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n° 39 janvier/février 2007

IGN
MAGAZINE
Le monde de l’Institut Géographique National

dossier, à lire en p. 4

Le Service hydrographique et océanographique de la marine


Au vent du large
Incontestablement complémentaires l’un de l’autre, l’Institut géographique national et le Service hydrographique et
océanographique de la marine travaillent en partenariat depuis longtemps, en particulier sur la cartographie du litto-
p.2/3 p.13 p.14/15
ral, avec le projet Litto3D ®, et sur le Géoportail. Leurs objectifs et leurs méthodes sont parfois communs et parfois repères portrait partenariat
très différents. L’altimétrie de l’Institut correspond à la bathymétrie du Shom, pour ne citer qu’un exemple… Mais L’actualité Guy Le Le réseau
en bref Querrec, Teria, dans le
surtout, les espaces couverts diffèrent par leurs étendues respectives. Ce reportage va nous entraîner de nos côtes et en grand reporter Réseau GPS
vers le grand large et, plus étrange encore, vers les grands fonds, leurs volcans, leurs canyons, leurs tourbillons… images autour du globe permanent
repères
Evadeo à la fête des Transports AGENDA
JANVIER
■ le 13
Journée portes
ouvertes à l’ENSG
À Marne-la-Vallée.

■ le 16
Rencontre élus
Au Futuroscope, à Poitiers.

■ le 30
Rencontre élus
À Vesoul.

■ le 31
Forum GPS
À l’ENSG, à Marne-la-Vallée.

JANVIER/FÉVRIER
■ du 31 janvier au 2 février
Salon Imagina
À Monaco.

FÉVRIER
■ le 1
Présentation d’Evadeo à Dominique Perben, ministre de l’´Équipement. Forum
photogrammétrie
À l’ENSG, à Marne-la-Vallée.
Le GPS Evadeo de l’IGN, dont une présentation était proposée à la fête des Transports, qui s’est tenue

@ Pour toute
information
du 17 au 19 novembre sur les Champs-Élysées, a retenu l’attention de nombreux participants et plus
particulièrement celle de Dominique Perben, ministre de l’Équipement. Au cours de cette manifestation,
les visiteurs ont été invités à un survol virtuel de la France en 3D grâce au logiciel d’assistance au
pilotage développé par la société BCI Navigation à partir de la BD ORTHO ®. Ils ont pu découvrir aussi
50 photographies aériennes agrandies représentant les grandes infrastructures routières, ferroviaires,
■ le 13
Rencontre élus
Des Bouches-du-Rhône.

■ les 15 et 16
Cité 71
aéroportuaires et fluviales sur la France entière. Toutes ces démonstrations ont suscité de la part de
à caractère À Montceau-les-Mines.
professionnel : nombreuses personnalités présentes et du grand public un engouement qui a contribué au succès de la
www.ign.fr deuxième édition de cet événement. ■

Le retour du Kangourou… Marais et estuaires du littoral français


L’IGN est pour la seconde année consécutive partenaire La société a récemment pris conscience de la valeur écologique, et aussi écono-
du Rallye-Géo, le Kangourou de la Géographie. mique à terme, des marais maritimes dont la façade océanique de la France recèle
Le succès de 2005, concrétisé par la participation de de nombreux exemples. Cet ouvrage de Fernand Verger présente ces zones
20 000 candidats, a montré l’intérêt pédagogique et ludique d’estuaires et de marais. Il est illustré de 340 photographies et de cartes
de cet événement qui consiste à valoriser la géographie au originales. Les touristes curieux pourront suivre ce guide, de marais en marais,
travers d’un jeu-concours. Pour cette seconde édition, qui alors que les scientifiques, naturalistes, géologues ou géographes y apprécieront
s’est déroulée le jeudi 21 décembre 2006, sur le thème une mise au point actualisée de ce thème. Éditions Belin. 40,90 €. ■
des sociétés humaines, tous les candidats seront
récompensés pour leur participation.
Proposé par une équipe issue des nouvelles
communautés d’enseignants nées sur
Internet, comme Le Café pédagogique
et Les Clionautes, le Rallye-Géo espère
fédérer et mobiliser de nombreux
professeurs et susciter l’enthousiasme
des élèves.
D’autres partenaires, tels que Géo Ado,
France 5 (education.france5.fr) et
Lagrange Vacances, se sont joints à
cette initiative qui bénéficie du soutien
du ministère de l’Éducation nationale. ■

2/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


Copie de IGN 39 p. 2_3 22/01/07 14:55 Page 3

NOUVEAUTÉ Un nouveau service éducatif


L’IGN et le ministère de l’Éducation nationale ont signé,
Sur la route de Compostelle le 10 novembre 2006, un accord-cadre pour la réalisation
d’Édu-Géo, un nouveau service éducatif sur le Géoportail.
Marcher vers Compostelle, ce n’est pas
seulement marcher. C’est un mélange Ce service proposera en ligne les données géographiques sur
complexe, une démarche aux dimensions diverses : l’ensemble de la France (DOM compris), ainsi que les outils
spirituelle, patrimoniale, historique et culturelle. permettant leur exploitation dans un cadre pédagogique.
La carte des chemins de Saint-Jacques-de- De plus, des scénarios seront proposés sur onze zones
Compostelle, réalisée en collaboration avec
géographiques caractéristiques de thématiques en relation
l’association de coopération interrégionale Les
avec les programmes scolaires. Sur ces zones, la numérisa-
Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, livre une
foule d’informations sur les chemins de pèlerinage tion et la mise en ligne des cartes IGN et des photographies
eux-mêmes, sur leur histoire et sur les légendes aériennes des années 60 offriront, en complément, une
qui y sont associées. nouvelle vision des territoires et de l’environnement. Édu-Géo
Une carte riche de renseignements et très esthétique, permettra de renouveler l’enseignement dans plusieurs
qui vous éclairera sur ce qu’était au Moyen Âge
disciplines telles que l’histoire-géographie, les sciences de
ce long voyage et sur ce qu’il peut être aujourd’hui.
la vie, etc, et sera mis en ligne pour la rentrée 2007-2008.
Le service sera accessible, sur abonnement des établisse-
Prix : 5 € TTC. ments scolaires, à tous les élèves et à tous les enseignants.

PRESSE

L’IGN au Salon des maires PDA & SMARTPHONES


MAGAZINE, HIVER 06

Évadez-vous…
« L’IGN lâche un pavé dans la
mare des GPS autonomes avec
Evadeo. Sous ce nom évocateur
se cache un boîtier GPS qui se
distingue de ses concurrents. Il est
principalement destiné à un usage
hors des chemins battus. […] Les cartes
sont bien entendu celles du fonds de l’IGN,
affichant une résolution de 1 : 100 000 et
couvrant la France entière. Elles sont aussi
doublées par des cartes destinées à la navigation
routière, fournies par Navteq et datées du
second trimestre 2006. Evadeo peut ainsi vous
guider aussi bien en voiture que lorsque vous
êtes à pied ou à vélo. Vous pouvez, de plus,
Allocution de M. André Rouch, maire d’Alzen. télécharger et installer des cartes de randonnée
au 1 : 25 000 sur le site www.evadeo.ign.fr,
L’IGN, comme tous les ans, était présent au Salon des maires et des collectivités locales, à Paris, pour un prix qui devrait être légèrement
du 21 au 23 novembre. Cet événement a été l’occasion de présenter, en avant-première, Comunaleo, inférieur à celui d’une carte papier.
le service de gestion communale du Géoportail Services, coédité par l’IGN et le groupement Esri Ce n’est pas tout : Evadeo est fourni
France-Imagis Méditerranée. Le lancement de Comunaleo, réalisé sous forme d’un dialogue avec avec la BD Nyme, la base de données Contacts
André Rouch, maire d’Alzen (Ariège) et président de la communauté de communes du Seronais, qui constitue une référence en réperto- presse IGN
Emmanuelle Dormond
a permis de démontrer clairement et simplement aux journalistes, maires et visiteurs présents riant tous les noms de lieux habités ou 01 43 98 83 05
les caractéristiques de cette solution de gestion communale adaptée aux besoins des petites inhabités de France, comprenant plus Bernard Delbey
et moyennes communes. Ce nouveau service est accessible sur geoportail.fr/services, rubrique de 1 600 000 noms de cols, hameaux, 01 43 98 85 91
presse@ign.fr
Comunaleo. ■ monuments, forêts, clairières… »

