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Master I : Biodiversité & Environnement

Biodiversité des Santé des Ecosystèmes


IV – La Biodiversité en Algérie :
10 – Niveau de biodiversité actuel en Algérie :
L’Algérie se caractérise par une grande diversité physionomique constituée des éléments
naturels suivants : une zone littorale (véritable façade maritime) sur plus de 1 622 km (d’après
le CIA World Factbook, 2010), une zone côtière riche en plaines, des zones montagneuses de
l'Atlas Tellien, des hautes plaines steppiques, des montagnes de l'Atlas saharien, de grandes
formations sableuses (dunes et ergs), de grands plateaux sahariens, des massifs montagneux au
cœur du Sahara central (Ahaggar et Tassili N’Ajjer) (In Morsli, 2007).

Figure (13) : Zonation écologique de l'Algérie.

A ces ensembles géographiques naturels correspondent des divisions biogéographiques bien


délimitées, des bioclimats variés (de l'humide au désertique) et une abondante végétation
méditerranéenne et saharienne qui se distribue du Nord au Sud selon les étages bioclimatiques
(In Morsli, 2007).

Figure (14) : Carte bioclimatique de l'Algérie (In Nedjraoui & Bédrani, 2008).

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10.1 – La diversité floristique et faunistique :


De par sa situation géographique, l'Algérie chevauche entre deux empires floraux : l'Holarctis
et le Paleotropis. Cette position lui confère une flore et une faune très diversifiée par des espèces
appartenant à différents éléments géographiques (In Morsli, 2007).

L‘Algérie s’étend sur une superficie de 2 381 741 km 2, longe d’Est en Ouest la Méditerranée
sur plus de 1600 km et s’étire du Nord vers le Sud sur près de 2 000 km. La bioclimatologie et
l’étendue de l’aire géographique de l’Algérie sont à l’origine de l’existence d’une diversité
écosystémique importante. En effet, on dénombre 6 types d’écosystèmes :
- les écosystèmes marins et côtiers ;
- les écosystèmes des zones humides ;
- les écosystèmes montagneux ;
- les écosystèmes forestiers ;
- les écosystèmes steppiques ;
- les écosystèmes sahariens.
La biodiversité algérienne globale (naturelle et agricole) compte environ 16000 espèces
(Mediouni, 2000a), mais l’économie algérienne n’utilise que moins de 1% de ce total.
La richesse de la biodiversité nationale et le reflet de la diversité écosystémique en Algérie. Les
zones humides intègrent 39 espèces de poissons d’eau douce dont 2 endémiques. La flore est
représentée par 784 espèces végétales aquatiques connues. Cette biodiversité est moyennement
conservée même s’il y a lieu de relever l’existence de menaces pesantes.

a– Les massifs montagneux d’Algérie recèlent une diversité biologique importante. Parmi les
espèces de flore, l’Algérie compte un grand nombre d’arbres et d’arbustes. Sur les 70 taxons
arborés de la flore spontanée algérienne (Quezel & Santa, 1962), 52 espèces se rencontrent dans
les zones montagneuses. Dans la partie sud, les massifs du Sahara Central se composent de 3
éléments floristiques d'origines biogéographiques différentes : saharo-arabique,
méditerranéenne confinée aux altitudes supérieures à 1500m et tropicale localisées dans les
oueds et les vallées environnantes.
La biodiversité forestière est en régression dans la plupart des régions forestières d’Algérie. En
effet, outre la vulnérabilité naturelle qui caractérise la forêt méditerranéenne et les formations
subforestières, la forêt algérienne continue à subir des pressions diverses et répétées réduisant
considérablement ses potentialités végétales, hydriques et édaphiques.

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b– Les écosystèmes steppiques se caractérisent par une diversité biologique appréciable, fruit
d’une adaptation millénaire aux conditions agro-climatiques particulièrement difficiles de ces
régions.

c– Les écosystèmes sahariens recèlent une biodiversité insoupçonnable. Celle-ci est


néanmoins fortement fragilisée par les conditions bioclimatiques et la montée en puissance de
l’activité anthropique. Sur le plan floristique, l’écosystème saharien renferme 2 800 taxons avec
un fort taux d’endémisme. Outre les recensements et les prospections effectuées par le passé de
nouveaux taxons sont découverts dans le cadre des travaux de recherche et de prospection.
Dans le domaine faunistique, les oiseaux et les mammifères présentent des richesses
appréciables. À titre d’exemple on trouve plus de 150 espèces d’oiseaux et une quarantaine de
mammifères à l’intérieur des limites géographiques des parcs nationaux du Tassili N’Ajjer
(Wilaya d’Illizi) et de l’Ahaggar (Wilaya de Tamanrasset). La présence du Guépard a été
confirmée en Algérie.

d– Enfin, la diversité biologique marine connue s’élève à 3183 espèces dont 3080 ont été
confirmées après 1980. Cette richesse comprend entre 720 genres et 655 familles. La flore
marine est estimée, quant à elle, à 713 espèces regroupées dans 71 genres et 38 familles. Si l’on
rajoute la végétation littorale et insulaire, la faune ornithologique marine et littorale, la
biodiversité totale connue de l’écosystème marin côtier algérien est de 4150 espèces, dont 4014
sont confirmées pour un total de 950 genres et 761 familles. Mais, il faut souligner que ces
chiffres ne reflètent pas la biodiversité réelle, mais plutôt celle connue (In Laouar, 2010).
Grâce à sa richesse de Biodiversité l’Algérie se situe parmi les pays méditerranéens les plus
originaux, sans égal du point de vu bioclimatique, floristique et faunistique,
Une telle diversité écologique a engendré une richesse du paysage et des milieux naturels d’une
grande qualité qui confère au pays un patrimoine naturel exceptionnel.
La biodiversité Algérienne est considérée parmi les plus élevée du bassin méditerranéen grâce
à la présence, entre autre, d’espèces très rares (Goéland d’Audouin Ichthyaetus audouinii, la
Sittelle de Kabylie Sitta ledanti, le Phoque moine Monachus monachus, le Cerf de Barbarie
« Bérberie » Cervus elaphus barbarus, le Fuligule nyroca Aythya nyroca et l’érismature à tête
blanche Oxyura leucocephala,…).
Afin de protéger ce patrimoine naturel et national, l’Algérie a établi un réseau d’espaces
protégés (Parcs Nationaux et Réserves Naturelles) qui renferment des écosystèmes uniques et
représentatifs de la diversité biologique du pays, conformément à la loi n° 03-10 du 19 Joumada
El Oula 1424 correspondant au 19 juillet 2003 relative à la protection de l'environnement dans
le cadre du développement durable.

