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HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE DU MONDE CONTEMPORAIN

MODULE IV. Géodynamique continentale de l’Amérique et de l’Asie

IV.1. Les Amériques

IV1.1. Les Etats-Unis: Economie, société, puissance

Introduction
.

Les Etats-Unis: Etat de l’Amérique du Nord, d’une superficie de 9,3 km², qui en fait le 4ème
territoire mondial après la Russie, le Canada et la Chine, avec en plus la 3ème population
mondiale avec 312 millions d’habitants, c’est un pays de l’immensité qui s’exerce à tous
les niveaux :

 Domination monétaire et financière des USA qui leur assure une liberté de décision
et d’action.
 Prépondérance technologique en raison de l’innovation permanente
 Capteur unique de créativité intellectuelle (Brain drain)
 Puissance militaire inédite, présente presque partout : Puissance à part entière sur le
plan externe
 Société américaine qui contribue par ses caractéristiques à cette puissance. Elle
partage un ensemble de valeur; croyances et mythes qui lui donne sa cohérence
 Des victoires militaires et géopolitiques (Seconde Guerre mondiale et Guerre froide)
Mais depuis leurs derniers engagements militaires aux résultats mitigés (invasion de
l’Afghanistan 2001 et invasion de l’Irak 2003), les USA semblent afficher une modestie
internationale et un apparent repli.
Ils sont la première économie mondiale, qui jusqu’à la crise de 2008. Les pays émergents
font désormais figure de concurrents.

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Citations :
• « Après tout, l’affaire des Américains, ce sont les affaires. Ils sont profondément concernés
par la production, l’achat, la vente, le placement et la prospérité dans le monde ».
Calvin Coolidge. Président des USA, 1925
• « L’Amérique peut tomber, la civilisation américaine ne périra pas: elle est déjà maitresse
du monde ».
Georges Duhamel, scène de la vie future. 1930

• Richesse et pauvreté, prédation et sanctuarisation, sécheresse et blizzard,


interventionnisme et isolationnisme : l’Amérique est le pays des contraires, le pays du «
tout ou rien »
Alexandre Andorra et Thomas Snégaroff Presses Universitaires de France, 2016

Questionnements
• Un repli, retrait, ou plutôt un déclin de la puissance étasunienne?
• Une économie en plein effondrement par la montée des puissances
émergentes, notamment la chine, premier rival?
• Le dollar reste un levier de primauté financière et commerciale?
• Le libéralisme et la question des inégalités sociales?
• La nouvelle politique étrangère : fin du multilatéralisme ?

Les Etats-Unis :Est-elle toujours une hyperpuissance, qui se dirige vers une
hégémonie discrète?

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I. Une économie exceptionnelle et une puissance à la fois globale et multiforme


combinant du soft et du hard power

1. Atout et richesses combinant le soft et le hard power

A. Population nombreuse et bien formée

La population active américaine se caractérise par un niveau de formation très élevé et constitue
le plus grand marché de consommation du monde. Il est le débouché naturel de très nombreux
produits fabriqués par les entreprises américaines. Une société de consommation qui est
stimulée par un pouvoir d’achat élevé du fait des revenus élevés. Ce marché de consommation
tire aussi profit de l’immigration qui contribue à augmenter la consommation et qui crée pour
les entreprises un volant de main-d’œuvre très flexible mais aussi très qualifié.

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B. L’innovation technologique au cœur de la réussite américaine

Les Américains attribuent à la recherche une valeur économique. L’innovation doit répondre
aux attentes du marché, voire les devancer. Elle contribue à améliorer les gains de productivité
et la rentabilité des entreprises. Dans un souci de pragmatisme, les Américains privilégient la
recherche appliquée sur la recherche fondamentale. Le passage rapide de l’invention à sa
production industrielle et sa commercialisation est une caractéristique de la recherche
américaine: Le développement reçoit 60 à 62% du total des crédits consacrés à la recherche,
contre 20 à 21% pour la recherche appliquée et 18 à 19% à la recherche fondamentale.