Magazine de l’Institut Géographique


Avis à nos lecteurs
National, 136 bis, rue de Grenelle,
75700 Paris 07 SP. Tél. : 01 43 98 80 00.
Publication bimestrielle. ISSN : 1624-9305.
Directeur de la publication :
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le pouce et
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Bertrand Lévy. Directrice de la rédaction : Anne-Catherine
l’index de la
Pour vous abonner
Ferrari. Rédacteur en chef : Christophe Grateau, assisté main droite. gratuitement en ligne,
de Jean-Marc Bornarel. en quelques clics :
Comité de rédaction : É. Aracheloff, M. Bacchus, B. Bèzes, www.ign.fr
A. Bonnaud, C. Cecconi, J. Chezaubernard, M. Cotte,
post-traitement analgyphe: MEDIA RELIEF

J.-E. David, E. Dormond, F. Gallois, J.Giralt, Ph. Guhur,


Les lunettes bicolores que vous venez de découvrir à l’intérieur du
magazine servent à percevoir l’effet des images anaglyphes, autre-
M. Jeannot, P. Lebœuf, F. Lecordix, P. Laulier, C. Molina,
ment dit des photographies en deux couleurs complémentaires, qui
B. Morando, F. Robbiani, C. Vivien.
donnent la sensation du relief binoculaire, telle la 4e de couverture
A participé à ce numéro : Thierry Duquesnoy. de ce numéro 39.
Conception éditoriale et graphique : Sequoia-ETC. Attention : la perception effective du relief n’est réelle qu’en lecture Conformément à la loi Informatique et libertés,
Direction artistique : Michelle Gaydu. horizontale de l’image (mode « paysage »). Autrement dit, faites pivoter du 6 janvier 1978, vous bénéficiez d’un droit
d’accès, de rectification et d’opposition aux
Chef de fabrication : David Crou. le magazine de 90 °, en sens inverse des aiguilles d’une montre. données vous concernant. Seul l’IGN est
Iconographie : Service hydrographique et océanographique destinataire des informations nominatives que
Merci d’avance de bien vouloir conserver ces vous lui communiquez, qui ne seront pas
de la marine. Bernard Delbey/IGN. transmises à des tiers.
lunettes pour de prochaines éditions.
Couverture : Séquoia-ETC
dossier

Bathymétrie de l’Atlantique Nord-Est


(maille 5’, rayon d’interpolation 120 km).
En haut, à gauche, la faille des Açores.

4/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


Le Shom(1)

Au vent
du large
Là où le domaine d’intervention cartographique de l’IGN s’arrête
– c’est-à-dire au trait de côte – commence celui du Service hydro-
graphique et océanographique de la marine. Les travaux du Shom
ouvrent la France sur la zone littorale, le grand large et les grands
fonds. Le Shom et l’IGN travaillent depuis longtemps la main dans
la main, un partenariat qui s’est concrétisé récemment dans le
projet Litto3D® et qui se réaffirme à travers le Géoportail.

T oute personne se déplaçant à terre, dans nos


contrées fléchées et balisées, sait qu’elle peut se passer,
à la rigueur, de carte. Sur mer, celle-ci constitue l’outil
primordial de la survie du navigateur. Et c’est justement
parce que la mer est un milieu semé de périls, qu’en
1720, le roi Louis XV décréta que le « Dépôt des cartes
marines », qu’il venait de créer à cet effet, détiendrait
le privilège exclusif de les produire et de les entretenir(2).
Cet état de fait fut confirmé par tous les régimes
successifs et perdure aujourd’hui, puisque le Service
hydrographique et océanographique de la marine,
héritier du Dépôt des cartes, exerce une double mission
de défense nationale et de service public, ainsi que
l’explique son directeur, l’ingénieur général de l’armement
Gilles Bessero :
« Notre première mission est historique :
« La cartographie nous sommes tenus d’assurer la sécu-
rité de la navigation, civile et militaire
des fonds marins confondues, dans les zones qui relè-
vent de notre responsabilité, soit envi-
est beaucoup plus ron 11 millions de km2.
La seconde, plus récente, est liée aux
mal connue que développements de la technologie et
des systèmes d’armes. Elle consiste à
celle de la Lune ou assurer le soutien hydro-océanogra-
phique et météorologique de la défense.
de Mars… » Celui-ci se divise en deux volets. Un
volet amont au sein duquel le Shom doit
Ingénieur général Gilles Bessero.
définir l’environnement maritime météo-
océanographique qui influe sur les systèmes
d’armes (conception d’un nouveau sonar, par
exemple). Et un volet aval de soutien opéra-
tionnel aux forces, tel que nous l’avons assuré
lors des récentes interventions d’évacuation
des populations du Liban, l’été dernier. » >>

1 – Shom : Service hydrographique et océanographique de la marine.


© Shom

2 – Rappelons que le « Dépôt de la guerre », ancêtre de l’IGN, a été


créé en 1688 par Louis XIV.

janvier/février 2007 - IGN MAGAZINE/5


dossier

Le Shom est coordonnateur de la zone


Navarea II, qui s’étend de la latitude
d’Ouessant à celle du fleuve Congo.

>> Les zones d’intérêt de la défense dépassent


largement celles placées sous mission de service public
puisqu’elles englobent environ 40 millions de km2.
Même si la population française tourne volontiers le
dos à la mer, la France est potentiellement une grande
puissance maritime. Ses atouts dans ce domaine

© Shom
devraient faire rêver : l’étendue de son domaine maritime
est le second après celui des États-Unis. Les Français
Navarea II, couverture Navtex. Ici, les stations diffusant
ignorent souvent, par ailleurs, que leur pays est celui les avertissements côtiers à l’intérieur du périmètre des cercles.
qui possède le plus grand nombre de frontières au
monde (35, dont 30 maritimes). Enfin, la France
© Shom

métropolitaine dispose de trois façades maritimes et qui collecte les données, met à jour les cartes et les autres
L’ingénieur général de l’armement Gilles Bessero,
son trait de côte atteint 5 850 km. ouvrages de référence et les diffuse vers les navigateurs
Directeur du Shom. Selon l’ingénieur général (2S) Jean Laporte, chargé à travers la section information et ouvrages nautiques
de mission au Shom en tant que spécialiste de que dirige le capitaine de corvette Jean-Luc Tual.
l’international, « la France est une grande puissance « Le Système mondial de détresse et de sécu-
maritime qui est rarement passée aux actes… ». À une rité en mer (SMDSM), instauré par l’organisa-
exception près : la production de données scientifiques : tion maritime internationale (OMI), organise
« Un service hydro-océanographique se mesure dans le monde entier la totalité des radiocom-
à sa flotte ! Autrement dit à sa capacité d’en- munications nécessaires aux différents aspects
voyer des bateaux, des ingénieurs, du matériel, de la sauvegarde de la vie humaine en mer. Tout
et de faire des levés aux normes internationales. le travail de la section s’inscrit dans le cadre de
Dans les domaines scientifique et technique, la convention internationale de 1974 pour
nous nous situons incontestablement dans le la sauvegarde de la vie humaine en mer (conven-
peloton de tête. » tion Solas), en assurant le recueil, le traitement
et la mise en forme de l’information nautique,
Sécurité : du porte-avions au voilier ainsi qu’en contrôlant sa diffusion.
Aujourd’hui, 80 % du trafic international marchand passe Nous élaborons, éditons et tenons à jour envi-
par la mer et, ce pourcentage ne cessant d’augmenter, la ron 70 ouvrages nautiques comprenant des
sécurité de la navigation est plus que jamais à l’ordre du Instructions nautiques, qui complètent les cartes
jour. Elle est du ressort des États. En France, c’est le Shom marines, des Livres des feux et des signaux de
Extrait de l’arrêt
du Conseil du Roi
du 5 octobre 1773
Défendant la construction et la publication
des cartes marines par les personnes qui n’en
sont pas expressément chargées.