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10.2 – La rareté et l’endémisme :


Le dénombrement aboutit à 1,07% (34) espèces rarissimes, 20,23% (642) d’espèces très rares
et 19,23% (609) d’espèces rares. Il apparaît ainsi que 40,53% (1286 espèces) de la flore
algérienne est rare à très rare. Ce qui témoigne de l’urgence des actions de conservation (In
Chouaki et al., 2006).
Le taux d’endémisme des espèces végétales en Algérie est de 12,6 %. Parmi les espèces
endémiques.
- 37 espèces endémiques Algéro-marocaines.
- 72 espèces, 08 sous-espèces et 03 variétés endémiques Algéro-tunisiennes.
- 17 espèces, 02 sous-espèces et 01 variété Endémiques Algéro-libyennes (In Morsli, 2007).
Par contre Yahi et al., avancent le nombre de taxons endémiques de l’Algérie du Nord s’élève
à 407, dont 224 endémiques algériennes, 124 algéro-marocaines, 58 algéro-tunisiennes et une
algéro-sicilienne (In Yahi & Benhouhou, 2010).
- 226 espèces sont menacées d’extinction bénéficient d’une protection légale (décret n° 93–285
du 23 novembre 1993).
On compte plus de 70 espèces d’arbres dont certaines sont endémiques et locales à savoir le
cyprès du Tassili ou cyprès de Duprez (Cupressus dupreziana), le sapin d'Algérie ou sapin de
Numidie (Abies numidica) et le Pin noir (Pinus nigra subsp. salzmannii var. mauretanica) (In
Morsli, 2007).
En 2010 et dans le but d’entreprendre des actions de conservation, un travail d’identification
des végétaux a été lancé dans le nord de l’Algérie pour identifier les aires importantes pour les
plantes (Important Plants Areas, IPA), et les zones-clés pour la biodiversité dans le sud et l’est
de la région méditerranéenne, Au départ, les auteurs précisent que les connaissances sur les
espèces endémiques et les menaces qui les guettent sont rares, mais indépendamment de cela,
le nombre d’espèces endémiques, passé de 224 à 300 pour un total de 4000 espèces, est
relativement élevé. Ce taux d’endémisme est partagé avec la Tunisie et le Maroc.
Vingt-deux API ont été identifiées et délimitées des monts de Ghar Rouban (Tlemcen), El Kala
(Tarf). Ils couvrent au total 10 656 km2, soit 2,5% de la région méditerranéenne considérée. Ils
rassemblent des types d’habitats qui s’étendent du littoral aux reliefs de l’Atlas saharien en
englobant les zones humides. Ces sites constituent autant de petits points chauds (hotspots) dans
une région, la Méditerranée, elle-même élevée au rang point chaud mondial pour la biodiversité
en raison du nombre et de la diversité de sa flore et dans lequel figurent le complexe Kabylie-
Numidie-Kroumirie récemment reconnu comme un centre d’endémisme et de zone de refuge.
Ces sites, sont d’une importance extrême pour la conservation. Certains d’entre eux bénéficient

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déjà de statuts de protection lorsqu’ils sont inclus dans les parcs nationaux, les réserves ou les
sites Ramsar pour les zones humides (In Yahi et al., 2012).

10.3 – Connaissance de la diversité biologique algérienne :


Dans le Tableau 04 sont exprimés les effectifs estimés des espèces par grands groupes
systématiques. 16.435 taxons sont inventoriés. Ils représentent la diversité de la vie connue en
Algérie. Néanmoins, notre niveau de connaissance de la diversité biologique totale est estimé à
50%. Sur les 16.435 espèces, l’économie algérienne en utilise moins de 1%. Les
semences, principal instrument de valorisation de la diversité biologique, sont importées.
- Etant donné notre niveau de connaissance, il n’est pas possible de quantifier avec exactitude
les pertes de taxons sauvages. Les pertes des taxons cultivés avoisinent les 51 à 66%, celles des
animaux, 56%. Cette érosion génétique représente une régression considérable de notre richesse
agricole. Les principales lacunes de connaissance sont les suivantes :
- Connaissances génétiques, taxonomiques, organisationnelles et paysagères de la diversité
biologique sauvage ou agricole insuffisantes, amplifiées par les carences en systématique. Les
effectifs systématiciens botanistes ou zoologues ne permettent pas d’assurer une prise en charge
taxonomique à tous les niveaux de valorisation.
- La prise en compte rudimentaire de la biodiversité par les gestionnaires dans les programmes
de développement sectoriels, conduit à la méconnaissance de sa consistance, de son état, de sa
localisation et de ses mécanismes et à sa subordination dans les utilisations de l’espace.
- Aucune opération d’inventaire systématique de la flore et de la faune n’est réalisée, ni en
cours. La typologie globale de référence de la faune et de la flore, de leurs conditions
écologiques et structurales est inexistante. Il n’y a pas de centre de références systématiques
qui catalogue les types taxonomiques.

Tableau (04) : Biodiversité algérienne « naturelle ».


