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Université Ferhat Abbas, Sétif 1

Faculté des sciences de la nature et de la vie

Département des sciences agronomiques

Licence sol et eau

Notes de lectures du Cours de Mise en valeur des terres

Préparé par : M. Louadj Y

Email : pédologist899@gmail.com
Louadj.y@univ-setif.dz

Année académique : 2019/2020


Chapitre I Histoire de l’Agriculture et systéme Alimataires - Impact de

l’utilisation des terres pour l’Agriculture sur la ressource en sol *

1- L’homme et l’Agriculture – de la préhistoire à l’ére industrielle : Approche


sociologique

2- La révolution verte -Enjeux de la productivité à tout prix au dépend de la santé


des écosystémes : Emergence de l’Agro-Industrie, de l’Agro-chimie et
l’Agriculture intensive

3- Transition Agro-écologique - changement de paradigme dans les systémes de


production agricole : l’approche éco systémique au centre des systèmes de
production agricole ; Les sols agricoles – Evolution de la perception des sols
agricoles : de la notion de fertilité vers le concept de qualité/santé des sols ;
Prochaine révolution dans les agro-écosytémes : La Santé/Qualité des sols

*Document consultés : FAO. 2000. La situation mondiale de l’agriculture et de


l’alimentation ; FAO. 2014. L’agro-écologie pour la sécurité alimentaire et lanutrition :
compte rendu du symposium international de la FAO ; Louis Malassis. 1996. Les Trois
ages de l’alimentation ; Chabert Ariane et Jean-Pierre Sarthou. 2017. Le sol agricole,
une ressource indispensable négligée.
1- L’Homme et L’Agriculture : de la pré-histoire jusqu’à l’ére Industrielle

Depuis le début de l’Humanité, soit il y a environ 3.000.000 d’années, l’homme s’est


toujours posé la même question: comment me nourrir? C’est la diversité des réponses à
cette question permanente, qui fait l’Histoire et la Géographie alimentaire. Nous
convenons d’appeler système alimentaire, la façon dont les hommes s’organisent pour
obtenir et pour consommer leur nourriture. Le temps humain, soit environ 3.000.000
d’années, peut être divisé en trois âges alimentaires, chacun étant caractérisé par la
prédominance d’un système alimentaire: respectivement l’âge pré-agricole, l’âge agricole et
l’âge agro-industriel.

L’ÂGE PRÉ-AGRICOLE : L’âge pré-agricole est celui du triomphe du système de la


cueillette, de la chasse et de la pêche. L’homme prélève ses aliments sur son environnement
végétal et animal, soit sur les éco-systèmes naturels. C’est la période de l’aliment sauvage.
Ce stade implique déjà une somme considérable de connaissances. Il faut savoir le lieu et le
moment de disponibilité de la plante, la partie consommable, la façon de consommer. De
l’avis des spécialistes, la prospection du monde végetal au cours de la période pré-agricole fut
remarquable. L’événement majeur de l’âge pré-agricole est le passage de l’aliment cru à
l’aliment cuit. Ce passage posa le probleme des modes de cuisson et engagea l’humanité sur
la voie de la cuisine. L’aliment est une substance nourrissante acceptée par l’homme, mais
les nourritures sont des combinaisons d’aliments, le plus souvent cuits et cuisinés.
C’est la recherche de la nourriture qui développa l’homme culturellement et structura
initialement les sociétés.

L’ÂGE AGRICOLE : l’agriculture apparaît dans les 10.000 ans, précédant notre ère en
plusieurs zones du monde. Trois centres de formation et de diffusion de l’agriculture sont
particulièrement importants: le Proche-Orient, l’Asie du Sud-Est et la méso-Amérique.
La période agricole est caractérisée par quelques traits fondamentaux qui persistent pendant
toute cette période. L’homme passe du stade de prédateur à celui de producteur. Il
substitue aux écosystèmes naturels des agro-systèmes et artificialise les milieux et les
produits. La consommation s’organise au sein d’unités domestiques qui sont le plus
souvent, à la fois de unites des production et de consommation. L’agriculture développa la
sédentarité et créa une nouvelle base de structuration sociale fondée sur le territoire
exploité. Le passage de la cueillette à l’agriculture constitue un bond culturel exceptionnel,
mais Probablement aussi, une certaine régression sociale pour les paysans. A la relative
égalité des premières sociétés agraires ( Société agricole), se substitua partout l’inégalité
sociale. Les puissants, les riches et les habiles comprirent que posséder la terre, c’était
aussi posséder les hommes, et que la terre était un moyen de domination. Toute la période
agricole fut celle de la domination des paysans par une minorité de privilégiés.

L’ÂGE AGRO-INDUSTIEL : La révolution industrielle du 18 éme siècle bouleversa le


système alimentaire de la période agricole et lui substitua un autre système que nous
appelons agro-industriel. Le développement industriel eut en effet des conséquences
majeures, indirects et directs sur l’agriculture et l’alimentation. Les effets Indirects, car la
croissance industrielle entraîna celle des complexes urbano-industriels, le développement de
l’économie alimentaire marchande, La commercialisation de l’agriculture. La machine
à vapeur révolutionna les transports terrestres et maritimes, qui, avec l’usage du froid
(transports frigorifiques), rendit possible le transport à grande distance de produits
pondéreux et périssables, et la création de grands marchés nationaux puis internationaux.
Il en résulta la spécialisation régionale de l’agriculture et la division internationale du
travail agricole. Des effects directs, car l’industrie participa de plus en plus à la production
des denrées alimentaires. L’industrie se substitua d’abord à l’agriculture pour la
transformation des produits agricoles (par exemple le beurre dit industriel se substitua au
beurre fermier), puis aux activités domestiques, par la production d’aliments services
(aliment prêt à cuire pré-cuit, cuisiné) et servis (développement de la restauration). C’est la
période du triomphe de l’aliment agro-industriel ( premier Age Agro-Industriel)

2. Révolution verte : Enjeux de la Productivité des cultures au depend du bon


fonctionnement des écosystémes

La population de la planète dépasse actuellement le cap des 6 milliards d'humains,


disposant chacun de quelque 2 700 calories par jour, alors qu'en 1950, elle était d'environ 2,5
milliards de personnes disposant de moins de 2 450 calories. C'est dire, qu'en 50 ans,
l'augmentation de la production agricole mondiale a été 1,6 fois plus importante que la
production totale atteinte en 1950, après 10 000 ans d'histoire agraire.
Les facteurs responsables de l’augmentation de la production vivriére dans le monde