« Sur ce qu’il a été représenté au Roi étant dans


son conseil, que plusieurs géographes et pilotes
prétendaient s’ingérer à construire et publier des
cartes marines et en faire un objet de commerce,
voulant Sa Majesté prévenir un tel abus dont
les suites seraient à craindre pour la sûreté de
la navigation, et diminuer autant qu’il est possible
les dangers de la mer à cette classe précieuse
de ses sujets qui a le courage de les affronter, pour
soutenir la gloire de ses armes ou pour étendre
et améliorer le commerce de la navigation […] a
ordonné et ordonne : qu’à l’avenir, toutes les cartes
marines, portulans et instructions nécessaires pour
la conduite des vaisseaux tant de guerre que
de commerce du royaume, soient exclusivement
composés, dressés et publiés au dépôt* de Sa
Majesté par des personnes capables de s’en bien
acquitter et que ces ouvrages soient toujours
© Shom

accompagnés d’analyses imprimées et indicatives


des autorités dont on se sera appuyé […]. »
Carte des zones Navarea/Métarea. Les zones Navarea (délimitées en rouge) sont des zones de responsabilité pour la sécurité navale.
* Le Dépôt des cartes marines avait été créé en 1720.
Les surfaces délimitées en vert représentent les secteurs Navtex de diffusion des informations météo et des avertissements urgents de
navigation (SAR, piraterie…). Ces deux types de zones relèvent de la responsabilité des coordonnateurs nationaux.

6/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


Le Shom
© Shom

Carte électronique de navigation (ENC).

brume, des ouvrages de Radiosignaux, relatifs « En 2005, nous avons reçu plus de 18 000 infor-
à la radionavigation, aux radiocommunications mations nautiques. Analysées, contrôlées, elles L’Organisation
et aux stations météorologiques, et aussi des ont donné lieu à 430 messages Navarea et près hydrographique
ouvrages généraux tel que le Guide du naviga- de 8000 avis diffusés dans les Groupes d’avis internationale (OHI)
teur ou Naviguer en sécurité. » aux navigateurs. »
L’information nautique comporte trois catégories : L’OHI, qui date de 1921, fixe les règles en vue
de l’amélioration des services relatifs à la
urgente, rapide ou différée. L’information urgente condi- La carte marine vectorielle : les ENC
navigation maritime au niveau international.
tionne au premier chef la sécurité de la navigation. Elle Le Shom possède un portefeuille de 1 100 cartes papier. Serge Allain, chargé des relations extérieures
est diffusée par moyens radioélectriques, dans les délais 600 d’entre elles proviennent de ses propres levés, 300 auprès du Shom, résume cette mission.
les plus courts, sous forme d’avertissements urgents sont des cartes étrangères « francisées » et 200 sont
de navigation. Ce sont, en fonction du domaine de navi- le produit de compilations de cartes étrangères. Toutefois, « Depuis 85 ans, cet organisme constitue un réseau
gation concerné, les avertissements de zone (Navarea), depuis 1998, le Service a entrepris de numériser son de réflexion sur la normalisation des documents
côtiers (Avurnav côtiers) ou locaux (Avurnav locaux). fonds et de créer des cartes électroniques de navigation, de navigation. Il pilote également la création de
Leur diffusion est normalement assurée soit par le sys- dites ENC (pour Electronic Navigational Charts). Ces compétences pour les pays qui ne sont pas encore
tème Navtex pour les avertissements côtiers, soit par cartes, élaborées en conformité avec la norme S 57 de dotés de services hydrographiques nationaux.
Le monde est divisé en 14 commissions régionales
le service international SafetyNet pour les avertisse- l’Organisation hydrographique internationale (OHI),
et la France, en raison de son positionnement
ments de zone. Il peut s’agir de containers à la dérive, sont reconnues officiellement, en France, par la Direction géographique, ou de sa responsabilité historique, est
d’avaries de feux ou de bouées affectant les principales des affaires maritimes. Il est désormais légal de naviguer membre de 8 d’entre elles. D’autre part, c’est la
voies de navigation, de convois remorqués non manœu- sans cartes papier en se fiant uniquement à un système principauté de Monaco qui est le siège du Bureau
vrants dans des eaux encombrées… L’information informatique, à une condition près, que précise Ronan hydrographique international. La France et le Royaume
rapide intéresse la sécurité de la navigation, mais son Pronost, adjoint au chef de la section cartographie du Uni sont particulièrement en charge de tout ce qui
caractère ne justifie pas une diffusion urgente. Elle est Shom en charge des ENC : relève de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Enfin, le
transmise sous forme d’Avis aux navigateurs (Avinav) « Il est possible de naviguer numériquement, français et l’anglais sont les deux langues officielles
émis par les autorités maritimes et par les Groupes suivant les règles internationales, à condition de l’organisation. La coopération fonctionne bien au
niveau des nations qui œuvrent à faire progresser le
hebdomadaires d’avis aux navigateurs (GAN) publiés de posséder un système de secours. Il peut être
système et au sein de celles qui entendent développer
par le Shom. Ces groupes diffusent les corrections à également numérique mais doit dépendre d’une
leurs compétences nationales. Les choses sont plus
porter aux documents nautiques que les marins à bord source énergétique indépendante de la pre- difficiles avec les pays en voie de développement, dont
de leurs navires ont l’obligation de tenir à jour. mière en cas de panne. Sinon, le bateau doit la sécurité maritime n’est pas la priorité. Il en va
L’information différée concerne des renseignements posséder un portefeuille de cartes papier à jour. » de même avec certaines nations qui ont quelque peu
utiles aux navigateurs, dont la diffusion peut attendre Strictement identique à la carte papier correspondante, occulté leur rôle en termes de responsabilité maritime
la réédition d’ouvrages ou leur mise à jour par fasci- une ENC est une base de données vectorielles, dont et auxquelles l’OHI est contrainte de faire parvenir
cules de corrections. deux des fonctionnalités principales sont le report de des messages de sensibilisation… »
La sécurité en mer relevant des États à même de l’as- la position du bâtiment sur le fond de carte grâce à la
surer, la planète a été divisée en 16 zones dites localisation permanente par satellite et la possibilité de
« Navarea ». C’est ainsi que le Shom est coordonna- zoomer sur des « objets », qui peuvent être interrogés
teur de la zone Navarea II, qui s’étend de la latitude et dont certains n’apparaisent qu’en cas de danger,
d’Ouessant à celle du fleuve Congo, et diffuse des selon les caractéristiques du navire (son tirant d’eau
« messages Navarea » par le service SafetyNet du sys- par exemple…).
tème Inmarsat jusqu’aux terminaux à bord des navires. Une ENC comporte 1 000 à 1 500 objets, tous contrôlés Diagramme illustrant les commissions
Jean-Luc Tual conclut pour sa part : (phares, amers, balises…). La base de données >> hydrographiques internationales.

janvier/février 2007 - IGN MAGAZINE/7


dossier

© Shom
Modèle d’altitude terre-mer.

