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Droit de la responsabilité civile

Le DRC fait partie du DPr et donc de l’ensemble des règles qui régissent les rapports entre les par-
ticuliers. Il régit plus particulièrement les rapports responsables/victimes de dommages. Plus spéci-
fiquement, c’est une branche du Dt civil et encore plus spécifiquement une branche du Dt des ob°
qui est une partie du Dt civil régissant les rapports créancier/débiteur. Cette partie du Dt civil inclut
principalement le Dt du contrat qui porte sur les ob° contractuelles.

Section 1. La notion d’obligation


« obligation » a trois sens : >courant: désigne un devoir, une contrainte, un devoir moral
>boursier: désigne un titre (tout comme une action)
>juridique: lien de droit qui unit le créancier au débiteur
Le droit objectif consacre les droits subjectifs qui sont des prérogatives accordées aux sujets de
droit. Les juristes les ont classés dans une summa divisio qui distingue :
- les droits extra-patrimoniaux: droits insusceptibles d’être évalués en argent (= pas de
valeur pécuniaire) -
les droits patrimoniaux: éléments de richesse qui font parties du patrimoine de la
personne
→ les droits réels qui viennent du latin res (= la chose) donc porte sur une chose (ex = le
droit de propriété) → les
droits personnels (ou les droits de créance) = droits qui unissent une personne à
une autre et permet à une personne (le créancier) d’exiger quelque chose d’une autre
(le débiteur). Il y a entre eux un rapport d’ob°. L’ob°= le lien de droit unissant le
créancier au débiteur. Il est possible d’observer l’ob° de chacun des deux côtés. On
considère qu’il y a un aspect passif de l’ob° du côté du débiteur qui est titulaire d’une
dette et un aspect actif du côté du créancier qui est titulaire d’une créance.

Section 2. La classification des obligations


Pour les juristes, il y a deux intérêts à classifier :
- pédagogique
- juridique: chaque type d’ob° est soumise à des règles qui lui sont propres et ainsi on sait quelles
règles s’appliquent

De la qualif° d’une ob°, découle le régime applicable à l’ob°.


Régime= l’ensemble des règles qui s’appliquent à une notion.
Il y a trois classifications principales de l’obligation selon :
-sa force
-sa source
-son objet

I.La classification des obligations selon leurs forces contraignantes


Il faut distinguer les ob° naturelles et civiles :
- l’ob° civile: le créancier a le droit de contraindre son débiteur à exécuter son ob° et est assortie
d’une sanction jur
- l’ob°naturelle: le créancier ne peut pas contraindre son débiteur à exécuter l’ob° naturelle et est
non assortie d’une sanction juridique (= devoir de conscience), situations exceptionnelles car
existent quand le droit n’a prévu aucune ob°civile (ex = pas d’ob° d’aide mutuelle frères/sœurs dans
le texte mais selon l’art.205 CC, les enfants ont une ob° alimentaire envers leurs parents)
Pendant longtemps ces ob° naturelles sont restées en marge du droit mais sont désormais entrées
dans le CC sans dire leurs noms au titre III :
article 1 100 al. 2= « Elles (les ob°) peuvent naître... de la promesse d’exécution d’un
devoir de conscience envers autrui. »
Lorsqu’une personne n’avait aucune ob° naturelle, si elle a fait une promesse d’exécution, alors
l’ob° naturelle ou devoir de conscience envers autrui se transforme en ob° civile.

II. La classification des obligations selon leurs sources


La source d’ob°= ce qui lui donne naissance. Le CC a été modifié sur cette qu° des sources
d’ob°par une ordonnance n° 2016 - 131 du 10 février 2016 et entrée en vigueur le 1er oct 2016.

A.La nouvelle architecture du Code civil quant aux sources d’obligations


Dans le CC originaire, on ne trouvait pas cette expression source d’ob°. Elle était seulement doctri-
nale.
Dans le livre III, on avait cette distinction:
-les contrats ou ob° conventionnelles en G(titre III)
- les engagements qui se forment sans convention (titre IV)
La réforme de 2016 a profondément changé cette distinction et la nelle architecture du CC est plus
claire et simple à comprendre :
[Titre III. Des sources d’obligations

Sous-titre I. Le contrat
On retrouve les art. 1 101 et ss. issus de l’ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit
des contrats.

Sous-titre II. La responsabilité extra-contractuelle


Cette responsabilité est aussi qualifiée de « responsabilité civile ».
On retrouve les art. 1 240 et ss. donc ce sous-titre a changé la numérotation des articles et a conser-
vé la même rédaction de texte. Les textes sur la resp font l’objet d’un projet de réforme de mars
2017 présenté par Urudas avec le but de compléter la réforme du droit des contrats de 2016.

Sous-titre III. Autres sources d’obligations


On les retrouve aux art. 1 300 et ss. du CC et ces autres sources d’ob° sont les quasi-
contrats et on en retrouve trois : - la gestion d’affaires
- le paiement de l’indu
- l’enrichissement injustifié

B. Le détail de la classification des sources d’obligations


Cette classif° est annoncée par le premier article du titre III :
article 1 100: «Les ob° naissent d’actes jur, de faits jur ou de l’autorité seule de la loi. »

1. Les obligations de sources volontaires nées d’actes juridiques


article 1 100 – 1: « Les actes jur sont des manifestations de volonté destinés à produire des effets
de droit. Ils peuvent être conventionnels ou unilatéraux. »
Cet article définit l’acte jur et a été emprunté à la doctrine. On comprend que les actes juri donnent
naissance à des ob° de sources volontaires de deux types:
-l’ob° conventionnelle: ob° née d’une volonté commune donc le créancier et le débiteur se mettent
d’accord pour créer un lien de droit entre eux.
-l’ob° unilatérale: ob° née d’un engagement unilatéral (ex = la reconnaissance de dettes)

2. Les obligations de sources non volontaires nées de faits juridiques


art 1 100 –2: « Les faits jur= agissements ou des évènements auxquels la loi attache des effets de
droit. »
Ils peuvent donc produire des ob° et on retrouve deux catégories d’obligations :
- l’obligation née d’un fait générateur de responsabilité
- l’obligation née d’un quasi-contrat
a. L’obligation née d’un fait générateur de responsabilité
Le CC originaire les appelait délits et quasi-délits mais l’ordonnance de 2016 a laissé tomber ces
termes et les faits générateurs de resp civ sont désormais des faits dommageables. Comme ils occa-
sionnent un dommage, ils font naître une ob° de réparation à la charge de leur(s) auteur(s).

b. L’obligation née d’un quasi-contrat


art 1 300: « quasi-contrats= faits purement volontaires dont il résulte un engagement de
celui qui en profite sans y avoir Dt, et parfois un engagement de leur auteur
envers autrui.»
L’art. 1 300 al. 2 énumère les quasi-contrats :
-la gestion d’affaires: la gestion des affaires d’autrui, traitée par les art.1301 à 1 301– 5
Une personne s’occupe spontanément des intérêts d’une autre personne sans y être
tenue. De cet acte volontaire, vont naître des ob° involontaires. La personne qui a agit
(= le gérant d’affaires) a l’ob° de continuer sa gestion. L’autre personne dont l’intérêt où
la gestion a eu lieu (= le maître d’affaires) est obligée d’indemniser le gérant d’affaires de
ses dépenses utiles.
-le paiement de l’indu traité par les art. 1 302 et ss: « Celui qui reçoit par erreur ou
sciemment ce qui ne lui est pas dû doit le restituer à celui de qui il a indûment reçu. »
(ex = prestation de la sécurité social supérieure au montant dû → restitution du surplus)
- l’enrichissement injustifié (auparavant = enrichissement sans cause) =
→chambre des Requêtes, 1982, arrêt des engrais = arrêt de revirement de JP qui va faire une créa-
tion prétorienne aux art.1 303 à 1 303–4: la personne qui bénéficie d’un enrichissement injustifié au
détriment de quelqu’un d’autre a l’ob° d’indemniser ce dernier.

3. Les obligations de sources non volontaires résultant directement de la loi


Les ob° de sources non-volontaires résultant directement de la loi sont évoquées dans l’art.1 100
in fine. Ce sont des ob° prévues par la loi qui naissent involontairement:
- l’ob° alimentaire entre les parents/enfants: la loi la prévoit directement à l’art.205 CC: «Les
enfants doivent des aliments à leurs pères et mères ou autres ascendants qui sont dans le besoin.»
Aucun contrat, fait ou évènement n’est à l’origine de cette ob°. Cette ob° provient de « l’autorité
seule de la loi » selon l’art. 1 100.
- les ob° entre propriétaires voisins: si un terrain est enclavé, le voisin a une servitude de pas-
sage (= catégorie de servitude de voisinage)

Conclusion II
Les actes jur, tel que le contrat, sont la source des ob° volontaires cô par exemple l’ob° de payer le
prix de la chose dans un contrat de vente. Les faits jur, quant à eux, sont la source d’ob° non volon-
taires cô l’ob° de réparer le dommage causé à autrui dans un accident.

III. La classification des obligations selon leurs objets


« ob° » vient du latin ob-ligare (= lien étroit). Lorsque l’on parle de l’objet d’une ob°, c’est ce à
quoi le débiteur est tenu. Il y a trois classif° qui concernent cet objet.

A. Les obligations de payer, livrer, garantir, faire et ne pas faire


Traditionnellement, la classif° proposée par la doctrine et retenue dans le CC est une classif° ter-
naire :
art 1 101 anc: « Contrat= convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent envers une
ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. »
Cette classif° traditionnelle n’a pas été reprise par la réforme du Dt du contrat en 2016. L’ob° de
donner était très critiquée. Dans cette expression, donner vient du latin dare (= transférer la proprié-
té). La doctrine a montré qu’il n’y avait pas d’appli° concrète de cette ob° de transférer la propriété.
Dans notre sys jur, la propriété d’une chose se transfère solo consensus (= seul accord des volontés)
et dans notre sys, elle n’a pas le temps de naître car elle se fait toute seule par l’échange des consen-
tements.
P. Simler «ob° de donner et transfert de propriété= contribution à la qu° de la classif° des ob°»
(internet). Dans cet article, Simler dév la critique de l’ob° de donner et surtout, il propose de substi-
tuer une nouvelle classif°.
L’ob° de payer=OB° de verser une somme d’argent (ex: ob° de l’acheteur dans un contrat de
vente).
L’obligation de livrer la chose est l’obligation du vendeur.
L’ob° de garantir pèse elle aussi sur le vendeur parce que le vendeur doit garantir les défauts de la
chose vendue en vertu des art. 1 641 et ss. du Code civil.
L’ob° de faire qui était dans la liste initiale et qui a pour objet une prestation positive, matérielle ou
intellectuelle comme par exemple l’obligation d’effectuer tel travail.
L’ob° de ne pas faire a pour objet l’inabstention au sens où le débiteur qui est tenue de ob° doit
s’abstenir de certains actes que sans cette ob°, il aurait pu accomplir.
L’ob° de non concurrence qui pèse sur le vendeur d’un fonds de commerce. En effet, le vendeur
de fonds de commerce, dans le contrat de vente du fonds, s’engage à ne pas se réinstaller dans un pé-
rimètre défini autour du fonds qu’il vend.

B. Les obligations de moyens et de résultats


1. L’exposé de la distinction
Cette distinct° est doctrinale ; elle a été créée par les auteurs et mise en œuvre par la JP. L’ob° est
de résultats qd le débiteur s’est engagé à obtenir un résultat déterminé, résultat qu’il est tenu
d’atteindre (ex = dans le contrat de transport, le transporteur doit livrer la chose à telle date et en-
droit ,c’est une ob° de résultat).
L’ob° est de moyens qd le débiteur a seulement promis d’employer les meilleurs moyens pos-
sibles et d’agir avec le maximum de prudence et de diligence en vue d’obtenir un résultat mais
sans être tenu de le garantir (ex = l’ob° est dans le contrat médical où en principe l’ob° du méde-
cin est une ob°de moyens. Donc, il n’est pas obligé de guérir son patient jurment. Il doit seulement
faire tout son possible pour y parvenir).

2. L’intérêt de la distinction Cet intérêt


se manifeste en matière de preuves car la preuve qui est nécessaire pour mettre en jeu une éven-
tuelle resp du débiteur. C’est une question de charge de la preuve. Qd le débiteur a une ob° de ré-
sultats, il est à priori resp si le résultat n’est pas atteint. Pour échapper à ça, c’est le débiteur qui va
devoir prouver que l’inexécution ne lui est pas imputable. On dit que sa faute est présumée du fait
de l’inexécution de son ob°. La charge de la preuve qui pèse sur lui. S’il n’y arrive pas, il devra
payer les dommages et intérêts au créditeur.
Si le débiteur est juste tenu d’une simple ob° de moyens, il ne sera resp que s’il n’a pas agit avec
toute la diligence et la prudence requise par la JP pour ce type d’ob°. La charge de la preuve de la
faute du débiteur pèse sur le créancier (ex: le malade qui n’est pas guéri par son médecin, ne pourra
mettre en jeu la resp du médecin que s’il arrive à prouver une faute du médecin).
Cette distinction entre ob° de résultats et de moyens a un domaine restreint aux seules ob° de faire.
Les ob° de ne pas faire sont nécessairement des ob° de résultats.

C. Les obligations en nature et les obligations monétaires


1. Les obligation en nature
Elles s’expriment et s’exécutent par l’accomplissement d’un acte.

2. Les obligations monétaires Les ob°


monétaires ou pécuniaires sont une ob° de somme d’argent.
Ces obligations ont deux caractéristiques :
- leur exécution forcée est simple (ex = si le débiteur ne l’exécute pas spontanément, ses biens
pourront être saisis par le créancier à la condition qu’ils soient solvables)
- ces ob° sont variables cô la monnaie donc elles peuvent se déprécier et donc les juristes ont in-
venté des techniques pour essayer de palier cet inconvénient comme la technique de la clause
d’indexation qui prévoit la majoration de la dette selon un certain indice ou la technique de la
dette de valeur cad que son ob° du débiteur ne s’exprime pas en terme monétaire mais va s’expri-
mer par une valeur (ex = l’auteur d’un accident doit la réparation des conséquences de cet accident
à la victime. L’intérêt de la dette de valeur est qu’elle va s’évaluer au jour où elle est exécutoire
donc en fonction de la valeur et n’est donc pas soumise à la dépréciation monétaire cô l’est l’ob°
monétaire).

Conclusion. Le Dt des ob° est à la base de la formation des juristes qui est à la fois technique et
théorique. C’est un droit très pratique, un droit du quotidien. On ne peut pas vivre sans
conclure de contrat. C’est un droit qui est proche de la vie quotidienne (contrat ou resp civile RC).
Ensuite, c’est une matière abstraite et qui suppose un effort d’abstraction car l’ob° est manifestée cô
un rapport de droit entre 2 personnes. C’est une matière qui est à la base de la science du droit. La
théorie G des ob° fait partie de la science du droit et c’est une sorte de matrice de notions et de prin-
cipes de base qui dépassent largement le seul droit civil.

Livre I. La responsabilité, condition de notre humanité


La question de la responsabilité est un thème universel et omniprésent.

Titre 1. La théorie générale de la responsabilité


Dt positif: ensemble des règles posées dans une matière
théorie G: réflexion des juristes sur le droit ou sur une branche du Dt, pas règles posées.
Dans cette théorie G, on va trouver la notion de resp, donc la réponse à la qu° qu’est-ce que c’est?.
On étudiera également les sources de la resp civile.
On utilisera une approche transdisciplinaire, évolutive et complexe.

Chapitre 1 : La notion de responsabilité


Section 1. L’approche sémantique
Section 2. L’approche transdisciplinaire
Section 3. L’approche juridique de la responsabilité
Chapitre 2 : Les sources du droit de la responsabilité
I. Les sources textuelles du droit de la responsabilité civile
II. La source jurisprudentielle
III.Les autres sources
Chapitre 3 : Les fondements et fonctions de la responsabilité
Section 1. La responsabilité fondée sur la faute
Section 2. La responsabilité fondée sur le risque et la garantie
Section 3. La responsabilité fondée sur la précaution
Chapitre 4 : L’articulation des différents fondements de la resp
I. Typologie des processus d’évolution du droit
II. L’évolution des fondements du droit de la responsabilité

Chapitre 1 : La notion de responsabilité


Section 1. L’approche sémantique
On va retracer l’histoire des mots responsable et responsabilité qui est apparu ensuite. Cela va nous
aider à comprendre les multiples sens du mot actuel responsabilité.

I.L’évolution des termes responsable et responsabilité


A. L’origine étymologique
Ces termes viennent du latin :
- respondere: répondre ou faire une réponse ou être digne de
→ avoir du répondant
→ renvoi à respondere et à spondere - responsare = faire face
En droit romain, le sponsor est un débiteur au sens où il s’engage à une prestation en donnant une
réponse affirmative à la question est-ce que tu t’engages où il répond spondeo (= je m’engage). Le
responsor désignait la caution donc celui qui s’engage à répondre de la dette principale d’autrui.
Dès l’origine, « répondre » est lié à l’idée de se tenir garant du cours des évènements à venir. Dans
son sens premier, respondere n’impliquait pas du tout la faute, ni même le fait de la personne qui
devait répondre.

B. L’évolution historique
1. L’apparition première du terme responsable
Le terme responsabilis n’apparaît pas dans les dictionnaires latin. Ses 1ères traces datent du Moyen
Âge, vers 1300, selon les historiens et en 1284 selon le dictionnaire étymologique de la langue
française de Bloch et Wartburg : Responsable : dérivé savant de responsus , participe passé de
respondere au sens ‘se porter garant’.
Au 15ès le dictionnaire de Godefroy donne 3 sens associés au mot responsable:
- qui sert de réponse (respondere)
- admissible en justice (1309)
- qui peut résister (responsare) au sens de faire face (ex = responsable aux durs asseaux)
Sous l’Ancien Régime, le terme devient habituel par l’intermédiaire de responsus qui dérive de re-
spondere. Villey s’était intéressé à la resp et dans un de ses articles sur l’origine de la resp. Il disait
que « responsable » est peut-être mal forgé, tout comme vérifiable. « Responsable » serait à quoi
il peut être répondu et cela devrait s’appliquer à la demande. Ce serait une demande responsable,
dans le sens à laquelle on peut répondre. Selon lui, l’adjectif va s’amarrer sur la personne donc au
lieu de s’attacher à l’objet, ça va s’attacher à la personne et resp va désigner la personne qui doit
donner une réponse.

2. L’apparition tardive du terme responsabilité


« responsabilité » n’apparaît pas en droit romain. Il ne figure pas dans les dictionnaires de l’an-
cienne langue française. Il va falloir attendre la fin du 18ès pour voir apparaître le terme, en 1783.
Dans le même temps, les sources varient.
Vont surgir « irresponsabilité » (1786) et « irresponsable » (1791). Il y a un vrai engouement pour
le mot responsabilité à la fin du 18ès et le mot va entrer dans la langue, dans la presse, dans les dis-
cours pol... La consécration officielle du mot par l’Académie française fait en 1798, donc c’est un
mot très récent dans notre langue.

C. En droit et dans le Code civil


« responsabilité » va commencer à entrer dans le vocabulaire des juristes au 19ès.
Le CC originaire de 1804 ne contient pas le terme responsabilité et préfère l’adjectif responsable.
Par exemple, on le trouve dans les art. 1 383 à 1 386 anc.
Dans le CC actuel, le plan et la numérotation des articles a été changée par l’ordonnance de 2016.
Le mot responsabilité se trouve désormais dans les intitulés de la structure du Code civil. C’est dé-
sormais les art.1 241 à 1 244.
Dans le CC futur, il y a un projet de mars 2017 qui contient un sous-titre II : La resp civile. Dans
le projet, on trouve le mot responsabilité dans les articles : 1 233, 1 234 et 1 239. Quand à l’adjectif
responsable, il est trouvé dans ce projet dans l’art. 1 241.

Conclusion.
« responsabilité » est un mot récent qui est désormais intégré dans le Dt+ dans le CC dep la ré-
forme de l’ordonnance de 2016 et qui promet de l’être plus encore avec le projet de réforme de
la resp civile de 2017.
Dans le dictionnaire Littré d’auj: responsabilité =ob° de répondre, d’être garant de certains actes.
Cette déf° appelle qlqs observations. En effet, on peut dire que la déf° est proche de l’étymologie
mais quand on y regarde de près, la déf° commence par la notion d’ob° de répondre. Cette déf° ne
fait pas du tout de réf à la faute et ne distingue pas dans le temps entre le passé et l’avenir.

II. La polysémie des termes responsable et responsabilité


A. Dans le langage courant
Dans le langage courant, responsable=un personne, une attitude ou une qualité.
Responsabilité, on s’aperçoit qu’elle est tantôt déclinée au singulier, tantôt au pluriel.
On peut le décliner avec l’auxiliaire avoir (ex = avoir des responsabilités) ou l’auxiliaire être (ex =
être responsable). On retrouve # expressions être responsable [de qqch, de qqn, du fait de qqnn
donc des dommages qu’il cause].

B. Dans le langage philosophique


L’expression je suis responsable a deux sens :
-je suis la cause = c’est l’imputation
-je réponds des conséquences = c’est la rétribution La respon-
sabilité peut désigner une capacité : je peux répondre
ou peut désigner une obligation : je dois répondre.

C. Dans le langage juridique On re-


trouve trois déclinaisons pour dire la responsabilité. On peut être responsable :
- de sa faute, de son fait personnel
- du fait d’autrui
- du fait des choses
Traditionnellement, en droit pénal (DP), ê resp= avoir commis une faute donc ê coupable. En Dt
civil, être resp ne suppose pas nécessairement la faute mais implique de répondre des conséquences
des dommages causés avec l’ob° de réparation.
Dans le langage jur actuel, la RC est source de l’ob° jur de réparation. La RC devient aussi la
source d’un devoir d’anticipation au sens où il ne s’agit plus de réparer les dommages causés mais
aussi d’éviter les risques de dommages.

Conclusion section 1. Cette approche sémantique donne au terme responsabilité un sens po-
tentiellement élargi. Quand on regarde du côté de l’histoire du mot :
- on va avoir un sens moralement neutre qui n’implique pas nécessairement une faute de la part du
resp mais ce n’était pas le sens initial au 19ès.
Auji, on est civilement resp sans avoir forcément commis une faute.
- on va avoir un sens temporellement ouvert qui peut être tourné vers le passé ou/et l’avenir selon
la conception qu’on en a.
Quand on répond que la resp est l’ob° de réparer les dommages causés, on tourne le mot vers le
passé et on fait une resp curative à posteriori. Actuellement, il y a un courant doctrinal grandis-
sant qui propose que la resp se tourne aussi vers l’avenir, c’est une resp préventive qui commence
à trouver des appli° en JP et à se matérialiser aussi dans la doctrine
- Les grandes notions du droit privé, Rochefeld
Section 2. L’approche transdisciplinaire
Quand on s’intéresse à la resp de manière élargie, on voit que cette qu° de resp est au cœur de nom-
breux débats de la réflexion contemporaine. La réflexion des non juristes nous concerne en tant que
juristes.

I. L’approche philosophique
A. L’extension de la responsabilité par l’altérité, E. Lévinas
E.Lévinas a proposé une extension de la resp par le biais de l’altérité. Dans la sphère affective, on
comprend bien qu’un individu ressent de la resp envers ses proches. Il étend le devoir de resp que
chacun peut ressentir vis-à-vis de ses proches et de tout être humain. Ce philosophe est connu pour
renouveler sa conception de la subjectivité en s’appuyant sur l’expérience de l’altérité. N’envisage
pas l’interdit du meurtre et le devoir de responsabilité. Cela ne concerne pas le non humain et les
générations futures.

B. Le redéploiement du concept de responsabilité, P. Ricoeur P.Ricoeur


évoque le rétrécissement jur du champ jur de la resp (pour faute) qui est compensé par une exten-
sion du champ moral de la resp. Notre resp s’étend aussi loin que nos pv le font, dans l’espace et
dans le temps. Il parle d’une extension illimitée de la resp, d’autant plus illimitée qu’elle est fondée
sur la vulnérabilité future de l’Homme et de son environnement car ce n’est pas seulement du dom-
mage que nous sommes responsables mais aussi de l’autrui vulnérable.

C. Nous sommes au seuil d’un élargissement de la responsabilité sans précédent, J.-M.


Domenach souligne l’extension de l’objet de notre resp. Ce que nous pouvons manipuler, exploiter,
détruire, mais aussi améliorer relève de notre resp: or, il s’agit mtn de la Terre et de l’humanité.

D. La responsabilité, un nouveau repère, pour A. Etchegoyen


A. Etchegoyen dit que la resp est un nouveau repère qui exige de chacun de nous une réflexion sur
nos propres devoirs et il ajoute que la resp permet d’inventer et est une source de créativité dans son
livre Le temps des responsables.
Pour faire bien comprendre les # sens du mot responsabilité, il a décrit une sorte de spectre où il dit
que la quête des responsables est inquisitrice. C’est le domaine du droit qui renvoie au passé. Au
centre du spectre, la resp= capacité à répondre de ses actes. La resp devient une valeur et cela nous
parle d’espoir pour l’avenir puisqu’elle nous parle de ce que nous devons faire : le futur.

E. Le principe resp, une éthique pour la civilisation technologique, H. Jonas


H. Jonas dit que le principe responsabilité se situe au plan de l’éthique mais si les juristes peuvent
accueillir sa réflexion, cela peut aider à accompagner l’évolution du droit de la resp. Il regarde les
théories éthiques qui ont eu lieu jusqu’à mtn. L’éthique se préoccupait juste des actes humains ayant
une portée bien limitée à une sphère de proximité. Toutes les maximes de l’éthique traditionnelle
sont limitées à notre champ d’action immédiat : Aime ton prochain comme toi-même, Fais aux
autres ce que tu souhaites qu’ils te fassent, Ne traite jamais ton prochain cô un simple moyen mais
tjrs aussi cô une fin. Toutes ces formules de l’éthique sont traditionnelles et de l’immédiat.
Or, il dit que l’éthique est confronté à des actes d’une portée causale qui sont incomparables avec
les actes humains auxquels réfléchissait l’éthique traditionnelle. Avec les technologies actuelles,
l’humain tient la et sa nature en son pv car il est capable d’avoir une action à très longue portée dans
l’espace et dans le temps. Les actions dont les humains sont capables auj sont portées à très long
terme et sont souvent irréversibles: pollution nucléaire, dérèglement climatique, manipulations gé-
nétiques..
Ayant pris conscience de ça, la resp doit prendre de nelles dimensions parce que l’éthique tradition-
nelle ne correspond plus à la portée de l’action de l’humain.
Kant dit : Agis de telle manière que la maxime de ton action soit universalisable.
H. Jonas cherche un impératif adapté à cette nouvelle responsabilité.
- Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie au-
thentiquement humaine sur Terre.
- Ne compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur Terre.
H. Jonas va dégager une nelle éthique : une éthique de la prévision, de l’anticipation, de la préser-
vation. C’est une éthique de la resp au sens fort du mot. Il a des pages où il explique avec bcp
d’intensité où nous avons pas le droit de choisir le non-naître des générations à venir, ni même de le
risquer en raison des êtres à venir. Il distingue d’une part la resp cô imputation causale des actes
commis et la resp pour ce qui est à faire que lui appelle l’ob° de pv. Jurment, on pourrait traduire ça
par la resp cô source de l’ob° de réparer et comme source du devoir d’anticiper, d’agir.
Pour parvenir à cette resp qui nous permet d’anticiper, de prévenir les dangers qui menacent la
Terre, il faut l’heuristique de la peur. Il dit que ce n’est pas une peur qui déconseille d’agir mais au
contraire une peur qui nous invite à agir. Pour aligner notre action, il faut s’aligner sur les pronos-
tics les plus pessimistes, même s’ils sont incertains.

II. L’approche de la responsabilité par la société civile


La société civile est une véritable force de réflexion. Elle est composée de personnes, de personnali-
tés, d’associations, d’ONG, de mouvements collectifs, de figures...
- La société civile, le troisième pouvoir, Nicanor Perlas
- La société civile et le droit de l’environnement, Adélie Pommade

A. La nécessaire mutation temporelle de la responsabilité, J. Bindé


J. Bindé travaille à l’UNESCO et a écrit sur l’éthique du futur et dit que l’éthique du futur est né-
cessaire.

B. L’intérêt d’une responsabilité envers les générations futures, Z. Laïdi


Z. Laïdi est chercheur inter-disciplinaires et travaille sur la mond°. L’intérêt de cette resp est
double. Cette resp commence auj et elle peut faire naître des initiatives de créativité.

C. Une responsabilité élargie, F. Ost


F. Ost est philosophe et juriste. De la pyramide au réseau, 2002. Il propose une resp élargie à
l’échelle universelle et résolument tournée vers l’avenir.
La nature hors la loi, 1995 = Il faut pour ça donner consistance jur au futur. Si on admet cette équa-
tion simple selon laquelle on a autant de resp que de pv, puisque nous avons du pv sur les généra-
tions futures... , il me semble juste de dire que nous avons une responsabilité à l’égard des généra-
tions futures. Des textes juridiques commencent patiemment à labourer ce sillon, mais l’égard est
énorme entre le texte et la réalité.

D. Une resp des générations présentes pour les générations présentes et futures
Le rapport Meadows de 1972 a été fait à la demande du MIT dans le cadre du Club du Rome. Ce
rapport s’appelle Limits to growth et ça a été la première utilisation de l’ordinateur. Ils ont conclu à
un effondrement de la civilisation industrielle qui sera difficile à éviter : diminution de la prod° in-
dustrielle, agricole, de la population au cours du 19ès.
A. Bareau est astrophysicien et sa spécialité est le trou noir. Il a lancé à l’automne 2018 une péti-
tion appelée l’affaire du siècle qui dénonçait l’inaction de l’État sur les conditions climatiques.
La collapsologie est l’étude transdisciplinaire d’un possible effondrement de la société industrielle.
Elle est transdisciplinaire car elle mobilise l’écologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie...

