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Le DRC fait partie du DPr et donc de l’ensemble des règles qui régissent les rapports entre les par-
ticuliers. Il régit plus particulièrement les rapports responsables/victimes de dommages. Plus spéci-
fiquement, c’est une branche du Dt civil et encore plus spécifiquement une branche du Dt des ob°
qui est une partie du Dt civil régissant les rapports créancier/débiteur. Cette partie du Dt civil inclut
principalement le Dt du contrat qui porte sur les ob° contractuelles.
Sous-titre I. Le contrat
On retrouve les art. 1 101 et ss. issus de l’ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit
des contrats.
Conclusion II
Les actes jur, tel que le contrat, sont la source des ob° volontaires cô par exemple l’ob° de payer le
prix de la chose dans un contrat de vente. Les faits jur, quant à eux, sont la source d’ob° non volon-
taires cô l’ob° de réparer le dommage causé à autrui dans un accident.
Conclusion. Le Dt des ob° est à la base de la formation des juristes qui est à la fois technique et
théorique. C’est un droit très pratique, un droit du quotidien. On ne peut pas vivre sans
conclure de contrat. C’est un droit qui est proche de la vie quotidienne (contrat ou resp civile RC).
Ensuite, c’est une matière abstraite et qui suppose un effort d’abstraction car l’ob° est manifestée cô
un rapport de droit entre 2 personnes. C’est une matière qui est à la base de la science du droit. La
théorie G des ob° fait partie de la science du droit et c’est une sorte de matrice de notions et de prin-
cipes de base qui dépassent largement le seul droit civil.
B. L’évolution historique
1. L’apparition première du terme responsable
Le terme responsabilis n’apparaît pas dans les dictionnaires latin. Ses 1ères traces datent du Moyen
Âge, vers 1300, selon les historiens et en 1284 selon le dictionnaire étymologique de la langue
française de Bloch et Wartburg : Responsable : dérivé savant de responsus , participe passé de
respondere au sens ‘se porter garant’.
Au 15ès le dictionnaire de Godefroy donne 3 sens associés au mot responsable:
- qui sert de réponse (respondere)
- admissible en justice (1309)
- qui peut résister (responsare) au sens de faire face (ex = responsable aux durs asseaux)
Sous l’Ancien Régime, le terme devient habituel par l’intermédiaire de responsus qui dérive de re-
spondere. Villey s’était intéressé à la resp et dans un de ses articles sur l’origine de la resp. Il disait
que « responsable » est peut-être mal forgé, tout comme vérifiable. « Responsable » serait à quoi
il peut être répondu et cela devrait s’appliquer à la demande. Ce serait une demande responsable,
dans le sens à laquelle on peut répondre. Selon lui, l’adjectif va s’amarrer sur la personne donc au
lieu de s’attacher à l’objet, ça va s’attacher à la personne et resp va désigner la personne qui doit
donner une réponse.
Conclusion.
« responsabilité » est un mot récent qui est désormais intégré dans le Dt+ dans le CC dep la ré-
forme de l’ordonnance de 2016 et qui promet de l’être plus encore avec le projet de réforme de
la resp civile de 2017.
Dans le dictionnaire Littré d’auj: responsabilité =ob° de répondre, d’être garant de certains actes.
Cette déf° appelle qlqs observations. En effet, on peut dire que la déf° est proche de l’étymologie
mais quand on y regarde de près, la déf° commence par la notion d’ob° de répondre. Cette déf° ne
fait pas du tout de réf à la faute et ne distingue pas dans le temps entre le passé et l’avenir.
Conclusion section 1. Cette approche sémantique donne au terme responsabilité un sens po-
tentiellement élargi. Quand on regarde du côté de l’histoire du mot :
- on va avoir un sens moralement neutre qui n’implique pas nécessairement une faute de la part du
resp mais ce n’était pas le sens initial au 19ès.
Auji, on est civilement resp sans avoir forcément commis une faute.
- on va avoir un sens temporellement ouvert qui peut être tourné vers le passé ou/et l’avenir selon
la conception qu’on en a.
Quand on répond que la resp est l’ob° de réparer les dommages causés, on tourne le mot vers le
passé et on fait une resp curative à posteriori. Actuellement, il y a un courant doctrinal grandis-
sant qui propose que la resp se tourne aussi vers l’avenir, c’est une resp préventive qui commence
à trouver des appli° en JP et à se matérialiser aussi dans la doctrine
- Les grandes notions du droit privé, Rochefeld
Section 2. L’approche transdisciplinaire
Quand on s’intéresse à la resp de manière élargie, on voit que cette qu° de resp est au cœur de nom-
breux débats de la réflexion contemporaine. La réflexion des non juristes nous concerne en tant que
juristes.
I. L’approche philosophique
A. L’extension de la responsabilité par l’altérité, E. Lévinas
E.Lévinas a proposé une extension de la resp par le biais de l’altérité. Dans la sphère affective, on
comprend bien qu’un individu ressent de la resp envers ses proches. Il étend le devoir de resp que
chacun peut ressentir vis-à-vis de ses proches et de tout être humain. Ce philosophe est connu pour
renouveler sa conception de la subjectivité en s’appuyant sur l’expérience de l’altérité. N’envisage
pas l’interdit du meurtre et le devoir de responsabilité. Cela ne concerne pas le non humain et les
générations futures.
D. Une resp des générations présentes pour les générations présentes et futures
Le rapport Meadows de 1972 a été fait à la demande du MIT dans le cadre du Club du Rome. Ce
rapport s’appelle Limits to growth et ça a été la première utilisation de l’ordinateur. Ils ont conclu à
un effondrement de la civilisation industrielle qui sera difficile à éviter : diminution de la prod° in-
dustrielle, agricole, de la population au cours du 19ès.
A. Bareau est astrophysicien et sa spécialité est le trou noir. Il a lancé à l’automne 2018 une péti-
tion appelée l’affaire du siècle qui dénonçait l’inaction de l’État sur les conditions climatiques.
La collapsologie est l’étude transdisciplinaire d’un possible effondrement de la société industrielle.
Elle est transdisciplinaire car elle mobilise l’écologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie...
Conclusion section 2. Il faut faire une transition de civilisation et pas juste sur le plan éco-
logique. Il faut changer notre manière d’utiliser l’eau, de nous déplacer, de nous alimenter, de fabri-
quer les choses dont nous avons besoin, de produire nos aliments. On va devoir recréer beaucoup de
liens que nous avons perdus : le lien à la nature mais aussi les liens humains et on va devoir se se-
vrer car nous sommes une société dépendante.
B. En droit romain
En droit romain, la sép° commence entre la resp pénale et civile mais elle n’a jamais été complète.
Peu à peu, la distinction va émerger et va s’affiner entre d’un côté les peines infligées par l’État
(corporelles ou pécuniaires) et d’un autre côté, la réparation due à la victime qui peut être en nature
ou en argent.
A. Les différences
1. Une différence textuelle
La 1ère grosse différence est textuelle. La resp pénale ne peut être engagée que pour des infrac-
tions limitativement énumérées et définies par la loi. C’est le principe de légalité (= les infractions
doivent être prévues par la loi). Les infractions pénales sont en nb limité. Niellum crimen, nulla
paena sine lege. C’est ce principe qui fonde la légalité des peines.
La resp civile peut être mise en jeu pour des faits générateurs qui ont causé un dommage à autrui.
