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Thème 5 

: L'environnement, entre exploitation


et protection : un enjeu planétaire
Introduction : qu'est-ce que l'environnement ?
Comment la définition et la place de l'environnement ont-elles évolué jusqu’à
devenir un enjeu majeur pour les sociétés ?

A/ L'environnement : une notion en évolution


L'environnement est une notion ancienne et scientifique. Au XIXe siècle, des savants, inspirés par les théories du
naturaliste Darwin sur la sélection naturelle entre les espèces, réfléchissent à la place de l'homme face à la nature
qui l'entoure. Au terme d'environnement, les géographes français comme Elisée Reclus (1830-1905) préfèrent celui
de milieu : il montre que les éléments physiques (relief, climats, végétation) peuvent avoir une influence sur
l'homme et ses activités.
Depuis les années 1970, l'environnement prend une dimension sociale et politique. Les activités humaines
multiplient les impacts sur les milieux (pollution de l'air, marée noire). Cette sensibilité environnementale se traduit,
en France, par la création du ministère de l'Environnement en 1971. Les premiers mouvements liés à l'écologie
politique et les associations de protection comme Greenpeace (1971) se développent. Alors que la première
conférence des Nations Unies sur l'environnement se tient à Stockholm en 1972, le développement durable fait son
apparition en 1987.
Aujourd'hui, l'environnement est distingué de la nature. Celle-ci n'apparait plus aujourd'hui comme préexistante
aux hommes. Les paysages ont été considérablement transformés avec la multiplication des espaces agricoles et
l'urbanisation. Avec l'ancienneté de l'anthropisation, la planète ne porte pas de milieu qui n'aient été à des degrés
divers, modifiés par les sociétés. Même dans la forêt amazonienne, souvent perçue comme un espace vierge, des
études archéologiques prouvent que les hommes modifiaient déjà le milieu il y a 10 000 ans.

B/ L'environnement : un enjeu au cœur des préoccupations contemporaines


La géographie de l'environnement étudie de près les impacts de l'homme sur les milieux : exploitation des
ressources naturelles (eau, pétrole), aménagements, gestion des risques et mesures de protection. En rappelant
qu'un quart des français vit dans une zone inondable, des géographes critiquent l'aspect naturel de certaines
inondations et soulignent le rôle de l'homme dans l’imperméabilisation des sols. D'autres étudient les animaux
sauvages comme l’ours blanc pour mieux comprendre les enjeux liés aux changements climatiques dans l'Arctique.
L'environnement est abordé aujourd'hui de manière globale et planétaire. Avec le changement global, l'homme est
devenu une force qui dérègle les équilibres à la fois locaux et globaux. Par exemple, les incendies de la forêt
amazonienne ont des conséquences à l'échelle du Brésil mais ils accélèrent aussi le changement climatique à
l'échelle mondiale en libérant une très grande quantité de CO². Ces impacts suscitent aujourd'hui des mobilisations.
La préservation de l'environnement devient un enjeu géopolitique à toutes les échelles. Les conférences de l'ONU
ont montré la nécessité d'une action concertée à l'échelle internationale. Alors que Greenpeace appelle à la
protection d'au moins 30 % des océans dans le monde, la Russie et la Chine ont refusé en 2019 la création d'un
sanctuaire marin dans l'Antarctique dans le but de défendre leurs droits de pêche. A l'échelle locale, aménageurs et
écologistes ont des représentations différenciées de l'environnement.

C/ L'environnement : une nouvelle place dans l'histoire des hommes ?