Règnes / groupes Monde Algérie
(nb taxons) Connu (nb taxons) Inconnu estimé % Disparu
Virus 1.000 50 70 ?
Bactéries 4.700 100 80 ?
Flore
Champignons 46.933 50 ?
Algues 26.900 468 60 ?
Lichens 600 80 ?
Mousses 17.900 2 90 ?
Fougères 10.000 44 15
3.139
(AR= 289)
(R= 647) 6
Spermatophytes 220.529
(RR= 640)
(RRR= 35)
(Endémiques =275 / 600)

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Sous total 327.962 4.403


Protozoaires 30.800
Plancton indifférencié 661 60 ?
Faune
Invertébrés
Mollusques 50.000 75 20 ?
Annélides 12.000 16 60 ?
Insectes 751.000 1.900 90 ?
Autres Benthos, etc.. 168.500 1.892 40 ?
Vertébrés
Poissons 19.056 300 25
Amphibiens 4.184 8 50 ?
Reptiles 6.300 40 30 ?
Oiseaux 9.040 404 10
Mammifères 4.000 97 / 108 10
Sous total 1.054.880 5.404
Total 1.382.842 9.807 51%
Espèces végétales 5.128
introduites
Particularités
Espèces végétales 3.000 / 5.000 67 10
parasites
Espèces progénétrices / 72 85 ?
Espèces médicinales  1.000 60

Tableau (05) : Biodiversité agricole.


Espèces, variétés, races, lignées, cultivars, etc..
Biodiversité végétale Ayant existé dérivant Actuels Pertes (%)
d’estimation
Céréales (blé dur et tendre, orge, avoine, 109 39 ? 64
seigle, triticale)
Maïs 3 1 66
Sorgho 4 1 75
Fourrages 472 ? ?
Légumes secs 100 21 ? 79
Arboriculture fruitière
Figuiers 22 7? 69
Oliviers 151 47 ? 69
Palmiers 940 ? ?
Vignes 1.376 64 ? 95
Agrumes 162 44 ? 73
Poiriers 86 17 ? 81
Pommiers 30 9? 70
Cognassiers 4 3? 35
Abricotiers 24 23 ? 5
Pruniers 54 16 ? 61
Pêchers 40 18 ? 55
Autres Rosacées 34 26 ? 34
Néfliers 21 5? 76
Avocatiers 17 1 94
Grenadiers  30 14 ? 50
Pacaniers 23 1 95
Châtaigniers 11 1 89
Noyers 15 5? 66
Pistachiers vera 7 7?
Bananiers 5 5?
Opuntia 1 1

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Cultures maraîchères 300 / 400 ? 111 ? 63


Cultures industrielles 68 10 ? 85
Total 4.209 1.438 51 / 66

Tableau (06) : Biodiversité agricole animale.


Espèces, variétés, races, etc..
Biodiversité animale Ayant existé dérivant d’estimation Actuelles Pertes (%)
Bovins  15  01 94
Ovins  10  06 40
Caprins 5  05 0
Camelins  08  08 0
Equins  12  05 60
Azins  02  02 0
Lapins  03  03 0
Galinacées  10  06 40
Sous total  65  36 45
Animaux domestiques
Chats 15 06 56
Chiens  60  20 66
Animaux en captivité parcs ? ?
zoologiques
Sous total 75 26 66
Sous total animaux 140 62 56

Total général de la
16.435
biodiversité algérienne

11 – Activité Socio-économique et protection de la Biodiversité :


11.1 – Activité économique et ressources naturelles :
Définition d’une ressource naturelle :
Une ressource naturelle est un bien, une substance ; un objet présent dans la nature, et exploité
pour les besoins d'une société humaine. Il s'agit donc d'une matière première, minérale (ex:
l'eau, les graviers) ou d'origine vivante (ex: le poisson). Ce peut être de la matière organique
fossile comme le pétrole, le charbon, le gaz naturel ou la tourbe. Il peut s'agir aussi d'une source
d’énergie : énergie solaire, énergie éolienne ou par extension d'un service écosystémique (la
production d'oxygène via la photosynthèse par exemple).
Depuis les années 1970, cette notion évolue et tend à s'élargir aux ressources utiles à tout
écosystème, et tous les secteurs socio-économiques. Ainsi, les surfaces de sol disponibles ; la
qualité de l'eau ou de l'air ; l'aspect des paysages ; la biodiversité ; etc., constituent d'autres
aspects des ressources naturelles (In Dato & Flifli, 2008).

11.2 – La valeur économique des ressources naturelles « Rôle socio-économique de la


biodiversité » :
Selon le PNUE (1993), la valeur économique d’un bien ou d’un service se définit par la quantité
d’autres biens auxquels les membres d’une société acceptent de renoncer pour l’obtenir. En

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d’autres termes, la valeur économique se définit comme le montant maximum que les hommes
acceptent de payer pour un bien ou un service. Et il n’est pas nécessaire qu’un bien ou service
soit acheté ou vendu sur un marché pour avoir une valeur économique, il suffit que des gens
soient prêts à payer ou à faire des sacrifices en vue de l’obtenir.
L’évaluation économique de l’environnement, dont certains principes s’inspirent de l’analyse
coûts-avantages, a pour objet d’assigner une valeur marchande aux services et agréments liés
au milieu.
S’agissant de la biodiversité, attribuer une valeur économique à celle-ci reviendrait à évaluer
les services, fonctions et agréments liés à ses différentes composantes. En effet la biodiversité
joue un rôle économique essentiel dans la mesure où celle-ci remplit de nombreuses fonctions
et rend de nombreux services, notamment :
- Elle accroît le rendement des exploitations agricoles et forestières grâce aux espèces et variétés
performantes sur le plan économique qui sont obtenues moyennant des croisements.
- Elle favorise la résistance des habitats aux calamités naturelles : Il est démontré en effet qu’en
cas d’épidémie par exemple, une population suffisamment variée présentera toujours quelques
individus résistants qui pourront prendre la relève voire rescaper leurs congénères (Sinclair-
Desgagné, 2005).
- Elle ouvre la porte à la prospection de nouveaux remèdes et médicaments.
- Elle détermine la nature et l’importance des services rendus par les écosystèmes :
L’élimination ou l’ajout d’une espèce dans un écosystème peut modifier la chaîne alimentaire
ou les cycles de l’eau et de l’azote, et entraîner l’évolution de celui-ci dans un sens ou dans un
autre (dégradation, conservation).
- Elle assure la pollinisation des cultures à valeur commerciale comme celle des autres plantes,
sans quoi nombre de fruits et de légumes n’existeraient pas.
Dans la situation actuelle on sait déterminer la valeur des productions de biens et services
d’usage direct de certains écosystèmes, mais pas les services d’usage indirect et encore moins
ce qu’apportent les interrelations entre ces différentes composantes de la biodiversité. Associer
une valeur ou un prix aux différentes fonctions que remplissent les écosystèmes, est une
démarche récente, et opportune pour la validation des différents programmes visant la
conservation durable de la biodiversité (In MEDD Tunisie, 2009).

