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I.1. INTRODUCTION
I.1.1. L’état de l’environnement et des ressources naturelles
Notre environnement est très fortement influencé par les activités humaines. L’ampleur
de ce phénomène est en relation directe avec le développement de la population et la
sollicitation des ressources naturelles qui en découle. La population mondiale a dépassé
aujourd’hui les 7 milliards et atteindra 9,7 milliards d'êtres humains à l'horizon de 2050, selon
un rapport démographique des Nations Unies présenté en 2020.
Depuis les années 1970, mais surtout depuis les années 1990, il y a une prise de
conscience de la gravité de l’influence de l’homme sur son environnement. Quelques exemples :
- La pollution de l’air pose désormais des problèmes globaux et difficiles à maîtriser,
comme le réchauffement de l’atmosphère, dont la température moyenne pourrait augmenter de
1,8 à 4°C d’ici à 2090 environ et dont les conséquences écologiques seront considérables.
- Les sols se dégradent en raison d’un usage trop intense par le pâturage, le
déboisement et les activités agricoles, à raison de quelques 10 millions d’hectares par an. Les
zones arides de la planète sont les plus vulnérables à ce phénomène et sont touchées par un
phénomène croissant de désertification ;
- La consommation mondiale d’eau douce double tous les 20 ans, plus de deux fois la
vitesse de croissance de la population humaine. Selon les différentes agences de recherches de
l'eau, l'utilisation mondiale d'eau devrait tripler dans les 50 prochaines années
- Le volume mondial des prises de poissons par la pêche a également doublé au cours
de la même période (55 à 110 millions de tonnes) ;
- Le 29 avril 2019, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la
biodiversité et les services éco systémiques (IPBS, en anglais) a ouvert sa 7eme session plénière
au siège de l’UNESCO à Paris, qui a abouti à un rapport publié le 6 mai, alertant sur le déclin
de la nature, sans précédent à l’échelle humaine : environ un million d'espèces animales et
végétales sont aujourd'hui menacées d'extinction, notamment au cours des prochaines
décennies. Ce bilan rejoint le message d’alerte diffusé en octobre 2018 par le WWF (World
Wildlife Fund) (en français : « Fonds mondial pour la vie sauvage) qui intitulait ainsi son
rapport 2018 : « En 40 ans, nous avons perdu 60% des populations d’animaux sauvages sur
Terre ».
- Dans la dernière édition de la liste rouge mondiale (version 2022.1), sur les 147 517
espèces étudiées, 41 459 sont classées menacées. Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13%
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des oiseaux et 27% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est
également le cas pour 37% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34%
des conifères. Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus
grand nombre d’espèces menacées : au total, 1 983 espèces menacées au niveau mondial sont
présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer (https://uicn.fr/liste-rouge-mondiale/).
- Les disparitions actuelles d'espèces correspondent à une extinction massive qui
s'effectue à grande vitesse. Cette 6éme crise biologique illustre les interactions entre les espèces,
plus précisément entre l'Homme et les autres espèces, qui orientent actuellement l'évolution de
la biodiversité de manière préoccupante pour l'ensemble de la biosphère, y compris l'espèce
humaine.
- La biodiversité diminue : on estime le taux actuel d’extinction des espèces
comme étant environ entre 50 à 1000 fois supérieur à celui existant avant l’apparition de
l’Homme. Le déclin est actuellement estimé à environ 8 % du total des espèces par décade
(Figure I.1).
Cette diminution est généralement directement liée à une intensification des activités
humaines. C’est dans ce contexte que l’écologie appliquée peut apporter une analyse
scientifique d’un certain nombre de problèmes et formuler des solutions pour la gestion des
ressources naturelles, la santé des écosystèmes et la conservation des espèces.
Figure I.1. Exemples de déclins observés dans la nature au niveau mondial, soulignant le
recul de la biodiversité provoqué par des facteurs de changement directs et indirects.
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que sont les échelles de la population, des communautés, des biotopes et du paysage, pour
ensuite évoquer les approches globales et un certain nombre d’enjeux liés à la pratique
professionnelle de la conservation biologique.
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Cette diversité demeure un des facteurs permettant aux espèces de s'adapter aux
changements et transformations de leur environnement. C’est une source de la diversité
biologique en générale (Gosselin et Laroussine, 2004).
Exemple : La figure I.2. Représente des coccinelles arlequins de la pelouse.
Chez la coccinelle arlequin, il existe plus de 200 motifs différents sur les élytres. Le
gène « pannier » permet la production d’une protéine donnant la couleur noire à l’élytre. Chaque
coccinelle peut posséder différents allèles de ce gène. Selon l’allèle, le motif sur les élytres est
différent.
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Chapitre I. L’écologie et ses applications
A cette échelle, Ramade (2008) ajoute un niveau plus élevé à la biodiversité c’est la
diversité biosphérique. Elle correspond aux biomes, propres à la biosphère prise dans son
ensemble.
Tableau I.2. Un écosystème est l’ensemble d’un milieu de vie et des espèces qui le
peuple.
