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Article n°2 Chômeurs_Clouet | Fiche de Lecture

[B.Zineeddine] ENSP

Introduction :
Le chômage est un problème de société brûlant1 qui a été largement plus présent dans le débat
social et la polémique politique que dans la discussion sociologique. Il s'agit du rapport entre
le nombre de chômeurs et le nombre d'actifs (personnes en emploi ou à la recherche d'un
emploi). Au troisième trimestre 2022, le nombre de chômeurs au sens du BIT a diminué de
17 000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes. Le chômage est un
phénomène social qui découle de la réalité économique et de la structure du marché du
travail. Dans cet article intitulé « Les chômeurs, de gros fainéants ? », Hadrien Clouet,
sociologue du Centre de sociologie des organisations qui s'attarde sur les sujets de l'emploi,
du sous-emploi et du chômage, ainsi que sur la gouvernance des entreprises. Il rappelle que le
chômage est un sujet de débat et de lutte depuis la fin du XIXe siècle. L'auteur soutient que le
chômage est un fait social et non un choix individuel, et que les caractéristiques sociales des
individus, comme le métier, les qualifications ou le sexe, peuvent avoir une influence sur leur
exposition au chômage. Il explore également les différentes manières dont le chômage peut
être comptabilisé et les enjeux liés à ces différentes méthodes. Dans cet article, l'auteur pose
la question de savoir si le chômage est un choix individuel ou un risque social. Il s'intéresse
également aux méthodes de comptabilisation des chômeurs et aux enjeux liés aux différents
modes de calcul en vigueur. L'article explore également les contraintes qui pèsent sur la vie
concrète des chômeurs et les implications que le sort réservé aux chômeurs a sur la vie des
salariés. L'auteur a utilisé un critère essentiel des conventions statistiques. Deux conventions
métrologiques sont mises en œuvre: l’une statistique et l’autre administrative.
Le phénomène social du chômage est une préoccupation grandissante qui a été reconnu
comme un risque social et les chômeurs comme ses victimes à la fin du XIXe siècle en
réponse aux conflits du travail, à la radicalisation ouvrière et au paupérisme. Depuis, il y a eu
un débat sur les causes du chômage et les droits des chômeurs.

Le chômage est une réalité sociale et non pas individuelle :


Le chômage est un phénomène social inédit qui s'est développé à la fin du XIXe siècle, suite
à la révolution industrielle, et qui ne peut plus être expliqué uniquement par les
comportements individuels. C'est ce que William Beveridge et Max Lazard, deux
réformateurs sociaux, ont montré en démontrant la variabilité du nombre de chômeurs en

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Sociologie de l'emploi_Maruani et Reynaud 2004

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fonction de la conjoncture, des saisons et des cycles de production. Ils ont émis l'hypothèse
selon laquelle la volonté de travailler serait une variable explicative du chômage. On peut
citer l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi entre 2008 et 2019, qui est passé de
3,7 à 6,5 millions, ainsi que le profil annuel des inscrits à Pôle Emploi, qui présente un pic en
novembre et une baisse à l'été. À ce titre, je tiens à souligner que la volonté de travailler n'est
qu'un des nombreux facteurs qui peuvent influencer le taux de chômage. En effet, le chômage
peut être influencé par de nombreux autres éléments, tels que la croissance économique, la
demande de main-d'œuvre, les politiques publiques, etc. Par conséquent, il serait réducteur de
réduire la question du chômage à une seule variable explicative, comme la volonté de
travailler. De même, Max Lazard a calculé des coefficients de risque différents selon les
professions, les qualifications et le sexe des personnes, ce qui démontre que certaines
caractéristiques sociales sont prépondérantes dans le processus d'exclusion de l'emploi.
Ensuite, la théorie de Salais sur la "file d'attente du chômage" suggère également que le
chômage est influencé par des facteurs externes, en l'occurrence le nombre de postes
disponibles dans l'économie. Selon cette théorie, le nombre de chômeurs diminue
proportionnellement à l'augmentation des offres d'emploi. Cette théorie est à mon avis
incomplète car elle ne tient pas compte des facteurs internes qui peuvent influencer le
chômage, tels que la productivité des travailleurs et leurs compétences. Il est possible que le
nombre de postes disponibles ne soit pas le seul facteur qui influence le chômage. D'autres
facteurs, tels que le marché du travail et les politiques du gouvernement, peuvent également
être des facteurs clés. Enfin, la notion de chômage d'exclusion, développée par la sociologie
pragmatique et l'économie des conventions, met en avant le fait que certaines populations
peuvent être rejetées de l'emploi en raison des attentes des recruteurs. Ces populations
peuvent être discriminées en fonction de leur sexe, de leur race, de leur âge ou de leur statut
social, entraînant ainsi un chômage d'exclusion.

