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DES OBLIGATIONS
EN CARTES MENTALES
Armand Dadoun
Maître de Conférences en droit privé
Université de Lille
CRDP – L’ERADP
ISBN 9782340-058545
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2021
8/10 rue la Quintinie 75015 Paris
Introduction
I. La notion d’obligation
L’obligation est le rapport de droit en vertu duquel un créancier peut
exiger d’un débiteur l’exécution d’une prestation. Le créancier dispose d’un
droit de créance ou droit personnel contre son débiteur. Les obligations se
distinguent donc des droits réels qui caractérisent un rapport de droit entre
le titulaire du droit réel (propriété, usufruit, nue-propriété) et une chose.
Le droit de créance fait partie de l’actif du patrimoine du créancier.
Réciproquement, la dette grève le patrimoine du débiteur (passif). L’obligation
a donc un caractère patrimonial, même si elle peut prendre sa source dans
un droit extrapatrimonial (par exemple : la créance d’indemnité de la victime
d’une atteinte au droit au respect de la vie privée).
En tant que droit patrimonial, l’obligation est transmissible (cession de
créance, cession de dette, succession, etc.). Par exception, le droit à une
pension alimentaire, fondé sur le lien familial entre le créancier et le débiteur,
est indisponible, intransmissible et insaisissable.
Enfin, l’obligation a deux composantes : l’objet de la dette (ce qui est attendu
du débiteur) et la contrainte de payer (devoir du débiteur). Ces deux compo-
santes, encore appelées debitum et obligatio, sont parfois dissociées comme
en présence d’une obligation naturelle.
1. L’acte juridique
L’acte juridique est une manifestation de volonté destinée à produire des
effets de droit (c. civ. art. 1100-1, al. 1er). L’acte est unilatéral lorsqu’il résulte de
la volonté d’une seule personne (testament, congé, démission, reconnaissance
de paternité, renonciation à un droit, délibération sociale). Il est convention-
nel lorsqu’il résulte de la volonté de plusieurs personnes (contrat, convention
collective). Par principe, tous les actes juridiques obéissent, pour leur validité
et leurs effets, aux règles qui gouvernent les contrats (art. 1100-1, al. 2).
2. Le fait juridique
Le fait juridique est un agissement ou un événement auquel la loi attache
un effet de droit (c. civ. art. 1100-2, al. 1er). Il est classique de distinguer le fait
juridique illicite du fait juridique licite. Le fait illicite renvoie à un agissement
qui n’aurait pas dû avoir lieu et qui, parce qu’il cause un dommage, engage la
responsabilité civile de son auteur. C’est un fait générateur de responsabilité
(faute, fait d’une chose, fait d’autrui). Le fait licite renvoie à un agissement
qui n’est pas répréhensible, mais qui, parce qu’il entraîne l’appauvrissement
injuste d’une personne au profit d’une autre, donne lieu à compensation. Il
s’agit des quasi-contrats (gestion d’affaires, paiement de l’indu, enrichis
sement injustifié). Responsabilité et quasi-contrat sont deux mécanismes qui
permettent de remédier au déséquilibre patrimonial entre deux personnes
produit par le fait juridique. Enfin, il y a des faits juridiques (événements)
qui ne produisent pas un tel déséquilibre, qui sont en quelque sorte neutres
(naissance, majorité, mort, force majeure).
3. La loi
D’un point de vue positiviste, toutes les obligations ont leur source dans la
loi ! Le contrat est obligatoire parce que « les contrats légalement formés tiennent
lieu de loi à ceux qui les ont faits » (c. civ. art. 1103). Un fait est juridique parce
que la loi lui attribue des effets de droit. Toutefois, il y a des obligations qui
ne prennent leur source que dans la loi : l’obligation alimentaire, la garantie
des vices cachés, etc. Pour autant, il est toujours possible de rattacher une
obligation à un contrat ou à un fait juridique (pour les exemples précités : lien
familial, contrat de vente).
« Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné
à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations » (c. civ. art. 1101).
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I. Les définitions
En 1901, Raymond Saleilles avait proposé de qualifier de contrats d’adhé-
sion les contrats dont le contenu est déterminé par une seule partie en position
de force. L’Ordonnance du 10 février 2016 a posé, pour la première fois, une
définition légale des contrats de de gré à gré et d’adhésion qui a été modifiée
par la Loi de ratification du 20 avril 2018 (c. civ. art. 1110) :
• du 1er octobre 2016 au 1er octobre 2018 : « Le contrat de gré à gré est celui dont
les stipulations sont librement négociées entre les parties. Le contrat d’adhésion
est celui dont les conditions générales, soustraites à la négociation, sont déter-
minées à l’avance par l’une des parties » ;
• partir du 1er octobre 2018 : « Le contrat de gré à gré est celui dont les stipu-
à
lations sont négociables entre les parties. Le contrat d’adhésion est celui qui
comporte un ensemble de clauses non négociables, déterminées à l’avance
par l’une des parties ».
La qualification de contrat d’adhésion est exclue en présence de clauses qui,
fixées par l’une des parties, n’ont pas été négociées, dès lors qu’elles étaient
négociables : critère de la négociabilité. C’est à la partie qui se prévaut de la
qualification de contrat d’adhésion de prouver l’absence de négociabilité.
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I. Le principe
« L’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles
sont libres. Ils doivent impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi »
(c. civ. art. 1112, al. 1er). Le principe est donc la liberté de chacun d’entrer en
pourparlers, de les mener comme il l’entend et de les rompre.
Par conséquent, ne constituent pas une faute, le simple fait de ne pas
poursuivre les négociations (Com. 4 mai 2010, no 09-14415), de refuser de consen-
tir des garanties dans le cadre des pourparlers (Com. 6 nov. 2012, no 11-26582)
ou de mener des négociations parallèles avec un tiers (Com. 12 mai 2004,
no 00-15618). Il s’ensuit que « le simple fait de contracter, même en connaissance
de cause, avec une personne ayant engagé des pourparlers avec un tiers ne consti-
tue pas, en lui-même et sauf s’il est dicté par l’intention de nuire ou s’accompagne
de manœuvres frauduleuses, une faute de nature à engager la responsabilité de son
auteur » (Com. 26 nov. 2003, no 00-10243).
La liberté des négociations est toutefois limitée par l’exigence de bonne
foi qui revêt un caractère d’ordre public, de sorte que les parties ne peuvent
y déroger. La méconnaissance de cette exigence fait dégénérer l’exercice de
la liberté de négociations en abus.
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I. La qualification de l’offre
L’offre est une manifestation de volonté unilatérale par laquelle l’offrant
ou pollicitant fait connaître son intention de contracter en précisant les
éléments essentiels du contrat envisagé. L’offre doit être ferme et précise.
Si elle comporte des réserves ou ne précise pas les éléments essentiels du
contrat, il y a seulement invitation à entrer en pourparlers (c. civ. art. 1114).
Les éléments essentiels varient selon le type de contrat (chose et prix pour
la vente ; chose et loyers pour le bail). Toutefois, chaque partie peut ériger
une condition ou modalité accessoire du contrat en élément essentiel. Par
exemple, l’acquéreur peut subordonner son engagement à l’octroi d’une lettre
de crédit érigeant ainsi les modalités de paiement en élément essentiel de la
vente (Com. 16 avr. 1991, no 89-20697).
Le pollicitant peut émettre des réserves explicites ou implicites. Toutefois,
les réserves objectives ne font pas obstacle à l’existence d’une offre ferme,
telles que la mention d’une offre de vente « dans la limite des stocks disponibles »
ou la clause d’une offre de prêt « sous réserve de l’acceptation à l’assurance des
emprunteurs » (Civ. 3e, 23 juin 2010, no 09-15963).
L’offre peut être écrite, verbale ou implicite (i.e. résulter d’un comportement
ou d’une mise à disposition : lumière verte du taxi ; distributeur automatique,
etc.). L’offre peut être faite à personne déterminée ou au public.
L’offre comprend nécessairement un délai d’acceptation. Il peut s’agir d’un
délai légal. Par exemple, l’offre de crédit à la consommation doit être mainte-
nue pendant une durée minimale de quinze jours à compter de sa remise ou
de son envoi à l’emprunteur (c. cons. L. 312-18), et l’offre de crédit immobilier
pendant une durée minimale de trente jours à compter de sa réception par
l’emprunteur (art. L. 313-34). Il peut s’agir d’un délai stipulé dans l’offre par
le pollicitant. À défaut, l’offre est maintenue pendant un délai raisonnable,
dont la durée est déterminée souverainement par les juges du fond, compte
tenu notamment de l’objet du contrat et de la qualité des parties (Civ. 3e, 25 mai
2005, no 03-19411).
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I. La qualification de l’acceptation
L’acceptation est la manifestation de volonté de son auteur d’être lié dans
les termes de l’offre (art. 1118, al. 1er). L’acceptation doit être pure et simple, ce
qui signifie qu’elle ne doit pas modifier les conditions contractuelles prévues
dans l’offre. L’acceptation non conforme à l’offre est dépourvue d’effet, sauf
à constituer une offre nouvelle. Dans ce dernier cas, l’offrant a la qualité de
destinataire de la contre-offre, il peut l’accepter ou faire une nouvelle offre.
L’acceptation peut être écrite, verbale ou implicite, i.e. résulter du
comportement d’une partie (par ex., lorsque celle-ci commence à exécuter
le contrat).
En revanche, « le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu’il n’en résulte
autrement de la loi, des usages, des relations d’affaires ou de circonstances parti-
culières » (art. 1120 ; déjà, Civ. 25 mai 1870, Bull. civ. no 113).
