Vous êtes sur la page 1sur 18

BIODIVERSITE ET CHANGEMENTS

GLOBAUX

licence « Ecologie et environnement »


PROGRAMME DE LA MATIERE : BIODIVERSITE ET CHANGEMENT
GLOBAUX
Crédits : 4
Coefficient : 2
Objectifs de l’enseignement : Ce support pédagogique permet de donner le concept de
la biodiversité ainsi que l’impact des changements globaux actuels sur l’altération de
cette dernière.
Contenu de la matière :
1/Eléments de biodiversité :
- Définition et concept de biodiversité
- Rôle de la biodiversité (rôle patrimonial, rôle dans le fonctionnement des écosystèmes,
services éco systémiques)
- Evaluation de la biodiversité (Evaluation quantitative, qualitative et économique)
- Facteurs de variation de la biodiversité
- Les différentes dimensions de la biodiversité
- Inventaire des espèces
- Etat de la biodiversité dans le monde, en Afrique, en Algérie
- Statut juridique de la biodiversité
2/Changements globaux
- Notion de changements globaux
- Changements climatiques
- Impact des Changements sur le milieu et la végétation
Références bibliographiques :
1. Biodiversité : Dynamique biologique et conservation. 2008. Lévêque C. et
Mounolou J.C. Ed. Dunod.
2. Mesures de la Biodiversité. 2015. Marcon E.

Partie 1. Eléments de biodiversité


1. Définition et concept de biodiversité
1.1. Histoire du concept de biodiversité
Le terme biodiversité synonyme de diversité biologique est un néologisme apparu au début
des années 1980 au sein de l’UCIN (Union International pour la Conservation de la nature)
mais son usage ne s’est largement répandu qu’à partir de la Conférence de Rio sur
l’environnement et le développement organisé par les Nations Unies en 1992, qui représente
un tournant majeur dans la prise de conscience des enjeux du patrimoine naturel.
L'expression diversité biologique a été inventée par Thomas Lovejoy (biologiste américain
spécialiste de l’Amazonie) en 1980, tandis que le terme biodiversité lui-même a été introduit
par Walter G. Rosen (Biologiste américain) en 1985, lors de la préparation du premier forum
américain sur la diversité biologique qui s’est tenu l’année suivante.
Le mot « biodiversité » apparaît et popularisé pour la première fois en 1988 par le professeur
d’entomologie Edward O. Wilson lors de la publication du compte-rendu de ce forum et à
travers son livre « Biodiversity », il donne la définition suivante : « C’est la totalité de toutes
les variations de tout le vivant ». Le mot biodiversité avait été jugé plus efficace en termes de
communication que diversité biologique.
Depuis 1986, le terme et le concept sont très utilisés parmi les biologistes, les écologues, les
écologistes, les dirigeants et les citoyens. L'utilisation du terme coïncide avec la prise de
conscience de l'extinction d'espèces au cours des dernières décennies du XXe siècle.
En juin 1992, le sommet planétaire de Rio de Janeiro a marqué l'entrée en force sur la scène
internationale de préoccupations et de convoitises vis-à-vis de la diversité du monde vivant.
Au cours de la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue le 5 juin 1992,
La diversité biologique a été définie comme :
« La variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les
écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques
dont ils font partie ;
cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des
écosystèmes. »
— Article.2 de la Convention sur la diversité biologique, 1992
1.2. Définition de la biodiversité
Dans sa forme la plus simple la biodiversité représente la vie sur terre. Alors que, Ramade
(1993) définit la biodiversité comme la variété des espèces vivantes qui peuplent la biosphère.
Pris au sens le plus simple, la biodiversité se mesure par le nombre total d'espèces vivantes
que renferme l'ensemble des écosystèmes terrestres et aquatiques, se rencontrant actuellement
sur la planète.

