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INSTITUT SUPERIEUR AGRONOMIQUE DE CHOTT-MERIEM

COURS DE BIOCLIMATOLOGIE
LMD

Dr. Latrech Basma

2021/2022
Plan du cours

 Généralité
 Chapitre 1: Le Rayonnement et la production
 Chapitre 2: La Température et la production
 Chapitre 3: L’eau et la production

2
Généralité
Définitions
Météorologie: Meteor = particules en suspension dans l’atmosphère
Logos = discours, connaissance

Etude de la formation et l’évolution des phénomènes


atmosphériques (nuages, précipitations, vent etc…)

Etude des lois régissant la dynamique des gaz de


l’atmosphère, leurs changements d’états et leurs
mouvements.

Domaines d’application: transports, agriculture, construction, besoins militaires,,


photographie aérienne..
Elle est également appliquée pour la prévision de la qualité de l'air.
3
Météorologie

Etude du climat: la succession des conditions


Climatologie météorologiques sur de longues périodes dans le
temps.

Etablissement de valeurs moyennes et d’évolution


saisonnière caractéristique de paramètres
caractérisant le temps, pendant une période de 30 ans
au minimum sur une certaine zone

Nécessite des séries temporelles de relevés


de mesures météorologiques
Carte simplifiée des climats sur Terre
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Caractérisation /classification du climat
Les indices climatiques
 Les Climatogrammes
Ce sont des graphiques dans lesquels les températures moyennes mensuelles sont
portées en ordonnées et les précipitations mensuelles en abscisses.
Grâce a ces diagrammes on peut établir une classification des grands types
climatiques: équatorial, tempéré, océanique, polaire, continental…
 Diagrammes ombrothermiques de Gaussen
Pour déterminer la période sèche de l’année, Gaussen propose un mode de
représentation qui consiste à comparer mois par mois le rapport entre les
précipitations et la température. Pour cela on porte sur un même graphique la courbe
des moyennes mensuelles des températures et celle des totaux mensuels de pluviosité,
avec pour échelle : 1°C = 2 mm de pluie. Les périodes sèches sont celles pendant
lesquelles la courbe de pluviosité se trouve en dessous de la courbe de température

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Caractéristiques de quelques domaines bio-climatiques
Domaine Climats Végétations caractéristiques
bioclimatique
Domaine polaire Froid toute l’année (Tmoyenne du Absence de végétation ou tendra
mois le plus chaud < 10 °C) (végétation basse composé de mousse
et d’arbuste)
Domaine méditerranéen Hivers doux, Végétation buissonnante: maquis,
Orages parfois violents en automnes garrigue
Domaine tropical Chaud toute l’année/ Savane: végétation formée de hautes
Deux saisons nettes: une saison des herbes, d’arbuste et de quelques
pluies et une saison sèche arbres
Domaine équatorial Il fait chaud et les pluies sont Foret dense humide, toujours verte
abondante toutes l’année
Domaine aride Les P sont très rares, les T varient Steppe: végétation basse formée de
selon les désert: toujours dans les touffes d’herbes espacées. Lorsque
déserts du Sahara, des hivers froids c’est trop sec, absence de végétation
dans les déserts d’Asie centrale 6
 Quotient pluviométrique d’Emberger
Le quotient d’Emberger est destiné à caractériser le climat méditerranéen et ses
nuances. IL sert à définir les cinq différents types de climats méditerranéens, depuis le
plus aride (Saharien), jusqu'à Humide. Le quotient pluviométrique d’Emberger (1952)
nous permet de déterminer l’étage bioclimatique selon la formule suivante

M : moyenne des maxima du mois le plus chaud (°K)


P m : moyenne des minima du mois le plus frais (°K)
Q = 2000 2
𝑀 − 𝑚2 P : cumul pluviométrique annuel (mm)
T(°K) = T(°C) +273,15

Emberger (1930) a remarqué que dans les régions méditerranéennes, l’amplitude


thermique annuelle est un facteur important de la répartition de la végétation.
L’usage du quotient pluviométrique en particulier pour l’étude de la répartition spatiale des
espèces et des peuplements végétaux.
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Classes de l’indice Etage bioclimatique
d’Emberger
0 < Q <10 climat saharien

