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LA RÉVOLUTION AGRICOLE

Ce texte présente une synthèse de ce qu’on qualifie de "Révolution agricole".


Celle-ci comporte toutes les transformations qui vont concerner l’agriculture et
qui toucheront d’abord, et principalement, l'Angleterre et les Provinces-Unies
(l’actuelle Hollande, appelée aussi Pays Bas) à partir du milieu du XVIIe siècle.

La France et les autres pays d'Europe occidentale ne connaîtront leur Révolution


agricole qu'à partir du XIXe siècle.

Votre travail devra donc porter sur l'Angleterre et/ou les Provinces-Unies au cours
des XVIIe et XVIIIe siècles.

Dans le texte ci-après, nous verrons en quoi consiste la Révolution agricole, puis
les principaux éléments qui l’ont déterminée ou qui ont été à son origine (puis qui
ont permis son expansion):

1. Le mouvement des "Enclosures" ;


2. L'accroissement des superficies cultivées ;
3. Les assolements complexes.
4. Les innovations techniques

La Révolution agricole est le nom que les historiens ont donné à la série de
changements et d'innovations qui ont rendu possible le démarrage de
l’accroissement des rendements céréaliers, la fin des famines cycliques et
l'augmentation générale de la quantité, de la qualité et de la variété de
nourriture produite.

Au cours du Moyen Âge (grosso-modo, jusqu’au 13 ième siècle), l'agriculture


européenne ne réussit pas à faire face à la croissance démographique qui
s’enclenche. Les famines périodiques reviennent sans cesse hanter les
populations et provoquent des pics de mortalité.

Les récoltes sont marquées par une grande volatilité (une grande variabilité selon
les années) et la variété des denrées produites est réduite, ce qui a des effets
importants sur la mortalité infantile et le taux de mortalité en général.

Les classes les plus pauvres, notamment, n'ont pas accès à une nourriture
suffisante et de qualité et la population tarde à se remettre des fortes baisses
occasionnées par les épidémies de peste et les guerres de religion des siècles
précédents.

Les Temps Modernes – soit à partir des 15 ième/16ième siècles - voient une éclosion
de la pensée scientifique et un intérêt de plus en plus marqué pour le progrès
technique.

Alors que les savants et philosophes médiévaux (et encore plusieurs d'entre eux
à l'époque moderne) voyaient les crises et les famines cycliques comme une
forme d'intervention divine, l'esprit rationaliste vise, au contraire, à expliquer les
crises au travers d’un raisonnement objectif, rationnel avec pour objectif final de
les dominer. C’est-à-dire, s’agissant de l’agriculture, de mettre tout en œuvre
pour contrecarrer les famines et la mal-nutrition.

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Avec l’augmentation de la population, les prix agricoles entament une évolution à
la hausse, ce qui encourage les grands propriétaires à améliorer leurs méthodes
de cultures afin d'augmenter la production.

Aussi, l'agronomie – la recherche dans le secteur agricole - fait ses premiers pas
au cours du XVIIe siècle. On commence à étudier scientifiquement la composition
des sols et son lien avec les différentes cultures.

À la fin du XVIIe siècle, les premiers agronomes sont en mesure de produire les
premiers manuels d'agriculture moderne.

Enfin, avec la découverte de l'Amérique en 1492, de nouvelles espèces


végétales, importées du continent américain, font leur apparition en Europe.

Progressivement, le maïs et la pomme de terre vont faire leur entrée dans les
systèmes de culture et l'alimentation des Européens.

Par ailleurs, la terre devenant de plus en plus demandée, un mouvement pour


mieux la protéger commence à se développer. Cette protection prendra d’abord
la forme ‘’d’Enclosures’’ – en rapport avec l’installation de clôtures autour des
terrains agricoles – et aura lieu en Angleterre à partir de 1500.

« Enclore une terre » c'est l'entourer de haies ou de clôtures. Pour comprendre


l'ampleur de ce phénomène, il faut savoir que jusqu’au Moyen Âge la terre, bien
qu'elle appartienne à un seigneur, était répartie de façon aléatoire
géographiquement entre différents cultivateurs.

Un cultivateur, par exemple, peut posséder 3 ou 4 lopins de terre, mais qui ne


sont pas nécessairement collés les uns aux autres. Les champs étaient alors
libres d’accès et tout le monde pouvaient y accéder, notamment en s’en servant
comme chemin de passage ou comme espace de transit ou de pâturage pour les
animaux.

Les inconvénients de ce système étaient nombreux. D'abord, les animaux qu'on


mène en pâturages piétinent au passage les champs cultivés des autres
cultivateurs. Le même effet est provoqué par les passages fréquents des
personnes. Eu outre, l’absence de bornes (pour délimiter les champs) est source
de conflits entre agriculteurs voisins et induit très suivant de faibles
investissements par crainte que ceux-ci ne soient perdus ou détériorés.