L'histoire environnementale écrit une cohistoire entre l'homme et son environnement. Elle s'est constituée dans
les années 1970 aux Etats-Unis dans un contexte de forte dégradation des ressources. Elle vise à analyser les
environnements (forestier, climatique, etc.) du passé et à étudier les mouvements et les institutions qui s'intéressent
à l'environnement.
L'histoire environnementale souligne les paradoxes dans la prise de conscience des dégradations. Des historiens ont
montré que le lien entre déboisement et dégradations climatiques faisait l'objet de travaux et de réflexion dès la fin
du XVIIIe siècle en France. La pollution était déjà une source de préoccupation à l'âge industriel mais les régulations
appliquées au XIXe siècle ont surtout encouragé le développement de l'industrialisation plutôt que limité les
pollutions. Ainsi le décret de 1810 qui contrôle l'installation des usines en France leur donne aussi le droit de polluer.
Aujourd'hui, cette histoire participe à une nouvelle approche de l'environnement. Par exemple, depuis 2008, tout
citoyen de l'Equateur peut défendre les droits d'un écosystème devant les tribunaux. À l'échelle mondiale, des
acteurs militent pour que l'ONU adopte la Déclaration universelle des droits de la Terre mère pour renforcer la
protection de l'environnement. Les scientifiques de l'environnement plaident pour une plus grande sévérité envers
les entreprises polluantes, l'arrêt de l'agriculture industrielle ou la refonte des modes de transport et d'alimentation.

Changement global : changement multiforme des milieux (changement climatique, urbanisation généralisée,
déforestation) par l'action des sociétés.
Développement durable : développement qui permet de répondre aux besoins des générations actuelles sans
compromettre la satisfaction des besoins des générations futures.
Écologie politique : ensemble de courants largement diffusés depuis les années 1970, qui insiste sur la prise en
compte des enjeux environnementaux dans l'action politique et dans l'organisation sociale.
Paysage : aspect visible d'un espace géographique. Il est le produit du milieu physique et des aménagements
humains.

I/ Exploiter, préserver et protéger


Comment les sociétés humaines interagissent-elles avec leur milieu ?
A/ La révolution néolithique
1. La révolution néolithique (vers – 10000 - vers – 2000), une rupture ?
On parle de « révolution » néolithique en raison de la transformation déterminante du mode de subsistance.
Plusieurs facteurs sont évoqués quant à son origine : le recul des glaciers et un réchauffement climatique auraient
rendu les conditions plus favorables, tandis que la raréfaction de certaines espèces chassées aurait obligé les
hommes toujours plus nombreux à se tourner vers d’autres ressources. Elle s’est produite par étapes et de façon
irréversible. Les premiers déboisements par la hache et le feu ont ainsi détruit les forêts primaires, le travail du sol a
transformé progressivement et irrémédiablement l’environnement.
La sédentarisation a induit une appropriation de l’espace. De chasseurs et cueilleurs nomades, les hommes sont
devenus agriculteurs et sédentaires. La possession de la terre est devenue facteur d’inégalités et objet de
convoitises. Ne disposant pas des mêmes ressources et des mêmes savoirs, les individus se sont spécialisés, créant
de nouvelles hiérarchies et une répartition sexuée des tâches. En France, elle s’est déroulée entre –5800 et –2200.

2. Un boom démographique
La domestication des animaux et des plantes a offert aux communautés humaines les moyens d’un essor
démographique sans précédent. Les groupes humains ont dû développer de nouvelles techniques en lien avec la
transformation de leur mode de vie. Le changement de régime alimentaire, induit par la généralisation des céréales,
a permis une plus grande disponibilité en aliments. Les techniques de stockage se sont développées, comme en
témoignent les vestiges retrouvés lors de fouilles archéologiques (greniers, amphores).
Cette révolution a entraîné d’importants défrichements pour étendre les surfaces cultivées, au prix de travaux
considérables (épierrage, terrassement, construction de terrasses de culture) qui se sont poursuivis et accélérés
durant la période gallo-romaine et au Moyen Âge (XIe-XIIIe siècle).

B/ La révolution industrielle
1. Des révolutions successives
La révolution industrielle permet d’accroître considérablement la production grâce à des innovations, la
mécanisation et le travail à la chaîne. Elle repose sur l’adoption de nouvelles sources d’énergie, permettant
l’émergence de nouveaux types d’industries, qui modifient la hiérarchie des puissances et la vie quotidienne.
L’industrialisation est une condition de la croissance économique et est associée à l’idée de progrès matériel, elle
bouleverse les structures sociales et l’univers culturel, donnant naissance à un prolétariat. La pollution qu’elle génère
a un impact durable sur les milieux naturels, voire provoque des écocides.

