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Dr BELABED A. I. 5
Master I : Biodiversité & Environnement
Biodiversité des Santé des Ecosystèmes
1.1 – Une organisation écologique ; les biomes :
Du pôle à l’équateur se succèdent en bandes parallèles de grands types de formations végétales,
caractéristiques des grandes zones climatiques de la biosphère. Ces phytocénoses (associations
d’organismes végétales) constituent, avec la faune qui leur est associée, les biomes.
Bien qu’un biome ne constitue pas un écosystème, à l’échelle de la planète les biomes
constituent des zones où les conditions du milieu (biotope) permettent aux espèces présentes
des interactions comparables entre elles et avec le milieu (In Sliwinski, 2011).
La distribution des espèces à la surface du globe n’est pas aléatoire mais dépend des facteurs
écologiques et des préférences ou des potentialités des organismes. La combinaison des
précipitations et de la température permet de diviser le globe en grands domaines morpho-
climatiques. À une échelle très macroscopique on peut identifier quatre zones écoclimatiques
qui se retrouvent autour du globe : le tropical chaud et humide, le tempéré humide, le polaire,
et l’aride. À une échelle plus fine, on peut observer que différentes régions du globe où les
conditions climatiques sont identiques sont occupées par des écosystèmes de nature
comparable. La végétation présente ainsi l’intérêt d’être un indicateur assez fiable pour traduire
à des échelles spatiales assez grandes le jeu des divers facteurs tels que la géomorphogenèse et
le climat. Les limites des grandes formations végétales concrétisent ainsi des discontinuités
remarquables du milieu naturel. Ce sont les biomes qui sont des macrosystèmes de dimension
régionale, homogènes du point de vue climatique (température et précipitations).
Le nombre de biomes identifiés dépend de la résolution souhaitée, et l’on distingue de 10 à 100
biomes selon les auteurs. Dans la majorité des cas, la physionomie de la végétation sert de base
à la délimitation des biomes : forêts (24% de la superficie), savanes (15%), prairies et toundras
(15%), etc. Il faut y ajouter les aires cultivées qui représentent plus de 10% de la surface des
terres émergées, ainsi que les déserts et les étendues glacées (30%) (In Léveque & Mounolou,
2008).
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Figure (01) : Répartition des principaux biomes (basés sur les formations végétales) à la surface de la Terre.
1. Toundra; 2. forêt boréale de conifères; 3. forêt caducifoliée tempérée; 4. forêt tropicale humide; 5. forêt
caducifoliée tropicale; 6. steppe tempérée; 7. savane tropicale; 8. désert; 9. forêt sclérophylle méditerranéenne;
10. écosystème montagnard.
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Figure (02) : Nombre d’espèces par millions (Source : Evaluation des écosystèmes pour le millénaire 2005).
Figure (03) : La richesse des espèces dans les principaux groupes d'organismes. Le principal graphe montre les
estimations des espèces existantes dans chaque groupe ; la zone hachurée dans chaque tranche montre les
proportions formellement décrite (Purvis & Hector, 2000).
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au taux naturel.
Les zones critiques (point chaud ou hot spots) sont des régions qui possèdent une biodiversité
spécifique (en espèces) élevée et dont l’existence est très menacée. Ils ne représentent que 1,4
% de la surface des terres, mais hébergent un pourcentage beaucoup plus important d’espèces
animales et végétales (aux minimum 1 500 espèces végétales) (In Sliwinski, 2011).
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régions Néarctique (Amérique du Nord), Paléarctique (Eurasie) et Australienne (Australie)
correspondent aux zones tempérées à froides. On distingue en outre la région des îles du
Pacifique, et l’Antarctique (Figure 04).
L’exercice de typologie qui consiste à identifier des zones biogéographiques ne se limite pas
bien entendu aux six grandes zones ci-dessous. Dans chacune d’entre elles on peut distinguer
des sous-ensembles, en fonction du degré de précision que l’on recherche. Ainsi, l’Europe
continentale a été découpée en 9 régions ou domaines biogéographiques (In Léveque &
Mounolou, 2008).
Tableau (01) : Comparaison des espèces présentes en Europe par rapport au monde.
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accélérée d’habitats. Ce sont des zones critiques en matière de conservation réparties sur
l’ensemble du globe et menacées de disparition. Les régions riches en espèces endémiques sont
des régions où des espèces appartenant à un grand nombre de groupes systématiques ont pu
s’accumuler et survivre. Pour certains ce sont les «zones refuges pléistocènes» dans lesquelles
la diversité biologique a trouvé refuge au cours des périodes de glaciations.
