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Axe conclusif : Les États-Unis et la question environnementale : tensions et

contrastes

Introduction

Lorsqu’en 2017 le président américain Donald Trump annonce le retrait des


États-Unis des accords de Paris (COP 21), la communauté internationale découvre les
contradictions et les oppositions qui traversent la société des États-Unis. En effet, les
ces derniers possèdent un immense territoire, 9,6 millions de km² et entretiennent une
relation paradoxale avec leur environnement qui est la combinaison des éléments
naturels et des éléments socio-économiques qui constituent le cadre et les conditions
de vie d'un individu, d'un groupe. D’une part, depuis le XIXè s, une culture
dévastatrice des ressources et des milieux s’y est développée alors que cette nation
s’est créée sur des mythes liés à la nature. D’autre part, à l’échelle mondiale, les États
- Unis pèsent lourd dans le changement climatique : ils sont les deuxièmes émetteurs
de GES et les 1ers par habitant. Pourtant, les États – Unis, première puissance
économique ont été des précurseurs dans la protection de l’environnement, ce sont les
premiers à avoir créé un parc national en 1872, modèle qui a ensuite servi à de
nombreux pays. Ces paradoxes sont marqués par des contrastes et des tensions aux
échelles mondiale, nationale mais aussi entre les États fédérés et les villes.

Dans quelle mesure les politiques environnementales alternant entre protection


et exploitation sont – elles sources de tensions et de contrastes aux EU ? « Comment
les États - Unis gèrent-ils la question environnementale aux échelles nationale et
internationale depuis le XIXème siècle ? »

I. Les EU depuis le XIX ème siècle, un environnement exploité et transformé à


protéger

A. Des mythes et des principes fondateurs montrant un rapport spécifique à la


nature

Questions

La colonisation et le peuplement des États-Unis se sont faits d’Est en Ouest au fur et


à mesure que la nature considérée comme sauvage était domptée. Au début de la
conquête, le « nouveau monde » n’ayant pas été christianisé, est déclaré comme
vierge, il est vu comme la nature originelle, un nouvel Eden → Le mythe de
l’Amérique comme terre d’abondance est créé.

Cette nature pourtant désempare et peut effrayer en particulier les premiers


migrants qui découvrent une nature morne et hostile qu’il faut dompter, maîtriser. Un
nouveau mythe est créé ; la wilderness qui se définit comme la nature sauvage
originelle américaine, vierge des corruptions de l’Europe.
Cet espace vierge est comme un lieu idéal pour construire un monde meilleur.
C’est le point de départ du mythe de l’Amérique rédemptrice à qui il revient de
montrer le chemin du salut.

Lors de la conquête de l’Ouest, les populations venues de la côte Est et


d’Europe partent à l’assaut du centre et de l’ouest du territoire américain. C’est dans
ce contexte que peut se comprendre la notion de « destinée manifeste ». Il s’agit
d’une théorie qui apparaît au milieu du XIXe s selon laquelle les États-Unis auraient
une mission divine : apporter le progrès, la démocratie sur l’ensemble du continent
américain et dans le monde.

B. Un environnement transformé

Le territoire des États-Unis dispose des ressources importantes : terres fertiles


pour l’agriculture, des cours d’eau navigables. Mais la première ressource exploitée
est le bois que l’on trouve en abondance. Au XIXe s, les débuts de l’exploitation de
gisements de pétrole (1855), du charbon (1860) et des nombreuses autres ressources
naturelles comme l’or donnent aux Américains l’illusion d’un territoire aux
ressources illimitées.

La conquête de l’Ouest et l’exploitation destructrice des ressources aboutissent


dès le XIXe à de graves atteintes environnementales :

- la disparition des grands troupeaux de bisons des Grandes Plaines.Ils sont chassés
abondamment pour sa viande, pour sa peau. Il s’agit aussi de priver les Amérindiens
d’une ressource majeure. En un siècle, les troupeaux de bisons passent de plusieurs
centaines de millions de têtes à moins de mille au début du XXe s.

- la détérioration des paysages de l’est par l’expansion rapide des exploitations


minières durant l’industrialisation dans la seconde moitié du XIXe s

- les espaces sont découpés par le passage du chemin de fer

- La principale atteinte à l’environnement est la déforestation massive qui touche les


États-Unis. En 1900, 90 % de la surface forestière a disparu (80/ 800 millions
d’hectares). Elle touche principalement l’ouest dans le contexte de l’essor des villes
et de l’industrie

- L’exploitation des gisements de pétrole en Pennsylvanie dans la deuxième moitié du


XIXe siècle accentue la pression humaine sur les espaces naturels.