10 < Q < 35 climat aride

35 < Q <65 climat semi-aride

65 < Q < 130 climat sub-humide

130 <Q < 200 climat humide

Q > 200 climat hyper-humide

8
Combinaison entre Quotient pluviométrique d’Emberger avec m
(Abaque de Sauvage)

9
Application 1:
mois J F M A M J J A S O N D

T
11,33 11,7 13,55 15,185 18,665 22,645 25,2 26,59 24,13 20,325 15,22 13,005
moyenne

P (mm) 92,2 74,5 45,2 64,1 46,3 7,3 2 16,5 24,7 43,3 93,1 87,4

1) Tracer et étudier le digramme ombrothermique

10
Correction

L’étude du diagramme ombrothermique montre clairement une période sèche de cinq


mois s’étalant de Mai à Octobre (période défavorable)

11
Application 2:
Tableau: Les températures et précipitations des dix dernières années.

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
M(°C) 31,8 35,1 32,9 31 31,5 32 33,3 33,8 33,2 33,8 34,8 33,7
m(°C) 2,7 5,7 5,6 7 4 5,5 4,9 2,1 3,6 3,6 5,4 5,7

P(mm) 489,8 450,8 555 808 545 610 807 280 441 488 736 704

Déterminer l’étage bio-climatique de cette zone


Correction

M =33,07°C ; m = 4,65°C
P = 576,21 mm
Q = 69,4
65 < Q < 130 Climat sub_humide à hiver tempéré

12
Météorologie

Climatologie
Décrit et explique les relations entre les
Bioclimatologie facteurs climatiques et les êtres vivants ou
leurs communautés.

Climatologie Biogéographie

Etude du climat qui est Etudie la distribution


l’ensemble des des organismes La bioclimatologie se divise en trois
conditions vivant sur la Terre et branches: humaine, animale et
météorologiques cherche à expliquer végétale
caractérisant l’état les raisons de leur
moyen de l’atmosphère répartition
en un lieu ou région géographique.
donnée 13
 Place de la bioclimatologie
 Cette discipline fait appel à de nombreuses connaissances d’autres domaines
scientifiques: - Energétiques, Thermodynamique
- Physiologie, Génétique
 Elle est au carrefour de la physique et de la biologie et son domaine d’application se situe
dans la biosphère continentale et particulièrement au niveau de l’interface sol-air.
 Bioclimatologie végétale
 La bioclimatologie végétale traduit l’effet des facteurs du climat sur les plantes.
 Moyens d’actions de la bioclimatologie
 La bioclimatologie dispose de divers moyens d’actions:
– Sur les plantes: Utilisation de variétés génétiques aux exigences variées;
Possibilité pour les espèces annuelles sensible au gel (tomate,
pomme de terre, mais…) de jouer sur les dates de semis
– Sur les facteurs du milieu: grâce aux abris et aux serres, à l’irrigation 14
Chapitre 1 :

Rayonnement et production

15
1. Atmosphère: composition et stratification thermique
1.1. Composition de l’atmosphère
 L’atmosphère est une couche d’air d’environ 800 km d’épaisseur qui entoure le
globe terrestre.
 L’air atmosphérique est un mélange d’air sec et de vapeur d’eau
 L’air sec est composé de plusieurs gaz dont les proportions sont:

Gaz Volume (%)


Azote (N2) 78,09
Oxygène (O2) 20,95
Argon (Ar) 0,93
Gaz carbonique (CO2) 0,0417
Gaz rares 0,07
16
1.2. Stratification thermique de l’atmosphère
 L’atmosphère est composé des couches qui sont organisées
verticalement. Elles sont caractérisées par leur profil thermique
verticale
1.2.1. La troposphère:
 C’est la couche atmosphérique en contact avec la surface
de la terre.
 La troposphère s’étend sur une altitude d’environ 12 km
(18 à l’équateur et entre 6 aux pôles).
 Elle est le siège des phénomènes météorologiques qui
nous intéressent directement (formation des nuages,
précipitation, vent…).
 La troposphère est surmonté par la stratosphère.
17
1.2.2. Profil de température dans la troposphère

 La troposphère se caractérise par un gradient


thermique vertical négatif c-à-d la
température diminue avec l’altitude.

