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FR - 16/05/2020 11:14 | UNIVERSITE DE SAVOIE

Droit et développement durable

Issu de Revue du droit public - n°2 - page 453


Date de parution : 01/03/2008
Id : RDP2008-2-005
Réf : RDP 2008, p. 453

Auteur :
Par Alexandre Touzet, Chargé d'enseignement, Université d'Evry Val d'Essonne

SOMMAIRE

I. _ LA SPÉCIFICITÉ JURIDIQUE DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

A. _ Droit de l'environnement et développement durable

B. _ Droit de la nature et développement durable

C. _ Droit international et développement durable

II. _ LA DENSITÉ JURIDIQUE DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

A. _ Une notion portée par le droit international

B. _ Une notion reconnue dans les différents systèmes juridiques

C. _ Une notion reconnue en droit interne

III. _ L'EFFECTIVITÉ DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

A. _ Développement durable et organisation administrative

B. _ Développement durable et politiques publiques

C. _ Développement durable et norme opposable

La notion de développement durable est de plus en plus utilisée pour justifier des politiques publiques, illustrer le comportement « civique » d'une
entreprise ou mobiliser le citoyen pour la sauvegarde de la planète. Pour autant, la doctrine envisage peu ce concept et s'accorde le plus souvent pour
relever voire dénoncer son imprécision. Pour Chantal Cans, « il s'agit d'une locution dont nul texte n'a pu, jusqu'à présent, offrir une définition concise »
et qui « induit une approche nébuleuse des réalités, voire des politiques qu'elle prétend régir »1. Le développement durable apparaît ainsi comme un
concept « incantatoire » : « il y a peu de notions qui soient aussi souvent invoquées et aussi rarement précisées »2. Au-delà de l'imprécision de cette
notion, les motivations de son utilisation sont parfois critiquées au regard de sa facilité, de son caractère incantatoire ou mercantile. Le développement
durable ferait « partie du dictionnaire des idées reçues contemporaines »3. Un rapport parlementaire précise que « la formule a ainsi spectaculairement
pris le pas sur le concept. Le développement durable n'est plus un guide pour les politiques, c'est un enjeu pour un discours »4. Enfin, son utilisation
dans la sphère des entreprises « constitue tout le moins une récupération, et bien souvent une imposture »5.

Sans partager une critique systématique, il convient de s'interroger sur la véritable portée de cette notion et plus particulièrement son insertion dans le
droit positif. Préalablement, les contours de ce concept doivent être précisés et replacés dans un contexte historique. L'histoire du développement
durable ne saurait se confondre avec celle de la protection de l'environnement. Pour une partie de la doctrine, il convient de voir dans la gestion
forestière les prémisses de cette notion6. En 1661, Louis XIV confie à son ministre Colbert une mission visant à réformer la foresterie. Il ne s'agit pas à
l'époque de protéger l'environnement mais d'assurer l'approvisionnement en bois de la marine7. La réglementation appliquée (bois en futaie,
encadrement des coupes et de la vente du bois...) illustre la volonté d'assurer la pérennité d'une ressource pour satisfaire aux besoins futurs. Inspiré de
ces méthodes, Hans Carl von Carlowitz (1645-1714), dans son ouvrage Sylvicultura oeconomica, appelle à une maîtrise de la consommation domestique
du bois afin de pourvoir aux besoins des nouvelles générations. Il invite les États à partager les connaissances car il s'agit d'un progrès essentiel pour
l'humanité. La gestion du bois doit permettre une utilisation « continuelle » de la ressource8. Son ouvrage constitue une première approche du
développement durable : la protection de l'environnement, les obligations envers les nouvelles générations et l'utilisation du terme « durable » pour
qualifier la gestion forestière qu'il appelle de ses voeux9.

Toutefois, il faut attendre le XX e siècle pour envisager une approche globale du développement durable. Au début des années soixante-dix, une vive
réflexion s'engage sur les dangers d'une croissance incontrôlée. Un rapport remis au Club de Rome, « the limits to Growth », dénonce les impasses d'un
modèle économique qui se caractérise par l'augmentation de la consommation et du nombre de consommateurs ainsi que par une utilisation accrue
des ressources naturelles et une pollution consubstantielle10. Cette étude suscite une vive réaction qui est accentuée par une traduction lapidaire du
titre (Halte à la croissance ?)11. Or, la croissance doit être, selon ce rapport, orientée en favorisant la localisation de celle-ci dans les pays en voie de
développement et en encourageant la production de biens non-polluants.

En 1972 à Stockholm, la conférence des Nations unies sur « l'environnement humain » marque une prise de conscience. Le principe 1 de la déclaration
finale expose notamment que « l'homme a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement
dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir solennel de protéger et d'améliorer l'environnement pour les
générations présentes et futures ». Cette conférence constitue une « matrice environnementale » car elle suscite la création du Programme des Nations
unies pour l'environnement et l'adoption ultérieure de textes sectoriels (faune et flore, couche d'ozone...). En 1983, l'ONU créait la Commission mondiale
sur l'environnement et le développement durable qui doit analyser la situation et faire des propositions. Cette commission publie une contribution «
notre avenir à tous » dit rapport « Brundtland » qui définit le développement durable, démontre l'unité des questions liées à la croissance et à
l'environnement et les trois axes de ce défi à savoir l'appréhension du développement dans le temps, l'équité sociale et la protection de
l'environnement. Le sommet de la Terre de Rio en 1992 formalise sur le plan interétatique cette problématique et adopte un plan d'action à travers son
agenda 21.

S'agissant de la définition du développement durable, il est possible de se rapporter au principe 3 de la déclaration de Rio : « le droit au développement
doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures ».

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L'expression « développement soutenable » est également employée par une partie de la doctrine car elle constitue une juste traduction de
l'expression anglaise « sustainable development » et intègre, outre la problématique de la durée, la question de l'équité. Pour Raphaël Romi, l'objectif
est « d'éviter ou à tout le moins de freiner l'irréversible détérioration des ressources naturelles et des rapports humains »12. Le développement durable
intègre ainsi la question de la protection de l'environnement mais ne se réduit pas à celle-ci. Il repose sur trois « piliers » qui démontre la globalité de
cette approche : l'économie, le social et l'environnemental13. Ce modèle concilie l'efficacité économique, l'équité sociale et la satisfaction des besoins
humains ainsi que la protection de l'environnement. Pour Gertrude Pieratti et Jean-Luc Prat, le développement durable est gouverné par trois principes
: « le principe d'intégration », « les principes relatifs à l'équité » et « le principe de l'utilisation durable »14. Le principe d'intégration implique de prendre
en compte la question de l'environnement pour envisager l'ensemble des décisions. Cette préoccupation doit notamment pénétrer de façon
transversale les politiques publiques. Le principe d'équité conduit à envisager le développement de façon équilibrée en préservant des potentialités
pour les générations futures et en veillant à une meilleure répartition géographique du développement pour une même génération. La durabilité
implique une gestion sur le long terme des ressources. La notion de développement durable a fait l'objet de nombreuses autres approches théoriques
qui ne seront pas envisagées dans le présent article15.

En effet, l'objet du présent article porte sur les relations établies entre la notion de développement durable et le droit. Pour ce faire, il convient de
s'interroger sur la spécificité de la notion de développement durable dans le champ juridique (I). La densité juridique du développement durable (II),
c'est-à-dire sa reconnaissance en droit international, comparé et interne, sera envisagée. Cette reconnaissance sera toutefois examinée à l'aune de
l'effectivité de la notion de développement durable (III).

I. _ LA SPÉCIFICITÉ JURIDIQUE DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE


Étudier la relation entre le développement durable et le droit conduit à démontrer la spécificité juridique de la notion de développement durable. En
effet, cette dernière doit être distinguée du droit de l'environnement (A) et du droit de la nature (B). Le développement durable présente également
une certaine originalité au regard du droit international (C).

A. _ Droit de l'environnement et développement durable


Droit de l'environnement et développement durable ne se confondent pas totalement bien que certaines approches soient communes. Ainsi, le
caractère pluridisciplinaire est partagé. Le droit de l'environnement est, pour Raphaël Romi, « un droit carrefour » qui investit le droit interne et le droit
international, le droit public comme le droit privé16. Dans le même sens, Michel Prieur évoque « un droit de caractère horizontal »17. Le développement
durable bénéficie également d'une reconnaissance internationale (principe 3 de la déclaration de Rio) et nationale (Charte de l'environnement de
200418). Il mobilise des institutions internationales, nationales et locales de droit public (institutions internationales, États et collectivités territoriales)
comme de droit privé (ONG, entreprises transnationales, nationales et locales). Ignacy Sachs indique ainsi que « la prise en charge du long terme ne
saurait se faire non plus sans une mesure de planification souple et fondée sur la négociation entre les principaux acteurs du processus de
développement (pouvoirs publics, entreprises, syndicats et la société civile organisée) »19.

La notion de « patrimoine commun » est également partagée. L'article L. 110-1 du Code de l'environnement précise que « les espaces, ressources et
milieux naturels, les sites et paysages, la qualité de l'air, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques auxquels ils
participent font partie du patrimoine commun de la nation ». Pour Jérôme Attard, « l'idée est alors que le comportement de chacun doit correspondre
à l'intérêt de ses semblables et des générations qui lui succéderont. C'est de toute évidence, en grande partie, sur cette philosophie que se fonde la
construction actuelle du droit de l'environnement, en particulier l'une de ses valeurs symboles : celle du patrimoine commun »20. S'agissant du
développement durable, les slogans « une seule terre ! » de la conférence de Stockholm de 1972 et « notre avenir à tous » du rapport « Brundtland »
s'identifient également à la problématique du patrimoine commun. Pour Ignacy Sachs, « la mise en oeuvre des politiques nationales
d'écodéveloppement doit aller de pair avec l'établissement d'un système international de la gestion de la biosphère en tant que bien public global »21.
Droit de l'environnement et développement durable partagent donc une certaine vision de la planète et du droit en utilisant la notion de patrimoine
commun. La synthèse entre le « patrimoine », désignant habituellement un ensemble de droits et d'obligations rattachés à un individu, et le « commun
», référence à un système collectif, ne constitue pas un oxymore : « cette appropriation ne saurait être assimilée au droit de propriété, tel que le définit
l'article 544 du Code civil, qui confère à son titulaire le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue (...) la notion de patrimoine
insiste, au contraire, sur l'obligation de conserver et de transmettre »22. Pour Bertrand Mathieu, il s'agit d'« un nouveau rapport qui n'est pas celui qui lie
le propriétaire et la chose »23. Ce patrimoine commun induit la production de normes qui ne relèvent ni du libéralisme, car la liberté est encadrée, ni
du collectivisme, car le commun ne désigne pas une entité juridique mais une solidarité entre générations24. Jérôme Attard souligne que cette
conception du droit peut être rapprochée de la théorie solidariste développée par Duguit25. Il s'agit en effet d'organiser à travers le droit les relations
humaines, la légitimité des droits provenant de leur utilité sociale. Toutefois, l'auteur relève à juste titre que la théorie de Duguit a été utilisée pour
promouvoir le développement économique et qu'il importe donc de la relire à travers l'évolution des objectifs que se fixe l'humanité.

Droit de l'environnement et développement durable sont également liés par leur objectif visant à préserver le cadre de vie de l'humanité. Ainsi pour
Michel Prieur, il ne s'agit pas seulement du « droit relatif à l'environnement ». Le droit de l'environnement se définit « selon un critère finaliste : c'est
celui qui par son contenu contribue à la santé publique et au maintien des équilibres écologiques »26. Les considérants 6 et 7 de la Charte de
l'environnement de 2004 conforte une conception téléologique du droit de l'environnement et du développement durable : « la préservation de
l'environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation » et « afin d'assurer un développement durable,
les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire
leurs propres besoins ». La protection de l'environnement et la promotion du développement durable ne se réduisent pas à une simple réglementation
des activités polluantes mais constituent des objectifs essentiels pour l'humanité.

