessus pendant un délai de cinq ans suivant le

G
décès du professionnel associé.
Dans le cas, des médecins n’exerçant pas dans la société, les médecins exerçant actuellement
dans la société et ayant pris leur retraite, leurs ayants droit, en cas de décès d’un associé, pourront
y participer à hauteur du quart en capital.

I
Chapitre 21

R
Les groupements coopératifs :
société coopérative, GAEC

R
Tests de connaissances
1 Selon l’article 1 L. 1947, « la société coopérative peut être une société à capital et personnel
variables dont l’objet essentiel est :

O
– de réduire, au bénéfice de ses membres et par l’effort de ceux-ci, le prix de revient, et, le
cas échéant, le prix de vente de certains produits ou de certains services, en assumant les
fonctions des entrepreneurs ou des intermédiaires, dont la rémunération grèverait ce prix
de revient ;
– d’améliorer la qualité marchande des produits fournis à leurs membres ou de ceux produits
par ces derniers et livrés aux consommateurs. C
Les coopératives exercent leur activité dans toutes les branches de l’activité humaine ».
2 Son champ d’application est large : « toutes les branches de l’activité humaine ». Les sociétés
coopératives existent dans le domaine de la production de biens et de services (la SCOP,
société coopérative de production), le domaine agricole, immobilier, le crédit (banque coo-
pérative), l’assurance, etc. Son objet peut être civil ou commercial.
3 La coopérative peut adopter la forme juridique d’une société civile (si son objet est civil), la
forme d’une SARL ou d’une SA. Certaines règles de ces sociétés sont aménagées pour tenir
compte de la philosophie de la coopérative (entraide, service aux consommateurs).
4 La particularité du capital est qu’il est variable permettant l’accès ou le retrait des sociétaires
au cours de la vie sociale.
5 Le but de la société n’est pas la recherche d’un profit mais la fourniture de produits ou de
services meilleurs et moins chers.

313
21 Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC
S C H A PI T R E

6 Les profits réalisés devront être répartis entre les sociétaires selon la règle de la ristourne,
c’est-à-dire non pas en fonction du nombre de titres détenus mais au prorata de leurs opéra-
tions avec la coopérative.
7 Limitée pour la SARL et la SA, indéfinie et conjointe pour la société civile.
É

8 Chaque sociétaire dispose d’une voix (sauf dérogation statutaire conforme à la loi).
9 La présence d’un commissaire aux comptes dépend de la forme juridique choisie : obligatoire
dans la SA, facultative dans la SARL et la société civile (sauf en cas de dépassement de
seuils).
G

GAEC Vrai Faux Commentaire


10 Le nombre d’associés : 2 minimum, 20 X 10 maximum
maximum
11 Deux époux peuvent ensemble créer un X Un autre associé (membre de la famille
I

GAEC ou tiers) est obligatoire

12 Les associés doivent exploiter un X


domaine agricole en commun
R

13 Tous les apports sont autorisés X Comme pour une société civile

14 Le capital peut être variable X Par l’insertion d’une clause


dans les statuts
15 La forme juridique du GAEC est choisie X Il doit prendre la forme d’une société
R

librement par les associés civile

16 La responsabilité des associés est limitée X Elle est limitée à 2 fois la fraction
envers les tiers du capital possédée (au lieu de la res-
ponsabilité indéfinie de la société civile)
O

17 Le GAEC doit obtenir un agrément avant X D’un comité départemental ou régional


son immatriculation
18 Le GAEC est immatriculé au RCS X Comme toute société civile

19 Les associés qui travaillent dans le GAEC X


C

ont la majorité des voix en assemblée


20 Un associé peut se retirer du GAEC ou en X Par décision des associés (ou du tribu-
être exclu nal) pour motif grave et légitime

21 La direction d’un GAEC est assurée par X Le(s) gérant(s) doivent être des associés,
une gérance (unique ou collégiale) pas des tiers

Exercices d’application
CAS 52 SCA Frontignan
1) Conditions de constitution d’une société coopérative
« La société coopérative peut être une société à capital et personnel variables dont l’objet essen-
tiel est :

314
Les groupements coopératifs : société coopérative, GAEC 21
C H A PI T R E

S
–– de réduire, au bénéfice de ses membres et par l’effort de ceux-ci, le prix de revient, et, le cas
échéant, le prix de vente de certains produits ou de certains services, en assumant les fonctions
des entrepreneurs ou des intermédiaires, dont la rémunération grèverait ce prix de revient ;
–– d’améliorer la qualité marchande des produits fournis à leurs membres ou de ceux produits par
ces derniers et livrés aux consommateurs.

É
Les coopératives exercent leur activité dans toutes les branches de l’activité humaine ».
La SCA Frontignan répond à la définition de la société coopérative : les 230 viticulteurs se
sont réunis pour collecter, vinifier, mettre en bouteille et commercialiser le muscat de Frontignan
livré aux consommateurs. Ils cherchent à réduire leur prix de revient en mettant en commun les

G
moyens nécessaires à la collecte, la production et la vente du vin muscat. Chaque viticulteur reste
cependant propriétaire de son vignoble, sa récolte est seule mise en commun dans le cadre de la
coopérative.
2) Forme juridique

I
Une société coopérative a le choix entre la société civile, la SARL et la SA. Ici il s’agit d’une SA
au capital variable. Le montant minimum légal de 18 500 _ est respecté : il est actuellement de
20 000 _. La clause de variabilité du capital permettra, au cours de la vie sociale, d’accueillir de
nouveaux viticulteurs ou de permettre le retrait de certains.

R
3) Majorité ordinaire de l’AG
Le principe selon lequel chaque sociétaire dispose d’une voix fixe la majorité ordinaire de l’assem-
blée générale à 116 voix (230/2 + 1 voix).