Selon Fontaubert et al. (1996), le terme biodiversité est défini par la variabilité des
organismes vivants de toutes origines y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres,
marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie.
Alors que Levêque et Mounolou (2001) définissent la biodiversité comme la nature utile,
c'est-à-dire l’ensemble des espèces ou des gènes que l’homme utilise à son profit, qu’ils
proviennent du milieu naturel ou de la domestication. Plus précisément, la biodiversité est la
dynamique des interactions dans des milieux en changement. Ce concept désigne la variété
des formes de vie comprenant les plantes, les animaux et les micro-organismes, les gènes
qu'ils contiennent et les écosystèmes qu'ils forment.
En agriculture, la biodiversité a été très largement enrichie par l’homme à partir d’espèces
sauvages qu’il a domestiquées depuis la préhistoire. L’homme a ainsi crée des variétés pour
les plantes, il a largement recomposé le paysage. Il a sans cesse amélioré l’expression du
patrimoine génétique des plantes cultivées pour leurs différents usages. Le patrimoine
génétique des plantes est contenu dans les semences ou graines qui les transmettent (GNIS,
2006).

2. Les niveaux de biodiversité


De façon spécifique, le terme «biodiversité» signifie la variété à trois niveaux :
• La diversité génétique, elle se définit par la variabilité des gènes au sein d’une même
espèce ou d’une population. Elle est donc caractérisée par la différence de deux individus
d’une même espèce ou sous-espèce (diversité intraspécifique).
• La diversité spécifique, correspond à la diversité des espèces (diversité interspécifique).
Elle comprend toutes les espèces sur la terre, (plantes, animaux, champignons, algues et
micro-organismes) tels les palmiers, les éléphants ou les bactéries
• La diversité écosystémique, qui correspond à la diversité des écosystèmes présents sur
Terre, comme les forêts tropicales ou tempérées, les déserts chauds ou froids, les zones
humides, les rivières, les montagnes, les barrières de corail, etc. Chaque écosystème
correspond à une série de relations complexes entre les éléments biotiques (vivants), éléments
abiotiques (non vivants) tels que la lumière du soleil, l'air, l'eau et les éléments nutritifs.

Fig 1 : Les niveaux de biodiversité

3. L’évolution de la biodiversité au cours du temps

L’état actuel de la biodiversité correspond à une étape de l’histoire du monde vivant :espèces
actuelles représentent une infime partie du total des espèces ayant existé depuis les débuts de
la vie. La mort des espèces comme celle des individus est un phénomène naturel. La vie serait
apparue il y a plus de 3,5 milliards d’années (Précambrien), mais il reste peu de traces fossiles
de cette naissance. C’est à partir du Cambrien, il y a 570 Millions d’années que nous trouvons
dans le registre fossile des formes de vies nombreuses et diversifiées. Mais jusqu’à nos jours,
la vie n’a pas suivi un long fleuve tranquille. Les fossiles nous renseignent sur 5grandes crises
d’extinctions massives du Cambrien jusqu’à nos jours.
Les temps géologiques sont découpés en plusieurs périodes qui sont marquées par des
apparitions, des disparitions et des diversifications de groupes.

Fig 2 :

4. Rôle de la biodiversité (rôle patrimonial, rôle dans le fonctionnement des


écosystèmes, services éco systémiques)

