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Professeure.

NADIR Bouchra

INTRODUCTION
La protection de l’environnement, thème récurrent, incontournable, thème
de société est devenu majeur. Désormais, le développement d’un pays est
tributaire de la conservation des ressources naturelles et de l’environnement en
général. En 1985, la commission Mondiale pour l’Environnement et le
développement publie le fameux rapport de Brandt Land dénommé « Notre
avenir à tous ». Ce rapport a proposé une nouvelle orientation de réconciliation
de l’Homme avec son environnement en explicitant dans les termes suivants :

« … l’économie ne se réduit pas à la production de richesses ni l’écologie


à la protection de la nature : ces activités doivent ensemble concourir à
l’amélioration du sort de l’humanité ».

Cette orientation a été affirmée par la Déclaration du Sommet des sept


pays les plus industrialisés, réuni à l’Arche de la défense (France) le 16 Juillet
1989 :

« … la protection de l’environnement est inséparable du commerce, un


développement de l’énergie, de l’agriculture, des transports et de la planification
économique. Il faut donc en tenir compte dans toute prise de décision
économique. Politique économique et politique de l’environnement se valorisent
mutuellement.

A fin de parvenir à un développement durable, nous favoriserons une


croissance économique compatible avec la protection de l’environnement. Les
investissements liés à la protection de l’environnement devraient contribuer à la
croissance.

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A cet égard, il importe d’intensifier les efforts en vue d’une avancée


technologique permettant de réconcilier croissance économique et protection de
l’environnement… ». La protection de l’environnement ne se conçoit que dans
le cadre d’une politique de développement durable qui est aujourd’hui défini
comme celui qui est à la fois économiquement réel, socialement équitable et
écologiquement rationnel. Font parti de la panoplie de protection de
l’environnement non seulement les moyens financiers, scientifiques, éducatifs
mais également juridiques et institutionnels. Il ne fait pas de doute que ceux-ci
constituent les moteurs des politiques environnementales. Ainsi, le droit de
l’environnement constitue un champ potentiel d’investigation particulièrement
prometteur. Il offre des possibilités d’évolution et d’intégration au niveau
économique, social et biologique.

Dans cette vision globale, l’environnement concerne l’ensemble des


problèmes touchant la qualité de la vie. Il est l’expression des interactions et des
relations des êtres vivants (dont l’homme) entre eux et avec leur milieu.

L’existence d’une réglementation environnementale est ancienne, le droit


de l’environnement s’intéresse à des corpus juridiques déjà constitués (droit
forestier, droit des installations classées, droit de l’eau, droit minier…)

De ce fait, le droit de l’environnement conduit à rapprocher les règles de


propriété, d’usage et de protection. Son champ d’application est forcément vaste
intersectoriel car il s’intéresse à l’ensemble des êtres vivants dont l’homme et à
leurs milieux, non seulement dans les cadres nationaux, mais aussi au-delà des
frontières étatiques, même en dehors des limites planétaires, le problème de
l’apparition de l’appauvrissement de la couche d’ozone.

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Ainsi apparaît-il comme un droit horizontal de décloisonnement, dont le


déploiement transcende les divisions traditionnelles, droit privé, droit public,
droit interne, droit international

Il regroupe donc tous les outils juridiques devant régler et protéger la


notion écologique d’environnement et qui nécessite pour une bonne appréhension
une ouverture sur les sciences qu’il étudie, un bon juriste de l’environnement doit
être ouvert à la chimie, la minéralogie, l’hydrologie, la géographie, la botanique
et la zoologie, aux sciences économiques et sociales et aussi à la psychologie.

Selon ses meilleurs spécialistes, le droit de l’environnement constituerait


une branche autonome de droit. Aujourd’hui, le droit de l’environnement
recouvre les règles juridiques qui concernent la nature (les espèces animales et
végétales, ainsi que les équilibres biologiques), les ressources naturelles (eau, air,
sol, mines) ainsi que les sites et les paysages.

Au Maroc, l’existence d’une réglementation environnementale est


ancienne même si sa justification est conçue autrement que ne l’avaient imaginé
leurs rédacteurs. Le droit de l’environnement s’intéresse à des corpus juridiques
déjà constitués (droit forestier, droit des installations classées, droit de l’eau, droit
minier…)

Face à l’ampleur des problèmes de l’environnement qui se posent dans


notre pays et après que la notion d’environnement se fut répandue. Un renouveau
de l’étude des questions juridiques liées à l’environnement s’est imposé. En
conséquence, fut la promulgation d’un très important train de lois à partir de
1995 : sur l’eau en 1995, sur la protection et la mise en valeur de l’environnement,
lois sur les études d’impact sur l’environnement, sur la protection de l’air en
2003, sur les déchets en 2006.

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Cette production législative a été suivie de publications encore plus


massives de textes d’application.

Bien que cette législation soit apparue de façon non systématique et


désordonnée, en suivant les exigences des moments. Cette prolifération
normative fait incontestablement du droit d’environnement une matière juridique
spécifique. La protection juridique de l’environnement peut prendre des formes
différentes. Certains principes peuvent être inclus dans les déclarations
internationales, d’autres dans les constitutions nationales, d’autres enfin et ce
dans la majorité dans cas font l’objet de lois particulières. En somme ce droit se
compose du droit international et du droit national.

Première partie : Genèse du droit international de l’environnement

Le droit international de l’environnement s’avère être un des instruments

les plus effectifs pour former et renforcer les consensus dans la communauté

mondiale en vue de faire face aux problèmes mondiaux les plus aigus.

La défense de l’environnement n’est jamais efficace si elle se limitait à un


cadre strictement national. Les interrelations et des milieux naturels ainsi que
l’impact désormais considérable de la plupart des activités économiques sur les
équilibres écologiques de la planète, font de la protection de l’environnement une
tâche dont la dimension internationale ne peut être négligée. Pour les droits
internes, comme pour le droit international la nécessité de protéger
l’environnement constitue en quelque sorte un défi : un vaste problème
particulièrement complexe est apparu et doit être résolu par des moyens
juridiques.

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« Agir ensemble », c’est la substance de la Déclaration de Stockholm de


1972 sur l’environnement.

Les sujets de droit international sont aujourd’hui convaincus de l’urgence


de trouver des solutions rapides au problème de la dégradation continue de
l’environnement et de la nécessité de coopérer qui constitue un des fondements
du DIE, « S’unir ou périr » disait A. Einestein.

Nous envisageons de voir en premier lieu les caractères du droit


international de l’environnement et en deuxième lieu d’exposer le contenu des
principales conventions internationales relatives à la protection de
l’environnement.

Section I : Les caractères du Droit International de l’Environnement


(D.I.E)

L’environnement et les équilibres essentiels qu’il comporte sont reconnus


comme constituant des valeurs sociales fondamentales. C’est la signification des
textes de Stockholm et de Rio et de plusieurs conventions internationales, qui les
ont suivi, d’où le rôle ultime du D.I.E dans la consécration de ces valeurs. Nous
envisageons de voir dans cette partie les sources du D.I.E, ses grands principes,
les institutions internationales chargées de l’environnement et ses nouveaux
acteurs.

Paragraphe 1 : Les sources du Droit International de


l’Environnement (D.I.E)

Le droit international de l’environnement comporte de nombreuses


conventions internationales, des résolutions obligatoires, d’organes

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internationaux et un certain nombre de textes non obligatoires « Soft Law » dont


l’importance ne saurait être méconnue.

1- Les conventions internationales :

La première convention internationale de protection d’espèce sauvage est


la convention pour la protection des oiseaux sauvages et la convention pour la
protection des oiseaux utiles à l’agriculture.

Ultérieurement, deux conventions internationales constituent des


précurseurs de notre conception du droit de l’environnement. La première est la
convention de Londres relative à la convention de la faune et de la flore à l’état
naturel du 8 novembre 1933, qui s’appliquait qu’à l’Afrique coloniale.

La seconde est la convention de Washington pour la protection de la flore


et de faune et des beautés panoramiques naturelles des pays de l’Amérique du 12
Octobre 1970.

Dans les années 50, la pollution des mers est prise en compte. La
convention la plus importante dans ce domaine est celle adoptée le 12 mai 1954
dans un but de prévention de la pollution des eaux de mer par les hydrocarbures :
c’est la convention de Londres dite OILOPOL remplacée en 1973 par la
convention MARPOL.

Plus tard, plusieurs conventions internationales ont vu le jour concernant


le domaine de la gestion et de la protection des espèces (la convention CITES, la
convention de Bonn, la convention de Berne), le domaine de la protection des
espaces (convention de l’UNESCO du 23 Novembre 1972 concernant la
protection du patrimoine mondiale, culturel et naturel), dans le domaine de
risques industriels (convention sur les effets transfrontières des accidents

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industriels du 17 mars 1992). A cela s’ajoutent les conventions internationales


concernant les déchets (la convention de Bâle de Bamako), la protection de l’air
et de l’atmosphère (convention de Genève du 13 Novembre 1979, convention de
Vienne du 22 Mars 1985 et la convention cadre sur les changements climatiques)
les espaces maritimes (convention des Nations-Unies sur le droit de la mer, la
convention visant à préserver l’environnement marin et les conventions traitant
de la responsabilité.

2- Les traités :

Tout comme les textes législatifs et réglementaires dans les différents


pays, les traités internationaux se sont aussi multipliés depuis la fin des années
1970, au point de pouvoir parler d’un véritable déferlement. Le nombre des traités
multilatéraux concernant l’environnement, soit entièrement, soit par l’une ou
plusieurs de leurs dispositions, dépasse les 300. A ce chiffre s’ajoutent environ
900 traités bilatéraux. Les résolutions obligatoires émanant d’organes
internationaux sont relativement rares, car peu nombreux sont de tels organes
investis de la compétence pour statuer avec effet obligatoire envers leurs
membres.

3- Les résolutions non obligatoires :

Par contre, les résolutions non obligatoires, émanant soit d’organisations


intergouvernementales, soit de conférences internationales, sont nombreuses et
importantes. Selon leur contenu, elles peuvent être classées en trois catégories :

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recommandations et directives, déclarations de principes et programmes


d’action.

 Les recommandations et directives jouent un rôle primordial dans les


activités des organisations universelles et régionales relatives à la protection de
l’environnement. On peut signaler à titre d’exemple celles de l’OCDE relatives
aux substances toxiques ou dangereuses, celles de la Commission Economique
des Nations Unies pour l’Europe concernant la pollution de l’eau et de l’air et
celles du Conseil de l’Europe dans le domaine de la protection de la faune et de
la flore sauvage et de l’aménagement du territoire ;

 Les déclarations de principe ne prévoient pas d’actions précises à


entreprendre : elles fixent la ligne générale que devraient suivre les Etats. Elles
sont importantes car en règle générale elles énoncent et formulent pour la
première fois des normes consacrant de nouvelles valeurs sociales devant être
reconnues et protégées par la communauté internationale. Or une telle
formulation est souvent le point de départ de la création de nouvelles règles de
droit international, le point d’aboutissement étant l’insertion de telles règles
dans une convention internationale qui sera, bien entendu, obligatoire.

Parmi les déclarations de principe, il y a lieu de mentionner la déclaration


de Stockholm adoptée en 1972 par la Conférence des Nations Unies sur
l’environnement lie dans son préambule, les problèmes environnementaux des
pays en développement à l’état de « sous développement » et en même temps
les problèmes environnementaux des pays développés à la situation
« d’industrialisation ».