III. La responsabilité personnelle au quotidien


A. La resp écologique personnelle qui est corrélée au concept d’empreinte écologique
Notre empreinte écologique, 1984. Dans leurs travaux, ils donnent une déf° de l’empreinte écolo-
gique. C’est la surface géographique nécessaire pour subvenir aux besoins d’un pays, d’une ville,
d’une pop°, d’un individu et par extension. On peut aussi calculer l’empreinte écologique d’un objet
en prenant en compte la surface moyenne liée aux ressources nécessaires et à l’extraction et au
transport des matériaux, à sa fabrication, son fonctionnement et son élimination. Ils prennent en
compte la régénération de la terre.
Il faut repenser l’idée de progrès et l’idée de transition. Jonas dit La promesse de la technique mo-
derne s’est inversé en menaces donc cette phrase est la remise en cause de la foi dans le progrès.

Conclusion section 2. Il faut faire une transition de civilisation et pas juste sur le plan éco-
logique. Il faut changer notre manière d’utiliser l’eau, de nous déplacer, de nous alimenter, de fabri-
quer les choses dont nous avons besoin, de produire nos aliments. On va devoir recréer beaucoup de
liens que nous avons perdus : le lien à la nature mais aussi les liens humains et on va devoir se se-
vrer car nous sommes une société dépendante.

Section 3. L’approche juridique de la responsabilité


On envisage l’apparition progressive de la resp au sens jur. Pendant longtemps, la resp jur était une
donc la resp pénale et civile confondues. Cette distinction entre RP/RC est acquise. Il y a une sép°
poreuse entre resp civile et pénale qui repose sur la distinction entre réparation et répression. Ce
sont deux ordres de resp avec des objectifs distincts même s’il y a une tendance dans le droit
contemporain à l’effacement de certaines différences. L’évolution historique des rapports entre resp
pénale et civile

I.Dans les droits primitifs


A.Il n’y a pas de distinction entre la responsabilité pénale et la responsabilité civile. C’est la
vengeance privée qui contient à la fois la peine et la réparation qui sont confondues. On voit appa-
raître les sys de composition où la victime va obtenir du coupable une somme qui, au départ, est
fixée au grès des circonstances et qui peu à peu va être tarifée par l’autorité publique.
Dans un premier temps, la victime a été vengée puis, elle a été indemnisée, mais sans prendre en
compte la conduite de l’auteur. L’auteur est considéré comme coupable du seul fait que sa conduite
a été préjudiciable à la victime.

B. En droit romain
En droit romain, la sép° commence entre la resp pénale et civile mais elle n’a jamais été complète.
Peu à peu, la distinction va émerger et va s’affiner entre d’un côté les peines infligées par l’État
(corporelles ou pécuniaires) et d’un autre côté, la réparation due à la victime qui peut être en nature
ou en argent.

C. Sous l’Ancien Régime


A partir du 16ès et sous l’influence des auteurs canonistes, les anciens auteurs vont clairement sépa-
rer la RP qui est mise en œuvre par l’action publique et la RC qui désormais se trouve dominée par
un nouveau principe. Toute faute oblige à réparation. La victime du dommage a droit à la réparation
de tous les dommages qu’elle a subis sans qu’un texte spécial soit nécessaires. Au 17ès, J. Domat
va systématiser la distinction en dissociant clairement la réparation du dommage et la punition du
coupable.

D. Dans le droit intermédiaire


Pdt la Révolution, la distinction entre resp pénale et civile était acquise. Ainsi, on trouve dans le
Code des délits et des peines (1795) que : Tout délit donne essentiellement lieu à une action pu-
blique ; il peut aussi en résulter une action privée civile.

E. La codification napoléonienne La codif°


napoléonienne vient parachever cette évolution. Avec elle, les deux types de resp vont être régies
par leurs propres codes. Cette dualité des resp est désormais ancrée dans notre sys jur.

II. Les rapports actuels des responsabilités pénales et civiles


Ces rapports se caractérisent par des différences qui sont clairement établies mais qui n’empêchent
pas des interférences entre les deux.

A. Les différences
1. Une différence textuelle
La 1ère grosse différence est textuelle. La resp pénale ne peut être engagée que pour des infrac-
tions limitativement énumérées et définies par la loi. C’est le principe de légalité (= les infractions
doivent être prévues par la loi). Les infractions pénales sont en nb limité. Niellum crimen, nulla
paena sine lege. C’est ce principe qui fonde la légalité des peines.
La resp civile peut être mise en jeu pour des faits générateurs qui ont causé un dommage à autrui.
Ces faits ne font pas l’objet d’une liste limitative. Ils sont régis par des textes généraux qui posent
des principes de base et qui peuvent poser des hypothèses
→ art.1 240, 1 241 et 1 242 al.1. La différence est que ces textes du CC ne décrivent pas des com-
portements précis qui sont constitutifs d’infractions. Ils posent juste des conditions. Pour qu’il y ait
resp civil, il faut qu’il y ait un fait générateur ayant engendré un dommage.

2. Une différence de condition de mise en œuvre


La resp pénale suppose en principe trois éléments constitutifs alors que la resp civile suppose la
réunion de trois conditions pour mise en œuvre.
Pour la resp pénale, il faut :
-un élément légal consistant dans la violation d’une loi pénale = une infraction
-un élément matériel donc un comportement précis, sanctionné par ce texte
(sans qu’il soit nécessaire que cet acte ait occasionné un préjudice)
- un élément moral (une faute) imputable à l’auteur

Pour la responsabilité civile, il faut :


- un fait générateur = peut être une faute, un fait d’une chose ou un fait d’autrui
- un préjudice causé à la victime
- un lien de causalité entre le fait générateur et le préjudice
3. Une différence de fonction et de sanction
La resp pénale doit sanctionner une atteinte portée à la société. C’est une fonction répressive.
On a aussi une fonction de réadaptation pour permettre aux personnes condamnées de se réinsé-
rer. Pour assurer sa fonction répressive, la resp pénale comporte deux grands types de sanctions :
- les peines pécuniaires (amendes versées à l’État)
- les peines de prison
La resp civile a principalement pour but la réparation du préjudice causé par une PPr. Sa fonc-
tion principale est une fonction d’indemnisation qui se traduit sous la forme d’une sanction pécu-
niaire (dommages et intérêts) ou d’une réparation en nature (remise en état antérieure).

4. Une différence de conséquence


a. Au plan de l’action
Les auteurs d’infractions pénales sont sanctionnés grâce à l’action publique qui est intentée devant
les jur° pénales ou jur°répressives. Elle est déclenchée par le ministère public donc c’est l’action
publique qui est le vecteur de mise en œuvre de la répression pénale. La victime d’un fait généra-
teur de resp civile va obtenir réparation en introduisant une action en resp civile, donc une action
civile devant les jur°civiles.

b. Au plan de la sanction
La sanction pénale est une sanction graduée en fonction de la gravité de l’infraction commise :
contravention (5 classes) < délits < crimes.
La sanction de la resp civile est indépendante de la faute commise par le civilement resp. En re-
vanche, elle est proportionnelle à l’ampleur du préjudice qu’a subi la victime.

c. Au plan de l’assurance
Les conséquences de la resp pénale ne sont jamais assurables. En revanche, les conséquences de la
resp civile sont presque toujours assurables, même si cette resp est fondée sur une faute. La seule li-
mite est que la faute ne soit pas intentionnelle.

B. Les interférences
D’abord, malgré la différence d’objectifs entre les deux resp, les deux ordres de resp contribuent à
prévenir les comportements illicites et dommageables. Elles font peser la menace de sanction :
peine ou dommages et intérêts. Cela contribue à dissuader.
Ensuite, un même acte illicite peut être source des 2 responsabilité. Dans ce cas, cet acte aura la
double qualification (ex = vol d’une voiture)
- une faute pénale (une infraction) = le vol de la voiture
- une faute civile = le préjudice causé au propriétaire
Dans tous ces cas, la victime de l’infraction et du dommage va pouvoir agir soit devant le juge pé-
nal, qui est saisi par l’action publique, en se constituant partie civile. Elle peut aussi choisir d’agir
devant le juge civil pour obtenir la réparation du préjudice qu’elle a subi.
A l’issue du procès, l’auteur de l’infraction et du dommage pourra d’un point de vue pénal être
sanctionné par une peine (amende et/ou de prison) et d’un point de vue civil, il pourra être condam-
né à verser des dommages et intérêts à la victime.

Conclusion.
Cette notion de responsabilité est appuyée étymologiquement sur la respons. On peut dire que la
notion de responsabilité est profondément transversale. Elle ne se laisse pas enfermer dans les cloi-
sonnements disciplinaires. Elle est, de plus, profondément reliée à l’humain. On trouve plusieurs
rapports à la responsabilité :
-le déni - le report de la responsabilité à l’extérieur
- la confusion avec la culpabilité - distanciation
- la responsabilité partagée - miroir - je vis ce que je vibre
Chapitre 2 : Les sources du droit de la responsabilité
L’évolution des sources du Dt de la resp reflète l’évolution des sources du droit. Cette évolution des
sources du droit s’observe d’un point de vue quantitatif puisque le nb de sources du droit évolue,
ainsi que sur un point de vue qualitatif avec une diversification des sources et l’apparition de nelles,
de même que la reconnaissance de sources qui ont toujours été là mais que l’on ne reconnaissait
pas. Tout ce processus d’évolution participe à un processus plus large de densification normative
qui va au-delà de la seule inflation législative.

I. Les sources textuelles du droit de la responsabilité civile


La source 1ère du DRC mais aussi du Dt des ob° et du droit de façon plus G est la loi.
A partir du XXè siècle, ces sources textuelles se sont multipliées.

A. Les sources internes


1. Les textes d’origine : les cinq articles du Code civil portant sur la resp civile
A partir de la promulgation du CC 1804, le DRC trouve sa source dans des articles :
les art. 1 382 à 1 386 anc. Ces articles vont faire l’objet d’une des 36 lois de promulgation du CC
dans la loi du 29 pluviôse an XII et sont rassemblés dans un chapitre intitulé Des délits et des qua-
si-délits qui fait suite au chap 1er consacré aux quasi-contrats. Ces deux chapitres sont regroupés
dans un titre IV intitulé
Des engagements qui se forment sans convention (=sans contrat).
Les codificateurs n’ont pas employé l’expression responsabilité civile dans l’intitulé du chapitre qui
regroupe ces articles, ni dans les articles-mêmes. Cette expression est devenue d’usage courant pas
la suite mais ne l’était pas au moment de la codification. La base textuelle légale interne du droit in-
terne de la responsabilité est dans ces 5 textes.

2. Les lois postérieures au Code civil


a. Des lois restées extérieures au Code civil
A partir de la fin du 19ès, des lois nouvelles sont promulguées après la Révolution industrielle. Ce-
pendant, elles ne sont pas codifiées comme :
- la loi du 1898 sur les accidents du travail
- la loi de 1930 sur l’assurance
- la loi de Badinter du 5 juillet 1985 sur l’indemnisation des victimes d’accidents de la circula-
tion

b. Une loi codifiée


A la fin du 20ès, une loi nouvelle du 19 mai 1998 modifie pour la 1ère fois depuis 1804 l’un des
cinq articles fondateur du CC. Cette loi a été insérée dans le CC dans la prolongation de l’art5. Pour
l’incorporer, on a ajouté des tirets : 1 386 – 1 à 1 386 – 18.
Ces ajouts sont venus intégrer dans le CC la resp du fait des produits défectueux. A la suite, d’autres
modifications de cette nouvelle série d’art. vont suivre:
- la loi du 9 décembre 2004 qui modifie 1 386 – 2 et 1 386 – 13
- la loi du 5 avril 2006 qui modifie 1 386 – 7
- la loi du 11 février 2016 qui modifie 1 386 – 6
Cette loi de 1998 a été finalement abrogée par l’ordonnance n° 2016 – 131 du 10 février 2016 et en-
er
trée en vigueur au 1 octobre 2016 et portant réforme du droit du contrat.
La resp du fait des produits défectueux demeure mais avec une nouvelle numérotation.

B. Les sources européennes


Elles sont moins nombreuse en droit de la resp qu’en droit du contrat.
On peut citer deux directives européennes d’importance :
-la directive sur la resp des produits défectueux datée du 25 juillet 1985, transposée par
la loi du 19 mai 1998 en droit français
-la directive du 21 avril 2004 sur la resp environnementale et le préjudice écologique, transposée
er
par la loi du 1 août 2008 relative à la resp environnementale en doit franç.
Les juristes ont remarqué que les directives, avant qu’elles soient transposées en droit français, ont
eu une influence sur les juges de la CDC qui en ont tenu compte.

II. La source jurisprudentielle


La JP de la CDC est source majoritaire du DRC. On disait que les juges de la CDC ont construit les
régimes du DRC sur la base des cinq articles du Code civil.
On retrouve la responsabilité :
- du fait personnel (fondée sur la faute)
- du fait des choses
- du fait d’autrui
Le rôle de la jurisprudence a été essentiel :
- pour l’interprétation de la loi
- pour l’adaptation de la loi
Les 5 articles du CCl sont des textes très généraux rédigés en termes abstraits. L’interprétation juris-
prudentielle a permis de dégager des notions et de donner un contenu aux notions de faute et de
dommage qui se trouvent dans l’art. 1 240.
La 2ème raison pour laquelle le rôle de la JP est majeure est parce que ces textes ont vieilli donc la
JP est venue adapter ces textes aux besoins de la société.
Le projet de réforme de mars 2017 a pour ambition d’incorporer les règles construites par la JP.
C’est une vraie consécration des apports de la JP. C’est un risque de fixer le DRC puisqu’il n’a fait
qu’évoluer jusqu’à maintenant.

III. Les autres sources


On peut dire que ces autres sources sont des sources montantes depuis le début du 21ès.

A.La doctrine, source de théorie du droit de la responsabilité La doc-


trine est une source à part. C’est une source de Dt mais pas au même titre que les sources formelles.
Elle n’est pas une source du Dt au sens strict, contrairement à la loi.
La loi est une source du droit au sens strict au sens où c’est une source du Dt+ donc elle créée des
règles de Dt G, obligatoires et sanctionnées.
La doctrine ne crée pas de règles de droit. Elle regroupe l’ensemble des auteurs et l’ensemble des
réflexions des auteurs et produit une réflexion sur le droit.
Elle remplit deux fonctions :
- source d’interprétation des règles de droit positif (dont la loi)
- source de la théorie générale de la responsabilité = élabore les dév sur la notion de resp et les
fondements de la resp civile.
La doctrine n’est pas seulement une source d’interprétation, elle est aussi source d’inspirations
parce que c’est elle qui rédige les rapports donc certains peuvent exercer une très forte influence sur
la pratique ou sur le jurislateur. Elle cherche à influencer la teneur des règles de droit en faisant des
propositions pour les orienter et les faire évoluer.
Le rapport Dintihlac (2005) est un rapport de sources doctrinales sur la nomenclature des préju-
dices corporels qui a une vraie force d’influence. Le rapport Catala (2005) et le rapport Terré
(2009) sont créés par la doctrine pour la réforme du CC en matière de Dt des ob° pour influencer le
législateur sur la modif° du CC.
Le Premier ministre a demandé à Kourilsky et Viney de faire un rapport sur le principe de précau-
tion. Il y a une demande du politique pour recueillir l’expertise de la doctrine.
B. Les petites sources du droit (Gerry-Vernières) Les petites sources comprennent les sources :
-étatiques non contraignantes (circulaires, recommandations d’AAI)
-non formelles du droit (étatiques ou privées)
-édictées
-spontanées (pratiques professionnelles) = remis à l’honneur par P. Deumier (2002)
Ce qui caractérise ces petites sources, c’est leur absence de force obligatoire.
Elles ont cependant une grande force normative donc une force de référence.
- Le renouvellement des sources internes du droit et le renouveau du DRC, Lehot, 2001 Elle montre
dans sa thèse qui n’a pas été publiée la diversité, le foisonnement de ce qu’elle appelle les sources
infra-législatives du DRC et notamment, les sources professionnelles. Elle développe les sources
privées professionnelles.

1. Les sources de droit spontané


La pratique des assureurs est une source peu étudiée en doctrine mais qui est pourtant dotée d’une
puissante force normative. C’est notamment le cas des conventions conclues entre assureurs en ma-
tière de règlement des indemnités. Le droit des accidents de la circulation est sous influence gran-
dissante de cette source de droit spontané.
Les codes de déontologie, de bonne conduite ou de bonne pratique sont des sources privées qui
exercent une influence sur le DRC car leur violation peut permettre au juge de caractériser une
faute. Quand il y a faute d’un de ces codes, le juge peut retenir le DRC.

2. Les sources de droit souple


Ce droit souple est un type de droit qui n’est pas fait de règles obligatoires et sanctionnées. Ces
normes de droit souple sont en train de se dév dans tous les domaines du droit. On voit alors appa-
raître des recommandations, des avis (de la CDC). Les auteurs se sont appropriés l’expression. En
2013, le CE a rendu son rapport annuel intitulé Le droit souple et préconise d’utiliser le droit
souple.

IV. Les sources en devenir


A. En droit européen : deux projets d’harmonisation
-les Principes du DRC: peu connus en France et sont moins étudiés que leurs cousins
en droit du contrat (les Principes Européens du Droit des Contrats)
-le Projet de Cadre Commun de Référence: comporte une partie consacrée à la
RC, publié en 2009
Le but de ces projets est de permettre de dégager des normes communes pour les États de l’UE. Ils
n’ont pas de force obligatoire, ils font parties du droit souple mais ils peuvent servir de référence et
exercer une influence harmonisatrice. Ils ont une force normative facultative.
B. En droit interne : un projet de recodification du droit de la responsabilité civile
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus vaste qui est celui de la réforme du droit des ob°. L’idée de re-
codifier a germé à l’occasion du bicentenaire du CC. Catala lance l’idée dans un colloque et cela
suscite des vocations. Il réunit 36 universitaires qui vont rédiger le rapport Catala qu’ils remettent
au Premier ministre en 2005. En 2009, vont suivre la même année le projet Terré et le projet de la
Chancellerie.
L’idée d’une réforme du droit des ob° par la modif° du CC est une idée en cours.
Il y a deux volets dans cette réforme.

1.Le volet réalisé: la réforme du dt des contrats, du régime G et de la preuve des ob°
er
Ce volet a déjà été réalisé par l’ordonnance du 10 février 2016 qui est entrée en vigueur au 1 oc-
tobre 2016. Cette réforme a déjà modifié le plan du CC, ainsi que la numérotation des articles, non
seulement pour le droit des contrats mais par ricochet, du DRC qui lui fait suite. Désormais, le DRC
ne figure plus aux art.1 382 et ss mais aux
art.-1 240 et ss. En revanche, le contenu des articles demeure inchangé depuis 1804.
2. Le volet en suspens : la réforme du droit de la responsabilité civile
Il s’agit de la réforme des art.1 240 et ss actuels du CC. Pour l’instant, il n’y a pas de signal d’une
intention du gouv actuel de donner suite à cette réforme. Il y a au ministère de la justice un bureau
du droit des ob°. Il est en attente des décisions du Gouv à ce sujet. Pour l’instant, on a un avant-pro-
jet qui est devenu un projet.
Il y a eu deux étapes dans l’élaboration de ce texte :
- l’avant-projet de loi de 2016 portant réforme de la resp civile = a été rendu public le 29 avril 2016
par le ministre de la Justice Urvoas et il précise que cet avant-projet va être soumis à consultation
publique jusqu’au 31 août 2016 de la même manière que le projet de réforme des contrats avait été
soumis à consultation publique.
- le projet de réforme de 2017 portant réforme de la resp civile = a été présenté le 13 mars 2017 par
Urvoas à la suite de la consultation publique

a. Ses objectifs
Il veut moderniser, actualiser et clarifier le Dt+. Pour cela, il faut introduire dans le CC des solu-
tions qui sont de JP constante. On retrouve aussi l’idée d’introduire dans le CC des innovat°. Il y a
l’ambit° de renforcer la protect° jur des victimes d’accidents corporels.

b. Sa forme
Le projet comporte plus de 80 articles et l’avant-projet n’en comportait que 72. Le plan du projet
comporte un sous-titre II intitulé La resp civile. On a une série de 6 chapitres :
I. Les dispositions liminaires II. Les conditions de la resp
III. Les condit° d’exonérat° ou d’exclusion de la resp IV. Les effets de la resp
V. Les clauses portant sur la resp VI. Les principaux régimes spéciaux de resp
Le chapitre V a été rajouté dans l’avant-projet. Le plan retenu est inspiré des travaux universitaires
antérieurs et notamment du rapport Catala de 2005.

c. Les innovations du projet


L’esprit du projet est avant tout en priorité de codifier le droit jurisprudentiel existant. Malgré ça, en
plus d’intégrer l’existant, il y a quelques innovations qui ont été mises en avant par le ministre :
- la reconnaissance de la faculté pour le juge de prescrire toute mesure ayant pour objet de prévenir
le dommage (responsabilité préventive) ou de faire cesser le trouble illicite auquel est exposé le de-
mandeur (art. 1 266 du projet)
- l’intro° d’une amende civile lorsque l’auteur du dommage a délibérément commis une faute en
vue d’obtenir un gain ou une économie = c’est une faute lucrative → dissuader
Pour la réforme du droit du contrat, l’ordonnance de 2016 est issue du pv exécutif. Le projet de ré-
forme de la resp n’est pas ou n’était pas destiné à devenir une ordonnance, cad un texte édicté par le
pv exéc. Il devait suivre la voie législative et donc ê soumis au Parlement. La vocat° du texte du
projet est de devenir une loi et non pas une ordonnance.
Conclusion. Le DRC illustre de manière signifiante deux choses. Il illustre l’évolution plus G
des sources du droit et il illustre aussi la dynamique des sources du droit.
* évolution des sources du droit :
Au 19ès, la source 1ère incontestée est la Loi donc le CC. Auj, l’importance de la Loi est relativisée
par rapport aux autres sources.
Au 20ès, c’est une source seconde qui devient la source majeure du DRC. La JP a le mérite d’avoir
bâti sur la base d’un petit nombre d’articles des régimes entiers de RC du fait des choses et du fait
d’autrui.
En ce début de 21ès, la doctrine, source indirecte classique, et les petites sources de droit souple et
de droit spontané revêtent une importance grandissante. En parallèle, on assiste à un retour de la
loi, notamment avec le projet de recodif°.
* dynamique des sources du droit :
Les sources du droit ne sont pas juxtaposées et s’influencent mutuellement.

Chapitre 3 : Les fondements et fonctions de la responsabilité


Les juristes utilisent le terme fondement mais ils peuvent le faire dans 2 sens # mais qui sont reliés
ensuite :
-sens technique = quel est le texte ou la norme sur lequel la décision s’appuie
-sens théorique = on peut parler du fondement du droit (positivisme et jusnaturalisme) et des diffé-
rents fondements du droit de la RC (faute, risque)
Dans ces deux sens, on peut définir le fondement cô ce qui justifie, explique, inspire et sous-tend et
ce qui donne cohérence. C’est un élément en réalité (article de loi, texte, principe, idée ou valeur).
De +en+, les juristes utilisent des termes voisins à propos de la resp civile. On trouve de +en+ le
mot fonction de la resp ou encore finalité.
-fondement= ce qui justifie la responsabilité civile, de l’ordre d’une valeur
-fonction = réponse à la question à quoi sert la responsabilité civile
-finalité = but de la responsabilité civile
Ce chapitre sur les fondements et fonctions de la resp relève de la théorie G de la resp.
Dep 1993, les juristes devraient distinguer la théorie G de l’étude du Dt +. Savaux dans sa thèse
Théorie G du contrat, mythe ou réalité? a découvert quelque chose qui concerne la théorie G de la
resp. En effet, la théorie G (de la resp) n’est pas un mythe et ce qui est un mythe est sa positivité. La
conséquence est qu’il est essentiel de ne pas la confondre avec le droit +.
Pendant longtemps, la quête de la doctrine sur cette question du fondement était de parvenir à dé-
couvrir le fondement commun à tous les régimes de la RC. Chaque fois qu’un nouveau fondement
était proposé, il prétendait chasser les précédents et devenir le fondement qui allait tout expliquer.
Ce qu’on constate auj, c’est que ces fondements, loin de s’exclure successivement, se superposent
et se stratifient mais les précédents continuent d’être présents.
Le 19ès a été dominé par le fondement de la faute. Au 20ès, le fondement du risque et le fondement
de la garantie ont dominé. Au 21ès, la précaution apparaît. Les fondements se sont succédent dans
le temps en se superposant. A chaque tournant de siècle, il y a un tournant de fondement. C’est dans
cet esprit évolutif que l’on va explorer l’évolution des fondements de la RC.

Section 1. La responsabilité fondée sur la faute


I. Le fondement subjectif traditionnel de la responsabilité : la faute
Traditionnellement, on enseignait que la RC supposait par principe une faute de celui sur qui on la
faisait peser. La resp pour faute constituait le DC de la resp. Le droit commun (DC) est ce qui
s’applique quand il n’y a pas d’exception. Les quelques cas de resp sans faute prouvée qui étaient
contenus dans le CC étaient présentés cô exceptionnels.Sur le plan historique, les juristes du 18ès
ont vu une évidence totale dans la resp qui est égale à la resp pour faute.

A. L’apparition récente de la faute


Pdt longtemps, le droit s’est passé de la notion de faute et le Dt romain ne connaissait pas la faute
cô fondement G. En Dt romain, la personne matériellement à l’origine d’un dommage était par la
même tenue de réparer ce dommage.
Ce qui a introduit la faute dans la vision des juristes est l’influence de la morale chrétienne qui a été
relayée par J. Domat au 17ès. Peu à peu, il va établir le lien entre la faute et l’ob° d’en répondre. Il
va se dév la vision de la faute morale qui vient de l’influence de la morale chrétienne et va donner à
la responsabilité un fondement appuyé sur la morale.

B. L’adoption du fondement de la faute par le Code civil


Cette adoption d’un fondement subjectif de faute donc qui concerne les sujets responsables, est
plus ou moins visible dans certains régimes que dans d’autres.
1. La faute, fondement de la responsabilité du fait personnel
Dans les art.1 240 et 1 241, le CC a nettement consacré une resp fondée sur la faute. L’art.1 240
utilise expressément le terme faute dans sa rédaction et l’art.1 241 évoque la négligence et l’im-
prudence qui sont deux variétés particulières de faute.
En raison de l’influence de la morale chrétienne sur les juristes et en raison de la place première de
ces deux textes, pendant longtemps, pour les juristes, il a paru indiscutable que la responsabilité ci-
vile ne pouvait être fondée que sur la faute.
Auj encore, chez certains juristes dans certains manuels, on trouve l’idée que la faute est en quelque
sorte le fondement naturel de la resp. Dans le manuel Précis Dalloz de Terré Famler et Leguette,
ils parlent de solutions assez naturelles fondées sur la faute. La faute est l’âme de la resp donc elle
paraît consubstantielle à la resp. Quand on parle de la faute cô fondement de la resp, on désigne une
erreur de conduite.
Cette conception d’une resp fondée sur la faute conduit à une resp subjective parce qu’elle suppose
de juger le comportement du sujet. La personne ne verra sa resp mise en jeu que si elle apparaît
comme étant la cause du dommage et que l’on puisse lui reprocher d’être la source du dommage.
Ces justif° sont d’ordre différents :
-une justif° morale = le DRC vient sanctionner un devoir moral préexistant qui est un devoir de ne
pas nuire à autrui et plus précisément, c’est le devoir de ne pas nuire injustement à autrui (pas de
resp si un commerçant a bcp de succès et concurrence ses voisins)
- une justif° philosophique = dans la théorie classique de la resp avec une inspiration individualiste
(place l’individu sur un piédestal) et libérale = chacun doit supporter son destin et on ne peut pas
demander à quelqu’un d’autre de supporter ce qui nous affecte nous-même sauf si le dommage pro-
vient de la faute d’autrui et dans ce cas, l’autre doit supporter les conséquences pour nous-même
La faute est au cœur de cette resp du fait personnel telle que le CC l’avait conçu.

2. La présomption de faute, fondement des resp du fait d’autrui et du fait des choses (art. 1
384 anc.)
Dans ces deux régimes de resp du fait d’autrui et du fait des choses, le CC admet que l’on peut être
obligé à la réparation d’un dommage sans qu’il soit nécessaire de prouver une faute à la
charge du resp. Pour autant, ces règles ne sont pas détachées d’une idée de faute parce qu’elles
s’expliquent par un mécanisme de présomption de faute. Par exemple, le fait qu’un dommage ait
été causé par un enfant rendait probable la faute de surveillance de ses parents et on présumait que
le propriétaire d’un animal, qui avait causé un dommage à autrui, était en faute .
Dans ces cas de resp, on voit ici que ce qui sous-tend ces resp pour le codificateur est la présomp-
tion de faute. Elle venait renverser la tâche de preuve pour la victime. Sur la question du fonde-
ment, on restait fondé sur la faute mais au lieu qu’elle soit prouvée, elle était présumée.

II. Les fonctions de la responsabilité fondée sur la faute


A. Une fonction sanctionnatrice et moralisatrice
C’est une resp centrée sur l’auteur du dommage et l’idée est de le sanctionner pour sa faute. Tra-
ditionnellement, cette fonction moralisatrice était 1ère et quand on regarde l’évolution ensuite, on
constate qu’elle a connu une évolution paradoxale.
D’un côté, on a observé un recul du rôle moralisateur de la resp pour faute. Ce recul est observé
avec la transformation de la notion de faute. La notion de faute s’est transformée et on a admis la
«faute » objective sans culpabilité et sans imputabilité.
D’un autre côté, on assiste à une résurgence de la fonction moralisatrice de la faute. Vouloir
sanctionner la faute lucrative, c’est vouloir sanctionner une faute qui repose sur la morale. Quand
on évoque cette fonction moralisatrice, les juristes parlent plus facilement de fonction de peine pri-
vée de la resp civile. Cette fonction de peine privée tend à rapprocher la RC de la RP. Cette fonction
se matérialise par l’octroi de dommages et intérêts punitifs.
B. Une fonction normatrice
Le terme normateur renvoie à l’action de normer, et de créer de la norme. « normatif » renvoie à
une nature, cad le fait de constituer une norme donc on peut parler d’un instrument normatif.
La resp fondée sur la faute a une fonction normatrice parce qu’en sanctionnant la faute et en sanc-
tionnant certains comportements, le juge fixe des limites, des interdits et créé de la norme. La res-
ponsabilité est un contre-poids à la liberté de l’action.
R. Saleilles dit en 1911 que la responsabilité, c’est le risque de la liberté.
On pourrait aussi ajouter la responsabilité, c’est aussi la contrepartie du pouvoir.

