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LA REVOLUTION AGRICOLE ET LA SOCIETE PRE-


INDUSTRIELL

Dès le début du XVIIIe siècle, l’agriculture subit d’importantes


transformations. Expérimentés d’abord en Angleterre, puis en Europe
occidentale, plusieurs améliorations techniques entraînent une
augmentation sensible de la production et transforment les anciennes
sociétés rurales. L’agriculture de subsistance est progressivement
remplacée par une agriculture commerciale, basée sur de grandes
exploitations

D’importantes transformations vont modi er le système d’exploitation


agricole. Divers milieux prennent en effet conscience de la nécessité de
perfectionner l’agriculture. La croissance démographique et la fréquence
des disettes suscitent beaucoup d’inquiétudes et de ré exions. Il s’agit
d’assurer le ravitaillement alimentaire d’une population en constante
augmentation. Une science nouvelle, l’agronomie, apparaît. Les
perspectives de gains éveillent aussi des intérêts. La terre apparaît comme
la source de placement la plus pro table. Aussi, au début du XIXe siècle,
les rendements céréaliers dépassent, en Europe occidentale, le niveau
atteint au XIIe siècle

UNE AGRICULTURE DOMINANT

Partout, dans les économies préindustrielles, dominent l’économie et la


société rurale. A la veille de la Révolution française, près des trois quarts
de la population du royaume vivent à la campagne, soit 20 à 22 millions
d’habitants sur 26 millions. La terre fournit 57% de la valeur totale de la
production

L’essentiel des ressources scales du roi de France, des seigneurs et de


l’Eglise repose sur la richesse foncière. C’est le cas des impôts les plus
connus: taille (principal impôt direct en France), dîme (redevance en
nature perçue par le clergé – elle correspond en principe au dixième de la
récolte), cens (redevance payée par les roturiers à leur seigneur), champart
(pourcentage des produits de la terre prélevé par le seigneur). Le
placement attractif pour les nobles comme pour les roturiers est le
placement foncier, source des richesse et de pouvoir: richesse, car la terre
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cultivée est à l’origine de la rente et les produits du sol – céréales, vin, bois
– peuvent être commercialisés dans les villes; pouvoir, car c’est sur la
propriété du sol qu’est assise l’autorité royale et seigneuriale

UNE POLYCULTURE DE SUBSISTANC

Depuis l’Antiquité, les techniques culturales ont peu évolué et restent


rudimentaires. La forme d’assolement la plus commune comporte une
jachère plus ou moins longue selon la qualité des sols. Ainsi, deux types
d’assolement sont utilisés: 1) l’assolement triennal (froment ou seigle la
première année, orge ou avoine la seconde, jachère la troisième), et 2)
l’assolement biennal (une année de céréales, une année de jachère)

Ces méthodes
traditionnelles exigent
d e g r o s e ff o r t s e t
produisent peu: la
productivité du travail
est constamment
dérisoire. Biennalement
ou triennalement, la
terre est laissée en
jachère, i.e. sans
cultures, pour que la terre se repose. Le bétail, peu nombreux, paît les
champs en jachère: c’est ce que l’on appelle la « vaine pâture ». On ne se
soucie pas d’améliorer la production animale. Par la suite, il sera pratiqué
un assolement sans jachère, qui renouvellera la terre sans l’épuiser. Les
cultures fourragères permettront le développement de l’élevage. Grâce au
fumier plus abondant, on pourra mieux engraisser les champs, ce qui
entraînera une augmentation de la production. Des cultures nouvelles
seront introduites: plantes fourragères (navets, trè es, betteraves), pommes
de terre, tabac, colza etc., comme le montre le schémas suivant:
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TRANSFORMATIONS VARIABLES SELON LES PAY

Lentes et progressives, ces réformes en matière d’agriculture ne touchent


pas tous les pays au même moment ni avec la même vigueur. Alors que
l’agriculture anglaise, qui s’est profondément transformée au XVIIe siècle,
utilise des techniques modernes, de
nombreuses campagnes en France et en
Suisse gardent un caractère très
traditionnel. De graves crises alimentaires
les touchent encore en 1816 et 1847

En Angleterre, le mouvement des


enclosures, amorcé au XVe siècle déjà,
s’intensi e à partir de 1750. Il favorise la
formation de grandes propriétés,
qu’agrandissent encore de vastes
défrichements, et qui permettent de
pratiquer l’agriculture intensive et
l’élevage à grande échelle. La
concentration des terres fait apparaître dans
les campagnes trois catégories de classes
sociales: 1) le propriétaire qui loue ses
terres à 2) des fermiers, lesquelles forment
une sorte de classe moyenne; en n 3) au
bas de l’échelle les simples salariés,
pauvres, qui sont les principales victimes
des crises économiques

En France, au milieu du XIXe siècle, une


minorité de grands propriétaires,
favorables au changements, contrôlent près
du tiers de la surface agricole, mais une
majorité de petits exploitants, attachés aux
pratiques traditionnelles, subsistent à leurs côtés

En Suisse, à la n du XVIIIe siècle, des sociétés s’intéressant à


l’agronomie ont été fondées à Berne, Zurich ou Genève. Elles jouent un
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rôle important. Des fermes modèles contribuent à répandre les innovations.


