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L’impact de la crise de 1929 : Déséquilibres économiques et sociaux

I- Une crise des sociétés Capitalistes

1- Une prospérité apparente après la deuxième guerre mondiale

Dans les années 1920, l’économie américaine est florissante. Le pays dispose de
capitaux considérables liés, en partie, au remboursement de la dette européenne
contractée après la Première Guerre mondiale. La Grande Bretagne, la France et
l’Allemagne ont emprunté d’importantes sommes aux États-Unis. Cette prospérité
repose sur l’industrie (notamment automobile) et la construction. Cette situation
repose également sur une hausse du pouvoir d’achat et sur un usage sans limite du
crédit qui encourage la consommation.
Au cours de cette décennie, une partie des américains investit en bourse, les cours
augmentent régulièrement permettant des profits rapides et supérieurs aux résultats
économiques réels des entreprises.

2- Des problèmes face à cette prospérité

Face à cette prospérité, on constate que des problemes cependant prépondent aux
États-Unis aussi bien qu’en Europe :

A- Le poids de la guerre

➤ Les pays européens, en particulier la France et l’Allemagne, sortent


appauvris et affaiblis de la Première Guerre mondiale : leur production
industrielle et leur PIB chutent fortement. Les États-Unis deviennent les
créanciers de l’Europe, et les dettes de guerre provoquent des tensions entre
les anciens belligérants.

➤ Des déséquilibres budgétaires et monétaires en Europe : Afin de


financer leurs importants déficits, les États recourent au crédit. Si le
Royaume-Uni retrouve rapidement l’équilibre budgétaire du fait de hausses
d’impôts, l’Allemagne, la Pologne, l’Autriche et la Hongrie empruntent à
court terme et créent de la monnaie, ce qui provoque une hyperinflation. En
outre, la décision du Royaume-Uni de revenir à l’étalon-or, en 1925,
contribue à déstabiliser le système monétaire international.
B- Une crise de surproduction

➤ Les difficultés du secteur agricole. Dans les années 1920, la production


agricole augmente considérablement, tout comme les superficies cultivées.
La production dépasse la demande réelle. Ainsi, les prix baissent et de
nombreuses exploitations endettées sont obligées de déclarer faillite.

➤ La surproduction industrielle. L’accélération de la production de biens


de consommation (automobiles, électroménager) ne correspond pas à la
faiblesse de la demande, liée à une croissance moins rapide des salaires.
Pour permettre dʼacheter ces nouveaux biens, le crédit à la consommation de
court terme, avec des mensualités élevées, se développe.

C- La spéculation financière

➤ Le développement de la spéculation boursière. Dans la première moitié


du XXe siècle, la spéculation boursière se développe aux États-Unis. Le
cours des actions triple de 1924 à septembre 1929 et, à la veille du krach
boursier, 6 % de la population en moyenne détient des actions.

➤ La formation d’une bulle spéculative. Le développement incontrôlé de


cette spéculation inquiète les observateurs et les dirigeants, qui redoutent la
constitution d’une bulle spéculative. Au printemps 1929, la Réserve fédérale
(Fed), la banque centrale des États-Unis, demande aux banques de New
York de réduire les prêts accordés aux courtiers, mais ses préconisations
demeurent sans effet.
3- Le krash boursier

Tout cela aboutit à un krash boursier.


En effet, Début Octobre 1929, un mouvement de ventes s’amorce à Wall Street
(New York) faisant chuter les cours de 10 %.
Le jeudi 24 octobre (Jeudi noir), le Krach se précipite car les investisseurs
paniquent et cherchent à récupérer de l’argent en mettant massivement en vente
leurs actions (près de 13 millions). Les banques tentent de soutenir les cours de la
bourse, mais la valeur des actions s'effondre et le krach est inévitable, entraînant
avec lui l'économie américaine. Les banques font faillite.
Ceux qui ont tout perdu en bourse ne peuvent plus honorer les échéances de leurs
prêts. La crise économique devient une véritable crise sociale.

