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Chapitre I.

L’écologie et ses applications

CHAPITRE I. L’ECOLOGIE ET SES APPLICATIONS

I.1. INTRODUCTION
I.1.1. L’état de l’environnement et des ressources naturelles
Notre environnement est très fortement influencé par les activités humaines. L’ampleur
de ce phénomène est en relation directe avec le développement de la population et la
sollicitation des ressources naturelles qui en découle. La population mondiale a dépassé
aujourd’hui les 7 milliards et atteindra 9,7 milliards d'êtres humains à l'horizon de 2050, selon
un rapport démographique des Nations Unies présenté en 2020.
Depuis les années 1970, mais surtout depuis les années 1990, il y a une prise de
conscience de la gravité de l’influence de l’homme sur son environnement. Quelques exemples :
- La pollution de l’air pose désormais des problèmes globaux et difficiles à maîtriser,
comme le réchauffement de l’atmosphère, dont la température moyenne pourrait augmenter de
1,8 à 4°C d’ici à 2090 environ et dont les conséquences écologiques seront considérables.
- Les sols se dégradent en raison d’un usage trop intense par le pâturage, le
déboisement et les activités agricoles, à raison de quelques 10 millions d’hectares par an. Les
zones arides de la planète sont les plus vulnérables à ce phénomène et sont touchées par un
phénomène croissant de désertification ;
- La consommation mondiale d’eau douce double tous les 20 ans, plus de deux fois la
vitesse de croissance de la population humaine. Selon les différentes agences de recherches de
l'eau, l'utilisation mondiale d'eau devrait tripler dans les 50 prochaines années
- Le volume mondial des prises de poissons par la pêche a également doublé au cours
de la même période (55 à 110 millions de tonnes) ;
- Le 29 avril 2019, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la
biodiversité et les services éco systémiques (IPBS, en anglais) a ouvert sa 7eme session plénière
au siège de l’UNESCO à Paris, qui a abouti à un rapport publié le 6 mai, alertant sur le déclin
de la nature, sans précédent à l’échelle humaine : environ un million d'espèces animales et
végétales sont aujourd'hui menacées d'extinction, notamment au cours des prochaines
décennies. Ce bilan rejoint le message d’alerte diffusé en octobre 2018 par le WWF (World
Wildlife Fund) (en français : « Fonds mondial pour la vie sauvage) qui intitulait ainsi son
rapport 2018 : « En 40 ans, nous avons perdu 60% des populations d’animaux sauvages sur
Terre ».
- Dans la dernière édition de la liste rouge mondiale (version 2022.1), sur les 147 517
espèces étudiées, 41 459 sont classées menacées. Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13%

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des oiseaux et 27% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est
également le cas pour 37% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34%
des conifères. Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus
grand nombre d’espèces menacées : au total, 1 983 espèces menacées au niveau mondial sont
présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer (https://uicn.fr/liste-rouge-mondiale/).
- Les disparitions actuelles d'espèces correspondent à une extinction massive qui
s'effectue à grande vitesse. Cette 6éme crise biologique illustre les interactions entre les espèces,
plus précisément entre l'Homme et les autres espèces, qui orientent actuellement l'évolution de
la biodiversité de manière préoccupante pour l'ensemble de la biosphère, y compris l'espèce
humaine.
- La biodiversité diminue : on estime le taux actuel d’extinction des espèces
comme étant environ entre 50 à 1000 fois supérieur à celui existant avant l’apparition de
l’Homme. Le déclin est actuellement estimé à environ 8 % du total des espèces par décade
(Figure I.1).
Cette diminution est généralement directement liée à une intensification des activités
humaines. C’est dans ce contexte que l’écologie appliquée peut apporter une analyse
scientifique d’un certain nombre de problèmes et formuler des solutions pour la gestion des
ressources naturelles, la santé des écosystèmes et la conservation des espèces.

Figure I.1. Exemples de déclins observés dans la nature au niveau mondial, soulignant le
recul de la biodiversité provoqué par des facteurs de changement directs et indirects.

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I.1.2. Repères historiques


Dès son origine, l’écologie a été confrontée à des questions appliquées. L'écologie
comme science est le plus souvent reconnue comme récente, étant uniquement devenue
proéminente dans la deuxième moitié du XXe siècle
Quelques repères historiques :
- Fin du 19ème siècle, autonomie de l’écologie en tant que discipline scientifique ;
- 1913, fondation de la British Ecological Society et du Journal of Ecology ;
- 1927, parution de “Animal Ecology” de Charles Elton, avec des exemples de
systèmes écologiques ayant un intérêt économique (réseau trophique du hareng) ;
- 1964, lancement du “Journal of Applied Ecology”;
- 1967, parution de “The theory of island biogeography”
- 1988, parution de “Biodiversity”, ouvrage collectif édité par E. O. Wilson, premier
ouvrage de synthèse sur le sujet, qui lance le concept de biodiversité ;
- 1992, sommet de la Planète Terre à Rio, signature de la convention internationale sur
la diversité biologique ;
- 2002, sommet mondial sur le développement durable à Johannesbourg ;
- 2008, World Conservation Congress à Barcelone, 136 résolutions et
recommandations adoptées.

