Vous êtes sur la page 1sur 27

UNIVERSITE DE BRETAGNE OCCIDENTALE – UFR SCIENCES ET

TECHNIQUES

UE LIBRE : DEVELOPPEMENT DURABLE - EAU ET ENERGIE

1ère partie : GENERALITES

Blaise NSOM

NOTES DE COURS

Chapitre 1 : PRESENTATION DU DEVELOPPEMENT DURABLE

1.1 Définition du Développement Durable (DD)

La Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement a proposé en 1987, la


définition suivante du DD, dans le Rapport Brundtland : Le DD est un développement qui
répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre aux leurs. Le DD s’est construit comme une réponse des institutions et des
entreprises aux préoccupations de la société civile et de certaines ONG, relatives aux impacts
environnementaux et sociaux de l’activité des principaux agents économiques. Tous les
ecteurs d’activité sont concernés par le DD : l’agriculture, l’industrie et les services.

1.2 Historique

L’idée d’un développement pouvant à la fois réduire les inégalités sociales et réduire la
pression sur l’environnement a fait son chemin. En voici les dates principales :

1968 : Création du Club de Rome

1972 : Le Club de Rome publie le rapport : « The Limits to Growth », en français : « Les
Limites de la Croissance »
1980 : L’Union internationale pour la conservation de la nature » publie un rapport intitulé :
« La stratégie mondiale pour la conservation » où apparaît pour la 1ère fois la notion de
« Développement Durable », traduite de l’anglais « Sustainable Development ».

1987 : Une définition du DD est proposée par la Commission Mondiale sur l’Environnement
et le Développement (Rapport Brundtland)

1992 : 2ème Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro (Brésil), où est consacré le terme DD.
Adoption de la Convention de Rio et naissance de l’Agenda 21. La définition de Brundtland,
axée sur la préservation de l’environnement et la consommation prudente des ressources
naturelles non renouvelables est remplacée par la définition des « 3piliers » qui doivent être
conciliés dans une perspective de DD : le progrès économique, la justice sociale et la
préservation de l’environnement

1997 : 3ème Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques à Kyoto. On y
établit le Protocole de Kyoto

2002 : Sommet de Johannesburg (Afrique du Sud). On y ratifie un traité prenant position sur
la conservation des ressources naturelles et la biodiversité

2005 : Entrée en vigueur du protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet
de serre dans l’UE

1.3 Le DD, aujourd’hui

La révolution industrielle du 19ème siècle a introduit des critères de croissance essentiellement


économique, principal critère aisément mesurable. Ainsi, le produit intérieur brut (PIB) dont
l’origine remonte à 1930 est souvent vu comme l’indicateur de bonne santé d’un pays. Des
corrections ont ensuite été apportées sur le plan social, avec d’importantes avancées sociales.
L’expression « économique et social » fait depuis lors, partie du vocabulaire courant.

Les pays développés ont pris conscience depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979 que leur
prospérité matérielle était basée sur l’utilisation intensive de ressources naturelles finies et que
par conséquent, outre l’économique et le social, un 3ème aspect avait été négligé :
l’environnement. Les catastrophes industrielles de ces dernières années : Seveso (1976),
Bhopal (1984), Tchernobyl (1986), Exxon Valdez (1989) ainsi que les catastrophes naturelles :
Canicule en France (2003), Tsunami (2004), Floride (2005) ont rendu incontournable une
approche durable du développement.

L’objectif du DD est de définir des schémas viables qui concilient les 3 aspects économique,
social et environnemental des activités humaines : 3 piliers à prendre en compte par les
collectivités, par les entreprises et par les individus. A ces 3 piliers s’ajoute un aspect
transversal : la gouvernance. La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs :
citoyens, associations, entreprises, élus etc, au processus de décision. Elle est de ce fait, une
forme de démocratie participative.
Afin de subvenir aux besoins actuels sans pour autant se reposer sur l’utilisation « non
durable » de ressources « non renouvelables », un scénario en 3 points a été proposé :
efficacité (technologies plus performantes), sobriété (technologies utilisées avec parcimonie)
et utilisation de ressources renouvelables (énergie solaire, éoliennes, etc). Le patrimoine
culturel ne doit pas être oublié : transmis de génération en génération et faisant preuve d’une
grande diversité, l’UNESCO en souhaite la préservation.

1.4 Mise en œuvre du DD

On peut considérer que les objectifs du DD se classent en 4 catégories : ceux qui sont à traiter
à l’échelle de la planète : rapports entre nations, individus, générations ; ceux qui relèvent des
autorités publiques dans chaque grande zone économique (UE, Amérique du Nord, Amérique
Latine, …) ; ceux qui relèvent de la responsabilité des entreprises ; ceux qui relèvent de la
responsabilité individuelle de chaque citoyen

a/Gouvernance mondiale :

Historiquement, le DD a émergé suite à une longue période de négociations à l’échelle


mondiale (voir &1.2 : Historique du DD). Lors de ces rencontres, les parties prenantes (ONG,
Etats, Entreprises) ont discuté de grands enjeux mondiaux, mais aussi des modes de pilotage à
mettre en place dans les collectivités et les entreprises pour décliner correctement le concept
de DD. En plus de ces sommets généralistes, ont lieu des sommets sur des sujets plus ciblés
comme les sommets mondiaux de l’eau, qui ont lieu à des échéances plus rapprochées.

b/Gouvernance dans les Etats

*Union Européenne : Dans l’UE, le droit de l’environnement s’est progressivement déplacé


des états membres vers le niveau européen qui est apparu ensuite mieux adapté pour traiter
ces questions en plusieurs étapes. L’UE a alors demandé à chacun des états membres de
définir et de mettre en œuvre une stratégie nationale de DD. C’est en 2001que le DD apparaît
en France comme la nécessité pour les entreprises de rendre compte des conséquences
sociales et environnementales de leurs activités par rapport aux exigences de la société civile.
Cela s’est traduit par une disposition législative sur la communication dans la loi sur les
Nouvelles Régulations Economiques (NRE), poussant à m’élaboration de rapports de DD. La
Président Jacques Chirac a poussé à la rédaction d’une Charte de l’Environnement en 2004,
soulignant dans un discours que la France était le 1 er pays au monde à inclure l’environnement
dans sa constitution.

*Etats-Unis et pays anglo-saxons : Les entreprises anglo-saxonnes tissent des réseaux


d’influence autour des institutions internationales, en s’appuyant sur les ONG. Ceci permet de
collecter une quantité importante d’informations qui sont structurées puis gérées dans les
réseaux internationaux d’entreprises, d’universités, de centres de recherche notamment. La
stratégie américaine consiste aussi à tisser des liens avec les enceintes normatives privées
comme la Chambre de Commerce Internationale, située à Paris. La CCI rédige des « rules »
qui sont des règles-types dans tous les domaines des affaires et qui sont reprises comme
modèles dans les contrats financés par les organismes internationaux

c/Gouvernance sur les territoires : Agenda 21

Depuis le Sommet de Rio (992) et la signature de la Charte d’Aalborg (1994), les territoires
sont au cœur du DD. A l’aide des Agendas 21 – véritables plans d’actions de la politique de
DD des collectivités – les collectivités territoriales peuvent coopérer avec les entreprises, les
universités et les centres de recherche pour imaginer des solutions innovantes pour le futur.
Les Agendas 21 locaux sont réalisables à l’échelle d’une commune, d’un département, d’une
région, d’une communauté de communes ou d’une communauté d’agglomérations. Ils sont
définis en concertation avec les acteurs locaux, dans un cadre de démocratie participative et se
déroulent en plusieurs phases :

*définition des problématiques et priorités sociales, environnementales et économiques du


territoire

*établissement d’un plan d’actions précis ciblant ces problématiques

*mise en œuvre du plan d’actions

*évaluation et ajustements des actions mises en œuvre

d/Gouvernance dans les entreprises/ Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)

Créatrices de richesses, les entreprises participent directement au développement économique


par leurs investissements. Consommatrices de ressources naturelles, productrices de déchets
et génératrices de pollutions, leurs activités modifient l’environnement. A travail les
conditions de travail qu’elles proposent à leurs salariés, elles participent à créer, amplifier ou
réduire les inégalités sociales. Ainsi, les entreprises ont une capacité d’intervention qui peut se
révéler efficace en faveur du DD.

