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Capacité - Droit des obligations – D.

Porcheron – 2020

Université de Strasbourg
2020-2021

Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion


Capacité en droit
L1 – S1

Cours de Madame Delphine PORCHERON

DROIT DES OBLIGATIONS


Document 1

o Présentation du programme 2x24h

o Bibliographie :
Code civil 2021
Ph. Jestaz, Le droit, Connaissance du droit, Dalloz 10e éd., 2018
D. Bonnet, A. Jussiaume, M.-P. Trutat Ma 1re année de capacité en droit, Ellipses 5e
éd., 2020
S. Porchy-Simon, Le droit des obligations, Hypercours, Dalloz 13e éd., 2021
P. Cabrol & M. Ribeyrol, Leçons de Droit des obligations, LGDJ, ellipses, 2e éd., 2018

o Importance du droit des obligations

1) Pénétration dans tous les domaines du droit :


De l’achat d’une baguette de pain au contrat de maîtrise d’œuvre, le droit des obligations
est au cœur de toute activité humaine.
Ex : droit du travail, droit des assurances, droit de bail, droit commercial, droit de la
responsabilité
Même en droit public, influence certaine – on ne peut comprendre le droit
administratif sans comprendre le droit des obligations.

2) Conséquence et corollaire – présent de manière quotidienne


On est constamment sous son coup et ce sous ses deux formes :

· Obligation peut résulter de deux sources, avoir deux origines :

- conventionnelle – obligation est créée par un accord des volontés.
- délictuelle – obligation est née d’un fait auquel la loi attache cette conséquence alors
qu’elle n’a pas été recherchée volontairement

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Cours de droit des obligations - Contrats


· Autre présentation : acte juridique, fait juridique
Nous étudierons cette année l’acte juridique.

Fait juridique (délit civil) : fait matériel illicite qui engendre à la charge de son auteur
une obligation de réparation du préjudice subi par la victime (ex : accident de la
circulation, renverser son café sur son voisin, etc.)

Acte juridique : manifestation de volonté dans le but de créer des effets de droit

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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020

INTRODUCTION

Le droit des contrats a été profondément modifié par l’ordonnance du 10 février
2016 portant réforme du droit des contrats. Le nouveau texte est entré en vigueur
le 1er octobre 2016. Cette ordonnance vient d’être ratifiée par la loi du 20 avril
2018.

Cette ratification s’accompagne de plusieurs changements qui sont entrés en
vigueur à compter du 1er octobre 2018.

Fruit de nombreux travaux doctrinaux, la réforme du droit des contrats est d’une
grande ampleur. Le droit des obligations n’avait pratiquement pas été modifié
depuis 1804. L’on retrouvera les modifications apportées par le nouveau texte tout
au long de ce cours.


§ 1- La notion d’obligation

1- Pluralité de sens :

Le terme obligation a plusieurs acceptions :

Dans le langage courant, l’obligation renvoie à des prescriptions quelconques :
l’obligation de rouler à droite, l’obligation de se laver les dents etc.

En droit bancaire (marché des obligations ou marché obligataire), le vocable peut
faire référence aux titres qui constatent des emprunts fait par des personnes morales de
droit public ou privé. L’obligation i.e. l’acte écrit constate le titre du prêteur.

Le terme « obligation juridique » signifie :
« L’obligation est un lien de droit entre deux personnes, en vertu duquel le créancier
est en droit d’exiger une prestation ou une abstention du débiteur ».

2- Eléments constitutifs :

- Un lien de droit : cette idée se trouve dans l’étymologie du terme qui vient de
ligare signifiant lier.
A l’origine, le créancier pouvait mettre à mort ou réduire en esclavage le débiteur.
Aujourd’hui, le débiteur est lié dans le sens où il est tenu d’exécuter ce qu’il doit. Le
créancier peut avoir recours à la force publique pour obtenir ce que le débiteur lui doit
(huissier…).

- Evaluable en argent : l’obligation est un droit qui peut être évalué en argent, c’est
un droit patrimonial (fait partie du patrimoine d’une personne : ensemble des droits et
obligations…).

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Cours de droit des obligations - Contrats

On distingue ainsi les droits extra-patrimoniaux (droit de la famille, droit à


l’honneur, etc.) du droit des obligations.
Cependant, les deux domaines s’interpénètrent. Par exemple, l’obligation
alimentaire a un caractère pécuniaire malgré son aspect familial. Toute violation à
l’honneur ouvre le droit à des dommages et intérêts…

- Caractère personnel : un lien entre deux ou plusieurs personnes, l’obligation est
un droit personnel.
Il faut la distinguer du droit réel qui est un droit direct sur une chose (ex : droit de
propriété). En matière de droit personnel, le créancier a un droit sur le débiteur. Si le
débiteur ne s’exécute pas, le créancier exerce ce droit sur le patrimoine de son débiteur
qui est l’émanation de celui-ci (droit de gage général : articles 2284 et 2285 du Code
civil). Mais, il n’a pas de pouvoir direct sur un bien du débiteur. Pour être satisfait, il doit
agir en justice. Le créancier a seulement le droit de contraindre son débiteur à payer.