R
CAS 53 GAEC d’ambias
1) Constitution d’un GAEC

O
• Le GAEC doit être constitué avec 2 associés minimum, majeurs ; deux époux doivent être asso-
ciés avec un autre associé, membre de la même famille ou tiers. Ici, il y a deux époux et leur
fils majeur, la condition est respectée.
• L’objet doit être l’exploitation en commun d’un domaine agricole : ici il s’agit bien de l’élevage

C
de brebis en commun en vue de la fabrication de fromages et leur vente.
• Le capital n’est pas précisé mais des apports en industrie (le travail effectué) suffisent.
• Le GAEC a l’obligation de choisir la forme d’une société civile. Il faudra vérifier que ce GAEC a
reçu l’agrément de l’autorité compétente.
2) Remboursement du prêt
Cette question pose le problème de la responsabilité des associés vis-à-vis des tiers. Dans une
société civile, les associés ont une responsabilité indéfinie et conjointe. Dans le GAEC elle est
limitée à deux fois la fraction du capital possédée. Elle est donc atténuée.
Si les échéances de remboursement du prêt ne sont pas respectées, le banquier pourra demander
aux associés de rembourser sur leur patrimoine personnel (après avoir mis vainement le GAEC en
demeure de payer). Il devra diviser ses poursuites contre chacun des associés (leur réclamer leur
part respective de dette) dans une limite qui ne pourra pas dépasser le double de leur proportion
de capital.

315
22 Les autres groupements : GIE – association
S C H A PI T R E

Chapitre 22
Les autres groupements : GIE – association
É

Tests de connaissances
1 Nombre : deux minimum pour le GIE et le GEIE ; qualité des membres : personnes physiques
G

ou personne morales (deux d’entre elles doivent être de nationalité différente appartenant
à l’Union européenne pour le GEIE) ; montant du capital : pas de capital mimimum dans les
deux groupements.
2 L’objet du GIE ou du GEIE est de mettre en commun des moyens en vue de faciliter ou
I

développer l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de


cette activité. L’objet peut être civil ou commercial.
3 Les dirigeants d’un GIE sont des administrateurs, personnes physiques ou personnes
morales. Les dirigeants d’un GEIE sont des gérants, obligatoirement des personnes phy-
R

siques (sauf dérogation décidée par un État de permettre aux personnes morales d’assumer
la gérance : c’est le cas de la France).
4 Majorité AG. A. À la majorité prévue par le contrat et C à l’unanimité dans le silence du
contrat (chaque membre dispose d’une voix dans ce cas).
R

5 Droits des membres : droit de vote, droit au partage des bénéfices, droit de se retirer du
groupement.
6 Exclusion d'un membre. La loi n’a pas envisagé l’exclusion mais rien ne l’interdit si elle est
prévue par le contrat. Elle doit être fondée sur des motifs sérieux (exemple : violation grave
O

du contrat, concurrence déloyale…).


7 Différence entre GIE et l’association. La recherche et le partage des bénéfices ne sont pas
la finalité du GIE mais les éventuels bénéfices peuvent être répartis entre les membres. Le
GIE est immatriculé au RCS, il a la pleine capacité juridique et ses membres sont indéfini-
ment et solidairement responsables à l’égard des tiers.
C

L’association est un groupement de personnes dans un but non lucratif. La publication au


Journal officiel lui donne une capacité juridique qui n’est pas totale. Ses membres ne sont
pas responsables envers les tiers des dettes de l’association.
8 Tableau comparatif Association/Société :
Critères Association déclarée Société
But de la création Défense d’intérêts, non lucratif. Entreprise commune, lucrative.
Durée Limitée ou illimitée. Limitée à 99 ans, renouvelable.
Nature de l’objet Civil et accessoirement com- Civil ou commercial.
mercial.
Mise en commun initiale Connaissances ou activité. Apports obligatoires
Apports Facultatifs. Obligatoires : en numéraire, en
nature, parfois en industrie.

316
Les autres groupements : GIE – association 22
C H A PI T R E

S
Composition du patri- Cotisations, biens meubles, Apports, biens meubles ou
moine biens immeubles strictement immeubles.
nécessaires au fonctionnement.
Point de départ À dater de la publication au À dater de l’immatriculation au RCS.

É
de la personnalité morale Journal officiel.
Capacité juridique Partielle, ne peut recevoir ni Totale (sa capacité d’exercice est
dons (sauf manuels) ni legs. exercée par le représentant légal).
Droits financiers des Aucun, le boni le liquidation sera Partage des bénéfices et du boni de
membres versé à d’autres associations. liquidation.

G
Responsabilité de l’asso- Civile et pénale. Civile et pénale.
ciation ou de la société
Responsabilité civile Aucune pour les dettes de Limitée aux apports ou illimitée selon
des membres ou associés l’association. les sociétés.
vis-à-vis des créanciers

I
Responsabilité civile • Pour faute de gestion. • Pour faute de gestion, violation
des dirigeants • Action éventuelle en comble- des statuts, infraction aux lois et
ment de passif. règlements.
• Action éventuelle en comblement

R
de passif.

9 Reconnaissance d'utilité publique : L’association reconnue d’utilité publique (exemple : les


Restaurants du Cœur) a une capacité juridique plus étendue que l’association déclarée : elle
peut recevoir des dons et des legs.