Pour le respect d’objectifs de DD par les entreprises, on parle spécifiquement de


« Responsabilité Sociétale des Entreprises, RSE », ou encore Responsabilité Sociale des
Entreprises ; en anglais : Corporate Social Responsability. La RSE est un concept par lequel
les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, de bonne
gouvernance dans leurs activités et dans leurs interactions sur une base volontaire. En effet, à
côté des obligations réglementaires et législatives, existe tout un champ d’actions possibles
sur la base du volontariat et qui peuvent s’appuyer notamment sur des normes. En France,
nous avons vu qu’une loi relative aux Nouvelles Régulations Economiques (NRE) qui incite
les entreprises cotées en boure à inclure dans leur rapport annuel, une série d’informations
relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités. Aujourd’hui, de
nombreuses entreprises se ont dotées de directions du DD. Elles ont engagé des politiques
souvent ambitieuses pour faire évoluer les comportements internes et incarner leurs
responsabilités sociale et environnementale.
e/Au niveau individuel : le DD, un comportement, un mode de vie

« Penser global, Agir local » aussi bien dans l’espace que dans le temps : Consommer les
produits locaux, consommer les produits de saison. Une démarche de DD peut être adoptée
dans tous les aspects de notre vie : éco-construction, eau de pluie, tri sélectif des ordures,
covoiturage, ampoules basse consommation, papier et tous objets recyclables faits en
mat »riaux biodégradables, emballage minimum, médicaments générique, etc.

1.4 Démarche de DD dans une collectivité ou une entreprise

Il n’existe pas dans l’organigramme d’une collectivité ou d’une entreprise un poste intitulé
« Chef de Service du DD ». Ainsi, le DD procède d’une démarche globale à l’organisation
concernée et est mise en œuvre selon une gestion de programme transverse selon un processus
complexe qui engage tous les domaines de l’entreprise, avec des correspondants dans les
principaux départements de l’entreprise, en impliquant les parties prenantes dans un business
model durable. Les services Marketing, R&D, Juridique, Achats sont tous concernés et
participent à la démarche.

1.5 Les rapports sociaux au travail

L’ensemble des lois régissant la relation au travail, la vision de ce qui est acceptable ou non
dans une relation de travail (travail des enfants, horaires maximums, conditions de sécurité,
etc…) sont autant d’aspects socialement construits, faisant l’objet de compromis entre
différents acteurs à une époque donnée et en un lieu donné. Ce rapport social au travail a
connu en France, des évolutions importantes. Cependant, à l’intérieur d’un rapport national, il
est aussi possible d’observer des différences locales en fonction des critères comme l’histoire
du lieu, l’environnement, ls volontés politiques et institutionnelles. Ainsi, le bassin minier du
Nord-Pas de Calais, bien que n’accueillant plus d’activité minière, continue aujourd’hui à
favoriser l’implantation d’entreprises issues notamment du secteur automobile (avec Renault
à Douai et Nissan à Valenciennes) qui sont des entreprises industrielles, proposant une
relation d’emploi particulière, avec des conditions de travail, une dimension ouvrière et des
horaires qui peuvent sous certains aspects, et compte tenu des progrès organisationnels
réalisés, rappeler la relation d’emploi des mineurs.

1.6 Les rapports sociaux à l’environnement

Le rapport à l’environnement pourrait se définir par les liens qui unissent la société à
l’ensemble des éléments naturels. De la même manière que le rapport social au travail, il est
encadré par un ensemble législatif mais il repose aussi sur un droit de propriété des éléments
naturels et un état des connaissances. L’ensemble législatif est évidemment représenté par les
lois et organismes qui définissent, encadrent et vérifient l’application des utilisations possibles
de l’environnement.

Les lois sur l’environnement sont souvent, elles-mêmes comprises et soumises à celles
régissant la propriété privée. Enfin, l’état des connaissances scientifiques influence de
manière conséquente, la compréhension des phénomènes naturels et par là, l’utilisation qu’il
est possible d’en faire ainsi que la notion de risque qui y est associée.
1.7 Quelques propositions

*Il s’agit de placer les citoyens au centre de la démarche , dans une perspective à long terme

*D’internaliser les coûts et les avantages

*De créer un système économique ouvert et soutenable

*De combattre la pauvreté et l’exclusion sociale

*D’accroître la transparence, l’information, la participation et l’accès à la justice

*Le DD est à la confluence de 3 préoccupations appelées « les 3 piliers du DD ». Avoir


toujours cela présent à l’esprit, avec le schéma suivant pour l’illustrer :

Figure 0 : Les 3 piliers du Développement Durable


1.8 Evaluation du DD

a/Introduction

Les entreprises et les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à mettre en
œuvre des démarches de DD. Dès lors, elles ont besoin d’évaluer leur démarche en mettant en
regard leur stratégie de DD et les performances obtenues face aux défis de la préservation de
l’environnement, de l’équité sociale et de l’efficacité économique.

b/Les OQADD

Les outils d’évaluation du DD fournissent des informations précieuses sur la manière dont les
politiques publiques traduisent effectivement en actes, cette problématique du DD. Parmi ces
outils d’évaluation, les OQADD (Outils de Questionnement et d’Analyse des Projets (ou
des Politiques) en matière de DD) souvent appelés « grilles DD », sont des objets créés soit
pour évaluer des projets dans le cadre d’appels d’offres, soit pour aider les porteurs de projets
d’un territoire à mieux prendre en compte les critères du DD, soit encore pour rendre le
concept plus facilement assimilable par le personnel administratif. Les OQADD sont des
« grilles de critères » qui ont vocation à aider les porteurs de projets (ou de politiques) à
prendre en compte le DD dans leur démarche. On peut ainsi identifier 684 critères différents
dans l’ensemble des OQADD, qui se sont révélés être répartis de manière très équilibrée entre
les 3 piliers du DD : critères sociaux, critères environnementaux et critères économiques.

c/AFAQ 1000NR

AFAQ AFNOR Certification a développé le modèle AFAQ 1000NR qui est un modèle
d’évaluation et de scoring applicable par toutes les entreprises et les collectivités désireuses de
mesurer leurs performances et leur permettant ainsi de mettre en évidence, l’intégration des
pratiques et des résultats sur les 3 piliers du DD grâce à une échelle de maturité. Il intègre les
principales caractéristiques du DD comme l’échelle temporelle ou comment concilier le court
terme et le long terme avec l’horizon géographique car de nombreux problèmes
environnementaux mondiaux ne sont pas perçus au niveau local avec la même urgence que les
considérations mondiales ne le révèlent. Et enfin, la nécessité d’approcher les problèmes de
façon intégrée, permettant ainsi d’évaluer les effets et les synergies entre les actions et les
résultats effectivement obtenus. Comme tout modèle d’évaluation, celui-ci est déroulé en
entreprise par une équipe d’évaluateurs qualifiés, qui attribue une note à l’entreprise sur la
base d’interviews avec les parties concernées.
Chapitre 2 - L’EAU ET L’ENERGIE : 2 ENJEUX VITAUX

