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CHAPITRE VI: Comment lutter contre le chômage ?

Objectifs d’apprentissage :

ð Savoir définir le chômage et le sous-emploi et connaître les indicateurs de taux de chômage et


de taux d’emploi.

ð Comprendre que les problèmes d’appariements (frictions, inadéquations spatiales et de


qualifications) et les asymétries d’information (salaire d’efficience) sont des sources de
chômage structurel.

ð Comprendre les effets (positifs ou négatifs) des institutions sur le chômage structurel
(notamment salaire minimum et règles de protection de l'emploi).

ð Comprendre les effets des fluctuations de l’activité économique sur le chômage conjoncturel.

ð Connaître les principales politiques mises en œuvre pour lutter contre le chômage : politiques
macroéconomiques de soutien de la demande globale, politiques d’allégement du coût du
travail, politiques de formation et politiques de flexibilisation pour lutter contre les rigidités
du marché du travail.

Introduction :

Parmi les défis économiques majeurs auxquels la France doit faire face, la lutte contre le chômage de
masse constitue une priorité. Avant la crise sanitaire, le chômage connaissait une décrue tout en se
situant à un niveau élevé et persistant. Il connaît un rebond avec la crise sanitaire et économique. Le
taux de chômage s’établit, selon les chiffres de l’INSEE du 10 Novembre 2020, à 9% de la population
active (sur 100 actifs, 9 sont au chômage), soit un nombre de chômeurs au sens du BIT (Bureau
International du travail) de 2,7 millions d’actifs (hors Mayotte). Ce taux se situe de 0,9 point au-
dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire.

Les politiques de lutte contre le chômage articulent les politiques de soutien à la demande à court
terme afin de réduire la composante conjoncturelle du chômage (associée à une demande globale
insuffisante) et les interventions à moyen/long terme sur les institutions du marché du travail pour
s’attaquer à sa composante structurelle. Les politiques de lutte contre le chômage (ou politique de
l’emploi) désignent l’ensemble des interventions publiques visant à assurer le plein-emploi : elles
comprennent les dispositifs de soutien aux chômeurs (indemnisation du chômage, formation) et de
stimulation de la création d’emplois.

Les politiques de lutte arbitrent entre la recherche de l’efficacité économique (créer des emplois) et
la justice sociale (créer des emplois stables, limiter les écarts de salaires, etc.) : le débat oppose
souvent ceux qui prennent pour seul objectif le volume de l’emploi et ceux qui y ajoutent d’autres
finalités comme sa qualité, ou y ajoutent des considérations de justice sociale.

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I-Comment définir et mesurer l’emploi, le chômage et le sous-emploi

A)Les indicateurs du chômage et du sous-emploi

Doc.n°1 p. 74

1)Qui fait partie de la population inactive ?

2)Un chômeur est-il actif ou inactif ?

3)Parmi ces personnes, quelles sont celles qui font partie de la population active et de la population
inactive ?
-Sonia, 30 ans est mère au foyer
-Samuel, 42 ans, licencié il y a trois mois, recherche activement un emploi.
-Gilles 50 ans est invalide depuis un accident de la route
-Mario, 16 ans, est lycéen
-Pauline, 22 ans poursuit des études de droit
-Paul, 61 ans, a été mis en retraite car il a été exposé à l’amiante
-Margot, 35 ans, ingénieure aéronautique

4)Calculer le taux d’emploi et le taux de chômage à l’aide des données du schéma.

A retenir :
-L’emploi désigne l’exercice d’une activité professionnelle, rémunérée et déclarée.
-La population active, selon l’INSEE, regroupe la population active occupée (appelée aussi
« population active ayant un emploi ») et les chômeurs (population active de plus de 15 ans, sans
emploi mais cherchant effectivement un emploi).
-Le chômage désigne une situation dans laquelle se trouvent les personnes, de 15 ans ou plus, qui
sont sans emploi mais qui recherchent effectivement un emploi.
Comme souvent en économie, définir et mesurer est difficile car parfois les frontières entre l’emploi,
le chômage et l’inactivité ne sont pas toujours faciles à établir.

Doc. n°2 : Vous pouvez aussi aller sur le lien www.lienmini.fr/ses-tle-011 ( Dessine-moi l’éco:
« comment mesure-t-on le chômage ? »

L’Insee a adopté la définition du chômage et de l’emploi du Bureau international du Travail (BIT).

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Ces définitions sont appliquées par les instituts statistiques de la plupart des pays du monde et en
particulier ceux de l’Union européenne. La mesure du chômage pose en effet des questions plus
complexes qu’il n’y paraît. Un chômeur se caractérise-t-il par le fait de se déclarer : spontanément
comme tel ? Comme une personne inscrite auprès de l’agence pour l’emploi ? Comme une personne
cherchant effectivement un travail ?... Pour disposer d’une mesure stable dans le temps et
harmonisée entre les différents pays, le BIT a proposé une définition mais aussi une méthode : partir
de ce que disent les personnes sur leur recherche effective d’emploi et leur disponibilité pour
travailler, en se référant à une période temporelle précise.

Selon le BIT, une personne est considérée comme chômeur si elle remplit simultanément les
critères suivants :

• avoir 15 ans ou plus

• être sans emploi au cours d’une semaine précise, dite « semaine de référence »

• avoir effectué, au cours des quatre dernières semaines, une démarche active de recherche
d’emploi (réponse à une petite annonce, inscription dans une agence d’intérim, etc.) ou avoir
trouvé un emploi qui commence dans moins de trois mois

• être disponible pour travailler dans les deux semaines à venir Une personne est considérée en
emploi si elle a effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours de la semaine de
référence ou si elle a gardé un lien formel avec son emploi (congés annuels, maladie, maternité,
etc.). Cette définition de l’emploi est large : elle inclut des personnes occupées à temps très partiel
ou sur des contrats très courts.