La problématique environnement-développement déjà présenté à la


conférence de Stockholm de 1972, est approfondie de 1992 ainsi la Déclaration

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de Rio sur l’environnement et le développement de 1992 qui a annoncé le


concept de développement durable qui répond aux besoins du présent sans
mettre en péril la capacité des générations futures à répondre aux leurs.

Dans le même ordre d’idées on peut citer la Déclaration de principes non


juridiquement contraignante, mais faisant autorité, pour un consensus mondial
sur la gestion, la conservation et l’exploitation écologiquement viable de tous
les types de forêts. On peut également rappeler les importantes
recommandations de l’OCDE relatives aux principes devant être appliqués en
matière de pollution transfrontalière (1974), ainsi que la Charte de l’eau (1968),
la Déclaration de principe sur la lutte contre la pollution de l’air (1968) et la
Charte des sols (1972) adoptées par le Conseil de l’Europe.

 Les programmes d’action sont une méthode de travail relativement


nouvelle dans le domaine international. La Conférence de Stockholm sur
l’environnement y a eu recours en adoptant un « Plan d’action pour
l’environnement » composé de 109 recommandations. Le programme Action 21
de Rio 1992 composé de 40 chapitres s’adresse tantôt aux gouvernements, tantôt
à des organisations internationales, tantôt aux divers acteurs sociaux. Il sert de
fondement à l’action internationale dans le domaine de l’environnement en
définissant les tâches à entreprendre et en indiquant la méthode à suivre.

 La jurisprudence internationale : Bien que peu développée, sa


contribution est néanmoins essentielle en ce qui concerne la responsabilité
internationale transfrontalière. On peut citer la sentence arbitrale de la fonderie
de Trail du 11 Mars 1941 confirme par l’arrêt de la Cour internationale de justice
du 9 avril 1949. Cette dernière a créé le 19 Juillet 1993 une chambre spéciale
compétente pour traiter des affaires relatives à l’environnement.

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Les décisions de la Cour internationale de justice les plus importantes au


niveau des principes sont l’avis consultatif concernant la menace ou l’emploi
d’armes nucléaires selon lequel « l’environnement n’est pas une abstraction
mais bien l’espace où vivent les êtres humains et dont dépendent la qualité de
leur vie et leur santé pour les générations à venir » et l’arrêt du 25 Septembre
1997 relatif à l’affaire Babcikovo-Nagymaros entre la Hongrie et la Slovaquie
selon lequel « la vigilance et la prévention s’imposent en raison du caractère
souvent irréversible des dommages causés à l’environnement et des limites
inhérentes au mécanisme même de réparation de ce type de dommage… Ces
normes nouvelles doivent être prises en considération non seulement lorsque
des Etats envisagent de nouvelles activités mais aussi lorsqu’ils poursuivent des
activités qu’ils ont engagées dans le passé »

Section 2 : Les principes du DIE

Ils occupent une place à part dans le développement du droit


international d’un point de vue général. Le principe donne les lignes directrices
à suivre et influence donc considérablement le développement des règles
juridiques. La reconnaissance de nouvelles valeurs à protéger passe par l’énoncé
de principes.

La reconnaissance de l’environnement comme valeur fondamentale de


l’humanité est le principe fondateur.

Avant de citer les principes de DIE, il est utile de se prononcer


brièvement sur leur signification.

A- Signification juridique du principe :

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C’est une règle générale qui guide la conduite. D’un point de vue du
droit, il s’agit soit d’une règle juridique générale formulée dans un texte de droit
positif soit d’une règle générale non juridique qui peut donner lieu à un certain
nombre de règles juridiques. Du point de vue de D.I.E on constate que le terme
est employé de plusieurs façons : dans la Déclaration de Stockholm ce sont « des
principes communs qui inspireront et guideront les efforts des peuples du monde
en vue de préserver et d’améliorer l’environnement, dans la déclaration du Rio
la conférence « proclame ce qui suit » et sont énumérés les « principes ».

Dans l’Agenda 21 sont présentées les rubriques suivantes : « principes


d’action, objectifs, activités et moyens d’exécution ». Un certain nombre de
déclarations comprennent des « principes directeurs », telle la Déclaration du
Dublin sur l’eau (Janvier 1992).

Enfin, on parle de « principes de conduite » par exemple en matière


d’utilisation des ressources naturelles partagées par plusieurs Etats (Cf, PNNE,
19 mai 1978). Dans ces différents textes un principe est soit une simple
constatation ou observation sans portée juridique soit une règle qui a un
caractère normatif et s’explique à travers le verbe devoir, ainsi que « les Etats
devraient » de façon plus contraignante : « les Etats doivent ». En général, il
existe deux types de principes : principes généraux de droit et principes
spécifiques à l’environnement.

B- Les principes généraux du droit :

Il existe un certain nombre de principes généraux dont le respect doit être


assuré pour que les actions puissent être menées : il s’agit par exemple du
principe de bonne foi dans l’exécution des obligations ou encore du principe de
souveraineté étatique et du devoir de coopération entre les Etats.

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1- La souveraineté étatique :

Le principe de la souveraineté étatique induit une obligation de ne rien


entreprendre contre la volonté d’un Etat ou sans son accord.

L’Etat a une compétence exclusive sur son territoire. Ce principe a des


conséquences importantes dans le domaine environnemental.

Le principe 21 de la Déclaration de Stockholm énonce :

« Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit


international, les Etats ont le droit souverain d’exploiter leurs propres ressources
selon leur politique d’environnement ». Egalement la Déclaration sur les forêts
reconnaît le droit souverain et inaliénable des Etats « d’utiliser, de gérer et
d’exploiter leurs forêts conformément à leurs besoins en matière de
développement et à leur niveau de développement économique social… ».

Or, l’environnement et les pollutions n’ont pas de frontières. C’est ce


qu’énonce la seconde partie du principe 21 de la Déclaration de Stockholm er
le principe 2 de Déclaration de Rio. Les Etats ont le devoir de faire en sorte que
les activités à l’intérieur de leur juridiction ne causent aucun dommage à
l’environnement d’autres Etats (principe de l’interdiction des pollutions
transfrontières).

2- Le principe de coopération :

Le principe de coopération bien que général a lui aussi une spécificité


dans son application au droit de l’environnement. Sans lui la protection de
l’environnement resterait lettre morte. Au niveau déclaratoire il est consacré par
la Déclaration de Stockholm dans le principe 24, pour la Déclaration de Rio
dans les principes 7, 12, 14, 27. Au niveau conventionnel, il est consacré par

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exemple dans la convention sur les climats (préambule, article 3 alinéas 1 et 2


art 4), dans la convention sur les mers régionales et dans la convention sur la
biodiversité (art 5). Il est présent dans l’ensemble des conventions sur les mers
régionales et dans la convention sur le droit de la mer.

Ce principe est aussi présent dans l’Agenda 21 signifie que cette


coopération par voie d’accords multilatéraux ou bilatéraux ou par d’autres
moyens appropriés, est indispensable pour limiter, prévenir, réduire et éliminer
les atteintes à l’environnement et assurer la conservation de la nature.

C- Les principes spécifiques à l’environnement :

Il ne serait question ici d’évoquer l’ensemble des principes du DIE


puisqu’ils n’ont pas sous la même valeur. Dans une perspective juridique, on va
triller dans l’amas actuel des principes ceux qui constituent réellement des
principes au sens juridique.

1- La préservation et la protection de l’environnement :

Ce principe a été clairement énoncé à l’article 192 de la Convention sur


le droit de la mer : « les Etats ont l’obligation de protéger et de préserver le
milieu marin ».

Il n’y a pas de définition explicite des termes « protéger » et


« préserver », la signification n’est pas identique.

La protection suppose l’adoption des mesures positives ainsi que la


planification et la gestion écologique. La notion de préservation quant à elle

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tient compte des intérêts des générations futures et veille au respect de l’intégrité
des ressources naturelles. La conservation a une portée plus étroite, elle vise
essentiellement le maintien des conditions nécessaires à la vie des ressources.

2- Le principe de prévention :

Il s’agit en fait de l’objectif de tous les instruments adoptés en droit


international de l’environnement. Il apparaît comme le principe phare du droit
de l’environnement. L’adage dit « mieux vaut prévenir que guérir ». Il est en
effet, préférable, tant du point de vue écologique qu’économique de prévenir les
particuliers des pollutions et des nuisances que de devoir remédier
ultérieurement aux maux qu’elles auront provoqués sur le plan écologique. La
réhabilitation d’un écosystème pollué constitue toujours une opération aléatoire.

Sur le plan économique, la réparation d’un dommage écologique est


souvent très coûteuse. La mise en œuvre du principe implique l’utilisation de
techniques particulières comme l’analyse du risque après l’évaluation des effets
possibles sur l’environnement. On retrouve ce principe dans la Convention
d’Espoo sur l’évaluation d’impact sur l’environnement dans un contexte
transfrontière comme dans l’article 206 de la Convention sur le droit de la mer.

La forme la plus radicale qui peut revêtir la prévention consiste à agir


avant la survenance du dommage, avant même que celui-ci n’ait révélé son
existence. Dans ce cas, l’incertitude ne peut servir de prétexte à l’inaction. Et
selon une vision classique, la prévention peut consister dans la maîtrise d’une
activité dommageable sans pour autant qu’il soit nécessaire de l’interdire. Cette
approche se veut conciliatrice d’intérêts divergents.

3- Le principe de précaution :

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Le principe de précaution, est « apparu pour la première fois dans une


Déclaration adoptée par une conférence internationale sur la mer du nord en
1987 et a été repris depuis dans de nombreuses conventions depuis 1990. Le
principe est présent dans la déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement 1992 (principe 15), dans la convention sur les changements
climatiques et dans la convention sur la diversité biologique. La précaution
cherche à éviter les dommages à l’environnement mais elle doit être appliquée
quand les conséquences de l’abstention peuvent être particulièrement graves et
irréversibles. La loi française du 2 Février 1995 (Barnier) relative au
renforcement de la protection de l’environnement adopte le principe de
précaution « selon lequel l’absence de certitudes, compte tenu des
connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder
l’adoption de mesures effectives et proportionnelles visant à prévenir un risque
de dommages graves et irréversibles… ». C’est en réalité « mettre en œuvre
concrètement le droit à l’environnement des générations futures ».

Le principe de précaution autorise à prendre des décisions politiques en


l’absence de l’information scientifique qui les guiderait, on peut considérer que
le principe de précaution autorise un transfert de décision du scientifique au
politique (qui décide). Le principe renforce l’importance de la décision
politique.

Le principe devrait permettre aux Etats de s’opposer à l’importation de


certains biens alors même qu’ils ne disposent pas des preuves irréfutables quant
à leur nocivité.

En effet, comme le tribunal de première instance des communautés


européennes l’a décidé dans un arrêt du 30 juin 1999 : « la seule existence du
risque identifié suffit pour qu’il puisse être tenu compte dans la balance des

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intérêts, de la protection de la santé humaine ». La cour de justice des


communautés européennes a admis également le principe à propos « des
décisions concernant l’encéphalopathie spongiforme bovine dans deux arrêts,
du 12 Juillet 1996 (référé) et du 5 mai 1998. Elle a jugé que lorsque des
incertitudes subsistant quant à la portée du risque pour la santé des personnes,
les institutions peuvent prendre des mesures de protection sans avoir à attendre
que la réalité ou la gravité de ces risques soit pleinement démontrée ». Le conseil
d’Etat a appliqué le principe de précaution pour suspendre l’autorisation de mise
sur le marché de Maïs transgénétique.

