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Chapitre 7 

: Les déséquilibres sur le marché du travail


Introduction
Le développement économique n’a pas permis d’arriver à un équilibre (inégalités sociales et
déséquilibres : pauvreté, chômage, inégalités, exclusion). Dans ces conditions, les seules
forces du marché semblent insuffisantes, ce qui conduit l’Etat à intervenir. Son rôle est
important pour atteindre le PE (Plein Emploi). Les conséquences du chômage sont graves :
économiques (absence de revenus) et sociales (pas même satisfaction quand on reçoit des
aides par rapport au revenu de notre travail). L’efficacité de l’Etat en matière de lutte contre
les déséquilibres (chômage, inégalités) est de plus en plus contestée. Comment expliquer les
déséquilibres sur le marché du travail ?

I Définitions et historique du chômage


1 Lexique
Travail : facteur de production désignant toute activité humaine qui contribue à la conception
ou à la production d’un bien ou d’un service. On distingue généralement le travail qualifié et
le travail non qualifié.
Demande de travail : offre d’emplois émanant des entreprises.
Offre de travail : demande d’emplois émanant des salariés.
Salaire : en tant que facteur de production, le travail est rémunéré. Cette rémunération est
mesurée par le salaire. On distingue le salaire nominal du salaire réel. Le salaire nominal
mesure le salaire en unités monétaires, tandis que le salaire réel mesure la quantité de biens
que l’on peut acquérir avec un niveau de salaire donné. Le salaire est donc à la fois un coût
pour l’entreprise, et une rémunération pour le salarié, dont il est une composante du revenu.
L’emploi : désigne le contrat qui est passé entre le travailleur et l’employeur. Le travail ne
représente que l’exercice de ce contrat.
population active inoccupée
Taux de chômage : . Il est de 8.9% au premier trimestre 2018 (au
population active
sens du BIT).
population active occupée
Taux d’emploi : . Il est de 65.7% au premier trimestre 2018.
population en âge de travailler
population active
Taux d’activité : . Il est de 72.2% au premier trimestre 2018.
population totale
population active
Taux de participation au marché du travail : .
population en âge de travailler
Chômeur : (au sens du BIT, définition internationale adoptée en 1982) : personne en âge de
travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :
 Etre sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une
semaine de référence
 Etre disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
 Avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui
commence dans moins de trois mois
Population active : ensemble des personnes exerçant ou cherchant à exercer une activité
rémunérée. On distingue la population active occupée qui représente l’ensemble des
personnes ayant un emploi et la population activé inoccupée qui représente la population sans
emploi à la recherche d’un emploi (chômeurs).
Population inactive : ensemble des personnes qui n’exercent, ni ne cherchent à exercer une
activité rémunérée.
Chômage frictionnel : période de chômage incompressible provoquée par la transition et le
délai nécessaires à une personne pour trouver un autre emploi.
Chômage conjoncturel : chômage résultant d’un ralentissement temporaire de l’activité
économique.
Chômage structurel : chômage chronique qui traduit un déséquilibre profond et durable sur
le marché du travail, et qui peut être lié à différentes causes :
 Une insuffisance durable de la production
 Une variation du taux d’activité qui s’explique notamment par l’évolution
démographique (progression régulière de la population active pas entièrement
absorbée par le marché du travail en raison de faibles créations d’emplois)
 L’inadéquation des qualifications des offreurs de travail aux besoins des entreprises
(problème d’appariement)
 L’accélération du progrès technique
 La hausse de la productivité (l’augmentation de l’emploi est d’autant plus forte que la
productivité du travail progresse faiblement et que son évolution ne permet pas de
répondre à une augmentation de la production)
Chômage technologique : chômage consécutif à des innovations qui économisent du travail,
notamment par la substitution du capital au travail (robotisation, informatisation…).
Chômage keynésien : (théorie du déséquilibre) : le chômage keynésien se caractérise à la fois
par un excès d’offre sur le marché des biens et services et sur le marché du travail. De nature
involontaire, il résulte de contraintes de débouchés rencontrées par les firmes sur le marché
des biens et services.
Chômage classique : (théorie du déséquilibre) : le chômage classique se caractérise par une
excès de demande sur le marché des biens et services et par un excès d’offre sur le marché du
travail. Il résulte d’un salaire trop élevé à cause des rigidités à la baisse des salaires ou de
charges sociales excessives.
Chômage naturel : valeur d’équilibre unique, stable et invariable à court et moyen terme,
correspondant au NAIRU (taux de chômage n’accélérant pas l’inflation) selon FRIEDMAN.
Ce chômage naturel aurait trois composantes : le chômage classique, le chômage frictionnel,
le chômage structurel.
Trappe à chômage : chômage volontaire lié à un problème de désincitation au travail (des
individus resteraient au chômage car l’emploi qu’ils pourraient occuper ne leur procurerait
pas un gain financier suffisant)
Halo du chômage (Freyssinet, 1998) : personnes sans emploi qui souhaitent travailler mais
qui ne sont pas comptabilisées comme chômeurs parce qu’elles ne satisfont pas aux critères
du BIT. Ces personnes voudraient travailler mais sont « classées » comme inactives, soit
parce qu’elles ne sont pas disponibles rapidement pour travailler, soit parce qu’elles ne
recherchent pas activement un emploi. En France métropolitaine, le halo du chômage est
évalué en 2018 à 1.5 million de personnes.
Hystérèse du chômage (Blanchard et Summers, 1986) : situation dans laquelle, après un
choc macroéconomique, le taux de chômage d’équilibre augmente durablement, alors que sa
cause a disparu.