Toutefois, la portée de ces objectifs semble différencier le droit de l'environnement et le développement durable. L'article 6 de la Charte indique que «
les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. À cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de
l'environnement, le développement économique et le progrès social ». L'article L.110-1 du Code de l'environnement précise que l'objectif de
développement durable est de « satisfaire les besoins de développement et la santé des générations présentes sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs ». Alexandre Kiss énumère ainsi une liste de principes rendant effectif ce modèle de développement : «
utilisation durable des ressources », « équité et éradication de la pauvreté », « responsabilité commune mais différenciée des États », « principes de
prévention et de précaution » et droit « à l'information, à la participation et à l'accès à la justice dans les affaires publiques »27. « Le noyau central du
droit de l'environnement » est constitué pour Michel Prieur, « par le droit de la nature, le droit des pollutions et nuisances, le droit des monuments
naturels, des sites et des paysages »28. L'article L.110-1 précité conforte cette délimitation du droit de l'environnement : « les espaces, ressources et
milieux naturels, les sites et paysages, la qualité de l'air, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques auxquels ils
participent font partie du patrimoine commun de la nation. Leur protection, leur mise en valeur, leur restauration, leur remise en état et leur gestion
sont d'intérêt général et concourent à l'objectif de développement durable qui vise à satisfaire les besoins de développement et la santé des
générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Le droit de l'environnement ne répond donc pas à
l'intégralité des objectifs du développement durable.

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Le développement durable induit donc des politiques publiques moins sectorielles que le droit de l'environnement. Si la protection de l'environnement
se présente comme un objectif majeur du développement durable, elle ne peut prétendre en être l'objectif unique. À ce titre, la notion de
développement durable fait l'objet d'une appréciation divergente. Pour le Conseil économique et social, les trois piliers du développement durable, le
développement économique, le progrès social et la qualité de l'environnement, constituent un « triptyque équilibré qui fait appel à la recherche de
synergies, restitue bien les politiques de l'environnement dans leur contexte et évite d'en faire des absolus, en tendant à dépasser les tensions et les
contradictions actuelles »29. Dans cette perspective, la conciliation de différents objectifs apporterait une valeur ajoutée à la protection de
l'environnement en intégrant celle-ci dans un contexte économique et social. A contrario, la notion de développement durable a été critiquée car elle
aurait pour effet d'édulcorer l'objectif de protection de l'environnement voire de subordonner celui-ci au développement : « la justification même des
politiques et des législations de protection de l'environnement antérieures visait une protection plus désintéressée, sans souci de la ressource au sens
économique du terme : la notion juridique française d'espèce protégée se soucie peu des besoins économiques d'exploitation, si ce n'est pour de rares
espèces intéressant le commerce. Le développement durable met en avant la préoccupation du développement, qui prend le pas sur celle de
protection »30. Cette analyse est fondée sur un postulat, celui de l'inégalité des trois piliers du développement durable. Or, ce dernier suppose la
conciliation et non la hiérarchisation des objectifs.

À ce titre, la protection de l'environnement ne constitue pas l'objectif unique du développement durable. Le progrès social, l'équité et le
développement démontrent la complexité de ce concept et son caractère humaniste. Cette place centrale réservée à l'Homme a été critiquée.

B. _ Droit de la nature et développement durable


La notion de développement durable fait l'objet de certaines critiques au regard de sa dimension « anthropocentriste ». Elle se distingue ainsi d'un droit
de la nature. La Charte de l'environnement se réfère ainsi de façon systématique à l'Humanité et revendique « une écologie humaniste »31. L'article 1 er
de la déclaration de Stockholm de 1972 indique que « l'Homme a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité et à des conditions de vie satisfaisantes,
dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être ». D'une manière générale, le développement durable
justifie la protection de la nature par l'obligation de préserver ce patrimoine commun pour les générations futures. Une conception plus radicale de
l'écologie s'écarte de cette analyse pour repenser la place de l'Homme dans le monde vivant et dans l'ordre juridique, et pour appeler à une évolution
du statut juridique de la nature. Selon les hypothèses, celui-ci est conféré à chaque espèce vivante ou à la nature dans sa globalité. Luc Ferry précise
qu'il s'agit d'« instituer la nature en sujet de droit, capable de jouer le rôle d'un partenaire dans un contrat naturel »32. L'auteur distingue ainsi, en
fonction de qualification juridique donnée à la nature, trois formes d'écologie. La première forme d'écologie « humaniste » repose sur l'idée « qu'à
détruire le milieu qui l'entoure, l'homme risque bel et bien de mettre sa propre existence en danger et, à tous le moins, de se priver des conditions
d'une vie bonne sur cette terre »33. Cette analyse correspond à la logique du développement durable qui justifie la protection de la nature au regard de
l'impératif de la préservation pour les générations futures. La deuxième forme considère que « tous les êtres susceptibles de plaisir et de peine doivent
être tenus pour des sujets de droit et traités comme tels »34. Enfin, la dernière forme propose « un contrat naturel au sein duquel l'univers tout entier
deviendrait sujet de droit : ce n'est plus l'homme considéré comme centre du monde, qu'il faut au premier chef protéger de lui-même, mais bien le
cosmos comme tel, qu'on doit défendre contre les hommes »35.

Ainsi, l'écologie radicale peut présenter deux sensibilités. Le « biocentrisme » tend à étendre aux différentes formes du vivant le statut de sujet de droit :
« tout en s'employant à étendre l'application du lien éthique au-delà des normes régissant les rapports entre les seuls êtres humains, le courant
écologiste biocentriste retient le critère de la vie biologique en vue de baliser son extensionnisme moral. Ce sont ainsi tous les êtres peuplant la
biosphère, mais pris cette fois dans leur individualité en tant que porteurs d'un projet de vie bien identifiable, qui se voient gratifiés d'un statut moral
»36. Une seconde conception a prospéré sous le terme d'« écologie profonde »37. Ce modèle repose sur l'idée qu'« une résolution efficace et durable des
problèmes touchant à l'environnement doit s'attaquer au renversement des modalités dominantes de la tradition intellectuelle occidentale »38. À
l'origine de cette notion, Arne Naesse veut rompre avec la dimension anthropocentriste de l'écologie : « le bien-être et l'épanouissement de la vie
humaine et non humaine sur la terre sont des valeurs en soi. Ces valeurs sont indépendantes de l'utilité du monde non humain pour des fins de
l'homme »39. À la différence du développement durable, il ne s'agit pas de protéger un patrimoine commun pour les générations futures mais de
percevoir la nature dans sa globalité, celle-ci justifiant sa protection. Dans cette perspective, « l'égalité biocentrique »40 donne à chaque partie de la
biosphère une valeur identique car elle contribue également à sa diversité et à la justification de sa protection.

L'écologie radicale a fait l'objet de critiques multiples qui ne seront pas intégralement examinées dans le présent article. Trois aspects (juridique,
philosophique et politique) seront envisagés car ils permettent d'identifier le caractère opérationnel de nation de développement durable. Laurent
Fonbaustier relève « une contrainte technique tout d'abord puisqu'il conviendrait, pour pallier l'incapacité psychique et physique de la nature à agir en
droit _ un droit par essence fait par et pour l'homme, d'organiser sa représentation dans l'univers de la prétention juridique »41. A contrario, le
développement durable peut être médiatisé par le droit. Des conventions internationales peuvent ainsi préciser les obligations des États et une
réglementation nationale celles des particuliers ou des entreprises. Sur un plan plus philosophique, François Ost a relevé que la distinction établie entre
l'Homme et la nature n'exclut pas un impératif de protection : « une conscience claire de ce rapport dialectique devrait interdire désormais de traiter la
nature en simple objet de prédation et de manipulation ; il n'est pas opportun pour autant de l'identifier à l'humain, dès lors que la dialectique, si elle
ménage des solidarités entre les éléments qu'elle distingue (ici l'homme et la nature), a aussi pour rôle de dire leur spécificité (insistons-y : entre la
matière, le vivant, et l'humain, des seuils qualitatifs s'instaurent qui les rendent irréductibles l'un à l'autre, en dépit de leur solidarité). Condition
nécessaire de survie de l'humanité, la nature _ qui apparaît alors comme notre patrimoine commun _ demande à être protégée et respectée »42. La
différenciation n'induit pas un manque d'effectivité de la protection de la nature.

L'argumentation politique tend même à prouver que la protection de l'environnement serait mieux assurée par le développement durable que par
l'écologie radicale. À propos de cette dernière, François Blais et Marcel Filion précisent qu'« il faut porter l'attention sur le fait que ce type d'éthique est
tributaire de considérations métaphysiques, voire religieuses, qui ont assez peu à voir avec l'élaboration d'une éthique acceptable pour tous »43. Le
caractère subjectif de l'écologie radicale rend peu probable sa reconnaissance internationale. A contrario, les auteurs affirment qu'une protection de
l'environnement fondée sur l'idée d'une justice entre les hommes serait plus opérationnelle : « si la politique a pour premier idéal la justice, alors
l'écologie politique, comme discipline normative, devrait s'orienter vers la justification de critères spécifiant les droits et les obligations des citoyens en
matière de protection, d'accessibilité et de sécurité environnementales »44. François Blais et Marcel Filion déterminent trois types de justice de nature à
susciter une réglementation. La « justice intraétatique » qui vise à établir un équilibre s'agissant de la répartition des avantages (santé) et des
inconvénients (risques et coûts) environnementaux sur un territoire et entre les personnes habitant ce territoire. La « justice interétatique » permet
d'établir les obligations de chaque État face à un phénomène planétaire. La « justice intergénérationnelle » induit une réflexion sur les droits des
générations futures. Ainsi, une protection de l'environnement fondée sur la justice est de nature à générer une production normative favorable à
l'environnement. Le droit international a effectivement accueilli cette nouvelle problématique.

C. _ Droit international et développement durable


L'inscription du développement durable dans les textes internes et internationaux ne semble pas générer un nouveau droit. Le principe 3 de la
déclaration de Rio précise ainsi que « le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au
développement et à l'environnement des générations présentes et futures ». L'article 6 de la Charte de l'environnement indique que « les politiques

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publiques doivent promouvoir un développement durable. À cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le
développement économique et le progrès social ». Les droits mentionnés (droit au développement, droits sociaux et droit de l'environnement)
préexistent à la reconnaissance juridique du développement durable. Toutefois, le développement durable présente un intérêt juridique certain car il
constitue un instrument de conciliation de droits parfois contradictoires et soutient l'émergence de nouvelles réglementations. Il présente ainsi une
dimension internationale certaine car ce constat est valable en droit interne comme en droit international. Au-delà de cette reconnaissance dans les
différentes cultures juridiques, il convient de relever le lien établi entre le développement durable et l'humanité.

Le développement durable s'inscrit dans des systèmes juridiques divers ce qui démontre la dimension internationale de cette notion. S'agissant de la
conciliation des droits, il convient d'observer que le développement durable constitue un outil opératoire à plusieurs niveaux. En partant de la
définition même du développement durable, il s'agit d'organiser la coexistence de droits économiques, sociaux et environnementaux. La doctrine
pourtant partagée sur la portée de la Charte de l'environnement s'accorde sur ce point. À propos de l'article 6 sur le développement durable, Marie-
Anne Cohendet, qui défend le caractère directement invocable de la Charte, précise ainsi que « les pouvoirs publics devront, dans chaque cas,
rechercher une véritable conciliation entre ces éléments. Et les juges devront vérifier que cette conciliation est garantie »45. Pour Bertrand Mathieu, qui
souhaite conférer aux droits contenus dans la Charte le statut d'objectifs constitutionnels, le développement durable est un « objectif constitutionnel
dont la réalisation implique la détermination d'un équilibre entre la satisfaction de plusieurs intérêts »46. Le Conseil constitutionnel a opéré ce contrôle
dans sa décision sur la loi relative à la création du registre international français47. En droit international, cette fonction du développement durable est
également reconnue. Pour Michel Prieur, le développement durable « implique l'intégration de l'environnement dans les autres politiques »48. La Cour
internationale de justice précise également que « le concept de développement durable traduit bien cette nécessité de concilier développement
économique et protection de l'environnement »49. Toutefois, cette conciliation dépasse la simple coexistence de l'économique, du social et de
l'environnemental. Le concept de développement durable doit prendre en compte les différents niveaux de développement des pays. Pour Nguyen
Quoc Dinh, Patrick Dailler et Alain Pellet, « il se traduit par la reconnaissance de responsabilités communes mais différenciées des États en matière de
protection de l'écosystème mondial »50.