§2- Les différentes classifications des obligations
Plusieurs classifications ont été proposées par la doctrine ou par le Code civil.
Toutes ont leur importance.

A- Classification selon la source :

1- Classification du Code civil

Selon l’article 1100 du Code civil : « Les obligations naissent d’actes juridiques, de
faits juridiques ou de l’autorité seule de la loi.
Elles peuvent naître de l’exécution volontaire ou de la promesse d’exécution d’un
devoir de conscience envers autrui ».

Il en résulte que les obligations peuvent être issues d’un acte juridique ou d’un fait
juridique, et de la loi.

Selon cet article, les obligations peuvent donc être issues de 3 sources différentes.

Cette classification est critiquée. En effet, la loi n’est pas une source autonome des
obligations. Elle est en effet, la source première, source primaire, de toute obligation.
Dans le contrat par exemple, c’est la loi qui reconnaît aux parties un pouvoir
créateur de l’obligation.

Cependant, cette classification énoncée par l’article 1100 signifie que certains cas,
l’autorité seule de la loi suffit à la création d’une obligation ; dans d’autres, un fait
générateur doit en outre, s’être produit dans les conditions prévues par la loi.

L’article 1100 al. 2 énonce une définition de l’obligation naturelle, nous y
reviendrons.

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2- Une autre classification est proposée :
On peut distinguer les obligations selon qu’elles ont été voulues par les parties ou
non. Une obligation peut être ainsi issue d’un acte juridique ou d’un fait juridique.

L’acte juridique : manifestation de volonté en vue de produire des effets de droit. En
font parties, les conventions, les contrats, les actes juridiques unilatéraux.

Le fait juridique : tout évènement qui peut entraîner des effets de droit (ex : un
décès, un accident…).


B- Classification fondée sur l’objet de l’obligation :

= L’objet de l’obligation i.e. ce à quoi est tenu le débiteur.

1-Obligation de donner, de faire ou de ne pas faire

Selon le Code civil, avant la réforme de 2016, le débiteur pouvait être tenu à une
obligation de donner, de faire, de ne pas faire.

Art. 1126 du Code civil (ancien): « tout contrat a pour objet une chose qu’une partie
s’oblige à donner, ou qu’une partie s’oblige à faire ou à ne pas faire ».

- L’obligation de donner : (dare = dation) transférer la propriété, l’obligation de
transférer la propriété d’un bien, ex : l’obligation de donner est l’obligation
caractéristique du contrat de donation, la vente d’une chose de genre (déterminée
seulement par sa quantité) : cette vente ne transfère pas immédiatement la propriété à
l’acheteur, il faut pour cela que les biens aient été individualisés.

- L’obligation de faire : (facere) obligation d’accomplir une prestation. Ex :
obligation de transporter, de construire une maison etc.

- L’obligation de ne pas faire : (non facere) le débiteur est tenu de s’abstenir de
certains faits et gestes. Ex : cession de fonds de commerce, l’obligation de non
concurrence ; obligation de confidentialité…

Cette distinction a été abandonnée par la réforme. Elle ne figure donc plus dans le
droit commun des contrats. Pour autant, ses conséquences n’ont pas disparu du Code
civil, notamment en matière de contrats spéciaux (v. en sens, M. Fabre-Magnan, RDC
2015).

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Cours de droit des obligations - Contrats

2-Distinction des obligations pécuniaires et en nature



Cette distinction n’est pas expressément prévue par le Code civil. Elle repose sur le
contenu monétaire ou non de l’obligation.

On distingue ainsi l’obligation pécuniaire (obligation de somme d’argent,
consistant dans le transfert d’une certaine quantité de monnaie au profit du créancier),
de l’obligation en nature (obligation d’accomplir une prestation au profit du
créancier).

Cette distinction est intéressante en pratique puisque certains traits
caractéristiques sont attachés à l’obligation pécuniaire (dépréciation monétaire, clause
d’indexation).

C - Classification selon la force de l’engagement

1- L’obligation naturelle et l’obligation civile

L’obligation naturelle est un lien de droit sans sanction, c’est-à-dire sans pouvoir de
contrainte.

Origine de la notion : le droit romain. Par exemple, l’obligation consentie par un
esclave était une obligation naturelle. En effet, comme l’esclave n’avait pas de
personnalité juridique, il ne pouvait passer valablement des contrats.
L’obligation naturelle est une obligation véritable. Mais, alors que l’obligation civile
est assortie de mesures de contraintes et est susceptible d’une exécution forcée,
l’obligation naturelle ne comporte qu’une exécution volontaire (existence de la dette,
mais pas de la contrainte). Les obligations naturelles sont très peu nombreuses.
Par exemple, le code civil n’impose pas entre frères et sœurs une obligation
alimentaire susceptible d’exécution forcée. Une obligation naturelle existe cependant
entre eux.