2 Focus sur la mesure du chômage


Pôle emploi publie, chaque mois, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi
au niveau de la France entière (métropole et Outre-mer), qu’ils soient indemnisés ou non.
Cette publication concerne les 5 catégories de demandeurs d’emploi :
 Catégorie A : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche
d’emploi, sans emploi
 Catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche
d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (de 78 heures ou moins au cours du
mois)
 Catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche
d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (de plus de 78 heures au cours du
mois)
 Catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche
d’emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie…), sans emploi
 Catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche
d’emploi, en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés)
Les chiffres fournis par Pôle Emploi reflètent le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à
Pôle Emploi et non le nombre exact de chômeurs puisqu’un chômeur n’est, en effet, par
forcément inscrit à Pôle Emploi.
L’INSEE, de son côté, calcule le taux de chômage en France au sens du bureau international
du Travail (BIT). Pour ce faire, l’institut procède chaque trimestre à une enquête auprès de
108 000 personnes.
Est considérée comme chômeur toute personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui
répond simultanément à trois conditions :
 Etre sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une
semaine de référence
 Etre disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
 Avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui
commence dans moins de trois mois
C’est parce que les statistiques de l’INSEE permettent des comparaisons internationales que
celles-ci sont régulièrement reprises. La méthode de calcul de Pôle emploi, définie selon la
loi, permet de fournir des indications précises sur la situation française, mais chaque pays
définit ses propres règles en matière de calcul du nombre de demandeurs d’emploi, ce qui
rend les comparaisons internationales impossibles.

3 Historique du chômage
La catégorie statistique du chômeur n’apparaît qu’à la fin du XIXème siècle, lors du
recensement de 1896. Le salariat étant la situation dans laquelle le travail « s’achète » comme
une marchandise, le chômeur se définit comme celui qui ne trouve pas acheteur pour sa force
de travail.
En longue période, le chômage connait des évolutions divergentes entre les Etats-Unis,
l’Union Européenne et le Japon. Le chômage français possède également des singularités.

a Au Japon
Au Japon, le taux de chômage depuis les années 50 est très stable aux alentours de 4.5%.

b Aux Etats-Unis
Le taux de chômage est très fluctuant et suit les cycles conjoncturels d’activité (beaucoup plus
qu’en Europe). Très faible dans les années 1990 (autour de 5%), le taux de chômage est
remonté à la suite de la crise financière (pic de 9% en 2011) pour redescendre
progressivement (4% en 2018).