DU DEVELOPPEMENT DURABLE

2.1 L’environnement de la Terre

La Terre est une sphère de 6.400 km de rayon. Au fur et à mesure que l’on s’en rapproche en
provenance de l’espace, on évolue successivement dans l’exosphère dans différentes couches
représentée sur la figure 1 ci-dessous

Figure 1 : Proche environnement de la Terre

Attardons-nous sur l’atmosphère. L’atmosphère terrestre est l’enveloppe gazeuse entourant la


Terre solide. L’air sec qui se compose de 78% d’azote, 21% d’oxygène, 0,93% d’argon 0,04%
de gaz carbonique (ou dioxyde de carbone) et des traces d’autres gaz. L’atmosphère protège la
vie sur terre en absorbant le rayonnement solaire ultraviolet, en réchauffant la surface de la
Terre par la rétention de chaleur (effet de serre) et en réduisant les écarts de température entre
le jour et la nuit. Il n’y a pas de frontière définie entre l’atmosphère et l’espace. Elle devient
de plus en plus ténue et s’évanouit peu à peu dans l’espace. L’altitude de 120 km marque la
limite où les effets atmosphériques deviennent notables durant la rentrée atmosphérique. La
température de l’atmosphère n’est pas homogène. Elle dépend de l’altitude comme le montre
la figure 2 ci-dessous.

Figure 2 : Température de l’atmosphère en fonction de l’altitude

Inversement, si l’on descend dans les profondeurs de la Terre, on traverse les couches
successives représentées sur le schéma de la figure 2 ci-dessous
Figure 3 : Coupe de la Terre

2.2 Le cycle externe de l’eau

L’eau évolue entre 3 secteurs : L‘hydrosphère formée par les océans et qui couvrent les ¾ de
la surface du globe, l’atmosphère que avons décrite plu haut et la lithosphère (lithos= caillou),
mince couche solide, encore appelée Sial (silice-aluminium), d’une épaisseur variant de 0 à 50
km, constituant les continents, le fond des océans et la partie supérieure du manteau

La Terre recevant l’énergie solaire, l’hydrosphère, chauffée par celle-ci, s’évapore, conduisant
à la présence d’eau dans l’atmosphère. Cette eau, à la suite d’un refroidissement de l’air, se
condense en gouttes ou cristaux de glace et se trouve précipitée sous forme de neige ou de
grêle sur la lithosphère à la surface de laquelle, environ ¼ pénètre, ¼ ruisselle et les 2/4
restants s’évaporent à leur tour. Ce fonctionnement définit un véritable appareil à distiller.
C’est le cycle externe de l’eau. Nous ne décrirons pas le cycle interne, plus compliqué et qui
tombe en dehors de l’objectif du présent cours.

Figure 4 : Le cycle externe de l’eau

a/L’eau atmosphérique

L’eau atmosphérique est généralement re-précipitée sous forme de pluie. On s’attendrait à ce


que cette eau soit distillée. En réalité, l’eau de pluie contient :

-des gaz de l’atmosphère (azote, oxygène et gaz carbonique) dissous

-des dérivés de l’azote ayant pour origine des réactions chimiques produites par des décharges
électriques dans l’atmosphère. Ces dérivés de l’azote donnent son pouvoir fertilisant à l’eau
de pluie
-des polluants divers : gazeux provenant par exemple des foyers de combustions industrielles
et domestiques, minéraux naturels (entraînement de poussières du sol en suspension dans
l’air) ou artificiels (issus des fumées d’usines), organiques (bactéries banales et
microorganismes entraînés par la pluie), radioactifs

b/Les eaux superficielles

Elles sont constituées par les eaux des ruisseaux, rivières, fleuves, étangs, lacs, barrages-
réservoirs, glaciers. Immobiles ou en mouvement, ces masses d’eau se trouvent en contact
étroit d’un côté avec le sol, et de l’autre côté avec l’atmosphère. Si l’eau des précipitations est
à l’origine des eaux superficielles, elle a en fait 3 destinées possibles, comme nous l’avons vu
dans le paragraphe 2.2, à savoir que environ ¼ pénètre, ¼ ruisselle et les 2/4 restants
s’évaporent à leur tour. Les frontières entre eaux atmosphérique ; superficielles et souterraines
sont donc difficilement définissables.

Lorsque l’eau de pluie arrive sur terre, elle se répartit de la manière suivante :

-Une partie est interceptée par la strate végétale sous forme de gouttes ou d’accumulations
dans les dépressions du feuillage ou des tiges. Au-delà d’un certain seuil d’accumulation,
l’eau retenue déborde tombe sur le sol. A la fin de la pluie, cet égouttage continue un certain
temps mais une certaine quantité reste fixée dans la strate végétale. Cette quantité détermine
la réserve maximale d’interception. Au cours d’une averse, elle est atteinte au bout d’un
quart d’heure de précipitation environ. Après la pluie, la réserve d’interception est épuisée par
évaporation.

-Au niveau du sol, une partie de l’eau de pluie ruisselle, on l’appelle écoulement superficiel

-Une fraction s’écoule au-dessous de la surface du sol, on l’appelle écoulement


hypodermique. On définit alors 2 notions importantes : la capacité de saturation qui est la
quantité maximale d’eau retenue par le sol et la capacité de rétention qui est la quantité
d’eau retenue par le sol après percolation.

Si la pluie ne se renouvelle pas, les plantes s’alimentent grâce à cette eau de réserve qu’elles
mobilisent par succion. Au fur et à mesure que l’humidité décroît, la succion exercée par les
racines des plantes devient de plus en plus forte et à partir d’un certain seuil, cette succion
n’est plus efficace, les plantes flétrissent alors.

Pour décrire le phénomène d’évaporation, signalons qu’un champ de sol homogène est soumis
par mètre carré, à une radiation dont il absorbe la plus grande partie de l’énergie. La quantité
d’énergie non absorbée est renvoyée à l’atmosphère. Réchauffé, le sol émet sous forme de
radiations, une énergie proportionnelle à sa température. Ce flux d’énergie est ensuite
partiellement renvoyé en direction du sol par l’atmosphère et par les nuages, qui se
réchauffent au passage. Le solde de ces flux d’énergie radiative n’est autre que la « radiation
nette » absorbée par le sol et une partie de cette énergie conduit à l’évaporation de l’eau à la
surface du sol et à la surface des plantes. C’est ce qu’on appelle évapotranspiration.
L’évapotranspiration est un phénomène important puisqu’il concerne environ la moitié de
l’eau issue des précipitations. Mesurée par unité de temps, elle varie d’une époque de l’année
à l’autre en fonction de la radiation nette, de la vitesse du vent et de l’humidité de l’air.

c/Les eaux souterraines

Comme nous l’avons vu plus haut, une partie des eaux de précipitation ruisselle en surface
pour former les cours d’eau alors qu’une autre partie s’infiltre dans le sol pour former ce
qu’on appelle les eaux souterraines. Celles-ci constituent une provision inestimable d’eau
potable pour l’humanité. L’on croit souvent que les eaux souterraines sont stockées des sortes
de rivières ou de grands lacs souterrains. En réalité, les eaux souterraines sont contenues dans
les pores des sédiments ou des roches. En effet, la croûte terrestre contient des fluides jusqu’à
de très grandes profondeurs, pratiquement sur toute son épaisseur. Quand on parle d’eaux
souterraines, on se réfère aux eaux qui se trouvent dans la partie superficielle de la croûte, soit
quelques centaines de mètres au maximum, c’est elles seules qui sont propres à notre
consommation. Plus on s’enfonce dans la croûte, plus l’eau devient riche en divers sels
minéraux et métaux, ce qui la rend impropre à notre consommation.