En droit positif, la notion d’obligation naturelle est définie à l’article 1100 al. 2 :
Les obligations « peuvent naître de l’exécution volontaire ou de la promesse
d’exécution d’un devoir de consciences envers autrui ».
Le régime de l’obligation naturelle est repris à l’article 1302 (nouv.) :
« La restitution n’est pas admise à l’égard des obligations naturelles qui ont été
volontairement acquittées ».

Deux conceptions :

Une obligation civile imparfaite (Aubry et Rau) : l’obligation naturelle serait une
obligation civile viciée. Elle ne peut donc produire ses pleins effets juridiques.
Ex : l’obligation prescrite, du fait de l’écoulement du temps, l’obligation ne peut plus
faire l’objet d’une exécution forcée. Mais, une exécution spontanée par le débiteur est
valable. Celui-ci se libère alors d’une obligation naturelle.

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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020


Un devoir moral qui accède à la vie juridique (Ripert) : le droit ne peut assurer la
sanction de tous les devoirs moraux. Cependant, lorsque le débiteur s’engage à exécuter
un tel devoir, celui-ci devient une obligation naturelle.

Régime juridique des obligations naturelles :
- Impossibilité d’une exécution forcée. Cependant, si le débiteur s’est engagé à
exécuter son obligation naturelle, une action en justice est alors possible. Par cet
engagement, celui-ci a en effet contracté le devoir juridique d’exécuter l’obligation.

Ainsi :

· La promesse d’exécuter une obligation naturelle la transforme en obligation
civile.

Exercice : fiche d’arrêt

Cour de cassation

chambre civile 1

Audience publique du mardi 4 janvier 2005

N° de pourvoi: 02-18904

Publié au bulletin Rejet.

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :


Sur le moyen unique, pris en ses quatre branches, tel qu'il figure dans le mémoire en
demande et est reproduit en annexe :
Attendu que l'arrêt attaqué (Bordeaux, 13 mai 2002) relève que l'engagement pris par
écrit, par M. Philippe X..., de partager par moitié avec son frère, Bernard, les biens qui lui
ont été légués comme héritage par leur "grand-père", Bernard Y..., a pour cause
l'obligation morale, reconnue expressément dans l'acte, de respecter les volontés
exprimées par leurs "grands-parents" ; que, par ce seul motif tiré de l'existence d'un legs
verbal, lequel était expressément invoqué par le frère et emportait, indépendamment de
tout lien de filiation avec le défunt, une obligation naturelle à la charge de M. Philippe X...
servant de cause à l'obligation civile qu'il avait valablement souscrite, la cour d'appel,
sans méconnaître le principe de la contradiction, a légalement justifié sa décision,
l'engagement unilatéral pris en connaissance de cause d'exécuter une obligation
naturelle transformant celle-ci en obligation civile, M. Philippe X... n'ayant pas soutenu
s'être engagé par erreur ; que le moyen n'est donc pas fondé ;

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Cours de droit des obligations - Contrats

PAR CES MOTIFS :


REJETTE le pourvoi ;
Condamne M. Philippe X... aux dépens ;
Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile, rejette la demande de M. Bernard
X... ;

Méthode de la fiche d’arrêt

Titre : Juridiction qui a rendu l’arrêt et date de l’arrêt



Exemple : Arrêt de la Première chambre civile de la Cour de cassation rendu le 10
octobre 2011

1) Les faits

Exposer dans l’ordre chronologique les faits de l’affaire avec date (ou époque) de chaque
évènement.

Exemple : le 12 octobre 2004, M. Durand et Mme Dupont concluent un contrat de vente
de voiture.


2) La procédure

Exposer les différentes étapes de la procédure judiciaire jusqu’à la décision étudiée.
Exemple :
- M. Durand assigne Mme Dupont en exécution du contrat de vente devant le
Tribunal de Grande Instance de Strasbourg.
- Le TGI de Strasbourg rejette la demande le Date
- M. Durand interjette appel.
- La Cour d’appel de Colmar confirme le jugement le Date
- M. Durand forme un pourvoi en cassation.


3) Les thèses en présence

Exposer les prétentions et arguments des parties.

Ou si la décision étudiée est un arrêt de la Cour de cassation : exposer la motivation de la
CA et les moyens du pourvoi.


4) Le problème de droit

Formuler de façon abstraite le problème juridique qui découle de la contradiction des
prétentions des parties.

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Exemple : dans le silence des parties, une vente civile est-elle faite au comptant ou au
crédit ?


5) Solution du problème

Exposer la solution donnée au problème par la juridiction dont la décision est étudiée et
expliquer cette solution en vous servant du cours.