c En Europe
Le chômage est faible au cours des 30 glorieuses du fait du fort taux de croissance du PIB
(4.8% par an de 1960 à 1973). La situation se dégrade dès 1974 avec la crise économique liée
au premier choc pétrolier. La forte poussée du chômage est également due à l’augmentation
de la population en âge de travailler ? la fin des années 1980 est marquée par un recul
provisoire du chômage grâce aux restructurations dans l’industrie, la création d’emplois dans
les services et la reprise de la croissance. Le début des années 1990 témoigne d’une nouvelle
aggravation (le taux de croissance du PIB ralentit et est même négatif en 1993). En 1994, le
taux de chômage atteint 11% de la population active et l’Europe compte 19 millions de
chômeurs. En 2001, grâce au retour de la croissance de la fin des années 1990, le nombre de
demandeurs d’emploi tombe à 13 millions (7.5%).
Le chômage est un mal européen. Alors qu’aux USA, le taux de chômage est très fluctuant,
les chocs se sont accumulés en Europe et aucun retour à la normale n’a eu lieu (hystérèse du
chômage). Sur la période récente le chômage reste à des niveaux élevés malgré des
divergences entre les pays européens.

d En France
Plus encore que le chômage européen, le chômage français se caractérise par :
 L’importance du chômage de longue durée, c’est-à-dire > 12 mois, qui frappe surtout
les plus de 55 ans
 L’importance du chômage des jeunes
 L’importance du chômage des travailleurs non qualifiés
 Une démographie spécifique. La lente décrue de la population active en France après
2006 offre un répit en matière de chômage mais il est porteur de nouveaux
déséquilibres, notamment celui du financement des retraites
 Une forte croissance des « formes particulières d’emploi », c’est-à-dire les contrats de
travail qui ne relèvent pas du CDI : intérim, CDD, apprentis et contrats aidés
La France connaît une véritable dynamique de l’emploi ave une nette augmentation du
nombre d’emplois dans les années 1990 (hormis un creux en 1993) en raison d’une forte
corrélation entre le taux de croissance de l’emploi et le taux de croissance du PIB (loi
d’Okun), d’un ralentissement des gains de productivité (place de plus en plus importante des
services qui génèrent moins de gains de productivité) et de politiques de l’emploi se traduisant
par des exonérations de charges sur les bas salaires qui ont permis d’encourager le travail non
qualifié.
En termes d’emploi par secteur, les services sont devenus fortement prépondérants, la
construction et l’industrie connaissant une baisse sensible et l’agriculture passant sous la barre
des 3% (théorie du déversement de Sauvy).
La France se caractérise par une mutation de l’emploi : salarisation, féminisation,
tertiarisation, ubérisation. Le salariat dans la population active croît depuis la révolution
industrielle. Cette part dépasse 90% actuellement (contre 67% en 1954). La mondialisation
ainsi que le progrès technique affectent l’emploi. Le plein emploi pendant les trente glorieuses
a laissé place à une croissance faible et un chômage devenu structurel suite aux chocs
pétroliers. Plus tard, les crises successives (Subprimes en 2008, dettes souveraines en 2010)
ont contribué à dégrader la situation de l’emploi (+ de 10% de taux de chômage). Dans ce
contexte, les politiques de l’emploi semblent s’orienter vers davantage de flexibilisation.

