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DROIT PRIVÉ EN FRANÇAIS

THÉORIE GENERALE DES OBLIGATIONS

Professeur : Mohamed EL MADANI

EL MADANI

SEMESTRE 2

Année Universitaire 2020 – 2021


Théorie des Obligations Professeur Mohamed EL MADANI

Introduction :
I. La notion d’obligation :
L’obligation est une notion juridique abstraite qui appelle quelques
précisions. Il existe entre les personnes juridiques un réseau d’obligation. En
effet, l’obligation n’est ni définie par le code civil français ni par le dahir des
obligations et contrats (DOC), c’est deux codes ne donnent que la définition du
contrat qui est le type de conventions le plus courant. "Le contrat est une
convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'obligent envers une ou
plusieurs autres (personnes), à donner, à faire, ou de ne pas faire quelque
chose".

Il faut donc reprendre la définition issue du droit romain et reprise par le


doyen cornu (père du droit civil) selon laquelle : "l’obligation est un lien de
droit en vertu duquel une ou plusieurs personnes (le ou les débiteurs) sont tenues
envers une ou plusieurs personnes (le ou les créanciers) de donner, de faire, ou
de ne pas faire quelque chose".

Le terme obligation est susceptible de trois sens possibles :

A. Sens large et général : dans le langage courant, obligation est souvent


utilisée dans le sens de devoir. À titre d’exemple : obligation de rouler à
droite, obligation de payer les impôts, obligation d’immatriculation au
registre de commerce pour une société.
Ce sont donc des prescriptions légales ou règlementaires, qui imposent un
devoir à une personne, mais non une obligation au sens juridique, parce qu'il
y n’a pas de créancier, c'est-à-dire il n'y a pas de lien de droit ou de rapport
de droit entre deux personnes.
B. Sens financier : l’obligation au sens financier désigne le titre, c'est-à-dire
l’acte écrit qui constate une dette. On l’utilise surtout en droit des affaires. En

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effet, en droit des affaires on oppose les actions (sociétés de capitaux) aux
obligations (sociétés de personnes).
Les actions sont des titres qui représentent une participation au capital de la
société. A l’inverse, les obligations sont des titres constatant un simple prêt
consenti à une société moyennant un intérêt qui doit être versé quelque soit le
résultat financier de l’entreprise. A titre d’exemple, obligation de trésor
public, obligation de l’ONCF, obligation de l’ONP.
C. Sens juridique restreint : on entend par obligation, le rapport (lien entre
créancier et débiteur), c'est-à-dire le lien de droit qui unit deux personnes. De
manière plus précise, c’est le lien de droit par lequel une ou plusieurs
personnes (débiteurs) sont tenues d’une prestation (fait ou abstention) envers
un ou plusieurs personnes (créanciers), en vertu soit d’un contrat (obligation
contractuelle), soit d’un quasi-contrat (obligation quasi-contractuelle), soit
d’un délit (obligation délictuelle), soit d’un quasi-délit (obligation quasi-
délictuelle), enfin soit de la loi (obligation légale).

Dans un sens restreint, l’obligation est la dette des débiteurs sujets


passifs du rapport du droit envers le créancier sujet actif du rapport du
droit, c'est-à-dire droit de créance. En d’autre terme, l’obligation est la
prestation que doit fournir le débiteur : donner, faire, ne pas faire quelque chose.

Créancier créance Débiteur

Créancier obligation (Dette) Débiteur

A titre d’exemple :

 L’acheteur entant que débiteur doit payer le prix convenu, le vendeur doit
assurer la délivrance de la chose vendue.

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 Le salarié doit fournir la prestation convenu, l’employeur doit verser une


rémunération.
 L’auteur du fait dommageable (du préjudice) doit réparer, indemniser ou
dédommager la victime.

Mécanisme du rapport (lien) d'obligation

Prestation
Créance  Donner
Créancier  Faire Débiteur
 Ne pas faire
quelque chose Dette

II. Les sources du droit subjectif :

Droit Subjectifs : Prérogatives

Droits Patrimoniaux Droits Extrapatrimoniaux


Qui ont une valeur pécunière, càd évaluables en argent et qui rentrent Qui n'ont pas de valeur pécunière, ne sont pas
dans le commerce juridique évaluables en argent
exemple: Droit de propriété: achetr une maison exemple: Droit de vote, droit de fonder une
famille

Droits réels Droits


personnels
Droits
Droit de propriété
c'est un droit qu'a une C'est un droit qu'a une
intellectuels
personne sur une chose personne sur une autre Droit qu'a une
exemple: Droit de propriété exemple: Droit de personne sur une
l'usurfruit, l'hypothèque le créance activité ou création
gage artistique ou littéraire
dette: obligation
exemple: Droit d'auteur

Les droits subjectifs sont des prérogatives ou des pouvoirs reconnus aux
personnes à l’égard de certains biens ou à l’égard des autres personnes. Ainsi, à
titre d’exemple, le droit de propriété est un droit subjectif qui confère à son

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titulaire un certain nombre de prérogatives sur un bien déterminé. Exemple :


usager, vente, location, hypothèque, donation,…etc.

Le droit de créance en revanche, est un autre exemple de droit subjectif


qui permet à son titulaire (le créancier) de demander à son débiteur le
remboursement de sa dette le cas échéant (cas de nécessité) par la voie de
judiciaire (la saisie).

En effet, les droits subjectifs sont intimement liés aux obligations, celles-
ci (obligations) constituent la contrepartie de ceux-là (droit subjectif).

Au terme et au vue des précisions précédentes, une question centrale


demeure sans réponse, c’est celle de savoir comment et à quel titre une personne
peut être tenue d’une obligation envers une autre personne ?

La réponse à cette question est claire, elle tient simplement en ceci : un


débiteur est redevable de sa prestation soit parce qu’il a voulu (un acte
juridique), soit parce que la loi lui impose cette obligation (fait juridique). Il ya
en effet deux manières d’être obligé :

 L’une est volontaire et résulte de l’acceptation exprimée par le débiteur


d’accomplir telle prestation à l’avantage du créancier;
 L’autre est légale et procède de l’injection (l’ordre) formulé par la loi ou les
règlements de respecter ou d’exécuter une obligation légale précise.

Il existe en effet deux manières selon qu’elles trouvent leur origine dans
la loi ou la volonté individuelle, les obligations ne sont pas soumises aux mêmes
conditions d’existence.

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Comme le remarque subtilement le professeur "JEAN CARBONNIER" :


"l’homme peut être obligé aussi bien pour avoir donné sa signature que pour
n’avoir pas un coup de frein", cette formule imagée et concise résume bien la
genèse possible des obligations :

- Les unes proviennent d’une manifestation de la volonté individuelle précisée


par M. CARBONNIER qui exige la position d’une signature en bas d’un
document. Autrement dit, par la conclusion d'un contrat.
- Les autres proviennent d’un événement qui résulte de la survenance d’un fait
d’une manière involontaire et auxquelles s’attache légalement un devoir à la
charge d’une personne qui a commis ce fait d’une manière involontaire
(exemple : accident).

Dans le premier cas, le fait générateur de l’obligation est dénommé "acte


juridique", il y a acte juridique d’une manière générale lorsqu’un individu
manifeste intentionnellement sa volonté de créer des effets ou des conséquences
juridiques. A titre d’exemple, j’achète un bien pour en devenir propriétaire, une
personne loue un appartement pour percevoir un loyer, un salarié travaille pour
percevoir un salaire. Tous ces faits expriment une volonté d’obtenir un résultat
juridique déterminé.