Exemple : dans le présent arrêt, la Cour de cassation (3ème chambre civile) a décidé que
dans le silence des parties la vente était au comptant car…

Correction de la fiche d’arrêt 1 :

Cass. Civ. 1, 4 janvier 2005

Faits:

M. Ph. X s’était engagé par écrit à partager avec son frère, Bernard, la moitié des biens
qui lui avaient été légués comme héritage par leur «grand-père» comme cela avait été
d’ailleurs demandé par ce dernier. Or, seul M. Ph. X présentait un lien de filiation avec
son grand-père.

Procédure:

- La demande en justice est introduite par Bernard.

- La Cour d’appel de Bordeaux dans un arrêt rendu le 13 mai 2002 accueille la demande
de Bernard.

- M. Ph. X. forme un pourvoi en cassation.

- La Cour de cassation dans un arrêt du 4 janvier 2005 rejette le pourvoi.

Arguments:

Moyens du pourvoi:

L’engagement de M. Ph. X est une obligation purement morale dénuée d’effets


juridiques.

Motivation de la Cour d’appel:

L’engagement pris par écrit par M. Ph. X est constitutif d’un legs verbal qui emporte
l’existence d’une obligation naturelle qui sert de cause à une obligation civile.

M. Ph. X. est donc contraint d’exécuter son obligation.

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Cours de droit des obligations - Contrats

Problème de droit:

Dans quelle mesure une obligation naturelle peut-elle devenir une obligation civile?

Solution:

Selon la Cour de cassation, un engagement unilatéral d’exécuter un obligation naturelle


transforme celle-ci en une obligation civile. En d’autres termes, l’obligation naturelle se
transforme en une obligation civile lorsqu’il existe un engagement unilatéral de
respecter cette obligation naturelle.

La déclaration de volonté fondée sur une obligation naturelle devient alors obligatoire.

La théorie de l’engagement unilatéral trouverait ici une utilité car sinon, comment
expliquer qu’une obligation naturelle, non susceptible d’exécution forcée devienne une
obligation civile.

Aujourd’hui, en droit positif, article 1100 al. 2 du Code civil.

Critique ?

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Fiche d’arrêt n°2

Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mercredi 17 octobre 2012
N° de pourvoi: 11-20124
Publié au bulletin
Cassation

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :
Sur le moyen unique :
Vu l'article 1134 du code civil ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X..., ayant acquis auprès de la société Waksy,
un véhicule automobile qui ne lui avait pas été livré, a assigné son gérant, M. Y..., à
titre personnel, en paiement de dommages-intérêts, invoquant l'obligation
naturelle de le dédommager ;
Attendu que pour rejeter sa demande, l'arrêt retient que M. X... disposait d'une
créance à l'égard non pas de M. Y... mais de la société Waksy et que le seul
engagement pris verbalement par M. Y... à l'occasion de son audition par les
services de police de " dédommager personnellement (le plaignant) le plus
rapidement possible ", non suivi d'un commencement d'exécution, ne constituait
pas une obligation naturelle dont M. Y... se serait reconnu débiteur ;
Que par ces motifs, impropres à écarter l'existence d'une obligation naturelle, la
cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 25 octobre 2010,
entre les parties, par la cour d'appel de Douai ; remet, en conséquence, la cause et
les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait
droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Amiens ;
Condamne M. Y... aux dépens ;
Vu l'article 37 de la loi du 10 juillet 1991, condamne M. Y... à payer à la SCP Roger
et Sevaux la somme de 3 000 euros ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le
présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt
cassé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé
par le président en son audience publique du dix-sept octobre deux mille douze.

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Cours de droit des obligations - Contrats

Fiche d’arrêt n°3


Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mercredi 19 décembre 2018
N° de pourvoi: 17-27855
Non publié au bulletin
Cassation

Mme Batut (président), président

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme Y... et M. X... ont vécu en concubinage ; que, par acte
sous seing privé du 14 juin 2007, ils ont souscrit un prêt destiné à financer la construction
d'une maison d'habitation sur un terrain appartenant à Mme Y..., dont les mensualités de
remboursement ont été réglées par M. X... jusqu'en septembre 2011, après leur séparation ;
que celui-ci a assigné Mme Y... en remboursement des sommes versées par lui, sur le
fondement de l'enrichissement sans cause ;

Sur le moyen unique, pris en ses troisième et quatrième branches, ci-après annexé :

Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur ces griefs qui
ne sont manifestement pas de nature à entraîner la cassation ;

Mais sur la première branche du moyen :

Vu l'article 1235, devenu 1302 du code civil ;

Attendu que, pour accueillir la demande, l'arrêt retient, par motifs propres et adoptés, que
Mme Y... ne démontre pas avoir contribué de manière excessive aux dépenses de la vie
courante pendant le temps du concubinage, de sorte qu'il n'est pas établi que M. X... ait
entendu assumer le paiement du prêt pour rembourser les aides financières qu'elle lui avait
accordées pendant leur vie commune et qu'en l'absence d'intention libérale, l'enrichissement
de Mme Y..., dont la maison a été financée en partie par un prêt qu'elle n'a pas payé, est sans
cause ;