Une autre mesure du chômage est produite tous les mois par le ministère du Travail et Pôle emploi.

Il s’agit du nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) inscrits à Pôle emploi. Parmi les
inscrits à Pôle emploi, on distingue 5 catégories, de A à E. La catégorie A correspond aux demandeurs
d’emploi tenus d’effectuer des actes positifs de recherche d’emploi et sans emploi au cours du mois.
Les critères définissant les chômeurs au sens du BIT et les demandeurs d’emploi en catégorie A
semblent a priori proches. Toutefois, les deux populations ne se recouvrent pas totalement. Environ
un chômeur au sens du BIT sur six se déclare comme étant non inscrit à Pôle emploi (par exemple,
des jeunes qui ne s’inscrivent pas car ils ne peuvent prétendre à une indemnisation). À l’inverse,
certains demandeurs d’emploi en catégorie A ne sont pas classés comme chômeurs au sens du BIT.
C’est par exemple le cas des personnes qui n’ont effectué aucune autre démarche que le seul
renouvellement de leur inscription à Pôle emploi.

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Par ailleurs, alors que la mesure du chômage au sens du BIT repose sur les déclarations factuelles
des personnes interrogées dans l’enquête Emploi, l’inscription sur les listes de Pôle emploi résulte
d’une démarche administrative. Cette inscription peut être affectée par des changements de règles
dans le suivi, l’accompagnement ou l’indemnisation des demandeurs d’emploi. Les déclarations des
personnes dans l’enquête Emploi sont moins soumises à ces changements de règles administratives
ou de gestion. Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A est globalement plus élevé que
celui des chômeurs au sens du BIT, les critères de recherche active et de disponibilité des personnes
n’étant pas mesurés de la même manière selon les deux concepts.

INSEE- Dossier pédagogique-Chômage-11/08/2020

1)Quels sont les critères pour être comptabilisé chômeur par l’INSEE, par Pôle emploi ?

2)Calculer le coefficient multiplicateur entre le chiffre de Pôle emploi et celui de l’INSEE. Interpréter
le résultat.

3)Pourquoi un tel écart ?

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Doc. n°3 p.75 :
1)Qu’est-ce qu’une situation de sous-emploi ?

2)Calculer le taux de taux de sous-emploi en France en 2018 et donner la signification du résultat


obtenu.

3)Parmi les cas suivants, lesquels relèvent du sous-emploi ?


-Karima, cadres dans une banque, travaille 35 heures par semaine tout au long de l’année
-Pauline, caissière de supermarché, travaille 20 heures par semaine et souhaiterait travailler 35H.
-Durant la canicule, Louis, couvreur, est exempté de travail l’après-midi.
-Stéphane a choisi de travailler à temps partiel pour s’occuper davantage de ses enfants.

4)Regarder la vidéo sur le lien www.lienmini.fr/ses-tle-012


« Doubs : l’inquiétude des salariés de Peugeot, au chômage technique » (2018)
Qu’est-ce que le chômage technique ?
Quel est le risque des salariés de Peugeot si le chômage technique se prolonge ?

5)Quel est le point commun et quelles différences existe-t-il entre une personne qui fait parti du Halo
autour du chômage et une personne au chômage ?

Synthèse : Montrer que la mesure du chômage est relative

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Retenir :
-Le taux d'emploi d'une catégorie d'individus est calculé en rapportant le nombre d'individus de la
catégorie ayant un emploi au nombre total d'individus dans la catégorie. Il peut être calculé sur
l'ensemble de la population d'un pays, mais on se limite le plus souvent à la population en âge de
travailler (généralement définie, en comparaison internationale, comme les personnes âgées de
15 à 64 ans), ou à une sous-catégorie de la population en âge de travailler (femmes de 25 à 29 ans
par exemple).
-Le sous-emploi comprend les personnes actives occupées au sens du BIT qui remplissent l'une des
conditions suivantes :
 Elles travaillent à temps partiel, souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le
faire, qu'elles recherchent activement un emploi ou non ;
 Elles travaillent à temps partiel (et sont dans une situation autre que celle décrite ci-
dessus) ou à temps complet, mais ont travaillé moins que d'habitude pendant une semaine
de référence en raison de chômage partiel (chômage technique) ou mauvais temps.
-La mesure est relative car elle dépend des critères retenus pour comptabiliser le nombre de
chômeurs. Par exemple, un individu en sous-emploi en raison d’un temps partiel subi n’est pas
comptabilisé comme chômeur par l’Insee alors qu’il l’est par Pôle emploi

B)L’évolution de l’emploi, du chômage et du sous-emploi en France depuis les années 1970

Doc n°1 p.76 : Retenir l’essentiel

- Le nombre de chômeurs correspond à la différence entre le nombre d’actifs et le nombre d’emplois.


Le nombre de chômeurs a donc été multiplié par (2 693 /775) = 3,5 de 1975 à 2018.

- La hausse de l’emploi de 1975 à 1997 ne se traduit pas par une baisse, mais par une hausse du
chômage, parce que la population active a augmenté plus rapidement que le nombre d’emplois.

-L’emploi augmente si les créations brutes d’emplois sont supérieures aux destructions brutes
d’emploi : il y a alors des créations nettes d’emplois. Les créations nettes d’emploi ne permettent
donc pas une réduction du nombre de chômeurs si la population active augmente plus vite que ces
créations nettes d’emplois.

Doc. n°2 p.76 :


1)Commentez les évolutions du taux de chômage et du taux de chômage de très longue durée en
France de 2008 à 2018.

2)Quelle relation observe-t-on entre l’évolution du taux de chômage d’une part et l’évolution du taux
de chômage de longue durée ou très longue durée d’autre part ?