1. Rôle patrimonial
Valeur culturelle, identitaire, historique de la biodiversité, qui fait de celle-ci, ou de certains
de ses éléments ou processus, un patrimoine à conserver, pour le présent et les générations
futures.
 Ex. protection d’un paysage, ou d’une variété cultivée traditionnelle, pour son importance
culturelle. La valeur patrimoniale, une valeur commune à de nombreux acteurs qui recouvre
toutefois des préoccupations multiformes. Selon les acteurs, les objets identifiés comme
patrimoniaux sont divers: gènes, espèces, écosystèmes, paysages, éléments culturels. Les
objectifs poursuivis pour leur conservation varient également: éviter la perte d’éléments
remarquables ou rares, respecter un héritage, transmettre aux générations futures.
2. Rôle de la biodiversité dans le fonctionnement des écosystèmes
Chaque espèce a sa place dans l’écosystème, et va jouer un rôle dans le maintien des
écosystèmes. Plus un écosystème contiendra d’espèces, plus il sera diversifié. Et par
conséquent, plus il sera apte à supporter la disparition d’espèces du fait de l’impact
anthropique. Les espèces interagissent à plusieurs niveaux au sein de l’écosystème, l’exemple
qui vient le plus souvent à l’esprit est celui de la chaîne alimentaire (producteurs primaires,
consommateurs primaires, consommateurs secondaires et décomposeurs) mais il en existe
d’autres : les relations de prédation, les relations de parasitisme,… Sans oublier les
microorganismes du sol qui jouent un rôle indispensable dans le recyclage de la matière
organique.
3. Services éco systémiques
Le Millennium Ecosystem Assessment (Evaluation des écosystèmes pour le millénaire),
publié en 2005, a contribué fortement à la diffusion de la notion de services écosystémiques,
véhiculant une conception utilitariste de la biodiversité. Il identifie quatre types de services
que les écosystèmes procurent à l’homme :
Par définition, les services écosystémiques sont les bénéfices que les hommes tirent des
écosystèmes. Ou bien sont tous ce que les écosystèmes peuvent apporter comme bénéfices
pour le bien être des sociétés humaines. Il y a quatre types de services que les écosystèmes
procurent à l’homme :
 SERVICES D’APROVISIONNEMENT (PRÉLÈVEMENT) : qui englobent
l’approvisionnement en produits issus des écosystèmes (nourriture, eau, bois, plantes
médicinales...)
 SERVICES DE RÉGULATION: bénéfices issus de la régulation des processus des
écosystèmes (régulation du climat, des maladies, épuration des eaux...)
 SERVICES CULTURELS : bénéfices récréatifs, spirituels, esthétiques...
 SERVICES DE SOUTIEN: services nécessaires à la production de tous les autres services
de l’écosystème (production primaire, formation des sols...)

5. Pourquoi la biodiversité revêt-elle une telle importance? L’écosystème dépend des


contributions conjuguées de chacun des organismes qu’il abrite. La perte d’une quelconque
espèce peut entraver son fonctionnement. Un écosystème doté d’une biodiversité élevée
résiste mieux aux changements de l’environnement. • Selon la Liste rouge de l'UICN : 41%
des espèces amphibies, 33% des barrières de corail, 25% des mammifères, 20% des plantes et
13% des oiseaux sont menacés. • Près de 60% des services rendus par les écosystèmes sont
menacés (MEA, 2005).
Rythme actuel d'extinction des espèces : 100 à 1.000 fois supérieur au taux moyen
d'extinction depuis l'apparition de la vie sur Terre (6ème crise d’extinction).
Pourquoi la biodiversité subit-elle l’érosion ? Selon l’UNO, cinq majeures causes
accélèrent l’érosion de la biodiversité :
1. Destruction et dégradation des habitats, générées par : Agriculture (intensification agricole,
abandon des terres, drainage, irrigation), Sylviculture (exploitation intensive, reboisements
monospécifiques), Pêche industrielle et aquaculture, Construction d’infrastructures et
urbanisation (fragmentation des habitats), aménagements touristiques, industriels ;
2. Surexploitation des ressources biologiques sauvages (chasse, pêche, cueillette, exploitation
du bois) = rythmes de prélèvement incompatibles avec leur renouvellement ;
3. Pollution : eutrophisation des milieux aquatiques, dépôts d’oxyde d’azote atmosphérique
sur la végétation, acidification des sols, pesticides, métaux lourds ;
4. l’introduction d’espèces exogènes envahissantes ;
5. Changements climatiques : Hausse de la température, déplacement des espèces terrestres,
blanchissements de coraux, modifications de la structure et du fonctionnement des
écosystèmes, mise en péril de certaines espèces.

