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DROIT DES OBLIGATIONS

(Principes généraux de
l’obligation)

Le Motdu Droit

GHELL MALOLA MALOLA DOCTORANT


EN DROIT PUBLIC
SOMMAIRE
CHAPITRE 1 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX RELATIFS
À L’OBLIGATION

I. LES SOURCES DES OBLIGATIONS

A – L’ACTE JURIDIQUE
B – LE FAIT JURIDIQUE
C – L’OBLIGATION NATURELLE

1) La notion d’obligation naturelle


2) Les effets de l’obligation naturelle

II. LES CARACTÈRES DE L’OBLIGATION

A. CARACTERE OBLIGATOIRE
B. CARACTERE PERSONNEL
C. CARACTERE PATRIMONIAL
D. CARACTERE MOBILIER

III. LA PREUVE DES OBLIGATIONS

A – LES PRINCIPES GÉNÉRAUX RELATIFS À LA


PREUVE

1) La charge de la preuve
2) Les présomptions
3) L’autorité de la chose jugée
4) Les « contrats sur la preuve »
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B – L’ADMISSIBILITÉ DES MODES DE PREUVE

1) Le principe de la liberté de la preuve


2) Les exceptions à la liberté de la preuve
a) L’obligation de prouver par écrit
b) L’impossibilité matérielle ou morale de se
procurer
un écrit
c) Les moyens de suppléer l’écrit

C – LES DIFFÉRENTS MODES DE PREUVE

1) La preuve par écrit


a) Dispositions générales
b) L’acte authentique
c) L’acte sous signature privée
d) Les autres écrits
2) Les copies
3) Les actes récognitifs
4) La preuve testimoniale
5) Les présomptions judiciaires
6) L’aveu
7) Le serment

Le Motdu Droit
L’obligation est un lien de droit c’est-à-dire un
rapport juridique entre deux personnes en
vertu duquel l’une d’elles, le créancier, a le
pouvoir d’exiger de l’autre, le débiteur,
l’accomplissement d’une prestation.

I. LES SOURCES DES OBLIGATIONS

Selon l’Art. 1100 du Code civil, les obligations


trouvent leurs sources dans:

les actes juridiques;


les faits juridiques ou;
l’autorité seule de la loi.

A – L’acte juridique

L’article 1100-1 du Code civil le définit comme


« des manifestations de volonté destinées à
produire des effets de droit. Ils peuvent être
conventionnels ou unilatéraux ». Le texte ne
définit ni l’acte unilatéral, ni l’acte
conventionnel.

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B – Le fait juridique

L’alinéa 1er de l’article 1100-2 du Code civil


définit les faits juridiques comme « des agis-
sements ou des événements auxquels la loi
attache des effets de droit ». Il peut s’agir de
faits volontaires ou non :

– les faits involontaires : ils se produisent


indépendamment de la volonté de ceux
qu’ils concernent (ex. :accident) ;

– les faits volontaires : ces faits sont une


émanation de l’auteur. Ils peuvent être:

licites (gestion d’affaires, paiement de l’indu,


enrichissement injustifié ou possession)
ou illicites (faits générateurs de
responsabilité).

Le régime juridique des faits juridiques est


prévu par les dispositions relatives à la
responsabilité extracontractuelle ou aux
autres sources d’obligations (art. 1100-2, al. 2),
ces dernières étant composées des seuls
quasi-contrats.
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C – L’OBLIGATION NATURELLE

1. NOTION

L’obligation naturelle constitue une catégorie


particulière d’obligations puisqu’elle est
dépourvue de sanction: le créancier ne
possède pas de pouvoir de contrainte en vue
d’en obtenir l’exécution.

L’obligation naturelle relève d’un devoir de


conscience du débiteur envers le créancier.
Par exemple, il n’existe pas d’obligation civile
de verser des aliments entre frères et sœurs,
mais il peut exister une obligation naturelle
correspondant à un devoir moral ;

constitue également une obligation naturelle


devenue civile l’engagement sous signature
privée des enfants du défunt à répartir
équitablement la succession de celui-ci à parts
égales avec leur frère volontairement écarté
de l’héritage
(Cass. 1re civ., 11 oct. 2017, nº 16-24533).
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L’article 1100 du Code civil consacre dans son 2e
alinéa comme source d’obligations l’exécution
volontaire ou la promesse d’exécution d’un devoir
de conscience envers autrui. Ce texte confirme la
jurisprudence de la Cour de cassation relative à
l’obligation
naturelle.

2. LES EFFETS DE L'OBLIGATION NATURELLE

Le mécanisme permettant la transformation de


l’obligation naturelle en obligation civile
est demeuré longtemps incertain. Dans un arrêt
du 10 octobre 1995, la Cour de cassa-
tion a exclu la novation de l’obligation civile par la
promesse d’exécution en raison
de l’absence d’obligation civile préexistante (la
novation suppose en effet la transformation d’une
obligation civile en une autre obligation civile) ;
elle a estimé que « La transformation,
improprement qualifiée novation, d’une
obligation naturelle en obligation civile, repose
sur un engagement unilatéral d’exécuter
l’obligation naturelle et ne nécessite donc pas
qu’une obligation civile ait elle-même préexisté à
celle-ci » (Cass. 1re civ.,10 oct. 1995, nº 93-20300) :
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son analyse consiste à considérer que
l’exécution ou la promesse d’exécution d’une
obligation naturelle constitue un engagement
unilatéralde volonté.

