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INTRODUCTION GENERALE

1
SECTION I : LA CONSTRUCTION DE L’OBJET D’ETUDE
Gaston BACHELARD1 énonce les conditions préalables à la production du savoir
scientifique. Pour lui, aucune connaissance n’est construite dans le désert, tout objet ne
devient scientifique que par une intervention du chercheur qui le construit à partir de la
rupture avec la connaissance établie2. Cette construction exige une délimitation dans le réel
afin d’avoir une idée précise sur l’objet étudié. Alors la construction de notre étude comme
nécessité épistémologique, nous impose d’en opérer une contextualisation (Paragraphe 1)
tout envisageant sa problématisation (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE I: LA CONTEXTUALISATION DE L’OBJET D’ETUDE

Elle consiste à opérer vis –à –vis du sujet plusieurs délimitations qui sont : la mise en contexte
(A), la délimitation (B), le dévoilement de ses intérêts (C) qui le sous-tendent et la
clarification de ses concepts saillants (D).

A- LA MISE EN CONTEXTE

Les problématiques environnementales constituent aujourd’hui une thématique centrale du


débat public tant sur la scène internationale qu’au sein des Etats. Un tel état de fait est
consécutif à la prise de conscience des effets néfastes sur l’environnement du modèle
actuellement dominant. En effet, basé sur l’utilisation massive des ressources naturelles non
renouvelables notamment fossiles, ce modèle est à l’origine d’une crise de l’émission de
divers types de polluants. Sylvie BRUNEL3 pense que ce modèle de développement se
confond à la croissance car reposant sur cette dernière. Elle va parler de croissance
économique minière4. La prise de conscience des effets néfastes sur l’environnement de ce
modèle de production va s’opérer au cours des années 1960. Elle sera le fait tout d’abord
d’organisations non gouvernementales à l’instar de Green Peace qui va se servir de la
catastrophe causé par le naufrage du pétrolier Torrey Canyon intervenue le 18 mars 1965
pour alerter les Etats et l’opinion publique internationale des dangers liés à la poursuite d’un
tel modèle de développement.
1
BACHELARD (G), la formation de l’esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance
objective. Paris, libraire philosophique J.VRIN, 5ième Ediction 1967.
2
Ibid P.14
3
BRUNEL (S),  « La terre plutôt que les terriens, développement du Sud et Développement Durable », In
TELLENNE (C), GAUCHON (P), (dirs.), Géopolitique du développement Durable, Paris, Presse universitaire
de France, 2003, pp.122. Ces deux notions se confondent ici en raison de ce que le développement économique
tout comme la croissance s’entend comme l’augmentation du volume de la production des biens et des services
d’une année à une autre sur un territoire donné.
4
IBID

2
En plus, longtemps restreinte aux communautés scientifiques, la problématique des
changements climatiques s’est progressivement imposée comme l’un de débats les plus
marquants de la fin du XXe siècle. C’est suite à cela que Daniel BOY 5 met en lumière la place
de l’environnemental dans les débats publics. Il avance l’idée selon laquelle les années qui
précède la première conférence des Nations Unies n’a pas vu émergé le concept
environnement. Pour lui, il montre que l’environnement est resté un enjeu « clignotant »,
c’est-à-dire parfois elle est évoqué, parfois elle est oublié  lorsque l’urgence économique se
présente pour résoudre les crises économiques. Il se pose la question de savoir la raison qui a
poussé les acteurs pendant longtemps a négligé les politiques environnementales dans les
débats publics. Dans la veine, cet auteur met en exergue le fait que cette préoccupation sans
doute vécu comme légitime est souvent détourné par le public mais trop peu pris par le
système. Alors que la pléthorique d’engagement climatique récente dans le Grenelle
environnemental est significatif ou fait la résurgence de l’environnement ou le DD ont
désormais pris la place qui leur était due dans les débats publics. Le concept
environnemental commence à prendre place au début des années 1960 dans les débats publics
à travers le maufrage de Torrey canyon (1967). Il note que par la suite en 1972 se tient à
stockholm la première conférence des nations unies sur l’environnement. De nombreux
événements vont marquer l’inscription des problématiques environnementales aussi bien au
plan international qu’au plan interne des Etats.

Au plan international, on assiste au rapport « Halt à la croissance » du club de Rome de 1968


qui signale une alerte sur la limitation de la consommation des ressources et fait appel à un
débat sur les préoccupations environnementales. C’est dans cette logique que le concept
d’écodéveloppement fut abordé à la conférence de Stockholm en 1972. Celle-ci est en effet, la
première conférence réunissant plusieurs Etats parmi lesquels le principal pollueur consacré à
la thématique de la protection de l’environnement face aux effets du développement. Le
norvégien Haelen BRUMDLAND interpelle plus tard sur « Notre avenir à tous »6 et met en
avant le concept du « développement durable », celui-ci est envisagé comme « celui qui
répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre
à leurs propres besoins »7. Pierre LASCOUMES8 montre que l’entrée dans les négociations
environnementale consiste dans la prise en compte des paramètres environnementaux. A
5
BOY.(D.),« la place de la question environnementales les débats publics », Dans la Découverte « Regard croisé
sur l’économie, n°6, Pages 48 à 55, 2009.
6

7
Ibid
8
LASCOUMES. (P.,), « L’action publique et l’environnement » dans Qui sait-je ? 1ère édition PUF 2012 P.32.

3
l’issue de cette conférence, de nombreux principes forts devant désormais régir les
interactions entre l’homme et son environnement vont être arrêtés. Au rang de ces principes,
nous pouvons citer l’exigence de la préservation par l’homme et ce dans l’intérêt des
générations présentes et à venir des ressources naturelles telles que l’eau, la faune, et la flore
et l’exigence de maintien de la capacité de production par la terre des ressources
renouvelables. Fort de cela, un autre évènement significatif dans la problématique
environnementale est la publication par le club de Rome du rapport Meadows, intitulé « The
limits of growth »9. Les auteurs de cet article en mettant en évidence l’incompatibilité et
partant selon eux de l’impossibilité de concilier croissance démographique et croissance
industrielle, vont souligner l’impérieuse nécessité de mettre un terme à ses deux types de
croissance à l’effet notamment d’éviter les catastrophes sur lesquelles elles devraient aboutir,
écologiques entre autres (clarifier le sens de cette phrase en jaune).

Sur le plan interne des Etats notamment celui du Cameroun, la prise de conscience s’est faite
à travers l’insertion des problématiques environnementales dans la gouvernance de l’Etat.
Ainsi la planification et la conduite de son développement va se faire suite à la tenue en 1992
du sommet de Rio de Janeiro, sommet dit « de la terre ». En effet, jusqu’à cette date, la
société étatique camerounaise et l’Afrique en général avaient exprimé leur méfiance lors du
sommet de Stockholm 1972. Cependant, cette altitude s’est vite épuisée comme témoigne la
confiance depuis Rio 199210.

Dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des populations et réduire la pauvreté, le
Cameroun s’est vite arrimé à la mise en œuvre des programmes sur la protection de
l’environnement. Le consensus portait sur la satisfaction des générations présentes sans
pourtant compromettre les conditions de vie des générations futures. D’où l’une des exigences
d’équité intergénérationnelle s’est inscrite dans l’agenda politique du Cameroun. Les autorités
camerounaises ont pris des engagements décisifs en matière environnementale notamment sur
les changements climatiques aussi bien sur le plan international que national.

Tout cela traduit à suffisance l’importance que le gouvernement camerounais accorde aux
problématiques environnementales à travers son engagement décisif à la mise sur pied des
actes normatifs et institutionnels de l’environnement au plan interne. A partir de la ratification
de ces conventions, il va élaborer un ensemble d’instruments qui constituent le cadre

9
MEADOWS. (D.,), RODGERS. (J.,) : Les limites à la croissance, Montréal, Eco Société, 2012. 
10
KAMTO.(M), DOUMBE-BILLE(S) : « Droit de l’environnement » Revue juridique de l’environnement,
Année 1997 /3 PP458-460

4
normatifs de ces politiques. Il a revu à la hausse ses objectifs et ambition en la matière de la
préservation de l’environnement. Ces politiques élaborées par l’Etat du Cameroun devraient
au-delà de la protection de l’environnement, permettre de protéger les communautés locales
des effets néfastes du modèle minier, ceci en ce qu’elles sont les groupes les plus exposés et
les plus fragiles face aux différentes modifications de leur milieu de vie. De même, elles se
retrouvent le plus souvent placées dans les situations de fragilité et vulnérabilité extrême
notamment au plan climatique.

B- DESCRIPTION DU CADRE D’ETUDE ET JUSTIFICATION DU CHOIX DES


FRONTIERES SPATIO-TEMPORELLES

Bien que la définition des concepts clés constitue déjà une partie de la délimitation de notre
champ d’étude, champ entendu ici au sens de Pierre BOURDIEU 11 et au sens temporel. Le
champ étant perçu dans la compréhension de la science politique comme une construction du
chercheur. Il reste encore important de délimiter l’espace géographique et le temps du
déroulement de notre travail afin de mieux comprendre les contours de cette étude.

1-Le cadre spatial

La formulation de notre thème indique déjà en quelque sorte l’espace géographique de notre
champ d’étude. Notre étude concerne le Cameroun en général mais les unités géographiques
de notre recherche sont les communes de Djoum (Sud) et de Lomié (l’Est). Il est important de
souligner la pertinence que revêt l’étude de l’énonciation et l’instrumentation locale dans le
cadre de ces communes. Nous procèderons à un double plan géographique-humain et politico
administratif.

Présentation géographique et humaine de la Commune de Djoum (Sud) et celle de


Lomié (l’Est) Carte 1 : L’arrondissement de Djoum dans la région du Sud Cameroun

11

5
Source : carte topographique de l’INC au 1/200 000e et carte administratif du Cameroun de
1996.

Djoum est situé dans la région du Sud, département du Dja et Lobo (Carte 1) et est compris
entre : 2° 13’ et 13°14’ de latitude Nord ; et 12°18’ et 13°14’ de longitude l’Est. Il recouvre
une superficie de 5 607  m 2, pour un total de périmètre de 408,2 km. Il est pratiquement
limité par le nord par le fleuve du Dja qui le sépare de l’arrondissement de Bengbis et de
lomié, au nord-ouest par l’arrondissement de Meyomessala. Par ailleurs Djoum est une zone
forestière qui compte six forêts communautaires donc trois sont en activité. C’est la forêt
communautaire AMOTA qui est la toute première mise en œuvre au Cameroun et elle détient
un climat de savane hiver sec donc les précipitations sont importantes car même pendant la
saison la plus sèche, il pleut à Djoum. Tandis que la commune de Lomié est située à l’Est
Cameroun, dans le département du Haut-Nyong, à 380km de Yaoundé et 310 km de Bertoua.
Elle s’étend entre le 3°10’00’ nord et 13°37’00’ Est. Elle a une superficie de 13000 km 2 avec
une population estimée à 19000 habitants, répartis dans 65 villages. Ainsi la commune de
Lomie est limitée au nord par la commune de Mindourou, au sud par la commune de Ngoila,
à l’est par la commune de Yokadouma et à l’Ouest par la commune de Messamena.

Cet arrondissement est soumis au climat équatorial de type guinéen classique à deux saisons
de pluies entrecoupées de deux saisons sèches. Sa population est composée essentiellement
des Bakas, Zimé, Kako, Ndjeme, des halogènes continués de quelques fonctionnaires,
commerçants de divers corps de métiers et des agriculteurs12.

12
Plan Communal de Développement de Lomié, Janvier 2012.

6
CARTE (2) : sur les limites de l’arrondissement de Djoum

Le choix de ces communes est lié à leur appartenance à la même zone écologique et notre
connaissance des milieux. En effet, pour mieux cerner l’énonciation et l’instrumentation
locales des politiques environnementales dans ces milieux, il est primordial de nous assurer
une intégration facilitée, aussi bien dans les villages, qu’auprès des autorités administratives
et traditionnelles. Et s’assurer de la disponibilité des populations à collaborer avec nous.

2-Le champ temporel de l’étude

Le temps ici n’est pas un temps calendaire13 mais plutôt social et politique. La représentation
de la temporalité à une fonction paradigmatique pour les sciences sociales14. Le temps se
relève comme un véritable guide épistémologique. Les politiques environnementales locales
en matière climatique ont connu une croissance considérable depuis les lois initiatrices de la
décentralisation de 1994 et l’Agenda 21. Cela montre que la décentralisation a eu une forte
incidence sur les actions des élus locaux, leur faisant bénéficier d’une pluralité de pouvoirs,
notamment dans le domaine climatique. Cela se manifeste à travers deux objectifs : d’assurer
leur participation à l’énonciation des politiques qui vont les être adressées mais aussi en
même temps de disposer un outillage leur permettant d’opérationnaliser cela.

Alors la décentralisation donne aux collectivités territoriales une liberté d’action et de leurs
compétences, et cela a rendu la lecture des politiques publiques un peu plus complexe. En
effet, l’année 1996 marques l’adoption de la loi-cadre15 sur la gestion de l’environnement et
cela traduit la réappropriation par l’Etat des problématiques environnementales et son
insertion dans l’agenda politique et cette année institutionnalise donc cette question.

De même, conscient des dangers que court l’environnement si rien n’est fait, le Cameroun
s’engage dans l’optique de mettre sur pied des programmes d’action  « le Plan National de
13
SANTIO,(J.) : Les horloges et les nuages : temps et contre temps des démocratisation. In voies et impasses de
la démocratisation, (NRS), Edition Hermes 19, P.71.
14
SUE,(R.) : Le temps et l’ordre social. Paris PUF, 1994, P.25.
15
République du Cameroun, Loi n°96/12 du 5 Aout 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l’environnement. Cameroun, 1996 ;

7
Gestion sur l’Environnement » en 1996. De ce fait, le ministère de l’environnement et des
forêts dans sa nouvelle loi considère les populations locales comme des partenaires essentiels
dans le processus de définition des actions et des moyens visant à assurer une gestion durable
de leurs forêts dans l’intérêt de tous16. Ces textes constituent les principaux instruments
juridiques nécessaires à la mise en œuvre de la nouvelle politique et la création des forêts
communautaires comme une niche d’opportunités pour le locale d’élaborer des dispositifs et
de les opérationnaliser.

Dans la même veine, en associant les populations locales, elles qui sont si vulnérables face à
ces changements climatiques à travers le volet promotion de la forêt communautaire et
communal, elle vise à garantir à celles-ci des avantages substantiels et à les inciter à mieux
protéger leur couvert forestier17. Cette période de 1998 est déterminante dans la mesure
qu’elle contribue à lutter contre la pauvreté mais également contre le changement climatique.

L’année 2018 est la troisième année passée après la signature de l’accord de Paris sur le
changement climatique, accord donc le Cameroun fait partie et surtout la deuxième mise en
œuvre suite sa ratification en 2016. Cet accord de Paris présenté comme le texte le plus
ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique et pris comme outil de
définition et d’orientation des politiques environnementales en ce qui concerne la lutte contre
le changement climatique. 2018 est alors pris comme le référentiel en matière de formulation
et de mise en ouvres de ces politiques.

C-LE DEVOILEMENT DE SES INTERETS

Tout travail scientifique sérieux relève un intérêt dans la mesure qu’il s’inscrit dans la
continuité des problématiques déjà évoqués par les chercheurs. Envisager un travail
scientifique nécessite qu’elle apporte une valeur-ajoutée aux réflexions déjà abordées. De ce
fait, ce travail revêt un double intérêt scientifique et pratique.

1- Au plan scientifique

Cette thèse s’inscrit en droit ligne sur travaux les grandes questions qui structurent les
politiques environnementales au Cameroun. En effet, depuis la ratification des lois régissant
l’action de l’homme sur l’environnement, les politiques environnementales ont connu un

16
LA NOUVELLE LOI SUR LES FORETS loi N°94/01/ du 20 Janvier 1994 et le décret fixant les modalités des
régimes des forets (95/531/PM du 23 Aout 1995, Cameroun.
17
MINSTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DES FORETS : Manuel des procédures d’attribution et des
normes de gestion des forêts communautaires. Gouvernement du Cameroun, dans édition clé, Avril 1998.

8
bouleversement inédit aussi bien en termes d’acteurs, de facteurs, d’intérêts que les modes
d’opérationnalisation dans leur formulation et l’instrumentation.

Dans ce sens, le présent travail marquera un intérêt dans la mesure où qu’il s’inscrit en rapport
aux travaux de plusieurs auteurs sur la question environnementale. En effet, les politiques
environnementales étant conçus globalement avaient les difficultés d’atteindre les populations
cibles de manière aisée. De ce fait on a assisté à l’émergence des nouveaux acteurs, qui sont
directement touchés par le phénomène et ont une relation étroite avec la nature. Il s’agit des
collectivités locales. Ainsi ce travail s’appuiera sur cette catégorie d’acteurs pour démontrer
leur pertinence dans la résolution du problème climatique à travers leurs savoir-faire et les
connaissances sur les forêts. Le choix porté sur les communes de Djoum et de Lomié relève
aussi bien des similarités que ces dernières détiennent en matière de protection de la nature et
des différences dans les pratiques.

Parler de manière politologique, c’est déceler les points fondamentaux de l’analyse des
politiques publiques en matière environnementale sur son processus de formulation et de mise
en œuvre dans notre étude. Ce travail expliquera comment les discours, les croyances, les
représentations locales arrivent à élaborer les politiques climatiques et à faire le choix
d’instrument spécifique apte à leur milieu, qui va leur permettre de lutter contre le
changement climatique mais également d’améliorer leurs conditions de vie selon leur réalité.
Il traitera la manière que le local s’approprie ses outils et les convertissent à leur propre
avantages et par ailleurs examinera l’efficacité de ces outils par rapport aux réalités
contextuelles et les objectifs de départ.

2 –Sur le plan pratique

L’intérêt pratique qui relève de la dimension praxéologique de la présente thèse a toute sa


raison d’être. S’inscrivant dans la logique de Botton-down des politiques publiques. Il
propose de questionner de façon claire et précise la réalité ou l’effectivité de la formulation et
l’instrumentation locale des politiques environnementales par les collectivités locales dans les
communes de Djoum (Sud) et de Lomié (l’Est). La nécessité de donner aux communes la
gestion de leurs politiques climatiques afin de faire face au changement climatique, en se
basant sur leur savoir-faire, elles peuvent apporter des solutions concrètes.

Pour ne pas conclure, cette thèse est à la fois théorie et pratique. Elle permet de mettre en
lumière l’utilité de l’action publique locale. A l’ère de la modernité, elle favorise la fusion de

9
la théorie et de la pratique pour mieux expliquer la pertinence du travail. Alors ce travail
s’efforce à mieux déterminer à partir de ses hypothèses sur l’énonciation et l’instrumentation
locales des politiques environnementales comme un processus de construction de la réalité
sociale.

D- CADRAGE CONCEPTUELLE DU SUJET

La clarification des concepts est la matrice d’une pensée scientifique. C’est dans ce sens que
Jean BODIN recommande en toute chose, de rechercher la fin principale. La définition pour
lui n’étant autre chose que la fin du sujet qui se présente, le reste en découle et les
conséquences s’en suivent naturellement18. Dans ce sens, la définition des concepts clés
trouve toute son importance dans la construction de l’objet d’étude. Alors qu’il est nécessaire
de s’arrimer au crédo scientifique qui donne sens à la compréhension de notre sujet. A cet
effet, les termes qui retiennent notre attention sont : L’énonciation, l’instrumentation,
politique environnementales, changement climatique, commune.

1-Les politiques environnementales

Pour comprendre ce que sont les politiques environnementales, il est tout d’abord nécessaire
de préciser le sens des termes composant cette expression.