Si les matériaux du sous-sol sont perméables, les eaux de pluie s’infiltrent et finissent par
s’accumuler à partir d’un certain niveau, ce qui délimite 2 grandes zones en ce qui concerne
les eaux souterraines, comme le montre la figure ci-dessous : la nappe phréatique est une
zone où toutes les cavités (pores du sédiment, fractures des roches, cavernes, etc) sont
saturées en eau et la zone vadose, où les cavités contiennent principalement de l’air avec un
peu d’eau (celle attachée aux parois des cavités). Comme l’indiquent les flèches sur la figure
ci-dessous, la circulation dans la zone vadose se fait verticalement, alors que dans la nappe
phréatique, l’eau souterraine circule latéralement.

Notons le cas particulier d’eaux souterraines que constituent les eaux thermales. On sait que la
température du sous-sol augmente avec la profondeur, en moyenne de 3°C par 100 m. Les
eaux de surface, c’est-à-dire les eaux de pluie s’infiltrent dans les fractures de la croûte. Elles
sont ainsi réchauffées et elles peuvent remonter à la surface (le fluide chaud est moins dense
et donc monte), grâce à ce flux de chaleur, donnant lieu à l’hydrothermalisme. Ces sources
chaudes constituent une réserve d’énergie thermique gratuite. Lorsque le flux de chaleur
chauffe l’eau des cavités, celle-ci change progressivement d’état pour devenir vapeur. La
pression dans les cavités d’un réseau donné augmente progressivement, comme dans une
marmite couverte, jusqu’à ce que la pression devenant trop élevée, la vapeur soit évacuée
subitement, vidant tout le réseau, comme lorsque saute le couvercle de la marmite. C’est le
geyser.
Figure 5 : Les eaux souterraines

2.3 Les énergies fossiles

a/ Présentation

Les énergies fossiles sont au nombre de 3 : le pétrole, le gaz et le charbon. Elles sont issues de
roches formées par la fossilisation de végétaux enfouis et stockées dans le sous-sol durant
plusieurs millions d’années. Conséquence : elles sont riches en carbone, élément chimique
libéré lors de leur combustion sous forme de gaz carbonique. L’énergie nucléaire, qui a besoin
d’une très faible quantité de combustible pour produire beaucoup d’électricité, est d’une toute
autre nature. Elle exploite la possibilité de récupérer l’énergie nécessaire à la cohésion des
noyaux atomiques. L’énergie nucléaire n’émet donc pas de gaz à effet de serre. Seul point
commun avec les 3 énergies fossiles : c’est une énergie issue de l’exploitation des ressources
du sous-sol.

b/ Les énergies fossiles sont épuisables

La disponibilité des réserves est une réelle source de préoccupation. Au rythme actuel de
consommation, le pétrole sera la 1ère énergie fossile dont l’homme devra se passer. Selon les
projections, il resterait entre 40 et 60 ans de réserves pétrolières. Le gaz naturel pourrait quant
à lui, être exploité pendant encore 70 ans. Pour le charbon, il y aurait plus de 2 siècles de
réserves. Et les prévisions vont encore au-delà en ce qui concerne l’uranium, une énergie non
fossile : avec le parc de production et les technologies actuelles, 200 ans d’exploitation de
l’uranium sont envisagés.

A cette raréfaction inéluctable des ressources fossiles, s’ajoute une croissance de la demande
en énergie, un bien essentiel pour assurer l’existence, l’activité, le confort de l’humanité.
D’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la demande énergétique mondiale
pourrait augmenter de plus de 50% d’ici à 2030 en l’absence de politiques publiques
volontaristes en ce domaine. Aujourd’hui, les besoins énergétiques sont amplifiés par la
poussée démographique et économique des nouvelles zones en pleine croissance.

c/ La sécurité de l’approvisionnement menacée par les tensions politiques

Conséquence logique de la place prépondérante des énergies fossiles : l’énergie est à l’origine
de nombreux conflits, voire de guerres entre les pays producteurs, d’Conséquence logique de
la place prépondérante des énergies fossiles : l’énergie est à l’origine de nombreux conflits,
voire de guerres entre les pays producteurs, d’autant que les stocks d’énergies fossiles sont
inégalement répartis dans le monde et souvent situés dans des zones politiquement instables.

Au 20ème siècle, les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont mis en évidence l’interdépendance
énergétique des nations. Le 3ème choc pétrolier de 2002, s’explique en partie par l’irruption
soudaine de l’Asie et notamment la Chine et l’Inde sur les marchés internationaux. Aucun
doute : la sécurité d’approvisionnement, en particulier des pays ^producteurs, devient
essentielle.

d/ L’indispensable diversification

Les réserves prouvées sont les quantités d’hydrocarbures dont l’existence ne fait aucun doute.
La découverte de nouveaux gisements et la mise au point de technologies d’extraction plus
efficaces peuvent amener à revoir les prévisions à la hausse. Les stocks d’énergies fossiles
dans le monde sont les suivants, calculés en pour cents des réserves mondiales :

Amérique du Nord : pétrole = 5 ; gaz = 4,1 ; charbon = 27,9

Europe et Eurasie : pétrole = 11,7 ; gaz = 35,6 ; charbon = 31,6

Moyen-Orient : pétrole = 61,9 ; gaz = 40,1 ; charbon = 0,1

Amérique du Sud et Amérique Centrale : pétrole = 8,6 ; gaz = 3,9 ; charbon = 2,2

Afrique : pétrole = 9,5 ; gaz = 8 ; charbon = 5,5

Asie, Pacifique : pétrole = 3,4 ; gaz = 8,3 ; charbon = 32,7

Augmentation de la demande, tensions, raréfaction des énergies fossiles, cycle de vie des
outils de production… Pour assurer l’approvisionnement en énergies et son développement, il
est capital d’avoir une vision à long terme, et donc de garantir la diversification des sources
d’énergie. Résultat : toutes les sources d’énergie ont un rôle à jouer. En priorité, celles qui
n’émettent pas ou peu de gaz carbonique, mais aussi les énergies fossiles. A condition de
maîtriser les usages et les impacts et de travailler activement à leur remplacement à terme.

e/ Quel avenir pour les énergies fossiles ?

En 2030, les énergies fossiles devraient encore représenter 80% des énergies utilisées. Nous
sommes donc devant un paradoxe. Les ressources énergétiques fossiles sont limitées et ne
pourront répondre aux besoins croissants de la population mondiale. Mais elles sont en
quantité suffisante pour que leur combustion déclenche un bouleversement climatique
dangereux pour la planète. Alors, que faire ? L’avenir appartient à la sobriété énergétique et à
une montée en puissance des énergies non émettrices de gaz à effet de serre.

