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LOI SUR LA THEORIE GENERALE DES OBLIGATIONS

Il faut rappeler que les droits subjectifs désignent les prérogatives


(avantages) reconnues à une personne déterminée, en application des
règles du droit objectif.
Nous avons vu également que les droits subjectifs patrimoniaux se
divisent en deux catégories :
1-Le droit réel qui donne à son titulaire un pouvoir direct et immédiat
sur une chose.
2-Le droit personnel qui permet à son titulaire d’exiger une certaine
prestation d’une autre personne.
Un droit personnel comporte 3 éléments :
1-le créancier, sujet actif du droit
2-le débiteur, sujet passif
3-la prestation, objet du droit.
En outre, il est à rappeler que ce droit, appelé droit de créance, par
rapport au sujet actif, se nomme OBLIGATION ou DETTE, si on l’envisage
du côté du sujet passif.
Les obligations obéissent toutes à un certain nombre de règles communs
qui constituent ce qu’on appelle traditionnellement « La Théorie générale
des obligations » objet de cette troisième partie du cours.
La matière est réglementée, à Madagascar, par la loi n°66 003 du 02 Juillet
1966 désignée sous le titre de « Texte Intégral de la Théorie Générale des
Obligations » : L.T.G.O
A-LES CARACTERES DE L’OBLIGATION
Deux traits ressorts de la définition légale :
- l’obligation est un lien de droit
- l’obligation est un lien qui unit 2 personnes
1-L’obligation est un lien de droit : A une époque très éloignée, ce
lien était matériel, càd que le débiteur pouvait être enchaîné par son
créancier qui pouvait alors le détenir dans sa prison particulière et en faire
ce qu’il voulait.
Ce lien est devenu ensuite abstrait et juridique avec l’évolution de la
société, càd que le débiteur est tenu d’exécuter et qu’à défaut de cette
exécution, on peut normalement secourir à la force publique pour l’y
contraindre. L’Etat sert en quelque sorte d’écran entre le créancier et le
débiteur pour empêcher l’exercice d’une justice privée.
2-L’obligation est un lien qui unit des personnes : ce lien donne au
créancier un pouvoir sur le débiteur. Initialement, ce pouvoir était d’ordre
physique et le droit du créancier sur le débiteur ne différait pas
fondamentalement du droit que le propriétaire pouvait avoir sur une chose.
L’évolution qui s’est accomplie à modifier les caractères de ce pouvoir et
ce n’est que d’une manière très exceptionnelle que le créancier peut
exercer une contrainte sur la personne même de son débiteur (contrainte
par corps).
B-LA CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS
Il y a 2 classifications essentielles des obligations :
- l’une fondée sur la source des obligations
- l’autre fondée sur leur objet
1-les classifications fondées sur la source des obligations
a- La classification traditionnelle du code civil français : Le code civil
Français avait repris la classification établie par les jurisconsultes
romains et il distinguait essentiellement 5 sources d’Obligations :
-Le CONTRAT : càd un accord de volontés destinés à produire des
effets juridiques
-Le QUASI CONTRAT : càd la fait pour une personne d’obliger une
autre personne sans que celle-ci y ait consenti initialement.
-Le DELIT : càd un fait illicite, volontaire, avec l’intention de causer
un dommage à autrui.
-LE QUASI-DELIT : càd un fait illicite et volontaire mais non
intentionnel à causer un dommage à autrui.
-LA LOI AUQUEL CAS : l’obligation naît directement par son
application sans qu’aucun élément de volonté puisse être relevé.
b-La classification moderne
Elle oppose les actes juridiques et les faits juridiques. Cette classification
est expressément consacrée par le législateur malgache.
L’Art 2 al.1er de la LTGO dispose en effet : « L’obligation a pour source, soit
un acte juridique, soit fait juridique ».
Et le législateur malgache a donné une définition à chacune de ces 2
sources :
« L’acte juridique est une manifestation expresse ou tacite d’une ou de
plusieurs volontés ayant pour but de créer, modifier, transmettre ou
éteindre un droit » précise l’alinéa 2 de l’Art 2.
« Le fait juridique est un événement ou un agissement ayant pour effet de
créer, modifier, transmettre ou éteindre un droit sans que ce résultat ait
été recherché » précise l’alinéa 3.