>> est remise à jour régulièrement à partir d’informations pour que les méthodes, les outils et les procé-
validées par le Shom et les informations transmises dures convergent, ce qui nous fait gagner beau-
aux navires peuvent l’être sous forme numérique par coup de temps. »
satellite, ce qui réduit les délais et les coûts de mise à
jour des cartes. Zone de tous les dangers : le littoral
Mais la fabrication d’une ENC demande six mois de C’est à la suite des deux naufrages presque consécutifs
travail et nécessite une infrastructure de fonctionnement de l’Érika et du Prestige (1999 et 2002) que l’Union
et de diffusion. Réglementairement, l’ENC est utilisée européenne a pris conscience du fait qu’il existait
sur un appareil normalisé et approuvé par les organismes encore – à nos portes – une quasi-« zone blanche »
© Shom

internationaux : un Electronic Charts Display and sur les cartes : le littoral. Elle a donc émis une
Information System (Ecdis). Le Shom a une capacité recommandation afin qu’il soit modélisé à partir d’un
de production de 40 à 50 ENC par an. Ce portefeuille référentiel unique pour les parties terrestre et maritime.
Litto3D® : les missions s’élève aujourd’hui à 200 cartes toutes en usage, Un trait de côte défini en commun par l’IGN et le
applications civiles et militaires confondues. Elles Shom permettra de passer d’un univers à l’autre de
de maintien de la paix concernent la métropole, les DOM-TOM et les zones manière naturelle et continue. Cette recommandation
Un projet de modélisation des zones littorales
intéresse forcément tous les usagers de la de responsabilité historique. Elles sont disponibles via fut reprise par le Comité interministériel de la mer en
mer et la marine nationale en particulier. le Centre régional de coordination norvégien Primar 2003 et confirmée par celui de l’aménagement et du
L’ingénieur en chef Yves Guillam s’en Stavanger, qui recueille l’ensemble des ENC mondiaux. développement du territoire en 2004.
explique : Enfin, la généralisation du vectoriel présente un autre Ainsi naquit le projet de partenariat Litto3D ® entre les
avantage qu’apprécie Ronan Pronost : deux organismes, afin que soit mis en œuvre un
« Les nouvelles missions de maintien de la paix « Nous sommes obligés, en numérisant les référentiel géographique complet du littoral (RGL).
nous obligent à développer des produits cartes anciennes, de les transformer en format Les techniques disponibles jusqu’à récemment ne
intermilieux, comme les cartes terre-mer, qui
S 57, mais lorsque nous sortons une nouvelle permettaient pas d’obtenir facilement des données
facilitent les opérations amphibies et les projections
carte papier, nous savons que nous devrons la géométriquement fiables sur les zones de faible
de forces, comme celles assurées par les nouveaux
bâtiments de projection et de commandement, qui transcrire en ENC et nous mettons tout en œuvre profondeur, en particulier sur l’estran, qui délimite les
déploient leurs engins et les hommes du large vers plus hautes et les plus basses mers. Les bateaux ne
la plage. Nous devons être en mesure de donner passaient pas, c’est aussi simple que cela !
une image cohérente et qualifiée de l’environnement Les lasers aéroportés ont changé la donne. Catherine
hydro-météo-océanographique de ces opérations, Le Roux, adjointe au chef de la section Géodésie-
d’évaluer les « beaching » possibles et d’effectuer Géophysique et chef de projet Litto3D®, dresse un bref
des prédictions de déferlement, d’identifier les exposé de ces nouvelles technologies :
zones de posé d’hélicoptères et les voies de
« Il existe deux types de lasers : un laser topo-
communication sans lesquelles une opération
graphique, qui permet de lever toute la partie
d’évacuation est périlleuse ou impossible. Toutefois,
en dehors des images satellitaires, il est très difficile terrestre, donc l’estran, et un laser bathymé-
d’obtenir des données précises sur les zones trique (autrement dit de mesure des profon-
de crise potentielles et les territoires à l’étranger où deurs), qui est plus complexe puisqu’il doit péné-
nous pourrions être amenés à intervenir. trer la masse liquide. Ses résultats dépendent
En ce qui concerne les pays vis-à-vis desquels de la turbidité de l’eau. Sa pénétration théo-
nous disposons d’une autorité cartographique rique peut atteindre 50 m, ce qui n’est effectif
traditionnelle (Afrique de l’Ouest, Liban, Djibouti…) que dans le Pacifique. Au cours de notre récente
et que nous continuons à soutenir en matière
campagne sur le golfe du Morbihan, nous
de capacités, ou vis-à-vis de ceux qui disposent de
sommes parvenus jusqu’à 13 m, mais nous
moyens de financement (Moyen-Orient), la « dualité
des travaux » hydrographiques, c’est-à-dire le fait escomptons 20 m en Méditerranée. »
En mer, les avions devront voler à plus basse altitude
© Shom

qu’ils contribuent à la fois à la satisfaction des


besoins civils et militaires, et les nouveaux systèmes et à des vitesses moindres que pour un levé terrestre
d’acquisition de données mis en œuvre rendent ces
Lasers aéroportés topographiques (2 000 m d’altitude) et
(70 m/seconde). C’est beaucoup plus coûteux.
nouveaux développements tout à fait possibles. » bathymétriques (niveau de vol plus bas et vitesse réduite). Un laser bathymétrique ou un sondeur multifaisceaux
Les bateaux sont munis de sondeurs multifaisceaux et latéraux. émet des rayons, des énergies et des fréquences qui

8/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


Le Shom

« J’appréhende beaucoup une réédition du


scénario de l’inondation de 1953, qui fit des milliers
de morts, alors que les côtes étaient moins peuplées… »
Ingénieur général (2S) Jean Laporte.

vont être différents. Certains s’arrêtent à la surface, permettent de déterminer le relief. Toutes ces opérations
d’autres vont jusqu’au fond ou peuvent être arrêtés par sont sous-traitées par le Shom, dont les hydrographes
des obstacles (algues, bateaux, qu’il faudra supprimer suivent et valident les résultats.
sur la carte, etc.). Les applications civiles et militaires de Litto3D ® sont
Ils fournissent un semis de points, à partir duquel on aussi diverses que vitales, selon Catherine Le Roux :
peut reconstituer un modèle numérique de terrain, « Litto3D ® est un socle géométrique sur lequel
dont le maillage dépend du besoin et du budget, car on a compté, jusqu’à présent, 94 couches d’ap-
plus le maillage est fin, plus les coûts augmentent. Un plications susceptibles de venir s’y ajouter. En
point tous les 4 m et une précision verticale de 30 cm cas de mission humanitaire ou de maintien >>

© Shom
Modèles de simulation de montée des eaux sur l’ïle d’Arz effectués sur Litto3D ®. Image du haut : niveau moyen des mers.
Image du bas : niveau des plus hautes mers (coefficient 120), auquel a été ajoutée une surcote de 1 mètre.

© Shom

janvier/février 2007 - IGN MAGAZINE/9


dossier

Modéliser l’océan
Pour prévoir la dérive d’une nappe de pétrole,
il faudrait connaître les équations qui
décrivent les trajets des masses d’eau, c’est-
à-dire modéliser l’océan. Le Shom y travaille.

Non seulement l’océan est un milieu mouvant et très


complexe, mais il est l’objet de nombreuses
interactions : les marées, les vagues, les courants,
le relief des fonds, les côtes, l’atmosphère…
Il subit également des influences à grande échelle,
comme la rotation de la Terre. C’est la force de
Coriolis qui explique l’intensification des courants
© Shom

