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La forêt a de tout temps été un lieu empreint de mystère et de magie, une magie capable de capturer

nos esprits et de nous émerveiller face à ses mystères. Cette fascination pour les forêts se manifeste à
travers des croyances qui perdurent dans le temps, comme la présence des elfes en Irlande. Elle réside
également dans une magie naturelle que la science peine encore à saisir, à savoir la communication et la
guérison que les arbres s'échangent entre eux, même sur de longues distances. Cette forme de
communion au sein de la nature reflète une véritable société, pourtant trop souvent sous-estimée par
certains. Malheureusement, de nos jours, la forêt n'attire plus le regard en raison de son mode de vie ou
de son rôle d'abri pour la vie, mais plutôt en tant que source inépuisable de ressources. Cette perception
s'est ancrée dès le XVIIe siècle, perdurant jusqu'à la révolution industrielle, alors que la notion
d'environnement était déjà solidement établie et que la prise de conscience quant à l'impact destructeur
de l'homme sur la nature commençait à se manifester.

Ces deux documents s'intitulent respectivement "Commentaire sur l'ordonnance des eaux et
forêts" et "la superficie de la forêt française". Le premier document est un extrait d'un commentaire
objectif écrit par le juriste Daniel Jousse en 1772, concernant l'ordonnance sur les eaux et forêts
promulguée en 1669 par Louis XVI sur les conseils de Colbert, ministre de la marine et des finances. Le
second document se compose d'un diagramme en bâton et nous informe de la surface agricole utile, des
forêts, des hectares de landes et friches, ainsi que de la population de la France calculée en millions
d'habitants. Ces chiffres sont tirés de la Revue française d'administration d'après G-A Marin, mettant en
lumière la gestion des forêts françaises de l'ancien régime jusqu'à maintenant. Ces deux documents nous
éclairent sur l'évolution de la forêt française ainsi que sur les actions prises par l'État qui ont joué un rôle
majeur dans sa préservation, du XVIIe au XIXe siècle.

Pourquoi et comment l'État a-t-il pris des mesures pour la gestion des forêts françaises du VXIIe au
XIXe siècle ?

Dans un premier temps, nous nous pencherons sur les raisons ayant conduit l'État à intervenir, puis
nous examinerons les différentes formes que prends cette intervention. Enfin, nous évaluerons l'impact
et les limites de ces actions.

Sous l'Ancien Régime, bien que la forêt fût souvent perçue comme inhospitalière et dangereuse, elle
représentait également une ressource vitale, notamment en raison du bois qu'elle fournissait. Dans le
premier document, nous pouvons discerner que la forêt revêtait une grande importance, à la fois pour la
construction de bâtiments et pour un usage personnel par la population. De plus, elle jouait un rôle
essentiel dans la préservation de l'écosystème, en contribuant à la conservation du gibier et des poissons
dans les rivières. En reconnaissant la valeur de son bois, les Français ont intensivement exploité la forêt,
ce qui a entraîné une diminution significative des réserves de bois, mettant même en péril cette
ressource. Le deuxième document illustre clairement mes propos en montrant une réduction de la
superficie forestière, passant de 22 millions d'hectares en 1450 à seulement 7,5 millions d'hectares en
1827, ce qui démontre de manière évidente la perte de forêt.

Par conséquent, l'ensemble de l'écosystème a été menacé, avec la déforestation entraînant la


disparition d'espèces animales. Ces espèces, en plus de constituer la principale source de nourriture du
peuple, étaient également chassées, une activité appréciée par le Souverain.