 Pour l’air sec, la température décroit


d’environ 1°C par 100 m d’altitude,

 Pour l’air humide la température décroit


d’environ 0,5°C par 100 m d’altitude

18
2. Rayonnement et production
 Le rayonnement solaire, est la principale source d’énergie pour le système constitué par
la Terre et son atmosphère.
 Il représente la base des processus de la production végétale.
 Il joue un rôle important aussi bien sur le plan énergétique (échauffement,
refroidissement) que biologique (photosynthèse, croissance, développement…).
 L’ensemble des réactions qui utilisent l’énergie lumineuse pour la fixation de carbone
du CO2 atmosphérique sous forme de glucides s’appelle photosynthèse, l’énergie
lumineuse est alors transformée en énergie chimique.
 2.1 Rayonnement électromagnétique (Lois générales)
 Le rayonnement c’est un terme général désignant toute forme d’énergie en déplacement
(lumière, son, …).
 Quand le transfert d’énergie s’effectue à travers des oscillations de champ
électromagnétique il s’agit d’un rayonnement électromagnétique. C’est le rayonnement
émis par tout corps physique.
19
 Ces oscillations correspondent à des ondes caractérisées par leur longueur d’onde  où
leur fréquence.
 Toutes ces ondes électromagnétiques se déplacent à la même vitesse de lumière, soit
C=3*108 m/s dans le vide et également dans l’air.
 Le domaine dans lequel peuvent varier la fréquence ou la longueur d’onde des ondes
électromagnétiques est très vaste et correspond à ce que l’on appelle le spectre du
rayonnement électromagnétique

Dans le cadre de ce cours on se


limitera à l’étude de quelques aspects
du rayonnement solaire ( entre 0.3m
et 3m) et du rayonnement infrarouge
thermique émis ou reçu par la surface
du sol et la végétation 20
2.2. Rayonnements naturels
2.2.1. Rayonnement solaire
 Au dessus de l'atmosphère terrestre, la quantité d’énergie incidente sur une surface
perpendiculaire aux rayons solaires est pratiquement constante et est corresponde à la
constante solaire I0 . Elle est considérée égale à 1370 W m-2.

 Le soleil émet la plus grande partie de son


énergie dans les courtes longueurs d’onde
(0.3m à 3m).

 Environ 48% de l’énergie totale est reçu


dans la domaine du visible (0.3m à
0.7m).

 L’éclairement maximum se produit à


0.5m Eclairement spectral reçu du soleil: à la limite
de l’atmosphère
21
 Avant d’arriver au sol, le rayonnement solaire traverse l’atmosphère.
 Au cours de cette traversée, il subit des phénomènes de diffusion et d’absorption
et de réflexion.
 L’absorption: est due aux différents gaz atmosphériques. L’ozone O3 est responsable de
l’absorption de presque la totalité des radiations ultraviolettes. Dans plusieurs bandes de
l’infrarouge, l’absorption atmosphérique est principalement due à 3 gaz: la vapeur d’eau le
CO2 et le méthane. L'atmosphère est transparente aux radiations situées dans le visible.
 La diffusion: est due à l’interaction des photons avec les molécules et les aérosols en
suspension dans l’air. La diffusion par les molécules dont la dimension est très petite est
responsable de la couleur bleue du ciel car ces molécules diffusent essentiellement les
courtes longueurs d’ondes.
 La réflexion: Les nuages ou la surface de la terre peuvent renvoyer vers l’atmosphère une
partie du rayonnement solaire incident. La partie réfléchie est exprimée en terme de
rapport appelé albédo, a:
22
𝑅𝑒𝑓𝑙𝑖𝑐ℎ𝑖
a= du flux radiatif
𝑖𝑛𝑐𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡

Des valeurs de a, sont données dans le tableau suivant:


Albédo de quelques surfaces
Neige 0,80 – 0,95
Sols sableux secs 0,35 -0,45
Sols argileux secs 0,2 – 0,35
Tourbe 0,05 – 0,15

Plantes cultivées 0,2 – 0,3

Forêts (conifères) 0,05 – 0,15

 Le rayonnement solaire incident sur une surface horizontale au niveau de la surface


du sol est appelé rayonnement global (Rg).
 Ce rayonnement solaire est la somme du rayonnement direct et du rayonnement diffus
𝑹𝒈 = 𝑹𝒅𝒊𝒓𝒆𝒄𝒕 + 𝑹𝒅𝒊𝒇𝒇𝒖𝒔 23
 Mesure du rayonnement globale
 Le rayonnement global est mesuré à l’aide d’un pyranomètre, ou estimé soit en
utilisant la formule d’Angstrom en fonction de la durée réelle d’insolation ou bien à
partir des données satellitaires.
 les mesures de la durée réelle d’insolation sont plus au moins disponibles dans le
pluparts des stations. De ce fait, le recours à la formule d’Angstrom est
recommandé.
𝑛
𝑅𝑔 = 𝑎 + 𝑏 𝑅𝑎
𝑁