3)Les relations entre l’évolution du taux de chômage et l’évolution du chômage de longue durée se
vérifient-elles dans d’autres pays ?

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II-Quelles sont les causes du chômage

A)L’analyse néo-classique et la régulation du marché du travail : les effets négatifs des institutions
sur le chômage structurel

-1-Préalable :

Marché du travail : Lieu de rencontre de l’offre (les actifs) et de la demande (les employeurs) de
travail sur lequel se fixe le prix du travail, c’est-à-dire le taux de salaire.

Il ne faut pas confondre le marché du travail et le marché de l’emploi où l’offre est constituée par les
employeurs et la demande par les actifs.

Offre Demande

Marché du travail Actifs Employeurs

Marché de l’emploi Employeurs Actifs

Il vaut mieux éviter de raisonner en termes de marché de l’emploi car cela sous entendrait que ce
sont les actifs qui versent un prix aux employeurs en échange d’un emploi (P. Cotelette, Economie du
travail, 2018).

Le taux de salaire d’équilibre est celui qui égalise l’offre et la demande de travail sur le marché du
travail. Pour les néo-classiques, ce marché doit fonctionner en Concurrence Pure et Parfaite (cours
de première : atomicité, transparence, homogénéité, fluidité, mobilité des facteurs de production).

-2-Les mécanismes du marché du travail:

Pour les néoclassiques (qui raisonnent à la marge), le travail est une marchandise comme les
autres. L’offre de travail émane des actifs désireux d’allouer une partie de leur temps à une activité
productive en échange d’un salaire. Et la demande de travail provient des employeurs qui ont besoin
de cette marchandise particulière pour réaliser leur production. Le comportement de ces agents
résulte d’un calcul rationnel de comparaison coûts/avantages.

-Du côté des actifs, il faut arbitrer entre l’utilité et la « désutilité » qu’il y a à offrir de son temps
pour travailler. L’utilité est évidente, c’est une allocation de son temps qui rapporte un revenu, mais
aussi des éléments plus qualitatifs comme des relations sociales, donc de l’intégration sociale ou de
l’estime de soi. La « désutilité » est aussi assez simple à repérer, puisque travailler est source de
fatigue et oblige à renoncer à son temps libre et à ses loisirs éventuels.

Dans ces conditions, et toutes choses égales par ailleurs, l’offre de travail sera d’autant plus forte que
le salaire réel proposé sera important. En effet, un salaire élevé incite davantage les actifs à renoncer
à leur temps libre : on dira donc que l’offre de travail est une fonction croissante du salaire :
graphiquement, plus le salaire s’élève, plus le volume d’heures offertes sur le marché du travail
progresse.

-Du côté des employeurs, le calcul est symétriquement inverse : ils achètent des heures de travail
tant que cela leur parait rentable : le taux de salaire réel pour une heure de travail supplémentaire
(le coût marginal) doit être inférieur à ce que rapporte une heure de travail supplémentaire, c’est-à-
dire à la productivité marginale.

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Toutes choses égales par ailleurs, plus le taux de salaire est élevé, moins à priori il sera profitable
d’acheter des heures de travail.

Exemple

-Ce graphique est une représentation schématisée du marché du travail

-la droite jaune représente l’offre de travail qui est une fonction croissante du taux de salaire (prix) :
plus le taux de salaire est élevé, plus les actifs sont prêts à offrir du travail (des heures de travail pour
être exact).

Par exemple, si l’heure de travail s’établissait à 8€, c’est environ 13 millions d’heures de travail que
les actifs sont prêts à offrir. Mais si le taux de salaire s’élevait jusqu’à 12 euros, les quantités offertes
passent à 20 millions d’heures de travail.

En effet la hausse du taux de salaire accroît le revenu des actifs, on dit que la hausse du taux de
salaire réel accroît l’utilité du travail.

-La droite verte représente la demande de travail qui est une fonction décroissante du taux de salaire,
plus le taux de salaire réel est élevé, plus le coût du travail pour les entreprises est élevé, moins elles
achètent des heures de travail.

Par exemple, à 8€ de l’heure, elles sont prêtes à acheter 28 millions d’heures de travail mais à 12€,
c’est seulement 20 millions d’heures qui seront demandées.

-Le point d’équilibre correspond au plein emploi : l’offre de travail est égale à la demande de travail, il
n’y a donc ni pénurie de main de main d’œuvre, ni excès de main d’œuvre (=chômage).

Ici l’équilibre se situe à 12€ l’heure de travail et 20 millions d’heures travaillées.

-Ceux qui sont insatisfaits se retirent du marché : les employeurs qui veulent embaucher au-dessous
de 12€ et les actifs qui refusent de travailler pour 12€ de l’heure.

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-3-Si le marché du travail est CPP, il ne peut y avoir l’existence que d’un chômage frictionnel

La régulation désigne les mécanismes de retour à l’équilibre. En effet, la logique de la concurrence


conduit à l’équilibre. En fonction des circonstances les courbes se déplacent. Par exemple, la courbe
d’offre peut se déplacer suite à un choc démographique et la courbe de demande suite à un choc
technologique. Dans la logique de ce modèle, le chômage ne peut être que transitoire. Les
néoclassiques parleront de chômage frictionnel pour désigner le chômage qui résulte des
ajustements permanents entre l’offre et la demande. Ce chômage, de courte durée et de faible
ampleur, se manifeste sur un marché du travail où l’on rencontre autant d’offres que de demandes
d’emploi insatisfaites : il n’y a donc pas de pénurie d’emplois.

Exemple

-Sur ce graphique,
l’ancien équilibre a été
rompu.

-L’offre de travail a
augmenté (la courbe
jaune s’est déplacée
vers la droite) en raison
de l’arrivée massive
d’une classe d’âge
nombreuse sur le
marché du travail (choc
démographique ; par
exemple, lorsque la
génération du baby-boom est arrivée sur le marché du travail). Pour chaque niveau de salaire, les
quantités offertes sur la droite en trait plein sont supérieures à celle de l’ancienne droite (en
pointillés).