6. Facteurs de variation de la biodiversité


Il existe des variations considérables dans la richesse totale des peuplements et des
biocénoses, de très nombreux facteurs écologiques et autres paramètres de l'environnement
pouvant influencer la composition d'une communauté. On peut classer les facteurs
écologiques en deux: facteurs abiotiques et facteurs biotiques.
1. Les facteurs écologiques abiotiques La biodiversité est dépendante, dans sa structuration
et sa répartition à toutes les échelles spatiales, des caractéristiques non biologiques des
habitats :
Caractéristiques climatiques
- Précipitations
- Disponibilité en eau
- Température
- Saisonnalité ou non
Caractéristiques édaphiques géologiques
Structure du sol
Altitude
Illustrations de l’importance de la latitude (paramètre dont dépend le climat) : en général, plus
on s’approche de l’équateur, plus la diversité est importante. D’après DAJOZ (2006).

2. Les facteurs biologiques : interactions intra- et interspécifiques À toutes les échelles de


temps (courtes ou géologiques), les êtres vivants sont en interaction avec des
congénères de la même espèce et des individus d’autres espèces. Ces interactions peuvent
profiter ou nuire aux organismes et donc provoquer : - l’expansion d’un génotype ou son
extinction, [modification de la biodiversité génétique] - la persistance d’une espèce ou sa
disparition, [modification de la biodiversité spécifique] - une modification des cortèges
d’espèces et des relations que celles-ci entretiennent entre elles, d’où une modification des
écosystèmes. [Modification de la biodiversité écosystémique]
- Relations intraspécifiques :
- Compétition pour les ressources
- Compétition sexuelle
- Coopération
- Comportements reproducteurs
- Relations interspécifiques :
- Prédation
- Symbiose et autres mutualismes
- Parasitisme
-Commensalisme
- Compétition. Etc.

7.Les différentes dimensions de la biodiversité

Il existe Trois dimensions de la biodiversité;


1. Composition (ce qui est présent)
2. Structure (comment les éléments présents sont organisés les uns par rapport aux autres)
3. Fonction (les processus qui génèrent la biodiversité et qui affectent la structure et la
composition)
Indicateurs de composition
• Fréquences géniques
• Richesse spécifique
• Nombre d’habitats Indicateurs structurels
• Distribution en taille ou en âge d’une population
• Abondance relative des espèces d’une communauté
• Indices de fragmentation de l’habitat
Indicateurs fonctionnels
• Taux d’échanges génétiques entre les populations
• Taux de croissance des populations
• Taux de recyclage des éléments nutritifs