 Politique

En ce qui concerne « politique », il s’agit d’une notion polysémique dont le sens dépend de
l’emploi qui en est fait. Trois sens distinct lui sont reconnus selon la conception anglaise :
polity, policies et policy19 tandis que le français n’emploie que le mot politique. Le premier
terme, dérive du grec polis et politeia (au sens de « chose publique », c’est-à-dire l’ensemble
des acteurs et des institutions composant la cité), renvoie au politique au sens large. Le
politique est une forme de pouvoir qui présente la spécificité de reposer sur le monopole de la
coercition physique légitime (sur laquelle s’appuient les autorités publiques pour agir) et
s’exerce sur une collectivité, dans le but d’empêcher les conflits et d’imposer des règles de vie
commune20. Le deuxième terme politicies, renvoie à la lutte entre acteurs individuels ou
collectifs (notamment les partis politiques) pour la détention du pouvoir politique. Faire la
politique c’est participer à la compétition pour le contrôle du pouvoir étatique, afin d’occuper

18
BODIN (J). La République, Paris, réédition corpus des philosophes français, 1989, p.1
19
HASSENTEUFEUL. (P.), Sociologie politique : L’action Publique. Armand Colin 2e édition, Paris, 2011.
20
Ibid

10
des positions de pouvoir au sein des différentes institutions qui composent l’Etat 21. Le
troisième terme, policy, renvoie à l’idée d’un ensemble d’actions (et d’inactions) motivées,
sur la base d’un jugement rationnel. On désigne ainsi un programme d’actions poursuivi de
manière cohérente par un acteur collectif ou individuel. Cet acteur peut être politique, dans le
premier sens du terme, on parle de politique sociale du gouvernement ; cet acteur peut aussi
ne pas être politique, on parle, par exemple de la politique commerciale d’une entreprise22. En
effet, le premier et le troisième terme combinés feront ressortir l’expression de « politiques
publiques » qui retiendra notre attention.

Cette expression fait également objet d’une pluralité d’approches définitionnelles. Deux
approches vont émerger l’une étant réductrice (stato-centrée) et l’autre plus large (multi-
centrée). La conception stato-centrée des politiques publique est fondée sur l’idée que l’Etat
est l’acteur unique des politiques publiques. Il est perçu par les tenants de cette approche
comme disposant d’une rationalité absolue, d’un ensemble d’outils et de moyens qui lui
permettent d’atteindre dans un secteur donné de la vie publique les objectifs et buts assignés.
Dans la même veine, pour les auteurs de cette approche, l’ordre institutionnel est déterminant
exclusif de l’action publique et l’exercice du pouvoir est perçu comme reflet du pouvoir des
autorités étatiques. C’est une approche top-down des politiques publique.

Se situant dans cette perspective, Yves MENY et Jean-Claude THOENIG voient en une
politique publique « tout ce que les acteurs gouvernementaux décident de faire ou ne pas
faire, font effectivement ou ne font pas23 ». S’inscrivant dans la même vision, Pierre
MULLER voit en une politique publique « un programme spécifique porté par une autorité
gouvernementale24 ». Pour eux, l’expression «  politiques publiques » repose donc sur deux
notions fondamentales : celle d’un programme d’action et celle d’une autorité publique.

En réaction à cette manière réductionniste, limitée des politiques publiques va se développer


une conception pluraliste de cette dernière. Elle considère que l’Etat n’est pas l’acteur exclusif
des politiques publiques et voit en ces dernières le lieu d’intervention d’une multitude
d’acteurs. La pluralité des acteurs intervenant dans les politiques publiques se justifient selon
par la complexification croissante de la société, les frontières entre le public et le privé
deviennent flou, l’émergence des nouvelles problématiques à prendre en charge mais aussi en
raison des nouveaux acteurs qui viennent contester le monopole de l’Etat dans la gestion de la
21
Ibidem
22
Ibidemdem
23
MENY. (Y.), et THOENIG. (J-C), politique publique, Paris, PUF, 1989,P.6.
24
MULLER.(P), cité par MENY. (Y.), et THOENIG. (J-C), politique publique,op.cit

11
société. Madeleine GRAWITZ et Jean LECA vont définir une politique publique comme « 
une intervention investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale sur un
domaine spécifique de la société ou du territoire25 ». Toujours dans la même lancée, Frédéric
VARONE et Christophe MAGDALIJNS définissent une politique publique comme «  un
ensemble de décisions et d’activités que les acteurs publics et privés interdépendants dont les
valeurs, les intérêts, les appartenances institutionnelles et les ressources varient prennent et
réalisent dans le but de résoudre de manière coordonnée et ciblée un problème défini
politiquement comme collectif 26 ».

Cette seconde approche va être privilégiée dans notre recherche, en raison de ce que les
politiques environnementales sont transversales et plurielles et font appel dans leur
élaboration mais surtout à leur mise en œuvre une multitude d’acteurs.

 Environnement

Le mot environnement qui vient du verbe « environner » dans le sens « entourer », qui évoque
les contours, la totalité. Le terme environnement est révélateur d’une polysémie qui brouille
les contours, dans la mesure que son usage fait souvent appel à plusieurs interprétations
différentes. Cela se vérifie dans l’ouvrage de Corrine LARRUE lorsqu’elle met en opposition
les approches compréhensive de ce concepts afin d’en mesurer difficulté qu’il y a à cerner ce
mot.

La première approche est objective et biocentrique27. Elle définit l’environnement comme une
collection d’objets naturels en interaction (espèces, milieux, écosystèmes dont il s’agit
d’assurer la conservation et la reproduction : l’homme étant considéré comme l’un de ces
objets naturels. Mais cette définition rencontre les limites car elle exclut les objets artificiels
donc l’importance n’est pas à négliger pour caractériser le milieu ambiants et ses activités.

La seconde approche est subjective et anthropocentrique 28. Ici, l’environnement renvoie à un


ensemble des relations entre l’homme et le milieu naturel ou construit dans lequel il vit. Ces
relations physique, socio-économique qui constituent le cadre et les conditions de vie d’un
individu, d’une population, d’une communauté à différents échelons spatiales. Cette définition
25
GRAWITZ. (M.), LECA. (J.), cité par THOENIG. (J-C), « politiques publique », in BOUSSAGUET.(L.), JACQUOT.(S.),
et RAVINET. (P.) (dir), dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de Science Politique, 2010, pp.420-
426.
26
VARONE. (F.) et MAGDALIJNS. (C.), « l’évaluation des politiques publique de Belgique : théories, pratique et
défis », in pyramides, revue du Centre d’Etude et de Recherche en Administration » Publique, 1/2000,pp.1-17.
27
LARRUE .(C), Analyser les politiques publiques de l’ environnement. Paris. L’Harmattan.2000.
28
Ibid.

12
a le mérite d’être prise en compte dans la mesure qu’elle définit l’environnement dans toutes
ses formes.

De manière plus explicite, on pourra adapter la définition qui a été consacrée par la loi
conventionnelle du Cameroun29. Cette loi a le mérite d’être prise en compte dans la mesure
qu’elle joint les deux définitions sus évoquées en matière d’environnement. Elle entend par
« environnement » l’ensemble des éléments naturels ou artificiels et des équilibres
biogéochimiques auxquels ils participent que des facteurs économiques, sociaux et culturels
qui favorisent l’existent, la transformation et le développement du milieu, des organismes
vivants et des activités humaines. Alors il ressort de ses définitions comparatives que le mot
environnement est complexe30. Ainsi dans le cadre de notre étude, nous prenons l’appui sur la
loi-cadre du 05 Aout 1996. Cette définition est porteuse d’un message fort, marquant un
tournant décisif des politiques environnementales au Cameroun. Elle constitue la pierre
angulaire dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques environnementales.

 Les Politiques Environnementales

Après l’éclaircissement des mots qui composent les politiques environnementales, il est
question de définir l’expression proprement dite. Malgré qu’elle a aussi l’objet des
divergences du courant français à celui anglo-saxon.

L’approche française de la définition des politiques environnementales est complexe, en ce


sens que plusieurs auteurs sont à l’origine de la définition de ce concept. Pour ce faire,
Sylvain BARONE, Pierre-Louis- MAYAUX, Joana GUERRIN montrent la manière que le
new public management arrivent à définir les politiques environnementales dans le contexte
français. Pour eux, les politiques environnementales rassemblent des programmes d’actions
diverses et fondamentalement hétéroclites31. Ainsi ces politiques ne relèvent pas d’un secteur
d’administration particulière ou il n’y a pas une élite qui monopoliserait de manière légitime
cette expertise. Bien plus, elle échappe au découpage territorial traditionnel.

Bien que omniprésent dans les discours français, elle relève une complexité et ambiguïté
énorme. Elle aborde d’abord une définition transversale : les politiques environnementales
renvoient à des programmes relevant d’autres secteurs (aménagement/urbanisme,
agriculture/santé, énergie, habitat/construction) et donc du point de vue de l’administration,
29
La loi cadre du 05 Aout 1996 portant gestion de l’environnement au Cameroun
30
Cf.THYST (J.),  L’environnement à la recherche d’une définition, notes de recherche N° 1, Ifen, 1993.
31
BARONE (S), MAYAUX (P-L), GUERRIN.(J.) Que fait le New Public Management aux politiques
environnementales? In cairn.Info.2018/1 n 48/ Pages 5à 25.

13
d’autres segments que ceux de l’environnement stricto-sensu. Cette assertion plurielle des
politiques environnementales montre que la gestion de l’environnement est une affaire de tous
car plusieurs acteurs dans les domaines autres que l’environnement est en charge de sa
protection. S’appuyant sur cette approche, Pierre LASCOUMES voit plutôt aux politiques
environnementales un ensemble d’actions consensuelles et portées à la négociation.

Dans la même lancée, Julien WEISBIEN définit les politiques environnementales comme un
ensemble fluctuant des programmes souvent transversaux à d’autres secteurs classiques de la
de la machinerie étatique32. Il fait recours à deux dimensions pour l’extrême complexité de la
régulation publique des questions environnementales : il y a dimension éclatée des acteurs et
l’imprécision des objectifs. Ainsi, le ministère en charge de la définition de cette politique ne
gouverne qu’une faible part du domaine qui lui est symboliquement attribué.

Importance du nouvel enjeu qu’est l’environnement occupe une place essentielle dans la
construction des rapports entre les acteurs de divers domaine sur la scène internationale et
nationale à travers son actualisation. C’est précisément fort de cela que, Peter KNOEPFET,
Stéphane NATHRATH, Jérôme SAVARY et Frédéric VARONE33 proposent une lecture
captivante de la définition des politiques environnementales à deux niveaux. Tout d’abord,
les politiques environnementales sont l’ensemble de décisions et d’activités prises par les
acteurs publics et privés, et orientées vers la résolution d’un problème public clairement
circonscrit. En vue de compléter de premier niveau, ils montrent en second lieu qu’une
politique environnementale est une action publique (engagée par l’Etat) en vue de modifier
un état des réalités sociales et environnementales jugé politiquement inacceptable. Cette
définition relève d’une interprétation des politiques environnementales comme réponse
institutionnelles à des Etats sociaux et environnementaux jugés insatisfaisants. De ce fait, ils
relèvent que les politiques environnementales sont la construction de la réalité que les Etats se
font dans le but de satisfaire leurs intérêts.

Cependant, cette manière de voir les politiques environnementales est certes dominante mais
pas généralisable à l’ensemble des processus de l’action publique.

- D’une part Etat ne répond pas automatiquement (systématique) à toutes les


« demandes sociales » de manière égale ou comparable.

32
WEISBIEN (J) : les politiques de l’environnement. Dans Parcours « Risques, sciences, environnement,
santé », 4ème année, semestre 7, Institut Politiques de Toulouse 2015-2016.
33
KNOEPFET. (P.), NATHRATH. (S.), SAVARY.(J.) et VARONE. (Frédéric), Analyse des politiques suisses de
l’environnement, Chavannes-près-Rennes, Sion et Genève, le 15 septembre 2009.

14
- D’autres part certaines politiques environnementales sont parfois utilisées et /ou
interprétées par certains acteurs, non pas comme un instrument de l’action collective
en vue de résoudre un problème mais plutôt comme un instrument d’exercice du
pouvoir de domination par un ou à l’égard d’un groupe social particulier.

Ces définitions sont révélatrices de deux approches définitionnelles des politiques


environnementales. Nous avons la conception peu positiviste de l’Etat guichet neutre et
attentif à toutes les revendications sociales et l’approche de l’Etat-captifs par un ou plusieurs
groupes sociaux dominants et bien organisés. Ces approches sont si naïves, car les problèmes
publics tels que les politiques environnementales sont les construits sociaux et politiques, ceci
dans la mesure qu’elles dépendent toujours des (conflits) de perceptions, représentations,
idées, intérêts et ressources disponibles auprès des acteurs publics et privés concernés.

A partir de la définition des politiques publique de Peter KNOEPFET 34, une politique
environnementale constitue donc un ensemble de décisions prises par les acteurs publics ( et
parfois privés) visant à modifier le comportement d’un ou plusieurs groupes cibles, de
manière à ce que le problème collectif contienne aussi bien les règles générales et abstraites
(lois, ordonnances…), que les actes individuels et concrets produits lors de la mise en œuvre
( décisions administration, autorisations ; etc.).

Dans le cadre de notre étude, les politiques environnementales sont un ensemble de décisions
élaborées et construites par les autorités publiques et privées visant la modification du
comportement d’un ou plusieurs cibles, afin de garantir l’intégrité de l’écosystème, des
ressources naturelles et l’amélioration du cadre de vie des populations.

2-L’enonciation

L’énonciation est concept beaucoup plus définit par les linguistes. Elle renvoie à un
acte de langage produit par un ou plusieurs locuteur (celui ou ceux qui parlent) vers un ou
plusieurs destinataire (celui ou ceux qui reçoivent le message) (référence) Ce concept est
complexe du fait des différentes acceptions dont est susceptible le terme même
d’ « énonciation »35. Schématiquement, on peut distinguer trois types d’énonciations.

-l’énonciation « neutre »36 en tant qu’élément qui distingue la phrase et l’énoncé.

34
ibid
35
On peut se référer à Kerbrat-Orecchioni : Les interactions verbales, tome 1, Paris, A. Colin, (1980)
36
Ibid

15
-L’énonciation comme « événement mondain »37 telle qu’elle est entendue par les auteurs de
l’approche subjective.

-L’énonciation dite «  sémantique et discursive »38 s’inscrivant dans ce troisième élément pour


définir cette notion. Nous nous attarderons sur ce troisième dans la mesure où l’énonciation
est d’abord sémantique parce qu’elle révèle d’un fondement linguistique qui est la phrase et
par la suite discursive parce que ses dimensions sémantiques impliquent des discours.

Dans la logique traditionnelle des Greimas, Bruno LATOUR39 définit l’énonciation


comme l’ensemble des éléments absents donc la présence est nécessaire au sens, présence
marquée directement ou indirectement dans les messages ou dans les messagers énoncés. Il
révèle que les discours émis aident le locuteur compétent à rassembler les marques afin de
donner sens à l’énoncé. En distinguant soigneusement l’énonciation telle qu’elle est installée
ou inscrite dans le discours, l’énonciation proprement dite est toujours présupposée40.

Dans le cadre de ce travail, nous assimilons l’énonciation à la formulation, élaboration,


production ou fabrication des politiques publiques. Donner une définition précise de
l’énonciation des politiques publiques n’est pas chose aisée aujourd’hui. Le premier réflexe
lorsqu’on parle de l’énonciation des politiques publiques, nous rappelle de l’approche
réductrice des politiques publiques. D’après Vincent LEMIEUX, l’énonciation est le
processus de réalisation d’une politique publique41. Elle se nomme encore formulation42.

Vincent GOSSELIN dans sa thèse, s’inspirant des travaux de Michael HOWLETT et


Michael RAMESH montre que le processus de formulation est divisé en deux sous-groupe :
policy formulation et policy decision-making43. Il montre que le premier sous –processus
consiste à mettre en exergue le concept policy formulation, qui est un moment qui « implique
d’évaluer des solutions possibles à des problèmes politiques ou si l’on veut d’explorer

37
Ibid.
38
Ibid
39
LATOUR (B.) : «  Petit philosophie de l’énonciation », Institut d’Etude Politiques de Paris (Texte paru dans
P.Basso & L. Corrain (dir), Eloquin de senso. Dialoghi semiotici per Paolo FabbriOrizzonti, compiti e dialoghi
della semiotica, 1998, pp.71-94.

40
Ibid
41
LEMIEUX (V.) :L’étude des politiques publiques : « les acteurs et leur pouvoir », 3è éd.rev et augm. Québec :
les Presses de l’Université Laval, 2009, 206p
42
Ibid
43
GOSSELIN (V.) : La formulation des politiques publiques sur le trafic international des personnes au
Canada, une approche sécuritaire  ou humanitaire ? 1986 -2009. Mémoire présenté comme exigence partielle
du master en SPO. Université de Quebèc à Montreal, Aout 2012.

16
diverses options disponible pour répondre au problème »44. Elle consiste à examiner, à faire le
tri sur certains que les décideurs pourraient accepter. Ces auteurs soulignent que ce processus
n’implique que les acteurs membres du sous-système politique. Cela signifie que plus les
acteurs détiennent des positions proches de celle des responsables, plus ils sont disposés à
influencer l’événement pendant cette étape45.

Le deuxième sous-processus : policy decision making, implique une prise en compte


des responsables. Ici le nombre d’acteurs est considérablement réduit. Il montre que le groupe
d’acteurs politiques participant est presque invariablement restreint à ceux qui ont la capacité
de prendre les décisions contraignantes pour le public46. Cela va dans la même logique que
Vincent LEMIEUX qui voulait que seuls les responsables politiques (et parfois leurs
entourages) décident de l’issue de la formulation d’une solution. Michael HOWLETT  et
Michael RAMESH révèlent que le public cible est parfois écouté par les élus et par la suite
marginalisé au moment de la prise de décision47.

Par ailleurs, l’approche réductrice des politiques publiques renonce à donner un


schéma normatif de la formulation des politiques publiques. Car la séquence de la
formulation est étroitement liée à l’émergence de l’analyse des politiques publiques. Ainsi les
policy sciences puis les policy analysis sont fortement orientées vers la formulation des
politiques publiques à destination des auteurs de la décision. De ce fait, la formulation et la
décision ont été placées au centre du modèle séquentiel. C’est cette optique qu’ils définissent
la formulation comme « l’activité de découverte, de conception et de définition des solutions
aux problèmes » qui « à lieu quand un problème public a été considéré comme devant faire
l’objet d’attention du gouvernement »48. Dans la même logique, la formulation succède donc
la construction d’un problème par divers acteurs et leur mise sur agenda. Toutefois, la
formulation consiste à faire exister le problème, à le définir et la mise sur agenda peut être un
lien à l’existence préalable des solutions comme souligne le modèle.

Pour Patrick HASSENTEUFEL49, la formulation contribue à réduire les choix


envisagés et envisageables en constituant une sorte de pré-décision. Pour lui, la formulation
44
Ibid
45
Ibid p59
46
Ibid
47
HOWLETT (M.), RAMESH (M.), « Studyng public policy cycles and policy systems ». Second edition,
Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 20.
48
HOWLETT (M.), MUKHERJEC, op.cit., p4.
49
HASSENTEUFEL (P,.): “ Acteurs et espaces de la formulation des politiques publiques” Dans Sociologie
politique de l’Action Publique (2021), Pages 131 A 159.

17
doit être considérée comme un processus qui articule les activités d’analyse d’un problème à
partir d’un recueil d’information sur celui-ci, un travail de construction de solutions,
renvoyaient à des orientations de solutions, de procédures et des instruments, d’échange sur
celle-ci et des opérations de sélection et hiérarchisation de solutions élaborées. De même, il
montre que le processus de formulation ou policy design est un processus délibératif et
décisionnel au cours duquel le contenu d’une politique se construit à travers la définition des
objectifs, les choix du modèle causal, d’instruments et de groupes cibles ou encore
détermination des programmes d’action et des responsabilités de mise en œuvres.