de nord-ouest comme le Gulf Stream. Il est possible


de résoudre tous ces paramètres isolément mais,
À bord du D’Entrecasteaux, un navire de la marine nationale qui fut utilisé par le Shom de 1971 à 2003.
lorsqu’ils sont combinés, la modélisation présente
de nombreuses difficultés. Certaines masses d’eau
créent des tourbillons de l’ordre d’une centaine
de km, dont certains sont homogènes sur toute leur >> de la paix, il est évident que les forces ont océanographiques ou météo-océanogra-
profondeur, d’autres non. Il existe des modèles de
un besoin primordial de ce type de modèle pour phiques. Sa localisation à Toulouse favorise une
marées, des modèles de tourbilllons, des modèles
de météorologie… Pour modéliser globalement
leurs projections mer-terre. (Voir encadré p. 8.) étroite collaboration entre le Cnes, Météo France
l’océan, il faut les associer afin de créer une sorte Mais, surtout, Litto3D ® s’applique en priorité à et le Shom. »
de « super modèle » qui en fait la synthèse. la protection du littoral, à l’évolution et à l’éro- Pour toutes les questions littorales, les enjeux devien-
Mathématiquement, rien ne s’y oppose, sinon que sion du trait de côte et, par-dessus tout, à la pré- nent des priorités majeures dans les pays très déve-
l’on pénètre dans des équations à plusieurs millions vention des risques, notamment les inondations loppés, qui sont souvent en mesure de mettre en œuvre
d’inconnues totalement irrésolvables sans et l’éventuelle montée du niveau des mers. » des gammes de produits équivalentes à Litto3D ® (les
ordinateurs très puissants et à condition de traduire Aujourd’hui, il est facile de modéliser, grâce à Histolitt Britanniques, entre autres…), qui s’appliquent à fusion-
les réalités concrètes en données numériques. (une base de données historiques) et de modèles ner dans des bases de données les différents référen-
Ces équations sont non linéaires et très sensibles
mathématiques puissants, les effets d’une catastrophe tiels terre-mer. Cette préoccupation de la gestion des
aux erreurs. Elles sont donc sujettes à ce que
les météorologues appellent « l’effet papillon ».
comme les inondations de 1953, au cours desquelles zones côtières est partagée au niveau européen, comme
Le Système opérationnel d’analyse et de prévision une conjonction de marée d’équinoxe, de surcote due l’illustre le récent Livre vert de la Commission euro-
(Soap) constitue la référence actuelle pour le Shom. à la dépression atmosphérique et de vents violents péenne sur la politique maritime de l’Union. L’ingénieur
D’autres modèles sont actuellement développés, déclencha un drame en mer du Nord. en chef Yves Guillam, chef du bureau études géna-
notamment en partenariat avec l’armée américaine et Il suffit d’appliquer à ce même modèle nos données rales et responsable de l’antenne du Shom de Saint-
le GIP Mercator, qui est une structure à même de actuelles, en particulier la densité de l’habitat côtier, Mandé, trace les grandes lignes de sa mission :
faire tourner opérationnellement un modèle de pour évaluer l’étendue de l’éventuel désastre. « Depuis la création du Shom, nous avons privi-
prévision océanique hebdomadaire légié la sécurité de la navigation internationale. En
des champs de température et de salinité.
À la croisée des sciences… d’autres termes, nous avons surtout cartogra-
Au sein du Shom, une nouvelle profession est
en gestation : celle de prévisionniste-océanographe.
Les besoins de la défense en termes de connaissance phié les routes et les ports empruntés par les
de l’environnement marin vont bien au-delà des seules gros porteurs, les porte-conteneurs, les tankers,
informations relatives à la sécurité de la navigation de les navires à passagers… Par synergie avec les
surface. Ils se situent au croisement de toutes les besoins de la défense, pour répondre aux besoins
technologies de pointe que le Shom est en mesure de des autres problématiques dans le domaine côtier
développer et de mettre en œuvre : bathymétrie, et littoral, nous cherchons désormais à satisfaire
acoustique sous-marine, télédétection y compris ceux de la navigation de plaisance, ceux de la
satellitaire, sédimentologie, météorologie opérationnelle sécurité et de la SNSM(3) en particulier, puisque
(en partenariat avec Météo France), modélisation des ses canots interviennent toujours dans des condi-
océans… Jérôme Paillet, ingénieur en chef de l’armement, tions difficiles près des écueils, dans les zones
chef de la section développement, résume : de hauts-fonds. Il faut aussi tenir compte des
« Nous faisons du renseignement géophysique. besoins en matière civile et de protection de l’en-
Nous avons deux niveaux de production : des vironnement dans le cadre de la gestion du lit-
productions statistiques (Atlas de températures toral. Longtemps nous avons concentré nos
de la mer, de célérité du son dans l’eau, de efforts sur les zones portuaires et le large.
nature des fonds) et des productions d’analyse Désormais, c’est l’ensemble du littoral qu’il nous
et de prévision en temps réel (la célérité du son appartient de décrire au plus vite. »
Modélisation des vagues, le soir, sur la Manche.
à tel jour, en tel endroit…). Le Centre militaire Tout cela nécessite une parfaite connaissance de
océanographique (CMO) réalise des produits phénomènes de base que tout un chacun ressent comme
3 – SNSM : Société nationale du sauvetage en mer.

10/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


Le Shom

« Le Géoportail est en passe de devenir le vrai vecteur


de communication pour les partenariats et les produits
en coédition. »