L’ordonnance du 10 février 2016 valide la


jurisprudence de 1995 : l’article 1100 du Code
civil prévoit dans son 2e alinéa que les
obligations « peuvent naître de l’exécution
volontaire ou de la promesse d’exécution d’un
devoir de conscience envers
autrui ». Le Code civil prévoit désormais
clairement que l’obligation naturelle peut être
transformée en obligation civile.

l’obligation naturelle ne peut faire l’objet d’un


paiement forcé ; si elle a été payée
volontairement, l’engagement est valable et
celui qui a payé ne peut obtenir
remboursement : « La restitution n’est pas
admise à l’égard des obligations naturelles qui
ont été volontairement acquittées » (art. 1302,
al. 2).

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II. LES CARACTÈRES DE L’OBLIGATION

A. LE CARACTERE OBLIGATOIRE

Le rapport d’obligation a un caractère obligatoire.


Le débiteur doit exécuter l’obligation, à défaut de
quoi il s’expose à une action en justice.
L’obligation civile s’oppose en ce sens à
l’obligation naturelle (v. supra).

B. LE CARACTERE PERSONNEL

Le rapport d’obligation a un caractère personnel :


il met en rapport deux personnes désignées. Le
créancier possède un droit contre le débiteur. Le
rapport d’obligation est personnel, par opposition
à un droit réel : les droits réels constituent des
pouvoirs sur les choses tandis que les droits
personnels ou droits de créance permettent à une
personne d’exiger une prestation d’une autre.

Aujourd’hui, cette personnalisation est moins


importante que dans le droit romain. Il est ainsi
admis que le débiteur peut changer. Ainsi, alors
que le caractère personnel de l’obligation devrait
imposer son intransmissibi-lité, l’obligation est
devenue en principe transmissible.
Le Motdu Droit
La La transmission peut être active du
côté du créancier ou passive du côté du
débiteur.

C. LE CARACTERE PATRIMONIAL

Le rapport d’obligation a un caractère


patrimonial : il s’agit d’un droit qui a une
valeur pécuniaire. Néanmoins, l’admission
de la réparation du préjudice moral apporte
une limite au caractère purement
patrimonial du rapport d’obli-
gation. Le patrimoine comprend des droits
de créance (passif) et des droits réels (actif).

D. LE CARACTERE MOBILIER

Le rapport d’obligation a un caractère


mobilier : le rapport d’obligation est à l’actif
du
patrimoine du créancier parmi les biens
mobiliers incorporels.

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III. LA PREUVE DES OBLIGATIONS

Le Code civil consacre un titre complet à la preuve


des obligations. Les dispositions tirées de
l’ordonnance du 10 février 2016 réorganisent
largement la matière, abordant les principes
généraux relatifs à la preuve puis l’admissibilité
des modes de preuves et enfin les différents
modes de preuve.

A. LES PRINCIPES GÉNÉRAUX RELATIFS À LA PREUVE

1) La charge de la preuve

L’article 1353 du Code civil reprend le principe


classique selon lequel celui qui réclame
l’exécution d’une obligation doit en apporter la
preuve, de même que celui qui s’en prétend libéré.
2) Les présomptions

L’ordonnance du 10 février 2016 a conservé la


règle selon laquelle « La présomption que
la loi attache à certains actes ou à certains faits
en les tenant pour certains dispense celui
au profit duquel elle existe d’en rapporter la
preuve » (art. 1354, al. 1er).

Une hiérarchie est établie entre les présomptions


en fonction de leur force probante
(art. 1354, al. 2) :
– la présomption simple est celle par laquelle la loi
réserve la preuve contraire et
qui peut être renversée par tout moyen de preuve
;
– la présomption mixte est celle pour laquelle les
moyens de preuve contraire sont
limités par la loi ;
– la présomption irréfragable est celle qui ne peut
être renversée.
3) L’autorité de la chose jugée

L’autorité de la chose jugée interdit au juge de


trancher à nouveau sur un litige déjà examiné par
un tribunal, à certaines conditions : « L’autorité
de la chose jugée n’a lieu qu’à l’égard de ce qui a
fait l’objet du jugement. Il faut que la chose
demandée soit la même ; que la demande soit
fondée sur la même cause ; que la demande soit
entre les mêmes parties, et formée par elles et
contre elles en la même qualité » (art. 1355).