2-LES CLASSIFICATION FONDEES SUR L’OBJET DES OBLIGATIONS
Ici aussi, il convient d’étudier successivement la classification
traditionnelle et la classification moderne, en soulignant que toute s les 2
se retrouvent dans la loi malgache du 02/07/66.
a- La classification traditionnelle :
La classification traditionnelle distingue les obligations de donner de fait
et na pas faire.
Dans une formulation plus moderne de cette classification traditionnelle,
on regroupe d’ailleurs les obligations de donner et les obligations de faire
qui ont toutes deux pour objet une prestation positive, pour les opposer à
l’obligation de ne pas faire qui a pur objet une abstention.
C’est ce regroupement qui explique la formule de l’Art 1er de la LTGO
(Fourniture d’une prestation…ou abstention d’une faculté…)
Par l’obligation de donner, le débiteur s’engage à transférer au créancier la
propriété d’une chose.
Par l’obligation de faire, le débiteur s’engage à l’égard du créancier à
exécuter une certaine prestation (ex : l’obligation de l’employé qui loue
ses services à son patron ; celle du bailleur qui doit procurer au locataire
la jouissance de la chose louée)
Par l’obligation de ne pas faire, le débiteur promet de s’abstenir de tel ou
tel agissement (ex : promesse de ne pas bâtir ; promesse du vendeur d’un
fonds de commerce de ne pas ouvrir un fond faisant concurrence au fond
vendu).
b-La classification moderne :
Elle a été aussi consacrée par le droit malgache qui s’y réfère de façon
explicite à propos de la responsabilité contractuelle (Art 179 de la LTGO).
L’obligation de moyens, appelée aussi OBLIGATION DE PRUDENCE et de
DILIGENCE est celle dans laquelle le débiteur n’est astreint (attacher ou
assujetti..) qu’à mettre en œuvre certains procédés, sans garantie
l’obtention du résultat recherché. Il en est par exemple du médecin qui
accepte de soigner un malade ; l’absence de guérison est insuffisante en
soi pour que la responsabilité du médecin puisse être engagée ; il faut
alors prouver « le défaut de prudence ou de diligence dans l’exécution du
contrat ».
L’obligation de résultat, appelé aussi OBLIGATION DETERMINEE astreint
le débiteur à procurer à son créancier un résultat déterminé ; il ne lui suffit
pas d’avoir fait son possible, il doit réussir. Il en est par exemple du
transporteur qui s’engage à transporter la personne à destination et non à
faire son possible pour la transporter : « le débiteur d’une obligation de
résultat est responsable du préjudice découlant de l’inexécution de celle-
ci par le seul fait que le résultat prévu au contrat n’a pas été atteint »
dispose l’Art 179 alinéa 1.
TITRE 1 -LES SOURCES DES OBLIGATIONS
Etudier les sources des obligations c’est se demander est-ce qu’une
personne devient débitrice d’une autre ; c’est rechercher les
circonstances qui naître ce lien de droit unissant 2 ou plusieurs personnes
et mettant à la charge de quelques-unes des prestations positives ou des
abstentions.
Il a été déjà mentionné que le législateur malgache a consacré la
classification moderne des sources des obligations, en précisant dans l’Art
2 de la loi que « l’obligation a pour source, soit un acte juridique, soit un
fait juridique ».
Retenus par le législateur comme des obligations, les actes juridiques et
les faits juridiques feront l’objet de deux sous-titres successifs.
Sous-titre 1er : LES ACTES JURIDIQUES, SOURCES D’OBLIGATIONS
Rappelons que l’Art 2 alinéa 2 de la loi définit l’acte juridique comme « la
manifestation expresse ou tacite d’une ou plusieurs volontés ayant pour
but de créer, modifier, transmettre ou éteindre un droit ».
Ce texte appelle quelques remarques :
D’abord, un acte juridique suppose une manifestation de volonté,
En suite, cette manifestation de volonté est faite dans un but
déterminé.
Il est à noter que lorsque ce but est celui de créer un droit, il y a là source
d’obligation à proprement parler ; mais s’il tend à transmettre ou à
éteindre un droit, l’acte juridique est alors plus qu’une simple source
d’obligation.
