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DROIT

DE L’ENVIRONNEMENT

Dr Habib Ahmed DJIGA


Université Thomas SANKARA
Brainstorming
1) 2) 3) Défis?
Environnemen Pourquoi
le Droit?
t
?
01 Pourquoi le Droit est-il
nécessaire
protection
à la
de
l’environnement?

02
Quelles sont les bases
théoriques et
opératoires du Droit de
l’Environnement?

03
Le Droit permet-il
effectivement la
protection de
l’environnement?
PLAN 01 HISTORIQUE ET DÉFINITION DU DROIT
DE L’ENVIRONNEMENT

02 SOURCES DU DROIT
DE L’ENVIRONNEMENT

03 PRINCIPES FONDAMENTAUX
DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

04 LIMITES ET PERSPECTIVES DU DROIT


DE L’ENVIRONNEMENT
LEÇON N° 1:
HISTORIQUE ET DÉFINITION DU
DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

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1. DÉFINITION DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

• Environnement
– Environnement # Ecologie #Ecosystème # Cadre de vie
– Environnement = concept facile à appréhender mais difficile à définir
– Projet de Pacte international sur l’environnement et le développement
de l’UICN (1997): « On entend par environnement, l’ensemble de la
nature et des ressources naturelles, y compris le patrimoine culturel et
l’infrastructure humaine indispensable pour les activités socio-
économiques et pour le meilleur cadre de vie »
– Code de l’Environnement du Burkina Faso: « l’ensemble des éléments
physiques, chimiques et biologiques naturels ou artificiels et des facteurs
économiques, sociaux, politiques et culturels qui ont un effet sur le
processus de maintien de la vie, la transformation et le développement
du milieu, les ressources naturelles ou non et les activités humaines. »

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• Une approche historique des préoccupations
environnementales
– A la fin des années 50, du fait de l’inquiétude des scientifiques et
de l’alerte des ONG, le public a pris conscience des dangers
menaçant la biosphère. Ce mouvement d’opinion était un
mouvement de fond, ayant pris naissance au niveau
international.
– Les organisations internationales n’ont pas tardé à se saisir du
nouveau problème.
• CEE: Adoption de 2 Déclarations sur la pollution de l’eau et de l’air
(1968)
• UA(ex-OUA): Signature d’une Convention sur la conservation (1968)

– L’Assemblée générale des Nations Unies a proposé la


convocation d’une conférence mondiale sur l’environnement.
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• Conférence des Nations Unies sur l’Environnement
humain (Stockholm, 1972)

• Adoption de la Déclaration de
Stockholm
Résultats • Adoption du « Plan d’action pour
l’environnement »,
• Création du PNUE

• Réglementation sectorielle
• Réglementation transversale
Suites • Réglementation globale

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• Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et
le Développement (Rio de Janeiro, 1992)

• Convention-cadre sur les


changements climatiques

Résultats • Convention sur la diversité


biologique

• Déclaration de principes sur


les forêts

Résultats • Déclaration sur


l’environnement et le
développement
• Agenda 21.
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2. Justification du Droit de l’Environnement
• Droit pacificateur
– assurer les relations de bon voisinage entre les États souverains
• Convention sur la règlementation de la pêche dans les eaux frontières
(5 novembre 1882) entre la Prusse et le Luxembourg
• Sentence arbitrale du 11 mars 1941 (Affaire de la Fonderie de Trail,
Canada c. États-Unis)
• Droit utilitariste
– Préoccupations d’hygiène et de promotion de l’agriculture
• Convention de Paris du 19 mars 1902 sur la protection des oiseaux
utiles à l’agriculture

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• Droit anthropocentrique?
– L’Homme étant le seul être doué de raison, il domine la nature qui n’est
qu’un objet
– Il faut protéger la nature en ce que ses ressources sont indispensables à la
vie humaine
– Dès lors, le dommage causé à l’environnement est en fait un dommage
causé à l’Homme par ricochet, et mérite de ce fait réparation
• Droit éco-centrique?
• L’Environnement est une entité à part entière, protégée pour ce qu’elle est,
indépendamment de toute question à l’utilité
• Les Hommes ne sont ni propriétaires, ni usufruitiers de la Terre, ils ne doivent
donc pas la dégrader

• Solution intermédiaire: Le Développement Durable?