8.L'inventaire des espèces


C’est grâce à la systématique que la biodiversité explore ces capacités à distinguer un
organisme ou un taxon d'un autre. Elle est confrontée aux problèmes de temps et de nombre :
1,75 millions d'espèces ont été décrites, alors les estimations vont de 3,6 à plus de 100
millions d'espèces. La systématique n'est qu'un des aspects de la biodiversité, néanmoins utile
à la compréhension des écosystèmes, de la biosphère et de leurs fonctions et interactions.
Estimations du nombre d'espèces
En réalité le niveau de connaissance est variable selon les groupes taxinomiques. Des
recensements quasi exhaustifs ne sont disponibles que pour un petit nombre de groupes
zoologiques ou botaniques.
C’est le cas pour les mammifères et les oiseaux qui sont actuellement connus à plus de 95%.
Le nombre des insectes par contre est très certainement largement supérieur à celui pourtant
considérable (1 000 000) enregistré jusqu’ici. Les insectes représentent près des deux tiers des
nouvelles descriptions d’espèces. Quant au nombre des champignons il pourrait se situer entre
1 et 2 millions et celui des nématodes, petits vers parasites de plantes et d’animaux, serait de
plusieurs centaines de milliers. Les sources des nouvelles espèces sont essentiellement les
régions tropicales, les récifs coralliens, les grands fonds marins, mais également, sous toutes
les latitudes, les milieux d’accès difficile et les petites espèces (faune du sol, méiofaune
marine) et les parasites.
Pour d’autres groupes, comme les bactéries et les virus, chez lesquels les scientifiques ont
plus de mal à caractériser les espèces que chez les vertébrés ou les insectes, le nombre est très
certainement bien supérieur à celui connu à l’heure actuelle.
8. Evaluation des trois niveaux de biodiversité
8.1. Evaluation de la diversité génique
 Les fréquences alléliques ou bien la diversité allélique mesure la variation de la
composition de gène des individus. En général, plus il y à d’allèles, et plus diverses sont leurs
fréquences, plus la diversité génétique est grande. En fait la moyenne d’hétérozygotie et la
probabilité de deux allèles prélevés au hasard sont génétiquement différentes. Généralement
cette méthode est employée comme mesure globale. Un certain nombre de différents indices
peuvent être appliqués à la mesure de la distance de la fréquence allélique.
 Les traits phénotypiques : ils constituent une autre approche de mesure de la diversité
génétique. Ils permettent de vérifier si les individus partagent les mêmes traits de phénotype.
Cette méthode évite l’examen de la structure allélique fondamentale et se concentre sur la
mesure de variance de certains traits. En général, elle implique les caractères mesurables
morphologiques et physiologiques d’un individu.
 L’ordonnance d’ADN ou bien l’information d’ordre d’ADN : elle est obtenue par
l’utilisation d’une réaction en chaîne de polymérisations. Une cellule est exigée pour obtenir
les données ordonnées d’ordre d’ADN. Les espèces étroitement liées peuvent partager jusqu’à
95% de leurs ordres d’ADN, de ce fait ayant peu de diversité dans leur information génétique
globale (Antonovic, 1990).
8.2 Evaluation de la diversité spécifique
L’évaluation de la diversité spécifique la plus couramment utilisée par les biologistes et
les gestionnaires des milieux naturels étant : la richesse spécifique, l’abondance de tout ou
partie des espèces présentes, la densité relative de chaque espèce (la régularité ou l’evenness),
leur degré de rareté, la superficie de l’habitat, le degré de naturalité ou de représentativité des
espèces ou des communautés, ainsi que diverses caractéristiques liées aux usages (valeur
touristique ou culturelle, cinégétique, halieutique)…etc (Usher, 1986 ; Brunaud, 1987 ;
Ledant, 1991 ; Spellerberg, 1992 ; Ricklefs et Schluter, 1993 ; Humphries et al., 1995 ;
Oertlie et al., 2000).
 L’abondance ou le nombre d’individus d’une population est un paramètre fondamental
qui conditionne très largement la reproduction de l’espèce et sa capacité de dissémination vers
l’extérieur. Il mérite donc d’être pris en compte dans l’évaluation de la biodiversité des sites,
ceux qui hébergent des populations assez importantes pour rester viables à long terme ayant