Dans le second cas, l’événement dont provient l’obligation est appelé "fait
juridique". Le fait juridique est une circonstance à laquelle la loi lie d’autorité et de force des
conséquences de droit qui ne sont pas ni recherchées ni voulues par la personne concernée
(accident). Par opposition à l’acte juridique, le fait juridique ne suppose pas la recherche de
ces conséquences, et que les personnes intéressées ne les avaient pas volontairement
recherché. A titre d’exemple, la victime d’un accident n’a pas souhaité d’être mise dans cette
situation, pour qu’elle puisse faire valoir un droit à réparation, de même pour l’auteur de
dommage celui-ci n’a pas voulu causer cet accident ou le préjudice qui en résulte, mais cette
considération ne le soustrait pas d’indemniser la victime de son fait.

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La différence entre acte juridique et fait juridique se situe au niveau de


l´objectif poursuivi par l´auteur : A titre d’exemple : j´achète un bien pour en devenir
propriétaire, une personne loue un appartement pour percevoir un loyer, on travaille pour
gagner un salaire… Donc, quiconque se marie, rédige son testament, émet un chèque ou
prend place dans un bus ou dans un taxi exprime sa volonté d´obtenir un résultat
juridique déterminé. Ces manifestations de volonté sont créatrices d´effets
juridiques et constituent autant d´actes juridiques.

CHAPITRE I : La classification des obligations


La classification des obligations selon la source privilégié l’acte ou le fait juridique
qui lui donne naissance.
En effet, l’acte juridique est une manifestation de volonté dont les conséquences
sont voulues et recherchées. Exp : contrat de vente, de location et mariage.
Le fait juridique est un événement dont les conséquences juridiques ne sont pas
voulues ni recherchées. Exp : accident de circulation, inondation, etc..
D’après la source de l’obligation, on peut distinguer entre :
- L’obligation contractuelle : elle provient d’une convention entre deux ou plusieurs
personnes et qui résulte d’une manifestation de volonté productrice des faits juridiques.
Exp : contrat de vente.
- L’obligation délictuelle : elle provient d’un fait volontaire dont les conséquences ne
sont pas voulues ou recherchées. Exp : une personne qui …..propos mensongers pour
nuire à quelqu’un ; ce dernier va intenter un procès en diffamation pour (1) obtenir des
excuses et (2) une indemnisation.
- L’obligation quasi-délictuelle : elle a pour origine un fait involontaire mais
dommageable. Exp : une personne par négligence fait tomber un vase de balcon sur
passant.
- L’obligation quasi-contractuelle : elle a pour origine un acte ……………….chargé ou
mandaté. Exp : gestion d’affaire : une personne qui gère bien d’une autre personne
pendant son absence sans avoir au préalable accord.
- L’obligation légale : l’obligation légale est une obligation imposée par loi ou le
gouvernement. Exp : payer les impôts.

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Section I : La classification des obligations selon leurs sources

Pour que naissent les droits subjectifs, il faut qu’un événement déclenche
l’application d’une règle de droit objectif.

Cet événement est :

 Soit un acte juridique : qui est un comportement volontaire en vue de


produire des conséquences juridiques : l’acte juridique est toujours voulu,
exemple : conclusion d'un contrat de vente.
Les actes juridiques sont :
- soit unilatéraux : ils traduisent la volonté d’une seule personne comme le
testament ou la donation.
- soit bilatéraux ou multilatéraux : ils résultent de l’accord de la volonté de
deux ou plusieurs personnes, exemple : le contrat d’achat.
 Soit un fait juridique : c’est un comportement (volontaire ou involontaire)
produisant des conséquences juridiques. En effet, ces conséquences
juridiques n’ayant pas été voulues ni recherchées. A titre d’exemple je blesse
un piéton avec ma voiture, je n’ai pas voulu l’acte et moins encore verser les
dommages et intérêts.

La classification des obligations fondée sur la source désigne : l’acte ou


le fait juridique qui lui donnent naissance, le crée en quelque sorte. En effet, la
source de l’obligation c’est le fait immédiat qui lui donne naissance. Ainsi, à
titre d’exemple, si l’employeur est tenu de verser un salaire c’est en vertu du
contrat de travail qui le lie au salarié, la source immédiate de l’obligation de
l’employeur se trouve dans le contrat de travail, si auteur d’un dommage est tenu
à réparation, c’est parce que le préjudice causé à autrui est source d’obligation,

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la source immédiate de l’obligation de réparer se trouve dans la loi qui oblige


l’auteur du dommage à réparer.

Obligations

Actes juridique : on Faits juridique : n'ont pas


été voulus, été voulus, conséquance
conséquence voulus non voulus

Contrat : actes
unilatéraux, bilatéraux Obligation
la source : ou multilatéraux de légale imposé
volonté par la loi

Quasi-contras :
Engagement Délit ou quasi- gestion d'affaire (une
imposé par la délit : fait personne qui gère les
loi : payer des dommageable, bien d'autrui sans en
être chargée ou
impots accident mondatée

D’après l’illustration qu’on vient de faire, on constate qu'une personne


peut être obligée à faire une chose en vertu :

1. De la loi : se sont des obligations légales imposées par la loi. A titre


d’exemple obligation alimentaire entre époux, ascendants et descendants;

2. De règlement : ce sont des obligations posées par le règlement


(Gouvernement). Exemple: payer les impôts, faire le service civil.
On constate d’après la loi et le règlement qui représente le droit objectif peut
ainsi imposer des obligations en dehors de tout acte et fait juridiques. La loi
est bien entendu une source d’obligation dont certaines sont impératives et
auxquelles il n’est pas possible d’y déroger, en parle alors des lois
impératives et des lois d’ordre public. D’autre loi sont dites supplétives ce
qui signifie qu’elles s’appliquent sauf si l’on décide d’y déroger.

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3. Actes juridiques : l’obligation peut résulter aussi d’un acte juridique par
lequel deux personnes s’engagent volontairement, exemple type : le contrat.
En effet, une personne peut être obligée en vertu d’un contrat comme elle
peut être obligée en vertu d’un engagement unilatéral, il s’agit d’une
manifestation, d’une seule volonté produisant des effets juridiques, exemple :
testament ; car le testament crée des obligations envers celui qui s’engage
considérer comme débiteur.
4. Faits juridiques : ce sont des obligations intentionnelles (délits) ou non
intentionnelles (quasi-délits). Ce sont des faits juridiques qui ont créé un lien
de droit entre des personnes sans que ce lien ait été voulu, à titre d’exemple:
celui qui blesse autrui doit réparer le préjudice causé.

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Section 1: Les actes juridiques

L’acte juridique est la manifestation de la volonté d’une ou plusieurs


personnes en vue de produire des effets juridiques voulus et recherchés. Les
actes juridiques entrainent des obligations volontaires qui peuvent naître d’un
engagement unilatéral ou d’un contrat.

L’acte juridique est généralement défini comme étant une manifestation


de volonté en vue de produire des effets juridiques ou de créer des droits
subjectifs ou donner naissance à une obligation.

L’acte juridique est un acte voulu par son auteur, d’où la nécessité de
protéger cette volonté qui doit être saine et exempte de vices, c'est-à-dire non
entachée par l’un des vices de consentement qui sont : l’erreur, le dol, la
violence, et la lésion.

 L’erreur: est le fait de s’être trompé de manière déterminante sur l’objet de


l’engagement ou sur une qualité essentielle de cet objet.
 Le dol: c’est l’erreur provoquée par des manœuvres frauduleuses en vue de
pousser un contractant à signer un contrat exemple : vente de voiture.
 La violence: est la contrainte physique ou morale ou menace exercée sur une
personne pour extorquer son consentement.
 La lésion: c’est un déséquilibre flagrant entre les prestations des parties, elle
est généralement due au dol.