L’acceptation tacite peut être prévue par la loi. Par exemple, en matière
de baux commerciaux, le bailleur qui ne répond dans un délai de trois mois
à la demande du locataire d’exercer une activité différente ou d’obtenir le
renouvellement est réputé accepté selon le cas la déspécialisation totale ou
le principe du renouvellement du bail (c. com. art. L. 145-49 et art. L. 145-10,
al. 4). De même, est considérée comme acceptée la proposition, faite par
lettre recommandée ou par envoi recommandé électronique, de prolonger
ou de modifier un contrat d’assurance ou de remettre en vigueur un contrat
suspendu, si l’assureur ne refuse pas cette proposition dans les dix jours après
qu’elle lui est parvenue (c. ass. art. L. 112-2, al. 7).
La relation d’affaires peut notamment se déduire de relations habituelles
entre les parties impliquant une acceptation tacite (Com. 15 mars 2011,
no 10-16422).
L’acceptation tacite peut résulter de circonstances particulières, telles
que les contraintes administratives qui s’imposent au destinataire de l’offre
(Civ. 1re, 24 mai 2005, no 02-15188), le fait que l’engagement a été pris par le
dirigeant pour permettre à la société de présenter un plan de redressement
judiciaire crédible (Com. 18 janv. 2011, no 09-69831), lorsque l’offre a été faite
dans l’intérêt exclusif de celui à qui elle est adressée ou encore lorsque les
parties sont convenues que le silence de l’une d’elle vaudra acceptation.
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§ 1. Le consentement
Pour faire un acte valable, il faut être sain d’esprit. C’est à ceux qui agissent
en nullité de prouver l’existence d’un trouble mental au moment de l’acte
(c. civ. art. 414-1 ; art. 1129). Le trouble mental (absence de consentement)
est une cause autonome de nullité du contrat qui se distingue des trois vices
du consentement (erreur, dol et violence).
I. L’erreur
L’erreur est une croyance erronée, une fausse représentation de la réalité
qui a déterminé une partie à contracter. Toutes les erreurs ne constituent pas
un vice du consentement. L’erreur n’est une cause de nullité du contrat que si
elle porte sur une qualité essentielle et revêt certains caractères.
A. L’objet de l’erreur
1. L’erreur sur une qualité essentielle
a. Les qualités essentielles de la prestation
« L’erreur de droit ou de fait, à moins qu’elle ne soit inexcusable, est une cause
de nullité du contrat lorsqu’elle porte sur les qualités essentielles de la prestation
due ou sur celles du cocontractant » (c. civ. art. 1132). « Les qualités essentielles de
la prestation sont celles qui ont été expressément ou tacitement convenues et en
considération desquelles les parties ont contracté. L’erreur est une cause de nullité
qu’elle porte sur la prestation de l’une ou de l’autre partie » (c. civ. art. 1133).
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B. Le but illicite
Même si les stipulations du contrat sont licites, son but peut être contraire
à l’ordre public et aux bonnes mœurs (v. égal. C. civ. art. 6). Par exemple, est
nul le prêt dont le but est de permettre à l’emprunteur d’exercer une activité
illicite ou de méconnaitre une règle d’ordre public, telle que la réglementa-
tion sur les quotas laitiers (Civ. 1re, 26 sept. 2012, no 11-12941). Est encore nul
le contrat (remboursement d’un prêt sous forme de pension alimentaire) dont
le but est de permettre au débiteur de déduire des sommes non fiscalement
déductibles, même lorsque l’une des parties n’a pas eu connaissance du
caractère illicite du motif déterminant de la conclusion du contrat (Civ. 1re,
7 oct. 1998, no 96-14359). Méconnait le principe du respect dû au corps humain
le contrat d’assurance qui garantit les conséquences de l’annulation d’une
exposition utilisant des dépouilles et organes humains à des fins commer-
ciales (Civ. 1re, 29 oct. 2014, no 13-19729).
Par ailleurs, le domaine des bonnes mœurs s’est considérablement réduit.
N’est pas nulle comme ayant une cause contraire aux bonnes mœurs la libéra-
lité consentie à l’occasion d’une relation adultère (Ass. plén. 29 oct. 2004,
no 03-11238). Le contrat de courtage matrimonial, qui ne se confond pas avec la
réalisation du mariage, n’est pas nul du fait qu’il est conclu par une personne
mariée (Civ. 1re, 4 nov. 2011, no 10-20114).
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B. La détermination du prix
Par principe, le prix doit être déterminé ou déterminable (pour la vente :
c. civ. art. 1591). Le prix ne peut pas être fixé unilatéralement et discrétion-
nairement par l’une des parties. Ainsi, le contrat de vente n’est parfait que
s’il permet, au vu de ses clauses, de déterminer le prix par des éléments ne
dépendant plus de la volonté de l’une des parties ou de la réalisation d’accords
ultérieurs (Com. 7 avr. 2009, no 07-18907). Sont illicites les modalités de fixation
de la rémunération d’un salarié, dès lors que la variation de la rémunération
dépendait de la seule volonté de l’employeur (Soc. 9 mai 2019, no 17-27448).
Le prix est déterminable lorsqu’il peut être fixé en fonction d’éléments
indépendants de la volonté des parties, tels que des cotations officielles,
la référence à un indice ou l’estimation par un tiers (pour la vente : c. civ.
art. 1592).
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I. L’action en nullité
A. Le titulaire de l’action en nullité
1. La distinction nullité absolue et nullité relative
La théorie moderne des nullités élaborée au début du xxe siècle par Japiot
et Gaudemet fait dépendre le régime de la nullité, non de la gravité du vice
affectant l’acte, mais de l’intérêt protégé par la règle transgressée. Après avoir
inspiré la jurisprudence pendant plus d’un siècle, cette théorie a été consa-
crée par l’Ordonnance du 10 février 2016 (art. 1179). Elle est applicable que la
nullité soit textuelle (prévue par la loi) ou virtuelle (le juge retient la nullité
alors qu’elle n’est pas prévue par la règle d’ordre public méconnue).
La nullité est absolue lorsque la règle violée a pour objet la sauvegarde de
l’intérêt général :
• lorsqu’une règle d’ordre public transgressée vise à protéger en priorité un
intérêt politique ou économique (prohibition de l’indexation du salaire
sur le niveau général des prix : Soc. 5 oct. 2017, no 15-20390 ; prohibition
de l’entrée d’une société de commissaires aux comptes au capital d’une
SELARL d’avocats : Civ. 1re, 15 janv. 2015, no 13-13565 ; conditions de compé-
tence de l’autorité signataire d’un contrat au nom d’une commune : Com.
6 mars 2019, no 16-25117 ; exigence de l’acte notarié pour l’hypothèque ou
le contrat de mariage) ;
• lorsque l’une des parties est dépourvue de personnalité juridique (bail
conclu au nom d’une indivision : Civ. 3e, 16 mars 2017, no 16-13063) ; contrat
conclu par une société non immatriculée sans la mention « pour le compte
de la société en formation » (Com. 21 févr. 2012, n° 10-27630) ;
• lorsque le but poursuivi par l’une des parties est illicite (fraude fiscale :
Com. 13 janv. 2009, no 07-20097 ; assurance d’une exposition de cadavres ;
fraude au droit de préemption d’une SAFER : Civ. 3e, 24 mai 2017, no 16-11529 ;
violation de l’intérêt social d’une SCI : Com. 23 sept. 2014, no 13-17347).
La nullité est relative si la règle violée a pour seul objet la sauvegarde d’un
intérêt privé :
• lorsque la contrepartie convenue est illusoire ou dérisoire (vil prix : Com.
22 mars 2016, no 14-14218 ; absence d’aléa du contrat d’assurance : Civ. 1re,
9 nov. 1999, no 97-16800) ;
• lorsque la règle méconnue relève de l’ordre public de protection (formalisme
du mandat de l’agent immobilier protégeant le mandant : Ch. mixte, 24 févr.
2017, no 15-20411 ; Civ. 1re, 20 sept. 2017, no 16-12906 ; formalisme en droit de la
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C. La régularisation de l’acte
Alors que la confirmation est une renonciation à agir du titulaire de l’action
en nullité, la régularisation est l’acte qui a pour effet de supprimer la cause de
nullité du contrat et ainsi de le rendre valable. Par exemple, en cas de lésion
de plus des 7/12e dans une vente d’immeuble, l’acquéreur a la faculté de payer
le supplément du juste prix (c. civ. art. 1681).
B. L’étendue de la nullité
En raison de leur autonomie par rapport au contrat principal, la clause
attributive de compétence et la clause compromissoire restent efficaces
nonobstant la nullité du contrat.
Par ailleurs, la nullité peut être totale ou partielle selon que la cause de
nullité affecte tout le contrat ou seulement une ou plusieurs clauses (art. 1184).
Dans la seconde hypothèse, le contrat reste valable, seules les clauses illicites
sont annulées.
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§ 2. La caducité
I. La notion de caducité
A. La caducité par disparition d’un élément essentiel du contrat
« Un contrat valablement formé devient caduc si l’un de ses éléments essen-
tiels disparaît » (art. 1186, al. 1er). C’est le cas de disparition de la chose dans
le bail (c. civ. art. 1722). En outre, il avait été jugé que la reconnaissance de
dette consentie par un ex-époux au titre d’une pension alimentaire destinée à
assurer l’éducation et l’entretien d’un enfant est caduque dès que l’enfant s’est
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I. Le contrôle de dénaturation
L’interprétation du contrat est laissée au pouvoir souverain des juges du
fond, sous réserve du contrôle de dénaturation. Constitue une dénaturation,
l’interprétation d’une clause claire et précise (c. civ. art. 1192). La Cour de
cassation peut ainsi décider qu’un écrit n’est susceptible que d’un seul sens,
et censurer la décision qui l’aurait interprété autrement.