Les sommes consacrées à la R&D sont considérables: Les USA investissent 2,79 à 2,81% de
leur PIB dans la R&D (contre une moyenne mondiale de 2,1%), ce qui contribue à accroitre
l’avancée technologique principalement dans les domaines des technologies de l’information
et de la communication, de la biologie et de la médecine. Le financement de la recherche relève
à 65-70% des entreprises privées.

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Les Université privées comme Stanford ou Princeton, publiques comme Georgia Tech ou Cal
Tech,y participent par le biais de leurs fonds propres à hauteur de 3%. Les pouvoirs publics eux
aussi financent une partie importante de la recherche depuis la GF (Militaire) 29 à 30%. La
culture de l’innovation, qui valorise la prise de risque, a permis aux Américains de s’imposer
dans le monde de la recherche, les USA raflent la majorité des prix Nobel scientifiques (347
prix Nobel depuis 1901). En matière de brevets déposés, les USA détiennent le premier rang.
En 2017, pour la 25ème année consécutive, IBM (matériel informatique) est au premier rang
mondial pour les dépôts de brevets avec 9043 brevets déposés.

La synergie entre Etat, entreprises et universités favorisent la création de technopole comme


Silicon Valley.

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C. De multiples ressources bien exploitées

Ressources agricoles abondantes et insérées dans une logique industrielle et commerciale

Traditionnellement, l’agriculture américaine, avec ses vastes exploitations de 200 à 800


hectares, se distingue par sa spécialisation régionale avec un système de belts (corn belt, coton
belt…).

Elle fonctionne selon une logique industrielle et commerciale qui se traduit par l’agrobusiness.
C’est un système agro –industriel regroupant un ensemble d’activités liées à la production, à la
transformation et à la distribution des produits agricoles. L’agrobusiness a permis de
moderniser l’agriculture (utilisation d'engrais, la mécanisation et l'irrigation) ce qui a favo-
risé l'augmentation de la production agricole. Ainsi, les USA sont donc devenus un géant
agricole, en tête des exportations mondiales Puissance agricole L’abondance de certains
produits agricoles (blé, maïs, soja..) lui permettent d’influer sur les cours mondiaux qui sont
fixés à la Bourse aux grains de Chicago (instrument de puissance).

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L’Etat intervient pour utiliser l’agriculture comme une arme stratégique, sur le plan
international, en ravitaillant tel ou tel pays en fonction des intérêts ou en cherchant à limiter la
concurrence des produits agricoles européens.
Ressources minières et énergétiques considérables

Les gisements pétroliers contribuent à 25% de la production nationale de pétrole et à 14% de


celle de gaz. Pour faciliter la circulation des ressources énergétiques, a été construit le plus
grand réseau d’oléoducs (300 000km) et de gazoducs (550 000km) du monde. Un réseau de
transport a été créé pour convoyer les ressources des lieux de production jusqu’aux lieux de
transformation et de consommation.

Les USA sont les plus gros consommateurs d’énergie du monde et par habitant. La balance
énergétique globale est déficitaire : Ils produisent 19% de l’énergie mondiale, toutes ressources
confondues, mais en consomment 25%. Un tiers des besoins énergétiques est importé (moitié
des pays occidentaux et 18% du Golfe persique). 81% à 86% de l’énergie consommée est
d’origine fossile. L’essentiel est utilisé pour produire l’électricité.
Le charbon arrive loin derrière le pétrole mais se place devant l’énergie nucléaire et les énergies
renouvelables (8% de la filière nucléaire et 6% de diverses formes d’énergies renouvelables).
Les USA disposent du premier parc de centrales nucléaires au monde avec la moitié de la
capacité mondiale.

Deuxième producteur de charbon dans le monde. En plus de leur richesse en phosphate et en


or, toutefois; il est difficile d’intensifier l’exploitation des ressources nationales en raison des
conséquences néfastes sur l’environnement (pollution). L’accident de la plateforme pétrolière
« Deepwater » dans le golfe du Mexique en 2010 a causé plusieurs milliards de dollars de
dommage.