R
10 Organes d’une association : un bureau obligatoire composé d’un président, d’un secrétaire
et d’un trésorier ; une assemblée de membres ; un conseil d’administration composé d’admi-
nistrateurs (falcutatif).
11 Les pouvoirs du président : il représente l'association vis-à-vis des tiers, il peut réaliser tous

O
les actes de la vie civile A C D E et F mais pas l’acte B. car l’acquisition d’un bien immobilier
doit être destinée à l’administration et à la réunion des membres de l’association. La vente
des casquettes est un acte de commerce autorisé s’il reste accessoire à l’activité principale.
12 Dissolution : L’actif restant doit être transmis à une ou plusieurs associations selon la volonté
de l’assemblée générale (à défaut, il sera dévolu à l’État).
13 Comptes annuels et CAC : Seule une association qui a reçu une ou plusieurs subventions
publiques dont le montant total atteint 153 000 E doit établir des comptes annuels (bilan,
C
compte de résultat, annexe) et doit nommer un commissaire aux comptes et un suppléant.
14 Procédure collective : La loi prévoit que les procédures collectives (sauvegarde, redresse-
ment et liquidation judiciaires) sont applicables à toute personne morale de droit privé.
L’association est une personne morale de droit privé ; elle pourra bénéficier des procédures
collectives.

Exercices d’application
CAS 54 EMBAL
1) Constitution du GIE : Deux ou plusieurs personnes physiques ou morales peuvent constituer
un GIE pour une durée déterminée dans le but de faciliter ou développer l’activité économique de

317
22 Les autres groupements : GIE – association
S C H A PI T R E

ses membres, d’améliorer et accroître les résultats de cette activité. L’activité du GIE doit se ratta-
cher à l’activité économique de ses membres et avoir un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci.
Dans le cas il s’agit de deux personnes morales et l’objet du GIE est la promotion des ventes qui déve-
loppe l’activité économique des deux membres sur le plan européen. La constitution sans capital
est légale ; sa durée est determinée (fixée à trois ans). Ce GIE peut donc être légalement constitué.
É

2) La direction du GIE est assurée par des administrateurs, personnes physiques ou morales
dont le statut et les pouvoirs seront déterminés par le contrat. Les administrateurs engagent le
groupement par tout acte entrant dans le cadre de l’objet social. Les limitations de leurs pouvoirs
G

sont inopposables aux tiers. Les deux sociétés, membres du GIE, pourront être administrateurs.

3) Le GIE a la personnalité morale et la pleine capacité juridique à compter de son immatricula-


tion au registre du commerce et des sociétés.

4) Responsabilité des membres. Les membres du GIE sont indéfiniment et solidairement respon-
I

sables des dettes du groupement, ce qui permet à un créancier du groupement de s’adresser à


l’un quelconque d’entre eux pour obtenir le paiement de la totalité de sa créance. Cette action en
recouvrement n’est possible qu’après avoir vainement mis en demeure le groupement de payer,
par acte extrajudiciaire.
R

5) Organes de contrôle du GIE


• Contrôleur(s) de gestion obligatoire(s), nommé(s) selon les modalités du contrat ou obliga-
toirement par l’assemblée des membres quand le groupement émet des obligations. Ils sont
R

obligatoirement des personnes physiques, choisis parmi les membres ou en dehors d’eux ; leur
nomination est publiée. Leur mission est déterminée dans le contrat.
• Commissaire(s) aux comptes obligatoire(s) si le groupement émet des obligations ou quand
le groupement compte au moins cent salariés à la clôture d’un exercice. Leur nomination est
facultative dans les autres cas. Ils sont nommés par l’assemblée pour six exercices, leur statut
O

et leur rôle sont identiques à ceux de la société anonyme.


Dans le cas, la nomination de contrôleur(s) de gestion est obligatoire ; celle du commissaire aux
comptes peut être facultative mais non obligatoire puisque le GIE n’a que cinq salariés et n’émet
pas d’obligations.
C

6) Transformation du GIE
a) En société
Un groupement d’intérêt économique peut être transformé seulement en société en nom collectif
sans que la transformation entraîne dissolution ni création d’un être moral nouveau. A contrario,
la transformation directe en une autre forme juridique (SA ou SARL) est impossible : il faudra pré-
alablement dissoudre le GIE et ensuite créer la société. La transformation indirecte est possible :
transformation en SNC puis en SA ou SARL.
b) En GEIE
Les conditions d’admission de nouveaux membres d’un GIE doivent être fixées dans le contrat.
Dans le silence du contrat, l’admission est subordonnée à l’accord unanime des membres du
groupement. Toute modification concernant la composition du groupement doit faire l’objet d’un
dépôt au greffe et d’une inscription modificative au RCS.
Du fait de l’admission de trois personnes morales membres de l’Union européenne, le GIE devien-
dra un GEIE dont l’objet sera la distribution de la production de l’ensemble des membres du

318
Les autres groupements : GIE – association 22
C H A PI T R E

S
groupement. Une publicité au Journal officiel de l’Union européenne sera nécessaire. On déduit
de l’imprécision du sujet que les conditions de fond de constitution d’un GEIE sont remplies.
• Changement au niveau de la direction : le GEIE est dirigé par un ou plusieurs gérants obliga-
toirement personnes physiques (ou personnes morales si le contrat l’a prévu).

É
• Vis-à-vis des tiers, le gérant engage le groupement par tout acte au-delà de l’objet social (alors
que les administrateurs du GIE n’engagent celui-ci que dans le cadre de l’objet social).

CAS 55 RAP

G
1) L’ADAM est l’Association de défense des actionnaires minoritaires. C’est une association de
défense des investisseurs minoritaires en valeurs mobilières ou en produits financiers qui regroupe
les porteurs de titres divers et non les seuls porteurs de titres d’une même société.
Elle peut agir en justice pour la défense de l’intérêt collectif ou pour demander réparation de pré-

I
judices individuels sous certaines conditions cumulatives : être régulièrement déclarée et publiée ;
avoir pour objet statutaire explicite la défense des investisseurs ; être agréée.