Ce gigantesque bond en avant de la production vivrière est dû aux facteurs suivants:

• généralisation dans les pays développés de la révolution agricole contemporaine


(motorisation, mécanisation à grande échelle, sélection, utilisation de produits
chimiques, spécialisation), et de son extension dans quelques secteurs limités des pays
en développement;
• extension plus large, dans les pays en développement, de la révolution verte (sélection
de variétés de céréales et de quelques autres plantes domestiques à haut rendement
potentiel, adaptées aux régions chaudes, et utilisation de produits chimiques), forme de
révolution agricole contemporaine sans motomécanisation lourde;
• extension des superficies irriguées, qui sont passées de quelque 80 millions d'hectares
en 1950 à environ 270 millions d'hectares aujourd'hui;
• augmentation des superficies de terres arables et de cultures permanentes, qui sont
passées dans le même temps de quelque 1 330 millions à plus de 1,5 milliard
d'hectares3;
• développement, dans les régions les plus densément peuplées du monde et dépourvues
de nouvelles terres à défricher ou à irriguer, de formes d'agricultures mixtes
(combinant cultures, arboriculture, élevages et, parfois, pisciculture) à biomasse utile
très élevée.

La révolution Agricole Moderne : Agro-Industrielle , Agro-Chimique, Conventionnel

Le triomphe de la révolution agricole contemporaine ici, l'essor de la révolution verte,


l'extension de l'irrigation, les défrichements et le développement de formes d'agricultures
mixtes à biomasse utile élevée là, la stagnation et l'appauvrissement ailleurs, tels sont les
mouvements contrastés et contradictoires de la modernisation de l’Agriculture qu’on peut
expliquer par les révolutions suivantes

la révolution agricole contemporaine, qui a triomphé dans les pays développés dans la
seconde moitié du XXe siècle, a reposé sur le développement de nouveaux moyens de
production et d'échange, eux-mêmes issus des révolutions industrielle, biotechnique, des
transports et des communications.
La deuxième révolution industrielle a fourni les moyens de la motorisation (moteurs à
explosion ou électriques, tracteurs et engins automoteurs de plus en plus puissants, carburants
et électricité); les moyens de la mécanisation à grande échelle (machines aratoires, de
traitement et de récolte de plus en plus complexes et performantes); les moyens d'une
fertilisation minérale intense (engrais ammoniacaux, nitriques, ammoniaco-nitriques, engrais
phosphatés, engrais potassiques et engrais composés); et les moyens de traitement contre les
ennemis des cultures et des élevages (herbicides, insecticides, fongicides, produits
zoopharmaceutiques, etc.); et les moyens de conservation et de transformation des produits
végétaux et animaux (industrialisation des procédés de conservation par le froid, par la
chaleur, par séchage, par fumage, par lyophilisation, par ionisation, par fermentation, par
adjonction de sel, de sucre et d'autres produits conservateurs).

La révolution biotechnique a fourni, par la sélection, des variétés de plantes cultivées et des
races d'animaux domestiques à haut rendement potentiel, tout à la fois adaptées aux nouveaux
moyens de production industriels et capables de les rentabiliser.

La révolution des transports, commencée au XIXe siècle avec le développement des chemins
de fer et des bateaux à vapeur, a connu un nouvel essor avec la motorisation des transports par
camion, par chemin de fer, par bateau et par avion, ce qui a fini de désenclaver les
exploitations et les régions agricoles, et leur a permis de s'approvisionner de manière de plus
en plus large et lointaine en engrais, en aliments du bétail et autres moyens de production, et
d'écouler massivement et très loin leurs propres produits.

Parallèlement, la révolution des communications, basée pour une part sur la révolution des
transports mais aussi sur les télécommunications, a fourni les moyens d'information et de
transactions commerciales à distance qui ont conditionné l'essor du commerce lointain et
l'organisation de structures administratives, productives, commerciales et financières de
grande envergure, inséparables de la révolution industrielle et agricole contemporaine.

Cette immense métamorphose ne s'est pas produite d'un seul coup. Elle apparaît au contraire
comme une suite de transformations graduelles qui se sont développées au rythme des
avancées de l'industrie, de la sélection, des transports et des communications, au rythme de
l'agrandissement et de la capitalisation d'un nombre toujours plus réduit d'exploitations.
La modernisation agricole a suivi les progrès de l'industrialisation, des techniques
d'amélioration génétique, des transports et des communications, s'accompagnant d'une
extension des exploitations.

3. Transition Agro-écologie et Santé des sols : Nouveau paradigme pour le 21 éme


siécle en Agriculture

Enjeux de la productivité et de la régénération des écosystèmes naturelles : Sol-


Eau-Biodiversité

Notre système de production alimentaire actuel, mondialisé et industrialisé, n’est pas


parvenu à convaincre de sa durabilité au regard des trois aspects de la durabilité
(économique, social ou environnemental). Une compréhension en profondeur de ce que peut
représenter une approche holistique et écologique du système alimentaire peut susciter les
changements nécessaires à une reconstruction de sa durabilité.

Les agriculteurs ont la réputation d’être des innovateurs et des expérimentateurs, toujours
disposés à adopter de nouvelles pratiques quand ils y voient un avantage, tout en restant
attachés à celles qui ont fait leurs preuves dans la durée. Cependant, au long des dernières 5
à 6 décennies, le principal moteur de l’innovation agricole a été une obsession du haut
rendement et une vision étroite et court-termiste de la rentabilité de l’exploitation ( voir le
point sur la révolution verte : Enjeux de la productivité à tout prix), entraînant des
résultats remarquables pour certains producteurs, mais trop fréquemment au prix de toute une
série d’effets secondaires environnementaux et sociaux. Ces conséquences sur
l’environnement et la rentabilité des exploitations agricole, ont poussés les agriculteurs a se
trouver vers une nouveau mouvement agricole centré l’exploitation efficiente des
ressources naturelles en utilisant moins d’intrant chimique ou industriels. Cette transition
dans les systémes agricoles est appelé communément « Transition Agro-écologique », qui
se base dans sa gestion de l’exploitation agricole sur l’écologie où les ressources en sol et
en eau et phyto-génétique ( végétaux) sont aux cœurs de l’exploitation agricole avec
comme objectif principale l’utilisation efficience des ressources naturelles pour plus de
produits agricoles « diverse » et une protection de l’écosystéme naturelle.
Les Sols agricoles : Evolution des concept de la fertilité des sols vers la qualité des sols-
Changement de paradigme : le sol au centre de la productivité des agro-écosystémes

L’analyse de la qualité des terres a évolue de la notion de fertilité des sols : approche
purement chimique) vers la notion de qualité ou santé des sols qui tiens compte d’une
approche éco-systémique et biologique et de protection ( conservation) de la ressource en
sol.