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2. Organisation de l’économie qui peut apparaitre paradoxale et qui souffre de


plusieurs limites
A. Economie capitaliste
 Liberté économique
Elle est fondamentale au même titre que les libertés politiques et individuelles. L’Etat
n’intervient pas dans l’économie (Economie de marché). L’entreprise est devenue donc une
figure centrale de la société américaine, avec un tissu d’entreprises très diversifiée (grandes
firmes minoritaires et petites firmes nombreuses qui créent le plus d’emplois et sont aidées par
l’Etat qui les subventionne)

Les grandes firmes dominent ainsi le marché et commencent à se concentrer, ce qui est contre
la logique du marché et de (CPP). De ce fait, l’Etat américain est intervenu pour contrecarrer et
réglementer ces concentrations en 1890 par la Loi du Scherman Act afin de stopper le
phénomène de concentration (mais n’a pas réussi à le stopper) par l’acquisition non seulement
des entreprises opérant dans les mêmes activités mais également des activités diverses (General
Motors 2002 détient une division locomotive et engins diesel, bateaux à moteur, services
financiers…)
Les entreprises américaines, du fait de la saturation du marché, commencent à se délocaliser à
partir de 1960 (rachat d’entreprises à l’étranger ou par la prise de participation dans des
groupes). Dans les années 80, elles commencent leur délocalisation dans les pays d Sud

Les FMN contribuent à affirmer la puissance américaine dans le monde (8,2% du PIB
national)
 La financiarisation
Ces entreprises géantes s’appuient sur les réseaux financiers diversifiés et puissant pour assurer
leur développement (Diverses banques aux USA). Elles recourent à la Bourse pour augmenter
leur capital, Exemple: Google entre en Bourse pour lever 1,5 milliards de dollars La logique
financière prévaut sur la logique industrielle.

La financiarisation permet de ne plus de passer par le détour de la production pour fructifier le


capital. La simple circulation du capital engendre une création de capital neuf. L’investissement
à court terme devient la norme, et c’est la spéculation qui fait augmenter la valeur d’un actif.
Par cette action d’agrégation de spéculation, le risque systémique augmente et les crises se
déclenchent. En effet, la financiarisation excessive est un facteur qui a déclenché les crises
aux USA, exemple : Crise de 1929, crise des subprimes 2007. D’où l’intervention de l’Etat
pour porter secours à l’économie mais également pour réglementer.

B. L’intervention de l’Etat comme un acteur économique de premier plan

L’Etat intervient pour freiner les excès du capitalisme :

 Par la réglementation :

 Création d’agences fédérales: la Securities and Exchange Commission en 1934 qui


surveille les marchés financiers…

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 Loi: Sherman Act en 1890 contre le monopole/ 2002: Loi contre la criminalité des
entreprises/ Loi Sarbanes-Oxley durcit les peines encourues contre les dirigeants
d’entreprises qui truquent leur bilan comptable.
 2010 des mesures prises après la crise des supbrimes: Limitation de la taille des banques,
interdiction aux banques de s’adonner à la spéculation pour compte propre

 Le but est de réorienter les établissements bancaires vers le financement de l’économie réelle.

Par le secours

 La crise 1929, la crise des supbrimes L’Etat y a joué un rôle important (Financement
des banques en faillite Banque centrale (préteur en dernier ressort), nationalisation
ou rachat des banques (qui sont jugées trop grande pour faire faillite).
 Stimule l’économie grâce à ses investissements dans la recherche et les grands
équipements
 Premier client des entreprises américaines: le département de la défense fait travailler
de très nombreuses sociétés (Boeing)
 L’Etat protège les secteurs en difficulté (Loi du commerce 1974) autorisant des mesures
protectionnistes quand les emplois d’un secteur sont menacés par les importations (taxe
sur l’acier)
 Agriculture subventionnée depuis l’Agricultural Adjusment Act en 1933
 Mesures fiscales favorables pour les entreprises. L’Etat peut également garantir leurs
prêts auprès des banques US Airways emprunte 900 millions de dollars
 Obama a lancé un plan de sauvetage à General Motors pour 30 milliards de dollars en
devenant actionnaire à hauteur de 61%.

L’intervention massive Augmentation de la dette publique de 87% du PIB en 2009 à 104,2% du


PIB en 2014.

