Vous êtes sur la page 1sur 3

L’agriculture, enjeux sociaux, économiques et géopolitiques

Est-ce que les enjeux agricoles ont été maîtrisés ou pas ?

I. L’agriculture joue un rôle paradoxalement important au sein des grands rapports de force mondiaux

A. L’agriculture est une activité dont le poids relatif diminue


Dans les tous les pays. PDEM : 2% du PIB. Pays du Sud : plus élevé mais a tendance à régressé. Dans les RI, les produits
agricoles et l’agroalimentaires (10% des échanges commerciaux à l’échelle mondiale). Une activité qui n’a plus beaucoup
d’importance.

B. Mais le secteur garde une grande importance pour des raisons sociales, économiques et géopolitiques
Raisons sociales : les agriculteurs ont des revenus inférieurs à la moyenne. Tout au long du XXe, revenus qui progressent
moins vite que ceux des autres citoyens. Vrai pour les pays du Nord.
Crise des ciseaux : prix industriels augmentent plus vite que les prix agricoles, dont les paysans doivent acheter plus cher les
produits dont ils ont besoins pour investissements, consommations intermédiaires. Dans cette divergence, appauvrissement
relatif des agriculteurs. Aujourd'hui, sentiment des agriculteurs d’être négligés, de ne pas bénéficier des mêmes avantages
que les autres.
Dans certains pays du Sud, paysans qui souffrent de la faim (Inde, notamment).
Raisons politiques : dans les pays du Sud, les agriculteurs restent relativement nombreux. Ils l’étaient dans les pays du Nord.
En France au lendemain de la 2GM, 1/3 des actifs travaillent dans l’agriculture, 1/3 secondaire, 1/3…
Raisons économiques : au-delà de l’agriculture, filière agroalimentaire dont l’agriculture est le maillon central. En amont,
intrants nécessaires à l’agricultures : machines agricoles, engrais, semences. Puis secteur de la transformation industrielle et
de la distribution. Filière agro-alimentaire représente 20% de l’emploi aux US aujourd'hui. Une filière agro-alimentaire ne
suppose pas une agriculture puissante : au RU, développe une filière agro-alimentaire importante justement parce qu’il n’a
pas une grande agriculture.
Raisons commerciales et géopolitiques : ces activités sont à l’origine de conflits importants dans les 90’s, bras de fer
US/Europe. Les conflits commerciaux concernent souvent les produits agricoles. Lié au fait qu’un pays qui importe ses
produits agricoles est en situation de dépendance.
Botz Earl, explique que « l’agriculture est une arme, c’est là un de nos principaux moyens de négociations ». Capacité à rendre
les US dépendants pour les exportations, avec une riposte efficace.

C. Ces enjeux agricoles opposent des acteurs aux intérêts divergents


Les paysans, les petits producteurs et les entrepreneurs de l’agrobusiness. Tous cherchent des prix élevés et stables. Paysan
n’ont pas de réserve financière et donc souffre lorsque les prix baissent brutalement. Explique un phénomène d’endettement
du monde paysan, qui atteint des sommets au milieu des 80’s. Banque de l’Illinois (cœur des grandes terres agricoles US)
touchée par l’endettement des paysans. Ensuite les entreprises de la filière : industrielles et de négoce : groupe des ABCD
(Archer Daniels, Bunge, Cargill, Dreyfus). Grands négociants pour les céréales, mais aussi dans des secteurs plus vastes :
produisent. Cargill possède un grand nombre d’élevage de bétail aux US. Ces entreprises sont soumises aux aléas du marché,
un certain nombre ont fait faillite dans les 80’s, une a disparu : Suisse André.
Produits de
Sucres et denrées (marché du cacao en CI).
Le but de ces entreprises est de s’imposer sur la filière à l’échelle mondiale, en mettant en concurrence les Etats producteurs,
mais se heurtent à des entreprises nationales, soutenues par les Etats nations.
Etats qui cherchent à tirer le plus de revenu possible de la filière et en tirer un rapport de force favorable. Aux US, formule de
Earl Botz, moyen de peser sur les affaires du monde. Mais en sens inverse, volonté de se rendre moins dépendant de la part
d’autres pays.
Les consommateurs, qui cherchent à avoir accès à une nourriture suffisante, de plus en plus de qualité dans le Nord. La
préoccupation du prix devient moins importante dans les pays du Nord, mais n’a pas disparu. Limites de la consommation de
bio : plus cher, mais ne progresse pas aussi vite pour des raisons de prix.

II. Les enjeux se sont déplacés avec le temps

A. Au lendemain de la 2GM, l’enjeu principal est celui de la production

Le risque le plus ressenti est celui de la pénurie, la pauvreté voire de la famine. Phénomène net pour les agriculteurs du Sud :
famines comparables aux XIXe n’existent plus pour des causes agricoles (Grand Bond en Avant lié à la désorganisation
politique et économique, famine au Biafra largement médiatisée). Cette guerre est à l’origine de la création de médecin sans
frontières, interprétée comme le signe de la misère du sud. Au début des 80’s en Ethiopie, qui entraîne des concerts, des
chansons. Provoquée par le régime communiste qui détourne l’aide internationale au détriment des populations en besoin.
D’où l’adoption par les grands pays développés de systèmes de soutiens à l’agriculture qui avaient commencé à apparaître
dans les 30’s. Aux US : Farm Bill, en France, office national du blé. Systèmes d’encadrement et de soutien qui visent à apporter
aux agriculteurs un minimum de revenu. Parallèlement, se développe un modèle d’agriculture intensive qui repose sur la
mécanisation, sur l’usage des produits chimiques, qui permet à la fois d’augmenter dans les pays du Nord la productivité du
travail, et améliorer les rendements (production par hectar). Modèle productiviste qui se répand dans les 50’s, 60’s dans les
pays développés. Au Brésil agrobusiness occidental s’implante. A l’échelle mondiale, l’agriculture est régulée par le rôle des
US, grâce à leur position de principaux producteurs et exportateurs, grâce à leurs politiques agricoles, Farm Bill, accordant des
subventions aux paysans, ayant tendance à augmenter quand les revenus des agriculteurs stagnent, et effet de gel des terres,
impose aux agriculteurs de ne pas cultiver une partie de leur terre si la surproduction menace. En jouant sur les aides à la
production, et sur la possibilité de bloquer une partie de la production, les US jouent un rôle de régulateur pour l’agriculture
de la planète toute entière. A partir des 70’s, dans les grands pays du Nord, les problèmes de pénurie n’existent plus. La
pauvreté des agriculteurs a été réduite.