une grande valeur pour la conservation des espèces (Joly, 2002).
 La richesse et la diversité spécifique qui peuvent être déterminées pour l’ensemble des
taxons présents dans un milieu, ou pour des sous-ensembles de taxons sont l’unité de mesure
la plus courante (Levêque et Mounolou, 2001). Selon Frochot (2002) la diversité spécifique
peut être évaluée finement par des indices reflétant la structure du peuplement étudié.
 La densité relative de chaque espèce ou la régularité (Evenness) est utilisée pour
comparer différentes communautés ou écosystèmes (Levêque et Mounolou, 2001). Selon Van
Kooten (1998), trois aspects interviennent dans la mesure de la biodiversité
spécifique : l’échelle, la composition et le point de vue.
A. L’échelle Elle est souvent basée sur des échantillons. Elle est utile, mais elle est
sujette facilement à la polarisation c'est-à-dire l’attribution du qualificatif ancestral ou
du qualificatif dérivé à un
caractère du taxon. Généralement, il y a beaucoup d’incertitude concernant le nombre
d’espèces. Whittaker (1960 et 1972), considère que la mesure de cette diversité est
divisée en 3 échelles principales :
 Diversité α : C’est le nombre d’espèces en employant seulement leur présence (et
pas
leur abondance) dans une aire donnée. Ou bien c’est la richesse en espèces au sein
d’un écosystème local (Huston, 1994).
Il existe une multitude d’indices de mesure développés, parmi lesquels les plus utilisés
sont mentionnés dans le tableau ci-dessous :
 Diversité β : Elle reflète les modifications de la diversité α lorsque l’on passe d’un
écosystème à un autre dans un site. C’est le taux de remplacement des espèces dans un
gradient topographique, climatique, ou d’habitat dans une zone géographique donnée. Ou bien
c’est l’hétérogénéité au sein d’un écosystème. Il existe deux coefficients de mesure de
similarité comme indiqué dans le tableau suivant :
8.3 Evaluation de la diversité écosystémique
Elle inclut l’évaluation de l’éco-région ou de l’éco-zone, basée sur la distribution des espèces,
des attributs particuliers physiques, tels que des sols et des climats et des types
distincts d’écosystèmes (UNEP, 1995).
La théorie des écosystèmes s'intéresse à la répartition des espèces, aux schèmes de
développement des communautés, ainsi qu'au rôle et à la fonction des principales espèces.
Elle étudie à la fois les fonctions des espèces et leurs interactions entre elles. Le terme «
écosystème » désigne ici tous les niveaux supérieurs à celui de l'espèce : les associations, les
communautés, les écosystèmes au sens strict, etc. Plusieurs termes spécialisés désignent ce
niveau, lequel peut d'ailleurs se subdiviser en plusieurs sous-niveaux, comme la communauté
et l'écosystème. Le présent survol porte sur tous ces niveaux.
Des trois paliers de la diversité que nous examinons ici, celui-ci, du fait de la complexité des
interactions, est sans conteste le moins bien connu. Il est en effet extrêmement ardu de relever
toutes les espèces d'un écosystème puis de saisir non seulement les impacts que chacune
d'elles exerce sur les autres et sur son environnement, mais aussi ceux que ces autres espèces
et cet environnement exercent sur elle. L'une des grandes difficultés auxquelles se heurtent les
chercheurs qui étudient les communautés, c'est que les frontières entre elles ne sont pas
étanches et clairement tranchées.
Un lac est délimité par ses rives et se distingue nettement de la forêt caducifoliée (à feuilles
caduques) qui l'entoure. Par contre, c'est graduellement que cette forêt se transforme en prairie
ou en forêt de conifères. Caractéristique des communautés « ouvertes » (par opposition aux
communautés « fermées », qui se distinguent par des changements brusques entre elles), cette
absence de délimitations franches rend difficiles la définition et la délimitation mêmes des
écosystèmes et donc, leur étude. Pour certains chercheurs, la communauté se résume à la
somme de ses espèces et de ses processus. Pour eux, donc, les propriétés découvertes dans ces
communautés ne sont pas typiques de ce niveau. Toutefois, de nombreux autres experts
s'inscrivent en faux contre cette conception et considèrent au contraire que les caractéristiques