3. L’économie américaine comme vecteur de la mondialisation

A. Entre libre échange et protectionnisme

Une position paradoxale des Etatsunis vias à vis de la mondialisation de son économie, une
posituion qui est à la fois favorable pour:

Libre échange, mais protectionniste s’il le faut :

 Début 20ème siècle: Expansion des industries américainesLes firmes américaines


renforcent leur présence dans le monde lors de la 1ère Guerre mondiale (Europe):
Premiers prêteurs, investisseurs et vendeurs dans le monde.
 Crise de 1929 Isolationnisme américain (Tarif Hawley Smott le plus élevé de
l’histoire américaine)
 Fin de la Seconde Guerre Mondiale General Agreement on Tariffs and Trade pour
l’ouverture des marchés  Exportations américaines stimulées et développement des
multinationales OMC en 1995.

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 Aujourd’hui, les USA cherchent à repenser leur politique commerciale du fait de la


concurrence des pays émergents (Droit de douane sur l’acier, soutien des exportations,
accords régionaux « AlENA : Biens, services et capitaux »

Alors qu’actuellement, la politique commerciale des Etats-Unis s’oriente sous le mandat de


Trump vers des accords bilatéraux).

B. Américanisation de l’économie mondiale

Doté d’un fort Soft power, un tissu industriel compétitif, mais également de différents
organismes de régulation ont été mis en place sous l’égide des USA (FMI et BM à Washington+
OMC). L’influence de la culture économique américaine est très présente dans les grands
organes de décision, les attitudes de consommation, de loisirs et de vie d’une manière générale.

Par conséquences :

 Cinquantaine de FTN américaines sont responsables des deux tiers des investissements
américains à l’étranger  accélèrent l’américanisation de l’économie mondiale.
 Les IDE qui augmentent aux USA (Pays développés, Golfe et émergents) Sociétés
étrangères cotées en Bourse de NY, Prise de participation dans des sociétés
américaines…

Mais également, avec la montée des émergents, et les répercussions de la crise de subprimes :

 Les importations augmentent plus que les exportations Déficit commercial avec la
Chine, puis le Japon suivi par l’UE.1

Le rayonnement culturel participe au soft power des États-Unis. Profitant de l’image de l’American way
of life mais aussi de l’efficacité du star-system dont le centre de gravité est à Hollywood, les productions
américaines inondent le monde. 70 % des fictions actuellement diffusées dans l’Union européenne sont
produites aux États-Unis. Grande est la capacité des États-Unis à intégrer des cultures différentes, du
jazz aux musiques latinos, pour en faire de véritables productions commercialisables dans le monde
entier : la diversité culturelle de leur population constitue alors un atout. Mais la culture américaine est
également multiforme. Aux côtés d’une culture d’élite organisée autour de grandes fondations
(Carnegie, Rockefeller) et de grands musées (tel l’Art Institute of Chicago), une culture de masse
produite par les grands studios comme Universal ou Disney est celle qui est la plus exportée. Il ne faut
pas négliger non plus le spectaculaire développement d’une cyberculture diffusée par Internet : les
grands réseaux sociaux comme Skype, Facebook, Twitter ou MySpace sont nés aux États-Unis

II. Une puissance à multiples facettes, mais qui fonde le modèle américain
1. Les fondements du modèle américain

Tous les Américains sont des immigrants ou des descendants d'immigrants: l'immigration est un
phénomène ancien lié à l'histoire du pays, à sa construction territoriale et à son développement
économique. La première vague d'immigration a lieu entre 1820 et 1860: 5 millions d'immigrés

1
La dette US : la dette du gouvernement fédéral américain a officiellement passé la barre des 19.000
milliards de dollars - soit 103% du PIB national - fin janvier 2016- Washington Times. Le 03.02.2016

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arrivent d'Europe du Nord et de l'Ouest (Anglais, Écossais, Irlandais, Allemands et Scandinaves).


Avec la deuxième vague, l'immigration devient massive de 1870 à 1924 et particulièrement entre
1880 et 1920 (23,5 millions de personnes arrivent d'Europe du Sud: Italiens, Grecs... et de l'Est:
Polonais, Russes...) en raison du développement industriel du pays. Les trois quarts de ces migrants
ne parlent pas anglais et ne sont pas protestants mais orthodoxes, juifs, catholiques, musulmans.