III. Les insuffisances d’une responsabilité fondée uniquement sur la faute


Progressivement, on s’est rendu compte que la notion traditionnelle de faute devenait insuffisante
pour justifier les solutions nouvelles rendues nécessaires par les transformations éco et soc. Cette
mutation et cette prise de conscience provient de la Révolution industrielle. C’est la Révolution in-
dustrielle et l’avènement du machinisme qui occasionne beaucoup de dommages qui va faire com-
prendre que la resp fondée sur la faute, ça n’est plus suffisant. Le monde de l’industrie est un monde
dangereux. Tout le dév technique fait que les dommages se multiplient et s’aggravent. Il y a plus de
dangers, de sources de dommages et les juristes vont de plus en plus parler d’accident. Très sou-
vent, il n’y a pas de faute à l’origine. S’il n’y avait pas de faute, la victime du dommage était dans
l’impossibilité de demander réparation.
On s’est rendu compte que la notion de faute était trop étroite pour répondre aux nouveaux besoins
de la société, trop individualiste (centré sur l’individu auteur du dommage) pour rester le seul fon-
dement de la responsabilité civile.
Conclusion. On est parti d’une place première de la responsabilité de la faute dans le Code ci-
vil à une place relativisée dans le projet de réforme. L’art. 1 240 est devenu la base textuelle de la
responsabilité fondée sur la faute. C’était le premier de la série des 5 article. Cette place que les
codificateurs lui avait donné traduisait clairement que dans leurs esprits, le fondement de la faute
était lui aussi premier et même unique.
Dans le projet de réforme de 2017, ce n’est plus le premier des textes sur la responsabilité civile. En
effet, on a un sous-titre II sur la responsabilité civile qui commence à l’art. 1 232 et qui s’ouvre sur
des dispositions liminaires, puis ensuite qui aborde les conditions de la responsabilité civile, en
commençant par le préjudice parmi ces conditions, puis ensuite aborde le fait générateur. Si on
compare les textes, on voit une formulation de plus en plus simple et courte.
article 1 240 =
« Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel
il est arrivé à le réparer. »
article 1 240 avant-projet =
« Toute faute oblige son auteur à réparer le préjudice qu’il a causé. »
La formule est raccourcie mais elle garde la même structure, le même verbe (oblige) et la même for-
mulation verbale. Ensuite, il se produit la consultation publique et le projet est modifié. Le texte de-
vient : article 1 241 du projet =
« On est responsable du dommage causé par sa faute. »
Les commentateurs du projet de réforme sont d’accord pour dire que ce texte fournit la base tex-
tuelle du principe général de responsabilité pour faute.

Section 2. La responsabilité fondée sur le risque et la garantie


A partir des années 1890, les juristes commencent à prendre conscience des insuffisances de la
faute. Il va se développer cette idée, selon R. Savatier, que Tout dommage accidentellement subi
par un individu ou un groupe d’individus doit, dans une société bien construite, trouver une répara-
tion (même s’il n’y a pas de faute à l’origine). Les juristes sont face à un défi et il fallait trouver une
autre raison que la faute pour que le poids du dommage ne pèse pas sur la victime mais pèse sur
l’auteur. C’est comme ça que sont nés les fondements objectifs de la responsabilité civile.
I. Les fondements objectifs de la responsabilité
Les deux fondements objectifs sont les fondements :
- du risque
- de la garantie
Lorsque la responsabilité civile est fondée sur l’un de ces deux fondements, on parle d’une respon-
sabilité sans faute ou objective. Ces deux fondements sont apparus au XXe siècle et ont profondé-
ment marqué le droit de la responsabilité civile de ce siècle.

A. Le fondement du risque
1. L’exposé de la théorie du risque
a. La théorie d’origine du risque : le risque créé
Cette théorie est créée à la fin du XIXe siècle par Saleilles et Josserand. Ils convergent vers la
même idée, c’est l’expression originelle de la théorie du risque : il faut faire peser la resp du dom-
mage subi par une victime sur celui qui a créé le risque à la source du dommage. Plus large-
ment, leur idée est que chacun doit assumer la resp du dommage dont il a créé le risque et la consé-
quence technique est que toute activité dommageable, même non fautive, doit pouvoir engendrer
une responsabilité (ex = les activités industrielles).

b. Les extensions de la théorie du risque : le risque-profit, le risque-autorité et le risque social


A la suite de la proposition initiale de cette théorie du risque, il y a eu des propositions pour élargir
la théorie du risque. D’abord, par Josserand, puis par Savatier et Duguit. Ils développent l’idée du
risque-profit selon laquelle celui qui tire profit d’une activité ou d’une chose doit en contrepartie
de ce profit supporter la charge de réparer les dommages causés par cette activité.
H. Mazeaud a aussi ajouté l’idée du risque-autorité selon laquelle la simple autorité comme par
exemple l’autorité exercée sur une personne permet de justifier une responsabilité sans faute.
Plus tard, G. Viney a proposé une formulation plus englobante de risque social. Elle propose d’uti-
liser le risque social pour fonder la responsabilité sans faute.
Avec la théorie du risque, la question de resp a changé de nature. Ce n’est plus cô avec la faute une
question morale. La question est maintenant d’ordre causale donc une question de causalité. Celui
qui a causé le dommage est obligé de réparer à cette seule condition. Pour les juristes, c’est un chan-
gement de paradigme.

2. L’influence de la théorie du risque : l’essor des régimes de resp sans faute.


La théorie du risque a exercé une influence notable sur le droit positif de deux manières. D’une part,
elle sous-tend certaines lois :
- 9 avril 1898 sur les accidents du travail = création d’une responsabilité sans faute donc objec-
tive de l’employeur pour les accidents subis par ses salariés
- 5 juillet 1985 sur les accidents de la circulation
D’autre part, la théorie du risque a aussi inspiré la JP dans la création de régimes de resp sans faute.
La JP va dév un régime de resp du fait des choses qui est une resp sans faute parce qu’elle a été
autorisée par la théorie du risque développée en doctrine. La théorie du risque permet de com-
prendre l’évolution dans le sens de l’objectivation des resp du fait d’autrui. Cette théorie du risque
connaît des opposants cô Plianiol mais elle a réussi à convaincre la doctrine qu’une RC sans faute
était légitime.

B. Le fondement de la garantie
La théorie de la garantie est proposé par Starck qui est un juriste atypique :
- « Essai d’une théorie G de la RC considérée en sa double fonction de garantie et de peine privée »,
1947

a. L’exposé de la théorie de la garantie


Starck a vu le conflit entre les partisans du fondement de la faute et les partisans du fondement du
risque. Il va chercher dans son travail de thèse une troisième voie pour sortir de l’affrontement qu’il
trouve stérile entre le fondement de la faute et le fondement du risque. Pour faire ça, il a l’in-
géniosité de mettre les deux théories qui s’affrontent dans le même sac. Le tort de ces deux théories
(la faute et le risque), a été de se placer du seul côté de l’auteur du dommage.
Il va proposer de se placer du côté de la victime. Il propose de se défocaliser de l’auteur. Il nous
dit que l’auteur du dommage a des droits et a donc le droit à sa vie, à son intégrité corporelle, à son
intégrité matérielle de ses biens. Ces droits subjectifs doivent être protégés contre l’activité domma-
geable d’autrui. Ils doivent être aussi protégés contre l’activité sans faute d’autrui. Donc, les droits
de la victime doivent être garantis contre toute atteinte. La victime a le droit à titre de garantie à
la réparation de toute atteinte à sa personne ou à son patrimoine et dans ces cas, il n’y a pas à exiger
de faute du responsable.
En revanche, les autres dommages, moraux ou économiques, ne sont pas garantis. Pour Starck, ils
ne donneront lieu à une réparation que si une faute est à leur source.
La théorie de la garantie a donc deux volets et on peut dire qu’elle est mixte :
- volet de responsabilité sans faute pour les dommages garantis
- un volet de responsabilité pour faute pour les dommages non garantis
Sa ligne de partage est la nature du dommage causé mais quand on parle de théorie de la garantie,
on retient la part de responsabilité sans faute.

b. Les manifestations de la théorie de la garantie en droit positif


Le droit positif ne fait pas la distinction entre les dommages garantis et non garantis. Les dif-
férents régimes de resp ne se distinguent pas selon la nature du dommage mais seulement selon
l’origine du dommage. Le régime d’indemnisation des accidents de la circulation est l’exemple le
plus signifiant de transposition de la théorie de la garantie dans notre droit positif par la loi du 5
juillet 1985.
Cette loi a doté d’un régime particulier certains dommages corporels et matériels qui sont précisé-
ment les dommages garantis au sens de Starck. Au-delà, ces dommages sont garantis et il n’est pas
possible d’échapper à leur indemnisation.

Conclusion I.
La théorie du risque. Toute activité qui créée pour autrui un risque rend son auteur responsable du
dommage qu’elle peut causer sans qu’il y ait à rechercher s’il y a eut une faute à l’origine de ce
dommage.
La théorie de la garantie. Toute personne possède des droits garantis et donc l’atteinte portée à ces
droits justifie à elle seule l’ob° de réparation, cad sans qu’une faute soit requise.
Avec des justifications distinctes, l’une qui concerne l’activité source de risque dommageable et
l’autre qui concerne les droits de la victime, ces deux fondements ont en commun de ne pas nécessi-
ter l’existence d’une faute pour engager la resp et permettre la réparation du dommage.

II. La fonction indemnisatrice de la responsabilité objective


Au XXe siècle, les dommages se multiplient et s’aggravent. On retrouve deux grandes inspirations
qui vont imprégner l’évolution du droit de la responsabilité civile :
- l’indemnisation des victimes
- la solidarité avec les responsables afin d’assurer l’indemnisation des victimes

A. Le souci d’indemnisation des victimes


Elle est due à l’accroissement de la dangerosité, à la multiplication des risques. La RC se découvre
une nouvelle ambition. La priorité désormais n’est plus de moraliser les conduites, l’essentiel est de
protéger la victime. Un glissement s’opère à partir du début du XXe siècle de l’impératif de sanc-
tion du responsable à l’impératif d’indemnisation de la victime. Pour parvenir à cela, il a fallu sur-
monter l’exigence de la faute qui était consubstantielle à la RC durant tout le XIXe siècle.
On assiste à un déclin du fondement de la faute et à un déclin du rôle de la faute cô condition de la
RC grâce aux théories objectives du risque et de la garantie. Aujourd’hui, ça n’est plus la faute qui
est la condition première de la responsabilité civile.

B. Le souci de solidarité au profit des responsables


Il y a eut une évolution vers la socialisation des risques qui consiste à répartir le poids de l’indemni-
sation des dommages sur la collectivité de différentes manières :
- en développant l’assurance
- en socialisant certains risques

1. Le dév spectaculaire de l’assurance de RC au cours du XXès


A partir du début du XXès et dans tous les pays industrialisés, l’assurance de RC se dév. En France,
ce dév a été porté par la loi du 13 juillet 1930 à la suite de laquelle le législateur a encore multiplié
les assurances de RC obligatoires. En 2005, le CE, dans son rapport annuel, dénombre plus d’une
centaine d’activités pour lesquelles l’assurance est imposée (ex = véhicules terrestres à moteur, pro-
fessionnel, pour les chasseurs).
Plus l’assurance se généralise et plus la RC s’étend. Dans une causalité circulaire, on constate l’ex-
tension de la RC qui engendre un dév de l’assurance qui lui-même favorise le dév de la RC =
boucle de rétroaction.
Dans le contentieux de la RC, les juges vont appliquer une grande importance aux contrats d’assu-
rance, au point que le juge va désigner le responsable en fonction de son assurance. La conséquence
est le déclin de la resp subjective, sans faute.

2. La socialisation directe de certains risques


Au XXe siècle, plusieurs textes ont créé un système d’indemnisation par la collectivité pour des
dommages spécifiques, abstraction faite de toute appréciation sur la responsabilité, dans le seul ob-
jectif d’indemniser les victimes. Ces modes collectifs de prise en charge sont concurrents de la res-
ponsabilité civile.

a. Les fonds de garantie d’indemnisation


Le but est d’éviter que la victime ne supporte le poids de l’insolvabilité du resp du dommage qu’elle
subit. On retrouve des fonds pour les victimes d’actes de terrorisme (1986), pour les victimes de
l’amiante (2000), d’accidents médicaux (2002), du Médiator (2011).

b. La Sécurité sociale
La Sécurité sociale est une manifestation de solidarité sociale car l’ensemble de la collectivité va
porter la charge des atteintes à la santé et leurs conséquences pécuniaires. Par exemple, la réparation
des accidents du travail est incorporé dans le régime G de la Sécurité sociale depuis 1946.

Conclusion II.
Tous ces mécanismes ont contribué à renforcer la resp objective, donc une resp détachée de la faute.
Le soucis d’indemnisation des victimes a amené cette solidarité, quitte à ce que le responsable ne
soit pas le payeur.

III. Les limites à l’extension de la responsabilité objective


Engel a mis au jour l’exemple repoussoir de la dérive américaine en matière de responsabilité. Il y a
10 fois plus de procès en resp aux États-Unis que chez nous. Pour illustrer cette dérive américaine,
elle a dév ses écrits sur l’américanisation du droit avec de la JP américaine qui est allée très loin en
matière de resp. Par exemple, une femme qui avait lavé son chien l’avait mis dans le four à micros
ondes pour le sécher et le chien meurt. Elle attaque le fabriquant du four qui est reconnu coupable
de ne pas avoir précisé que le four ne servait pas de séchoir. Une femme médium a fait un scanner
et a perdu ses facultés. Les médecins ont dû l’indemniser.
Dans les arrêts de 2003 et 2004, la cour de cassation en France décide que la société de production
de tabac n’est pas responsable de la mort d’un fumeur.
La resp sans faute n’a cessé de s’étendre et le champ de la RC s’est étendu. Elle a continué de
s’étendre en matière de resp du fait des choses, puis en resp du fait d’autrui et il ne reste plus que la
resp du fait personnel qui soit une responsabilité pour faute.
Des craintes ont été exprimées quand on a pris que la resp sans faute augmentait. Cette expansion
est aussi vraie en DA. Dans les risques qui ont été relevés, trois sont mis en avant :
- le risque moral de déresponsabilisation (ex = la certitude que la victime va être indemnisée
pourrait favoriser des comportements irresponsables)
- le risque économique lié au prix à payer pour la socialisation des risques
- le risque de découragement de l’initiative

Conclusion.
La RC et les juristes sont périodiquement soumis à des défis évolutifs :
- le défi de l’indemnisation des victimes = à relever de la fin du XIXe siècle et pendant tout le
XXe siècle, a été relevé sur le plan des idées en inventant de nouveaux fondements (fondements du
risque et de la garantie) et sur le plan de la technique juridique en mettant en place les mécanismes
de socialisation
- le défi de l’anticipation des risques = au niveau de la théorie G de la resp, il faut l’invention de
nouveaux fondements. Le fondement de la précaution ou de la préservation a été proposé afin
de permettre une resp envers les générations futures, envers les générations actuelles également
mais les générations actuelles sont auteurs et victimes. Sur le plan technique, il faut mettre en
place des mécanismes d’anticipation, des mesures préventives qui nous permettent de ne pas at-
tendre que les dommages se réalisent
- « Le principe de précaution en DRC », M. Boutonnet - « Les sanctions préventives », C. Sintez

Section 3. La responsabilité fondée sur la précaution


La pression des faits et la pression des idées permettent un éveil du droit +. A la fin du XIXes, la
pression des faits s’est manifestée par la multiplication des accidents en lien avec le machinisme.
Ces faits vont mettre en lumière les insuffisances de la resp fondée sur la faute. Cette pression des
faits va conduire à l’émergence d’une resp sans faute. Par la même, cette pression des faits va en-
traîner une adaptation du droit à l’évolution et aux besoins sociaux.
A la fin du XXes, la pression des faits se manifeste par l’apparition de nouveaux risques et qui
pourrait peut-être nous amener à envisager une resp sans préjudice. Ces nouveaux risques sont à la
fois d’une échelle et d’une nature # jusqu’alors.
En 1804, les risques de dommage étaient des risques individuels. A la fin du XIXe siècle, ces
risques deviennent aussi collectifs avec les accidents et de nos jours, les risques majeurs se déve-
loppent à l’échelle individuelle, collective, nationale, voire planétaire.
Concernant la nature, certains de ces risques présentent une caractéristique nouvelle:
l’irréversibilité. Fin XXe siècle, on prend conscience qu’il y a des dommages irréversibles. Or, la
resp est l’ob° de réparation.
La RC a besoin d’évoluer pour s’adapter à ces changements en matière de dommages réels et poten-
tiels. Ce changement est temporel avec cette idée que la resp ne soit plus seulement tournée vers la
réparation des dommages déjà causés mais qu’elle soit aussi tournée vers l’évitement des dom-
mages à venir, notamment pour les plus graves d’entre eux et donc, elle se tourne aussi vers le futur.

I. L’émergence du fondement de la précaution : la densification normative du principe de pré-


caution
article L. 110 – 1 du Code rural =
« Le principe de précaution selon lequel en l’absence de certitude, compte tenu des connaissances
scientifiques et techniques du moment ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et pro-
portionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement a un
coût économiquement acceptable. »
La densification normative, découverte d’un processus est un ouvrage collectif issu de la faculté de
droit d’Orléans et publié en 2013. Il est ressorti que le processus de densification normative est le
processus de montée en puissance de la normativité, c’est-à-dire le processus de montée en puis-
sance de la capacité à fonder une référence.

A. La multiplication des sens


Le principe de précaution apparaît dans :
e
- la Déclaration de Rio de 1992 (premier sommet de la terre), au 15 rang
- les principes qui doivent guider la politique de l’environnement de l’UE.
- la loi Barnier en date du 2 février 1995 = un des grands principes de protection de l’environne-
ment
- Code rural à l’art. L 200 – 1 devenu l’art. L 110 – 1
er
- Charte de l’environnement à l’art. 5 depuis la loi du 1 mars 2005 = valeur constitutionnelle

B. L’extension du domaine
Le principe de précaution est apparu dans le droit de l’environnement. Il s’est étendu au droit de la
santé et il a un potentiel d’extension pour permettre une protection plus large du vivant.

C. L’élargissement des destinataires du principe de précaution


A l’origine, le principe de précaution est un principe politique qui, en tant que tel, s’adresse aux
États qui doivent le mettre en œuvre. Les États sont les États signataires des traités et des conven-
tions qui énoncent le principe de précaution (ex = les États-membres de l’UE).
Au plan national, les pouvoirs publics et les collectivités locales sont chargés d’appliquer ce prin-
cipe. Ce principe a pour vocation à guider l’action politique, l’action des pv publics en matière envi-
ronnementale et sanitaire.
A. Guégan se demande est-ce que le principe de précaution ne pourrait pas concerner les acteurs
privés ? Le principe de précaution est applicable aux sujets de la RC. Il conclut que le principe s’ap-
plique aux décideurs en général. Aujourd’hui, le principe a vocation à s’appliquer à tous. Le juge
judiciaire et le JA s’en sont emparés et utilisent le principe de précaution.

D. L’intensification de la force normative du principe de précaution


1. Les sources textuelles
A l’origine, c’est du droit déclaratoire contenu dans la Déclaration de Rio donc il est dépourvu de
force obligatoire et contraignante. Il a une force d’inspiration car il indique des orientations sou-
haitables pour les futures politiques des États-membres. Puis, il se densifie et il devient un principe
directeur pour les politiques environnementales de l’UE et pour la politique nationale avec la loi
Barnier (1995). Ensuite, il se constitutionnalise en 2005 en intégrant la Charte de l’Environnement.
Au fil de ce processus, il tend à devenir obligatoire alors qu’il était purement déclaratoire. Il revêt
aujourd’hui une incontestable force normative, même s’il a fait l’objet de critiques.

2. La jurisprudence
Sa densification juridique est venue des juges du fond, en matière de contentieux de téléphonie mo-
bile sur la nocivité des antennes relais. En France, la 1ère décision de justice qui s’est appuyé sur le
principe de précaution en matière de RC est :
TGI de Grasse, 17 mars 2003: une commune avait introduit une action en justice contre la société
SFR car elle avait implanté une antenne de téléphonie mobile à proximité d’écoles maternelle et pri-
maire et le juge accueille la demande en ordonnant une mesure préventive : le déplacement de l’an-
tenne en s’appuyant sur le principe de précaution et sur la RC et puis précisément, la théorie des
troubles de voisinage.

II. L’accueil doctrinal du principe de précaution


Tous les auteurs qui ont réfléchi en lien avec la RC sont tous d’accord pour reconnaître l’impor-
tance du principe de précaution. On trouve par exemple sous la plume de G. Martin, le principe de
précaution ait dans l’avenir une forte influence sur notre droit paraît difficilement contestable au
Dalloz 1995 p. 306 Précautions et responsabilité.
Dans le même ordre d’idée, on trouve dans le rapport Viney Kourilsky de novembre 1999, Il n’y a
pas lieu de contester le principe de précaution qui répond à une demande sociale évidente.

A. Les premières réactions doctrinales au principe de précaution


1. Sur le plan social : une critique aujourd’hui démentie
La critique consiste à dire que ce principe de précaution serait un principe d’inaction suscitant l’abs-
tention et donc pouvant constituer un frein à l’initiative. La même réticence s’est exprimée au mo-
ment de la proposition du risque au début du XXe siècle. Ensuite, les défenseurs du principe l’asso-
cient à une autre maxime : Dans le doute, mets tout en œuvre pour agir au mieux, c’est-à-dire qu’il
ne s’agit pas d’un principe d’inaction mais d’un principe d’action positive car il invite à chercher
les solutions les plus favorables à l’environnement et à la santé. Au contraire, c’est une source
d’innovation qui nous pousse à la créativité. M. Fabre-Magnan qualifie le principe de précaution de
principe d’action et chez H. Reeve, le principe de précaution est un principe de sagesse.
Le principe de prévention fonctionne pour des risques connus, tandis que le principe de précaution
s’applique à des risques incertains.

2. Sur le plan juridique : des réserves contradictoires


Ce principe de précaution a suscité des réticences totalement opposées. Pour certains, il risquait de
bouleverser les acquis de la RC, alors que pour d’autres il n’ajoutait pas grand-chose.

a. Le principe de précaution, vu cô un risque de régression du fondement du risque


C’est la réserve formulée par G. Martin. Celui-ci est le premier juriste, en 1995, à avoir pris à bras
le corps cette question de resp. Sa crainte était que le principe de précaution vienne revitaliser le
fondement de la faute en multipliant les ob° de précaution.
Par la suite, des travaux très approfondis ont démontré que le principe de précaution était compa-
tible avec une resp sans faute donc objective :
- Le principe de précaution, de Saadeler, 2000
- Le principe de précaution en responsabilité civile, Boutonnet, 2003

b. Le principe de précaution, vu cô une confirmation du fondement du risque


G. Viney minimise l’apport du principe de précaution en disant que c’est un ersatz (tentative de
remplacement) assez pauvre du risque. Elle met le principe de précaution au même niveau qu’un
fondement du risque. Quand elle fait ça, elle sous-entend que le principe de précaution est relié à
une resp objective puisqu’elle le compare avec le fondement du risque.

c. Le principe de précaution analysé comme une redécouverte de la prudence


Lefourneau, Cadiet et Brun disent qu’il existe déjà la prudence dans le DRCe donc le principe de
précaution est la redécouverte sous un nouveau nom de la notion de prudence déjà connue en RC.
Cette qualif° de la précaution à la prudence ramène le principe de précaution vers une resp subjec-
tive pour faute d’imprudence.
B. L’accueil actuel de la doctrine
Au jour d’aujourd’hui, la plupart des manuels en droit de la RC ont intégré le principe de précaution
et lui consacrent des dév substantiels. La thèse de Boutonnet a balayé les réserves à l’encontre du
principe de précaution par la démonstration suivante : le principe de précaution ne concerne pas les
conditions de la RC et donc la question faut-il ou non une faute pour le mettre en jeu ? n’est pas
concernée. Ainsi, il peut s’appliquer tout aussi bien à une responsabilité subjective pour faute qu’à
une responsabilité objective sans faute. Elle montre que le principe de précaution concerne en re-
vanche les effets de la RC. Il concerne les effets, en ce qu’il vient ajouter au principe classique, et
jusque là unique, de réparation intégrale du dommage, un principe de prévention de certains risques
de dommages graves.
Il existe une ambivalence irréductible de la densification normative du principe de précaution. Ce
principe de précaution est un principe transdisciplinaire. Il y a beaucoup de peur et d’instrumentali-
sation du principe qui sont faits. Il a été instrumentalisé par certains hommes politiques qui le
sortent de son contexte.

III. La fonction anticipatrice et préventive de la resp fondée sur la précaution


Ce principe de précaution permet de dépasser les limites actuelles de la RC et de répondre aux be-
soins spécifiques de notre époque.

A. La possible prise en compte du simple risque de dommage grâce au principe de précaution


Dans le régime classique de la RC, la condition de mise en œuvre de la resp est l’existence d’un
dommage certain. Le principe de précaution peut s’appliquer en l’absence de certitudes au simple
risque de dommages graves et irréversibles dans le domaine de l’environnement et de la santé.
Après l’avènement d’une resp sans faute qui a permis le fondement du risque, c’est une resp sans
préjudice, avéré, causé que permet le fondement de la précaution. Beaucoup d’auteurs sont favo-
rables à l’assouplissement du régime de la RC pour ne pas exiger systématiquement un dommage
d’ors-et-déjà causé.

B. De possibles mesures préventives et une possible action préventive en resp


Actuellement, la fonction première de la RC est de permettre la réparation d’un dommage causé à la
victime, donc de l’indemniser. Si on admet l’influence du principe de précaution sur la rc, cela
conduit à deux innovations sur le plan de la technique jur :
- cela permet au juge de prendre les mesures conservatoires ou de remise en état qui s’imposent
pour prévenir un dommage = proposition faite dans le rapport Kourilsky Viney. A côté des me-
sures de réparation, peuvent apparaître des mesures préventive et le rapport détaille ces mesures
- fonder une action préventive en responsabilité civile = cette action étant susceptible d’assortir
une responsabilité pour faute et sans faute

C. Une nelle fonct° de la resp: la fonction d’anticipat° et d’évitement des dommages


La fonction préventive de la RC existe déjà s’agissant de la resp pour faute. Quand on regarde de
près, il s’agit dans cette fonction préventive d’une fonction préventive de dissuasion de certains
comportements nuisibles et dommageables. Il s’agit d’une prévention qui sert à anticiper les dom-
mages donc qui intervient en amont. Ce principe de précaution permet un élargissement des finali-
tés de la RC, ce que nombre d’auteurs ont un temps intégré. Les grandes notions du droit privé de
Rochefeld intègre la resp tournée vers l’avenir.

Conclusion. Pendant longtemps, la question des fonctions n’a pas suscité beaucoup d’interroga-
tions doctrinales. Cela vient de la manière dont on définit la RC.

A. La diversité des fonctions de la responsabilité civile


- sanctionner - punir - normer - réparer/indemniser
- prévenir/anticiper - faire cesser l’illicite
B. La reconnaissance de # fonctions de la RC dans le projet de réforme de la RC
L’avant-projet de 2016 consacrait implicitement, dès son 1er art, l’art. 1 232, plusieurs fonctions de
la RC. article 1 232 avant-projet =
« Indépendamment de la réparation du préjudice éventuellement suivi, le juge peut prescrire les me-
sures raisonnables propres à prévenir le dommage ou faire cesser le trouble illicite auquel est ex-
posé le demandeur. »
Il est clair que cet art va bien au-delà de la seule fonction réparatrice puisqu’il ouvre la possibilité
au juge de prendre des mesures en amont, abstraction faite de l’existence d’un préjudice. Ce texte
reconnaît la fonction de cessation de l’illicite. Il fait une place au verbe prévenir et à la fonction de
prévention. Dans sa communication, le ministre Urvoas présente l’idée de renforcer la fonction
préventive de la RC. article 1 266 du projet =
« En matière extra-contractuelle, indépendamment de la réparation du préjudice éventuellement
subi, le juge peut prescrire les mesures raisonnables propres à prévenir le dommage ou faire cesser
le trouble illicite auquel est exposé le demandeur. »
Quant à l’art. 1 266 – 1 du projet de 2017, il met en valeur la fonction de peine privée de la RC,
c’est-à-dire punir en sanctionnant sans la nommer la faute lucrative.

C. Une proposition
Il serait clarifiant de regrouper les fonctions de la RC dans le 1er art du prochain projet. Une rédac-
tion a été proposée : « Indépendamment de la réparation du préjudice éventuellement subi, le juge
peut prescrire les mesures propres - à prévenir le dommage
- à faire cesser le trouble illicite ou anormal auquel est exposé le demandeur - à punir
les comportements constitutifs de faute lucrative »

Chapitre 4 : L’articulation des différents fondements de la resp


I. Typologie des processus d’évolution du droit
L’évolution en droit se produit de différentes façons : des évolutions les plus légères aux plus radi-
cales.

A. Le changement ponctuel
Le changement ponctuel est un changement qui a lieu par couches successives. Dans la JP, on a vu
au cours des premières décennies du XXe siècle, des expressions changer : la présomption de
faute → la présomption de resp → la resp de plein droit.
Le changement ponctuel a lieu en douceur, parfois sans véritable conscience du changement en
train de se faire. Les petites touches de changement s’étalent dans la durée.

B. Le changement par exception


Le changement par exception permet de garder le principe intact. Quand on fait évoluer le droit en
apportant une exception, on conserve le principe. Pendant longtemps, le principe a été celui d’une
resp pour faute. Les cas de resp sans faute étaient considérés comme des exceptions, ce qui permet-
tait de maintenir intact le principe de resp pour faute. L’inconvénient est qu’à un certain moment, si
les exceptions se multiplient trop, le maintien du principe devient artificiel et le principe est vidé de
sa substance.

C. Le changement pendulaire ou par réaction


Le changement pendulaire ou par réaction se fait par le passage d’un pôle à l’autre. Par exemple,
proposition de passer d’une resp totalement fondée sur la faute à une resp totalement fondée sur le
risque L’inconvénient de ce type de changement est la résistance du 1er pôle. Dans ce mouvement
de balancier, on reste sur le premier plan.
D. Le changement par expansion
Dans ce changement, il n’y a pas de rejet du droit existant mais le droit évolue quand même.