Avec n: durée d’insolation réelle (h); N durée maximale du jour (h); Ra: rayonnement
extraterrestre (MJ m-2 j-1), a et b varient en fonction des conditions atmosphériques
(humidité, poussière…) et du rayonnement solaire (latitude, mois).
En Tunisie, les valeurs de a et b sont : a= 0,16 et b= 0,59
Dans l’absence des coefficients déterminés par calibration, les valeurs de a=0,25 et b=0,5
sont recommandées.
24
2.2.2. Rayonnement terrestre
 Etant donnée que la surface terrestre se comporte comme un corps noir, le rayonnement
absorbé réchauffe le sol et devient ensuite une source pour l’atmosphère.

 Selon la loi de Stephan-Boltzmann, la quantité d’énergie émise par la surface terrestre


est déterminée par sa température et son émissivité, ε, et est décrite par:
E=T4
Avec: T la température en K; , la constante de Stefan Boltzmann=5.6698 10-8Wm2K-4
, l’émissivité du corps
 L’émissivité est le rapport entre l’énergie radiante émise par un corps physique par
rapport à l’énergie radiante maximale que pourrait émettre un radiateur parfait (corps
noir) porté à la même température.

 Un radiateur parfait est un corps qui transforme l’énergie thermique en énergie


rayonnante et inversement avec le taux maximum que permettent les lois de la
thermodynamique son émissivité est alors égale à l’unité.
Exp: Soleil ~ corps noir de température 5777°K 25
 Le maximum d’émission de la terre est situé dans la bande de l’infrarouge (autour de
10 m).
 Le tableau suivant donne  pour différentes surfaces.
Quelques valeurs d’emissivité , dans l’IR
Eau 0,92 - 0,96
Neige 0,82 - 0,99
Sol 0.84 - 0,90
végétation 0,90 – 0.97
Fer galvanisé 0,25
Papier aluminium 0,05

 Comme on peut déjà le remarquer la plupart des surfaces naturelles ont des émissivités
de l'ordre de 0,9.
26
2.2.3. Rayonnement de l’atmosphère

 La majorité de l’énergie émise par la terre est absorbée par l’atmosphère,


principalement par la vapeur d’eau.
 Cette absorption se fait par les couches proches de la surface terrestre. Cependant,
une partie de cette énergie IR se trouve dans les longueurs d'onde qui ne sont pas
absorbée par l'atmosphère c'est à dire dans la partie "fenêtre" du spectre (8-13μm).
 L'énergie absorbé par l'atmosphère est immédiatement émise dans les deux directions
(vers le haut et vers le bas). Il en résulte que la surface regagne une partie de l'énergie
qu'elle a émise dans la direction du ciel.
 L'énergie IR que la couche proche de la surface émet vers le ciel et absorbée par les
couches supérieures de l'atmosphère est encore émise dans les deux directions.

27
 Ce processus, complexe, se perpétue jusqu'à ce que la teneur en vapeur d'eau dans
l'atmosphère devienne très faible - au niveau de la stratosphère - là, enfin de compte
la majorité de l'énergie émise vers le haut peut s'échapper vers l'espace extraterrestre.

 Effet de serre

 Ce phénomène est dû au piégeage d’une partie de l’énergie émise par le soleil et la


terre par les gaz à effet de serre contenus dans l'atmosphère essentiellement la vapeur
d’eau et le CO2.

 La pollution de l'air peut changer la composition naturelle en gaz de l’atmosphère et


augmente la concentration des gaz à effet de serre. Ceci induit un réchauffement
climatique qui perturbe l’écosystème naturel.