Ces faits ne font pas l’objet d’une liste limitative. Ils sont régis par des textes généraux qui posent
des principes de base et qui peuvent poser des hypothèses
→ art.1 240, 1 241 et 1 242 al.1. La différence est que ces textes du CC ne décrivent pas des com-
portements précis qui sont constitutifs d’infractions. Ils posent juste des conditions. Pour qu’il y ait
resp civil, il faut qu’il y ait un fait générateur ayant engendré un dommage.
b. Au plan de la sanction
La sanction pénale est une sanction graduée en fonction de la gravité de l’infraction commise :
contravention (5 classes) < délits < crimes.
La sanction de la resp civile est indépendante de la faute commise par le civilement resp. En re-
vanche, elle est proportionnelle à l’ampleur du préjudice qu’a subi la victime.
c. Au plan de l’assurance
Les conséquences de la resp pénale ne sont jamais assurables. En revanche, les conséquences de la
resp civile sont presque toujours assurables, même si cette resp est fondée sur une faute. La seule li-
mite est que la faute ne soit pas intentionnelle.
B. Les interférences
D’abord, malgré la différence d’objectifs entre les deux resp, les deux ordres de resp contribuent à
prévenir les comportements illicites et dommageables. Elles font peser la menace de sanction :
peine ou dommages et intérêts. Cela contribue à dissuader.
Ensuite, un même acte illicite peut être source des 2 responsabilité. Dans ce cas, cet acte aura la
double qualification (ex = vol d’une voiture)
- une faute pénale (une infraction) = le vol de la voiture
- une faute civile = le préjudice causé au propriétaire
Dans tous ces cas, la victime de l’infraction et du dommage va pouvoir agir soit devant le juge pé-
nal, qui est saisi par l’action publique, en se constituant partie civile. Elle peut aussi choisir d’agir
devant le juge civil pour obtenir la réparation du préjudice qu’elle a subi.
A l’issue du procès, l’auteur de l’infraction et du dommage pourra d’un point de vue pénal être
sanctionné par une peine (amende et/ou de prison) et d’un point de vue civil, il pourra être condam-
né à verser des dommages et intérêts à la victime.
Conclusion.
Cette notion de responsabilité est appuyée étymologiquement sur la respons. On peut dire que la
notion de responsabilité est profondément transversale. Elle ne se laisse pas enfermer dans les cloi-
sonnements disciplinaires. Elle est, de plus, profondément reliée à l’humain. On trouve plusieurs
rapports à la responsabilité :
-le déni - le report de la responsabilité à l’extérieur
- la confusion avec la culpabilité - distanciation
- la responsabilité partagée - miroir - je vis ce que je vibre
Chapitre 2 : Les sources du droit de la responsabilité
L’évolution des sources du Dt de la resp reflète l’évolution des sources du droit. Cette évolution des
sources du droit s’observe d’un point de vue quantitatif puisque le nb de sources du droit évolue,
ainsi que sur un point de vue qualitatif avec une diversification des sources et l’apparition de nelles,
de même que la reconnaissance de sources qui ont toujours été là mais que l’on ne reconnaissait
pas. Tout ce processus d’évolution participe à un processus plus large de densification normative
qui va au-delà de la seule inflation législative.
1.Le volet réalisé: la réforme du dt des contrats, du régime G et de la preuve des ob°
er
Ce volet a déjà été réalisé par l’ordonnance du 10 février 2016 qui est entrée en vigueur au 1 oc-
tobre 2016. Cette réforme a déjà modifié le plan du CC, ainsi que la numérotation des articles, non
seulement pour le droit des contrats mais par ricochet, du DRC qui lui fait suite. Désormais, le DRC
ne figure plus aux art.1 382 et ss mais aux
art.-1 240 et ss. En revanche, le contenu des articles demeure inchangé depuis 1804.
2. Le volet en suspens : la réforme du droit de la responsabilité civile
Il s’agit de la réforme des art.1 240 et ss actuels du CC. Pour l’instant, il n’y a pas de signal d’une
intention du gouv actuel de donner suite à cette réforme. Il y a au ministère de la justice un bureau
du droit des ob°. Il est en attente des décisions du Gouv à ce sujet. Pour l’instant, on a un avant-pro-
jet qui est devenu un projet.
Il y a eu deux étapes dans l’élaboration de ce texte :
- l’avant-projet de loi de 2016 portant réforme de la resp civile = a été rendu public le 29 avril 2016
par le ministre de la Justice Urvoas et il précise que cet avant-projet va être soumis à consultation
publique jusqu’au 31 août 2016 de la même manière que le projet de réforme des contrats avait été
soumis à consultation publique.
- le projet de réforme de 2017 portant réforme de la resp civile = a été présenté le 13 mars 2017 par
Urvoas à la suite de la consultation publique
a. Ses objectifs
Il veut moderniser, actualiser et clarifier le Dt+. Pour cela, il faut introduire dans le CC des solu-
tions qui sont de JP constante. On retrouve aussi l’idée d’introduire dans le CC des innovat°. Il y a
l’ambit° de renforcer la protect° jur des victimes d’accidents corporels.
b. Sa forme
Le projet comporte plus de 80 articles et l’avant-projet n’en comportait que 72. Le plan du projet
comporte un sous-titre II intitulé La resp civile. On a une série de 6 chapitres :
I. Les dispositions liminaires II. Les conditions de la resp
III. Les condit° d’exonérat° ou d’exclusion de la resp IV. Les effets de la resp
V. Les clauses portant sur la resp VI. Les principaux régimes spéciaux de resp
Le chapitre V a été rajouté dans l’avant-projet. Le plan retenu est inspiré des travaux universitaires
antérieurs et notamment du rapport Catala de 2005.
2. La présomption de faute, fondement des resp du fait d’autrui et du fait des choses (art. 1
384 anc.)
Dans ces deux régimes de resp du fait d’autrui et du fait des choses, le CC admet que l’on peut être
obligé à la réparation d’un dommage sans qu’il soit nécessaire de prouver une faute à la
charge du resp. Pour autant, ces règles ne sont pas détachées d’une idée de faute parce qu’elles
s’expliquent par un mécanisme de présomption de faute. Par exemple, le fait qu’un dommage ait
été causé par un enfant rendait probable la faute de surveillance de ses parents et on présumait que
le propriétaire d’un animal, qui avait causé un dommage à autrui, était en faute .
Dans ces cas de resp, on voit ici que ce qui sous-tend ces resp pour le codificateur est la présomp-
tion de faute. Elle venait renverser la tâche de preuve pour la victime. Sur la question du fonde-
ment, on restait fondé sur la faute mais au lieu qu’elle soit prouvée, elle était présumée.
A. Le fondement du risque
1. L’exposé de la théorie du risque
a. La théorie d’origine du risque : le risque créé
Cette théorie est créée à la fin du XIXe siècle par Saleilles et Josserand. Ils convergent vers la
même idée, c’est l’expression originelle de la théorie du risque : il faut faire peser la resp du dom-
mage subi par une victime sur celui qui a créé le risque à la source du dommage. Plus large-
ment, leur idée est que chacun doit assumer la resp du dommage dont il a créé le risque et la consé-
quence technique est que toute activité dommageable, même non fautive, doit pouvoir engendrer
une responsabilité (ex = les activités industrielles).
B. Le fondement de la garantie
La théorie de la garantie est proposé par Starck qui est un juriste atypique :
- « Essai d’une théorie G de la RC considérée en sa double fonction de garantie et de peine privée »,
1947
Conclusion I.