E. Le changement de paradigme
Le paradigme vient de T. Kuhn dans son livre publié en 1962. Le paradigme est un cadre de réfé-
rence sur lequel la communauté scientifique s’accorde. Ce cadre de référence donne cohérence à un
ensemble de solutions dégagées par la science dans une discipline. Pendant une période, il y a un
paradigme dominant. Dans les périodes de sciences normales, il y un accord autour d’une vision.
Cependant, certaines recherches ne cadrent pas avec le paradigme dominant. Au début, les choses
qui ne cadrent pas sont appelées des anomalies.
Tout d’abord, il est assez fréquent que ces différents types de changements se succèdent. Ensuite,
c’est souvent après coup que l’on peut dire qu’il y a eu un changement de paradigme. Enfin, les mu-
tations qui se sont produites dans le passé, comme l’évolution des fondements dans la resp, peuvent
nous aider à comprendre les mutations nécessaires au présent.

II. L’évolution des fondements du droit de la responsabilité


L’évolution du droit de la resp peut se comprendre à travers une succession de changements de pa-
radigmes. Il ne s’agit pas de changements pendulaires mais plutôt de changements englobants. Le
changement se produit lorsque le fondement dominant à une époque montre ses limites. Le para-
digme qui domine une époque n’est pas suffisant pour répondre aux nouveaux enjeux. La théorie G
du DRC et le droit + tentent de s’ajuster aux nouvelles exigences.

A. En 1804
En 1804, le fondement (ou paradigme) qui est délibérément mis en avant par les codificateurs est le
fondement de la faute. Les quelques cas de resp où la faute est présumée, et donc non exigée, sont
présentés comme des exceptions.
Au fil du XIXe siècle, le fondement de la faute s’avère insuffisant parce que cette exigence de
prouver une faute aboutit parfois à des absences de réparation du dommage.

B. La proposition du fondement du risque


Pour répondre à ces nouveaux cas qui interpellent les juristes, le fondement du risque est proposé.
Le point de rupture et d’innovation avec le fondement précédent réside dans le fait que la responsa-
bilité fondée sur le risque est une responsabilité sans faute.

C. Au milieu du XXe siècle


Au milieu du XXe siècle, le fondement de la garantie est proposée par Starck et le point de rup-
ture et d’innovation réside dans la focalisation sur la victime alors que les deux fondements précé-
dents prêtaient attention à l’auteur. L’avènement de ces fondements objectifs, risque et garantie,
corrélés au développement spectaculaire de l’assurance vient désigner un autre point de rupture.
C’est l’expansion de la sphère individuelle à la sphère sociale : de la solidarité des responsables et
de l’indemnisation des victimes

D. Réfléchir à un nouveau fondement pour la responsabilité


C’est tenir compte du tournant majeur que nous vivons qui se caractérise par un triple point de rup-
ture qui appelle autant d’innovations en réponse :
- dans le temps = jusqu’alors, la resp était tournée vers le passé avec un caractère rétroactif. La resp
est invitée à se tourner vers l’avenir donc à envisager que la responsabilité ait un caractère préventif
- dans l’espace = on est confronté à des risques majeurs dont nous savons depuis Tchernobyl, en
1986, qu’ils ne s’arrêtent pas aux frontières et peuvent avoir une dimension planétaire
- dans la relation humaine = les précédents fondements de la responsabilité ont été conçus pour
des contentieux entre acteurs vivants, en interaction au présent. Aujourd’hui, la resp nous relie à la
génération future
Conclusion titre I. La déf° de la resp courante est l’ob° de réparer les dommages causés. Si
on intègre ce qu’on a vu précédemment dans ce titre I, on est invité à retravailler sur la déf° de base.
L’obligation de répondre aux dommages causés et des risques de dommages.
Titre 2. Le droit commun de la responsabilité civile
Le régime juridique de la responsabilité est l’ensemble des règles applicables à la notion de respon-
sabilité. Le régime juridique se compose de deux grands pans :
- les conditions - les effets

Sous-titre 1. Les conditions de la responsabilité civile


Pour mettre en jeu la RC, c’est-à-dire l’existence d’une ob° de réparer un dommage causé à autrui
ou l’ob° de répondre des dommages causés, il faut trois conditions :
- un préjudice
- un fait générateur à son origine
- un lien de causalité entre les deux
L’évolution du droit de la RC a été telle que ces trois conditions traditionnelles ont été profondé-
ment affectées.

Chapitre 1 : Le préjudice
Depuis le XXe siècle, le préjudice est devenu la condition centrale de la RC en raison de l’objec-
tivation de cette dernière, c’est-à-dire en raison du dév de la resp sans faute.

Section préliminaire. Généralités sur le et les préjudices


I. La distinction entre dommage et préjudice
Pendant très longtemps, les auteurs ont utilisé ces deux termes comme des synonymes, ainsi que les
dictionnaires. Quelques auteurs minoritaires ont proposé de faire une distinction entre les deux.

A. Exposé de la distinction entre dommage et préjudice


- le dommage (notion factuelle) = atteinte portée par la victime
- le préjudice (notion de droit) = dommage juridiquement réparable
B. Les intérêts de la distinction entre dommage et préjudice
Sur le plan du régime, on peut dire que le dommage est constaté. Par exemple, une expertise
médico-légale fait le constat factuelle que la victime a le bras cassé. Le préjudice est réparé par l’oc-
troi d’une indemnité (dommages et intérêts).
Sur le plan de l’existence, il y a des dommages qui ne sont pas des préjudices donc il y a des at-
teintes qui ne sont pas réparables par le droit. Pendant longtemps, le dommage écologique pur,
c’est-à-dire un dommage sans répercussion sur les personnes, n’a pas été réparable. De plus, le
dommage causé par la mort d’un animal de compagnie n’est pas réparé en droit sauf cas exception-
nel.
Sur le plan des évolutions des dommages et des préjudices, la notion de dommage a beaucoup évo-
lué sur ces dernières décennies. Par exemple, les atteintes au vivant.
En revanche, la notion de préjudice, donc de dommages réparables, a mis du temps à s’adapter.
L’évolution des faits va plus vite que l’évolution du droit.

C. La distinction maladroite entre dommage et préjudice dans le projet de réforme de la RC


Le projet de réforme de mars 2017 semble faire la distinction entre dommage et préjudice. article 1
235 du projet = « Est réparable tout préjudice résultant d’un dommage...et consistant dans la lé-
sion d’un intérêt licite, patrimonial ou extra-patrimonial »
La distinction est aussi présente à l’art. 1 237 du même projet mais ce qui fait penser que cette dis-
tinction est mal maîtrisée est le titre de la sous-section qui comprend ces textes. En effet, la sous-
section 1 s’intitule Le préjudice réparable.

II. Les nomenclatures de préjudice


Les nomenclatures sont des sortes de classif°, de typologie, avec des déf°. C’est une sorte de mise
en ordre de la diversité des préjudices existants et le but d’une nomenclature est d’unifier les pra-
tiques.

A. La nomenclature des préjudices corporels ou nomenclature Dintilhac


Le but de la nomenclature Dintilhac est de guider les praticiens de l’indemnisation en répertoriant
les # postes d’indemnisation selon des déf° qui peuvent communément partagées. Il y a l’idée d’une
harmonisation des pratiques. Le rapport Dintilhac fournit une classif° des préjudices corporels. En
tant que telle, cette nomenclature Dintilhac était sans force obligatoire et pourtant, ce rapport a ac-
quis une vraie force normative et est devenue une référence pour les praticiens du droit de l’indem-
nisat°. Cette idée d’une nomenclature des préjudices corporels est visée à l’art. 1 269 du projet de
réforme de la RC et serait fixée par décret en CE.

B. La nomenclature des préjudices écologiques ou économenclature


La nomenclature des préjudices écologiques a été réalisé par un groupe de travail emmené par Ney-
ret et Martin. En plus de ceux qui ont emmené le groupe de travail, ils ont auditionné des figures de
la société civile (assureurs, entreprises du CAC 40, représentants de PME). Leur idée est que cette
nomenclature soit un outil de clarif° des # types de préjudices écologiques. Cette nomenclature per-
met d’accroître la prévisibilité et la sécurité jur pour que les acteurs du droit sachent ce qu’il y a
sous les étiquettes de préjudice écologique. C’est une manière de rendre les choses plus claires et de
créer une forme de consensus autour des visions.
Leur but est d’éviter des réparations à géométrie variable pour assurer une uniformisation des
préjudices écologiques.

Conclusion II. Les nomenclatures sont des petites sources du droit ; elles ne sont ni officielles,
ni légales et sont privées d’origine doctrinale au sens large. Ce sont des sources d’inspiration et
d’harmonisation. Elles ont une très grande force normative pour le rapport Dintilhac.

III. L’évolution des préjudices en trois étapes


Pendant longtemps, quand on disait préjudice, on voulait dire préjudice individuel mais c’était
évident donc on ne le précisait pas. Donc, le préjudice était envisagé à l’échelle de l’individu. Cela
nous a donné un droit de la resp très centré sur la personne puisque implicitement, quand on parlait
de préjudice, on parlait de préjudice touchant une personne. Le droit+ exige un intérêt personnel à
agir en resp.
Au fil du XXe siècle, ont commencé à être pris en compte les intérêts collectifs (salariés, consom-
mateurs...). Les intérêts collectifs étaient eux aussi susceptibles d’être lésés et cela a donné sens à un
nouveau préjudice : le préjudice collectif qui se déploie dans la sphère collective. La RC a été
amenée à évoluer dans cette sphère par le biais de l’assurance et le mécanisme de socialisation des
risques (fonds de garantie).
A la fin du XXe siècle, est apparue la notion de préjudice écologique. Il a émergé d’abord en JP et a
ensuite été intégré dans la loi dans le CC par une loi du 8 août 2016.

Section 1. Le préjudice individuel


Quand on regarde la manière dont le CC est formulé, on s’aperçoit que le CC, à l’art. 1 240 ne
contient aucune précision, ni aucune restriction quant aux types de dommages réparables.
article 1 240 = « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par
la faute duquel il est arrivé à le réparer. »
C’est à la doctrine et à la JP qu’est revenue la tâche de donner consistance. D’une manière G, les ju-
ristes sont d’accord pour définir le dommage réparable ou le préjudice comme la lésion d’un inté-
rêt.
Le projet de réforme de la RC de 2017 reprend et consacre cette expression de la lésion d’un inté-
rêt mais en la précisant avec des adjectifs. Donc le préjudice est défini et caractérisé.
article 1 235 du projet = « La lésion d’un intérêt licite, patrimonial ou extra-patrimonial. »
La JP française est décrite par les auteurs comme étant généreuse et extensive. Notre JP est compré-
hensive. La JP n’exige pas que le dommage soit particulièrement grave pour être réparé. On pour-
rait dire que c’est la formulation très large de l’art. 1 240 qui peut-être a facilité cette compréhen-
sion extensive que la JP a de la notion de dommage.
Dans le droit de la resp de nos voisins, ils ont souvent emprunté des voies plus étroites. Dans le
droit allemand, seuls certains dommages sont réparables et il s’agit des préjudices qui sont énumé-
rés par la loi. Les projets d’harmonisation du droit de la resp sont dans ce sens restrictif.

I. Les divers types de dommages réparables


Une distinction est reprise par le projet de 2017 mais qui est partagée par les juristes : c’est une dis-
tinction selon leurs natures.

A. Le préjudice patrimonial (matériel ou économique)


Le préjudice patrimonial est une lésion d’intérêts patrimoniaux dont la spécificité est qu’ils sont di-
rectement évaluables en argent. Selon les versions, on peut parler de préjudice matériel ou de préju-
dice économique.

1. En théorie
En théorie, ce préjudice patrimonial a deux facettes. On l’analyse :
- en perte subie (damnum emergens) = appauvrissement de la victime
- et/ou en un gain manqué (lucrum cessans) = la victime est privée d’un enrichissement que raison-
nablement elle pouvait escompter

2. En pratique
En pratique, ce préjudice patrimonial englobe :
- les atteintes aux biens - la destruction d’un bien

B. Les atteintes à la personne physique : le préjudice matériel dans son aspect patrimonial
Il s’agit d’atteintes à la santé, à l’intégrité du corps, voire à la vie-même de la personne. De ces at-
teintes résulte le préjudice corporel dans son aspect patrimonial.
Dans ce préjudice corporel, la perte subie consiste en un appauvrissement économique dû à tous les
frais engagés par la victime (frais médicaux).
Quant au gain manqué, c’est un manque à gagner qui résulte de l’incapacité de travail de la victime.
Cette incapacité peut être totale ou partielle, permanente ou temporaire.
Préjudice corporel :
→ préjudice patrimonial (économique ou matériel)
→ préjudice extra-patrimonial (moral ou personnel)
Dans le projet de réforme de la resp, il y a une attention à ce type de préjudice particulier. Ce sont
les art. 1 267 à 1 277 du projet. Le projet prévoit une nomenclature officielle de ces préjudices cor-
porels dans son art. 1 269 et il est précisé que c’est une nomenclature non limitative donc ouverte.

C. Le préjudice extra-patrimonial (moral ou personnel)


Il ne s’agit pas d’une atteinte au patrimoine de la personne donc il n’a pas d’influence directe en
matière monétaire et n’est pas susceptible d’une évaluation en argent mais il est susceptible d’être
dédommagé pécuniairement. La définition du préjudice moral désigne une souffrance physique
ou morale. Le préjudice moral atteint la victime dans son bien-être, dans son équilibre, dans ses sen-
timents...

1. La controverse sur la réparation du dommage moral


a. En doctrine
C’est en doctrine qu’il y a eut des réticences de la part de Ripert et Esmein à réparer le préjudice
moral. C’était inconvenant car les larmes ne se monnaient pas. Ensuite, c’était inadapté car il est
impossible d’effacer la souffrance morale par des dommages et intérêts. Enfin, l’indemnisation du
dommage moral était arbitraire. L’indemnité des dommages et intérêts était compensatrice et ne
prétendait pas effacer la douleur.

b. En jurisprudence
Cette controverse est restée sans effet. La JP a admis sans hésitation l’indemnisation du préjudice
moral depuis :
Le CE a été très longtemps hostile à la réparation du préjudice moral et ne s’est rallié au sens de la
JP de la CDC qu’en 1961.
Cass., cham. réunies, 15 juin 1833
Cass., chamb. civ., 13 février 1923, Lejars-Templier
CE, 24 novembre 1961, Letisserand

2. Les variétés de préjudice moral


Quand on observe les évolutions, il y a une multiplication continue des chefs de préjudices. C’est
une liste qui ne cesse de s’allonger.

a. Les atteintes à un droit extra-patrimonial


Il s’agit des atteintes aux droits moraux de la personnalité qu’il s’agisse des atteintes à la vie pri-
vée par des révélations non autorisées, des atteintes au droit à l’honneur par la diffamation ou en-
core atteinte au droit à l’image de la victime.

b. Les atteintes à l’intégrité corporelle


Il va être question des conséquences extra-patrimoniales ou personnelles d’un préjudice corporel.
Le rapport Dintilhac appelle cela les préjudices extra-patrimoniaux. Les tribunaux réparent sous le
dommage moral les souffrances de la victime, qu’elles soient physiques ou morales. Le rapport Din-
tilhac a regroupé ces souffrances dans un même poste de préjudice appelé déficit fonctionnel.
* la souffrance physique: la JP distingue le prix de la souffrance physique de la souffrance morale.
Les juges indemnisent les manifestat° passées et actuelles de la souffrance physique mais aussi les
manifestat° à venir quand ces souffrances sont susceptibles de se prolonger dans le tps.
* les souffrances morales: Dans notre droit, la JP s’est orientée sur la voie de l’énumération des #
sortes de souffrances morales.

1_ le préjudice esthétique
Le préjudice esthétique est le préjudice qui résulte de cicatrices de défiguration et de mutilation. Il
a d’abord été réparé par la JP qui tenait compte des mutilations vraiment graves mais de nos jours,
la JP répare ce préjudice avec plus de largesse et désormais, dans le droit+, sont comprises dans ce
préjudice esthétique, toutes les atteintes qui sont portées à l’apparence physique de la personne à
partir du moment où elles peuvent faire souffrir la victime ou la gêner dans ses activités quoti-
diennes. Les experts ont une échelle d’évaluation de 1 à 7 pour évaluer ce type de préjudice esthé-
tique.

2_ le préjudice d’agrément
Ce préjudice d’agrément n’a pas toujours été indemnisé par les juges.
Étape 1: Initialement les juges avaient du mal à définir ce préjudice. À l’origine ce préjudice est ap-
précié in concretum en examinant quelles étaient les activités antérieures de la victime. Le préju-
dice d’agrément a été décrit par Cadier comme une activité qui n’indemnisait que les plus aisés. A
partir des années 1950, la JP a commencé à indemniser ce type de préjudice. Le préjudice d’agré-
ment est une conséquence extra-patrimoniale du préjudice corporel, tout comme le préjudice esthé-
tique. La JP a progressivement beaucoup évolué sur sa compréhension du préjudice d’agrément.
Étape 2: La déf° initiale de la JP est étroite et subjective . Elle considère que le préjudice d’agré-
ment résulte de la perte pour une personne de la possibilité de se livrer à des activités de loisir spé-
cifique qu’elle pratiquait auparavant. A l’origine, le préjudice d’agrément est apprécié de manière
subjective en fonction du profil concret de la victime.
Ensuite, a été adoptée une conception élargie et objective. La Cass va se rallier à une conception
plus large du préjudice d’agrément avec des variations dans la formulation.
Cass., chamb. crim., 26 mai 1992 = le préjudice d’agrément correspond à « la privation des agré-
ments d’une vie normale ou des agréments normaux de l’existence »
Arrêt 2è C.Civ = le préjudice d’agrément correspond à « la privation des joies usuelles de l’exis-
tence.  » (jardiner, promener, voyager...)
et = la perte de goût et d’odorat sont indemnisables en tant que préjudice d’agrément
>CDC 2è Cciv 19 avril 2005
Étape 3: = retour à une interprétation plus étroite car la décision a CA de Colmar qui avait indem-
nisé au titre du préjudice d’agrément la perte de qualité de vie et des joies usuelles de la vie cou-
rante de la victime contaminée par transfusion sanguine a été cassée.
La CDC motive sa décision de cassation en reprenant in extenso la nomenclature Dintilhac selon la-
quelle « la perte de qualité de vie et les joies usuelles de la vie courante » ne relève pas du préju-
dice d’agrément mais de l’incapacité totale ou partielle qui est désormais incluse dans la nomencla-
ture dans les postes de préjudice qu’elle dénomme déficits fonctionnels. A nouveau, il résulte une
déf° réduite du préjudice d’agrément.

3_ le préjudice sexuel
détaché du préjudice d’agrément, c’est un préjudice personnel. Le rapport Dintilhac le classe dans
les préjudices extra-patrimoniaux permanents. L’intérêt technique a qualifié le préjudice sexuel
de préjudice de nature personnelle. Le montant de l’indemnisation des préjudices personnels et du
préjudice sexuel est exclu du recours des organismes sociaux. La somme qui est allouée à la per-
sonne au titre de son préjudice sexuel lui revient personnellement et ne peut pas lui être retirée.
Le préjudice sexuel a plusieurs facettes qui sont énumérées par le rapport Dintilhac. Il comprend le
préjudice lié :
- à l’acte lui même (perte de la libido…)
- à l’atteinte aux organes sexuels primaires et secondaires
- à l’acte sexuel
- à l’impossibilité ou à une difficulté de procréer. Préjudice morphologique
Cette énumération est reprise par la CDC :
= l’appréciation de ce préjudice se fait in concreto d’où cette prise en compte de l’âge de la victime
La CDC dans CASS CIV1 1er juin 2010 fait d’ailleurs état de cette énumération des préjudices.

4_ le préjudice d’affection
Le préjudice d’affection est l’atteinte portée aux sentiments causé par la perte d’un proche. Auj
cela peut également être causé par l’invalidité d’un proche. Ce n’est pas le préjudice vécu par la vic-
time directe mais le préjudice vécu par ses proches. C’est un préjudice par ricochet. Toute la
controverse doctrinale qui s’est développée au milieu du XXe siècle s’est déroulée autour de la
question du préjudice d’affection. Notre droit admet la réparation de ce préjudice d’affection dès le
XIXe siècle :
CDC 2è Cciv 5 oct 2006 CDC 2è Cciv 25 février 1981
CDC 2è CCiv 23 oct 1985 CDC 2è Cciv 28 mai 2009
CDC 2è CCiv 6 janv 1993= le préjudice sexuel est un préjudice à part entière, autonome et CDC
2è Cciv 17 juin 2010
Cass., chamb. civ., 13 février 1923, Lejars-Templier = énonce que l’art. 1 382 « s’applique, par la
généralité de ses termes, aussi bien au dommage moral qu’au dommage matériel. »
Cette argumentation repose sur une maxime d’interprétation ubi lex non distinguit.> là ou la loi ne
distingue pas, il n’y a pas lieu de distinguer
Les juges du fond ont donc pu condamner le resp à la réparation du préjudice moral résultant de la
douleur qu’éprouve les enfants à la mort de leur père.
En ce qui concerne le dommage moral résultant de la perte d’un animal, en principe n’est pas in-
demnisé par la JP en l’état actuel de notre droit positif sauf exception.
EX: l’arrêt LUNIUS CDC16janv1962

5_ le préjudice d’anxiété
C’est un préjudice moral apparu récemment. Depuis 2010, la CDC en tient compte et on peut le dé-
finir comme le préjudice résultant d’une situation d’inquiétude permanente dans laquelle se trouve
une personne face au risque de la survenance d’un dommage.
Ces risques de survenance d’un dommage sont multiples.
-Il y a un préjudice d’anxiété face au risque de déclaration d’une maladie due à l’exposition à
l’amiante :
Cass., chamb. plén., 5 avril 2019 = ouverture de la voie aux actions en RC visant à la réparation du
préjudice d’anxiété
Cass., chamb. soc., 11 septembre 2019 = indemnisation des salariés exposés à l’amiante mais dont
l’employeur n’est pas inscrit sur la liste ACAATA
-Il existe également un préjudice d’anxiété face aux risques de graves lésions dues à la prise d’un
médicament comme le Mediator qui a été dévié de son utilisation :
= reconnaissance du préjudice d’anxiété pour 12 patients → = a débouté les victimes.
-Il existe un préjudice d’anxiété face à d’autres risques liés à la proximité d’une antenne de télé-
phonie mobile :
CA Versailles, 4 février 2009
Ce préjudice d’anxiété ne provient pas du dommage corporel actualisé mais il provient de la me-
nace de la survenance de ce dommage. Ce qui est caractéristique du préjudice d’anxiété est qu’il
est permanent.

6. le préjudice d’angoisse de mort imminente


C’est un préjudice moral lié à une situation de catastrophe, préjudice qui consiste dans les souf-
frances ressenties par la victime qui voit venir le moment de sa mort. Contrairement au préjudice
d’anxiété qui est continu, le préjudice d’angoisse est ponctuel et d’intensité extrême. Il est souvent
invoqué par les avocats mais est plus rapidement indemnisé.
CA Fort-de-France, août 2005 = reconnaissance de l’existence d’un préjudice spécifique des vic-
times durant la chute de l’avion dû à la conscience qu’elles vont mourirA la suite des attentats du 13
novembre 2015, le fonds de garantie des victimes d’actes terroristes s’était constitué et a indemnisé
ce préjudice d’angoisse de mort imminente à la demande des avocats des familles.
Cass., chamb. crim., 23 octobre 2013 = préjudice d’angoisse de mort imminente reconnu comme ré-
parable à la suite du naufrage du Costa Concordia
La JP pose une cond° à l’indemnisation de ce préjudice d’angoisse de mort imminente :
er
CA Aix-en-Provence, 1 février 2018 = un état de conscience (de la victime) pendant un temps suf-
fisant pour envisager sa propre fin.
Il existe actuellement une divergence au sein même de la Cour de cassation :
Cass., chamb. crim., 23 octobre 2012 et Cass., chamb. crim., 27 septembre 2016 = indemnisation du
préjudice d’angoisse de mort imminente
et 11sept 2014 et 02fev 2017= le préjudice d’angoisse de mort imminente n’est pas détaché des
autres préjudices prévus par la nomenclature Dintilhac
Pour la CA, la durée de l’agression avait laissé le temps à la victime de venir voir sa mort. La CA
avait admis l’indemnisation des héritiers pour les souffrances physiques endurées et pour le préju-
dice d’angoisse vécu par la victime. La CDC a cassé cette décision au motif que le préjudice d’an-
goisse était pris en compte dans le poste de préjudice des souffrances endurées qui est le seul évo-
qué et définie dans la nomenclature Dintilhac. « Ce sont toutes les souffrances physiques et psy-
chiques que doit endurer la victime durant la maladie traumatique cad du jour de l’accident à celui
de sa maladie. »
Cass civ 1: 26sept2019: en principe « l’angoisse de mort imminente est prouvée par la victime n e
peut justifier une indemnisation distincte » cela signifie qu’elle est donc indemnisée au titre des
souffrances endurées par la victime. Par exception, la CDC admet qu‘exceptionnellement , cela peut
faire l’objet d’une indemnisation distincte si elle a été exclue de ce poste des souffrances endurées.

II. Les conditions du dommage réparable


Tous les dommages ne sont pas des préjudices, c’est-à-dire que tous les dommages ne sont pas ré-
parables. Pour être réparable, ils doivent remplir certaines conditions qui en font des dommages ré-
parables. Ces conditions traditionnelles sont notamment l’exigence que le dommage ait un ca-
ractère certain et un caractère personnel. Ces conditions sont en train de s’assouplir pour ce qui
concerne le caractère personnel exigé du dommage.

A.L’exigence d’un dommage certain Cette notion


de dommage certain n’est pas une question nelle. C’est une qu° qui soulève des pb particuliers en ce
qui concerne le préjudice spécifique de perte de chance.
Ex: le dommage écologique qui par déf° sont sans répercussions sur le dommage des personnes.

1.La notion de dommage certain La notion


de dommage certain est un caractère exigé depuis longtemps et ce caractère est en voie d’assouplis-
sement.

2.
a. Le dommage actuel
Le dommage actuel est nécessairement certain puisqu’il est réalisé donc la qu° de la certitude ne se
pose pas. Tout au plus, il y aura besoin de faire une évaluation au moyen d’expertise pour chiffrer
son montant.
Exemple = plusieurs différents chefs de préjudice (montants des frais de réparation de la voiture,
hospitalisation, remboursement de salaires perdus en cas d’ITT...)
CDC 2è Cciv 11 sept 2014
CDC 2è Cciv 2 fée 2017

b. Le dommage futur
Le dommage futur est aussi réparable dans notre droit car la certitude du dommage ne se confond
pas avec son actualité. C’est la JP qui a ouvert cette possibilité et le dommage sera à la fois futur et
certain, donc réparable, s’il apparaît « comme la prolongation certaine et directe d’un état de chose
actuelle. »
er
Cass., chamb. Req., 1 juin 1932 x3 = consécration du principe de la réparation du dommage futur,
à la condition qu’il apparaisse bien comme la prolongation certaine et directe d’un état de chose ac-
tuelle → attendu de principe
Depuis ces trois arrêts, cette JP a sans cesse été réaffirmée et est devenue constante donc la question
ne se plaide plus. Par exemple, la réparation d’une incapacité permanente de travail est la réparation
d’un préjudice futur.
Selon la terminologie de la nomenclature Dintilhac, il s’agit d’un préjudice patrimonial
permanent.
c. Le dommage éventuel Le dom-
mage éventuel est celui dont la réalisation est hypothétique et incertaine. Il se peut qu’il se réalise
mais il se peut qu’il ne se réalise pas, donc il n’est pas réparable. On est dans une logique binaire
cad à 2 solutions: -le dommage est
certain et réparable
-le dommage est éventuel et non réparable
Dans la logique binaire il n’y a que deux solutions: 0 et 1
er
ass., chamb. Req. 1 juin 1932 = « il n’est pas possible d’allouer des dommages et intérêts en répa-
ration d’un préjudice éventuel »

d. Le dommage probable ou le risque de dommage


Le dommage probable est une catégorie intermédiaire entre le dommage certain qui est réparable et
le dommage éventuel qui n’est pas réparable. Ce dommage probable est susceptible d’être pris en
compte par le droit de la RC grâce au principe de précaution. Il l’a été par la JP et dans un texte au
niveau européen. Par exemple, le risque de dommage résultant de l’implantation d’une antenne de
téléphonie mobile à côté d’une école = absence de dommage prouvé par les riverains de l’antenne
donc il n’y a pas de dommage certain et pourtant, les juges du fond ont pris en compte le risque de
dommage ; le dommage probable, par le biais de la théorie des troubles de voisinage qui fait partie
du droit de la RC et par le biais du principe de précaution.
Le règlement européen Bruxelles I du 22 décembre 2000 porte sur la compétence judiciaire. L’art.5-
3de ce règlement relatif à la matière délictuelle et quasi-délictuelle (RC) donne compétence au tri-
bunal du lieu où le fait dommageable s’est produit mais aussi à celui où il risque de se produire. Le
risque de dommage est pris en compte dans cette formulation. Ce règlement permet de prendre en
compte le risque de dommage. Le rôle du juge est de prendre des mesures pour éviter qu’il se réa-
lise. Pour le droit, il y a une tendance à prendre en compte les choses de plus en plus en amont
avant la concrétisation du préjudice.