des communautés leur sont propres pour la plupart et ne peuvent pas être extrapolées à partir
d'une simple étude des espèces en présence. Parmi ces caractéristiques, citons notamment les
différents paliers de la chaîne alimentaire et l'agencement des espèces à chacun d'eux, les
guildes (les espèces qui, dans une communauté donnée, ont les mêmes fonctions), et les autres
modes d'interaction. L'analyse des communautés biologiques ou biocénoses se fait à travers la
quantification de plusieurs paramètres caractéristiques qui sont : abondance, fréquence,
constance, dominance, fidélité, structure, périodicité et diversité.
La diversité est la richesse d'une biocénose en espèces. Elle peut être appréciée par l'indice de
Fisher, Corbet & Williams (1943) : S = [[alpha]] log (1+ N/[[alpha]])
où S est le nombre d'espèces, N le nombre d'individus et [[alpha]] l'indice de diversité ; log est
le logarithme népérien. L'indice de diversité permet de comparer la richesse de deux
biocénoses, en particulier lorsque le nombre d'individus récoltés dans chacune d'entre elles est
très différent. L'indice de diversité est la traduction chiffrée du principe biocénotique ndeg.1
de Thienemann : lorsque les conditions de milieu sont favorables on trouve de
nombreusesespèces et chacune d'elles est représentée par un petit nombre d'individus.
L'indice de diversité est alors élevé. Lorsque les conditions de milieu sont défavorables, on
ne rencontre qu'un petit nombre d'espèces mais chacune d'elles est en général représentée par
de nombreux individus. L'indice de diversité est alors faible. Le nombre d'espèces présentes
dans une aire déterminée varie beaucoup en fonction de la situation géographique.
L'accroissement du nombre d'espèces est particulièrement net lorsque l'on se déplace des
régions polaires vers l'équateur. Par exemple, la forêt tropicale qui ne couvre que 7 % de la
surface terrestre abrite plus de la moitié des espèces végétales et animales du globe, dont 80 %
des insectes et 90% des primates (Le Courrier de l'Unesco, 1/1989 : 15). La disparité de la
répartition de la biodiversité dans la biosphère peut être illustrée par la comparaison suivante :
le Danemark ne possède que la moitié du nombre d'espèces animales et végétales présentent
sur un seul hectare de forêt malaise (Lévêque & Glachant, 1992). La forêt pluviale péruvienne
héberge, selon T. Erwin, 12.000 espèces de coléoptères sur un hectare. Dans la forêt tropicale,
on peut rencontrer une centaine d'espèces d'oiseaux sur un hectare alors que dans une forêt
tempérée il n'y en a qu'une dizaine sur la même surface. Dans les deux cas, le nombre des
individus n'est pas très différent (Dajoz : 263). Simpson (1964) a montré que la diversité des
mammifères d'Amérique du Nord croît selon deux facteurs : la latitude (du nord au sud) et
l'altitude.
9. État de la biodiversité dans le monde, en Afrique, en Algérie
1. Etat de la biodiversité dans le monde L'évaluation du millénaire, après la conférence de
Rio a réattiré l'attention du monde sur le rapide déclin de la biodiversité. Près du tiers des
espèces menacées Selon la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la
nature (UICN), inventaire de référence actualisé chaque année, 19 817 espèces s'avèrent
menacées dans le monde, sur les 63 837 que l'organisme a passées en revue : 3 947 sont
classées dans une situation critique, 5 766 comme en danger et 10 104 comme vulnérables.
Dans le détail, 41 % des espèces amphibies, 33 % des barrières de corail, 25 % des
mammifères, 20 % des plantes et 13 % des oiseaux sont menacés.
 le rythme actuel d'extinction des espèces comme 100 à 1 000 fois supérieur au taux moyen
d'extinction depuis l'apparition de la vie sur Terre.
 Près de 40 % des sols actuellement exploités extensivement (ce qui permet la survie d'une
partie significative de la biodiversité ordinaire) seront converties à l'agriculture intensive.
 La surpêche, la pollution, les maladies, les espèces invasives et le blanchissement des
coraux pourraient causer la disparition de 60 % des récifs coralliens d'ici 2030.
 Ceci menace le fonctionnement de la planète et les économies et sociétés humaines conclue
à une perte annuelle de bien-être due à la disparition de services écosystémiques.