Au-delà de la conciliation des objectifs, le développement durable constitue un facteur d'approfondissement du droit. Il permet une plus grande
diffusion et densification du droit de l'environnement. Pour Michel Prieur, « si l'environnement a acquis le statut d'un droit fondamental, c'est qu'il est
devenu l'expression d'une politique publique d'intérêt collectif exprimant des solidarités nouvelles non seulement à l'intérieur des États mais aussi à
l'échelle internationale »51. Sur ce point, l'équilibre induit entre les pays industrialisés et pays en voie de développement est de nature à faire prospérer
le droit de l'environnement. Cette reconnaissance devrait assurer l'évolution du droit de l'environnement « vers la proclamation de droits substantiels
spécifiques détaillant le contenu du droit de l'environnement, comme le droit à l'eau, à l'air pur »52. Dans ce sens, il sera relevé plus loin la
multiplication des instruments internationaux et des textes de droit interne. Bien que ce point soit discuté, la multiplication des références au droit de
l'environnement pourrait valoriser le pilier environnemental au détriment du pilier économique53.

Ainsi, la reconnaissance comme la signification donnée au développement durable en droit interne comme en droit international démontre la forte
pénétration de ce concept dans les différents champs et cultures juridiques. Au-delà d'un droit international, il convient de s'interroger sur l'existence
d'un droit de l'humanité. Laurent Fonbaustier relève ainsi la spécificité des droits d'une nouvelle génération qui ne s'exprime plus en opposition à l'État
mais qui emporte des droits et devoirs pour tous54. Toutefois, la nature de ces droits ne semble pas expliquer à elle seule la dimension du
développement durable. Michel Prieur relève ainsi, à juste titre, « l'impact universel et humaniste » donné à la Charte constitutionnelle de
l'environnement et la référence constante à l'humanité55. Dans le même esprit, la Déclaration de Rio affirme que « les êtres humains sont au centre des
préoccupations relatives au développement durable » (principe 1). Cette humanité est envisagée globalement, « générations présentes et futures »
(principe 3). La conscience de devoirs envers les générations futures est constitutive d'un approfondissement des droits de l'Homme. Pour François Ost :
« On peut dire que cette idée se ramène au concept d'humanité, tel qu'il est développé notamment dans la pensée de Kant. L'essentiel, en effet,
consiste à respecter en l'homme cette part de lui-même qui lui vaut une égale dignité (...). Dans ses écrits historiques, Kant fait le pari (au sens d'une
croyance régulatrice, d'un horizon nécessaire pour l'action) que la poursuite de cette idée d'humanité, après avoir arraché les hommes à l'état de nature
et les avoir menés à l'état civil doté d'une constitution, les conduira un jour à l'état cosmopolitique d'une République universelle. L'Humanité (au sens
de l'ensemble des êtres humains) assumera enfin son humanité. La prise en compte de l'idée d'une humanité future est donc inscrite au coeur du
concept d'humanité présente : fermer la voie à celle-là, c'est nécessairement nier celle-ci »56. La notion de développement durable ne peut donc être
assimilée à un simple droit international. La qualité de ce concept permet d'expliquer sa reconnaissance en droit interne, droit comparé et droit
interne.

II. _ LA DENSITÉ JURIDIQUE DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE


Après avoir relevé la spécificité de la notion de développement durable, il faut s'attacher à illustrer la reconnaissance de celui-ci dans les différents
systèmes juridiques. Porté par le droit international (A), le développement durable a progressivement intégré les champs juridiques de nombreux pays
(B), le droit français ne faisant pas exception (C).

A. _ Une notion portée par le droit international


La notion de développement durable pénètre le droit international progressivement mais avec efficacité. Toutefois, le droit de l'environnement a
préalablement prospéré par le biais de conventions internationales présentant une approche sectorielle c'est-à-dire certains éléments de la faune et de
la flore, et certains territoires57. La conférence des Nations unies sur l'environnement à Stockholm en 1972 marque une première approche transversale
et globale de la question environnementale. Le Principe 1 de la Déclaration de Stockholm affirme que « l'homme a un droit fondamental à la liberté, à
l'égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le
devoir solennel de protéger et d'améliorer l'environnement pour les générations présentes et futures ». Les 26 principes adoptés posent les premières
bases du développement durable. La préservation des ressources pour les générations futures (principes 1, 2 et 5), l'interaction de l'économique, du
social et de l'environnemental (principes 1, 4, 8, 13 et 15), et les particularités des pays en voie de développement qui se concrétisera plus tard par le
concept de « responsabilités communes mais différenciées »58 (principes 9, 10, 11 et 23) sont ainsi affirmées. La formulation de la notion de
développement durable est toutefois progressive : « il faudra cependant plusieurs années encore pour réunir en un concept synthétique les éléments
de la démarche proposée par la conférence de Stockholm »59.

Sur ce plan conceptuel, il convient de souligner la contribution décisive du rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement dit rapport « Brundtland » (1987)60. Le développement durable est défini comme « un développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Cette définition repose sur des constats et des préconisations :
développement, modération, interaction et globalisation. La nécessité de pourvoir aux besoins de l'être humain est ainsi reconnue notamment par le
droit au développement des pays les plus pauvres61. Toutefois, le rapport demande une certaine modération s'agissant des « modes de consommation
» des pays les plus riches62. Il constate l'interaction de l'économique, du social et de l'environnemental63, interaction confortée par la globalisation
c'est-à-dire la dimension internationale des problèmes et des remèdes64. Pour le rapport, ces constats et préconisations doivent être médiatisés par le
droit et faire l'objet d'une déclaration universelle65. En annexe du rapport, des principes juridiques sont proposés : l'environnement comme un droit

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fondamental de l'homme, l'équité entre les générations, le développement durable et l'assistance66 (...).

La conférence de Rio appelée sommet de la Terre, réunie en juin 1992, matérialise les préconisations du rapport Brundtland. Le concept de
développement durable est « consacré »67 par la déclaration de Rio. Le principe 3 définit ainsi cette notion : « le droit au développement doit être
réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures ». Ce
principe synthétise les bases du développement durable posées par la conférence des Nations unies sur l'environnement à Stockholm en 1972 et le
rapport « Brundtland », à savoir la préservation des ressources pour les générations futures et l'interaction de l'économique, du social et de
l'environnemental (déclinée au principe 4 pour l'environnement et aux principes 5 et 6 pour les besoins sociaux). Les particularités des pays en voie de
développement, reconnues par la notion de « responsabilités communes mais différenciées », sont notamment mentionnées au principe 7. La question
de la gouvernance est envisagée de façon moderne par l'accès à l'information et la participation à la prise de décision des citoyens (principe 10). Cette
place réservée aux citoyens est consolidée par la Convention d'Aarhus du 25 juin 1998 sur l'accès à l'information, la participation du public au processus
décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement. Le sommet de la Terre marque également une nouvelle génération d'accords
multilatéraux sur l'environnement concrétisant des engagements des États : la convention-cadre sur le changement climatique, qui prévoit la
stabilisation de la concentration des gaz à effet de serre, et la convention sur la diversité biologique qui tend à assurer le maintien de la biodiversité et
l'utilisation durable des ressources. La « déclaration de principes, non juridiquement contraignante mais faisant autorité, pour un consensus mondial
sur la gestion, la conservation et l'exploitation écologiquement viable de tous les types de forêts » propose un modèle durable de gestion des forêts.
Cette mobilisation pour le développement durable est prolongée ultérieurement par l'adoption d'instruments internationaux de protection de
l'environnement (convention sur la lutte contre la désertification en septembre 199468, protocole de Kyoto en décembre 199769) ou par l'intégration de
cette problématique dans les conférences ou textes internationaux qui ne se rapportent pas spécifiquement à la question environnementale
(Conférence mondiale sur les droits de l'homme à Vienne en 1993, Convention sur les droits de l'enfant du 20 novembre 1989).

Toutefois, la 19e session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies en juin 1997 ne peut que constater certaines lacunes dans la mise en
oeuvre des objectifs fixés à Rio et notamment la position des États-Unis sur la lutte contre les gaz à effet de serre. La conférence de Johannesburg
(août/septembre 2002) avait pour objectif de relancer le processus. Elle voit l'adoption d'une déclaration de Johannesburg sur le développement
durable qui comporte les éléments traditionnels de la définition de cette notion : la reconnaissance et l'interaction des trois piliers du développement
durable (5o de la déclaration) et la définition de devoirs au regard des générations futures (6o, 9o). Il convient toutefois de souligner l'importance
particulière donnée à la question sociale (11 o, 12 o, 24o, 28 o) et la place réservée à la mondialisation, aux entreprises et aux technologies (14 o, 17o, 27 o,
29o). Cette approche est confirmée dans le plan de mise en oeuvre du Sommet mondial pour le développement durable qui apporte une attention
particulière au social (pays en voie de développement, santé, pauvreté) et à la mondialisation.

Au plan régional, la notion de développement durable prospère également70. Le continent africain est précurseur, l'article 24 de la Charte africaine des
droits de l'homme et des peuples de 1981 proclamant que « tous les peuples ont un droit à un environnement satisfaisant et global propice à leur
développement ». La convention de Maputo du 11 juillet 2003 reprend plus spécifiquement dans son préambule la problématique du développement
durable : « les États ont la responsabilité de protéger et de conserver leur environnement et leurs ressources naturelles et de les utiliser de manière
durable, dans le but de répondre aux besoins de l'homme en accord avec les capacités limitées de l'environnement ». Pour Alexandre Kiss, « on retrouve
ainsi l'écho du Sommet mondial de Johannesburg »71. En droit communautaire, le Traité d'Amsterdam du 2 octobre 1997 intègre cet objectif, l'article
1 er indiquant que l'Union doit « promouvoir le progrès économique et social de leurs peuples, compte tenu du principe du développement durable »72.
La Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne du 7 décembre 2000 mentionne dans son préambule les devoirs envers les « générations
futures » et, à l'article 37, le « principe de développement durable »73. En Europe (ainsi que dans d'autres pays de la région de la CEE-ONU), l'article 1er
de la Convention d'Aarhus de 1998 précise que les États doivent « protéger le droit de chacun, dans les générations présentes et futures, de vivre dans
un environnement propre à assurer sa santé et son bien être ». Pour Michel Prieur, cette convention participe d'une « lame de fond internationale
consistant à généraliser l'idée que la décision environnementale doit être prise de façon transparente et démocratique »74.

La reconnaissance en droit international de la notion de développement durable est particulièrement significative. Elle présente également un effet
incitatif pour intégrer celle-ci dans les systèmes juridiques internes.

B. _ Une notion reconnue dans les différents systèmes juridiques


La notion de développement durable est reconnue dans les constitutions de nombreux pays mais souvent de façon indirecte par l'emploi de termes
recouvrant partiellement son champ (environnement, durabilité, générations futures...). Ainsi, l'article 20 A de la Constitution allemande mentionne les
générations futures : « assumant ainsi également sa responsabilité pour les générations futures, l'État protège les fondements naturels de la vie par
l'exercice du pouvoir législatif, dans le cadre de l'ordre constitutionnel, et des pouvoirs exécutif et judiciaire, dans les conditions fixées par la loi et le
droit ». Pour Michael Bothe, « l'insertion d'une disposition expresse visant la protection de l'environnement n'a pas produit une révolution dans le droit
de l'environnement »75.

Plus significatif, l'article 24 de la Constitution de la Grèce indique que « la protection de l'environnement naturel et culturel est une obligation de l'État
et un droit de chacun. L'État est tenu de prendre des mesures préventives ou répressives particulières, dans le cadre du principe de durabilité, pour
assurer sa préservation ». Ce même article prévoit une protection particulière des forêts. Le principe de durabilité a été inscrit dans la Constitution lors
d'une révision en 2001 mais il ne s'agit pas au sens strict du principe de développement durable. Ainsi, le pilier social ne semble pas faire l'objet d'une
reconnaissance explicite. Toutefois, l'interprétation donnée par le Conseil d'État de ce principe implique que le développement économique doit « aller
de pair avec l'obligation de l'État de veiller à la protection de l'environnement de sorte à garantir le développement viable auquel ont visé le législateur
constituant et le législateur communautaire »76. Pour Mario Haïdarlis, « l'introduction de la notion de durabilité dans la Constitution _ et qui plus est
avec la mention expresse qu'il s'agit d'un principe _ mais aussi la référence constante au développement durable dans la loi no 2742/1999, scellent sans
aucun doute la reconnaissance solennelle du principe de développement durable par le droit national »77. L'article 45 de la Constitution espagnole78
présente une certaine similitude avec l'article 24 de la Constitution de la Grèce s'agissant de l'obligation d'instituer des mesures répressives pour
préserver l'environnement.