2. Le préjudice de perte de chance


Le préjudice de perte de chance a un succès grandissant. Si la notion de perte de chance est vrai-
ment large, en revanche, les conditions de son admission sont sévères.

a. Un domaine large
L’indemnisation de la perte de chance est admise par la JP dans des domaines variés. Il peut s’agir
de la perte de chance de :
- gains financiers = un jockey a été condamné à réparer le préjudice causé à un parieur qui avait
perdu par sa faute de grosses chances de gains
- gagner un procès = on a beaucoup d’exemples d’avocats qui ont oublié d’exercer une voie de re-
cours et doivent indemniser le plaideur car ce dernier perd la chance de voir réexaminer en appel
- guérison ou d’amélioration de l’état de santé - survie due à la faute d’un médecin
- se présenter à un examen et de le réussir
- promotion professionnelle
Dans tout ces cas, la JP considère ce préjudice de perte de chance cô un préjudice certain.
re
Cass., 1 civ., 26 septembre 2018 = la perte dossier médical d’une patiente met en jeu la resp médi-
cale d’une clinique.
→ CA Aix-en-Provence, 6 avril 2017 = la perte du dossier médical de la patiente est une faute de la
clinique, une faute ayant entraîné une perte de chance

b. Des conditions strictes


Pour indemniser une perte de chance, les tribunaux exigent que la chance perdue soit réelle et sé-
rieuse. Quand on parle de perte de chance, il faut qu'il y ait une vraie chance d'obtenir ce que l'on
espérait. Pour cela, les juges vont vérifier que le gain espéré par la victime ait une certaine dose de
probabilité.
re
Cass., 1 civ., 4 juin 2007 = Seule constitue une perte de chance réparable, la disparition actuelle et
certaine d'une éventualité favorable.
Dans le projet de réforme, cette exigence est reprise avec la même formulation que la JP dans son
art. 1 238 al. 1.

c. Le régime spécifique de l'indemnisation de la perte d'une chance


La perte de chance obéit à des règles d'indemnisation qui lui sont propres. La perte de chance peut
être certaine, alors que le gain escompté par la victime n'était pas certain.
Par exemple, si l'avocat avait bien exercé sa voie de recours dans les délais, le plaideur n'était pas
sûr de gagner le procès ou si le médecin n'avait pas commis une faute médicale, la guérison n'était
pas pour autant certaine.
Le gain que la victime espérait est soumis à un aléa au sens où sa réalisation est plus ou moins pro-
bable. Le montant de la réparation du préjudice de perte de chance est déterminé par le juge en
fonction de la probabilité du gain par un calcul de probabilité. Ce que le juge va indemniser ne va
re
représenter qu'une partie du gain espéré par la victime : Cass., 1 civ., 16 juillet 1998 = La répara-
tion d'une perte de chance doit être mesurée à la chance perdue (plus ou moins probable) et ne peut
être égale à l'avantage qu'aurait procuré cette chance si elle s'était réalisée.
Cette solution est reprise dans le projet de réforme à l’art. 1 238 al. 2. Même quand elle est faible, la
perte de chance est réparable.

B. L’indifférence de la conscience du dommage


Cette question s’est posée au sujet du droit à indemnisation des personnes qui se trouvent plongées
dans un coma profond à la suite d’un accident. On s’est posé la question de savoir si on devait tenir
compte de l’état d’inconscience dans l’ampleur de l’indemnisation. Compte-tenu de l’état d’incons-
cience de la personne se trouvant dans un coma profond, la réparation doit s’en tenir au seul préju-
dice matériel.
On peut également considérer que la victime, même plongée dans un coma profond, a le droit à la
réparation intégrale de son préjudice, y compris le dommage personnel et pas seulement matériel.
C’est une conception objective du préjudice qui ne tient pas compte de la spécificité de l’état de la
victime en coma profond. Donc, le problème de droit qui s’est posé au juge était le suivant : la
seule réalisation du dommage suffit-elle pour qu’il soit réparé ou bien faut-il ajouter comme cond°
supplémentaire que la victime soit consciente du dommage ? La CDC a eu se prononcer sur ce pro-
blème de droit à plusieurs reprises :
Cass., chamb. crim., 3 avril 1978 = le préjudice d’agrément subi par une personne en état d’incons-
cience est réparable → L’indemnisation d’un dommage n’est pas en fonction de la représentation
que s’en fait la victime, mais de sa constatation par les juges et de son évaluation objective.
Cass., chamb. crim., 10 décembre 1986 = extension de la solution précédente au préjudice esthé-
tique → appréciation objective du préjudice, abstraction faite de l’état subjectif de la victime
= prononcée en faveur d’une appréciation subjective du préjudice en question puisqu’elle paraît
considérer que la réparation du préjudice subi par une personne en état d’inconscience ne peut avoir
pour objet que les besoins futurs de cette victime. Cette solution conduit à exclure de la réparation
le préjudice personnel subi par la victime. La doctrine a considéré ces arrêts comme sibyllins.
On a une étape d’unification de la JP avec l’attendu suivant : L’état végétatif d’une personne hu-
maine n’excluant aucun chef d’indemnisation, son préjudice doit être réparé dans tous ses éléments
(matériel et personnel)
Après ces arrêts, l’opposition est levée entre les deux chambres. Les victimes en état végétatif sont
indemnisées dans les mêmes conditions que les autres, sans que les juges aient à tenir compte de
leur état d’inconscience.
Deux arrêts sont venus semer le trouble :
CDC 2è Cciv 21 juin 1989CDC 2è Cciv 22 fév 1995 CDC 2è Cciv 28 juin 1995
Cass., chamb. crim., 5 octobre 2010 x2 = rejet de l’indemnisation du préjudice moral d’une per-
sonne qui était dans le coma puisque son décès a été quasi-instantané donc elle n’a pas eu le temps
de souffrir du préjudice moral
→ non publiés au bulletin officiel des arrêts de la CDC, seulement été diffusés

III. Les conditions du dommage réparable


Il arrive assez fréquemment quand un accident survient, que le dommage subi ne soit pas seulement
le dommage de la victime immédiate (dommage direct). Il peut y avoir des dommages par contre-
coup sur d’autres personnes proches de la victime. Il s’agit des victimes par ricochet.

A. Le dommage immédiat de la victime directe


Le dommage immédiat de la victime directe est le dommage que la victime subit directement dans
son corps et/ou dans ses biens. La réparation de ce dommage peut être obtenu soit par la victime
elle-même, soit par ses héritiers si la victime est décédée après avoir survécu quelques temps à ses
blessures. Dans ce cas-là, l’action en RC a eu le temps d’entrer dans son patrimoine et à son décès,
elle va donc se transmettre à ses héritiers. Les héritiers vont hériter de l’action au droit à l’indemni-
sation.

B. Le dommage par ricochet de la victime par ricochet


Il ne s’agit plus du dommage qui est subi par la victime initiale mais le dommage subi par d’autres
personnes qui lui étaient proches car elles entretenaient avec la victime des relations qui pouvaient
être des relations d’affection ou des relations économiques. Le droit+ de la RC reconnaît à ces
proches un droit propre à réparation. La JP a dév ce dommage par ricochet donc il a fallu se deman-
der qui pouvait être victime par ricochet.

1. Les modalités du préjudice par ricochet


L’exemple le plus courant est celui où la victime directe de l’accident était une personne chargée de
famille. Cette victime directe de l’accident a été tuée dans l’accident. Les proches de la victime di-
recte peuvent éprouver deux types de dommages :
- une perte matérielle de revenus = préjudice économique par ricochet
La JP indemnise la cessation de subside dont les proches bénéficiait du temps où elle était vivante.
La seule condition est que la cessation soit certaine. Ce préjudice économique par ricochet peut aus-
si être le préjudice subi par des salariés à la suite du décès de leur employeur s’il se trouve mis au
chômage. La JP est plus réservée pour accueillir ces demandes de réparation :
TGI Nanterre, 22 octobre 1975 = un salon de coiffure avait du fermé suite à un accident dans la de-
vanture donc les salariés ont obtenu la réparation du préjudice
- un chagrin moral = préjudice d’affection
Dans un premier temps, l’indemnisation de ce type de préjudice était restreinte au seul cas de décès
de la victime directe. Par la suite, la jurisprudence a élargi ce chef de préjudice en indemnisant aussi
les victimes par ricochet pour la douleur qui consiste à voir un proche diminué par les séquelles
d’un accident. Donc, elle indemnise la tristesse et le choc traumatique que ça constitue pour les
proches. Pour les proches parents de la victime directe, ce préjudice d’affection est présumé par le
droit. Donc, ces proches n’ont pas à le prouver en justice.

2. Le cercle des victimes par ricochet


Ce cercle s’est élargi au fil d’une évolution de la JP.

a. Initialement
Initialement, la JP exigeait l’existence d’un lien de droit entre la victime directe et la victime par
ricochet (lien de parenté, lien d’alliance) :
Cass., chamb. Req., 2 février 1931 = le conjoint et les enfants et plus largement les parents et alliés
formaient le cœur des victimes par ricochet
Cette solution a été critiquée car elle laissait sans indemnisation des proches qui n’avaient pas ce
lien de parenté ou d’alliance :
Cass., 27 juillet 1937, Metenier = refus d’indemniser le compagnon de la victime décédée car ab-
sence de justif° d’un intérêt légitime jurment protégé.
b. A partir des années 1950
La JP évolue dans le sens de la libéralisation de la JP. La JP commence à élargir le cercle des pos-
sibles victimes par ricochet. C’est la ch.crim qui accepte d’indemniser la concubine et c’est là
qu’apparaissent des tensions de la CDC jusqu’à provoquer la réunion d’une chambre mixte :
Cass., chamb. mixte, 27 février 1970, Gaudras contre Dangereux = l’indemnisation du préjudice de
la compagne non mariée est admise alors pourtant que le concubinage ne constitue pas un lien de
droit mais seulement un lien de fait
→ l’arrêt pose une limite à cette indemnisation : concubinage non délictueux (non adultérin)

c. Jusqu’à maintenant
Par la suite, cette limite a disparu de la jurisprudence :
Cass., chamb. crim., 19 juin 1975 = indemnisation de la concubine, même en cas d’adultère 11
juillet 1975 = dépénalisation de l’adultère
Le mouvement de libéralisation de la JP continue :
= indemnisation précaire en cas de double concubinage
= les juges vont reconnaître l’indemnisation en cas de couple homosexuel, même en l’absence de
cohabitation, le concubinage doit seulement être stable
Au fond, c’est la qualité du lien qui est plus importante et emporte la nature jur du lien.
Dans le droit+, toute personne qui prouve avoir souffert d’un dommage personnel par contrecoup de
celui subi par la victime initiale a le droit d’en obtenir la réparat°. Il y a une # de régime pour le
conjoint et les enfants de la victime initiale : l’existence du préjudice d’affection est présumée. Pour
les autres victimes par ricochet, il faut établir le lien.
CDC 1è Cciv 8 juin 1985
CDC 2è Cciv 25 juin 1995 Belfort

Section 2. Le préjudice collectif


On observe une longue évolution de la JP et de la loi. La notion de préjudice collectif s’est étoffée
et a peu à peu pris consistance dans notre droit : en doctrine, en JP et dans la loi. On a cru que l’ex-
pression de préjudice collectif allait entrer dans le CC.
article 1 235 de l’avant projet = « Est réparable tout préjudice certain... consistant en la lésion d’un
intérêt licite, patrimonial ou extra-patrimonial, individuel ou collectif. »
article 1 235 du projet = « Est réparable tout préjudice certain... consistant en la lésion d’un intérêt
licite, patrimonial ou extra-patrimonial. »
Les adjectifs individuel et collectif ont été supprimés. Le préjudice collectif est une réalité dans le
droit positif mais il a plusieurs visages.

I. Les dommages lésant un intérêt collectif


Le dommage individuel atteint personnellement les victimes et donc les victimes sont individuali-
sées. Le dommage qui lèse un intérêt collectif est beaucoup plus diffus dans sa teneur au sens où ce
n’est pas une addition de dommages individuels. Il porte atteinte à un intérêt collectif d’un grou-
pement (intérêt d’une profession, d’une catégorie de personne ou l’intérêt des animaux, de la na-
ture, d’un écosystème, de tel site particulier). Le fait d’admettre que c’est possible qu’il existe des
dommages collectifs, cela a conduit à élargir les demandeurs possibles à une action en RC. En
admettant ces dommages, le droit a évolué et a ouvert au-delà des personnes physiques : aux
personnes morales, ce droit d’agir en justice. Les personnes morales ont le droit d’intenter
une action en RC dans le but d’obtenir la réparation des atteintes qui sont portées aux inté-
rêts collectifs qu’elles défendent.
A. Les syndicats professionnels
Très tôt, la JP leur a reconnu ce droit d’action :
Cass., chamb. réunies, 5 avril 1913 = consécration de l’action collective des syndicats pour la dé-
fense des intérêts collectifs de la profession → l’intérêt d’un syndicat ou d’une assoc° syndicale,
intérêt collectif ne se confond pas avec les intérêts individuels de ses membres et le préjudice col-
lectif n’est pas la somme des préjudices subis individuellement par les syndiqués
La formulation négative est frappante, de manière à bien distinguer ce préjudice collectif du
préjudice individuel.
La loi 9 mars 1920 :droit d’agir en resp aux syndicats professionnels. Ils ont le droit d’agir en
réparation de tout préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession qu’ils re-
présentent. Ils ont une habilitation légale G pour exercer cette action selon l’art. L 2 132 – 3 du
Code du travail. Ils demandent réparation du préjudice collectif de la profession. La personne qui se
livre à l’exercice légal de la médecine porte atteinte à la profession médicale dans son ensemble.

B. Les associations déclarées


Pour ces assoc°, la JP a opéré une distinction que la loi est venue tempérer.

1. Les associations défendant les intérêts de leurs membres


Cass., chamb. crim., 16 déc.1954: hostilité à la recevabilité des actions civiles des assoc° défen-
dant les intérêts de leurs membres
De l’autre côté, la chambre civile a accueilli ces actions dès le début du 20ès à condition que le fait
dommageable dont il est demandé réparation représente une atteinte aux intérêts collectifs des
membres de l’assoc° conformément à leur objet social. La JP est plutôt bienveillante notamment
pour les assoc° de riverains.

2. Les associations défendant les intérêts collectifs de portée plus générale (dépassent les inté-
rêts de leurs seuls membres)
Cass., chamb. réunies, 15 juin 1923 = hostilité à la recevabilité des actions civiles des assoc° défen-
dant les intérêts collectifs de portée plus G.
Le législateur a consacré des exceptions, cad qu’il a conféré des habilitations légales ponctuelles à
certains types d’associations. C’est le cas pour les associations :
- de lutte contre le racisme qui peuvent agir pour les infractions qualifiées de racistes à l’égard de
er
la loi depuis la loi du 1 juillet 1972
- agrées de consommateurs pour les atteintes à l’intérêt collectif des associateurs (art. L. 421)
- de protection animale pour les sévices et actes de cruauté envers les animaux depuis la loi du 10
juillet 1978
- de protection de la nature et de l’environnement depuis la loi Barnier (2 février 1995) = elle
agrée les associations d’agir en resp pour tous les faits portant préjudices à l’intérêt collectif
qu’elles défendent
Au fil du temps, il y a une vraie tendance à l’élargissement du droit à agir octroyé aux assoc°. Cet
assouplissement est vu dans les # sources du droit.

a. La doctrine
La doctrine appelle à un droit G des assoc° du droit d’agir en resp concernant leur objet social. La
doctrine demande au législateur de reconnaître ce droit G d’agir en resp.

b. La jurisprudence
On retrouve deux évolutions significatives dans ce sens :
- l’admission jurisprudentielle du préjudice moral de ces associations
>CDC 3è Cciv 8 juin 2011
= a élargi la notion de dommage moral pour permettre:
- à une assoc° de lutte contre les pollutions et nuisance de réclamer des dommages et intérêts à
une société d’exploitation de dépôt pétrolier
- l’admission de l’action des assoc° même non habilitées à demander la réparation du préju-
dice collectif, même hors habilitation législative, une assoc° peut agir en justice au nom d’inté-
rêts collectifs dès lors que ceci entre dans son objet social.

c. L’admission législative de l’action du groupe


La loi française a ouvert la possibilité d’une action de groupe depuis la loi 2014 – 344 du 17 mars
2014, loi relative à la consommation. Cette loi a introduit dans le Code de la consommation :
article L. 423 – 1 = « Une assoc° de défense des consommateurs représentative au niveau national
et agréée... peut agir devant une jur° civile afin d’obtenir la réparation des préjudices individuels
subis par le consommateur placé dans une situation similaire ou identique et ayant pour cause
commune un manquement d’un ou des mêmes professionnels... premièrement, à l’occasion de la
vente de biens ou de la fourniture de services. »
« Cette action de groupe ne peut porter que sur la réparation des préjudices patrimoniaux ré-
sultant des dommages matériels subis par les consommateurs. »
Cette évolution du droit permet d’adapter le droit à ce que la doctrine appelle les micro-dommages
(Fabre-Magnan). Les micro-dommages sont le pendant de dommages de masse.

II. Les dommages de masse


L’expression dommages de masse a été créée par la doctrine. Dommages de masse et RC est la
thèse de Guegan. Elle part d’un constat, cad que le progrès technique et l’industrialisation de nos
sociétés a favorisé la création de dommages d’une ampleur qui n’était pas connue auparavant. Elle
montre dans sa thèse comment les dommages de grande ampleur viennent bousculer le schéma de la
RC.

A. La notion de dommages de masse


Selon Guegan ce sont des atteintes portées aux personnes, aux biens ou au milieu naturel qui
touchent un grand nombre de victimes à l’occasion d’un fait dommageable unique, ce dernier pou-
vant consister en un ensemble de faits dommageables ayant une origine commune. Ces dommages
se caractérisent par l’existence d’atteintes multiples en lien avec un seul fait générateur (ex = incen-
die de l’usine Lubrisol à Rouen).

B. Les illustrations de dommages de masse


1. Les exemples jurisprudentiels de dommage en série
La CDC a élargi la notion de préjudice collectif donc une assoc° a le droit de demander réparation
au juge :
CDC 3è Cciv 26 sept 2007
re
Cass., 1 civ., 13 novembre 2008 = l’intérêt collectif des consommateurs ayant contracté avec cette
société se trouvait lésé et que dès lors, l’association (UFC Que choisir) était en droit de demander
réparation du préjudice direct et indirect qui en découlait)
Au moment où l’action de groupe a été introduite dans le droit en 2014, la première action de
groupe intentée était contre Foncia. Cette entreprise avait une pratique qui était de facturer de 2€ par
mois l’envoi de la quittance de loyer du mois suivant.

2. Les exemples tirés d’affaires


L’affaire du sang contaminé ou l’incendie de l’usine Lubrisol sont des exemples de dommages de
masse. Dans sa thèse, Guegan montre que :
-la resp civile s’est construite sur un modèle individuel, cad sur un préjudice nécessairement indivi-
duel
-la mise en concurrence de la RC avec des mécanismes d’indemnisation collectifs
-la capacité de la RC à assurer la réparation de ces dommages de masse par des régimes spéciaux de
resp ou par un droit d’exception au-delà d’un certain seuil de dommage
III. Un préjudice collectif spécifique : le préjudice écologique
Les dommages écologiques sont diversifiés. Il peut s’agir de dommages ponctuels (pollution chi-
mique due à un accident) ou de dommages graduels, cad de dommages par accumulation de pollu-
tions chroniques. Parfois, les dommages écologiques peuvent être différés entre le moment du fait
générateur et le moment où il s’actualise. Certains de ces dommages peuvent être irréversibles. En
bref, les dommages écologiques sont complexes et obligent le DRC à s’adapter pour pouvoir les
prendre en compte.

A. La spécificité du préjudice écologique


Le préjudice individuel qui porte atteinte à l’intérêt d’une personne est radicalement # du préjudice
écologique pur qui est causé directement à l’environnement, indépendamment de ses répercussions
sur les personnes et sur les biens. La victime directe de ce type de préjudice n’est pas une personne
mais l’environnement lui-même (destruction d’une espèce animale ou végétale, perturbation d’un
écosystème : lac, rivière). On range ce préjudice écologique dans le préjudice collectif parce que les
atteintes qui affectent l’environnement lèsent la communauté humaine dans son ensemble.
- Caballero, Essai sur la notion juridique de nuisance, 1981
- Neyret, Atteinte aux vivants et responsabilité civile, 2006
Ce dommage écologique pur est devenu un préjudice, c’est-à-dire un dommage jurment réparable.
Avant que la JP ne le consacre, plusieurs indicateurs allaient dans le sens pour montrer que le préju-
dice écologique allait voir le jour. Une partie de la doctrine y est favorable depuis plusieurs années
comme Viney qui y voit un dommage collectif constituant une atteinte au patrimoine commun de
l’humanité.
Ensuite, la directive européenne du 21 avril 2004 portait sur la responsabilité environnementale. En
son art. 2, cette directive européenne définit le dommage environnemental qui correspond en France
au dommage écologique pur, c’est-à-dire sans répercussion directe sur les personnes. Elle place les
dommages causés aux espèces et habitats naturels protégés, dommages affectant les eaux et les
dommages affectant les sols.
er
Enfin, cette directive de 2004 a été transposée dans la loi française par la loi n° 2008 – 757 du 1
août 2008 et s’appelle la loi sur la resp environnementale qui oblige l’auteur d’une pollution à
prendre les mesures de réparation adaptées (principe pollueur-payeur). Le problème est que le
texte de la directive a été amendé dans la transposition et que la loi n’aborde pas la question de l’in-
demnisation.

B. La reconnaissance de la jurisprudence (dans l’affaire Erika)


Jusqu’à il y a peu, la JP était disséminée, dispersée et peu systématisée sur la doctrine. Il y avait
quelques décisions, certains juges du fond indirectement reconnaissaient le préjudice écologique.
TI Tournon, 28 avril 1981 = un chasseur avait tué un rapace d’une espèce protégée et ce chasseur a
été condamné par le juge en réparation du préjudice moral causé à une assoc° dont l’objet était pré-
cisément de défendre ces rapaces. Il y a un dommage moral pour cette assoc°.
TGI Paris, 26 janvier 2008, Erika
Dans cette affaire, le TGI de Paris rend un jugement dans lequel il ordonne la réparation du préju-
dice écologique pur d’une part au profit d’un département et d’autre part, au profit d’une association
: la ligue de protection des oiseaux. Le juge du TGI utilise la notion de préjudice écologique pur.
Cette 1ère décision permet de voir le lien entre l’accueil des actions des assoc° et la réparation du
préjudice écologique pur.
>CA Paris, 30 mars 2010
L’arrêt de la Cour d’Appel de Paris va plus loin en qualifiant ce préjudice à l’environnement de pré-
judice objectif autonome donc elle en fait un chef de préjudice à part entière. C’est la reprise de la
terminologie utilisée par Neyret dans sa thèse. Il commente cet arrêt en disant que c’est un arrêt his-
torique ; en effet, il est très long et le préjudice écologique est évalué à plus de 13 millions d’euros.
Cet arrêt a une dimension pédagogique au sens où il procède à des distinctions très importantes
entre les # types de préjudice.
1. La distinction entre dommage et préjudice
On trouve dans la motivation de l’arrêt de la CA de Paris que les dommages causés par le déverse-
ment des hydrocarbures sont à l’origine d’un certain nombre de préjudices ».

2. La distinction entre préjudice subjectif et objectif


C’est une classification qui ressort clairement de la motivation de la CA de Paris avec ce qui pour-
rait ressembler à des déf°.

a. Le préjudice subjectif
Le préjudice subjectif regroupe les atteintes portées aux intérêts patrimoniaux et extra- patrimo-
niaux des sujets de droit du fait de la pollution. On comprend à travers cette déf° que pour la CA,
certains préjudices subjectifs sont patrimoniaux comme par exemple le préjudice matériel lié aux
activités de dépollution, cad tous les frais de nettoyage des sites. Un autre exemple de préjudice pa-
trimonial est le préjudice économique résultant de la pollution comme par exemple les pertes de
chiffre d’affaires (le manque à gagner) subies par les professionnels du tourisme.
D’autres préjudices subjectifs sont extra-patrimoniaux et la CA de Paris a saisi l’occasion pour affi-
ner le préjudice moral des associations de protection de l’environnement puisqu’elle a indemnisé un
préjudice particulier qu’elle a appelé le prix du découragement parce que la marée noire a porté at-
teinte de plein fouet à leur objet social et à tous les efforts déployés auparavant pour la protection de
l’environnement. Elle a également indemnisé au titre du préjudice moral les collectivités territo-
riales pour atteinte à leur image de marque au sens où ce sont des collectivités qui ont une dépen-
dance importante au tourisme et aux activités de pêche. Le préjudice écologique a une dimension
subjective.

b. Le préjudice objectif
Le préjudice objectif est le préjudice écologique pur. Il s’agit d’une atteinte à l’intégrité du patri-
moine naturel et la Cour va en donner une définition précise. Ce préjudice objectif s’entend de toute
atteinte non négligeable à l’environnement naturel, à savoir notamment l’air, l’atmosphère, l’eau,
les sols, les terres, les paysages, les sites naturels, la biodiversité et l’interaction entre ces éléments
qui est sans répercussion sur un intérêt humain particulier mais qui affecte un intérêt collectif ou lé-
gitime. On a une extension remarquable de la liste des préjudices en DRC.
Cass., chamb. crim., 25 septembre 2012 = maintient les condamnations à l’encontre de la Sté TO-
TAL mais les commentateurs ont souligné que de nombreuses questions restaient en suspens à la
suite de cette affaire. La doctrine est favorable à des mesures de réparation spécifiques qui soient
des mesures de remise en état initial de l’environnement.
Cass., chamb. crim., 22 mars 2016 = reprise de la définition large du préjudice écologique retenue
dans l’affaire Erika. Dans cette JP postérieure, la CDC précise dans cet arrêt que les difficultés
d’évaluation pécuniaire ne dispense pas au juge d’en assurer la réparation.

C. La consécration légale du préjudice écologique


1. Une consécration souhaitée par la doctrine
Pour la consécration légale du préjudice écologique, on peut dire que c’est une consécration souhai-
tée par la doctrine depuis plusieurs années. Ainsi, dans le rapport Catala, on avait une proposition
de modif° du CC dans la partie consacrée à la resp et on pouvait voir dans cette partie une proposi-
tion de déf° large du préjudice dans le but de permettre la réparation du préjudice écologique pur
puisque le projet précise: « est réparable tout préjudice certain consistant dans la lésion d’un inté-
rêt licite, patrimonial ou extra-patrimonial, individuel ou collectif.

2. Une consécration effective par la loi n° 2016 – 1 087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la
biodiversité, de la nature et des paysages
Cette loi a été incorporée au CC au livre III, dans un chapitre 3 intitulé La réparation du préjudice
écologique. Une série d’articles commence à l’art. 1 246 et on y trouve une déf°, les titulaires de
l’action (1 248) et les modes de réparation de ce préjudice (1 249 à 1 250) et la question de la pré-
vention (1 251 à 1 252).
La JP avait commencé à réparer ce type de préjudice mais cette loi donne un fondement jur spéci-
fique à la réparation du préjudice écologique. Elle affirme à l’art. 1 246 nouv. que toute personne
responsable d’un préjudice écologique est tenue de le réparer. L’art. 1 247 donne la déf° de ce
préjudice en disant est réparable... le préjudice écologique consistant en une atteinte non négli-
geable aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes ou aux bénéfices collectifs tirés par l’homme
de son environnement.
Soit on assimile resp et réparation, soit on fait le lien avec l’art. 1 252 nouv. et on y voit la fonction
de réparation à l’art.1 246 mais ce n’est pas la seule fonction visée puisque l’art. 1 252 dispose in-
dépendamment de la réparation du préjudice écologique, le juge... peut prescrire les mesures rai-
sonnables propres à prévenir ou faire cesser le dommage. Dans cet art. 1 252, il y a trois fonctions
de la RC.
Si on met ensemble les art.1 246 et 1 252, on a trois fonctions de la RC qui sont citées, dont la
fonction préventive. Avec ce texte, le juge est autorisé en matière de préjudice écologique à prendre
des mesures d’évitement du dommage.

Conclusion sur l’élargissement sur la notion de préjudice.


I. Au XXè siècle
La notion de préjudice s’est beaucoup élargie sur le plan substantiel au XXe siècle. On peut le véri-
fier de deux manières en regardant :
- les chefs de préjudice - les sphères de préjudice

A. Un élargissement par la multiplication des chefs de préjudice


Les préjudices individuels sont de plus en plus nombreux et de plus en plus subtils. En plus des pré-
judices patrimoniaux, ce sont ajoutés des préjudices extra-patrimoniaux (d’agrément, d’affection,
d’angoisse, d’anxiété, de découragement). Les préjudices collectifs se sont développés avec deux
grandes sortes :
- le préjudice peut être collectif par la nature de l’intérêt lésé au sens où il lèse un intérêt collectif
qui est diffus et qui n’est pas la somme des préjudices individuels
- le préjudice peut être collectif par le nombre des personnes concernées et donc il va regrouper
des dommages individuels multiples, précis et déterminés, soit semblables, soit diversifiés = préju-
dice de masse

B. Un élargissement par l’expansion des sphères de préjudice


Initialement, au moment de la codification et tout au long du XIXe siècle, le préjudice est dans la
sphère individuelle du ne pas nuire à autrui. Ensuite, à partir du XXe siècle, on englobe la sphère
sociale ne pas nuire aux intérêts collectifs juridiquement protégés. Enfin, au XXIe siècle, on en-
globe la sphère du vivant ne pas nuire au vivant humain et non-humain.

II. Au XXIè siècle


A. Élargissement temporel de la resp par l’inclusion du dommage transgénérationnel
La notion de dommage transgénérationnel est en train d’émerger dans le monde des juristes et
c’est un dommage qui peut être causé à la descendance familiale. Par exemple, la JP a réparé le
dommage subi par un homme qui était né lourdement handicapé en retenant la cause à effet d’un
médicament (Distilène). Certains juristes ont proposé d’étendre la notion de dommage transgénéra-
tionnel qui pourrait être causé à l’humanité dans son entièreté. C’est le dommage causé aux généra-
tions futures.
L’autre exemple donné par les juristes est le dommage ontologique. C’est un dommage qui porte
atteinte à l’essence de l’homme comme par exemple en cas d’hybridation de l’espèce humaine ou
de clonage reproductif humain en qualifiant ça de dommage ontologique causé à l’espèce humaine.