Par exemple, pour un salaire de 12€, l’ancienne offre de travail s’établissait à 20 millions d’heures de
travail et se situe désormais à environ 26 millions.

-A 12€, la demande ne change pas, il est de 20 millions d’heures. Donc une partie de ceux qui
souhaitent travailler ne trouveront pas d’emploi : c’est le chômage frictionnel.

En effet, si on laisse faire (les économistes néoclassiques sont des libéraux), le marché va
s’autoréguler, un nouvel équilibre va apparaître.

-Les actifs trop nombreux vont se faire concurrence et certains vont accepter une rémunération plus
basse pour conserver leur emploi. Cette baisse a un double impact :

+déplacement de la courbe de l’offre (travailler est moins utile puisque le taux de salaire diminue)

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+une baisse de la demande de travail à 12€ de l’heure puisque les employeurs trouvent des salariés
acceptant un taux de salaire plus bas.

Un nouvel équilibre se forme avec un taux de salaire réel de 10€ et environ 22 millions d’heures
travaillées.

Le plein emploi est réapparu.

-4-Ce sont les institutions qui sont la cause d’un chômage structurel

Il est cependant possible, pour les néoclassiques, de voir se développer un chômage massif et
durable si les conditions de la concurrence sont faussées. Ainsi, s’il existe un salaire minimum imposé
par les pouvoirs publics qui se situe au-dessus du salaire d’équilibre, on verra se développer un
chômage structurel, car résultant d’un dysfonctionnement de la structure du marché. En effet, les
employeurs renonceront à embaucher tous les actifs, souvent les personnes les moins qualifiées,
dont la production sera inférieure à ce taux de salaire, car ils leur coûteraient plus cher qu’ils ne leur
rapporteraient. On verra donc de manière permanente des actifs être prêts à travailler proposé par
le marché et ne pas trouver d’emploi.

Exemple : les effets du SMIC selon les néoclassiques

Les règles de protection de l’emploi contribuent aussi au chômage structurel, notamment des
personnes les moins qualifiées de deux manières :

• Les entreprises sont réticentes à embaucher (des licenciements trop règlementés freinent les
embauches : en cas de retournement de l’activité économique, compte tenu du temps de préavis et
du coût en raison des indemnités de licenciement, indemnités prudhommales, les employeurs
peuvent être désincités à embaucher), ce qui fait baisser le niveau global d’emploi.

• Elles sont plus sélectives : l’employeur doit embaucher les candidats au profil adéquat afin de ne
pas avoir à les licencier ultérieurement. En freinant les embauches et les licenciements, les règles de

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protection de l’emploi nuisent au processus de destruction créatrice : des activités obsolètes
perdurent alors que les secteurs innovants ne se développent pas assez rapidement. Le
redéploiement des salariés entre secteurs, professions ou régions ne s’effectue pas correctement.

Attention !!

-Compte tenu du pouvoir de marché des employeurs, même si le salaire minimum augmente, s’il
reste inférieur à la productivité marginale du travail, l’embauche d’un salarié supplémentaire
rapporte plus qu’elle ne coûte. L’instauration d’un salaire minimum n’a des effets négatifs sur
l’emploi que si le coût marginal du travail devient supérieur à sa productivité marginale. Le salaire
minimum contribue au chômage structurel des moins productifs, notamment les jeunes et les moins
qualifiés.

-Les règles de protection de l’emploi peuvent être favorables à l’emploi : désincitées à licencier, les
entreprises adoptent des stratégies fondées sur la formation et la polyvalence de leurs salariés afin
que leur profil soit en adéquation avec les besoins de la production. Il en résulte des gains de
productivité et une baisse des coûts unitaires favorable à la compétitivité-prix. Des salariés formés et
polyvalents sont davantage capables d’innover, d’où des gains de compétitivité hors-prix. Ces gains
de compétitivité stimulent la hausse de la production, donc la hausse de l’emploi.

B)Les problèmes d’appariement, sources du chômage structurel

Préalable : Le chômage structurel peut s’expliquer par des difficultés à mettre en relation l’offre de
travail des chômeurs et la demande de travail, les emplois vacants. Les Américains Peter Diamond et
Dale Mortensen et le Britannico-Chypriote Christopher Pissarides sont les auteurs de travaux sur
l'adéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail. Ils ont reçu le prix Nobel
d’économie en 2010. Les problèmes d’appariement proviennent d’inadéquations spatiales et de
qualifications ainsi que de frictions sut le marché du travail. Ils empêchent l’adéquation, temporaire
ou durable, de l’offre et de la demande de travail.

Document n°1 p.80

1)Cherchez à définir le terme d’appariement.

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2)Faites une phrase avec les points A et B pour montrer la relation que la courbe de Beveridge met
en évidence.

3)Comprendre laquelle des deux courbes représente une situation plus favorable ? Justifiez à l’aide
des points A et C.

4)Expliquez la phrase soulignée à l’aide du graphique.

Doc. n°2 p.80


1)Que représente l’inadéquation du profil du candidat dans les recrutements jugés difficiles par les
employeurs ?

2)Quels sont les motifs de recrutement jugés difficiles qui renvoient à une inadéquation spatiale
entre la localisation du poste et celle du candidat, à une inadéquation de la qualification de la
qualification de l’individu en termes de savoir (formation, diplôme) ? en termes de savoir-faire
(expérience et compétences techniques) ? en termes de savoir-être (qualités personnelles, initiative,
compétences sociales) ?

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Doc. n°4 p.81

1)Quel bénéfice pour un chômeur peut-il tirer d’un jour de recherche d’emploi supplémentaire ?