L'article 225 de la Constitution brésilienne précise que « tous ont droit à un environnement écologiquement équilibré, en tant que bien commun à
l'usage du peuple, essentiel à une qualité de vie saine ; le devoir de le défendre et de le préserver au bénéfice des générations présentes et futures
incombe aux pouvoirs publics et à la collectivité ». Cette protection est déclinée pour des secteurs précis (biodiversité, zones protégées, forêts, énergie
nucléaire...) et en politiques publiques (droit pénal de l'environnement, éducation à l'environnement...). Cet article 225 reprend plusieurs éléments
constitutifs de la notion de développement durable (bien commun, générations futures). Paulo Affonso Leme Machado précise ainsi que « les relations
des générations avec l'environnement ne peuvent pas être conçues comme si la présence humaine sur la planète n'était pas une chaîne de liens
consécutifs. L'article 255 consacre une éthique de la solidarité, parce que les générations présentes ne doivent pas pouvoir utiliser l'environnement dans
des conditions telles que l'environnement serait affaibli et détérioré pour les générations futures »79. Pour l'auteur, le concept de développement
durable « est implicite, bien que non exprimé, dans l'article 255 »80.

La notion de développement durable est reconnue explicitement par l'article 5 de la Constitution polonaise : « la République de Pologne sauvegarde
l'indépendance et l'inviolabilité de son territoire, garantit les libertés et les droits de l'homme et du citoyen, ainsi que la sécurité des citoyens,

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sauvegarde le patrimoine national et assure la protection de l'environnement en s'inspirant du principe du développement durable ». Certains pays
africains (Afrique du Sud, Bénin, Erythrée...) bénéficient également d'une reconnaissance du principe. Deux constitutions utilisent le principe du
développement durable pour décliner des politiques publiques. Ainsi, l'article 73 de la Constitution suisse sur le développement durable81 introduit une
section sur le thème de l'environnement et de l'aménagement du territoire qui envisage la question de la protection de l'environnement, de
l'aménagement du territoire, des eaux, la protection de la nature et du patrimoine, la pêche et la chasse, et la protection des animaux. De même,
l'article 66 de la Constitution portugaise indique : « 1. Toute personne a droit à un environnement humain, sain et écologiquement équilibré, et a le
devoir de le défendre. 2. Afin de garantir ce droit, dans le cadre d'un développement durable, il appartient à l'État, au travers d'organismes spécialisés et
en faisant participer les citoyens (...) ». Tout en reconnaissant un droit à un environnement sain, cet article impose différentes missions qui donnent
corps à ce principe : « contrôler la pollution », « organiser et promouvoir l'aménagement du territoire en vue d'une localisation correcte des activités,
d'un développement socio-économique harmonieux et d'une valorisation des paysages », « assurer la préservation de la nature et la sauvegarde des
valeurs culturelles d'intérêt historique ou artistique », « promouvoir l'exploitation rationnelle des ressources naturelles, en sauvegardant leur capacité de
renouvellement et la stabilité écologique, dans le respect du principe de solidarité entre générations », (...). Cette rédaction apparaît moins conservatrice
que le texte suisse en reprenant des aspects plus novateurs (fiscalité environnementale, participation des citoyens, éducation à l'environnement). Il est
à relever que le droit interne français peut aussi être montré en exemple.

C. _ Une notion reconnue en droit interne


La notion de développement durable est reconnue en droit français. Elle bénéficie d'une reconnaissance constitutionnelle à travers la Charte de
l'environnement et d'une reconnaissance législative.

La Charte de l'environnement présente pour Yves Jégouzo une certaine originalité : « le développement d'un droit constitutionnel de l'environnement
n'est pas chose nouvelle (...) Mais, à notre connaissance tout au moins, c'est la première fois qu'un État envisage de consacrer une déclaration
constitutionnelle complète concernée à l'environnement »82. Elle résulte d'une volonté clairement affirmée par l'ancien Président de la République,
Jacques Chirac. Dans son discours d'Orléans du 3 mai 2001, il précise que ce texte doit rappeler les devoirs envers les générations futures et porter une
écologie humaniste83 et, plus tard dans son discours d'Avranches du 18 mars 2002, qu'il s'inscrit dans un programme politique global de promotion du
développement durable84. Pour la commission Coppens, chargée de préparer un projet de Charte, celle-ci « est tout d'abord un troisième temps dans
l'affirmation des droits et libertés fondamentales, après la consécration des droits civiques et politiques en 1789, puis celle des droits économiques et
sociaux en 1946. Elle complète le triptyque du développement durable, au sens de sa définition internationale proposée par le rapport Brundtland en
1987, en ajoutant le pilier environnemental. Ainsi, elle créera un nouvel équilibre entre développement économique, progrès social et protection de
l'environnement »85. Très logiquement, le texte proposé par la commission reprend cet objectif. Le 2e article mentionne deux fois la notion de
développement durable (alinéas 3 et 8) et de générations futures (aliénas 6 et 8) et, rappelle les trois piliers économique, social et environnemental de
ce concept (alinéa 10).

La Charte votée reconnaît ce principe et précise, dans son 7e considérant, « qu'afin d'assurer un développement durable, les choix destinés à répondre
aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ».
L'article 6 conforte la densité de ce principe s'agissant des politiques publiques qui « doivent promouvoir un développement durable. À cet effet, elles
concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social ». Il convient de relever que cet
article résulte d'une rédaction de l'Assemblée nationale. Le projet de loi constitutionnelle indiquait que les politiques publiques « prennent en compte
la protection et la mise en valeur de l'environnement et les concilient avec le développement économique et social ». Cette rédaction initiale
comportait des incertitudes quant à la hiérarchie des trois objectifs ou trois « piliers » du développement durable (l'environnement, l'économique et le
social). Elle pouvait conduire pour certains à la reconnaissance d'un « pilier » fondamental, celui de l'environnement, en vertu d'une reconnaissance
constitutionnelle spécifique, ou a contrario pour d'autres, d'une subordination de ce pilier aux deux autres86. Afin d'éviter ce malentendu, la
formulation retenue place les trois piliers à égalité tout en attribuant la première place de l'énumération à l'environnement. Les rapports
parlementaires éclairent l'importance donnée à la notion de développement durable dans la Charte. S'agissant de la première référence, le rapporteur
à l'Assemblée semble écarter l'existence d'une norme. Ainsi pour écarter un amendement du député Christophe Caresche affirmant un droit des
générations futures à satisfaire leurs besoins, Nathalie Kosciusko-Morizet rappelle « que les considérants, ne revêtant qu'une valeur interprétative, ne
pouvaient reconnaître l'existence d'un droit87 ». Elle précise également que « sur le plan normatif, la conséquence en est tirée à l'article 6, qui définit
l'objectif de valeur constitutionnelle du développement durable »88. Toutefois, ce considérant présente une valeur interprétative forte : « la cohérence
de l'ensemble de la Charte est telle que, avant même son affirmation à l'article 6, le développement durable est présent dans l'ensemble des
considérants »89. S'agissant de l'article 6, le rapporteur au Sénat indique que le législateur « pourrait être soumis en la matière au contrôle de l'erreur
manifeste par le Conseil constitutionnel »90. Au-delà de la différence résultant du degré de normativité, il est possible de distinguer une certaine
complémentarité des deux mentions du développement durable dans la Charte, le considérant mettant l'accent sur les générations futures et l'article 6
sur les politiques publiques actuelles. L'article 10, précisant que « la présente Charte inspire l'action européenne et internationale de la France » ajoute
une dimension spatiale91.

Toutefois, la notion de développement durable avait été reconnue préalablement par des dispositions législatives. Il ne s'agit pas de revenir sur la «
prolifération juridique »92 suscitée par la thématique de l'environnement mais d'identifier les textes porteurs de cette notion. La loi no 91-1381 du 30
décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs constitue l'ébauche d'une reconnaissance en considérant « les droits des
générations futures »93. La loi no 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement (dite loi Barnier) mentionne la
capacité des générations futures. Pour Michel Prieur, « le texte a soigneusement évité d'évoquer les droits des générations futures ce qui posait des
problèmes théoriques concernant les titulaires actuels de ces droits pour ne traiter que de la capacité des générations futures »94. Le terme « capacité »
des générations futures est repris par le 7e alinéa de la Charte de l'environnement et l'article L. 542-1 du Code de l'environnement évoque, à propos des
déchets nucléaires, « les charges qui seront supportées par les générations futures ». La loi Barnier, au-delà de la référence à ces dernières, inscrit dans
le droit français « l'objectif de développement durable »95 codifié à l'article L. 200-1 du Code rural puis à l'article L. 110-1 du Code de l'environnement. Ce
texte est donc novateur mais présente cependant certaines limites liées à une approche encore sectorielle. Contrairement à la Charte qui fait référence
« aux besoins du présent » de façon générale, cet article dans sa rédaction actuelle indique que l'objectif de développement durable « vise à satisfaire
les besoins de développement et la santé des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
L'article L. 110-1 présente également un champ d'application délimité : « les espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages, la qualité de
l'air, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques auxquels ils participent ». Si l'article précise que ces protections «
concourent à l'objectif de développement durable » et ne réduit donc pas sa portée aux seules préoccupations évoquées, il n'en demeure pas moins
que le développement durable est envisagé de façon partielle voire connexe. De même, « l'article ne précise pas le contenu du développement lui-
même et notamment ses aspects économiques et sociaux »96. Pour autant, l'approche législative ne pouvait être que partielle, seule la Constitution
permet véritablement d'inscrire l'objectif de développement durable d'une façon transversale, c'est-à-dire au-delà des questions environnementales.
Elle permet également d'écarter la remise en cause du principe posé par loi Barnier par une simple loi contraire. Toutefois, il faut reconnaître à cette loi
le bénéfice d'une pénétration constante du développement durable dans les textes législatifs et donc une émulation juridique certaine autour de cette
question.

La densité des textes internationaux et nationaux faisant référence au développement durable marque incontestablement la progression de ce

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concept dans les relations diplomatiques et dans les sphères politiques nationales. Toutefois, elle ne préjuge pas de l'effectivité du principe posé.

III. _ L'EFFECTIVITÉ DE LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE


L'intégration de la notion de développement durable dans le droit international et le droit national n'écarte pas de facto la question de l'effectivité de
ce concept. Il génère un effet en matière d'organisation administrative (A) et de politiques publiques (B). Toutefois, il est possible de s'interroger sur la
pertinence du développement durable comme norme opposable (C).

A. _ Développement durable et organisation administrative


L'effectivité de la notion de développement durable se traduit notamment par une organisation administrative dédiée à cette problématique. Pour
illustrer ce constat, les exemples des Nations unies et de la France seront examinés.

Au niveau international, l'organisation administrative apparaît particulièrement complexe. Elle a pu être qualifiée de « nébuleuse institutionnelle »97.
L'importance de l'appareil administratif s'explique par la volonté de rendre effectif des principes énoncés dans des instruments internationaux qui ne
sont pas contraignants : « la multiplication des mécanismes d'incitation et de contrôle s'efforce de pallier la mollesse des principes, qui dans ce
domaine, s'apparentent souvent davantage à des directives très générales qu'à des normes obligatoires arrivées à une pleine maturation juridique »98.
Pour délimiter le sujet, il convient d'envisager les deux organismes principaux. Suite à la conférence de Stockholm, l'Assemblée générale des Nations
unies a décidé la création en 1972, comme organe subsidiaire, du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Ce programme est géré
par un conseil d'administration de 58 membres et un secrétariat comprenant un directeur exécutif. Il est chargé de développer la coopération
internationale et de suivre les actions de l'ONU. Il dispose des services de plusieurs organismes lui permettant d'assurer « son rôle de surveillance, de
contrôle et d'information sur l'état de l'environnement dans le monde »99. Toutefois, son activité est contrainte par des ressources financières
insuffisantes et irrégulières. En effet, les contributions des États au Fonds pour l'environnement sont volontaires100. Suite à la Conférence de Rio de
1992, l'Assemblée générale des Nations unies a institué la Commission du développement durable (CDD), organisme rattaché au Conseil économique
et social des Nations unies (ECOSOC). Cette commission est composée de 53 membres élus pour un mandat de trois ans. Un statut d'observateur est
conféré à certains pays, organisations intergouvernementales et ONG. Son secrétariat est assuré par la Division du développement durable du
Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l'ONU. Elle a pour mission d'assurer le suivi des engagements de la Conférence de
Rio, d'inciter acteurs publics et privés à s'engager en faveur du développement durable et d'encourager la coopération internationale. Sa compétence a
été étendue en 2002 au suivi du plan d'application de Johannesburg.