Dénature les termes clairs et précis d’un bail, l’arrêt qui, pour rejeter
l’action en résiliation pour manquement à l’obligation d’entretien, a retenu
que la clause selon laquelle le preneur s’oblige à entretenir les lieux en parfait
état de réparation et les rendre en fin de bail en bon état de toutes répara-
tions locatives d’entretien et de gros entretien, n’est applicable qu’en fin de
bail (Civ. 3e, 30 juin 2004, no 02-20721). Dénature les termes clairs et précis
d’une convention d’honoraires qui définit le succès comme un profit réalisé
ou des pertes évitées, le premier président qui, bien qu’ayant constaté que
les clients de l’avocat n’ont payé que 68 000 euros sur les 75 000 euros récla-
més par leur adversaire, a considéré que le jugement n’était pas pour eux une
réussite dès lors qu’ils n’ont obtenu ni le rejet des prétentions adverses ni le
succès de leurs demandes indemnitaires (Civ. 2e, 5 oct. 2017, no 16-23050).
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B. Le renouvellement du contrat
« Nul ne peut exiger le renouvellement du contrat » (art. 1212, al. 2). Mais la
jurisprudence précise : « sauf abus de droit » (Com. 8 juin 2017, no 15-28355).
Par exception, le bailleur ne peut s’opposer au renouvellement du bail d’habi-
tation qu’en cas de reprise ou vente du logement, ou motif légitime et sérieux
(L. 6 juill. 1989, art. 25-8, I). Si le bail est commercial, le bailleur ne peut refuser
le renouvellement, en l’absence de motif grave et légitime, qu’en payant au
preneur une indemnité d’éviction (c. com. art. L. 145-8).
Avant l’expiration du terme, dont la date de réalisation peut être incon-
nue (par ex., décès d’une partie), les parties peuvent proroger le terme du
contrat (art. 1213).
Elles peuvent aussi décider de renouveler le contrat. Le renouvellement
donne naissance à un nouveau contrat dont le contenu est identique au précé-
dent mais dont la durée est indéterminée (art. 1214).
Lorsqu’à l’expiration du terme, les parties continuent d’exécuter leurs
obligations, il y a tacite reconduction. Celle-ci produit les mêmes effets que
le renouvellement du contrat (art. 1215).
Ces règles sont supplétives. Les parties peuvent stipuler une clause de
tacite reconduction et prévoir que le nouveau contrat aura la même durée
que le précédent. La loi protège d’ailleurs le consommateur (et le non-profes
sionnel) en obligeant le professionnel, prestataire de services, à l’informer
par écrit au plus tôt trois mois et au plus tard un mois avant le terme de la
période autorisant le rejet de la reconduction, de la possibilité de ne pas
reconduire le contrat qu’il a conclu avec une clause de reconduction tacite
(c. cons. art. L. 215-1).
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C. La simulation
La simulation est le montage par lequel les parties concluent un contrat
apparent ou ostensible puis le modifient par un contrat occulte ou contre-
lettre. Ce montage est en principe valable. Toutefois, la contre-lettre est
inopposable aux tiers, qui peuvent néanmoins s’en prévaloir (art. 1201).
La simulation peut résulter de l’interposition d’une personne (un prête-
nom), si bien que l’acte apparent et l’acte secret peuvent ne pas être conclus
par les mêmes parties. Dans cette hypothèse, le prête-nom reste engagé par
l’acte apparent. Toutefois, si le tiers créancier est complice de la simulation
en y participant activement, il ne peut plus se prévaloir de l’acte ostensible,
de sorte que le prête-nom n’est pas engagé (Civ. 3e, 8 juill. 1992, no 90-12452 ;
Civ 1re, 17 nov. 1999, no 97-16749).
À l’inverse, le tiers peut invoquer l’acte secret pour démontrer que le prête-
nom n’est pas le véritable propriétaire (par ex., Com. 17 févr. 2009, no 08-10384).
Pour se prévaloir de la contre-lettre, le tiers va exercer une action en décla-
ration de simulation. Par exemple, l’administration fiscale va démontrer
que la concubine ayant acquis deux immeubles de son concubin n’en est que
la propriétaire apparente dès lors que le prix a été payé grâce à des fonds
du concubin qui a continué à jouir sans restriction des biens prétendument
vendus, de sorte que le transfert de propriété est inopposable au créancier
(Civ. 1re, 17 sept. 2003, no 01-12925). Si la simulation est démontrée, le tiers n’a
pas à prouver l’intention des parties de lui nuire (i.e. la fraude) ni l’antério-
rité de sa créance à l’égard des actes simulés, ce qui constitue un avantage
par rapport à l’action paulienne soumise à ces deux conditions (même arrêt ;
Civ. 3e, 4 juin 2003, no 02-12275).
Dans les rapports entre les parties, la preuve d’une contre-lettre doit
être administrée par écrit lorsque l’acte apparent est lui-même constaté par
écrit, sauf s’il s’agit pour une partie de prouver une fraude. Les tiers peuvent
prouver la contre-lettre par tous moyens, ce qui n’en reste pas moins difficile.
Par exemple, il appartient à un héritier réservataire qui demande le rapport
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I. La promesse de porte-fort
A. La notion de porte-fort
La promesse de porte-fort est le contrat par lequel un promettant (le porte-
fort) s’engage au profit d’un bénéficiaire à ce qu’un tiers ratifie un contrat ou
exécute un fait, juridique ou non.
Lorsque le promettant s’engage à ce que le tiers ratifie un contrat (porte-
fort ratification), il se comporte comme un mandataire, sauf que le tiers ne
lui a rien demandé et que le bénéficiaire sait que le promettant n’est pas un
mandataire. D’ailleurs, lorsqu’un représentant agit sans pouvoir ou au-delà
de ses pouvoirs, le représenté peut ratifier l’acte (art. 1156).
Avec le porte-fort exécution, le promettant agit comme un garant : soit le
tiers accomplit le fait attendu (exécution d’une obligation, renonciation à une
action en justice, renonciation à une clientèle, fourniture d’une autorisation)
soit le promettant engage sa responsabilité contractuelle.
L’engagement de porte-fort constitue un engagement de faire, de sorte que
le promettant n’étant pas tenu d’exécuter une obligation de payer à la place du
tiers, la promesse n’a pas à contenir la mention écrite de l’article 1376 du code
civil (Com. 18 juin 2013, no 12-18890). Le porte-fort exécution est un engage-
ment autonome distinct d’un cautionnement. Il n’empêche que le dirigeant
qui se porte-fort des engagements de sa société contracte un engagement
qui peut être lourd de conséquences pour son patrimoine personnel tout en
échappant aux règles protectrices de la caution.
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B. Le régime du porte-fort
Le tiers n’est pas lié par la promesse, il est libre de ne pas ratifier ou de ne
pas exécuter la prestation promise par le porte-fort. En revanche, « lorsque le
porte-fort a pour objet la ratification d’un engagement, celui-ci est rétroactivement
validé à la date à laquelle le porte-fort a été souscrit » (art. 1204, al. 3).
« Le promettant est libéré de toute obligation si le tiers accomplit le fait promis.
Dans le cas contraire, il peut être condamné à des dommages et intérêts » (art. 1204,
al. 2). L’obligation du promettant est de résultat (Com. 1er avr. 2014, no 13-10669).
L’inexécution de la promesse de porte-fort ne peut être sanctionnée que par
des dommages-intérêts. Celui-ci n’est ni engagé par l’acte pour lequel il avait
promis la ratification ni tenu d’accomplir le fait juridique à la place du tiers.
L’inexécution ne saurait non plus entraîner la résolution de la transaction
contenant la promesse (Civ. 1re, 7 mars 2018, no 15-21244).
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B. Les effets
Si la force majeure est temporaire, l’exécution de l’obligation est suspen-
due. Si elle est définitive, le contrat est résolu de plein droit et les parties sont
libérées de leurs obligations, de sorte que les sanctions de l’inexécution ne
peuvent pas être invoquées (v. supra la théorie des risques).
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B. La clause résolutoire
« La clause résolutoire précise les engagements dont l’inexécution entraînera
la résolution » (art. 1225, al. 1er). La clause résolutoire permet aux parties de
soustraire la résolution à l’appréciation par le juge de la gravité de l’inexé-
cution. Encore faut-il que la clause identifie les obligations auxquelles elle
s’applique (inapplication de la clause visant le paiement des loyers au non-paie-
ment d’une indemnité d’occupation : Civ. 3e, 24 févr. 1999, no 97-11554).
La résolution est précédée d’une mise en demeure mentionnant expressé-
ment la clause résolutoire. Cependant, la clause peut prévoir que la résolution
résulte du seul fait de l’inexécution et donc sans mise en demeure préalable.
La clause résolutoire peut être stipulée au profit d’une seule partie, de
sorte que son cocontractant ne peut se prévaloir de l’acquisition de la clause
(Civ. 3e, 27 avr. 2017, no 16-13625).