Ecosystèmes
Caractéristiques Mare Pelouse Sous-bois
Milieu de vie Température : 16°C Température : 23°C Température : 18°C
Luminosité : 13 000 lux Luminosité : 30 000 lux Luminosité : 7 000 lux
Espèce animales Libellule (1) Fourmis noir (1) Limace tachetée
présentes Gerris des lacs (2) Coccinelle arlequin (4) Escargot des haies
Diversité des
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I.3. PRINCIPES
I.3.1. L’espèce comme unité de base en écologie appliquée
I.3.1.1. Notion d’espèce
a. Concept morphologique
Document 1 :
Au 17em siècle, l’espèce est considérée comme un ensemble d’individus se ressemblant
physiquement : C’est le concept morphologique, (Exemple : les mésanges figure I.3).
mais ceux-ci sont stériles (ex : mulet issu d’un âne et d’une jument (figure I.4). L’espèce est
ainsi définie : « une espèce est une population ou un ensemble de populations dont les individus
peuvent se reproduire entre eux et engendrer une descendance féconde, dans des conditions
naturelles » : c’est le concept biologique.
Figure I.4.a. Ours polaire Figure I.4.b. Grizzly Figure I.4.c. pizzly
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Chapitre I. L’écologie et ses applications
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Figure I.5. Le sept étapes de la gestion adaptative (Rist et al., 2013 et Mathevet &
Guillemain, 2016)
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Chapitre I. L’écologie et ses applications
d. Évaluation et apprentissage
Les résultats des suivis permettent dans un premier temps d’obtenir des connaissances
à jour de l’état du système et d’observer ses réponses aux actions de gestion. Ces résultats
observés sont par la suite confrontés aux résultats attendus des modèles prédictifs. Les
proximités et divergences entre résultats observés et attendus permettront d’évaluer la
cohérence des différentes hypothèses et de leurs alternatives, et ainsi d’affiner la compréhension
des processus qui régulent la dynamique du système. Ce gain de connaissance est par la suite
réintégré dans le cycle itératif pour ajuster en conséquence les actions de gestion.
En plus de cet ajustement périodique – souvent annuel – des actions de gestion, une
réflexion collective peut être menée sur l’état du système, les objectifs souhaités (par exemple
taille de la population) et les méthodes de gestion proposées, à une fréquence moins élevée.
Cette réflexion doit se faire selon l’évolution des problématiques (par exemple
apparition de conflits avec l’augmentation de la taille de la population), de l’état des
connaissances ou des aspirations générales de la société. Outre les méthodes de gestion à court
terme, la stratégie globale à long terme est donc elle aussi réévaluée à intervalles réguliers
(Mathevet & Guillemain, 2016).
Elaboration d’un plan d’action, l’exemple d’un site agricole
Prenons l’exemple de la gestion d’un site naturel de compensation accueillant des
usages agricoles. La première étape est de définir les enjeux de ce site. Un enjeu est un élément
du site pour lequel le gestionnaire a une responsabilité et une volonté de maintien ou
d’amélioration. Dans l’exemple, une espèce ou un groupe d’espèces cibles est par conséquent
considéré comme un enjeu. Néanmoins, l’agriculture peut également être un enjeu à part
entière.
Selon le nombre d’enjeux et le budget du gestionnaire, chacun des enjeux peut par la
suite être hiérarchisé. Cette hiérarchisation permet ainsi de privilégier certaines actions et d’en
expliquer la raison.
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a. Les objectifs
Une fois les enjeux identifiés, le gestionnaire doit définir des objectifs. Un objectif est
associé à chaque enjeu. Pour être pertinents, ces objectifs doivent être quantifiables dans le
temps. La quantification de l’évolution d’un enjeu donné par rapport à l’objectif voulu permet
de vérifier rapidement l’efficacité des actions mises en œuvre, et, le cas échéant, de les modifier
dans le cadre d’un nouveau plan d’actions.
b. Les indicateurs
Pour évaluer de manière quantitative le niveau d’atteinte des objectifs, il est nécessaire
de définir des indicateurs de suivi. Un indicateur est par conséquent un élément mesurable. Le
travail de définition des objectifs et des indicateurs doit être itératif. La disponibilité de
l’indicateur et sa facilité de mesure conditionne la mesure du niveau d’atteinte de l’objectif. Si
l’objectif n’est pas vérifiable, il doit être révisé.
c. Un tableau de bord
L’ensemble de ces éléments (Enjeux, Objectifs, Indicateurs) constitue la base de la
stratégie de gestion du site. Afin de faciliter son utilisation et son interprétation, un tableau de
bord peut être créé. Celui-ci permet de voir d’un coup d’œil, les évolutions satisfaisantes ou
insatisfaisantes des enjeux du site.
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acteurs : « vous agissez sur cet enjeu, je connais et je fais des choses, cela m’intéresse de m’y
intégrer ».
Cet outil est par conséquent un moyen efficace pour la construction du plan d’actions,
sa révision et aussi pour l’acceptation et la mobilisation des acteurs du territoire.
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