L'État français s'est doté d'une organisation administrative afin d'élaborer et de conduire sa politique en matière de développement durable. Il convient
de relever la dimension interministérielle de celle-ci qui est rendue nécessaire par l'approche intégrée de l'environnement. En effet, cette
préoccupation ne peut relever du seul ministère de l'Environnement mais doit imprégner les politiques publiques conduites par l'ensemble des
ministères. De plus, la conciliation des trois piliers du développement durable (environnemental, économique et social) implique une coordination
interministérielle. La fonction de délégué interministériel au développement durable a été créée et définie par un décret du 21 juin 2004. Le délégué «
anime et coordonne au nom du Premier ministre l'action des administrations de l'État en faveur du développement durable », « contribue à la
coordination de l'action des établissements publics de l'État dans ce domaine », « prépare les délibérations du comité interministériel pour le
développement durable, en assure le suivi et veille à leur mise en oeuvre » et « met en oeuvre des actions d'évaluation, de formation et de
communication et participe à la définition des programmes de recherche en matière de développement durable »101. Les missions sont diverses car il
s'agit de la définition de politiques publiques, de leur mise en oeuvre, de la coordination des ministères et des services déconcentrés, de la
représentation de l'État, de la diffusion des idées sur le territoire (...). Ce décret intervient après la suppression en juin 2004 du secrétariat d'État au
développement durable, alors que le développement durable apparaît pour la première fois dans l'intitulé du ministère de l'Environnement en 2002.
Pour assurer ses fonctions, le délégué dispose des services de la délégation au développement durable et de la mission interministérielle de l'effet de
serre. Un décret interministériel du 21 février 2003 institue un comité interministériel pour le développement durable. Ce comité doit définir la
politique du gouvernement en matière de développement durable. À ce titre, « il adopte la stratégie nationale de développement durable », « approuve
les plans d'actions tendant à intégrer les objectifs du développement durable dans les politiques publiques » et « adopte un rapport annuel
d'évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie nationale de développement durable et des plans d'action »102. La création de cette structure a permis
de rationaliser l'organisation administrative103. Les décisions sont préparées par un comité permanent des hauts fonctionnaires du développement
durable rattaché au délégué interministériel. Chaque ministère dispose d'un haut fonctionnaire en charge de ce dossier qui siège au sein de cette
instance. Le conseil national du développement durable est un organe consultatif placé auprès du Premier ministre. Il « est associé à l'élaboration, au
suivi et à l'évaluation de la stratégie nationale du développement durable ». Il peut « être consulté sur les projets de textes législatifs et réglementaires
ayant une incidence dans ce domaine » et « émettre, à son initiative, des propositions ou des recommandations »104. Cette instance est composée de
représentants des collectivités territoriales, du monde économique (entreprises, syndicats...), des organisations non gouvernementales, des associations
de consommateurs et des personnalités qualifiées. Il constitue un moyen d'expression pour la société civile indispensable au regard de l'impératif de
participation induit par la notion de développement durable.

Cette organisation administrative a été critiquée par un rapport parlementaire en raison de sa faiblesse au regard de l'appareil administratif de l'État105
et par la doctrine qui souligne une certaine prolifération des instances en charge du développement durable106. Elle devrait évoluer suite à la création
d'un ministère d'État regroupant des administrations stratégiques en matière de développement durable107 et les « grenelles de l'environnement »108.
Le Parlement souhaite aussi se doter d'une organisation pour suivre la question du développement durable109. Cette étude doit aussi être complétée
afin de prendre en compte les évolutions constatées dans l'organisation administrative des collectivités locales pour intégrer la problématique du
développement durable. Mais, la diversité des approches de ces dernières ne permet pas de dresser un tableau synthétique de l'impact administratif de
la notion de développement durable pour les collectivités locales. Des associations spécialisées préconisent toutefois un cadre institutionnel pour
l'élaboration des agendas 21 locaux110. Par ailleurs, il semble que se dégage une certaine unité entre le national et le local s'agissant de la motivation
des évolutions administratives. La collaboration entre les services pour les collectivités et l'interministériel pour l'État est gage d'une meilleure
efficacité des politiques publiques de développement durable. L'organisation administrative évolue pour intégrer la dimension transversale du
développement durable. Les institutions internationales semblent davantage mobilisées pour conforter des instruments internationaux qui relèvent
souvent d'un « droit mou ». Les politiques publiques internationales, nationales et locales du développement durable présentent davantage de
concordance.

B. _ Développement durable et politiques publiques


L'analyse des politiques publiques permet également de mesurer l'influence de la notion de développement durable. À l'image de l'organisation
administrative, il convient de délimiter l'étude à certaines politiques publiques internationales et à la situation française.

S'agissant du cadre international, les trois sommets de la Terre visaient à promouvoir le développement durable et traduire « le souci de concrétisation
»111. Le sommet de Stockholm en 1972 débouche sur un « plan d'action ». Celui-ci comprend notamment le Plan Vigie, « mécanisme inter-institutions de
coopération dans les domaines de l'évaluation de l'environnement, de l'alerte rapide et des données et informations sur l'environnement »112. Ce
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sommet se prolonge ultérieurement par la création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Ce dernier favorise l'émergence
d'accords internationaux. Il peut intervenir soit en amont, en préparant les instruments internationaux113, soit en aval, en assurant le secrétariat de
plusieurs conventions multilatérales comme la convention sur les espèces migratrices, la convention sur le changement climatique (...). Cet organisme
exerce également des fonctions d'études en matière d'environnement. Il recueille des informations sur l'état de l'environnement et en assure la
diffusion. Il assure « le rassemblement et la diffusion des données sur les substances chimiques pouvant causer des accidents ou un préjudice à
l'environnement »114. Il contribue au transfert de connaissances et de technologies, à la promotion de la recherche et à la coopération (plan stratégique
de Bali). Il intervient dans le cadre de programmes pour protéger les espaces marins (plan d'action pour la Méditerranée en 1975, programme d'action
mondiale pour protéger les récifs coralliens), la couche d'ozone (programme Action Ozone) et certaines espèces animales (projet pour la sauvegarde
des grands singes). Le PNUE conduit des actions dans le secteur de l'énergie (énergies renouvelables, efficacité énergétique, transport...). Il est un acteur
actif de l'éducation à l'environnement115.

Au deuxième sommet de la terre, la conférence de Rio en juin 1992 se manifeste également la volonté d'agir au-delà du simple constat des
dégradations environnementales et de la nécessaire prise de conscience. L'agenda 21 (ou Action 21) doit constituer « une stratégie d'action pour tous les
acteurs de l'environnement »116. Il comprend quatre sections et quarante chapitres : dimensions sociales et économiques (coopération internationale,
lutte contre la pauvreté, modes de consommation...), conservation et gestion des ressources aux fins de développement (protection de l'atmosphère,
lutte contre le déboisement, la désertification et la sécheresse...), renforcement des principaux groupes sociaux (femmes, enfants et jeunes, ONG,
collectivités locales...) et moyens d'exécution (mécanismes financiers, transfert de techniques, sensibilisation du public et formation...)117. Dans le
prolongement de ce sommet, la Commission du développement durable (CDD), nouvellement créée, doit porter ces politiques publiques. Elle assure
ainsi le suivi d'Action 21 et doit mobiliser l'ensemble des acteurs notamment au regard de la déclinaison en agendas 21 locaux du sommet de la Terre.
Elle reçoit des rapports des États et des ONG sur le développement durable. Elle « évalue les progrès réalisés en matière de transferts technologiques et
de soutien financier et encourage un dialogue entre les acteurs pertinents et l'ONU »118. Son action repose sur des cycles thématiques119. Enfin, elle
met en oeuvre le plan d'application du sommet de Johannesburg de 2002. Ce dernier comporte des chapitres transversaux (élimination de la pauvreté,
modification des modes de consommation et de production non viables, protection et gestion des ressources naturelles aux fins du développement
économique et social...) et des approches territorialisées du développement durable (États insulaires, Afrique, Amérique latine...)120.

Au plan national, les politiques publiques en matière de développement durable sont synthétisées dans un document intitulé « stratégie nationale du
développement durable ». Ce document fait l'objet de deux versions en 1997 et 2003. Il concrétise l'engagement international de la France lors des
sommets de Rio et de Johannesburg. La volonté exprimée, par le gouvernement lors du séminaire gouvernemental sur le développement du 28
novembre 2002, est de mettre en oeuvre la dimension transversale de cette politique publique. Lors du Comité interministériel pour le développement
durable du 3 juin 2003, le gouvernement a rappelé sa volonté de disposer d'un document opérationnel qui ne se contente pas d'exprimer des principes
généraux. Le document adopté lors de cette réunion présente six axes stratégiques : « le citoyen, acteur du développement durable », « territoires », «
activités économiques, entreprises et consommateurs », « prévenir les risques, les pollutions et autres atteintes à la santé et à l'environnement », « vers
un État exemplaire », et « action internationale ». Dix programmes d'action précisent ces objectifs et intègrent les trois piliers du développement
durable y compris la dimension sociale. Toutefois, l'axe « activités économiques, entreprises et consommateurs » concentre à lui seul quatre
programmes. La contribution de l'ensemble de la société est recherchée : citoyens (éducation à l'environnement, débat public...), entreprises et
collectivités locales. Cette stratégie nationale a été critiquée au regard du manque de précision de ses objectifs et de l'évaluation, d'une certaine
difficulté à mobiliser l'ensemble des acteurs de la société civile, des faiblesses de la dimension interministérielle (...)121. Elle devrait être revue suite au «
grenelle de l'environnement »122. Dans ce cadre, plusieurs chantiers ont été ouverts et confiés à des groupes de travail : la lutte contre le changement
climatique, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, l'instauration d'un environnement respectueux de la santé, l'adoption de
modes de production et de consommation durables, la construction d'une démocratie écologique et la promotion de modes de développement
écologique favorables à la compétitivité et à l'emploi. Le 26 octobre 2007, une série de mesures a été arrêtée portant sur le bâtiment (consommation
énergétique), les transports (développement du rail, renouvellement du parc automobile ancien...), l'énergie (taxe carbone, énergies renouvelables...), la
santé, l'agriculture (bio, OGM...) et la biodiversité123.

Au plan local, des conseils régionaux, des conseils généraux, des intercommunalités et des communes ont souhaité mettre en oeuvre une politique
publique élaborée en matière de développement durable. Sans pouvoir exposer l'ensemble des actions conduites, il convient de souligner l'importance
des agendas 21 locaux. Initiés par la conférence de Rio et particulièrement le programme Action 21124, ils doivent contribuer à la conciliation des trois
piliers du développement durable. Ils permettent d'établir une cohérence s'agissant des différents documents réglementaires (PLU, SCOT, PLH...).
L'élaboration et le contenu de ces agendas ne répondent pas à un cadre juridique contraignant. Ils s'inscrivent davantage dans une logique de bonnes
pratiques définies par le ministère de l'environnement, des associations de protection de l'environnement et des associations d'élus. Ainsi, le Comité 21
propose un cadre institutionnel pour élaborer cet agenda 21125 et le ministère de l'environnement organise une procédure de reconnaissance en
posant des critères de procédure et de contenu126. Il s'agit pour l'État de réaliser l'objectif de cinq cents agendas 21 locaux en cinq ans, fixé par la
Stratégie nationale de développement durable. Après la publication de la « Charte des Maires pour l'Environnement » de l'Association des Maires de
France, le thème du développement durable devrait figurer en bonne place dans les programmes électoraux de 2008127.