Par principe, la clause résolutoire produit ses effets de plein droit soit
à l’issue du délai d’exécution laissé par la mise en demeure soit dès l’inexé-
cution. Par conséquent, l’interruption de toute action en justice à raison de
l’ouverture d’une procédure collective ne fait pas obstacle à l’action aux fins
de constat de la résolution d’un contrat de crédit-bail par application d’une
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Introduction
2. L’application du principe
Par exemple, l’enfant (client) qui a été blessé alors qu’il utilisait une aire de
jeux mise à disposition de la clientèle d’un restaurant ne peut agir en répara-
tion de son dommage contre le restaurateur que sur le fondement contractuel
(Civ. 1re, 28 juin 2012, no 10-28492). La SNCF qui a loué un véhicule n’engage sa
responsabilité à l’égard du loueur, en raison du dommage subi par le véhicule
loué lors de son transport en train, que sur le fondement contractuel, à savoir
l’article 1732 du code civil et non l’article 1242, alinéa 1er, le premier prévoyant
une responsabilité pour faute présumée et le second une responsabilité sans
faute (Civ. 1re, 19 mars 2002, no 00-13971). Par contre, la victime par ricochet
n’étant pas liée par un contrat avec le débiteur de l’obligation inexécutée, elle
ne peut ni se voir opposer les règles de la responsabilité contractuelle (Civ. 2e,
23 oct. 2003, no 01-15391), ni s’en prévaloir (Civ. 1re, 28 sept. 2016, no 15-17033).
Après avoir jugé qu’une entreprise de distribution est débitrice à l’égard
de la clientèle d’une obligation de sécurité de résultat sur le fondement de
l’article L. 421-3 du code de la consommation, la première chambre civile a fait
machine arrière (Civ. 1re, 9 sept. 2020, no 19-11882). Force est de constater que
le client potentiel qui pénètre sur le parking ou dans les locaux d’un magasin
ne conclut pas un contrat avec l’exploitant. Les « accidents de magasin » (à l’ins-
tar des « accidents de gare », cf. arrêt Valverde) relèvent de la responsabilité
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I. L’activité illicite
Le préjudice n’est réparable que s’il résulte de la lésion d’un intérêt légitime
ou licite. La responsabilité civile n’a pas vocation à réparer la perte d’un
avantage illicite (préjudice illicite). Il s’ensuit qu’un employeur ne peut obtenir
réparation du fait de l’absence d’une salariée accidentée dès lors celle-ci n’a
jamais été déclarée (Civ. 2e, 27 mai 1999, no 97-19234). Un salarié ne peut obtenir
réparation de la perte de rémunérations illicites provenant d’un travail dissi-
mulé (Civ. 2e, 24 janv. 2002, no 99-16576). Le manquement de l’avocat à son devoir
de conseil quant aux conditions de bénéfice d’un avantage fiscal ne cause pas
à son client un préjudice légitime dès lors que l’exonération fiscale en cause
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La victime d’un dommage qui agit contre le responsable doit prouver, d’une
part, que les conditions de la responsabilité civile sont réunies (fait généra-
teur, dommage, lien de causalité) et, d’autre part, le montant ou quantum des
préjudices qu’elle prétend avoir subi. Ce qui n’est pas demandé ne peut être
obtenu, car « le juge doit se prononcer sur tout ce qui est demandé et seulement sur
ce qui est demandé » (CPC art. 5). Il n’existe pas de nomenclature imposée des
chefs de préjudices. Cela signifie que la victime peut invoquer de nouveaux
préjudices, et le juge reconnaître leur existence. Si les juges du fond disposent
d’un pouvoir souverain d’appréciation de l’existence et de l’étendue des préju-
dices, la Cour de cassation contrôle la définition et les conditions du préjudice
réparable. En général, la réparation a lieu par équivalent (dommages-inté-
rêts). Pour les dommages matériels, elle peut aussi avoir lieu en nature (répara-
tion, remplacement).
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B. La causalité alternative
La causalité alternative est retenue à deux conditions :
• (i) les responsables ont exercé une activité similaire ayant pu être à l’ori-
gine du dommage ;
• (ii) l’auteur du dommage ne peut pas être identifié.
La victime atteinte d’une pathologie imputable à la prise par sa mère de
Distilbène peut agir contre les laboratoires ayant commercialisé cette molécule
défectueuse. C’est à chaque laboratoire qui a mis sur le marché un produit qui
la contient de prouver que celui-ci n’est pas à l’origine du dommage (Civ. 1re,
24 sept. 2009, no 08-16305). Il suffit à la victime de prouver qu’elle a été exposé in
utero à cette molécule, sans qu’il soit exigé que les pathologies aient été exclu-
sivement causées par cette exposition (Civ. 1re, 19 juin 2019, no 18-10380).
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I. L’obligation in solidum
Chacun des coresponsables d’un même dommage doit être condamné à le
réparer en totalité (Civ. 3e, 29 oct. 2015, no 14-21456 ; v. aussi : CPP art. 375-2 et
480-1). Par conséquent, la victime peut demander le paiement de l’intégralité
de sa créance de réparation à l’un quelconque des coresponsables, sans avoir à
diviser ses recours. Elle n’a pas à supporter l’insolvabilité d’un coresponsable.
Le défendeur ne peut invoquer le fait d’un tiers (coresponsable fautif ou gardien)
pour limiter sa propre obligation (sauf en cas de force majeure : v. infra).
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I. L’exonération partielle
À moins qu’elle présente les caractères de la force majeure, la faute de la
victime n’entraîne qu’une exonération partielle du responsable dont la mesure
relève du pouvoir souverain d’appréciation des juges du fond.
La jurisprudence dévia à trois reprises de cette règle avant de la
réaffirmer :
• en 1982, la jurisprudence décida que le gardien d’une chose, instrument
du dommage, ne pouvait désormais s’exonérer de sa responsabilité en
invoquant la faute de la victime que si celle-ci était constitutive d’un cas de
force majeure (Civ. 2e, 21 juill. 1982, Desmares, no 81-12850). Cette solution
visait à provoquer une réforme de l’indemnisation des accidents de la circu-
lation. Eu égard à la gravité des dommages subis par les victimes de ces
accidents, il était injuste que leur soit systématiquement opposé leur faute
simple. La loi du 5 juillet 1985 (loi Badinter) tendant à l’amélioration de la
situation des victimes d’accidents de la circulation ayant remédié à cette
injustice, l’exonération partielle du gardien à raison de la faute simple de la
victime a été rétablie en droit commun (Civ. 2e, 6 avr. 1987, no 84-17024) ;
• le transporteur ferroviaire, tenu envers les voyageurs d’une obligation de
sécurité de résultat, ne pouvait s’exonérer de sa responsabilité contractuelle
en invoquant la faute d’imprudence de la victime que si cette faute présen-
tait les caractères de la force majeure (Civ. 1re, 13 mars 2008, no 05-12551 ; Ch.
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I. Une chose
La responsabilité du fait des choses s’applique à toute chose sans distin-
guer selon qu’elle soit mobilière ou immobilière, dangereuse ou inoffensive,
en mouvement ou inerte, dirigée par une personne ou autonome, atteinte
ou non d’un vice. De surcroît, une chose peut être l’instrument du dommage
par l’intermédiaire d’une autre chose (vagues causées par un bateau : Civ. 2e,
10 juin 2004, no 03-10837) ou d’un corps (chute en ski : Civ. 1re, 16 oct. 2013,
no 12-17909).
Par exception, échappent au régime de la responsabilité du fait des choses
les dommages causés par :
• (i) un véhicule terrestre à moteur (L. 5 juill. 1985) ;
• (ii) un produit défectueux (c. civ. art. 1245 et s.) ;
• (iii) une communication d’incendie (art. 1242, al. 2). En 1921, la jurispru-
dence décida qu’en cas de communication d’incendie, le gardien ne pouvait
plus s’exonérer en prouvant qu’il n’avait pas commis de faute. L’article 1242,
alinéa 2, a alors été voté (sous la pression des assureurs) pour réintroduire
l’exigence d’une faute : le gardien d’un immeuble ou d’un meuble dans
lequel a pris naissance un incendie est responsable vis-à-vis des tiers que
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B. Le transfert de la garde
Le propriétaire de la chose est présumé gardien (Civ. 2e, 5 juill. 2018,
n 17-20905 ; Civ. 2e, 14 juin 1995, no 93-19188). Mais il peut démontrer un trans-
o
fert de la garde.
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C. La pluralité de gardiens
La garde est alternative et non cumulative. En principe, les pouvoirs
d’usage, de direction et de contrôle ne peuvent être exercés que par une seule
personne au moment du dommage.
Par exception, la pluralité de gardiens est admise dans deux cas :
• (i) La garde est collective ou commune lorsque plusieurs personnes exercent
indistinctement les pouvoirs de la garde sur une même chose. La garde
collective peut d’abord être retenue lorsque le gardien n’est pas identi-
fié mais fait partie d’un groupe de personnes identifiées qui ont exercé la
garde lors d’une action commune ou de concert. Les cogardiens sont alors
responsables in solidum, à moins que soit identifié l’unique gardien de la
chose au moment du dommage (Civ. 2e, 19 oct. 2006, no 04-14177). Ensuite,
la garde collective interdit à la victime ayant la qualité de cogardien d’agir
contre les autres gardiens sur le fondement de l’article 1242, alinéa 1er
(abattage d’un arbre : Civ. 2e, 25 nov. 1999, no 97-20343 ; football : Civ. 2e,
13 janv. 2005, no 03-12884) ou de la loi du 5 juillet 1985 (Civ. 2e, 22 mai 2014,
no 13-10561). La victime ne peut agir que sur le fondement de la responsa-
bilité pour faute ;
• (ii) La garde de la structure et la garde du comportement peuvent s’appli-
quer à une chose dotée d’un dynamisme propre (Civ. 2e, 5 janv. 1956, Oxygène
Liquide, no 56-02138). Si le dommage est lié à la manipulation de la chose, le
gardien du comportement est responsable (transporteur, emprunteur). Au
contraire, si le dommage a pour origine un défaut de la chose alors c’est le
gardien de la structure (propriétaire) qui sera responsable. Par exemple, la
responsabilité d’un aéroclub, recherchée en qualité de gardien de la struc-
ture de l’appareil, ne peut être retenue lorsqu’il est établi que l’appareil était
en parfait état de vol à son décollage (Civ. 1re, 27 févr. 2007, no 03-16683).