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LEÇON N° 2:
LES SOURCES DU DROIT DE
L’ENVIRONNEMENT

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1. LES SOURCES INTERNATIONALES ET COMMUNAUTAIRES DU DROIT DE
L’ENVIRONNEMENT
1.1. Un droit éminemment international
• Interdépendance des atteintes à l’environnement: un Etat, quand
bien même souhaiterait-il s’inscrire dans une politique de respect de
l’environnement en s’imposant des contraintes, devra nécessairement
composer avec l’activité des autres Etats qui pourraient se montrer
moins scrupuleux en la matière, voire lui causer des dommages
• L’environnement n’a pas de frontières: Tchernobyl, Fukushima,
Torrey Canyon, Amoco Cadiz, Erika, etc.

• Règle de l’utilisation non-dommageable du territoire étatique


– Principe 2 de la Déclaration de Rio
– CIJ: 1949, 1996, 1997, 2010
• Obligation de coopération

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1.2. Une construction progressive d’un droit volontariste
• L’une des particularités du Droit de l’Environnement réside
dans le fait que l’importance de l’appréhension de
l’environnement est concomitante à la fois à la construction
de ce droit sur le plan international, au niveau national
• Prééminence de la « soft law »: La difficulté d’obtenir un
consensus sur les questions environnementales explique la place qui est
réservée au « droit mou », par l’adoption de Déclarations sans réelles
valeurs contraignantes (textes non conventionnels)

• Les Déclarations énoncent les principes fondamentaux du


Droit de l’Environnement: Déclaration de Stockholm, 1972;
Déclaration de Rio, 1992

• Les Déclarations ont inspiré de nombreuses conventions


internationales ultérieures
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Convention “Un accord entre deux ou
plusieurs sujets de droit
Accords juridiques
internationaux
international, destiné à
être juridiquement
Traité contraignant et régi par le
droit international”
John CURRIE, Public International
Protocole Law (Irwin Law, 2008)
• Les conventions environnementales constituent la source la
plus importante du droit international de l’environnement.
• L’on dénombre actuellement près de 500 conventions
multilatérales consacrés entièrement ou partiellement aux
questions environnementales.
• Certaines conventions environnementales sont des textes
normatifs, c’est-à-dire des accords contenant des normes
obligatoires et sans contrepartie pour les parties et d’autres
sont des conventions-cadres, c'est-à-dire des instruments
conventionnels qui énoncent les principes devant servir de
fondement à la coopération entre les États parties

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Terminologie

Instrument
Traité CoP Signature juridiquement
Convention MoP Adhésion contraignant/ non-
Protocole Secrétariat Ratification contraignant

Entrée en Convention
Intégration vigueur de Vienne
Mise en œuvre Conformité
et application
Exemples de Conventions internationales

Convention sur la diversité biologique

Convention sur le patrimoine mondial

Convention de Ramsar

Convention sur les espèces migratrices

Convention des NU sur les cours d’eau


Convention sur les changements
climatiques
Convention de Minamata
1.3. Un droit communautaire

• Droit primaire
– Traité révisé de la CEDEAO (1993): Il traite successivement de l’environnement,
des déchets toxiques et nocifs et enfin des ressources naturelles
– Traité de l’UEMOA (1994): Il évoque l’environnement comme l’un des domaines
dans lesquels l’Union peut instituer une coordination des politiques sectorielles
par la mise en œuvre d’actions communes et éventuellement de politiques
communes
• Droit dérivé:
– Acte additionnel SA. 4/12/8 du 19 décembre 2008 portant adoption de la
politique environnementale de la CEDEAO
– Acte additionnel n° 01/2008/CCEG/UEMOA du 17 janvier 2008 portant
Politique commune d’amélioration de l’environnement au sein de l’Union