I.1.3. Définitions et objectif


L’écologie appliquée est la science qui traite de l’évolution, sous l’influence de
l’homme, des relations qu’entretiennent les organismes vivants entre eux et avec leur milieu.
En sciences appliquées, des réponses doivent être apportées à des questions concrètes,
généralement posées pour des motifs techniques, économiques ou politiques. L’écologie
appliquée s’attache donc principalement à répondre à des questions liées à l’influence de
l’homme sur les espèces et les écosystèmes, qu’il s’agisse d’optimiser l’exploitation des
ressources naturelles ou d’assurer leur meilleure conservation.
La science appliquée s’oriente essentiellement vers la recherche de solutions, alors que
la science fondamentale ne connaît en principe pas de contraintes à son champ d’investigation
et porte l’accent sur l’originalité des questions posées. Pour lier recherche fondamentale et
appliquée en écologie, il faut donc poser des questions innovatrices pouvant apporter des
réponses aux questions urgentes posées par la pratique.
L’objectif de ce cours est de proposer une vue d’ensemble sur la pratique de la
conservation de la biodiversité, en abordant successivement les différents niveaux d’approche

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que sont les échelles de la population, des communautés, des biotopes et du paysage, pour
ensuite évoquer les approches globales et un certain nombre d’enjeux liés à la pratique
professionnelle de la conservation biologique.

I.2. LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE


I.2.1. Concept de biodiversité
Le terme biodiversité, contraction de diversité biologique, est un néologisme apparu au
début des années 1970 au sein de l'Alliance Mondiale pour la Nature : UICN (Ramade, 2008).
Il a été vulgarisé dans le Sommet de la Terre sur l'environnement et le développement
durable, organisé par les Nations Unies en 1992 à Rio de Janeiro (Brésil) où il désigne tout
simplement la variété des espèces vivantes qui peuplent la biosphère (Blandin, 2010).
Aujourd'hui, Il est devenu le cadre de réflexion et de discussion des questions posées
par les relations que l'homme entretient avec les autres espèces et les milieux naturels (Lévêque
et Mounolou, 2008). La biodiversité est une caractéristique importante des écosystèmes et une
composante vitale pour le maintien de leur santé et de leur stabilité (Huang et al., 2019).

I.2.2. Quantification et description de la biodiversité


La biodiversité a été définie par la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) au
Sommet de Rio en 1992 comme étant la variabilité des organismes vivants de toute origine y
compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les
complexes écologiques dont ils font partie. Cela comprend la diversité au sein des espèces et
entre espèces ainsi que celle des écosystèmes.
La biodiversité ainsi abordée est à des niveaux de complexité croissante. La diversité
génétique, la diversité spécifique et la diversité systémique (des écosystèmes). La diversité
génétique est conditionnée la diversité spécifique et qui à son tour est conditionnée par la
diversité des écosystèmes dans tout espace biotique donné (Blandin, 2010). On distingue trois
niveaux de la biodiversité qui sont comme suit :

I.2.2.1. Diversité génétique


La diversité génétique désigne la variation des gènes et des génotypes entre espèces
(diversité interspécifique) et au sein de chaque espèce (diversité interspécifique). Elle
correspond à la totalité de l'information génétique contenue dans les gènes de tous les animaux,
les végétaux et les micro-organismes qui habitent la Terre (Abdelguerfi, 2003).

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Cette diversité demeure un des facteurs permettant aux espèces de s'adapter aux
changements et transformations de leur environnement. C’est une source de la diversité
biologique en générale (Gosselin et Laroussine, 2004).
Exemple : La figure I.2. Représente des coccinelles arlequins de la pelouse.

Figure I.2. Coccinelles arlequins de la pelouse.

Chez la coccinelle arlequin, il existe plus de 200 motifs différents sur les élytres. Le
gène « pannier » permet la production d’une protéine donnant la couleur noire à l’élytre. Chaque
coccinelle peut posséder différents allèles de ce gène. Selon l’allèle, le motif sur les élytres est
différent.

I.2.2.2. Diversité spécifique


La diversité des espèces a été antérieurement étudiée. Il est possible qu’elle fût
commencée par Carl Von Linné, qui à l’issu de son étude en 1758 avec la publication de la
dixième édition du Systema naturae.
La diversité spécifique désigne le nombre d'espèces présentes soit dans une zone
donnée, soit dans l'ensemble des diverses catégories d'êtres vivants.
Actuellement, le nombre d'espèces connues est estimé à 1.800.000. Cet inventaire du
monde est loin d'être terminée puisque des extrapolations, fondées sur des données
vraisemblables estiment qu'il doit exister entre 5 et 10 millions d’espèces (Dajoz, 2008).