Le lien étroit entre l’homme et le sol remonte aussi loin que les prémices de l’agriculture ( La
pré-Histoire 10 000 ans). L’évolution des sciences et de l’industrie, notamment d’après-
guerre ( 1945) a cependant fondamentalement remanié notre rapport au sol (A). Néanmoins,
les prises de conscience des dommages environnementaux liés à l’activité humaine ont fait
naitre à la fin du siècle « 20 éme siécle » dernier la notion de sol-habitat (B), qui est
aujourd’hui à la base d’un changement de paradigme dans la prise en compte de la santé
des sols en agriculture (C).

A) L’évolution de la perception du sol agricole de l’antiquité au 20 éme siècle

Dès l’Antiquité (début de l’écriture il y a 4000 ou 5000 ans), les agronomes posent les
contours d’une compréhension de l’abondance et de la qualité des récoltes en relation
avec le paysage et le sol, et les critères d’évaluation de ce dernier sont alors principalement
la texture (composition et proportion des éléments constitutifs : argile, limons, sables)
mais aussi la couleur, l’odeur et le goût. Les bases de ce que nous appelons aujourd’hui la
fertilité d’un sol, de même que les règles empiriques permettant son amélioration et son
entretien, sont dès lors jetées. Plus pragmatiquement, l’approche de la « qualité d’un champ
» s’apprécie par le rapport entre les efforts nécessaires à sa mise en valeur et la production
qui en est obtenue. Ces jugements permettent ainsi de définir une valeur économique des
parcelles agricoles en vue d’échanges. Pendant des siècles, la notion de fertilité n’existait
donc pas en tant que telle et l’on parlait simplement de ce qu’il fallait faire pour « bien
cultiver ses terres ». Cette appréhension globale de la notion de fertilité des terres donna
lieu aux révolutions agronomiques ( Travail du sol, Amendement organique : fumier )
ayant déjà permis de fortes augmentations de productivité surfacique et du travail ; du
MoyenÂge ( 800-1200) puis de la Renaissance ( 1200-1500), basées autant sur des
inventions en machinisme ( Travail du sol ) Que sur une meilleure utilisation de la
biodiversité cultivée ( Prémices de l’Agro-écologie).
C’est au 19 éme siècle, avec les travaux du chimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873)
qui révolutionne l’agriculture en identifiant les fondements de l’alimentation minérale des
plantes, que la notion de fertilité du sol prend réellement corps et sera que la notion de
fertilité du sol prend réellement corps et se rependant des décennies associée à des
caractéristiques chimiques des sols. Liebig oppose en effet aux théories dominantes de
l’époque, essentiellement basées sur l’importance de l’humus, son éclairage nouveau sur
l’alimentation végétale, l’identification des éléments essentiels à la croissance des plantes
(l’azote, le phosphore et le potassium) et la notion de facteur minéral limitant ( Rappel du
cours D’agronomie 1 : Partie Sol). Même si les découvertes de Liebig ont par la suite été
critiquées, remises en cause et amendées, y compris par lui-même, elles sont à la base, il y a
près de 180 ans, de l’industrialisation de l’agriculture ( révolution Agro-chimique et
Agro-Industrielle). Liebig défendra notamment l’idée que le sol n’est pas la source de tous
les éléments nécessaires à la plante. Les développements que connut l’agriculture suite à cette
découverte ont conduit à une augmentation du rendement des cultures et les agriculteurs
contraints de travailler de « mauvais sols » ont alors trouvé le moyen, chimique, de
s’affranchir de cette contrainte. Mais ce bouleversement technique de la production agricole
eut comme conséquence une augmentation de la dépendance de l’agriculture aux intrants
industriels chimiques ( Agro-Chimie). Il eut comme autre conséquence, bien plus insidieuse,
d’accélérer l’érosion des terres arables ( Voir Le module de conservation des sols) et de
faire évoluer la perception du sol qui ne fut alors plus considéré comme une ressource
indispensable au bon développement des plantes, puisque l’on pouvait, par l’ajout d’intrants,
compenser là où le sol était défaillant.

Le sol est alors perçu par les nouvelles générations d’agriculteurs et particulièrement par ceux
qui feront la révolution industrielle de l’après Seconde Guerre Mondiale, comme un «
support » à la croissance des plantes, présentant des propriétés intrinsèques en termes de
structure et de capacité à retenir l’eau et les minéraux qui doivent leur être apportés. on parle
alors essentiellement de fertilité du sol. Le sol n’est reconnu que pour sa bonne ou mauvaise
propension à porter les cultures. Cette fertilité est mesurée par une batterie d’indicateurs,
toujours utilisés aujourd’hui, comprenant la richesse et la disponibilité en éléments nutritifs,
la profondeur, la texture, la pierrosité… Elle représente l’ensemble des propriétés physico-
chimiques d’un sol et donc l’ensemble des contraintes et avantages qu’il présente pour
l’agriculteur. Un « bon » sol, ou sol fertile, est alors un sol sur lequel il est facile de produire
et s’oppose au « mauvais » sol, qui ne sera productif que si l’on y apporte suffisamment de
fertilisants, de travail du sol et d’eau. Ainsi, pendant la seconde moitié du 20 ème siècle et le
début du 21 éme ( Révolution verte) , le sol a été perçu comme un support dont on pouvait
améliorer les propriétés physiques et chimiques pour un meilleur développement des cultures,
par le biais d’interventions culturales souvent lourdes et énergivores (labour et autres travaux
du sol, drainage, fertilisation, amendements organiques et calciques…).
Dans les années 1980, la population mondiale grandissante, la limitation des ressources,
l’instabilité sociale et les dégradations environnementales préoccupantes pour les processus
naturels vitaux, ont considérablement changé notre perception de l’agriculture et de la gestion
des ressources naturelles. La santé des écosystèmes est alors devenue une préoccupation
globale et le sol agricole ne fait pas exception. d’autant qu’on se rend alors compte que des
sols jusqu’alors réputés « bons » perdent en fertilité. La puissance de traction nécessaire pour
tirer la charrue augmente de 30 à 80 ch traduisant une déstructuration et un tassement des
sols devenus plus difficiles à travailler. En parallèle, l’apport d’azote nécessaire aux
cultures pour atteindre de mêmes niveaux de rendement augmente continuellement, passant,
au début des années 1960, de 60 à 75 unités de blé produites par unité d’azote de synthèse
apportée, à seulement 20 à 30 Unités de blé / par unité d’azote de synthése apporté au début
des années 2000. Ces constats mettent en avant les limites de l’industrialisation de
l’agriculture et ont incité les acteurs du monde agricole à reconcevoir leur vision du sol ( la
Transition Agro-écologique).