4- Les conséquences de la crise aux États-Unis

- Les conséquences de la crise aux États-Unis sont très importantes. Le pays


connaît une déflation: on observe une diminution générale et durable des
prix. Le chômage s'accroît et les manifestations de mécontentement se
multiplient.

- Ainsi, la déflation est la réduction des salaires et des dépenses pour assainir
l'économie. Cette politique économique conduit à une diminution des prix
sur une longue durée.

- La production et la consommation diminuent énormement car l'argent


manque.

- Le revenu national américain chute de plus de moitié et le chômage touche


le pays. En effet, un quart de la population active des États-Unis devient au
chômage et l'assurance chômage n'existant pas, les chômeurs vivent de la
charité publique. Le chômage entraîne une baisse de revenus qui augmente
la baisse de la consommation, qui elle-même entraîne une baisse des prix qui
va provoquer de nouvelles fermetures d'usines.

- Les grèves et les manifestations se multiplient et le niveau de vie de la


population s’effondre subitement. C’est la Grande Dépression.
- De plus, Pour faire face aux pertes, les agriculteurs des plaines du Sud
(Oklahoma, Texas et Kansas) augmentent leur production en multipliant le
labour des terres dans des zones peu fertiles. Cela aboutit à des sécheresses,
qui provoquent plusieurs tempêtes de poussière. Celles-ci détruisent les
cultures et les sols, précipitant des milliers de familles sur les routes. C’est
ce qu’on appelle le Dust Bowl

4- Une crise américaine, une crise mondiale

- La crise se propage peu à peu à l'ensemble des économies capitalistes et


entraîne une crise de confiance vis-à-vis du système bancaire. Les États-
Unis, la France et le Royaume-Uni ayant retiré leurs capitaux des banques
allemandes, plusieurs font faillite.
La France, elle, est frappée tardivement, en 1931, mais elle l'est
profondément et durablement.
5- De profondes conséquences

- Dans les pays touchés par la crise, de nombreuses industries font faillite.
Les taux de chômage augmentent également énormement.
En Europe et en 1931, 2,7 millions de travailleurs sont privés d'emploi au
Royaume-Uni, 4,6 millions en Allemagne.

- En 1932, la valeur des exportations mondiales diminue de 72 % en valeur


par rapport à 1929. La baisse des prix concerne principalement les produits
bruts, notamment les produits agricoles.

- Les populations urbaines et rurales sont durement touchées. Les politiques


déflationnistes aggravent les conséquences du chômage. La riposte sociale est
forte, et parfois violente, comme lors des émeutes de Sydney ou de Perth, en
Australie, en 1932. La multiplication des expulsions entraîne l'essor de camps
de sans-abris, les Hoovervilles aux États-Unis, les Humpies en Australie ou
les bidonvilles en France.

- La crise affecte également durablement les pays latino-américains,


l’Afrique du Sud, le Canada, l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Les
effets sont les mêmes partout : chute brutale des prix, faillites de banques et
d’usines, explosion du chômage.
II- Les réponses des États à la crise économique

1- Un nouveau modèle politico‑économique

- Face à la chute des prix de la production et des exportations, les


gouvernements tentent de répondre par une politique de diminution des
dépenses publiques. Ainsi, en Allemagne, ces dépenses sont réduites de 25
%, le salaire des fonctionnaires est abaissé de 10 % et l'allocation chômage
de 14 %. Parallèlement, les impôts augmentent de 15 % et les taxes se
multiplient sur le tabac, le sucre, la bière. Le pouvoir d'achat des populations
touchées par le chômage diminue donc drastiquement.

- Les pays touchés par la crise cherchent à protéger leur production par des
dévaluations ou par des mesures protectionnistes. La livre sterling sort de
l'étalon-or en septembre 1931 pour être dévaluée, afin de redonner plus de
compétitivité à l'économie britannique. L'effondrement de cette devise clé du
système monétaire international entraîne un vent de panique. La dévaluation
du dollar a lieu, quant à elle, en 1933, et celle du franc en 1936.