2.4 Les énergies renouvelables

Les énergies renouvelables ont de beaux jours devant elles. La prise de conscience collective
du réchauffement climatique les a propulsées sur le devant de la scène. Exploitées depuis les
débuts de l’humanité et longtemps délaissées, les énergies renouvelables pourraient garantir
une part de plus en plus importante de nos besoins. Ces énergies qui n’émettent quasiment pas
de gaz à effet de serre, constituent en effet un puissant levier d’action en faveur du
développement durable.

Les énergies renouvelables représentent actuellement 18% de la production mondiale


d’électricité. A l’heure actuelle, c’est l’hydraulique qui occupe la 1ère place au niveau mondial.
Mais pour l’instant, cette source d’énergie qui représente 90% des énergies renouvelables
utilisées pour fabriquer de l’électricité dans le monde, se développe surtout dans les pays du
Sud.

L’expression « énergie renouvelable » est apparue dans les années 71. Elle désigne des
énergies dites de flux, par opposition aux énergies fossiles. Autrement dit, les énergies
renouvelables ne s’épuisent pas : l’homme transforme l’énergie produite par la nature en
énergie directement utilisable (électricité, chaleur, combustible). Elles sont actuellement au
nombre de 6 : l’hydraulique, la biomasse, l’éolien, la géothermie, le solaire et l’énergie
des mers. Elles sont inépuisables mais leur essor nécessite des investissements, une politique
volontariste et d’importants efforts en recherche et développement.
Chapitre 3 : INTRODUCTION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

3.1 L’effet de serre

Notre planète TERRE reçoit le rayonnement du soleil, en réfléchit une fraction appelée albedo
dans l’espace et absorbe le reste. Le soleil a une température de 6000°C environ et il rayonne
essentiellement dans le spectre visible.

La Terre rayonne également de l’énergie, et cela d’autant plus qu’elle est plus chaude. Sa
température prend une valeur d’équilibre qui permet à ce rayonnement émis, et de compenser
exactement l’énergie solaire absorbée. L’énergie rayonnée vers l’espace croît avec la
température de la planète, mais dépend également de la transparence de son atmosphère pour
le rayonnement infrarouge qu’elle émet.

Un accroissement de la teneur en gaz carbonique de l’atmosphère d’une planète en général,


provoque une absorption supplémentaire du rayonnement sortant et seule une augmentation
de la température de ladite planète permet de compenser cette diminution de l’énergie évacuée
et de la ramener à la valeur convenable pour équilibrer l’énergie reçue du soleil.

La Terre possède naturellement depuis bien longtemps du gaz carbonique dans son
atmosphère et l’augmentation de température correspondante peut être considérée comme
bénéfique, puisqu’elle a permis le développement de la vie sous la forme que nous
connaissons. Si l’atmosphère de la terre n’avait pas contenu de gaz carbonique, sa température
aurait été inférieure d’une trentaine de degrés et les civilisations qui nous sont familières
n’auraient jamais existé.

Le comportement des planètes voisines confirment la justesse de cette analyse. On sait


aujourd’hui que l’atmosphère de Vénus contient beaucoup plus de gaz carbonique que celle
de la terre qui en contient elle-même plus que celle de Mars. On observe effectivement que
Vénus est plus chaude que la terre de plusieurs centaines de degrés et que Mars est au
contraire plus froide d’une centaine de degrés. On a donné à ce phénomène de piégeage du
rayonnement infrarouge, le nom d’effet de serre, car les parois de verre des serres de jardinier
possèdent, comme les atmosphères planétaires, la propriété de laisser passer le rayonnement
solaire visible et de bloquer partiellement le rayonnement infrarouge émis par les objets à
température ambiante situés à l’intérieur de la serre.

3.2 Le changement de la composition de l’atmosphère

Notre civilisation industrielle est basée sur une large utilisation des combustibles fossiles
comme le charbon, le pétrole ou le gaz naturel. Cette combustion provoque des émissions de
gaz carbonique qui changent effectivement la concentration de ce gaz dans l’atmosphère. Et
on observe effectivement que la concentration atmosphérique de gaz carbonique croît de 0,5%
par an depuis 1958, année du début des mesures systématiques. Cependant, la quantité
stockée dans l’atmosphère ne représente qu’environ la moitié des émissions. Le reste est
stocké dans les océans et dans la végétation directement et par l’intermédiaire du sol. Les
échanges avec l’océan sont les plus lents.

Le gaz carbonique n’est pas le seul gaz à effet de serre introduit par l’homme dans
l’atmosphère par les activités humaines. Un certain nombre d’autres gaz de structure
moléculaire voisine absorbent, comme lui, certaines bandes du rayonnement infrarouge et
provoquent un manque à rayonner. Il s’agit notamment du Méthane, de l’Oxyde nitreux et des
hydrofluorocarbures (HFC) contenus dans les aérosols et les systèmes de réfrigération et
utilisés dans la fabrication des mousses isolantes.

3.3 Les variations observées du climat

A cause de l’accroissement de l’effet de serre dû au changement de la composition de


l’atmosphère, on attend et on observe effectivement un réchauffement qui a été de 0,6°C
depuis 1860. La décennie 1990-2000 a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une pointe
en 1998. De même, il faut retenir de l’année 2003 qu’elle arrive en 3ème position, en moyenne
mondiale avec en plus, les conséquences dramatiques qui nous ont touchés à l’occasion de la
canicule. Cette canicule a contribué à sensibiliser l’opinion publique française aux
conséquences concrètes d’un changement climatique.

Le réchauffement climatique n’est pas uniforme. Les continents voient leur température
augmenter plus que celle des océans ; les nuits se réchauffent plus que les journées. Les
observations vont dans le même sens que les prévisions théoriques. L’amplitude des
changements climatiques à venir dépend de la concentration future des gaz à effet de serre
dans l’atmosphère. On ne peut pas l’estimer sans faire des hypothèses sur les émissions que
les émissions que les activités humaines provoqueront dans les prochaines décennies. Ces
émissions dépendent d’un certain nombre de facteurs déterminants tels que l’évolution
démographique, le développement socio-économique et les progrès techniques.

Différents modèles numériques ont été développés par les chercheurs pour calculer, pour des
émissions données, les changements du système climatique et en particulier l’augmentation de
la température moyenne au sol et celle du niveau moyen de la mer. Il en résulte une
incertitude sur l’ampleur du changement climatique provoqué par des émissions supposées.
Additionnée à l’incertitude sur l’évolution des émissions humaines, elle conduit entre les
années 1990 et 2100, à une plage possible d’accroissement de la température de 1,4°C à 5,8°C
et de l’élévation du niveau de la mer de 9 à 90 cm.

3.4 Les conséquences des changements climatiques envisagés

Les problèmes posés par des changements climatiques importants concernent les risques liés
aux évènements météorologiques aléatoires dont l’ampleur nouvelle créera des dégâts
importants. On s’attend à un accroissement de la vapeur d’eau, de l’évaporation et des
précipitations de plusieurs %, avec une fréquence et une intensité accrues, des épisodes
pluvieux intenses.

Régionalement, on observera aussi bien des accroissements que des diminutions des
précipitations et il en résultera des variations du débit des cours d’eau et de la recharge des
nappes souterraines, variables d’une région à l’autre. La plupart des modèles simulent un
accroissement de l’eau disponible en surface en Asie du Sud-Est et une diminution en Asie
centrale, en Afrique du Sud, en Australie et dans le Bassin Méditerranéen. Pour les autres
régions, les modèles produisent des résultats divergents.