La théorie du risque. Toute activité qui créée pour autrui un risque rend son auteur responsable du
dommage qu’elle peut causer sans qu’il y ait à rechercher s’il y a eut une faute à l’origine de ce
dommage.
La théorie de la garantie. Toute personne possède des droits garantis et donc l’atteinte portée à ces
droits justifie à elle seule l’ob° de réparation, cad sans qu’une faute soit requise.
Avec des justifications distinctes, l’une qui concerne l’activité source de risque dommageable et
l’autre qui concerne les droits de la victime, ces deux fondements ont en commun de ne pas nécessi-
ter l’existence d’une faute pour engager la resp et permettre la réparation du dommage.
b. La Sécurité sociale
La Sécurité sociale est une manifestation de solidarité sociale car l’ensemble de la collectivité va
porter la charge des atteintes à la santé et leurs conséquences pécuniaires. Par exemple, la réparation
des accidents du travail est incorporé dans le régime G de la Sécurité sociale depuis 1946.
Conclusion II.
Tous ces mécanismes ont contribué à renforcer la resp objective, donc une resp détachée de la faute.
Le soucis d’indemnisation des victimes a amené cette solidarité, quitte à ce que le responsable ne
soit pas le payeur.
Conclusion.
La RC et les juristes sont périodiquement soumis à des défis évolutifs :
- le défi de l’indemnisation des victimes = à relever de la fin du XIXe siècle et pendant tout le
XXe siècle, a été relevé sur le plan des idées en inventant de nouveaux fondements (fondements du
risque et de la garantie) et sur le plan de la technique juridique en mettant en place les mécanismes
de socialisation
- le défi de l’anticipation des risques = au niveau de la théorie G de la resp, il faut l’invention de
nouveaux fondements. Le fondement de la précaution ou de la préservation a été proposé afin
de permettre une resp envers les générations futures, envers les générations actuelles également
mais les générations actuelles sont auteurs et victimes. Sur le plan technique, il faut mettre en
place des mécanismes d’anticipation, des mesures préventives qui nous permettent de ne pas at-
tendre que les dommages se réalisent
- « Le principe de précaution en DRC », M. Boutonnet - « Les sanctions préventives », C. Sintez
B. L’extension du domaine
Le principe de précaution est apparu dans le droit de l’environnement. Il s’est étendu au droit de la
santé et il a un potentiel d’extension pour permettre une protection plus large du vivant.
2. La jurisprudence
Sa densification juridique est venue des juges du fond, en matière de contentieux de téléphonie mo-
bile sur la nocivité des antennes relais. En France, la 1ère décision de justice qui s’est appuyé sur le
principe de précaution en matière de RC est :
TGI de Grasse, 17 mars 2003: une commune avait introduit une action en justice contre la société
SFR car elle avait implanté une antenne de téléphonie mobile à proximité d’écoles maternelle et pri-
maire et le juge accueille la demande en ordonnant une mesure préventive : le déplacement de l’an-
tenne en s’appuyant sur le principe de précaution et sur la RC et puis précisément, la théorie des
troubles de voisinage.
Conclusion. Pendant longtemps, la question des fonctions n’a pas suscité beaucoup d’interroga-
tions doctrinales. Cela vient de la manière dont on définit la RC.
C. Une proposition
Il serait clarifiant de regrouper les fonctions de la RC dans le 1er art du prochain projet. Une rédac-
tion a été proposée : « Indépendamment de la réparation du préjudice éventuellement subi, le juge
peut prescrire les mesures propres - à prévenir le dommage
- à faire cesser le trouble illicite ou anormal auquel est exposé le demandeur - à punir
les comportements constitutifs de faute lucrative »
A. Le changement ponctuel
Le changement ponctuel est un changement qui a lieu par couches successives. Dans la JP, on a vu
au cours des premières décennies du XXe siècle, des expressions changer : la présomption de
faute → la présomption de resp → la resp de plein droit.
Le changement ponctuel a lieu en douceur, parfois sans véritable conscience du changement en
train de se faire. Les petites touches de changement s’étalent dans la durée.
E. Le changement de paradigme
Le paradigme vient de T. Kuhn dans son livre publié en 1962. Le paradigme est un cadre de réfé-
rence sur lequel la communauté scientifique s’accorde. Ce cadre de référence donne cohérence à un
ensemble de solutions dégagées par la science dans une discipline. Pendant une période, il y a un
paradigme dominant. Dans les périodes de sciences normales, il y un accord autour d’une vision.
Cependant, certaines recherches ne cadrent pas avec le paradigme dominant. Au début, les choses
qui ne cadrent pas sont appelées des anomalies.
Tout d’abord, il est assez fréquent que ces différents types de changements se succèdent. Ensuite,
c’est souvent après coup que l’on peut dire qu’il y a eu un changement de paradigme. Enfin, les mu-
tations qui se sont produites dans le passé, comme l’évolution des fondements dans la resp, peuvent
nous aider à comprendre les mutations nécessaires au présent.
A. En 1804
En 1804, le fondement (ou paradigme) qui est délibérément mis en avant par les codificateurs est le
fondement de la faute. Les quelques cas de resp où la faute est présumée, et donc non exigée, sont
présentés comme des exceptions.
Au fil du XIXe siècle, le fondement de la faute s’avère insuffisant parce que cette exigence de
prouver une faute aboutit parfois à des absences de réparation du dommage.
Chapitre 1 : Le préjudice
Depuis le XXe siècle, le préjudice est devenu la condition centrale de la RC en raison de l’objec-
tivation de cette dernière, c’est-à-dire en raison du dév de la resp sans faute.
Conclusion II. Les nomenclatures sont des petites sources du droit ; elles ne sont ni officielles,
ni légales et sont privées d’origine doctrinale au sens large. Ce sont des sources d’inspiration et
d’harmonisation. Elles ont une très grande force normative pour le rapport Dintilhac.
1. En théorie
En théorie, ce préjudice patrimonial a deux facettes. On l’analyse :
- en perte subie (damnum emergens) = appauvrissement de la victime
- et/ou en un gain manqué (lucrum cessans) = la victime est privée d’un enrichissement que raison-
nablement elle pouvait escompter
2. En pratique
En pratique, ce préjudice patrimonial englobe :
- les atteintes aux biens - la destruction d’un bien
B. Les atteintes à la personne physique : le préjudice matériel dans son aspect patrimonial
Il s’agit d’atteintes à la santé, à l’intégrité du corps, voire à la vie-même de la personne. De ces at-
teintes résulte le préjudice corporel dans son aspect patrimonial.
Dans ce préjudice corporel, la perte subie consiste en un appauvrissement économique dû à tous les
frais engagés par la victime (frais médicaux).
Quant au gain manqué, c’est un manque à gagner qui résulte de l’incapacité de travail de la victime.
Cette incapacité peut être totale ou partielle, permanente ou temporaire.
Préjudice corporel :
→ préjudice patrimonial (économique ou matériel)
→ préjudice extra-patrimonial (moral ou personnel)
Dans le projet de réforme de la resp, il y a une attention à ce type de préjudice particulier. Ce sont
les art. 1 267 à 1 277 du projet. Le projet prévoit une nomenclature officielle de ces préjudices cor-
porels dans son art. 1 269 et il est précisé que c’est une nomenclature non limitative donc ouverte.
b. En jurisprudence
Cette controverse est restée sans effet. La JP a admis sans hésitation l’indemnisation du préjudice
moral depuis :
Le CE a été très longtemps hostile à la réparation du préjudice moral et ne s’est rallié au sens de la
JP de la CDC qu’en 1961.