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A- La classification des actes juridiques


Les actes juridiques obéissent à une classification fondamentale qui nous
permet de distinguer :

1 - L’acte unilatéral
Qui est l’expression d’une seule volonté, c’est le cas par exemple de la
donation ou du testament.

2- Le contrat ou l’acte bilatéral ou multilatéral


Qui est un accord entre deux ou plusieurs personnes, l’exemple le plus
courant le contrat de vente qui implique la volonté du vendeur et celle de
l’acheteur (l'acquéreur).

3- L’acte juridique collectif


Par lequel la volonté de la majorité d’un groupe s’impose à tous ses
membres, exemple : la convention collective du travail conclue entre un
groupement d’employeurs et les syndicats des salariés. Cette convention
collective oblige tous les employeurs membres du groupement et tous les
salariés du secteur intéressé.

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B-La classification propre aux contrats

Les contrats sont le siège d’une véritable créativité juridique, il est donc
utile de les classer. Plusieurs classifications peuvent être réalisées :

1- La première classification distingue, le contrat synallagmatique du contrat


unilatéral
Dans le contrat synallagmatique ou bilatéral, est celui qui contient un
engagement réciproque des contractants. les parties du contrat s’obligent
réciproquement.(prestation /contre prestation). Par exemple : le vendeur s’oblige
à livrer la chose vendue et l’acheteur s’oblige à en payer le prix.

Quand les obligations pèsent sur une partie uniquement, le contrat est
unilatéral. Une seule partie s’engage. Par exemple, le contrat de prêt est
unilatéral, car seul l’emprunteur est tenu à une obligation de verser la somme
prêtée à échéance à terme fixé.

2- La deuxième classification distingue, le contrat commutatif du contrat


aléatoire
Le contrat commutatif est celui dans lequel chacune des parties connaît
d’avance et dès la conclusion du contrat l’importance des obligations et des
prestations qu’elle doit fournir. Au surplus, ces prestations sont tenues pour
équivalentes, par exemple: il en va ainsi pour la vente d’un appartement contre
un prix exprimé en monnaie.

En revanche, dans le contrat aléatoire, la prestation de l’une des parties


dépend d’un évènement incertain (aléa). Dans le contrat aléatoire l’une des
prestations va consister dans une chance de gain ou de perte dépendant d’un
événement incertain : un aléa. Par exemple, dans le contrat d’assurance les
prestations misent à la charge de l’assureur dépend en fonction des circonstances
et d’événements incertains : à titre d’exemple un accident, un vol ... etc.

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3- La troisième classification distingue, le contrat à titre gratuit et le contrat à


titre onéreux
Dans le contrat à titre onéreux, chacune des parties reçoit un avantage
qui est la contrepartie qu’elle procure à l’autre. Chaque partie fournit et reçoit en
contrepartie, quelque chose. Par exemple dans le contrat de travail, le salarié
fournit sa force de travail et reçoit en contrepartie un salaire.

En revanche, dans le contrat à titre gratuit, une partie s’engage sans


contrepartie, car, animée par une intention libérale. En d’autres termes, l’une des
parties procure à l’autre un avantage, sans rien recevoir en échange. Une partie
fournit pendant que l’autre reçoit. L’exemple le plus typique est celui de la
donation, dans ce contrat unilatéral de donation, le donataire s’enrichit mais le
donateur s’appauvrit.

4- La quatrième classification, oppose le contrat à exécution instantanée au


contrat à exécution successive
Dans le contrat à exécution instantanée, les obligations sont réalisées de
façon immédiate. Exemple: vente au comptant.

En revanche, dans le contrat à exécution successive, la réalisation des


prestations s’échelonnent dans le temps. Exemple : contrat de location, contrat
d’abonnement, contrat de travail.

5- La cinquième classification, distingue le contrat consensuel au contrat


solennel
Le contrat consensuel, est celui qui se forme par le seul échange du
consentement, c’est-à-dire, par la seule rencontre des volontés. Aucune formalité
n’est exigée pour sa validité. Exemple : le contrat de transport et le contrat de
vente.

En revanche, le contrat solennel, exige pour sa formation parfaite, outre


l’échange des consentements, la soumission à un certain formalisme. Le contrat
solennel, ne peut être réalisé et ne peux être valable, que si des formalités sont
respectées. Exemple contrat de mariage.
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6- La sixième classification, oppose le contrat d’adhésion au contrat gré à gré

Les dispositions et (les clauses) du contrat du gré à gré font l’objet d’une
discussion entre les parties. Exemple : vente d’un appartement.

En revanche, dans un contrat d’adhésion, une partie s’impose à l’autre


dans un rapport de force qui interdit toute véritable discussion, c'est-à-dire, l’une
des parties économiquement plus puissante impose ses conditions à l’autre
partie, En d’autres termes, c’est un contrat dans les conditions sont déjà fixées
préalablement par l’une des parties. L’autre contractant ne peut que les accepter
ou de les refuser en bloc. A titre d’exemple : le contrat de transport ONCF.

7- La sixième classification, oppose les contrats nommés et contrats innommés

Les contrats nommés, sont des contrats dont le régime est spécialement
réglementé par la loi. Les contrats nommés ont un nom. Ils sont connus, ainsi que, leurs
effets, parce que leur régime juridique est défini par la loi. A titre d’exemple : Contrat de
vente articles 491 et suivant du DOC ; et la vente d’immeubles,( articles 476 à 618), le
prêt (articles 856 à 878), le contrat de travail, (articles 723 à 758), le contrat de location, (
articles 626 à 722) ; etc ….

En revanche, les contrats innommés, sont ceux, que la loi n’a pas prévus de
réglementation et ne les a pas réglementés sous une dénomination propre et ne font
l’objet d’aucune réglementation légale particulière. Ces contrats deviennent
actuellement de plus en plus nombreux. A titre d’exemple : Contrat de publicité, contrat
médical, contrat de leasing et le contrat de déménagement…. Ils sont créés par la
pratique.

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SOURCE DES
OBLIGATIONS

ACTES JURIDIQUE FAITS JURIDIQUE

LOI,
UNILATERAL BILATERAL
QUASI-CONTRAT,
QUASI DELIT,
DELIT.
TESTAMENT
CONTRAT
DONATION.

UNILATERAL SYNALLAGMATIQUE

CREDIT BANCAIRE VENTE

N.B :
Il ne faut pas confondre l’acte juridique unilatéral (exemple : testament, donation)
avec le contrat unilatéral qui en tant que contrat qui implique l’échange des consentements,
mais ne fait naître d’obligation qu’à la charge d’une seule partie (exemple du prêt bancaire).

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Section 2 : Les faits juridiques

A- Quasi-contrats

Comme les actes juridiques, les faits juridiques peuvent aussi être à
l’origine des droits subjectifs.

Si l’acte juridique est déterminé par un acte volontaire destiné à produire


des effets de droit, le fait juridique peut se réduire à un événement purement
matériel qui échappe à la volonté de l’homme et qui est susceptible en
particulier de créer ou d’aménager un droit subjectif. C’est le cas par exemple de
la naissance qui est un fait juridique générateur de nombreux droits subjectifs, il
en va de même du cas du décès qui provoque l’ouverture de la succession et la
transmission aux héritiers les biens du défunt.

Il est possible de rattacher au fait juridique ce que le DOC appelle les


quasi-contrats qui constituent la seconde catégorie de faits juridiques et qui
donnent naissance à des obligations. Ils sont en nombre de trois : la gestion
d’affaire, la répétition de l’indu, l’enrichissement sans cause.