B) Le 21 ème siècLe : L’émergence de La notion de soL-haBitat

Les différentiels de productivité observés malgré la fertilisation minérale croissante, sont


pour l’essentiel imputable à une baisse de la capacité du sol à fournir une partie de
l’alimentation azotée des plantes via le processus de minéralisation de l’humus . Cette
baisse est la conséquence de la diminution de la teneur des sols en humus, causée par des
processus de destruction de ce dernier (i.e. par minéralisation) plus importants que les
processus de son élaboration (i.e. par humification), essentiellement du fait d’un manque
d’entretien organique des sols mais aussi d’un travail du sol trop important accélérant la
minéralisation de l’humus.

Rapidement, les pratiques intensives ( Agriculture Intensive), reposant essentiellement sur


des intrants industriels ( Agro-Industrie), sont remises en cause. on commence alors à
s’interroger sur l’importance des organismes du sol sur la structure et la fertilité de celui-ci
et l’impact des pratiques sur ces organismes. on ne parle désormais plus seulement de
fertilité, mais de qualité des sols, définie en tant que « capacité d’un sol à fonctionner au
sein des limites d’un écosystème pour supporter la productivité biologique, maintenir la
qualité environnementale et promouvoir la santé des plantes et des animaux ». on réalise
que le sol a sa propre vie et que les phénomènes de perte de fertilité s’expliquent par
l’altération de l’activité des organismes du sol et des processus biologiques auxquels ils
participent. Le sol est désormais considéré au travers de ses deux composantes : abiotique et
biotique, soit inerte et vivante ; le sol est pour la première fois perçu comme un habitat ou
Un écosystéme vivant. La qualité du sol ne dépend donc pas seulement des propriétés
physiques et chimiques mais également de sa composante biologique et des fonctions (
Voir multifonctionnalité des sols du module de conservation des sols) qu’elle assure
puisque de celles-ci découlent en grande partie les caractéristiques physicochimiques du sol
dont dépend ensuite la croissance des plantes.

C) La santé du sol = Santé des plantes = santé Humaine : un nouveau paradigme

En même temps que la notion de qualité, est apparue la notion de santé du sol. Elle
correspond entre autres à la stabilité de l’écosystème sol au travers de sa résilience au
stress, sa diversité biologique et le niveau de recyclage interne des nutriments. La
définition de la santé du sol ne fait cependant pas consensus au sein de la communauté
scientifique et certains considèrent la santé du sol comme une composante de sa qualité,
faisant uniquement référence à l’écologie du sol. Plus généralement, santé et qualité sont
considérées comme synonymes, même si la notion de santé est souvent préférée à celle de
qualité car elle entretient une vision plus « vivante » du sol, plus dynamique, impliquant une
approche holistique de ce dernier.
Le terme « santé » n’est pourtant pas anodin. Reconnaitre que le sol dispose d’une santé
propre, c’est reconnaitre que son état peut être altéré. Les constats de perte de fertilité des
sols qui ont conduit à l’émergence de ces termes ont en effet prouvé que les sols pouvaient
perdre en fertilité sous la pression de l’activité humaine ( Voir les causes humaines de
dégradation des sols du module Conservation des sols ). De plus, la récente
démocratisation de l’agriculture de conservation ( Voir dernier chapitre du module
conservation des sols : Préservation de la structure du sol par le Semis direct) ou l’Ago-
écologie ( Transition Agro-écologique) , considérant le sol comme une ressource
fondamentale, a également montré que l’activité humaine est aussi en mesure de préserver
et reconstituer la fertilité d’un sol, de le « soigner ». Un certain nombre de pratiques sont
aujourd’hui reconnues pour leur contribution à la bonne santé du sol (healthy soil
management). Parmi elles, le non-travail du sol, la diversification des cultures de vente et
intermédiaires (avec introduction de légumineuses), l’utilisation de couverts végétaux
pendant l’interculture ainsi que l’utilisation d’amendements organiques sont reconnus pour
contribuer notamment à une communauté microbienne des sols, active, diverse et source
de services ; c’est l’un des principes fondamentaux de la transition agro-écologique.

La mise en valeur des terres est un ensemble de procédés d’évaluation des terres ,
d’affectation des terres pour une utilisation actuelle et d’amélioration des terres pour
une utilisation des terres potentielle. dans les deux prochains chapitres , on va discuter l’
étape la plus importante dans la mise en valeur des terres qui l’évaluation des terres qui
nous permet de faire un diagnostic sur l’état des terres pour une ou plusieurs
affectations de terres, ensuite vous allez approfondir vos connaissances sur les concepts
clés de la mise en valeur des terres selon le cadre décrit par la FAO ( Food Agriculture
Organisation ).
Chapitre II : Evaluation des terres en vue de leur mise en valeur *

1. Généralités sur l’évaluation des terres : un bref Historique et définition du


concept selon le cadre de la Fao

2. Planification d’une étude de mise en valeur des terres : relation objectifs de


l’étude et échelle de l’étude

3. Les systémes d’évaluation des terres - catégoriques « non paramétriques » ou


classification d’aptitude des terres avec 4 niveaux hiérarchique se le Cadre
d’évaluation des terres définis par la FAO ; les systémes d’évaluation
paramétriques : se basant sur le calcul d’indices Indice de productivité des
terres » à partir d’indicateur de qualité des terres pour une production agricole
donnée «

*Documents consultés : Thése de Doctorat de M. Emery Kasongo Lenge Mukonzo


intitulé : Système d’évaluation des terres à multiples échelles pour la détermination de
l’impact de la gestion agricole sur la sécurité alimentaire au Katanga, R.D. Congo (
2008) ; Cadre d’évaluation des terres de la FAO : Bulletin pédologique de la FAO (
1976) et Evaluation des Terres pour l'Agriculture Irriguée: Directives - Bulletin
Pédagogique de la FAO - 55
1- Généralités sur l’évaluation des terres : Historique et Définition selon le cadre la
FAO

L'idée de l'évaluation des sols et des terres n'est pas nouvelle. Déjà au XIIème siècle, Yahia
Ibn Mohammed, cité par Johnson (1978), notait que "la première étape en agriculture est de
reconnaître les sols et savoir comment différencier les bons sols des moins bons". L'intérêt de
l'évaluation des sols et des terres pour l'agriculture et pour les autres types d'utilisation
connaitra cependant un intérêt croissant durant .ces trois dernières décennies. Plusieurs
méthodes d'évaluation des aptitudes culturales des terres ont été mises au point '(STORIE;
LCC, FAO , Indices de productivités des terres). Actuellement, il devient de plus en plus
apparent que: l'évaluation des sols est une étape importante dans n'importe quel programme
de mise en valeur agro - sylvo - pastorale. Aussi il devient urgent d'établir, par ces, méthodes
d'évaluation, des classements des ressources en sol afin de définir les terres dites de qualité
(prime land) dans le but de les affecter aux utilisations qui leurs conviennent et de les
préserver contre tout risque ou abus.