Pour lui, la formulation des politiques publiques est un construit, dans la mesure où
les acteurs qui portent ce problème sur l’agenda montrent aux pouvoirs publics que ce dernier
est sérieux et sévère et que les conséquences estimées à la non intervention sont
dramatiques. Cette approche monolithique de la formulation a eu des limites. Car l’analyse
des politiques publiques ont connu une pluralité de transformation, pendant une bonne
période, les pouvoirs publiques à eux seuls avaient la charge d’élaborer et de mettre en œuvre
les politiques publiques.

Par ailleurs, cette manière de définir l’énonciation des politiques publiques a connu
des limites. Ces différents auteurs mettent l’Etat ou les acteurs étatiques au cœur de la
formulation ou comme acteur central de l’énonciation. Vincent LEMIEUX, Michael
HOWLETT et Michael RAMESH50 montrent que la formulation des politiques publiques
émane d’un seul acteur, qui est un responsable politique. Dans cette approche réductrice, on
observe une lente appropriation des orientations du projet par les différents protagonistes,
parfois le processus inachevé du fait de l’absence du raisonnement tant institutionnels que non
institutionnels autour de la prise en charge du problème. Cette vision est limitée dans la
mesure où il y’a une multiplicité des acteurs intervenant tant dans la construction du problème
public que son processus décisionnel.

La complexité des phénomènes, ouverture du monde fait intervenir des acteurs dans
l’énonciation des politiques publiques. C’est fort de cela que RIVAL M. et RUANO-
BORBALAN rompt avec cette assertion monolithique de l’énonciation au sein de la sphère
publique51. Ils mettent en lumière l’intervention de plusieurs acteurs dans le processus de
production et de mise en œuvre de la réalisation de l’action publique. Pour eux, enjeu majeur

50
WILDAVSKY.(P.,) : « Implementation ». Berkeley, CA : University of Cal Press.
51
RIVAL (M.) et RUANO-BORBALAN (J-C.) : « La fabrique des politiques publique co-construites : idéologie
et pratique innovante ». Dans Politique & Mangement Publics, Vol 34 /1-2/2017 P5-16.

18
dans la définition de ce concept réside dans la multiplicité d’acteurs et leurs points de vue
participe à la production de ces politiques. La notion de « fabrique » à laquelle ils font recours
pour besoin de démonstration, justifie suffisamment l’intérêt qu’on accorde à leur travaux.
Cette notion de fabrique de politiques publiques permet de penser l’action de l’Etat comme
une co-construction entre les acteurs de diverses sphères. Ils montrent que l’action publique
doit faire appel à une construction plurielle, alors dorénavant, la fabrique des politiques
publiques est un objet disparate. Dans la mesure où on assiste à l’intervention d’une pluralité
d’acteurs sur le terrain (entreprise, société civile, collectivité locale…). Cette collaboration est
acceptée de nos jours par l’administration publique. Ces nouveaux acteurs sont devenus des
véritables co-constructeurs de la fabrique des politiques publiques. En effet, l’influence de ses
acteurs privés est devenue une réalité assumée. Cet impact se manifeste à travers la stratégie
interne ou externe dans leur environnement contextuel. Au travers de cela, le processus
d’élaboration est modifié directement ou indirectement et les interprétations des mesures sont
divergentes selon le milieu. De même, ils voient que l’analyse d’élaboration des politiques
publiques et leurs connaissances par divers acteurs permettent d’interpréter les changements
des autorités et légitimer l’action publique. Dans cette lancée, ils définissent la fabrique des
politiques publiques comme l’ensemble de processus construit par différents partis prenants
(public, privé ) locale, permettant de changer ou de transformer le rapport entre les
gouvernants et les gouvernés ou encore comme une co-construction entre les acteurs de
diverses sphères52.

Dans la même veine, les approches discursives rompent avec les approches de choix
rationnels. Ils mettent la domination du discours, le langage, l’argumentation et plus
généralement la question du sens «  en action » au cœur de la définition de leur analyse53.
Cette approche s’inscrit dans une perspective constructiviste et qualitative car le discours des
acteurs est d’abord ceux par quoi les acteurs conçoivent le monde et le aussi un moyen de le
transformer Elles définissent l’énonciation des politiques publiques comme un ensemble de
discours54déployé par les acteurs afin de produire un sens, une perception dans un contexte
qui singularise les situations dans lesquelles ils évoluent55. C’est ainsi que Anna DURNAVA
et Philippe ZITTOUN56 voit en l’énonciation des politiques publiques une production des

52
Ibid
53
DURNAVO (A), ZITTOUN (P.) : « Les approches discursives des politiques publiques. Introduction » Dans
REVUE FRANAISE DE SCIENCE POLITIQUE, n° 3-4  (vol.63), PAGES 569-577, 2013
54
Le discours étant le lieu de production du savoir et de construction du pouvoir.
55
DURNAVO (A), ZITTOUN (P.), op.cit., pp. 569-577.
56
Ibid.

19
connaissances pratiques que mobilisent les acteurs, aux interprétations multiples qu’ils
déploient pour produire le sens ou encore la production du discours et de sens par une
pluralité d’acteurs. En d’autres termes, c’est la capacité pour des acteurs à définir le problème
et à le porter en transformant des situations en problème public. Cette approche fait reposer la
définition d’énonciation sur la multiplicité des acteurs et leurs différents discours qui donnent
sens à la formulation des politiques publiques.

De même, Moïse Yanou TCHINGANKONG57  émet l’idée que la feuille de route est un acte
de langage, de communication des acteurs gouvernementaux ou non au Cameroun. Il part du
questionnement du système politique administratif camerounais dans un contexte post-
électoral marqué par un discours très vigoureux du chef d’Etat à travers son nouveau
programme : « la feuille de route ». Au moyen de l’approche symbiotique qui s’opère entre
les approches discursives et les approches néo-institutionnelles, il met en lumière la pratique
de l’Etat en action au Cameroun. C’est ainsi qu’il fait recours à la notion d’énonciation des
politiques publiques. Il l’a défini comme : «  l’ensemble de solutions apportées face à une
décision par un ou plusieurs acteurs afin de le matérialiser ou encore l’ensemble de processus
qui consiste à elister les actions réalistes et réalisables susceptible d’améliorer les conditions
des populations »58

3-L’instrumentation locale

Le concept instrumentation nécessite en fait qu’il y’est les préalables à savoir : une
différenciation entre l’instrumentation et l’instrument. L’instrument est une notion qui a fait
couler beaucoup d’encre dans le monde des sciences. C’est dans ce sens qu’il peut prendre
plusieurs dénominations (l’instrument, outil et dispositif), et a souvent été éclairci à l’origine
par les sciences de gestion, la sociologie de science et de technique mais il est aussi utilisé de
manière équivalente par plusieurs auteurs. Plusieurs auteurs se sont attardés sur la
compréhension de ce concept. On part d’abord des théoriciens du fonctionnalisme (1970-
1990. Cette approche traditionnelle est beaucoup plus angloxanes et mise sur pied par les
économies. Pour ces auteurs, il faut rationaliser l’utilisation des instruments et cela est porté
par bon nombre d’auteurs. Par la suite, nous avons un autre groupe mais toujours des
fonctionnalistes, qui soutiennent que les instruments ont des objectifs précis et reconnaissent

57
TCHINGANKONG YANOU.(M.) : « l’encastrement de la feuille de route dans la pratique administrative :
énonciation et instrumentation des politiques publique au Cameroun ? » Communication présentée au 7e congrès
de l’association Belge de Science po (ABSP) sur le thème « l’Etat face à ses transformation », Université de
Mons, Belgique, 3-4 avril 2017.
58
TCHINGONKANG (ibid).

20
la nécessité de prendre en compte le contexte et l’utilisation des instruments mixtes et afin
l’approche sociologique soutenue principalement par Pierre LASCOUMES et Patrick LE
GALES « approche par les instruments ». Nous commencerons d’abord sur la dernière.

L’approche par les instruments a une dimension plus sociologique. Les auteurs de cette
approche voient que « les instruments se proposent d’opérer principalement une coordination
entre les modalités d’intervention hétérogènes »59. Et ils sont vus comme des nouvelles formes
de gouvernance. Cette approche voit aux instruments une dimension déterminante dans les
changements observables que les intérêts mobilisés par les acteurs, leurs organisations et leurs
croyances. Ainsi la diversification des instruments ou encore la multiplication des « nouveaux
instruments » de l’action publique et l’émergence d’autres acteurs (société civile) démontrent
que l’Etat n’a plus le monopole de l’action publique, ainsi les institutions au sein de la société
ont la possibilité de mettre sur pied des dispositifs substantifs et procéduraux et impulser leur
adoption60. Pierre LASCOUMES et Patrick LE GALES61 voient en cette approche un mode de
raisonnement qui permet de dépasser la coupure, parfois fétichisée, entre politics et politicies.
Ils les définissent comme des techniques de choix qui poussent les acteurs politiques à se
conformer à telle ou autre norme en tenant en compte les effets productifs par ces choix. Dans
la même logique. Elle rompt avec l’illusion sur la neutralité des instruments, en spécifiant les
effets et les problèmes légitimes de chacun62. Cette approche trouve sa limite à travers la
conception socio-historique des instruments car elle n’a pas pris en considération la notion de
temps car la temporalité à une incidence sur les instruments dans la mesure où la période où
un outil a été mis sur pied peut être modifié avec le temps et affecter son évolution63. C’est
fort de cela que cette approche est critiquée car la formulation d’instrument doit tenir compte
du facteur temps.

Ces théoriciens de l’approche par les instruments critiques les fonctionnalistes parce qu’ils ne
tiennent pas en compte « la construction sociale des problèmes »64. En plus, les instruments
sont inséparables des agents qui déploient les usages et les font évoluer65. Pour ces auteurs,

59
LASCOUME. ( P) et LE GALES. (P) : Gouverner par les instrument, 2004 ,P359.
60

61
LASCOUMES. (P.), LE GALES (P.) : « l’action publique saisie par ses instruments », Dans Gouverner par les
instruments, 2005, Pages 11 A 44

62
IBID p ???
63
Cf le dictionnaire des politiques publiques de BOUSSAGUET Pages 368
64
LANDRY. (R.) , VARONE.( F.) : « Choice of Policy Instruments : Confronting the deductive and the
interactive approaches ».2007, 106-131. Dans ELIADIS,(P.), HILL,(M.), HOWLETT, (M.) : Designing
goverment fron Instrument to Goverment. Mc-Gill-QUEEN’S Universty Press, 2007,pages 454.
65
LASCOUME (P.), LE GALES (P.), Ibid P.14

21
l’instrument ne peut pas être réduit à un simple outil technique de rationalité ou aux
circonstances matérielles. En effet, ces outils sont porteurs de valeurs et nourris
d’interprétations sociales et de conceptions précises pour la régulation envisagée66. Ainsi on
dirait que les instruments sont au cœur de la redéfinition du pouvoir mais également de la
définition de la politique entre gouvernants et gouvernés.

C’est ainsi que les auteurs néo-institutionnalistes se sont intéressés aux instruments pour
mettre en évidence les changements politiques67. Ils considèrent les instruments comme des
institutions au sens sociologie. Ils attribuent un rôle central aux institutions pour la
compréhension des phénomènes sociaux, économiques, politiques et culturels et pour la
reconstruction des rapports complexes entre les individus et les sphères supra-individuelles.
Ces institutions pris comme des instruments contribuent à la définition profonde des
régularités comportementales des individus en réduisant les incertitudes et en rendant plus
prévisibles les phénomènes sociaux, économiques, politiques et culturels. Il est porté par
certains auteurs qui considèrent les instruments comme des institutions. En le définissant
comme un ensemble plus ou moins coordonné de règles et procédures qui gouvernes les
interactions et les comportements des acteurs et organisations. Ainsi ces instruments en tant
que institutions produisent les effets et déterminent la manière que les acteurs devraient se
comporter. Par-là, il montre que l’instrument pris comme institution permet de réguler le
comportement des individus à travers les normes stables. Ces normes sont vectrices de
transformation ou de modification au sein de la société. Dans le même sens Julien
ETIENNE68 considère un instrument comme une institution (un organisme) et énonce les
raisons qui amène un organisme à se conformer aux instituions. En examinant le caractère
déterministe et obligatoire de la règlementation, il montre comment l’instrument impacte les
comportements visés. Il montre que les instruments produisent des effets mal connu ou connu
et poussent le public à se conformer. Bien plus, il voit à l’instrument un ensemble de règles
qui poussent les individus à se conformer et impacte sur leur comportement. Alors instrument
constitue un type particulier d’institutions qui produisent des effets structurants à long terme.
A sa suite, nous pouvons mentionner Peter.A.HALL suivi de Bruno JOBERT qui va dans le
même sens. Le premier définit un instrument comme institution qui amène à hiérarchiser trois
ordres de changement de l’action publique. Alors l’instrument est au cœur des changements

66
Ibid p13
67
CF le dictionnaire des politiques publiques de BOUSSAGUET Ibid p 331
68
ETIENNE. (J.) : «  La conformation des gouvernes : une revue de la littérature théorique » Dans REVUE
FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE, Vol.60, 2010, PAGES 493-517.

22
dans l’action publique69. Le second reprend le premier en voyant aux instruments une recette
des grandes finalités. On peut dire que ce courant définit les instruments comme des
institutions permettant de changer les politiques et produire des effets sur les destinataires.

Ces approches ont eu le mérite d’être explorées dans la mesure qu’elles ont révélé les
incompréhensions sur le concept qui était beaucoup considéré dans sa dimension matérielle
que politique. C’est ainsi que Lorrain Dominique voit à un instrument un construit du réel par
les acteurs70. Pour lui, elles constituent des construits intermédiaires à partir des quels se
représente le monde réel. En effet, il voit aux instruments des supports qui permettent d’agir,
de mesurer les résultats et de les corriger. Ces instruments sont des producteurs d’une
représentation spécifique de l’enjeu qu’il traite alors il crée des effets propres ou inattendus.
Au travers de ces différents écrits, nous pouvons retenir que l’instrument est un ensemble de
connaissances construites par les acteurs ayant pour but de produire les effets sur un
phénomène spécifique. Ainsi il est mis sous pieds pour toucher directement ou indirectement
les acteurs ciblés.

Toujours dans l’objectif de mieux élucider le concept d’instrumentation qui peut à des
moments être confondu à celui de l’instrumentalisation. L’instrumentalisation c’est le fait
d’utiliser une personne ou une chose comme un instrument pour atteindre un but. Autrement
dit, l’instrumentalisation se traduit par le moyen mis sur pieds par un ou plusieurs acteurs en
vue de satisfaire leurs intérêts, il est utilitariste. Il existe plusieurs types d’instrumentalisations
en fonction de la cible qu’on veut toucher.

Ce qui est important de savoir de prime abord est que l’instrumentation s’inscrit
particulièrement dans ce qu’il convient d’appeler  le choix et usage de la matérialisation et
l’opérationnalisation de l’action de l’Etat. A cet effet, il renferme différents registres, cela
veut dire qu’elle peut être politique ou social selon la tonalité que les acteurs veulent lui
donner. C’est d’ailleurs ce point de vue que partage Frédéric VARONE pour qui,
l’instrumentation est une question politique dont le choix va structurer en partie le processus
et ses résultats. Plus l’action publique se définit par les instruments, plus les enjeux de
l’instrumentation risquent de soulever des conflits entre différents acteurs, intérêts,

69
HALL.(P,A.), «policy paradigms, Social Learming and the State : The case of Economic Policy-Making in
Britain », Comparative Politics, 25(3), avril 1993, p275-298.
70
DOMINIQUE. (L.) : « la dérive des instruments indicateurs de la politique de la ville et l’Action Publique.
Dans revue française des sciences po, Vol 56, Pages 429-455.

23
organisations ainsi l’instrumentation sociale qui recouvre les sujets aussi différents qui lutte
contre les maux économiques et la promotion des valeurs sociales71.

Concrètement, l’instrumentation est dite politique lorsqu’elle rassemble un ensemble


d’opérationnalisations, enjeux pratiques car le choix des outils peut faire l’objet de conflits
politiques entre différents acteurs cible ou encore elle vise à contrôler le comportement et à
produire des effets selon les émotions des acteurs. Elle devient sociale lorsqu’elle concerne
les campagnes d’intérêt général à travers la communication des mesures (campagne pour
l’emploi, urbanisation, sécurité routière et environnement), des nouveaux dispositifs qui vont
inciter la population à modifier leur comportement et produire des effets.

Bien plus que présenter de la sorte, nous ne saurons-nous arrêter à cette compréhension infinie
de l’instrumentation. En effet, l’instrumentation est avant tout un choix public, ce qui permet
d’ailleurs de l’appréhender comme un ensemble de problèmes posés par le choix et l’usage de
l’instrument qui va permettre la matérialisation et l’opérationnalisation de l’action
gouvernementale72. Cela revient à dire qu’elle implique un certain nombre d’acteurs (étatique,
régionale, locale…) dans la sélection des dispositifs. De ce fait, il parait que l’instrumentation
doit d’être au service du public.

Ainsi dit, il ressort que l’instrumentation n’est nullement arrogée à une personne mais vu
comme un processus entremêlés à niveaux multiples, ce qui doit être pris en compte dans le
choix et l’évaluation des programmes de l’action publique selon Michael HOWLETT 73. Il
s’appuie sur le choix et la sélection des instruments et assure la perspective fonctionnaliste sur
ces derniers. Elle vise à établir une interaction sur les acteurs cibles et le choix et usages des
outils de régulation et les modes d’opérations en mettant en œuvre des supports y afférents
afin de faciliter l’implémentation de mesures prises sur une situation spécifique, pour mieux
traduire les réalités concrètes. Dans ce même sillage, Peter JOHN s’intéresse à la contribution
des instruments à l’opérationnalisation de l’action. Ainsi il suggère une grille d’analyse sur
deux critères : les conditions d’introduction d’un instrument et l’évaluation selon l’efficacité.74
Il rejoint Michael HOOWLETT, en considérant qu’il est difficile de distinguer l’effet
71
VARONE. (F) :« le choix des instruments de l’action publique : Analyse Comparée des politiques
énergétiques en Europe et en Amérique du Nord ». Revue Internationales de Politiques comparée. Vol
7 (1), 2000, pages 167-201.
72
CHALPEN (C.), LASCOUME.(P.), LE GALES (P.) : L’instrumentation de l’action publique. Controverses
resistence,effets. Science Po Gouvernances, 2004.
73
HOWLETT.( M.) : Globalization and the choice of gouvrerment instrument. Newese, 2009.
74
PETER JOHN : Making policy work, 1st Edition, in Routledge Textboooks in Policy Studies ,2011 

24
spécifique de chaque type d’instrument compte tenu de la superposition des techniques de
régulation et le contexte varié de leurs usages75.

Au demeurant, l’instrumentation est intimement liée au choix et à la sélection des instruments


horizontaux et verticaux qui seront matérialisés et opérationnalisés à différents niveaux selon
les spécialités de l’action voulue. Ils produisent des effets spécifiques indépendants en
fonction des objectifs poursuivis ainsi ils sont des enjeux politiques et porteur de valeur
nourris par l’intervention sociale. Pierre LASCOUME et Patrick LE GALES76 illustrent ce
propos comme un ensemble d’outils qui permettent de comprendre les raisons qui poussent à
retenir tel ou tel outil par rapport à tel autre mais aussi envisagé les effets produits par ces
choix.

Cependant cette manière radicale d’analyser l’action publique, met en doute l’intérêt de
l’approche par les instruments. Certains auteurs voient qu’elles n’apportent rien de nouveau
en termes de compréhension de l’action publique. La mise en évidence des instruments, la
focalisation sur la forme, sur la carrière et leurs effets contribueraient surtout à entretenir
l’illusion d’une action publique rationnelle, pragmatique et finalisée Stéphane NATHRATH
et Frédéric VARONE estiment que les instruments ne sont pas les « institutions de second
rang » qui permettent la micro régulation au sein des ressources77. Pour eux, les institutions
fondamentales contraignent l’élaboration des politiques publiques et déterminent le choix des
instruments. De ce fait, ces auteurs soutiennent l’argument selon lequel la stabilisation des
modes de régulation interviendrait à un niveau plus macro et voient que cette approche
n’apporterait que peu de réponse à l’élément de coordination entre les régimes institutionnels.
Alors ils vont déplacer le regard sur les instruments vers la combinaison d’instruments, des
formes d’instrumentation afin de tester la robustesse du cadre d’analyse. Ils admettent l’idée
que le choix et la sélection d’instrument sont soumis à de multiples rationalités, qui dépassent
les enjeux d’efficacité. Alors il faut repenser le rapport entre public et privé ou encore entre
gouvernant et gouverné.