1- La gestion d’affaire
Des rapports de droit sont engendrés par une gestion des affaires d’autrui
qui se réalise en l'absence de tout mandat ou autorisation du maître de l’affaire
(article 943 du DOC). L'exemple le plus souvent de citer est de celui de la
personne qui effectue des travaux de réparation sur la toiture de la maison de son
voisin absent après le passage d’une tempête. En effet, cette personne s’est
comportée comme un mandataire même si elle ne l’est pas, car le maître ne
l’avait pas chargé. Donc elle doit être, par conséquence, payée pour les travaux
qu'elle a effectués, et en contrepartie, elle doit être aussi indemnisée des
dépenses qu'elle a effectuées.

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En d’autre terme, la gestion d’affaire est un acte juridique et matériel


effectué par une personne, le gérant qui s’occupe volontairement des affaires
d’une autre personne, le maître de l’affaire ou géré, sans en avoir été chargé ou
mandaté.

a. Conditions de la gestion d’affaire


 Obligation à la charge du gérant :
- Il doit apporter à la gestion de l’affaire tous les soins d’un "bon père de
famille";
- Il doit rendre compte de sa gestion : il doit justifier les dépenses qu'il a
effectuées par la présentation des factures ou des preuves.

 Obligation à la charge du maître de l’affaire (géré) :


- Il doit remplir les engagements que le gérant a souscrit en son nom,
c'est-à-dire il doit continuer le contrat que le gérant a conclu avec le
couvreur;
- Indemniser le gérant de toutes les dépenses nécessaires qu'il a fait.

b. Effets de la gestion d’affaire


 Effets à l’égard de gérant:
- Il doit continuer et achever la gestion dont il s’est chargé;
- Il doit gérer en "bon père de famille";
- Il doit rendre compte de sa gestion.
 Effets à l’ égard du géré:
- Il est tenu d’approuver et de consentir la gestion du gérant (son
consentement et son approbation transformeraient la gestion d’affaire
en mandat ou contrat d'entreprise);
- Il doit donc indemniser le gérant des dépenses utiles et nécessaires
qu'il a engagé dans sa gestion.

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2- La répétition de l’indu

Payer l’indu c’est exécuter une prestation dont on n’est pas tenu. Celui
qui a payé (le solvant) est en droit de réclamer restitution ou répétition à celui
qui a reçu le paiement (l’accipiens).

En d’autre terme, le paiement de l’indu est une exécution d’une


prestation à laquelle on n’était pas tenu, l’accipiens (personne ayant reçu le
payement) est tenu de restituer au solvant (personne ayant effectué le payement).

A titre d’exemple, suite à une erreur dans un virement bancaire, vous


recevez une somme d’argent (prestation) qui ne vous est pas destinée, dans ce
cas vous avez l’obligation de la rendre et de la restituer, c’est ce qu’on appelle la
répétition de l’indu du remboursement de ce qui était donné indûment.

Au terme de l’article 68 du DOC : "Celui qui, se croyant débiteur, par


une erreur de droit ou de fait, a payé ce qu'il ne devait pas, a le droit de
répétition contre celui auquel il a payé".

Exemple : le débiteur à payer sa dette, après son décès les héritiers payant cette
dette ignorant qu’elle a été déjà payée, ensuite il retrouve la quittance donné par
le créancier, donc ils vont demander la répétition de l’indu.

3- L’enrichissement sans cause


L’enrichissement sans cause est un principe selon lequel nul ne peut
s’enrichir sans cause légitime aux dépens d’autrui. Consacré par la
jurisprudence, ensuite par la loi, l’enrichissement sans cause est devenu source
autonome d’obligation.

L'enrichissement d’une personne au dépens d’une autre s’il est dépourvu


de cause, de justification ouvre à l’appauvri une action en restitution ou l’action
de in rem verso.

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Fondé sur un principe d’équité, cette action est consacrée par le


législateur marocain : article 66 à 75 du DOC qui en fixe les conditions et les
sanctions.

En effet, l’appauvri dispose d’une action en justice, lui permettant de


demander indemnisation à l'enrichi.

a. Les conditions de l’enrichissement sans cause :


- Une personne s’est enrichie alors qu’une autre s’est appauvrie
corrélativement (l’appauvrissement de l’une est la conséquence de
l’enrichissement de l’autre);
- L’appauvri n’a pas commis de faute ayant provoqué son
appauvrissement, il n’a pas agi dans un intérêt personnel;
- L’enrichissement n’a pas de cause légitime [il ne résulte pas d’un acte
juridique (contrat) ou d’une disposition légale].
b. Les effets de l’enrichissement sans cause :
L’appauvri devient de se faite devient créancier de l’enrichi selon les
articles 66 et 67 : "Celui qui s’enrichi au détriment d'autrui sans une cause qui puisse
justifier cet enrichissement est tenu à restitution", ce qui veut dire en d’autre terme

qu’il y a un déséquilibre de patrimoine qui n’est pas justifié. En effet, l’article 66


du DOC fait obligation à celui qui s’est indûment enrichi aux dépens d’autrui de
restituer la valeur qui fait l’objet de cet enrichissement injuste.

A titre d’exemple, un marchant avait fourni des engrais mis par le


fermier dans la terre louée par ce dernier, lequel les avaient répandus sur les
terres, mais n’en avait pas payé le prix aux fournisseurs pour cause
d’insolvabilité. Le propriétaire des terres récupéra les champs enrichis de la
plus-value procurée à la terre par les engrais. Cet enrichissement étant dépourvu
de cause, le fermier se retourna contre le propriétaire pour lui demander
indemnisation de la plus-value et les tribunaux lui donnèrent gain de cause.

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Théorie des Obligations Professeur Mohamed EL MADANI

L’enrichissement sans cause peut se manifester au niveau de deux cas :

1er cas: C’est l’exemple d’un patrimoine qui s’appauvri dès l’instant où il subit
une perte financières (le fermier qui s'est appauvri et qui n’a pas profité de
la plus-value procurée à la terre par les engrais).

2è cas: Il s’agit d’un manque à gagner: tel est le cas d’une épouse qui collabore
gratuitement pendant des années au secrétariat d’un cabinet juridique de
son mari avocat ; celle-ci s'est appauvrie pendant toutes ces années, et par
conséquent elle peut réclamer des dommages et intérêt pour toutes ces
années de travail qu’elle avait effectuées gratuitement.

B- Délit et Quasi-délit

Comme nous avons vu précédemment, il existe des faits qui procurent un


avantage à autrui (faits profitables). Ces faits peuvent être source d’obligations.
En revanche, il existe des faits qui causent un préjudice à autrui (faits
dommageables) qui sont à leurs tours sources d’obligations, en ce qu’elles
obligent leur auteur à réparation : il s’agit des faits illicites et dommageables qui
entrainent une obligation de réparation à la charge de leur auteur (dommage et
intérêt).

Il faut d’abord distinguer entre le délit et les quasi-délits. Le délit est une
faute intentionnelle ayant entrainé un dommage. En revanche le quasi-délit est
un fait non intentionnel dû à une simple négligence ou imprudence. En effet,
C’est la volonté de procurer le dommage qui permet de distinguer le délit du
quasi-délit :

- Si le dommage a été voulu par l’auteur de la faute, l’intention de provoquer le dommage


caractérise le délit civil, la faute est alors qualifiée de faute délictuelle;
- Si le dommage ne s’est réalisé que par suite d’une simple négligence ou imprudence, la
faute est qualifiée de faute quasi-délictuelle.
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À titre d’exemple : Constitue un délit toute infraction à la loi lorsque ce


fait est intentionnel et volontaire : coups et blessures volontaire, propos
mensongers pour atteindre la réputation d’une famille ou d'une entreprise. Une
personne publie des propos mensongers pour nuire à la réputation de quelqu’un,
elle lui doit en retour des dommages et intérêts.