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2. LES SOURCES INTERNES DU DROIT DE
L’ENVIRONNEMENT

2.1. sources administratives


– Textes de politiques ou de stratégies en matière
environnementale qui définissent les objectifs
environnementaux de l’Etat, déterminent les principes
fondamentaux pour leur réalisation, les principaux
acteurs de la gouvernance environnementale et les
moyens de mise en œuvre
• Politique nationale en matière d’environnement
• Politiques sectorielles: forêts, eau, diversité biologique, zones
humides, assainissement, éducation environnementale, foncier
rural, etc.

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2.2. Les sources normatives
– La Constitution: droit à un environnement sain, droit à
l’eau et à l’assainissement, propriété publique sur les
ressources et richesses naturelles, détermination
législative des principes fondamentaux relatifs à
l’environnement et au développement durable

– Les lois: Loi d’orientation sur le Développement Durable,


Code de l’Environnement, Code Forestier, Loi
d’orientation relative à la gestion de l’eau, Loi portant
RAF, Loi d’orientation sur l’aménagement et le
développement durable du territoire, Loi sur la
biotechnologie, etc.
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LEÇON N° 3:
LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DU DROIT
DE L’ENVIRONNEMENT

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1. LE PRINCIPE OU OBJECTIF DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

• Le développement durable est « un développement qui


répond aux besoins des générations présentes sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs » (Rapport BRUNDTLAND, 1988).
• Développement durable: conciliation de trois
préoccupations majeures que sont la justice sociale, le
développement économique et la préservation de
l’environnement.

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• Deux (2) concepts :
– « besoins »: les besoins essentiels des plus démunis,
à qui il convient d’accorder la plus grande
priorité
– « limitations » que l’état des techniques et de
l’organisation sociale impose sur la capacité de
l'environnement à répondre aux besoins actuels
et à venir.

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2. LES PRINCIPES DE PREVENTION ET DE
PRECAUTION
• La prévention est, selon le Dictionnaire du développement durable,
« le fait d’intervenir au moment où l’observation des faits et la
connaissance des mécanismes en jeu permettent d’estimer les
dommages (financièrement ou non) en proposant une action qui
proportionne aux coûts estimés les mesures d’évitement ».

• Le principe de précaution reconnait le besoin et la légitimité de ne


pas attendre le stade des certitudes scientifiques pour engager des
actions de prévention visant des menaces pour l’environnement. Elle
est une forme de prévention accentuée adoptée dans un contexte
d’incertitude.

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• Le principe de prévention et le principe de précaution sont
très proches et ont la même finalité
• La précaution renvoie à une présomption de risque grave
et irréversible, tandis que la prévention répond à un risque
identifié. C’est l’incertitude qui appelle la précaution

• Suppression de la distinction entre « prévention » (prévenir


ce que l’on connaît) et « précaution » (prévenir ou éviter
ce que l’on ne connait pas) au profit d’un objectif unique
qui serait la « prudence »?

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3. LE PRINCIPE DU POLLUEUR-PAYEUR
• Principe curatif, il s’inscrit dans le cadre de la théorie
économique de la nécessité de l’internalisation des coûts, c’est-à-
dire de la prise en compte des coûts sociaux de la production
industrielle:
– le pollueur devrait se voir imputer les dépenses relatives non seulement
à la lutte contre la pollution mais aussi aux mesures préventives
engagées par les pouvoirs publics
• Le principe pollueur payeur appelle l’imposition de taxes ou
la décision de ne plus octroyer de subventions.
• Son objectif est de conduire à une utilisation durable des
ressources naturelles, incitant les pollueurs à produire, ou à
consommer de manière plus rationnelle.

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• Difficultés

– la dictature pécuniaire: le principe pollueur-payeur


favorise la dictature de l’argent sur les exigences
écologiques

– le partage injuste du coût de la pollution: le coût


de la pollution n’incombe pas toujours au véritable
pollueur, car l’insertion du coût de pollution dans le prix
des biens et services fait qu’il est finalement supporté
par le consommateur.