- Le Dust Bowl la région des Grandes Plaines située au cœur des États-Unis est entre
les mains des populations amérindiennes au XIXe siècle. Le Dawes Act de 1887
aboutit à leur expropriation croissante. Les nouveaux territoires sont alors confiés aux
colons qui développent une mise en culture de ces espaces semi-arides. Dans les
années 1930, la dégradation des prairies converties en champs céréaliers a entraîné
des « tempêtes de poussière » dans une vaste zone surnommée le dust bowl, à cheval
sur le Kansas, l’Oklahoma, le Texas et le Colorado. Des vents violents ont ainsi
emporté le substrat que les labours et la sécheresse avaient rendu friable. Cette
première grande catastrophe environnementale aboutit à l’émigration de nombreuses
familles ruinées vers l’ouest et notamment la Californie.

Toutes ces raisons font faire des EU les précurseurs de la défense de


l’environnement dès la fin du XIXè siècle

C. Les États -Unis, des précurseurs dans la défense de l’environnement.

1. La naissance de deux courants de la protection de la nature à la fin du XIXè


siècle

Au XIXème siècle, les élites ont soif de nature sauvage ou wilderness. Deux
courants de protection de la nature naissent :

- Il existe un courant de la préservation de la nature dans la lignée de l’écrivain


John Muir qui créé le Sierra Club ( organisation de protection de la nature dont
l’objectif est de protéger la Sierra Nevada ) en 1892, ce courant cherche à
sanctuariser la nature pour en conserver le caractère sauvage. Cela débouche sur la
création d’un premier parc naturel à Yosemite en Californie en 1864 et celle du
premier parc national au monde à Yellowstone en 1872.

- Il y a un courant pour la conservation de la nature. Ce courant cherche à


protéger les ressources pour ne pas en compromettre l’exploitation future.

2. La présidence de Theodore Roosevelt ( 1901 – 1909), un tournant dans l’histoire


environnementale

Au début du XXe s, la présidence de Theodore Roosevelt ( 1901 – 1909)


marque un tournant dans l’histoire environnementale du pays. Influencé par Muir et
Gifford Pinchot, ingénieur forestier américain, il fait de la protection de
l’environnement une cause nationale pour lutter contre l’industrialisation croissante
du territoire des États-Unis.

Sont créés cinq parcs nationaux et 51 réserves ornithologiques. Il cherche aussi


à protéger les forêts par la création du National Forest Service en 1905 qui crée des
forêts protégées par un statut fédéral. La gestion de l’eau est aussi confiée à une
agence fédérale, le Reclamation Service. Après Roosevelt, la politique de protection
de la nature se poursuit avec la création du National Park Service, le NPS en 1916 qui
gère les parcs naturels nationaux. Le NPS a pour mission de préserver les espaces
tout en permettant l’accueil du public. Un véritable tourisme des parcs naturels se
développe aux États-Unis au début du XXe s.

3. Les années 1960-1970, un autre temps fort de l’environnementalisme


américain.

Vidéo
Qui Rachel Carson ?
Quel livre écrit – elle ?
Quand est – il publié ?
Qu’y dénonce – t – elle ?

Avec le livre Silent Spring en 1962, la biologiste Rachel Carson lance l’alerte.
Elle y dénonce l’utilisation des pesticides afin d’informer la popualtion sur la
pollution environnementale. Les scientifiques américains font partie des 1ers à alerter
sur les dangers de la surexploitation de l’environnement et sur le réchauffement
climatique dès les années 1960-1970. Les EU sont également fappées par des
pollutions majeures. En 1969, une rivière de Cleveland totalement polluée par les
rejets toxiques des usines s’enflamme alors que la Californie est touchée par une
marée noire. L’année suivante, une grande journée de la terre est organisée, près de
20 millions d’Américains manifestent lors du Earth Day pour la préservation de
l’environnement. L’environnementalisme est né. Il s’agit d’une politique de lutte
militante pour protéger la nature.

Les organisations comme Greenpeace (1975) ou le Sierra Club constituent le


moteur de l’environnementalisme dominant américain et se donnent comme moyen
d’action le lobbying ce qui débouchent sur des réformes.

Document

L’État réagit. Suite au 1er Earth Day, le président Nixon ( 1969 – 1974 ) crée
l’agence fédérale de l’environnement l’EPA (Environnemental Protection Agency)qui
met en place plusieurs lois ayant pour objectif de protéger la qualité de l’air, de l’eau,
le littoral ou bien encore contre l’usage des pesticides.

Mais dans le même temps cette politique de protection environnementale


est remise en cause :
- Par le mode de vie américain, the American Way of Life, dont les principes majeurs
sont une consommation marquée par le gaspillage, la forte consommation
énergétique.

- Par les grands groupes industriels qui financent des lobbies chargés de lutter contre
les politiques environnementales et d’influencer le pouvoir politique. Dans les années
80, sous les mandats de Ronald Reagan, un net recul de la politique environnementale
se dessine. Le climatoscepticisme se structure autour des grandes compagnies
pétrolières qui obtiennent le retrait des États-Unis du protocole de Kyoto (COP 3) sur
la réduction des émissions de GES.

→ A l’échelle nationale, les États - Unis surexploitent leur territoire depuis le


XIXème siècle ce qui dégrade fortement l’environnement. Mais les préoccupations
environnementales naissent très tôt, débouchant sur une politique de protection de
l’environnement

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