Cass., cham. réunies, 15 juin 1833
Cass., chamb. civ., 13 février 1923, Lejars-Templier
CE, 24 novembre 1961, Letisserand
1_ le préjudice esthétique
Le préjudice esthétique est le préjudice qui résulte de cicatrices de défiguration et de mutilation. Il
a d’abord été réparé par la JP qui tenait compte des mutilations vraiment graves mais de nos jours,
la JP répare ce préjudice avec plus de largesse et désormais, dans le droit+, sont comprises dans ce
préjudice esthétique, toutes les atteintes qui sont portées à l’apparence physique de la personne à
partir du moment où elles peuvent faire souffrir la victime ou la gêner dans ses activités quoti-
diennes. Les experts ont une échelle d’évaluation de 1 à 7 pour évaluer ce type de préjudice esthé-
tique.
2_ le préjudice d’agrément
Ce préjudice d’agrément n’a pas toujours été indemnisé par les juges.
Étape 1: Initialement les juges avaient du mal à définir ce préjudice. À l’origine ce préjudice est ap-
précié in concretum en examinant quelles étaient les activités antérieures de la victime. Le préju-
dice d’agrément a été décrit par Cadier comme une activité qui n’indemnisait que les plus aisés. A
partir des années 1950, la JP a commencé à indemniser ce type de préjudice. Le préjudice d’agré-
ment est une conséquence extra-patrimoniale du préjudice corporel, tout comme le préjudice esthé-
tique. La JP a progressivement beaucoup évolué sur sa compréhension du préjudice d’agrément.
Étape 2: La déf° initiale de la JP est étroite et subjective . Elle considère que le préjudice d’agré-
ment résulte de la perte pour une personne de la possibilité de se livrer à des activités de loisir spé-
cifique qu’elle pratiquait auparavant. A l’origine, le préjudice d’agrément est apprécié de manière
subjective en fonction du profil concret de la victime.
Ensuite, a été adoptée une conception élargie et objective. La Cass va se rallier à une conception
plus large du préjudice d’agrément avec des variations dans la formulation.
Cass., chamb. crim., 26 mai 1992 = le préjudice d’agrément correspond à « la privation des agré-
ments d’une vie normale ou des agréments normaux de l’existence »
Arrêt 2è C.Civ = le préjudice d’agrément correspond à « la privation des joies usuelles de l’exis-
tence. » (jardiner, promener, voyager...)
et = la perte de goût et d’odorat sont indemnisables en tant que préjudice d’agrément
>CDC 2è Cciv 19 avril 2005
Étape 3: = retour à une interprétation plus étroite car la décision a CA de Colmar qui avait indem-
nisé au titre du préjudice d’agrément la perte de qualité de vie et des joies usuelles de la vie cou-
rante de la victime contaminée par transfusion sanguine a été cassée.
La CDC motive sa décision de cassation en reprenant in extenso la nomenclature Dintilhac selon la-
quelle « la perte de qualité de vie et les joies usuelles de la vie courante » ne relève pas du préju-
dice d’agrément mais de l’incapacité totale ou partielle qui est désormais incluse dans la nomencla-
ture dans les postes de préjudice qu’elle dénomme déficits fonctionnels. A nouveau, il résulte une
déf° réduite du préjudice d’agrément.
3_ le préjudice sexuel
détaché du préjudice d’agrément, c’est un préjudice personnel. Le rapport Dintilhac le classe dans
les préjudices extra-patrimoniaux permanents. L’intérêt technique a qualifié le préjudice sexuel
de préjudice de nature personnelle. Le montant de l’indemnisation des préjudices personnels et du
préjudice sexuel est exclu du recours des organismes sociaux. La somme qui est allouée à la per-
sonne au titre de son préjudice sexuel lui revient personnellement et ne peut pas lui être retirée.
Le préjudice sexuel a plusieurs facettes qui sont énumérées par le rapport Dintilhac. Il comprend le
préjudice lié :
- à l’acte lui même (perte de la libido…)
- à l’atteinte aux organes sexuels primaires et secondaires
- à l’acte sexuel
- à l’impossibilité ou à une difficulté de procréer. Préjudice morphologique
Cette énumération est reprise par la CDC :
= l’appréciation de ce préjudice se fait in concreto d’où cette prise en compte de l’âge de la victime
La CDC dans CASS CIV1 1er juin 2010 fait d’ailleurs état de cette énumération des préjudices.
4_ le préjudice d’affection
Le préjudice d’affection est l’atteinte portée aux sentiments causé par la perte d’un proche. Auj
cela peut également être causé par l’invalidité d’un proche. Ce n’est pas le préjudice vécu par la vic-
time directe mais le préjudice vécu par ses proches. C’est un préjudice par ricochet. Toute la
controverse doctrinale qui s’est développée au milieu du XXe siècle s’est déroulée autour de la
question du préjudice d’affection. Notre droit admet la réparation de ce préjudice d’affection dès le
XIXe siècle :
CDC 2è Cciv 5 oct 2006 CDC 2è Cciv 25 février 1981
CDC 2è CCiv 23 oct 1985 CDC 2è Cciv 28 mai 2009
CDC 2è CCiv 6 janv 1993= le préjudice sexuel est un préjudice à part entière, autonome et CDC
2è Cciv 17 juin 2010
Cass., chamb. civ., 13 février 1923, Lejars-Templier = énonce que l’art. 1 382 « s’applique, par la
généralité de ses termes, aussi bien au dommage moral qu’au dommage matériel. »
Cette argumentation repose sur une maxime d’interprétation ubi lex non distinguit.> là ou la loi ne
distingue pas, il n’y a pas lieu de distinguer
Les juges du fond ont donc pu condamner le resp à la réparation du préjudice moral résultant de la
douleur qu’éprouve les enfants à la mort de leur père.
En ce qui concerne le dommage moral résultant de la perte d’un animal, en principe n’est pas in-
demnisé par la JP en l’état actuel de notre droit positif sauf exception.
EX: l’arrêt LUNIUS CDC16janv1962
5_ le préjudice d’anxiété
C’est un préjudice moral apparu récemment. Depuis 2010, la CDC en tient compte et on peut le dé-
finir comme le préjudice résultant d’une situation d’inquiétude permanente dans laquelle se trouve
une personne face au risque de la survenance d’un dommage.
Ces risques de survenance d’un dommage sont multiples.
-Il y a un préjudice d’anxiété face au risque de déclaration d’une maladie due à l’exposition à
l’amiante :
Cass., chamb. plén., 5 avril 2019 = ouverture de la voie aux actions en RC visant à la réparation du
préjudice d’anxiété
Cass., chamb. soc., 11 septembre 2019 = indemnisation des salariés exposés à l’amiante mais dont
l’employeur n’est pas inscrit sur la liste ACAATA
-Il existe également un préjudice d’anxiété face aux risques de graves lésions dues à la prise d’un
médicament comme le Mediator qui a été dévié de son utilisation :
= reconnaissance du préjudice d’anxiété pour 12 patients → = a débouté les victimes.
-Il existe un préjudice d’anxiété face à d’autres risques liés à la proximité d’une antenne de télé-
phonie mobile :
CA Versailles, 4 février 2009
Ce préjudice d’anxiété ne provient pas du dommage corporel actualisé mais il provient de la me-
nace de la survenance de ce dommage. Ce qui est caractéristique du préjudice d’anxiété est qu’il
est permanent.