Cette prise de conscience « élargit le concept de responsabilité


jusqu’alors limité aux torts causés à autrui par les actions passées ». La
responsabilité dont il est question à propos de précaution, ne s’inscrit pas dans
la logique de réparation, mais au contraire dans celle « à rechercher à éviter le
dommage qui a le plus souvent une allure de catastrophe ». Les conséquences
qui en découlent ne peuvent plus être évaluées individuellement, elles sont de
nature collective. De ce fait, on ne peut appliquer la définition traditionnelle du
dommage actuel et certain « car négligeant la dimension temporelle de
l’environnement ». En fait, lorsque l’environnement est en cause, ce qui compte
avant tout n’est pas de régler un procès, mais de régler un conflit, de faire primer
la protection sur le fait accompli. « Désormais à la faculté d’agir, le pouvoir-
faire qui engage et cette responsabilité porte sur l’avenir proche ou lointain car
ces risques technologiques nouveaux peuvent modifier le monde futur que nous
léguons à nos enfants. Les manipulation génétiques en constituent aujourd’hui
une illustration pressante ».

4- Le principe de l’information et de la consultation dans les


relations transfrontières :

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Il s’agit de prendre en compte de manière préventive toutes les


conséquences de certains actes de manière à adopter ensemble les meilleures
solutions. Un Etat qui envisage des activités susceptibles d’avoir des effets
sensibles sur l’environnement d’un autre Etat doit l’informer. Ce principe a été
repris dans la Déclaration de Rio (principe 19) : « Les Etats doivent prévenir
suffisamment à l’avance des Etats susceptibles d’être affectés et leur
communiquer, toutes les informations pertinentes sur les activités qui peuvent
avoir des effets transfrontières sérieusement nocifs sur l’environnement et
mener des consultations avec ces Etats rapidement et de bonne foi.

5- L’égalité d’accès aux procédures et le principe de non-


discrimination :

Tous les individus ont de plus un droit d’accès aux procédures. Ce


principe est consacré par exemple dans la convention sur le droit relatif aux
utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation à
l’article 32. L’article 32 de cette convention s’intitule d’ailleurs : « non-
discrimination ».

Toutes les questions d’information et de participation du public ont été


réglées dans le cadre de la Convention d’Helsinki sur les effets transfrontières
des accidents industriels (1992) et de manière plus précise encore dans la
Convention d’Aarhus (1998) sur l’accès à l’information, la participation du
public et l’accès à la justice en matière d’environnement. Cette dernière
convention est assurément l’instrument qui va le plus loin dans le domaine.

Section 3 : Les institutions internationales chargées de

l’environnement :

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Les Nations-Unies constituent en matière d’environnement


l’organisation internationale essentielle, cependant des institutions spécialisées
jouent aussi un rôle important dans ce domaine.

A- Les Nations-Unies et l’environnement :

On cite les organes les plus importants des N.U car il existe d’autres
organes des N.U qui jouent un rôle direct ou indirect dans la protection de
l’environnement, comme le conseil économique et social des N.U (C.E.S), le
secrétariat général des N.U, la cour internationale de justice de La Haye, a déjà
rendu des arrêts relatifs à l’environnement et qu’elle a crée en 1993 une chambre
de sept juges pour connaître des différends qui concernent les questions
d’environnement.

Mais c’est le P.N.U.E, la Commission de développement durable et le


fonds pour l’environnement.

1- Le P.N.U.E

La création du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement


avait été décidée à la conférence de Stockholm en juin 1972. C’est un organe
subsidiaire de l’Assemblée générale des N.U, comprend un conseil
d’administration de 58 membres, son secrétariat est à Nairobi (Kenya). Le
fonctionnement dépend du budget général de l’O.N.U. Le P.N.U.E utilise
également les contributions versées au fonds pour l’environnement.

 Quelles sont les fonctions du P.N.U.E ?

Il a trois fonctions :

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 Contribuer à l’évaluation mondiale de l’environnement (Plan


Vigie) ;

 Contribuer à la gestion de l’environnement (par exemple à


travers le plan d’action des mers agricoles) ;

 Mettre en œuvre des activités de soutien (éducation, formation,


information).

Le P.N.U.E agit essentiellement dans six domaines : la santé de


l’homme, les établissements humains, les écosystèmes terrestres, les océans,
l’environnement et de le développement, les catastrophes naturelles.

2- La commission du développement durable (C.D.D) :

Créée par l’Assemblée Générale des N.U à la conférence des N.U.

 Sa mission : Contrôler les progrès réalisés dans l’application


d’Agenda 21 et intégrer les objectifs relatifs à l’environnement et le
développement dans l’ensemble du système des N.U. Bref, elle est chargée de
suivi de Rio et ce à travers les fonctions du contrôle.

3- Le Fonds pour l’Environnement Mondial (F.E.M)

Crée conjointement par la Banque Mondiale et le P.N.U.E en 1991. Ce


programme expérimental de trois ans accorde des dons aux pays en
développement. Quatre domaines peuvent faire l’objet d’une demande de
financement : réchauffement des climats, pollution des eaux internationales,
diversité biologique, couche d’Ozone. En 1994 le FEM a été transformé en
mécanisme financier permanent fondé sur un partenariat entre les trois mêmes

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institutions. Les quatre domaines sont toujours les mêmes, mais s’y ajoutent la
désertification et la déforestation liées aux quatre domaines précédents.

D’autres organes subsidiaires des N.U peuvent intervenir dans le


domaine de l’environnement, il s’agit du :

- PNUD crée en 1965 coordonne et finance les activités de


développement durable, la commission économique des N.U pour l’Europe
crée en 1947, travaille à la gestion de l’environnement à partir de 1956 tout
pour les pollutions des eaux continentales que pour la pollution de l’air par
le charbon, on peut également ajouter le FNUAP fonds des N.U pour les
activités en matière de populations, a une action indirecte sur
l’environnement dans la mesure où il agit sur la démographie.

B- Les autres institutions spécialisées des N.U et


l’environnement :

 On cite à cet égard l’O.M.M météorologique mondiale


concernée par le climat, la pollution atmosphérique, la surveillance de la
couche d’Ozone ;

 L’organisation maritime internationale (OMI) a été à


l’origine des conventions sur les hydrocarbures, l’immersion des déchets,
la prévention de la pollution par les navires, le transport des marchandises
par mer…

 L’organisation pour l’alimentation et l’agriculture (F.A.O)


contribue à la protection de l’environnement (Charte mondiale des sols
en 1981).

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 L’organisation mondiale de la santé (OMS) : Les


compétences environnementales se manifestent dans la surveillance des
pollutions nuisibles aux êtres humains et lutte contre elles ;

 L’organisation internationale du travail (O.I.T) : participe


aussi indirectement à la protection de l’environnement, ainsi à travers des
normes relatives à la sécurité, à la santé des travailleurs ;

 L’organisation des N.U pour l’éducation, la science et la


culture (UNESCO) : étudie les interactions entre l’homme et la biosphère,
elle met en œuvre une éducation à l’environnement, elle a été à l’origine
de la convention sur les zones humides (Ramsar, 1971) et de la
convention sur le patrimoine mondial culturel et naturel (Paris, 1972) ;

 La Banque Mondiale a été critiquée du point de vue en


particulier de l’environnement. Mais depuis Rio à travers le
développement durable, cette dimension est accentuée notamment sa
participation au FEM ;

 L’agence internationale de l’énergie (AIEA), qui prévoit


des normes pour protéger la santé et réduire les dangers aux personnes et
aux biens ;

 L’organisation mondiale du commerce (OMC) comprend


du comité du commerce et de l’environnement.

C- Les programmes internationaux :

Il existe plusieurs programmes internationaux, on cite entre autres : les


programme de la F.A.O concernant en particulier l’agriculture et le
développement rural durables lancés en 1991, un programme important lancé

21
Professeure. NADIR Bouchra

par l’UNESCO est relatif à l’homme et à la biosphère (MAN, Manaud


Biosphère) 1970, il a donné naissance à un réseau mondial de réserves de la
biosphère (337 réserves) qui essaient de concilier la conservation du patrimoine
naturel et les besoins humains, un autre programme lancé avec la PNUE
concernant l’hydraulique (Programme pour la gestion des ressources en eau).

Paragraphe 4 : Les nouveaux acteurs du D.I.E

Ce sont les ONG, les entreprises et l’opinion publique, on peut les classer
en acteurs structurés, notamment les ONG et les entreprises et en acteurs non
structurés à savoir les populations.

A- Les acteurs structurés :

Les acteurs structurés du Droit International de l’Environnement ont trait


à l’action des organisations non gouvernementales (ONG) et des entreprises.

1- Les organisations non gouvernementales :

Les O.N.G sont des associations typiques de celles de la loi française du


1er Juillet 1901. Ce sont des associations de droit privé, mais dans certains pays
africains, il existe des nuances entre ONG et associations, les premières sont
enregistrées au département de l’environnement et les seconds procèdent de
leurs statuts au ministère de l’intérieur. La justification souvent avancée à cette
distinction est que, plus que les associations, les ONG participent plus
étroitement aux activités de développement en direction de populations et
peuvent mobiliser d’importants financements.

22
Professeure. NADIR Bouchra

A la vérité, cette distinction entre ONG et associations n’est d’autant


intérêt pratique, leurs objectifs et mode d’action en vue de la défense et de la
protection de l’environnement étant identique.

La preuve qu’on est à l’heure actuelle, on dénomme indifféremment


ONG ou association tout groupement de personnes désireuses d’agir dans un
cadre statutaire commun pour atteindre des objectifs qu’elles se sont assignées.

Les ONG sont des agents très puissants de la protection de


l’environnement, par la sensibilisation et le pilotage des micro-projets
singulièrement dans le domaine de l’agro-foresterie, de l’assainissement des
agglomérations urbaines, elles participent à l’édification de la conscience
environnementale des populations.

En terme de participation au niveau international, à la CNUGE, les ONG


se présentèrent en très grand nombre (près de 10000 ONGs) instaurèrent leur
propre « Forum ONG », elles étaient invitées à participer à l’élaboration de la
déclaration de Rio et le programme Action 21. En particulier plus de 1400 ONG
accréditées eurent la possibilité de coopérer avec les représentations nationales
lors des réunions préparatoires de la CNUCED à la rédaction des rapports à la
fourniture d’information et à la défense de positions spécifiques.

Cependant l’action des ONG ne peut être effective que si elle repose sur
un large accès à l’information, sur l’établissement des procédures permettant la
réelle prise en considération des avis et opinions formulées et sur un accès à la
justice environnementale. C’est la convention internationale d’Aarhus de 1998
sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel
et l’accès à la justice en matière d’environnement qui constitue le premier
instrument international à consacrer le principe de la participation publique en

23
Professeure. NADIR Bouchra

matière de droit de l’environnement et est à ce titre susceptible d’avoir un


impact positif sur le rôle devant être joué par les acteurs non gouvernementaux,
y compris les ONG dans l’élaboration des politiques et décisions nationales
environnementales des Etats signataires. Son article 4 consacre un « droit pour
toute personne physique ou morale à l’accès à l’information environnementale
se trouvent en la possession des autorités publiques. Par ailleurs l’article 9(2)
dispose que « le public concerné est en droit de former un recours devant une
instance judiciaire et/ou un organe indépendant et impartial établi par la loi ».