Les Etats-Unis sont le pays le plus accueillant de la planète: ils font appel à l'immigration massive
pour augmenter le taux de natalité, occuper les emplois dont les Américains ne veulent pas, pour
stimuler la consommation, soulager les pays de départ: cette nation fondée par des Immigrants est
devenue une nation d'immigrants.

Raison pour laquelle, un modèle méritocratique fondé sur l’éthique du travail (work ethic),
analysée au début du XXe siècle par le sociologue Max Weber, fonde une société où la réussite
passe par le travail ; l’argent et la réussite matérielle apparaissent comme la juste récompense de
ce dernier.
La liberté d’entreprise : « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique »,
déclarait en 1953 le PDG du groupe, Charles Wilson. L’entrepreneur est un peu considéré comme
l’héritier des pionniers de la conquête du territoire américain ; le culte de la réussite et la croyance
dans le self made man y sont associés. Le rêve américain est ainsi jalonné de success stories, de
Rockefeller à Bill Gates, individus ayant réussi à bâtir de véritables empires industriels à partir de
peu de moyens au départ.
Enfin, une relative méfiance à l’égard de l’État, dont témoigne depuis 2009 le mouvement Tea
party. Le darwinisme social ancré dans les mentalités commande que la situation sociale de
l’individu dépende d’abord de lui-même et non de ce que va lui apporter l’État.

L’arrivée de Donald Trump a marqué le retour de la question du mur anti-immigration


clandestine à la frontière avec le Mexique. Ainsi, il a pris la mesure de construire un mur solide
sur le long des frontières avec le Mexique, pour tenter de décourager les migrants
centraméricains, dont la plupart fuient la violence chez eux, d'entrer aux Etats-Unis. Il entend
obliger Mexico à les prendre en charge. Dans le même sens, il a signé un décret qui permet de
rejeter automatiquement les demandes d'asile déposées par des personnes ayant traversé
illégalement la frontière avec le Mexique, une mesure aussitôt contestée en justice par des
organisations de défense des droits civils.

Au moment même où les formalités administratives pour entrer aux États-Unis sont réduites au minimum
dans les années 1880-1990 se met en place une politique migratoire sélective. En 1882, une loi fédérale
interdit l'entrée sur le territoire aux condamnés à mort de droit commun, aux fous, aux idiots et aux infirmes,
mais aussi aux Chinois, loi qui sera élargie progressivement à tous les Asiatiques en raison de l'hostilité des
syndicats à la main-d'œuvre asiatique souvent utilisée par les chefs d'entreprise comme briseurs de grève.
En 1885, interdiction est faite aux employeurs d'accueillir à leurs frais des ouvriers non qualifiés. En 1891
sont rejetés les indigents, les polygames, les malades contagieux; puis les épileptiques, les prostituées, les
mendiants, les anarchistes en raison de l'assassinat en 1901 par l'un d'entre eux du Président MacKinley.
L'immigration est contrôlée, elle n'est pas fermée. En 1910, sur plus d'un million d'entrées aux États-Unis,
seules 24 000 personnes sont refusées.

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2. De la Pax americana, vers le déclin du modèle américain

De 1945 aux années 1960 connaissent le succès du modèle fordiste. La classe moyenne
devient très largement majoritaire et impliquée dans le modele de croissance étaunien.
Cepndant, durant les années 60, les déboires de la guerre au Vietnam et le rejet du matérialisme
ambiant et conduisent à une crise morale d’une partie de la jeunesse qui s’exprime sur les
campus universitaires qui font naître et croître une contestation du modèle. Ainsi, les deux
mandats du président Ronald Reagan se traduisent par une profonde déréglementation de
l’économie. Appliquant le dogme libéral selon lequel « L’État ne peut pas résoudre les
problèmes puisqu’il est le problème », l’objectif est de rendre toute sa liberté au marché.
Les régulations de l’économie mises en place depuis Roosevelt, de même qu’une partie du
Welfare State, sont démantelées. C’est le cas dans le secteur financier où l’activité des grandes
banques d’affaires et de la bourse est totalement libéralisée. La déréglementation du marché du
travail se traduit par une montée de la flexibilité et des « Mac jobs », ces petits emplois précaires
et mal payés qui vont se multiplier jusqu’à aujourd’hui.