11.3 – Des valeurs diverses associées à des usages divers :


La valeur économique totale (VET) de la biodiversité est classiquement décomposée en deux
catégories, la valeur d’usage et la valeur de non-usage. La valeur d’usage comprend la valeur
d’usage direct (production agricole, cadre touristique…), la valeur d’usage indirect (fonction

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écologique, pollinisation…) et la valeur d’option (prix accordé à la préservation de la
biodiversité au titre d’un usage potentiel futur). Quant à la valeur de non-usage, elle regroupe
la valeur d’héritage (conservation de la biodiversité au bénéfice des générations futures) et la
valeur d’existence (prix accordé à la biodiversité au seul motif qu’elle existe) ; la valeur de non-
usage est étroitement associée à des considérations de justice, de morale et d’équité, de droit de
la nature ou de droits des générations futures, etc. Sur la base de cette décomposition, et même
si les économistes ont développé des méthodes pour essayer d’évaluer au moins certaines
composantes de la VET de la biodiversité, on comprend aisément que la tâche n’est pas facile
(In Trommetter et al., 2008).
Elle est calculée par la formule suivante :

VET = valeurs d’usage directes + valeurs d’usage indirectes + valeurs


d’option + valeurs d’existence.

La notion de valeur économique totale (VET) d’un bien public reflète la contribution d’une
ressource donnée au bien-être de l’ensemble de la société (Pearson, 2005) et englobe :
- Les valeurs d’usage qui découlent de l’utilisation directe ou indirecte, immédiate ou future,
des biens et services des écosystèmes, qui se traduisent par un revenu mesurable et
raisonnablement transparent et qui est généralement exprimé en terme financier ;
- Les valeurs de non usage qui font référence à des usages non liés à la consommation, mais
liés à la notion de services marchands, comme les activités culturelles et de loisirs qui ne
nécessitent pas de prélèvement de produits.
Le tableau ci-après présente les différentes expressions de la valeur économique de la
biodiversité sur lesquelles s’accordent la plupart des économistes à ce jour (In MEDD Tunisie,
2009).

Tableau (07) : Les valeurs de la biodiversité (D’après Bourgeois, 2005).

Type de valeur Exemples réels


Valeurs d’usage direct
Bois, plantes, fruits, graines, poissons, etc.
par extraction
Valeur d’usage directe
Valeurs d’usage Écotourisme, loisirs
sans extraction
Approvisionnement en eau, équilibre et
Valeur d’usage indirect
régulation climatique, pollinisation, etc.
Valeur d’option Possibilité d’usage dans le futur
Valeurs de non - Valeur de legs Transmission aux générations futures
usage
Valeur d’existence Valeur intrinsèque, motivation éthique

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Valeurs économiques totale


VET

Usage Non-usage

Valeurs d’usage Valeurs d’usage Valeurs d’usage Valeurs Valeurs


direct. indirect. d’option. d’héritage d’existence

Prestations Avantages Usage potentiel Conservation pour Valeurs Placée


directement fonctionnels futur les générations sur le non-usage
consommables futures

Nourriture. -Fonction de Conservation, -Habitats et -Habitats et


Bois. protection. durabilité. écosystèmes. écosystèmes.
Biomasse. -Fonctions Production de la -Changements -Espèces en
écologiques. diversité irréversibles. danger.
-Fonction biologique. -Paysage.
hydraulogique. Conservation
d’habitat.
Paysage.

Figure (15) : La valeur économique totale (VET) de la biodiversité. Source : Centre d’analyse stratégique, 2008.

1 – Valeur d’usage : elle a trois volets : Valeurs d’usage direct ; Valeur d’usage indirect et
Valeur d’option.
Consommation sans transformation : Cueillette, pêche, chasse.
La valeur productive : on utilise des substances pour l’utilisation d’autres éléments sous
différents formes (on transforme cette substance pour nos besoins) :
1- L’exploitation forestière pour le bois.
2- Les médicaments à base de plantes.
La valeur récréative : Comme les loisirs (Promenade)
La valeur écologique : Le rôle des organismes dans le bon fonctionnement de l’écosystème.
La valeur d’option : Exploiter différemment dans le futur les ressources génétiques.
La valeur d’existence : Assurer la biodiversité (In Mediouni, 1997).

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11.4 – Valeur de la diversité biologique, usages et intérêts sociaux en Algérie :
o La société est indifférente à l’inutile. Les valeurs sociales accordées à la diversité biologique
sont subordonnées à ses usages. Or les avantages, autres qu’alimentaires, attribués à la
diversité biologique sont en régression ou abandonnés consécutivement au manque de
culture et de savoir-faire.
o Quand une communauté locale, dépend de la flore et de la faune par ses pratiques
ethnobotaniques et médicinales, elle respecte toute la diversité biologique. Les sociétés
rurales où ces traditions restent vivaces, sont plus proches de la biodiversité. Elles
représentent cependant une part en régression.
o Au plan économique, la diversité biologique n’est pas considérée comme une ressource
génétique, mais comme une production inépuisable, qui ne nécessite ni attention, ni
entretiens particuliers (In Mediouni, 1997).