La chasse, activité préférée du Souverain, démontre clairement que ses préoccupations diffèrent de
celles que l'on pourrait attendre. En perturbant l'équilibre naturel et en entraînant la disparition
d'espèces, cette pratique met en évidence que le Souverain accorde une priorité aux ressources plutôt
qu'à la préservation de la nature. Par conséquent, il est manifeste que son désir de protéger la forêt
repose essentiellement sur des motivations économiques. De plus, l'ordonnance vise principalement à
fournir du bois à la marine pour ses constructions navales. Il convient de souligner que cette ordonnance
ne constitue pas la première tentative de réforme forestière depuis le XIVe siècle, la plupart d'entre elles
ayant connu des échecs successifs. Cette volonté de freiner l'accélération de l'anthropocénisation se
manifeste à travers cette ordonnance, laquelle vise à soumettre les forêts françaises, qu'elles soient
publiques ou propriété de nobles et d'ecclésiastiques, à la protection royale. Elle établit ainsi plusieurs
règles concernant les forêts, la chasse et la pêche, telles que l'interdiction d'abattre des arbres de moins
de 10 ans et la délimitation d'espaces privés, dans le but de préserver ces espaces et les espèces qu'ils
abritent, exerçant ainsi un droit de police.

En dehors de ces documents, les interventions ont pris diverses formes, telles que le premier code
forestier promulgué en 1827, qui était en héritage de cette ordonnance. Celle-ci avait donné la priorité à
la production de bois, ce qui a suscité des révoltes, car elle restreignait les droits d'usage des paysans. De
plus, en 1857, une loi a été adoptée pour permettre le drainage des marécages des Landes.

Les impacts de ces lois demeurent significatifs pour la forêt. Par exemple, elles ont limité le recul du
couvert forestier, favorisant la croissance du chêne grâce à l'ordonnance, et ont également permis la
production de navires à un rythme presque industriel. En ce qui concerne la loi de 1857, elle a conduit à
la création d'une vaste forêt de pins maritimes, ce qui en fait la plus grande forêt artificielle d'Europe
occidentale, couvrant près d'un million d'hectares.

Néanmoins, malgré ces progrès, certaines limites continuent de freiner la protection des forêts. La loi
de 1791, en restaurant la liberté d'exploitation forestière, a considérablement réduit la taille des
parcelles forestières, comme en témoigne le document deux. La superficie de la forêt est passée de 8,5
millions d'hectares en 1700 à 7,5 millions d'hectares en 1827, illustrant ainsi l'entêtement de l'État à
poursuivre une liberté qui, ironiquement, a fini par contribuer à sa propre perte. À titre de rappel, Louis
XIV avait promulgué une ordonnance dans un but essentiellement économique, ce qui demeure l'une
des limites à la préservation des milieux naturels, un problème qui persiste à notre époque où les
politiciens, malheureusement, privilégient souvent l'économie à l'écologie.

Enfin, au XIXe siècle, l'industrialisation a freiné les efforts de conservation et a conduit à une
déforestation intensive, notamment dans les Alpes. Ce retour en arrière en termes de législation
constitue également une limite, rappelant ainsi l'événement de juin 2017, lorsque le président Trump a
annoncé la décision des États-Unis de se retirer de l'Accord de Paris, annulant ainsi tous les progrès
précédemment réalisés.
En résumé, ces deux documents mettent en lumière les raisons qui ont motivé l'État à intervenir dans
la protection des forêts françaises, ainsi que les différentes formes d'intervention, leurs impacts et leurs
limites. L'enjeu principal est de préserver les ressources offertes par la forêt tout en continuant à
l'exploiter de manière responsable. Pour atteindre cet objectif, diverses lois ont été mises en place, telles
que le code forestier, la loi de 1857, ainsi que l'ordonnance sur les eaux et forêts de Louis XIV. Ces
mesures ont favorisé la création de vastes forêts, la croissance du chêne, la protection de la faune, et ont
engendré de nombreux autres impacts positifs.

Cependant, malgré ces avancées notables, certaines limites persistent. Parmi celles-ci, on trouve la
méconnaissance ou le déni de l'importance de la préservation de la forêt en tant qu'organisme vivant
précieux. De plus, il existe un penchant trop marqué pour l'aspect économique, où la valeur de la forêt
est souvent évaluée en termes monétaires, attirant ainsi ceux qui recherchent le profit matériel, l'argent
et le pouvoir plutôt que la préservation de cet environnement vital.

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