L’évaluation des terres fournit des données et recommandations qui permettent de décider du
type de culture à pratiquer et où, et de répondre à d’autres questions de ce genre. Elle aboutit
au choix de la terre et du système de culture qui conviennent ainsi que des options en matière
d’irrigation et d’aménagement qui sont viables du triple point de vue physique, financier et
économique. La classification des terres est le fruit principal des études à conduire au titre de
l’évaluation. Elle indique l’aptitude de différents types de terre à différentes utilisations,
qu’illustrent généralement des cartes accompagnées de rapports

2. Planification d’une étude de mise en valeur à différentes échelles d’études

L’étude des ressources en terres et en eaux et la formulation de propositions en vue du


développement d’un projet de mise en valeur peuvent se faire à différents niveaux: pays,
bassin hydrographique ou hydrogéologique, projet, village, exploitation, champ.

Au niveau du pays, les études ont pour but de dresser un Plan-cadre de mise en valeur des
ressources en terres et en eaux. Ce plan comporte une évaluation des priorités accordées aux
différentes régions et zones du pays. Au niveau du bassin hydrographique ou
hydrogéologique, les études jettent les bases de la mise en valeur des eaux, de leur maîtrise à
diverses fins et de la planification de l’utilisation des terres (exemple: protection des bassins
hydrographiques, zonage des crues, zones potentiellement irrigables, mise en valeur des
deltas, des marécages et des zones soumises à l’influence des marées, etc.). Au niveau du
projet d’irrigation, on dresse un plan d’investissement dans l’irrigation, le drainage et la
protection contre les inondations. Au niveau du village, de l’exploitation ou du champ, les
études fournissent des données pour la gestion des eaux, les améliorations ou la remise en
état.

Les études de reconnaissance à petite échelle (du 1/100 000 au 1/250 000) (Tableau 3) servent
à faire l’inventaire général des ressources, à identifier les zones à bon potentiel de mise en
valeur et à mener des études plus détaillées. Vu leur nature composite, les unités
cartographiques ne donnent qu’une idée approximative de la mesure dans laquelle sont
réunies les conditions propres aux différentes catégories d’aptitude des terres. La méthode
d’étude dite du “système des terres” (concept des ensembles) (Christian et Stewart 1968) est
fréquemment employée et suffit parfois pour distinguer grosso modo les terres qui sont aptes
à certains types d’agriculture irriguée de celles qui y sont inaptes. A ce stade, les études
économiques indiquent approximativement les niveaux de la production et des revenus.

Les études semi-détaillées de préfaisabilité ou de faisabilité se font normalement à des


échelles allant du 1/25 000 au 1/50 000. Les unités cartographiques des sols se composent
d’un mélange d’unités homogènes (séries pédologiques) et d’unités composites (exemple:
associations de sols). Avec un degré d’échantillonnage assez poussé, ces études permettent de
planifier certaines mises en valeur jusqu’au stade de la conception.

Des études détaillées distinctes peuvent être nécessaires pour les sols et pour la topographie.
Les enquêtes pédologiques, dont l’échelle se situe normalement entre le 1/10 000 et le 1/25
000 et dont les unités cartographiques principales sont les séries et les phases de sols, servent
à la planification et à la mise en oeuvre de projets.

Elles sont également utilisées au niveau du village ou du bassin hydrographique pour étudier,
par exemple, la disposition des exploitations et les réseaux d’irrigation. Si la topographie
influe de façon importante sur la délimitation des terres appelées à être irriguées par gravité, il
peut s’avérer nécessaire de pousser davantage les études (au 1/5 000 par exemple) en vue des
opérations de nivellement des terres et d’ingénierie.
Les études très détaillées - à des échelles supérieures ou égales au 1/5 000 - sont nécessaires
lorsqu’il faut représenter des courbes de niveau très rapprochées pour déterminer les classes
de pente ou aligner des canaux d’irrigation et de drainage.

4. les Systèmes d’évaluation des terres

Les terres peuvent être évaluées par des méthodes paramétriques ou semi-paramétriques.
Dans ce qui suit, on va développer deux méthodes à savoir : INDICE de Productivité Des
Terres (Méthodes paramétriques) et Méthodes d’évaluation des terres de la FAO ( non
Paramétriques ou catégoriques)

4.1. Les Systémes d’évaluation des terres paramétriques Indice de productivité agricole

Cette séquence du système vise à déterminer, à partir des données pédologiques de bas le
niveau auquel une terre convient pour l’agriculture en général. C’est un outil qui permettra de
séparer objectivement les bonnes terres agricoles de celles qui ne le sont pas. La
méthodologie consiste dans l’attribution d’un score compris entre 0 et 1 à chacun des
facteurs (caractéristiques ou qualités des terres) jugés pertinents pour l’agriculture pluviale,
puis un indice de productivité des terres est calculé en multipliant les scores des tous les
facteurs considérés. La multiplication des scores a pour conséquence de faire ressortir
l‟influence de chaque facteur sur la valeur finale de l‟indice calculé.

Sélection des indicateurs de la productivité des terres les indicateurs constituent l’élément
de base de n’importe quel système de contrôle ou d’appréciation et devraient en refléter toute
la complexité. outre la gestion de la culture et les caractéristiques génétiques du matériel
végétal cultivé, la productivité agricole des terres est sensiblement influencée par les
indicateurs suivants :
- toutes les conditions qui déterminent l‟équilibre air-eau dans le sol (D); - les conditions qui
déterminent la résistance mécanique du sol à la pénétration des racines et le volume de la zone
trophique disponible pour la plante (P); - les conditions régissant la fertilité chimique
naturelle du sol (F); - la pente du terrain (Pt).