Qu'en statuant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si le financement de la
maison d'habitation au moyen des seuls deniers personnels de M. X... ne s'expliquait pas par
le devoir de conscience dont celui-ci s'estimait tenu à l'égard de son ancienne concubine, en
raison des circonstances de leur rupture, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa
décision ;

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur l'autre branche du moyen :

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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 26 juillet 2017, entre les
parties, par la cour d'appel d'Agen ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état
où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel
de Toulouse ;

Condamne M. X... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, le condamne à payer à Mme Y... la somme de 3
000 euros et rejette l'autre demande ;

2- L’obligation de moyens et l’obligation de résultat


Cette distinction est due essentiellement aux travaux de DEMOGUE. Elle repose sur
l’intensité de la promesse faite par le débiteur au créancier.

L’obligation de moyens :
Le débiteur s’engage à faire son possible pour que l’obligation soit exécutée. Pour
que la responsabilité du débiteur soit engagée, il faut que le créancier prouve une faute.
Ex : obligation du médecin

L’obligation de résultat :
Le débiteur est tenu d’atteindre un résultat précis.
Le débiteur doit faire le nécessaire pour que l’obligation soit exécutée ; si le résultat
n’est pas obtenu sa responsabilité est engagée, sauf cas de force majeure.
Ex : un transporteur s’engage à livrer à destination un bien.
Cette distinction est très importante puisque des régimes différents s’appliquent
aux obligations de moyens et de résultat.

La distinction obligation de moyens et obligation de résultat n’a pas été
expressément reprise par la réforme du droit des contrats. Toutefois, l’article 1231-1
reprend la formulation de l’ancien article 1147 du Code civil sur lequel la distinction
avait été établie.

Anciens articles :
Article 1137
L'obligation de veiller à la conservation de la chose, soit que la convention n'ait pour
objet que l'utilité de l'une des parties, soit qu'elle ait pour objet leur utilité commune,
soumet celui qui en est chargé à y apporter tous les soins raisonnables.

Cette obligation est plus ou moins étendue relativement à certains contrats, dont les
effets, à cet égard, sont expliqués sous les titres qui les concernent.

Article 1147
Le débiteur est condamné, s'il y a lieu, au paiement de dommages et intérêts, soit à
raison de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, toutes les

13
Cours de droit des obligations - Contrats

fois qu'il ne justifie pas que l'inexécution provient d'une cause étrangère qui ne peut lui
être imputée, encore qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de sa part.

Nouveaux articles du Code civil :
Article 1197 : « l’obligation de délivrer la chose emporte obligation de la conserver jusqu’à la
délivrance, en y apportant tous les soins d’une personne raisonnable »

Article 1231-1 : « Le débiteur est condamné s’il y a lieu au paiement de dommages et intérêts
soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans l’exécution, s’il ne
justifie pas que l’exécution a été empêchée par la force majeure »

Quizz :
Qualifiez les obligations suivantes :
- Obligation de l’avocat de prendre en charge la défense de son client ?
- Obligation du responsable de verser des dommages et intérêts à la victime d’une
rixe ?
- Obligation de non-construction imposée par le Code de l’urbanisme ?


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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020


PARTIE I : LE CONTRAT

Le contrat est sans aucun doute l’instrument juridique le plus utilisé dans la vie
quotidienne.

Lorsqu’une personne achète son pain à la boulangerie, elle conclut un contrat de
vente avec le boulanger, en vertu duquel elle paie une somme d’argent en contrepartie
de quoi le boulanger lui transfert la propriété du pain.

Lorsqu’elle prend ensuite un transport en commun pour se rendre à son travail, elle
conclut un contrat de transport avec le transporteur (SNCF, RATP, etc.), en vertu
duquel le transporteur s’engage à l’amener saine et sauve à destination en contrepartie
du paiement du prix du titre de transport.

Lorsque la personne travaille, elle exécute le contrat de travail qui la lie avec son
employeur, en vertu duquel l’employeur paie un salaire en contrepartie du travail fourni
par le salarié.

Lorsqu’elle se rend chez le coiffeur, elle conclut un contrat de prestation de
service avec son coiffeur, en vertu duquel le coiffeur exécute une prestation – la coiffure
– en contrepartie d’une somme d’argent.

Etc.

Un contrat est ainsi un acte juridique bilatéral ou multilatéral dans lequel deux
personnes manifestent leur volonté de se lier l’une envers l’autre en s’obligeant
réciproquement.

La manifestation de volontés a donc pour but de créer des effets juridiques, c’est-
à-dire de donner naissance à des obligations.

Quand on parle d’obligations, on parle de droits personnels. Les deux expressions
sont synonymes.