Pour se mettre en concordance avec les dispositions de la convention


d’Arhus, le droit européen a adopté plusieurs directives visant la réalisation des
objectifs assignés par la convention que ce soit au niveau de l’accès à
l’information, la participation et l’accès à la justice.

Toutefois, il convient de relever que les ONG ne bénéficient pas toujours


dans les pays africains d’un cadre législatif ou réglementaire qui favorisent
pleinement leurs actions. En effet, bon nombre de législations ne prévoient pas
les conditions d’accès à l’information demeurées l’apanage des universitaires
chercheurs et des entreprises publiques ou privés. Il est en outre remarquable
que bien qu’il ne soit pas formellement interdit aux ONG d’ester en justice,
celles-ci n’ont pas toujours la propension de saisir le juge pour obtenir la
sanction d’une règle prescrite par les conventions internationales.

A cela s’ajoute la rareté Criarde des textes d’application organisant


pratiquement les modalités de participation des ONG à la protection et à la
gestion durable de l’environnement.

2- Les entreprises :

24
Professeure. NADIR Bouchra

Les entreprises quelles que soient publiques ou privées ou


multinationales constituent les principaux agents économiques dont les activités
consistent en une exploitation des ressources naturelles, les extractions des
matériaux ou du prélèvement dans les pays en développement.
Malheureusement, les industries implantées provenant de la délocalisation
opportuniste sont des véritables boites à pollution. C’est par la porte de la
pollution qu’entre le profit pour les entreprises comme le constate Philippe
Desbrosses : « non content de prélever sur les pays du sud ressources naturelles
et même financières, aujourd’hui le Nord lui transfert à présent des déchets
toxiques » qui dans certains cas, a bien provoqué l’intoxication de plusieurs
personnes et même la mort d’une dizaine.

De même pour les industries dangereuses, qui ont de plus en plus


tendance à être délocalisées dans les pays en développement. La production
d’amiante a été abandonnée en Suisse, Suède, Grande Bretagne et l’Italie, mais
elle continue en Inde dans neuf usines, toutes les propriétés de firmes
multinationales.

C’est également la dégradation que les sociétés d’exploitation du bois


des mines, les industries chimiques et agro-alimentaires s’enrichissent au
détriment des Etats, des générations présentes et futures.

Il est aussi à constater que les sociétés installées en zones franches, de


véritables paradis fiscaux, sont exonérées de la fiscalité environnementale. Elles
ne liassent derrière elles qu’un enfer écologique. Même les études d’impact sur
l’environnement telles qu’elles sont imposées par les législations nationales se
réduisent dans la plupart du temps à un simple document administratif effectué
avec négligence et accepté par complaisance par l’autorité administrative.

25
Professeure. NADIR Bouchra

B- Les acteurs non structurés :

Les populations constituent les générations présentes et les générations


futures.

1- Les populations :

L’environnement est indissociable des populations. Sa codification


internationale part des populations et revient aux populations, le tout par le relais
de l’Etat. Le récent développement du droit de l’environnement nous renseigne
que la protection de l’environnement est non seulement une obligation de l’Etat
mais avant tout un devoir de tous les citoyens.

C’est par le biais de la participation de l’information que les populations


s’associent aux activités de protection et de gestion de l’environnement. Les
instruments déclaratoires de la conférence de Rio prévoient la participation des
femmes, des jeunes et des communautés autochtones. Mais le plus souvent, les
droits et les obligations de diverses couches et catégories de la population sont
absents.

2- Les générations futures :

Se développer sans compromettre les chances de développement des


générations à venir, telle est la substance du développement durable. C’est à
proprement d’une intrusion philosophique dans la sphère juridique.

La question sur laquelle se penchent les juristes est de préciser la nature


juridique de la génération et d’aboutir à la détermination d’une personnalité
juridique des générations futures.

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Professeure. NADIR Bouchra

Partie II : Contenu des principales conventions internationales de

protection de l’environnement

Section 1 : La convention relative aux zones humides d’importance


internationale

Il a été signée à RAMSAR, en Iran, le 2 Février 1971, elle est entrée en


vigueur le 21 décembre 1975 et le Maroc l’a ratifié le 20-6-1980 et entrée en
vigueur le 20-10-1980.

A- Les objectifs de la convention :

Elle a été la première à portée mondiale sur la conservation de la nature.


Il s’agit d’empêcher que « les zones humides, d’importance internationale
particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau » ne fassent l’objet de pertes
ou d’empiètement progressifs, étant donné leurs fonctions écologiques
fondamentales et leur valeur économique, culturelle et scientifique et récréative.

Les zones humides doivent continuer à offrir à la population des moyens


de subsistance, une protection contre les inondations, la sécheresse et l’érosion
des littoraux, des biotopes pour de nombreuses espèces. Ils font donc empêcher
que les zones humides ne disparaissent pas sous les coups de la pollution, du
drainage du détournement des eaux, de la surexploitation des ressources.

B- Les obligations des Etats parties :

Les parties adhérées à la convention doivent remplir quatre obligations :

27
Professeure. NADIR Bouchra

Désigner au moins une zone humide à inscrire sur la liste des


zones humides d’importance internationale en la décrivant de façon
précise (Art.2) ;

Favoriser la conservation et l’utilisation rationnelle des sites


inscrits sur la liste ainsi que toutes les zones humides situées sur leur
territoire ;

Créer des réserves naturelles dans les zones humides ;

Se consulter mutuellement sur l’exécution de la convention


particulièrement dans le cas d’une zone humide.

C- Le choix d’identification :

Le choix des zones humides à inscrire sur la liste devrait être fondé sur
leur importance internationale du point de vue écologique, botanique,
zoologique, limnologique (art 1 ali. 2). Pratiquement ce sont souvent des marais,
des tourbières riches non seulement en oiseaux aquatiques mais aussi en
poissons.

D- Le processus d’inscription :

Chaque partie désigne au moins une zone humide au moment de son


adhésion à la convention. Cette liste est tenue par l’U.I.C.N. Un Etat partie peut
ajouter d’autres zones humides situées sur son territoire, il peut aussi pour des
raisons d’intérêt national, le retirer de la liste ou la restreindre mais cette perte
doit être compensée dans la même région ou ailleurs.

E- Les institutions :

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Professeure. NADIR Bouchra

En 1971, les dispositions institutionnelles de la convention étaient très


insuffisantes :

La conférence des parties n’avait qu’un caractère consultatif. Le


financement de la convention n’était pas prévu. Par la sise des efforts ont
été déployés pour renforcer la trame institutionnelle, ainsi la conférence
des parties prend les décisions, elle se réunit tous les trois ans, adopte le
programme et le budget et passe en revue l’application de la convention
et détermine la priorité pour la période d’avenir.

Le comité permanent composé de sept membres élus


représentant sept régions géographiques ;

Le bureau du secrétariat organe indépendant, assure la mise en


œuvre des programmes et des décisions ;

Un groupe d’évaluation scientifique et technique est nommé par


le comité permanent ainsi que des observations de l’U.I.C.N et du BIORE
(bureau international de recherche sur les oiseaux d’eau) ;

Fonds financé par le budget central de la convention et par des


contributions volontaires.

Section 2 : La convention sur la diversité biologique :

La convention sur la diversité biologique signée à Rio le 5 Juin 1992 et


entrée en vigueur le 24 décembre 1993. Le Maroc a ratifié cette convention le
21-18-1995, entré en vigueur le 19-11-1995.

D’abord c’est l’UICN qui a mis en avant cette idée d’une convention
cadre. La convention comprendre 42 articles et deux annexes. Les positions

29
Professeure. NADIR Bouchra

étatiques étaient les suivantes : les pays du sud ne voulaient pas se voir imposer
des territoires mis en réserves, ce qui aurait constitué une entrave à leur
souveraineté. Les pays du nord dont les firmes exploitent les ressources
naturelles du monde entier, ne voulaient pas voir s’ériger des barrières
empêchant l’accès à ces ressources. Les Etats-Unis au départ refuseront de
signer le texte qui selon eux mettait en danger leur industrie biotechnologique.

A- Définition :

L’article 2 pt. 5 de la convention définit la diversité biologique comme


étant « variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les
complexes écologiques dont ils font partie, cela comprend la diversité au sein
des espèces et autres espèces ainsi que celle des écosystèmes.

B- Objectif de la convention :

Sont formulés par son article 1er : « la conservation de la diversité


biologique, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable
des avantages découlent de l’exploitation des ressources génétiques, notamment
grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert
approprié des techniques pertinentes (…) et grâce à un financement adéquat ».

Cet article met l’accent sur la conservation et l’utilisation équitable, mais


remarquons que la convention a mis en avant le principe de la souveraineté des
Etats. Ainsi, les Etats exercent des droits souverains sur leurs ressources
biologiques.

30
Professeure. NADIR Bouchra

La protection et l’utilisation de la biodiversité découlent de leurs


compétences sur toute l’étendue de leur territoire et même sur les zones marines
sous leur juridiction et ils ont le droit d’exploitation la diversité biologique selon
leur politique d’environnement.

C- Les obligations des Etats parties :

1- L’obligation de conservation :

Il s’agit des mesures directes de conservation in situ (art. 8). La


conservation in situ concerne la conservation dans les aires protégées et dans le
domaine forestier national ainsi que la restauration et l’aménagement des
bassins versants. La conservation in situ dans ce milieu naturel s’effectue par un
système de zones protégées, par la restauration d’écosystèmes dégradés et la
reconstitution des espèces menacées, par la réglementation des organismes
génétiquement modifiés, par l’interdiction d’introduire des espèces exotiques
menaçant des écosystèmes des habitats ou des espèces, par le respect des
connaissances des communautés autochtones et locales présentant un intérêt
pour la conservation…

Des mesures de conservation ex situ sont prévues comme complément


pour reconstituer les espèces menacées et de conservation intégrée comme il
s’agit de la surveillance et de l’étude de l’impact. La convention prévoit pour
chaque Etat partie l’obligation de coopération (art. 15) pour la conservation et
l’utilisation durable de la diversité biologique en faisant un inventaire des

31
Professeure. NADIR Bouchra

éléments de la biodiversité en danger, des catégories d’activités qui ont ou


risques d’avoir une influence défavorable sur la conservation.

2- L’utilisation équitable des ressources génétiques :

Elle repose sur quatre éléments :

Premier élément : l’accès aux ressources génétiques et aux


technologies : puisque la dite convention a considéré par la diversité biologique
comme faisant patrimoine commun de l’humanité (art. 3), chaque Etat s’efforce
de créer les conditions propres à faciliter l’accès aux ressources (art. 15 alinéa
2). Lorsqu’il est accordé par l’Etat fournisseur l’accès est régi par un accord
mutuel entre l’Etat fournisseur et l’Etat utilisateur. « Le pouvoir de déterminer
l’accès aux ressources génétiques appartient aux gouvernements et est régi par
la législation nationale (art. 15 ali.1) ». L’accès peut être subordonné au
paiement de redevances.

Second élément de l’utilisation équitable : le principe de compensation


équitable, art. 15 al.7 :

« Chaque partie prend les mesures législatives et administratives ou de


politique générale appropriées… pour assurer le partage juste et équitable des
résultats de la recherche et de la mise en valeur ainsi que des avantages résultant
de l’utilisation commerciale et autres des ressources génétiques avec la partie
contractante qui fournit ces ressources ». Ce partage s’effectue selon des
modalités mutuellement convenues.