Le programme du nouveau Président Trump


En politique étrangère, Donald Trump souhaite mettre un coup d’arrêt à la normalisation avec Cuba, et
a mis fin à l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, considérant que les États-Unis ont offert trop de
concessions. Il veut remettre en cause la signature des accords de Paris issus de la COP 21 et menace
les pays européens de sortir de l’OTAN si ceux-ci ne financent pas davantage l’Organisation. Une
renégociation de l’ALENA est programmée, considérant qu’elle facilite les délocalisations.
Trump menace les concurrents des États-Unis, surtout la Chine, de mesures protectionnistes. S’il ne
remet pas en cause la stratégie du pivot en Asie, il considère que les États-Unis n’ont pas vocation à
intervenir partout, notamment au Proche et Moyen-Orient. Le nouveau président semble plus
isolationniste que ses prédécesseurs. Sur le plan intérieur, la fin de l’Obamacare est annoncée, de même
que la construction d’un mur de 1 600 km à la frontière du Mexique pour bloquer l’immigration tandis
que deux millions de clandestins seraient expulsés. Attaché au port d’armes à feu, « un droit donné par
Dieu à l’autodéfense », il a promis des baisses importantes d’impôts et un programme d’investissements
dans les infrastructures.

3. Société d’inégalités et de mobilité acceptable car elle reste entravée par l’absence de
l’Etat providence

Hiérarchie sociale fondée sur le revenu

 Les riches constituent 1à 5% des Américains appartiennent de la population américaine.


Ce groupe rassemble les élites économiques, culturelles et politiques. La profession la
plus représentée: Dirigeants d’entreprise (exp: Rockefeller: industriel milliardaire et
fondateur du mythe américain des self-made man) qui ont fréquenté les meilleures
écoles et ont su fructifier l’argent accumulé par leur famille/ Médecins, avocats, sportifs
réputés…
 Les pauvres: 14% de la population. Aux USA se sont ceux qui vivent sous le seuil de
pauvreté fixé à 22 314 dollars annuels pour une famille de 4 personnes (sont exclus les
avantages matériels comme les soins gratuits pour les + 65 ans, les bons alimentaires,
logement social)
 Les classes moyennes: 80 % de la population américaine. Aux USA se sont ceux dont
les revenus se situent entre 40 000 et au plus 100 000 dollars. Elles sont hétérogènes
entre: profession libérale et cadres supérieurs et cols bleus.
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Inégale répartition des richesses : USA, une économie inégalitaire

Les deux chercheurs montrent que la part de la richesse détenue par les 90 % des ménages les
plus pauvres s’est effectivement accrue de 15 % à 35 % entre les années vingt jusqu’au milieu
des années quatre-vingt contre une diminution de la part de la richesse détenue par les 0,1% des
ménages les plus aisés.

A partir de 2008, la pauvreté s’accentue jusqu’à ce que les deux courbes se rejoignent presque
en 2012 en raison du chômage, perte de logement, l’endettement des ménages Inégalités
creusent

Etats-Unis, triste record : la fortune des 1% les plus riches équivaut à celle des 90% « du
bas» Creusement des inégalités  « Une économie qui ne sert pas la plupart des citoyens
est une économie qui a échoué ». Joseph Stiglitz.
Mobilité sociale aux USA

Le concept de mobilité sociale ascendante permet de mesurer la possibilité qu’un enfant des
classes les plus pauvres puisse avoir afin de profiter de l’ascenseur socioéconomique. Par
contre, la mobilité descendante est due : Perte d’emploi, accidents de la vie (divorce, décès) qui
peuvent provoquer des baisses de revenus ou un déclassement social

La mobilité aux USA est plus ascendante que descendante (figure du Self-made man:
Rockfeller, Bill Gates, Mark Zuckerberg), ce qui nourrit le rêve américain des candidats à
l’immigration.