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Cours de droit des obligations - Contrats

Titre préliminaire : Notions générales




Chapitre I – La notion de contrat

Le contrat est défini à l’art. 1101 (nouv.) du code civil :
« Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes destiné à
créer, modifier, transmettre ou étendre des obligations ».
= Un accord de volonté destiné à créer des effets de droit.


§1- Distinction contrat et accord non obligatoire

Les volontés doivent s’accorder pour créer des obligations. Le seul accord de
volontés est insuffisant. Les parties veulent créer un lien de droit.

Ainsi, une invitation à dîner n’est pas un contrat. L’inexécution de l’obligation ne
peut donner lieu à une sanction juridique. Elle relève ici du « non-droit ». Il faut donc
distinguer le contrat de ce qu’on appelle les actes de courtoisie ou de complaisance.

§2- Distinction contrat et acte juridique unilatéral

Acte unilatéral : un acte juridique qui résulte de la volonté d’un seul.
Contrat : un accord de volonté créateur d’obligations.

Attention à la distinction contrat unilatéral, acte unilatéral :
Contrat unilatéral : accord de volontés qui ne fait naître d’obligation qu’à la charge
d’une des parties. Par exemple, le contrat de prêt (obligation de remboursement des
sommes pesant sur l’emprunteur), de dépôt (obligation de garde pour le dépositaire)…
Le critère distinctif se trouve au niveau de la formation : le contrat unilatéral = sa
naissance dépend d’un accord de volontés, acte unilatéral = naît de la volonté d’une
seule personne.

Un acte unilatéral produit-il des effets de droit ?
Dans certaines hypothèses.
Exemple d’actes unilatéraux ayant des effets de droit :
Le testament : effet translatif, une personne organise la dévolution de ses biens pour le
jour de sa mort
Renonciation à une succession, effet extinctif
Reconnaissance d’un enfant, effet déclaratif


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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020

Distinction entre l’acte unilatéral et l’engagement unilatéral de volonté :



Dans certains cas, il est recouru à la notion d’engagement par volonté unilatérale pour
expliquer la naissance d’une obligation ou la transformation d’une obligation naturelle
en une obligation civile. (v. ci-dessus)

Ex:
· L’engagement unilatéral d’un employeur de limiter le nombre de licenciements
pendant une période donnée.

· Une promesse de gain :

Une entreprise de vente par correspondance avait adressé à un client une lettre
accompagnée d’une attestation lui certifiant qu’ayant tiré les bons numéros d’une
loterie, il avait gagné la somme de X euros.

La Cour de cassation condamne la société à payer la somme correspondante. Elle se
fonde dans un arrêt rendu en 1995 sur l’engagement unilatéral de l’organisateur de la
loterie. Evolution jurisprudentielle depuis.
(v. aussi, CJCE, 11 juillet 2002)

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Cours de droit des obligations - Contrats




Actes juridiques :
- Actes juridiques unilatéraux
- Contrats (contrat synallagmatique, contrat unilatéral, etc.)








Quizz :
Qualifiez les actes suivants :
Un testament ?
La donation d’un tableau par un père à son enfant ?
Un prêt entre un frère et une sœur ?

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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020

Chapitre 2 – Les classifications des contrats



L’intérêt d’une classification des contrats est d’opérer une qualification de ceux-ci.

Ce qui permet de leur appliquer les règles juridiques relatives à la catégorie à laquelle
ils appartiennent.

Il existe de multiples critères de classification.

Section 1 : Les classifications fondées sur les conditions de formation du contrat

§1- Contrats consensuels, solennels, réels

Article 1109 du Code civil.

Cette première distinction repose sur l’exigence d’une forme comme condition de
validité du contrat.

Le contrat est consensuel lorsqu’il est parfait par le seul échange de volonté. Il n’est
donc soumis à aucune forme particulière.

En revanche, il est solennel lorsque sa validité est soumise à l’existence d’un écrit.
Cet écrit peut être un acte sous seing privé ou un acte notarié.
Un ASP suffit pour vente d’un fonds de commerce, contrat de bail à usage d’habitation
Un acte notarié : contrat de mariage, hypothèque, donation

Le contrat est réel lorsque sa validité est soumise à la remise d’une chose (ex : le contrat
de dépôt, en principe le contrat de prêt…). Cette catégorie est de plus en plus réduite.

§2- Contrats de gré à gré et contrats d’adhésion

Article 1110 du Code civil (attention article modifié par la loi de ratification)

Cette opposition entre les contrats de gré à gré et les contrats d’adhésion est apparue en
doctrine au début du XXème siècle.

En principe, les termes d’un contrat sont discutés entre les parties, dont l’accord est le
résultat de concessions réciproques = contrat de gré à gré. Ex : discussion du prix dans
un contrat de vente…

Un contrat de gré à gré est donc celui dont les stipulations sont négociables entre les
parties.