II Les analyses traditionnelles du marché du travail


1 La vision du travail chez les classiques
Smith, Ricardo, Malthus, et Marx accordent une importance fondamentale au facteur travail.
Concernant la fixation des salaires sur le marché du travail, les classiques estiment que le
salaire tend à converger cers le minimum de subsistance de l’individu = revenu minimum qui
permet juste de survivre aux travailleurs. Cependant, leurs analyses diffèrent quant à
l’explication de cette convergence.
 Selon Smith (1776) : le salaire qui se forme sur le marché du travail tombe au niveau
du minimum de subsistance car les capitalistes sont moins nombreux que les
travailleurs, et se retrouvent en position de force pour négocier les salaires. Smith
précise sa pensée en justifiant les écarts de salaire dans l’économie par la pénibilité
relative des tâches (théorie des différences compensatrices)
 Selon Ricardo (1817) : le salaire d’équilibre se fixe au niveau du minimum de
subsistance pour deux raisons :
o Principe de population de Malthus = selon lequel le pouvoir multiplicateur de
la population est tel que le nombre d’individus progresse très rapidement ce
qui fait diminuer le salaire. Pour Malthus, augmentation arithmétique et
géométrique : en l’absence de frein (maladie, guerre), la population augmente
beaucoup plus vite que les ressources
o La demande de travail ne suit pas l’augmentation de la production en raison de
la loi des rendements décroissants = l’accumulation du capital progresse de
moins en moins vite car la rentabilité du capital diminue (les investissements
les plus profitables sont réalisés en premiers)
 Selon Marx (1867) : la rémunération du travail se fixe au niveau du minimum de
subsistance en raison de la masse de chômeurs dans l’économie que les capitalistes
s’efforcent de conserver, ce qu’il appelle « l’armée industrielle de réserve »
L’offre de travail émane des travailleurs, qui proposent leur force de travail en contrepartie
d’un salaire.
La demande de travail émane des entreprises. Le travail est considéré comme un facteur de
production qui a un coût représenté par le salaire réel.
Les salariés = offre de travail, demandeurs d’emploi.
Les entreprises = demande de travail, offre d’emploi.

a La demande de travail, une fonction décroissante du salaire réel

La demande de travail provient des entreprises qui cherchent à maximiser leur profit. Par
conséquent, l’entreprise a intérêt à embaucher tant que son profit augmente. C’est-à-dire, tant
que le coût du dernier travailleur ( le coût marginal ) est inférieur à la recette procurée par ce
dernier travailleur ( la recette marginale ). On embauche si CmA < RmA.

La courbe de « demande du travail » est croissante ou décroissante ?

2. L’offre de travail, une fonction croissante du salaire réel

L’arbitrage consommation/ loisir réalisé par les individus


Arbitrage dépend des préférences des consommateurs et du salaire réel
En cas de hausse du salaire réel, deux effets interviennent :
Un effet de substitution : l’accroissement du salaire augmente le coût d’opportunité
( ne pas travailler c’est renoncer à un salaire réel plus élevé) du loisir : on choisit donc de
travailler ce qui diminue la quantité de loisir au bénéfice du travail.
Un effet revenu : l’accroissement du salaire augmente le pouvoir d’achat de
l’individu : ce qui le conduit à stimuler la consommation et le loisir et donc à baisser l’offre
de travail.

Dans le modèle classique, l’effet de substitution l’emporte sur l’effet revenu : l’offre de travail
est une fonction croissante ou décroissante du salaire réel ?

3. Un équilibre de plein-emploi

Sur le marché du travail, la flexibilité du salaire réel permet l’égalité entre lz demande et
l’offre de travail ( L*)

Cet équilibre est un équilibre de plein-emploi ( garanti par la flexibilité du salaire réel ).
Exemple : l’arrivée soudaine de travailleurs immigrés ne créait pas de chômage, la courbe de
l’offre de travail ce déplace vers la droite, ce qui diminue le salaire réel et augmente l’emploi.

Le chômage involontaire est donc impossible, sauf si le salaire réel , fixé par les pouvoirs
publics ( exemple : SMIC ) ou par les syndicats, est supérieur au salaire d’équilibre ( w*/p).

PIGOU ( 1933) critique toutes les formes de rigidités qui affectent le marché du travail et
perturbent la flexibilité du salaire réel : salaire minimum, allocations chômage ou encore
actions des syndicats.

Conclusion : Le marché du travail est un marché comme un autre : la détermination du salaire


résulte de la rencontre entre l’offre et la demande de travail exprimé sur un marché dépourvu
d’imperfections par des agents maximisateurs ( c’est-à-dire motivés par la recherche de leur
intérêt personnel ). Dès lors, sans intervention des pouvoirs publics le chômage est
nécessairement volontaire.
Finalement, le chômage classique résulte d’une rentabilité du travail insuffisante pour inciter
les entreprises à embaucher. La politique de lutte contre le chômage classique vis à réduire le
coût du travail relativement aux autres facteurs de production.