La mobilité sociale aux USA est une réalité, même si elle est bien moins spectaculaire que la
figure du self-made man « Les États-Unis sont le pays où les chances de saisir ces occasions
de s'en sortir sont les plus basses. ». Joseph Stiglitz Retour à l’Etat providence
Cette perspective de mobilité sociale participe à la puissance américaine via sont soft power.
L’accroissement des inégalités en revanche est un des éléments d’affaiblissement de la
puissance.

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III. Une puissance discrète ou leadership menacée ?

1. Un bilan paradoxal de la politique extérieur Etasuniennes face à de nouvelles


préoccupations mondiales

La tendance à l’unilatéralisme depuis la fin des années 1990 a beaucoup nui à l’image des
États-Unis. Des décisions comme la non-ratification du protocole de Kyoto en 1997 ou la guerre
préventive menée en Irak en 2003 sans l’aval de l’ONU ont entraîné une montée de
l’antiaméricanisme, y compris chez les alliés traditionnels des États-Unis.
Depuis le choc des attentats du 11 septembre 2001 qui ont montré que le territoire des
États-Unis n’est plus un sanctuaire inviolable, le gouvernement est en guerre contre le
terrorisme. Or la puissante armée étatsunienne éprouve les pires difficultés à stabiliser l’Irak et
à contrôler l’Afghanistan, et la menace de l’Iran chiite. Les pays d’Asie orientale réclament la
protection militaire américaine face à l’expansionnisme maritime de la Chine. L’administration
Obamaa affiché la volonté de renouer avec le soft power, désormais qualifié de smart power
(convaincre et influencer non par la force, mais par le dialogue et le compromis).
Le bilan des deux mandats Obama est contrasté en politique étrangère. La guerre contre le
terrorisme a été poursuivie avec notamment l’élimination d’Oussama Ben Laden en mai 2011.
Les attaques ciblées de drones contre les foyers terroristes du Moyen-Orient ont été intensifiées.
Les États-Unis sont les fers de lance de la coalition contre Daesh en Syrie et en Irak et appuient
la guerre au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par Téhéran.
En juillet 2015, un accord avec l’Iran a été conclu sur la surveillance de ses installations
nucléaires, ce qui permet une levée progressive des sanctions, mais qui n’a pas duré longtemps.
Une normalisation des relations avec Cuba a été entreprise, ce qui doit permettre de mettre
prochainement fin à l’embargo, mais dénoncé après par D. Trump. Les États-Unis pratiquent
aussi une politique du lead from behind en soutenant sans s’exposer des interventions
conformes à leurs intérêts comme celles de la France en Afrique. Pour autant, les déceptions
sont nombreuses. Le retour de la menace russe en Europe oblige à une réassurance de l’OTAN
vis-à-vis des pays d’Europe de l’Est. Washington n’a pas pu empêcher l’amputation du territoire
géorgien suite à la guerre de 2008 entre Moscou et Tbilissi, l’annexion de la Crimée et le soutien
russe aux séparatistes de l’Est de l’Ukraine.

2. Ce retrait est combinées et à l’impuissance économique

Le creusement des « déficits jumeaux » (déficit de la balance commerciale et du budget)


s’accélère depuis 2000 et place les États-Unis dans une situation de dépendance financière vis-
à-vis de l’extérieur. S’ils conservent la chance de pouvoir s’endetter dans leur propre monnaie,
ils sont désormais dépendants de la Chine, du Japon et secondairement des fonds souverains
des pétromonarchies du golfe Persique, qui achètent les bons du trésor émis par la Federal
Reserve.
La stratégie de la Chine est avant tout commerciale. En finançant la dette américaine, Pékin
évite à la banque centrale américaine d’augmenter les taux d’intérêt pour attirer les capitaux
extérieurs : les taux d’intérêt restant bas, le crédit est bon marché et stimule la consommation
de produits chinois.