Troisième élément : la biosécurité (Art. ali 3) :

Les parties examinent qu’il convient de prendre des mesures (…) dans
le domaine du transfert, de la manutention et de l’utilisation de toute sécurité de

32
Professeure. NADIR Bouchra

tout organisme vivant modifié résultant de la biotechnologie qui risquerait


d’avoir des effets défavorables sur l’utilisation durable de la diversité
biologique.

L’article n’est pas très contraignant et pourtant les Etats- Unis n’ont pas
voulu accepter cette possibilité d’un contrôle sur les aliments obtenus par génie
génétique.

Quatrième élément : les dispositions financières et le principe de la


responsabilité commune

La convention décide la création d’un fonds alimenté par des


contributions des Etats selon les principes définis par l’article 20.

Les pays développés fournissent des ressources spécifiques, c'est-à-dire


« nouvelle et additionnelles pour permettre aux Etats en développement de faire
face à la totalité des surcoûts » que leur impose la conservation de la
biodiversité. Ces surcoûts sont déterminés entre une partie qu’est un pays en
développement et le fonds selon les priorités du programme. Ces dispositions
impliquent le principe de la responsabilité commune mais différenciée
proclamée par la déclaration de Rio De Janeiro : les pays en développement ne
s’acquitteront de leurs obligations que si les pays développés se sont acquittés
de leurs, notamment en fournissant des ressources financières supplémentaires
et en transférant des techniques aux pays en développement.

Les institutions de la convention sont :

- La conférence des parties : a un pouvoir important puisqu’elle


gère le fonds de la convention, elle reçoit les rapports de chaque Etat sur les

33
Professeure. NADIR Bouchra

dispositions qu’elle a adopté pour appliquer la convention, par exemple, elle


adopte des protocoles (art. 26) ainsi est élaboré un protocole sur les mesures
de sécurité pour éviter les risques biotechnologiques ;

- Le secrétariat qui siège à Montréal ;

- Un organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques et


techniques ;

- La participation des observateurs à la conférence des parties est


prévue.

Afin de compléter la Convention sur la diversité biologique, un protocole


sur la prévention des risques biotechnologiques relatif à la convention sur la
diversité biologique a été adopté, le 29 Janvier 2000 à Montréal.

Section 3 : Le protocole de Carthagène sur la prévention des risques


biotechnologies

L’objectif de l’instrument est de « contribuer à assurer un degré adéquat


de protection pour le transfert, la manipulation et l’utilisation sans danger des
organismes vivants modifiés résultant de la biotechnologie moderne qui peuvent
avoir des effets défavorables sur la conservation et l’utilisation de la diversité
biologique, compte tenu également des risques pour la santé humaine, en
mettant plus précisément l’accent sur les mouvements transfrontières » (Art 1).
Il s’agit essentiellement des mouvements transfrontières des OVM, à
l’exception de produits pharmaceutiques destinés à l’homme relevant d’autres
accords (art 5). Deux éléments dominent, le protocole. Premièrement grâce à
une procédure d’accord préalable en connaissance de cause, les Etats ont le droit
de ne pas accepter l’importance sur leur territoire de certains organismes vivants

34
Professeure. NADIR Bouchra

modifiés, retrouvant ainsi une partie de leur souveraineté. En Deuxième lieu, le


principe de précaution peut jouer un rôle central dans leur décision. »

En effet, les commerçants qui veulent exporter ou importer


intentionnellement des aliments ou des produits comportant des organismes
génétiquement modifiés, doivent, selon le protocole de Carthagène, suivre
certaines règles de procédures préventives pour éviter ou minimiser les risques
que peuvent être portés par ces organismes.

Cette procédure s’applique en quatre phases :

Notification ;

Accusé de réception de la notification ;

Décision prise par la partie importatrice ;

Examen de cette décision par la partie exportatrice

Il faut noter que cette procédure s’applique avant le premier mouvement


transfrontière international d’organe vivant modifié destiné à être introduit
intentionnellement dans l’environnement de la partie importatrice.

Cependant, l’absence de certitude scientifique due à l’insuffisance des


informations et connaissances scientifiques pertinentes concernant l’étendue
des effets défavorables potentiels d’un organisme vivant modifié sur la
conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique dans la partie
importatrice n’empêche pas cette dernière de prendre comme il convient une
décision concernant l’importation de l’OVM en question.

S’il arrive que les nouvelles informations scientifiques sur la


conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique révèlent que les

35
Professeure. NADIR Bouchra

OVM portent des risques pour la santé humaine, la partie importatrice dispose
de trente jours comme délai pour informer la partie exportatrice avant le
transfert de l’OVM en question. Elle est également tenue d’informer le Centre
d’Echange pour la Prévention des risques Biotechnologiques.

Parfois, le mouvement transfrontière des OVM peut être effectué par des
simples consommateurs et non pas seulement par une autorité officielle. Ça peut
se produire suite à la mise en marché du produit OVM ou suite à une utilisation
sur le territoire national d’un Etat. Ce dernier est tenu s’il a pris une telle
décision d’informer les autres parties du Protocole par l’intermédiaire du Centre
d’Echange pour la prévention des risques biotechnologiques et ce dans un délai
de 15 jours. La partie est tenue de fournir les informations suivantes :

a) Le nom et les coordonnées de la personne demandant une


autorisation pour utilisation sur le territoire national ;

b) Le nom et les coordonnés de l’autorité responsable de la


décision ;

c) Le nom et l’identité de l’organisme vivant modifié ;

d) Une description de la modification génétique, de la technique


employée et des caractéristiques de l’organisme vivant modifié qui en
résultent ;

e) Toute identification unique de l’organisme vivant modifié ;

f) La taxonomie, le nom commun, le point de collecte ou


d’acquisition et les caractéristiques de l’organisme récepteur ou des
organismes parents pertinents pour la prévention des risques
biotechnologiques ;

36
Professeure. NADIR Bouchra

g) Les centres d’origine et centre de diversité génétique, lorsqu’ils


sont connus ;

h) La taxonomie, le nom commun, le point de collecte et


d’acquisition et les caractéristiques de l’organisme ou des organismes
donneurs pertinents pour la prévention des risques biotechnologiques ;

i) Les utilisations autorisées de l’organisme vivant modifié.

Ceci étant, les pays adhérents à ce protocole peuvent toujours conclure


entre eux des conventions ou des accords bilatéraux, régionaux et multilatéraux
à fin de réglementer les mouvements transfrontières intentionnels d’organismes
vivants modifiés et ce uniquement si ces accords étaient conformes à l’objectif
du protocole et à condition que ces accords et arrangements n’aboutissent pas à
un degré de protection moindre que celui prévu par le protocole de Carthagène.

On peut estimer que la convention sur la diversité biologique chapeaute


l’ensemble des règles internationales tendant à protéger la flore et la faune
sauvage, en étendant, toutefois, la protection à toutes les espèces vivantes. En
outre, le protocole de Cartagena étend la réglementation internationale aux
organismes génétiquement modifiés, assurant ainsi une certaine sécurité dans ce
nouveau domaine.

Section 4 : La convention sur la lutte contre la désertification

Elle a été signée à Paris le 17 juin 1994 et elle est entrée en vigueur le 26
décembre 1996. Le Maroc a ratifié la convention le 2-10-96, entré en vigueur le
5-2-1997 et publiée au B.O n° 4514 du 4-9-1997.

37
Professeure. NADIR Bouchra

A- Définitions, objectifs et principes :

Selon l’article 1-a « le terme désertification désigne la dégradation des


terres dans les zones arides, semi arides et subhumides sèches par suite de divers
facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines »
quant à l’expression « dégradation des terres, elle renvoie à la « diminution ou
la disparition dans les zones arides, semi arides et subhumides sèches, de la
productivité biologique ou économique et de la complexité des terres cultivées
ou irriguées, des parcours, des pâturages, des forêts ou des surfaces boisées du
fait de l’utilisation des terres ou d’un ou de plusieurs phénomènes, notamment
de phénomènes dus à l’activité de l’homme et à ses modes de peuplement, tels
que :

L’érosion des sols ;

La détérioration des propriétés des sols, la disparition de la


végétation naturelle

La définition de la désertification telle qu’elle est énoncée par la dite


convention a le mérite de ne pas limiter les causes de la désertification au facteur
climatique, à la sécheresse, mais également au facteur humain. La
désertification est un phénomène causé par des interactions complexes entre
facteurs physiques, biologiques, politiques, sociaux, culturels et économiques
(préambule de la convention internationale sur la lutte contre la désertification).

Les activités humaines sont en effet la raison majeure du déclenchement


des processus de désertification sur les terres vulnérables.

38
Professeure. NADIR Bouchra

Parmi les activités humaines, causes du déclenchement de la


désertification, on doit citer :

 La mise en culture des sols fragiles ou exposés à des


phénomènes d’érosion hydrique et / ou éolienne ;

 La réduction des temps de repos (jachère) des sols cultivés et le


manque de fertilisation organique et minérale ;

 Le surpâturage herbacé et ligneux (souvent sélectif)

 La surexploitation des ressources ligneuses (en particulier pour


le bois-énergie)

 La pratique incontrôlée des feux pour la régénération des


pâturages, la chasse les défrichements agricoles et le règlement de certains
conflits sociaux ;

 Les pratiques agricoles destructrices de la structure des sols en


particulier d’usage d’engins agricoles inadéquats ;

 Les pratiques agricoles exportatrices nettes de richesse chimique


en particulier les cultures de rente ;

 Le détournement des fleuves pour la création de barrages


d’irrigation ;

 La mise en irrigation de sols dont la texture favorise la


salinisation ou l’alcalinisation ou encore l’engorgement.

Toutes ces pratiques sont induites par deux catégories distinctes de


facteurs : ceux induits par la pauvreté et le sous-développement ; ceux induits

39
Professeure. NADIR Bouchra

par un développement « moderne » insuffisamment soucieux de l’impact des


technologies employées sur la durabilité des terres.

Et donc pour lutter contre la désertification, la présente convention a


abandonné l’approche focalisée sur la sécheresse entant que phénomène
climatique et sur les actions visant la défense des sols par la reforestation et la
lutte contre l’ensablement. Elle saisit la désertification dans sa complexité en
tant que processus naturel et socio-économique étroitement lié aux écosystèmes
et aux modes de faire valoir des ressources naturelles par la population.

La démarche préconisée par la convention consiste à dépasser les


opérations techniques de gestion de la dégradation des terres et à analyser la
désertification dans le cadre d’une gestion intégrée dans une dynamique de
développement durable « qui met à contribution les techniques agricoles, le
régime pastoral, l’aménagement hydro-agricole, la promotion des activités de
substitution de prélèvement sur la nature, la formation, les équipements… et le
tout dans une approche participative, de la base au sommet reposant sur la
communauté.

En conséquence, la CNULC combine protection de l’environnement,


amendement des terres et lutte contre l’érosion des sols par l’éradication de la
pauvreté et accordant une importance centrale au développement durable.

La politique de lutte contre la désertification doit s’intégrer dans une


dynamique de développement durable donc se mettre en œuvre dans une logique
de long terme où l’environnement doit être considéré comme un avenir
commun. C'est-à-dire comme un patrimoine commun à un groupe qu’il soit
planétaire, régional, national ou local.