Une étude menée en 1988 par Norman Myers a montré que 44% de toutes les plantes vasculaires
(soit plus de 130 000 plantes) et 35% des vertébrés à l’exception des poissons (soit 10 000
espèces environ) sont confinés dans 25 «zones de grande diversité» couvrant seulement 1,4%
de la surface des terres. La plupart de ces sites se situent en zone tropicale, mais cinq sont dans
le bassin méditerranéen (Figure 05), et neuf sont des îles dont Madagascar qui abrite plus de
11 000 plantes supérieures avec un taux d’endémicité de 80%. À l’opposé, le nombre d’espèces
endémiques en Europe ne représente que de 2 à 6% des espèces mondiales selon les groupes
taxinomiques (In Léveque & Mounolou, 2008).
Figure (05) : Les 25 régions qui témoignent à la fois d’une exceptionnelle diversité biologique et qui sont
menacées par les activités humaines.
L’ONG « Conservation International » a identifié quant à elle 34 hotspots sur environ 16% des
terres émergées, où sont concentrées 50% des plantes vasculaires endémiques et 42% des
espèces de vertébrés (Figure 06). D’autres ONG comme le WWF, ont cherché à établir des
écorégions en mobilisant la communauté scientifique (In Sliwinski, 2011).
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Figure (06) : Hot Spots. Le pourcentage indiqué au-dessus du nom des régions correspond à la surface des hots
spots (entre 3 et 30 % de la surface de la région colorée).
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déterminée.
Ces sous‐espèces se sont constituées il y 12000 ans lors de la dernière glaciation. L’Europe
occidentale était alors recouverte de glace et les abeilles ont survécu dans des zones refuges où
le climat permettait encore la floraison des plantes. À la fonte des glaces, ces populations se sont
à nouveau dispersées et elles peuvent aujourd’hui se rencontrer dans diverses régions.
Les apiculteurs recherchent et importent les races locales les plus performantes et on assiste pour
cette raison à une diminution de la diversité des abeilles au profit d’une seule race.
Les plantes qui dépendent d’une race d’abeille pour leur pollinisation pourraient disparaître.
Figure (07) : Les différentes périodes géologiques, les principales extinctions de masse et les principales étapes
de la diversification du monde vivant (In Léveque & Mounolou, 2008).
D’une manière générale, l’extinction se produit lorsqu’une espèce ne peut plus survivre ou se
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reproduire dans un milieu, et est incapable de gagner un nouveau milieu qui lui conviendrait.
Les principales causes à l’origine des extinctions de masse sont :
- les cataclysmes géologiques (éruptions volcaniques, variations du niveau marin, glaciation),
- les chutes d’astéroïdes,
- des changements brutaux du milieu,
- de la prédation (cas du dodo à l’île Maurice),
- la compétition (certaines espèces introduites se multiplient rapidement, au détriment
d’espèces locales),
- des maladies, virus,
- des causes génétiques,
- de la disparition ou l’extinction d’une ressource dont dépendait l’espèce pour sa survie ou
sa reproduction : pollinisateur, proie…
Sur la base des registres fossiles, les paléontologues estiment que la durée de vie moyenne d’une
espèce est de 5 millions d’années.
Ainsi les espèces qui vivent aujourd’hui autour de nous représentent moins de 2% du nombre
total d’espèces apparues sur Terre (In Sliwinski, 2011).
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Causes diverses
Pas de causes attribuées 1%
Animaux introduits 10%
Destruction d'habitats
Chasse
16%
56%
17%
Figure (08) : Les causes de l'extinction d'espèces animales fondées sur la connaissance de 484 espèces éteintes.
(D’après les données du World Conservation Monitoring Center, 1992) (Stilling, 1999).
Espèces introduites :
Les espèces introduites provoquent : la compétition ; la prédation ; les maladies et le
parasitisme. (Introduction de rats, chats, mangoustes,…) (Belabed et al., 2012).
Altération des habitats :
La destruction directe (comme la déforestation) ; est la première cause d’extinction des espèces.
Des altérations plus subtiles, telles que modifications par des changements de climat dus à des
épisodes de pollution, n’ont pas encore été pointé avec certitude (In Godart, 2008).
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sont :
- Réduction de l’espace vital des espèces sauvages.
- Réduction des forêts tropicales et extinctions locales.
- L’extinction de la mégafaune terrestre (grands singes, lions, éléphants...) (In Sliwinski,
2011).
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Cette sélection de la diversité génétique, perpétuellement entretenue par les mutations, qu’elle
soit naturelle (Darwin) ou que l’homme exerce de manière volontaire, avantagent certains
allèles et certains génotypes par rapport à d’autres. Elles créent les conditions de l’isolement
reproductif qui caractérisera ultérieurement deux espèces différentes (In Léveque & Mounolou,
2008).
Figure (09) : Exemple d'une population initiale de pinsons sur les îles Galápagos.
Comme le croisement conduit à un flux de gènes important entre les populations des deux
habitats, la taille du bec de la population répond à une moyenne des deux environnements
(majorités de pinsons à becs intermédiaires, Geospiza fortis).
