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UN ENJEU PLANÉTAIRE
OTC : LES ÉTATS-UNIS ET LA QUESTION ENVIRONNEMENTALE : TENSIONS ET CONTRASTES
Introduction : Lorsqu’en 2017 Donald Trump annonce le retrait des États-Unis des accords de Paris (COP 21), la
communauté internationale découvre les ambiguïtés et les oppositions qui traversent la société des États-Unis,
première puissance économique mondiale et pays qui fut longtemps à la pointe de la question environnementale.
Dans ce pays immense, la conquête et l’exploitation du territoire sont à la base du mode de vie construit par les colons
et illustré par la conquête de l’Ouest. Conquérir, exploiter et en même temps protéger les espaces sauvages
deviennent dès lors une priorité pour les différents acteurs de la société américaine.
Problématique : Comment la question environnementale illustre-t-elle à la fois les mythes naturalistes, les
tensions et les contrastes de la société américaine ?
Des comptoirs aux États-Unis : lorsque les colons britanniques débarquent en Virginie au XVIIe siècle, ils trouvent
face à eux un territoire marqué par la forêt et la présence de populations amérindiennes. Il s’agit alors de dompter la
nature et les populations « sauvages ». Durant le XVIIIe siècle, les territoires conquis sont défrichés, l’agriculture se
développe. La chasse et le commerce de peaux de castors participent à l’essor des colonies. En 1783, les populations
américaines obtiennent leur indépendance et poussent leur conquête territoriale vers l’Ouest en chassant les
Amérindiens au-delà des Appalaches. L’achat des territoires américains appartenant à la France, regroupés sous le
nom de Louisiane constitue un tournant pour les États-Unis qui se tournent vers l’intérieur du continent.
La ruée vers l’or et la conquête de l’Ouest : au XIXe siècle, la nation américaine se construit sur la notion de frontier,
définie comme « une région aux confins du monde civilisé ». C’est dans ce but que s’opère la conquête de l’Ouest
durant laquelle les populations venues de la côte Est et d’Europe partent à l’assaut du centre et de l’ouest du territoire
américain. C’est dans ce cadre que peut se comprendre la notion de « destinée manifeste ». Il s’agit d’une théorie qui
apparaît au milieu du XIXe s selon laquelle les États-Unis auraient une mission divine : apporter le progrès, la
démocratie sur l’ensemble du continent américain et dans le monde. En 1848, la découverte en Californie de
gisements d’or pousse pendant une dizaine d’années des centaines de milliers de personnes dans une ruée vers l’or
qui transforme profondément la Californie. Si les gisements s’épuisent rapidement, le mythe du territoire aux
ressources infinies se renforce.
L’action de Theodore Roosevelt : Théodore Roosevelt est président entre 1901 et 1909. Influencé par Muir et Gifford
Pinchot, ingénieur forestier américain, il lance une grande politique nationale de protection de la nature pour lutter
contre l’industrialisation croissante du territoire des États-Unis. Roosevelt est à l’origine de la création de cinq parcs
nationaux et 51 réserves ornithologiques. Il cherche aussi à protéger les forêts par la création du National Forest
Service en 1905 qui crée des forêts protégées par un statut fédéral. La gestion de l’eau est aussi confiée à une agence
fédérale, le Reclamation Service. Après Roosevelt, la politique de protection de la nature se poursuit avec la création
du National Park Service, le NPS en 1916 qui gère les parcs naturels nationaux. Le NPS a pour mission de préserver les
espaces tout en permettant l’accueil du public. Un véritable tourisme des parcs naturels se développe aux États-Unis
au début du XXe s.
Le Dust Bowl la région des Grandes Plaines située au cœur des États-Unis est entre les mains des populations
amérindiennes au XIXe siècle. Le Dawes Act de 1887 aboutit à leur expropriation croissante. Les nouveaux territoires
sont alors confiés aux colons qui développent une mise en culture de ces espaces semi-arides. Dans les années 1930,
la dégradation des prairies converties en champs céréaliers a entraîné des « tempêtes de poussière » dans une vaste
zone surnommée le dust bowl, à cheval sur le Kansas, l’Oklahoma, le Texas et le Colorado. Des vents violents ont ainsi
emporté le substrat que les labours et la sécheresse avaient rendu friable. Cette première grande catastrophe
environnementale aboutit à l’émigration de nombreuses familles ruinées vers l’ouest et notamment la Californie. Le
président Roosevelt lance une politique d’aménagements des cours d’eau et de construction de barrages hydro-
électriques dans le cadre du New Deal.
La naissance de l’environnementalisme : Après la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis sont à nouveau frappés
par des crises environnementales et des pollutions majeures. La biologiste Rachel Carson se lance dans un combat
contre l’usage intensif de pesticides. En 1962, elle écrit un ouvrage, Silent Spring, pour alerter la population sur la
pollution environnementale. En 1969, une rivière de Cleveland totalement polluée par les rejets toxiques des usines
s’enflamme alors que la Californie est touchée par une marée noire. L’année suivante, une grande journée de la terre
est organisée. Le 22 avril 1970, près de 20 millions d’Américains manifestent lors du Earth Day pour la préservation de
l’environnement. L’environnementalisme est né. Il s’agit d’une politique de lutte militante pour protéger la nature.
La construction contestée d’un arsenal législatif : En 1970, Nixon crée l’agence fédérale pour la protection de
l’environnement (EPA) qui met en place un arsenal législatif complet pour la protection de l’environnement : l’EPA
met en place des lois sur la qualité de l’air (Clean Air Act 1970), sur la qualité de l’eau, sur la protection du littoral ou
bien encore contre l’usage des pesticides. Mais dans le même temps cette politique de protection environnementale
est remise en cause :
- Par le mode de vie américain, the American Way of Life, dont les principes majeurs sont une consommation
marquée par le gaspillage, la forte consommation énergétique.
- Par les grands groupes industriels qui financent des lobbies chargés de lutter contre les politiques
environnementales et d’influencer le pouvoir politique. Dans les années 80, sous les mandats de Ronald
Reagan, un net recul de la politique environnementale se dessine.
Le climatoscepticisme se structure autour des grandes compagnies pétrolières qui obtiennent le retrait des États-Unis
du protocole de Kyoto (COP 3) sur la réduction des émissions de GES.
Conclusion :
Les États-Unis se sont donc bâtis dans une relation complexe avec la Nature, à la fois ressource surexploitée et mythe
à protéger symbolisé par les concepts de Wilderness et de Frontier. Si après la Seconde Guerre Mondiale, les États-
Unis se dotent d’un arsenal législatif qui les place en tête des pays dans la politique de protection environnementale,
la remise en cause nécessaire du mode de vie américain pour lutter contre le changement climatique a déchiré la
société américaine entre climatoscepticisme et transition écologique innovante. Comme sur de nombreux autres
plans, les États-Unis apparaissent donc comme un pays profondément divisé.