2)Pourquoi y a-t-il des frictions dans le processus de rencontre entre les chômeurs et les
employeurs ?

3)Pourquoi ces frictions sont-elles à l’origine d’un chômage structurel ?

4)Expliquez la phrase soulignée.

Synthèse :
Le chômage structurel est un chômage dû à des difficultés structurelles de l’économie et non
conjoncturelles (ralentissement temporaire de l’activité économique). Il s’explique par :

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-Des problèmes d’appariement entre offres et demandes peuvent être à l’origine du chômage
frictionnel. En effet, la mise en relation entre le demandeur d’emploi et l’employeur peut être
compromise par des problèmes d’information sur les offres d’emplois vacants mais également par
des problèmes d’inadéquations spatiales et de qualifications entre l’emploi vacant et le demandeur
d’emploi. La plus grande transparence du marché, la mobilité géographique et une meilleure
adéquation entre la qualification personnelle des chômeurs et la qualification requise pour l’emploi
vacant permettraient de réduire le chômage.
- L’imperfection de l’information peut également faire apparaître un chômage frictionnel. Celui-ci
est une forme de chômage liée à la recherche d’emploi et au délai d’adaptation du marché du travail.
Il résulte d’un arbitrage entre le coût marginal d’un jour de recherche supplémentaire par rapport au
gain supplémentaire retiré d’un jour supplémentaire de recherche. Dans le cadre de ce
raisonnement, une indemnité chômage généreuse peut allonger la durée de recherche d’emploi car
cela réduit le coût marginal d’une journée supplémentaire de recherche et augmente le salaire
attendu pour accepter un emploi. Le chômage est ici considéré comme volontaire, car il résulte de
choix d’acteurs économiques rationnels.

C)L’absence d’homogénéité du travail et les asymétries d’information


Le modèle théorique néo-classique a fait l’objet de multiples critiques.
Parmi celles développées depuis, deux méritent une attention particulière. Elles permettent de
comprendre comment le taux de salaire peut se fixer dans des conditions très différentes de ce que
prévoit le modèle de base, à partir des hypothèses de la concurrence pure et parfaite.
Les hypothèses relâchées :
-l’hypothèse d’homogénéité du travail (théorie du capital humain et de la segmentation du marché
du travail)
-l’hypothèse de la transparence (théorie du salaire d’efficience et théorie des insiders/outsiders)

1)Le travail n’est pas homogène


Une des hypothèses sur laquelle est construite l’analyse néoclassique est que le travail est une
donnée homogène. Cela signifie que les actifs sont substituables les uns par les autres. Dans les faits,
on constate qu’au-delà des différences de productivité, la nature du travail proposé par les actifs est
hétérogène. Il n’est pas concevable de remplacer le travail fourni par un ingénieur par celui réalisé
par un cuisinier.
-La théorie du capital humain (G. Becker)
Le capital humain désigne un stock de caractéristiques physiques et intellectuelles qui permettent à
un individu de participer à l’activité productive. Un ralentissement inattendu de l’activité n’incite pas
à baisser les salaires des travailleurs expérimentés (leurs taux de salaire est supérieur au taux de
salaire d’équilibre) car leur productivité reste élevée. Donc il n’y a pas d’ajustement par les
mécanismes du marché.

-La théorie de la segmentation du marché du travail (Doeringer et Piore)


En 1971, ces deux économistes sont les premiers à théoriser qu’il n’existe pas un marché du travail
mais plusieurs marchés du travail. Ils distinguent un marché primaire constitué d’emplois stables
(CDI), bien rémunérés, offrant des perspectives de carrières et un marché secondaire constitué
d’emplois précaires (CDD, intérim…), aux salaires faibles, exposés au chômage et à la concurrence
entre les salariés.
Sur le marché primaire, il n’y a pas de gestion concurrentielle de la main-d’œuvre : les firmes
organisent la gestion de l’emploi de sorte à attirer et à fidéliser une main-d’œuvre qualifiée, à haut
rendement. Sur le marché secondaire, les lois de la concurrence s’exercent et turent les salaires à la
baisse (d’où les inégalités salariales).

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2)L’effet des asymétries d’information (absence de transparence)

Il y a asymétrie d’information dans une situation dans laquelle l’un des échangistes, l’offreur ou le
demandeur, dispose d’une information imparfaite sur le bien ou le service échangé. La
transparence de l’information n’est pas assurée.

Document n°2 p.82 :


1)Pourquoi une entreprise a-t-elle rationnellement intérêt à proposer un salaire supérieur au salaire
d’équilibre ?

2)Justifiez l’expression « sélection adverse » et montrez comment l’embauche d’un candidat à bas
salaire peut être contraire aux intérêts de l’entreprise.

De plus il y a aléa moral (ou risque moral ou hasard moral) lorsque, après la signature d’un contrat,
l’une des deux parties est en mesure de léser l’autre en raison de l’asymétrie d’information qui existe
entre elles. Cette situation résulte du fait que l’un des deux contractants adopte un comportement
opportuniste car l’autre n’est pas en mesure d’observer son comportement ou de déterminer si ce
comportement est approprié aux circonstances.
Sur le marché du travail, il y a aléa moral lorsque, après la signature du contrat de travail, le salarié
adopte un comportement de « tire-au-flanc » et ne remplit pas ou remplit mal les tâches pour
l’exécution desquelles il a été embauché.
Toute situation dans laquelle un agent économique protégé d’un risque agit différemment que s’il
avait à subir les effets du risque qu’il prend. En effet, une fois que l’embauche d’un salarié a été
effectuée, l’employeur n’est pas en mesure d’observer et de contrôler parfaitement les efforts de ses
salariés : le sachant, ceux-ci peuvent en profiter pour adopter un comportement opportuniste, en
« tirant au flanc », en ne fournissant pas tous les efforts attendus. L’employeur subit alors une
situation d’aléa moral.
L’entreprise limite le risque en pratiquant des taux de salaire supérieur au salaire d’équilibre.