I.2.2.3. Diversité écologique ou systémique (des écosystèmes)


Elle correspond à la diversité des écosystèmes. Elle est relative aux différentes variétés
et même variabilité temporelle des entités d’êtres vivants c’est à dire les biocénoses ou encore
groupes fonctionnels d'espèces et d’habitats (Dajoz, 2008).
On considère généralement que la richesse en espèces est fonction de la diversité des
habitats et du nombre de niches écologiques potentiellement utilisables. Lévêque et Mounolou
(2008) mentionnent que les écosystèmes, grâce à leur diversité biologique, contribuent dans la
régulation des cycles géochimiques : fixation-stockage, transfert, cycle de l'eau, recyclage des
éléments nutritifs,…etc.

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A cette échelle, Ramade (2008) ajoute un niveau plus élevé à la biodiversité c’est la
diversité biosphérique. Elle correspond aux biomes, propres à la biosphère prise dans son
ensemble.
Tableau I.2. Un écosystème est l’ensemble d’un milieu de vie et des espèces qui le
peuple.
Ecosystèmes
Caractéristiques Mare Pelouse Sous-bois
Milieu de vie Température : 16°C Température : 23°C Température : 18°C
Luminosité : 13 000 lux Luminosité : 30 000 lux Luminosité : 7 000 lux
Espèce animales Libellule (1) Fourmis noir (1) Limace tachetée
présentes Gerris des lacs (2) Coccinelle arlequin (4) Escargot des haies
Diversité des

Iris marais Trèfle des prés Ronce bleuâtre


espèces

Espèce végétales Epilobe Trèfle des champs Erable commun


présentes Petit nénuphar Plantain lancéolé Frêne commun
Laiche Lotier cornicule Lierre grimpant
Lentille d’eau Pâquerette Gaillet grateron
Diversité des écosystèmes

I.2.2. Importance et valeur de la biodiversité


La biodiversité est l'une des plus grandes richesses de la planète, et pourtant la moins
reconnue (Wilson, 1988). Au moins 40 % de l'économie mondiale et 80 % des besoins des
pauvres proviennent des ressources biologiques (WWF, 2014).
Les bienfaits de la biodiversité se résument en un ensemble de services et fonctions
remplies par les écosystèmes et qui se révèlent utiles aux sociétés humaines et au bon
fonctionnement des biomes (Lévêque et Mounolou, 2008).
« Un grand nombre de communautés locales et de populations autochtones dépendent
étroitement et traditionnellement des ressources biologiques sur lesquelles sont fondées leurs
traditions » (CDB, 1992).

I.2.2.1. Productivité, stabilité et fonctionnement des écosystèmes


Les écosystèmes qui ont une diversité élevée sont plus stables que les écosystèmes
pauvres en espèces. Mouquet et al. (2010) réfèrent au ‘fonctionnement’ les propriétés et/ou les
processus biologiques et physiques au sein des écosystèmes, comme par exemple le recyclage
ou la production de biomasse. Les ‘services’ représentent tous les bénéfices que les populations
humaines obtiennent des écosystèmes, notamment la production de nourriture, la régulation du
ruissellement, la pollinisation, etc.
Il faut donc davantage d'espèces pour conserver les divers services fournis par un
écosystème que pour conserver un seul de ces services.

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I.2.2.2. Services fournis par les écosystèmes


Les services fournis par les écosystèmes sont nombreux, on peut citer : maintien de la
qualité de l'atmosphère, régulation du climat par la fixation du CO2 dans la biomasse végétale,
formation des sols, minéralisation de la matière organique morte, régulation de la qualité de
l'eau et de son cycle en particulier par la régulation et la stabilisation du ruissellement ainsi que
par son effet tampon sur la sècheresse (Myers, 1996).

I.2.2.3. Importance économique


La biodiversité joue un rôle économique considérable pour l'homme, on peut également
citer :
- Importance agricole : l’existence de plus de 250.000 espèces de plantes
supérieures connues à laisser 30.000 qui peuvent être comestibles et 7.000 sont déjà cultivées
ou récoltées (Houedjissin et Koudande, 2010).
- Importance industrielle : Certaines plantes ont une grande importance pour
l'industrie. Elles produisent du caoutchouc (l'hévéa), des huiles végétales, des extraits pour la
fabrication des cosmétiques, etc.
- Importance médicinale et biotechnologique : De nombreuses molécules
actives ont déjà été extraites de diverses parties des organismes végétaux telles que : morphine,
quinine, taxol (Giller et al., 2004). Les ressources de la diversité biologique sont mises à la
disposition de la biotechnologie pour un développement économique (Werthmüller, 2005).