B. La vision Keynésienne du marché du travail

La grande dépression ( krach boursier 1929) a engendré une augmentation brutale du nombre
de personnes sans emploi ( on passe de 4 millions à 12 millions de chômeurs entre 1930 et
1932 soit 1/4 de la population USA de l’époque).

Face à cette augmentation rapide du nombre de chômeurs, il devient difficile de soutenir que
le marché du travail puisse revenir de lui-même à l’équilibre de plein emploi par un simple
ajustement du prix du travail.

Les analyses Keynésiennes et l’équilibre de sous-emploi.


Ses analyses sont inspirées de la crise de 29, pour lui, un équilibre de sous-emploi peut
survenir sur le marché du travail et avoir pour origine une demande insuffisante sur le marché
des biens et services. Ainsi, une baisse des salaires réels ne permettra pas de rétablir le plein-
emploi.

Définition : L’équilibre de sous-emploi : ça correspond à une situation où des salariés sans


emploi souhaitent travailler pour un salaire réel inférieur au salaire d’équilibre. Il s’agit d’un
chômage involontaire résultant des anticipations des entreprises qui estiment que
l’insuffisance des débouchés ne permet pas la création d’emplois.

1. La demande de travail

Tout comme les néoclassique, KEYNES considère que les entreprises cherchent à maximiser
leur profit et payent de ce fait les travailleur à la productivité marginale.

La demande de travail est ainsi une fonction décroissante du salaire réel.

Cependant, ce qui conditionne la décision d’embauche, ce n’est pas tant le coût du travail que
les anticipations de demande effective.

La demande effective est développée par Keynes, ça correspond aux anticipations des patrons
par rapport au futur, à l’évolution des marchés.
Les anticipations de demande permettent ainsi de définir un niveau de production qui
détermine lui-même les décision d’investissement ou d’embauche.

Dans un climat d’incertitude et de crise, la notion de demande effective prend une importance
qu’elle n’a pas dans une situation de croissance.

→ Les entreprises embauchent la quantité de main d’œuvre qui leur permettra de satisfaire
une demande effective.
→ Le principe de la demande effective est une critique de la loi de J.B. SAY : ce n’est pas
l’offre qui créée la demande mais bien la demande anticipée par les producteurs qui
déterminera les quantités produites et offertes sur le marché.

2. L’offre de travail

Pour KEYNES, il existe toujours des personnes prêtes à travailler quel que soit le niveau de
salaire.

Critique de l’arbitrage rationnel entre travail et loisir ( hypothèse néoclassique) : pour lui ça
n’a pas de sens, en effet, il existe un excédant d’offre de travail par rapport à la demande.
Toute augmentation du salaire nominal est interprété par les offreurs de travail comme une
augmentation du salaire réel.

3. La détermination du salaire nominal et ses rigidités à la baisse

Selon KEYNES, la fixation du salaire nominal résulte de négociations : entre les représentants
des associations syndicales ouvrières et patronales.

Si la flexibilité à la hausse (augmenter les salaires ) est concevable : la flexibilité à la baisse


est écartée en raison d’une part de l’organisation des travailleurs et d’autre part de
l’opposition systémique des syndicats à toute baisse du salaire nominal.

→ Le salaire nominal est rigide à la baisse.

4. Les implications en matière de politique économiques

Approche du travail : coût du travail, mais aussi rémunération des salariés qui conditionnent
leur consommation.

KEYNES admet que le libre jeu des forces de marché permet de parvenir spontanément à un
équilibre, mais rien ne garantit que l’équilibre déterminé soit un équilibre de plein-emploi.

D’après cette analyse, la cause du chômage n’est pas à rechercher sur le marché du travail
puisque les décisions d’embauche ne dépendent que de la demande effective.