2. Une diffusion dans l’espace et le temps


L’industrialisation procède par cycles de 40-60 ans tels que mis en évidence par l’économiste Nikolaï Kondratieff :
essor, stabilisation et déclin d’une activité, qui s’implante alors dans un autre territoire présentant un avantage
comparatif (coût de production moins élevé, réglementation moins contraignante). Cela favorise une division
internationale du travail.
Partie d’Europe au XIXe siècle, l’industrialisation a gagné l’Amérique du Nord et le Japon, puis à partir de ces
foyers, s’est déployée dans de nouveaux pays. Aujourd’hui le processus se poursuit en Afrique, alors que l’Europe a
connu une désindustrialisation et est passée à l’ère post-industrielle.

C/ En France, l’État moderne se préoccupe des forêts


1. Louis XIV et Colbert
La France dispose aujourd’hui du plus vaste couvert forestier d’Europe (17 M d’ha), qui est le résultat de siècles
d’interventions humaines. Les grands moments de la construction de l’État correspondent à des décisions
importantes concernant la gestion des forêts. C’est au début de l’époque moderne que le regard change en France
sur la forêt qui servait alors de terrain de chasse aux seigneurs et de ressource pour les paysans. On entreprend des
boisements pour fixer les dunes sur le littoral atlantique puis pour assainir des zones marécageuses.
La réforme de 1669 réglemente l’usage de la forêt et crée l’administration des Eaux et Forêts dont Colbert prend la
direction. L’objectif est d’améliorer la quantité et la qualité de la production de bois, notamment pour assurer
l’approvisionnement de la Marine (flotte commerciale et de guerre). En 1789 on estime la surface forestière entre 8
et 9M d’ha, très dégradés, contre 30 à l’époque gallo-romaine.

2. Napoléon III et la IIIe République


Napoléon III témoigne d’un intérêt particulier pour les questions forestières. Sous le Second Empire, de grandes
opérations de boisement sont entreprises dans les Landes de Gascogne, en Sologne à partir de propriétés impériales.
L’objectif est de créer de nouvelles ressources et d’assainir le milieu.
Face à la dégradation des milieux causée par le surpâturage et la surexploitation du bois dans les zones de
montagne, l’État engage en 1882 une politique de restauration des terrains de montagne (RTM) qui passe par des
reboisements destinés à lutter contre le ravinement et l’érosion des sols ou les inondations. En parallèle, la pression
sur la forêt diminue du fait de la généralisation du charbon comme source d’énergie.

3. Depuis 1945
À partir de 1945, l’État s’engage dans une reprise en main des forêts, endommagées par la guerre et fragilisées par
le manque d’entretien consécutif à l’exode rural. En 1946 est créé le fonds forestier national destiné à régénérer et
valoriser économiquement la forêt française, répondre aux besoins en bois liés à la reconstruction, désenclaver les
massifs.
La république gaullienne poursuit ces objectifs tout en recherchant un équilibre entre exploitation et préservation :
en 1963 sont créés les premiers parcs nationaux (Port-Cros, Écrins, Vanoise), puis en 1966 l’Office national des forêts
(ONF). Une politique de prévention des risques est mise en place alors que les pratiques récréatives se multiplient. La
loi Montagne de 1985 réglemente les constructions en altitude. Les destructions occasionnées par les tempêtes de
1999 ont obligé la France à redéfinir sa gestion forestière alors que l’ONF est critiquée et confrontée à de nouvelles
difficultés (endettement, baisse des effectifs, etc.).

Défrichement : destruction de la forêt pour disposer de terres agricoles.


Désindustrialisation : déclin et départ des industries, qui laisse des paysages abandonnés et une situation sociale
dégradée.
Écocide : destruction délibérée d’un écosystème (ex : usage du napalm par les Américains durant la guerre du
Vietnam pour détruire la forêt, utilisée comme refuge par le Viet Minh). Des débats existent pour qu’il soit reconnu
comme crime contre l’humanité.
Surpâturage : excès de pression animale sur un territoire. Elle entraîne une surexploitation du couvert végétal
disponible et un piétinement qui accroissent l’érosion.

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