L’instrumentation locale renvoie à un ensemble d’instruments mobilisés (décision, rapport,


discours…) par les autorités locales pour faire face à un problème dans le but de concrétiser
leurs actions. En effet, il est question de voir la manière que le local s’approprie des outils
conçus sur le plan supranational et national et leur convertir à leur propre réalité afin de
75
PETER JOHN : ibid
76
LASCOUME (P.), LE GALES. (P) : p29

77
NATHRATH.( S.), VARONE .( F.) :

25
relever les enjeux et les défis qu’ils font face et les effets produits aussi bien dans ses
dimensions économiques, sociales que politiques. C’est ainsi que Jihid FARAH montre que
les Agendas 21 sont une illustration assez expressive de l’implication du local dans
formulation des outils qui leur sont adressés. En effet, il part du principe selon lequel les
problèmes environnementaux peuvent être résolus de façon à ne pas nuire à l’efficacité
économique ni à sociale, s’ils sont approchés à travers la planification et une gestion
environnementale intégrées de la société et la collectivité locale 78. Cette perspective
participative du local permet une appropriation par les populations des enjeux qui pèsent sur
leur cadre de vie et les défis qu’ils doivent relever à travers leur prise en compte active du
problème. Ils relèvent que le choix ou la sélection des instruments doit tenir compte du milieu
et des contraintes qui y sont liées. Ce qui pousse à dire que l’instrumentation locale est
l’ensemble de mécanisme de choix mis sur pieds par les collectivités tenant compte des
réalités du milieu et les changements qu’elle peut apporter (effets produits) pour parvenir à un
objectif. Etant donné que le choix des instruments n’est pas neutre 

Dans le cadre de notre travail, il est incontestable que le national et le local font face à un
grand nombre d’options dans le choix des instruments de l’action publique local. Charlotte
HALPERN, Pierre LASCOUMES et Patrick LE GALES soutiennent que l’instrumentation
est particulièrement utile dans l’analyse des politiques environnementales, notamment dans la
mesure où les politiques environnementales sont par nature, vaste donc mal définies
transversales et multisectorielles. Alors une approche par les instruments est nécessaire pour
mieux encadrer les contours des enjeux et défis environnementaux 79. Alors la sélection des
outils par les décideurs ne constitue par une action neutre, dans la mesure où les instruments
permettent d’appréhender les intentions des décideurs et les cadres cognitifs qui influencent
ces choix.

Sans pourtant conclure, l’instrumentation locale implique la mobilisation du choix des


dispositifs par les acteurs locaux en matière environnementale dans un contexte bien défini et
les raisons qui ont conduit à opter, à rejeter ou combiner des instruments, ainsi que les effets
escomptés. Ce qui revient à comprendre que l’instrumentation locale est une construction des
dispositifs techniques déployés par les acteurs locaux qui organisent les logiques (idées,
connaissance, sens, perception…) d’action publique. Alors les dispositifs permettent

78
FARRAH. J.) : « Environnement et construction du bien commun local : l’apport de l’analyse du discours ».
In Environnement Urbain /Urban Environnement (En ligne), Volume 7 /2013 mis en ligne le 18 Septembre
2013, consulté le 28 Mars 2023. URL : http // journal.openedition.org/eue/388
79
HALPERN, LASCOUMES et LE GALES. Ibid

26
d’expliquer, matérialiser et de concrétiser les décisions des acteurs locaux en matière
d’environnement. L’instrumentation locale est le processus par lequel chaque collectivité
arrive à s’auto référer par rapport aux politiques environnementales.

4-Le changement climatique

Le changement climatique est désormais une problématique globale. Cette notion a toujours
créé des controverses à multi-niveaux dans les débats des scientifiques sur son origine. Les
sciences économiques ont dominé la construction scientifique du problème au moyen de
modèles et des scénarios prédictifs qui conditionnent fortement la perception par les décideurs
et les médias.

Conscient que le changement climatique (CC) et ses effets sont désastreux pour la planète et
que son origine est anthropique. Les scientifiques avaient déjà détecté le problème mais le
GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur l’évolution du Climat) est venu le mettre
sous sa forme écrite. La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC) entend définir le « changement climatique » comme les changements
sur le climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la
composition de l’atmosphère mondiale et que viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du
climat observées au cours de la période comparable 80. Autrement dit, le CC est de variation
du climat causé par l’activité humaine donc les modifications sont observées en période
différente. Dans le même sens pour l’UNICEF, le terme CC se traduit par l’augmentation de
la température à la surface de la terre, mais également par l’intensification des catastrophes
naturelles et de leur ampleur (inondation cyclones, sécheresse)81. Elle montre que les activités
des hommes notamment les émissions de gaz à l’effet de serre (Ges) sont une première cause
du cc. Ainsi ces effets sont multiples sociales, économiques…

Valentine Van GAMEREN, Romain WEIKMANS, Edwin ZACCAI définissent le


changement climatique comme: « une élévation graduelle de la température moyenne du
globe donc son origine est soit anthropique soit naturel »82 . Mais cette définition rencontre
les limites.

80
Conférence Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique : « dans son article premier », Nations
Unies 1992, P.4.
81
Fond des Nations Unies pour l’Enfance France : «  la lutte contre les changements climatiques » Dans 15
minutes pour comprendre, Philippines, 2006, P.13.
82
Ibid

27
Yann BERARD et Daniel COMPAGNON posent le problème de la définition du CC, de ses
controverses et les résolutions apportées par les pouvoirs publics sur ses effets83. Ils se posent
la question de savoir comment est fondée la gouvernance globale du climat, en renonçant
peut-être, comme le suggère Amy DAHAN, au modèle de Kyoto dit « cap and trade » qui
associe des quotas de réduction des émissions par pays et un marché planétaire de carbone.
Ils défendent l’idée que le CC est envisagé comme un construit social entre acteurs ayant les
intérêts divergents. Pour mieux comprendre cela, il fait recours à la théorique du
constructivisme social au travers des discours sur les actions de l’Etat et le marché carbone.

Ils soutiennent l’idée que le changement climatique est un construit social à trois niveaux
naissances, tantôt légitimées, tantôt fortement controversées et un ensemble de présupposées
ou des visions du monde  » concernant l’action de l’Etat, des entreprises et les citoyens face à
un risque «  un ensemble de projections sur le climat futur produites par les sciences du
climat ; un complexe d’institutions politiques et sociales à travers lesquelles circulent ces
projections et con présenté comme global. Autrement dit, ils définissent le CC comme un
ensemble des perceptions, des intérêts, des connaissances, des discours des acteurs
(institutionnel, politique, sociale, économique…) sur le climat. Le CC peut être accepté ou
être à l’origine des fortes divergences en fonction des intérêts des acteurs. Ce qui les amène à
dire que ce phénomène est construction sociale.

PARAGRAPHE II : LA PROBLEMATISATION DE L’OBJET D’ETUDE

Problématiser son objet d’étude revient pour le chercheur à en faire l’état de la question (A),
décliner sa problématique (B), et présenter les hypothèses dans le cadre du traitement de cet
objet (C).

A- LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DU CLIMAT AU CONCRET :


UNE ANALYSE DES APPROCHES ET DES CONTROVERSES

L’environnement s’est donc imposé aujourd’hui comme une problématique majeure pour
l’ensemble des communautés humaines et des Etats. Comme mis en évidence, à travers
la problématique de la gestion du climat qui constitue sans contexte un sujet de
préoccupation majeure pour l’ensemble des Etats, se dissimule en réalité la question des
changements climatiques qui sont sans conteste la plus grande menace sur la
préservation et donc le maintien de la viabilité de l’environnement, et partant de la
83
BERARD,(Y.), COMPAGNON, (D.) : «  Politiques du changement climatique : controverses scientifiques à
l’action publique » Dans critique internationale,N°62  vol 1, 2014 , pages 9 à19.

28
qualité de la vie des Hommes. Les changements climatiques se sont donc hissés au
rang de problème politique de premier ordre. Ce changement étant la conséquence des
actions de mobilisation, de sensibilisation et d’interpellation sur les réalités y afférentes
et leurs effets néfastes à venir pour les communautés humaines et les Etats par un
ensemble d’acteurs intéressés par la question de la préservation de l’environnement 84.
L’élément déclencheur de cette mutation de problème social à problème politique qui
dès lors fait l’objet d’une prise en charge collective tant au plan interne des Etats
qu’au niveau international par les autorités publiques, est l’intéressement de ces
derniers à cette réalité, lequel intéressement s’est vu suivre d’un ensemble d’actions
destinées à juguler ce phénomène, et à préserver l’environnement. L’on a donc assisté à
une mise sur agenda85 de la question des changements climatiques, la finalité ici étant
d’assurer une prise en charge optimale des problèmes qu’ils génèrent, à l’effet de
préserver l’environnement.

Dans le cadre de cette revue, il est donc question pour nous de dresser le panorama
de l’ensemble des connaissances produites sur ces deux thématiques. En effet, encore
considérée comme l’état de la question, elle vise selon Lawrence OLIVIER, Guy BEDARD
et Julie FERRON86 à identifier les auteurs et surtout les ouvrages et les articles scientifiques
qui ont façonné les connaissances dans une discipline donnée, sur un sujet précis. L’objectif
poursuivi ici est celui de constituer un panorama des connaissances scientifiques déjà
produites sur une question donnée. Elle se veut donc un préalable indispensable à tout travail
académique dans la mesure où elle permet au chercheur de prendre connaissance et de rendre
compte de la somme des connaissances disponibles sur le sujet qui l’intéresse en en identifiant
les manquements ; mais aussi, de se positionner dans l’univers théorique du champ
disciplinaire auquel se rattache sa thématique de recherche.

Le survol de la littérature produite aussi bien au sujet des politiques environnementales


que de celles portant sur les changements climatiques permet de se rendre compte de
ce que bien qu’étant des objets qui retiennent de manière significative et prépondérante

84
HASSENTEUFEl (P), « Les processus de mise sur agenda : sélection et construction des problèmes publics »,
Informations sociales, n°157, 2010, pp.50-58.
85
GARRAUD (P), « Politiques nationales : l’élaboration de l’agenda », L’Année Sociologique, 1990, pp.17-47.
Cet auteur a défini l’agenda comme « l’ensemble des problèmes faisant l’objet d’un traitement, sous quelque
forme que ce soit, de la part des autorités publiques, et donc susceptibles de faire l’objet d’une ou de plusieurs
décisions ».
86
LAWRENCE (O), BEDARD (G), FERRON (J), L’élaboration d’une problématique de recherche : sources,
outils et méthode, Paris, L’harmattan, 2005, P.67.

29
l’attention des chercheurs, qu’ils soient issus de l’univers des sciences sociales ou alors
qu’ils appartiennent à celui des sciences naturelles, leur traitement reste marqué par une
grande hétérogénéité. Si elle a pour base le fait qu’il ne s’agisse pas de
problématiques consensuelles du point de vue de l’intérêt et partant de la place qui
leur est reconnue au sein des différents espaces, qu’ils soient sociaux, politiques ou
scientifiques, elle est révélatrice des antagonismes multiples qui sous-tendent ces
problématiques, lesquels vont déboucher en ce qui concerne les politiques
environnementales sur une remarquable diversité de courants analytiques (A); et pour ce
qui est des changements climatiques sur des oppositions idéologiques et idéelles
tranchées (B).

A-LES POLITIQUES ENVIRONNEMENTALES SAISIES A TRAVERS LA


PLURALITE DES COURANTS ANALYTIQUES

Par-là, l’on veut indiquer que les politiques environnementales si elles ont pour objet
manifeste l’environnement, sont toutefois marquées par une multitude d’approches de cet
objet. Celles-ci correspondent dans les faits à l’ensemble des perspectives à partir
desquelles l’environnement est abordé. En effet comme l’a fait remarquer Philippe
BOUDES87, « la reconnaissance de la complexité des phénomènes environnementaux et de
leurs liens avec les activités humaines est un enjeu majeur pour les sciences ». La véritable
socialisation de la nature qui s’est accélérée dans la seconde moitié du XXème siècle a révélé
les interconnexions entre les activités humaines et les logiques écologiques, faisant de
l’environnement une thématique phare des enjeux scientifiques et politiques et
l’entraînant au cœur des préoccupations contemporaines88. Si selon Catherine
LARRERE, cette situation est le marqueur et le traceur d’une prise en compte de
l’environnement au sein des sociétés humaines à travers la naissance de ce qu’il
qualifie comme étant « les éthiques environnementales », leur caractère pluriel renseigne
donc selon ce même auteur sur la divergence des appréhensions des politiques
environnementales par l’ensemble des acteurs qui s’y intéressent, notamment les
scientifiques89. L’on distingue ainsi de manière globale deux principaux courants qui
87
BOUDES (P), L’Environnement domaine sociologique : la sociologie française au risque de
l’environnement, Thèse de Doctorat en Sociologie, Université Victor Segalen Bordeaux, 2008, P.1

88
Ibidem
89
LARRERE (C), « Les éthiques environnementales et la question du pluralisme », In GUERAD DE
LATOUR (S), DILHAC (M-A) (Dir), Etant donné le pluralisme, Paris, Editions De La Sorbonne, 2013,
pp.55-74

30
dominent les études sur les politiques environnementales, à savoir : le courant relatif
aux instruments ; et le courant portant sur la gouvernance et les acteurs des politiques
environnementales. Si l’essentiel des travaux relatifs à ces différents courants est de
type généraliste et global, ou encore réalisés et donc axés sur les sociétés étatiques
faisant montre d’un niveau de développement important, et/ou les questions
environnementales font l’objet d’une médiatisation d’envergure, d’un intéressement social
généralisé et d’une intervention publique significative notamment les Etats occidentaux, le
caractère spécifique de ce travail de recherche qui porte sur un espace africain à savoir
l’espace camerounais ; nous impose de nous intéresser et de mobiliser ici les travaux locaux
bien que peu nombreux qui se rapportent à ces différents courants.

La présente revue va donc osciller entre une perspective globale ou internationale, et un


dévoilement des travaux africains disponibles sur ce sujet.

1.1-LE COURANT DE L’INSTRUMENTATION DES POLITIQUES


ENVIRONNEMENTALES

Ce courant a en son cœur l’idée d’instrument d’action publique. Celui-ci s’entend le


plus souvent comme « un dispositif à la fois technique et social qui organise des rapports
sociaux spécifiques entre la puissance publique et ses destinataires en fonction des
représentations et des significations dont il est porteur90 ». L’Etat est donc au cœur de
l’approche instrumentale des politiques environnementales, en ce qu’il est le point de
départ, l’initiateur quasi exclusif de l’ensemble des instruments déployés ici et agissant
comme des cadres de conduite de la politique environnementale, d’organisation et de
régulation de l’environnement. Pour Sylvain PERRET, il s’agit donc essentiellement
d’instruments politiques dans la mesure où « il est mis en œuvre par l’Etat et destiné à
influencer les comportements des acteurs socio-économiques, qu’ils soient collectifs ou
individuels, pour atteindre un objectif de politique publique 91 ». Cet auteur souligne
donc la centralité des interventions étatiques dans le champ de la gestion de
l’environnement. Pour lui, cette intervention d’autant plus qu’elle concerne le secteur de
l’environnement se justifie eu égard à la nécessité manifeste ici d’élaborer et de

90
HALPERN (C), Le GALES (P), LASCOUMES (P), L’instrumentation de l’action publique, controverses,
résistances et effets, Paris, Les Presses de Sce Po, 2014, P.2
91
PERRET (S), Vers une approche instrumentale des politiques publiques de protection de
l’environnement :implications conceptuelles, théoriques et méthodologiques à la lumière du cas de la
politique climatique suisse, Thèse de Doctorat e science politique, Université de Genève, 2010, P.1999

31
conduire des actions destinées à encadrer les activités humaines, et partant à protéger
l’environnement92.

Deux types d’instruments sont recensés ici, à savoir le type coercitif et le type
communicationnel.

a-La logique coercitive ou approche hard de l’instrumentation des politiques


environnementales

Elle est portée par des auteurs tels que Jean-Philippe ROUX-GROLEAU, Paule
HALLEY et Ariane GAGNON-ROCQUE. De manière globale, elle repose sur
l’instrumentation du droit dans sa dimension répressive. En tant qu’elle se réfère à
l’ensemble des problèmes posés par le choix et l’usage des outils qui permettent de
matérialiser et d’opérationnaliser l’action gouvernementale, l’instrumentation correspond à
l’usage réel et pratique des instruments.  

Le courant coercitif de la gestion de l’environnement nous inscrit dans un hégémonisme


étatique, où l’Etat est à appréhender ici dans une perspective wébérienne comme : « une
entreprise politique à caractère institutionnel lorsque et tant que sa
direction administrative revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le
monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné93 ».

Pour Jean-Philippe ROUX-GROLEAU, la protection de l’environnement est


indubitablement source de bienfaits pour l’ensemble des résidents d’un milieu naturel
donné. Il va s’intéresser particulièrement à la problématique de la préservation de la
faune, et mettre en évidence les bénéfices tirés de la mise en place de mesures strictes
à cette fin, lesquelles sont assorties de sanctions en cas d’infractions constatées.

Il commence tout d’abord par faire remarquer que la protection de la faune à travers
l’aménagement de corridors fauniques est à bien des égards utiles et même
indispensable pour l’homme, dans la mesure où ces corridors assurent de nombreuses
fonctions éco-systémiques, mais aussi et surtout sont des éléments incontournables du
développement durable en milieu naturel. Pour lui donc, seule une réglementation dure
en matière environnementale est de nature à assurer la sauvegarde de l’environnement,
à préserver la viabilité du milieu naturel et partant à garantir aux hommes le maintien

92
Ibidem, P.195
93
WEBER (M), Economie et Société, Allemagne, édition Tome 1, Les catégories de la sociologie 1920, P.97

32
d’une qualité de vie de premier ordre94. Les règles juridiques portant sur
l’environnement doivent donc de son point de vue avoir une dimension suffisamment
répressive en vue de garantir sa préservation face aux différents appétits, sollicitations
et prélèvements qui pourraient compromettre sa viabilité, et partant sa survie95.

Paule HALLEY et Ariane GAGNON-ROCQUE vont en s’intéressant à l’exemple du


Québec constater que la protection de l’environnement s’y fait à grands renforts de
règles juridiques coercitives. En effet dans un contexte où les atteintes à
l’environnement sont de plus en plus fréquentes et dommageables, ces auteurs vont
souligner le fait que :

« depuis le début des années 70, les autorités publiques canadiennes interviennent pour
protéger la qualité de l’environnement, les habitats et les populations d’espèces sauvages en
se fondant principalement sur la loi pour prescrire des obligations aux personnes exerçant des
activités susceptibles d’être la source d’une atteinte à la qualité de l’environnement et à sa
biodiversité. Dans le souci de faire respecter les obligations environnementales et d’envoyer
un message clair, à savoir que la protection de l’environnement est une valeur fondamentale
au sein de la société canadienne, les législateurs fédéraux et provinciaux ont
systématiquement fait appel au droit pénal pour en sanctionner les contraventions96 ».