28
 Les principaux polluants gazeux sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane
(CH4), et le protoxyde d'azote (N2O), du dioxyde de soufre (SO2), les composés
organiques volatils (COV), le monoxyde de carbone (CO) et l’ozone
troposphérique issu des réactions photochimiques des NOx avec les COV.
 La contribution approximative à l'effet de serre des principaux gaz :
- vapeur d'eau : 60 %
- dioxyde de carbone : 26 %
- ozone : 8 %
- méthane : 2 %
- oxyde nitreux : 2 %

 L'énergie IR reçue par la surface de la terre en provenance de l'atmosphère (I) est de:
𝑰 ↓= 𝝈𝑻𝒂𝒕𝒎𝟒

29
2.2.4. Rayonnement net : bilan radiatif
 Le bilan radiatif est la résultante des densités des flux des rayonnements électromagnétiques
descendants (+) et ascendants (-) par unité de surface.

Bilan radiatif de la terre


Il représente donc la quantité d’énergie disponible au niveau de la surface terrestre appelé
rayonnement net, Rn. Le rayonnement net est exprimé en fonction des composantes
électromagnétiques courtes et grandes longueur d’onde. Rn=(1-a)Rg + Tatm4 - Ts4
30
Comment ce bilan radiatif pourrait-il changer?

 La quantité d'énergie solaire reçue peut varier, par exemple à cause de la variation
de l'angle d'inclinaison de l'axe terrestre.
 La fraction d'énergie réfléchie (albédo) peut varier si les caractéristiques des nuages
ou de la surface terrestre changent, comme par exemple la surface recouverte par les
glaces, les océans, la forêt ... Par exemple, un climat plus froid engendrerait une
augmentation des glaces aux pôles, et donc une augmentation de l'albédo moyen, ce
qui renforcerait la baisse de la température globale. C'est ce qu'on appelle une
rétroaction positive.
 La quantité d'énergie reçu par la Terre peut varier si l'effet de serre est modifié.

31
2.3. Effets de la radiation sur la végétation

 Les effets du rayonnement solaire sur la plante sont multiples:


- Thermique: plus de 70% de la radiation solaire absorbée par la plante est dissipée
par convection sous forme de chaleur sensible et par transpiration sous forme de
chaleur latente.
- Photosynthétique: potentiellement 8 à 10% de l'énergie radiante peut être fixée par
la photosynthèse. Cependant, la moyenne de fixation actuelle de la plupart des
écosystèmes est de l'ordre de 1%.
- Photomorphogénique: il s'agit du rôle régulateur de la croissance et du
développement.

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 Le tableau suivant récapitule les principales actions présentées dans les parties
précédentes et qui sont:

Tableau : Différentes actions du rayonnement sur la plante.


Type de Bande Radiation Effets Effet Sur les plantes
radiation spectrale solaire Thermique biologique Morphogenèse
(µm) (%) photosynthèse

Ultraviolet 0.29-0.38 0-4 γ γ +


Visible (PAR) 0.38-0.71 21-46 + + + + + +
Proche I.R. 0.71-3.0 50-79 + + γ + +
+ + γ γ
Grande > 3.0

Les symboles utilisés indiquent respectivement des effets importants (++), modérés (+) et
négligeables (γ)

33
 L’absorption des ondes
électromagnétiques par les organes
végétaux chlorophylliens est
importante dans le domaine du
visible, mais deux bandes
d’absorption existent aussi dans le
moyen infra-rouge.

 La réflectance est en revanche élevée


dans les longueurs d’ondes
correspondant au proche infra-rouge.

Figure: Spectre de réflectance, de transmittance et d’absorptance


d’une feuille végétale

On distingue trois types d'éléments qui interviennent dans les propriétés optiques des feuilles:
la teneur en pigments; l'anatomie des feuilles et leur structure cellulaire; la teneur en eau
34
 Les propriétés optiques des feuilles dans le visible sont liées à celles des pigments
végétaux, en particulier à celles des chlorophylles qui présentent deux bandes
d’absorption principales, l’une à 450 nm dans le bleu, l’autre à 650 nm dans le rouge.
 Dans le proche infra-rouge (PIR) les ondes
électromagnétiques sont pour l’essentiel transmises
ou réfléchies. La partie réfléchie, dépend de la
structure des tissus végétaux, en particulier de
celle du parenchyme lacuneux

 Au niveau de cette couche, lieu d'échange entre


l'oxygène et le dioxyde de carbone dans les
processus de la photosynthèse et de la respiration,
que le rayonnement PIR est fortement réfléchi.