L‟indice de productivité des terres a été obtenu par multiplication des scores de tous

IPt = D*F*P*Pt
Les valeurs de l‟indice de productivité ont permis de situer chaque unité des terres dans une
classe de productivité . En fonction de ces indices, les unités des terres ont été reparties dans
des classes de productivité agricole selon l‟échelle présenté dans le tableau suivant
Tableau1. Classification de la productivité agricole des terres Indice de productivité
agricole Classe de productivité agricole

4.2. Système d’évaluation non paramétrique : Cadre d'évaluation proposé par la FAO

Le cadre proposé par la FAO (Soils Bulletin #32, 1976) offre une structure similaire à celle
du système précédent. Il est basé sur l'évaluation du comportement des terres utilisées à des
fins spécifiques, agricoles ou autres. Ce cadre est valide à plusieurs échelles de travail. Il
permet d'évaluer l'aptitude actuelle d'un type de sol pour un type d'utilisation donné et son
aptitude potentielle après amélioration. Par exemple, un sol peut être impropre à la production
de maïs en raison de son mauvais drainage, mais peut devenir très apte suite à la pose de
drains souterrains.

Le système de classification de la FAO comporte quatre niveaux de généralisation : a) l'ordre


d'aptitude , b) la classe qui indique le degré d'aptitude à l'intérieur d'un ordre, c) la sous-classe
qui indique les types de limitation ou les principales améliorations nécessaires et finalement,
d) l'unité d'aptitude qui indique les différences mineures à l'intérieur d'une sous-classe.

La classe SI regroupe les sols présentant aucune limitation à l'épandage, par exemple. Dans la
classe S2, les sols sont moyennement aptes, c'est-à-dire que les limitations sont corrigibles à
un coût acceptable par rapport aux bénéfices escomptés. Les sols peu aptes se classent S3 et
présentent des limitations telles que le coût des mesures correctives est trop élevé. Les
revenus attendus seraient alors nuls. Finalement, la classe NI réunit les sols jugés inaptes en
raison de limitations physiques permanentes incorrigeables (topographie, climat, etc.).
Figure 1. Système de classification d’aptitude des terres ( FAO, 1976)

Dans les sous-classes, les lettres minuscules se réfèrent à la nature d’un besoin ou d’une
limitation (exemple: t pour topographie et d pour drainage). Se reporter au Tableau 17 pour la
liste des symboles des sous-classes. Il est également possible d’utiliser les unités d’aptitude
des terres (subdivisions des sous-classes) pour indiquer une légère différence d’aménagement.
Chapitre 3 : Concepts Fondamentaux et Terminologie utilisée dans

L’évaluation des terres pour l’Agriculture *

1- Terres
2- Types d’utilisation des terres
3- Caractéristiques et qualité des terres
4- Les besoins et les limitations
5- Améliorations des terres
6- Aptitudes et capacités productives de terres

Dans ce qui va suivre, Les questions débattues sont fondées sur


certaines notions et définitions fondamentales concernant la terre
proprement dite, les catégories d'utilisation des terres TUT, leurs
caractéristiques, qualités, les limitations et les améliorations qu'on
peut leur apporter et enfin les aptitudes et capacités productives de
terres.

*Document Consultés : Cadre pour l’évaluation des terres : Bulletin pédagogique de la


fa Fao ( 1976)
1. Terres

On entend par terres l'environnement physique, y compris le climat, le relief, les sols,
l'hydrologie et la végétation dans la mesure où ces derniers influent sur leur potentiel
d'utilisation. Elles comprennent les résultats des activités humaines passées et présentes
(conversion des rivages en terres convenablement asséchées, défrichement de la végétation ou
même des résultats négatifs, comme la salinisation des sols). Le concept des terres ne
comprend pas, toutefois, des caractéristiques purement socio-économiques qui s'inscrivent
dans leur propre contexte.

Par unité cartographique des terres on entend une superficie de terre délimitée sur une carte et
possédant des caractéristiques déterminées. Les unités cartographiques terrestres sont définies
et cartographiées moyennant la prospection des ressources naturelles, par exemple, des
enquêtes pédologiques, l'inventaire des forêts, etc. Leur degré d'homogénéité ou de variation
interne dépend du niveau de l'étude. Dans certains cas, une même unité cartographique peut
englober deux ou plusieurs types de terre distincts, possédant des aptitudes différentes,
comme, par exemple, un champ d'inondation constituant une seule unité cartographique, mais
comprenant aussi bien des superficies alluviales bien drainées que des superficies
marécageuses. Le concept des terres est, par conséquent, plus vaste que celui des sols ou de
la topographie. Les variations des sols, ou des sols et des formes du relief, sont souvent la
principale cause des différences entre les unités cartographiques d'une même zone, et la
définition de ces dernières est donc parfois fondée principalement sur les enquêtes
pédologiques. On ne peut pas, toutefois, évaluer la vocation des sols pour telle ou telle
utilisation des terres sans tenir compte des autres aspects de l'environnement, et c'est pourquoi
c'est sur la base du concept des terres qu'on évalue leur aptitude.

2 les types d’utilisation des terres

L'évaluation de l'aptitude des terres demande que l'on apparente les unités cartographiques à
des types d'utilisation bien définis compatibles avec les conditions physiques et socio-
économiques générales qui règnent dans une région donnée. L'utilisation des terres fait l'objet
de l'évaluation de ces dernières et peut être divisée en catégories principales ou types
d'utilisation des terres.
2.1 Catégories principales ou types d'utilisation des terres

Une catégorie principale d'utilisation des terres est une grande subdivision de l'utilisation du
territoire rural, telle que l'agriculture irriguée et non irriguée, les pâturages, la sylviculture ou
les loisirs. Les catégories principales d'utilisation des terres sont généralement prises en
considération dans les études qualitatives ou de reconnaissance.

Un type d'utilisation des terres est un mode d'utilisation dont la définition est plus détaillée
que celle d'une catégorie principale. Les études d'évaluation quantitative prennent
généralement en considération des types d'utilisation des terres décrits avec autant de
précision qu'il le faut. Ils ne représentent donc pas un niveau de catégorie dans une
classification d'utilisation, mais se rapportent à toute utilisation bien définie d'un niveau
inférieur à celui de la catégorie principale.