En résumé, l’acte juridique est une source d’obligation, mais il est
aussi autre chose.
Enfin, il peut y avoir manifestation d’une ou plusieurs volontés. Dans
le cas où la manifestation d’une seule volonté suffit, on parle
d’engagement unilatéral de volonté ; par contre, là où plusieurs volontés
doivent se manifester et concorder pour que naissent des obligations, il y
a un contrat.
Certains droits seulement ont consacré la première catégorie d’actes
juridiques, mais le droit français l’ignore. Au contraire le législateur
malgache a posé comme règle (Art 63) qu’il y a 2 sortes d’actes juridiques
générateurs d’obligations :
-Le contrat
-L’engagement unilatéral de volonté
LE CONTRAT
Le contrat est un accord de volonté destiné à faire produire des effets
juridique.
Avant d’en entreprendre l’étude, il est nécessaire d’en faire la
classification :
A- LA CLASSIFICATION DES CONTRATS
Nous en retiendrons 6 qui feront chacun l’objet d’un paragraphe :
1-LES CONTACT SYNALLAGMATIQUES ET CONTRATS
UNILATERAUX :

a- le contrat est synallagmatique ou bilatérale lorsque les contractants


s’obligent réciproquement les uns envers les autres.
Ex : -La vente : le vendeur s’oblige à transférer la propriété et à faire
délivrer de la chose vendue, l’acquéreur s’oblige réciproquement à en
payer le prix.
-le Bail
-Le contrat de travail
b- le contrat est unilatérale lorsqu’une ou plusieurs personnes sont
obligées envers une ou plusieurs autres, sans que de la part de ces
dernières, il y ait d’engagement.
Ex : le contrat de donation.
RQ : il convient d’éviter de confondre le Contrat unilatéral avec
l’engagement unilatéral de volonté ; un engagement unilatéral de volonté
est l’œuvre d’une seule volonté, tandis que le Contrat unilatéral est l’œuvre
de deux parties tout en ne faisant naître d’obligation qu’à la charge de
l’une d’elles. Seule le donateur dans la donation est obligé, mais son
obligation ne prend naissance que lorsque son offre de donner a été
accepté par le donataire, càd le bénéficiaire.
c-Certains contrats unilatéraux peuvent, après coup, fait naître une
obligation à la charge du créancier. Ainsi le dépositaire qui a fait des
dépenses pour assurer la conservation de la chose en dépôt peut en exiger
le remboursement du déposant, alors qu’à l’origine, le contrat n’avait fait
naître sur lui que l’obligation de restituer de dépôt.
Ces contrats sont souvent appelés de contrats Synallagmatique
Imparfaits.
2-LES CONTRETS A TIRE ONEREUX ET CONTRATS A TITRE GRATUIT
a-Le contrat à titre onéreux est celui où chacune des parties n’entend faire
une prestation qu’en échange d’une contre prestation.
Ex : La vente ; le bail.
b-Le contrat à titre gratuit est celui où l’un des contractants entend
procure à l’autre un avantage sans contrepartie.
Ex : La donation.
3-LES CONTRATS COMMUTATIFS ET CONTRATS ALEATOIRES
a- le contrat commutatif est un contrat dans lequel l’avantage que retire
chacune des parties est susceptible d’être évalué dès la conclusion du
contrat.
Ex : La vente faite à prix déterminé.
b- Le contrat est dit aléatoire lorsque l’avantage que retirent du contrat,
les parties n’est pas appréciable au moment de la conclusion parce qu’il
dépend d’un hasard.
Ex : contrat de jeu, contrat de loterie, contrat d’assurance, contrat de
rente viagère.
4-LES CONTRATS CONSENSUELS – CONTRATS SOLENNELS
a- le contrat consensuel est celui qui se forme uniquement par l’accord
des parties. C’est la règle générale posée par l’Art 67 de la loi : « Le
contrat se forme par la rencontre des volontés des parties ».
b- Le contrat solennel est celui pour la validité duquel la loi exige que le
consentement soit donné en certaines formes, par exemple par la
rédaction d’un acte authentique.
Ex : le contrat de mariage.