Par contre, le propriétaire d’un élévateur hydraulique à nacelle, présumé
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B. L’immixtion de la faute
Le mineur ne bénéficie d’aucune immunité, il engage sa responsabilité
personnelle (faute ou garde), sauf s’il n’a commis qu’un fait causal non fautif.
La circonstance que le mineur a été confié à une personne exerçant un
pouvoir de surveillance ne fait pas cesser la cohabitation de l’enfant avec
ses parents (Crim. 18 mai 2004, no 03-83616). Le parent chez lequel l’enfant
a sa résidence habituelle est responsable de plein droit, quand bien même
l’autre parent, bénéficiaire d’un droit de visite et d’hébergement, exercerait
conjointement l’autorité parentale et aurait commis une faute (Crim. 29 avr.
2014, no 13-84207). Une telle faute ne relève pas du pouvoir d’appréciation du
juge pénal qui peut seulement retenir la responsabilité civile de l’auteur de
l’infraction et du civilement responsable.
Si la personne à qui l’enfant a été confié, qu’il s’agisse du parent exerçant
le droit de visite ou d’hébergement ou d’un tiers (par ex., la responsabilité
contractuelle d’une association pour mineurs handicapés : Civ. 2e, 12 mai
2005, no 03-17994), a commis une faute, la charge définitive de la réparation
devrait reposer sur elle. Si la preuve d’une telle faute n’exonère pas le parent
civilement responsable du mineur, elle exclut sa contribution à la dette.
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B. La faute du préposé
Si le dommage est causé par une chose manipulée par le préposé, la respon-
sabilité du commettant est directement engagée en sa qualité de gardien ; la
qualité de préposé étant incompatible avec celle de gardien.
En revanche, si le dommage est causé par le fait du préposé, la preuve d’une
faute du préposé s’impose pour engager la responsabilité du commettant. Par
conséquent, le commettant n’engage sa responsabilité en raison du dommage
causé par son préposé sportif que si celui-ci a commis une faute caractérisée
par la violation des règles du jeu (Civ. 2e, 8 avr. 2004, no 03-11653).
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B. La mise en œuvre
Le fait pour le préposé de commettre une infraction pénale n’est pas
un abus de fonction s’il est commis dans le cadre des fonctions : violences
commises par un videur de discothèque (Civ. 2e, 12 mai 2011, no 10-20590),
agression sexuelle commise par un professeur de musique (Civ. 2e, 17 mars
2011, no 10-14468), chauffeur routier ayant trouvé dans son emploi les moyens
d’organiser un vol (Civ. 2e, 21 mai 2015, no 14-14873), assassinat d’un cadre par
un salarié sur son lieu de travail (Crim. 25 mars 1998, no 96-85593).
Commettre une infraction pénale n’est pas non plus un abus de fonctions
si le préposé a agi, même sans autorisation, afin d’exécuter sa mission. C’est
le cas du livreur qui s’introduit et déplace un véhicule qui le gène pour accom-
plir sa mission, et renverse dans la manœuvre le propriétaire du véhicule
(Crim. 27 mai 2014, no 13-80849).
Il en va autrement lorsque le préposé a pris une initiative personnelle sans
rapport avec sa mission et sans utiliser les moyens de ses fonctions : livreur
qui s’introduit par curiosité dans le véhicule d’un tiers et blesse son proprié-
taire en le déplaçant (Civ. 2e, 3 juin 2004, no 03-10819) ; salarié qui profite d’un
« pot » au bureau pour se livrer à des actes relevant d’une initiative person-
nelle destinée à satisfaire des pulsions exhibitionnistes à l’encontre d’un
collègue de travail avec lequel il entretenait des relations extra-profession-
nelles (Crim. 30 janv. 2007, no 06-83405 ; pour une prise d’initiative qui n’est
pas dans l’intérêt du commettant, même sur le lieu de travail : Civ. 2e, 5 nov.
2020, no 19-20971).
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I. La preuve de l’implication
A. En cas de contact avec le VTM
Est nécessairement impliqué dans l’accident le VTM intervenu dans une
collision, qu’il soit à l’arrêt ou en mouvement. Le simple contact ou interven-
tion matérielle du VTM emporte présomption d’implication : cycliste qui
heurte la ridelle d’un camion régulièrement stationné (Civ. 2e, 25 janv. 1995,
no 92-17164) ; VTM roulant à droite à allure raisonnable heurté par un cyclo-
moteur dont la victime a perdu le contrôle (Civ. 2e, 20 mars 1989, no 87-16806) ;
VTM stationné dans un parking heurté par la victime emportée par une rafale
alors qu’elle pratiquait du kite-surf (Civ. 2e, 6 févr. 2014, no 13-13265).
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B. Le responsable subsidiaire
Si le producteur n’est pas identifié, sont responsables du fait du produit
défectueux : le vendeur, le loueur (à l’exception du crédit-bailleur ou du
loueur assimilable au crédit-bailleur) ou tout autre fournisseur profession-
nel (art. 1245-6). Ces professionnels échappent à leur responsabilité sur le
fondement des articles 1245 et suivants s’ils désignent le producteur ou leur
propre fournisseur, dans un délai de 3 mois à compter de la date à laquelle la
demande de la victime leur a été notifiée.
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Section 1. Prolégomènes
§ 2. Un trouble anormal
Les juges du fond disposent d’un pouvoir souverain pour apprécier l’exis-
tence d’un trouble anormal de voisinage. Ils tiennent compte notamment de
la gravité du trouble, de sa durée, de son caractère inhabituel et imprévisible,
du moment et du lieu de sa réalisation : construction haute entraînant une
perte d’ensoleillement (Civ. 3e, 3 mai 2011, no 09-70291) ; odeur d’une porcherie
(Civ. 1re, 13 juillet 2004, no 02-15176) ; pollution d’un commerce de vente et de
réparation de motos (Civ. 2e, 19 oct. 1994, no 92-14313, Sté Fullpower) ; arrachage
d’un câble électrique lors de travaux (Civ. 3e, 13 avr. 2005, no 03-20575) ; création
d’une mare à dix mètres d’une habitation qui reçoit en été une colonie de
batraciens provoquant un coassement atteignant 63 dB (A) dans l’une des
chambres fenêtre ouverte (Civ. 2e, 14 déc. 2017, no 16-22509).
Le risque de dommage peut constituer un trouble anormal : risque
de projection de balles venant d’un terrain de golf (Civ. 2e, 10 juin 2004,
no 03-10434) ; risque d’incendie lié au stockage de paille ou de foin en meules
à proximité d’une habitation (Civ. 2e, 24 fév. 2005, no 04-10362). En revanche,
la seule irrégularité d’un poste de chasse à la palombe ne caractérise pas un
trouble anormal (Civ. 2e, 18 déc. 2003, no 02-13092).
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I. La condition suspensive
« Avant que la condition suspensive ne soit accomplie, le débiteur doit s’abs-
tenir de tout acte qui empêcherait la bonne exécution de l’obligation ; le créancier
peut accomplir tout acte conservatoire et attaquer les actes du débiteur accomplis
en fraude de ses droits » (art. 1304-5). Le paiement d’une obligation condition-
nelle donne lieu à répétition.
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C. La liquidation judiciaire
Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire rend exigibles
les créances non échues (c. com. art. L. 643-1).
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I. La solidarité active
« La solidarité entre créanciers permet à chacun d’eux d’exiger et de recevoir le
paiement de toute la créance. Le paiement fait à l’un d’eux, qui en doit compte aux
autres, libère le débiteur à l’égard de tous » (art. 1311). Tant que le débiteur n’est
pas poursuivi par l’un des créanciers, il peut payer l’un ou l’autre des créan-
ciers solidaires.
La solidarité ne se présume pas (art. 1310). Elle doit être prévue expres-
sément au contrat (p. ex., le compte-joint). En revanche, il n’est pas néces-
saire de prévoir explicitement que chaque créancier a le droit de demander
le paiement du total de la créance commune.
« Tout acte qui interrompt ou suspend la prescription à l’égard de l’un des créan-
ciers solidaires, profite aux autres créanciers » (art. 1312).
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« La cession de créance est un contrat par lequel le créancier cédant transmet,
à titre onéreux ou gratuit, tout ou partie de sa créance contre le débiteur cédé à un
tiers appelé le cessionnaire » (c. civ. art. 1321). La cession peut porter sur une ou
plusieurs créances présentes ou futures, déterminées ou déterminables.
Par exemple, le contrat de crédit-bail peut prévoir que le crédit-bailleur trans-
fère au crédit-preneur la garantie des vices cachés contre le fournisseur.
« Le consentement du débiteur n’est pas requis, à moins que la créance ait été
stipulée incessible » (art. 1321, al. 4). Toutefois, est nulle la clause « prévoyant pour
toute personne exerçant des activités de production, de distribution ou de services,
la possibilité d’interdire au cocontractant la cession à des tiers des créances qu’il
détient sur elle » (c. com. art. L. 442-3 ; id. pour la créance d’indemnité d’assu-
rance : c. ass. art. L. 211-5-2). En outre, les effets d’une cession de créance
professionnelle effectuée selon les modalités des articles L. 313-23 et suivants
du code monétaire et financier (cession Dailly) ne peuvent être limités par le
contrat générateur de la créance (Com. 11 oct. 2017, no 15-18372, inefficacité de
l’exigence, à peine de nullité, d’un préavis de la cession au débiteur cédé).
