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ISSN 1258 - 6447 ISSN 2491 - 5890 On en apprend tous les jours !
juin
Pour les 10-13 ans : 10 minutes de lecture chaque jour - 2,50 euros 2023
n° 8087-
8088-8089
NUMÉRO PHOTOS
Reportage à Cologne, en Allemagne
Au centre
d’entraînement des
astronautes européens
ESA/S. Sebirot
Sophie Adenot, Pablo Álvarez Fernández, Rosemary Coogan, Raphaël Liégeois et Marco Sieber posent à Cologne, le 2 mai 2023, à la veille d’une conférence de presse.
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V
oici les «petits nouveaux» ! Pablo, Sophie, Marco,
Rosemary et Raphaël sont les futurs astronautes
européens. En mai, ils ont fait leur première confé-
rence de presse devant une soixantaine de journalistes
venus de toute l’Europe. Ils avaient commencé leur for-
mation un mois plus tôt. «C’est un peu comme une nouvelle
famille, explique Sophie Adenot, la Française sélectionnée
en novembre 2022 par l’ESA (l’Agence spatiale euro-
péenne). Au-delà de la diversité entre hommes et femmes,
l’important, c’est la richesse de l’équipe. On vient tous de
pays différents, de métiers différents (Sophie est pilote
d’essai d’hélicoptère dans l’armée, certains sont ingé-
nieurs*...). On a des façons différentes de réfléchir pour
trouver des solutions aux problèmes auxquels nous allons
faire face. C’est une chance. L’ESA va même plus loin : elle
étudie la possibilité d’inclure (ou pas) un astronaute ayant
un handicap.» Le Britannique John McFall a été sélec-
tionné pour cette étude. Il viendra au centre d’entraîne-
ment à partir de ce mois-ci. Le résultat de cette enquête
scientifique sera connu en 2025. «C’est extraordinaire : les
gens ayant une limitation physique sont d’une incroyable
richesse et ils ont une grande capacité de résilience**,
poursuit l’astronaute française. Ils ont beaucoup à nous
apporter. D’ailleurs, dans l’ISS, on a tous une “limitation
physique” puisqu’on ne peut pas marcher !»
ROlivier Gasselin, envoyé spécial à Cologne
ESA/P. Sebirot
Avec les futurs astronautes européens
L
es futurs astronautes écoutent avec attention l’astronaute Alexander procédures******, le deuxième, la capacité à agir, et le troisième, la capacité
Gerst dans le module** Columbus de la Station spatiale internationale... à résoudre des problèmes (ex. : un incendie à bord). L’entraînement de base,
ou presque ! C’est une copie dans laquelle les futurs astronautes pour la première année, permet de maîtriser le premier niveau. Les futurs
s’entraînent. «Comme dans l’espace il n’y a pas de haut ou de bas, il y a des astronautes sont évalués lors de sortes de jeux de rôle où ils doivent affronter
rangements partout, explique Hervé Stevenin, instructeur*** d’astronautes. une situation.»
Il y a aussi plein d’écrans, qui permettront aux apprentis astronautes de * Action d’imiter.
simuler* toutes sortes d’opérations. Ils vont devoir apprendre à réagir en cas **Ici, partie, élément.
d’incident, quand des boutons rouges s’allument. Les problèmes sont de trois ***Ici, formateur, «prof».
types : incendie à bord, dépressurisation**** ou atmosphère toxique*****. ****Ici, fuite d’air.
ESA/S. Corvaja
Dans chacun de ces cas, il y a deux niveaux : le premier est une alerte, *****Dangereuse pour la santé.
le second une situation d’urgence, c’est-à-dire qu’il y a un problème. Il y a ******Ici, marche à suivre, toutes les démarches à accomplir
trois niveaux de compétences à maîtriser : le premier est la connaissance des pour obtenir tel ou tel résultat.
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C
ette piscine de 10 mètres de profondeur est l’une des caine). Mais à Cologne, depuis 2010, nous formons les astro- devant eux ! Leur champ de vision est très limité. L’entraîne-
installations que les jeunes astronautes attendent le nautes européens à appréhender*** les sorties dans l’espace ment se déroule en trois étapes. D’abord, ils le font seuls, on
plus dans leur formation. «C’est ici que l’on se prépare (on parle de “pré-formation”). Ils apprennent à se déplacer leur apprend à se déplacer, à transporter un équipement.
aux sorties dans l’espace, explique Hervé Stevenin, instructeur dans l’eau lentement en économisant leurs forces et à faire Ensuite, ils sont à deux, pour voir comment communiquer,
de l’entraînement en piscine. Une grue permet d’immerger* connaissance avec la ligne de vie. Dans l’espace, cette “corde” s’organiser et travailler en équipe. Enfin, à la troisième étape,
une copie d’un module Columbus. On commence par vérifier les reliant à la station spatiale est leur meilleure amie ! On leur ils sont mis à l’eau avec un astronaute ayant déjà effectué une
le niveau de plongée des astronautes, puis on les équipe de enseigne à ne pas s’emmêler avec, à utiliser des outils, des sortie dans l’espace, comme Thomas Pesquet ou Alexander
combinaisons et de masques. Nous n’avons pas ici de sca- gants peu maniables... Pour vous donner une idée, fermer la Gerst.» *Plonger entièrement dans l’eau.