I.2.2.4. Valeur non commerciale


La biodiversité fournit des opportunités pour des activités de loisirs : L'écotourisme, la
pêche sportive et autres activités de plein air. Elle peut aussi nous fournir des services culturels
pour des usages non commerciaux. C'est-à-dire des bénéfices immatériels issus des
écosystèmes : esthétique, artistique, éducative, spirituelle ou scientifiques (Lévêque et
Mounolou, 2008). Ceci dit, sans oublier d'autant le confort et le bien être pour la santé, la détente
corporelle et l'activité sportive.
La biodiversité, grâce à laquelle la vie est possible sur notre planète, est de plus en plus
menacée. La plupart des hommes ne se rendent pas compte de quelle façon et dans quelle
mesure la biodiversité nous est utile (WWF, 2009).

I.2.3. Objectifs de la conservation de la diversité biologique


L’objectif global sera atteint à travers 20 objectifs spécifiques découlant de cinq buts
stratégiques à savoir :

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- But stratégique A : Aborder les causes sous-jacentes de l’appauvrissement de


la diversité biologique en intégrant la diversité biologique au gouvernement et à la société ;
- But stratégique B : Réduire les pressions directes exercées sur la diversité
biologique et encourager l’utilisation durable ;
- But stratégique C : Améliorer l’état de la diversité biologique en sauvegardant
les écosystèmes, les espèces et la diversité génétique ;
- But stratégique D : Améliorer les avantages pour tous de la diversité biologique
et des services fournis par les écosystèmes ;
- But stratégique E : Renforcer la mise en œuvre au moyen de la planification
participative, de la gestion des connaissances et du renforcement des capacités
(https://www.cbd.int).

I.2.4. Répartition géographique de la biodiversité


I.2.4.1. Biodiversité dans le monde
D'après Ramade (2008), la biodiversité est fort inégalement distribuée à la surface de la
biosphère, tant dans les écosystèmes continentaux qu'océaniques. Quand on se déplace à la
surface du globe, la biodiversité a tendance à diminuer quand on se dirige de l'équateur vers les
pôles avec néanmoins quelques exceptions tant en milieu terrestre que marin. En règle générale,
dans les écosystèmes terrestres, la biodiversité est d'autant plus élevée que le climat est plus
chaud.
Au niveau continental, ce sont les forêts équatoriales qui présentent les plus riches
biomes en espèces où plus de 70% (180 000 espèces sur les 250 000 espèces de plantes
supérieures actuellement répertoriées dans le monde) sont situées dans la zone intertropicale
alors que celle-ci ne représente que 40% des terres émergées et de plus les 50% habitent
exclusivement les forêts denses humides (Poncy et Labat 1995 in Gimaret-Carpentier, 1999).
Quand on s'éloigne de l'équateur, les déserts atteignent leur maximum d'extension dans
une zone située à cheval sur les tropiques, et constituent deux bandes de biodiversité
relativement faible. En continuant de remonter en latitude, la biodiversité s'accroit et atteint un
nouveau maximum dans les biomes de type méditerranéen. Au-delà, la biodiversité diminue
inexorablement au fur et à mesure que l'on se dirige vers les hautes latitudes : les toundras qui
correspondent aux écosystèmes ultimes situés à la limite des milieux arctiques présentant la
plus faible biodiversité de tous les types de biomes terrestres (Willig et Bloch, 2006).

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I.2.4.2. Biodiversité dans le bassin méditerranéen


Le bassin méditerranéen est le deuxième plus grand hot spot du monde et la plus grande
des cinq régions de climat méditerranéen de la planète. C'est aussi le troisième hot spot le plus
riche du monde en diversité végétale (Médail et Myers, 2004).
Myers (1990) et Médail et Quézel (1999) montrent que la région méditerranéenne est
l'un des grands centres mondiaux de la diversité végétale, où 10% des plantes supérieures
peuvent être trouvés dans seulement 1,6% de la surface de la Terre. De même, Myers et al.,
(2000) considèrent que les pays méditerranéens détiennent près de 4,5% de la flore endémique
de la planète. Dans ce contexte même Médail et Quezel (1997) estime que l'ensemble du bassin
méditerranéen renferme près de à 50% d'endémisme spécifique de la totalité de sa flore.
Deux principaux facteurs déterminent cette richesse en biodiversité du bassin
méditerranéen. Sa localisation au carrefour de deux masses continentales : l'Eurasie et l'Afrique
et la grande diversité topographique de ses milieux. Ceci dit en plus de la présence d’un climat
varié et unique (Dernegi, 2010).