Cette répression des atteintes à l’environnement va se faire à travers l’adoption d’un


ensemble de sanctions comprenant notamment pour ce qui est des plus importantes les
amendes et les peines privatives de liberté. Selon ces auteurs, la mise en application de
ces règles a dans l’ensemble permis sinon d’arrêter, du moins de maitriser les
différentes atteintes à l’environnement. Ainsi, considèrent-ils qu’au : «  Canada, le droit
pénal de l’environnement assure plusieurs fonctions : il garantit le caractère obligatoire des
lois destinées à la protection de l’environnement, il en prévient les infractions lorsqu’il est
suffisamment contraignant et il exprime que l’environnement est une valeur fondamentale de
la société canadienne97 ». Ces auteurs dans un but de protection optimale de
l’environnement, iront jusqu’à préconiser un alourdissement des différentes peines

94
ROUX GROLEAU (J-P), Les bienfaits environnementaux, sociaux et économiques des corridors
fauniques, Centre Universitaire de Formation en Environnement, Université de Sherbrooke, 2012, pp.16-22.
95
Ibid.
96
HALLEY, (Paul), GAGNON-ROCQUE (A), « La sanction en droit pénal canadien de l’environnement : la
loi et son application », Les Cahiers de droit, 50(3-4), 2009, pp.919–966
97
Idem

33
infligées aux contrevenants en matière environnementale, considérant qu’elles auront un
effet plus dissuasif à l’encontre d’éventuels contrevenants.

La perspective africaine de ce courant va être portée par des auteurs tels que Maurice
KAMTO et Laurent ZANG. Ils vont dans l’ensemble s’intéresser à la place qui doit être
celle du droit dans la protection de l’environnement en Afrique. Maurice KAMTO98 va
tout d’abord constater que l’environnement en raison de la richesse de sa diversité
biologique et génétique est un élément incontournable de tout projet décisif et significatif de
résolution de la crise que connait l’Afrique, laquelle est selon lui une crise éminemment
économique dont les effets se traduisent de manière saillante en matière alimentaire, domaine
dans lequel l’Afrique fait montre de carences. Pour lui donc, la protection des milieux
sensibles à savoir les écosystèmes terrestres et maritimes, les zones à fort intérêt cynégétique
est un impératif catégorique pour les sociétés étatiques africaines. Aussi, il recommande la
formulation et surtout la mise en application de normes rigides et sévères dont la finalité est la
sauvegarde du milieu naturel africain. Chaque aspect de l’environnement doit par ailleurs de
son point de vue faire l’objet d’un régime spécifique afin de garantir une protection optimale.
Il recommande enfin une harmonisation des différentes législations sur l’environnement
en Afrique, à savoir le droit coutumier, le droit d’essence colonial et les nouveaux droits des
Etats africains indépendants. Sur ce dernier point et à sa suite, Stéphane DOUMBE-BILLE va
considérer que cette nécessaire harmonisation trouve son bien-fondé dans le fait qu’elle va
favoriser une gouvernance participative de l’environnement autour de l’Etat, en y associant
les pouvoirs traditionnels, les communautés locales, les organisations non gouvernementales
et la société civile dans son ensemble99.

Pour Laurent ZANG, l’Afrique fait face aujourd’hui à des problèmes environnementaux
d’une gravité exceptionnelle100. En dépit de son statut de pollueur marginal, elle doit pourtant
faire face à des dégradations significatives de son environnement et ce dans un contexte de
pauvreté généralisée. Si celles-ci sont le fait majoritairement des Etats et des entreprises
occidentales qui utilisent l’espace africain comme lieu de déversement de déchets de toute
sorte, notamment industrielle, elles sont le point de départ d’une catastrophe humaine et

98
KAMTO  (M), « Droit de l'environnement en Afrique », E.D.I.C.E.F./ A.U.P.E.L.F. 1996
99
DOUMBE-BILLE (S), « Maurice Kamto, Droit de l’environnement en Afrique, Compte rendu », Revue
Juridique de l’environnement, /3/pp.458-460
100
ZANG (L), « Normes africaines en matière de protection de l’environnement », Africa Development / Afrique
et Développement Vol. 23, No. 2 (1998), pp. 5-60

34
écologique de grande ampleur. En effet, en plus de dégrader significativement
l’environnement naturel, elles compromettent durablement les chances de développement des
Etats africains qui en plus de devoir assurer la satisfaction des besoins existentiels de leurs
populations, devront en outre les préserver des effets néfastes de la dégradation en cours de
l’environnement. S’intéressant de manière spécifique au cas du Cameroun, il va constater que
seule une protection rigoureuse et rigoriste de l’environnement à travers l’élaboration et
l’application d’une réglementation dédiée est à même comme dans ce pays, de permettre la
sauvegarde du milieu naturel et le plein développement des communautés.

La loi dans sa dimension répressive est donc au cœur de l’approche coercitive de


l’instrumentation des politiques environnementales. Elle a une fonction de prévention à
travers son pan dissuasif, mais surtout de sanction des différentes infractions commises
à l’encontre de l’environnement.

b- La logique communicationnelle ou approche soft de l’instrumentation des politiques


environnementales

Elle prend le contre-pied de l’approche coercitive sus examinée. En effet, tandis que
cette dernière s’articule autour de la sanction comme outil principal de sauvegarde de
l’environnement à travers les politiques publiques y dédiées, la logique
communicationnelle elle veut par contre assurer une sauvegarde de l’environnement à
travers l’adhésion, le concours des individus. Si la logique coercitive se veut exclusive,
elle revendique pour sa part un caractère associatif , inclusif très marqué. Les figures
de proue de l’approche communicationnelle sont Fabrice BOSQUE, Xavier PAGES,
CÉLINE PASCUAL ESPUNY et Mokadjem NADJIA.

Pour Fabrice BOSQUE et Xavier PAGES, la communication dans une logique de


préservation de l’environnement constitue le moyen le plus efficace. En effet, ils
considèrent que seule la communication peut combler le déficit de transparence et le
besoin d’informations relatives à l’environnement. Ils voient donc d’un bon œil
l’adoption d’une norme environnementale internationale spécialement dédiée à la
communication, à savoir la norme ISO 14063101. Si son contenu n’est pas encore
clairement établi, ces auteurs considèrent toutefois qu’elle doit pouvoir harmoniser un
certain nombre de pratiques environnementales, impliquer l’ensemble des acteurs de la
101
BOSQUE (F), PAGES (Xavier), « La communication environnementale dans le cadre du développement
durable », Environnement et Industrie, Volume 10, Numéro double 5-6 Septembre-Octobre, Novembre-
Décembre 2008, pp.338-341

35
préservation de l’environnement et permettre d’aboutir à terme à une régulation de
l’environnement qui soit plus consensuelle et efficace102.

Pour Céline Pascual ESPUNY, si la question de l’urgence environnementale est avant


tout politique, scientifique et économique, la communication constitue un outil pertinent
pouvant permettre de gérer ce problème. Cette auteure va souligner le bien-fondé de la
communication en matière de préservation de l’environnement, en faisant remarquer que
c’est grâce à des campagnes communicationnelles menées notamment depuis les années
1960 par les organisations à vocation environnementales telles que Green Peace, les
Amis de la Terre, la World Wilde Fund qui ont créé de véritables chocs médiatiques
que les informations sur les dégradations multiples et périlleuses de l’environnement ont
été portées à la connaissance des autorités politiques et des citoyens, en particulier dans
l’hémisphère Nord, ce qui a engendré une prise de conscience et la mise sur pied
suivie de l’exécution d’un certain nombre d’actions en faveur de la protection de
l’environnement.

Ainsi soulignent-ils, les chocs médiatiques crées permettront de lire l’environnement


comme103 :

- Planétaire et fragile : la prise de conscience de la fragilité de notre planète s’opère par des
images extraordinaires retransmises en mondovision (photo de la Terre depuis l’espace,
l’homme qui marche sur la Lune, en  1969). Les institutions qui s’empareront de la question
environnementale seront onusiennes (Organisation des Nations unies [ONU], Programme des
Nations unies pour l’environnement [PNUE], créé en 1972, Organisation des Nations unies
pour l’éducation, la science et la culture [Unesco], etc.). L’environnement se traduit et restera
à cette échelle.

- Crisogène et anthropocentrée : l’environnement s’entendra et se lira par la médiatisation de


crises et tragédies provoquées par les humains (maladie de Minamata, accidents chimiques de
sites Seveso, catastrophe de Bhopal, catastrophes maritimes du Torrey Canyon, de l’Erika, de
l’Amoco Cadiz, accidents nucléaires de Three Mile Island, de Tchernobyl, de Fukushima,
etc.) ou moins directes mais en lien (trou de la couche d’ozone, pluies acides).

102
Ibidem
103
ESPUNY (C P), « La communication environnementale au cœur des humanités environnementales »,
Questions de Communication, 2022-1, N°41, 2022, pp.211-222

36
L’environnement se lit et s’entend encore et toujours dans sa version dystopique et
collapsologique.

- Militante et minoritaire : de nombreux groupes associatifs portent la voix de ceux qui n’en
ont pas (1961 : création du WWF [Fonds mondial pour la nature] et d’Amnesty International ;
1967 : création de l’Environmental Defense Fund ; 1969 : création de l’Environmental
Protection Agency [EPA] ; 1970 : création des Amis de la Terre ; 1971 : création de
Greenpeace).

- Scientifique et engagée : par l’intromission de l’engagement discret puis de plus en plus


audible de nombreux chercheurs, souvent engagés (la première étant sans doute Rachel 
Carson, qui publia Silent Spring, livre aujourd’hui référence, en 1962 ; la dernière tribune
scientifique datant du 1er février 2022, dans laquelle 1 400 scientifiques français appellent les
candidats à la présidentielle et les médias à sortir « des discours de l’inaction 4  » ;
aujourd’hui Scientist Rebellion appelant à la désobéissance civile des scientifiques dans le
monde entier)104.

Pour Mokadem NADJIA, la communication est aujourd’hui un instrument de protection


de l’environnement, et est indispensable pour ce qui est de la mise en place d’un
modèle de développement véritablement durable. S’agissant de cette dernière
considération, il rappelle qu’elle est une condition sine qua none « permettant de
répondre aux besoins des populations et au développement des institutions en faisant la
promotion des connaissances, de l’information et de la participation, grâce à une forte
collaboration et mise en réseau des agences et des institutions105». Selon lui, l’expérience
actuelle de la communication au service du développement durable doit nous orienter
vers sa plus grande mobilisation dans ce domaine. En effet, il met en lumière le fait
que « les medias de communications sont mobilisés pour disséminer les messages appropriés
qui poussent l’audience à apporter son soutien aux projets orientés sur le développement106 ».

La perspective africaine de l’approche soft de l’instrumentation des politiques


environnementales a pour figure de proue Urbain NJATANG. Pour cet auteur107, la protection
de l’environnement doit aujourd’hui intégrer comme moyen essentiel les outils de
communication et d’information qui caractérisent les sociétés modernes. En effet, Ils sont

104
ESPUNY (C P), Op.Cit.,
105
NADJIA (M), « La communication : un outil au service du développement durable en Algérie », Revue
Elmofaker, N°10, 2018, pp.3-25
106
Ibidem

37
des vecteurs de première importance de la prise de conscience collective des différents
problèmes liés à l’environnement. Bien plus, ils permettent mieux que les autres outils
d’atteindre le milieu rural et les communautés locales qui y vivent. Celles-ci sont en effet
prioritairement concernées par la problématique des atteintes à l’environnement, du fait entre
autres de leur dépendance primaire au milieu naturel, et partant à la vulnérabilité à laquelle
elles s’exposent en cas de dégradation de celui-ci. En s’intéressant aux pratiques et à la réalité
camerounaise, il constate que si l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la
communication en zone rurale est un échec, cela est le fait non moins de leur inadaptation
que du non prise en compte des savoirs locaux. Pour lui donc, la communication à destination
des communautés locales sur les problèmes environnementaux doit être centrée sur les
traditions et les savoirs locaux. Cet auteur se situe donc dans le prolongement du
positionnement de Mamadou SARR qui considérait déjà que : au sein de chaque éco-culture,
chaque ethnie a ses propres préoccupations, édifie un système de référence, des valeurs, un
langage, un ensemble de stratégies qui lui permettent de se repérer, de décrire, de comprendre
et de vivre dans son environnement108».

1.2-Critique du courant instrumental des politiques environnementales

Le courant sus analysé à travers la mise à nu du contenu de ses deux sous-ensembles à


savoir l’appréhension coercitive et la vision communicationnelle des politiques
environnementales, a le mérite de nous inscrire dans une optique pragmatique de mise
en œuvre des politiques environnementales. En effet, il est tourné vers un ensemble
d’éléments concrets dont la mobilisation est de nature à garantir la réussite de la mise
en œuvre des politiques environnementales. Toutefois, un certain nombre de critiques
peuvent lui être adressées, lesquelles se fondent sur les manquements identifiés à
chacune de ses composantes, qu’elles soient coercitives ou communicationnelles.

Tout d’abord, nous pouvons noter et ce contrairement à ce qu’une lecture première


pourrait laisser croire, que les instruments chargés de matérialiser les politiques
environnementales ne sont pas des dispositifs neutres dont la mobilisation obéit

107
NJATANG (U), « Influence des moyens de communication et d’information sur l’éducation à
l’environnement en Afrique sub-saharienne : le cas du Cameroun », Education Relative à l’Environnement,
Volume 4/2003
108
SARR (M), Les groupes cibles en éducation à l’environnement. Communication présentée au séminaire
régional organisé par la DES et GTZ au Sénégal, Éducation à l’environnement au Sahel trois ans après Rio. Non
publiée,1995

38
nécessairement aux but prédéfinis. Comme le révèle en effet Jean-Claude MOIDSON,
« les instruments ne sont pas des dispositifs neutres, ils produisent des effets
spécifiques indépendamment des objectifs poursuivis109 ». En nous inscrivant dans la
même optique que cet auteur, il apparait plus intéressant plutôt que de postuler à
priori la réussite des politiques environnementales à travers la mobilisation des
instruments de type juridico-répressifs et communico-incitatifs, de prêter une attention
particulière aux effets réels qu’ils génèrent. Les tenants de l’approche instrumentale se
doivent de rompre en ce qui concerne la gestion de l’environnement avec des a priori
qui garantissent une efficacité optimale des instruments mobilisés ici.

Le courant instrumental, notamment pour ce qui est de sa dimension coercitive, établit


par ailleurs l’unilatéralité et l’hégémonie de l’Etat dans la conduite de l’action
publique environnementale. Or, les politiques publiques aussi bien dans leur
conception/élaboration que dans leur mise en œuvre/exécution sont aujourd’hui
marquées du sceau de la pluralité. En effet, elles sont co-construites par un ensemble
d’acteurs dont fait partie l’Etat qui n’est donc plus exclusif ici. C’est ce que semble
rappeler Patrick HASSENTEUFEL lorsqu’il parle « de l’action publique comme
construction collective d’acteurs en interaction110 ».

Cette dimension coercitive qui semble être la marque d’un autoritarisme public dans la
conduite de l’action publique environnementale est par ailleurs contestée aujourd’hui
pour son inefficacité manifeste. En effet comme le révèle Kathryn HARRISON, « Ces
dernières années, des gouvernements du monde entier ont exprimé leur insatisfaction
croissante à l’égard de l’approche technocratique et autoritaire en vigueur en matière de
réglementation environnementale. Économiquement inefficaces, administrativement lourdes,
chargées d’antagonismes111 ». Ainsi dans la gestion de l’environnement, « coopération »
et « partenariat » sont en train de devenir les nouveaux mots clés, remplaçant
« réglementation » et « contrôle112 ».

109
MISDON (J-C), « Pierre Lascoumes, Patrick Le Galès (Eds.), Gouverner par les instruments”, Sociologie du
travail, Vol. 47 - n° 4 | 2005, pp.550-552
110
HASSENTEUFEL (P), « L’action publique comme une construction collective d’acteurs en
interaction », HASSENTEUFEL (P), (Dir), , Sociologie politique : l'action publique Paris: Armand Colin,
2011, pp. 115-156
111
HARISSON (K), « Volontarisme et gouvernance environnementale », In Parsons (Edward .A), Gérer
l’environnement, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2001, pp.209-247
112
Ibidem

39
L’on va donc assister à de profondes mutations dans le domaine des politiques
publiques et partant des politiques environnementales à une co-construction alliant
idéologie et pratiques innovantes113, et dont l’une des matérialisations va être
l’introduction dans les réformes récentes des politiques environnementales d’une plus
grande souplesse dans les réglementations, avec des ententes négociées sur les
calendriers et les modalités d’application des règles114.

2-LA GOUVERNANCE ET LES ACTEURS DES POLITIQUES


ENVIRONNEMENTALES

La gouvernance environnementale désigne un processus de négociation et de décision à visée


normative qui cherchant à s’inscrire dans les transformations du contexte général d’action
collective, favorise des interactions négociées entre une pluralité d’acteurs (autorités
publiques, groupes organisés, acteurs du marché, société civile) concernés par la régulation
d’un problème commun115. Elle s’est imposée eu égard aux caractéristiques particulières
des problèmes environnementaux. En effet, il s’agit de problèmes globalisés, trans-
territoriaux, trans-sectoriels, désynchronisés des temporalités politiques et sociales, soumis à
des incertitudes scientifiques et techniques, et qui se prêtent donc aisément à une gestion
en fonction des modalités et des techniques propres au régime de la gouvernance.
Avec la montée puissance de la gouvernance environnementale va aussi se construire un
management pluri actoriel des problèmes environnementaux.

Le courant de la gouvernance environnementale a pour figures de proue des auteurs


tels que Anne CHALOUX et Philippe SIMARD, Mohamed BEHNASSI et Marie
BONNIN.

Pour les premiers auteurs à savoir Anne CHALOUX et Philippe SIMARD,


l’environnement est aujourd’hui l’un des plus grands enjeux planétaires, et son caractère
global impose une gestion élargie, participative et inclusive car ouverte à l’ensemble
des acteurs, qu’ils soient étatiques, transnationaux ou sub-étatiques. Selon eux, l’entrée
en vigueur de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants en 2004,
du Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques en 2005, du Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le

113
RIVAL (M), RUANO-BORBALAN (J-C), « La fabrique des politiques publiques co-construites : idéologies
et pratiques innovantes », Politiques & management public 2017/1-2 (N° 1-2), pp.5-16
114
HARISSON (K), Op.Cit.,
115
 Ibidem

40
partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation relatif à la Convention
sur la diversité biologique3 en 2014, et même de l’Accord de Paris en 2016 témoigne de la
coopération grandissante entre les États sur les questions environnementales et de leur intérêt
à répondre aux grands enjeux environnementaux de notre siècle116.

S’ils reconnaissent que cette gouvernance demeure toutefois éclatée en raison de


l’existence d’une multitude de régimes, ils n’en considèrent pas moins que ces régimes
sont la preuve de plusieurs avancées réalisées dans le cadre de l’indispensable gestion
globale de l’environnement. S’agissant des acteurs de la gouvernance environnementale,
ces derniers identifient 117:

-L’Etat qui dispose d’une place centrale et prépondérante dans la gestion des problèmes
environnementaux ;

-Les organisations internationales qui offrent des arènes, des espaces de dialogue et de
coopération à même de faciliter la régulation des enjeux environnementaux au niveau
mondial ;

-Les organisations non gouvernementales qui parviennent à influencer les décisions et


les orientations en matière de gestion de l’environnement au niveau mondial à travers des
plaidoyers divers, mais qui sont maintenant partie prenante à part entière des grandes
discussions mondiales sur l’environnement ;

-Et les entreprises qui agissent dans le sens de la prise en compte des intérêts du
monde productif dans les négociations sur les grandes thématiques environnementales.

Mohamed BEHNASSI et Marie BONNIN vont quant à eux constater l’existence d’une
gouvernance mondiale de l’environnement à partir de la prise en compte des pays du
Sud à travers la reconnaissance de leurs droits à un environnement sain et au
développement durable. S’ils constatent tout comme de nombreux auteurs que les pays
du Sud sont généralement marginaux dans les négociations sur l’environnement au
niveau mondial et donc que leurs intérêts sont de manière très peu satisfaisante pris en
compte, ils reconnaissent que les dernières grandes rencontres internationales sur

116
CHALOUX (A), SIMARD (P), « La gouvernance environnementale mondiale : évolution et enjeux »,
Revue Québécoise de Droit International, 2021, pp.213-233
117
Ibidem

41
l’environnement ont été le cadre d’ une meilleure représentativité, et d’une plus grande
prise en compte des intérêts et des aspirations des pays du Sud118.