En ce qui concerne le quasi-délit qui est un fait non intentionnel, causé


par imprudence ou négligence. Son auteur sera responsable du dommage causé à
autrui et donc tenu à réparation. L’ensemble des règles qui permettent à celui qui
a subi un préjudice d’agir en réparation contre l’auteur du dommage
constituent : droit de la responsabilité civile.

Section II : La classification des obligations selon leur objet

L’obligation est un lien de droit entre deux personnes en vertu duquel l’une des
deux, le créancier peut exiger de l’autre le débiteur l’exécution d’une prestation.
L’objet de cette prestation consiste en une obligation de donner d’une obligation
(transférer sa propriété ou rembourser un prêt), une obligation de faire (exécuter un travail),
une obligation de ne pas faire (s’abstenir de faire quelque chose).
Au niveau de la classification de l’obligation selon leur objet, il existe, trois types
d’obligations : - obligation de donner - obligation de faire - obligation de ne pas faire
- Obligation de donner : le débiteur de l’obligation s’engage à transférer au créancier,
le propriétaire d’un bien. Exp : le vendeur d’une maison qui s’engage à transférer le
titre de propriété à l’acheteur.
- Obligation de faire : le débiteur de l’obligation s’engage envers le créancier à
effectuer une certaine prestation positive. Exp : le salarié s’engage à effectuer le travail
convenu.
- Obligation de ne pas faire : le débiteur de l’obligation s’engage envers le créancier à
s’abstenir de commettre certains actes. Exp : le vendeur de FC s’engage à ne pas se
réinstaller à proximité d’un commerce semblable. Donc, il doit s’abstenir de
concurrencer déloyalement son acheteur.

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Théorie des Obligations Professeur Mohamed EL MADANI

L’objet de l’obligation retenue ici comme critère de distinction, comme ce à quoi


le débiteur est tenu envers le créancier. Le nombre des obligations sont illimité et leur objet se
ramène toujours soit à donner, soit à faire, à ne pas faire.
A) L’obligation de donner :
Il faut préciser ici que le terme « donner » n’a pas le sens habituel, c'est-à-dire
faire une donation. Au contraire, il signifie le transfert de la propriété ou tout droit préexistant
(usufruit, servitude). Ainsi définie, l’obligation de donner n’a pas le même intérêt selon qu’il
s’agit de corps certains ou des choses de genre.
1) Les corps certains :
On les appelle aussi choses non fongibles. Il s’agit des biens individualisés qui ne
seraient par conséquent être remplacés les uns par les autres. Exp : une maison est un corps
certain.
2) Les choses de genre :
On parle également des choses fongibles. Il s’agit des choses interchangeables,
c’est-à-dire qui peuvent être remplacées les unes les autres. Ces choses se déterminent au
poids, au nombre, ou à la mesure, tels les Blés, le Simon, la beurre, le lait, etc…
Ainsi, la vente d’une chose de genre ne transfert pas immédiatement la propriété à
l’acheteur. Ce transfert ne s’opère qu’après individualisation de la chose. Par conséquent, le
vendeur n’est considéré comme ayant exécuté son obligation de donner qu’après
l’individualisation de la chose vendue. Jusqu’à l’individualisation de la chose vendue, le
vendeur demeure propriétaire de cette chose et supporte sa perte si elle vient de périr par force
majeure.
B) L’obligation de faire :
Il y’a l’obligation de faire, lorsque le débiteur est tenu de faire quelque chose ou
d’accomplir un fait positif. Le domaine de l’obligation de faire est très vaste. En effet, tous
les contrats donnent naissance à une obligation de faire, c’est le cas notamment du contrat de
travail, contrat d’entreprise ou du contrat médical.
C) L’obligation de ne pas faire :

Il y’a l’obligation de ne pas faire, lorsque le débiteur est tenu de s’abstenir de certains
actes. On parle ici d’obligation négative, l’exemple classique est l’obligation de la vente d’un
fonds de commerce. Cette obligation consiste en une obligation de non-concurrence vis-à-vis
de l’acheteur du fonds de commerce. Il doit donc s’abstenir de se réinstaller dans un
commerce similaire dans rayon proche du fonds de commerce vendu. Si le vendeur ne
respecte pas son obligation de non-concurrence, l’acheteur peut saisir le juge de référé (juge
compétent en urgence) pour lui demander autre les dommages et intérêts d’ordonner la
cessation de l’activité concurrentielle par la fermeture du fonds de commerce.

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Section 3 : Classification des obligations selon leurs effets

Obligations de moyens Obligations de résultats

Obligation du médecin Obligation du transporteur

Le médecin doit mettre tous les moyens en


œuvre (son expérience, ainsi que ses
Le transporteur doit conduire le voyager à
connaissances médicales) pour accomplir son
destination saint et sauf. Il est tenu d’une
obligation le mieux possible. En d’autre
obligation de sécurité qui est une obligation
terme le médecin doit mettre toute sa
de résultat.
compétence et sa diligence au service du
malade en vue de le soigner.

L’obligation de résultat est donc une obligation en vertu de laquelle la


responsabilité du débiteur est engagée du simple fait que l’obligation n’a pas été
exécutée. Le débiteur ne peut s’exonérer (se libérer, se désengager) de la
responsabilité qu'en prouvant la survenance d’un cas de force majeur.

En revanche, l’obligation de moyen est une obligation en vertu de


laquelle le débiteur doit déployer tous ces efforts pour atteindre l’objectif visé
sans que sa responsabilité puisse être engagée du seul fait qui n’a pas atteint cet
objectif.

Dans cette éventualité (hypothèse) c’est au créancier de demander que le


débiteur n’a pas été assez diligent (n’a pas fait preuve de soin et sérieux dans son
travail) dans sa tentative de l’exécution de son obligation.

Dans son principe, la distinction est simple : l’obligation de résultat est


strictement déterminée : le débiteur promet un résultat précis et il est tenu de
l’atteindre. A titre d’exemple: l’acheteur est tenu de verser le prix, le vendeur est
tenu de livrer la chose vendu ; l’emprunteur est tenu de rembourser le prêt, le
transporteur est tenu de livrer la marchandise à temps.

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En revanche, le débiteur d’une obligation de moyen ne s’engage qu’à


mettre en œuvre les moyens nécessaires pour parvenir au résultat recherché, il
n’est donc tenu que d’agir avec diligence pour atteindre le résultat escompté. A
titre d’exemple: le médecin ne s’engage pas à guérir son patient, mais
simplement à lui assurer des soins consciencieux et diligents en vue de parvenir
à la guérison. De même, l’avocat ne permet pas de gagner le procès, il s’engage
uniquement à faire le meilleur usage de son savoir-faire (application connaissance
juridiques) et de son expérience pour que son client obtienne satisfaction ou gain
de cause.

A- Obligation de résultat
Constituant une obligation de résultat:

1- L'obligation qui incombe au transporteur


Le transporteur est tenu de faire parvenir le voyager, saint et sauf, à la
destination, et si se résulte n’est pas atteint l’obligation est considéré comme
n’avoir pas été exécuté. Les mêmes règles son valable par le transporteur des
marchandises qui doivent être livré par le transporteur en bonne état à l’arrivée.

2- L'obligation de l'architecte et de l'entrepreneur

L'un et l'autre sont tenus de la réalisation d'un résultat, telle la


construction d'un édifice qui doit durer au moins 10 ans après sa remise au
maître de l'ouvrage. En effet, pendant cette période l'ouvrage ne doit ni
s'écrouler totalement ou partiellement, ni présenter un danger évident
d'effondrement à cause des défauts de matériau ou à cause d'un vice de
construction. Si le résultat n'est pas atteint, la responsabilité de l'entrepreneur ou
de l'architecte qui a dirigé les travaux sera engagée. En cas de force majeur,
l'entrepreneur doit prendre une assurance professionnelle décennale (10 ans).