C’est l’insuffisance des anticipations de demande par les entrepreneurs qui engendre un
chômage involontaire dans l’économie.

→ Ce n’est donc pas la diminution du salaire réel qui permettra une diminution du chômage :
la suppression du salaire minimum serait même contre productive ( opposition PIGOU ) car
une baisse des salaires réduirait la demande effective, le niveau de production choisit par les
entrepreneurs. Et par conséquent une augmentation du chômage.

→ Pour lutter contre le chômage, la mise en œuvre de politiques macroéconomiques de


relance pour soutenir les débouchés des entreprises apparaît nécessaire.
III. La segmentation et la polarisation du marché du travail

A. La théorie des négociations

Les négociations entre salariés et employeurs ne sont pas uniquement individuelles mais
également collectives : c’est-à-dire que les termes et clauses du contrat résultent d’un
marchandage entre les syndicats.

La puissance des syndicats dépend du nombre d’adhérents : les différences sont importants
entre la France qui a un faible taux de syndicalisation ( proche de 8 % sans grande évolution
dans le temps) et les pays d’Europe du Nord où le taux de syndicalisation dépasse les 50 %.

Les syndicats sont des acteurs de grande tailles qui disposent d’un pouvoir de marché
important en influence sur les négociations. Leur objectif est souvent de maximiser la masse
salariale.

B. La polarisation du marché du travail

La polarisation du marché du travail ( D. AUTOR, 2010) décrit le fait que dans les économies
avancées, on relève à la fois une augmentation des emplois qualifiés à hauts revenus et des
emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés.

Cela s’explique pour diverses raisons :


Les emplois qualifiés sont plutôt protégés de l’évolution du marché du travail : que ce
soit de la mondialisation, l’uberisation,
Les emplois peu qualifiés correspondent à des emplois de services qui sont
impossibles à déplacer. Ce qui explique que ces métiers soient peu menacés.
Les emplois intermédiaires sont ceux qui en pâtis le plus.

Cette polarisation du marché du travail confirme la dualisation du marché du travail mise en


évidence par P.DOERINGER et M.PIORE (1971) : Ils constatent qu’il y a un marché
primaire avec des CDI et des rémunérations élevées et un marché secondaire qui correspond à
des emplois faiblement qualifiés et des rémunérations équivalents au SMIC avec des CDD ou
des emplois précaires.

LINDBECK et D.SNOWER (1988) prolongent cette analyse avec leur modèle insiders-
outsiders : qui décrit la différence de comportement des individus suivant qu’ils sont à la
recherche (outsiders ) ou à détiennent déjà un emplois ( insiders )

Les insiders ont un pouvoir de négociation et rente de situation : parce qu’il est coûteux pour
les entreprises d’avoir un fort taux de rotation. Ils utilisent leur pouvoir de pression pour
profiter d’une rente de situation.

Ce phénomène est renforcé par la polarisation du marché du travail : les salariés plus qualifiés
sont plus rares sur le marché et ils peuvent donc négocier un salaire plus élevé.
La présence des syndicats et la segmentation du marché du travail sont deux facteurs
explicatifs de la rigidité à la baisse des salaires.

C. Les nouvelles théories du marché du travail

Les conditions de la CPP ne sont pas respectées sur le marché du travail qui, en réalité
représente un marché imparfait.

En effet, l’atomicité n’est pas respectée : parce que les insiders et les syndicats disposent un
fort pouvoir de négociation sur le marché du travail.
De même, la transparence de l’information n’est pas respectée : asymétrie d’informations
entre les employeurs et les candidats à l’embauche.

1. La théorie du « job search » ( ou théorie de la prospection de l’emploi

STIGLER, 1962, LIPMAN et McCALL, 1979

Le principe du modèle

Dans les années 1970, l’hypothèse de transparence de l’information est remise en cause.
Ainsi, la théorie du job search se situe-t-elle dans un cadre d’information imparfaite : les
agents économiques se confrontent à l’incertitude et l’information a un coût.