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Document n°4 p.83

1)Qu’est-ce qu’un salaire d’efficience

2)Pourquoi le salaire d’efficience peut-il être à l’origine d’un chômage structurel durable ?

3)Quelles différences y-a-t-il entre l’analyse libérale néo-classique du chômage et la théorie du


salaire d’efficience ?

Conclusion : Le salaire d’efficience (J. Stiglitz puis G.A. Akkerlof).


Face à l’incertitude sur la qualité présumée de la main-d’œuvre (asymétrie d’information),
l’employeur a tendance à élever le taux de salaire au-dessus des concurrents, ce qui lui permet
d’attirer une main-d’œuvre de qualité (meilleure salaire= meilleure performance) et de conserver
les salariés formés dans l’entreprise (un salaire plus élevé rémunère un capital humain plus élevé).
Le salaire d’efficience peut être un facteur d’apparition de chômage involontaire, puisque
l’entreprise opte pour des salaires plus élevés (embauche plus limitée mais de meilleure qualité).

Remarque : Les rapports de force entre insiders et outsiders (A. Lindbeck et D. Snower)
Les entreprises font face à des contraintes en cas de licenciements (coût, conflits éventuels,
démarches administratives, recrutement et formation d’un nouveau personnel) et cherchent donc à
éviter un turn-over important de la main-d’œuvre. Comme dans la théorie du salaire d’efficience,
elles cherchent aussi à garder la main-d’œuvre de qualité.
Les titulaires d’un emploi stable dans l’entreprise (les insiders) font de ces contraintes un argument
de pression auprès des employeurs pour conserver leur emploi et un salaire plus élevé, à la place de
nouvelles embauches ou du recours à des travailleurs précaires (les outsiders).

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Ce pouvoir est renforcé par l’action collective des insiders (organisation syndicale) et maintient en
situation de chômage involontaire des individus qui seraient prêts à travailler pour un salaire
inférieur (les outsiders).

D)Les effets des fluctuations économiques sur le chômage conjoncturel : la théorie keynésienne

Les fluctuations économiques désignent l’ensemble des mouvements de ralentissement ou


d’accélération du rythme de la croissance économique OU des mouvements de baisse ou de hausse
de l’activité économique. Ces mouvements d’expansion et de récession de l’activité sont repérés à
l’aide de quelques indicateurs comme le niveau de production, des stocks, du chômage, de l’emploi
et des prix.

Ce chômage conjoncturel est lié aux fluctuations de l’activité économique. La croissance n’est en effet
pas régulière, car les économies connaissent des phases d’expansion, de ralentissement de la
croissance et de récession, voire de dépression.

NOTIONS utiles
Expansion : Phase d’accélération du rythme de la croissance économique.

Récession : Baisse de la production évaluée par le produit intérieur brut (PIB) pendant au moins
deux trimestres consécutifs OU phénomène de ralentissement du rythme de croissance de la
production.

Dépression : Baisse durable de la production évaluée par le PIB pendant plusieurs années.

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1)Rédigez une phrase présentant la signification précise de chacune des données entourées.

2)Dégagez les grandes périodes d’accélération et de ralentissement de la croissance économique en


France depuis 2000.

3)Montrez qu’une baisse du taux de la croissance peut se traduire par une hausse du taux de
chômage.

4)Montrez que cette relation entre croissance et chômage n’est pas toujours vérifiée.

John Maynard Keynes (1883 – 1946) est un économiste britannique, auteur


d’un ouvrage fondamental, La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de
la monnaie (1936), dans lequel il prend le contre-pied des analyses
néoclassiques. Haut fonctionnaire puis professeur d’économie à Cambridge, J.
M. Keynes est à l’origine d’un important courant de la pensée économique,
qui, tout en restant dans le cadre de l’économie libérale, refuse de faire
confiance aux mécanismes du marché pour rétablir spontanément l’équilibre
(plein emploi principalement). Les analyses de Keynes se placent toujours
dans une perspective macroéconomique, c’est-à-dire qu’elles étudient les
relations entre les données globales de l’économie telles que l’emploi, la production, l’épargne,
l’investissement, la consommation, etc. Opposé à l’analyse néoclassique, qui explique le
fonctionnement de l’économie comme le résultat de l’ensemble des comportements des individus,
Keynes montre que ce sont les entrepreneurs qui jouent un rôle essentiel dans l’économie en
décidant seuls de niveaux de la production et donc des emplois.

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Document n° : Le chômage dépend de la demande globale
Dans les années 1930 sévit la pire dépression économique que le Monde développé ait connue. Les
Gouvernements ont beau chercher à baisser le coût du travail comme le préconisent les
économistes libéraux, le chômage et la dépression économique s’aggravent. Un économiste, J. M.
Keynes, va alors proposer une explication alternative, et opposée à celle des libéraux. Pour lui, la
cause du chômage ne vient pas du marché du travail, mais du marché des biens et services.
Selon Keynes et à sa suite les
keynésiens, le chômage n’est
pas dû à un mauvais
fonctionnement du marché du
travail. Ils réfutent l’idée de
l’existence d’un marché du
travail au sens néo-classique.
Les salariés ne peuvent offrir
un travail en fonction d’un
salaire réel puisqu’ils ne
maîtrisent pas les prix des
biens et des services. Ils
négocient seulement un
salaire nominal. Ce sont les
entrepreneurs qui fixent les
prix des biens et services. Le niveau d’emploi dépend des décisions des entrepreneurs qui cherchent
à maximiser leur taux de profit en fonction d’un univers incertain où ils anticipent l’offre et la
demande globale. En conséquence, le niveau d’emploi peut ne pas correspondre au niveau du plein
emploi. Si la demande effective (au sens anticipée) est faible, les entrepreneurs fixeront un niveau
de production faible et toute la population active ne trouvera pas forcément d’emploi.
Source : www.ladocumentationfrancaise.fr