11.5 – Valeurs de la biodiversité en Algérie :


Comme paramètre de développement, la diversité biologique est utilisée pour ses valeurs
ajoutées : économique, écologique, technologique et d’éthique. Sa gestion se matérialise par les
investissements consentis par rapport à la croissance macro-économique, l’indépendance
alimentaire, l’équilibre physique du pays, l’enrichissement patrimonial et culturel qu’elle
génère.
La satisfaction des besoins vitaux dérive des transformations de la nature par la force de travail
et des instruments conçus à cet effet. Ces procédés lui attribuent une valeur d’usage prioritaire
qui concerne :
 La mise en place de nouvelles possibilités biotechnologiques.
 La valorisation du savoir-faire empirique et scientifique.
L’évaluation de la diversité biologique consiste à attribuer une valeur financière à ses fonctions
économiques et systémiques afin de définir la masse d’investissements « utile » qui génère un
bénéfice à partir de ses production et préservation.
Il est difficile de déterminer une valeur globale d’une ressource génétique et à fortiori, d’un
patrimoine biologique, quand la maîtrise de son évaluation dépend de sa valorisation sur
plusieurs générations par des techniques qui évoluent.
Les principales valeurs de la diversité biologique locale sont représentées dans la figure 12 qui
détermine cinq classes de 1 à 5. Les effectifs d’espèces utiles de chaque classe sont exprimés
en pourcentages par rapport au total des espèces autochtones :
1. les espèces cultivées,  2%,

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2. les espèces arborées ou suffrutescentes capables d’imprimer leur physionomie
au paysage, 170 taxons : 5%,
3. les espèces dont les fonctions systémiques sont répertoriées,  250 espèces : 8%,
4. les espèces constituant une ressource génétique potentielle  500 espèces : 16%,
5. les espèces héritables et richesse globale, 100%.
Cette échelle met en évidence nos lacunes de connaissances en bioéconométrie. 85% des taxons
possèdent des valeurs nominales non mesurables. 5% seulement sont utilisés (In Mediouni,
1997).

Valeurs économiques et sociales globales


des taxons végétaux

Valeurs quantitatives mesurables Valeurs qualitatives nominales

Valeurs : d’usage Valeurs : d’usage, d’éco- Valeurs : d’assurance, Valeurs : héritable, patrimoniale
direct. usage indirect, d’option de réserve de d’existence et d’éthique.
fonctionnelle et systémique. sécurité et d’échange.

Usage matériel Usage immatériel

Avec Sans Fonctions d’équilibre Biodiversité : Pour Capital génétique


consommation consommation naturel : assurer les ressources transmissible,
-Alimentaire,
-Loisir, -Erosion, génétiques futures, richesse totale.
-Médicinale,
-Esthétique, -Eau, sécurité alimentaire.
-Ethnobotanique, -Sol,
-Matière première,
-Culturel, -Climat,
-Agroindustrie
-Paysagère. -Systèmes écologiques
(éco-espace)

Classes
1 2 3 4 5

Participation des espèces végétales aux différentes classes


2% 5% 8% 16% 100%
Figure (16) : Hiérarchisation des valeurs de la diversité biologique végétale. (In Mediouni, 1997).

11.6 – La biodiversité en tant que ressource alimentaire :


Toute notre alimentation est issue de la biodiversité. De l’époque où l’homme vivait de chasse
et de cueillette, il reste encore l’exploitation des ressources vivantes marines. La pêche, cette

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dernière grande entreprise de cueillette, est pourtant menacée actuellement par la
surexploitation des stocks.
Mais c’est dans le domaine de la domestication des plantes et des animaux que le génie humain
a donné toute sa dimension. L’agriculture et l’aquaculture sont aussi à l’origine des plus grands
bouleversements de la biodiversité. On a diffusé de par le monde un ensemble d’espèces qui
constitue, à des degrés divers, la base de notre alimentation. Cette mondialisation, qui a débuté
dès les débuts de l’agriculture, a profité à tous les continents et a concerné beaucoup d’autres
espèces.
Tout naturellement, ces espèces introduites ont donné naissance à nombre de races ou de
variétés adaptées aux contextes locaux. L’homme en a créé des centaines, voire des milliers, et
elles aussi sont en danger. Car l’agriculture moderne qui a été mise en place après la seconde
guerre mondiale (la Révolution verte) n’utilise que quelques variétés sélectionnées à haut
rendement, marginalisant ainsi les races locales. On redécouvre leur intérêt patrimonial alors
que beaucoup d’entre elles ont disparu (In Léveque & Mounolou, 2008).

11.7 – La biodiversité marchande :


Les problèmes liés à la marchandisation de la biodiversité, notamment les gènes et les
molécules utilisées par les biotechnologies, constituent de nouveaux centres d’intérêt. Lors de
la discussion de la CDB, les pays partenaires ont bien perçu que l’intérêt des industriels pour la
diversité biologique constitue potentiellement une source de revenus. Lors de la Conférence de
Rio en 1992, la discussion s’est ainsi polarisée sur les enjeux économiques de la mise en valeur
des ressources génétiques. L’article premier de la CDB met d’ailleurs l’accent sur «le partage
juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques,
notamment grâce à un accès satisfaisant à ces ressources, et à un transfert approprié des
techniques pertinentes, compte tenu de tous les droits sur ces ressources et aux techniques, et
grâce à un financement adéquat». La diversité biologique est maintenant considérée comme
une matière première qui intervient dans divers processus de production (pharmacie,
cosmétiques, agroalimentaire, etc.). Elle apparaît ainsi comme un capital naturel soumis à une
régulation marchande, source potentielle de profits importants pour les pays détenteurs des
ressources génétiques. C’est ce qui a pu faire croire aux pays du sud que leur biodiversité était
«l’or vert».
Très vite les pays vont s’affronter sur ce terrain. Les ressources se trouvent en effet, pour
l’essentiel, dans les pays du Sud, alors que les utilisateurs, qui sont les industriels des
biotechnologies, sont le plus souvent représentés par des multinationales du Nord. Les pays du
Sud ne veulent plus admettre l’appropriation de leurs ressources sans contrepartie financière, et

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ils dénoncent les pratiques de la «biopiraterie».
En affirmant la souveraineté des États sur leur diversité biologique, la convention entérine le
droit de propriété sur le vivant et ouvre la voie à la reconnaissance des brevets et à l’élaboration
des licences d’exploitation. On a pu dire qu’à Rio le droit des brevets est sorti vainqueur du
droit de l’environnement. C’est un changement radical par rapport à l’attitude qui avait prévalu
depuis le début du XXe siècle considérant la biodiversité comme un patrimoine commun de
l’humanité : chacun pouvait en faire usage à sa guise, utiliser sa position sociale ou son pouvoir
économique pour exploiter le vivant, et s’en approprier certaines formes dérivées, comme les
procédés et produits de sa transformation (In Léveque & Mounolou, 2008).