Au regard des politiques publiques, il est possible de distinguer des traits communs aux actions internationales, nationales et locales. L'outil agenda 21
et les thématiques envisagées se rapprochent. S'agissant de l'effectivité d'une norme du développement durable, il convient de relever des incertitudes
partagées.

C. _ Développement durable et norme opposable


L'affirmation du principe de développement durable a entraîné des évolutions s'agissant de l'organisation administrative et des politiques publiques. Il
est toutefois possible de s'interroger sur le seuil de normativité de ce concept. La situation internationale et l'exemple français seront successivement
envisagés.

Le droit international a été porteur pour le développement durable notamment dans le cadre des sommets de la Terre. Toutefois, la question de la
normativité ne doit pas être écartée. Classiquement, certains instruments internationaux relèvent d'un « droit mou », c'est-à-dire d'une fonction
déclaratoire du droit ou d'un droit en construction. Pour les traités internationaux relevant d'un « droit dur », il est toujours pertinent de s'interroger sur
le seuil de normativité des principes énoncés. En matière de droit international de l'environnement, Nguyen Quoc Dinh, Patrick Dailler et Alain Pellet
ont relevé que les « instruments (hard) durs énoncent des règles (soft) molles, qui apparaissent davantage comme des demandes adressées à leurs
destinataires, des orientations qui leur sont proposées, des incitations à se comporter d'une certaine manière que comme de véritables obligations
juridiques »128. Pour ces auteurs, « on est, certes, en présence de traités mais leur maturité normative est inégale et leurs vertus pédagogiques sont,
dans certains cas, plus visibles que leur valeur proprement juridique »129. La conférence de Rio de 1992 illustre cette double faiblesse. La Déclaration de
Rio ne présente pas une valeur obligatoire et la convention sur les changements climatiques est imprégnée d'un langage incitatif. Toutefois, certaines
décisions démontrent qu'une évolution est possible. Dans un avis consultatif en 1996, la Cour internationale de justice a précisé que « l'environnement
n'est pas une abstraction, mais bien l'espace où vivent les êtres humains et dont dépendent la qualité de leur vie et leur santé, y compris pour les
générations à venir. L'obligation générale qu'ont les États de veiller à ce que les activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur
contrôle respectent l'environnement dans d'autres États ou dans des zones ne relevant d'aucune juridiction nationale fait maintenant partie du corps

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de règles du droit international de l'environnement »130. Dans une affaire contentieuse de 1997, les risques de l'activité humaine pour les générations
futures sont évoqués et la notion de développement durable utilisée pour concilier le développement et la protection de l'environnement131. Toutefois,
la Cour analyse le développement durable comme « un concept », minoritaire le juge Weeramantry y voit un principe juridique. Cette conciliation est
également évoquée par la Cour Permanente d'arbitrage dans une sentence arbitrale de 2004 : « le droit environnemental et le droit du développement
ne sont pas des solutions alternatives mais se renforcent mutuellement, tel des concepts intégraux qui requièrent, lorsque le développement peut
causer un dommage important à l'environnement, l'application d'un devoir de prévenir, ou du moins, de limiter un tel dommage (...) Ce devoir, selon le
Tribunal, fait désormais partie du droit général international. Ce principe s'applique non seulement de façon autonome mais aussi lors de la mise en
oeuvre de traités spécifiques entre les États132 ». Il ne s'agit donc pas d'une jurisprudence établie mais de prémisses. Cette faiblesse du droit
international présente également des inconvénients pour les particuliers qui ne peuvent invoquer certains instruments internationaux devant les
juridictions internes133.

En droit interne, le degré de normativité de la notion de développement durable est incertain du fait de l'adoption récente de la Charte de
l'environnement. Elle reconnaît le principe dans son 7e considérant : « afin d'assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux
besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ». Le
rapporteur à l'Assemblée semble conférer une valeur interprétative à cette disposition134. Pour Bertrand Mathieu, le juge peut consacrer sur ce
fondement un objectif constitutionnel135. En effet, le juge est libre de développer une interprétation plus audacieuse. L'article 6 vise plus
spécifiquement les politiques publiques qui « doivent promouvoir un développement durable. À cet effet, elles concilient la protection et la mise en
valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social ». Pour le rapporteur au Sénat, le législateur « pourrait être soumis en la
matière au contrôle de l'erreur manifeste par le Conseil constitutionnel »136. Cette analyse est confortée par une décision du Conseil constitutionnel du
28 avril 1995, dans laquelle le juge précise qu'il appartient au législateur de concilier les trois piliers du développement durable et opère un contrôle sur
cette conciliation137. La doctrine reste toutefois partagée sur la portée exacte de l'article 6. L'incertitude porte en premier lieu sur l'interprétation plus
ou moins constructive du juge constitutionnel. Pour Yves Jégouzo, « il faut savoir que tous les mots utilisés par la Charte sont susceptibles d'avoir un
jour une résonance juridique, y compris des expressions aussi complexes que développement durable, environnement équilibré, diversité biologique,
etc. C'est donner au juge constitutionnel à la fois beaucoup de pouvoir et beaucoup de responsabilité, les craintes étant réduites par le constat qu'il a
jusqu'ici témoigné d'une certaine prudence »138. Pour Chantal Cans, le principe du développement durable dans la Charte est « un concept sans
contenu normatif »139 puisque la prééminence de l'environnement sur les deux autres piliers n'est pas clairement affirmée. Marie-Anne Cohendet
développe une analyse plus nuancée. Il faut bien reconnaître l'égalité établie entre les trois piliers si l'article est isolé de son contexte. Toutefois, le pilier
environnemental prend de l'importance si le développement durable est interprété au regard des autres dispositions de la Charte et notamment le
droit à un environnement équilibré140. La seconde incertitude porte sur l'existence d'un droit subjectif. La doctrine semble en effet très partagée sur le
fait de reconnaître cette caractéristique aux dispositions de la Charte141. Aucune réponse définitive ne semble devoir être apportée pour le moment.
Dans une ordonnance du 29 avril 2005, le juge administratif a considéré que le droit à l'environnement était « une liberté fondamentale de valeur
constitutionnelle »142 et a donc accueilli un référé liberté sur ce fondement. Toutefois, le Conseil d'État se montre lui plus circonspect sur la mise en
oeuvre du principe de précaution143.

Il est donc particulièrement difficile de présenter une approche définitive du degré de normativité de la notion de développement durable. En effet, les
instruments internationaux sont en voie de maturation et l'adoption récente de la Charte de l'Environnement ne permet pas d'identifier clairement
l'interprétation qui en sera donnée par le juge. Toutefois, la notion de développement durable a permis de décloisonner la protection de
l'environnement et de l'intégrer dans un ensemble plus large de préoccupations (développement économique et droits sociaux). Son affirmation
progressive dans des instruments internationaux a été mobilisatrice. La notion a ainsi prospéré sur le plan régional et en droit interne. Elle est
également porteuse de nouvelles politiques publiques et structures administratives. La description des rapports entre le droit et cette notion est donc
un exercice durable mais qui ne semble pas vain au regard des développements que suscitent ce concept.