Pour eux donc, l’on peut aujourd’hui véritablement parler de gouvernance


environnementale au niveau mondial en raison de la participation de l’ensemble des
acteurs étatiques internationaux, et de la volonté manifeste de garantir à toute les
communautés humaines le droit à un environnement sain et à un développement
écologiquement viable.

Les travaux africains sur la gouvernance et les acteurs des politiques environnementales
vont opérer un véritable décentrement, en soulignant l’urgence de partir de l’Etat pour
intégrer l’ensemble des composantes humaines du domaine national, notamment les
communautés locales. Ces auteurs représentatifs sont : Hilaire NKENGFACK, Serge
TEMKENG DJOUDJI et Hervé KAFFO FOTIO et Cheikh Abdoul AHAD MBACKE BA.
Hilaire NKENGFACK, Serge TEMKENG DJOUDJI et Hervé KAFFO FOTIO vont dans
une perspective globale mettre en lumière le rôle primordial de la gouvernance dans la
préservation de l’environnement au sein des pays de la Communauté Economique des Etats
de l’Afrique Centrale119. En effet, la gouvernance en tant qu’elle permet la mise en commun et
la prise en compte de toutes les composantes d’une société, d’un groupe ou d’une organisation
donnée est le système le plus à même d’insérer les communautés locales dans la gestion de
l’environnement.

Leur travail reprend l’idée maitresse de celui de Charles PERRINGS qui voyait déjà dans la
préservation de l’environnement le préalable et le gage d’un développement véritablement
soutenable120. De manière globale, ces auteurs postulent l’amélioration des conditions de vie
des communautés locales, aussi bien que celles de l’ensemble de la population comme un
moyen efficace de préservation de l’environnement. Le fondement d’un tel positionnement est
à rechercher dans des travaux antérieurs, notamment ceux de BECKERMANN, Gene
GROSMANN et Alan KRUEGERK. Pour BECKERMANN en effet, « il est clairement établi
que, bien que la croissance économique entraîne généralement une détérioration de

118
BEHNASSI (M), BONNIN (M), « Evaluation de la gouvernance mondiale pour l’environnement et la
développement durable dans la perspective des pays du Sud »,Les Cahiers du CEDIMES, Vol 4, N°2, 2010,
pp.25-44
119
 NKENGFACK (H), TEMKENG DJOUDJI (Serge),  et KAFFO FOTIO (Hervé), « Gouvernance, institutions
et protection de l’environnement dans les pays de la CEEAC », Économie rurale, 371/JANVIER-MARS 2020,
pp.5-22
120
PERRINGS (C) Ecological Resilience in the Sustainability of economic development. Économie appliquée,
numéro spécial : Quelle économie pour l’environnement ? (1994). pp. 177-188

42
l’environnement aux premiers stades du processus, le meilleur – et probablement le seul –
moyen d’atteindre un environnement décent dans la plupart des pays est de devenir riche121 ».
Gene GROSMANN et Alan KRUEGER pour leur part considèrent qu’il existe de manière
fondamentale une relation entre le niveau de dégradation de l’environnement et la qualité de
vie des individus. La croissance économique agirait donc ici selon lui comme le principal
déterminant de la qualité de l’environnement. De manière plus précise, si l’environnement
connait des niveaux de dégradation importants aux premières heures de la croissance
économique, sa poursuite soutenue - jusqu’à l’atteinte d’un certain niveau de revenu – est de
nature à induire une amélioration significative de la qualité de l’environnement122. A partir de
ces développements sources de Charles PERRINGS, GROSSMANN et KRUEGER, ces
auteurs vont en déduire que l’amorce d’une réelle dynamique de développement dans les pays
de la CEEAC, adossée sur l’objectif d’amélioration des conditions de vie de l’ensemble des
composantes humaines est le moyen le plus efficace de parvenir à une protection optimale de
l’environnement. Les communautés locales sont donc érigées ici non plus en récepteurs des
plans et politiques de protection de l’environnement, mais plutôt en acteurs de premier plan à
travers un meilleur partage des richesses au niveau national.

Pour Cheikh Abdoul Ahad MBACKE BA, la gouvernance environnementale se doit


d’intégrer aujourd’hui comme partie prenante les communautés locales. Elles sont en effet
dépositaires poursuit cet auteur d’un savoir local important sur les dynamiques
environnementales, leurs contrastes et évolutions, les différents changements qui les
affectent et les moyens de les contrer. En s’intéressant aux communautés locales résidant dans
l’estuaire du fleuve Sénégal, et en analysant leurs actions dans la lutte contre les inondations
dans cet espace, lesquelles sont marquées de succès importants face notamment « aux échecs
répétés de certains experts dans la gestion de celle-ci », il en a conclu « qu’il est nécessaire
d’investir de nouvelles expériences pour renforcer la résilience dans un contexte de
changement climatique123 ». Cet auteur souligne donc à partir du cas de la communauté
Gandiolais que l’on retrouve dans la zone de l’estuaire du fleuve Sénégal, l’importance
décisive des savoirs des communautés locales dans la préservation de l’environnement. Ces

121
GROSSMAN (G. M)., KRUEGER (A. B) “ Economic Growth and the Environment”. Quarterly Journal of
Economics, vol. 110, n° 2, (1995). pp. 353-377.
122
NKENGFACK (H), TEMKENG DJOUDJI (S),  et KAFFO FOTIO (Hervé), Op.Cit.,
123
AHAD MBACKE BA (C.A), “ Quelle place pour les saviors endogens dans la lutte contre les changements
climatiques? Des imaginaires alternatifs dans l’estuaire du fleuve Sénégal », Revue africaine sur les
changements climatiques et les énergies renouvelables, Consultée en ligne, le 23 Mars 2023 à 09 h

43
dernières doivent donc être traitées comme des parties prenantes à part entière dans les efforts
des sociétés étatiques africaines dans la préservation de l’environnement.

L’accent est donc mis avec cet auteur sur les ressources cognitives des communautés locales,
lesquelles si mobilisées dans la préservation de l’environnement sont de nature à générer des
changements significatifs. Ce positionnement rejoint celui d’Urbain NJATANG qui
considérait déjà que «l’éducation à l’environnement elle aussi devra exploiter les savoirs
propres et « traditionnels » des populations afin de les intégrer dans une démarche
pédagogique orientée vers celles-ci. Ces savoirs qui intègrent à la fois une dimension
culturelle, historique et ethnique de la population peuvent renforcer le processus pédagogique
suivant une approche qui considère la population cible dans sa spécificité et non dans sa
globalité124 ». Bien plus, il s’accorde avec l’idée de Paulin HOUNTONDJI qui pense que
« pour que les savoirs et techniques endogènes puissent être, de façon soutenue, appliqués au
développement, ils doivent faire l’objet d’une réappropriation critique qui les intègre au
mouvement de la recherche vivante au sein des populations bénéficiaires, ou plus exactement,
au sein d’une élite intellectuelle portée et contrôlée par ces populations125 ».

2.1Critique du courant de la gouvernance et des acteurs des politiques


environnementales

Ce courant trouve sa pertinence dans son effort de restitution de la réalité en matière de


gestion de l’environnement aujourd’hui. En effet, alors que les problèmes
environnementaux relevaient encore avant la publication du Rapport Bruntland en 1987
et surtout la tenue du Sommet de la Terre de Rio en 1992 de chaque Etat pris
individuellement, le constat du caractère global et commun à toute l’humanité des effets
des atteintes multiples à l’environnement va conduire à une prise en charge collective
et internationale de cette problématique.

Toutefois, nous pouvons lui reprocher sa vision utopiste de la gestion de


l’environnement au niveau mondial. En effet, les travaux des auteurs suscités présentent
la réalité de la gouvernance environnementale en tant que donné fondamentale de la
gestion internationale de l’environnement comme l’expression d’une égale et volontaire
ambition des Etats de remédier à la dégradation continue de l’environnement.

124
NJATANG (U), Op.Cit.,
125
HOUNTONDJI, (P.) Au-delà de l’ethnoscience : pour une réappropriation critique des savoirs endogènes.
Notre librairie, Revue des littératures du Sud, 144, 2001, pp.58-65.

44
Si la gouvernance environnementale met effectivement en selle les Etats quels que
soient leur taille, leur poids démographique, leur niveau de développement et de
destruction de l’environnement, les grandes discussions qui y sont relatives, mais aussi
et surtout les décisions qui en découlent traduisent le plus souvent l’existence de
rapports de force véritables, d’antagonismes patents et de la dysmétrie des moyens
d’action de plusieurs Etats. Ainsi, les Etats dans les négociations internationales sur
l’environnement cherchent le plus souvent chacun à faire prévaloir ses intérêts nationaux
– notamment les Etats développés-, et ce au détriment même de ceux d’Etats moins
riches126.

Par ailleurs, si la gouvernance environnementale implique une participation de tous les


Etats, l’acteur étatique demeure toutefois central ici, et conserve une importante marge
de souveraineté, et est à même d’agir à l’opposé des objectifs communs quand il
estiment que ces derniers ne lui sont pas bénéfiques. Cette tendance souverainiste,
unilatéraliste et égoïste dont sont capables les Etats a d’ailleurs été signalée par Agnès
MICHELOT qui constatait à montrer que les Etats dans la protection internationale du
climat se sont toujours aménagés des marges de manœuvre importantes127.

La gouvernance environnementale si elle suppose la mise en commun des Etats, ne


signifie pas pour autant égalité entre ces derniers et équité dans le partage des
responsabilités et du fardeau, encore moins la captation des bénéfices.

S’agissant spécifiquement du terrain africain et des communautés locales que l’on y


retrouve, celles-ci demeurent encore largement exclues des grands programmes et
dynamiques de protection de l’environnement. C’est le constat fait entre autres par
Célestine MENGUE-MEDOU, Stéphanie DUVAL, Claire MEDARD et Jean-Luc PAUL.

Célestine MENGUE-MEDOU va s’intéresser à la gestion des aires protégées en Afrique 128.


Les aires protégées en Afrique non seulement des zones regorgeant une importante richesse
biologique et donc d’importance cynégétique, mais également des sources d’enrichissements
pour les Etats. Leur conservation constitue donc un impératif pour ces derniers. Les plans et la
126
JANICOT (S), AUBERTIN (C), BERNOUX (M) et al, « Changements climatiques et négociations
internatioanles », In JANICOT (S) et al.  (dir.) ; Changement climatique : Quels défis pour le Sud ? Marseille,
IRD Editions, 2015, pp.177-189
127
MICHELOT (A.), « Protection internationale du climat et souveraineté étatique : propos conclusifs »,
VertigO , Revue électronique des sciences de l’environnement 2018, 18(1)
128
MENGUE-MEDOU (C.), « Les aires protégées en Afrique : perspectives pour leur conservation », Vertigo,
Revue électronique des sciences de l’environnement, Consultée en ligne le 25 Mars 2023

45
logique de conservation actuelle des aires protégées que met en lumière cet auteur ne sont
toutefois pas de nature à permettre l’atteinte du but visé. En effet, leur aménagement ne tient
le plus souvent pas compte des réalités endémiques du milieu. Bien plus, les communautés
locales dont le milieu de vie correspond très souvent à la surface retenue comme constitutive
de ces aires protégées ne sont pas prises en compte. Cette exclusion prend la forme d’une non
redistribution envers ces communautés des gains issus des activités touristiques, d’une non
prise en compte de leurs besoins en eau et en terres agricoles.

Ces communautés se voient donc pour l’essentiel interdire l’accès aux zones délimitées, sans
que des mesures visant à garantir leur subsistance n’aient été prises. Il en résulte des actions
essentiellement prédatrices de ces communautés envers ces aires protégées, actions mues
par des nécessités existentielles. La non prise en compte de ces communautés dans les efforts
de conservation des aires protégées a donc comme conséquence leur destruction accélérée.

Stéphanie DUVAL, Claire MEDARD et Jean-Luc PAUL129 vont aussi constater la mise à
l’écart des communautés locales comme la réalité prédominante de la gouvernance
environnementale en Afrique. Leur attention s’est portée sur le cas de la gestion des zones
humides côtières en Afrique de l’Est, notamment au Kenya et en Tanzanie. Si les normes en
matière environnementale de ces deux Etats sont considérées comme bonnes, la réalité est
plutôt celle de la marginalisation de ces groupes dans la gestion effective de ces espaces. Le
premier ressort ou déterminant de cette mise à l’écart des communautés locales est la
perception qui entoure ces espaces humides. En effet, ils sont pour l’essentiel vus comme
« des terres vierges à aménager », aussi bien pour la pratique de la riziculture que pour la
production de biocarburants. Les projets exécutés dans ce sens sont par ailleurs pour la plupart
nous font savoir ces auteurs mal pensés, et menés sans le concours des communautés locales.
Les lois foncières votées dans les années 1990 dans ces pays à l’effet de faciliter l’acquisition
des terres sont venues renforcer la mise à l’écart de ces populations qui se sont donc vues
dépossédées de leurs terres par des investisseurs étrangers. Il en a donc résulté une prédation
plus importante du milieu, un appauvrissement de sa diversité et une précarisation des
communautés locales. La non prise en compte des savoirs de ces groupes sur les modalités de
gestion de ces zones aura par ailleurs accéléré leur destruction.

Au regard de ce qui précède, il apparait que la prise en compte des communautés locales
comme des acteurs saillants de la gouvernance environnementale en Afrique demeure encore
129
DUVAl (S), MEDARD (C), PAUL (J-L), « Les communautés locales face aux grands projets d’aménagement
des zones humides côtières en Afrique de l’Est », Politique Africaine, 2010/11, N117 ? pp.149-172

46
résiduelle, la réalité majeure étant celle de leur marginalisation et de l’aggravement de leur
situation qui en résulte, notamment pour ce qui est de leurs conditions matérielles d’existence
et de survie.

B-LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES COMME OBJET DE CONTROVERSES :


LE CONSTAT ET LES EFFET EN QUESTION

Les changements climatiques sont aujourd’hui une réalité de l’existence humaine et des
cycles bioclimatiques130. Ils constituent par ailleurs la plus grave menace existentielle
pour l’Homme131. Si les changements climatiques semblent donc s’imposer aujourd’hui
comme une évidence pour la plupart des spécialistes des questions climatiques, il n’en
demeure pas moins que ce champ reste le théâtre d’une kyrielle de débats,
d’oppositions et de controverses quant à certains de ses aspects. Stephan AYKUT fait
ainsi remarquer que l’acquisition par cette problématique du statut de problème public
n’aura pas suffi à mettre un terme aux nombreux débats et querelles dont il est
l’objet132. Bien au contraire, nous avons assisté au fur et à mesure de dévoilement de la
réalité sur ce phénomène, à l’explosion, à l’intensification et à la radicalisation des
oppositions qui y sont observables, lesquelles sont aussi bien discursives qu’idéologiques.

Si le champ du changement climatique est donc aujourd’hui celui par excellence des
débats et des controverses, quelques aspects que l’on pourrait considérer comme
majeurs méritent toutefois une attention particulière du fait d’une double raison à savoir
leur importance et l’acuité des querelles qui s’y expriment. Il s’agit des origines du
changement climatique, et de ses effets sur l’Homme et l’environnement.

Cette seconde revue thématique va donc s’employer à dévoiler les thèses qui gravitent
autour des questions des origines du changement climatique.

1-Aux origines du changement climatique : entre facteurs humains et facteurs


naturels

130
GROUPES D’EXPERTS INTERGOUVERNEMENTAUX SUR LE CLIMAT, Changements climatiques
2007, rapport de synthèse, Genève, 2008
131
BOURQUE (A), « Les changements climatiques et leurs impacts, Vertigo, Revue électronique des
sciences de l’environnement, Vol 1,N°2, 2000
132
AYKUT (S.C), « La construction du changement climatique comme problème public : débat médiatique
et expertise climatique en France et en Allemagne », In AMAY (L) ; BENJAMIN (D) et DUEZ (D),
(dir.). Savoirs experts et profanes dans la construction des problèmes publics. Nouvelle édition [en ligne].
Bruxelles : Presses de l’Université Saint-Louis, 2011, pp.77-114

47
Quelle que soit la région du monde considérée, les dernières années ont été celles d’un
accroissement sans précédent des phénomènes climatiques extrêmes. Sècheresse,
inondations, coulées de boue, vagues de chaleur, incendies, avalanches et tempêtes ont
donc régulièrement été observés dans de nombreux pays et régions du globe. Henri
DECAMPS constatait déjà en 2010 que ces phénomènes suivaient une courbe
évolutive, et tendaient à devenir de plus en plus violents. Bien plus, ils représentent
déjà des menaces existentielles directes pour les communautés humaines impactées, et
ce quel que soit le niveau de développement et de préparation133, tout en
compromettant durablement la viabilité de l’environnement.

Sur la question des origines du changement climatique, deux thèses s’affrontent à


savoir : une thèse anthropique qui voit en le réchauffement climatique les conséquences
des activités humaines et une thèse naturaliste qui y voit une dynamique normale,
prévisible et évolutive du climat.

1.1-La thèse des origines anthropiques du réchauffement climatique

Le changement climatique est aujourd’hui marqué du sceau de la controverse, qui en est


devenu son signe distinctif134. Les auteurs qui défendent cette thèse, qualifiés de climato-
réalistes sont entre autres Jean JOUZEL, Michel PETIT et Jean-Claude DUPLESSY.,le
Groupe intergouvernemental des experts sur l’évolution du climat.

Pour ces auteurs, les activités humaines sont responsables du réchauffement du climat
planétaire observé aujourd’hui135. Leur position se fondent sur plusieurs arguments, à
savoir que les mécanismes qui régissent le climat de la terre sont parfaitement maitrisés
par les scientifiques depuis bientôt deux siècles. Ceux-ci sont donc capables d’identifier
des perturbations et des phénomènes qui ne sont pas liés à ces mécanismes. Si l’évolution
naturelle du climat de la terre est donc un fait établi aujourd’hui, la survenance de
modifications soudaines, brutales et radicales ne peut qu’être le signe de dérèglements
importants que seuls sont à même de générer aujourd’hui les activités humaines. Les
activités humaines ont depuis le début de l’ère industrielle ajouté à ces causes naturelles de
nouvelles causes de variation liées au changement de la composition de l’atmosphère qu’elles
133
DECAMPS (H), (Dir), Evènements climatiques extrêmes, réduire la vulnérabilité des systèmes
écologiques et sociaux, Institut de France, Académie des sciences, 2010
134
CHETOUANI (L), « Les mots de la controverse sur le changement climatique », Le TELEMAQE, 2007/1,
(N°31), pp.81-104
135
JOUZEL (J), Petit (M), DUPLESSY (J-C), « Le changement climatique du aux activités humaines », Livret sur
l’environnement, Institut de France, Académie des Sciences, 2020, pp.1-16

48
induisent. L’observation systématique de l’atmosphère montre de façon incontestable une
augmentation, depuis un peu plus d’un siècle, de sa teneur en gaz à effet de serre : gaz
carbonique (CO2), méthane (CH4), oxyde nitreux (N2O) , des gaz qui sont reconnus
comme causant une élévation de la température terrestre en cas de forte concentration
dans l’atmosphère. Le groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat
(GIEC) va lui aussi démontrer l’origine humaine du changement climatique. Pour ce
groupe chargé par les Nations-Unies de suivre la courbe évolutive du climat terrestre,
l’augmentation notée des températures n’est que la conséquence d’émissions toujours
plus importantes de gaz à effet de serre du fait des différentes activités humaines.
Après avoir procédé à une actualisation des connaissances scientifiques sur le changement
climatique, les experts du GIEC sont catégoriques : les modifications récentes du climat sont
sans précédent depuis des millénaires et le rôle joué par les activités humaines est
incontestable. De telles conclusions constituent par ailleurs la trame de fond des
différents rapports sur le changement climatique que les membres de ce groupe
soumettent à intervalles réguliers aux Nations-Unies.