On prévoit globalement une diminution des récoltes du fait d’un changement climatique
important. Les écosystèmes seront perturbés par le réchauffement climatique. Certaines
espèces menacées risquent de disparaître. Des mesures coûteuses d’adaptation sont
envisageables : constitution de parcs et de réserves, aménagement de couloirs de migration…

L’augmentation du niveau moyen de la mer aura des conséquences dramatiques pour les
petites îles et les deltas. L’augmentation de la température de surface, les changements dans
les glaces de mer et dans la salinité, les modifications des vagues et de la circulation générale
(courants marins) affecteront les écosystèmes marins, les populations de poissons et les
activités de pêche. De nombreuses régions côtières seront soumises à des inondations plus
importantes liées aux tempêtes, à une accélération de l’érosion, à une perte des zones humides
et à des intrusions d’eau salée dans les sources d’eau douce.

3.5 Notion de risque : Cas de l’eau et de l’énergie

3.5.1 Introduction

Le concept de RISQUE est inséparable de celui du Développement Durable. On pourrait


même dire qu’il en est une des dimensions constitutives. La notion du risque est variable : On
parle de risque naturel, de risque technologique, de risque sanitaire, de risque social, etc…
Certains risques sont lents et cumulatifs comme la pollution progressive, la concentration de
produits toxiques dans nos univers, dans l’air que nous respirons, dans notre alimentation ou
dans l’eau qui peut devenir impropre à la consommation humaine. Ils n’en sont pas moins
redoutables et leur inertie ne doit pas conduire à les traiter à la légère. Quand ils se
manifestent, les délais de réaction des actions correctives sont très longs et le mal est là pour
des années. Dans l’histoire, on a l’exemple de la disparition brutale de Pompéi à la suite d’une
coulée de lave. La nature du risque oriente la stratégie à mettre en œuvre pour lui faire face.

Il est essentiel de différencier le RISQUE du PERIL.


Le risque est choisi alors que le péril est diffus. La distinction se fait sur la question de savoir
si le malheur est imputable ou non à une décision.

RISQUE : Danger librement accepté et individuellement évitable

PERIL : Attribué à l’environnement et donc soustrait à tout contrôle aussi bien individuel que
collectif

PRINCIPE DE PRECAUTION : L’absence de certitudes, compte tenu de l’état des


connaissances scientifiques du moment, ne doit pas empêcher ou retarder l’adoption de
mesures visant à prévenir un risque de dommage grave et/ou irréversible, ceci à un coût
économique acceptable. Il faut distinguer le principe de précaution du principe de prévention

PRINCIPE DE PREVENTION : La précaution est relative à un risque potentiel alors que la


prévention est relative à un risque avéré.

Précaution  Probabilité qu’un risque existe

Prévention  Probabilité qu’un risque qui existe se produise

3.5.2 Le risque d’inondation

C’est un risque naturel lié à l’eau. La proximité d’un cours d’eau a toujours été considéré
comme un avantage certain pour le développement des activités humaines : agriculture,
pêche, navigation, distribution d’eau potable. Ne disait-on pas que « l’Egypte est un don du
Nil ». Avec le temps, l’homme a appris à composer avec les cours d’eau et leurs
caractéristiques hydrauliques. La succession de crues et d’étiages était perçue comme
bénéfique. En effet, cette alternance de régime hydraulique permettait de façonner les
paysages et de déposer les limons fertiles sur les terrains environnants. Ces limons sont par
ailleurs très importants pour l’homme car, filtrant les eaux de pluie, ils lui permettaient de
bénéficier d’une eau propre.

Cependant, avec le développement rapide des zones urbaines et péri-urbaines, de l’industrie,


du commerce, accompagné de fortes pressions d’aménagement, il est aujourd’hui fréquent de
trouver des communes dont le territoire aménagé est tout ou partie installé en zone inondable.
On estime que 10% de la population française est concernée par les inondations. Celles-ci
représentent 75% des dégâts financiers produits par l’ensemble des catastrophes naturelles.

a/ Le bassin versant

Un bassin versant est un territoire délimité par des frontières naturelles appelées « lignes de
partage des eaux » ou « lignes de crête ». Chaque bassin versant draine un cours d’eau
principal, souvent accompagné de plusieurs affluents. Ainsi, chaque goutte d’eau qui tombe
sur ce territoire va rejoindre la rivière soit par écoulement de surface, soit par circulation
souterraine après infiltration dans le sol. Le bassin versant correspond donc à la surface
d’alimentation d’un cours d’eau. Ce sont les rivières qui, par le jeu de l’érosion, vont
décomposer le bassin versant en plusieurs parties : plateaux, vallées et plaines où l’on
distingue les lits mineur et majeur des cours d’eau. Le lit mineur est l’espace limité par les
berges et parcouru par les débits non débordants. Par opposition, le lit majeur (ou zone
d’expansion, ou zone inondable) est l’espace occupé par les eaux débordantes. Il est défini
comme l’espace situé entre le lit mineur et la limite de la plus grande crue connue ou crue
historique.

Illustration des lits mineur et majeur d’une rivière

b/ La rivière : un système vivant

Chaque cours d’eau, la rivière principale comme ses affluents, va collecter les eaux de pluie
tombées sur le territoire du bassin versant. Lorsque les pluies sont abondantes et/ou durables,
les volumes d’eau arrivant dans la rivière sont plus importants, ce qui entraîne l’augmentation
de son débit, l’accélération de la vitesse d’écoulement et/ou l’augmentation de la hauteur de la
lame d’eau au point considéré. On peut suivre en continu le régime hydraulique des rivières
en un lieu donné et ainsi, obtenir son hydrogramme, càd l’évolution de son débit au cours du
temps. Ce dernier permet alors de visualiser le débit moyen de la rivière ainsi que les crues et
les étiages.

Dans les régions ayant un climat tempéré, lorsque l’on observe les hydrogrammes des cours
d’eau, on constate que leur régime hydraulique est constitué de 2 périodes distinctes : une
période d’étiage (été et automne) puis une période de hautes eaux (hiver et printemps).

La période des hautes eaux est caractérisée par des pluies abondantes et prolongées qui vont
venir alimenter la rivière. Lorsque les volumes d’eau sont suffisamment importants, ils
peuvent entraîner un accroissement significatif du débit : on parle alors de crue. La crue est
donc un phénomène naturel faisant intervenir plusieurs facteurs :

-l’intensité et la répartition des pluies sur le bassin versant

-la pente du bassin et sa couverture végétale qui accélèrent ou ralentissent les écoulements
-l’absorption de l’eau par le sol et son infiltration dans le sous-sol alimentent les nappes
souterraines

Lorsque le cours d’eau est en crue et qu’il se répand sur son lit majeur, il permet la création
d’une vaste étendue de terrains très fertiles : la zone inondable ou plaine alluviale. Sur le plan
hydraulique, son rôle est primordial car en permettant le débordement et le stockage de l’eau
au niveau du lit majeur, c’est toute la régulation hydraulique du cours d’eau qui est assurée.
Cependant, l’utilisation de ces zones inondables par l’homme (agriculture, urbanisation,…)
peut avoir de graves conséquences, car elle expose au risque d’inondation.

Il est utile d’expliciter 2 notions que l’on confond parfois à tort :

-la crue correspond à la montée plus ou moins brutale du niveau d’un cours d’eau

-l’inondation correspond à la submersion temporaire d’un espace terrestre.

Une crue peut donc avoir lieu sans qu’il y ait nécessairement inondation.

c/ Qu’est-ce-que le risque d’inondation ?

La notion de risque est définie comme la résultante de 2 paramètres : l’aléa et la vulnérabilité.