2.
a. Le dommage actuel
Le dommage actuel est nécessairement certain puisqu’il est réalisé donc la qu° de la certitude ne se
pose pas. Tout au plus, il y aura besoin de faire une évaluation au moyen d’expertise pour chiffrer
son montant.
Exemple = plusieurs différents chefs de préjudice (montants des frais de réparation de la voiture,
hospitalisation, remboursement de salaires perdus en cas d’ITT...)
CDC 2è Cciv 11 sept 2014
CDC 2è Cciv 2 fée 2017
b. Le dommage futur
Le dommage futur est aussi réparable dans notre droit car la certitude du dommage ne se confond
pas avec son actualité. C’est la JP qui a ouvert cette possibilité et le dommage sera à la fois futur et
certain, donc réparable, s’il apparaît « comme la prolongation certaine et directe d’un état de chose
actuelle. »
er
Cass., chamb. Req., 1 juin 1932 x3 = consécration du principe de la réparation du dommage futur,
à la condition qu’il apparaisse bien comme la prolongation certaine et directe d’un état de chose ac-
tuelle → attendu de principe
Depuis ces trois arrêts, cette JP a sans cesse été réaffirmée et est devenue constante donc la question
ne se plaide plus. Par exemple, la réparation d’une incapacité permanente de travail est la réparation
d’un préjudice futur.
Selon la terminologie de la nomenclature Dintilhac, il s’agit d’un préjudice patrimonial
permanent.
c. Le dommage éventuel Le dom-
mage éventuel est celui dont la réalisation est hypothétique et incertaine. Il se peut qu’il se réalise
mais il se peut qu’il ne se réalise pas, donc il n’est pas réparable. On est dans une logique binaire
cad à 2 solutions: -le dommage est
certain et réparable
-le dommage est éventuel et non réparable
Dans la logique binaire il n’y a que deux solutions: 0 et 1
er
ass., chamb. Req. 1 juin 1932 = « il n’est pas possible d’allouer des dommages et intérêts en répa-
ration d’un préjudice éventuel »
a. Un domaine large
L’indemnisation de la perte de chance est admise par la JP dans des domaines variés. Il peut s’agir
de la perte de chance de :
- gains financiers = un jockey a été condamné à réparer le préjudice causé à un parieur qui avait
perdu par sa faute de grosses chances de gains
- gagner un procès = on a beaucoup d’exemples d’avocats qui ont oublié d’exercer une voie de re-
cours et doivent indemniser le plaideur car ce dernier perd la chance de voir réexaminer en appel
- guérison ou d’amélioration de l’état de santé - survie due à la faute d’un médecin
- se présenter à un examen et de le réussir
- promotion professionnelle
Dans tout ces cas, la JP considère ce préjudice de perte de chance cô un préjudice certain.
re
Cass., 1 civ., 26 septembre 2018 = la perte dossier médical d’une patiente met en jeu la resp médi-
cale d’une clinique.
→ CA Aix-en-Provence, 6 avril 2017 = la perte du dossier médical de la patiente est une faute de la
clinique, une faute ayant entraîné une perte de chance
a. Initialement
Initialement, la JP exigeait l’existence d’un lien de droit entre la victime directe et la victime par
ricochet (lien de parenté, lien d’alliance) :
Cass., chamb. Req., 2 février 1931 = le conjoint et les enfants et plus largement les parents et alliés
formaient le cœur des victimes par ricochet
Cette solution a été critiquée car elle laissait sans indemnisation des proches qui n’avaient pas ce
lien de parenté ou d’alliance :
Cass., 27 juillet 1937, Metenier = refus d’indemniser le compagnon de la victime décédée car ab-
sence de justif° d’un intérêt légitime jurment protégé.
b. A partir des années 1950
La JP évolue dans le sens de la libéralisation de la JP. La JP commence à élargir le cercle des pos-
sibles victimes par ricochet. C’est la ch.crim qui accepte d’indemniser la concubine et c’est là
qu’apparaissent des tensions de la CDC jusqu’à provoquer la réunion d’une chambre mixte :
Cass., chamb. mixte, 27 février 1970, Gaudras contre Dangereux = l’indemnisation du préjudice de
la compagne non mariée est admise alors pourtant que le concubinage ne constitue pas un lien de
droit mais seulement un lien de fait
→ l’arrêt pose une limite à cette indemnisation : concubinage non délictueux (non adultérin)
c. Jusqu’à maintenant
Par la suite, cette limite a disparu de la jurisprudence :
Cass., chamb. crim., 19 juin 1975 = indemnisation de la concubine, même en cas d’adultère 11
juillet 1975 = dépénalisation de l’adultère
Le mouvement de libéralisation de la JP continue :
= indemnisation précaire en cas de double concubinage
= les juges vont reconnaître l’indemnisation en cas de couple homosexuel, même en l’absence de
cohabitation, le concubinage doit seulement être stable
Au fond, c’est la qualité du lien qui est plus importante et emporte la nature jur du lien.
Dans le droit+, toute personne qui prouve avoir souffert d’un dommage personnel par contrecoup de
celui subi par la victime initiale a le droit d’en obtenir la réparat°. Il y a une # de régime pour le
conjoint et les enfants de la victime initiale : l’existence du préjudice d’affection est présumée. Pour
les autres victimes par ricochet, il faut établir le lien.
CDC 1è Cciv 8 juin 1985
CDC 2è Cciv 25 juin 1995 Belfort
2. Les associations défendant les intérêts collectifs de portée plus générale (dépassent les inté-
rêts de leurs seuls membres)
Cass., chamb. réunies, 15 juin 1923 = hostilité à la recevabilité des actions civiles des assoc° défen-
dant les intérêts collectifs de portée plus G.
Le législateur a consacré des exceptions, cad qu’il a conféré des habilitations légales ponctuelles à
certains types d’associations. C’est le cas pour les associations :
- de lutte contre le racisme qui peuvent agir pour les infractions qualifiées de racistes à l’égard de
er
la loi depuis la loi du 1 juillet 1972
- agrées de consommateurs pour les atteintes à l’intérêt collectif des associateurs (art. L. 421)
- de protection animale pour les sévices et actes de cruauté envers les animaux depuis la loi du 10
juillet 1978
- de protection de la nature et de l’environnement depuis la loi Barnier (2 février 1995) = elle
agrée les associations d’agir en resp pour tous les faits portant préjudices à l’intérêt collectif
qu’elles défendent
Au fil du temps, il y a une vraie tendance à l’élargissement du droit à agir octroyé aux assoc°. Cet
assouplissement est vu dans les # sources du droit.
a. La doctrine
La doctrine appelle à un droit G des assoc° du droit d’agir en resp concernant leur objet social. La
doctrine demande au législateur de reconnaître ce droit G d’agir en resp.
b. La jurisprudence
On retrouve deux évolutions significatives dans ce sens :
- l’admission jurisprudentielle du préjudice moral de ces associations
>CDC 3è Cciv 8 juin 2011
= a élargi la notion de dommage moral pour permettre:
- à une assoc° de lutte contre les pollutions et nuisance de réclamer des dommages et intérêts à
une société d’exploitation de dépôt pétrolier
- l’admission de l’action des assoc° même non habilitées à demander la réparation du préju-
dice collectif, même hors habilitation législative, une assoc° peut agir en justice au nom d’inté-
rêts collectifs dès lors que ceci entre dans son objet social.
a. Le préjudice subjectif
Le préjudice subjectif regroupe les atteintes portées aux intérêts patrimoniaux et extra- patrimo-
niaux des sujets de droit du fait de la pollution. On comprend à travers cette déf° que pour la CA,
certains préjudices subjectifs sont patrimoniaux comme par exemple le préjudice matériel lié aux
activités de dépollution, cad tous les frais de nettoyage des sites. Un autre exemple de préjudice pa-
trimonial est le préjudice économique résultant de la pollution comme par exemple les pertes de
chiffre d’affaires (le manque à gagner) subies par les professionnels du tourisme.
