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La France et ses forêts, de l’Ancien Régime à nos jours

Plan :
I. Ancien régime
II. Révolution française et révolution industrielle
III. Aujourd’hui

Introduction
« Gallia Comata » : est une locution latine que l’on peut traduire par
« La Gaulle chevelue ». Elle est utilisée par les Romains du Ier siècle avant
Jésus-Christ pour désigner la Gaule qui était très boisée. Cette expression est la
preuve que le territoire français a longtemps été couvert de forêts.
La forêt, est une formation végétale où prédominent les arbres au point de
modifier les conditions écologiques régnant au sol.
Depuis l’Ancien Régime le rôle des forêts a évolué. L’Ancien régime peut se
définir par un mode de gouvernement basé sur la monarchie, il dure du XVIème
siècle jusqu’à 1789.
On peut alors se demander, comment le domaine forestier en France a évolué de
l’Ancien Régime à nos jours ?
Il est donc nécessaire d’étudier les enjeux de l’Ancien Régime sur les forêts en
France, ainsi que ceux de la révolution française et industrielle, puis d’analyser
ce qu’il en est d’aujourd’hui.

I. Ancien régime
La forêt est une ressource depuis longtemps exploitée, avant d’être
valorisée. Les forêts françaises sont une ressource ancienne pour les
communautés villageoises : en plus du bois de construction et de chauffage,
elles fournissaient des ressources complémentaires comme les champignons et
le gibier. Les forêts étaient réglementées depuis le Moyen-Âge par des droits
d’usage. Les seigneurs pouvaient autoriser le ramassage du bois mort par
exemple. Les institutions communales procédaient à des ventes de bois sur pied.
Au début du règne de Louis XIV en 1643 durant l’Ancien Régime, le pouvoir
royal prend conscience des risques liés au mauvais entretien des forêts du fait de
la multiplication des règles et exemptions locales et de l’absence d’une véritable
politique forestière nationale alors que les besoins en bois augmentent pour la
construction navale.
Au XVIIème siècle, Jean-Baptiste Colbert, intendant général des finances de
Louis XIV, comprend à quel point le bois représente une ressource stratégique.
Il ira même jusqu’à dire « La France périra, faute de bois ». Celui-ci entame
alors un grand programme de réformes, dont les forêts en font partie. La forêt
doit être mise au service de la politique économique et étrangère que le pouvoir
absolutiste entend mener. Les gardes forestiers sont chargés d’inventorier, de
marquer les arbres, d’entretenir les forêts royales.
L’ordonnance de 1669 réglemente l’usage de la forêt et créé
l’administration des eaux et forêts dont Colbert prend la direction. La réforme
vise à protéger et restaurer la ressource en bois, de chêne notamment, pour la
future construction navale. Il faut assurer l’approvisionnement de la marine, la
flotte commerciale, mais aussi la flotte de guerre. En effet, Colbert développe
une politique mercantiliste liée à la colonisation du Nouveau Monde, qui a
largement développé le commerce maritime. Le mercantilisme peut se définir
par une doctrine selon laquelle la richesse économique d’un pays repose sur
l’accumulation de métal précieux. Elle met en avant l’intervention de l’état dans
l’industrie et le commerce mais aussi dans la fixation des droits de douane.
En 1789, on estime la surface forestière de la France entre huit et neuf millions
d’hectares. Elle est en diminution par rapport à l’époque gallo-romaine qui en
comptait trente hectares. L’homme a accru l’espace cultivé au dépend de la forêt
pour faire face à la pression démographique, ce qui peut expliquer cette
diminution de la surface forestière. On peut également en déduire que les forêts
ont été mal gérées jusqu’à cette date.

II. Révolution fr ? Révolution industrielle…


A partir du XVIIIème siècle, l’Etat prend conscience des problèmes liés à
la forêt, et souhaite les reprendre en main. En effet, à l’aube de la révolution
industrielle, la forêt ne constitue plus que 16% du territoire, et elle est très mal
au point.
Sous l’ère industrielle, la société se transforme et évolue vers le capitalisme. Le
développement du pays passe par l’exploitation de ses ressources, comme le
bois. La métallurgie, par exemple, connaît un développement important et
nécessite un apport conséquent en bois pour alimenter ses fourneaux. Le bois
sert aussi à chauffer et à construire dans un pays qui s’industrialise.
Un projet de code forestier est proposé sous le directoire (1795-1799) mais il
n’aboutira pas. Il faudra attendre 1827 pour qu’un véritable Code forestier se
mette en place. Ce dernier prévoit un ensemble de règles ayant pour objectif de
renforcer la protection et la régénération des forêts. Mais, son application va se
heurter aux pratiques des populations locales qui acceptent mal de voir l’accès
restreint à leurs ressources forestières. Cela donne lieu à la « guerre des
demoiselles » en Ariège de 1829 à 1832. Selon l'idée la plus établie, elle doit son
nom au fait que les paysans apparaissent plus ou moins déguisés en femmes
pour mener leurs attaques.
La question environnementale préoccupe l’Etat car le déboisement entraine de
nombreuses inondations désastreuses en 1840. Cela donne le signal d'alarme et
dès 1846 un projet de loi est déposé « relatif au reboisement des montagnes et à
la conservation du sol forestier ». Ce projet est très mal perçu par les populations
concernées qui y voient une confiscation de leurs terres.
Plus tard, l’Etat va reprendre en main les forêts en raison de la découverte
de leur rôle positif.
Pendant le second empire et la IIIe République, Napoléon III témoigne un
intérêt particulier pour les questions agricoles et forestières.
Une grande opération de boisement en pins se met en place dans les Landes de
Gascogne, composées jusqu'alors de terrains marécageux. L’idée est de créer
localement une ressource, la résine de pin étant alors très demandée pour le
calfeutrage, et pour la chimie. Cela entre dans une optique d’intensification, de
rationalisation et de systématisation des usages agricoles du territoire.
Dans l’Est et le centre de la France, l’'exploitation des forêts se systématise,
avec la hausse des besoins urbains et industriels. Partout, la pression sur la forêt
se renforce : les besoins sont croissant pour les boisages des mines, les traverses
des chemins de fer, les chantiers de construction (travaux d’Haussmann),
production de charbon de bois dans le sud de la France…
La forêt sert de cadre aux manœuvres militaires. L’Etat veut conserver des
espaces forestiers dans les zones frontalières à des fins de sécurité.
De nouvelles inondations dans toute la France en 1856 et 1859 sont alors
imputées au surpâturage et au déboisement. En 1860, une loi pour le boisement
et la création d'un service de reboisement, afin de lutter contre les risques
naturels est mise en place. S’en suit une création de périmètres où le
reboisement déclaré d'utilité publique est devenu obligatoire.
Il y a ensuite une loi en 1882 sur « la restauration et la conservation des terrains
de montagne » qui s'accompagne d'une politique d'acquisition de terrains par
l'État. L'État subventionne les travaux de reboisements assurés par les
collectivités et les particuliers. Des surfaces importantes en montagne font
l’objet de travaux d’équipements en ouvrages spécifiques de lutte contre
l’érosion des sols, le ruissellement, le ravine ment, les crues torrentielles, les
glissements de terrain, les chutes de blocs et les avalanches.