« naturels » mais qui sont, en réalité, extrêmement la nature des fonds. La manière dont un rayon
complexes, comme les vagues ou les marées. Pour acoustique basse fréquence se réfléchit va varier
prévoir les vagues et les modéliser (leur amplitude est suivant qu’il heurte un rocher, du sable ou de la
Le Shom
déterminante en cas de débarquement), il faut se référer vase… Il sera plus ou moins absorbé. Ces don- • Une vocation : garantir la qualité et la disponibilité
à un système mondial d’évaluation. nées sont souvent assez confidentielles et nous de l’information décrivant l’environnement physique
L’enjeu que représentent l’érosion des plages, le avons tendance à aller les collecter avec nos maritime, côtier et océanique pour satisfaire au
changement climatique et l’aménagement côtier recoupe propres bateaux. » moindre coût les besoins publics, militaires et civils.
• Une mission de service public : hydrographie
étroitement les besoins de compréhension du déferlement La sédimentologie est justement la science qui décrit
générale au bénéfice de tous les usagers de la mer,
des militaires et, plus encore, les préoccupations la formation et l’évolution des fonds marins et leur en particulier pour assurer la sécurité de la
environnementales des scientifiques du monde entier, dynamique, car le milieu est peu stable. C’est un travail navigation, conformément aux obligations
avec lesquels la coopération est totale. Le Shom s’est de naturaliste de terrain sur la côte et il se pratique par internationales de la France.
vu confier la mise en place du programme d’Évaluation carottage dans les profondeurs. Les échantillons sont • Une mission de service de la défense :
et de prévision de l’environnement littoral (Epel), qui collectés, tamisés et analysés en laboratoire, et permettent soutien hydrographique, océanographique et
permettra de valider les modèles mathématiques sur au Shom d’élaborer des cartes sédimentologiques, météorologique pour satisfaire des besoins
ce sujet. Il en va de même pour l’étude des marées, dont la précision et l’échelle sont adaptées à une très de défense en connaissance de l’environnement
dont la première approche remonte à la théorie de la large gamme de besoins, de la marine nationale aux maritime.
– Au profit des états-majors et des forces ;
gravitation universelle de Newton. pêcheurs en passant par les poseurs de pipe-lines ou
– pour la conception des systèmes d’armes.
Les navigateurs, et les ports… entre autres, ont besoin de câbles, selon que ceux-ci redoutent l’enfouissement
de l’Annuaire des marées publié par le Shom. Le service ou au contraire le recherchent. • 550 personnes ;
édite également un Atlas des courants de marées Pour toutes ces disciplines de pointe, il existe de • 50 millions d’€ de buget pour 3 millions de chiffre
indispensable aux marins. Par ailleurs, le Shom met en nombreux partenariats entre le Shom et d’autres d’affaires ;
œuvre un système opérationnel d’analyse et de prévision organismes scientifiques, qu’il s’agisse de l’Ifremer, • 6 implantations : Brest, Toulouse, Toulon,
océanographique dédié : le Soap (voir encadré page 10). du CNRS, de l’Institut de recherche pour le déve- Saint-Mandé, Nouméa, Papeete.
Jérôme Paillet souligne l’importance des courants et loppement (IRD), des universités ou des services
des tourbillons pour les applications de défense : étrangers équivalents au leur. En ce qui concerne l’IGN,
« Les courants ne sont pas rectilignes. Ils font parallèlement à Litto3D®, un second accord est intervenu
des méandres et des tourbillons, telles des plus récemment à travers le Géoportail, sur lequel
volutes de fumée. C’est cette turbulence qui certaines données du Shom vont commencer à apparaître
intéresse les sous-marins, parce que les rayons en avril. Sylvie Fabian, responsable marketing, en
acoustiques ont du mal à s’y propager, soit parce attend beaucoup :
qu’ils sont réfractés, soit parce qu’ils ne se pro- « Sachant que nous allons changer de statut et
pagent pas de la même manière d’un côté du devenir un EPA comme l’IGN, une nouvelle typo-
courant ou de l’autre. Ils sont donc particuliè- logie de clientèle va apparaître, notamment les
rement concernés par les prévisions océano- collectivités territoriales. Le Géoportail sera une
graphiques : ils recherchent la discrétion et, a porte d’entrée pour tout ce qui est géoréférencé
2007 : le Shom
contrario, lorsque nous les recherchons, la et pour nos nouveaux produits numériques. Je
change de statut
connaissance du milieu nous permet d’optimi- pense que le Géoportail est en passe de deve- Courant 2007, le Service hydrographique
et océanographique de la marine va changer
ser l’emploi des moyens de détection acous- nir le vrai vecteur de communication pour les
de statut pour devenir ÉPA (Établissement
tiques. » partenariats et les produits en coédition. »
public à caractère administratif), placé sous la
En effet, l’océan est opaque à la lumière et, d’une tutelle du ministère de la Défense.
manière générale à toutes les ondes électromagnétiques. Sur le « terrain » : une flotte de cinq
En revanche, il constitue un guide naturel pour le son, bateaux hydro-océanographiques La qualification d’établissement public conforte
qui s’y propage plus vite que dans l’air. Différents Ainsi que le proclame Jean Laporte : « Un service le rôle de service public hydrographique national
facteurs – la température, la profondeur et les contenus hydrographique se mesure à sa flotte ! », donc à ses et de défense du Shom et doit lui permettre de
chimiques de l’eau (le sel en particulier) – affectent sa capacités opérationnelles. Le Shom possède ou utilise répondre aux besoins civils croissants en soutien
vitesse. en partenariat plusieurs bateaux, dont certains sont des politiques publiques maritimes dans ses
domaines de compétence.
D’autre part, il ne se propage pas en ligne droite mais, des bâtiments spécialisés de la marine nationale, tels
Cette qualification, préférée à celle d’Épic
comme les rayons lumineux, il subit une réfraction. Il le Borda, le Lapérouse et le Laplace. (Établissement public à caractère industriel et
se réfléchit partiellement sur le fond et sous la surface Il participe à des campagnes, en collaboration et avec commercial), conforte le lien étroit et indispensable
de l’eau, ce qui crée des échos multiples. Les senseurs le soutien de l’Institut Paul-Émile Victor, à bord du entre la marine, le Shom et les navigateurs.
de mesure et d’observation, en particulier les sonars, Marion-Dufresne. Le Beautemps-Beaupré, de 3 300 tonnes, La part d’autofinancement sur les produits
utilisent ces propriétés. Jérôme Paillet ajoute : a été mis en service en 2003 et, dernier fleuron de la des ventes de cartes ou de services restera
« En tant qu’organisme militaire, nous avons flotte, le Pourquoi pas ? qui jauge 6 600 tonnes et vient marginale, conséquence directe de l’attribution
accès à de nombreuses données qui sont com- d’entrer en service, en cogestion avec l’Ifremer. Du d’une mission de service public.
pilées par l’Otan. Mais certaines informations point de vue de la recherche hydrographique et Pour les bénéficiaires des prestations du Shom,
la transformation sera donc transparente.
demeurent très difficiles à collecter, en parti- océanographique, la France est en train de conquérir,
culier une qui nous concerne au premier chef : non « les » mers mais « la » mer. ■

janvier/février 2007 - IGN MAGAZINE/11


dossier Le Shom

GÉOPHYSIQUE ET GÉODÉSIE : LA MODÉLISATION DES GRANDS FONDS


Les océans couvrent 75 % de la surface du globe. À l’image des parties émergées, le fond des mers connaît de très fortes irrégularités
de terrain. On y retrouve la même diversité : des bassins océaniques, des montagnes, des canyons et de nombreux volcans en activité,
dont les effets n’affectent l’équilibre global et les hommes que lorsqu’ils sont proches des côtes, mais qui intéressent la navigation. Là
encore, l’étude de cette immensité implique l’usage de toutes les technologies les plus avancées, ainsi que l’explique Marie-Françoise
Lequentrec-Lalancette, responsable du bureau d’études et de recherches géodésiques et géophysiques, au sein du Shom.

«N os deux activités principales concernent l’étude du champ


de pesanteur, que l’on appelle la gravimétrie (c’est là que
nous nous rapprochons de la géodésie), et le magnétisme, donc
l’étude de l’environnement géomagnétique sur les océans. Nous
nous partageons entre l’expertise, la recherche, la production,
le soutien à la défense et l’enseignement. »

Les variations du champ de pesanteur…


« Ce sont nos bâtiments à la mer qui effectuent les mesures à partir
desquelles nous allons travailler pour élaborer des modèles et les
améliorer. Sur la carte (ci-contre), nous sommes à environ 3 000 m
de profondeur avec des volcans qui culminent entre 1 800 et
2 000 m. C’est notre fonction “recherche”, études amont…
Parallèlement, nous réalisons des “produits” pour la défense et
la navigation, autrement dit des cartes et des modèles numériques
de terrain utiles, entre autres, à nos sous-marins et à nos forces
aéroportées. »

… et celles du champ géomagnétique En pointillé, la route d’un bateau


« Nous établissons des cartes du champ magnétique et des cartes
de déclinaison magnétique. En dépit de l’usage de plus en plus large
du GPS, les bâtiments sont tenus de posséder un compas
magnétique et des cartes de déclinaison. Et le Shom est responsable
de leur diffusion. À nouveau, ce sont les zones de rides et de
dorsales qui sont les plus “chahutées”, en raison des séismes sous-
marins. Mais, en ce qui concerne le géomagnétisme, nous avons
énormément travaillé sur les zones côtières, puisque l’essentiel de la
navigation y est concentré. Nous avons travaillé avec le BRGM en
particulier sur la rade de Brest et la baie de Douarnenez. Cela a
donné lieu à des études géologiques importantes et à leur
exploitation par les forces. Les accidents géologiques sous-marins y
prolongent celles du Massif armoricain. Notre traitement des données
a fait ressortir des failles, qui datent de l’ouverture de l’Atlantique et
qui provoquent des remontées de matériaux ferromagnétiques.
Pour la partie océanique, il est très difficile d’effectuer des études
géologiques. En revanche, les cartes géomagnétiques permettent
de retracer ces failles au large. Cet apport capital pour la géologie est
également très intéressant en termes de détection magnétique à Carte de la variation du champ
usage militaire, chaque objet possédant sa “signature” magnétique. » de pesanteur au centre de
l’Atlantique, notamment à la
hauteur de la dorsale des Açores.
Cette variation y est très forte,
en raison de la présence de
nombreux volcans.
Ce modèle est très important
© Shom

pour la navigation.