- La crise pousse de nombreux États à rompre avec les doctrines libérales et à


intervenir directement dans l’économie, notamment en réglementant les prix
et les salaires, en adoptant des plans de relance ou en subventionnant
certaines entreprises en difficulté, en particulier des banques. On parle de
politique interventionniste ou dirigiste.

- L’insuffisante régulation du secteur bancaire étant dénoncée comme l’une


des causes de la crise, des réformes sont entreprises. Aux États-Unis,
le Glass-Steagall Act de 1933 rétablit la séparation entre les banques de
dépôt et les banques dʼaffaires et renforce le contrôle de l’État sur les
banques. En 1934 est créée la Securities and Exchange Commission, un
organisme fédéral chargé de contrôler les marchés financiers. En Europe, les
banques sont de plus en plus surveillées par les États, notamment en
Allemagne avec la loi bancaire de 1934, en Italie et en France.
2- Le New Deal, une réponse à la crise aux États-Unis

Aux États-Unis, en 1933, Roosevelt instaure la politique du New Deal afin de


répondre à la crise. Ce programme aboutit à un meilleur encadrement des banques,
un fort soutien à l'agriculture, la relance des exportations, une politique de grands
travaux et des aides aux chômeurs. Il opte également pour la dévaluation du dollar
en 1934, ce qui permet d'enrayer la chute des prix. À partir de 1935, le New Deal
prend une tournure plus sociale ; il favorise le développement du syndicalisme et
instaure un système de protection sociale, ainsi qu'un salaire minimum.
Le New Deal suscite l'hostilité des milieux d'affaires qui craignent une trop
importante intervention de l'État dans l'économie contraire au libéralisme auquel ils
sont attachés.

3- Le Front populaire : une réponse sociale à la crise

- En France, le Front populaire cherche à répondre à la crise par les accords


Matignon et les lois sociales de juin 1936. Après la victoire électorale du
Front populaire en mai 1936, un vaste mouvement de grève est déclenché.
Parti de la base, il touche 3 millions de salariés et se caractérise par une
nouvelle forme de lutte, l'occupation d'usines. Ces grandes grèves se
conjuguent avec l'action du Front populaire. Elles aboutissent aux accords
Matignon du 7 juin 1936, conclus sous l'arbitrage du gouvernement Blum
entre la CGPF et la CGT. Par ailleurs, l'État intervient dans l'économie par la
création de l'Office du blé, la réforme de la Banque de France, et les
nationalisations dans les industries de l'armement et de l'aéronautique ou les
chemins de fer.

- L'action du Front populaire se fait aussi sentir dans les domaines de la


culture et du sport, à travers le développement des loisirs et des sports
populaires. Pour la première fois, trois femmes entrent au gouvernement
dont la scientifique Irène Joliot-Curie.
4- Montée des politiques d'indépendance économique dans les régimes
autoritaires

- En Allemagne, le patronat cherche à répondre à la crise en réclamant un


gouvernement dirigé par un « homme fort ». Des hommes d'affaires, comme
Thyssen, soutiennent le Parti national-socialiste ouvrier allemand (NSDAP),
qui obtient 33 % des voix aux élections législatives de 1932, et son chef,
Hitler, qui devient chancelier le 30 janvier 1933. Une politique
protectionniste et d'autarcie est alors mise en place.

- Dans d'autres régions du monde, comme en Amérique latine, les réponses à


la crise, bien que diverses, passent souvent par un renforcement du rôle de
l'État en matière économique et sociale, mené par des leaders populistes.
Face à la dégradation des termes de l'échange, certains pays, pour sortir de la
crise et diminuer leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur, développent une
politique d'industrialisation par substitution aux importations. Il s'agit de
produire localement des biens traditionnellement importés des pays
développés.

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