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Cependant, malgré les multiples plaintes américaines à l’OMC, la Chine continue de pratiquer
un véritable dumping social, fiscal et monétaire à travers un yuan volontairement sous-évalué.
Cette situation est révélatrice d’une incapacité croissante de Washington à utiliser les
institutions internationales pour faire valoir leurs intérêts.
Les États-Unis n’ont pas pu imposer non plus la libéralisation du commerce des services qu’ils
défendaient et le TAFTA avec l’UE ne sera probablement jamais signé, le retrait finalement de
l’accord de nucléaire iranien, et arrêt de la normalisation des relations avec Cuba témoigne un
repli de la puissance des Etats-Unis, qui marque probablement une fragilité interne, qui se
manifeste au niveau externe.
Il s’avère que les Etats unis se retirent du monde. La politique étrangère revient donc à des
objectifs plus réalistes : assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques (même si la
dépendance américaine décroît avec la montée de la production de gaz de schiste), lutter contre
le terrorisme, préserver leurs intérêts commerciaux et ceux de leurs firmes partout dans le
monde, maîtriser la montée en puissance de la Chine et de la Russie en Asie, continent sur
lequel les États-Unis considèrent leur présence comme stratégique.

3. Aujourd’hui, on assiste à un retrait américain du monde qui s’effectue sans repli

L’expression de la colère issue de la perte de la conscience de puissance aux États-Unis est


portée par le président Donald Trump. Celui-ci a condamné l’administration Obama d’avoir
affaibli les États-Unis sur la scène internationale. Il a mené campagne sous le thème de la «
grandeur de l’Amérique » en réponse à la faiblesse de l’Amérique perçue à tort ou à raison par
un grand nombre d’américains. Donald Trump a fustigé la politique étrangère d’Obama qui a
plongé le Moyen-Orient dans le chaos et a décrédibilisé la parole de l’Amérique sur la scène
internationale. Les faits confirment un changement dans le rapport des États-Unis au monde,
ils obéissent à une stratégie de rupture déterminée par la transformation d’un système
international dans lequel les États-Unis comptent toujours beaucoup mais pèsent moins. Les
deux premières années de l’administration Trump sont marquées par une succession
d’initiatives qui dessinent six grands axes :

 Retrait de l’UNESCO en octobre 2017, puis la suppression de leur participation au


financement de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en
août 2018
 Dénonciation de grands accords internationaux : sortie de l’accord de Paris sur climat,
l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Enfin, en octobre 2018, fut annoncée la
sortie prochaine du traité Le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire
(FNI ou INF) de 1987 interdisant aux États-Unis et à la Russie les missiles à portée
intermédiaire
 Remise en cause du libre-échange : Sortie du Partenariat Trans-Pacifique (TTP)
conclu en 2016. Hostilité à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et une
demande de renégociation fut adressée au Mexique et au Canada dès mai 2017.
 Les États-Unis exigent que les alliés consacrent non plus 2% mais 4% de leur PIB à la
défense

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HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE DU MONDE CONTEMPORAIN

 Les États-Unis privilégient les sommets bilatéraux avec des dirigeants étrangers, qu’ils
soient des « alliés » (Emmanuel Macron), des « adversaires » (Vladimir Poutine) voire
des « ennemis » (Kim Jong-un).
 Les États-Unis accroissent notablement leur budget de la Défense. Celui-ci devrait
dépasser les 700 milliards de dollars en 2019, c’est-à-dire atteindre un pic historique

La stratégie suivie par l’administration Trump est celle d’un retrait. La première puissance
mondiale abandonne la mission qu’elle s’était donnée, celle de garantir un ordre international.
Mais ce retrait ne se résume pas à un repli sur l’Amérique. Car les États-Unis de Donald Trump
adoptent une ligne d’indéniable activisme dans les affaires mondiales : épreuve de force globale
contre la Chine, coups de boutoir répétés à l’égard de l’Union européenne, renégociation exigée
de l’ALENA, maintien des sanctions imposées à la Russie, pression implacable sur l’Iran
laissant soupçonner une tentation pour le changement de régime, intervention personnelle dans
le dossier nucléaire nord-coréen, soutien inconditionnel au gouvernement israélien… Aucun
élément ne prouve un tropisme isolationniste, bien au contraire. Et le dynamisme des
exportations américaines d’armements, spécialement de systèmes complexes qui placent leurs
acquéreurs dans une situation de dépendance durable à l’égard de leur fournisseur, montre que
l’administration Trump n’a rien contre une forme d’intégration de fait, pourvu qu’elle se décline
sur le mode de la domination.

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