C’est donc globalement un système désorganisé. Les seigneurs vont vouloir


régler le problème :

 En séparant les lopins par des haies et des clôtures pour mieux protéger
les champs.

 En abolissant les droits seigneuriaux pour les remplacer par des tarifs de
location de la terre (Rente foncière).

 En remembrant (en les réunissant) les parcelles afin d'éviter


l'éparpillement dans l'espace des différents lopins d'un même cultivateur.

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 Enfin, en faisant un nouveau partage des terres regroupées. Les terres
seront louées à des fermiers. Les meilleures terres (les plus fertiles et/ou
les mieux placées) vont être louées à ceux qui ont le plus de moyens.

Les conséquences de ce phénomène sont multiples. Les enclosures vont d'abord


profiter aux grands propriétaires terriens qui, parce qu'ils louent leurs terres selon
la loi de l'offre et de la demande, accroissent leurs revenus.

Bien entendu, les fermiers les plus pauvres – ne disposant pas eux-mêmes de
terrains agricoles- ne pourront pas se permettre de louer des terres. Ils
deviendront des ouvriers agricoles pour les autres fermiers ou pour les grands
propriétaires.

Au XVIIIe siècle, ce surplus de population dans les campagnes commencera à se


diriger vers les villes pour trouver des emplois, ce phénomène (qu’on rencontre
encore de nos jours dans les pays en voie de développement) sera appelé
‘’Exode rural ‘’.

Les enclosures permettront aux grands propriétaires de rationaliser le travail


agricole sur leurs terres. Ils vont pouvoir plus facilement implanter de nouvelles
cultures et recourir à de nouvelles techniques.

Progressivement, l'agriculture devient de plus en plus commerciale, orientée vers


la satisfaction des besoins de la population croissante des villes et des
campagnes.

Un autre élément qui favorise l'augmentation de la production de nourriture est


l'accroissement des terres mises en culture.
Cet accroissement est dû à la découverte ou au perfectionnement de techniques
de drainage des sols humides.

Cela permet de transformer des terres qui ne pouvaient pas être cultivées
auparavant, comme les marécages, par exemple, en terres agricoles.
La plupart de ces techniques proviennent des Provinces-Unies et des Flandres
(Nord de la Belgique actuelle). C'est dans ces régions que les résultats sont les
plus spectaculaires, mais ces techniques se répandront par la suite dans le reste
de l’Europe, en commençant par l’Angleterre.

Dans les Provinces-Unies au XVIIe siècle, on réussit à gagner des terres arables –
cultivables - sur les marécages côtiers, et, plus tard, sur la mer elle-même. (On
entoure le terrain que l'on veut assécher d'une digue qui empêche l'eau de s'y
répandre, puis on installe un moulin à vent qui actionne une pompe afin de
drainer le sol. L'eau ainsi pompée est redirigée vers des canaux qui la rejettent à
la mer). Le même principe sera employé en Angleterre et en France afin
d'assécher des marécages pour les mettre en culture.

La grande innovation qui apparaît au milieu du XVIIe siècle dans les Provinces-
Unies et se généralise en Angleterre au XVIIIe siècle est le remplacement du
système traditionnel de rotation des cultures incluant la jachère par un système
d'assolements complexes.

La jachère est lentement mais sûrement éliminée.

Dans les systèmes de rotation traditionnels, une partie de la terre est consacrée

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annuellement à la culture du blé, une autre partie à une autre céréale, comme
l'orge ou l'avoine, et enfin, une dernière partie est laissée en jachère, c'est à dire
au repos. On y envoie les animaux paître (se nourrir) ce qui contribue
parallèlement à enrichir la terre grâce à du fumier (engrais naturel).
Chaque année, une partie plus ou moins importante des terres agricoles, (allant
d'un quart à la moitié selon les régions) est retirée de la sorte à la production.

Il en était ainsi parce que les connaissances sur les plantes, les engrais et
l'alimentation du bétail étaient encore limitées.
Avec le progrès scientifique on commence à mieux comprendre les relations
entre ces différents éléments.

On découvre que des plantes comme les légumineuses (surtout le trèfle, mais
aussi les pois et la luzerne), les tubercules, dont la pomme de terre et les
légumes-racines (navet, carottes) peuvent remplacer la jachère :
1. Les légumineuses, les tubercules et les racines enrichissent d'azote le sol
dans lequel elles poussent. Elles prennent l'azote de l'atmosphère et le
redirigent dans la terre. Les céréales, elles, ont justement besoin de
beaucoup d'azote pour pousser. Bref, ces plantes enrichissent le sol, alors
que la jachère ne fait que lui permettre de se reposer.