I.2.4.3. Biodiversité en Algérie


La situation géographique chevauchante de l'Algérie sur deux empires floraux :
l'Holarctis et le Paleotropis lui confère une flore très diversifiée par des espèces appartenant à
différents éléments bigéographiques. Selon Yahi et Benhouhou (2011), la flore algérienne
comprend environ 4000 taxons (exactement 3994 taxons) répartis sur 131 familles botaniques
et 917 genres où 464 taxons sont des endémiques nationales (387 espèces, sous-espèces 53 et
24 variétés).

I.2.5. Conservation de la biodiversité


La conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique revête la plus haute
importance pour la satisfaction des besoins alimentaires, sanitaires et autre de la population de
la planète qui ne cesse de croitre. C'est une préoccupation commune à l'humanité (CDB, 1992).
D'après Dajoz (2008), la conservation de la diversité biologique est devenue l'objet d'une
discipline qu’est la biologie de conservation. Dans la convention sur la diversité biologique cinq
points ont été énoncés :
- Identifier les composants de cette diversité (écosystèmes, espèces).
- Etablir un réseau d'aires protégées.
- Adopter des mesures assurant la conservation ex situ.
- Intégrer la conservation des ressources génétiques dans les politiques des divers
pays.
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- Développer des méthodes d'évaluation de l'impact des projets d'aménagement


sur la diversité biologique.

I.2.5.1. Conservation d'espaces : Aires protégées


D'après l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (2008) :
Couvrant près de 12 pour cent de la surface terrestre, les aires protégées sont essentielles pour
la conservation de la biodiversité. Ce sont les piliers de toutes les stratégies nationales et
internationales de conservation.
Une aire protégée est définie comme étant un espace géographique clairement défini,
reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long
terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs
culturelles qui lui sont associés . Il peut s’agir de réserves intégrales où l’intervention humaine
est exclue, ou de zones habitées dans lesquelles la protection de la flore et de la faune est
assurée par l’implication des populations locales dans la gestion du milieu et des espèces
(Lévêque et Mounolou, 2008).

I.3. PRINCIPES
I.3.1. L’espèce comme unité de base en écologie appliquée
I.3.1.1. Notion d’espèce
a. Concept morphologique
Document 1 :
Au 17em siècle, l’espèce est considérée comme un ensemble d’individus se ressemblant
physiquement : C’est le concept morphologique, (Exemple : les mésanges figure I.3).

Figure I.3. Les espèces de mésanges au jardin


b. Le concept biologique.
Document 2 :
Ce n’est qu’en 1942 qu’Ernst Mayr, scientifique allemand, étoffe le concept d’espèce
par le critère de reproduction. En effet, on observe que des croisements génèrent des hybrides,
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Chapitre I. L’écologie et ses applications

mais ceux-ci sont stériles (ex : mulet issu d’un âne et d’une jument (figure I.4). L’espèce est
ainsi définie : « une espèce est une population ou un ensemble de populations dont les individus
peuvent se reproduire entre eux et engendrer une descendance féconde, dans des conditions
naturelles » : c’est le concept biologique.

Figure I.4. Mulet issu d’un âne et d’une jument.


Document 3 :
Des remises en cause de la notion de l’espèce par l’existence d’individus hybrides
fertiles.
Le pizzly (figure I.4.c) est un hybride fertile entre un grizzly (Ursus arctos horribilis)
(figure I.4.b) et un ours polaire (Ursus maritimus) (figure I.4.a). Plusieurs pizzly ont été
observés dans la nature. En effet, à cause du réchauffement climatique qui fait fondre la
banquise, l’ours blanc se déplace vers le sud de Canada alors que le grizzly remonte dans les
forêts du nord. Ces déplacements permettent des rencontres qui étaient impossible avant. Sur
les photos, on distingue deux individus de l’espèce Herennia multipunta. On parle de
dimorphisme sexuel.

Figure I.4.a. Ours polaire Figure I.4.b. Grizzly Figure I.4.c. pizzly

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Interprétation des documents :


Le document 1 indique que les individus d’une même espèce se rassemblent.
Le document 3 montre deux individus d’une même espèce mais très différents : le male
ne ressemble pas à la femelle.
Donc la définition de l’espèce n’est pas vraiment suffisante.
Le document 3 montre que le pizzly est un hybride entre deux individus d’espèces
différents : un grizzly et un ours polaire, mais qu’il est fertile.
Or le document 2 indique que seuls des individus d’une espèce ont une descendance
féconde.
Le pizzly contredit donc la définition de l’espèce alors l’espèce n’est donc qu’un concept
créé par l’Homme.
Conclusion
L’espèce est une notion utilisée pour décrire la biodiversité mais elle n’est qu’un
concept créé par l’Homme.
La diversité génétique au sein de chaque espèce repose sur la variabilité de l’ADN. Les
différents allèles présents dans une même population proviennent de mutations qui se sont
produites au cours des générations.