Les variations anthropiques


« Ce sont des variations dues à l’activité humaine (épaves, déchets
métalliques, câbles, pipe-lines...). La détection d’épaves ou autres
débris métalliques peut se faire par mesures magnétiques et c’est
un outil pour l’hydrographe ou le géophysicien. Le Shom réalise des
mesures et des travaux sur le champ magnétique dans cette optique.
© Shom

Somme toute, notre activité peut se résumer ainsi : nous définissons


un environnement géophysique et nos thématiques essentielles sont Contact
En haut, à droite : un mont sous-marin d’environ 2 000 m de haut et de
les variations du champ de pesanteur et de la bathymétrie, puisque Hélène Lecornu
30 km de large. À gauche, la signature gravimétrique du mont mesurée (+33) 1 53 66 97 82
par satellite. Au centre : le résultat de mesures marines très précises. les volcans ont une “signature” gravimétrique. À cela s’ajoute l’étude du helene.lecornu@shom.fr
L’effet gravimétrique est très bien retranscrit. magnétisme, avec le soutien de la Direction générale pour l’armement. »

/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


portrait
Guy Le Querrec
Voleur d’instants, créateur d’éternité…
Un des photographes les plus reconnus de la « planète
jazz », Guy Le Querrec est également un des photo-
reporter majeurs de notre époque. De Paris à Paris, en
passant par l’Afrique, l’Arménie, l’Inde, la Chine, la

© Guy Le Querrec/Magnum Photos*


Mongolie, le Portugal, Beyrouth, les État-Unis, la Guyane,
le mur de Berlin…, il a couvert le monde entier, ou presque !
Bref aperçu de la géographie intime de celui qui reven-
dique « l’instinct décisif » et qui considère le réel comme
une portée musicale. Décembre 1890, 350 Sioux Lakota, sont massacrés par le 7e de cavalerie US, à Wounded Knee.
Décembre 1990, sept générations plus tard, les Sioux redescendent le Big Foot Pass, en commémo-
ration du drame vécu par leurs ancêtres. Guy le Querrec immortalisa ce « périple de mémoire ».

N é à Paris, rue de Buci, en 1941, Guy Le Querrec prend ses premiers clichés, à l’âge de 13 ans, avec un Photax 6 x 9, lors
de la crue de la Seine, en 1954. À la même époque, Saint-Germain-des-Prés en étant l’épicentre, il est saisi par la passion du
jazz. La photo et la musique afro-américaine demeureront son astrolabe et sa boussole jusqu’à aujourd’hui, et il proclame : « Je
DANSE suis un photographe qui DANSE avec le réel, sans lui marcher sur les pieds. » Il y a environ 25 ans lorsque, reporter débutant
Ses talents de danseur pour l’hebdomadaire Jeune Afrique, il commence à explorer le continent noir. Mais son premier séjour l’ayant un peu laissé
sont si célèbres au Mali, sur sa faim d’une Afrique rêvée à partir du Mogambo de John Ford, il entame un cycle de pérégrinations qui ne s’arrêtera plus.
qu’il y est surnommé « la Il décrit son parcours comme celui d’une boule de billard « qui, tantôt s’autopropulse, tantôt est propulsée par les autres… »
coqueluche de Bamako » et Jouant toujours de métaphores musicales, il ajoute : « Je m’intéresse autant aux intervalles qu’aux temps forts ! J’aime les mots
que son ami Salif Keita a “interstice”, “clandestin”, “dérobé”, “recoin”… Un recoin nous révèle le réel à travers une porte dérobée, il est un point de
dit : « Lorsqu’il est parti, repère de notre topographie sentimentale. » La topographie de Guy Le Querrec, ses « terrains d’aventure », ce sont des che-
toutes les femmes sont mins de traverse, des terrains vagues, des friches… Paraphrasant le célèbre « instant décisif » de Cartier-Bresson, il revendique
devenues veuves. » « l’instinct décisif », mais il ajoute : « J’aime l’idée que je puisse être un “voleur d’instants” car, en volant des instants, je
fabrique de l’éternité. La photo est en quelque sorte une réponse au temps qui passe. »

La cartographie des Indiens : le relief, les étoiles, l’instinct et la mémoire…


Le temps qui passe, chez les Sioux Lakota, est ponctué de douloureux anniversaires. Le massacre des leurs à Wounded Knee,
le 29 décembre 1890, est le plus sanglant. Unité de lieu : le Dakota du Sud et le même périple que celui de leurs ancêtres vers
© Sergine Laloux

la réserve qui leurs avait été allouée mais où les attendait le tristement célèbre 7e de cavalerie US, qui les extermina avec une
telle sauvagerie – sous les tirs croisés de leurs mitrailleuses Hotchkiss – qu’ils tuèrent 25 de leurs propres hommes. Unité de
temps : un centenaire chronométré. Autre unité d’un autre temps : – 55 ° C, neige, blizzard… Seule entorse à l’Histoire : la
présence d’un grand reporter-photographe : Guy Le Querrec ! Il raconte : « Je pourrais recommencer ce reportage 20 fois et
« J’ai une maîtresse,
elle s’appelle Leica. »
le rater mais, pour moi, ce fut un miracle permanent. À nouveau, je vais parler d’“instinct décisif”. Nous connaissions leur
point de départ d’étape, leur point d’arrivée et leur probabilité de haltes… Tout le reste était tâtonnement ! Jamais je ne les
CARTE ai vus consulter une seule CARTE. Leurs trajets étaient imprévisibles et ils n’ont jamais fait preuve de la moindre complai-
« Leur topographie sance vis-à-vis de l’objectif. Dans cette relation que j’avais avec l’espace, le temps et les hommes, il se trouve que j’ai presque
repose sur leur mémoire, toujours été au bon endroit au bon moment. » Un soir, ils l’avisent qu’ils l’adoubent « brave » : une grande fierté pour lui !
leur propre instinct
et celui de leurs Sur les portées musicales d’une photo
chevaux… » C’est au cours d’un reportage en Chine, où il était envoyé par RFI au début des années 80, qu’il décide de revenir à ses premières
amours : l’Afrique et les Africains. Ce qu’il fera à de multiples reprises, soit seul, soit avec ses complices de longue date : les jazz-
men Henri Texier, Louis Sclavis et Aldo Romano. Il les y guide par ses chemins de traverse et des villages où ils offrent des concerts
AVENTURE impromptus. Guy Le Querrec « joue » du Leica sur la musique des trois autres. Cette AVENTURE, devenue mythique aux yeux des
« Aujourd’hui, les amateurs, s’est concrétisée en trois CD accompagnés de centaines de photos. Les deux premiers,
véritables “terrains Carnet de routes et Suite africaine relatent ces voyages et ces rencontres avec une population tota- Entre autres œuvres…
d’aventure” se réduisent lement séduite par le naturel et la spontanéité de la démarche. Le troisième, African Flashback, 2000 : Sur la piste de Big Foot, préface
comme peau de chagrin. repose sur un concept unique en son genre : chaque musicien choisit 4 tirages, à partir d’une com- de Jim Harrison. Éditions Textuel.
Ce qui me trouble, pilation résumant l’ensemble de l’œuvre africaine du photographe de 1968 à 1997, et compose
c’est que cela ne semble 4 morceaux à partir des photos devenues une forme instinctive de partition. Guy Le Querrec 1993-1997 : CD et livrets photos
pas contrarier beaucoup conclut en insistant sur le bonheur que cette expérience lui a apporté : « Le réel est la partition Carnet de routes, Suite africaine et
de monde… » sur laquelle mon œil improvise. Les musiciens étant également des “plaques sensibles”, et mes American Flashback, (Batterie Aldo
photos étant devenues des sources d’improvisation, cette approche m’a procuré un sentiment Romano, clarinette Louis Sclavis,
d’unité. J’avais une dette à acquitter vis-à-vis du jazz et je l’ai fait. Les musiciens jouent et je me contrebasse Henri Texier,
contente d’ajouter mon grain de sel d’argent à leurs compositions. » ■ Leica Guy Le Querrec. Éditions Label
* Avec nos remerciements à l’agence Magnum Photos.
Bleu, distribué par Harmonia Mundi.

Janvier/février 2007 - IGN MAGAZINE/13


partenariat

L’intégration du réseau
Teria dans le RGP (1)

Le GPS est devenu aujourd’hui l’outil de base permettant de localiser des informations avec différentes exi-
gences de précision. Les professionnels de la topographie et de la métrologie, tels les géomètres-experts ou
les géodésiens, sont demandeurs d’un accès simplifié aux mesures de grande précision. Grâce à l’implication
initiale de l’IGN dans ce domaine, des partenariats sont nés qui ont permis d’aboutir dans cette démarche.
L’intégration du réseau Teria, de l’Ordre des géomètres-experts (OGE), dans le Réseau GPS permanent (RGP)
est la parfaite illustration de cette politique participative.