2. Les légumineuses, notamment le trèfle, sont une meilleure source


d'alimentation pour le bétail. Surtout les bovins. Mieux nourris, ces
animaux se reproduisent davantage, donnent un lait et une viande de
meilleure qualité en plus grande quantité.

3. Mieux nourris, les animaux donnent plus d'engrais et de l'engrais de


meilleure qualité. Cet engrais est à son tour utilisé pour fertiliser les sols.
La terre devient donc plus productive.

4. Le maïs n'est pas encore entré dans l'alimentation des hommes, mais il est
utilisé pour nourrir le porc. Cet élevage se développe donc rapidement
durant la période.

5. Enfin, vers 1700, la pomme de terre fait son entrée dans l'alimentation
humaine en Angleterre. Durant les deux siècles suivants, la population
anglaise va tripler. Le cas extrême est celui de l’Irlande où la population va
passer de 1,5 million de personnes à 9 millions en 120 ans après
l'introduction de la pomme de terre dans l'alimentation.

6. L'alimentation des hommes est donc de meilleure qualité et, surtout, en


quantité suffisante.

Avec la Révolution agricole arrive la fin du cycle des famines qui empêchait une
croissance démographique soutenue.
La population des campagnes d'Angleterre et des Provinces-Unies va augmenter,
ce qui provoquera au XVIIIe siècle un exode rural de ces populations et
l'accroissement de la population des villes.

Les innovations techniques

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Un autre fait marquant de la révolution agricole a été l'apparition de nouvelles
techniques dans l'agriculture. Plus précisément on voit apparaître des innovations
dans trois domaines de l'agriculture, c'est-à-dire :
I/ Les techniques de culture
II/ Les produits agricoles, soit de nouveaux aliments.
III/ Les nouveaux outils de production

Les nouvelles techniques de cultures (les techniques culturales).

Les nouvelles techniques de cultures sont :


D'abord, une diminution de l'utilisation de la Jachère. L'assolement triennal
(froment ou seigle lors de la 1ère année, céréales, orge ou avoine lors de la 2 ème
année et jachère lors de la 3 ème année) remplace l'assolement biennal (céréales
lors de la 1ère année et jachère lors de la 2 nd année) et cela principalement en
France. Dans certaines régions du monde, comme la Grande-Bretagne, on a
même une suppression de la jachère avec un assolement quadriennal.
Ce système d'assolement, sans utiliser la jachère, est plus connu sous le nom de
système de Norfokl, et ce système est apparu en Grande-Bretagne et en Hollande
vers l'année 1720.
En fait, dans ce système on associe aux céréales des plantes, comme le saint, le
trèfle ou la luzerne, qui sont des plantes riches en azote, et cette technique
permet donc de rajouter de l'azote aux plantes et d'avoir ainsi un effet
régénérateur sur la plante pour pouvoir éviter la jachère. Ce système était déjà
apparu dès le XIIIème siècle en Chine.
Parallèlement à cela, on voit apparaître le début du phénomène de sélection des
animaux d'élevages et des cultures.
Toutes ces nouvelles techniques ont surtout permis d'accroître la productivité du
travail agricole avant de permettre l’accroissement des rendements de la terre,
qui dépendront de bien d’autres inventions, dont, principalement celles qui
seront liées à de nouveaux outils de production et à l’introduction de nouvelles
cultures.

Les nouveaux outils.


Pour permettre la mise en place de ses nouvelles techniques de culture, on voit
aussi l'apparition de nouveaux outils agricoles :
a/ La faux remplace la faucille
b/ L'usage de la charrue en métal (acier) se développe.
c/ On voit aussi apparaître le semeur, la batteuse, la houe tractée, la faneuse
(machine qui servait à faner, c'est à dire épandre et retourner l'herbe coupée
pour qu'elle sèche), et le semoir.

Les nouvelles cultures


On voit aussi apparaître de nouvelles cultures. Les plus importantes sont bien sûr
le maïs et la pomme de terre mais il y a aussi un développement du coton et
aussi de la rave, du trèfle, du colza, du houblon , du sarrasin, des carottes, etc…
En même temps on voit le démarrage de la science agronomique.

Dans le reste du monde


Ces nouvelles techniques et cultures concernent surtout l'Europe, mais on voit
aussi apparaître de nouvelles techniques dans les pays d'Orient.

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En Inde, on améliore les techniques de culture du coton. En Chine, on développe
la culture de la patate douce, on développe la culture de coton, l’huile végétale,
le tabac, la canne à sucre, on développe aussi les rizières .
De plus, on améliore la culture du riz avec une diversification des variétés du riz.
Au Japon, on augmente le rendement des cultures en utilisant des fertilisants.

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