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HGGSP/Tle/2020

THEME 5 – L’ENVIRONNEMENT ENTRE EXPLOITATION ET PROTECTION :


UN ENJEU PLANETAIRE

Problématique p.304 + Repères p.310- L’étude de ce thème a un double objectif : analyser


l’évolution des rapports entre les sociétés et leurs milieux, et notamment les changements
environnementaux non désirés qu’ils induisent ; en comprendre les enjeux géopolitiques.

INTRODUCTION : Qu’est-ce que l’environnement ? (livre pp. 304-5)

Amorces possibles : - https://www.leparisien.fr/environnement/nicolas-hulot-nous-avons-deja-perdu-le-


combat-climatique-10-12-2020-8413553.php

- https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/convention-citoyenne-sur-le-climat/
convention-citoyenne-pour-le-climat-comment-le-discours-d-emmanuel-macron-sur-les-
propositions-a-t-il-evolue_4209195.html /
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/convention-citoyenne-sur-le-climat/direct-
emmanuel-macron-recoit-les-membres-de-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-pour-une-
discussion-franche_4219245.html

- https://www.rtbf.be/info/monde/detail_environnement-la-pression-sur-la-planete-pourrait-faire-
stagner-le-developpement-humain?id=10654174

A. La définition scientifique d’une notion polysémique

La notion d’environnement a une histoire. Au XIXe siècle, le terme désignait « ce qui entoure
l’individu » : il était synonyme de milieu naturel. Le concept, introduit en Géographie en 1912 par Vidal de la
Blache, est enrichi, surtout dans les années 1970. Parler de l'environnement, c'est désormais regarder les
interactions existantes entre les sociétés humaines et leurs milieux, sur la façon dont elles utilisent les

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ressources pour leur propre développement et dont elles en modifient les équilibres. C’est
une combinaison d’éléments naturels et humains qui constituent le cadre de vie d’une population.

Pour la géographe Yvette Veyret, l’environnement n’est pas au sens restreint du


terme synonyme de géographie physique, pas davantage de faune et de flore
(biodiversité), pas plus que de pollutions et de dégradations.
https://www.hypergeo.eu/spip.php?article468
C’est un terme polysémique qui « désigne les relations d’interdépendance complexes existant entre
l’homme, les sociétés et les composantes physiques, chimiques, [biologiques] d’une nature
anthropisée » -Anthropisation : vocabulaire p.325.
Découvrir p.306-309- Cette notion est le fruit d’une construction historique,
sociale et politique progressive, débutée aux États-Unis au XIXe siècle -doc.1
p.306. Yellowstone, le premier parc national de l’histoire, et un objet d’étude en partage : à la
croisée des disciplines, elle nécessite une approche pluridisciplinaire qui mobilise l’historien - doc.2
p.308. Les branches de l’histoire de l’environnement + doc.3 p.309. Les
méthodes de l’historien de l’environnement, le géographe, le géopolitologue et le politiste -doc.3
p.307. L’environnement, cause politique nationale + doc.1 p.308. Les origines américaines de
l’histoire environnementale + doc.4 p.307. Les objectifs du développement
durable
Mais aussi les biologistes, écologues, géologues, océanographes, climatologues -doc.4 p.309.
L’archéologie glaciaire, source pour l’histoire du climat, biochimistes, philosophes, juristes,
aménageurs, économistes, sociologues… et jusqu’aux « collapsologues » !

https://www.youtube.com/watch?v=aMgavlX8_ww

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➔ CE TERME EST TOUJOURS POLYSÉMIQUE. Il faut faire attention au contexte dans lequel le mot est
employé pour bien comprendre ce qu’il désigne. Dans le langage courant, la notion d’environnement
conserve plutôt le sens de « ce qui environne l’Homme » (et que l’Homme impacte). Dans le
domaine scientifique, en géographie particulièrement, il désigne « les interactions Sociétés milieux,
qui impactent l’Homme et sur lesquelles l’Homme peut agir » avec, là aussi une évolution, une lente
construction de cette notion.