B. L’élargissement du DRC par la reconnaissance de la responsabilité climatique


L’année 2015 a constitué une année historique selon Neyret dans un article intitulé La reconnais-
sance de la resp climatique dans le Dalloz.
Pour la 1ère fois, deux jur° ; l’une aux Pays-Bas (affaire Urgenda) et l’autre au Pakistan, ont
condamné leurs États respectifs à prendre des mesures plus efficaces pour lutter contre les change-
ments climatiques. Dans son commentaire, Neyret dit que dans ce mouvement de judiciarisation, on
peut voir apparaître une nelle forme de resp : la resp climatique donc tournée vers la protection du
climat. Cette resp climatique vient s’ajouter à la resp environnementale et dans son article, il fait des
propositions pour un droit au secours du climat. Parmi ces propositions, il propose de reconnaître le
principe de resp climatique sous toutes ces formes :
- internationale des États par une reconnaissance d’une resp commune mais différenciée
- administrative des États par une reconnaissance du pouvoir d’injonction au juge
- des opérateurs privés suivant un principe de resp commune mais proportionnée aux risques cli-
matiques créés
- pénale des décideurs pour les délits climatiques

Chapitre 2 : Le fait générateur


Pour mettre en jeu la RC, il faut un fait générateur à l’origine du dommage. Il existe un fait généra-
teur essentiel : la faute puisque les codificateurs et les auteurs du XIXe siècle ont construit la RC
autour de ce fait générateur central et même unique dans leurs esprits initialement. La resp pour
faute est aussi appelée resp du fait personnel.
De nos jours, bien qu’elle soit relativisée, la place de la faute est encore très importante puisqu’elle
est présentée cô le DC de la RC, cad la resp qui s’applique en l’absence de texte spécifique. Au to-
tal, il y a trois faits générateurs de RC. Les termes utilisés par le CC, notamment ceux utilisés par
l’art.1242 qui ont permis à la JP de distinguer dep fin du XIXès ces 3 faits. Les juges se st appuyés
sur la terminologie du CC. Ces trois faits sont :
- le fait personnel qui est identifié à la faute (art. 1 382 et 1 383 anc.)
- le fait de la chose dont on est le gardien (art. 1 384 al. 1, 2 et 3 anc.)
- le fait d’autrui qui est le fait des personnes placées sous l’autorité d’une autre (art.1383 al.1 à 4
anc.)

Section 1. La faute
Tout d’abord, on peut émettre une observation sur la double nature de la faute. Quand on parle de la
faute, on peut parler de la faute en tant :
- que fondement de la RC - que condition de la RC
La faute en tant que cond° est un fait générateur ou fait personnel. En tant que cond°, la faute est in-
cluse parmi les faits générateurs. Cela relève du droit+ et du régime de la RC.
Ensuite, concernant la valeur normative du principe de resp pour faute veut que toute faute domma-
geable appelle réparation de la part de son auteur. Ce principe a été tiré du CC (art. 1 240 et 1 241)
donc c’est un principe qui a une valeur légale mais il a en plus une valeur C°elle depuis une déci-
sion :
CC, 22 octobre 1982, décision n° 82 – 144 DC = constitutionnalisation du principe de resp pour
faute → ce principe est présenté comme la conséquence du principe que nul n’a le droit de nuire à
autrui
Ce principe est fondé sur la DDHC de 1789. Le CC a réaffirmé la const°alisation de ce principe de
resp pour faute :
CC, 19 juin 1998, décision n° 98–403 DC = const°alisation du principe de resp pour faute.
La valeur normative est la force d’une norme qui est liée à sa source alors que la portée normative
est la force exercée sur les destinataires.
Enfin, il y a eut un recul de la resp pour faute lié au dév de la resp objective. La resp pour faute
reste assez souvent présentée comme étant le DC de la RC, cad qu’elle a vocation à régir toutes les
hyp non spécifiquement prévues par un texte. La resp pour faute trouve à s’appliquer dans des do-
maines très variés (concurrence déloyale, atteinte à l’honneur, utilisation du nom d’autrui...). La
faute est considérée comme la pierre angulaire de la resp du fait personnel, même si la manière
dont les juristes entendent le mot faute a beaucoup évolué par rapport à ce qu’ils entendaient en
1804. Pour résumer, on peut dire que la faute d’exclusivement subjective en 1804 est devenue pos-
siblement objective. La question de la faute a subi une double objectivation :
- des fondements - de la condition

I. L’évolution des textes du CC concernant la faute


En 1804, le CC d’origine comporte deux articles qui concernent la faute et le plus célèbre des deux
est l’art.1 382 anc. puisque c’est de lui que l’on a tiré le principe de resp pour faute. L’art.1 383 était
plus spécifiquement consacré aux fautes d’imprudence et de négligence qu’on appelait fautes quasi-
délictuelles en écho aux quasi-délits. On retrouve deux types de modif° qui concernent ces articles.
A. Une modif° formelle et actuelle de droit+ qui est une modif° par ricochet
Il s’agit d’un changement formel de numérotation. Ce changement est purement formel parce que
ces deux articles sont pour l’instant inchangés sur le fond. Ce changement formel s’est produit avec
l’entrée en vigueur de l’ordonnance du 10 février 2016 le 1er oct 2016. Cette ordonnance portait ré-
forme du droit des contrats. Les articles concernant le droit du contrat ont été modifiés sur le fond et
dans leur numérotat° et cette refonte des articles de droit du contrat a entraîné par ricochet une renu-
mérotat° des articles de droit de la RC. Désormais, il s’agit de l’art.1240 nouv. qui remplace 1 382
anc.
article 1 240 = « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par
la faute duquel il est arrivé, à le réparer. »
article 1 241 = « Chacun est resp du dommage qu’il a causé non seulement par son fait (renvoi à
l’art.1 382 anc), mais encore par sa négligence ou par son imprudence. »
La compréhension que l’on a de ce texte est que ce texte porte sur les fautes de négligence et les
fautes d’imprudence qui ont en commun d’être des fautes quasi-délictuelles, par opposition aux
fautes délictuelles qui sont intentionnelles.

B. Une modification sur le fond et à venir


Ce projet de réforme de mars 2017 comporte une sous-section première qui est consacrée au fait gé-
nérateur de resp. Le premier paragraphe de cette sous-section est intitulé La faute qui a été préféré à
l’expression fait personnel. Ce paragraphe I contient deux articles sur la faute mais la superposition
n’est pas parfaite :
- art. 1 241 portant sur le principe de resp pour faute comme le fait l’art. 1 240
- art. 1 242 = propose une définition générale de la faute et ne porte pas sur les fautes d’impru-
dences et de négligence comme l’art. 1 241

1. L’art. 1 241 du projet : le principe de responsabilité pour faute


article 1 241 du projet = « On est responsable du dommage causé par sa faute. »
Si on compare ce texte avec l’art. 1 240 CC, l’art. 1 241 du projet est bien plus court. La formula-
tion est raccourcie et simplifiée, voire vulgarisée. Le principe reste cpdt le même.

2. L’art. 1 242 du projet : la double définition de la faute


article 1 242 du projet = « Constitue une faute, la violation d’une prescription légale ou le manque-
ment au devoir au devoir G de prudence ou de diligence. »
L’équivalent de l’art.1 241 a disparu ou est englobé au profit ou à l’intérieur d’une déf° G de la
faute. Ce deuxième volet de la faute renvoie au juge et reconnaît implicitement le pouvoir du juge à
qualifier de faute sans l’appui d’un fondement textuel.

II. Les différents types de faute sources de responsabilité civile


La qualif° jur de la faute relève du contrôle de la CDC. Les juges du fond constatent souveraine-
ment les faits d’où ils déduisent l’existence ou l’absence de faute. Dans les art. 1 240 et 1 241, on
observe que le CC n’a pas imposé l’observation de devoirs précis. Ce sont les juges qui se sont re-
connus le pv de qualifier de fautifs tous les comportements qui leur paraissaient contraires à la
norme de comportement ou au devoir G de prudence et de diligence mm si ce comportement n’est
pas visé par un texte particulier. La doctrine a opéré une classif° des # fautes que la JP retenait et on
retrouve deux grandes classif°.

A. La faute par commission et par omission


La faute par omission ou faute d’abstention consiste à ne pas avoir fait ce qu’on aurait dû faire.
Le pb de droit qui s’est posé était de savoir si l’on pouvait être tenu comme civilement resp en rai-
son d’une inaction.
Au XIXès, ce n’était pas possible car l’idée de la liberté individuelle était très importante et dans
l’esprit des juristes, la liberté individuelle était aussi la liberté de ne pas agir. Progressivement, cet
argument a peu à peu perdu la force et l’opinion s’est inversée dans la doctrine et la JP. L’absten-
tion n’est pas considérée facilement illicite comme la faute par commission. Avec l’importance que
prend le principe de précaution dans le droit+, il est possible que l’insertion du principe de précau-
tion dans le DRC revivifie la notion de faute d’abstention. La doctrine a proposé des distinctions
parmi les fautes d’abstention.

1. L’abstention en présence d’une obligation formelle ou textuelle d’agir


La faute d’abstention en présence d’une ob° formelle d’agir est la violation d’une ob° textuelle, lé-
gale ou réglementaire. Il y a de nombreux textes qui imposent aux sujets de droit de se conformer à
tel ou tel comportement. La violation d’une de ces dispositions est constitutive d’une faute.

2. L’abstention en l’absence d’une obligation formelle ou textuelle d’agir


Le pb de droit est le suivant : est-ce que le juge a le droit de considérer cô fautif et retenir la resp en
cas d’une simple abstention en l’absence de prescription légale d’agir ?

a. Les réserves doctrinales


La doctrine a opéré une distinction entre l’omission :
- dans l’action - pure et simple
L’omission dans l’action est l’hypothèse où l’abstention s’incorpore dans un acte+ et elle se
confond avec l’action. Par exemple, le fait pour un automobiliste de ne pas freiner à temps. La doc-
trine ne discute pas le fait que cette omission soit bien constitutive d’une faute et elle est même une
faute par négligence ou par imprudence.
L’omission pure et simple est le fait pour un sujet de droit de rester passif devant une situation
qu’il aurait pu modifier par une intervention active. Les réserves de la doctrine se sont exprimées au
sujet de l’omission pure et simple. La doctrine a amené une nouvelle subdivision : si l’omission est
dictée par une intention de nuire, la doctrine est d’accord pour la qualif° de faute. En l’absence d’in-
tention de nuire, les auteurs étaient hésitants et avaient du mal à trouver la justif° de cette resp.

b. La jurisprudence : l’admission de la faute d’abstention


Cette admission s’est faite au cours :
re
Cass., 1 civ., 27 février 1951, Branly = la Cass. a dû se prononcer sur l’omission d’un historien qui
avait écrit une histoire de la TSF sans citer le nom d’E. Branly. La CA a refusé d’admettre le ca-
ractère fautif de son omission car elle considère que l’historien était dans sa légalité. La CDC a
cassé la décision de la CA et la cassation est faite au motif que : « La faute prévue dans les art.1
382 et 1 383 peut consister aussi bien en une abstention que dans un acte positif »
La CDC va plus loin puisqu’elle admet que l’abstention peut constituer une faute, même en l’ab-
sence d’une obligation légale ou réglementaire d’agir et même en l’absence d’intention de
nuire. Dans cet arrêt Branly, la faute de l’historien consistait à avoir violé son devoir professionnel
d’objectivité. Cet arrêt a été confirmé par la JP postérieure qui a érigé en principe « une abstention
peut être fautive lorsqu’elle constitue l’inexécution d’une ob° d’agir » mais peu importe la source
(textuelle ou formelle ou pas) de cette ob° d’agir. Qd il n’y a pas de texte, le juge va rechercher
quelle serait la conduite d’un individu avisé dans les mêmes circonstances, cela va lui servir de ré-
férence.

B. La faute intentionnelle et la faute non intentionnelle ou faute délictuelle et quasi- délictuelle


Cette distinction entre faute délictuelle et quasi-délictuelle a été tirée des art.1240 et 1241. Auj,
cette distinction est de moins en moins faite par la doctrine et n’apparaît pas dans le projet de ré-
forme. Cette distinction est en recul car elle est fondée sur la gravité du comportement de l’auteur
du fait générateur de resp (ou fait dommageable).

1. Le délit, faute intentionnelle


La faute intentionnelle se caractérise par la volonté de commettre un acte dommageable mais pas
la volonté de causer le dommage ce qui explique qu’un individu privé de raison (enfant, personne
avec des troubles mentaux) ne puisse pas commettre une telle faute. Pour le droit de la RC, en prin-
cipe on n’attache pas de conséquences particulières car toute faute, quelle que soit sa gravité,
entraîne la resp de son auteur. L’étendu de la réparation n’est pas proportionnelle à la gravité de
faute mais elle est proportionnelle à l’ampleur du préjudice. Dans la JP, en présence d’une faute in-
tentionnelle, le juge va accorder une réparation plus importante sans le dire explicitement. Quand on
est l’auteur d’une faute intentionnelle, on ne peut pas faire jouer son contrat d’assurance.

2. Le quasi-délit, faute non intentionnelle


La faute non intentionnelle est une faute d’imprudence ou de négligence de la part de l’auteur du
dommage, ce qui renvoie à l’art. 1 241. L’auteur du dommage n’a pas voulu causer le dommage
mais a simplement voulu l’acte dommageable. Par exemple, l’automobiliste qui roule trop vite le
fait volontairement mais n’a pas l’intention de causer un accident.
Les juristes distinguent la négligence qui est un manque d’attention de l’imprudence qui est un
manque de réflexion sur les conséquences de l’acte accompli par la personne.

C. La faute lucrative
On peut définir la faute lucrative comme une faute qui rapporte à son auteur plus que ce que la répa-
ration du dommage qu’elle cause pourrait lui coûter. Elle est délibérée et repose sur un calcul. Par
exemple, en matière de délit de presse, lorsqu’un journal à sensations publie un article qui porte at-
teinte à la vie d’une célébrité en sachant que cela va accroître ses ventes et en prenant le risque que
cette célébrité demande une réparation en justice.

1. Une notion en émergence lente dans notre droit


La faute lucrative apparaît explicitement en JP au début du XXe siècle en droit maritime :
Cass., chamb. Req., 5 juin 1920 et Cass., chamb. com., 27 novembre 1967
Stark définit la faute lucrative cô étant une faute qui, malgré les dommages et intérêts que le resp est
condamné à payer, offre à son auteur une marge bénéficiaire. L’expression faute lucrative ne figure
pas dans l’index des manuels. Cette question de la faute lucrative est abordée dans les thèses de :
- S. Carval, La RC dans sa fonction de peine privée (1995)
- R. Mesa, Les fautes lucratives (2006)
2. Une notion en émergence discrète dans notre réforme
Quand on regarde le projet, celui-ci accueille bien la notion de faute lucrative mais sans la nommer
pour autant dans l’art. 1 266 – 1 qui se trouve dans le chapitre IV consacré aux effets de la RC. La
teneur de ce texte a été présenté comme une innovation très importante et double :
- entrée de la faute lucrative
- sanction de la faute lucrative
L’art. 1 266 – 1 comporte 6 alinéas parmi lesquels l’al. 1 et 6 concernent directement la faute lucra-
er
tive. L’al. 1 donne indirectement la déf° de cette faute lucrative qui n’est pas visée par cette ex-
pression une faute commise délibérément par son auteur en vue d’obtenir un gain ou une économie.
Cette faute lucrative comporte une dose d’intentionnalité qui est soulignée par l’adverbe. A l’alinéa
6, le texte dispose qu’elle n’est pas assurable cette faute, ce qui la dote d’un régime spécifique. Les
alinéas 2 à 5 concernent la sanction de cette faute lucrative. Habituellement, en doctrine, la sanction
de la faute lucrative consiste en des dommages et intérêts punitifs.
Les rédacteurs du projet ont choisi une autre terminologie : ils ont parlé d’amende civile comme
sanction de la faute lucrative. En parlant d’amende civile, ils se sont éloignés du registre de la répa-
ration pour se rapprocher du registre de la sanction et plus précisément de la sanction pénale. Dans
le projet, cette amende civile, au lieu d’être proportionnelle au dommage subi par la victime (prin-
cipe de réparation intégrale) serait triplement proportionnée dans l’art. 1 266 al. 2 :
- à la gravité de la faute commise
- aux facultés contributives de son auteur - au profit qu’il en aura retiré
mais sans pouvoir dépasser le plafond du décuple du profit qui est réalisé.
Viney a plutôt proposé qu’il y ait une restitution intégrale du profit réalisé par ce qui a donné la
faute lucrative. Si la RC admet de sanctionner la faute lucrative comme le propose le projet de ré-
forme, elle va renforcer la fonction dissuasive de la RC.

III. La notion de faute


A. La définition de la faute
1. La définition par la doctrine
On s’est demandé comment définir la faute au sens jur du terme pour la distinguer de la faute mo-
rale.
Planiol définit la faute comme la violation d’une ob° préexistante. La doctrine reproche à cette déf°
d’être trop étroite et imprécise. Il peut donc y avoir une faute sans que pré-existe une ob° jur. C’est
une déf° trop imprécise car elle ne renseigne pas sur les ob° dont la violation constituerait une faute.
Mazeaud et Chabas définissent la faute comme une erreur de conduite, telle qu’elle n’aurait pas été
commise par une personne avisée placée dans les mêmes circonstances. Ces deux déf° de la faute
n’ont pas le même angle d’attaque.
Viney, Jourdain et Carval ont défini la faute comme la violation d’une norme ou d’un devoir qui
s’imposait à l’agent. On voit ici que cette déf° est mixte.

2. La définition par le projet


Dans le projet, il y a une prise en compte des efforts de la doctrine pour définir la faute et une tenta-
tive de surmonter les critiques. La déf° est trouvée à l’art. 1 242 du projet qui énonce constitue une
faute la violation d’une prescription légale ou le manquement au devoir G de prudence ou de dili-
gence. Cette définition est dédoublée autour du ou donc est large car l’adjectif légale doit être com-
pris de manière large. En outre, la violation d’un texte n’est pas nécessaire pour qu’il y ait une faute
: le manquement à un devoir général de prudence ou de diligence peut suffire.

B. L’évolution de la faute ou l’objectivation de la faute


Traditionnellement, la faute était subjective par nature et elle supposait donc que soient réunies
deux conditions :
- l’illicéité du comportement de l’auteur de la faute - l’imputabilité à son auteur
Ce qui a changé dans cette évolution c’est que aujourd’hui, la faute est devenue objective, cad que
la deuxième condition est aujourd’hui écartée. Il suffit juste qu’elle soit illicite. L’intérêt de cette
objectivation de la faute est qu’elle facilite l’indemnisation de la victime. L’inconvénient est qu’elle
démoralise la faute donc lui retire sa substance morale.

1. Le maintien de la condition d’illicéité


A la suite de cette objectivation de la faute, la faute se réduit à un seul élément matériel objectif :
l’illicéité. Donc, on se demande ce qu’on entend par comportement illicite. Le projet de réforme de
la RC répond à cette question dans son art. 1 242 en énonçant que constitue une faute la violation
d’une prescription légale ou le manquement au devoir de prudence et de diligence donc ce qui
amène à distinguer :
-en cas de préexistence d’une prescript° légale -en cas d’absence d’une prescript° légale
Quand il existe une prescription légale, la constatation d’une illicéité est facile. C’est le cas chaque
fois qu’une ob° jur préexiste dans la loi comprise au sens large, et oblige de manière impérative à
respecter un certain comportement et que cette ob° a été transgressée.
Quand il n’existe pas de prescription légale, la faute peut être constituée par un manquement au
devoir G de prudence et de diligence. C’est au juge qu’il va appartenir de qualifier le comportement
de fautif en caractérisant l’illicéité. Le juge, pour apprécier l’illicéité, va se reporter aux bonnes
mœurs, aux bons sens, à la morale et plus généralement, à ce devoir G qui s’impose à chacun d’agir
avec prudence et diligence.

2. L’indifférence de l’exigence d’imputabilité


L’imputabilité désigne le fait que l’on peut reprocher une faute.

a. L’exposé de cette ancienne exigence d’imputabilité


Pendant longtemps, la seule illicéité n’était pas suffisante. Il fallait une seconde condition : l’acte
devait être imputable à son auteur donc que l’auteur ait eu conscience du caractère illicite de son
acte. Si on qualifie les deux conditions, à l’élément matériel d’illicéité s’ajoutait l’élément moral de
l’imputabilité. Une faute ne pouvait être commise par une personne qui n’avait pas conscience de
ses actes. Les auteurs justifiaient cette solution par la philosophie individualiste ayant précédé au
CC. On ne peut pas imputer à une personne des actes dont elle n’a pas pu mesurer les conséquences.
Donc, la resp subjective, tout comme la faute subjective, était corrélée à la raison et donc, en l’ab-
sence de raison, son acte illicite ne pouvait pas constituer une faute.

b. Les applications : la double irresponsabilité du jeune enfant et de la personne atteinte d’un


trouble mental
On disait de ces deux catégories de personnes qu’elles étaient civilement irresponsables car la
condition d’imputabilité ne pouvait pas être remplie.
* l’ancienne irresponsabilité des personnes atteintes d’un trouble mental :
La JP a affirmé de manière constante l’irresponsabilité des personnes ayant agi sous l’empire de la
démence au regard des art. 1 382 et 1 383 anc. Cependant, il fallait deux conditions pour mettre en
œuvre l’irresponsabilité :
- la personne ait été atteinte d’un état de démence totale au moment de la réalisation du dommage
- son état ne devait pas être la conséquence d’une faute antérieure de sa part (ex = abus d’alcool ou
de drogue)
* l’irresponsabilité des jeunes enfants
Ce sont des enfants qui n’ont pas atteint l’âge de raison. Il n’était pas possible d’imputer une faute à
un mineur privé de discernement en raison de son âge. La justif° de cette solution jurisprudentielle
était qu’il n’était pas possible de lui reprocher son comportement car compte-tenu de son âge, il ne
pouvait pas mesurer la portée de son action dommageable.

c. La critique à l’encontre de ces solutions


L’objectif d’indemnisation des victimes est devenue une priorité au cours du XXès. Dans cette pers-
pective où l’indemnisation est le but même de la RC, le principe d’irresponsabilité des inconscients
va à l’encontre de cet objectif. S’il y a une irresponsabilité de ces deux catégories de personnes, les
personnes victimes de ces dommages causés par des inconscients vont se retrouver sans indemnisa-
tion. Progressivement, le droit+ a écarté cette condition d’imputabilité pour assurer l’indemnisation
des victimes des dommages causés par des personnes irresponsables.

3. La suppression de la condition d’imputabilité


a. La responsabilité civile des personnes ayant un trouble mental
Il s’agit de la première exception au principe d’irresponsabilité des personnes inconscientes. Ce
changement de solution est le résultat d’une réforme légale : la loi du 3 janvier 1968 concernant les
incapables majeures. Un des articles est devenu l’art. 489 – 2 anc. qui, de nos jours, est numéroté
414 – 3 avec un texte inchangé.
article 414 – 3 =
« Celui qui a causé un dommage à autrui, alors qu’il était sous l’empire d’un trouble mental, n’en ai
pas moins obligé à réparation. »
Ce texte a été commenté et il est apparu très vite que le sens du texte était très clair. L’inconscience
d’une personne atteinte d’un trouble mental n’empêche pas qu’elle soit resp. Concernant sa
portée, la JP l’a dégagé par petites touches et on construit une interprétation du texte.
L’ob° à réparation prévue par l’art. 489 – 2 anc. concerne tous les incapables selon la JP, qu’il
soient majeurs ou mineurs, qui ont causé un dommage à autrui sous l’empire d’un trouble mental.
La CDC a considéré que l’art. 489 – 2 anc. ne pouvait pas s’appliquer aux enfants en bas âge ne
souffrant pas de trouble mental au moment du dommage. Cette interprétation a contrario faite par la
CDC vient restreindre le champ du texte. Ensuite, la JP va procéder à une interprétation restrictive
des conditions d’appli° du texte et tout particulièrement la notion de trouble mental. Elle va l’inter-
préter de manière littérale et refuse de l’appliquer au trouble physique. La CDC a précisé que l’art.
489 – 2 n’édictait pas un régime spécifique et autonome de RC et qu’au contraire, cet art. s’appli-
quait à tous les régimes de resp relevant des art.1 382 anc. et ss. La personne atteinte d’un trouble
mental, malgré ce trouble mental, est resp dans les cond° du DC donc dans les mêmes conditions
que tout autre personne donc il est possible d’engager sa resp pour faute et également sa resp du fait
des choses.

b. La responsabilité des enfants en bas âge


Cass., ass. plén., 9 mai 1984, Derguini = la CDC décide que l’infans pouvait être auteur d’une faute
sans qu’il soit nécessaire de vérifier s’il était capable de discerner les conséquences de ses actes.
Avec cet arrêt, c’est un nouveau principe de resp des jeunes enfants qui se met en œuvre. Ce nou-
veau principe a été mis en œuvre dans un cas où l’enfant était en même temps auteur et victime du
dommage et donc, dans cette décision, sa faute va entraîner un partage de resp à son détriment.
= application du principe dégagé par l’ass.plén dans un cas où l’enfant est auteur du dommage. Ap-
pliquant ce principe, elle en déduit que sa resp peut être engagée sur le fondement de l’art. 1 382.
Après cette réforme de 1968 et ce revirement en 1984, la condition d’imputabilité se trouve suppri-
mée pour mettre en jeu la RC. Il est indifférent que l’on ne puisse pas reprocher sa faute à l’auteur
du dommage donc la faute perd sa connotation morale. Avec cette évolution, on est passé de l’exi-
gence d’une faute subjective avec condition d’imputabilité à celle d’une faute objective sans exi-
gence d’imputabilité. Il s’agit d’une objectivation de la faute comme condition de la RC qui
s’ajoute à l’objectivation des fondements de la RC.

Section 2. Le fait des choses


Cette resp du fait des choses a connu de profondes modif° textuelles et des évolutions jurispruden-
tielles.

I. L’évolution des textes et de la responsabilité du fait des choses


A. La responsabilité du fait des choses issue du texte originaire du Code civil
CDC 2è Cciv 12 décembre 1984
Les textes d’origines du CC sont restés les mêmes mais l’interprétation qu’en a fait la JP a réveillé
l’art. 1 384 al. 1. Par la suite, la loi postérieure les a complétés et renumérotés.

1. Les deux articles originaires


En 1804, les codificateurs avaient envisagé seulement deux choses susceptibles de causer un dom-
mage et d’engendrer une RC. Chacune de ces choses étant régie par un article spécifique du Code
civil :
- la resp du fait de l’animal régie par l’art. 1 385 anc. = l’animal était considéré comme un bien-
meuble mais de nos jours, la loi qualifie l’animal d’être sensible
- la resp du fait des bâtiments tombant en ruines régie par l’art. 1 386 anc.
En-dehors de ces deux cas, quand un dommage était causé par l’intermédiaire d’une chose, la vic-
time devait prouver la faute de celui qui utilisait cette chose. La victime ne pouvait obtenir la répa-
ration que sur le fondement de la resp pour faute. Ces règles sont devenues insuffisantes en raison
des dommages causés par les machines (qui sont des choses). La victime des dommages causés par
ces autres choses, quand elle se trouve dans l’impossibilité de prouver une faute de la part de celui
qui détient la chose, va se retrouver sans réparation.

2. L’activation normative de l’art. 1 384 al. 1


Cette règle nouvelle n’existe pas dans le CC par déf° et c’est la JP qui va la forger. Cette règle avait
été découverte dans l’art. 1 384 al. 1. Cet alinéa était jusqu’alors en sommeil, inutilisé et soudain, il
s’est vu mobilisé par les juges et s’est vu reconnaître une force normative dont il n’était pas du tout
pourvue dans l’esprit des codificateurs. En effet, dans l’esprit des codificateurs, cet alinéa était un
alinéa de transition qui dans son début résumait les deux articles précédents et par sa fin annonçait
les alinéas ss de l’art 1384.
article 1 384 al. 1: « On est resp non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait (fait
personnel), mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre (fait
d’autrui) ou des choses que l’on a sous sa garde (fait des choses)»
Les juges se sont emparés de cet alinéa pour créer sur ce fondement une nelle norme. En s’appuyant
sur ce texte, ils ont fondé une nouvelle norme : le principe G de resp du fait des choses. Depuis la
fin du XIXès, on est resp du fait des choses qu’on a sous sa garde.

3. Les évolutions qui ont lieu ensuite


Le contenu des articles d’origine est resté le même mais plusieurs évolutions se sont produites. Tout
d’abord, l’art. 1 384 al. 1 s’est trouvé revêtu d’un sens normatif qu’il n’avait pas en 1804. Ensuite,
l’art. 1 386 s’est trouvé enrichi par l’ajout des art.1 386 à 1 386–18 sur la resp du fait des produits
défectueux. Enfin, l’ensemble de ces articles a été renuméroté dep de l’ordonnance du 10 fév 2016
portant réforme du droit des contrats. Donc, ces articles sont devenus 1 242 au lieu de 1 384, 1 243
au lieu de 1 385
et 1 244 au lieu de 1 386.

B. La responsabilité du fait des choses dans le projet de réforme


Dans ce projet de réforme, la sous-section 1 est consacrée au fait générateur de la resp et on y
trouve un paragraphe I consacré à la faute (le fait personnel) et un paragraphe II intitulé Le fait des
choses qui contient un seul article : l’art. 1 243 avec 4 alinéas :
- 1 = est le pendant de l’ancien art. 1 384 al. 1 qui est devenu 1 242 al. 1 qui dispose: On est resp
de plein droit des dommages causés par le fait des choses corporelles que l’on a sous sa garde.
- 2 et 3 = portent sur le régime de la resp du fait des choses
- 4 = définit le gardien de la chose

II. L’affirmation du principe général de la responsabilité du fait des choses


A. L’apparition du principe de la responsabilité du fait des choses
L’apparition du principe de la resp du fait des choses s’est faite en 2 étapes :
Cass., chamb. civ., 16 juin 1896, Teffaine = première fois que le principe de resp du fait des choses
est affirmé
Dans cette affaire, la chaudière (= la chose) d’un remorqueur avait explosé et tue l’ouvrier qui tra-
vaillait dessus. La CDC. a reconnu la resp du propriétaire du remorqueur sur le fondement de l’art.1
384 al.1 en disant que ce dernier doit réparer le dommage causé par la chose dont il est propriétaire.
Cet arrêt s’inscrit dans le mouvement doctrinal de la théorie du risque. La portée de l’arrêt va se re-
trouver limitée par la loi du 9 avril 1998 qui concerne les accidents de travail qui s’inscrit dans la
théorie du risque. Ces derniers sont soumis à une resp automatique et forfaitaire de l’employeur.
Ensuite, pendant la période de 1896 à 1930, la JP applique timidement l’art. 1 384 al. 1 et on voit
qu’il y a des évolutions subtiles puisque à l’origine, la CDC avait fondé cette nelle resp sur une pré-
somption de faute simple. Il est possible de la renverser et il est possible de s’exonérer de la resp
du fait des choses en prouvant qu’on avait pas commis de faute. Par la suite, la CDC va décider
que la présomption ne peut plus être renversée par la preuve de l’absence de faute mais seulement
en prouvant un cas de force majeure.
On est donc passé d’une présompt° de faute à une présomption de resp.