ALEA VULNERABILITE

RISQUE D’INONDATION

Une rivière qui déborde traduit un phénomène naturel présentant un caractère aléatoire : c’est
la composante aléa du risque. Dans le cas d’inondation, les paramètres caractérisant l’aléa
sont la hauteur d’eau et la vitesse du courant.

Le fait qu’une crue cause des dégâts résulte de la plus ou moins grande sensibilité du lieu où
se produit le phénomène : c’est la composante vulnérabilité du risque. La vulnérabilité
correspond à l’exposition des biens et des personnes et donc aux coûts socio-économiques de
la catastrophe. Si une crue de forte intensité se produit sur un territoire dépourvu d’enjeux, on
considère alors que le risque est faible.

Le risque est donc avéré lorsque l’aléa est couplé avec la vulnérabilité.

d/ Typologie des inondations

On distingue plusieurs types d’inondation selon la nature de la crue qui l’occasionne :


-par débordement direct : le cours d’eau sort de son lit mineur pour occuper son lit majeur

-par saturation des nappes souterraines : les pluies abondantes ont saturé les sols et le niveau
des nappes augmente jusqu’à atteindre la surface

-par stagnation des eaux pluviales ou par ruissellement lors de pluies violentes et localisées.
Ceci est lié à une capacité insuffisante d’infiltration et d’évacuation des sols ou des réseaux

e/ Facteurs aggravant le risque d’inondation

*Aggravation de l’aléa

Avec le développement des activités humaines (agriculture, urbanisme,…), la circulation des


eaux dans le bassin versant a souvent été perturbée et/ou modifiée. Ainsi, la disparition
d’obstacles ralentissent le flux d’eau en amont (bandes enherbées, talus, fossés, etc…) fait que
les eaux de pluie arrivent plus rapidement et avec un plus gros volume dans le fond des
vallées. Les crues se produisent donc plus rapidement et avec plus d’importance. Du point de
vue de l’aggravation de l’aléa, l’anthropisation des zones amont du bassin versant a un impact
nettement supérieur à celui de l’anthropisation de l’aval.

Les principales causes de modification de l’écoulement des eaux sont les suivantes :

-le retournement des prairies et leur mise en culture : les prairies peuvent être considérées
comme les « éponges » du bassin versant. Elles maintiennent une capacité de stockage 2 à 4
fois supérieure à celle des sols cultivés. Par conséquent, le retournement des prairies et leur
mise en culture ne peuvent être que préjudiciables pour la lutte contre les inondations

-le remembrement : la disparition des haies et des talus : le remembrement consiste à réduire
le morcellement des terres agricoles. Il s’agit d’un regroupement ou d’un échange de terres
entre les différents propriétaires. Ce processus vise à la simplification des conditions
d’exploitation. Malheureusement, le remembrement a souvent été accompagné d’un certain
nombre de modifications, comme la disparition des haies et des talus, (anciennes
« frontières » entre les différents exploitants) ou encore le recalibrage des fossés et des cours
d’eau. Là encore, le risque d’inondation a été accru par cette pratique. En effet, les haies et les
talus ont un rôle important sur l’hydrologie du bassin versant puisqu’ils ralentissent les
ruissellements de surface et favorisent l’infiltration. Leur disparition notamment sur des
terrains en pente s’accompagne donc d’une augmentation de la vitesse de circulation des eaux
de l’amont vers l’aval. Le risque d’inondation en aval du bassin s’en trouve ainsi augmenté.

-la battance et le ruissellement : la battance résulte de l’action des eaux de pluie sur les
agrégats du sol, surtout à la suite de pluies violentes. En effet, les précipitations vont détruire
et disperser ces agrégats et ainsi créer une couche superficielle très peu perméable : la
« croûte de battance ». Cette dernière va empêcher l’infiltration de l’eau dans le sol et
favoriser le ruissellement.

-l’entretien des rivières : les travaux d’aménagement du lit qui, même s’ils ont localement un
effet de protection bénéfique (limité au risque pour lesquels ils ont été dimensionnés),
concourent le plus souvent à aggraver la situation à l’échelle du bassin versant : D’une part le
curage et le recalibrage des rivières induisent une accélération des écoulements vers l’aval.
D’autre part, les travaux d’endiguement, les ouvrages hydrauliques réduisent la capacité de la
rivière à évacuer les flux entrants vers l’aval et provoquent une accumulation de l’eau en
amont

-les travaux d’urbanisation dans le lit majeur diminuent la fonctionnalité des zones naturelles
d’expansion des crues. Ces derniers favorisent le ruissellement du fait de l’imperméabilisation
des sols.

*Augmentation de la vulnérabilité

Nous avons vu que par ses actions, (pratiques agricoles, aménagement des rivières, etc),
l’homme a beaucoup influencé la composante aléa du risque d’inondation (répartition spatiale
et temporelle des volumes d’eau, vitesse de circulation des eaux). A1insi la multiplication des
surfaces imperméabilisées et la modification de l’écoulement des eaux dans le bassin versant
augmentent la fréquence des crues.

Cependant, si les inondations posent tant de problèmes aujourd’hui, ce n’est pas parce
qu’elles sont plus fréquentes mais parce que les dommages causés sont de plus en plus
importants notamment en termes financiers. L’impact socio-économique lié aux inondations
est un enjeu majeur : ¾ des dommages financiers consécutifs à des catastrophes naturelles
sont imputables aux inondations.

L’importance des dégradations est fonction de la durée de la crue, de la hauteur de submersion


et de la vitesse d’écoulement de l’eau

L’occupation imprudente des zones inondables par l’homme s’est accrue ces dernières
décennies. Ainsi, 80% des habitations aujourd’hui en zone inondable ont moins de 40 ans.
Très souvent, les villes se sont agrandies en empiétant sur les zones naturelles d’expansion de
crue. C’est pourquoi aujourd’hui, les inondations représentent un problème majeur et difficle
à résoudre.

3.5.3 Marée noire

Une marée noire est une catastrophe industrielle et écologique qui se traduit par le
déversement d’une importante quantité de pétrole brut ou de produits lourds à la mer, et de
l’arrivée de cette nappe d’hydrocarbures en zone côtière sous l’effet des marées et des vents.

a/Cause de marée noire

L’origine d’une marée noire peut provenir :

-d’un navire suite à un rejet, involontaire (accident) ou volontaire (dégazage)

-d’un accident sur une installation de forage en pleine mer (plateforme pétrolière)
-d’un accident industriel en bord de mer

-d’un conflit armé

b/Conséquences d’une marée noire

Les marées noires sont un véritable traumatisme pour les régions touchées. Ces pollutions ont
un impact global à la fois écologique, économique et sanitaire. Les grandes marées noires sont
des évènements spectaculaires et tragiques qui jalonnent l’histoire du transport maritime
d’hydrocarbures.

Plusieurs grandes catastrophes se sont produites. La plus importante fut celle de la tête du
puits sous-marin d’Ixtoc I, dans le golfe du Mexique où 600.000 tonnes de pétrole brut se sont
déversées dans l’océan entre juin 1979 et mars 1980, soit 3 fois l’Amoco Cadiz.

Il y a eu aussi : en 1967, le Torrey Canyon ; en 1978, l’Amoco Cadiz ; en 1989, l’Exxon


Valdez ; en décembre 1999, l’Erika ; en décembre 2002, le Prestige. Elles ont toutes fortement
perturbé la faune et la flore maritimes. Les marées noires sont dangereuses pour
l’environnement.