Le Chômage : Une Question de Quantification et de Politique :


Le chômage est un phénomène aux multiples facettes qui nécessite une quantification précise
pour être correctement mesuré. Deux conventions sont utilisées en France pour ce faire : l'une
statistique, mise en place par l'INSEE, s'appuyant sur les orientations du Bureau International
du Travail qui excluent toute activité professionnelle d'au moins une heure par semaine de la
catégorie de chômeur; et l'autre administrative, publiée par Pôle Emploi qui comptabilise tous
les demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois, même s'ils exercent une activité réduite. Ces
conventions divergent notamment en ce qui concerne la manière dont le travail est pris en

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compte. D'après les données du premier trimestre 2019, 2 400 000 chômeurs BIT étaient
recensés en France métropolitaine, contre 6 650 000 chômeurs toutes catégories confondues
pour Pôle Emploi, dont 3 750 000 en catégorie A (recherche obligatoire, aucun travail), 2 200
000 en catégorie B + C (recherche obligatoire, exerce une activité réduite) et 690 000 en
catégorie D + E (pas de recherche obligatoire, indisponibles). Ces différences de définition du
chômage sont importantes, car un individu peut exercer une activité professionnelle, même
précaire ou à temps partiel, et être comptabilisé comme demandeur d'emploi par Pôle Emploi,
mais pas comme chômeur par l'INSEE. Le discours commun autour des « emplois non
pourvus » est aussi à prendre avec des pincettes. Chaque année, Pôle Emploi recense 3,2
millions d'offres d'emplois, dont seulement 0,6 % ne reçoivent aucune candidature. Les 300
000 offres non pourvues évoquées par certains acteurs gouvernementaux ou patronaux ne
sont donc pas si nombreuses et s'avèrent souvent provisoires ou à faible amplitude horaire.
Par ailleurs, 28 millions d'embauches ont lieu chaque année, ce qui signifie que 99 % des
emplois souhaités sont pourvus. Il est donc important de rappeler que le chômage ne peut être
considéré comme une simple question de volonté et que la quantification de ce phénomène
est très politique.

Conclusion
Le chômage est avant tout un problème social qui a des conséquences sur la vie de
nombreuses personnes. Ce phénomène est étroitement lié à la manière dont les chiffres sont
construits et aux discours stigmatisants dont les personnes sans emploi sont l'objet. Les
contraintes auxquelles elles doivent faire face sont invisibilisées et leur situation est encore
plus précaire lorsque les politiques et les décisions des entreprises contribuent à exacerber la
concurrence pour les emplois disponibles et à exercer une pression à la baisse sur les salaires
des travailleurs. Cet article apporte un éclairage important sur le chômage. Il met en lumière
la nature collective du problème et souligne la nécessité de s'attaquer aux causes profondes
afin de réduire le chômage et de soutenir les personnes sans emploi. Cependant, il ne donne
pas de solutions concrètes qui pourraient aider à réduire le chômage et à améliorer les
conditions de vie des personnes sans emploi. Il est donc nécessaire de s'intéresser à des
solutions réalistes et durables qui permettront d'améliorer la situation des chômeurs et de
réduire le chômage. Il est également important de poursuivre la réflexion et la recherche sur
le sujet afin d'identifier et de mettre en œuvre des politiques qui répondent aux besoins des
personnes sans emploi et qui donnent des résultats concrets.

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