Il y a des cas cependant où toutes les conditions sont fixées par l’une des parties. L’autre
partie ne peut que les accepter en bloc ou les rejeter en bloc. Elle ne peut obtenir que les
termes soient modifiés. = contrat d’adhésion. Ex : SNCF, abonnement avec es etc.

19
Cours de droit des obligations - Contrats

Afin d’empêcher le cocontractant dont la situation est prépondérante d’imposer à l’autre


des conditions trop dures, le législateur a progressivement soumis la plupart des
contrats d’adhésion à une réglementation impérative, dominée, depuis les années 70,
par le souci de protéger les consommateurs.

Nouvelle définition du contrat d’adhésion dans le Code civil :
Le contrat d’adhésion est celui qui comporte un ensemble de clauses non négociables,
déterminées à l’avance par l’une des parties (art. 1110 du Code civil).

Section 2 : Classifications fondées sur le contenu du contrat

§1- Contrats synallagmatiques et contrats unilatéraux

Selon l’article 1106 du Code civil, le contrat synallagmatique est celui qui fait naître à
la charge des parties, des obligations réciproques.
Chacune d’elles est à la fois créancière et débitrice.

Par exemple, dans la vente : le vendeur est obligé de délivrer ou de garantir la chose + il
reçoit le prix ; l’acheteur est tenu de payer le prix + il reçoit la chose. Dans le louage, le
bailleur est obligé de procurer au preneur la jouissance de la chose louée + il reçoit le
loyer ; le preneur est tenu de payer le loyer + il jouit de la chose.

Le contrat unilatéral est celui qui fait naître des obligations à la charge de l’une des
parties (article 1106 du Code civil). Si celle-ci n’est que débitrice, l’autre n’est que
créancière.
Ex : le contrat de prêt, le contrat de dépôt, la donation, les promesses unilatérales de
vente ou d’achat, le contrat de cautionnement…

Rappel : attention à la confusion acte juridique unilatéral et contrat unilatéral : Le
premier est l’œuvre d’une seule personne. Le second est l’œuvre de deux personnes,
bien qu’une seule y soit obligée.
Exemple type du contrat unilatéral : la donation : c’est un acte à titre gratuit par lequel
les parties conviennent que l’une – le donataire – recevra de l’autre – le donateur – un
avantage sans contrepartie.

Intérêt de la distinction :
Cette distinction est particulièrement importante.
Quant à la preuve : il existe un régime propre à chacun de ces deux types de contrats.
L’ASP qui constate un contrat synallagmatique doit être rédigé en double original
(article 1375 du Code civil nouv..

Quant au fond, les obligations réciproques, nées du contrat synallagmatique, ne sont pas
seulement juxtaposées, mais interdépendantes. Pour chacune des parties, la créance
dont elle bénéficie et la dette dont elle est tenue sont indissociables. Il y a en
conséquence des sanctions spécifiques pour l’inexécution d’un contrat synallagmatique.
Par exemple : l’exception d’inexécution : si l’une des parties n’exécute pas son
obligation, l’autre peut en faire autant en invoquant l’exception d’inexécution.

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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020

§2- Contrats à titre onéreux et contrats à titre gratuit



Cf. articles 1107 du Code civil

Le contrat à titre gratuit (ou de bienfaisance) est celui où l’un des contractants entend
procurer un avantage à l’autre sans rien recevoir en échange.
Il faut que ce déséquilibre ait été voulu.
Voir par exemple, la donation.

Le contrat à titre onéreux : chacune des parties reçoit quelque chose de l’autre.
Par exemple, la vente, l’échange…

Intérêts pratiques de la distinction :
Considération de la personne qui consent un avantage sans contrepartie : protection par
un plus grand formalisme


§3- Contrats commutatifs et contrats aléatoires

Cette subdivision concerne les seuls contrats à titre onéreux.

Le contrat est commutatif lorsque les prestations mises à la charge des parties sont
définitivement fixées au moment de sa conclusion et dans un rapport d’équivalence.
Par exemple, une vente moyennant un prix fixé en capital.

Le contrat est aléatoire lorsque la prestation de l’une des parties dépend, dans son
existence et dans son étendue d’un évènement incertain.
Chacun des contractants court une chance de gain et un risque de perte. L’équivalence
n’est pas dans la nature de ce contrat. Par exemple, le contrat d’assurance.

Intérêt pratique de la distinction :
L’aléa chasse la lésion. La lésion n’est pas une cause de nullité dans les contrats
aléatoires. Le déséquilibre entre des prestations réciproques n’est pas sanctionné par la
nullité.

§4- Contrats à exécution instantanée et contrats à exécution successive

Le contrat est à exécution instantanée lorsque les prestations incombant aux parties
sont susceptibles d’être accomplies en un trait de temps. Par abréviation, on dit alors
souvent, contrat instantané. La vente d’un corps certain présente ce caractère.