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B- L’obligation de moyen

Certains auteurs l’appellent aussi l’obligation de prudence ou de


diligence. Dans le cadre de cette obligation, le débiteur est tenu simplement et
uniquement de faire diligence et de se conduire avec prudence ( se comporter et se
conduire en bon père de famille) pour satisfaire le créancier.

Toutefois, aucun résultat n’est garanti à ce dernier cas il dépend de l'aléa.


Le débiteur doit juste utiliser les moyens nécessaires pour atteindre ce résultat.
Le moyen exemple qui met en évidence l’obligation de moyen est celui qui est
relatif à la profession médical.

1- L'obligation qui incombe aux médecins


En effet, le débiteur d’une obligation de moyen ne s’engage qu’à mettre en œuvre les
moyens nécessaires pour parvenir au résultat recherché. Il n’est donc tenu que d’agir avec
prudence et diligence pour atteindre le résultat escompté. A titre d’exemple: le médecin ne
s’engage pas à guérir son patient, mais uniquement à lui assurer des soins nécessaires et d’être
consciencieux et diligents en vue de parvenir à la guérison. Conformément aux données
actuelles de la science médicale.

2- L'obligation qui incombe aux avocats


De même, l’avocat ne promet pas de gagner le procès, il s’engage uniquement à faire
le meilleur usage de son savoir-faire (application connaissance juridiques) et de son
expérience pour que son client obtient satisfaction ou gain de cause. Mais il n’est pas tenu
d’une obligation de résultat. Si le résultat promis n’est pas exécuté, il y’a inexécution du
contrat et le débiteur est responsable. Lorsque le résultat n’est pas promis parce que le
débiteur s’est engagée uniquement à faire son possible pour y parvenir, on dit qu’il y’a
obligation de moyen, ce critère de l’intensité de l’obligation permet de distinguer les
obligations de résultat des obligations de moyen.

C- L’intérêt de la distinction entre l’obligation de résultat et l’obligation de moyen


Il existe d’abord des contrats où le débiteur promet au créancier un
résultat défini. Ainsi, dans le contrat de vente, l’obligation de l’acheteur est de
payer le prix, et l’obligation du vendeur est de livrer la chose en contrepartie
d’un prix. De même, le transporteur qui s’oblige à faire parvenir le voyageur
saint et sauf à destination, assure une obligation de résultat ; le débiteur est alors

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garant d’un résultat promu et responsable du seul fait que ce résultat n’est pas
atteint.

Il résulte que le créancier n’aura pas à prouver la faute du débiteur. Il


existe d’autres contrats, en revanche, où le débiteur ne promet rien de plus que
de mettre au service du créancier son expérience, son savoir, son savoir faire,
ainsi que les moyens matériels et techniques dont il dispose. Ainsi, le médecin
s’engage vis-à-vis du malade à lui disposer des soins consciencieux, attentifs et
conformes aux données actuelles de la médecine, mais il ne peut pas lui
promettre de le guérir.

Le créancier d’une obligation de moyen doit pour établir que cette


obligations n’a pas été exécutée, donc prouver la faute du débiteur (le médecin),
lequel sera jugé responsable s’il est démontré qu’il n’a pas fait preuve de la
diligence nécessaire, ou de la compétence que le créancier (malade) pourrait
attendre de lui.

intérêt de la distinction
entre l'OM et l'OR

au niveau de la charge de la
preuve de l'inexécution de
l'obligation

obligation de moyen: obligation de résultat:


Le créancier doit prouver la faute La responsabilité du débiteur
du débiteur, c'est à dire qu'il est présumée si le résultat
démontre qu'il n'a pas utilisé les n'est pas atteint.
moyens nécessaires.

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CHAPITRE II : LES CARACTÉRISTIQUES DES OBLIGATIONS

Au sens juridique, l’obligation est un lien de droit, c'est-à-dire un rapport


juridique entre deux personnes en vertu duquel l’une d’elles, le créancier, a le
pouvoir d’exiger de l’autre, le débiteur, l’accomplissement d’une prestation.

Le rapport qui unit les deux parties (personnes) d'obligation est un


rapport d’obligation, si en envisage ce rapport du côté du créancier, il est
titulaire d’une créance, alors du côté du débiteur c’est la personne sur laquelle
pèse l’obligation, elle a une dette.

La prestation est l’objet de l’obligation : c’est ce que le débiteur doit


fournir, ainsi que le comportement qu’il doit adopter en fonction de la nature de
l’obligation. Elle peut être (la prestation) un comportement actif ou passif :
donner quelque chose, faire quelque chose: c'est un comportement actif, ne pas
faire quelque chose est un comportement passif.

Le rapport d’obligation présente trois principaux caractères spécifiques :

Section 1 : l'obligation est un lien de droit personnel

Tous les rapports juridiques ne sont pas des rapports d’obligations, il


existe des rapports qui mettent en présence non pas des personnes (créancier et
débiteur) mais une seule personne titulaire d’un droit et un bien sur lequel
s’exerce ce droit (exemple: droit de propriété). En effet, l’obligation (ou le droit
personnel) se distingue du droit réel, les deux rapports sont des rapports
juridiques protégés par le droit objectif.

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L'atteinte au droit réel est sanctionnée aussi bien pénalement que


civilement. De même que le créancier d’une obligation inexécutée a le droit de
contraindre le débiteur à l’exécution dans un délai fixé par le juge.

Alors que le droit réel comprend deux éléments (le titulaire de droit et le
bien sur lequel s’exerce son droit); le droit personnel en revanche, comprend
trois éléments : un créancier, un débiteur, et une prestation. Cette distinction
trouve son intérêt au niveau des éléments constitutifs des deux rapports. Ainsi, le
droit réel et le droit personnel se distinguent surtout au niveau de leurs effets. Le
droit personnel est relatif, en ce sens que le créancier ne peut demander
l’exécution qu’à son débiteur (effets relatifs des conventions ou des contrats),
alors que le respect du droit réel s’impose à tous (vous avez une maison, tout le monde
doit respecter votre propriété).

Section 2 : l'obligation est un droit patrimonial


L'obligation est un droit patrimonial, c'est-à-dire que c'est un droit
pécuniaire et évaluable en argent. Elle fait partie du patrimoine qui comprend un
actif et un passif. En effet, le patrimoine est l’ensemble des droits et des
obligations appartenant à une personne et ayant une valeur pécuniaire. C’est une
universalité juridique constituée des droits de créance (passif) et des droits réels
(actif).

Les droits patrimoniaux font partie du patrimoine du sujet de droit, ils


ont une valeur d’échange, ils peuvent être cédés. Ils sont également
transmissible aux héritiers et saisissables par les créanciers. Pour le créancier,
l’obligation est une créance qui figure à l’actif ; pour le débiteur il s’agit d’une
dette qui figure au passif. L’obligation quel que soit son objet a une valeur qui
constitue l’élément du patrimoine. L'obligation est donc un droit patrimonial qui
se distingue des droits extrapatrimoniaux qui restent en dehors du patrimoine.

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Élément du patrimoine, l’obligation est un droit cessible (peut être cédée


entre vifs) et transmissible (produit des effets à l’égard des héritiers en cas de décès).

En droit français, les héritiers sont tenus au-delà de l’actif successoral.