1 – (1) C. Cans, « Le développement durable en droit interne : apparence du droit et droit des apparences », AJDA, 2003, p. 210.
2 – (2) G. Pieratti et J.-L. Prat, « Droit, économie, écologie et développement durable : des relations nécessairement complémentaires mais
inévitablement ambiguës », RJE 3/2000, p. 422.
3 – (3) F.-D. VIVIEN, Le développement soutenable, La Découverte, 2005, p. 3.
o
4 – (4) J.-P. DUFAU et E. BLESSIG, Les instruments du développement durable, rapport d'information, n 2248, p. 7.
5– (5) C. Cans, op. cit., p. 217. Sur ce sujet, L. Caramel, « Le développement durable a ses limites », Le Monde, 30 octobre 2007, p. 7.
6 – (6) F.-D. Vivien, Le développement soutenable, op. cit., p. 64.
7 – (7) K. Bartenstein, « Les origines du concept de développement durable », RJE 3/2005, p. 294.
8 – (8) Ibid., p. 295.
9 – (9) Ibid., p. 296.
10 – (10) F.-D. Vivien, Le développement soutenable, op. cit., p. 7-9.
11 – (11) J.-P. Dufau et E. Blessig, Les instruments du développement durable, op. cit., p. 11.
e
12 – (12) R. ROMI, Droit et administration de l'environnement, Montchrestien, 2 éd., 1997, p. 12.
13 – (13) Sur ce sujet, « Les trois piliers du développement durable : historique et bilan de la politique française », www.planetecologie.org
14 – (14) G. Pieratti et J.-L. Prat, « Droit, économie, écologie et développement durable : des relations nécessairement complémentaires mais
inévitablement ambiguës », op. cit., p. 427-430.
15 – (15) Sur les différentes approches théoriques : J. VAILLANCOURT, Évolution conceptuelle et historique du développement durable, rapport de
recherche pour le regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (www.rncreq.org).
16 – (16) R. Romi, Droit et administration de l'environnement, op. cit., p. 5-6.
e
17 – (17) M. PRIEUR, Droit de l'environnement, 3 édition, Dalloz, 1996, p. 7.
18 – (18) « Afin d'assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des
générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ».
19 – (19) I. Sachs, « Le droit au développement durable » (www.diplomatie.gouv.fr).
20 – (20) J. Attard, « Le fondement solidariste du concept environnement-patrimoine commun », RJE 2/2003, p. 161.
21 – (21) I. Sachs, « Le droit au développement durable » (www.diplomatie.gouv.fr).
o
22 – (22) B. Deflesselles, La Charte de l'environnement : une valeur commune européenne, rapport d'information n 1372, Assemblée nationale, janvier
2004, p. 41.
o
23 – (23) B. Mathieu, « Observations sur la portée normative de la Charte de l'environnement », Cahiers du Conseil constitutionnel, n 15, www.conseil-
constitutionnel.fr
24 – (24) J. Attard, « Le fondement solidariste du concept environnement-patrimoine commun », op. cit., p. 162.
25 – (25) Ibid., p. 163.
26 – (26) M. Prieur, Droit de l'environnement, op. cit., p. 8.
27 – (27) A. Kiss, « De la protection intégrée de l'environnement à l'intégration du droit international de l'environnement », RJE 3/2005, p. 264.
28 – (28) M. Prieur, Droit de l'environnement, op. cit., p. 7.
29 – (29) Avis du Conseil économique et social du 12 mars 2003.
30 – (30) C. Cans, « Le développement durable en droit interne : apparence du droit et droit des apparences », op. cit., p. 211.
31 – (31) B. Deflesselles, La Charte de l'environnement : une valeur commune européenne, op. cit., p. 39-40.
32 – (32) L. FERRY, Le nouvel ordre écologique, Grasset, 1992, p. 256.
33 – (33) Ibid., p. 31.
(34) Ibid., p. 32.
9/12
(34) Ibid., p. 32.
34 –
35 – (35) Ibid., p. 33.
36 – (36) F. Blais et M. Filion, « De l'éthique environnementale à l'écologie politique », p. 269, www.erudit.org.
37 – (37) L'expression est utilisée dans un premier temps en anglais : « deep ecology ».
38 – (38) F. Blais et M. Filion, « De l'éthique environnementale à l'écologie politique », op. cit., p. 261.
39 – (39) A. Naesse, "The deep ecological movement : some philosophical aspects", cité par L. FERRY, in Le nouvel ordre écologique, op. cit., p. 145.
40 – (40) F. Blais et M. Filion, « De l'éthique environnementale à l'écologie politique », op. cit., p. 262.
41 – (41) L. Fonbaustier, « Environnement et pacte écologique _ Remarques sur la philosophie d'un nouveau droit à », Cahiers du Conseil constitutionnel,
no 15, www.conseil-constitutionnel.fr. De même, Luc Ferry relève cette difficulté juridique, « celle qui choque par l'évidence, est que la nature n'est pas
un agent, un être susceptible d'agir avec la réciprocité qu'on attend d'un alter ego juridique. C'est toujours pour les hommes qu'il y a du droit, pour eux
que l'arbre ou la baleine peuvent devenir les objets d'une forme de respect liée à des législations _ non l'inverse » (L. Ferry, Le nouvel ordre écologique,
op. cit., p. 257).
42 – (42) F. Ost, « Écologie et droits de l'homme », www.dhdi.free.fr.
43 – (43) F. Blais et M. Filion, « De l'éthique environnementale à l'écologie politique », op. cit., p. 264.
44 – (44) Ibid., p. 276.
o
45 – (45) M.-A. Cohendet, « La Charte et le Conseil constitutionnel : point de vue », RJE, n spécial La Charte constitutionnelle de l'environnement en
vigueur, décembre 2005, p. 129.
o
46 – (46) B. Mathieu, « La Charte et le Conseil constitutionnel : point de vue », RJE, n spécial La Charte constitutionnelle de l'environnement en vigueur,
décembre 2005, p. 135. Il précise également que « L'article 6 de la Charte s'adresse directement au législateur et aux autorités administratives. Il traduit
l'objectif constitutionnel de développement durable fixé par les considérants. En ce sens, la protection et la mise en valeur de l'environnement, pris ici
en compte pour lui-même, doivent être conciliées avec le développement économique et social. C'est incontestablement une invitation adressée aux
juges de veiller à ce que les autorités normatives prennent en compte ces exigences et les concilient avec d'autres principes ou exigences
constitutionnelles » (« Observations sur la portée normative de la Charte de l'environnement », op. cit.).
o
47 – (47) Décision n 2005-514 DC du 28 avril 2005.
48 – (48) M. Prieur, « Droit de l'homme à l'environnement et développement durable », www.francophonie-durable.org, p. 1.
49 – (49) CIJ, 25 septembre 1997, affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros.
50 – (50) N. QUOC DINH, P. DAILLER et A. PELLET, Droit international public, LGDJ, 1999, p. 1253.
51 – (51) M. Prieur, « Droit de l'homme à l'environnement et développement durable », op. cit., p. 2.
o
52 – (52) A. Kiss, « Environnement, droit international, droits fondamentaux », Cahiers du Conseil constitutionnel, n 15, www.conseil-constitutionnel.fr
53 – (53) M.-A. Cohendet, « La Charte et le Conseil constitutionnel : point de vue », op. cit., p. 129-130.
54 – (54) L. Fonbaustier, « Environnement et pacte écologique _ Remarques sur la philosophie d'un nouveau droit à », op. cit.
o
55 – (55) M. Prieur, « Vers un droit de l'environnement renouvelé », Cahiers du Conseil constitutionnel, n 15, www.conseil-constitutionnel.fr
56 – (56) F. Ost, « Écologie et droits de l'homme », op. cit.
57 – (57) Sur ce point, N. Quoc Dinh, P. Dailler et A. Pellet, Droit international public, op. cit., p. 1248.
58 – (58) Ibid., p. 1251 et 1253.
59 – (59) J.-P. DUFAU et E. BLESSIG, Les instruments du développement durable, op. cit., p. 12.
60 – (60) M. Baudin et T. Libaert, « Le développement durable a 20 ans », Libération, 3 août 2007, p. 16.
61 – (61) « Le principal objectif du développement consiste à satisfaire les besoins et aspirations de l'être humain. Actuellement, les besoins essentiels de
quantité d'habitants des pays en développement ne sont pas satisfaits : le besoin de se nourrir, de se loger, de se vêtir, de travailler. Qui plus est, au-delà
de ces besoins essentiels, ces gens aspirent _ et c'est légitime _ à une amélioration de la qualité de leur vie. Un monde où la pauvreté et l'injustice sont
endémiques sera toujours sujet aux crises écologiques et autres. Le développement durable signifie que les besoins essentiels de tous sont satisfaits, y
compris celui de satisfaire leurs aspirations à une vie meilleure » (Première partie/Chapitre 2/ I du rapport « Brundtland »).
62 – (62) « Un niveau supérieur au minimum vital serait envisageable à la seule condition que les modes de consommation tiennent compte des
possibilités à long terme. Or, nombre d'entre nous vivons au-dessus des moyens écologiques de la planète, notamment en ce qui concerne notre
consommation d'énergie » (Première partie/Chapitre 2/ I du rapport « Brundtland »).
63 – (63) « Il existe un fil conducteur dans cette stratégie du développement durable : la nécessité d'intégrer les préoccupations économiques et
écologiques dans la prise de décisions. Dans la réalité, ces problèmes sont interreliés. Il faudra donc modifier les comportements, les objectifs et les
dispositifs institutionnels à tous les échelons » (Première partie/Chapitre 2/III/7 du rapport « Brundtland »).
64 – (64) « Les formes traditionnelles de la souveraineté nationale sont de plus en plus ébranlées par les réalités de l'interdépendance écologique et
économique » (Troisième partie/Chapitre 10/Introduction).
65 – (65) « À partir des éléments contenus dans la Déclaration de Stockholm de 1972, dans la Déclaration de Nairobi de 1982 et dans les multiples
conventions internationales déjà adoptées ainsi que dans les résolutions de l'Assemblée générale, il est devenu nécessaire d'élargir les principes
juridiques pertinents et de les colliger dans une nouvelle charte qui servira à guider les États dans la progression vers un développement durable »
(Troisième partie/Chapitre 12/5-2).
66 – (66) « Tout être humain a le droit fondamental à un environnement suffisant pour assurer sa santé et son bien-être », « les États préserveront et
utiliseront l'environnement et les ressources naturelles dans l'intérêt des générations présentes et futures », « les États veilleront à ce que la préservation
fasse partie intégrante de la planification et de l'exécution des activités de développement et prêteront assistance aux autres États, en particulier aux
pays en développement, pour favoriser la protection de l'environnement et un développement durable » (annexe 1 du rapport).
67 – (67) A. Kiss, « De la protection intégrée de l'environnement à l'intégration du droit international de l'environnement », op. cit., p. 261.
68 – (68) Sur la suite donnée à cette convention, G. Dupont, « La convention des Nations unies contre la désertification reste en panne », Le Monde, 18
septembre 2007, p. 7.
er
69 – (69) Sur la suite donnée au protocole, L. Monnot, « À Vienne, 158 pays ont tenté de s'accorder sur l'après-kyoto », Le Monde, 1 septembre, p. 7 ; H.
Kempf, « Les négociations pour un nouveau traité sur les gaz à effet de serre ont débuté », Le Monde, 4 décembre 2007, p. 7 ; P. Ricard, « L'Europe se veut
en pointe du combat pour le climat », Le Monde, 7 décembre 2007, p. 7.
70 – (70) Sur cette question, M. Prieur, « Droit de l'homme à l'environnement et développement durable », op. cit., p. 4.
71 – (71) A. Kiss, « De la protection intégrée de l'environnement à l'intégration du droit international de l'environnement », op. cit., p. 266.
72 – (72) L'article 2 du Traité précise qu'un des objectifs de l'Union européenne est de promouvoir « un développement harmonieux, équilibré et durable
des activités économiques ».
73 – (73) Sur cette question, G. Braibant, « L'environnement dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne », Cahiers du Conseil
constitutionnel, n o 15, www.conseil-constitutionnel.fr
o
74 – (74) M. Prieur, « La convention d'Aarhus, instrument universel de la démocratie environnementale », RJE, n spécial sur la convention d'Aarhus, 1999,
p. 17.
75 – (75) M. Bothe, « Le droit de l'environnement dans la constitution allemande », RJE, décembre 2005, p. 39.
76 – (76) CE, Ass., 613/2002 cité par Takis Nikolopoulos et Mario Haïdarlis, « La Constitution, la jurisprudence et la protection de l'environnement en
Grèce », RJE, décembre 2005, p. 69.
77 – (77) M. Haïdarlis, « Durabilité, développement durable et droit hellénique », RJE, 3/2003, p. 417.
78 – (78) « Art. 45. 1. Toute personne a le droit de jouir d'un environnement approprié pour développer sa personnalité et elle a le devoir de le conserver
».2. Les pouvoirs publics veilleront à l'utilisation rationnelle de toutes les ressources naturelles, afin de protéger et améliorer la qualité de la vie et de
défendre et restaurer l'environnement, en ayant recours à l'indispensable solidarité collective.3. Ceux qui violeront les dispositions du paragraphe
précédent seront soumis, dans les termes que la loi établira, à des sanctions pénales ou, s'il y a lieu, à des sanctions administratives et ils seront obligés
de réparer les dommages causés ».
(79) Paulo Affonso Leme Machado, « L'environnement et la Constitution brésilienne », Cahiers du Conseil constitutionnel, no 15, www.conseil-
10/12
o
79 – (79) Paulo Affonso Leme Machado, « L'environnement et la Constitution brésilienne », Cahiers du Conseil constitutionnel, n 15, www.conseil-
constitutionnel.fr
80 – (80) Ibid.
81 – (81) « La Confédération et les cantons oeuvrent à l'établissement d'un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de
renouvellement, et son utilisation par l'être humain ».
82 – (82) Y. Jégouzo, « La genèse de la Charte constitutionnelle de l'environnement », RJE, septembre 2003, p. 31.
83 – (83) « Longtemps affaire de spécialistes, la protection de l'environnement est devenue un impératif éminemment politique, qui concerne la cité
planétaire tout entière. Il s'agit de faire prévaloir une certaine conception de l'homme par rapport à la nature. Il s'agit de rappeler ses droits, et aussi ses
responsabilités. Il s'agit de définir une éthique collective pour la prise de décision, dans le respect des droits des générations futures. Une nouvelle et
grande ambition s'impose à tous, en tous les cas à nous : faire de la France le creuset de cette nouvelle éthique et d'une autre façon de vivre le XXI e
siècle. Inscrire une écologie humaniste au coeur de notre pacte républicain ».
84 – (84) « Tout est une question de volonté, placée au service d'une philosophie pour l'homme : l'écologie humaniste. Une écologie qui reconnaît la
place centrale de l'homme sur la planète, et l'étendue de ses responsabilités. Une écologie concrète qui cherche à améliorer notre quotidien, tout en
préservant les grands équilibres planétaires. Une écologie ouverte, qui inspire des règles rigoureuses, lorsque c'est nécessaire, dans le respect des
libertés individuelles. Il s'agit d'inventer un nouveau mode de développement, un nouvel art de vivre où la qualité l'emporte sur la quantité, où
l'environnement, l'économie et le social sont placés sur un pied d'égalité. Il s'agit de conduire le développement durable et de lui donner un contenu
concret : c'est la mission historique de nos générations en ce début du XXIe siècle que de protéger l'environnement, bien commun de l'Humanité ».
85 – (85) Rapport de la commission Coppens, p. 18 (http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/ pdf/rapport-coppens.pdf).
o
86 – (86) N. Kosciusko-Morizet, Rapport au nom de la commission des lois, n 1595, A.N., 12 mai 2004, p. 116.
87 – (87) Ibid., p. 70.
88 – (88) Ibid., p. 116.
89 – (89) Ibid., p. 115.
o
90 – (90) P. GÉLARD, Rapport au nom de la commission des lois, n 352, Sénat, 2003/2004, p. 59.
o
91 – (91) B. DEFLESSELLES, La Charte de l'environnement : une valeur commune européenne, rapport d'information n 1372, A.N., janvier 2004, p. 46-47.
92 – (92) N. KOSCIUSKO-MORIZET, Rapport au nom de la commission des lois, op. cit., p. 13.
93 – (93) « La gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue doit être assurée dans le respect de la protection de la nature, de
l'environnement et de la santé, en prenant en considération les droits des générations futures » (art. 1er).
o
94 – (94) M. Prieur, « La constitution et l'environnement », Cahiers du Conseil constitutionnel n 15, www.conseil-constitutionnel.fr
95 – (95) « Les espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques
auxquels ils participent font partie du patrimoine commun de la nation. Leur protection, leur mise en valeur, leur restauration, leur remise en état et
leur gestion sont d'intérêt général et concourent à l'objectif de développement durable qui vise à satisfaire les besoins de développement des
générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
96 – (96) A. Kiss, « Les principes généraux du droit international de l'environnement sont-ils reflétés par le Code de l'environnement ? », Le Code français
de l'environnement, RJE, 2002, p. 16.
97 – (97) N. QUOC DINH, P. DAILLER et A. PELLET, Droit international public, op. cit., p. 1225.
98 – (98) Ibid.
99 – (99) L. Gimalac et C. Raffermi, « De la création d'une véritable gouvernance mondiale dans le domaine de l'environnement : entre utopie et
pragmatisme », Droit de l'environnement, juin 2003, p. 68. Les travaux du Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat, fondé par
le PNUE et l'Organisation météorologique mondiale, ont été distingués en 2007 par le prix Nobel de la paix (S. Foucart et H. Kempf, « Le Nobel de la
paix consacre l'importance de l'écologie », Le Monde, 14-15 octobre 2007, p. 4).
100 – (100) A. KISS et J.-P. BEURIER, Droit international de l'environnement, Pedone, 2004, p. 116.
o
101 – (101) Article 2 du décret n 2004-601 du 24 juin 2004 relatif au délégué interministériel au développement durable.
o
102 – (102) Article 3 du décret n 2003-145 du 21 février 2003 portant création du comité interministériel pour le développement durable.
103 – (103) Elle conduit à la suppression du comité interministériel pour l'environnement et du comité interministériel de prévention des risques
naturels majeurs.
o
104 – (104) Article 2 du décret n 2003-36 du 13 janvier 2003 portant création du Conseil national du développement durable.
105 – (105) « L'examen du dispositif institutionnel conforte aussi l'analyse d'une volonté politique limitée. Suffit-il qu'il existe un comité interministériel,
un délégué interministériel et un conseil national pour instituer une politique englobante, dont les autres ne seraient que les émanations sectorielles ? »
(J.-P. DUFAU et E. BLESSIG, Les instruments du développement durable, op. cit., p. 40).
o
106 – (106) C. Cans, « Naissance d'une énième instance du développement durable », Droit de l'environnement, n 107, avril 2003, p. 64-65.
107 – (107) « Le cadre, c'est le MEDAD, super-ministère où se trouvent rassemblés l'énergie et l'écologie, les transports et l'urbanisme, la mer et
l'aménagement du territoire, la montagne et la forêt. Sur le plan des institutions, c'est une véritable révolution et je crois qu'elle est unique en Europe
(...). Ainsi, l'écologie qui relevait jusqu'alors d'un ministère sans réelle capacité d'action, cantonné souvent dans un rôle d'incantation ou d'interdiction, se
trouve désormais sous l'autorité d'un ministre qui détient un vrai pouvoir de décision dans tous les domaines qui la concernent. La question aujourd'hui
n'est plus de s'occuper uniquement des routes, de la mer, des avions, de façon dispersée. Il faut intégrer le développement durable au coeur de toutes
nos politiques. Pour la première fois, un ministre dispose de tous les leviers pour y parvenir et croyez-moi, il est conscient de ses responsabilités »
(intervention de M. Jean-Louis Borloo, ministre d'État, ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables pour la présentation de
la stratégie et des orientations du ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables le 29 juin 2007,
www.ecologie.gouv.fr/Intervention-de-M-Jean-Louis.Borloo.html).
o
108 – (108) Le groupe de travail n 5 « construire une démocratie écologique : institutions et gouvernance » envisage ainsi « Une stratégie nationale de
développement durable validée par le Parlement, associant les collectivités territoriales à travers une Conférence des élus, ainsi que l'ensemble des
acteurs de la Société civile à travers un Conseil économique et social rénové » (http://www.legrenelle-environnement.fr). Pour une analyse critique, se
référer à Corinne Lepage, « Environnement : un grenelle pour quoi faire ? », Le Monde, 22 août 2007, p. 13.
o
109 – (109) Proposition de loi insérant un article 6 nonies à l'ordonnance n 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées
parlementaires et portant création d'une délégation parlementaire à l'environnement et au développement durable, no 316, Sénat 2006/2007.
110 – (110) Un cadre institutionnel est proposé par le Comité 21 pour l'élaboration des agendas 21 : « Le succès de la démarche Agenda 21 repose sur la
mobilisation des acteurs, du diagnostic à l'élaboration du plan d'action et à la mise en oeuvre d'initiatives très concrètes. Pour ce faire, plusieurs « leviers
» d'action doivent être conçus : la création d'un service Agenda 21, rattaché à la direction générale des services (...), un Comité de pilotage, composé
d'élus, des directions générales et du chargé de mission Agenda 21 (...), un Comité partenarial composé de la collectivité, de représentants du monde
associatifs, des entreprises, des syndicats, de l'Éducation nationale, des conseils municipaux de la jeunesse, des aînés, des conseils de quartiers (...) »
(www.agenda 21france.org).
111 – (111) N. Quoc Dinh, P. Dailler et A. Pellet, Droit international public, op. cit., p. 1251.
e
112 – (112) 9 session extraordinaire du conseil d'administration du PNUE, 7-9 février 2006.
o
113 – (113) S. LEPELTIER, Mondialisation : une chance pour l'environnement ?, Rapport d'information du Sénat, n 233, 2003-2004, p. 84.
114 – (114) A. Kiss et J.-P. Beurier, Droit international de l'environnement, op. cit., p. 76.
115 – (115) Le site de l'institution (http://www.unep.org/french/) propose les rapports annuels depuis 2000.
116 – (116) M. Prieur, Droit de l'environnement, op. cit., p. 44.
117 – (117) Action 21 est consultable sur le site www.un.org/french/ga/special/sids/ agenda21/.
118 – (118) P. Le PRESTRE, Protection de l'environnement et relations internationales, Armand Colin, 2005, p. 84.
119 – (119) L'eau et l'assainissement/l'énergie, le développement industriel et la pollution atmosphérique/ l'agriculture, le développement rural et la