B. La consécration du principe de responsabilité du fait des choses


L’arrêt Teffaine a été rendu à l’occasion d’un dommage causé par le dév du machinisme. C’est le
dév de la circulation automobile et la difficulté d’indemniser les victimes qui va fournir une nelle
occasion de consécration du principe de resp du fait des choses.
Cass., chamb. réunies, 13 février 1930, Jand’heur = accident de circulation dans lequel un enfant a
été écrasé par le conducteur du camion sans que la faute du conducteur soit prouvée. La mère de-
mande réparation du préjudice.
Cet arrêt est venu poser toutes les règles essentielles gouvernant le principe de resp du fait des
choses sur trois points de vue :
- fondement - domaine -régime

1. Le fondement de la responsabilité du fait des choses


L’arrêt Jand’heur indique que le principe général de resp du fait des choses autonome qui est tiré de
l’art. 1 384 al. 1, repose sur une présomption de resp. Pour certains auteurs, cette formule n’était
pas claire. Par contre, cette formule avait l’intérêt de détacher la resp du fait des choses de l’idée de
faute.
A partir de cet arrêt, la resp du fait des choses devient une resp autonome par rapport à la resp pour
faute. Le fait de la chose devient un fait générateur à part entière.
Par la suite, la JP va délaisser la présomption de resp au profit de resp de plein droit. Avec de plein
droit, on entre dans une resp objective donc il n’y a plus de place pour la faute. Le projet de réforme
de la RC de mars 2017 a repris cette expression dans l’art. 1 234 al. 1 qui dispose : on est resp de
plein droit des dommages causés par le fait des choses.

2. Le domaine de la responsabilité du fait des choses


La motivation de l’arrêt Jand’heur montre que cette resp du fait des choses a bien vocation à s’ap-
pliquer à toute sorte de chose. Ubi lex non distinguit. Peu importe que la chose ait été ou non action-
née par la main de l’homme ou pas, peu importe que la chose ait été affectée d’un vice propre ca-
pable de causer le dommage et peu importe que la chose ait en elle-même un caractère dangereux
ou pas. L’existence d’une chose qui a créé le dommage suffit pour mettre en jeu la resp du fait des
choses.
Cette absence de condition fait du domaine de la resp du fait des choses un domaine quasiment illi-
mité.

3. Le régime de la responsabilité du fait des choses


L’arrêt Jand’heur apporte deux enseignements essentiels à la compréhension de la resp du fait des
choses :
- la victime bénéficie d’une présomption à partir du moment où la chose est intervenue maté-
riellement dans la survenance du dommage, alors la victime n’a pas à prouver que jurment que
cette chose est bien à l’origine du dommage. Cela allège la victime dans l’objet de la preuve. En ef-
fet, la victime n’a pas à prouver que le gardien de la chose a commis une faute.
- le gardien de la chose ayant causé le dommage ne peut pas s’exonérer de sa RC en prouvant
son absence de faute. Il ne peut s’exonérer de sa resp° que s’il prouve un cas de force majeure ou
une cause étrangère.

III. Les condition de mise en œuvre de la responsabilité du fait des choses


L’art. 1 384 al. 1 devenu l’art. 1 242 al. 1, tel qu’il est interprété par la jurisprudence, il y a un prin-
cipe selon lequel on doit répondre du fait des choses que l’on a sous sa garde. Le juge doit expli-
quer ce que signifie les mots fait, chose et garde.
Progressivement, la jurisprudence a développé ces notions et a défini jurment ces notions. Ces
cond° semblent entériner l’art. 1 243 du projet de réforme à une nuance près. Au lieu de parler de
chose, cet article parle de chose corporelle.

A. Les conditions relatives à la chose


1. La chose
a. Le principe
En principe, toutes les choses entrent dans le domaine de l’art. 1 384 al. 1 ancien sans distinction :
- que cette chose soit meuble ou immeuble sauf si elle est soumise à un régime spécial de resp
comme le sont les véhicules terrestres à moteur impliqués dans un accident de la circulation qui ont
été sortis du droit commun par la loi du 5 juillet 1985
- que cette chose soit ou non affectée d’un vice interne :
→ →
- que cette chose soit dangereuse ou pas : la CDC a refusé de cantonner la resp du fait des choses
aux seules choses dangereuses cô l’avait proposé Ripert.
Certains auteurs ont dit que c’était l’appli° du risque à l’état pur donc toute idée de faute est exclue.
L’affaire du diable dans le bouteille illustre le risque à l’état pur. Dans cette affaire, un gagnant
d’une loterie gagne une bouteille de Bordeaux. Le gagnant l’ouvre et la partage et le premier buveur
meurt. C’est le gagnant qui a vu sa déclaration du fait des choses engagée car il avait la bouteille
sous sa garde.
Par la suite, la JP a étendu le sens donné au mot chose en l’appliquant à des choses qui ont très peu
de consistance physique comme des fumées ou du courant électrique. Donc on a déduit que aucune
chose ne semblait résister au principe d’attraction de la resp du fait des choses sauf exception don-
née par la JP ou texte particulier. Dans l’art. 1 243 al. 1, on peut lire on est resp de plein droit des
dommages causés par le fait des choses corporelles que l’on a sous sa garde.

b. Les exceptions
Certaines choses se trouvent exclus de la resp du fait des choses :
- les choses soumises à un statut spécial comme les véhicules terrestres à moteur soumis à la loi
du 5 juil1985 sur les accidents de la circulation. Jusqu’à cette loi, les accidents automobiles rele-
vaient de la resp du fait des choses
- les choses sans maître (dont personne n’a la maîtrise) :
→ art. 1 242 al. 1 = ne s’applique pas aux res nullius = choses qui n’ont jamais eu de propriétaire
(pluie, neige... sauf si une personne se les approprie en lançant une boule de neige et blessant quel-
qu’un)
→ art. 1 242 al. 1 = ne s’applique pas aux res delictae = choses abandonnés qui n’ont plus de pro-
priétaire. Parfois, dans le désir d’indemniser la victime, la JP considère qu’elle peut être susceptible
d’une garde momentanément (coup de pied dans une bouteille abandonnée qui blesse quelqu’un)
Cass., chamb. civ., 16 novembre 1920
Cass., chamb. réunies, 13 février 1930, Jand’heur
- le corps humain = en principe, n’est pas une chose. Le dommage qui résulte du corps d’une per-
sonne sans intermédiaire d’une chose entre son corps et le siège du dommage normalement ce n’est
pas une resp du fait des choses. La JP a admis que cette resp de l’art.1 242 al.1 peut s’appliquer
dans le corps d’une personne formait un tout avec une chose en lui empruntant son effet domma-
geable (collision de 2 skieurs sans contact des skis). La JP dit que le dommage provient de l’impul-
sion, de la vitesse que la chose a donné au corps donc elle transforme le corps en chose. La JP est
allée encore plus loin en admettant l’appli° de la resp du fait des choses au corps humain relié à une
chose inerte qui n’était pas lancé en mouvement, qui ne donnait aucune impulsion au corps de la
personne. (personne qui sort de sa voiture et tient la poignée de son véhicule et qui heurte une per-
sonne → corps considéré comme une chose car tient la voiture par sa poignée). Le corps est alors
considéré comme le prolongement d’une chose.
Il y a des points de vue radicalement opposés :
- la doctrine = choqué de cette application de la JP car la JP heurte de plein fouet le principe du res-
pect de la personne humaine (considérer le corps comme une chose). Mais, d’un point de vue pra-
tique, cette JP s’explique par le souci d’indemniser la victime
La chose au sens de la resp du fait des choses est entendue de manière extrêmement large. Elle va
dans le sens de l’indemnisation des victimes et va dans le sens de l’objectivation de la RC.

2. Le fait de la chose
En vertu de l’art. 1 242 al. 1, la réparation du dommage causé par une chose subie par la victime
suppose que ce dernier provienne du fait d’une chose.
La JP a écarté plusieurs sens possibles de cette expression fait de la chose pour n’en retenir qu’un
seul. Il y a fait de la chose lorsque la chose est cause du dommage. Donc, les juges exigent qu’il y
ait un lien de cause à effet entre cette chose et le dommage.

a. Les significations écartées


La doctrine a tenté de trouver des distinctions afin de limiter l’application du principe.
- le fait de la chose n’est pas nécessairement un fait autonome (ou exclusif) depuis l’arrêt Jand’heur
car : la loi ne distingue pas suivant que la chose qui a causé le dommage était ou non actionnée par
la main de l’homme
Alors, la resp du fait des choses s’applique aussi bien au cas où le dommage est dû à un fait propre,
autonome de la chose (bouteille de gaz qui explose, télévision implose) et aussi lorsque la chose est
actionnée par la main de l’homme (vélo utilisé).
- le fait de la chose n’est pas nécessairement celui d’une chose en mouvement
→ Cass., chamb. réunies, 2 décembre 1941, Franck = précise que l’art. 1 384 al. 1 ne
distingue pas que la chose est inerte ou en mouvement
- le fait de la chose ne suppose pas nécessairement un contact
→ = l’absence de contact entre la chose et le dommage n’est
pas nécessairement exclusive du lien de causalité
En conclusion, le vice de la chose, la nature de la chose, le mouvement de la chose ou encore le
contact de la chose avec le lieu du dommage ne sont pas critères d’appli° du principe G de resp du
fait des choses. En revanche, ce sont des circonstances qui peuvent avoir une influence sur le ré-
gime de la resp du fait des choses. Cela est confirmé par le projet de réforme de la RC de mars 2017
dans ses art. 1 243 al. 2 et 3.

b. La signification retenue pour le fait de la chose


Il y a fait de la chose lorsque la chose est la cause du dommage donc il suffit que la chose est causé
le dommage. Donc, la victime va devoir prouver deux choses :
* la preuve matérielle de la chose
La JP se contente d’un participation matérielle quelconque de la chose qu’il y ait eu ou non un
contact avec la victime et le siège du dommage. La victime peut apporter la preuve de la participat°
matérielle par tous les moyens admis, y compris par des présompt° de faits graves, précises et
concordantes de la participat° de fait de la chose.
En cas de contact de la chose avec le siège du dommage, la preuve va être facile à apporter pour la
victime. En l’absence de contact entre la chose et le siège du dommage, la preuve est plus difficile à
apporter (absence de contact quand un cycliste fait un écart pour éviter une portière, tombe et se
blesse). La JP considère que la victime va devoir apporter une preuve que la chose était dans une si-
tuation anormale. Parfois, les juges se contentent d’une preuve négative qui consiste pour la victime
à démontrer que le dommage ne pouvait pas provenir d’une autre chose que du fait de la chose (un
avion franchit le mur du son et provoque une déflagration et au même moment, les murs d’une mai-
son s’effondre. La CDC a retenu la resp de la compagnie aérienne du fait de son avion (= la chose),
à défaut d’une autre cause qui aurait été susceptible de provoquer l’effondrement de cette maison).
* la preuve d’une intervention causale de la chose
Pour la JP, la chose doit avoir joué un rôle causal dans la survenance du dommage. Sur cette
question, il y a eut un temps de flottement.
- la distinction traditionnelle
S’agissant d’une chose inerte, la charge de la preuve de son rôle causal dans la survenance du dom-
mage est supportée par la victime. Quant à l’objet de la preuve, la JP que le rôle causal résulte d’une
anormalité dans la situation. Par exemple, une position anormale de la chose (voiture mal garée),
structure anormale de la chose (un escalier trop ciré donc les marches sont très glissantes) ou un
comportement anormal de la chose. Cette anormalité doit être prouvée par la victime quand la chose
est inerte.
S’agissant d’une chose en mouvement, la victime ne supporte pas la charge de la preuve de son
rôle causal de la chose parce que la JP opère un renversement de la charge de la preuve grâce à la
technique de la présompt°. Les juges considèrent trad°ellement que la victime doit apporter la
preuve de la particip° de la chose au dommage.
CDC 2è Cciv 2 fév 1940
Le projet de réforme de la RC de mars 2017 entérine cette distinction (inerte ou en mouvement) et
les solutions jurisprudentielles à l’art. 1 243 al. 2 et 3 puisque ces alinéas énoncent : le fait de la
chose est présumé dès lors que celle-ci, en mouvement, est entrée en contact avec le siège du dom-
mage et dans les autres cas (absence de mouvement et absence de contact), il appartient à la victime
de prouver le fait de la chose, en établissant soit le vice de celle-ci, soit l’anormalité de sa position,
de son état ou de son comportement.
- l’évolution de la jurisprudence autour de l’exigence d’anormalité
S’agissant d’une chose inerte, le pb de droit qui s’est posé est de savoir s’il suffisait d’avoir heurté
cette chose pour mettre en jeu la resp du gardien de la chose ? Traditionnellement, la JP répond par
la négative, il fallait en plus que la victime prouve l’anormalité de la position, de l’état ou du com-
portement de la chose. Cette condition d’anormalité était une condition supplémentaire pour les
choses inertes.
Cpdt, la JP de la CDC a connu une période de flottement. Alors que certains arrêts de la CDC conti-
nuaient à exiger cette condition supplémentaire d’anormalité, d’autres arrêts se sont contentés du
fait que la chose ait été l’instrument du dommage. Ils se sont contentés de la participation matérielle
de la chose mais sans que la victime ait nécessité d’apporter la preuve d’une anormalité. Cette solu-
tion a été admise pour des victimes se cognant à des parois vitrées : = se sont contentés que la vic-
time se soit cognée sans demander la preuve d’anormalité.
Viney et la doctrine se sont explicitement prononcés contre cette JP et en faveur du maintien de
l’exigence de la condition d’anormalité car cette exigence va atténuer l’objectivité de la resp de
plein droit qui est sévère pour le gardien.
(heurt d’une porte vitrée), (chute d’un muret en béton) et (heurt d’un fond d’une piscine hors sol) =
maintien de la solution traditionnelle et ont donc demandé à la victime de prouver le caractère
anormal de l’état, de la position ou du comportement de la chose.
Ce dernier n’est pas publié au bulletin donc sa force normative est limitée.
B. Les conditions relatives au responsable
Le principe de resp du fait des choses qui a été découvert dans l’ancien art. 1 384 al. 1 devenu 1 242
al. 1 avec un texte inchangé énonce que l’on est resp des choses que l’on a sous sa garde. Lorsque
toutes les cond° relatives à la chose sont bien réunies, la resp du fait de la chose va peser de plein
droit sur le gardien de la chose.
La question qui se pose est de savoir qui est le gardien de la chose donc la JP a dû définir la notion
de garde.

1. La notion de garde
La garde est un pouvoir effectif et indépendant sur la chose qui a causé le dommage.

b. Un pouvoir effectif
CDC 2è Cciv 23 mars 2000 CDC 2è Cciv 15 juin 2000
e
CDC 2è Cciv 29 mars 2012Cass., 2è CDC CCiv., 24 février 2005 Cass., 2
civ., 21 mai 2015
er
1 temps : On a considéré que la garde était un pouvoir de droit sur la chose donc un pouvoir
fondé par un titre jur. Dans cette concept° initiale, le lien était très fort entre la garde et la propriété
de cette même chose. En conséquence de cette déf° jur de la garde, le propriétaire d’une chose ne
perdait pas la garde de sa chose, même en cas de dépossession involontaire de cette chose car le
propriétaire conserve son titre jur de propriété sur la chose. Par exemple, en cas de vol de la chose.
Le propriétaire d’une chose pouvait être déclaré resp d’une chose pour un dommage réalisé par
cette chose alors qu’elle était dans les mains du voleur. Cette solution était très rigoureuse pour le
propriétaire, inspirée par la théorie du risque. C’est l’idée que la propriété d’une chose engendre des
risques pour les tiers et que ces risques doivent peser sur celui qui tire profit de cette propriété. La
JP a conservé une règle de cette théorie initiale : le propriétaire d’une chose est présumé en être le
gardien et s’il veut échapper à cette resp, c’est lui qui a la charge de prouver qu’au moment du dom-
mage, il n’avait pas la garde effective de la chose. Cette règle est reprise dans l’art. 1 243 al. 4 du
projet.
e
2 temps : La JP a admis que la garde était un pv de fait, autrement dit un pouvoir effectif exercé
sur la chose :
Cass., ch. réunies, 2 décembre 1941, Franck = le voleur d’une voiture a causé un accident avec
celle-ci
La CDC a considéré que le propriétaire dépossédé par l’effet du vol se trouvait dans l’impossibilité
d’exercer sur sa voiture aucune surveillance ; par conséquent, il n’en avait plus la garde puisqu’il
avait été privé de l’usage, de la direction et du contrôle de sa voiture. Cet arrêt est un grand arrêt
de principe car il définit la garde et contribue à en faire une notion jur. Dep cet arrêt, la garde ré-
side dans les pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle exercé sur la chose au moment où sur-
vient le dommage.
Cette déf° de la garde est reprise par le projet dans l’art. 1 243 al. 4 du projet qui énonce : le gardien
est celui qui a l’usage, le contrôle et la direction de la chose au moment du fait dommageable.
e
3 temps : La JP a précisé ce qu’était ce pv effectif sur la chose pour pouvoir mieux définir la
garde. Il s’agit d’un pv physique, concret, matériel qui est exercé sur la chose et qui permet de
considérer que le voleur est le gardien de la chose car c’est lui qui détient l’usage, la direction et le
contrôle de la chose.

b. Le pouvoir indépendant sur la chose


Pour qu’une personne soit considérée comme gardienne d’une chose donc resp d’une chose, elle
doit exercer sur cette chose un pouvoir autonome. Cela explique que la personne qui est train de
prendre une leçon de conduite avec le moniteur à côté, n’est pas considérée comme étant gardienne
de la voiture car son pv s’exerce sous le contrôle et la direction du moniteur. Cette exigence d’avoir
un pv autonome a amené la JP à deux précisions :
- la qualité de préposé donc d’employé est en principe exclusive de la qualité de gardien
- la qualité d’incapable n’exclue pas celle de gardien et donc la personne atteinte d’un trouble
mental peut être responsable du fait des choses selon l’art.414–3 du CC avec l’art.1 242 al. 1. De
ce fait, l’enfant en bas âge peut également être gardien d’une chose et donc il y a resp du fait de
cette chose, malgré l’absence de discernement : Cass., ass. plén., 9 mai 1984, Gabillet

2. La détermination du gardien
Déterminer le gardien d’une chose n’est pas une tâche facile pour le juge. Cependant, elle est facili-
tée par la présomption qui connaît certains infléchissements.

a. La présomption de garde pesant sur le propriétaire de la chose


Le propriétaire est présumé gardien de sa chose. Cette solution est reprise dans le projet à l’art. 1
243 al. 4 qui dispose : le propriétaire est présumé gardien. Quand le juge ne sait pas précisément
qui utilisait la chose qui a causé le dommage, ni qui avait le contrôle ou la direction de la chose, le
juge présume que cette chose est demeurée sous la garde de son propriétaire. Cela repose sur la ple-
rumque fit (la loi du plus grand nombre) donc dans la plupart des cas, le gardien d’une chose est
son propriétaire.
Cette présomption de garde qui pèse sur le propriétaire est une présomption simple donc elle peut
être renversée par tous les moyens de preuve à la condition que le propriétaire prouve que la
garde de sa chose a été transférée à quelque d’autre.

b. Le transfert de la garde
Le propriétaire est présumé gardien de sa chose et comme cette présomption est simple, il a le droit
de rapporter la preuve qu’il avait transféré la garde de cette chose à un tiers au moment où le dom-
mage s’est produit. Ce transfert de la garde peut ê volontaire ou non.
Le transfert de la garde est involontaire lorsque le propriétaire se fait voler sa chose. Le transfert de
la garde est volontaire lorsqu’il résulte d’un contrat puisqu’il y a eut accord de volonté qui donne
droit à la détention de la chose (contrats de prêt, de dépôt, de location, de vente). Cpdt, pour que ce
transfert ait lieu, il y a une condition : le détenteur de la chose doit exercer une réelle autorité sur la
chose pour pouvoir la céder.
En JP, les solutions sont assez sévères. Il a été jugé que le propriétaire d’un escabeau qui le confie à
un tiers afin de faire des travaux pour son compte n’a pas transféré la garde. De même, le proprié-
taire d’une tondeuse qui la prête à son voisin pour un usage déterminé et limité dans le temps, la JP
a considéré qu’il restait le gardien. Les juges considèrent que malgré les apparences, le détenteur de
la chose n’en avait pas la maîtrise et que le transfert ne s’est pas opéré.
Concernant les supermarchés en libre-service, en principe la JP considère que si on applique la pré-
somption de garde, le magasin reste resp du fait des choses vendues jusqu’à la conclusion du contrat
de vente avec le client donc du transfert de propriété de la chose lors du paiement. En principe, le
simple fait qu’un client manipule un objet dans un magasin et cause un dommage avec n’est pas
suffisant pour entraîner sa resp. La justif° théorique donnée en doctrine est que la resp du proprié-
taire du magasin est fondé sur le risque : le risque que le magasin accepte de courir dans cette forme
de vente qui laisse les clients se servir librement.
La JP a admis facilement le transfert de la garde de la chose à la charge de personne qui avaient
temporairement l’usage de cette chose. Par exemple, le client qui utilise un chariot et qui cause un
dommage avec est considéré comme ayant la garde du chariot ou celui qui ouvre la porte du maga-
sin acquière la garde de la porte ou à chaque fois que le comportement du client témoigne d’une vo-
lonté d’appropriation de la chose que ce soit par un acte de détérioration ou de consommation, la
présomption doit être renversée et la garde doit être transférée au client.

Section 3. Le fait d’autrui


L’ancien art. 1 384 devenu auj 1 242 nouv. énumère plusieurs cas de resp du fait d’autrui. Il s’agit
de cas où le fait dommageable causé par une personne peut faire naître une RC à la charge
d’une autre personne. C’est comme ça que les pères et mères sont resp du fait de leurs enfants mi-
neurs donc ils doivent répondre du dommage causé par leurs enfants ou que les artisans doivent ré-
pondre du fait de leurs apprentis ou que les commettants sont resp du fait de leurs préposés.
Pour les codificateurs, cet art.1242 avait pour but de stimuler la vigilance des Hommes qui étaient
chargés du dépôt sacré de l’autorité. La resp du fait d’autrui est corrélée à l’autorité exercée sur au-
trui.

I. L’évolution générale de la responsabilité du fait d’autrui


A. L’évolution des fondements de la responsabilité du fait d’autrui
Depuis 1804, la resp du fait d’autrui a bcp évolué. Pourquoi une personne peut-elle être désignée
resp du dommage qu’elle n’a pas causé ?

1. Hier, un fondement subjectif


Traditionnellement, la resp du fait d’autrui reposait sur le fondement d’une faute présumée, c’est-à-
dire sur un fondement subjectif. On retenait la resp du fait d’autrui pour une faute de surveillance
ou une faute de choix.
L’idée qui préside à ce fondement est que si autrui a causé un dommage, on peut présumer que la
personne qui avait autorité sur lui a manqué à son ob° donc elle est en faute.

2. Aujourd’hui, un fondement en bonne partie objectif


Le fondement de la resp du fait d’autrui a évolué en tendant à s’objectiver. Cette resp du fait d’au-
trui est la contrepartie d’un pv sur autrui ou du profit que l’on tire de l’activité d’autrui. On a un
double fondement de la resp du fait d’autrui : le risque créé et le risque-profit.

3. Demain, un fondement mixte ?


Le projet de réforme n’est pas totalement inscrit dans un mouvement d’objectivation. Il est seule-
ment en partie dans ce mouvement d’objectivation. Sur un aspect du projet, une place est faite au
fondement objectif de la resp du fait d’autrui avec la resp de plein droit
- du fait du mineur (art. 1 246)
- du fait du majeur placé sous surveillance (art. 1 247)
- du fait du préposé (art. 1 249)
D’un autre côté, la dimension subjective est aussi présente dans le projet pour d’autres catégories de
personnes pour celles qui assument à titre professionnel une mission de surveillance d’autrui (art. 1
248). Ces personnes peuvent s’exonérer de leur resp du fait d’autrui en prouvant leur absence de
faute. Donc, leur resp est fondée sur une présomption simple de faute qu’elles ont le droit de ren-
verser.
Dans le projet, il y a un autre indice du recul de l’objectivation à l’art. 1 245 al. 2. article 1 245 al. 2
= « Cette resp du fait d’autrui suppose la preuve d’un fait de nature à engager la resp de l’auteur di-
rect du dommage. »
Soit l’auteur direct du dommage a commis un fait personnel (une faute), soit il doit être resp du fait
d’une chose. En revanche, un simple fait causal non fautif de l’enfant n’est pas exigé comme c’est
le cas dans la JP actuelle.

B. L’évolution des textes sur la resp du fait d’autrui


1. La comparaison du nombre d’article
Dans le CC, il y a un seul article sur la respo du fait d’autrui (art. 1 242).
Ce texte est plus long car il contient 7 alinéas :
- l’al. 1 = texte général
- les al. 4 et 7 = concernent la resp des pères et mères
- l’al. 5 = concerne la resp des commettants
Le projet comporte 5 articles exclusivement sur la responsabilité du fait d’autrui :
- art. 1 245 = texte général mais qui ne pose pas le principe général
- art. 1 246 = concerne la resp du fait des mineurs, dont celle des parents
- art. 1 247 = concerne la resp du fait du majeur placé sous surveillance
- art. 1 248 = concerne d’autres cas
- art. 1 249 = concerne la resp du fait du préposé

2. La comparaison du plan et des intitulés


Dans le CC actuel, l’article qui concerne la resp du fait d’autrui se trouve à l’intérieur du chapitre II
groupé avec les autres faits générateurs donc il est placé sur un plan d’égalité. Dans l’art. 1 242 al.
1, les faits générateurs de RC sont tous évoqués.
Dans le projet, la resp du fait d’autrui n’a pas été placée dans la section 1 avec les faits générateurs.
Dans cette section, on trouve I) La faute, II) Le fait des choses et III) Les troubles anormaux de voi-
sinage. L’expression-même de resp du fait d’autrui n’est pas utilisé dans l’intitulé de la sous-section
2 L’imputation du dommage causé par autrui qui porte sur elle. On retrouve quand même la resp du
fait d’autrui dans les articles que contient cette sous- section 2.

3. La comparaison de la formulation
Dans l’art. 1 242 al. 1 du CC, la formulation choisie par les codificateurs a permis aux juges de tirer
un principe G de resp du fait des choses et qu’il pourrait permettre de tirer un principe G de resp du
fait d’autrui.
Dans l’art. 1 245 al. 1 du projet, on trouve une formulation G et annonciatrice des cas particuliers.
Il est formulé de telle façon qu’on ne peut pas tirer de principe G de resp du fait d’autrui.

4. Le contenu des textes


On peut identifier trois types de contenus :
- une bonne partie des textes du projet est la reprise du droit+
- suppression de l’exigence de cohabitation de l’enfant mineur avec ses parents
- certains textes vont à l’encontre de la JP actuelle (art.1245 al.2 qui exige pour engager cette resp
du fait d’autrui la preuve d’un fait de nature à engager la resp de l’autrui lui-mm)

II. La discussion doctrinale autour de l’existence d’un principe G de resp du fait d’autrui
A. Le débat doctrinal
L’art.1 384 contient-il une énumération limitative des cas de resp du fait d’autrui dans les al.4 et ss
ou, au contraire, faut-il voir dans ce texte un principe G porté par l’al.1er qui énonce que l’on est
resp du dommage causé par le fait des personnes dont on doit répondre?
Si oui, il faut voir un principe G dans l’al. 1, on reconnaît que cet al. 1 a une valeur normative alors
que les codificateurs n’y voient qu’un article de transit° annonçant les art. suivants. Dans ce cas, les
art. suivants apparaissent comme des appli° de ce principe G.
Jusqu’en 1991, pratiquement toute la doctrine enseignait que l’art. 1 384 al. 1 ne contenait pas de
principe G de resp du fait d’autrui. Cet al. 1 se bornait à annoncer les cas particuliers de resp du fait
d’autrui prévus par les al. 4 et ss.
La JP considérait ces cas comme étant limitatifs et d’interprétation stricte. Cette opinion avait été
critiquée par Savatier dans sa chronique La resp G du fait des choses que l’on a sous la garde a-t-
elle pour pendant une resp G du fait des personnes dont on doit répondre ? (Dalloz, 1933) Il a ré-
pondu oui à cette question.
1. L’exclusion d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui
Les frères Mazeaud ont développé la thèse dominante hostile à un fait général du fait d’autrui dans
leur traité de la RC. Ils ont développé 3 arguments pour exclure la possibilité qu’il y ait un principe
G du fait d’autrui.

a. L’argument exégétique
L’argument exégétique est l’intention des rédacteurs du CC. Ils ne voulaient pas créer un principe G
du fait d’autrui. Pour les codificateurs, l’art. 1 384 al. 1 n’était qu’un texte de transition sans
valeur normative spécifique. Ce texte n’est qu’un effet de style de la part des codificateurs et non
l’affirmation d’un principe G de resp.

b. L’argument pragmatique
Si l’on affirme un principe G de resp du fait d’autrui, ce serait difficile à mettre en œuvre car les #
cas spéciaux de resp du fait d’autrui prévus par le CC sont caractérisés par leur hétérogénéité. Ils
ont une grande diversité de régime car ils vont de la resp pour faute à la resp sans faute. C’est diffi-
cile de dégager un principe G qui expliquerait tous les régimes spéciaux.

c. L’argument idéologique
Les frères Mazeaud disent que reconnaître un principe général de resp du fait d’autrui ne s’impose
pas comme une nécessité sociale.