4) Les « contrats sur la preuve »

L’ordonnance du 10 février 2016 a consacré les «


contrats sur la preuve », c’est-à-dire
la liberté contractuelle en matière de preuve : «
Les contrats sur la preuve sont valables lorsqu’ils
portent sur des droits dont les parties ont la libre
disposition » (art. 1356). Les dispositions sur la
preuve étant d’ordre public, il a longtemps existé
une réticence à permettre aux parties de conclure
un accord sur cette question. La doctrine et la
jurisprudence s’étaient montrées favorables à
une telle évolution (Cass. 1re civ., 8 nov. 1989,
nº 86-16197).
Certaines clauses sont néanmoins interdites (art.
1356, al. 2) :
– les clauses qui contredisent les présomptions
irréfragables établies par la loi
(Cass. com., 6 déc. 2017, nº 16-19615) ;
– les clauses modifiant la foi attachée à l’aveu ou
au serment ;
– les clauses qui établissent une présomption
irréfragable au profit de l’une des
parties.

B – L’ADMISSIBILITÉ DES MODES DE PREUVE

Sur quoi doit porter la preuve et comment doit-


elle être rapportée ?

1. Le principe de la liberté de la preuve

La preuve est libre : elle peut être apportée par


tout moyen, à l’exception des cas où la loi en
dispose autrement (art. 1358). La distinction faite
avant l’ordonnance du 10 février
2016 entre la preuve des faits juridiques et celle
des actes juridiques a été abandonnée.
2) Les exceptions à la liberté de la preuve

Les textes prévoient parfois l’obligation de


prouver par écrit.
Des dispositions particulières sont organisées en
cas d’impossibilité matérielle ou morale de se
procurer un écrit.Il existe également des moyens
de suppléer l’écrit.

a) L’obligation de prouver par écrit

Par exception, un écrit est imposé pour un grand


nombre d’actes juridiques :

b) L’impossibilité matérielle ou morale de se


procurer un écrit

En cas d’impossibilité matérielle ou morale de se


procurer un écrit, s’il est d’usage de ne pas établir
un écrit, ou lorsque l’écrit a été perdu par force
majeure, il peut être
fait exception à l’obligation de prouver par écrit (art.
1360). Jusqu’à l’ordonnance du 10 février 2016,
l’usage ne faisait pas partie des causes
d’impossibilité de se procurer un écrit prévues par la
loi mais le principe en était admis par la
jurisprudence Cass. 1re civ., 17 mars 1982, nº 80-
11937).
c) Les moyens de suppléer l’écrit

L’aveu judiciaire, le serment décisoire ou un


commencement de preuve par écrit corroboré
par un autre moyen de preuve peuvent suppléer
l’écrit (art. 1361).

C.LES DIFFÉRENTS MODES DE PREUVE

Les différents modes de preuve sont l’écrit, le


témoignage, la présomption judiciaire,
l’aveu et le serment.

1) La preuve par écrit

« L’écrit consiste en une suite de lettres, de


caractères, de chiffres ou de tous autres signes
ou symboles dotés d’une signification
intelligible, quel que soit leur support »
(art. 136
L’article 1363 du Code civil consacre le principe
avancé par la jurisprudence selon lequel
« Nul ne peut se constituer de titre à soi-même »,
alors même que celle-ci a récemment limité la
portée de ce principe à la preuve des actes
juridiques
Il est possible de préconstituer la preuve d’un acte
juridique par un écrit en la forme authentique ou
sous signature privée (art. 1364). Cette règle,
intégrée au Code civil par l’ordonnance du 10
février 2016, a une fonction probatoire ; il ne s’agit
pas d’une condition de validité de l’acte.

L’écrit électronique est considéré comme


équivalent à l’écrit papier, à condition que« puisse
être dûment identifiée la personne dont il émane
et qu’il soit établi et conservé dans des conditions
de nature à en garantir l’intégrité » (art. 1366).

La signature électronique est considérée comme


équivalente à la signature manuscrite, dès lors
qu’elle « consiste en l’usage d’un procédé fiable
d’identification garantissant son lien avec l’acte
auquel elle s’attache » (art. 1367).

Le procédé est présumé fiable « jusqu’à preuve


contraire, lorsque la signature électronique est
créée, l’identité du signataire assurée et l’intégrité
de l’acte garantie, dans des conditions fixées par
décret en conseil d’État » (D. nº 2017-1416, 28 sept.
2017).
Le juge règle les conflits de preuves en
déterminant, à défaut de dispositions ou de
conventions contraires, lequel des titres est le
plus vraisemblable (art. 1368).

2) L’acte authentique

La définition de l’acte authentique exige


désormais la qualité d’officier public de celui
qui établit l’acte (art. 1369, al. 1er).

L’acte authentique « peut être dressé sur support


électronique s’il est établi et conservé dans des
conditions fixées par décret en Conseil d’État »
(art. 1369-1, al. 2).
L’acte authentique reçu par un notaire est
dispensé de toute mention manuscrite exigée par
la loi (art. 1369, al. 3).

L’acte authentique sera considéré comme un acte


sous signature privée en cas de Défaut
d’authenticité (en raison de l’incompétence ou de
l’incapacité de l’officier d’état civil ou d’un défaut
de forme), à condition d’avoir été signé par les
parties.

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