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désertification.
120 – (120) Ce plan est consultable sur le site agora21.org/johannesburg/rapports/plan-action.pdf
121 – (121) J.-P. DUFAU et É. BLESSIG, Les instruments du développement durable, op. cit., p. 35.
122 – (122) « Nous engagerons un travail continu sur les cinq prochaines années avec un premier rendez-vous majeur au mois d'octobre prochain : le «
Grenelle de l'environnement ». Cette grande négociation, demandée par le Président de la République, doit aboutir avant la fin du mois d'octobre à un
plan d'action de 20 à 30 mesures concrètes et quantifiables. L'objectif est d'obtenir un accord le plus large possible des participants car le consensus
est la condition de l'efficacité » (intervention de M. Jean-Louis Borloo, op. cit.).
123 – (123) G. Dupont, « Sarkozy vante une France pionnière de l'Écologie », Le Monde, 25 octobre 2007, p. 1.
124 – (124) « 28.1 Les problèmes abordés dans Action 21 qui procèdent des activités locales sont si nombreux que la participation et la coopération des
collectivités à ce niveau seront un facteur déterminant pour atteindre les objectifs du programme. En effet, ce sont les collectivités locales qui
construisent, exploitent et entretiennent les infrastructures économiques, sociales et environnementales, qui surveillent les processus de planification,
qui fixent les orientations et la réglementation locales en matière d'environnement et qui apportent leur concours à l'application des politiques de
l'environnement adoptées à l'échelon national ou infranational. Elles jouent, au niveau administratif le plus proche de la population, un rôle essentiel
dans l'éducation, la mobilisation et la prise en compte des vues du public en faveur d'un développement durable » (programme action 21).
125 – (125) Se rapporter à la partie précédente sur l'organisation administrative.
126 – (126) Une circulaire du 13 juillet 2006 fixe un « cadre de référence pour les projets territoriaux de développement durable et les agendas 21 locaux »
: « Les services du ministère de l'Écologie et du Développement durable, sous la direction du délégué interministériel au développement durable, ont
élaboré ce « cadre de référence » en s'appuyant sur un comité de pilotage ouvert largement. Ce document, que vous trouverez ci-joint, précise les
finalités et les éléments de démarche qui doivent caractériser un projet territorial de développement durable (lutte contre le changement climatique,
préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources, cohésion sociale et solidarité entre les territoires et entre les générations, épanouissement
de tous les êtres humains, dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables). Il retient aussi cinq
éléments déterminants concernant la démarche à conduire pour de tels projets (stratégie d'amélioration continue, participation, organisation du
pilotage, transversalité des approches, évaluation partagée) » (http://www.ecologie.gouv.fr/-Agendas-21-locaux-.htm).
127 – (127) Voir le numéro d'environnement magazine consacré à « la ville durable » (octobre 2007).
128 – (128) Droit international public, op. cit., p. 1233.
129 – (129) Ibid.
130 – (130)Paragraphe 29 de l'avis consultatif du 8 juillet 1996, Licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires.
131 – (131) Grâce aux nouvelles perspectives qu'offre la science et à une conscience croissante des risques que la poursuite de ces interventions à un
rythme inconsidéré et soutenu représenterait pour l'humanité _ qu'il s'agisse des générations actuelles ou futures-, de nouvelles normes et exigences
ont été mises au point, qui ont été énoncées dans un grand nombre d'instruments au cours des deux dernières décennies. Ces normes nouvelles
doivent être prises en considération et ces exigences nouvelles convenablement appréciées non seulement lorsque des États envisagent de nouvelles
activités, mais aussi lorsqu'ils poursuivent des activités qu'ils ont engagées dans le passé. Le concept de développement durable traduit bien cette
nécessité de concilier développement économique et protection de l'environnement (affaire du projet Gabcikovo-Nagymaros du 25 septembre 1997 _
parag. 140).
132 – (132) Belgique c. Pays-Bas -24 mai 2004, § 59.
133 – (133) « Considérant que la déclaration de Stockholm adoptée par la Conférence des Nations unies sur l'environnement de 1972, la Déclaration de
Rio sur l'environnement et le développement de 1992, la Charte mondiale de l'environnement et la Charte européenne de l'environnement et de la
santé ne produisent pas d'effets en droit interne » (CE, 6 juin 2007, Commune de Groslay, no 292942).
134 – (134) Voir infra.
135 – (135) « Les textes relatifs aux droits particulièrement nécessaires à notre temps formulent essentiellement des droits créance qui sont
juridiquement qualifiés d'objectifs constitutionnels. Un certain nombre de droits reconnus par la Charte de l'environnement peuvent être considérés
comme relevant de cette catégorie (...). On peut également considérer que le développement durable accède au rang d'objectif constitutionnel de la
même manière que la préservation de la capacité des générations futures ou celle des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins » ; B. Mathieu, «
Observations sur la portée normative de la Charte de l'environnement », Cahiers du Conseil constitutionnel n o 15, op. cit.
136 – (136) P. Gélard, Rapport au nom de la commission des lois, op. cit., p. 59.
137 – (137) « Considérant qu'aux termes de l'article 6 de la Charte de l'environnement de 2004 : "Les politiques publiques doivent promouvoir un
développement durable. À cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès
social" ; qu'il appartient au législateur de déterminer, dans le respect du principe de conciliation posé par ces dispositions, les modalités de sa mise en
oeuvre ; Considérant qu'aux termes de l'article 4 de la loi déférée : "Les navires immatriculés au registre international français sont soumis à l'ensemble
des règles de sécurité et de sûreté maritimes, de formation des navigants, de santé et de sécurité au travail et de protection de l'environnement
applicables en vertu de la loi française, de la réglementation communautaire et des engagements internationaux de la France" ; que le législateur a
ainsi pris des mesures de nature à promouvoir la sécurité maritime et la protection de l'environnement ; qu'il n'a pas, dès lors, méconnu les exigences
de l'article 6 de la Charte de l'environnement » (décision no 2005-514 DC du 28 avril 1995, Loi relative à la création d'un registre international français).
o
138 – (138) Y. Jégouzo, « Quelques réflexions sur le projet de charte de l'environnement », Cahiers du Conseil constitutionnel n 15, op. cit.
139 – (139) C. Cans, « La Charte constitutionnelle de l'environnement : évolution ou révolution du droit français de l'environnement », Droit de
l'environnement, septembre 2005, p. 202.
140 – (140) M.-A. Cohendet, « La Charte et le Conseil constitutionnel : point de vue », op. cit., p. 129.
o
141 – (141) « Débat », RJE, n spécial la Charte constitutionnelle de l'environnement en vigueur, 2005, p. 137.
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142 – (142) TA de Châlons-en-Champagne, ordonnance du 29 avril 2005, n 0500828. Se rapporter également à TA d'Amiens, ordonnance du 8
décembre 1945, M. et Mme Nowacki, no 0503011.
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143 – (143) CE, 6 avril 2006, Ligue pour la protection des oiseaux, n 283103.

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