1.1.1Critique de la thèse des origines anthropiques du changement climatique

La thèse sus analysée a pour mérite de s’intéresser à la problématique du changement


climatique de manière dépassionnée, en envisageant d’en découvrir et exposer les
causes. Toutefois, l’on peut lui identifier certains manquements. Si le consensus sur
l’origine humaine du changement climatique règne ici 136, les éléments qui en sont
responsables ne sont toutefois pas encore clairement établis et surtout acceptés en
fonction de leur proportions ou volumes respectifs de contribution. La question des
responsabilités est donc le sujet d’une vive polémique qui tend à laisser apparaitre ce
courant comme étant une réalité éclaté, hétérogène, ne présentant qu’une unité de
façade. C’est ce que met en évidence Lamria CHETOUANI qui relève à cet effet que :
« La combustion de l’énergie fossile, la déforestation, l’agriculture et le traitement des déchets
sont des causes potentielles de l’effet de serre. L’unanimité ne règne cependant pas dans les
milieux socioprofessionnels concernés. Elle ne règne pas non plus dans la presse. Les médias
qui se font l’écho des scientifiques et des politiques mettent sur le banc des accusés soit tous
les gaz, soit quelques-uns parmi eux, soit l’activité des hommes, soit certaines régions du

136
COOK J., NUCCITELLI (D), GREEN (S. A), RICHARDSON (M), WINKLER (B), PAINTING (R), WAY (R), JACOBS (P),
SKUCE (A)., 2013, « Quantifying the consensus on anthropogenic global warming in the scientific literature »,
Environmental Research Letters, 8, 024024. Accès : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-
9326/8/2/024024 le 09 Févier 2023 à 15h

49
monde, soit la démographie, soit encore la surconsommation. Le panel suivant d’extraits ou
de titres d’articles de presse illustre la divergence des points de vue. La cause de l’effet de
serre incomberait à « l’augmentation du CO2, CH4, N2O et des composés organo-chlorés,
responsables d’un effet de serre additionnel » ; « La menace du réchauffement global [est]
largement due aux émanations de CO2 » ; « Le risque de réchauffement de climat par
accumulation de CO2 est un problème purement énergétique ou plus généralement
industriel ». Autres responsables pointés du doigt : « le taux du CH4 dû à la digestion et à la
déjection des bovins », « le développement d’énergie émettrice de gaz à effet de serre », « le
N2O », « le CO2 sur la sellette137 ».

Sont accusés d’être les responsables humains de l’effet de serre rappelle cette auteure, tour à
tour, les hommes, les pays industrialisés, les USA, les pays de l’Est, les pays producteurs du
pétrole, etc. : « Les hommes qui détraquent le temps » ; « Les pays industrialisés,
responsables des 3/4 des émissions de gaz à effet de serre » ; « Les États-Unis sont les
principaux émetteurs de gaz à effet de serre » ; « Ce sont les Américains les plus gros
consommateurs d’énergie et les plus gros pollueurs pour l’effet de serre » ; « Les
combustibles utilisés dans les pays de l’Est sont les principaux responsables de l’effet de
serre » ; « L’effet de serre : haro sur les combustibles fossiles » ; « La CEE décide de stopper
la progression de la pollution responsable de l’effet de serre. Accusés : les transports » ;
« L’Europe en première ligne sur le CO2 » ; « Les 18 principaux pays de l’Europe de
l’Ouest : responsables de 40? % des émissions de CO2 dans le monde » ; « Greenpeace a
dénoncé les gouvernements criminels qui permettent l’augmentation du CO2, à savoir les
États-Unis, l’URSS et l’Arabie saoudite… Les trois premiers producteurs de pétrole du
monde ».

Si les pays industrialisés ou les pays producteurs de pétrole sont incriminés dans les émissions
actuelles de gaz à effet de serre, les pays en développement sont jugés potentiellement
responsables des émissions futures : « Les pays en développement […] principaux
responsables de la majeure partie des émissions de CH4et N2O d’ici la fin du siècle […] se
mettent de plus en plus à l’élevage et les troupeaux augmentent » ; « L’explosion
démographique et la responsabilité des pays du Tiers-Monde, de plus en plus engagés dans
l’augmentation des émissions de l’effet de serre, la déforestation et la démographie ».En
définitive, tous ces accusés seraient coupables. Mais la responsabilité n’incombe pas à un

137
CHETOUANI (L),Op.Cit.,

50
élément particulier, elle dépend des stratégies et des intentions du discours de chaque
locuteur138 ».

Un autre élément de clivage ici est celui des conséquences et de l’ampleur du


réchauffement climatique. S’il n’existe aucun modèle mathématique permettant de
prévoir à l’avance les conséquences ou l’ampleur à venir du réchauffement climatique,
les tenants de la thèse anthropique divergent quant à l’estimation réelle de ces
éléments. Deux tendances ici se dégagent, à savoir une tendance haute qui est celle
des climato alarmistes r qui entrevoient une accélération du réchauffement climatique, et
une tendance basse qui est celle des climato-pondérés, ceux-ci n’envisageant qu’une
augmentation moyenne et somme toute contenable des températures, et donc une
aggravation maitrisée du réchauffement climatique.

Les auteurs se rapportant au courant anthropique du changement climatique ont donc


pour dénominateur commun la reconnaissance de l’action de l’homme comme cause
explicative de l’augmentation actuelle des températures, preuve du réchauffement global
du climat planétaire. Des aspects plus précis de ce réchauffement notamment son
intensité, les secteurs de l’activité humaine qui en sont responsables, les plus gros
émetteurs de gaz à effet de serre, de même que la contribution future des pays en
voie de développement font encore l’objet de vives débats et oppositions. Il s’agit donc
non pas d’une thèse uniste, mais d’un courant hétéroclite construit autour d’une réalité
centrale.

1.2 LA THESE NATURALISTE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE : LE CLIMATO-SCEPTICISME

Elle prend le contre-pied de la thèse des origines anthropiques du changement


climatique sus analysée. Pour cette thèse en effet, le changement climatique n’est pas
une réalité. L’on se situe ici dans l’univers du climato-scepticisme qui comme le fait
remarquer Antonin POTTIER, a pour base fonctionnelle, agrégative et motrice la
contestation de l'existence du réchauffement climatique et de son caractère anthropique139.
L’on parle de climato-scepticisme le plus souvent pour désigner : « une famille assez
cohérente d’arguments et groupes d’individus qui rejettent, contestent ou remettent en
question la thèse dominante/orthodoxe selon laquelle le climat mondial change
principalement en raison des activités humaines et que ces changements affecteront

138
CHETOUANI (L),Op.Cit.,
139
POTTIER (A), « Le climato scepticisme, réflexion sur la confusion des genres », Futuribles: Analyse et
Prospective, 2011, 380, pp.27-40.

51
gravement à la fois les écosystèmes et les populations humaines s’ils ne sont pas arrêtés» 140
.
Le climato-scepticisme s’est développé dans le cadre des controverses climatiques 141. , le
climato scepticisme fait partie d’une tendance plus large qui a pour principe la remise
en question de la science et des vérités auxquelles elle parvient grâce à son outillage
méthodologique et théorique142.

Le succès du courant climato-sceptique est lié au fait que la question climatique


charrie d’importants enjeux, qui sont aussi bien économiques, géopolitiques et
géostratégiques considérables 143
. Cet état de fait justifie par ailleurs les moyens
colossaux notamment médiatiques qui sont mis à la disposition des climato-sceptiques.
De manière globale, le climato scepticisme repose sur cinq piliers que sont :

-Les théories du complot ;

-Le recours à de faux experts ;

-La sélectivité dans les choix des articles ;

-Les attentes impossibles quant aux résultats de la recherche ;

-Les fausses déclarations et les erreurs logiques flagrantes144.

Les adhérents au courant climato-sceptique qui pour la plupart du temps ne sont pas
des scientifiques se recrutent dans tous les domaines, à savoir la politique, le monde
des médias et la sphère économique. Si pour certains l’on enregistre bien une élévation
des températures, celle-ci est due selon eux à la dynamique naturelle du climat qui
connait ainsi de manière saisonnière des épisodes d’augmentation et de régression des
températures.

1.2.1Critique de la thèse naturaliste du changement climatique

140
VAN RENSBURG (W). (2015). « Climate change scepticism: A conceptual re-evaluation ». SAGE Open, 5
(2). Accès : https://doi.org/10.1177/2158244015579723.
141
GEMENNE (F), DECROLY (J), ZACCAÏ (E), (Dir, Controverses climatiques, sciences et politique, Paris,
Presses de Sciences po, 2012
142
CATELLANI (A), « Changement climatique : déni, négation et climato-scepticisme », Publictionnaire.
Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 02 juin 2021. Accès
:http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/changement-climatique-deninegation-et-climato-scepticisme/
143
ALEXANDRE (F), ARGOUNES F., Bénos (R)., Dictionnaire critique de l’anthropocène, Paris, CNRS Éd,
2020.
144
BJÖRNBERG (K. E), KARLSSON (M), GILEK (M), HANSSON (S. O), 2017, « Climate and environmental
science denial: A review of the scientific literature published in 1990–2015 », Journal of Cleaner Production,
167, pp. 229-241.

52
Pour Marion Mauger-PARAT et Ana Carolina PELIZ, le débat climatique oscille
aujourd’hui entre trois notions ,à savoir « controverse, polémique et expertise »145. Si la
controverse et la polémique renvoient aux querelles et aux antagonismes qui
caractérisent la question du changement climatique, l’expertise pour sa part s’impose
comme le moyen scientifique d’établir la vérité correspondante à la réalité du
changement climatique aujourd’hui.

Le climato-scepticisme apparait donc non pas comme un ensemble d’énoncés


scientifiques ayant pour but d’établir la vérité au sujet de réalités alléguées. En effet,
alors que le réchauffement climatique est aujourd’hui attesté par un nombre important
de climatologues, mais aussi à grands renforts d’études scientifiques profondes et
pertinentes, les climato-sceptiques rejettent cela et adhèrent à différentes théories : certains
nient en bloc l'existence de tout réchauffement climatique, voire invoquent un refroidissement
global. D'autres admettent l'existence d'un réchauffement à l'échelle du globe, mais invoquent
des causes naturelles, non imputables à l'Homme146.

Jean POITTOU va de manière minutieuse s’atteler à déconstruire le discours climato-


sceptique en démontrant le caractère faux de bon nombre de ses postulats147.

Tout d’abord, l’homme selon les climato-sceptiques n’aurait pas d’effet sur le climat, la
terre ayant déjà connu des climats chauds sans que l’homme n’y soit pour quoi que
ce soit. Une telle affirmation démontre cet auteur n’est qu’en partie vrai. En effet
l’homme de par ses activités actuelles, provoque un réchauffement accéléré du climat
de la planète. Il a donc la capacité d’agir sur le climat.

Ensuite, La température du globe ne suit la variation du CO2 que pendant les années 1970 –
2000. Donc le CO2 n’est pas responsable du réchauffement. Une telle affirmation est
éminemment fausse. Le CO2 empêche la chaleur de sortir, mais, compte tenu de l’inertie
thermique des océans, il y a un retard important entre l’accumulation du CO2 et le

145
MAUGER-PARAT (M) et PELIZ (A C), « Controverse, polémique, expertise : trois notions pour aborder le
débat sur le changement climatique en France », VertigO La revue électronique en sciences de l’environnement,
Volume 13, numéro 2, septembre 2013
146
BITZBERGER ILIANA, EYRAUD (F) FOL (C) GANDIT MAKAN THORAVAL (F), « Le discours
climato sceptique : Claude Allègre, l’imposture climatique ou la fausse écologie », article scientifique
consulté en ligne sur le site
147
POITTOU (J), « Que penser des argument des climato-sceptiques ? » article scientifique consulté sur le
site https://www.sauvonsle climat.org le 13 Février 2023 à 13h

53
réchauffement. De plus le CO2 n’est pas le seul acteur du climat. Ainsi, les aérosols ont
apporté une modulation importante du réchauffement au cours du 20ème siècle.

Enfin, les climato-sceptiques mobilisent comme argument de poids selon cet auteur pour
balayer d’un revers de la main les connaissances scientifiques sur le changement
climatique en les faisant passer pour fausses que : la terre a été plus chaude vers l’an
mille, à l’optimum médiéval, plus froide à partir du milieu du 15ème siècle avec le petit âge
glaciaire. Le réchauffement actuel, très limité par rapport à l’optimum médiéval, n’est que la
sortie du petit âge glaciaire148.

Cette assertion est également totalement fausse. L’optimum médiéval ne concerne qu’une
partie de l’hémisphère nord, avec un maximum vers le Groenland. Le petit âge glaciaire est
inconnu dans l’hémisphère sud. Dans les 2 cas, il s’agit de bascule climatique réchauffant une
partie du globe au détriment d’une autre. Au contraire, le réchauffement en cours intéresse
l’ensemble du globe.

Un exemple de discours mensonger tenu par un climato sceptique est celui de Claude
ALLEGRE149. Celui-ci à l’effet bat en brèche les vérités scientifiquement établies sur la
question du changement climatique va procéder à une falsification des données
scientifiques et à leur usage détourné, à des généralisations abusives et ce sur tous les
aspects de la question, la divulgation de fausses nouvelles au sujet du GIEC dans
l’optique d’en décrédibiliser le travail.

Le climato-scepticisme n’est donc pas une théorie scientifiquement valable, mais un


ensemble d’énoncés sous tendus par de gros intérêts aussi bien économiques,
géopolitiques et idéologiques destinés à contrer les efforts de lutte contre le
réchauffement climatique aujourd’hui observé et partant assurer la préservation de ces
intérêts.

C-POSITIONNEMENT ANALYTIQUE : POUR UNE ENONCIATION ET UNE


INSTRUMENTATION LOCALE DES POLITIQUES ENVIRONNEMENTALES EN
CONTEXTE CAMEROUNAIS

148
Ibidem
149
BITZBERGER ILIANA, EYRAUD (F) FOL (C) GANDIT MAKAN THORAVAL (F), Op.Cit.,

54
Au-delà de la pertinence et de la qualité des différents travaux sus évoqués, il est
question pour nous ici d’opérer une rupture d’avec eux. Celle-ci étant plurale, elle va
concerner tout d’abord les thèses de l’instrumentation des politiques environnementales.
Si elle mettent en relief la place de l’Etat dans la gestion de l’environnement, leur
orientation exclusivement stato-centrée a pour effet d’exclure d’autres acteurs potentiels et
pertinents de la gestion de l’environnement. Un regard porté sur les réalités actuelles fait
pourtant clairement apparaitre à côté de l’Etat, d’autres acteurs d’importance bien que
variable, mais non moins essentielle dans la gouvernance environnementale qui est donc
pluri-actoriels mais également multi scalaire.

Nous opérons ensuite une rupture vis-à-vis des travaux sur la gouvernance
environnementale et ses acteurs divers, du fait qu’ils en font un champ essentiellement
internationalisé, marqué par une gestion de type supranationale au moyen de régimes
spécifiques et par l’implication/intervention décisive et pertinente d’acteurs multiples
dont l’issue est un effacement/recul de l’Etat face à une gouvernance désormais
globale/supranationale en raison de la supplantation des Etats par les organisations
internationales de type gouvernemental; et transnationale/déterritorialisée du fait de
l’immixtion d’entités transnationales.

Il est enfin question de nous départir des querelles portant sur l’origine des
changements climatiques. D’une part, la thèse anthropique des changements climatiques
si elle en dévoile les implications humaines, semble minorer le rôle qui peut être celui
des dynamiques naturelles du climat notamment des cycles géo-climatiques dans la
détermination de celui-ci. L’Homme du fait de ses activités est donc désigné comme
l’unique responsable des changements climatiques observés. D’autre part, le présent
travail opère un éloignement d’avec la thèse climato-sceptique. Si elle remet en
question l’imputation des changements climatiques aux seules activités humaines,
ouvrant donc de ce fait la voie à la prise en compte de d’autres déterminants, son
absence de fondements empiriques en fait davantage un positionnement idéologico-
politique mobilisé de manière diverse par des acteurs politiques et économiques
désireux de ne pas voir des réglementations sévères en matière environnementale être
introduites notamment dans les secteurs d’activité identifiés comme étant les plus
dommageables ; et qui auraient pour effet soit de restreindre fortement ces activités,
soit de les réorganiser de manière radicale.

55
Dans le cadre de ce travail, nous nous positionnons dans le sens d’une dialectique
Etat/communautés locales dans l’énonciation et l’instrumentation des politiques
environnementales en contexte camerounais. Ce choix se fonde sur la réalité de
l’importante exposition du territoire stato-national camerounais aux effets des
changements climatiques. Bien plus, les communautés locales de cet Etat se trouvent
être l’une des catégories humaines les plus affectées, en raison d’une combinaison de
deux vulnérabilités à savoir écologique et socio-économique. Au plan écologique, les
communautés locales camerounaises notamment les communes de Djoum du Sud et de
Lomié (l’Est) se retrouvent en situation de grande vulnérabilité face aux changements
climatiques du fait de leur dépendance primaire d’avec le milieu physique de vie. Ce
dernier étant de manière primordiale affecté par les effets des changements
climatiques, du fait notamment des altérations importantes dont il est l’objet, il en
résulte une dégradation significative de ses composantes, et partant une diminution de
sa viabilité et donc de sa capacité à garantir des conditions de vie optimales pour les
communautés concernées. La vulnérabilité socio-économique est la résultante de la
vulnérabilité écologique. Elle consiste en les difficultés toujours plus importantes
qu’éprouvent ces communautés à extraire du milieu naturel désormais fortement dégradé
les ressources existentielles dont elles ont besoin, notamment alimentaires.

Dans un tel contexte, l’espace camerounais voit donc un mouvement de décentrement


périphérisation des politiques environnementales, lequel consiste à associer les acteurs
locaux au premier rang desquels les communautés locales aussi bien dans l’élaboration
de ces politiques et des instruments y liés que dans leur mise en œuvre. Se posent en
effet pour ces communautés locales du fait des changements climatiques, de nombreux
enjeux et défis que sont censés prendre en charge les politiques environnementales
élaborées ici. Gouverner l’environnement dans une perspective de lutte contre les
changement climatiques, c’est donc énoncer les politiques y relatives, et élaborer puis
activer un ensemble d’instruments devant organiser les comportements collectifs, définir
les conduites individuelles et traduire dans la réalité la vision et les objectifs des
politiques susmentionnées.

B- PROBLEMATIQUE :

Il est largement reconnu aujourd’hui que les effets du changement climatique affectent le
Cameroun et qu’elles ont toujours été construites de manière globale. L’Etat étant au cœur de

56
l’énonciation des politiques environnementales, en ce sens qu’il est l’initiateur central de
l’ensemble des normes et dispositifs en matière climatique. Il met sur pied des politiques de
lutte contre le changement climatique et la préservation de l’environnement en raison
notamment de l’extrême pauvreté ambiante. En effet, ces politiques sont souvent en
contradiction, voire en incohérences dans les manières de faire des populations.

Face à cela, on assiste à une irruption des nouveaux acteurs dans la matérialisation de l’action
publique environnementale. Ils doivent opérer un décentrement du centre vers la périphérie.
En effet, les autorités centrales les insèrent comme des coproducteurs, partant de leurs
préoccupations spécifiques lien aux représentations, croyances qu’ils font de la protection de
l’environnement communautés locales dont la survie est compromise par les effets du
changement climatique.

Cependant les mesures prises pour faciliter l’adhésion des communes dans l’énonciation et
l’instrumentation est parfois mitigée. En effet, la formulation et l’instrumentation sont
encore monopolisées par un cycle très restreint et n’impulse pas vraiment la participation
locales des populations. Malgré toutes les mesures prises lors de la COP15, l’Agenda 21, les
plans… leurs participations est encore tellement mitigées. On constate que les communautés
locales sont presque l’écartées à la concrétisation des projets liés à leur développement
pourtant ils sont les plus vulnérables face aux effets du changement climatique. Au regard
d’une telle orientation, le problème que l’on voudrait résoudre dans cette thèse est celui de
l’insertion du local dans la formulation et la mise en œuvre des politiques en matière
environnementales.