2) La loi du 8 août 1994 permet la création d’une association d’actionnaires regroupant les

R
porteurs de titres d’une même société :
–– création possible dans les sociétés cotées (cas d’espèce) ;
–– regroupement des actionnaires justifiant d’une inscription nominative depuis au moins deux
ans et détenant ensemble au moins 5 % des droits de vote (seuil réduit lorsque le capital de
la société est supérieur à 750 000 E). Dans le cas M. Paul devra regrouper 5 % de porteurs

R
de titres de la société Rap justifiant d’une inscription nominative depuis au moins deux ans ;
–– communication des statuts de l’association à la société (Rap) et à l’Autorité des marchés
financiers (AMF).
3) Contenu du dossier de constitution d'une association d’actionnaires

O
• Statuts de l’association en deux exemplaires.
• Déclaration de l’association adressée au préfet (ou au sous-préfet) précisant le nom de l’asso-
ciation, son siège, son objet et les personnes chargées de la direction.
• Attestation justifiant du siège social.
• Demande de publication au Journal officiel.
C
4) Démarches à entreprendre
a) Pour que l’association soit déclarée
Déposer le dossier de constitution de l’association auprès de la préfecture (ou de la sous-préfec-
ture). La déclaration confère la capacité juridique à l’association.
b) Pour que l’association puisse agir
Déposer les statuts auprès de la société Rap et auprès de l’AMF.
5) Droits d’une association d’actionnaires
• Demander en justice la nomination d’un mandataire chargé de convoquer une assemblée
générale.
• Requérir l’inscription de projets de résolution à l’ordre du jour de l’assemblée.
• Demander en justice la récusation pour juste motif d’un ou plusieurs commissaires aux comptes
désignés par l’assemblée et leur révocation pour faute ou empêchement.

319
23 Droit pénal : l’action publique
S C H A PI T R E

• Demander en justice l’expertise de gestion.


• Poser par écrit des questions au PCA ou au directoire sur tout fait de nature à compromettre
la continuité de l’exploitation (droit d’alerte).
• Intenter l’action sociale en responsabilité contre les dirigeants.
É

Chapitre 23
G

Droit pénal : l’action publique

Tests de connaissances
I

1 L’action publique peut être engagée si une infraction prévue par la loi a été commise.
2 Infraction : caractéristiques
R

Catégories d’infractions Contraventions, délits, crimes


Un élément légal, un élément matériel,
Éléments constitutifs d’une infraction
un élément moral
Nom donné à l’auteur d’une infraction Contrevenant, prévenu, accusé
selon la catégorie d’infraction
R

Tribunal de police pour les contraventions ;


Juridictions de 1er degré compétentes
tribunal correctionnel pour les délits ; cour
selon la catégorie d’infraction
d’assises pour les crimes
Peines principales prononcées Amende (contraventions) ; amende et empri-
O

par ces juridictions sonnement (délits), emprisonnement (crimes)


3 L’infraction est une action ou une omission prohibée par la loi, portant atteinte à l’ordre
public.
4 Une personne morale étant une entité abstraite, elle ne peut être emprisonnée. Il fallait pré-
voir des peines adaptées. Par ailleurs, la personne morale ayant plus de moyens, ayant une
C

vie juridique plus intense et faisant courir plus de risques à la société que la personne phy-
sique, les peines d’amendes sont plus élevées. Elle court également le risque de disparaître
puisqu’on peut fermer un de ses établissements et même la dissoudre (la peine de mort est
rétablie pour les personnes morales !).
5 L’action publique vise à la condamnation de l’auteur de l’infraction.
6 Une plainte de la victime déposée au commissariat de police (ou gendarmerie). Le Procureur
de la République peut également en recevoir : il peut même recevoir des lettres anonymes
dénonçant certains agissements (notamment dans le domaine des affaires).
7 Le ministère, les fonctionnaires habilités.
8 Le procureur de la république peut :
– classer sans suite (décider de ne pas poursuivre) ;
– classer sous conditions (suivi d’un stage de formation par exemple)
– déclencher une enquête préliminaire ou de flagrance ;

320
Droit pénal : l’action publique 23
C H A PI T R E

S
– proposer une mesure alternative possible sous certaines conditions :
• médiation pénale (le procureur nomme un médiateur qui tentera de trouver une solution
de rapprochement entre l’auteur et la victime),
• composition pénale (diverses mesures sont proposées à un majeur qui reconnaît certains

É
délits c’est le « plaider coupable », à titre d’exemples : amende de composition, effectuer
un travail non rémunéré) ;
– engager des poursuites devant la juridiction compétente ;
– ouvrir une information devant le juge d’instruction (pour les délits qui paraissent nécessiter

G
des investigations spécifiques et tous les crimes).
9 Accéder au dossier pénal, obtenir la condamnation de l’auteur de l’infraction, obtenir la
réparation du préjudice causé par l’infraction (obtenir le versement de dommages et inté-
rêts).
10 L’instruction est une procédure par laquelle un magistrat (ou dans certaines affaires plu-

I
sieurs), le(s) juge(s) d’instruction, rassemble(nt) les preuves de l’infraction et décide du ren-
voi ou non devant la juridiction compétente.
L’instruction est obligatoire en matière de crimes et à la demande du procureur de la Répu-

R
blique pour les délits qui paraissent nécessiter des investigations spécifiques.
11 L’action publique prend fin dans les cas suivants :
– le jugement ou l’arrêt définitif ayant statué sur l’infraction ;
– le décès de l’auteur de l’infraction ;

R
– la prescription : l’action publique se prescrit par un an pour les contraventions, trois ans
pour les délits, 10 ans pour les crimes (exceptionnellement 20 ans en matière d’infractions
sexuelles sur mineur, le délai court à compter de la majorité de ce dernier). Le point de
départ de la prescription est le jour de la commission de l’infraction (ou de sa révélation en
cas de dissimulation) ;

O
– le retrait de la plainte de la victime lorsque cette plainte est une condition nécessaire à la
poursuite (exemple : pour le délit de diffamation) ;
– le paiement d’une amende (exemple : amendes forfaitaires de certaines contraventions au
Code de la route) ;
– l’exécution de la composition pénale ;
– l’amnistie de l’infraction ;
C
– l’abrogation de l’infraction par la loi.