III. Aujourd’hui
Depuis 1945, la forêt est entre régénération, rationalisation et protection.
La reconstruction de la France après-guerre passe aussi par la restauration de ses
forêts, fortement endommagées. D’autant que les difficultés du ravitaillement en
charbon poussent les Français à couper des arbres.
En 1946 la création du Fonds forestier national est destinée à valoriser
économiquement la forêt française. Elle répond aux besoins en bois liés à la
reconstruction.
En 1964 on note la création de l'Organisation Nationale des Forêts (ONF).
C’est un établissement public destiné à gérer les forêts publiques domaniales et
une partie des forêts publiques non domaniales.

Aujourd’hui, la forêt française est l'héritage de plusieurs siècles


d'interventions humaines : défrichements, reboisements, dégradations,
conservations, qui lui ont donné son aspect actuel. Elle n'est en rien « naturelle
», les forêts primaires ont disparu. Des espèces ont été introduites, d'autres sont
aujourd'hui menacées.
On parle souvent d’une inégale répartition de la forêt. En effet, en observant une
carte satellite, on identifie seulement les grandes zones forestières tels que les
massifs montagneux, les Landes, le Morvan ou encore les Ardennes.
Contemporainement, la forêt a plusieurs fonctions. Tout d’abord une
fonction écologique : la forêt est un réservoir de biodiversité et elle sert
également de filtre épurateur contre la pollution.
La forêt a également une fonction économique. En effet, les revenus de la vente
du bois sont très importants pour l’Etat. De plus cet espace fait fonctionner de
nombreuses entreprises : exploitation forestière, industrie (travail du bois,
fabrication de meubles, papeterie) ou de la construction (menuiserie, charpente,
fabrication de parquet …)
Le domaine forestier a aussi une fonction militaire qui vient moins
spontanément à l’esprit et pourtant, rien que dans le Var, des espaces étendus lui
restent dédiés pour des manœuvres, entrainements… la forêt guyanaise offre un
milieu spécifique permettant l’entrainement en milieu tropical humide.
Enfin, la dernière fonction de la forêt est récréative c’est-à-dire qu’elle sert à
divertir. Dans les zones périurbaines la forêt est considérée comme un espace
récréatif : les agrès sportifs, les parcours pédagogiques, les sentiers de balade et
autres font le bonheur des personnes qui habitent en ville.
La forêt française est un espace valorisé pour le tourisme étant donné qu’elle est
associée à des pratiques magiques (forêt de Brocéliande en Bretagne, légende
arthurienne).
De la diversité des pratiques et représentations de la forêt découlent des
situations parfois conflictuelles. Tout d’abord autour de la chasse (chasseurs
contre écologistes) ; plus spécifiquement certaines pratiques de chasse (à la
glue) et à certaines espèces font l’objet de négociations à la fois entre la
préfecture et les associations de chasse, mais aussi entre la France et l’Union
européenne.
Le fait de donner une dimension sacrée aux forêts s’oppose aussi à la volonté de
libertés individuelles et à la fonction récréative de la forêt. Les protecteurs de la
forêt ne sont pas en accords avec les libéraux, et manifestent pour une
préservation des zones soumises à une forte pression humaine (autour de
domaines skiables en vue de leur extension, en Vanoise ; sur le littoral des
landes ou du Var…)

Pour conclure, les forêts françaises ont subis des évolutions,


particulièrement depuis l’Ancien Régime. il y a plusieurs façons possibles
d’aborder la forêt française dans sa diversité. Cela peut se faire à travers la
littérature, grâce à la Guerre des boutons ou à la Gloire de mon père… Dans tous
les cas, il faut penser la forêt comme réalité plurielle, comme production de
l’action humaine, comme milieu et comme patrimoine.

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