D’autres préjudices subjectifs sont extra-patrimoniaux et la CA de Paris a saisi l’occasion pour affi-
ner le préjudice moral des associations de protection de l’environnement puisqu’elle a indemnisé un
préjudice particulier qu’elle a appelé le prix du découragement parce que la marée noire a porté at-
teinte de plein fouet à leur objet social et à tous les efforts déployés auparavant pour la protection de
l’environnement. Elle a également indemnisé au titre du préjudice moral les collectivités territo-
riales pour atteinte à leur image de marque au sens où ce sont des collectivités qui ont une dépen-
dance importante au tourisme et aux activités de pêche. Le préjudice écologique a une dimension
subjective.
b. Le préjudice objectif
Le préjudice objectif est le préjudice écologique pur. Il s’agit d’une atteinte à l’intégrité du patri-
moine naturel et la Cour va en donner une définition précise. Ce préjudice objectif s’entend de toute
atteinte non négligeable à l’environnement naturel, à savoir notamment l’air, l’atmosphère, l’eau,
les sols, les terres, les paysages, les sites naturels, la biodiversité et l’interaction entre ces éléments
qui est sans répercussion sur un intérêt humain particulier mais qui affecte un intérêt collectif ou lé-
gitime. On a une extension remarquable de la liste des préjudices en DRC.
Cass., chamb. crim., 25 septembre 2012 = maintient les condamnations à l’encontre de la Sté TO-
TAL mais les commentateurs ont souligné que de nombreuses questions restaient en suspens à la
suite de cette affaire. La doctrine est favorable à des mesures de réparation spécifiques qui soient
des mesures de remise en état initial de l’environnement.
Cass., chamb. crim., 22 mars 2016 = reprise de la définition large du préjudice écologique retenue
dans l’affaire Erika. Dans cette JP postérieure, la CDC précise dans cet arrêt que les difficultés
d’évaluation pécuniaire ne dispense pas au juge d’en assurer la réparation.
2. Une consécration effective par la loi n° 2016 – 1 087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la
biodiversité, de la nature et des paysages
Cette loi a été incorporée au CC au livre III, dans un chapitre 3 intitulé La réparation du préjudice
écologique. Une série d’articles commence à l’art. 1 246 et on y trouve une déf°, les titulaires de
l’action (1 248) et les modes de réparation de ce préjudice (1 249 à 1 250) et la question de la pré-
vention (1 251 à 1 252).
La JP avait commencé à réparer ce type de préjudice mais cette loi donne un fondement jur spéci-
fique à la réparation du préjudice écologique. Elle affirme à l’art. 1 246 nouv. que toute personne
responsable d’un préjudice écologique est tenue de le réparer. L’art. 1 247 donne la déf° de ce
préjudice en disant est réparable... le préjudice écologique consistant en une atteinte non négli-
geable aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes ou aux bénéfices collectifs tirés par l’homme
de son environnement.
Soit on assimile resp et réparation, soit on fait le lien avec l’art. 1 252 nouv. et on y voit la fonction
de réparation à l’art.1 246 mais ce n’est pas la seule fonction visée puisque l’art. 1 252 dispose in-
dépendamment de la réparation du préjudice écologique, le juge... peut prescrire les mesures rai-
sonnables propres à prévenir ou faire cesser le dommage. Dans cet art. 1 252, il y a trois fonctions
de la RC.
Si on met ensemble les art.1 246 et 1 252, on a trois fonctions de la RC qui sont citées, dont la
fonction préventive. Avec ce texte, le juge est autorisé en matière de préjudice écologique à prendre
des mesures d’évitement du dommage.
Section 1. La faute
Tout d’abord, on peut émettre une observation sur la double nature de la faute. Quand on parle de la
faute, on peut parler de la faute en tant :
- que fondement de la RC - que condition de la RC
La faute en tant que cond° est un fait générateur ou fait personnel. En tant que cond°, la faute est in-
cluse parmi les faits générateurs. Cela relève du droit+ et du régime de la RC.
Ensuite, concernant la valeur normative du principe de resp pour faute veut que toute faute domma-
geable appelle réparation de la part de son auteur. Ce principe a été tiré du CC (art. 1 240 et 1 241)
donc c’est un principe qui a une valeur légale mais il a en plus une valeur C°elle depuis une déci-
sion :
CC, 22 octobre 1982, décision n° 82 – 144 DC = constitutionnalisation du principe de resp pour
faute → ce principe est présenté comme la conséquence du principe que nul n’a le droit de nuire à
autrui
Ce principe est fondé sur la DDHC de 1789. Le CC a réaffirmé la const°alisation de ce principe de
resp pour faute :
CC, 19 juin 1998, décision n° 98–403 DC = const°alisation du principe de resp pour faute.
La valeur normative est la force d’une norme qui est liée à sa source alors que la portée normative
est la force exercée sur les destinataires.
Enfin, il y a eut un recul de la resp pour faute lié au dév de la resp objective. La resp pour faute
reste assez souvent présentée comme étant le DC de la RC, cad qu’elle a vocation à régir toutes les
hyp non spécifiquement prévues par un texte. La resp pour faute trouve à s’appliquer dans des do-
maines très variés (concurrence déloyale, atteinte à l’honneur, utilisation du nom d’autrui...). La
faute est considérée comme la pierre angulaire de la resp du fait personnel, même si la manière
dont les juristes entendent le mot faute a beaucoup évolué par rapport à ce qu’ils entendaient en
1804. Pour résumer, on peut dire que la faute d’exclusivement subjective en 1804 est devenue pos-
siblement objective. La question de la faute a subi une double objectivation :
- des fondements - de la condition
C. La faute lucrative
On peut définir la faute lucrative comme une faute qui rapporte à son auteur plus que ce que la répa-
ration du dommage qu’elle cause pourrait lui coûter. Elle est délibérée et repose sur un calcul. Par
exemple, en matière de délit de presse, lorsqu’un journal à sensations publie un article qui porte at-
teinte à la vie d’une célébrité en sachant que cela va accroître ses ventes et en prenant le risque que
cette célébrité demande une réparation en justice.