Le modèle du job search considère la situation à laquelle fait face un chômeur : le chômage
correspond à une situation de recherche d’emploi sur un marché concurrentiel. Ce modèle
permet d’évaluer le comportement des chômeurs avec l’hypothèse de rationalité, donc l’agent
compare les avantages et les inconvénients de l’acceptation d’une offre d’emploi.

PHELPS et la « parabole des îles » 1970

Dans le modèle du job search, l’individu est amené à rechercher de l’information au cours de
périodes successives.
L’offreur de travail fait face à un arbitrage : plus sa recherche d’emploi est longue et plus son
coût de prospection sera élevé, mais plus il augmentera ses chances de trouver un emploi qui
lui convienne et un salaire élevé.

L’apport de McCALL :

L’individu définit un salaire de réservation : Le salaire a partir duquel un individu accepte de


travailler.
Remarque : si le salaire de réservation est faible, la recherche d’emploi est rapide et peu
coûteuse et inversement. Mais ce salaire peut évoluer avec le temps puisque les prétentions
salariales diminuent.

Les conséquences négatives de l’indemnisation du chômage


L’indemnisation du chômage est problématique dans le modèle du job search car ça allonge
ma durée de recherche d’emploi et donc ça bloque les salaires de réservation à la hausse.

→ L’indemnisation du chômage, freinant les ajustements sur le marché du travail ,constitue à


la fois un facteur de rigidité et un facteur désincitatif à la reprise d’emploi.

De plus, (soupçons) : le constat empirique d’une augmentation des sorties du chômage à


l’approche de la fois des droits renforce les soupçons des économiste libéraux sur le choix
volontaire des individus de rester au chômage.

→ La dégressivité des indemnités chômages s’inscrit ainsi dans une logique d’incitation à la
reprise du travail.

Les limites du modèle du job search

Le modèle du job search présente plusieurs limites :


→ Les salaires de réservation sont difficiles à évaluer et il dépend de la situation personnelle
du ménage et de la durée de recherche d’emploi.
→ Le modèle, fondé sur la rationalité des individus, n’est pas en mesure d’expliquer un
chômage massif involontaire et durable.
→ Le rôle négatif de l’indemnisation chômage n’est pas vérifié : en France la baisse des
indemnisations n’a pas baissé le chômage. Dans les pays scandinaves, les indemnisations sont
très élevées et pourtant le chômage est faible.

2. La théorie du salaire d’efficience ( SHAPIRO-STIGLITZ 1984)

Ce modèle part de l’existence d’un aléa moral dans la relation entre le salarié et l’employeur :
l’employeur ne peut pas savoir à l’avance comment vas se comporter le salarié une fois en
poste.
Alors il convient de mettre en place des mécanismes incitatifs pour que le salarié développe sa
productivité.
→ Concrètement, il s’agit d’offrir une rémunération croissante et supérieur à celle du marché.

Aléa moral : situation d’informations asymétriques dans laquelle certains agents détiennent
une information privée sur des actions qui influencent le résultat de la transaction
( opportunisme ex-poste). Modification du comportement de l’individu le mieux informé au
détriment de la partie la moins bien informée. Un seul en subi les conséquences.

La théorie du salaire d’efficience a d’abord été analysé dans le cadre des pays en
développement (LEIBENSTEIN, 1957).

Ces conclusions sont aussi transposables dans intuitivement dans les pays développés :
généralement les employés se sentent mieux dans leur emplois or se sentir bien permet d’être
accroître sa productivité.
→ Dès lors, si les employeurs fixent le salaire, ils sont amenés à arbitrer entre l’efficacité du
facteur travail et son coût. Le salaire optimal résultant de cet arbitrage est le salaire
d’efficience.
→ Le salaire d’efficience est fixé, par nature, à un niveau supérieur à la productivité
marginale du travail.