L’objectif de la convention est de :

40
Professeure. NADIR Bouchra

 Lutter contre la désertification et atténuer les effets de la


sécheresse dans les pays gravement touchés par la sécheresse et / ou la
désertification en particulier en Afrique. Pour atteindre cet objectif, il
faudra :

 Appliquer des stratégies intégrées à long terme ;

 L’amélioration de la productivité des terres et les remises


en état ;

 La conservation et la gestion durable des ressources en


terres et en eau ;

 Améliorer les conditions de vie notamment les


collectivités (art. 2)

L’article 3 détermine les principes qui doivent guider les parties :

 La participation des populations et des collectivités


locales ;

 L’amélioration de la coopération et de la coordination


régionale et internationale dans un esprit de partenariat ;

 La coopération entre pouvoirs publics, collectivités, ONG


et exploitants des terres, la prise en considération des pays en
développement touchés, parties.

B- Les obligations des parties :

41
Professeure. NADIR Bouchra

Notons d’abord que la désertification est devenue un problème de portée


planétaire d’une importance vitale pour tout le monde. Le combat contre la
désertification constitue désormais un des champs d’action de la gouvernance
mondiale qui transcende les frontières, impliquant une multitude d’acteurs
étatiques au niveau mondial régional, national et local. C’est ainsi que la
convention a émis en avant des obligations doivent être assurées à tous les
niveaux incombant aussi bien aux pays développés qu’aux pays en
développement.

Il s’agit de conclure des accords bilatéraux et multilatéraux pour


coopérer et établir des stratégies à court moyen et long terme.

 Pour les pays touchés parties, ils s’engagent à accorder la priorité


à la lutte contre la désertification, à s’attaquer aux causes profondes, à
sensibiliser les populations, locales, en particulier les femmes et les jeunes
et à faciliter leur participation et à renforcer la législation ;

 Les obligations « des pays parties développés » font que ces pays
s’engagent à appuyer les actions précédentes, à fournir des ressources
financières importantes et d’autres formes d’appui, à favoriser la
mobilisation de fonds nouveaux et additionnels ;

 A favoriser l’accès des pays touchés à la technologie et aux


connaissances

 Afin l’article 7 affirme que « les parties accordent la priorité aux


pays touchés parties d’Afrique ».

Les programmes d’action :

42
Professeure. NADIR Bouchra

Les programmes d’action nationaux (art 10) ont pour but d’identifier les
facteurs contribuant à la désertification et les mesures concrètes pour lutter
contre le phénomène. Ils précisent le rôle revenant à l’Etat, aux collectivités,
aux exploitants des terres, ils prévoient des mesures pour prévenir et atténuer
les effets de la sécheresse (système d’alerte précoce, plans d’intervention
d’urgence, systèmes de sécurité alimentaire, programme d’irrigation durables
pour les cultures et l’élevage…). Les pays touchés parties coopèrent pour
élaborer des programmes d’action sous-régionaux et régionaux (art 11).

- Les institutions :

On trouve une conférence des parties qui est « l’organe suprême de la


convention » (art 22) ;

 Le secrétariat permanent à Bonn ;

 Un comité de la science et de la technologie qui fournit des


informations et avis

 Le réseau d’institutions d’organismes et d’organes existants ;

 Enfin c’est le fonds international de développement agricole qui


abritera le mécanisme financier de lutte contre la désertification.

Section 5 : La convention sur les changements climatiques

D’abord, les changements climatiques sont dus à une augmentation des


émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, à cause un réchauffement de
l’atmosphère, qui à son tour, a induit des changements climatiques.

La première conférence sur le climat a eu lieu à Genève en 1979,


organisée par l’OMM. Ensuite, en 1988, l’OMM et le PNUE établissent le

43
Professeure. NADIR Bouchra

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEG) qui


prépare pour 1990 son premier rapport sur la science du climat, sur les impacts
des changements climatiques sur les activités humaines et sur les stratégies
possibles pour lutter contre ces changements ou s’y adapter. Le deuxième
rapport (1995) du GIEC affirme pour la première fois l’identification des
activités humaines dans le réchauffement climatique déjà observé.

Enfin, les Nation Unies adoptent une résolution relative à la protection à


la protection du climat mondial pour les générations présentes et futures
conduisant à l’adoption de la convention – cadre sur les changements
climatiques.

Définition :

Changements de climat sont attribués directement ou indirectement à une


activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui
viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de
périodes comparables. (Convention sur les changements climatiques art. 1.2).

La convention climatique de 1992 est entrée en vigueur le 21 Mars 1994.

Il s’agit d’une convention cadre. Elle comprend :

Une disposition sur les objectifs ;

Une série de principes qui doivent guider l’application de la


convention ;

Les engagements à mettre en œuvre.

1- L’objectif (art 2) : stabiliser les concentrations de gaz à effet de


serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation

44
Professeure. NADIR Bouchra

anthropique dangereuse du système climatique. A réaliser dans un délai qui


permettra aux écosystèmes de s’adapter, que la production alimentaire ne soit
pas perturbée et que le développement durable puisse se poursuivre.

Mais cet objectif rencontre un refus de la part des Etats développés


et des Etats en voie de développement. Ainsi en Amérique, les lobbies du
charbon et du pétrole font pression pour que l’Etat ne s’engage pas vers une
réduction même faible de la consommation d’énergie fossile.

En Europe, on prône une écotaxe. Les pays en voie de développement


refusent le principe d’une limitation de la croissance de leurs émissions de
gaz à effet de serre. Les difficultés entre Nord et Sud résultent surtout de la
pondération des émissions essentiellement industrielles de dioxyde de
carbone et celles de méthane pour la riziculture et l’élevage. C’est dans ce
contexte qu’a lieu la conférence de Kyoto.

2- Les principes (art 3 et 4)

Préserver le système climatique dans l’intérêt des générations


présentes et futures sur la base de l’équité et en fonction des
responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives.
Le principe de la responsabilité commune mais différenciée dans la lutte
contre l’effet de serre séduit les pays en développement qui estiment ne
pas avoir à supporter les retombées négatives du développement
économique industriel des pays avancés ;

Inscrire la lutte contre les changements climatiques dans la


recherche plus globale d’un développement durable et il est intéressant de
noter qu’il s’agit d’une convention cadre dont l’article 17 prévoit
l’ajustement des dispositions par des protocoles. Mêlant environnement

45
Professeure. NADIR Bouchra

et développement économique et social, l’effet de serre apparait comme


un « problème type de développement durable » dont la protection semble
se révéler dans la mise en œuvre d’une gestion temporelle des biens
communs ;

Tenir compte des besoins spécifiques et de la situation des


P.V.D ;

Prendre des mesures de précaution pour prévoir, prévenir les


causes et atténuer les effets.

3- Les engagements :

Pour toutes les parties :

Développement et mise à jour des inventaires nationaux des


émissions de gaz à effet de serre.

Mise à jour régulière des programmes nationaux et régionaux


contenant des mesures pour atténuer les changements climatiques ;

Encouragement et soutien par la coopération notamment par le


transfert de technologie ;

Encouragement à la gestion rationnelle ;

Renforcement des puits et réservoirs de gaz à effet de serre ;

Encouragement et soutien à la recherche ;

Encouragement à l’échange de données ;

Encouragement à l’éducation et à la formation et à la


sensibilisation du public ;

46
Professeure. NADIR Bouchra

Communication à la conférence des parties des informations


concernant l’application des engagements.

Les parties sont réparties en groupes. L’annexe I comprend les


parties et l’annexe II concerne les pays développés. Les engagements de ce
dernier groupe doivent aller au-delà. Les pays développés s’engagent à :

 Fournir des ressources financières nouvelles pour couvrir la


totalité des coûts encourus par les PVD ;

 D’aider les PVD les plus sensibles à faciliter et financer le


transfert de technologies ;

Les pays en transition vers une économie de marché qui figurent à


l’annexe 1 disposent d’une certaine latitude.

Les mécanismes institutionnels :

Sont crées :

 Une conférence des parties (COP) ;

 Un secrétariat de la convention ;

 Un conseil scientifique et technologique ;

 Un organe chargé de la mise en œuvre.

47
Professeure. NADIR Bouchra

Section 6 : Le protocole de Kyoto, 1997

Le protocole de Kyoto a été ouvert à la signature entre mars 1998 et mars


1999 : 84 pays l’ont signé, parmi lesquels les Etats-Unis et les pays membres de
l’Union Européenne. Etant ouvert à la ratification depuis mai 2000. Le protocole
n’est entré en vigueur que le 16 février 2005, lorsqu’il a été ratifié par 55 pays,
représentant 55% des émissions de CO2 des parties de l’annexe B.

Le protocole de Kyoto a été une étape cruciale dans la mise en œuvre de


la convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, c’est un
accord historique, met à la charge des pays industrialisés une réduction globale
de 5.2% des émissions de six gaz à effet de serre pour la période 2008-2012
(article 3 du protocole), et définit les objectifs de réduction des émissions de gaz
à effet de serre à atteindre par les pays de l’annexe B du protocole.

 Partie la plus importante : les objectifs de réduction des gaz à


effet de serre à réaliser dans un délai précis. Les obligations concernant
uniquement les pays de l’annexe I.

 Doit être ratifié par 55 Etats et par les Parties de l’Annexe I dont
le total des émissions de dioxyde de carbone représentait en 1990. De plus
des objectifs chiffrés spécifiques ont été prévus par groupe de pays de
l’annexe 1. Trois pays pourront même augmenter leurs émissions. Il s’agit
de l’Australie, de l’Islande et de la Norvège. La nouvelle Zélande, la Russie
et l’Ukraine doivent stabiliser leurs émissions.

Partie / Engagement chiffré de limitation ou de réduction des émissions

48
Professeure. NADIR Bouchra

(en pourcentage des émissions de l’année ou de la période de référence)

Allemagne 92 Japon 94

Australie 108 Lettonie * 92

Autriche 92 Lichtenstein 92

Belgique 92 Lituanie 92

Bulgarie 92 Luxembourg 92

Canada 94 Monaco 92

Communauté 92 Norvège 101

Européenne

Croatie * 95 Nouvelle Zélande 100

Danemark 92 Pays- Bas 92

Espagne 92 Pologne 94

Estonie 92 Portugal 92

Etats-Unis 93 République 92

d’Amérique Tchèque *

Fédération de 100 Roumanie 92

Russie

Finlande 92 Royaume-Uni 92

France 92 Slovaquie * 92

49
Professeure. NADIR Bouchra

Grène 92 Slovénie * 92

Gongrie * 94 Suède 92

Hongrie 94 Suède 92

Irlande 92 Suisse 92

Islande 110 Ukraine 100

Italie 92

*Pays en transition vers une économie de marché

Les pays en développement sont autorisés d’augmenter leurs émissions de


22 à 30%. (Inspiration du principe des responsabilités communes mais
différenciée).

L’article 2 énumère les méthodes qui doivent être suivies :

 Accroissements de l’efficacité énergétique ;

 Protection en renforcement des puits ;

 Promotion de l’agriculture durable ;

 Recours aux énergies renouvelables ;

 Utilisation des instruments économiques ;

 Réduction des gaz à effet de serre dans le transport, la


distribution d’énergie, la gestion des déchets.

50
Professeure. NADIR Bouchra

L’article 6 prévoit la possibilité d’acquérir des unités de réduction des


émissions. Les articles 5 et 7 prévoient les mécanismes de contrôle qui doivent
être mis en place en vue d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre.