b. Les exceptions
Certaines choses se trouvent exclus de la resp du fait des choses :
- les choses soumises à un statut spécial comme les véhicules terrestres à moteur soumis à la loi
du 5 juil1985 sur les accidents de la circulation. Jusqu’à cette loi, les accidents automobiles rele-
vaient de la resp du fait des choses
- les choses sans maître (dont personne n’a la maîtrise) :
→ art. 1 242 al. 1 = ne s’applique pas aux res nullius = choses qui n’ont jamais eu de propriétaire
(pluie, neige... sauf si une personne se les approprie en lançant une boule de neige et blessant quel-
qu’un)
→ art. 1 242 al. 1 = ne s’applique pas aux res delictae = choses abandonnés qui n’ont plus de pro-
priétaire. Parfois, dans le désir d’indemniser la victime, la JP considère qu’elle peut être susceptible
d’une garde momentanément (coup de pied dans une bouteille abandonnée qui blesse quelqu’un)
Cass., chamb. civ., 16 novembre 1920
Cass., chamb. réunies, 13 février 1930, Jand’heur
- le corps humain = en principe, n’est pas une chose. Le dommage qui résulte du corps d’une per-
sonne sans intermédiaire d’une chose entre son corps et le siège du dommage normalement ce n’est
pas une resp du fait des choses. La JP a admis que cette resp de l’art.1 242 al.1 peut s’appliquer
dans le corps d’une personne formait un tout avec une chose en lui empruntant son effet domma-
geable (collision de 2 skieurs sans contact des skis). La JP dit que le dommage provient de l’impul-
sion, de la vitesse que la chose a donné au corps donc elle transforme le corps en chose. La JP est
allée encore plus loin en admettant l’appli° de la resp du fait des choses au corps humain relié à une
chose inerte qui n’était pas lancé en mouvement, qui ne donnait aucune impulsion au corps de la
personne. (personne qui sort de sa voiture et tient la poignée de son véhicule et qui heurte une per-
sonne → corps considéré comme une chose car tient la voiture par sa poignée). Le corps est alors
considéré comme le prolongement d’une chose.
Il y a des points de vue radicalement opposés :
- la doctrine = choqué de cette application de la JP car la JP heurte de plein fouet le principe du res-
pect de la personne humaine (considérer le corps comme une chose). Mais, d’un point de vue pra-
tique, cette JP s’explique par le souci d’indemniser la victime
La chose au sens de la resp du fait des choses est entendue de manière extrêmement large. Elle va
dans le sens de l’indemnisation des victimes et va dans le sens de l’objectivation de la RC.
2. Le fait de la chose
En vertu de l’art. 1 242 al. 1, la réparation du dommage causé par une chose subie par la victime
suppose que ce dernier provienne du fait d’une chose.
La JP a écarté plusieurs sens possibles de cette expression fait de la chose pour n’en retenir qu’un
seul. Il y a fait de la chose lorsque la chose est cause du dommage. Donc, les juges exigent qu’il y
ait un lien de cause à effet entre cette chose et le dommage.
1. La notion de garde
La garde est un pouvoir effectif et indépendant sur la chose qui a causé le dommage.
b. Un pouvoir effectif
CDC 2è Cciv 23 mars 2000 CDC 2è Cciv 15 juin 2000
e
CDC 2è Cciv 29 mars 2012Cass., 2è CDC CCiv., 24 février 2005 Cass., 2
civ., 21 mai 2015
er
1 temps : On a considéré que la garde était un pouvoir de droit sur la chose donc un pouvoir
fondé par un titre jur. Dans cette concept° initiale, le lien était très fort entre la garde et la propriété
de cette même chose. En conséquence de cette déf° jur de la garde, le propriétaire d’une chose ne
perdait pas la garde de sa chose, même en cas de dépossession involontaire de cette chose car le
propriétaire conserve son titre jur de propriété sur la chose. Par exemple, en cas de vol de la chose.
Le propriétaire d’une chose pouvait être déclaré resp d’une chose pour un dommage réalisé par
cette chose alors qu’elle était dans les mains du voleur. Cette solution était très rigoureuse pour le
propriétaire, inspirée par la théorie du risque. C’est l’idée que la propriété d’une chose engendre des
risques pour les tiers et que ces risques doivent peser sur celui qui tire profit de cette propriété. La
JP a conservé une règle de cette théorie initiale : le propriétaire d’une chose est présumé en être le
gardien et s’il veut échapper à cette resp, c’est lui qui a la charge de prouver qu’au moment du dom-
mage, il n’avait pas la garde effective de la chose. Cette règle est reprise dans l’art. 1 243 al. 4 du
projet.
e
2 temps : La JP a admis que la garde était un pv de fait, autrement dit un pouvoir effectif exercé
sur la chose :
Cass., ch. réunies, 2 décembre 1941, Franck = le voleur d’une voiture a causé un accident avec
celle-ci
La CDC a considéré que le propriétaire dépossédé par l’effet du vol se trouvait dans l’impossibilité
d’exercer sur sa voiture aucune surveillance ; par conséquent, il n’en avait plus la garde puisqu’il
avait été privé de l’usage, de la direction et du contrôle de sa voiture. Cet arrêt est un grand arrêt
de principe car il définit la garde et contribue à en faire une notion jur. Dep cet arrêt, la garde ré-
side dans les pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle exercé sur la chose au moment où sur-
vient le dommage.
Cette déf° de la garde est reprise par le projet dans l’art. 1 243 al. 4 du projet qui énonce : le gardien
est celui qui a l’usage, le contrôle et la direction de la chose au moment du fait dommageable.
e
3 temps : La JP a précisé ce qu’était ce pv effectif sur la chose pour pouvoir mieux définir la
garde. Il s’agit d’un pv physique, concret, matériel qui est exercé sur la chose et qui permet de
considérer que le voleur est le gardien de la chose car c’est lui qui détient l’usage, la direction et le
contrôle de la chose.
2. La détermination du gardien
Déterminer le gardien d’une chose n’est pas une tâche facile pour le juge. Cependant, elle est facili-
tée par la présomption qui connaît certains infléchissements.
b. Le transfert de la garde
Le propriétaire est présumé gardien de sa chose et comme cette présomption est simple, il a le droit
de rapporter la preuve qu’il avait transféré la garde de cette chose à un tiers au moment où le dom-
mage s’est produit. Ce transfert de la garde peut ê volontaire ou non.
Le transfert de la garde est involontaire lorsque le propriétaire se fait voler sa chose. Le transfert de
la garde est volontaire lorsqu’il résulte d’un contrat puisqu’il y a eut accord de volonté qui donne
droit à la détention de la chose (contrats de prêt, de dépôt, de location, de vente). Cpdt, pour que ce
transfert ait lieu, il y a une condition : le détenteur de la chose doit exercer une réelle autorité sur la
chose pour pouvoir la céder.
En JP, les solutions sont assez sévères. Il a été jugé que le propriétaire d’un escabeau qui le confie à
un tiers afin de faire des travaux pour son compte n’a pas transféré la garde. De même, le proprié-
taire d’une tondeuse qui la prête à son voisin pour un usage déterminé et limité dans le temps, la JP
a considéré qu’il restait le gardien. Les juges considèrent que malgré les apparences, le détenteur de
la chose n’en avait pas la maîtrise et que le transfert ne s’est pas opéré.
Concernant les supermarchés en libre-service, en principe la JP considère que si on applique la pré-
somption de garde, le magasin reste resp du fait des choses vendues jusqu’à la conclusion du contrat
de vente avec le client donc du transfert de propriété de la chose lors du paiement. En principe, le
simple fait qu’un client manipule un objet dans un magasin et cause un dommage avec n’est pas
suffisant pour entraîner sa resp. La justif° théorique donnée en doctrine est que la resp du proprié-
taire du magasin est fondé sur le risque : le risque que le magasin accepte de courir dans cette forme
de vente qui laisse les clients se servir librement.
La JP a admis facilement le transfert de la garde de la chose à la charge de personne qui avaient
temporairement l’usage de cette chose. Par exemple, le client qui utilise un chariot et qui cause un
dommage avec est considéré comme ayant la garde du chariot ou celui qui ouvre la porte du maga-
sin acquière la garde de la porte ou à chaque fois que le comportement du client témoigne d’une vo-
lonté d’appropriation de la chose que ce soit par un acte de détérioration ou de consommation, la
présomption doit être renversée et la garde doit être transférée au client.