« La cession de créance doit être constatée par écrit, à peine de nullité »
(art. 1322).
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« La novation est un contrat qui a pour objet de substituer à une obligation,
qu’elle éteint, une obligation nouvelle qu’elle crée » (art. 1329). La novation peut
entraîner :
• une substitution d’obligation. En ce cas, la novation n’est pas une simple
modification de l’obligation (terme, montant de l’obligation, ajout d’une
clause, renonciation à une stipulation, modalités de paiement) ou une
transaction ;
• un changement de débiteur. Elle se distingue de la cession de dette ou
de contrat qui emportent circulation de l’obligation, et non extinction de
l’ancienne et création d’une nouvelle ;
• un changement de créancier.
§ 3. Le consentement
« La novation par changement de débiteur peut s’opérer sans le concours du
premier débiteur » (art. 1332). De fait, l’ancien débiteur a tout intérêt à la novation
et, à la différence de la cession de dette, ce n’est pas lui qui décide de céder
sa dette.
Contrairement à une cession de créance, la novation par changement de
créancier requiert le consentement du débiteur qui peut, par avance, accep-
ter que le nouveau créancier soit désigné par le premier (art. 1333, al. 1er).
En effet, la novation crée une nouvelle obligation à laquelle le débiteur doit
consentir.
I. Les accessoires
« L’obligation ancienne est éteinte avec tous ses accessoires. Par exception, les
sûretés d’origine peuvent être réservées pour la garantie de la nouvelle obligation
avec le consentement des tiers garants » (art. 1334). En toute logique, le débiteur
peut donner son accord au maintien des sûretés réelles qu’il a consenties
en considération de l’obligation ancienne. Le consentement du garant doit
être donné avant la novation puisqu’à défaut celle-ci emporte extinction des
accessoires.
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« La délégation est une opération par laquelle une personne, le délégant, obtient
d’une autre, le délégué, qu’elle s’oblige envers une troisième, le délégataire, qui
l’accepte comme débiteur » (art. 1336, al. 1er). La délégation est un contrat à trois
parties. En pratique, le délégué est débiteur du délégant, si bien que la déléga-
tion est à la fois une garantie pour le délégataire (qui aura deux débiteurs), et
réalise un paiement simplifié (du délégué vers le délégataire au lieu de deux
paiements délégué/délégant puis délégant/délégataire). Mais la préexistence
d’une créance n’est pas une condition de la délégation (Com. 21 juin 1994,
no 91-19281). Le délégué qui s’engage sans être débiteur à l’égard du délégant
joue alors un rôle de garant. En revanche, si l’engagement du délégué ne
dépasse pas sa dette à l’égard du délégant, la délégation ne constitue, à l’égard
du délégué ayant la forme d’une société anonyme, qu’un mode d’extinction
de sa propre dette envers le délégant qui échappe à l’exigence d’une autorisa-
tion préalable du conseil d’administration (Com. 15 janv. 2013, no 11-28173).
En toute hypothèse, la délégation est une garantie pour le délégataire.
Ainsi, la loi du 31 décembre 1975 relative à la sous-traitance prévoit que l’entre-
preneur n’est pas tenu de fournir un cautionnement bancaire s’il délègue le
maître de l’ouvrage au sous-traitant à concurrence du montant des presta-
tions exécutées par le sous-traitant (art. 14).
Enfin, la délégation implique une obligation nouvelle du délégué à l’égard
du délégataire. Elle se distingue de l’indication de paiement par laquelle un
débiteur demande à son propre débiteur de payer son créancier (mandat de
paiement), et qui n’emporte ni novation ni délégation (art. 1340). Le manda-
taire n’est pas engagé à l’égard du créancier. Son mandat peut être révoqué,
pas l’engagement du délégué.
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Tout créancier dispose d’un droit de gage général sur le patrimoine de son
débiteur (c. civ. art. 2284 et 2285). Le débiteur répond de ses dettes sur tous
ses biens mobiliers et immobiliers, présents et à venir. À défaut de paiement
de l’obligation, le créancier peut recourir aux voies d’exécution forcée sur
le patrimoine du débiteur (saisies ou sûretés conservatoires, saisie-attribu-
tion, saisie-vente, saisie immobilière). Aux fins de protéger le patrimoine du
débiteur pour sauvegarder son droit de gage général, le créancier dispose
d’actions protectrices qui lui permettent d’agir contre un tiers (action oblique,
action paulienne, action directe).
Certains créanciers bénéficient d’un droit de préférence (sûreté réelle) qui
leur permet d’être payé avant les autres. De leur côté, les créanciers chiro-
graphaires (qui n’ont pas de sûreté) sont soumis à un principe d’égalité. Le
premier créancier à exiger le paiement et à engager une voie d’exécution sera
payé avant les autres (« prix de la course »). Toutefois, plusieurs créanciers
peuvent se manifester dans le cadre d’une procédure de saisie (par ex., CPCE
art. R. 251-2). À l’issue de la procédure de distribution du prix consécutive à
la saisie, les créanciers chirographaires seront payés par contribution, i.e.
proportionnellement au montant de leur créance.
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I. L’objet du paiement
« Le créancier peut refuser un paiement partiel même si la prestation est divisible »
(art. 1342-4). Si le créancier accepte un paiement partiel, le débiteur de
plusieurs dettes ne peut pas exercer la faculté qui lui permet d’indiquer au
créancier la dette qu’il entend acquitter (Civ. 1re, 27 nov. 2019, no 18-21570). Par
exception, le paiement partiel s’impose au créancier lorsque l’obligation est
divisible en cas de décès du débiteur (art. 1309) ou en cas de compensation.
Le créancier peut accepter de recevoir en paiement autre chose que ce
qui lui est dû. Cette dation en paiement a pour effet d’éteindre l’obligation
initiale. Il s’agit d’un paiement anormal qui est nul s’il est effectué en période
suspecte (c. com. art. L. 632-1, I, 4°).
Si l’obligation porte sur un corps certain, il incombe, le cas échéant, au
débiteur de prouver que la détérioration de la chose n’est pas due à sa faute
ou celle des personnes dont il doit répondre (art. 1342-5).
Enfin, les frais du paiement sont à la charge du débiteur (art. 1342-7).
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259
2. La dette de valeur
La dette de valeur est une dette dont le montant est fixé au jour de son
paiement (plus exactement de sa liquidation) et non au jour de sa naissance.
Par exemple, la dette du responsable est fixée au jour de sa condamnation,
les préjudices subis étant évalués au jour où le juge statue. À la dissolution
d’un régime matrimonial, la liquidation peut donner lieu au paiement de
récompenses ou de créances entre époux, lesquelles ne correspondent pas au
montant nominal de la dette lorsque les sommes ont servi à l’acquisition d’un
bien, mais sont réévaluées selon le profit subsistant, i.e. la valorisation dudit
bien (c. civ. art. 1469 ; également pour les restitutions et le rapport successo-
ral : art. 1352 et 860).
260
I. La devise
« Le paiement, en France, d’une obligation de somme d’argent s’effectue en euros »
(art. 1343-3). Par exception, le paiement peut s’effectuer dans une monnaie
étrangère si l’obligation procède d’un contrat international (même soumis à
la loi française) ou d’un jugement étranger. Les parties peuvent aussi conve-
nir que le paiement aura lieu en devise s’il intervient entre professionnels,
lorsque l’usage d’une monnaie étrangère est communément admis pour l’opé-
ration concernée.
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I. La subrogation légale
A. Le droit commun
« La subrogation a lieu par le seul effet de la loi au profit de celui qui, y ayant
un intérêt légitime, paie dès lors que son paiement libère envers le créancier celui
sur qui doit peser la charge définitive de tout ou partie de la dette » (art. 1346). La
subrogation légale exige trois conditions : le paiement ; l’intérêt légitime
du solvens ; la libération du débiteur ayant la charge définitive (de tout ou
partie) de la dette.
L’article 1346, issu de l’Ordonnance du 10 février 2016, englobe les cas visés
par l’ancien article 1251 du code civil, tels que le créancier qui paie un autre
créancier qui lui est préférable à raison de ses privilèges ou hypothèques, et
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« La remise de dette est le contrat par lequel le créancier libère le débiteur de son
obligation » (art. 1350).
La remise de dette consentie à l’un des codébiteurs solidaires libère les
autres à concurrence de sa part. La remise de dette faite par l’un seulement
des créanciers solidaires ne libère le débiteur que pour la part de ce créan-
cier (art. 1350-1).
La remise de dette accordée au débiteur principal libère les cautions,
même solidaires.
La remise consentie à l’une des cautions solidaires ne libère pas le débiteur
principal, mais libère les autres cautions à concurrence de la part de la
caution libérée.
Dans le cas où la caution est libérée en contrepartie du versement d’une
partie de sa dette (décharge), ce montant s’impute sur la dette du débiteur princi-
pal. Les autres cautions ne restent tenues que déduction faite de la part de la
caution libérée ou de la valeur fournie si elle excède cette part (art. 1350-2).