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B. De nouveaux enjeux sociaux et politiques

Depuis la préhistoire, les sociétés humaines ont fait peser une pression croissante sur
l’environnement, modifiant les équilibres naturels, etc. L’ENVIRONNEMENT A LONGTEMPS ÉTÉ
CONSIDÉRÉ COMME UNE RESSOURCE à exploiter (richesse potentielle exploitée ou non par
l’Homme). L'idée politique et sociale d’une nécessaire protection de l'environnement est récente.
Elle prend d'abord la forme de sanctuaires naturels : le premier parc national est fondé à
Yellowstone, aux États-Unis, en 1872. L’emploi du terme environnement dans son sens actuel, c’est-
à-dire celui d’un objet fragile à protéger et non plus seulement celui de « ce qui environne » date
plutôt des années 70, ce qui semble logique dans la mesure où cette période est associée au « grand
tournant environnemental », moment qui marquerait une réflexivité et un intérêt inédits des
sociétés occidentales pour les risques environnementaux. C’est ainsi au cours de cette décennie
qu’apparaissent des ministères de l’Environnement dans la plupart des pays de l’OCDE et que l’ONU
fonde le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). C’est seulement depuis les
années 1970 que la « protection de l’environnement » devient l'objet d'une lutte politique, nationale
et internationale. POURQUOI ? Il n'y a pas si longtemps, l'environnement n'était pas
considéré comme un objet politique. Les premiers
1. La rupture des années 1960-1970 ministères dédiés ne sont apparus qu'au cours des années
1970. Les préoccupations environnementales pourtant ont
Document 1 grandi dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
C'est sur la question des espèces en danger que se sont
d'abord mobilisées les énergies. En 1948, le biologiste
Julian Huxley, alors directeur de l'Unesco, œuvra à la
création de l'Union internationale pour la conservation de
la nature (UICN), une des premières organisations
environnementales, toujours active dans la protection de
la biodiversité. […] En 1961, toujours à l'initiative de Julian
Consigne. À l’aide de ces Huxley, le Fonds mondial pour la nature (WWF), l'une des
premières ONG environnementales à l'ambition
deux documents, identifiez internationale, a été créé dans le but de fournir un bras
et expliquez pourquoi et opérationnel à la conservation de la biodiversité. […]
Un droit international de l'environnement s'est peu à peu
comment l’environnement construit, de façon très fragmentée : chaque nouveau
problème a donné lieu à un nouveau traité ou à un nouvel
devient un enjeu social et instrument légal. […] La construction de ce droit a été
politique majeur. rythmée par une série de grands sommets internationaux :
Stockholm 1972, Rio 1992, et bien sûr la COP21 de Paris en
2015. […] Qu'il s'agisse du changement climatique, de la
destruction de la couche d'ozone ou de la désertification,
la mondialisation des problèmes au cours des années 1980
a mis en évidence les limites des politiques nationales, et
imposé la nécessité de passer à l'échelon supérieur : une
gouvernance mondiale de l'environnement, structurée
autour du concept de développement durable mis au point
en 1986, et dont le sommet de la Terre de Rio a constitué
l'apogée.
François Gemenne, Aleksandar Rankovic, Atlas de l'anthropocène,
Atelier de cartographie de Sciences-Po, Presses de Sciences-Po, 2019.

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Document 2

(document complémentaire). Voir Rapport Meadows (1972) : https://www.youtube.com/watch?


v=ouYi1yQDY-w

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 Les racines de l’environnementalisme (jusqu’aux années 60)

 Les sociétés des XVIIIe et XIXe siècles étaient en mesure d’anticiper les fragilités de l’environnement de
formuler les dangers que sa dégradation pouvait faire courir aux sociétés humaines. En effet, l’idée
d’environnement au sens moderne est perceptible dès le XVIIIe siècle et durant tout le XIXe siècle :
celui de l’hygiène et de la médecine, qui sous le terme de circumfusa désignait les airs, les eaux et tout autre
élément pouvant avoir une influence sur la santé ; celui du climat, qui était dès cette époque objet d’une
appropriation politique, par exemple lorsque dans les années 1820 on accusait des modifications
environnementale telles que la division des communaux et la vente des bois nationaux sous la Révolution
d’être les responsables d’une série de mauvaises saisons. De fait cette période offre de nombreux exemples de
controverses environnementales :

EX1 : Pour ce qui concerne la première industrialisation, on peut citer par exemple le cas de la gestion des forêts (traité
plus spécifiquement dans l’axe 1) qui met face à face tenants de nouveaux modes de gestion pour les besoins de l’industrie
(maîtres de forges et charbonniers) et les populations privées de leurs droits de prélèvement traditionnel ce qui provoque
de véritables révoltes dans certaines régions connues sous le nom de « révolte des demoiselles » (Jura) et de « guerre des
demoiselles » (Pyrénées).