3. La comparaison de la formulation
Dans l’art. 1 242 al. 1 du CC, la formulation choisie par les codificateurs a permis aux juges de tirer
un principe G de resp du fait des choses et qu’il pourrait permettre de tirer un principe G de resp du
fait d’autrui.
Dans l’art. 1 245 al. 1 du projet, on trouve une formulation G et annonciatrice des cas particuliers.
Il est formulé de telle façon qu’on ne peut pas tirer de principe G de resp du fait d’autrui.
II. La discussion doctrinale autour de l’existence d’un principe G de resp du fait d’autrui
A. Le débat doctrinal
L’art.1 384 contient-il une énumération limitative des cas de resp du fait d’autrui dans les al.4 et ss
ou, au contraire, faut-il voir dans ce texte un principe G porté par l’al.1er qui énonce que l’on est
resp du dommage causé par le fait des personnes dont on doit répondre?
Si oui, il faut voir un principe G dans l’al. 1, on reconnaît que cet al. 1 a une valeur normative alors
que les codificateurs n’y voient qu’un article de transit° annonçant les art. suivants. Dans ce cas, les
art. suivants apparaissent comme des appli° de ce principe G.
Jusqu’en 1991, pratiquement toute la doctrine enseignait que l’art. 1 384 al. 1 ne contenait pas de
principe G de resp du fait d’autrui. Cet al. 1 se bornait à annoncer les cas particuliers de resp du fait
d’autrui prévus par les al. 4 et ss.
La JP considérait ces cas comme étant limitatifs et d’interprétation stricte. Cette opinion avait été
critiquée par Savatier dans sa chronique La resp G du fait des choses que l’on a sous la garde a-t-
elle pour pendant une resp G du fait des personnes dont on doit répondre ? (Dalloz, 1933) Il a ré-
pondu oui à cette question.
1. L’exclusion d’un principe général de responsabilité du fait d’autrui
Les frères Mazeaud ont développé la thèse dominante hostile à un fait général du fait d’autrui dans
leur traité de la RC. Ils ont développé 3 arguments pour exclure la possibilité qu’il y ait un principe
G du fait d’autrui.
a. L’argument exégétique
L’argument exégétique est l’intention des rédacteurs du CC. Ils ne voulaient pas créer un principe G
du fait d’autrui. Pour les codificateurs, l’art. 1 384 al. 1 n’était qu’un texte de transition sans
valeur normative spécifique. Ce texte n’est qu’un effet de style de la part des codificateurs et non
l’affirmation d’un principe G de resp.
b. L’argument pragmatique
Si l’on affirme un principe G de resp du fait d’autrui, ce serait difficile à mettre en œuvre car les #
cas spéciaux de resp du fait d’autrui prévus par le CC sont caractérisés par leur hétérogénéité. Ils
ont une grande diversité de régime car ils vont de la resp pour faute à la resp sans faute. C’est diffi-
cile de dégager un principe G qui expliquerait tous les régimes spéciaux.
c. L’argument idéologique
Les frères Mazeaud disent que reconnaître un principe général de resp du fait d’autrui ne s’impose
pas comme une nécessité sociale.
a. L’argument exégétique
Savatier va dire que cet argument exégétique peut être combattu par un argument analogique qui est
déjà présent dans le titre de sa chronique. En effet, la JP a bien réussi à créer un principe G de resp
du fait des choses à partir de l’art. 1 384 al. 1. On peut également le faire pour la resp du fait
d’autrui.
b. La faisabilité technique
Savatier dit que la variété de régimes des cas spéciaux de resp du fait des choses (1 385 et 1 386), il
y avait aussi une diversité de régimes et qui n’a pas empêché l’admission d’un principe G de resp
du fait des choses. On peut donc le faire pour la resp du fait d’autrui.
c. L’argument idéologique
C’est le caractère socialement souhaitable de ce principe G de la resp du fait d’autrui. Savatier
pense que l’évolut° sociale impose la créat°de ce principe G de resp du fait d’autrui.
Il faut regarder la sté comment elle évolue, cela impose donc un principe G de cette resp. Il dit que
l’éducation des mineurs, le traitement des malades mentaux ou la répression des délinquants se ca-
ractérisent par une liberté de plus en plus grande accordée à ces personnes. Cette liberté accordée à
ces personnes engendre des risques accrus pour les tiers. Pour lui, ces risques justifient une exten-
sion de la resp du fait d’autrui. Pareil que le dév du machinisme avait justifié le dév d’un principe G
du fait des choses.
2. L’amorce du revirement
Cass., ass. Plén., 9 mai 1984, Fullenwarth = la CDC va substituer à l’expression présompt° de faute
la présomption de resp. A travers cette terminologie, on observe un mouv d’objectivat°. Seulement,
la JP n’a pas tiré tout de suite les conséquences.
Conclusion
Le droit de la RC est en profonde mutation depuis la fin du XIXe siècle. Au XXe siècle, des mots-
clefs émergent :
- l’indemnisation
On est passé d’un centrage sur l’auteur du fait dommageable à un soucis prédominant de la victime.
- l’objectivation
On est passé d’une resp subjective par principe d’un droit commun qui était une resp pour faute à
une RC qui auj est en grande partie objective.
Ce mouvement d’objectivation se manifeste d’abord à travers les fondements, puis à travers les ré-
gimes de resp donc c’est une objectivation du droit+ avec une objectivation des conditions de la
RC.
On a une objectivation des conditions de la RC qui sont :
- une objectivation des faits générateurs avec l’objectivation de la faute, le fait de la chose qui est
aussi objectif
- une objectivation du préjudice
- pluralité
On est passé d’un fondement unique : celui de la faute à une pluralité de fondements possibles. Il y
a une pluralité de régimes de responsabilité civile : resp pour # types d’accidents (ex = resp du fait
des accidents de la circulation). Il y a des resp catégorielles qui visent des catégories de métiers
(resp des notaires, des avocats).
- garantie
Il y a une tendance au XXe de vouloir garantir l’indemnisation de la victime. C’est Starck qui l’a
amené en responsabilité civile. Les causes d’exonération du responsable se sont réduites : Il y a 2
extrêmes possibles : le cas où la preuve de l’absence de faute est exonératoire. La preuve d’un cas
de force majeure est exonératoire. Même la force majeure n’est pas exonératoire dans certains cas.
C’est le cas en matière d’accident de la circulation automobile.
Il y a des cas intermédiaires où l’absence de faute n’est plus exonératoire mais la force majeure l’est
encore comme pour les parents. Plus on veut garantir l’indemnisation de la victime, plus on diminue
les causes d’exonération.
- prévention
Il y a un élargissement des fonctions de la RC qui ajouterait à la fonction curative des dommages
une fonction préventive ?
- précaution
Quelle intégration la resp va-t-elle faire du principe de précaution.
Équilibre, objectivité, subjectivité, générations futures : va-t-on assister à un rééquilibrage avec une
réintroduction progressive de la subjectivité.
Est-ce qu’on va développer une resp de l’avenir soucieuse des générations futures ? Il faut dévelop-
per une resp jur pour l’avenir.
A l’échelle de la resp individuelle, c’est l’appel à la résistance climatique qui a été lancé par G. Ve-
ret