 Le PIR est d'autant mieux réfléchi que le


parenchyme lacuneux est bien développé.

35
 Dans le moyen infra-rouge se retrouvent les bandes d’absorption correspondant
à l’eau de constitution des tissus végétaux
 La teneur en eau des feuilles est également un facteur qui influence la signature
spectrale de la végétation, dans les longueurs d'onde de l'infrarouge moyen.
 Plus la teneur en eau est forte, plus la réflectance de la végétation diminue, en
particulier aux longueurs d'onde 1450 nm et 1900 nm qui correspondent aux
bandes d'absorption de l'eau.
 Ce domaine de longueur d'onde (1450 nm et 1900 nm) est très utile en
télédétection des couverts végétaux. Il permet notamment de détecter les plantes
en état de stress hydrique

 Tous les spectres de feuilles de plantes basses ou d’essences forestières ont la


même forme. Les différences se manifestent seulement dans les amplitudes.

36
2.4. Rayonnement solaire et photosynthèse
2.4.1. Les rayonnements utiles à la photosynthèse (PAR)
 Le rayonnement solaire est le facteur du milieu le plus important pour la production
végétale.
 La photosynthèse se réalise en présence de lumière.
 Toutes les radiations du spectre solaire ne
peuvent être utilisées par les organes chlorophylliens.

 Les plantes utilisent une portion spécifique du


spectre solaire pour la photosynthèse, appelée
« Rayonnement Photosynthétiquement Actif »
(PAR)
 PAR est la région de la radiation solaire située
entre 400 et 700 nm.
et avec une efficacité très variable dans cet
intervalle.
2.4.2. Les rayonnements solaire et photosynthèse
 L’évolution de l’assimilation nette d’une
plante (photosynthèse- respiration) a la forme
générale présenté par la figure suivante
• A l’obscurité, la plante respire et
consomme une certaine quantité de
glucides stockés durant la journée
(respiration obscure).

• Au lever du jour, la photosynthèse nette


est négative. Il faut que l’éclairement
atteint une valeur seuil Ic pour que la
photosynthèse nette devienne positive.
Ce niveau d’éclairement est appelé le
point de compensation.
Figure : Influence de l'éclairement sur la photosynthèse nette, l'éclairement au point de compensation
(Ic), l'éclairement saturant (Is), la respiration à l'obscurité (Ro) et le rendement quantique (Φ)
38
 A partir d’un certain niveau d’éclairement,
Is, un palier de saturation est atteint,
l’assimilation nette devient alors
indépendante de l’éclairement.

 Ce palier dépend de la concentration de l’air


en CO2 et des caractéristiques de la
plante.

 En particulier, les plantes C4 (molécule


intermédiaire du métabolisme
photosynthétique possèdent 4 atomes de
carbone) présentent une assimilation nette
Figure: Influence de l'éclairement sur la supérieure à celle des plantes C3 (molécule
photosynthèse nette, l'éclairement au point de intermédiaire du métabolisme
compensation (Ic), l'éclairement saturant (Is), la photosynthétique possèdent 3 atomes de
respiration à l'obscurité (Ro) et le rendement
carbone).
quantique (Φ) 39
2.4.3. Distribution du PAR à l'intérieur de la végétation

 Pour un couvert végétal, chaque feuille est soumise à un environnement lumineux un peu
différent.
 Le PAR intercepté varie en fonction la surface foliaire traversée par le rayonnement
incident.
 La méthode la plus simple permettant de décrire le régime radiatif à l'intérieur d'un
couvert végétal homogène et couvrant a été développée à partir de la loi de Beer-Lambert
(ou loi de Bouger).
PAR = PARo e-vLAI
Avec: PAR: radiation photosynthétiquement active à un niveau donné de la végétation
PARo: la radiation incidente sur le couvert végétal
v: coefficient d'extinction de la radiation. Il varie entre 0.3 et 0.9. Il dépend surtout
des propriétés optiques et géométriques du couvert végétal.
LAI: représente l'indice foliaire au-dessus du niveau considéré
LAI: est le rapport entre la surface de l’ensemble des feuilles d’un couvert et la
surface de sol correspondante
40
2.6. Impact de l’architecture du couvert sur la production
 La structure détermine la pénétration et la répartition du rayonnement et elle
conditionne la quantité et la qualité de l’énergie reçue par chaque feuille.