EX2 : Durant la seconde industrialisation, les oppositions se structurent et on peut désormais repérer des types de
discours. Si certains envisagent (déjà) de régler les problèmes posés par l’industrie par un surcroit de techniques nouvelles,
des mouvements proprement de préservation des milieux naturels émergent aux États-Unis, avec des arguments moins «
utilitaires » et relevant davantage de la morale et de l’esthétisme. Ils aboutissement à la création des premiers parcs
nationaux : Yellowstone en 1872, puis le parc du Yosemite grâce à l’action du Sierra Club fondé par l’écossais John Muir (cf.
axe 3). Des initiatives comparables se développent en Europe sous la pression d’institution comme le National Trust en
Angleterre ou d’association comme le Touring club ou le Club alpin en France (création du noyau du parc des Écrins en
1914).

 Avec les deux guerres mondiales et la période des Trente Glorieuses, les pollutions, l’exploitation des
ressources minières et la dégradation de la biodiversité connaissent une accélération sans précédent. La
mobilisation massive de la production industrielle au service de la conduite de la guerre et le passage
progressif des sociétés occidentales à la société de consommation ne réduit pas au silence les discours
environnementalistes mais les défenseurs de l’environnement sont souvent assimilés à des nostalgiques
dépassés, voire des ennemis de l’intérieur. Pourtant les critiques intellectuelles sont nombreuses et s’étendent
même au Tiers-Monde (Gandhi en Inde par ex.).

 En France, des précurseurs : René Barjavel, l’auteur de Ravage, une dystopie anti-technologie publiée en Vieux
1943 ; le commandant Cousteau, qui bien qu’il ait entretenu des relations ambivalentes avec l’écologie village de
politique connait un succès mondial avec son documentaire (critiqué aujourd’hui) Le monde du Silence, qui Tignes
obtient la palme d’or du festival de Cannes en 1956 et un oscar en 1957. Ce succès qui lui permet d’acquérir La
Calypso, navire qui sera associé dans le monde entier à la nécessité de défendre les océans ; Sur le terrain,
des luttes sont menées contre la construction de barrages comme à Tignes en 1950

https://journals.openedition.org/
ruralia/28?lang=en

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 Le « tournant environnemental » des années 60-70

Les raisons :

1) L’apparition de nouvelles formes de mouvements sociaux, plus nécessairement liés aux formes
traditionnelles de militantismes (syndicats ou partis) qui exploitent de nouveaux répertoires d’actions
pour atteindre leurs objectifs. Ces collectifs peuvent prendre des formes très diverses : ONG comme
les Amis de la Terre (1970) ou Greenpeace (1971), comités de défenses locaux contre des projets
d’aménagements, organisation de journées de mobilisation comme le premier Earth Day aux États-
Unis (1970) etc..)

2) Chez les scientifiques, on note aussi un changement d’attitude. Ces derniers, comprenant les limites
des conseils discrets, donnés en coulisses aux gouvernements, se tournent eux aussi vers des actions
menées devant les tribunaux ou dans la presse et n’hésitent plus à s’investir dans des associations en
dehors de leurs laboratoires11. En France cela se traduit par la création par des scientifiques de la
Fédération française des sociétés de protection de la nature (FFSPN, fondée en 1968) , premier grand
lobby influent dans tous types de combats environnementaux.

Une démarche parallèle conduit à la formation du Club de Rome, groupe de réflexion réunissant
scientifiques, économistes et acteurs du monde public et privé qui confie à des chercheurs du MIT la
rédaction du célèbre rapport intitulé Les Limites à la croissance (dit « rapport Meadows » 1972),
première étude importante mettant à profit des moyens informatiques et l’analyse systémique pour
modéliser des menaces globales : croissance démographique, épuisement des ressources naturelles et
augmentation de la pollution. Les conclusions, très alarmistes, furent alors vivement critiquées, mais
cette étude continue depuis à servir de référence au fil de ses réactualisations.