5-LES CONTRATS A EXECUTION INSTANTANEE ET CONTRATS
SUCCESSIFS
a-Un contrat est dit à exécution instantanée lorsqu’il donne naissance à
des obligations susceptibles d’être exécutées en un seul instant, comme
la vente, l’échange.
b- Le contrat successif est celui dans lequel les prestations promises
s’effectuent sur une certaine période.
Ex : le contrat de bail, le contrat de travail.
6-LES CONTRATS ORDINAIRES ET CONTRATS D’ADHESION
a-Un contrat est dit ordinaire lorsque les parties peuvent librement fixer
son contenu.
b- Un contrat est dit d’adhésion lorsque l’une des parties au moins ne peut
discuter les clauses qui y figurent.
Ex : le contrat d’assurance
Quel que soit le type de contrat envisagé, le contrat obéit pour sa
formation à de strictes conditions de validités. Si ces conditions ne sont
pas respectées, la sanction encourue est normalement la nullité du
contrat. Si les conditions sont respectées, le contrat est valablement
formé et il produit des effets.
B-LA FORMATION DE CONTRAT
Dans l’Art 64 de la loi, le législateur a énuméré 4 conditions nécessaires
pour la formation d’un contrat :
-La capacité de contracter
-La volonté des parties
-Un objet certain
-une cause licite
Le même article ajoute que cette validité peut aussi dépendre de
l’accomplissement de certaines formalités prévues par la loi. Il en est par
exemple de l’établissement d’un acte authentique pour constituer une
hypothèque.
La condition relative à la capacité ayant déjà été étudiée dans la première
partie du cours, l’étude des conditions de formation du contrat portera
donc sur la volonté de contracter, l’objet et la cuse du contrat.
1-LA VOLONTE DE CONTRACTER
Aux termes de l’Art 67 de la LTGO, le contrat se forme par la rencontre des
volontés des parties. Il faut en outre que la volonté de chacun des
contractants soit exempte de vice, càd donnée en toute liberté.

A-la rencontre des volontés


Le contrat résulte de l’accord de deux volontés. L’une partie propose le
contrat, c’est l’offre de contracter ou POLLICITATION ; l’autre partie donne
son accord que l’on appelle ACCEPTATION.
L’accord n’est pas toujours immédiat et il y a souvent des pourparlers qui
s’engagent pour rapprocher le point de vue des parties. Dans ce cas,
chacune des parties fait à son tour une offre nouvelle, mais en définitive,
le contrat résulte de l’acceptation d’une offre. Ces pourparlers sont à
l’origine de la formation du contrat ordinaire.
Rappelons que lorsque l’une des parties fixe les conditions du contrat et
que l’autre n’a d’autre choix que d’y adhérer ou de ne pas contracter, on
parle le contrat d’adhésion.
1-L’Offre de contracter
L’offre est une proposition de contracter ; elle peut être formulé de
manière très diverse : lettres- Affichage- Exposition dans une vitrine, etc…
Le problème qui se pose ici est de savoir si l’offrant ou pollicitant est lié
par l’offre qu’il a faite.
-L’offre devient caduque par l’expiration du délai fixé par l’offrant.
Dire que l’offre est caduque signifie qu’elle n’est plus susceptible
d’acceptation. Il en est de même en cas de décès ou d’incapacité de
l’offrant, intervenus avant la réception de l’acceptation.
-Tant que le délai n’est pas expiré et tant que l’offrant n’a pas reçu
l’acceptation du bénéficiaire de l’offre, il peut retirer son offre. Toutefois,
la révocation abusive donne lieu à des dommages et intérêts.
2-L’ACCEPTATION
L’acceptation est l’accord donné par le destinataire de l’offre. Il suffit
qu’elle porte sur les clauses essentielles de l’offre pour que le contrat se
forme.
a- Les caractère de l’acceptation
-l’acceptation peut être expresse : en ce sens, elle peut se faire par
écrit, ou encore verbalement, ou même par geste.
L’acceptation peut être tacite : ainsi en sera-t-il lorsque l’une des parties,
et notamment le bénéficiaire de l’offre, commencera a exécuter le contrat
sans avoir donné expressément son acceptation.