Analyse de documents
CAS 56 SARL Domange

1) Les faits
Un accident mortel est survenu à un salarié dans les locaux de la SARL Domange, dans l’exercice
de ses fonctions : il effectuait un changement de lampes au moyen d’une nacelle de location,
avec l’aide d’un ouvrier intérimaire. Aucun des deux salariés n’avait été formé au maniement de

321
23 Droit pénal : l’action publique
S C H A PI T R E

cette nacelle alors qu’elle nécessitait, selon la notice d’utilisation du constructeur, la présence
d’opérateurs formés.
2) Éléments de l’action publique
L’action publique est possible s’il existe une infraction, ici l’homicide involontaire. Il s’agit d’un
É

délit (l’arrêt parle de la société « prévenue »). L’auteur de l’infraction est une personne morale,
la SARL Domange. La victime est M. Daoud X qui a trouvé la mort. Sa famille a probablement
déposé une plainte avec constitution de partie civile.
Toute infraction doit réunir 3 éléments : légal, matériel, moral.
G

Dans le cas :
–– élément légal : ici il s’agit de l’article 221-6 du code pénal : « Le fait de causer par maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de pru-
dence imposée par la loi, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans
d’emprisonnement et de 45 000 _ d’amende… » ;
I

–– élément matériel : le décès du salarié ;


–– élément moral : l’auteur de l’infraction a commis l’infraction par négligence et imprudence en
ayant pas formé ses salariés au maniement de la nacelle.
L’auteur de l’infraction est identifié : la SARL Domange, personne morale. Les personnes morales
R

sont pénalement responsables des infractions commises pour leur compte par leurs organes ou
représentants.
3) Juridictions saisies
R

• Le tribunal correctionnel puisque l’infraction est un délit.


• La cour d’appel (chambre des appels correctionnels) de Metz qui a condamné la SARL Domange.
• La cour de cassation sur pourvoi de la SARL Domange. Ce pourvoi est rejeté, la cour de cassa-
tion confirme la décision de la cour d’appel. La SARL Domange est condamnée.
O

4) Sanctions
• Sanction pénale  : la SARL est seulement condamnée à une amende de 15  000  _ (la loi
prévoyant un maximum de 45 000 _). Pas de peine d’emprisonnement car emprisonner une
personne morale est impossible.
• Sanction civile : des dommages et intérêts non précisés ont été fixés par la cour d’appel qui
C

s’est prononcé sur les « intérêts de la partie civile » : les ayants droit de M. Daoud X.

CAS 57 Société Bâtiplus


1) Démarche de la victime d'une infraction
Le dirigeant doit déposer une plainte auprès du commissariat de police (ou la gendarmerie)
puisque la société est victime d’une infraction. L’auteur étant inconnu, la plainte sera déposée
contre X. Il devra aussi faire une déclaration auprès de sa compagnie d’assurances afin d’obtenir
éventuellement le dédommagement du préjudice subi.

2) Base légale de l’infraction


Il s’agit de l’infraction prévue par l’article 311-4-6° du Code pénal : le délit de vol de matériel avec
effraction du local dans lequel il est entreposé.

322
Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés 24
C H A PI T R E

S
3) Déclenchement de l’action publique
Sur plainte de la victime (la société Bâtiplus), le Procureur de la République peut déclencher
l’action publique.

4) Déroulement de l'action publique

É
Le Ministère public pourra déclencher une enquête préliminaire pour rassembler les preuves
du délit.

5) Prescription de l'action publique


S’agissant d’un délit, l’action publique se prescrit par 3 ans du jour de la commission de l’infrac-

G
tion. La société Bâtiplus doit agir dans ce délai.

I
Chapitre 24
Infractions spécifiques du droit pénal

R
des sociétés

R
Tests de connaissances
Décisions O N Peine encourue
1 Il a surévalué un bien qu’il a apporté pour avoir X Amende 375 000 _

O
davantage de titres et 5 ans d’emprisonnement

2 Il n’a pas convoqué l’AG annuelle dans le délai légal X Pas de sanction pénale mais
car l’exercice n’est pas bon une injonction sous astreinte

3 Il n’a pas établi le rapport de gestion de l’exercice X Amende de 9 000 _

4 Il n’a pas soumis à l’approbation de l’assemblée des


associés les comptes annuels, l’inventaire et les rapports
X Amende de 9 000 _
C
de gestion
5 Il n’a pas déposé les comptes annuels au greffe X Pas de sanction pénale

6 L’image fidèle est évoquée dans la présentation ou la publication des comptes annuels. Les
dirigeants des SARL et des sociétés par actions doivent donner une information exacte, reflet
de la réalité financière et du résultat de la société aux associés et au public. Les dirigeants
(de droit et de fait) et leurs complices encourent une amende de 375  000  _ et 5  ans
d’emprisonnement pour présentation et publication de comptes annuels ne donnant pas
une image fidèle.