Un type d'utilisation des terres consiste en un ensemble de spécifications techniques dans un


contexte physique et socio-économique donné. Il peut s'agir de l'environnement tel quel ou
d'un contexte futur modifié par des améliorations importantes apportées à la terre, comme dès
projets d'irrigation et de drainage, par exemple. Les éléments des types d'utilisation des terres
comprennent des données ou des hypothèses sur:

- la production, comprenant les biens (cultures, bétail, bois d'oeuvre), les services (loisirs) ou
autres avantages (conservation de la faune sauvage); - l'orientation du marché: production
dirigée vers la subsistance; ou vers le commerce; le coefficient de capital; - le coefficient de
main-d'œuvre ; - les sources d'énergie (main-d'oeuvre, animaux de trait, machines actionnées
au carburant);- les connaissances techniques et l'attitude des utilisateurs fonciers; - les
techniques employées (outils et machines, engrais, races animales, transport agricole,
méthodes d'abattage des arbres); - les infrastructures nécessaires (scieries, fabriques de thé,
services consultatifs agricoles); - la taille et la configuration des propriétés foncières
(remembrées ou morcelées); - le régime foncier (tenures juridiques ou droits coutumiers par
des particuliers ou des groupes); - les niveaux des revenus exprimés par habitant, par unité de
production (exploitation agricole, par exemple) ou par superficie unitaire.

Les méthodes d'aménagement des différentes terres soumises à un même type d'utilisation ne
sont pas nécessairement identiques. Il peut s'agir, par exemple, d'agriculture mixte, ou une
partie des terres est sous cultures et une autre consacrée aux pâturages. De telles différences
peuvent découler, soit des variations de la terre, soit des exigences du système
d'aménagement, soit des deux.

Ci-après, quelques exemples de types d'utilisation des terres:

i) cultures annuelles non irriguées d'arachides (cultures de rapport) + maïs (cultures de


subsistance) par des petits exploitants disposant de ressources de capital limitées et faisant
appel à des animaux de trait et à un fort coefficient de main-d'oeuvre sur des propriétés de 5 à
10 hectares;

ii) pratiques agricoles semblables à celles décrites à l'alinéa (i) ci-dessus, du point de vue
production, capital, main-d'oeuvre, énergie et techniques, mais effectuées sur une base
communautaire sur des exploitations de 200 à 500 hectares,

iii) production commerciale de blé sur de vastes propriétés foncières, avec un fort coefficient
de capital, un faible coefficient de main-d'oeuvre et un niveau élevé de mécanisation et de
biens de production;

iv) élevage extensif avec un coefficient de capital et de main-d'oeuvre moyen sur des terres
détenues et administrées par les services centraux d'une institution gouvernementale;

v) plantation d'essences de résineux exploitées par le département des forêts du


gouvernement, avec un fort coefficient de capital, un faible coefficient de main-d'oeuvre et
des techniques modernes;

vi) parc national à des fins de loisirs et de tourisme.

2.2 Utilisation multiple et polyvalente des terres

Ces deux termes se rapportent à des situations dans lesquelles plusieurs catégories d'utilisation
des terres sont pratiquées dans une même unité cartographique.

Par type d'utilisation multiple des terres on entend une même terre utilisée simultanément à
plusieurs fins, avec les inputs, les besoins et la production correspondant à chaque type
d'utilisation (par exemple, terre consacrée à la plantation de bois d'oeuvre et utilisée
simultanément à des fins de loisirs).
Par type d'utilisation polyvalente des terres on entend l'utilisation à plusieurs fins, soit en
rotation périodique sur une même terre, soit simultanément sur des parcelles distinctes d'une
terre, considérées, pour les besoins de l'évaluation, comme une seule unité (exemple,
agriculture mixte avec une partie des terres sous cultures et une partie consacrée aux
pâturages).

On peut parfois trouver un type d'utilisation convenable en groupant plusieurs unités


cartographiques sous une même gestion, comme par exemple celle de l'élevage faisant appel
aux basses terres pour faire paître le bétail pendant la saison sèche et aux hautes terres
pendant la saison des pluies, lorsque les basses terres sont inondées.

On définit les types d'utilisation des terres dans le but d'évaluer ces dernières. La description
de ces types n'a pas à comporter toute la gamme des pratiques d'aménagement, mais seules
celles qui touchent à l'aménagement et à l'amélioration de la terre. Au niveau d'études
d'évaluation détaillées, on peut étendre des types d'utilisation définis de près à des systèmes
agricoles en y adjoignant d'autres éléments de l'aménagement des exploitations. Inversement,
on peut adopter, pour définir des types d'utilisation des terres, des systèmes agricoles qui ont
déjà été étudiés et décrits.

3. Caractéristiques et qualités des terres et critères diagnostiques

La caractéristique d'une terre est une propriété qu'on peut mesurer ou évaluer, comme par
exemple, la raideur d'une pente, les précipitations, la texture des sols, la capacité de rétention
d'eau disponible, la biomasse de la végétation, etc. Les unités cartographiques établies sur la
base de prospections des ressources sont en principe décrites en termes de caractéristiques des
terres.

Lorsque dans une évaluation on se sert directement des caractéristiques des terres, on se
heurte aux problèmes que pose l'interaction entre ces dernières. Les risques d'érosion du sol
ne sont pas présentés uniquement par la raideur de la pente, par exemple, mais aussi par
l'interdépendance qui existe entre celle-ci et un certain nombre d'autres caractéristiques, telles
que la longueur de la pente, la perméabilité et la structure du sol, l'intensité d'une pluie, et
ainsi de suite. En raison de ces problèmes, il est souhaitable d'effectuer la comparaison entre
la terre et son utilisation en termes de qualités.
La qualité des terres : La terre possède une vaste gamme de qualités, mais seules celles qui se
rapportent aux possibilités d'utilisation envisagées doivent être définies. Une qualité de la
terre est applicable à un type donné d'utilisation de cette dernière lorsqu'elle influe, soit sur le
niveau des inputs requis, soit sur celui des avantages obtenus, ou encore sur les deux. Par
exemple, la capacité d'une terre de retenir les engrais est une qualité qui intéresse la plupart
des formes d'agriculture et qui influe aussi bien sur les apports d'engrais que sur les
rendements des cultures. De même, le degré de résistance à l'érosion est lié au coût des
travaux de conservation des sols nécessaires pour mettre les terres sous cultures, et la valeur
nutritive des pâturages à la productivité des terres consacrées à l'élevage.

Bien qu'on puisse parfois directement évaluer ou mesurer les qualités des terres, on fait
souvent appel à leurs caractéristiques pour les décrire. Les qualités ou caractéristiques dont on
se sert pour définir les limites des classes et des sous-classes d'aptitude des terres sont
appelées des critères diagnostiques.

Par critère diagnostique on entend une variable ayant une influence connue sur la production
d'un type d'utilisation des terres donné ou sur les inputs qu'il requiert; il peut s'agir d'une
qualité, d'une caractéristique ou de la fonction d'un ensemble de caractéristiques. A tout
critère diagnostique on appliquera une valeur critique ou une série de valeurs critiques servant
à définir les limites des classes d'aptitude.