I.3.1. Principe général du processus de la gestion


La gestion et la conservation des systèmes naturels sont souvent envisagées à travers
des étapes successives et relativement indépendantes. En amont, les scientifiques collectent des
informations qu’ils analysent pour produire des résultats à l’intention des gestionnaires. Ces
gestionnaires sont par la suite amenés à baser leurs décisions et actions de gestion en fonction
des résultats reçus. Les interactions entre scientifiques et gestionnaires s’arrêtent généralement
à ce transfert d’informations, ce qui limite la mise en place d’actions de gestion précises et
efficaces car :
1) Il est souvent difficile pour les scientifiques de déterminer concrètement jusqu’où
peuvent porter leurs recommandations en pratique,
2) Les systèmes naturels étant dynamiques, les gestionnaires font face à de nombreuses
incertitudes lors de la mise en place et du suivi des actions de gestion. Une approche « classique
» de gestion des systèmes naturels peut donc s’avérer inefficace. Dans ce cadre, une approche
intégrée où scientifiques et gestionnaires collaborent de manière continue dans les processus
décisionnels apparaît plus prometteuse.

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I.3.1.1. Le principe de la gestion adaptive


Pour faire face aux incertitudes inhérentes à la complexité des situations de
conservation, certains biologistes de la conservation ont développé une approche qui vise
simultanément l’accroissement des connaissances en conservation, d’une part, et l’évaluation
et la correction des mesures de conservation, d’autre part. Il s’agit de la gestion adaptative,
initialement mise en œuvre pour la gestion des ressources halieutiques et forestières en
Amérique du Nord et en Australie (Holling, 1978 ; Walters, 1986). Cette démarche est
aujourd’hui étendue à la gestion de la biodiversité en général (Gunderson & Holling, 2001).
Les mesures de gestion y sont considérées de façon expérimentale : il faut « apprendre
en faisant ». Il s’agit de remplacer la démarche traditionnelle d’essai/erreur par la formulation
d’hypothèses qui seront testées (grandeur nature). Le processus idéal peut être décomposé en
sept étapes (figure I.5) qui seront répétées de façon itérative : tout d’abord, un groupe de travail
composé d’experts et de parties prenantes est constitué afin de définir le problème ; ensuite, ce
groupe formule des hypothèses et construit des modèles qui simulent les relations significatives
du système socio-écologique qu’il s’agit de gérer. Sur la base de ces modèles et d’un éventail
de mesures possibles, différents scénarios sont alors élaborés ; le résultat jugé le plus désirable
est sélectionné, et les mesures de gestion correspondantes sont mises en œuvre ; il faut ensuite
choisir des indicateurs d’état du système et faire un suivi de ces indicateurs. Sur la base de ce
suivi, les mesures de gestion sont évaluées. Enfin, cette évaluation sert de base à la redéfinition
du problème et à l’adaptation des mesures.

Figure I.5. Le sept étapes de la gestion adaptative (Rist et al., 2013 et Mathevet &
Guillemain, 2016)

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1. Définition et délimitation des problématiques de gestion ;


2. Définition des objectifs de gestion et des méthodes d’action ;
3. Représentation de la compréhension actuelle du système à l’aide de modèles
prédictifs ;
4. Identification des incertitudes et hypothèses alternatives correspondantes,
identification des actions de gestion et des indicateurs d’évaluation de l’état du système ;
5. Mise en place des actions de gestion ;
6. Suivi des effets des actions de gestion ;
7. Évaluation des actions de gestion et apprentissage à partir des résultats. Comparaison
des résultats observés avec les résultats attendus des modèles pour évaluer les hypothèses.

a. Concertation : définition des problématiques et des objectifs de gestion


Une autre des caractéristiques de la gestion adaptative est qu’elle requiert, en amont,
que les différentes parties prenantes se concertent pour définir et délimiter ensemble les
problématiques liées au système d’intérêt. Sur la base de ces concertations, les objectifs de
gestion et les différentes méthodes pour les atteindre (méthodes alternatives) sont définis (Rist
et al., 2013).
Ce processus est particulièrement sensible et critique pour l’initiation d’un programme
de gestion adaptative, lorsque le système ciblé présente encore de nombreuses incertitudes,
limitant la capacité à définir des objectifs et méthodes de gestion (par exemple pour s’accorder
sur une taille de population cible idéale qui satisferait les contraintes et objectifs de chacun, et
sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir). Cependant, cette phase de concertation est
absolument cruciale au bon fonctionnement du programme, de manière à assurer l’adhésion de
tous au processus de gestion.

b. Connaissances actuelles, identification des incertitudes et des actions de gestion