Par exemple, une dette principale de 100 est garantie par deux cautions
solidaires, chacune tenue à hauteur de 100 (obligation à la dette), mais dont
la part contributive est de 50. Si le créancier consent une remise de dette à
l’une des cautions qui lui a réglé 20 (alors que le créancier pouvait lui récla-
mer 100), l’autre caution sera tenue de 50 (déduction de la part de la caution
libérée). Si la caution libérée a versé 60 au créancier pour sa décharge, l’autre
caution et le débiteur ne seront tenus à l’égard du créancier que de 40.
278
I. Le calcul de la prescription
A. Le point de départ du délai de prescription
En principe, la prescription court à compter du jour où le titulaire d’un droit
a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l’exercer (art. 2224).
Ce critère subjectif permet au juge de faire courir la prescription au-delà du
fait générateur de l’obligation dès lors que le créancier ne pouvait connaître
l’existence de son droit. Ainsi, les victimes de la Dépakine, n’ayant pas été
informée du risque de ce produit, n’ont connaissance de l’origine du dommage
qu’après le dépôt du rapport d’expertise (Civ. 1re, 27 nov. 2019, no 18-16537).
La loi édicte de nombreux points de départ spéciaux. Par exemple : répara-
tion d’un dommage corporel (date de la consolidation : art. 2226) ; action en
remboursement d’un crédit à la consommation (premier incident de paiement :
c. cons. R. 312-35) ; garantie des vices cachés (découverte du vice : art. 1648) ;
rescision pour lésion (jour de la vente : art. 1676), etc.
B. La computation du délai
Le délai de prescription court à compter du lendemain du jour de l’évé-
nement qui en constitue le point de départ (art. 2228). La prescription est
acquise lorsque le dernier jour du terme est accompli. Ensuite, le délai se
compte en mois et année sans distinguer selon le nombre de jours par mois
ou par année. Par exemple, un contractant découvre le 2 mars 2021 qu’il avait
été victime d’un dol. Le délai de 5 ans de l’action en nullité court à compter
du 3 mars et expirera le 3 mars 2026 à 0 heures (ou le 2 mars à 24 heures).
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D. Le délai butoir
Le report du point de départ, la suspension ou l’interruption de la prescrip-
tion ne peut avoir pour effet de porter le délai de la prescription extinctive
au-delà de vingt ans à compter du jour de la naissance du droit (art. 2232).
Cette fois, le point de départ est fondé sur un critère objectif (naissance du
droit). Le délai butoir est d’ordre public. Par exception, il n’est pas applicable
dans diverses hypothèses : réparation d’un dommage corporel, créances
conditionnelles ou à terme, état des personnes, etc.
281
« La restitution d’une chose autre que d’une somme d’argent a lieu en nature
ou, lorsque cela est impossible, en valeur, estimée au jour de la restitution »
(c. civ. art. 1352).
Par exemple, l’annulation du bail oblige le preneur à verser une indem-
nité d’occupation qui est la contrepartie en valeur de la jouissance des lieux
(Civ. 3e, 14 juin 2018, no 17-13422).
Toutefois, l’annulation d’un contrat d’assurance ne permet pas à l’assu-
reur de prétendre à une somme correspondant à la restitution des garanties
(Civ. 3e, 12 avr. 2018, no 17-13118 ; cep. en cas de fausse déclaration intention-
nelle de l’assuré : c. ass. art. L. 113-8).
Lorsque l’acquéreur est dans l’impossibilité de restituer le bien vendu,
la restitution en valeur s’entend de la valeur effective du bien au jour de la
vente, et non au prix convenu (Civ. 1re, 8 mars 2005, no 02-11594). La valeur est
estimée au jour de la restitution (art. 1352). En cas de revente du bien, la loi
distingue selon que l’acquéreur est de bonne ou mauvaise foi. L’acquéreur
de bonne foi qui a vendu la chose ne doit restituer que le prix de vente. S’il l’a
reçue de mauvaise foi, il en doit la valeur au jour de la restitution lorsqu’elle
est supérieure au prix (art. 1352-2).
Par ailleurs, la restitution n’est pas en soi un préjudice, de sorte qu’elle
ne peut être réclamée au professionnel du droit ayant commis une faute dans
la rédaction de l’acte nul que si le débiteur de la restitution est insolvable (v.
supra, le caractère subsidiaire de la responsabilité).
Enfin, le débiteur est tenu de compenser la diminution de valeur du bien
restitué en cas de dégradation ou de détérioration, sauf s’il est de bonne foi
et que celles-ci ne soient pas dues à sa faute (art. 1352-1).
286
« La restitution d’une somme d’argent inclut les intérêts au taux légal et les taxes
acquittées entre les mains de celui qui l’a reçue » (art. 1352-6).
« La restitution d’une prestation de service a lieu en valeur. Celle-ci est appré-
ciée à la date à laquelle elle a été fournie » (art. 1352-8).
« Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver » (c. civ. art. 1353,
al. 1er). C’est au créancier de prouver les faits juridiques (conditions de la
responsabilité ou d’un quasi-contrat) ou l’acte juridique (obligation contrac-
tuelle) à l’origine de l’obligation dont il réclame l’exécution.
Par conséquent, il incombe à l’entrepreneur ayant réalisé des travaux dans
la propriété de son client de prouver que celui-ci avait passé commande desdits
travaux (Civ. 3e, 16 juill. 1996, no 95-12321 ; Civ. 1re, 30 sept. 2008, no 07-12705).
C’est au garagiste d’établir que la cliente qui lui avait confié son véhicule
avait bien commandé ou accepté l’ensemble des travaux de remise en état
réalisés (Civ. 1re, 6 janv. 2004, no 00-16545). En l’absence d’une telle preuve, le
garagiste ne peut obtenir le paiement des travaux effectués ni sur le fonde-
ment du contrat ni sur celui de l’enrichissement injustifié (Civ. 1re, 2 nov.
2005, no 02-18723).
La preuve de la remise de fonds à une personne ne suffit pas à justifier
l’obligation pour celle-ci de restituer la somme qu’elle a reçue, de sorte que
celui qui se prétend créancier d’une obligation de restitution doit prouver la
remise des fonds et l’engagement de l’accipiens de les restituer (Civ. 1re, 7 juin
2006, no 03-18807 ; Civ. 1re, 8 avr. 2010, no 09-10977). Et, c’est à celui qui a sciem-
ment acquitté la dette d’autrui, sans être subrogé dans les droits du créan-
cier, de démontrer que la cause dont procédait ce paiement impliquait pour
le débiteur l’obligation de lui rembourser les sommes ainsi versées (Civ. 1re,
17 nov. 1993, no 91-19443).
« Celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit
l’extinction de son obligation » (art. 1353, al. 2).
C’est au débiteur de prouver l’extinction de l’obligation par paiement,
par compensation ou par une autre cause. Ainsi, le maître d’ouvrage ne
peut refuser de payer le sous-traitant exerçant l’action directe qu’à la condi-
tion d’établir la date et le montant du règlement des travaux à l’entrepreneur
principal (Civ. 3e, 8 nov. 2006, no 05-18482).
Il incombe au vendeur de prouver qu’il a mis la chose vendue à la dispo-
sition de l’acheteur dans le délai convenu ou qu’il l’a livrée (Civ. 1re, 19 mars
1996, no 94-14155 ; Com. 23 oct. 1990, no 89-11642).
Celui qui est légalement ou contractuellement tenu d’une obligation parti-
culière d’information doit rapporter la preuve de l’exécution de cette obliga-
tion (Civ. 1re, 25 févr. 1997, no 94-19685).
L’obligation du débiteur est éteinte s’il rapporte la preuve d’une cause
d’exonération (force majeure, faute de la victime, abus de fonctions du préposé)
ou l’existence d’une cause de nullité.
Si l’assuré doit prouver que les conditions de la garantie sont réunies pour
exiger l’indemnité d’assurance, c’est à l’assureur de prouver sa libération à
raison de l’exclusion de garantie ou de la fausse déclaration intentionnelle
de l’assuré (Civ. 2e, 5 juill. 2018, no 17-20491).
Enfin, c’est au débiteur de prouver que l’obligation est prescrite ou forclose.
Ainsi, il appartient à l’entrepreneur et à son assureur de rapporter la preuve
que l’action de la victime a été engagée après l’expiration du délai de garantie
294
295
« Les contrats sur la preuve sont valables lorsqu’ils portent sur des droits dont les
parties ont la libre disposition. Néanmoins, ils ne peuvent contredire les présomptions
irréfragables établies par la loi, ni modifier la foi attachée à l’aveu ou au serment. Ils
ne peuvent davantage établir au profit de l’une des parties une présomption irréfra-
gable » (art. 1356). C’est dire que les règles de preuve en matière d’état et de
capacité des personnes ne sauraient être modifiées par contrat. En revanche,
le contrat de prêt peut prévoir que l’usage d’une carte avec code confidentiel
vaut preuve de l’ordre de paiement du vendeur par le prêteur (Civ. 1re, 8 nov.
1989, no 86-16197).
Le contrat sur la preuve ne peut pas établir une présomption irréfra-
gable. Ainsi, le licencié d’un progiciel peut prouver le dysfonctionnement
de celui-ci, et ainsi renverser la présomption de recette tacite (conformité du
progiciel aux besoins de l’entreprise) résultant de l’absence de réserve dans
un délai déterminé (Com. 6 déc. 2017, no 16-19615).