NOTION utile
La demande globale correspond aux différentes composantes de la demande adressée à la
production :
 La consommation (demande de biens de consommation),
 L’investissement = FBCF + variation des stocks (demande de biens de production),
 Les exportations (moins les importations) = demande extérieure
La variation des stocks permet d’assurer l’équilibre entre ces emplois et le PIB (ressource).
La demande globale apparaît dans l’équation représentant l’équilibre entre les ressources (origine

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des biens et services utilisables dans l’économie) et les emplois (utilisations des biens et services
produits) :
PIB + importations (M) = Consommation finale (CF) + investissement (I) + exportations (X) –
importations (M)
PIB = CF + I + X – M (soit le solde commercial X – M)

Q°1 : En quoi la vision keynésienne du marché du travail remet-elle en cause la vision néoclassique ?

Q°2 : Quel est l’élément déterminant de l’emploi dans l’analyse keynésienne ?

Q°3 : Quels seraient les effets d’une baisse des salaires pour Keynes ?

Q°4 : Construisez un schéma permettant de résumer l’analyse keynésienne.

Complétez le texte ci-dessous : équilibre de sous-emploi ; main d’œuvre ; demande globale ;


incertain ; diminuant ; équilibre ; conjoncturel ; anticipée ; débouchés ; travail ; anticipations ; biens ;
investissements ; biens et services.

Pour Keynes, les entrepreneurs décident de leur niveau de production en fonction de leurs
anticipations de demande future. En effet, ils ne décideront de produire des biens supplémentaires
que s’ils s’attendent à ce que de nouveaux débouchés soient créés. C’est donc le niveau de la
demande anticipée (ou demande effective) qui va déterminer le niveau de production des
entreprises. Keynes postule que l’avenir est incertain. L’incertitude empêche les employeurs
d’estimer précisément les perspectives de production, donc les investissements qu’ils doivent
réaliser et la main d’œuvre dont ils ont besoin. Ainsi, s’ils sont pessimistes ils investiront et
embaucheront peu. Le faible niveau de la production justifie le faible niveau de l’emploi. Cet auteur
explique donc le chômage par l’insuffisance de la demande anticipée par les employeurs. En
conséquence, si la demande anticipée est faible, les entreprises vont ajuster leur niveau de
production en le diminuant. Si leur anticipation est juste, le marché des biens et services sera alors
en équilibre. Cependant, le niveau de production égal à la demande anticipée peut entraîner la

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création d’un nombre insuffisant d’emplois par rapport à la population active. Il s’agit d’un équilibre
de sous-emploi. Chez Keynes le niveau de l’emploi ne se détermine pas sur le marché du travail
(absent de son analyse) mais sur le marché des biens et services. Ainsi, le chômage peut être
involontaire car les salariés qui acceptent le niveau de salaire du marché ne trouvent pas d’emploi à
cause de l’insuffisance de la demande effective. Nous verrons dans la suite de ce chapitre que Keynes
préconise des politiques de relance de l’activité économique pour lutter contre ce chômage
conjoncturel.

Le chômage keynésien est donc lié à une insuffisance de la demande globale (causée par un choc de
demande négatif) qui se traduit par une baisse de la production et donc du niveau général de
l’emploi. Il s’agit donc d’un chômage conjoncturel lié à des anticipations pessimistes des
entrepreneurs sur la demande future.

III-Quelles sont les politiques mises en œuvre pour lutter contre le chômage

A)Les politiques macroéconomiques de soutien à la demande globale

Doc. n°1 p.86

1)Comment les politiques monétaire et budgétaire peuvent-elles permettre une hausse de


l’investissement ?

2)Comment expliquer la hausse de la consommation ?

3)Quels sont les effets attendus des politiques macroéconomiques de soutien à la demande globale
sur la production et le chômage ?

Doc. n°3 p.87

1)Montrez que la BCE et la FED mènent une politique monétaire expansive jusqu’à la fin de 2015.

2)Quelle politique budgétaire les pays présentés ont-ils adopté de 2008 à 2010 ? Pourquoi ?

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3)Sur l’ensemble de la période 2008-2017, dans quel pays l’impulsion budgétaire est-elle
globalement positive ? Quels sont les effets sur le PIB et le chômage d’une telle impulsion ?

4)Quelle politique budgétaire l’Espagne, la France et l’Italie ont-elles adopté sur la période 2011-
2015 ? Vous semble-t-elle adaptée ?

5)Par quel canal les politiques de rigueur menées par les partenaires européens se répercutent-elles
en France ?

A retenir :

Face au chômage conjoncturel, Keynes préconise une intervention de l’Etat : l’Etat doit relancer
l’activité économique en berne.

-La politique monétaire, par la baisse des taux d’intérêt directeurs de la banque centrale, peut
stimuler l’offre de crédit, la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

-la politique budgétaire, qui, dans le cadre d’une politique d’investissements publics par exemple,
permet à l’Etat, en contrepartie d’un creusement du déficit budgétaire, de compenser par la hausse
de la dépense publique la baisse de la dépense privée. Par ailleurs, même si elle est plutôt
structurelle, la politique de redistribution des revenus (par l’impôt progressif et les dépenses
sociales) peut également contribuer à la croissance en soutenant la demande globale des bas
revenus (qui ont une plus forte propension à consommer.

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B)Les politiques d’allègement des coûts salariaux

Le coût du travail se compose de toutes les dépenses induites par l’utilisation du facteur travail. Le
coût du travail comprend donc les salaires bruts versés aux salariés (salaires nets perçus par les
salariés plus cotisations sociales salariales) et les cotisations sociales versées par les employeurs
(cotisations patronales).