En dehors de ce cas, le silence gardé par le destinataire de l’offre ne vaut
pas en principe consentement. Le silence ne vaut acceptation de l’offre
que dans les cas où en raison des circonstances et notamment des
relations d’affaires existantes entre les parties, cette offre n’appelle pas
d’acceptation expresse (Art 81 alinéa 2).
-L’acceptation doit parvenir à l’autre de l’offre dans le délai fixé par
celle-ci, ou dans le délai normal résultant des circonstances.
b- Les contrats entre absents.
Le terme absent n’est pas pris ici dans son sens juridique précis. Il s’agit
de contrat conclu entre deux personnes éloignée dans l’espace et qui
traitent par lettres ou par téléphone.
Lorsqu’un contrat est conclu par correspondance, il se pose en fait un
double problème : celui du moment de la conclusion du contrat et celui du
lieu de la conclusion du contrat.
Le législateur donne la solution du problème dans l’Art 83 : « Entre
absents, le contrat se forme au lieu et au temps où l’acceptation parvient
à l’offrant, sauf stipulations contraires ou circonstances particulières ».
Il convient enfin de noter que l’acceptant peut retirer son acceptation tant
que l’offrant ne l’a pas encore reçue. C’est ainsi qu’il lui est loisible de se
rétracter par télégramme ou par téléphone alors qu’il avait accepté par
lettre.
B-LES VICES DU CONSENTEMENT
Si la volonté a été viciée, elle n’a pas été valablement donnée et cela
remet en cause la validité du contrat.
Le législateur, dans les Art 70 à 80 de la loi, réglemente 4 vices possibles
du consentement :
L’erreur ; La violence ; Le dol ; La lésion
1-L’ERREUR, vice de consentement
L’erreur est une représentation ou une opinion qui est contraire à la
réalité. Il est donc normal qu’un consentement qui est entaché d’erreur ne
soit pas considéré comme un consentement valable.
Selon l’Art 70 de la LTGO « l’erreur vicie la volonté lorsqu’elle est
déterminante et porte sur un élément essentiel du contrat ou considéré
comme tel par les deux parties. L’erreur ne doit pas être inexcusable ».
a- L’erreur doit être déterminante
Il faut entendre par là que le contractant, s’il n’avait pas commis d’erreur,
n’aurait pas contacté. L’erreur ne vicie donc le consentement que si elle a
une influence prépondérante.
b-L’erreur doit porter sur un élément essentiel du contrat.
A cet égard, l’on distingue l’erreur sur la substance et l’erreur sur la
personne :
-Il y a erreur sur la substance lorsqu’elle tombe sur les qualités de la
chose que les contractants ont eu principalement en vue.
Ainsi constitue une erreur sur la substance la fait d’acquérir un tableau
attribué faussement à tel ou tel maître. Ainsi en serait-il également de
l’erreur sur l’origine naturelle ou de culture de perles fines.
-L’erreur sur la personne n’est susceptible de vicier le consentement
que si la considération de la personne du contractant a joué un rôle
essentiel dans la conclusion du contrat. C’est ainsi que la considération de
la personnalité du contractant est déterminante dans certains contrats
appelés « Contrat intuitu personae » tels que le contrat de mandat, le
contrat de donation…
c-L’erreur ne doit pas être inexcusable
Cela signifie que seule l’erreur excusable peut justifier une annulation. Si
l’erreur commise constitue une inattention impardonnable, il ne serait pas
juste d’annuler le contrat. L’auteur de l’erreur inexcusable rapportera alors
les conséquences de sa faute.
2-LA VIOLENCE, vice du consentement
Il s’agit de tout procédé par lequel on détermine une personne à
contracter en la menaçant d’un mal considérable si elle s’y refuse.
A vrai dire, ce n’est pas la violence qui constitue un vice du consentement,
mais c’est plutôt la crainte qu’elle inspire au contractant. Cette crainte
supprime son libre arbitre et par la même tend à vicier le consentement.
Pour qu’il en soit ainsi, un certain nombre de conditions sont exigées :
a- La violence doit être injuste
-La seule crainte révérencielle envers un ascendant ou une personne ayant
autorité sur le contractant ne suffit pas à vicier le contrat : Art 75
-La menace abusive d’employer une voie de droit peut être considérée
comme violence viciant le consentement.