11.8 – Les biotechnologies :


De nos jours, les biotechnologies apparaissent comme des technologies de pointe exploitant des
processus cellulaires ou moléculaires pour créer des produits et des services. La transgénèse
consiste à transférer une partie du patrimoine génétique d’un organisme à un organisme d’une
espèce différente. Le caractère universel du code génétique facilite de tels transferts. En d’autres
termes, l’homme peut maintenant envisager de «diriger» l’évolution en créant de nouveaux
organismes vivants. Mais l’utilisation qui est faite des organismes génétiquement modifiés
(OGM) suscite de vifs débats dans la société. Dans le domaine médical, le vivant est en passe
également de devenir la matière première privilégiée avec les récentes découvertes concernant
les cellules-souches embryonnaires humaines.
Les biotechnologies nous sont également présentées comme des sources majeures
d’innovations dans beaucoup d’autres secteurs : la lutte contre la pollution, la production
d’énergie ou la fabrication de textiles. La microbiologie industrielle utilise les capacités
enzymatiques et métaboliques des micro-organismes pour la fermentation de matières
premières agricoles et la fabrication d’aliments (In Léveque & Mounolou, 2008).

11.9 – La biodiversité à protéger :


Depuis longtemps les hommes se sont préoccupés de la disparition ou de la quasi-disparition
d’espèces : celles de l’auroch et du bison en Europe, du dodo de l’île Maurice, du grand
pingouin de l’Arctique, et du pigeon migrateur américain. Tous ces exemples qui concernent
des espèces souvent emblématiques, sont le résultat en grande partie d’une chasse trop
intensive. Mais avec les progrès technologiques et la nécessité de conquérir de nouveaux
espaces pour satisfaire les besoins d’une population en forte croissance, l’homme agit
maintenant avec une ampleur sans précédent sur les milieux naturels et la diversité du monde
vivant. Des milieux naturels disparaissent, des espèces sont menacées de surexploitation. À la

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fin des années 1970, des naturalistes ont ainsi attiré l’attention sur la destruction rapide de
certains milieux tels que les forêts tropicales. De manière plus radicale, le zoologiste américain
E.O. Wilson affirme que l’homme est la cause d’une extinction équivalente aux grandes
extinctions du passé. D’autres n’hésitent pas à prophétiser la disparition de la vie sur Terre, et
de l’homme avec elle, si l’on ne fait rien pour inverser la tendance. Dans ce contexte, il s’agit
de rechercher des stratégies de conservation afin de préserver un patrimoine naturel qui
constitue un héritage pour les générations futures.
De fait, même si le problème du partage des bénéfices tirés de l’exploitation des ressources
biologiques retient l’attention, plus que la protection des forêts tropicale, la CDB apparaît
comme le premier accord international à proposer une approche intégrée de la conservation et
de l’exploitation durable des ressources biologiques (In Léveque & Mounolou, 2008).

12 – Evaluation de l’érosion de la Biodiversité :


A – L’observation : la durée prolongée peut être efficace pour l’estimation de la dégradation
de certaines espèces végétales sur l’aspect morphologique et distributionnel.
B – Modèles expérimentaux : pour évaluer l’impact des changements climatiques sur les
espèces. Cette méthode permet d’étudier la relation entre les espèces mais elle est appliquée sur
un nombre limité d’espèces sélectionnées.
C – Modèles empiriques (Qui s'appuie sur l'expérience et non sur la théorie) : Ils permettent
d’évaluer les réactions des espèces aux changements des milieux à l’aide des chiffres, il y aura
des statistiques qui expriment l’état des espèces (dégradation, y-a-t-il une érosion ou pas ???).
C’est le modèle le plus utilisé.

13 – Pressions exercées par l’activité socio-économique en Algérie sur la Biodiversité :


1 – Les incendies : 2/3 des Forêts ont brulé entre (1996-2005). Les incendies sont responsables
de la propagation des graines (ils ont un effet bénéfique).
2 – Le surpâturage : Il a un effet positif, il assure l’alimentation, rôle socio-économique, et un
effet négatif, il active l’érosion de la biodiversité. Il entraine une dégradation de la poussée des
espèces végétales.
3 – Les défrichements : L’arasement complet de la végétation sur une surface donnée pour la
transformer en terre agricole.
- Le défrichement est utilisé depuis l’époque romaine. Entre 1893/1941, à l’époque coloniale
en Algérie plus de 160.000 ha ont été rasés.
Cette activité a causé la dégradation des structures forestière :
- Rythme de défrichement : 2 à 4%.

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- Après 50 ans.
- Perte de la moitié de la superficie forestière.
Depuis l’Indépendance, les reboisements s’élèvent à 950.000 ha au total avec un taux de réussite
de 49%. Il représente en fait un taux moyen équivalent à 16.000 ha de reboisement réussi par
an. C’est un taux très faible malgré les investissements consentis.
La régression annuelle de la forêt entraîne une altération des habitats et une perte d’espèces
sauvages. Elle se poursuit inexorablement. La couverture boisée actuelle représente 3.200.000
ha sur les 13.000.000 ha climaciquement forestiers (38.000.000 ha du nord diminués de la SAU,
des terres à vocations urbaine, industrielle, etc..). Les 75% de forêts disparues ont entraîné une
érosion génétique, spécifique voisine de 30%. Les 3.200 espèces végétales persistantes ne
représentent que 70% de la flore forestière d’équilibre. La perte est de 1.300 espèces végétales.
Qu’en est-il pour la faune ? On compte qu’une espèce végétale est un habitat pour dix taxons
animaux. 13.000 espèces animales ont donc disparu du pays. L’érosion génétique globale se
chiffre par hypothèse à 15.000 espèces. C’est considérable !
Dans le domaine forestier, l’utilisation du bois est réglementée mais pas celle de la diversité
biologique. Ses usages sont aussi importants. La forêt et ses produits, biens de l’Etat, faisant
partie du patrimoine collectif, n’appartient à aucune logique de propriété. Les riverains en usent
selon un droit coutumier (In Mediouni, 1997).
Le surpâturage, les incendies, le défrichement sont responsables de 80% des dégâts causés à la
biodiversité.
4 – L’agriculture : Orge, blé, maïs, pomme de terre, … On a 6 espèces pour l’alimentation de
la population mondiale, ces espèces sont cultivées :
- Avec les méthodes d’agriculture intensive : Insecticides, engrais, pesticides.
L’agriculture intensive menace la biodiversité (Perturbation animales et végétales).
5 – L’urbanisation : Les déchets humains, les gaz, la destruction des forets pour bâtir des
terrains et des bâtiments, les arbres se trouvant dans les villes sont contaminés par la pollution
luminaire.
6 – L’industrie : Elle occupe une place particulière dans la crise mondiale de la menace de la
Biodiversité.
7 – La surexploitation des ressources (ex : le sable). Les sablières : dégradation du cordon
dunaire, qui provoque la diminution de la fertilité du sol, destruction de la flore,…