2. La nécessité d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui


Savatier s’inscrit dans un profond courant indemnitaire qui anime tout le DRC à partir de la fin du
XIXe siècle. Selon cet auteur, l’évolution de la RC doit inéluctablement conduire à admettre qu’elle
joue de plein droit pour le fait d’autrui de manière G.
Savatier va en déduire que quand une personne cause un dommage dans des circonstances qui ne
permettent pas de mettre en jeu les resp particulières du fait d’autrui (al. 4 et ss.), il faut impérieuse-
ment que quelqu’un réponde de lui.

a. L’argument exégétique
Savatier va dire que cet argument exégétique peut être combattu par un argument analogique qui est
déjà présent dans le titre de sa chronique. En effet, la JP a bien réussi à créer un principe G de resp
du fait des choses à partir de l’art. 1 384 al. 1. On peut également le faire pour la resp du fait
d’autrui.

b. La faisabilité technique
Savatier dit que la variété de régimes des cas spéciaux de resp du fait des choses (1 385 et 1 386), il
y avait aussi une diversité de régimes et qui n’a pas empêché l’admission d’un principe G de resp
du fait des choses. On peut donc le faire pour la resp du fait d’autrui.

c. L’argument idéologique
C’est le caractère socialement souhaitable de ce principe G de la resp du fait d’autrui. Savatier
pense que l’évolut° sociale impose la créat°de ce principe G de resp du fait d’autrui.
Il faut regarder la sté comment elle évolue, cela impose donc un principe G de cette resp. Il dit que
l’éducation des mineurs, le traitement des malades mentaux ou la répression des délinquants se ca-
ractérisent par une liberté de plus en plus grande accordée à ces personnes. Cette liberté accordée à
ces personnes engendre des risques accrus pour les tiers. Pour lui, ces risques justifient une exten-
sion de la resp du fait d’autrui. Pareil que le dév du machinisme avait justifié le dév d’un principe G
du fait des choses.

B. Les solutions de la jurisprudence


Pendant longtemps la JP a refusé d’admettre l’existence d’un principe G de la resp du fait d’autrui à
l’exception de qlq décisions des juges du fond. La JP admettait que la liste des personnes qui ré-
pondent du dommage causé par autrui est limitative. Pour engager la resp d’une personne en dehors
des cas légaux prévus à l’art. 1 384 al. 4 et suivant il fallait prouver une faute et revenir à la resp du
fait personnel, la resp de DC.
En 1991 un revirement de JP semble ouvrir la voie à un principe G de la resp du fait d’autrui. Ce
revirement laisse planer des incertitudes.
1. La possibilité d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui
Cass., ass. plén., 29 mars 1991, Blieck = force normative plus forte

a. Le sens clair de l’arrêt Blieck


Dans cette affaire on était dans un centre d’aide par le travail qui hébergeait des handicapés avec la
particularité de laisser a ses patients une totale liberté de circulation. Profitant de cette circulation,
un handicapé mental qui résidait dans ce centre a mis le feu à une forêt. Les propriétaires de cette
forêt ont introduit une action en réparation à l’encontre de l’association qui gérait l’établissement.
re
En 1 instance, les juges du fond retiennent la resp personnelle de l’assoc° en se fondant sur l’art. 1
383 (faute d’imprudence, de négligence). Mais la CA va décider que la liberté qui est laissée au pa-
tient du centre était exclusif d’une faute de surveillance. Elle écarte la possibilité d’une resp du fait
pour faute du centre. Pourtant elle retient la resp de l’assoc° sur le fondement de l’art. 1 384 al 1.
Le principe d’une présompt° de resp du fait des personnes dont on doit répondre est dégagé par la
CA. Pourvoi immédiat à l’encontre de cet arrêt reprochant à la CA d’avoir créé de toute pièce un
principe G.
L’ass.plén rejette ce pourvoi en relevant que les juges du fond avaient constaté que l’assoc° avait
accepté la charge d’organiser et de contrôler, à titre permanent, le mode de vie de l’auteur du
dommage. L’assoc° devait donc répondre de celui-ci au sens de l’art. 1 384 al. 1.
Le sens est clair, la CDC considère que les cas de resp du fait d’autrui de l’art. 1 384 al. 4 et sui-
vants ne sont pas limitatifs. Alors une personne peut être déclarée resp du dommage causé par une
autre sur le seul fondement de l’art. 1 384 al. 1.

b. La portée discutée de l’arrêt Blieck


La question se pose car ce n’est pas un arrêt de principe, il ne contient pas un attendu général et abs-
trait qui se place comme un attendu de principe. Sa motivation reste très collée au fait de l’espèce.
Ce qui était sur tout de même c’est la reconnaissance de la valeur normative de l’al. 1 de l’art. 1384.
La question qui s’est posée : y a-t-il un nouveau principe de resp du fait d’autrui consacré dans l’ar-
rêt Blieck ? Si oui, on lui donnait une portée maximale, si non, c’est seulement un nouveau cas par-
ticulier.

c. Les suites de l’arrêt Blieck


La réitération de la JP Blieck dans une affaire similaire par un arrêt de la CDC du 9 déc 1999. Cet
arrêt retient la resp d’une assoc° chargée d’organiser et de contrôler, à titre permanent, la vie du mi-
neur. Il reprend l’attendu de l’arrêt Blieck.
L’extension de la JP Blieck, on peut l’observer de 2 manières :
- l’extension du domaine = la JP va admettre de nouvelles appli° de la resp du fait d’autrui tiré de
er
l’art 1384 al. 1 (= ubi lex) er
CDC 2è CCiv 22 mai 1995
x3 = pour le 1 , pose la resp d’une commune pour le fait de marginaux qui squattaient l’immeuble
communal en raison d’un incendie propagé à un immeuble. Les 2 autres retiennent la resp de club
sportifs pour le fait de joueur affilié à ce club qui soit dans une bagarre soit dans la compétit° spor-
tive avaient tué ou blessé un membre de l’équipe adverse.
= retient la resp de plein droit d’une assoc° de majorettes pour les faits d’une majorette qui dans un
défilé en a blessé un autre avec un bâton
On observe une diversif° des cas avec un allégement des conditions de la JP Blieck. Dans ces nou-
velles applications, la resp du fait d’autrui est retenue par les juges sans que soit remplies les deux
conditions posées dans l’arrêt Blieck :
- le pouvoir d’organiser le mode de vie de la personne (dont on est responsable)
- la permanence du contrôle exercé sur la personne
Certaines de ces appli° postérieures (club sportif, majorette) ne sont pas fondées sur un devoir de
contrôle lié à l’état physique ou mentale de la personne. Dans l’arrêt des majorettes la Cass va plus
loin, puisque le dommage n’était pas lié à des violences volontaire (maladresse). De plus, il apporte
une précision disant que la resp de l’assoc° peut être admise sans avoir à tenir compte de la dange-
rosité potentielle de l’activité des lors qu’elle avait pour mission d’organiser, de diriger et de
contrôler l’activité de ses membres au cours du défilé. Le à titre permanent a disparu, ce n’est pas
le mode de vie qui est contrôlé mais l’activité ponctuelle.
D’autres auteurs se sont inquiétés de cette élargissement de la resp du fait d’autrui qui a suscité des
craintes. Viney dénonce les virtualités d’extension de la resp du fait d’autrui.
De deux façons, des JP ont marqué des limites à l’extension et calmèl’inquiétude doctrinale par
l’ajout d’une condition supplémentaire. Depuis 1995 on sait que des associations peuvent être
resp du fait de l’un de leurs adhérents mais pour cela il faut que le membre ait commis une faute ca-
ractérisée par une violat° des règles du jeu:
et Cass., ass. plén., 22 juin 2007
Il y a une limitation du domaine de la resp du fait d’autrui. Celle-ci n’est pas applicable a un
syndicat professionnel pour les dommages causés par ses membres. Il s’agissait d’un syndicat (FN-
SEA) ou des agriculteurs (adhérents) avaient bloqué le site d’un supermarché et avaient causé des
dégâts. Le supermarché va rechercher en justice la resp de la FNSEA pour obtenir réparation :
Le pourvoi est rejeté pour un motif qui a des allures d’attendu de principe un syndicat n’ayant ni
pour objet, ni pour mission d’organiser, de diriger, et de contrôler l’activité de ses adhérents au
cours de mouvement ou manifestation auxquels ses derniers participent, les fautes commises per-
sonnellement par ceux ci n’engage pas la resp de plein droit du syndicat auxquels ils appartiennent.
CDC 2è Cciv 12 déc 2002 CDC 2è Cciv 20 nov 2003 CDC 2È Cciv 26 oct 2006
Cet arrêt limite la resp du fait d’autrui (objective) et parallèlement redonne une place a la resp pour
faute (des adhérents).
= l’art. 1384 al. 1 est inapplicable à une maison de retraite hébergeant des pensionnaires sur la base
d’un contrat. La resp du fait d’autrui pour cette maison de retraite ne va pas s’appliquer car elle
n’est pas resp du fait d’un pensionnaire de l’établissement.

2. Le régime de la responsabilité générale du fait d’autrui


Ce régime a en parti été précisé par la JP antérieure à l’arrêt Blieck notamment par un arrêt de prin-
cipe :
Cass., crim., 26 mars 1997, Notre Dame des Flôts = Les personnes tenues de répondre du fait d’au-
trui au sens de l’art. 1 384 al. 1, ne peuvent s’exonérer de la resp de plein droit résultant de ce texte
en démontrant qu’elles n’ont commis aucune faute.
La preuve de l’absence de faute ne permet pas de s’exonérer de cette resp du fait d’autrui car ce
n’est pas une resp pour faute, c’est une resp objective. Seule la preuve d’une cause étrangère pré-
sentant les caractères de la force majeure permettrait d’échapper a cette resp du fait d’autrui.

3. Les solutions du projet


Le projet contient un certain nombre d’innovation.

a. La possibilité d’un principe général de la responsabilité du fait d’autrui


Le projet ne la consacre pas. L’art. 1 245 du projet, fait plutôt le choix d’annoncer les cas particu-
liers qui vont être énumérés par les articles suivants. Si le projet voyait le jour avec la formulation
de l’art. 1 245 al. 1 cela clôturerait le débat sur l’existence d’un principe G de la resp du fait d’autrui
(comme la liste est à priori limitative).

b. Les cas de responsabilité du fait d’autrui


Certains cas sont supprimés par le projet comme la resp de l’artisan du fait de ses apprentis (art.
1242 al. 7 actuel) = en pratique cette resp a été absorbée par la resp des commettants du fait de leur
préposé.
D’autres cas sont ajoutés comme sont resp du cas du mineur les parents (d’ores et déjà visés à l’art.
1 242 al. 4), les tuteurs, la personne physique ou morale chargée d’organiser ou de contrôler à titre
permanent le mode de vie du mineur dans l’art. 1 246 du projet.
On peut remarquer qu’il y a une reprise de l’arrêt Blieck. Il confirme la JP en ajoutant une précision.
Dans cette hypothèse la resp des parents du mineur ne peut être engagée (fin de l’art. 1 246) dans ce
cas la seulement la personne chargée du contrôle est resp. Donc les resp de l’art. 1246 du projet ne
se cumulent pas mais sont alternatifs. La resp de ces trois catégories de personne est une resp ob-
jective de plein droit.
CDC 2è Cciv 15 déc 2011
A contrario, la resp d’autres personnes, comme les grands-parents (qui reçoivent leurs petits en-
fants) ou d’autres qui assurent par contrat une mission professionnelle de surveillance d’autrui (ex =
compagnie de vacance) sont visés à l’art. 1 248. Pour eux la resp n’est pas objective.
Il y a un fondement objectif pour l’art. 1246 et dans l’art. 1 248 il y a un fondement subjectif (pré-
somption de faute simple) = exonération en prouvant leur absence de faute. La mise en regard des
art. 1 246 et 1 248 nous montre que la resp du fait d’autrui a des fondements mixtes (objectifs/sub-
jectif).
En conclusion, les avis de la doctrine sont partagés, le premier à être très favorable à un principe G
est Savatier. De nos jours, Ghestin est resté fidèle a cette idée, tout comme Aubert. Ces auteurs sont
favorables à un principe G de resp du fait d’autrui. Fabre-Magnan n’est pas dans la même hostilité
que Brun. Le principe G de la resp du fait d’autrui demeure marginal, elle l’étudie après les cas spé-
ciaux.
Brun défend l’idée d’absence de principe G. L’arrêt Blieck n’est pas l’arrêt Jand’heur, il considère
que c’est plus facile de fonder le principe général de resp du fait des choses car il y avait une notion
de base : la garde.
Pour Martrau-Petit, il y a 2 resp du fait d’autrui. On retrouve la resp :
- liée à l’autorité sur des personnes vulnérables à fondement du risque-autorité
- mise à la charge de la personne qui maîtrise l’activité d’autrui à fondement du risque-activité
III. Une resp particulière du fait d’autrui : la resp des parents du fait de leurs enfants
La responsabilité parentale est un cas parmi d’autres de resp du fait d’autrui qui sont énumérés à
l’art. 1 242 al. 4 et ss. nouv. Dans cet article, 4 cas sont prévus la resp :
- des parents du fait de leurs enfants
- des artisans du fait de leurs apprentis
- des commettants du fait de leurs préposés
- des instituteurs du fait de leurs élèves
Ces 4 cas particuliers de resp du fait d’autrui ont tendance à s’aligner sur le principe plus G de resp
G du fait d’autrui issu de l’arrêt Blieck (1991).
Selon l’art. 1 242 al. 4, les parents sont civilement resp des dommages que leurs enfants pourrait
causer à un tiers. La victime d’un dommage causé par un enfant a la possibilité de mettre en jeu la
resp du mineur mais aussi mettre en jeu la resp de ses parents.
Cette question a fait l’objet d’un revirement important grâce à :
= selon G. Viney, modifie de fond en comble son régime et son fondement
Cass., ass. plén., 13 décembre 2002 = confirmation de l’arrêt Bertrand
CDC 2è Cciv 19 fév 1997 Bertrand

A.L’évolution des fondements de la responsabilité des parents 1. Le


fondement initial
Initialement, la responsabilité des parents était fondée sur une présomption de faute. On considé-
rait que si leurs enfants mineurs avaient causé un dommage, c’est parce que ses parents avaient soit
commis une faute :
- dans son éducation (culpa ineducando)
- dans sa surveillance (culpa in vigilando)
= systématise ce fondement en énonçant que la resp du père, en raison du dommage causé par son
enfant mineur..., découle de ses ob° de surveillance et de direction sur la personne de ce dernier.
C’est une présomption simple de faute des parents donc ils peuvent la renverser en prouvant qu’elle
était fausse, cad qu’ils n’avaient pas commis de faute. Cet arrêt permet aux parents de s’exonérer
de la resp.

2. L’amorce du revirement
Cass., ass. Plén., 9 mai 1984, Fullenwarth = la CDC va substituer à l’expression présompt° de faute
la présomption de resp. A travers cette terminologie, on observe un mouv d’objectivat°. Seulement,
la JP n’a pas tiré tout de suite les conséquences.

3. Le revirement de l’arrêt Bertrand (19 février 1997)


utilise la not° de resp de plein dt donc on est dans le cadre d’une resp sans faute.
Cass., ass. Plén., 13 décembre 2002 = confirmation de l’arrêt Bertrand
La doctrine s’accorde à considérer que cette nouvelle JP instaure une véritable garantie parentale
fondée sur le risque qui permet l’indemnisation de la victime des dommages causés par leurs en-
fants.
Le fait que le fondement soit devenu si objectif devrait impliquer une ob°légale d’assurance de la
part des parents. Dans la pratique, l’assurance des parents du fait de leurs enfants est extrêmement
répandue.

B. Les modifications du régime de la responsabilité des parents


On peut voir deux aspects du régime de la responsabilité des parents qui ont évolué :
- les causes d’exonération
- les conditions de mise en œuvre de la responsabilité

1. La diminution des causes d’exonération


Dans la JP traditionnelle, la preuve de l’absence de faute était une cause d’exonération admise par
la JP. C’était la conséquence du fondement subjectif de leur resp puisque celle-ci était fondée sur
une présomption simple de faute, présomption simple qu’ils avaient le droit de renverser en prou-
vant qu’ils n’avaient pas commis de faute.
CDC 2è Cciv 12 oct 1955 CDC 2è Cciv 19 fév 1997 Bertrand Cette
possibilité pour les parents d’échapper à leur resp en prouvant leur absence de faute va perdurer
même après l’arrêt Fullenwarth (9 mai 1984). Pourtant, cet arrêt utilisait la formule de présomption
de resp.
A partir de l’arrêt Bertrand (19 février 1997), le revirement est clairement opéré en affirmant claire-
ment que seule la force majeure ou la faute de la victime peuvent exonérer les parents de la resp du
fait de leur enfant. Cette solution a été confirmée par l’arrêt de l’ass.plén (13 déc2002), arrêt qui a
été rectifié matériellement sur ce point par l’arrêt de l’ass.plén (2003).
Désormais, la preuve de l’absence de faute des parents est sans effet donc elle n’a plus d’effet exo-
nératoire de resp. Seule la force majeure (assemblée plénière de 2003) et non la cause étrangère
(assemblée plénière de 2002) ou la faute de la victime sont susceptibles d’exonérer les père et mère
de leur RC. Donc il y a une réduction des causes d’exonération pour les parents et la resp des pa-
rents s’en trouve alourdie.

2. L’allégement des conditions de la responsabilité parentale du fait de leurs enfants


Traditionnellement, deux cond° étaient exigées pour mettre en jeu la resp des parents :
- la cohabitation de l’enfant avec les parents - la faute de l’enfant
Ces deux exigences étaient étroitement corrélées au fondement subjectif de la resp des parents qui
était une resp pour faute présumée.
De nos jours, ce qui fonde la resp des parents n’est plus le soucis de sanctionner leur mauvaise sur-
veillance ou leur mauvaise éducation de l’enfant. Ce qui fonde la respdes parents est la volonté de
garantir l’indemnisation des victimes de dommages causés par des mineurs. Ces deux condi-
tions traditionnelles ne sont plus en cohérence avec la resp de plein droit qui pèse sur les parents.

a. L’assouplissement de la cond° de cohabitat° de l’enfant avec ses parents


Cette cond° de cohabitat° est posée dans la loi à l’art. 1 242 al. 4. C’était la présomption de faute
des parents qui justifiait cette exigence que leur enfant cohabite avec eux. La présomption de faute a
disparu donc la JP tente autant qu’elle peut de minimiser cette exigence de cohabitation. La JP mi-
nimise cette condition pour retenir le plus souvent possible la resp des parents.
La CDC a précisé que la cohabitation de l’enfant avec ses père et mère, visée à l’art. 1 384 al. 4 et
7, résulte de la résidence habituelle de l’enfant au domicile des parents ou de l’un deux (2000). La
résidence habituelle de l’enfant n’est pas nécessairement la même que la résidence effective de l’en-
fant au moment de la survenance du dommage.
La cohabitation ne cesse pas en cas d’éloignement temporaire des parents et de cessation de courte
durée de l’hébergement. En conséquence, les parents restent civilement resp de leur enfant qui est
confié quelques jours aux grands-parents (2000) ou lorsque leur enfant est confié à un organisme de
vacances car ce dernier n’est pas chargé d’organiser et de contrôler à titre permanent le mode de
vie de l’enfant (13 décembre 2002). La cohabitation ne cesse pas non plus pendant la présence de
l’enfant dans un établissement scolaire, même s’il est interne (2000 et 2001). Enfin, la cohabitation
ne cesse pas quand l’enfant a été confié par ses parents à sa grand-mère chez qui il réside depuis
plus de 12 ans (8 février 2005).
Cette dernière JP sur la notion de cohabitation est très extensive. Elle a pour seul objectif de mainte-
nir l’indemnisation de la victime.
La doctrine estime que cette condition de cohabitation devrait être supprimée de l’art. 1 242 al. 4 et
n’a plus lieu d’être exigée. Cependant, il faut l’intervention du législateur.
Le projet de réforme n’évoque pas la condition de cohabitation. En effet, dans son art. 1 246, on
peut en déduire qu’il y a une suppression de cette notion de cohabitation puisque ce texte dispose :
Sont resp de plein droit du fait du mineur :
- ses parents, en tant qu’ils exercent l’autorité parentale. Cette formulation était celle également
utilisée dans le précédent projet de réforme.
Ce début d’art. 1 246 ne retient plus qu’une seule condition à la mise en jeu de la resp des parents :
l’exercice de l’autorité parentale. Donc, un parent qui aurait été déchu de son autorité parentale sur
l’enfant ne pouvait voir sa resp engagée du fait de l’enfant.

b. La supp° de la cond° de faute de l’enfant : le remplacement par le fait de l’enfant


Il faut distinguer la présomption de faute des parents qui était un fondement de la resp du fait d’au-
trui auj disparue de la condition de faute de l’enfant. Cette cond° de faute de l’enfant fait partie du
régime de cette resp du fait d’autrui.
1_ Traditionnellement, l’exigence d’une faute de l’enfant était corrélée au fondement de la resp des
parents appuyée sur une présomption de faute. La faute des parents n’était vraisemblable que si
l’enfant avait commis également une faute.
2_ L’arrêt Fullenwarth (9 mai 1984) va considérablement alléger cette exigence puisqu’il se
contente que l’enfant ait commis un acte qui soit la cause directe du dommage invoqué par la vic-
time. Donc, la simple participation causale de l’enfant à la réalisation du dommage était suffisante.
Un acte licite de l’enfant devient suffisant pour pouvoir mettre en jeu la responsabilité de ses pa-
rents.
3_ La JP ultérieure de la CDC va énoncer cela de manière plus claire (2001) et indique que : Atten-
du que la resp de plein droit encourue par les père et mère des dommages causés par leur enfant mi-
neur habitant avec eux n’est pas subordonnée à l’existence d’une faute de l’enfant.
Cette solution allège les conditions requises pour la mise en œuvre de la responsabilité des parents
vis-à-vis de leurs enfants. L’assemblée plénière (13 décembre 2002) entérine cette solution et
énonce clairement qu’il suffit que le dommage invoqué par la victime ait été directement causé par
le fait, même non fautif, du mineur.
Dans ces 2 arrêts (13 déc 2002), le fait de l’enfant ne présentait pas de caractère fautif.
Cette JP est restée spécifique à la resp des père et mère. Elle semble démentie par le projet de ré-
forme de la RC de mars 2017 dans l’art. 1 245 al. 2 qui énonce : Cette resp (du fait d’autrui) sup-
pose la preuve d’un fait de nature à engager la resp de l’auteur direct du dommage donc est en rup-
ture avec la JP.
Ce fait de nature à engager la resp directe de l’enfant pourrait être soit :
- son fait personnel (la faute) = exclu un fait licite de sa part
- le fait d’une chose que l’enfant aurait sous sa garde
c. Le maintien de la condition de minorité de l’enfant
Cette cond° de minorité de l’enfant est énoncée par le CC dans l’art. 1 242 al. 4. Cette cond° est
parfaitement en adéquation avec une garantie parentale fondée sur leur autorité parentale. Donc, les
parents apportent leur garantie et sont resp du fait de leurs enfants en tant qu’il exerce l’autorité pa-
rentale jusqu’à la majorité de l’enfant. Cette cond° est maintenue à l’art. 1 246 al. 1 du projet car :
sont resp de plein droit du fait du mineur : ses parents...

Sous-titre 2. Les effets de la RC


Lorsque les cond° de la RC sont réunies, l’action en RC pourra aboutir et elle sera gouvernée par le
principe de réparat° intégrale et elle pourra donner lieu à plusieurs types de mesures.

I. Les parties à l’action en responsabilité civile


A. Le demandeur à l’action
Le demandeur à l’action peut ê une personne physique qui a un intérêt personnel à agir ou peut ê
une personne morale en défense d’un intérêt collectif qui constitue son objet.
S’agissant d’une personne physique, le demandeur est la victime du préjudice si cette dernière est
encore en vie. Au décès de la victime, l’action en RC va se transmettre à ses héritiers puisque ces
derniers vont recueillir son patrimoine dans lequel se trouve le droit d’action en RC.
Cette transmission a toujours été admise s’agissant du préjudice matériel. En revanche, s’agissant
du préjudice moral, la JP a assez longtemps hésité avec une divergence entre les chambres de la
CDC. Selon la CCiv, l’action en réparation du préjudice moral était transmissible aux héritiers alors
que pour la chambre criminelle, elle était intransmissible. Un arrêt des chambres mixtes (1976) a
tranché en faveur de la transmissibilité.

B. Les défendeurs à l’action


Le défendeur à l’action en RC est le resp du dommage subi par la victime ou bien ses héritiers s’il
est décédé, à la condition que ses héritiers aient accepté sa succession.
1_ Qd le resp du dommage avait souscrit une assurance de resp, les victimes disposent d’une ac-
tion directe contre l’assureur du responsable qui se retrouve défendeur.
2_ Lorsque le resp n’était pas assuré et qu’il est insolvable ou qu’il n’est pas connu, la victime peut
s’adresser à un fonds de garantie créé par la loi et c’est le fond de garantie qui sera le défendeur.

B. Le principe de réparation intégrale gouvernant les effets de la resp civile


1. Le sens du principe
Il doit exister une parfaite adéquation entre le montant de la créance de réparation et l’importance
du préjudice subi par la victime. Viney considère qu’il voudrait mieux principe d’équivalence entre
le dommage et la réparation. Le mot équivalence est plus large que le mot réparation, ce qui permet
d’inclure d’autres mesures que des mesures de réparation comme par exemple des mesures de ces-
sation de l’illicite.
L’idée du principe est que la réparation a seulement pour but de remettre la victime dans l’état qui
aurait été le sien si le dommage ne s’était pas produit. Donc, il s’agit d’une remise en état patrimo-
niale qui exclut soit un enrichissement, soit un appauvrissement de la victime donc ni plus, ni moins
que le dommage subi.
La mesure de l’ampleur de la réparation se calcule sur l’ampleur du préjudice. En principe, comme
ce qui compte est l’ampleur du dommage, peu importe que la faute éventuellement commise par
l’auteur soit légère ou gravissime. Officieusement, lorsque la faute est très grave, une influence
s’exerce sur les juges quant au montant de la réparation mais l’essentiel pour les juges est de ne pas
faire apparaître dans les motivations de la décision.

2. Reprise du principe de réparat° intégrale dans le projet de réforme de mars 2017


Le projet de réforme contient un chapitre IV sur les effets de la responsabilité et dans ce chapitre, il
y a une section 1 intitulée Principes. Elle comporte deux articles introductifs :
- l’art. 1 258 porte sur le teneur du principe : La réparation a pour objet de replacer la victime autant
qu’il est possible dans la situation où elle se serait trouvée si le fait dommageable n’avait pas eu
lieu. Il ne doit en résulter pour elle ni perte, ni profit.
- l’art. 1 259 porte sur les modalités de la réparation

C. Les mesures prises par le juge


Il s’agit des mesures que le juge peut prendre quand il est saisi d’une action en responsabilité civile.
Il y a plusieurs modalités possibles.

1. Les deux modalités possibles de la réparation du préjudice


La RC a traditionnellement pour effet d’engendrer une ob° de réparer lorsque ses conditions de
mise en œuvre sont bien remplis (un fait générateur ayant engendré un dommage réparable).
Cette réparation du dommage est gouvernée par un principe de réparation intégrale donc elle est
mesurée sur l’ampleur du dommage subi. De manière très classique, cette réparation a deux modali-
tés possibles :
- réparation en nature comme la remise en état du bien endommagé
- réparation en argent sous la forme de dommages et intérêts
Dans le projet, l’art. 1 259 reprend ces deux modalités puisqu’il énonce : La réparation peut prendre
la forme d’une réparation en nature ou de dommages et intérêts, ces deux types de mesure pouvant
se cumuler afin d’assurer la réparat° intégrale du préjudice.

2. D’autres mesures sont possibles


Si l’on comprend la RC plus largement que la seule ob° de réparer et qu’on la comprend conformé-
ment à l’étymologie comme l’ob° de répondre des dommages, un autre principe pourrait venir com-
pléter le principe de réparation intégrale qu’on pourrait appeler le principe de prévention propor-
tionnelle du risque de dommage permettant l’évitement de la survenance du dommage.
Les autres mesures que le juge peut ordonner dans cette perspective sont notamment celles
préconisées par le principe de précaution. Ce peut être des mesures d’enlèvement, des mesures de
suspension d’une activité qui risque de causer des dommages, des mesures de cessation, des me-
sures de conservation...

Conclusion
Le droit de la RC est en profonde mutation depuis la fin du XIXe siècle. Au XXe siècle, des mots-
clefs émergent :
- l’indemnisation
On est passé d’un centrage sur l’auteur du fait dommageable à un soucis prédominant de la victime.
- l’objectivation
On est passé d’une resp subjective par principe d’un droit commun qui était une resp pour faute à
une RC qui auj est en grande partie objective.
Ce mouvement d’objectivation se manifeste d’abord à travers les fondements, puis à travers les ré-
gimes de resp donc c’est une objectivation du droit+ avec une objectivation des conditions de la
RC.
On a une objectivation des conditions de la RC qui sont :
- une objectivation des faits générateurs avec l’objectivation de la faute, le fait de la chose qui est
aussi objectif
- une objectivation du préjudice
- pluralité
On est passé d’un fondement unique : celui de la faute à une pluralité de fondements possibles. Il y
a une pluralité de régimes de responsabilité civile : resp pour # types d’accidents (ex = resp du fait
des accidents de la circulation). Il y a des resp catégorielles qui visent des catégories de métiers
(resp des notaires, des avocats).
- garantie
Il y a une tendance au XXe de vouloir garantir l’indemnisation de la victime. C’est Starck qui l’a
amené en responsabilité civile. Les causes d’exonération du responsable se sont réduites : Il y a 2
extrêmes possibles : le cas où la preuve de l’absence de faute est exonératoire. La preuve d’un cas
de force majeure est exonératoire. Même la force majeure n’est pas exonératoire dans certains cas.
C’est le cas en matière d’accident de la circulation automobile.
Il y a des cas intermédiaires où l’absence de faute n’est plus exonératoire mais la force majeure l’est
encore comme pour les parents. Plus on veut garantir l’indemnisation de la victime, plus on diminue
les causes d’exonération.
- prévention
Il y a un élargissement des fonctions de la RC qui ajouterait à la fonction curative des dommages
une fonction préventive ?
- précaution
Quelle intégration la resp va-t-elle faire du principe de précaution.
Équilibre, objectivité, subjectivité, générations futures : va-t-on assister à un rééquilibrage avec une
réintroduction progressive de la subjectivité.
Est-ce qu’on va développer une resp de l’avenir soucieuse des générations futures ? Il faut dévelop-
per une resp jur pour l’avenir.
A l’échelle de la resp individuelle, c’est l’appel à la résistance climatique qui a été lancé par G. Ve-
ret

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