*Conséquences écologiques

-Perturbation de l’écosystème

-Destruction des fonds marins et de l’habitat de nombreux animaux

-Destruction de la faune et de la flore des zones côtières et terrestres

*Conséquences économiques

-Déficit d’image pour les sites touristiques

-Contamination des produits de la pêche qui deviennent impropres à la consommation


(chômage technique des flotilles de pêche, et des emplois induits à terre)

-Le nettoyage des rivages est très coûteux

*Conséquences sanitaires

-Produits dangereux par inhalation et par contact avec la peau

-Dépôt de nombreux déchets sur les zones côtières

c/ Prévention des marées noires

Certains pays prennent des mesures dissuasives : fortes amendes pour rejet d’hydrocarbures
ou défaut de maintenance et de sécurité, contrôle des sociétés de classification, imposent
l’équipement de doubles-coques, des systèmes d’aide au pointage radar, anti-explosion, bref
une redondance des systèmes mécaniques de sécurité.
Des sociétés privées proposent le montage en amont, de systèmes de sécurité passive qui
permettent en cas de naufrage, de transférer plus rapidement et plus facilement, le contenu des
cuves ou ballats. Avec un tel système, le contenu des cuves du Prestige auraient pu être pompé
2 fois plus vite et à moindres risques.

Les bateaux répondant au label « Green Award » voient leurs taxes portuaires réduites de 5%
à Rotterdam et dans certains grands ports européens. Certains assureurs réduisent également
le coût des polices aux détenteurs du label.

d/ Lutte menée par la France contre le risque de marées noires

En 2004, on a constaté 139 pollutions orphelines contre seulement 59 en 2008, près de nos
côtes. Conscient que des contrôles accrus et surtout des peines dissuasives permettent
d’endiguer le fléau, le législateur a décidé de renforcer son dispositif réglementaire avec une
nouvelle loi sur la responsabilité environnementale.

Pour les pollutions en mer, un amendement prévoit ainsi de généraliser les sanctions à tout
type de navire, les peines étant fixées par la loi, et non plus calculées en fonction de la valeur
de la marchandise transportée. Et pour « taper fort », les peines sont portées à 10 ans
d’emprisonnement et 15 millions d’euros d’amende pour les navires-citernes et les
plateformes alors qu’elles n’excédaient pas 1 million d’euros auparavant

*2 millions d’euros au Valentia : une première

Le capitaine du Valentia, cargo battant pavillon libérien a essuyé les plâtres de ce


renforcement répressif. Dérouté sur Brest en novembre 2008 après qu’une traînée
d’hydrocarbures longue de 18km a été observée dans son sillage au large de l’estuaire de la
Gironde, il a été condamné le 1er juillet 2009 à une amende de 2 millions d’euros dont 95% à
la charge de l’armateur. Il s’agit de l’amende la plus forte prononcée à ce jour pour de tels
faits. Lors de sa comparution à la barre du tribunal correctionnel le 3 juin, la procédure avait
bien insisté sur le caractère intentionnel du dégazage sauvage, « le bateau étant équipé de 2
systèmes de pompes illicites pour se débarrasser facilement des eaux huileuses ». Evoquant
aussi « un laisser-aller complet sur le navire », le parquet avait requis une amende de
300.000euros, somme correspondant à la caution déjà versée.

*1 million d’euros à l’Al Esraa

De même, le capitaine de l’Al Esraa, vraquier appartenant à l’armement FAMCO, l’un des
plus anciens d’Egypte, a pour sa part, écopé d’une amende de 1 million d’euros. Il lui était
reproché d’avoir rejeté des hydrocarbures dans le rail d’Ouessant le 29 septembre 2008. Une
amende 700.000euros « seulement » avait pourtant été requise comme amende par la
procédure à son encontre.

Dans les 2 cas précédents, les 12 associations oeuvrant pour la protection de l’environnement
et qui s’étaient portées parties civiles, ont obtenu gain de cause. Entre 1.000 et 5.000euros leur
ont été versés à titre de dommages et intérêts.
Aujourd’hui, se posent quelques questions :

Comment contraindre les armateurs à s’acquitter de telles sommes

Le parquet va-t-il à l’avenir, revoir à la hausse, le montant des cautions demandées

Et si tel est le cas, quid des bateaux poubelles qui risquent d’être abandonnés purement et
simplement par des armateurs peu scrupuleux, dans le port de Brest notamment

e/ Pavillons de complaisance

Le pavillon d’un navire désigne le pays dans lequel ce navire est immatriculé. Un pavillon de
complaisance est un pays qui permet à des bateaux dont les propriétaires sont étrangers de se
placer sous sa juridiction, les armateurs choisissant ce pavillon pour son caractère peu
contraignant en matière de fiscalité, de sécurité du navire ou de droit du travail auquel est
soumis l’équipage par exemple. En 2001, 63% de la flotte mondiale de marine marchande
navigue sous pavillon de complaisance. On ne peut cependant pas dire que l’immatriculation
sous pavillon de complaisance soit une condition suffisante pour classer le navire de « sous-
normes ».

L’immatriculation de navires sous pavillon de complaisance offre de nombreux avantages


pour le propriétaire des navires :

-Un avantage financier, qui est recherché par tous les utilisateurs

-Un certain laxisme concernant les visites de contrôle, ce dernier avantage n’est vraiment
exploité que par quelques armateurs peu scrupuleux

La société qui profite d’un pavillon de complaisance (elle n’est souvent représentée dans ce
pays que par une boîte aux lettres) s’évite ainsi les taxes qu’elle aurait à payer dans son pays
d’origine et se facilite grandement les démarches d’enregistrement ; le pays qui fournit le
pavillon de complaisance est justement rémunéré pour cela.

Les pavillons de complaisance permettent de s’affranchir de nombreuses réglementations sur


la sécurité et l’environnement. Une visite annuelle du navire par les autorités du pavillon est
obligatoire, mais ces visites sont très souvent déléguées et effectuées par des salariés de
sociétés tierces (sociétés de classification). Il en ressort que de nombreux navires sont malgré
tout, laissés à l’abandon par les armateurs, du moins les travaux coûteux mais nécessaires sont
annulés ou retardés. Ces armateurs peu scrupuleux s’arrangent pour que ces navires
fréquentent le moins souvent possible les ports européens et américains . Lorsque ces voyages
sont indispensables, les navires sont fréquemment arrêtés par les autorités du port avec
obligation de réparation.

La Fédération Internationale des Ouvriers du Transport (ITF) fait le constat suivant : « Les
risques sont plus grands à bord des bateaux portant un pavillon de complaisance ». En 2001,
63% des pertes en tonnage absolu étaient liées à 13 pavillons de complaisance. Les 5 premiers
pavillons en nombre de bateaux perdus sont tous de complaisance : Panama, Chypre, Saint-
Vincent, Cambodge et Malte. Malgré des efforts, la situation ne s’améliore pas. Les navires
« sous-normes » naviguant sous pavillon de complaisance « cassent les prix ».

L’ITF (International Transport Workers Federation) est une véritable organisation mondiale.
Elle regroupe 654 syndicats des transports dans 148 pays, représentant environ 4,5 millions de
travailleurs. L’ITF organise les travailleurs dans les transports maritimes, les ports, les
chemins de fer, le transport routier et marchandises et voyageurs, les voies fluviales, la pêche,
le tourisme et l’aviation civile. L’ITF défend les intérêts des travailleurs des transports dans
une économie mondiale

Vous aimerez peut-être aussi