 La disponibilité en rayonnement dans les basses couches du couvert dépend de


l’inclinaison des feuilles.
 Pour une architecture de type planophylle (prédominance des feuilles
horizontales), l’extinction du rayonnement est rapide et seules les strates
supérieures du couvert disposent d’un rayonnement suffisant. 41
 Au contraire, pour une structure de type érectophylle (prédominance des feuilles
verticales), l’extinction est moins rapide et les couches inférieures peuvent aussi
disposer d’un rayonnement suffisant .

 La couvert est un système dynamique, qui est continuellement en évolution : les


surfaces foliaires se développent et modifient certaines caractéristiques de
l'architecture, ce qui fait que la répartition de l'énergie n'est pas constante dans le
temps Il suffit de suivre l'évolution de l'indice foliaire au cours du cycle
végétatif du couvert pour s'en rendre compte.

 Le couvert « idéal » devrait présenter un caractère érectophylle pendant la phase


juvénile pour intercepter le maximum de lumière. Avec le développement de la
surface foliaire il devrait tendre vers un caractère érectophylle au sommet et
planophylle à la base pour améliorer la distribution de la lumière et l’efficience
photosynthétique

42
 Pour un couvert planophylle (2) , la productivité de matière sèche atteint rapidement un
plateau, correspondant à une limite fonction des conditions du couvert. La fraction
d'énergie transmise par les feuilles influe peu sur l'assimilation photosynthétique des
feuilles de la base du couvert du fait de sa modification spectrale.
 La productivité de matière sèche produite par un couvert érectophylle (1), est plus
importante que précédemment. La pénétration de l'énergie dans le couvert est favorisée
principalement lors du passage du soleil à son zénith pour ce type d'architecture foliaire,
les feuilles de la base peuvent photosynthétiser.
43
2.5. Les rayonnements solaire et la morphogenèse des plantes
 Les rayonnements solaires fournissent, par la photosynthèse, la biomasse nécessaire
pour la croissance, ils interviennent également sur d'autres phénomènes de régulation
du développement de la plante dont les plus importants sont : le photopériodisme et la
photomorphogenèse
 2.5.1. Le photopériodisme
 Le changement saisonnier de durée du jour (rythme diurne jour/nuit), est utilisé par
beaucoup de plantes comme un signal pour passer d'un stade végétatif à un stade
reproducteur;
 La dormance estivale des bourgeons, la formation des bulbes la floraison, des plantes…
dépendent du photopériodisme
 Selon les espèces, et les génotypes d'une même espèce, il est possible de classer les
plantes en plantes non-photopériodiques ou en plantes différant par leur sensibilité
photopériodique

44
 Plantes de jours courts: la vitesse de floraison est ralentie par les jours longs et qui donc
fleuriront plus vite en jours courts (exp: maïs, riz, soja, café, coton, canne à sucre,...)
 Plantes de jours longs : ne fleurissent que pour une durée du jour supérieur à un seuil
propre à chaque espèce (la floraison sera plus rapide en jours longs) (exp: épinard (13 à
14h), avoine, orge, betterave,...)
 D’autres espèces comme la tomate, le pois… sont indifférentes à la photopériode ou
photo-apériodique
 Certaines plantes plus rares présentent à la fois deux seuils critiques, un seuil inférieur
et un seuil supérieur: elles sont amphipériodique.

2.5.2. La photomorphogénèse
 C’est l’effet produit par la lumière sur la morphologie des plantes. II s'agit des
modifications de structure des plantes créées par les variations de composition
spectrale, en particulier par le déséquilibre rouge/infrarouge.

45
 L’application d’un enrichissement en proche infrarouge à une situation de zone
ombragée dans une culture, engendre globalement des modifications des tailles de
différents organes végétaux: un accroissement de l'élongation des feuilles, tiges,
pétioles, et une réduction du nombre de talles et de ramifications.

 2.5.3. Eclairage artificiel et croissance des plantes


 Le photopériodisme et la photomorphogenèse n’exigent que de faibles énergies (0,2 à
0,4 W m-2), il est donc facile de réaliser des installations efficaces et rentables mettant
en jeu des éclairages artificiels adaptés aux besoins des végétaux.