Les articles 10-11 concernent les PVD. Ceux-ci sont invités à établir des
programmes nationaux ou régionaux pour améliorer leur situation par rapport aux
émissions de gaz à effet de serre. Le coût des engagements qui seront pris devant
être couvert par les pays industrialisés.

Les mesures concrètes à mettre en œuvre :

Le protocole de Kyoto se fonde sur une mobilisation active des Etats,


indispensable pour mettre en œuvre les mécanismes du marché développés par le
texte. Lors de la quatrième conférence des parties, tenue en novembre 1998 à
Buenos Aires (Cf. Glossaire), un plan d’action sur des mesures concrètes à
prendre pour lutter contre l’effet de serre a été adopté. Le plan insiste notablement
sur l’importance des mécanismes d’aide aux pays en voie de développement, le
protocole de Kyoto a une dimension « développement » que les acteurs essentiels
ne devront pas perdre de vue dans la mise en œuvre du texte.

Les Etats Parties doivent ainsi faire une évaluation de leur capacité d’une
part à produire des GES, d’autre part à compenser lesdites émissions. Ils mettent
en place un système national d’estimation tant pour leurs émissions anthropiques
par sources que pour l’absorption par les puits de tous les gaz à effet de serre non
réglementés par le protocole de Montréal, et ce, au plus tard un an avant la
première période d’engagement (2008-2012). A partir de ce bilan, ils fixent des
objectifs de réduction d’émission de GES. Les Etats peuvent alors développer
entre eux des mécanismes de coopération.

51
Professeure. NADIR Bouchra

Une certaine latitude est laissée dans la mise en œuvre de ces moyens ; ils
sont ainsi présentés comme des mécanismes « flexibles », ce que ne pourrait faire
une réglementation administrative classique. Trois grands mécanismes ont été
suggérés :

 Le permis d’émission : permet de vendre ou d’acheter des droits à


émettre entre pays industrialisés. Ce système revient à créer un marché où
s’échangent des droits d’émissions pourront alors vendre un permis, il s’agit en
pratique de quotas, équivalent à cette réduction, aux pays demandeurs en droit
d’émissions supplémentaires. Les Etats Unis, en échange de la ratification du
protocole, avaient développé cet instrument original du droit de
l’environnement, les permis négociables, qui permet à un instrument du
libéralisme économique d’être la main invisible et salvatrice au problème du
réchauffement climatique. Un tel mécanisme marchand a été déjà établi aux
Etats Unis pour les émissions de Dioxyde de Soufre.
Une telle technique suscite de nombreuses controverses de nature
politique, économique ainsi qu’éthique. Certains pays en développement
craignent qu’un tel marché soit utilisé par les pays du Nord comme une
échappatoire à leurs responsabilités. Est aussi critiqué le phénomène de
« marchandisation » de l’atmosphère, cette ressource ayant jusqu’alors échappé
à toute appropriation.
En outre, est dénoncé le fait que sous le couvert d’une telle technique, ce
sont des permis de pollution qui seront échangés ;
 La mise en œuvre conjointe (MOC) : elle permet, entre pays
développés de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de
gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des
crédits d’émission générés par les réductions ainsi obtenues. Ce genre

52
Professeure. NADIR Bouchra

d’opérations peut se réaliser par le biais de centrales solaires ou des éoliennes


ou bien encore grâce à des plantations contribuant à absorber le CO2
(constitution de puits de carbone) ;

 Le mécanisme de développement propre (MDP) : il est similaire au


dispositif précédent, à la différence que les investissements sont effectués par
un pays développé dans un pays en développement. Les pays industrialisés
pourront obtenir des crédits d’émissions s’ils financent des projets de réduction
d’émissions dans les pays en développement. L’effort de réduction des
émissions de GES n’est pas effectué dans le pays développé, mais dans un PED
ce qui permet de remplir l’objectif de réduction à un moindre coût. Lors de la
conférence de la Haye, le Canada a proposé que l’énergie nucléaire soit une
source d’énergie qui produit peu de GES.
A Kyoto, beaucoup de questions sont restées en suspense à propos de ces
mécanismes. La question de « supplémentarité », c'est-à-dire de l’acceptation
d’un recours aux trois mécanismes de flexibilité uniquement en complément
aux politiques et mesures internes n’a pas été tranchée. Elle constitue l’une des
principales revendications de l’union Européenne contre le groupe Umbrella
(Etats-Unis, Japon, Canada, Australie, Norvège, Nouvelle Zélande, Islande,
Mexique, Russie et Ukraine) qui prône l’idée d’un recours illimité aux trois
mécanismes de flexibilité.
S’y ajoutent les questions des mesures à prendre en cas de non respect
des engagements. Il en est de même pour les puits, c à d la place à accorder aux
opérations de boisement et de reboisement menées par les parties, pouvant
donner lieu à l’obtention de crédits d’émission.
Mais les négociations qui ont suivi la conférence de Kyoto pour préciser
les mécanismes de mise en œuvre du protocole se sont avérées difficiles. Les

53
Professeure. NADIR Bouchra

blocages se sont manifestés lors des conférences de Buenos aires en 1998, de


Bonn en 1999, la Haye en 2000 et au sommet de Johannesburg 2002, de milan
en 2003 dont la Russie était absente mais a fini par ratifier le protocole le 23
Octobre 2004.

Le protocole est entré en vigueur le 16 Février 2005 grâce à la ratification


du texte par la Russie. Il permet de rendre les engagements juridiquement
contraignants. A été signé et ratifié par un nombre signifiant d’Etats, il
n’empêche que cet instrument pâti de certains manques. Le premier est
l’absence des Etats-Unis, l’Australie. Les Etas Unis sont au premier rang des
émetteurs mondial de gaz à effet de serre et totalisent plus d’un tiers des
émissions du monde industrialisé.
Le protocole demeure insuffisant et ne peut à lui seul empêcher
l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Les estimations de l’agence
internationale de l’énergie (rapport 2004) annoncent une augmentation de 39%
en 2010 par rapport à 1990 des rejets de CO2. La cause est nettement identifiée :
l’augmentation de la croissance des pays émergents tels que la Chine, l’Inde et
même des pays en voie de développement, non liés par des obligations de
réduction des émissions de GES. On craint par la même occasion que les
industriels délocalisent les unités dans les pays en développement qui ont été
exemptés d’effort à Kyoto.
La question n’a guère rebondi lors des conférences sur les changements
climatiques de Bali 2007 et de Pozna Pologne 2008 et de Copenhague 2009 et
Cancun 2010.

L’accord de Copenhague ne fait mention d’aucune mesure


contraignante permettant de lutter efficacement contre le

54
Professeure. NADIR Bouchra

réchauffement climatique, les deux pages et demi sont parfois


ponctués de blancs qui remplacent des pourcentages, des références
de décisions à venir1. Seul point positif, l’accord prévoit des
ressources nouvelles et supplémentaires, approchant 30 milliards de
dollars pour la période 2010-2012, avec une répartition équilibrée
entre l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques. Un
fonds climatique vert de Copenhague sera chargé « du mécanisme
financier de la convention en vue d’appuyer les projets, programmes,
politiques et autres activités dans les pays en développement.

Le Sommet de Cancun a été marqué par dix jours de discussion


pour rien2. Les pays en développement toujours dans l’attente des 30
milliards de dollars promis à Copenhague il y a un an. Pas d’accord
contraignant sur les mesures à prendre pour limiter le réchauffement
climatique. Enfin de compte ce protocole entré en vigueur en 2005,
arrive à échéance fin 2012, est pour l’instant hors de portée.

Section 7 : La mise en œuvre de conventions


internationales de protection de l’environnement

La conférence de Rio a fait du problème du contrôle de


l’application des normes internationales de protection de

1Voir A.S.M, « Sommet de Copenhague : la grande désillusion » in la Vie Eco du 25


décembre 2009

2 Voir Anne-Sophie Martin « Sommet de Cancun sur le climat : dix jours de discussion pour
rien » in la Vie Eco 10 décembre 2010
55
Professeure. NADIR Bouchra

l’environnement un sujet majeur. Il n’est pas étonnant qu’elle lui ait


consacré tout le chapitre 8 de l’Agenda 21 et que la question de
l’effectivité soit l’une des préoccupations essentielles de la doctrine
autant que des praticiens. Traditionnellement le terme application est
la notion consacrée en droit pour désigner « l’opération consistant à
donner effet à la règle de droit, à un traité, à une disposition de celle-
ci, à une décision3 ».

L’application de ces conventions rencontre des difficultés


d’ordre juridique technique et financier. L’évolution a conduit à
l’apparition de nouvelles techniques et procédures juridiques
combinant la prévention, l’assistance, éventuellement la sanction.

§1- Difficultés de mise en œuvre :

L’application de ces conventions rencontre des difficultés


d’ordre juridique technique et financier.

A- Les obstacles juridiques :

La question qui se pose se situe au niveau du contrôle.


Comment pourrait- on contrôler les règles de ces conventions et
surtout les sanctionner alors que l’une des faiblesses du droit

3 Voir Dictionnaire de la terminologie du droit international, « paris Sirey, 1960, p 47, Cité
par Maurice Kamto, « Rapport introductif général » in La mise en œuvre nationale du droit
international de l’environnement dans les pays francophones » sous la direction de Michet
Prieur, Pulim, CRIDEAU (en ligne)
56
Professeure. NADIR Bouchra

international de l’environnement est précisément l’insuffisance voire


l’absence de sanctions efficaces4.

Toutefois, certaines conventions prévoient des mécanismes et


des méthodes spéciaux pour assurer l’application des dispositions
conventionnelles. Il s’agit entre autres de la remise des rapports
périodiques destinés à assurer la mise en œuvre de la convention.

Confié aux différents organes ad hoc crées par les différentes


conventions de protection de l’environnement : le contrôle est dès lors
multilatéral et non réciproque. Ce contrôle institutionnel (conférences
des parties, secrétariats comités avec ou sans ONG) est un contrôle
systémique, non pas ponctuel mais continu et régulier.

Les conséquences du contrôle sont essentiellement


psychologiques ou politiques5. La procédure du rapport peut donner
lieu à des « observations », ou des recommandations générales. Des
mesures de publicité peuvent être prises mettant en évidence les
inobservations des normes et faisant appel aux gouvernements en
cause pour qu’ils rectifient leurs positions mais ce type de contrôle
donne des résultats moyennement satisfaisants6.

La conception générale du droit telle qu’elle est exprimée par


la Cour Permanente de Justice Internationale est que « toute violation

4Voir Kamto M « les conventions régionales sur la conservation des ressources naturelles
en Afrique et leur mise en œuvre », Revue juridique de l’environnement, N 4, 1991, P 439.
Voir aussi Tazi Sadeq H « Eau droit développement durable »

5 Voir Banneller-Chritakis K, « Le système des rapports » in L’effectivité du droit


international de l’environnement. Contrôle de la mise en œuvre des conventions
internationales, opcit p 91-110
57
6 Belaidi N opcit p 260
Professeure. NADIR Bouchra

d’un engagement comporte l’obligation de réparer » et donc


lorsqu’un Etat ne se conforme pas à un traité, viole ses obligations
internationales, encourt clairement sa responsabilité. Or ce
mécanisme n’est pas utilisé en droit international de l’environnement
et ce malgré que les conventions environnementales sont nombreuses
à prévoir une disposition en ce sens et il faut attendre 1997 pour que
l’environnement occupe une place centrale dans un litige soumis à la
CIJ7.