Peu à peu, le paysage agraire change. L’élevage, cantonné auparavant dans
les régions alpines, progresse jusqu’en plaine. La jachère recule et les
cultures se diversi ent. La taille des propriétés reste très variable. Dans
certaines vallées des Alpes, de grands propriétaires possèdent presque tous
les alpages et contraignent les petits paysans à émigrer ou à s’engager
comme mercenaire. En plaine, seuls les riches cultivateurs sont en mesure
de rénover leurs techniques d’exploitation. Les petits propriétaires qui ne
peuvent pas vivre de leur lopin de terre travaillent comme journaliers chez
les plus riches.

REACTIONS PAYSANNE

La rénovation agricole se faisant au détriment des paysans les plus


pauvres, elle suscite des révoltes, notamment en Grande-Bretagne, en
France et en Suisse

C’est en Grande-Bretagne que les réactions paysannes sont les plus vives.
Des émeutes embrasent les campagnes, notamment en 1816 et en 1830.
Des groupes de travailleurs agricoles marchent sur des fermes, détruisant
des machines, incendiant les bâtiments: ils réclament des hausses de
salaires.

Ailleurs, les réactions ne sont pas


aussi brutales. Dans les pays
touchés par la Révolution française,
la dif culté est surtout liée à la
dif culté de liquider le régime
féodal. Ainsi, en Suisse, a lieu un
soulèvement rural dirigé contre les
droits seigneuriaux. Déclenchée en
1802, la révolte touche
principalement le Pays de Vaud.
Elle vise à détruire toutes les
preuves qui attestent l’existence de
ces droits, d’où le nom de « Bourla-
Papey  » (brûle-papiers) donné aux
émeutiers
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UNE INDUSTRIE EMBRYONNAIR

Même si au XVIIIe siècle l’agriculture demeure le fondement de la


richesse, elle n’est plus seule: les économies les plus avancées reposent de
plus en plus sur la production et l’échange des biens de consommation.
Depuis le Moyen-Âge s’est développé tout un artisanat spécialisé dans la
fabrication d’objets nécessaires à la vie quotidienne. Cette production se
réalise dans le cadre d’ateliers urbains ou ruraux ne regroupant qu’un
outillage et un nombre de travailleurs restreints. Ces petits ateliers
autonomes travaillant dans une même branche se regroupent en métiers,
guildes ou corporation; ces institutions professionnelles ont trois fonctions
essentielles: 1) défendre le « métier » contre toute concurrence interne ou
externe; 2) réglementer de façon très détaillée les conditions de production
sous prétexte de veiller à la qualité des produits; 3) permettre une certaine
entraide entre les membres d’une corporation.

UNE FORME PROTO-INDUSTRIELLE: LE PUTTING OUT


SYSTE

En Europe, vers 1780 s’est généralisée dans les campagnes une nouvelle
organisation du travail: le putting out system qui permet d’échapper aux
contraintes corporatives des villes. La forme la plus fréquente consiste,
pour un marchand urbain, à fournir la matière première – lin, laine, coton –
à un artisan-paysan qui la transforme en produits semi- nis, lés, ou en
produits nis, tissés. Ces opérations effectuées, le marchand urbain
récupère la toile de lin, les draps ou la dentelle qu’il revend en ville. Cette
organisation de la production qui mêle villes et campagnes, artisanat et
activité rurale, travail industriel et vie familiale, capitalisme marchand et
capitalisme industriel, concerne essentiellement le textile dans toute
l’Europe.

La proto-industrie traduit la domination de la ville sur la campagne


puisque le marchand-manufacturier est l’entrepreneur-acheteur et
possesseur de la matière première, distributeur et contrôleur de l’ensemble
du processus de fabrication et en n vendu sur le marché urbain. Un mot du
marchand-fabricant et la production s’arrête, un geste et elle repart: le
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putting out system offre donc une grande


souplesse pour s’adapter en permanence à
une demande très irrégulière.

UNE ESQUISSE DU FACTORY SYSTE

La dernière forme de l’industrie avant la


révolution industrielle est le système de la
fabrique ou de la manufacture. Ces premières
usines appartiennent soit à des entrepreneurs
privés, soit à l’autorité publique comme les
Manufactures des Gobelins (tapisseries) ou
de Sèvres (porcelaine)

Le capital immobilisé dans l’outillage, dans


les bâtiments, la matière première et l’énergie
est alors beaucoup plus important. La
concentration d’ouvriers est également plus
forte. Cela dit, de telles entreprises
industrielles demeurent exceptionnelles, car
de multiples facteurs contribuent à renforcer
la dispersion de la production: l’énergie
utilisée est l’eau, le charbon de bois, le vent,
la force musculaire humaine ou animale,
d’où une localisation en nébuleuse autour des
villes; la matière première est bien souvent
d’origine rurale: lin, chanvre, laine, bois,
produis agricoles; en n la main-d’oeuvre se
trouve avant tout dans les campagnes. Dans
de telles conditions, la forme de production
la plus répandue à la n du XVIIe siècle est
le travail dispersé.
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