Le contrat est à exécution successive lorsque l’accomplissement des prestations des
parties s’échelonne dans le temps.
Ont ce caractère : le louage, le contrat de travail…

L’intérêt majeur de la distinction est que l’annulation ou la résolution de ces deux
sortes de contrats n’ont pas les mêmes effets.
Pour le contrat instantané, elles sont rétroactives ie l’on procède à une restitution des
prestations fournies.

21
Cours de droit des obligations - Contrats

Cette rétroactivité ne joue pas pour les contrats à exécution successive : résiliation.

§5- Contrats nommés et contrats innommés

Cette distinction est d’origine romaine. L’article 1105 du Code civil y fait allusion (« les
contrats soit qu’ils aient une dénomination propre, soit qu’ils n’en aient pas, sont soumis
à des règles générales, qui sont l’objet du présent titre »).

Le contrat nommé est celui qui est spécialement réglementé par la loi, laquelle en
détermine les conditions et les effets. Par exemple : la vente, l’échange, le dépôt, le
mandat…

Le contrat innomé est celui qui ne fait l’objet d’aucune réglementation légale
particulière. Par exemple : le contrat de déménagement, le contrat d’hôtellerie…

Si un litige survient, pour les contrats nommés, il « suffit » de se référer à la
réglementation applicable (ex : articles 1582 du Code civil et s.).

En revanche, pour les contrats innomés, il faut qualifier le contrat litigieux, ie en
déterminer la nature juridique, ie le rattacher à tel ou tel type de contrat nommé. Il sera
alors soumis à cette règlementation. Mais cette qualification est souvent incertaine.
Souvent les contrats empruntent leurs traits à plusieurs catégories. Il s’agit alors de
contrats complexes.



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Capacité - Droit des obligations – D. Porcheron – 2020

Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mardi 7 mars 2006
N° de pourvoi: 02-20374
Rejet.

LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :


Attendu que M. X... a, en décembre 1998, assigné Mme Y... en remboursement de sommes
d'argent dont elle aurait été débitrice à titre de prêt pour des montants de 80 000 francs
selon reconnaissance de dette du 14 janvier 1994 et de 100 000 francs payés en février
1997 au moyen de deux chèques ; que l'arrêt attaqué (Versailles, 12 septembre 2002) a
rejeté ses demandes ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté sa demande tendant au paiement
d'une somme résultant de la reconnaissance de dette datée du 14 janvier 1994, alors,
selon le moyen :

1 / que la convention n'en est pas moins valable quoi que la cause n'en soit pas exprimée
; qu'il ressort de cette disposition que le créancier peut solliciter l'exécution de
l'obligation sans avoir à établir la cause de l'engagement du débiteur envers lui et qu'il
appartient audit débiteur qui veut se soustraire à son obligation de rapporter lui-même
la preuve de l'absence de cause ; qu'il s'ensuit qu'en déboutant M. X... au motif qu'il
n'établissait pas la cause de l'obligation stipulée, la cour d'appel a violé l'article 1132 du
Code civil, ensemble l'article 1315 du même code ;

2 / qu'en infirmant le jugement entrepris au prétexte que M. X... ne prouverait pas le
versement d'une somme correspondant au prêt allégué au motif que le prêt était un
contrat réel et que pour exister il supposait la remise d'une chose, la cour d'appel a violé
les articles 1134 et 1892 du Code civil ;

Mais attendu que le prêt qui n'est pas consenti par un établissement de crédit est un
contrat réel qui suppose la remise d'une chose ; que la cour d'appel qui constate que M.
X... ne rapportait pas la preuve du versement de la somme litigieuse, a, sans inverser la
charge de la preuve, légalement justifié sa décision ;

Sur le second moyen, tel qu'énoncé au mémoire en demande et reproduit en annexe :

Attendu que, abstraction faite du motif erroné mais surabondant critiqué par le moyen,
l'arrêt retient que les chèques émis par M. X... ne pouvaient faire preuve, même à titre de
commencement de preuve, du prêt invoqué par lui ; que le moyen ne peut être accueilli ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

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Cours de droit des obligations - Contrats

QCM
(source : P. Cabrol et M. Ribeyrol, Leçons de droit des obligations, Ellipses 2018)

Une créance :
- Peut être une somme d’argent
- Peut ne pas être une somme d’argent

Est un fait juridique :
- Un contrat
- Un délit civil

Un contrat est qualifié de consensuel quand
- Le seul échange des consentements suffit à le former
- Outre l’échange des consentements, l’accomplissement d’une formalité est exigée

Un contrat unilatéral :
- Est un acte qui émane d’une seule partie
- Ne donne naissance à des obligations qu’à l’égard d’une seule partie

Un contrat synallagmatique :
- Est toujours un contrat à titre onéreux
- Peut ne pas être à titre onéreux

La rente viagère est :
- Un contrat commutatif
- Un contrat aléatoire

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