3) Le rôle joué par mai 68 sur l’environnementalisme et plus largement l’influence de la contre-culture
américaine ne sont pas directement évidents. La préoccupation environnementale n’affleure pas trop
dans le discours lors des événements parisiens. Toutefois, la flambée -certes éphémère- des
expériences de vie communautaires qui a suivi le mouvement a laissé des traces profondes dans la
culture populaire en rendant à la mode une forme de néo-ruralisme baba cool marqué par l’attrait
pour ce qui est « naturel ». La façon de faire de la politique au cours de mai 68 a aussi beaucoup
inspiré la nébuleuse naissante des organisations écologistes desquelles allait émerger le Parti vert, au
point de marquer sa culture politique et militante (les comités d’action et les comités de base
devenant des modèles pour les auto-organisations locales qu’étaient les comités antinucléaires par
exemple)

4) Structuration de l’écologie politique, malgré la méfiance des militants pour les formes d’organisations
traditionnelles (pour la France : candidature de René Dumont aux présidentielle en 1974, fondation du
parti vert en 1984. Pour l’Allemagne, entrée des Grünen au Bundestag dès les années 80)

5) Enfin, le succès de l’environnementalisme s’adosse aussi à l’observation directe d’un cadre de vie en train
de changer puisque cette période de forte croissance est aussi celle d’une forte pression sur les paysages et
les ressources que les contemporains ont pu voir changer à l’échelle de leur existence.

Parmi les faits marquants, on peut citer :

 l’incendie du tanker Torrey Canyon qui provoque une marée noire sur les côtes
bretonnes en 1967, qui bien que n’étant pas le premier accident de ce type devient dans ce contexte le
symptôme d’un système devenu délétère

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 en 1969, le projet de construction d’une station de sport d’hiver


au beau milieu du tout nouveau parc national de la Vanoise. Le scandale est tel que Georges Pompidou, à
peine élu président de la République préfère enterrer le projet et profite de cette affaire pour proposer la
création du premier ministère de l’environnement de la Ve République (1971).

 L'accident nucléaire de Three Mile Island s'est produit le 28 mars 1979 dans la centrale nucléaire de Three Mile
Island (3,3 km2). L'île est située sur la rivière Susquehanna, près de Harrisburg, dans l'État de Pennsylvanie aux
États-Unis.

2. L’environnement à l’heure de la globalisation depuis les années 80

L’aggravation de l’impact environnemental des activités humaines sur l’environnement (atteintes à la


biodiversité, réchauffement climatique entre autres) s’observe de manière inégale dans le monde, et suscite
des mobilisations dans les sociétés civiles qui s’expriment désormais à une échelle planétaire.

Pourquoi ?

L’invention de l’environnement global comme synonyme de la Terre peut être interprété comme le résultat
d’un double phénomène :

1) celui de la montée en puissance des grands enjeux globaux, au premier rang desquels, depuis une
vingtaine d’année, celui du changement climatique et de la mise en scène du vaisseau - Planète Terre
dans la culture populaire, depuis les premières images d’Apollo, à la vogue des photographies
aériennes et des globes virtuels impulsé par le logiciel Google Earth.

2) Cette dimension globale de la perception environnementale n’est pas, on l’a vu, exclusivement
contemporaine et on peut en trouver les prémices dès le XIXe siècle, mais ce qui frappe est
l’institutionnalisation croissante de ce processus à l’échelle globale dans la période la plus récente.
Cette institutionnalisation est largement l’œuvre de l’ONU :

- d’abord sous la forme de l’organisation de grands sommets dédiés aux questions


environnementales globales. Le premier du genre a lieu à Stockholm en 1972 sous le nom de «
sommet de la Terre ». Suivront ensuite, à raison d’un grand rendez-vous par décennie, Nairobi,
Rio de Janeiro, Johannesburg et à nouveau Rio en 2012 (Rio + 20). Ces sommets sont l’occasion
de définir les grandes politiques globales dans le cadre fixé par les nation-unies

- Depuis le sommet de Rio, ce cadre est celui du « développement durable », terme proposé en
préparation de ce sommet par un rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le
développement, officiellement intitulé Notre avenir à tous, dit aussi « rapport Brundtland »
(1987).

- Dans le détail, l’influence des États-Unis dans la définition des contours de cette proposition
pourra être abordé dans l’axe conclusif. Des institutions ad hoc sont aussi créées pour les
questions jugées les plus importantes comme celle du climat. Le GIEC (Groupe
Intergouvernemental d’experts sur le Climat) est ainsi fondé en novembre 1988, et la publication
de ses rapports sert de base de discussion à la tenue des grandes conférences climatiques,
comme celle de Paris en 2015 (COP 21). Ces questions sont elles aussi abordées plus précisément
dans l’axe 2.

- Enfin, la dimension esthétique, voire culturelle des paysages fait l’objet d’une mise en
patrimoine par le biais de la labellisation des sites « patrimoine de l’humanité » mise en place par
l’UNESCO depuis 1978.

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