Dès l’origine en 1997, l’IGN a de récepteurs positionnés


mené, pour la constitution du RGP, sur des points connus.
Un réseau national une politique forte de partenariat. Cela
Entreprise dès le début avec la contraint
Teria est un réseau national de récepteurs GPS
collaboration de scientifiques, le géo-
permettant de déterminer une position en temps
réel avec une précision allant du mètre au
cette politique s’est généralisée, mètre-
centimètre. Le réseau est constitué de : en 2000, avec la signature de expert à lais-
– 100 stations fixes de réception de données conventions avec des collectivi- ser un récepteur
satellitaires, réparties régulièrement sur tés territoriales. La politique par- en station de coor-
l’ensemble du territoire français (dont 4 en tenariale en matière d’installation données connues, tandis
Corse), intégrées au RGP ; de stations permanentes est deve- qu’un autre récepteur est placé
– 1 centre de calcul de corrections. nue un engagement du Contrat sur les points à mesurer : il s’agit
d’objectifs et de moyens 2003- de la technique dite de traitement
www.reseau-teria.com
2006 de l’Institut. Le 26 janvier différentiel. Ce mode opératoire
http://rgp.ign.fr
2006, l’IGN et l’OGE(2) signaient permet d’éliminer un certain
la convention d’intégration des nombre d’erreurs affectant la loca-
stations dans le RGP du premier lisation. Une de ces erreurs est
réseau temps réel à couverture liée à la présence de vapeur d’eau
nationale, le réseau Teria. dans l’atmosphère, qui perturbe
En contrepartie, l’IGN garantit le signal. Le principe de la cor-
la mise en référence des stations rection consiste alors à utiliser
Contacts et assure un contrôle permanent les écarts de mesure à la station
de leur position. Il s’agit donc connue pour modéliser l’atmo-
d’un partenariat public-privé sphère. Cela fonctionne d’autant
« gagnant-gagnant ». mieux que les deux récepteurs
sont proches. L’IGN a aussi entre-
Ordre des géomètres-experts L’apport des réseaux pris la constitution du réseau RGP
a.fantuzzi@geometre-expert.fr de stations fixes pour éviter aux utilisateurs l’ins-
L’utilisation d’un récepteur GPS tallation d’un GPS sur un point
grand public permet de connaître connu.
sa position à quelques mètres près Thierry Duquesnoy, responsable
(de 3 à 10 environ), ce qui dans à l’IGN du réseau RGP, nous
IGN la plupart des cas est largement dévoile les avantages d’un réseau
thierry.duquesnoy@ign.fr
suffisant (positionnement de véhi- temps réel tel que Teria :« Les
cules, randonnée, localisation des utilisateurs du RGP doivent enre- Stations opérationnelles
personnes, etc.). Dès lors qu’un gistrer leurs données sur le ter-
utilisateur souhaite connaître sa rain et calculer leur position “pré- Stations validées
Exagone position avec une précision cise” en temps différé après avoir
daniel.jouannet@reseau-teria.com
meilleure que le mètre, il doit uti- téléchargé les données des sta-
liser des informations provenant tions les plus proches. C’est donc Stations éligibles

1 – RGP : Réseau GPS permanent.

14/IGN MAGAZINE - janvier/février 2007


Le réseau Teria

Station fixe du réseau Teria.

Géomètre travaillant avec une station mobile GPS.

seulement quel- Cette augmentation de la densité


ques heures est également avantageuse pour
après l’inter- les applications scientifiques telles
vention sur que l’étude des déformations dans
chantier qu’ils les zones tectoniquement actives
peuvent contrôler ou la mesure du contenu intégré
la validité de leur en vapeur d’eau dans la couche
travail. L’utilisation basse de l’atmosphère (la tropo-
de Teria permet d’ob- sphère). Ces applications scien- Partenaires
tenir directement tifiques illustrent, parmi d’autres, et collaborateurs
cette validation sur le ter- la métrologie du XXIe siècle, et
rain, sans avoir nécessai- Éric Volpoet, géomètre-expert à La société Exagone a été créée par l’Ordre des géomètres-
rement besoin d’un calcul ulté- Boulogne-sur-Mer, tient à préci- experts pour assurer le développement, l’exploitation
et la gestion commerciale du réseau GPS temps réel Teria.
rieur, même si ce dernier ser que les géomètres-experts
– Elle coordonne les actions d’une centaine de délégués
reste toujours possible. fonciers profitent eux aussi au départementaux, tous géomètres-experts, en charge
De plus, et quelle que quotidien de tous les avantages de trouver les sites des stations fixes du réseau Teria, pour
soit la technologie liés au réseau. « Grâce au réseau, ensuite prendre en charge l’organisation de la totalité
employée(2), l’utilisa- l’amélioration de la cohérence et des interventions menant à l’installation complète d’une
teur n’a pas besoin de de l’homogénéité des travaux réa- station fixe de réception de données satellitaires.
connaître sa distance lisés un peu partout sur le terri- – Elle s’est assuré la collaboration des sociétés Magellan
par rapport aux posi- toire permettra une meilleure inter- Professionnel (anciennement Thales Navigation) pour
tions des stations per- opérabilité des informations la fourniture des stations de référence et Martec pour
la maintenance en condition opérationnelle de ce réseau
manentes pour défi- géographiques. La rapidité d’in-
– Elle a réalisé, avec la participation des principaux
nir son processus tervention s’améliorera puisque constructeurs (Leica, Magellan, Topcon, Trimble, Sokkia),
de mesure. Les l’on peut obtenir, en temps réel des tests d’utilisation du réseau, dont les résultats
informations (c’est-à-dire sans travail de bureau), confirment la précision centimétrique.
reçues depuis les coordonnées centimétriques – Elle est en relation de façon continue avec l’Institut
le centre de cal- d’un point dans le référentiel. Le géographique national dans le cadre de l’intégration
cul du réseau fait qu’il soit possible de travailler des stations de référence au sein du RGP.
tiennent compte de sa dans toutes les conditions météo- Dès maintenant, la société Exagone étudie la faisabilité
position. » rologiques, de jour comme de nuit, d’une densification du réseau dans les zones montagneuses
ou urbaines denses, afin de diminuer les effets de masques.
améliorera la souplesse d’inter-
De plus, l’échange de données avec les stations de
Sur le terrain… vention puisque le réseau est dis- référence des réseaux des pays frontaliers est en cours
L’apport des stations Teria dans ponible 24 h sur 24, 7 jours sur 7. de concrétisation.
le RGP permet d’augmenter la Enfin, je vois une amélioration de Par toutes ses actions, la société Exagone met à la
densité des stations et ainsi d’être la fiabilité et de la pérennité de disposition de tous les usagers un outil de positionnement
plus proche de l’une d’entre elles l’information puisqu’une infor- fiable, économique, précis et instantané sur l’ensemble
Dossier en cours
pour un utilisateur en temps dif- mation connue en coordonnées du territoire, pour de l’information géoréférencée.
féré, ce qui lui permet de dimi- dans le référentiel national pourra
Dossier incomplet nuer son temps d’observation. être rétablie sans difficulté. » ■

2 – Tous les réseaux temps réel sont basés sur le principe d’une modélisation
des causes d’erreurs affectant le positionnement. Il existe, à l’heure actuelle,
3 méthodes : VRS (station de référence virtuelle), FKP (paramètres de
corrections surfaciques) et MAC (concept de station maître et stations janvier/février 2007 - IGN MAGAZINE/15
auxiliaires). La solution retenue par l’OGE est le FKP.
page 3 : regarder cette image
à l’horizontale, le titre en haut.
Vue anaglyphe entre le Shom et l’IGN dans le cadre du projet Litto3D ®, représente une partie du golfe
du Morbilhan. Elle traduit une connaissance fine des reliefs sous-marin et terrestre autour
du niveau moyen des mers, un enjeu social, économique et environnemental considérable.

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