323
24 Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés
S C H A PI T R E

7 La distribution de dividendes fictifs :


Définition Personnes visées Peine
Opérer entre les associés, la SARL, sociétés par Amende 375 000 _ et
répartition de dividendes fictifs, en actions : les dirigeants emprisonnement de 5 ans
É

l’absence d’inventaire, ou au moyen


d’inventaires frauduleux

8 Les divers agissements du gérant sont des éléments matériels du délit d’abus de biens
sociaux qui se définit ainsi : faire, de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société, un
G

usage qu’il sait contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une
autre société ou entreprise dans laquelle il est intéressé directement ou indirectement.
Les agissements appauvrissent la société, ils sont contraires à l’intérêt social, le gérant (diri-
geant de droit) fait un usage des biens de la société qu’il sait contraire à son intérêt, il est de
I

mauvaise foi. Ces agissements profitent personnellement et directement au gérant (compte


personnel alimenté, voyage personnel financé par les fonds sociaux).
Il s’agit d’un délit, le gérant encourt une amende de 375 000 _ et 5 ans d’emprisonnement.
R

Exercices d’application
Mif
R

CAS 58

1) Culpabilité du dirigeant
Le dirigeant d’une société par actions est soumis au Code de commerce qui sanctionne pénale-
ment le fait, pour le dirigeant, de présenter aux actionnaires des comptes annuels ne donnant
O

pas, pour chaque exercice, une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation
financière et du patrimoine, en vue de dissimuler la véritable situation de la société (art. L. 242-6
2° C. com.).
Les comptes annuels, c’est-à-dire le bilan, le compte de résultat et l’annexe, soumis à l’approbation
de l’assemblée générale dans les 6 mois de la clôture de l’exercice, doivent être réguliers, sincères
C

et donner une image fidèle de la situation financière et du résultat de la société.


Des informations complémentaires doivent être fournies dans l’annexe lorsque l’application d’une
prescription comptable ne suffit pas pour donner l’image fidèle (art. L 123-14 al. 2 C. com.).
Dans le cas, certes les comptes étaient arrêtés, la convocation pour l’assemblée générale lancée
quand il apprend les pertes considérables de la filiale. Il aurait dû :
–– obtenir le report de l’assemblée générale si le retraitement des comptes nécessitait un délai ;
–– faire figurer dans l’annexe au bilan cet évènement significatif intervenu entre la date de l’ar-
rêté des comptes et celle de l’assemblée.
Le dirigeant a refusé, de façon délibérée, la présentation d’un bilan déficitaire ; il n’a pas reporté
l’assemblée ni fait mention de la perte de la filiale dans l’annexe du bilan.
Le dirigeant est coupable du délit de présentation de comptes infidèles (arrêt Cass. crim.
17.10.2007).

324
Infractions spécifiques du droit pénal des sociétés 24
C H A PI T R E

S
2) Peine encourue
La peine maximale prévue en cas de présentation de comptes infidèles est de 375 000 _ d’amende
et 5 ans d’emprisonnement. Dans le cas, le président a été condamné à 15 mois d’emprisonne-
ment avec sursis et 200 000 _ d’amende (renseignements fournis par l’arrêt du 17.10.2007).

É
CAS 59 Gléran
1) Éléments constitutifs du délit d’abus de biens sociaux

G
• Élément légal : selon l’article L. 242-6 3˚ du Code de commerce « … le fait pour le président,
les administrateurs ou les directeurs généraux d’une société anonyme de faire, de mauvaise
foi, des biens ou du crédit de la société, un usage qu’ils savent contraire à l’intérêt de celle-ci,
à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont

I
intéressés directement ou indirectement » est constitutif du délit d’abus de biens sociaux ou
d’abus de crédit.
• Élément matériel :
–– usage de biens ou du crédit de la société : ici des fonds de la société sont utilisés ;

R
–– l’usage des biens doit être contraire à l’intérêt social, porter préjudice à la société : ici, la
société encourt le délit de corruption, elle peut être poursuivie pénalement et fiscalement.
Le dirigeant n’agit donc pas dans l’intérêt social ;
–– le dirigeant doit avoir un intérêt personnel : ici le maintien à son poste.

R
• Élément moral  : la mauvaise foi du dirigeant est exigée, il doit avoir conscience que son
comportement est contraire à l’intérêt social. Dans le cas, le dirigeant sait très bien à quelles
poursuites s’expose la société.
2) Peine encourue

O
L’abus de biens sociaux est puni d’un emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 375 000 _
au maximum. Dans le cas, le directeur a été reconnu coupable du délit d’abus de biens sociaux
mais il n’a pas été condamné à la peine maximale : 18 mois d’emprisonnement avec sursis et
30 000 _ d’amende.

325
25 Infractions générales
S C H A PI T R E

Chapitre 25
Infractions générales
É

Tests de connaissances
G

Qualification Justification
1 Abus de confiance Détournement d’une chose remise en vue d’un usage et qui doit être
restituée à la fin du mandat
2 Abus de confiance Une provision est une somme déposée qui doit être restituée si le
professionnel n’a plus à intervenir
I

3 Abus de confiance Les biens collectés devaient être remis gratuitement et non vendus au
profit de la société
4 Escroquerie Le gérant utilise une fausse qualité, celle de gérant, pour obtenir des
R

fournitures alors qu’il sait qu’il est frappé d’une interdiction de gérer
5 Escroquerie Fausses traites mises en circulation pour obtenir des fonds

6 Le fournisseur ne commet Le chèque est un moyen de paiement comptant


pas d’abus de confiance
R

7 Abus de confiance Le salarié a la volonté de détourner un fichier au préjudice de son


entreprise employeur
8 Escroquerie Abuser de sa qualité de président pour obtenir des biens (matériaux)
à l’aide de la carte bleue de l’association (qui ne doit être utilisée que
pour des dépenses de celle-ci)
O

  9 Les gérants de sociétés civiles, de sociétés en nom collectif et de sociétés en commandite


simple seront poursuivis pour abus de confiance et les autres dirigeants : gérants de SARL
et dirigeants de sociétés par actions (SA, SAS, SCA) seront poursuivis pour abus de biens
sociaux.
C