En se basant sur les connaissances actuelles et les hypothèses qui expliquent la
dynamique du système, des modèles prédictifs sont développés. Ces derniers permettent
d’évaluer les coûts, bénéfices et conséquences des différentes méthodes de gestion proposées.
Cet état des connaissances permet de mettre en évidence les incertitudes qui pèsent sur
les différents processus et les liens de causalité qui pourraient influencer la dynamique du
système. Ces incertitudes sont prises en compte en établissant des hypothèses alternatives
intégrées, elles aussi, dans des modèles prédictifs. Les résultats attendus issus des différents
modèles prédictifs auront ainsi un rôle informatif pour orienter la décision des actions de gestion
à mettre en place chaque année.
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Chapitre I. L’écologie et ses applications

c. Mise en place des actions de gestion et suivi scientifique


Une fois les actions de gestion mises en place, le système géré est soumis à un suivi
scientifique précis, et surtout très régulier. Ce suivi doit permettre de mesurer les indicateurs
clés de l’état du système, tels que l’évolution de la taille de la population, sa composition (sexe
et âge-ratios) et le niveau des prélèvements (Nichols & Williams, 2006).

d. Évaluation et apprentissage
Les résultats des suivis permettent dans un premier temps d’obtenir des connaissances
à jour de l’état du système et d’observer ses réponses aux actions de gestion. Ces résultats
observés sont par la suite confrontés aux résultats attendus des modèles prédictifs. Les
proximités et divergences entre résultats observés et attendus permettront d’évaluer la
cohérence des différentes hypothèses et de leurs alternatives, et ainsi d’affiner la compréhension
des processus qui régulent la dynamique du système. Ce gain de connaissance est par la suite
réintégré dans le cycle itératif pour ajuster en conséquence les actions de gestion.
En plus de cet ajustement périodique – souvent annuel – des actions de gestion, une
réflexion collective peut être menée sur l’état du système, les objectifs souhaités (par exemple
taille de la population) et les méthodes de gestion proposées, à une fréquence moins élevée.
Cette réflexion doit se faire selon l’évolution des problématiques (par exemple
apparition de conflits avec l’augmentation de la taille de la population), de l’état des
connaissances ou des aspirations générales de la société. Outre les méthodes de gestion à court
terme, la stratégie globale à long terme est donc elle aussi réévaluée à intervalles réguliers
(Mathevet & Guillemain, 2016).
 Elaboration d’un plan d’action, l’exemple d’un site agricole
Prenons l’exemple de la gestion d’un site naturel de compensation accueillant des
usages agricoles. La première étape est de définir les enjeux de ce site. Un enjeu est un élément
du site pour lequel le gestionnaire a une responsabilité et une volonté de maintien ou
d’amélioration. Dans l’exemple, une espèce ou un groupe d’espèces cibles est par conséquent
considéré comme un enjeu. Néanmoins, l’agriculture peut également être un enjeu à part
entière.
Selon le nombre d’enjeux et le budget du gestionnaire, chacun des enjeux peut par la
suite être hiérarchisé. Cette hiérarchisation permet ainsi de privilégier certaines actions et d’en
expliquer la raison.

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Chapitre I. L’écologie et ses applications

a. Les objectifs
Une fois les enjeux identifiés, le gestionnaire doit définir des objectifs. Un objectif est
associé à chaque enjeu. Pour être pertinents, ces objectifs doivent être quantifiables dans le
temps. La quantification de l’évolution d’un enjeu donné par rapport à l’objectif voulu permet
de vérifier rapidement l’efficacité des actions mises en œuvre, et, le cas échéant, de les modifier
dans le cadre d’un nouveau plan d’actions.

b. Les indicateurs
Pour évaluer de manière quantitative le niveau d’atteinte des objectifs, il est nécessaire
de définir des indicateurs de suivi. Un indicateur est par conséquent un élément mesurable. Le
travail de définition des objectifs et des indicateurs doit être itératif. La disponibilité de
l’indicateur et sa facilité de mesure conditionne la mesure du niveau d’atteinte de l’objectif. Si
l’objectif n’est pas vérifiable, il doit être révisé.

c. Un tableau de bord
L’ensemble de ces éléments (Enjeux, Objectifs, Indicateurs) constitue la base de la
stratégie de gestion du site. Afin de faciliter son utilisation et son interprétation, un tableau de
bord peut être créé. Celui-ci permet de voir d’un coup d’œil, les évolutions satisfaisantes ou
insatisfaisantes des enjeux du site.