- Un bec fin permet d’accéder à une nourriture d’environnement humide où les graines
possèdent des coquilles fines.
- Un bec épais permet d’accéder (par effet de levier et de force du bec) à une nourriture
d’environnement sec où les graines possèdent des coquilles épaisses.
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‐ Un bec intermédiaire permet d’accéder à une ressource mixte composée à la fois de graines à
coquilles épaisses et de graines à coquilles fines, caractéristique des environnements mixtes ou
de la présence d’une seule espèce dans deux environnements différents.
Plusieurs types de sélection naturelle peuvent alors intervenir :
2ème cas : Evolution du climat vers un climat plus humide (idem pour une évolution du
climat vers un climat plus aride).
La compétition pour les ressources va être responsable d’un déplacement du caractère «
épaisseur du bec ».
Les pinsons à bec plus fin seront favorisés et la population présentera des individus possédant
un bec fin (majorités de pinsons à becs fins Geospiza parvula).
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3ème cas : Séparation de la population de pinsons sur deux îles aux climats différents.
Dans ce cas, la pression sélective favorise les extrêmes au détriment des individus présentant
des phénotypes intermédiaires.
C’est le cas par exemple si les deux populations de pinsons vivent sur des îles différentes,
l’une humide et l’autre sèche, sans flux de gènes entre les deux îles.
Les becs épais seront communs sur l’île sèche et les becs fins seront courants sur l’île humide
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La dérive génétique provoque la fixation aléatoire des allèles dans de petites populations (par
échantillonnage non représentatif des allèles). Elle agit plus particulièrement sur les allèles
neutres, mais peut s’opposer à la sélection naturelle (In Sliwinski, 2011).
Dans une population théorique infinie, sans sélections ni mutations, où les croisements se
feraient au hasard, la fréquence des gènes (allèles) reste constante et celle des génotypes obéit
à une distribution simple. Cette loi dite de «Hardy-Weinberg» n’est cependant pas souvent
vérifiée. Souvent la fréquence des gènes et celle des génotypes varient de génération en
génération et, dans des cas extrêmes certains allèles et certains génotypes disparaissent. Cette
dérive génétique produit au hasard une variation de fréquences des gènes dans les populations
en l’absence de sélection naturelle. Les travaux récents montrent que la dérive génétique est un
facteur majeur de l’évolution moléculaire, et que la sélection n’est pas la seule, ni la principale
cause de variation des fréquences génétiques (In Léveque & Mounolou, 2008).
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divergences apparaissent entre populations qui se spécialisent dans l’utilisation de certaines
ressources et qu’elles s’amplifient au point de donner naissance à de nouvelles espèces. Il est
ainsi vraisemblable que la radiation adaptative des Cichlidés des lacs d’Afrique de l’est, est le
résultat d’une spéciation sympatrique. Dans des petits lacs de cratère du Cameroun, on a mis
en évidence également que l’existence de plusieurs espèces de poissons Cichlidés endémiques
était le résultat d’une spéciation sympatrique liée à la diversification des comportements
trophiques (In Léveque & Mounolou, 2008).
Les deux types de spéciation correspondent à l’occupation de nouvelles niches auxquelles
l’espèce n’était pas adaptée a priori. Mais dans le cas de la spéciation allopatrique, les processus
biologiques sont gouvernés par des facteurs externes, agissant souvent à long terme, qui créent
de nouvelles opportunités et de nouveaux habitats. La spéciation sympatrique correspond quant
à elle à l’apparition de nouvelles fonctions ou l’utilisation différentielle de leur potentiel parmi
certains individus d’une même espèce partageant le même espace géographique. Les
mécanismes sous-jacents ne sont pas identiques : dans le premier cas il y a coévolution espèce-
milieu selon un mécanisme d’essai-erreur : apparition de nouveautés évolutives et sélection
naturelle. Dans le second cas, c’est dans la biologie de l’espèce elle-même que l’on doit
rechercher les moteurs de l’évolution (par exemple un contrôle épigénétique) (In Léveque &
Mounolou, 2008).
Un troisième cas pourrait être envisagé, il s’agit de :
- La spéciation parapatrique apparaît lorsqu’une espèce est soumise à différents
environnements dans différentes parties de son aire géographique. La sélection naturelle
conduit différentes populations de l’espèce à se séparer génétiquement lorsqu’elles
s’adaptent à ces différents habitats, et l’isolement reproducteur finit par se produire (In
Sliwinski, 2011).
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décrivait 9000 dans son Systema Naturae (In Hautekeete, 2008), au milieu du XVIIIe siècle.
Deux siècles et demi plus tard, avec plus de 1,8 million d’espèces décrites, nous savons que
l’inventaire du vivant est loin d’être terminé, surtout dans les régions tropicales.