EXEMPLES DE QUALITES DES TERRES : La disponibilité en eau

Celle-ci constitue une qualité qui se rapporte à une vaste gamme d'utilisations: cultures,
élevage (croissance des pâturages), sylviculture, etc.). Elle influe aussi bien sur la production
(rendements des cultures, par exemple) que sur les inputs nécessaires (paillage, quantités
d'eau d'irrigation nécessaires, etc.). Parmi les caractéristiques qui influent le plus sur la qualité
"disponibilité en eau" figurent: la pluviométrie (répartition saisonnière et variabilité);
l'évapotranspiration potentielle et, par conséquent, les autres caractéristiques qui entrent
forcément en jeu (température, humidité, vitesse du vent, etc.); la capacité de rétention d'eau
disponible et les caractéristiques qui la touchent (profondeur d'enracinement, capacité au
champ et point de flétrissement de chaque horizon, cette dernière étant, à son tour, influencée
par la texture, la teneur en matière organiques, etc.).
Une autre caractéristique importante des terres (qui peut être estimée, mais non pas mesurée
sur une brève période de temps) est la fréquence probable à laquelle la teneur en eau du sol
tombe au point de flétrissement dans toute la zone radiculaire. On ne se servirait en aucun cas
de toutes ces caractéristiques en tant que critères diagnostiques. Supposons, par exemple, que
dans une région à l'étude les différences relatives aux précipitations et à l'évapotranspiration
potentielle soient tellement minimes qu'elles ne seraient guère utiles pour différencier les
types de terres; ces caractéristiques viendraient s'inscrire dans le contexte physique de
l'évaluation et ne seraient pas utilisées pour définir les limites des classes d'aptitude; le critère
diagnostique le plus approprié utilisé à cette fin est sans doute la capacité de rétention d'eau
disponible du sol. Toutefois, lorsque les données pédologiques ne sont pas disponibles, on
peut faire appel à une fonction de la profondeur d'enracinement (à laquelle on appliquera une
série de valeurs critiques de l'ordre de 40 cm ou plus, 30 à 40 cm ou 24 à 30 cm pour définir
les limites des classes d'aptitude) et à une fonction de texture du sol qui, selon certains, sont
toutes deux en relation linéaire avec la capacité de rétention d'eau disponible.

4. Besoins et limitations

Un mode d'utilisation donne exige un ensemble donné de qualités des terres pour en
déterminer la production et l'aménagement.

Par limitations on entend une qualité de la terre, ou son expression sous forme de critère
diagnostique, ayant un effet nuisible sur une catégorie d'utilisation de la terre.

Par exemple, la motoculture du blé exige, entre autres choses, une disponibilité élevée en
oxygène au niveau de la racine et l'absence de tout obstacle, tel que roche ou affleurement;
une teneur excessive en eau ou la présence de roches constituent des limitations, qualités
négatives qui se traduisent par la mesure dans laquelle les conditions de la terre ne répondent
pas aux besoins d'un mode d'utilisation donné.

5. Amélioration des terres

Par amélioration des terres on entend la modification bénéfique des qualités de la terre
proprement dite, à ne pas confondre avec l'amélioration de l'utilisation des terres, c'est-à-dire
les changements que l'on apporte à un mode d'utilisation donné de la terre ou à son
aménagement.
Les améliorations des terres peuvent être majeures ou mineures. L'amélioration majeure d'une
terre permet de modifier sensiblement et de façon assez permanente les qualités de la terre qui
influent sur un mode d'utilisation donné. Elle demande un input important et non
renouvelable, généralement sous forme de capital pour la construction d'ouvrages et
l'acquisition de matériel. Une fois menée à bien, son entretien représente une dépense
continue, mais la terre elle-même est plus apte à être utilisée qu'auparavant. Les grands projets
d'irrigation et de drainage, d'assèchement des marais et de désalinisation des sols constituent
des exemples d'améliorations majeures des terres.

Les améliorations mineures des terres ont des effets assez faibles ou provisoires et peuvent
normalement être assumées par l'exploitant ou autre utilisateur foncier. L'épierrage,
l'éradication des plantes adventices et le creusement de fossés de drainage sont des exemples
d'améliorations mineures des terres.

On fait une distinction entre les améliorations majeures et mineures des terres uniquement
pour faciliter la classification de leur aptitude. En outre, cette distinction est tout à fait
relative; elle n'est pas nettement définie et n'est valable que dans un contexte local donné. En
cas de doute, il faut tout d'abord voir si l'amélioration en question peut être assumée, du point
de vue technique et financier, par des agriculteurs particuliers, ou autres propriétaires fonciers
(y compris des propriétaires communautaires, comme les coopératives des villages, par
exemple). Dans maintes régions, des opérations telles que le sous-solage, le dynamitage ou la
construction de terrasses peuvent ne pas être à la portée des agriculteurs particuliers et sont
donc considérées comme des améliorations majeures. Par contre, dans les pays disposant de
vastes exploitations, de fortes ressources en capital et de bonnes facilités de crédit, elles
peuvent l'être et sont alors considérées comme des améliorations mineures. Le drainage des
champs est une opération qui, elle aussi, peut être ou ne pas être considérée comme une
amélioration majeure, selon la taille de l'exploitation, la durée de la tenure, la disponibilité en
capitaux et le niveau des techniques.

6. Aptitude et capacité de production des terres

Le terme "capacité de production des terres" se retrouve dans un bon nombre de systèmes de
classification des terres et, notamment, dans celui du Service de conservation des sols du
Département de l'agriculture des Etats-Unis (USDA),Dans le système de l'USDA, les unités
cartographiques des terres sont groupées principalement d'après la capacité de ces dernières
de produire des cultures courantes et des plantes fourragères sur une longue période de temps,
sans pour autant causer la détérioration de la terre. Selon certains, par "capacité" on entend le
potentiel de production d'une terre à un niveau donné et à des fins d'utilisation générale, et par
"aptitude", la faculté d'adaptation de telle ou telle superficie à une catégorie d'utilisation des
terres bien définie. D'autres considèrent la "capacité" comme une classification fondée
principalement sur les risques de dégradation, et d'autres encore estiment que les termes
"capacité" et "aptitude" sont interchangeables.

Eu égard à ces interprétations divergentes et au fait que, de longue date, on associe le terme
"capacité de production des terres" (Land capability) au système de l'USDA, dans le présent
contexte on se servira uniquement du terme "aptitude des terres".

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