L’abus de confiance est moins sévèrement puni (3  ans d’emprisonnement et 375  000  _
d’amende) que l’abus de biens sociaux (5 ans d’emprisonnement et 375 000 _ d’amende).
Qualification Justification
10 Faux Les faux bulletins de salaire permettront aux faux salariés d’obtenir
des droits : les indemnités de chômage
11 Faux et usage de faux Le testament obtenu n’est pas issu de la volonté consciente du
patient, c’est une altération frauduleuse de la vérité dont fera usage
l’infirmière pour devenir héritière au décès du patient
12 Faux et usage de faux Le support est physiquement modifié : un élément (le prénom) pour
obtenir un contrat de travail ayant des conséquences juridiques
13 Recel Le fait de bénéficier d’une information provenant d’un délit, le délit
d’initié
14 Recel Détention d’une chose provenant d’un vol

326
Infractions générales 25
C H A PI T R E

S
15 Recel L’expert-comptable fait office d’intermédiaire en connaissant la suréva-
luation des titres
16 Recel Bénéficier de la détention d’une chose, produit d’un vol

É
Exercices d’application
CAS 60 Como

G
1) Infraction
Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et
accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de

I
la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait
ayant des conséquences juridiques.
L’usage de faux est une infraction punie de la même peine que le faux.
Dans le cas, M.  Como utilise une fausse carte d’identité pour obtenir des droits (allocations

R
diverses) causant un préjudice à l’état français.
2) Sanction
Peine pour la personne physique (M. Como) : 3 ans d’emprisonnement et 45 000 _ d’amende.

R
Peines complémentaires : interdiction de droits civiques, d’exercer une fonction publique, exclu-
sion des marchés publics, confiscation de la chose qui a permis le délit.

CAS 61 Pigeon

O
1) Démarche à entreprendre
M. Pigeon doit déposer plainte pour vol de son permis de conduire et usage de faux contre
l’auteur du faux (« son copain ») auprès du commissariat ou de la gendarmerie.
2) Infraction
L’usage de faux est une infraction punie de la même peine que le faux : constitue un faux toute
altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque C
moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet
ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juri-
diques. Le faux permis provient du remplacement de la photo de M. Pigeon par celle du « copain ».
Ce dernier encourt 3 ans d’emprisonnement et 45 000 _ d’amende.

CAS 62 Circuit
1) Mission du commissaire aux comptes
Le commissaire aux comptes a l’obligation de révéler les faits délictueux au procureur de la Répu-
blique dont il a connaissance dans le cadre de sa mission (ici le délit d’escroquerie).
Il encourt un emprisonnement de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 _ d’amende pour non-révé-
lation de faits délictueux.

327
4
CAS DE SYNTHÈSE
Autres types de sociétés et de groupements, droit pénal
S
2) La non-révélation de faits délictueux n’est pas assimilée à de la complicité d’un délit commis
par les dirigeants (abus de biens sociaux, escroquerie, etc.) pourvu que l’omission soit involontaire
et ponctuelle. La certification, en connaissance de cause et réitérée, de comptes dissimulant des
faits délictueux rend le commisaire aux comptes complice. Voici pourquoi la cour de cassation a
retenu la culpabilité du commissaire aux comptes pour complicité d’escroquerie.
É

La peine maximale encourue est de 5 ans d’emprisonnement et 375 000 _ d’amende.

Analyse de documents
G

CAS 63 Eurocanyon
1) Qualification de l’infraction
I

L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus
d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne phy-
sique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre
R

des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant
obligation ou décharge.
Ici l’infraction repose sur l’emploi de manœuvres frauduleuses (création de sociétés fictives, non-
déclaration de TVA) pour tromper une personne morale (l’État français) et la déterminer à son
préjudice à remettre des fonds (100 millions d’euros de TVA).
R

2) Sanction encourue
Les peines sont portées à dix ans d’emprisonnement et à 1 000 000 _ d’amende lorsque l’escro-
querie est commise en bande organisée (on est en présence d’un réseau de 15 personnes). Il s’agit
d’un cas d’escroquerie aggravée.
O
C

Cas de synthèse 4
Autres types de sociétés et de groupements,
droit pénal

CAS 64 JFK
1) Éléments constitutifs d'une SCM
La société civile de moyens a pour objet la prestation de services ou la fourniture de moyens
matériels (personnel, locaux, appareils) à ses associés dont la situation juridique professionnelle
ne subit aucun changement.

328
Autres types de sociétés et de groupements, droit pénal 4
CAS DE SYNTHÈSE

S
Elle a pour but de faciliter l’exercice de l’activité de chacun des associés.
Il n’y a ni partage de bénéfices ni de clientèle, mais seulement contribution aux frais communs.
Les associés ne peuvent être que des membres d’une ou plusieurs professions libérales, personnes
physiques.

É
Les apports peuvent être effectués en numéraire, en nature et en industrie.
Dans le cas, les associés sont 3 personnes physiques, membres d’une profession libérale (méde-
cins) qui vont exercer de façon indépendante leur activité et qui souhaitent s’associer pour réduire
les frais communs en les partageant. Ils devront faire chacun un apport (obligatoire) d’un montant
libre. Le projet de création de la SCM répond aux dispositions légales.

G
2) Contribution aux frais dans la SCM
La répartition des frais généraux se fait conformément à l’accord intervenu entre les associés.
Dans le cas, il est prévu que chaque praticien détient un tiers des parts sociales. Chacun devra
assumer un tiers des frais engagés.