De surcroît, dans les contrats conclus entre des professionnels et
des non-professionnels ou des consommateurs, la clause qui impose au
non-professionnel ou au consommateur la charge de la preuve, qui devrait
incomber normalement à l’autre partie au contrat est présumée abusive de
manière irréfragable (c. cons. art. R. 132-1, 12°). Par conséquent, c’est à l’assu-
reur de prouver que l’accident de la circulation était en relation avec l’état
alcoolique du conducteur et non à l’assuré de prouver que l’accident est sans
relation avec cet état, toute clause contraire est réputée non écrite (Civ. 1re,
12 mai 2016, no 14-24698). Il en va de même de la clause selon laquelle l’enre-
gistrement informatique de l’envoi fait présumer l’exécution de l’obligation
d’information du professionnel (Civ. 1re, 1er févr. 2005, no 01-16733). La preuve
du sinistre (vol) est libre et ne peut être limitée par la police d’assurance au
regard notamment des conditions de sa réalisation (Civ. 2e, 10 mars 2004,
no 03-10154).
De façon contestable, les juges du fond apprécient souverainement si la
clause de présomption de contribution aux charges du mariage au jour le
jour stipulée dans un contrat de mariage a un caractère irréfragable faisant
obstacle à l’action en contribution d’un époux contre l’autre (Civ. 1re, 18 nov.
2020, no 19-15353).
298
§ 1. Le principe
« Chacun est tenu d’apporter son concours à la justice en vue de la manifestation
de la vérité. Celui qui, sans motif légitime, se soustrait à cette obligation lorsqu’il en
a été légalement requis, peut être contraint d’y satisfaire, au besoin à peine d’astreinte
ou d’amende civile, sans préjudice de dommages et intérêts » (c. civ. art. 10). S’il
incombe à chaque partie de prouver conformément à la loi les faits néces-
saires au succès de sa prétention (CPC art. 9), le juge a le pouvoir d’ordonner
à une partie ou à un tiers de produire toute preuve en leur possession utile
à la manifestation de la vérité.
302
303
L’acte juridique portant sur une somme ou une valeur excédant 1 500 euros
doit être prouvé par écrit sous signature privée ou authentique (art. 1359, al. 1er).
Le créancier ne peut pas être dispensé de la preuve par écrit en restreignant
sa demande. En deçà de 1 500 euros, la preuve de l’acte juridique est libre.
Par exemple, la preuve de la remise de fonds et de l’absence d’intention
libérale ne suffit pas à prouver l’obligation de restitution qui doit être rapportée
par un écrit, comme la reconnaissance de dette ou le contrat de prêt (Civ. 1re,
19 juin 2008, no 07-13912). En l’absence d’écrit, un entrepreneur ne peut pas
obtenir le paiement d’une facture, même si la matérialité des travaux a été
reconnue par le maître d’ouvrage (Civ. 3e, 21 juill. 1999, no 96-22630). En outre,
il ne suffit pas de prouver l’existence d’un contrat, le créancier doit encore
prouver par écrit le montant de sa créance.
306
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308
La preuve d’un fait juridique peut être établie par tous moyens (témoi-
gnages, présomptions, aveu extrajudiciaire, etc.). Cela recouvre la preuve du
fait générateur de responsabilité extracontractuelle ou contractuelle (inexé-
cution du contrat), du préjudice, du lien de causalité, du quasi-contrat, de la
propriété, de l’intention libérale dans un acte juridique, de la cause de nullité
(dol) ou du caractère frauduleux d’un acte juridique.
Par exemple, l’envoi et la réception de relevés de compte, dont l’absence
de contestation fait présumer l’accord du client sur les opérations y figurant,
constituent des faits pouvant être prouvés par tout moyen (Com. 13 nov. 2012,
no 11-25596).
« Le paiement se prouve par tout moyen » (art. 1342-8). Le débiteur peut donc
établir le paiement autrement que par une quittance ou un commencement
de preuve par écrit (Civ. 1re, 16 sept. 2010, no 09-13947 ; Civ. 3e, 23 nov. 2017,
no 16-17764). Mais si celui qui a donné quittance peut établir que celle-ci n’a
pas la valeur libératoire qu’implique son libellé, cette preuve contre un écrit
ne peut être rapportée que dans les conditions prévues par les articles 1359 et
suivants (Civ. 1re, 4 nov. 2011, no 10-27035 ; Civ. 1re, 9 mai 2019, no 18-10885). Un
témoignage ou un aveu extrajudiciaire ne peuvent prouver contre la quittance,
sauf s’il existe un commencement de preuve par écrit. Bien entendu, cette
exigence de la preuve littérale contre une quittance ou contre la mention
d’un paiement hors la vue du notaire dans un acte notarié ne s’impose pas
aux tiers qui peuvent prouver par tous moyens l’absence de paiement effec-
tif (Civ. 1re, 11 mars 2009, no 07-20132).
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« La copie fiable a la même force probante que l’original. La fiabilité est laissée à
l’appréciation du juge. Néanmoins est réputée fiable la copie exécutoire ou authen-
tique d’un écrit authentique » (art. 1379).
La fiabilité résulte du recours à un procédé de reproduction à l’identique
de la forme et du contenu qui en garantit l’intégrité. Sous réserve que ces
conditions soient réunies, une photocopie ou un fichier informatique peuvent
constituer une copie fiable.
La copie exécutoire (revêtue de la formule exécutoire), parfois appelée
« grosse », est soumise à des règles de forme (p. ex., Décret 26 nov. 1971 relatif
aux actes établis par les notaires).
318
« L’aveu est la déclaration par laquelle une personne reconnaît pour vrai un
fait de nature à produire contre elle des conséquences juridiques » (art. 1383).
L’aveu extrajudiciaire peut résulter d’un écrit ou d’un témoignage. S’il
est purement verbal, il n’est reçu que dans les cas où la loi permet la preuve
par tout moyen (art. 1383-1). Il peut s’agir de propos recueillis au cours d’une
enquête de police ou de la réponse d’un débiteur à un huissier selon laquelle
il paiera l’intégralité de la dette dans un délai déterminé.
« L’aveu judiciaire est la déclaration que fait en justice la partie ou son représen-
tant spécialement mandaté » (art. 1383-2). L’aveu judiciaire est formulé devant
un juge au cours de l’instance à l’occasion de laquelle il est invoqué (Civ. 3e,
30 mai 2012, no 11-13797). Il est recevable même dans le cas où la preuve doit
être administrée par écrit. La reconnaissance d’un fait dans les conclusions
écrites d’un avocat (et non dans une plaidoirie) constitue un aveu judiciaire
de la partie qu’il représente. Dans une procédure orale, l’aveu peut résulter
des déclarations orales de l’avocat.
L’aveu n’est admis que s’il porte sur des points de fait et non sur des points
de droit. Il s’ensuit qu’une personne ne peut pas avouer sa responsabilité ou
sa faute, mais uniquement reconnaître le fait susceptible d’être qualifié de
faute. Une personne peut reconnaître devoir une somme d’argent, mais ne peut
pas reconnaître la solidarité de sa dette (Civ. 1re, 7 juin 1995, no 92-21961).
L’aveu judiciaire est irrévocable, sauf en cas d’erreur de fait de son auteur.
Il est indivisible (p. ex., aveu d’une créance payée), sauf preuve de son inexac-
titude (défaut de remboursement d’un prêt reconnu par le débiteur : Civ. 1re,
30 oct. 2006, no 04-17098). L’aveu judiciaire est une preuve parfaite : il fait foi
contre celui qui l’a fait tant à l’égard des parties que du juge. Au contraire,
les juges du fond apprécient souverainement la valeur probatoire de l’aveu
extrajudiciaire.
322
Le serment est déféré par une partie à l’autre pour en faire dépendre le
jugement. Il ne peut porter que sur un fait personnel à la partie à laquelle il
est déféré (art. 1385-1). Le serment peut être référé à la partie qui l’a déféré
lorsqu’il porte sur un fait qui lui est aussi personnel.
« Celui à qui le serment est déféré et qui le refuse ou ne veut pas le référer, ou
celui à qui il a été référé et qui le refuse, succombe dans sa prétention » (art. 1385-2).
Le serment décisoire est une preuve parfaite. Le faux serment constitue un
délit (c. pén. art. 434-17).
« Le juge peut d’office déférer le serment à l’une des parties. Ce serment ne peut
être référé à l’autre partie. Sa valeur probante est laissée à l’appréciation du juge »
(art. 1386).
Titre 1. Le contrat.......................................................................................................... 7
Chapitre 1. Les principes généraux du droit des contrats........................... 9
Section 1. La notion de contrat........................................................................... 9
§ 1..L’accord de volontés............................................................................... 9
§ 2..La création, la modification, la transmission
et l’extinction d’obligations................................................................. 10
Section 2. La liberté contractuelle................................................................... 11
§ 1..Le fondement de la liberté contractuelle............................................ 11
§ 2..La valeur juridique de la liberté contractuelle................................... 12
§ 3..Les limites de la liberté contractuelle................................................. 12
Section 3. La classification des contrats.......................................................... 13
§ 1..Le contrat nommé et le contrat innommé........................................... 13
§ 2..Le contrat synallagmatique et le contrat unilatéral........................... 14
§ 3..Le contrat à titre onéreux et le contrat à titre gratuit......................... 14
§ 4..Le contrat commutatif et le contrat aléatoire..................................... 14
§ 5..Les contrats consensuel, solennel ou réel........................................... 15
§ 6..Le contrat de gré à gré et le contrat d’adhésion................................... 16
I.. Les définitions............................................................................... 16
II.. Les intérêts de la distinction......................................................... 16
§ 7..Le contrat cadre et les contrats d’application......................................17
§ 8..Le contrat à exécution instantanée
et le contrat à exécution successive..................................................... 18
Section 4. L’application dans le temps du droit des contrats........................... 18
§ 1..Les principes........................................................................................ 18
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