Doc. n°1p.88

1)Montrer que le salaire brut correspond au coût du travail

2)Par quel mécanisme l’effet substitution peut-il conduire à une baisse du chômage ?

3)Pourquoi la baisse des couts du travail peut-elle conduire à la baisse du chômage ?

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Doc. n°2 p.88

1)Faites une phrase exprimant les données relatives à la France.

2)Calculez la proportion du taux de chômage des moins qualifiés par rapport au taux de chômage
global en Allemagne. Donner la signification du résultat obtenu.

3)Pourquoi une baisse du coût du travail ciblée sur les bas salaires est-elle efficace ?

4)Expliquer les deux phrases soulignées.

A retenir :

La baisse du coût relatif du coût du travail pourrait avoir de nombreux avantages et stimulerait le
volume de l’emploi pour plusieurs raisons :

-en incitant les entreprises à substituer du travail au capital : la baisse du coût du travail pourrait
inciter les entreprises à rendre la combinaison productive plus intensive en travail ;

-en créant un effet de compétitivité puisque la baisse du coût réel du travail (une part importante
des coûts de production) autorise une amélioration de la compétitivité-prix sur les marchés
internationaux favorable aux exportations ;

-en générant un effet de profitabilité puisque la baisse du coût du travail permet la hausse de la
part des profits dans la valeur ajoutée, contribue à l’amélioration de la situation financière des
entreprises, et favorise l’investissement productif ;

-en favorisant la désinflation, car la baisse du coût du travail incite les entreprises à diminuer leurs
prix de vente qui permet une hausse du pouvoir d’achat disponible pour la consommation.

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Afin d’abaisser le coût du travail pour l’employeur, plusieurs pays ont ainsi introduit des dispositifs
d’exonération partielle des cotisations sociales, en particulier en bas de l’échelle des salaires. L’idée
de cette politique du marché du travail est que, dans les pays développés, la structure du travail
demeure défavorable à l’emploi : le prix relatif du travail non qualifié est relativement élevé, en
raison du niveau du salaire minimum légal ou des minima conventionnels (fixés parfois au niveau des
branches), alors même que la demande de travail des entreprises tend davantage à s’orienter vers le
travail plus qualifié.

C)Les politiques de flexibilisation pour lutter contre les rigidités du marché du travail

Le marché du travail français est régulièrement critiqué dans les études économiques
internationales, à la fois pour les rigidités de son marché du travail qui empêcheraient les entreprises
de s’adapter rapidement à la conjoncture économique. Par exemple, la rigueur de la règlementation
du travail freinerait la propension à l’embauche : durée du temps de travail strictement définie,
limites au droit au licenciement…

La France cherche donc à flexibiliser son marché du travail.

La flexibilité désigne l’ensemble des mécanismes qui s’opposent aux rigidités du marché du travail
et censée permettre aux entreprises d’adapter rapidement l’emploi à la conjoncture, tant au niveau
des rémunérations que du volume de l’emploi.

La flexibilité peut revêtir de multiples aspects : variation des horaires, des salaires, des effectifs, de
l’organisation du travail.

De manière théorique, un système productif est flexible lorsque la quantité de travail et le salaire
sont capables de s'adapter instantanément aux variations de la demande.

Doc. n°1 p.90 : les différentes formes de flexibilité

1)A quelle cause du chômage structurel la flexibilité du travail cherche-t-elle à remédier ?

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2)Compléter le tableau

Flexibilité Flexibilité Flexibilité Flexibilité Flexibilité


Quantitative Quantitative Quantitative qualitative salariale
Interne Externe Par
externalisation
Caractéristiques

Exemples

Avantages

Doc. n°2 p.90 :

1)A quelle forme de flexibilité l’annualisation du temps de travail renvoie-t-elle ?

2)Quel avantage la flexibilité du travail présente-t-elle pour les entreprises ?

3)Calculez le taux de variation de la part des CDD de moins d’un mois dans les intentions d’embauche
de 2000 à 2019.

4)Quelle rigidité du marché du travail la réforme de 2017 allège-t-elle ?

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5)Expliquez la phrase soulignée

Document n°4 p.91 :

1)Quel dilemme la flexisécurité cherche-t-elle à surmonter ?

2)Quel est l’intérêt du modèle danois ?

FAIRE LE POINT

1. Horaires atypiques (travail de nuit, du dimanche…)  Flexibilité qualitative

2. Allègement des procédures de licenciement  Flexibilité quantitative externe


3. Salaire au rendement  Flexibilité salariale

4. Plan de remise à niveau des compétences  Flexibilité quantitative interne

D)Les politiques de formation

Complétez le texte avec les mots suivants : continue, indemnisation, inadéquation, employabilité,
initiale, capacité, formation, flexisécurité.

La formation tout au long de la vie a également un rôle important à jouer dans le domaine de
l’emploi. On peut toujours renforcer l’employabilité des travailleurs les plus jeunes, soit leur capacité
à retrouver rapidement un emploi, par davantage de formation initiale, la qualification apportant
toujours une forte protection relative envers le chômage.

On peut renforcer également l’employabilité des séniors (les plus de 50 ans) par la formation
continue.

Enfin, les pouvoirs publics peuvent mettre l’accent sur le formation professionnelle et
l’accompagnement des chômeurs afin de faciliter leur retour à l’emploi et pour lutter contre ce
chômage structurel, dû à une inadéquation de l’offre et de la demande de travail (chômage
d’appariement).

Le système de flexisécurité, inspiré de l’expérience danoise, combine une faible protection de


l’emploi, une indemnisation généreuse du chômage, et une politique d’activation vigoureuse axée
sur la formation des demandeurs d’emploi.

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