Les héritiers sont des continuateurs de la personne défunte. C'est pourquoi ils
peuvent refuser la succession ou ne l’accepter que sous condition d’inventaire.
Par contre, en droit musulman les héritiers sont obligés d’accepter la succession
(l'héritage), ils ne peuvent pas refuser.

Section 3 : l'obligation est un rapport juridique


L’obligation est un lien juridique, c'est-à-dire un devoir qui pèse sur une
personne sous peine de sanction juridique (contrainte). Ce caractère permet de
distinguer l’obligation civile de l’obligation morale (naturelle).

En cas d’inexécution de l’obligation civile, le créancier est en voie de


contraindre le débiteur à l’exécution. Le principe de la contrainte est
expressément énoncé par le DOC et reçoit de nombreuses applications légales.
En revanche, l’obligation morale par opposition à l’obligation civile est
dépourvue de la contrainte et de la sanction.

Ce caractère nous conduit à préciser les relations qu'entretienne


l’obligation civile avec l’obligation morale, ainsi que le sens et la portée de la
contrainte.

 Contrairement à l’obligation civile, l’obligation morale est dépourvue de sanction et de


contrainte. À titre d’exemple, entre frères et sœurs l’obligation alimentaire est de nature
morale et non pas civile ; le débiteur n’a aucune obligation qui est de nature morale, et le
créancier ne peut plus contraindre son frère au paiement. En effet, le débiteur peut se sentier
moralement tenu, c'est-à-dire obliger de rembourser. Mais juridiquement, le créancier ne
dispose pas d’action en justice pour le contraindre de l’exécution de la dette.
Cependant, en cas d’exécution volontaire d’une obligation morale, le débiteur qui s’exécute
volontairement ne peut pas revenir sur cette exécution. De l’obligation morale, l'obligation
devient civile.
 L’obligation civile est une obligation juridique, en ce sens qu’elle entraine des conséquences
juridiques palpables en cas d’inexécution. Le principe de la contrainte est expressément
énoncé par l’article 259, alinéa premier du DOC aux termes duquel cet article dispose :
"lorsque le débiteur est en demeure, le créancier a le droit de contraindre le débiteur à
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accomplir l’obligation. À défaut, il peut demander la résolution du contrat, ainsi que des
dommages et intérêts".
 Les techniques d’exécution forée sont en fonction de l’objet de l’obligation, si l’obligation a
pour objet le paiement d’une somme d’argent, le débiteur peut encourir l’emprisonnement
qui peut être demandé par le créancier : c’est la contrainte par corps. (Dahir du 20 février
1961). Désormais, le recours à la contrainte par corps est limité aux dettes contractuelles, il
n’est plus permit en cas d’indigence du débiteur. La loi 30-05 du 02 novembre 2006, après
avoir rappelé que l’exécution de tout jugement ou arrêt portant condamnation au paiement
d’une somme d’argent peut être poursuivi par la voie de la contrainte par corps, ajoute (la
loi) : "Toutefois, une personne ne peut être mise en prison pour le simple fait de son
incapacité à remplir un engagement contractuel". Mais, dans la réalité, le principe de la
contrainte par corps est toujours admis, et cette forme de contrainte n’est pas définitivement
abolie. C’est pourquoi il est permis de considérer que l’obligation en droit marocain
conserve encore une dimension personnelle ; ce n’est pas uniquement entre patrimoine, mais
également un lien entre personnes.
Le créancier peut également recourir aux différentes saisies pour le paiement. S'il
s’agit d’une obligation de faire ou de ne pas faire, le créancier peut, en cas d’inexécution,
contraindre le débiteur sous la pression d’une pénalité (paiement d’une somme d’argent pour
chaque jour de retard apporté à l’exécution). C’est l’astreinte prévue par l’article 448 du CPC
(Code de la Procédure Civile), aussi l’article 261 du DOC prévoit que, en cas d’inexécution
d’une obligation de faire, il se résout en dommages et intérêts en cas d’inexécution (principe
dit de la convention).

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CHAPITRE III : L'EXTINCTION DE L'OBLIGATION

Comme le précise l’article 319 du DOC, les obligations peuvent


s’éteindre dans les cas suivants : Lorsque la prestation qui en fait l’objet est :

 Payée: c'est-à-dire que l’obligation est parfaitement accomplie par le débiteur


et le créancier. L'article 320 dispose : "l’obligation est éteinte lorsque la
prestation qui en est l’objet est faite au créancier dans les conditions
déterminées par la convention ou par la loi".
 Impossible à exécuter: L’obligation peut être impossible à exécuter soit
naturellement ou juridiquement, dans le premier cas, il s’agit d’un cas de
force majeur qui signifie un événement surnaturel qui empêche l'exécution de
l'obligation, dans le deuxième cas, le débiteur commet une faut, il n’exécute
pas l’obligation à temps, c’est ce qui dispose l’article 335 du DOC.
 La remise volontaire: La remise volontaire de l’obligation s’effectue par le
créancier qui en fait une libéralité, l’article 340 du DOC dispose :
"l’obligation est éteinte par la remise volontaire qu'en fait le créancier capable
de faire une libéralité. La remise de l’obligation a effet, tant qu’elle n'a pas été
refusée expressément par le débiteur".
 L'obligation est compensée: Lorsque les parties sont réciproquement et
personnellement créancier et débiteur, l’une de l’autre, l’obligation dans ce
cas est compensée (article 357 du DOC).
 Annulée par confusion: entre le débiteur et le créancier de la même
obligation. En effet l’article 369 du DOC dispose : "lorsque les qualités du
créancier et du débiteur d’une même obligation se réunissent dans la même
personne, il se produit une confusion de droit qui fait cesser le rapport du
créancier et du débiteur".

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 Prescrite: c'est-à-dire dépassant un délai légal de validité qui est en principe


de 15 ans pour les obligations civiles et de 05 ans pour les obligations
commerciales. Ainsi, dans le domaine pénal, les faits constitutifs de
conventions, délits ou crimes ; auront des peines de même nature qui se
prescrive respectivement de 02 ans pour les contraventions, 05 ans pour les
délits et 20 pour les crimes.
D’après les articles précités, on constate que l’obligation s’éteigne par :
1. Le paiement;
2. La compensation;
3. L'impossibilité d’exécution;
4. La remise volontaire;
5. La novation;
6. La confusion;
7. La prescription;

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Section 1 : L'extinction par exécution

Extinction par
execution

Le paiement La compensation

Toutes les obligations disparaissent par suite de leurs exécutions. La


modalité la plus générale d’exécution d’une obligation est le paiement (A). Une
autre modalité voisine est plus particulière est constituée par la compensation
(B).

A. Exécution par paiement


Le paiement est le mode normal le plus fréquent d’extinction
d’obligation, mais le mot ne doit pas être pris exclusivement en son sens
monétaire. Dans un sens large, le terme paiement désigne toutes exécutions
d’une obligation sans distinction de son objet, l’article 320 du DOC dispose :
"tout contractant qui exécute à quoi il est tenu, s’acquitte de sa dette, paie son
obligation". Ainsi, à titre d’exemple de l’employé qui effectue son travail, du
fournisseur qui livre la marchandise et de l’entrepreneur qui accompli sa
prestation.

B. L'exécution par compensation


La compensation désigne un procédé (technique) d’extinction de créance
réciproque jusqu'à la concurrence (à la limite) de la plus faible, article 357 du
DOC.

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La compensation intervient lorsque deux personnes sont à la fois


créanciers et débitrices l’une de l’autre : au lieu que chacune s’acquitte vis-à-vis
de l’autre par un paiement isolé, le droit admet que les créances mutuelles se
neutralisent jusqu'à hauteur de la moins élevée.