I
3) Obligation au passif de la SCM
Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans l’objet

R
social. À l’égard des tiers, les associés répondent indéfiniment des dettes sociales à proportion de
leur part dans le capital social.
Les créanciers ne peuvent poursuivre le paiement des dettes sociales contre un associé qu’après
avoir préalablement et vainement poursuivi la personne morale.
Dans le cas, il s’agit d’une dette sociale puisque la banque d’accueil permet la réalisation de l’ob-

R
jet social. La SCM en est devenue débitrice. L’artisan (le créancier de la SCM) doit mettre la société
en demeure de payer la facture (par lettre recommandée avec accusé de réception). Si cette mise
en demeure reste sans effet (la SCM ne paie pas), l’artisan pourra poursuivre chaque associé (leur
responsabilité est indéfinie) et leur réclamer à chacun un tiers de la facture : l’artisan doit diviser
ses poursuites (réclamer à chaque associé sa contribution à la dette) puisque la responsabilité des

O
associés est conjointe.
4) Obligation du gérant à la clôture de l’exercice
Le gérant doit, au moins une fois dans l’année, rendre compte de sa gestion aux associés. Cette
reddition de comptes doit comporter un rapport écrit d’ensemble sur l’activité de la société au
cours de l’année ou de l’exercice écoulé comportant l’indication des bénéfices réalisés ou prévi-
sibles et des pertes encourues ou prévues.
C
Dans le cas, le gérant devra établir le rapport de gestion et en rendre compte aux associés une
fois par an.
5) Dissolution de la SCM
La société prend fin :
1) Par l’expiration du temps pour lequel elle a été constituée, sauf prorogation effectuée
2) Par la réalisation ou l’extinction de son objet ;
3) Par l’annulation du contrat de société ;
4) Par la dissolution anticipée décidée par les associés ;
5) Par la dissolution anticipée prononcée par le tribunal à la demande d’un associé pour justes
motifs, notamment en cas d’inexécution de ses obligations par un associé, ou de mésentente entre
associés paralysant le fonctionnement de la société ;

329
4
CAS DE SYNTHÈSE
Autres types de sociétés et de groupements, droit pénal
S
6) Par la dissolution anticipée prononcée par le tribunal ;
7) Par l’effet d’un jugement ordonnant la liquidation judiciaire ;
8) Pour toute autre cause prévue par les statuts.
Dans le cas, deux hypothèses peuvent être envisagées :
É

–– la dissolution anticipée de la SCM décidée par les associés à l’unanimité (règle de majorité à
défaut de stipulation statutaire contraire) si tous les associés sont d’accord ;
–– la dissolution anticipée prononcée par le tribunal à la demande d’un associé pour justes motifs
du fait de la mésentente entre associés paralysant le fonctionnement de la société.
G

6) Avantage juridique de la SELAS


Il peut être constitué, pour l’exercice d’une profession libérale soumise à un statut législatif ou
réglementaire ou dont le titre est protégé, des sociétés par actions simplifiées régies par les dispo-
sitions du code de commerce, sous réserve de dispositions spécifiques prévues par la loi.
I

Une société par actions simplifiée peut être instituée par une ou plusieurs personnes qui ne sup-
portent les pertes qu’à concurrence de leur apport.
Chaque associé répond sur l’ensemble de son patrimoine des actes professionnels qu’il accomplit.
La société est solidairement responsable avec lui.
R

De la combinaison de ces deux textes, il ressort que la SELAS peut être créée par les deux méde-
cins qui exercent une profession libérale. La responsabilité des associés est limitée pour les dettes
sociales à hauteur de leurs apports. Cependant la responsabilité de chaque associé est illimitée
pour les dettes professionnelles (par exemple à la suite de fautes professionnelles) et la société est
solidairement responsable avec le professionnel.
R

L’avantage procuré par la SELAS est la limitation de responsabilité pour les dettes sociales et la
solidarité de la société avec le professionnel pour les dettes professionnelles.
7) Direction de la SELAS
O

Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée. La société est représentée à
l’égard des tiers par un président désigné dans les conditions prévues par les statuts.
Dans le cas, les associés devront désigner un président qui dirigera la SELAS, le généraliste peut
l’être.
C

8) Abus de biens sociaux


Est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 375 000 e le fait pour le pré-
sident d’une société par actions simplifiée de faire, de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la
société, un usage qu’il sait contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser
une autre société ou entreprise dans laquelle il est intéressé directement ou indirectement.
Dans le cas le président a utilisé la trésorerie de la SELAS (chèque de la société) pour payer une
dette personnelle (travaux de plomberie effectués dans sa résidence principale), il a commis le
délit d’abus de biens sociaux, il encourt cinq ans d’emprisonnement et 375 000 _ d’amende.
9) Formalités de création d’une association
Les associations de personnes peuvent se former librement sans autorisation ni déclaration préa-
lable. Toute association qui voudra obtenir la capacité juridique devra être rendue publique par les
soins de ses fondateurs : la déclaration préalable en sera faite à la préfecture du département ou
à la sous-préfecture de l’arrondissement où l’association aura son siège social. Elle fera connaître

330
Autres types de sociétés et de groupements, droit pénal 4
CAS DE SYNTHÈSE

S
le titre et l’objet de l’association, le siège de ses établissements et les noms, professions et domi-
ciles et nationalités de ceux qui, à un titre quelconque, sont chargés de son administration. Un
exemplaire des statuts est joint à la déclaration.
Dans le cas, il faudra rédiger les statuts de l’ASR, effectuer la déclaration en préfecture en y joi-
gnant les statuts pour que l’ASR ait la capacité juridique.

É
10) Responsabilité d’une association
Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer.

G
Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par
sa négligence ou par son imprudence.
Les personnes morales sont responsables pénalement, selon les distinctions des infractions com-
mises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants.
Une association engage sa responsabilité civile pour les dommages résultant de fautes com-

I
mises volontairement ou par négligence ou imprudence. Elle engage également sa responsabilité
pénale si elle commet les infractions prévues par la loi.
Dans le cas, un dommage a été causé à un participant de la manifestation sportive organisée par

R
l’association. Ce dommage résulte d’un défaut de sécurité imputé à l’association. L’ASR engage sa
responsabilité civile délictuelle et pénale pour blessures involontaires.

R
O
C

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