 Le choix de type de lampe dépend du but poursuivi. (Exp: les lampes a incandescence
ne conviennent pas pour la photosynthèse car leur maximum d’émission se trouve
dans le rouge et PIR

46
 Contrairement à la composition spectrale des rayonnements solaires, les
différentes sources de lumière utilisées pour la culture des plantes en conditions
contrôlées (chambres de croissance, phytotrons, serres avec apport lumineux de
complément) n’est pas stable. Ces différences de composition spectrale sont très
importantes à prendre en compte pour juger:

- Du rendement énergétique d'une source lumineuse (par rapport à la


puissance consommée),

- De l'efficacité photosynthétique de l'éclairement émis (PAR/éclairement


énergétique),

- Des risques de modifications morphogénétiques dues à l'emploi de ces


sources par rapport à des comportements en conditions naturelles

47
2.6. Efficience énergétique d'un couvert végétal
Efficience globale
 Etant donné que la photosynthèse réalise la conversion d'une énergie radiante en énergie
potentielle chimique, la productivité d'un couvert végétal peut être exprimée par un
rendement énergétique
𝑴𝑺
𝑬𝒈 =
𝑹𝒈
(Eg) exprime l'efficience de conversion du rayonnement global (Rg) en matière sèche (MS).
L'efficacité d’utilisation du rayonnement global par le couvert végétal peut être analysée selon le
chemin suivant:

 La valeur de (Eg) peut donc être décomposée comme suit:


Eg = Ec *Ei*Eb
 Cette décomposition de l'efficience globale en stade caractérisant l'élaboration de la
matière sèche permet de mieux analyser les variations du rendement énergétique.
48
2.6.1. Efficience climatique (Ec)
 Ec représente la proportion du visible dans le rayonnement solaire reçu. Ec peut être
considérée égale à 0,48 + 0,02.
𝑬𝒏𝒆𝒓𝒈𝒊𝒆 𝒖𝒕𝒊𝒍𝒆 à 𝒍𝒂 𝒑𝒉𝒐𝒕𝒐𝒔𝒚𝒏𝒕𝒉è𝒔𝒆 𝑷𝑨𝑹𝟎
Ec = =
𝑬𝒏𝒆𝒓𝒆𝒈𝒊𝒆 𝒔𝒐𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒊𝒏𝒄𝒊𝒅𝒆𝒏𝒕 𝑹𝒈
2.6.2. Efficience d'interception (Ei)
𝑬𝒏𝒆𝒓𝒈𝒊𝒆 𝒖𝒕𝒊𝒍𝒆 𝒂𝒃𝒔𝒐𝒓𝒃é𝒆 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒂 𝒄𝒖𝒍𝒕𝒖𝒓𝒆 𝑷𝑨𝑹𝒂
Ei = =
𝑬𝒏𝒆𝒓𝒆𝒈𝒊𝒆 𝒖𝒕𝒊𝒍𝒆 𝒊𝒏𝒄𝒊𝒅𝒆𝒏𝒕 𝑷𝑨𝑹𝟎
 Cette efficience dépend de la géométrie du couvert, des propriétés optiques des
feuilles et de la surface foliaire du couvert
 La part de l’énergie (PAR) interceptée (Ei) par un couvert végétal peut être mesurée
directement ou bien estimée à partir de l’indice foliaire (LAI) selon la loi de Beer-
Lambert :
Ei = Eimax (1- e-vLAI)

49
2.6.3. Efficience de conversion (Eb)

 L’efficience biologique est l’efficience de conversion en biomasse du PAR


intercepté ou absorbé.
𝑬𝒏𝒆𝒓𝒈𝒊𝒆 𝒄𝒉𝒊𝒎𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒂𝒄𝒄𝒖𝒎𝒖𝒍é𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒔 𝒇𝒐𝒓𝒎𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒕𝒊è𝒓𝒆 𝒐𝒓𝒈𝒂𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝑴𝑺
Eb (Kg/MJ) = =
𝑬𝒏𝒆𝒓𝒆𝒈𝒊𝒆 𝒖𝒕𝒊𝒍𝒆 𝒂𝒃𝒔𝒐𝒓𝒃é𝒆 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒂 𝒄𝒖𝒍𝒕𝒖𝒓𝒆 𝑷𝑨𝑹𝒂
 Eb dépend essentiellement du type du cycle photosynthétique, elle est plus élevée
chez les plantes C4 que pour les plantes C3

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