B. Le Nord a des capacités de productions telles qu’il nourrit la planète par ses exportations ou par son aide agricole
L’aide internationale en matière d’alimentation est le blé.
Ce qui devient essentiel est donc la capacité à contrôler le marché et à continuer à exporter dans un contexte où on est en
surabondance agricole. D’où affrontement US/Europe qui dominent les négociations commerciales de l’époque. Contentieux
où chacun rend l’autre responsable de leurs difficultés.

C. Les soucis environnementaux deviennent de plus en plus importants


A partir des 90’s, préoccupation pour les modèles environnementaux. Modèles de l’agriculture productiviste remis en
question, au nom des atteintes à l’environnement dont l’agriculture est une des grandes responsables : en particulier pour les
problèmes d’eau (irrigation).

III. Faut-il croire que les enjeux d’hier ont disparu ?

A. Premier risque du retour de la pénurie


Paradoxal dans un monde de surabondance de production agricole. Et pourtant, mise en cause du développement des agro
carburant. 50% du maïs US va dans la production d’agro carburants.
Aujourd'hui encourage le développement de la voiture électrique.
Hausse du niveau de vie des émergents, et l’alimentation se déplace plus vers les produits sur élevage (produits laitiers,
viandes). Passe par une consommation par les animaux de produits végétaux (pour le bœuf : 7 calories végétales pour 1
calorie animale).
Limites du progrès technique : agrobusiness n’a-t-il pas atteint ses limites. Engrais de moins en moins efficaces avec le temps.
Le rendement des terres a tendance à s’épuiser à cause de la disparition des sels minéraux contenus dans le sol, compensée
par l’usage d’engrais. Depuis une 15aine d’années, baisse des rendements, qui peut être contrée par les OGM, révolution
agricole qui relance les rendements qui s’épuisaient avec le temps. Mais problème des OGM : problèmes en termes de santé,
crainte.
Les préoccupations écologiques de + en + importantes peuvent amener à réduire consommation de produits d’OGM, de
glyphosate. Pays émergents refusent de limiter leur production d’OGM, pays du Nord sont plus méfiants : U.E limite utilisation
d’OGM.
Solution : fin de l’élevage, solution des écolos pour résoudre dans un premier temps le problème des pénuries.

B. Risque de la dépendance à l’égard de l’extérieur


Alimentation est une arme, relativisée dans les 70’s, avec abondance des produits agricoles. Chine importe une bonne partie
de son alimentation (des US), mais pas inquiétant car offre abondante. Sauf que nouveau phénomène dans les 2000’s : achats
de terre, transactions foncières internationales dans la seconde moitié des 2010’s ont représenté 20m d’hectares, équivalant
de la surface agricole utilisée en France. Terres achetées en Afrique, cible privilégiée, mais aussi pays du Nord : Australie,
Ukraine.
Acheteurs : pays du sud dont la dépendance augmente, Chine, Inde, Corée du Sud (à Madagascar, qui provoque une révolte
de la population et une rupture du contrat, concession d’1m300.000 hectares pour 99 ans, slogan des manifestants : « Notre
terre n’est pas à vendre »). Pays pétroliers voulant s’assurer une production d’agro carburants cabales de prolonger leur
réserve et ressource pétrolière et pays du Nord (RU). Cas particulier de l’Afrique du Sud qui a encouragé les fermiers blancs à
acheter des terres à l’étrangers (Congo) pour encourager leur départ.

C. Réapparaissent les conflits entre nations sur fondement d’enjeux agricoles


Problème de la montée du LE dans le domaine agricole. L’intégration mondiale pousse à une libéralisation totale. Effets avec
la PAC, idée de réduire les subventions de manière à ce que l’agriculture européenne obéissent aux logiques de marché, que
les terres les moins rentables disparaissent. Faire sortir du marché les exploitations les moins rentables pour que s’affirment
les plus rentables qui n’ont pas besoin de subvention, donc couteront moins aux communautés. Suppression dans beaucoup
de pays du sud de structures qui encadraient l’agriculture : CESTAB en CI, l’Etat rachetait la production des agriculteurs et
vendaient aux partenaires locaux. Les producteurs de cacao avaient des revenus garantis, une partie des revenus était
conservée par l’Etat pour développer le territoire, et cela était alimenté par la venue de migrants du Nord du Portugal ou du
Burkina Faso. Libéralisation qui peut déboucher sur des problèmes multiples.
Baisse des aides, des subventions, des prix faibles à l’échelle mondiale ont encouragé la
Les enjeux des mp n’ont pas disparu, et sont moins différents que l’on ne pourrait le croire des enjeux d’hier.

Vous aimerez peut-être aussi