Ex : Le patron qui menace l’employé infidèle de le faire arrêter s’il ne
consent pas à signer une reconnaissance de la somme qu’il a détournée,
ne se rend pas coupable de violence. Par contre il en serait autrement s’il
en profitait pour se faire promette plus qu’il ne lui est dû, car alors la
menace de l’exercice du droit serait abusive.
b-La violence doit être déterminante
Toute violence, même lorsqu’elle est injuste, n’est pas nécessairement
retenue comme viciant le consentement. Il faut en outre que sans elle le
consentement n’ait pas été donné.
L’Art 74 Al 2 précise que pour l’appréciation de ce caractère déterminant
« Il sera tenu compte de l’âge, de sexe, de la condition et du milieu social
du contractant ». En d’autres termes, le tribunal appréciera chaque cas
d’espèce, la même violence pouvant être déterminante pour une personne
et ne pas l’être pour une autre.
c- La violence peut concerner des personnes étrangères au contrat.
- Rakoto force rabe à contracter avec Ranaivo.
- Rakoto menace Rasoa, ce qui détermine Rabe, fiancé de Rasoa à
contacter avec lui.
Soulignons enfin que la violence peut être d’ordre physique, moral ou
pécuniaire.

3- LE DOL, vice du consentement


Le dol peut se définir comme une erreur volontairement provoquée par des
manœuvres frauduleuses.
a- Les éléments constitutifs du dol :
-Il peut s’agit en premier lieu, d’actes positifs, « manœuvres
frauduleuses ou allégations mensongères ». Il en est ainsi d’un maquignon
qui emploie des moyens fallacieux pour dissimuler l’âge d’un cheval ou
pour faire croire qu’il est apte à un service dont il le sait incapable.
-Il s’agit, en second lieu des réticences ; « La silence
intentionnellement gardé sur une circonstance que l’autre partie était
excusable de ne pas connaître équivaut au dol » précise l’Al 2 de l’Art 77.
Ainsi, le vendeur d’une voiture d’occasion ne relève pas à l’acquéreur que
la voiture a été gravement endommagée par un accident. Il ne ment pas,
car on ne le lui a pas demandé. Toutefois son attitude est dolosive car son
contractant est excusable de ne pas connaître le vice de la chose.
-Il s’agit enfin de l’exploitation de l’inexpérience manifeste du
cocontractant.
Ex : vente de tableaux anciens à un acheteur inexpérimenté.
b- L’auteur du dol
Normalement, le dol doit être le fait de l’autre partie contractante.
Toutefois, l’Art 78 al 2 précise que « le dol vicie le consentement lorsque
commis par un tiers, il a été connu par l’une des parties et lui a profité ».
c- Le caractère déterminant du dol
Cette condition impose, pour que le dol soit retenu, que sans la tromperie,
le contrat n’ait pas été conclu.
4- LA LESION
a-Définition
La lésion peut se définir comme une disproportion grave entre les
prestations réciproques, cette disproportion s’évaluant au moment de la
conclusion du contrat.
b-Condition de la lésion
La lésion, si elle est admise largement, risque d’encourager et de
multiplier les demandes d’annulation de contrat. En effet, chaque fois
qu’un contractant s’estime avoir été désavantagé, il sera tenté d’attaquer
le contrat. C’est pour éviter de tels agissements que le législateur a limité
la portée de la notion en décidant que la lésion ne vicie le contrat que
dans les cas prévus par la loi (Art 79). Ces cas concernent d’une part
certaines personnes, les mineurs notamment, et d’autre part, certains
actes :
-Le cas des mineurs
L’article 119 de la loi prévoit que le mineur pourra demander la nullité du
contrat qu’il a passé seul s’il peut justifier d’une lésion. Toutefois, cette
action sera irrecevable si le mineur s’est livré à des agissements dolosifs
pour conclure le contrat, tels la falsification de la carte d’identité, ou
l’établissement de faux papiers. L’article 120 précise toutefois que le
simple fait de déclarer qu’il est majeur, ne constitue pas un agissement
dolosif de la part du mineur.
-Le cas de certains actes
Le législateur admet la lésion en cas de vente d’immeuble. Seul, le
vendeur pourra alors d’invoquer ; en outre la lésion doit être supérieure au
7/12 de la valeur de l’immeuble. De plus une telle action n’est possible que
les immeubles non immatriculés.