A titre d’exemple, M. Ahmed doit à M. Mohamed 5000DH, dont il est


par ailleurs créancier par 3000DH à M. Ahmed, la dette de Mohamed est réputée
éteinte, et celle de M. Ahmed se retrouve réduite à 2000DH.

Section 2 : L'extinction sans exécution :


1. L'impossibilité de paiement;
2. La remise de la dette;
3. La novation;
4. La confusion;
5. La prescription;

A. L'impossibilité de paiement :
Lorsque la prestation qui fait l’objet de l’obligation est devenue
impossible à exécuter, il y a donc extinction de l’obligation qui est due Soit à
une impossibilité naturelle, soit une impossibilité juridique.

1. L'obligation devient impossible naturellement à réaliser


En effet, l’objet de l’obligation devient irréalisable, et dans ce cas
l’impossibilité d’exécutions est appelée inexécution naturelle ou matérielle.

À titre d’exemple, un chirurgien qui s’engage à faire une opération chirurgicale,


sauf qu’entre temps et par malchance, ce dernier perd la vue à cause d’un
accident de voiture. Par conséquent, et compte tenu de ces circonstances
l’obligation devient impossible.

Un commerçant qui s’engage à livrer la marchandise en bon état et dans les


délais fixés, sauf que la panne de son véhicule due au basculement d’un arbre
qui est tombé sur le moteur, l'a empêché de livrer à temps la marchandise qui a
péri. C’est ce qu’on appelle le cas de force majeur.

Droit Privé Français Semestre -2- 2020/2021 Page 35


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Cependant, l’impossibilité d’exécution naturelle reste un cas qui revient à


l’appréciation de juge de fond, car c’est un point qui est basé sur le fait et le
droit.

2. L'objet de l'obligation devient impossible juridiquement à réaliser

Dans ce cas, il s’agit d’une impossibilité d’exécution de nature juridique,


c'est-à-dire que l’obligation est possible à exécuter au niveau matériel, sauf que
la loi intervient pour rendre l’objet de l’obligation impossible à exécuter, la loi
devient un obstacle à l’exécution de l’obligation. À titre d’exemple, un décret du
gouvernement qui décide le retrait d’une marchandise étrangère (exemple:
chinoise) du marché local ou national pour défaut de fabrication, et en même
temps, pour donner la priorité et encourager la production marocaine.

B. La remise de dette

L’extinction de l’obligation peut résulter de la volonté du créancier qui


renonce à exiger le paiement ; on est alors en présence d’une remise de dette:
celle-ci est une convention en vertu de laquelle, le créancier libère son débiteur
de toute ou partie de la dette, article 340 du DOC. En d’autre terme, le créancier
renonce volontairement à sa créance au profit du débiteur; cependant, la remise
de l’obligation (dette) ne peut avoir d’effet, tant que la remise de dette n’a pas été
refusée expressément par le débiteur.

Le créancier peut à la fois consentir cette remise de dette sans un dessein


de libéralité, elle peut aussi prendre la forme d’un concordat )‫(مسطرة الصلح‬ : à titre
d’exemple, un commerçant qui fait de mauvaises affaires qui se trouve placé en
état de cessation de paiement des dettes (faillite), ses créanciers peuvent renoncer
à une partie de leurs créances, pour permettre à ce commerçant défaillant de
rétablir sa situation financière et de se mettre en mesure de relancer à nouveau
son activité commerciale.

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C. La novation

On appelle novation, l’opération qui aboutit au remplacement d’une


obligation par une autre (article 347 du DOC). Cette opération, qui survient par
l’accord des parties intéressées, provoque l’extinction de l'obligation antérieure
et la naissance par voie de substitution d’une obligation nouvelle comportant un
ou plusieurs éléments différents. La novation peut, en effet, s’opérer par un
changement de créancier, ou un débiteur à la place de l’autre, ou de l'objet de
l’obligation ancienne.

D. La confusion
Elle résulte de la réunion, sur une même personne, des qualités du
créancier et du débiteur d’une même obligation, article 369 du DOC.

À titre d’exemple, un fils doit à son père 10.000DH, celui-ci décède en


laissant son fils comme unique successeur, ce fils-là qui hérite donc de la
créance ; ce qui le rend à la fois créancier et débiteur de la même obligation :
donc il y a confusion.

La confusion peut être regardée comme une cause d’extinction des


obligations, car elle empêche d'en réclamer l’exécution (en ne peut pas se
poursuivre soi-même en paiement, cela n’aurait aucun sens). Aussi, un locataire
d’un appartement dans un immeuble qui a la priorité d’achat, c'est-à-dire le droit
de préemption )‫(الشفعة‬, c'est-à-dire qu'en cas de vente d’appartement, il a la
priorité d’acheter par rapport aux tiers, il s'opère une confusion des qualités de
locataire et de propriétaire.

E. La prescription
Les droits qui restent des obligations ne peuvent plus être exercés par le
créancier lorsqu’un laps du temps s’est écoulé. Le créancier donc qui ne
demande pas sa créance pendant un certain délai fixé par la loi, perd le droit de
la réclamer (article 371 du DOC). À titre d’exemple, un commerçant qui ne

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demande pas ce qui est dû par un autre commerçant au-delà du délai fixé par la
loi ; qui est de cinq ans, perd le droit de poursuite judiciaire.
 La prescription extinctive :
 La prescription acquisitive :

La prescription évoque l’œuvre du temps, c’est comme une sorte de


sanction et de pénalité contre le créancier négligeant ou défaillant, c'est-à-dire le
créancier qui reste inactif trop longtemps et qui ne fait pas valoir ses droits à
temps en réclamant le paiement de ce qui lui est dû, il encourt le risque de voir
disparaître sa créance par la prescription extinctive.

La perscription extinctive ‫التقادم المسقط‬

La perscription ‫التقادم‬
La perscription acquisitive ‫التقادم المكسب‬

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Sommaire
Introduction : ......................................................................................................................................2
I. La notion d’obligation : ............................................................................................................2
II. Les sources du droit subjectif : ................................................................................................4
CHAPITRE I : LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS .............................................................................7
Section I : Les actes juridiques ....................................................................................................... 11
A. La classification des actes juridiques : ................................................................................ 12
B. La classification propre aux contrats : ................................................................................ 13
Section 2 : faits juridiques : ........................................................................................................... 17
A. Contrat et Quasi-contrat: ................................................................................................... 17
B. Délit et Quasi-délit............................................................................................................. 21
Section 3 : classification des obligations selon leurs effets : ........................................................... 22
A. Obligation de résultat ........................................................................................................ 25
B. L’obligation de moyen: ...................................................................................................... 26
C. L’intérêt de la distinction entre l’obligation de résultat et l’obligation de moyen : ............. 26
CHAPITRE II : LES CARACTÉRISTIQUES DES OBLIGATIONS .................................................................. 28
Section 1 : l'obligation est un lien de droit personnel qui se distingue du rapport de droit réel : .... 28
Section 2 : l'obligation est un droit patrimonial : ........................................................................... 29
Section 3 : l'obligation est un rapport juridique : ........................................................................... 30
CHAPITRE III : L'EXTINCTION DE L'OBLIGATION .................................................................................. 32
Section 1 : L'extinction par exécution : .......................................................................................... 34
A. Exécution par paiement : ................................................................................................... 34
B. L'exécution par compensation: .......................................................................................... 34
Section 2 : L'extinction sans exécution : ........................................................................................ 35
A. L'impossibilité de paiement : ............................................................................................. 35
B. La remise de dette : ........................................................................................................... 36
C. La novation: ....................................................................................................................... 37
D. La confusion: ..................................................................................................................... 37
E. La prescription: .................................................................................................................. 37

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