FOCUS : L’expérimentation du salaire d’efficience chez Ford


En 1914, Henry Ford, constructeur de la Ford T, fit par d’une nouvelle surprenante : tous les
employés qualifiés seraient payés 5 dollars pour une journée de travail de 8h, alors que la
plupart des travailleurs gagnaient en moyenne 2,34 dollars pour une journée de travail de 9h.
Même si l’entreprise était alors très profitable cette augmentation très importante des salaires
représentait tout de même près de la moitié de ses profits.
Les résultats de cette augmentation furent surprenants :
→ chute très nette du turnover (passé de 370 % en 1913 à 16 % en 1915)
→ chute du taux d’absentéisme ( de 10 % en 191 à 2,5 % en 1914)
→ hausse de la productivité de+30 % à +50 % selon les estimations en un an.

Les motifs au versement de salaires d’efficience sont les suivants :


→ Une réduction du turnover
→ Une gratification à l’effort fourni (AKERLOF 1984)
→ Un outil de lutte contre l’aléa moral

3. Appariement sur le marché du travail et chômage structurel

Le modèle du job search étudié précédemment a mis en évidence la difficulté de


l’appariement sur le marché du travail : c’est-à-dire que les profits du chômeur ne coïncident
pas toujours avec les postes vacants et cette situation d’imperfection peu causer un chômage
qu’on qualifie de structurel parce qu’il dure dans le temps.

Appariement et tensions sur le marché du travail


L’appariement correspond à la rencontre en. Il sera d’autant plus performant que le nombre
d’embauche est important pour un nombre de chômeurs donné.

La réalisation des embauches, quant à elle, va dépendre des tensions sur le marché du travail.
Pour mesurer ces tensions, la DARES ( Direction de l’Animation de la Recherche, des Études
et des Statistiques) : Indicateur de tension = offre d’emplois vacants/ nombre de chômeurs.
→ Un métier est considéré en tension lorsque cet indicateur est > 1 ( exemples : soudeurs,
infirmiers..).
Pour l’ensemble des métiers en France en décembre 2015, l’indicateur de tension est de 0,46.

La courbe de Beveridge

La courbe de BEVERIDGE 1944 offre une représentation macroéconomique de


l’appariement.
La courbe met en relation deux valeurs : le niveau de chômage (U) et l’offre d’emplois
vacants (V).
De forme hyperbolique :
A chaque point de la courbe correspond une certaine tension.
→ Une forte tension avantage les travailleurs au détriment des entreprises, car la probabilité
pour un travailleur de trouver un emploi est croissante avec la tension, alors que la probabilité
pour les entreprises de pourvoir un poste est décroissant avec cette tension.

En période de croissance, la demande d’emplois est forte : cela se traduit par une baisse du
chômage car l’activité crée plus d’emplois qu’elle n’en détruit. Et donc le V augmente et le
point d’équilibre va se déplacer le long de la courbe de Beveridge vers la gauche.
Inversement, en période de ralentissement, le marché du travail détruit d’avantage d’emplois
qu’il n’en crée ce qui se traduit par une hausse du chômage. Par conséquent, le V diminue et
le point d’équilibre va se déplacer la long de la courbe vers la droite.

Interprétation de la courbe de Beveridge


Plus la courbe de Beveridge est proche de l’origine et plus le processus d’appariement est
efficace, c’est-à-dire que pour un même V, le taux de chômage est plus faible et inversement.

Inversement, une courbe éloignée de l’origine représente un marché du travail visqueux, ce


qui caractérise un chômage structurel élevé.
→ Elle traduit un problème d’appariement dans la relation entre employeurs et chômeurs :
parce que les postes offerts ne correspondent pas au profil des chômeurs ou inversement.

Une amélioration de l’appariement sur le marché du travail se traduit non pas par un
déplacement le long de la courbe vers la gauche mais par un déplacement vers la gauche de la
courbe en elle même, correspondant à un meilleur matching.
En effet, une courbe qui se rapproche de l’origine des axes témoigne que la marché du travail
fonctionne de manière plus fluide et enregistre une meilleure adéquation entre profils des
postes offerts et demandés.

Conclusion :
Le chômage a non seulement changé de nature en passant de conjoncturel à structurel, il a
également vu ses causes se modifier profondément.

Il convient par conséquent d’adapter les politiques de l’emploi afin de parvenir à résorber ce
chômage de masse.

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