14 – Menaces et impacts majeurs sur la diversité biologique en Algérie :


D’une façon générale, les perturbations affectent l’ensemble des écosystèmes et impactent sur
l’état de la biodiversité. On peut les résumer comme suit :

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Globalement, la tendance à la diminution de la biodiversité affecte tous les écosystèmes naturels
d’Algérie. Aucun écosystème ne se caractérise par une stabilisation de la biodiversité.
Les facteurs de risque les plus importants de la diminution de la biodiversité sont représentés
par les différentes activités anthropiques : destruction et/ou surexploitation de ressources
biologiques, surpâturage, extension des terres cultivées, développement de l’armature urbaine,
développement des travaux d’infrastructures, pollutions, tourisme, chasse et braconnage.
De tous les écosystèmes naturels, ce sont les forêts et les zones humides qui se caractérisent par
une nette diminution de leurs superficies et de la biodiversité.
Les écosystèmes terrestres les moins productifs, c’est-à-dire les zones steppiques et zones
sahariennes, se caractérisent également par une diminution de leur biodiversité.
Les écosystèmes marins ainsi que le littoral sont confrontés à de très fortes pressions
anthropiques qui affectent négativement l’état de la biodiversité (In Laouar, 2010).

14.1 – Écosystèmes marins et côtiers :


Le Littoral algérien est un milieu vulnérable et surexploité. Outre les menaces naturelles, il est
soumis aux menaces dérivant de l’activité anthropique :
Le poids de la population et de l’urbanisation : les deux tiers de la population algérienne vivent
actuellement sur la frange littorale qui ne représente que 4 % du territoire national ; aujourd’hui,
quelque 160 agglomérations urbaines dont 3 des 4 grandes métropoles se situent au niveau du
littoral.
La concentration de l’activité industrielle et des infrastructures économiques : plus de 51 % des
unités industrielles sont localisées sur la côte et plus particulièrement dans l’aire métropolitaine
algéroise où 25 % des unités industrielles du pays sont implantées. Cette évolution risque de
s’accentuer avec les politiques de ré-industrialisation du pays et de développement des petites
et moyennes entreprises (PME).
La pression sur les structures foncières agricoles qui ont enregistré des pertes considérables
générées par le développement urbain et économique. Notons que les meilleures terres (soit
1.632.000 ha) sont situées dans la région littorale et drainent une population relativement
importante attirée par les emplois agricoles.
Le tourisme balnéaire est marqué par la concentration géographique littorale. En effet, sur les
174 zones d'expansion et sites touristiques (ZEST), 80 % sont implantées dans les 14 wilayas
côtières. Sur les 140 ZEST littorales, 61 sont saturées, 26 partiellement saturées et 53 sont à
l'état vierge.

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Les effets de ces menaces sont déjà perceptibles sur l’écosystème dont il y a lieu de signaler la
forte perturbation :
Érosion côtière et dégradation des formations végétales dunaires (artificialisation du milieu) ;
Perte des grandes superficies des forêts Telliennes et autres effets engendrés par la littoralisation
de l’activité économique (pression sur les ressources hydriques et foncières) ;
Pression sur certaines zones humides (Sites RAMSAR) ;
Dégradation des sites particuliers présentant un caractère paysager (In Laouar, 2010).

14.2 – Écosystèmes des zones humides :


Outre la faiblesse des ressources mobilisées au profit des écosystèmes aquatiques, les zones
humides souffrent d’une connaissance encore insuffisante des écosystèmes des eaux intérieures,
à l’instar des oueds, des barrages (hydro systèmes artificiels), non couverts par la convention
de RAMSAR.
En termes de biodiversité, il y a lieu de relever l’existence de menaces pesantes à moyen terme
liées au développement des infrastructures de base (Barrages, AEP, autoroutes), urbanisation,
agriculture intensive, pollution…
Il est important de mentionner que les écosystèmes enregistrent une certaine stabilité sur le plan
de la biodiversité. Il faudra, néanmoins, relever le fait que les zones humides littorales figurent
parmi les écosystèmes susceptibles de subir des modifications sensibles sur le plan structurel et
fonctionnel du fait des changements climatiques (In Laouar, 2010).

14.3 – Écosystèmes forestiers :


Malgré les efforts déployés en matière de conservation et de protection par les différents
services concernés, la biodiversité forestière est en régression dans la plupart des régions
d’Algérie. En effet, outre la vulnérabilité naturelle qui caractérise la forêt méditerranéenne et
les formations subforestières, la forêt algérienne continue à subir des pressions diverses et
répétées réduisant considérablement ses potentialités végétales, hydriques et édaphiques. Parmi
les facteurs de dégradation, il y a lieu de relever :
o Les incendies : chaque année, en moyenne, 12 % des superficies forestières (48.000 ha) sont
parcourus par les incendies. Les feux de forêt sont à l’origine des dégâts parfois irréversibles
en termes de biodiversité (destruction des biotopes de la faune sauvage). Pour la seule
période 2004-2008, les incendies ont ravagé près de 140.515 ha en superficies forestières
(DGF, 2009) ;
o Le surpâturage : la forêt sert de parcours permanent pendant la saison des neiges pour les
éleveurs du nord. Elle est aussi terre de transhumance pour les troupeaux steppiques ;