Le législateur admet la lésion en matière de partage et notamment de
partager successoral. Il suffit alors que l’un des copartageants ait reçu
moins des ¾ de ce qui devait lui revenir pour pouvoir exiger l’annulation du
partage pour lésion.
Il convient enfin de noter que l’Art.80 prévoit que lorsque l’annulation d’un
contrat est demandée pour cause de lésion, et dans les cas prévus par la
loi ; le défendeur, càd celui qui a profité de la lésion, peut arrêter cette
action en offrant une juste compensation. Il appartient alors au tribunal
d’apprécier la portée exacte d’une telle offre.
C-L’OBJET DU CONTRAT
Rigoureusement, le contrat a pour objet la création d’obligation. Mais si
l’on veut en déterminer sa validité ; il est indispensable de voir en quoi elle
consiste ou encore quel est son objet. Certes, nous avons vu que cet objet
na peut être qu’une prestation ou une abstention, mais à ce stade encore,
il n’est pas possible d’atteindre des données suffisamment concrète.
C’est donc en définitive l’objet de la prestation ou de l’abstention promise
qui peut seul être pris en considération et parler de l’objet du contrat,
c’est en réalité parler de l’objet de la prestation ou de l’abstention.
Un certain nombre de caractères sont requis de l’objet du contrat :
-il doit être déterminé ou déterminable càd il doit être précisé.
-il doit être possible càd ‘’à l’impossible, nul n’est tenu ‘’.
-il ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
D-LA CAUSE DU CONTRAT
Dans l’art.91 de la loi, le législateur a donné une définition de la cause qui
est double. D’une part ; elle est le but juridique immédiate et direct
poursuivi par la partie qui s’oblige : en ce sens, on parle de cause
objective ; d’autre part, elle est le motif déterminant qui a conduit cette
partie à contracter : en ce sens, on parle de cause subjective.
Cette double notion de cause répond aux conditions de validité de
l’obligation qui y est relative : « le contrat sans cause ou dont la cause est
illicite ne produit aucun effet » dispose l’art.92.
III-LA NULLITE, sanction des conditions de formation du contrat
Dès lors que la loi exige le respect de certaines conditions pour qu’un
contrat soit valablement formé, l’inobservation de ces conditions appelle
des sanctions.
La sanction principale est l’annulation du contrat. Dans un tel domaine, en
effet, toute mesure préventive est le plus souvent exclue : on ne peut
empêcher un mineur de signer un contrat, par exemple. La sanction ne
peut intervenir qu’après coup : elle consiste à annuler, càd à priver
d’effets, l’acte qui n’est pas conforme à la loi.
Les nullités se classent en 2 grandes catégories : les nullités relatives
destinée à protéger un INTERET PARTICULIER et les nullités absolues
lorsque la règle violée était édictée dans l’INTERET GENERAL.
Remarque : la nullité relative peut être demandée dans 2 séries de cas : en
cas de vice de consentement et en cas d’incapacité.
La nullité absolue peut être demandée dans les cas
suivants : objet contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs, absence
de cause, cause illicite, inobservation des formes dans un contrat
solennel.
IV-LES EFFETS DES NULLITES
Le principe :
L’acte nul est considéré comme n’ayant jamais existé.
Application du principe :
a-Si au moment de l’annulation, le contrat n’a pas encore reçu
d’exécution, chacune des parties sera simplement privée pour l’avenir du
droit d’exiger cette exécution.
b-Si au contraire, l’acte a été précédemment exécuté, il faut revenir
sur la passé. L’annulation a un effet rétroactif. Il en découle pour chaque
partie l’obligation de restituer à l’autre, les avantages qu’elle avait reçus
en vertu du contrat nul.
Ce principe de rétroactivité comporte cependant des exceptions, parce
qu’il y a des cas où il est absolument impossible d’effacer le passé, de
revenir sur ce qui a été fait. Ainsi, dans le cas d’un bail déclaré nul, il est
impossible de faire que le locataire n’ait pas joui de l’immeuble loué. Dans
ce cas, l’annulation ne produit effet que pour l’avenir.

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