d. Un outil d’aide à la décision, mais également de concertation et de


communication
La gestion adaptative permet ainsi d’actualiser les plans d’actions en fonction de
l’atteinte des objectifs : il s’agit par conséquent d’un outil d’aide à la décision pertinente.
Néanmoins, son utilisation peut être plus large.
En effet, ce support fournit également un outil de concertation intéressant. Chaque partie
prenante du projet peut participer à la construction de la stratégie : quels sont les enjeux, quels
objectifs poursuivre, quels indicateurs quantifier ? Par l’intégration des acteurs dans cette phase
d’élaboration, une mutualisation des moyens pour le suivi de ces objectifs est facilitée. La
gestion adaptative devient alors un outil de concertation et même d’appropriation et de
coopération.
Enfin, cet outil est également est un outil de communication. Grâce au tableau de bord,
le gestionnaire peut fournir des réponses claires aux questionnements des acteurs et peut donner
à voir les efforts qu’il fournit. L’outil constitue également un point d’attractivité pour d’autres

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Chapitre I. L’écologie et ses applications

acteurs : « vous agissez sur cet enjeu, je connais et je fais des choses, cela m’intéresse de m’y
intégrer ».
Cet outil est par conséquent un moyen efficace pour la construction du plan d’actions,
sa révision et aussi pour l’acceptation et la mobilisation des acteurs du territoire.

I.4. LA DIMENSION HUMAINE : L’EXEMPLE DES GRANDS CARNIVORES


Les problèmes de faisabilité liés à des conflits d’intérêt se présentent dans la plupart des
dossiers de conservation de la biodiversité. En les identifiant avant de formuler les mesures
définitives à prendre, on augmente les chances d’aboutir à une réalisation des objectifs. Dans
la phase d’élaboration et de planification des mesures, il convient donc de procéder à une
analyse préalable des contraintes à respecter puis d’envisager, en fonction des consultations et
négociations qui doivent être menées (prise en compte de la dimension humaine), toutes les
conséquences de chaque option.
On peut ainsi prévoir les différents scénarios dans lesquels on peut se trouver au terme
de l’élaboration des mesures et déterminer à l’avance quelles décisions devraient être prises,
ainsi que leurs avantages et inconvénients.
Cette phase de la démarche, qui combine les analyses de décision (comparaison des
variantes) et de la dimension humaine (prise en compte des opinions des acteurs, démarches
participatives et analyse des conflits), est un élément important du succès de toute mise en place
d’un projet de gestion de la biodiversité.

I.4.1. Le retour des grands carnivores


Les grands carnivores sont souvent considérés comme des éléments clés du maintien
des écosystèmes. L’étude de l’écologie des grands carnivores apparaît dès les premières études
de la conservation de la nature avec Aldo Leopold qui faisait déjà référence à l’impact du déclin
des prédateurs sur la croissance des populations d’herbivores et de plantes (Leopold et al. 1947),
décrivant un processus qui fut intégré au concept de « cascade trophique ». En effet, en raison
de leur position élevée dans la chaîne trophique, leur extinction peut entraîner des cascades
trophiques et des changements dans la dynamique des populations et le fonctionnement des
écosystèmes.
Depuis les années 1970, les populations de grands carnivores ont commencé à se
rétablir, en partie grâce à une augmentation de la superficie forestière, mais aussi à une
augmentation de populations d'ongulés sauvages ayant retrouvé des niveaux records dans de
nombreuses régions, ainsi que des mesures de conservation ont attribué à ces prédateurs des
statuts stricts de protection, interdisant à la fois les prélèvements et les nuisances à leur égard.
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Chapitre I. L’écologie et ses applications

I.4.2. L’analyse des conflits


Les conflits entre l'homme et les grands carnivores constituent une menace pour les
espèces en voie de disparition, ce qui met en péril sa conservation à l’échelle mondiale. En
particulier, préserver les grands carnivores pose le défi de la coexistence avec les humains.
Au stade de l’élaboration et de la planification des mesures de gestion, l’analyse des
conflits est une approche précieuse, qui s’impose même dans des cas aussi conflictuels que ceux
de la coexistence de l’homme avec les grands carnivores.
 Le conflit cognitif : Une donnée ou une mesure étant mal comprise ou contestée
par l’une des parties, le conflit provient d’une divergence sur la compréhension de l’information
de base. - exemple : quel est le nombre d’un type de carnivore présents dans la région ?
 Le conflit de valeurs : Les parties sont d’accord sur la donnée de base, mais
divergent sur son interprétation ou sur la nécessité de certaines mesures. - exemple : le tir d’un
carnivore peut être autorisé s’il tue de nombreux moutons, mais doit-on également l’autoriser
en cas d’impact important sur le chevreuil et le chamois ?
 Le conflit de principe sur les coûts / bénéfices : Les parties divergent sur la
manière dont une mesure doit être appliquée - exemple : modifier le seuil pour l’autorisation
du tir d’un carnivore tuant régulièrement des moutons ou protéger activement les troupeaux de
moutons par le recours à des chiens de protection ?
 Le conflit de comportement : L’une des parties n’ayant pas confiance en l’une
des autres parties ou étant en conflit idéologique avec elle, elle prend une attitude d’opposition
de principe à l’application d’une mesure soutenue par l’autre partie.

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