Le traitement de ce problème va se faire dans le cadre de développements menés à partir d’un


questionnement comportant une question centrale et des questions auxiliaires.

Question centrale : comment convient-il d’étudier l’énonciation er l’instrumentation locales


des politiques environnementales au Cameroun dans les communes de Djoum et Lomié ?

Question auxiliaire 1 : comment convient-il d’analyser l’énonciation des politiques


environnementales au Cameroun dans les communes de Djoum et de Lomié   qui
ressortissent de ce pays ?

Question auxiliaire 2 : comment convient d’examiner l’instrumentation des politiques


environnementales au Cameroun dans les communes de Djoum et de Lomié qui ressortissent
de ce pays ?

57
C- BLOC HYPOTHESES

Dans le cadre de la recherche, l’hypothèse est « une réponse anticipée que l’on formule à la
suite de la question spécifique de recherche »150. Elle constitue l’idée à démontrer. Il s’agit
dans ce sens d’une réponse provisoire qui doit être vérifiée. Nos hypothèses sont organisées
d’une hypothèse centrale et d’hypothèses auxiliaires.

Hypothèse centrale : il convient d’étudier l’énonciation et l’instrumentation locales des


politiques environnementales au Cameroun dans les communes de Djoum ( Sud) et de Lomié
(l’Est), en mettant en lumière le fait que ces processus de formulation et d’effectuation de
l’action publique en matière de protection de l’environnement requiert de prendre en
considération et en charge la gestion des enjeux et défis du changement climatique qui
s’exerce dans ces régions en suivant les logiques d’analyse combinant observation et
évaluation.

Hypothèse auxiliaire 1 : il convient d’analyser l’énonciation des politiques


environnementales au Cameroun dans les communes de Djoum du Sud et de Lomié l’Est, en
mettant en évidence le fait que cela renvoie à une construction normative et fondative puis
discursive et cognitive des référentiels formulateurs de ces politiques pris en considération
compte tenu du contexte spécifique d’expression nomiques et symboliques des enjeux et
défis du changement climatique qui s’exerce dans ces communes.

Hypothèse auxiliaire 2 : Il convient d’examiner l’instrumentation des politiques


environnementales au Cameroun dans les communes de Djoum ( Sud) et de Lomié (l’Est) qui
ressortissent de ces pays, en mettant en exergue le fait que cela renvoie à la construction
opératoire et processive puis la construction corrective et conversive des référentiels
effectuateurs de ces politiques prise en charges compte tenu du contexte spécifique de
matérialisation et d’appropriation des enjeux et défis techniques et stratégiques du
changement climatique qui s’exerce dans ces communes.

SECTION II : LA CONSTRUCTION DE L’OBJET DE LA DEMARCHE

Aucune étude ne peut se faire sans méthode. Elle constitue la clé de voute de tout
raisonnement scientifique. Par conséquent, tout travail de recherche scientifique sérieux

150
MACE. ( G.,) et PETRY. (F.,) : Guide de l’élaboration d’un projet de recherche en science sociales, Laval, P.U.L.,
2000, p.24.

58
s’arrime à clarifier sa méthode151 à laquelle il va s’appuyer. Alors choisir des outils
méthodologiquement à coefficient de rentabilité épistémique élevé152 afin de collecter un
maximum de connaissances ou de donnés sur l’énonciation et l’instrumentation locale des
politiques environnementales au Cameroun, tel est le défis de la méthodologique nous devons
relever dans notre étude. Ainsi il est nécessaire de spécifier les approches théoriques qui vont
expliquer les réalités sur le terrain et influencé notre vision compréhensive.

PARAGRAPHE 1 : LES CADRES THEORIQUES

Il est question ici de construire un cadre théorique qui va servir de grille de lecture en matière
d’énonciation et d’instrumentation locales des politiques environnementales au Cameroun.
Ces théories apparaissent comme des grilles de lecture et d’interprétation qui permettent,
selon les champs scientifiques considérés, soit de décrire, soit d’expliquer, soit de comprendre
les réalités observées dans le cadre d’une étude donnée. Elles devront être capable de rendre
compte la manière que les collectivités locales construisent des politiques destinées à elles.
Cette étude va se construire sur le constructivisme à deux variables à savoir : le
constructivisme phénoménologique de Thomas LUCKMANN et Peter BERGER et le
constructivisme cognitiviste de Pierre MULLER et Yves SUREL.

1-Le constructivisme phénoménologique

Mis au point par Thomas LUCKMANN et Peter BERGER, le constructivisme de la réalité


sociale considère les individus comme les coproducteurs de la réalité sociale. On peut définir
la réalité sociale comme une réalité ordinaire, vécue et expérimentée par soi-même. Le
chercheur participe à la production du savoir mais celle-ci est produite sans considération
scientifique, elle est naturelle. Dans ce cas, tous les individus participent à la production de la
réalité sociale. La construction scientifique de la réalité est prise à distance par rapport à la
réalité.

Cette construction est quotidienne à travers laquelle les phénomènes sociaux sont créés,
objectivés et institutionnalisés et par la suite transformés. Ainsi la construction sociale a un

151
DEL BAYLE (J-L.), Introduction aux méthodes sciences sociales, PARIS-Montréal, Le Harmattan, 2000 . Il
définit la méthode comme une démarche logique, indépendante du contenu particulier de la recherche et qualifie
des processus et des formes de perceptions et raisonnement destinées à rendre intelligible la réalité à
appréhender.
152
Sur le coefficient de rentabilité, SINDJOUN, (L.) : Système politique local de la ville de Yaoundé, Thèse pour
le doctorat de 3eme cycle en Science politique, Université de Yaoundé, 1991, P.33.

59
double fondement, philosophique avec Edmund HUSSERL et de la sociologie compréhensive
de Max WEBER. Pour Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, «  la société est une
production humaine, la société est une réalité objectivée. L’homme est une production
sociale 153», c’est-à-dire la réalité est une construction extérieure, bien connue de tous. La
société est bien pour eux une réalité objective ou extériorisée. Ainsi chaque fois que les
acteurs s’entendent sur le sens qu’ils veulent donner à une action : cela s’appelle
l’institutionnalisation. De ce fait, ces institutions naissent par la répétition d’habitudes, de
manière de faire, de penser, d’agir propre à un groupe. Alors la réalité n’est pas une donnée
statistique mais dynamique

En plus, la structure sociale est la somme d’opération de typification qui construit des
catégories à partir desquelles le monde est passé, le processus de cette construction social de
la réalité dit « typification » repose sur plusieurs phases.

-Les individus attribuent un sens aux objets de leur interaction. Ce sens ou habitude devient
évident, c’est la phase de stricte typification, on voit ici qu’elle est corrélative non pas à la
réalité mais la part de signification du sens qu’il donne à la réalité : « mes impressions, mes
valeurs à la réalité ».

- Cette typification ressort sur les représentations sociales que les acteurs, les institutions que
celle-ci appartiennent dans la catégorie descriptives et les valeurs de références. Alors pour
mieux comprendre une réalité sociologique, le chercheur ne doit pas étudier le phénomène
extérieur mais prendre en compte la manière que les acteurs vivent la réalité car on ne vit pas
la réalité de la même manière. Dans la même veine, derrière l’apparence des vérités sociale
établie, il y a toujours des représentations sociales construites154

L’analyse de Thomas LUCKMANN et Peter BERGER est restrictive car elle réduit
l’objectivité de la réalité sociale aux rapports interindividuels. La sociologie constructiviste
est fragile et ne se prétend pas construire ou fournir une explication objective et certaine de la
réalité sociale. En postulant l’humanisme pour finalité, cette entreprise sociologique dévoile
au grand jour sa fragilité.

2-Le constructivisme cognitiviste

153
LUCKMANN, (T.,), BERGER,(P.,) : la construction de la réalité sociale
154
CORCUF.( P.,) : Nouvelle sociologie Dictionnaire science sociale P.69

60
Depuis quelque année maintenant, une approche cognitive des politiques publiques s’est
développé avec l’ambition de proposer une perspective alternative aux analyses classiques de
l’action publique155, provenant d’auteurs divers et reposant sur les notions distinctes 156. Pierre
MULLER et Yves SUREL emploient ce courant pour montrer ou insister sur le poids des
éléments de connaissance, des idées, des représentations ou des croyances sociales dans
l’élaboration des politiques publiques. Partant des principaux paradigmes sociologiques qui
structurent les grandes oppositions dans le champ des sciences sociales (idée/structure,
individu/société…), l’alternative conscient et inconscient représente une réelle difficulté. La
perceptive des débats cognitivistes en politiques publiques entre la vision instrumental des
idéologies, valeurs et croyance comme justification de l’ex post décision. Ils tentent de
dépasser certaines limites associées aux controverses théoriques antérieures157. De cela, ce
courant est nait de la persuasion engendrée par les interactions sociales lien à la production
des idées, de représentations et de valeurs communes. Autrement dit c’est l’ensemble des
croyances, valeurs, représentation et idées communes aux acteurs publiques ou privés
concernés qui définissent la façon que les acteurs envisagent le problème et formulent les
solutions adaptées à la perception de ce problème.

Ils partent du postulat selon lequel, si l’identification des solutions auxquelles les acteurs sont
confrontés implique un jugement, alors il faut admettre aussi que les valeurs, les croyances et
les représentations s’y trouvent engagés158.

- Ainsi pour juger, apprécier ou plus largement donné un sens à une situation, il faut les
critères explicites, référables à une expérience antérieure ou acquis par d’autres voies,
des schèmes d’interprétations sont mobilisées dans toutes les circonstances ;
- Les acteurs agissent sur la base des représentations qu’ils font d’eux-mêmes ;
- L’acteur doit avoir les connaissances accessibles dans son univers culturel, ce qui le
rend crédible159.

155
MULLER, (P.), « Les politiques publiques comme construction d’un rapport au monde », Dans FAURE. (A.,),
POLLET.( G.,), WARIN. (P.,)(dir), la construction du sens dans les politiques publiques, Paris, L’Harmattan, 1995,
pp.35-49
156
SUREL, (Y.,) : «  Idée, intérêt et institution dans l’analyse des politiques publiques », Pouvoir, 87, 1998, pour
une tentative de synthèse.
157
SUREL, (Y.,) : « The role of Cognitive and Normative Frames in Policy-Making », Journal of European Public
Policy, 7 (4), 2000,P. 495-512.
158
SUREL, (Y.,) : « L’intégration européenne vue par l’approche cognitive et normative des politiques
publiques », Revue française de science politique/50-2/P .235-254.
159
ibid

61
Alors il n’est plus question d’apporter des solutions mais de construire les cadres
d’interprétation du monde. Cette approche apporte une attention au poids des variables
cognitive et normative dans l’explication de l’élaboration et de la mise en œuvre des
politiques publiques. Ainsi Pierre MULLER parlant en termes de « référentiel » démontre
comment les idées, croyances et représentations viennent fabriquer l’ordre dans une société
complexe160.

Application théoriques

Rapporté à notre étude, la construction de la réalité sociale renvoie à une dimension


compréhensive dans l’énonciation et l’instrumentation des politiques environnementales.
L’intérêt de la construction sociale de la réalité est de suggérer que les politiques
environnementales sont socialement construites selon leurs circonscriptions. Cela implique
une mise en exergue de la dimension subjective de l’énonciation et de l’instrumentation locale
des politiques environnementales en lien avec leur histoire, leur culture, comme élément
déterminant de l’organisation politique. Par conséquent les politiques environnementales étant
construites de manière globale et transcrites aux nationales, les réalités étant divergentes,
chaque collectivité devrait s’approprier ces politiques puis mieux les adapter à leur réalités
afin de participer au développement et de sauvegarder leur environnement. Il s’agirait de
comprendre comment ils élaborent et faire le choix d’outils aptes à résoudre le phénomène
climatique et enclencher le développement selon leur contexte. D’où la nécessité de prendre
au sérieux les réalités vécues par chaque collectivité, leur histoire et leur culture et coproduire
les dispositifs pour faire face au changement climatique.

La construction sociale de la réalité permet d’inscrire notre réflexion dans un cadre interactif
qui prend en compte les spécificités dans une perspective évolutive, dynamique comme
résultat d’une interaction entre les politiques environnementales et l’énonciation et
l’instrumentation local qui constituent une réalité sociale. Ainsi à travers cette théorie, ces
auteurs expliquent que la réalité sociale est objective et subjective. Objective dans la mesure
où les politiques climatiques sont une réalité évidente ; ainsi les lois, les normes, les
règlements sont des outils qui permettent de lutter contre ce phénomène dans leur
formulation, elle est aussi subjective parce que le changement climatique résulte des
croyances, les perceptions, les valeurs, les représentations communes d’une collectivité
permet de donner sens à la réalité par rapport à leur contexte et de mieux s’approprier des
160
MULLER. (P.,) : « L’analyse cognitive des politiques publiques : vers une sociologie politique de l’action
publique ». Revue française de science politique, Vol50, N°2, Avril 2000, Pp. 189-207.

62
faits pour mieux lutter et trouver les mesures aptes. Autrement dit la lutte contre le
changement climatique est déterminée par les significations que les auteurs vont donner à ses
facteurs matériels et leurs actions. Alors la réalité est construite par les croyances partagées ou
communes. Les individus ne sont pas capables de voir le monde de la même manière alors la
réalité est beaucoup plus local que global et temporairement circonscrite. Le changement
climatique entend que réalité observée est fortement influencé par le contexte dans lequel les
individus se trouvent.

B-LES TECHNIQUES D’INVESTIGATIONS ET DE COLLECTE DE


DONNEES UTILISEES

La préoccupation ici n’est pas de définir l’énonciation et l’instrumentation locale mais de


comprendre comment le local à partir d’une pluralité d’outils, que l’on arrive à mobiliser en
rapport à un répertoire privilégié de ces politiques correspondant à leur contexte. Les
techniques sont considérées comme un ensemble de procédés ordonnés pour l’investigation,
pour la collecte des données. Elles nous permettent de montrer en quoi consiste le fond de
notre recherche. Elles sont un ensemble d’étape et de procédures auxquelles on a recourt dans
une science pour saisir les objets étudiés161. La recherche en science sociale s’effectue grâce à
deux grandes familles de techniques d’enquête et de collecte de donnés à savoir : l’analyse
documentaire et les techniques vivantes162.

1- L’analyse documentaire

L’analyse documentaire consiste en la consultation d’un ensemble varié de documents


disponibles sur notre sujet de recherche. Elles sont d’une importance irréfutable. En plus, elle
va nous permettre d’aborder le climat sous plusieurs angles divers et offre des documents
objectifs qui pourront rendre les lectures unanimes face à ce problème. De même, elle va nous
permettre de faire un condenser des informations des auteurs impliqués dans la préservation
de l’environnement. Ainsi ces documents sont de deux ordres à savoir : les documents
directs ou primaires et les documents indirects ou secondaires.

 Les documents directs ou primaires

161
GRAWITZ. (M.,) : Méthode des sciences sociales, 11e édition, Paris, Dalloz, 2001, P.573.
162
GRAWITZ. (M), : Op.cit P.524

63
Ils sont pour l’essentiel écrits et renvoient aussi bien aux documents publiés par les
organismes tels que l’Etat, les organismes internationaux. Entrent également dans cette
catégorie des thèses, des mémoires de personnes, ainsi que les archives publiques et privées.
On pourra se rendre dans les sites suivants lors de notre descente sur le terrain : Ministère de
la protection de l’environnement et du développement durable (MINEPDED), Observatoire
national sur les changements climatiques au Cameroun (ONACC), Ministère des forets et de
la faune (MINFOF), Ministère de l’agriculture et du développement durable (MINADER).
Cela va renvoyer à s’intéresser aux documents officiels, aux documents privés, sans négliger
la presse.

 Les documents secondaires ou indirects

Ils regroupent l’ensemble de la littérature scientifique produite et disponible sur la thématique


de recherche qui intéresse le chercheur, ou encore sur une thématique connexe. Ce sont entre
autre les ouvrages, les articles.

2- Les techniques vivantes

Il s’agit de méthodes de collectes de données impliquant une interaction et un contact direct


entre le chercheur et son objet d’étude163. Elle va nous permettre de nous détaché des écrits et
de toucher du doigt la réalité. Les deux familles de techniques vivantes existantes seront
mobilisées dans cette recherche à savoir : les techniques quantitatives à travers le
questionnaire ; et les techniques qualitatives via l’observation et l’entretien.

 Le questionnaire

Il permet de collecter les informations auprès d’un public déjà identifié 164. Dans le cadre de
notre recherche, la mise sur pied d’un questionnaire adressé aux individus identifiés comme
intervenants dans la mise en œuvre des politiques environnementales dans les communes de
Djoum et de Lomié. Il s’agira de recueillir auprès d’eux des informations dans le cadre de la
formulation et la mise en œuvre du choix des instruments qui siéent à leur milieu et les effets
en lien avec la lutte contre les changements climatiques.

 L’entretien

163
GRAWITZ. (M), Op. cit P. 524 
164
MOKTHAR LAKEHAL, Dictionnaire de science politique, Paris, l’Harmattan, 2009, P. 322

64
 L’entretien est une technique de collecte d’information orale, un événement de parole qui se
produit dans une situation d’interactions sociale entre un enquêteur et un enquêté165.
Autrement dit, un entretien implique une rencontre directe et orale entre un (e) enquêteur
(euse) et un (e) ou des enquêté(es). Il constitue des modes privilégiés de recueils de données
en science politique. Il permet dans notre cas d’analyser les logiques de valeurs,
interprétations, croyances, idées des acteurs. Il sera mobilisé dans notre travail en complément
d’autres outils afin d’approfondir certaines pistes de recherche et aura une démarché
compréhensive. Elle se fera avec l’inspecteur n°1 des services point focal sur les
changements climatiques du Cameroun à Yaoundé, délégué régional de l’environnement, de
la protection de la nature et du développement durable respectivement de la Mvila et Lom et
Djérem, délégué régional de la faune et de la forêt, le maire de la commune de Djoum et de
Lomie, le coordonnateur du PNDP, les chefs des villages, les représentants des Ong

Il existe plusieurs types d’entretien, l’entretien semi-directif et directif. Ces entretiens bien
que distinct, pourront être combinés dans le cadre de notre enquête selon les différents
besoins. Cela permettra de collecter les données, permettant d’approfondir nos
connaissances sur l’énonciation et l’instrumentation locale des politiques environnementales,
mais également de tester les hypothèses de notre travail.

 Observation

A travers l’observation, il est question pour le chercheur de procéder à une contemplation de


son objet d’étude afin de mieux l’appréhender. Dans le cadre de notre étude, nous ferons
l’usage de l’observation directe qui va consister pour nous d’immerger dans son espace
d’étude en vue d’y récolter les données indispensables au traitement de son objet.

A- ANNONCE DU PLAN

Elle consiste pour le chercheur à présenter son plan de travail. Notre travail sera reparti en
deux grandes parties et chacune contenant deux chapitres.

-La première partie montre comment se construit l’énonciation des politiques


environnementales au Cameroun dans les régions du Sud et l’Est en mettant en évidence que
cela renvoie d’une construction normative, discursive et cognitives des référentiels prise en
compte dans le contexte spécifiques expression d’enjeux et défis du changement climatique,
intitulé sous la forme de : l’énonciation des politiques environnementales au Cameroun à
165
SAVARESE, (E.) : Méthode des sciences sociales, Paris, Ellipses, 2006, P.10

65
partir des communes de Djoum (Sud) et de Lomié (l’Est) : un processus d’expression et
de réception des enjeux et défis nomiques et symboliques du changement climatique.

-la deuxième partie quant à elle s’intitule : l’instrumentation des politiques


environnementales au Cameroun à partir des communes de Djoum (Sud) et de Lomié
(l’Est) : un processus de matérialisation et d’appropriation des enjeux et défis
techniques du changement climatique.

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Communiqués

Revues spécialisés

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