phandre spatial** (il pèse 150 kilos). Ils le porteront dans un main avec revient à presser une balle de tennis ! Ils doivent **Combinaison spatiale, permettant de respirer et
an, lors d’un stage à Houston, aux États-Unis (Amérique), au aussi travailler leur concentration. Quand le module est dans d’être protégé lors des sorties dans l’espace.
centre d’entraînement de la Nasa (l’Agence spatiale améri- l’eau, les astronautes ont l’impression d’avoir un immeuble ***Ici, découvrir, s’adapter.
ESA
Avec les futurs astronautes européens
H
ervé Stevenin ouvre une copie d’un premier niveau, celui d’«utilisateur». Sur une table,
laboratoire de biologie de la station des documents permettent aux astronautes, en
spatiale ISS. Ici, les astronautes parlent de cas de doute, de retrouver facilement les
«rack». Il y a un emplacement pour mettre les opérations à mener. Ils peuvent les consulter pour
bras dans deux gants afin de faire des manipulations savoir quelles actions effectuer, grâce à des sortes
sur des échantillons* (ex. : des plantes). «Il y a de codes. Dans le centre de Cologne, d’autres
aussi un bras robot capable d’injecter un produit, «armoires» sont installées. L’une d’elles permet
un réfrigérateur pour stocker les prélèvements...», de faire des tests sur le cerveau et sur le corps
précise Hervé Stevenin. Le but est de comprendre des astronautes dans l’espace.
comment ces échantillons réagissent à
l’impesanteur**, aux radiations***... Comme pour *Petite partie d’une chose.
l’entraînement dans les modules (lire p. 3), il existe ***Absence de gravité, la force qui, sur la Terre,
trois niveaux d’apprentissage. L’entraînement de attire tout vers le sol.
base (durant la première année) se limite au ***Ici, rayons spatiaux dangereux pour la santé.
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O. Gasselin
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RETOUR EN CLASSE
Au centre d’entraînement des astronautes de l’ESA,
à Cologne, en Allemagne (Europe), le 3 mai 2023
S
ophie Adenot est très concentrée sur son micro-
scope. Comme ses quatre camarades, elle est de
retour en classe ! Les futurs astronautes passent
une grande partie de leur formation dans une salle de
cours. «Lors de la première année, plus de la moitié de
leurs cours sont de la théorie*. Ils ont un emploi du temps
très chargé, explique Hervé Stevenin, en nous montrant
le programme de chacun d’entre eux, affiché au mur.
Ils ont seulement 15 minutes de pause entre deux cours
en salle de classe.» Au programme, une cinquantaine de
matières : biologie, mécanique, robotique, lois de l’espace,
apprentissage du russe... «Ils seront évalués par des ques-
tionnaires avec plusieurs choix de réponses (QCM). On
s’assure qu’’ils apprennent bien et sont performants pen-
dant leur entraînement. Si les choses ne sont pas claires,
c’est que nous, instructeurs, n’avons pas bien fait notre
boulot», poursuit Hervé Stevenin. Pour être au top de sa
forme durant cette première année de formation intensive,
Sophie Adenot compte sur trois activités indispensables
à son équilibre : le yoga, la course à pied et le vélo.
ESA
OBJECTIF LUNE Avec les futurs astronautes européens
C
ette image, créée par ordinateur,
représente la future station spatiale
Gateway. Elle sera construite d’ici à 2030
et tournera autour de la Lune. Elle remplacera
la station spatiale ISS, et lui ressemblera.
Les astronautes auront à y effectuer à peu près
les mêmes tâches que dans l’ISS. Il y aura aussi
des sorties dans l’espace. L’objectif de l’ESA est
d’envoyer un astronaute européen sur la Lune
d’ici à 2030. «Donc, un astronaute entraîné ici à
faire des sorties en dehors de l’ISS sera aussi
capable d’en faire à l’extérieur de Gateway,
explique Hervé Stevenin. Dans la piscine de
Cologne, il est possible de s’entraîner à faire des
prélèvements d’échantillons sur le sol lunaire (des
objets sont déposés au fond du bassin). On fait
en sorte que le poids apparent de l’astronaute
sous l’eau soit équivalent au poids qu’il ou elle
aurait sur la Lune (on y est six fois plus léger que
sur la Terre). On travaille aussi sur un chariot
lunaire comme moyen de transport, ressemblant
à celui d’Apollo 14 (la mission lunaire américaine
de 1971). On a testé ce matériel lors d’un vol
parabolique* à Bordeaux (Gironde), pour voir
comment il rebondissait. Cela nous a aidés à
comprendre combien il lui faut de roues, par
exemple. De plus, ce chariot pourrait être
transformé rapidement en civière**, pour sauver
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Nasa
LA QUESTION Interview par D. Viaud Tu as une question à poser ? Envoie-la à f.dufour@playbac.fr
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