Les points chauds (hot spots) de la biodiversité spécifique dans le monde


Un point chaud de la biodiversité est un lieu caractérisé par une biodiversité spécifique
exceptionnelle sur la planète tout en étant très menacé par l’homme. Inventé à la fin des
années 1980, ce concept a été particulièrement développé par l’association Conservation
International (CI) dans les années 2000. La définition donnée par Conservation International
(2004), est la suivante : « une zone qui contient au moins 1500 espèces de plantes vasculaires
endémiques et qui a perdu au moins 70 % de sa végétation primaire.» 34 hotspots de
biodiversité ont ainsi été identifiés, dont les écosystèmes «intacts » représentent 1,4% de la
surface de la planète mais abritent environ 44 % des espèces végétales et 35 % des espèces de
vertébrés - ce qui fait de ces zones des priorités d’action pour la conservation de la
biodiversité mondiale.

2. Biodiversité et diversité des écosystèmes Algériens


L’Algérie se caractérise par une grande diversité physionomique constituée des éléments
naturels suivants : une zone littorale (véritable façade maritime) sur plus de 1200 Km, une
zone côtière riche en plaines, des zones montagneuses de l'Atlas Tellien, des hautes plaines
steppiques, des montagnes de l'Atlas saharien, de grandes formations sableuses (dunes et
ergs), de grands plateaux sahariens, des
massifs montagneux au cœur du Sahara central (Ahaggar et Tassili N’Ajjer) (Morsli, 2007). A
ces ensembles géographiques naturels correspondent des divisions biogéographiques bien
délimitées, des bioclimats variés (de l'humide au désertique) et une abondante végétation
méditerranéenne et saharienne qui se distribue du Nord au Sud selon les étages
bioclimatiques.
2.1. La diversité floristique et faunistique De part sa situation géographique, l'Algérie
chevauche entre deux empires floraux : l'Holarctis et le Paleotropis. Cette position lui confère
une flore très diversifiée par des espèces appartenant à différents éléments géographiques
(Aidoud, 1984).
La flore algérienne compte :
• 3.139 espèces naturelles.
• 5.128 espèces exotiques introduites
2.2. La rareté et l’endémisme Il existe en Algérie, 1286 espèces végétales (soit 40,53 %) qui
sont rares à très rares, ce qui témoigne
de l’urgence des actions de conservation.
Le taux d’endémisme en Algérie est de 12.6 %. Parmi les espèces endémiques :
• 37 espèces endémiques Algéro-marocaines,
• 72 espèces, 08 sous-espèces et 03 variétés endémiques Algéro-tunisiennes,
• 17 espèces, 02 sous-espèces et 01 variété endémique Algéro-libyennes,
• 226 espèces menacées d’extinction, bénéficient d’une protection légale (décret n° 93-285 du
23 novembre 1993).
On compte plus de 70 espèces d’arbres dont certains sont endémiques et locaux comme le
cyprès du Tassili, le sapin de Numidie et le Pin noir (Morsli, 2007).
2.3. L’état de biodiversité en Algérie Selon diverses études, la biodiversité algérienne
globale (naturelle et agricole) compte environ 16000 espèces et taxons confondus (MREE,
2016):
a) La flore : * 3139 espèces de spermaphytes décrites totalisant 5402 taxons en tenant compte
des sousespèces, de variétés et autres taxons sub-spécifiques ;
* 67 espèces végétales parasites (10 autres seraient inconnues) ;
*Environ 1000 espèces présentent des vertus médicinales (60 autres espèces seraient encore
inconnues) ;
*1670 espèces (soit 53,20% de la richesse totale algérienne) sont relativement peu abondantes
et se présentent comme suit : 314 espèces assez rares (AR), 590 espèces rares (R), 730
espèces très rares (RR) et 35 espèces rarissimes (RRR) ;
*Prés de 700 espèces sont endémiques ;
* 226 espèces sont menacées d’extinction et bénéficient d’une protection légale (décret n° 12-
03 du 4 janvier 2012). * 850 espèces ont été recensées dont, environ, 150 espèces sont
menacées.
*713 espèces de phytoplancton, des algues marines et des macrophytes, ont été recensées. -
Pour les champignons, plus de 150 espèces sont connues.
b) la faune : La population faunistique connue totalise 4 963 taxons dont un millier de
vertébrés. Cette dernière catégorie est représentée notamment par les classes suivantes : les
poissons (300), les reptiles (70), les oiseaux (378) et les mammifères (108). L’Algérie compte
près 150 taxons de micro-organismes et de nouveaux micro-organismes sont identifiés dans le
cadre de recherches en cours. Dans l’ensemble, tous les écosystèmes sont menacés par des
pressions diverses et le niveau de dégradation est globalement préoccupant.

Vous aimerez peut-être aussi