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o Les coupes de bois : suite à la hausse des prix du bois, les coupes illicites de bois de
chauffage, de bois d’œuvre pour la construction et de bois d’ébénisterie sont en
augmentation. Ces coupes affectent les arbres ayant les meilleures caractéristiques
phénotypiques et génétiques et éliminent les meilleurs porteurs de graines ;
o Les défrichements : les populations montagnardes, privées de surfaces agricoles et
marginalisées procèdent à des labours à la lisière des forêts. Ces pratiques, outre qu’elles ont
un effet désastreux sur les sols, provoquent des antagonismes permanents entre les riverains
et l’administration forestière guidée par un souci de protection des forêts ;
o L’érosion : outre les pertes en sol, l’érosion entraîne une perte d’alimentation des nappes
phréatiques, par conséquent des ressources en eau et l’envasement des barrages ;
o Les maladies et parasites (In Laouar, 2010).

14.4 – Écosystèmes montagneux :


Du point de vue démographique, les zones montagneuses d’Algérie abritent 33 % de la
population globale. Les densités, relativement faibles au niveau de l’Atlas saharien, sont très
élevées au niveau des massifs septentrionaux de l’Atlas Tellien.
Par ailleurs, l’accroissement de la population a entraîné la nécessité de défricher et de labourer
de nouvelles terres. Ce défrichement se fait très souvent au détriment de formations forestières
déjà dégradées. Néanmoins, ce phénomène reste très limité.
Le milieu montagneux est soumis à une forte pression pastorale évaluée à 5.500.000 têtes qui
risque d’aggraver la dégradation de ces zones déjà fortement fragilisées. Des études montrent
que la charge pastorale est au moins quatre fois supérieure aux capacités d’équilibre.
La pression sur les ressources (défrichements, exploitation abusive et peu préservatrice des
ressources) a conduit à la généralisation de l’érosion qui affecte l’ensemble des terres avec pour
résultat la fragilité de nombreuses zones de montagne, la dégradation des terres et la diminution
des terres de cultures et des surfaces boisées. La superficie des terres sujettes à l’érosion (zones
instables à très instables) étant de 3.423.866 ha, soit 40 % de l’espace montagneux. Les effets
de l’érosion se traduisent par des menaces de désertification susceptibles de modifier
profondément l’écosystème (In Laouar, 2010).

14.5 – Écosystèmes steppiques :


Ces écosystèmes connaissent une importante régression du couvert végétal et une diminution
de la productivité pastorale. Ils sont également soumis à un processus de désertification
accentué dont les effets ne manqueront pas de se traduire par une tendance à l’accentuation de
l’appauvrissement de la biodiversité de ces régions.

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Les écosystèmes steppiques sont confrontés à de multiples menaces parmi lesquels nous
pouvons citer :
o Les aléas climatiques ;
o La sédentarisation croissante des éleveurs ainsi que l’utilisation de moyens de transport
mécaniques qui induisent une exploitation intensive des pâturages, leur dégradation
progressive et pour finir la désertification ;
o Le développement des infrastructures et des villes sur les hauts plateaux ;
o La pression des élevages sur les parcours.

Les menaces de désertification sont très importantes. Le risque majeur est le surpâturage produit
par un cheptel pléthorique (19 millions de têtes). Il est aggravé par une sécheresse intermittente.
Le cheptel est maintenu en place, même en mauvaise année, favorisant une pression de pâturage
constante sur les parcours, ne permettant pas ainsi leur régénération. Les pertes de productivité
des sols dégradés en milieu steppique sont importantes. Près de 600.000 ha de terres en zone
steppique sont irrémédiablement désertifiés alors que près de 6 millions ha sont très menacés
par les effets de l'érosion :
o Les pratiques culturales et certaines concessions en milieu steppique.
o L’introduction de la charrue à disques en milieu steppique tend à aggraver le processus de
désertification. Les superficies labourées annuellement et soumises à l'érosion éolienne sont
estimées à près de 1,2 million ha.
o La chasse illégale et le braconnage ;
o La salinisation des sols. Ce phénomène est notamment perçu au niveau de certains
périmètres agricoles situés dans les zones arides et semi-arides (In Laouar, 2010).

14.6 – Écosystèmes sahariens :


En dépit de l’étendue du territoire saharien et de la faible densité démographique, il subsiste
des menaces réelles sur la biodiversité saharienne. Celles-ci peuvent se décliner en plusieurs
points qui contribuent à fragiliser davantage ces écosystèmes :
o Les conditions climatiques difficiles et les déficiences pluviométriques pluriannuelles ;
o L’érosion éolienne et le surpâturage notamment dans les milieux oasiens ;
o Développement déséquilibré des centres urbains et des oasis consécutif d'une part à une
urbanisation mal maîtrisée, entraînant un ensablement important, et d'autre part à une
surexploitation des nappes aquifères ;
o Salinisation des sols et mauvais drainage des sols en milieu oasien ;

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o Les inondations (Ghardaïa, Béchar… etc.) et le mauvais drainage des oasis ;
o Le braconnage et la chasse illégale (In Laouar, 2010).

15 – Détermination de l’état de la biodiversité :


La détermination de l’état de la biodiversité implique la surveillance d’indicateurs de
biodiversité et la détermination de seuils d’actions (les niveaux auxquels une action doit-être
prise pour prévenir une perte plus grande de la biodiversité). Les indicateurs varient selon les
composantes :

15.1 – Indicateurs compositionnels de la Biodiversité :


- Fréquences géniques (alléliques)
- Richesse spécifique.
- Nombre d’habitats.

15.2 – Indicateurs structurels de la Biodiversité :


- Distribution en taille ou en âge d’une population.
- Abondance relative d’une communauté.
- Indices de fragmentation de l’habitat.

15.3 – Indicateurs fonctionnels de la Biodiversité :


- Taux d’échanges génétiques entre les populations.
- Taux de croissance des populations.
- Taux de recyclage des éléments nutritifs.

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