Un autre obstacle concerne la confrontation des conventions


internationales aux droits internes.

A cet égard, nombre d’avis ont été émis se fondant soit sur des
textes juridiques soit sur la jurisprudence. Néanmoins l’idée générale
est la suprématie des règles conventionnelles par rapport aux règles
internes8. Cette suprématie peut être exploitée positivement dans le
cadre de la protection de la flore et de la faune9.

B- Les obstacles techniques et financiers :

L’application des conventions nécessite la mise en place des


moyens techniques et financiers. Or le Maroc en voie de
développement n’en dispose pas suffisamment. Sur un plan général,

7 CIJ, Projet Gabcikovo- Nagymaros (Hongrie/Solvaquie), 25 septembre 1997

8Voir Ouazzani Chahdi H, « L’article 31 de la constitution 1972 » in Revue Marocaine de


Droit et d’Economie de Développement », 1982, N° 1 p 87 et 88

9Voir Elidi Elasad, « Attadbir Alqanouni wa alidaari lhimaayati Albaiaa bilmagrib »


Mémoire en DES en droit public, Université58
Hassan II, Casablanca 1993, p91 (en arabe)
Professeure. NADIR Bouchra

les difficultés financières et techniques soulignent le lien profond qui


existe entre la protection de l’environnement et le développement.
Pour faire face à ces insuffisances, les Etats développent des
mécanismes de coopération internationale.

En complément de la technique des rapports, les conventions


relatives aux problèmes globaux, innovent en proposant des
procédures spéciales de la non-conformité mais pas la responsabilité.

§2- Procédures spéciales de la non conformité mais pas la


responsabilité :

Il s’agit de la technique d’action temporelle et la procédure de


non compliance, de non-conformité.

A- Une technique de réglementation à long terme :


le traité-cadre

La réglementation environnementale a sa finalité dans l’avenir,


le facteur temps joue un grand rôle dans le droit international de
l’environnement.

Le développement des normes doit prendre en compte les


possibilités d’évolution en fonction des données et des connaissances.
La technique des traités-cadre qui consiste le plus souvent en un
échelonnement dans le temps de la création des normes rend
particulièrement compte de cette condition. Il en est ainsi des traités-
cadre relatifs à la protection de la couche d’ozone, à la pollution
atmosphérique à longue distance aux changements climatiques,
complétés par plusieurs protocoles.

59
Professeure. NADIR Bouchra

Ces instruments édictent des règles peu contraignantes incitant


plus les Etats à collaborer entre eux. Ce droit souple dénommé soft
law est un droit négocié qui invite, recommande et conseille.

Si ce droit est dépourvu de sanction, il n’est pas autant


dépourvu de conséquences. Il peut s’agir d’effets juridiques possibles
tels que la responsabilité civile. Il peut aussi être question d’effet
contraignant au sens social de la contrainte : du blâme à l’exclusion,
en passant par le boycott.

C’est au sein de la conférence des parties qu’à lieu la


négociation que les traités-cadres engagent à continuer. Cette méthode
à l’avantage de permettre de suivre l’évolution scientifique. Elle rend
aussi possible l’association à la négociation de représentants de
groupes intéressés tels que les ONG.

La technique d’élaboration du traité-cadre ne disposant pas de


tous les éléments nécessaires à son exécution, pourra être mise en
œuvre effectivement : les détails seront apportés par d’autres textes
conventionnels, les protocoles, qui sont reliés à la convention
principale et qui obligent les Etats.

En associant hard law et soft law, les techniques d’élaboration


du droit international de l’environnement lui donnent une portée tout
à fait originale. Cette approche marque ainsi la volonté de gérer
ensemble la protection de l’environnement, ce qui implique le
contrôle du respect de l’environnement.

B- La procédure de « non-conformité »

60
Professeure. NADIR Bouchra

Par la procédure de non-conformité, il n’y a pas question de


violation mais de situation de non-conformité. Les termes relatifs au
contentieux tendent à disparaitre peu à peu du vocabulaire
conventionnel : différend, demandeur, défendeur, requérant cèdent la
place à des parties concernées ou intéressées par une situation. Le
choix du vocabulaire témoigne de la volonté de se démarquer des
procédures contentieuses traditionnelles alors même qu’il s’agit des
actes illicites10. Mêmes à des véritables violations du traité mais se
sont des violations dont on ne veut pas dire le nom.

Sur le modèle de la convention de Vienne de 1985 pour la


protection de couche d’ozone, le contrôle tend à être remplacé par une
« procédure de non-conformité », démarche pragmatique qui vise non
pas à sanctionner mais à fournir une solution réaliste pour résoudre
les problèmes. « L’incitation es souvent doublée d’une assistance
financière aux pays en développement dont la situation économique
est une entrave à la réalisation des buts poursuivis11 ».

L’institution classique de responsabilité internationale pour


manquement aux obligations conventionnelles se trouve non pas
écartée mais plutôt contournée12.

10 Voir P.M Dupuy « Où en est le droit international de l’environnement à la fin du siècle »


in

11Ce sont les paroles de P.M Dupuy Voir Colloque à l’UNESCO sur une meilleure
application du droit international de l’environnement, (en ligne)

12Voir P.M Dupuy « Où en est le droit international


61 de l’environnement à la fin du siècle »
opcit
Professeure. NADIR Bouchra

Le protocole de Kyoto s’inspire des procédures de non-


conformité. Le fonctionnement des mécanismes de flexibilité institués
par le protocole repose en grande partie sur la confiance et la
crédibilité.

L’institution est avant tout préventive, vise à promouvoir


l’application du protocole. La procédure repose un comité de contrôle
du respect des dispositions, divisé en deux branches, groupe de la
« facilitation » et groupe de « l’exécution »13.

La première pluridisciplinaire, facilite, conseille et porte


assistance sur le plan économique et financier aux Etats rencontrant
des difficultés pour remplir leurs engagements, avant même le début
de la période d’engagement.

La question de facilitation et de l’observance du protocole de


Kyoto a été traitée en 2001 lors des accords de Bonn-Marrakech
(décision 21/cp7)14.

Le second groupe répond par contre à une nature quasi-


juridictionnelle, avec des garanties de durée de procédure, de droit de
la défense et un droit de recours devant la réunion des parties. Il est
compétent pour connaître de l’éligibilité aux mécanismes de
flexibilité et du respect des objectifs de fin de périodes, ainsi que

13 Voir Olivier Mazaudoux, Droit international public et droit international de


l’environnement (en ligne)

14 Voir Sandrine Maljeans- Dubois, L’enjeu du contrôle dans le droit international de


l’environnement en général et dans le protocole de Kyoto en particulier (En ligne)
62
Professeure. NADIR Bouchra

l’application des mesures consécutives en cas de non respect des


dispositions, elles peuvent prendre la forme de sanction15.

En définitive, ces procédures innovantes par les conventions


internationales traitant les problèmes globaux de l’environnement jouent le rôle
essentiel de promotion du respect du droit et la prévention de son non-respect.
L’incitation est généralement préférée à la sanction. Il s’agit d’inciter les Etats
à adopter les comportements prescrits conventionnellement.

SOMMAIRE
INTRODUCTION
.......................................................................................................................
1

Première partie : Genèse du droit internationale de


l’environnement
.......................................................................................................................
4

Section 1 : Les caractères du Droit International de l’Environnement


(D.I.E)
.......................................................................................................................
5

Parag 1 : Les sources du Droit International de l’Environnement

(D.I.E)
.......................................................................................................................
6

1- Les conventions
internationales
.......................................................................................................................
6

15 Voir Olivier Mazaudoux, opcit

63
Professeure. NADIR Bouchra

2- Les
traités
.......................................................................................................................
7

3- Les résolutions non


obligatoires
.......................................................................................................................
8

Section 2 : Les principes du


DIE
.......................................................................................................................
10

A- Signification juridique du
principe
.......................................................................................................................
11

B- Les principes généraux du


droit
.......................................................................................................................
12

1- La souveraineté
étatique
.......................................................................................................................
12

2- Le principe de
coopération
.......................................................................................................................
13

C- Les principes spécifiques à


l’environnement
.......................................................................................................................
13

64
Professeure. NADIR Bouchra

1- La préservation et la protection de
l’environnement
.......................................................................................................................
14

2- Le principe de
prévention
.......................................................................................................................
14

3- Le principe de
précaution
.......................................................................................................................
15

4- Le principe de l’information et de la consultation dans les


relations
transfrontières
.......................................................................................................................
17

5- L’égalité d’accès aux procédures et le principe de non-


discrimination
.......................................................................................................................
18

Section 3 : Les institutions internationales chargées

de
l’environnement
.......................................................................................................................
18

A- Les Nations-Unies et
l’environnement
.......................................................................................................................
18

1- Le
P.N.U.E
.......................................................................................................................

65
Professeure. NADIR Bouchra

.......................................................................................................................
19

2- La commission du développement durable


(C.D.D)
.......................................................................................................................
20

3- Le Fonds pour l’Environnement Mondial


(F.E.M)
.......................................................................................................................
20

B- Les autres institutions spécialisées des N.U et


l’environnement
.......................................................................................................................
21

C- Les programmes
internationaux
.......................................................................................................................
22

Parag4 : Les nouveaux acteurs du


D.I.E
.......................................................................................................................
22

A- Les acteurs
structurés
............................................................................................................
23

1- Les organisations non


gouvernementales :
......................................................................................................
23

2- Les
entreprises :

66
Professeure. NADIR Bouchra

......................................................................................................
25

B- acteurs non
structurés :
..........................................................................................................
26

1- Les
populations :
......................................................................................................
26

2- Les générations
futures :
......................................................................................................
27

Deuxième partie : Contenu des principales conventions


internationales de protection de
l’environnement
.......................................................................................................................
27

Section1 : La convention relative aux zones humides d’importance


Internationale
...............................................................................................................
27

A- Les objectifs de la
convention :
............................................................................................................
28

B- Les obligations des Etats


parties :
............................................................................................................
28

C- Le choix
d’identification :

67
Professeure. NADIR Bouchra

............................................................................................................
29

D- Le processus
d’inscription :
............................................................................................................
29

E- Les
institutions :
............................................................................................................
29

Section2 : La convention sur la diversité


biologique :
...............................................................................................................
30

A-
Définition :
31

B-Objectif de la
convention :
31

C-Les obligations des Etats


parties :
32

1- L’obligation de
conservation :
......................................................................................................
......................................................................................................
32

2-L’utilisation équitable des ressources


génétiques :
......................................................................................................
32

68
Professeure. NADIR Bouchra

Section3 : Le protocole de Carthagène sur la prévention des risques


Biotechnologies
33

Section4 : La convention sur la lutte contre la


désertification
38

A- Définitions, objectifs et
principes :
...............................................................................................................
39

B- Les obligations des


parties :
...............................................................................................................
43

Section5 : La convention sur les changements


climatiques
44

Section6 : Le protocole de Kyoto,


199749

Section7 : La mise en œuvre de conventions internationales de


protection de
l’environnement
57

§1- Difficultés de mise en œuvre : Difficultés de mise en


œuvre :
57

A- Les obstacles
juridiques :
58

B- Les obstacles techniques et


financiers :
60

69
Professeure. NADIR Bouchra

§2- Procédures spéciales de la non conformité mais pas

la
responsabilité :

60

A- Une technique de réglementation à long terme : le traité-


cadre
60

B-La procédure de « non-


conformité »
62

70

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