L’état actuel de la biodiversité correspond à une étape de l’histoire du monde vivant : les espèces
actuelles représentent une infime partie du total des espèces ayant existé depuis les débuts de la
vie. Nul ne sait en réalité quel est le nombre d’espèces vivantes à la surface de la Terre, mais il
pourrait se situer selon les estimations entre 7 et 100 millions. Cette incertitude révèle l’étendue
de notre ignorance, ce qui est pour le moins fâcheux quand on cherche à démontrer que les
activités humaines suscitent une érosion sans précédent de la diversité biologique… Au rythme
moyen de 10 à 15 000 espèces nouvelles décrites chaque année, il faudra encore plusieurs
siècles pour compléter l’inventaire ! (In Léveque & Mounolou, 2008). La systématique n'est
qu'un des aspects de la biodiversité, néanmoins utile à la compréhension des écosystèmes, de
la biosphère et de leurs fonctions et interactions (In Hautekeete, 2008).
Ce nombre d’espèces probables est une extrapolation assez hypothétique, mais qui donne des
ordres de grandeur quant à la richesse du monde vivant.
Tableau (02) : Estimation du nombre d’espèces actuellement recensées et du nombre d’espèces probables.
Groupes Nombre approximatif Nombre estimé
taxinomiques d’espèces recensées d’espèces
Virus 4 000 500 000 ?
Bactéries 4 000 1 000 000 ?
Champignons 72 000 1 à 2 000 000
Protozoaires 40 000 200 000 ?
«Algues» 40 000 400 000 ?
Fougères 12 000
Plantes 270 000 320 000
10 000 000
Cnidaires 10 000
Plathelminthes 20 000
Nématodes 30 000 400 000
Animaux
Arachnides 92 000 750 000
Invertébrés Crustacés 55 000 150 000
Insectes 1 000 000 8 000 000
Mollusques 85 000
Annélides 12 000 200 000
Échinodermes 7 000
Poissons 29 000 30 000
Animaux Amphibiens 5 800 6 000
Reptiles 8 300 8 500
Vertébrés
Oiseaux 9 900 10 000
Mammifères 5 400 5 500
En réalité le niveau de connaissance est variable selon les groupes taxinomiques. Des
recensements quasi exhaustifs ne sont disponibles que pour un petit nombre de groupes
zoologiques ou botaniques. C’est le cas pour les mammifères et les oiseaux qui sont
actuellement connus à plus de 95%. Le nombre des insectes par contre est très certainement
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largement supérieur à celui pourtant considérable (1 000 000) enregistré jusqu’ici. Les insectes
représentent près des deux tiers des nouvelles descriptions d’espèces. Quant au nombre des
champignons il pourrait se situer entre 1 et 2 millions et celui des nématodes, petits vers
parasites de plantes et d’animaux, serait de plusieurs centaines de milliers. Les sources des
nouvelles espèces sont essentiellement les régions tropicales, les récifs coralliens, les grands
fonds marins, mais également, sous toutes les latitudes, les milieux d’accès difficile et les petites
espèces (faune du sol, méiofaune marine) et les parasites. Un mètre cube de sol de prairie
tempérée contient des milliers d’espèces de micro-organismes et d’invertébrés dont on ignore
le plus souvent le statut taxinomique et l’activité métabolique (In Léveque & Mounolou, 2008).
Pour d’autres groupes, comme les bactéries et les virus, chez lesquels les scientifiques ont plus
de mal à caractériser les espèces que chez les vertébrés ou les insectes, le nombre est très
certainement bien supérieur à celui connu à l’heure actuelle. Ainsi, en utilisant les techniques
de biologie moléculaire, on a montré que le picoplancton marin (organismes de très petite taille
entre 0,2 et 2-3 microns) qui constitue la base de l’écosystème pélagique, recèle de nombreux
groupes d’Eucaryotes non répertoriés. Le séquençage de l’ARN ribosomal d’un échantillon de
picoplancton du Pacifique a montré que la presque totalité des séquences ne pouvaient être
rattachées à celles d’organismes connus. On a découvert en particulier des espèces d’algues
vertes primitives (les Prasinophytes) non isolées à ce jour, et de nouvelles branches dans l’arbre
des Protistes. Ce qui est également nouveau est que la majorité des séquences obtenues
appartiennent à des organismes qui sont soit des espèces prédatrices, soit des espèces
impliquées dans la dégradation de la matière vivante, fonction que l’on pensait jusqu’ici
principalement assurée par les bactéries et non par des Eucaryotes (In Léveque & Mounolou,
2008). Cependant, un certain nombre d’espèces « nouvelles » résultent d’une amélioration de
la classification, qui sépare en deux ou trois certains groupes que l’on croyait uniques.
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