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4. LE PRINCIPE D’INFORMATION ET DE
PARTICIPATION DU PUBLIC
• Le principe d’information est un droit reconnu aux
citoyens et opposable aux pouvoirs publics qui sont
tenus de leur apporter les informations nécessaires,
pour faciliter leur participation, en toute
connaissance de cause, à la préservation de
l’environnement.
• Les citoyens ont le droit
– d’être informés des dégradations intervenues dans leur
environnement
– d’être tenus informés des projets envisagés ou autorisés
par les pouvoirs publics et qui pourraient avoir des effets
préjudiciables sur l’environnement

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• La participation consiste

– à mettre à la disposition du public, les informations utiles


sur son environnement de manière à recueillir son opinion
sur les activités envisagées par les pouvoirs publics, afin
d’éclairer le sens de leurs décisions
– à organiser la représentation de la société civile dans les
instances décisionnelles ou de gestion en matière
d’environnement

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LEÇON N° 4:
LES LIMITES ET LES PERSPECTIVES DU DROIT
DE L’ENVIRONNEMENT

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1. LA FAIBLE EFFECTIVITE DU DROIT DE
L’ENVIRONNEMENT
• C’est la bonne réceptivité de la norme juridique
auprès de son destinataire qui détermine son
effectivité.
• Dans le domaine particulier de l'environnement, ce
critère de réceptivité de la norme peut s'avérer très
pertinent, dans la mesure où l'objectif du législateur
est, après tout, d'obtenir des citoyens un
changement de comportement à l'égard de
l'environnement.
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• Le droit de l'environnement pourra être jugé
effectif s'il:
– assure la protection de l'environnement;
– conduit au respect des règles et standards posés;
– conduit à la modification souhaitée du
comportement humain;
– est transposé aux différents niveaux institutionnels
(régional, national, local) par l'adoption de lois,
règlements et la conduite de certaines activités
administratives;
– a un impact à travers sa seule existence,
indépendamment de l'adoption de mesures
spécifiques
(Sandrine MALJEAN-DUBOIS)
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• Flirt entre l’économique et le politique (tolérance de l’Administration
concernant les autorisations, les cas de pollutions, le privilège de la
transaction, etc.)
• Incivisme écologique
• Lien étroit entre environnement et pauvreté
• Écart entre la gouvernance formelle/officielle et la gouvernance réelle

• Ignorance des textes juridiques relatifs à la protection de


l’environnement

• Absence de vision à long terme dans le cadre des projets de


développement en matière environnementale.

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• Absence de hiérarchisation des priorités
environnementales
• Faible concertation entre les différents départements
ministériels; or, les questions environnementales sont
transversales.

• Adoption tardive ou non adoption des textes


d’application des lois environnementales
• Longs délais de ratification des conventions
environnementales
• Faible opérationnalité de certaines structures
environnementales

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2. LES PERSPECTIVES DU DROIT DE
L’ENVIRONNEMENT
• Adoption d’une stratégie d’application des lois
environnementales

• Le renforcement des capacités institutionnelles et


opérationnelles

• Application rigoureuse des textes environnementaux

• Amélioration de la gouvernance

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CONCLUSION
• Il existe un corps de règles et de normes juridiques destinées à
assurer la protection de l’environnement et formant un
véritable droit de l’environnement

• Malgré sa faible effectivité, le Droit de l’environnement est


en phase de consolidation. Il a besoin encore d’un temps
d’introspection pour avoir prise sur la réalité

• Leçon de droit de l’environnement: « L ’avenir n’est jamais


que du présent à mettre en ordre. Tu n’as pas à le prévoir,
mais à le permettre » (Antoine de Saint-Exupéry)

15/12/2022
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LA QUALITÉ D’ÉCOUTE

Contact du Professeur:
Dr. Habib Ahmed DJIGA

ahmeddjiga@hotmail.com
+226 70-74-11-86

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