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UNIVERSITE OFFICIELLE DE SEMULIKI

UOS-Beni

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

Notes du cours de Macroéconomie

A l’usage des étudiants de L1 Sciences Economiques et de Gestion

Par Prof Augustin Mumbere Sibayirwandeke

Année académique 2022-2023

Macroéconomiecours profaugustinms
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INTRODUCTION

La macroéconomie s’intéresse au fonctionnement d’ensemble de l’économie. Elle se


définit par opposition à la microéconomie qui s’intéresse davantage aux comportements
des agents économiques. Il est toutefois difficile de séparer analyses
microéconomiques et analyses macroéconomiques. C’est davantage par les questions
qu’elle se pose que se définit le champ de la macroéconomie. Ainsi, la macroéconomie se
donne-t-elle deux objectifs : La prévision conjoncturelle et, Les recommandations dans la
conduite des politiques économiques. Ce cours s’attachera à donner un éclairage sur ces
questions.

Depuis la parution en 1936 de la Théorie générale de J. M. Keynes, la macroéconomie a


vu successivement s’affronter puis se réconcilier deux traditions distinctes. Dans la logique
keynésienne, tout part de la demande, c’est à dire du volume des commandes ou
des débouchés. Le chômage est alors dû à une insuffisance persistante de la demande.
L’Etat doit par conséquent intervenir en augmentant les dépenses publiques, en
réduisant les impôts ou en demandant à la Banque centrale de diminuer les taux d’intérêt.

Pour la logique néoclassique, tout part de l’offre, c’est à dire des conditions d’une
production rentable pour les entrepreneurs. Le chômage est alors dû à un coût du travail
trop élevé, si bien qu’il n’est pas rentable pour les entreprises d’embaucher toutes les
personnes à la recherche d’un emploi. L’Etat doit par conséquent lutter contre les
“rigidités” qui empêchent le marché du travail de “fonctionner correctement” (syndicats,
salaire minimum, protection de l’emploi, allocations chômage,...).
Une alternative consiste à baisser les charges sociales sur les bas salaires afin de concilier
équité redistributive et lutte contre le chômage. Par ailleurs, le plein emploi dans cette
conception est l’état normal des affaires et les politiques interventionnistes de l’Etat ne
sont pas les bienvenues.

Un courant de synthèse moderne existe en réalité depuis la fin des années ’70. On admet
l’existence simultanée des deux types de mécanismes à court terme, et pour reconnaître
que seule la théorie néo-classique est valable à moyen (long) terme.

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Ce cours a pour objectif d’aider les étudiants à comprendre la réflexion macroéconomique,


d’appréhender et d’analyser les effets des politiques macroéconomiques. Pour y arriver,
l’on commence par rappeler les fonctions de comportement (de consommation et
d’investissement) et l’étude des marchés (marché des biens et services, marché du trvail,
marché de la monnaie) ainsi qu’une présentation de la macroéconomie classique ; par la
suite, en fin, on aborde le modèle IS LM en économie fermée en vue de comprendre la
pensée keynésienne et l’efficacité des politiques conjoncturelles.

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CHAPITRE I. FONCTIONS DE CONSOMATION ET


D’INVESTISSEMENT
1. LA FONCTION DE CONSOMMATION

L’étude des comportements d’épargne et de consommation des ménages trouve sa source


dans les propositions faites par Keynes dans la Théorie Générale. Ce dernier établit une
liaison entre le revenu et la consommation et défini l’épargne comme l’excès du revenu sur
la consommation. Cependant, si la source remonte à Keynes, ses propositions ont été
largement discutées, enrichies et infléchies.

Les notions du revenu et de période ont dû être précisées. Dans cette conception, l’épargne
est conçue comme un résidu alors qu’un autre courant considère que l’épargne résulte
d’un choix délibéré des agents qui décident d’affecter une partie de leur revenu à la
consommation future.

Ci-dessous, sont présentées et discutées les hypothèses de la fonction de consommation de


Keynes.

A.1. Discussion des hypothèses de Keynes

Selon Keynes, la consommation des ménages s’explique essentiellement par le revenu


disponible courant (Yd), càd le revenu national brut net d’impôts et des charges
sociales.

Le point de départ de la théorie keynésienne est une loi dite loi psychologique de Keynes
qui s’énonce comme suit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons
nous appuyer en toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la
nature humaine et à posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est
qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur
consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que
l’accroissement du revenu » (Théories Générale, Chap VIII, section III). Cette loi n’est
étayée d’aucune justification théorique ou empirique, il est seulement de notre
connaissance de la nature humaine et des renseignements détaillés de l’expérience
humaine, sans plus de précisions.

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De cette proposition, Keynes établit que la consommation est en relation directe, mais non
proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible : Ct = f(Ydt) avec dY/dc compris entre
0 et 1 (où Ct est la consommation des ménages de la période t).

Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un revenu disponible nul, la
consommation est positive. Il existe un seuil minimum de consommation qui correspond
au minimum vital et qui sera appelé consommation incompressible. Cette remarque et la
loi psychologique permettent de formaliser la fonction de consommation keynésienne
comme suit : Ct = C0 + cYdt (où C0 est la consommation incompressible et « c » un
paramètre positif inférieur à 1). De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de
caractéristiques :

- La consommation des ménages comporte deux composantes : une composante


autonome (C0) et une composante induite (cYd);
- la propension marginale à consommer, qui mesure la variation de la consommation
des ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est
constante et comprise entre zéro et un ;
- la propension moyenne à consommer, qui mesure la consommation des ménages
par unité de revenu disponible, est décroissante et supérieure à la propension
marginale à consommer : La décroît de à , c'est-à-dire que pour des revenus
disponibles très élevés, la tend vers la .

A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne car
l’épargne apparaît comme le résidu dans l’analyse de Keynes. En effet, la partie du revenu
disponible qui n’est pas consommée sera épargnée, c'est-à-dire que la fonction d’épargne
est : St = Ydt – Ct = Ydt – C0 - cYdt = – C0 + (1-c)Ydt = – C0 + sYdt (où St est l’épargne des
ménages et s = (1-c) est la propension marginale à épargner.

Les fonctions de consommation et d’épargne définies ci-dessus suggèrent que la somme


des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un, mais ne permettent
pas de savoir laquelle est supérieure à l’autre. Toutefois, dans une économie « viable », la
est nécessairement supérieure à la PmS. Le revenu est destiné essentiellement à la
consommation et non à l’épargne.

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A.2. L’effet de démonstration et la théorie de revenu relatif


A.2. La Théorie du Choix Inter temporel de Fisher

Cette approche a été présentée par Irving Fisher en 1930 dans le but de donner un
fondement microéconomique à la fonction de consommation macroéconomique.
D’inspiration néoclassique, cette théorie suppose des agents rationnels qui agissent dans
un environnement de concurrence parfaite. Ces agents raisonnent en terme réel et adoptent
un comportement calculateur de maximisation de la fonction objectif sous contrainte.
L’hypothèse de base de cette théorie est que la finalité de la consommation des ménages
est la maximisation de l’utilité. Mais il ne s’agit pas de maximiser l’utilité pour une période
donnée, mais plutôt pour toute la durée de vie. Autrement dit, un ménage serait prêt à
sacrifier une certaine quantité de consommation au présent en vue d’avoir une quantité plus
élevée au futur et inversement.
Si l’espérance de vie d’un ménage représentatif est de n années, ses revenus
disponibles réels annuels anticipés sont : Y1, Y2, Y3, …,Yn, et ses consommations réelles
annuelles sont : C1, C2, C3, ……,Cn, alors son plan de consommation intertemporel est
celui qui maximise son utilité sous contrainte de richesse.

a. Le plan de consommation intertemporel

Pour simplifier notre raisonnement, nous supposons un ménage représentatif : - dont


l’espérance de vie est de deux périodes : le présent (période1) et le futur (période 2), et -
qui n’a pas de richesse initiale et qui ne lègue rien à ses héritiers.
Supposons que ce ménage a une préférence pour le présent (ρ) c'est-à-dire qu’entre une
unité de consommation au présent et la même unité au futur, il préfère consommer au
présent.
Le taux d’intérêt réel (r) est la récompense de la renonciation au présent, c'est-à-dire la
récompense de l’abstinence. Autrement dit, ce ménage obtiendrait (1 + r) unités de
consommation au futur s’il accepte de renoncer à une unité de consommation au présent.
Ce ménage peut donc, à chaque période, avoir une consommation inférieure à son
revenu courant et épargner le reste ou avoir une consommation supérieure à son revenu
courant et emprunter la différence. Sous ces hypothèses, l’objet de cette section est
d’expliquer les mécanismes d’élaboration du plan de consommation intertemporel.

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b. La notion de richesse et la contrainte budgétaire


Nous désignons par richesse d’un ménage (W), la somme de ses revenus disponibles réels
actualisés. L’équation de richesse : .
Par contrainte budgétaire d’un ménage, nous désignons l’égalité entre ses ressources et leur
emploi. Il s’agit, ici, de l’égalité entre la somme de ses revenus disponibles réels actualisés
et la somme de ses consommations annuelles réelles actualisées.

Cette dernière relation est l’équation de la contrainte budgétaire ou de richesse. Nous


remarquons que c’est une droite décroissante de pente – (1+r).

C1
(1+r)w

w C2

c. La fonction d’utilité
L’objectif du ménage représentatif est de maximiser sa fonction d’utilité inter
temporelle : U = U( C1, C2). Cette fonction peut être représentée, dans un espace à trois
dimensions, par une colline d’utilité ou, dans un plan, par une carte d’indifférence qui
représente l’ensemble des courbes d’indifférence. Une courbe d’indifférence intemporelle
est le lieu géométrique de toutes les combinaisons de consommation ( ) qui donnent
le même niveau d’utilité.

d) L’optimum et le déplacement de l’équilibre


Maximiser la fonction d’utilité sous la contrainte de richesse revient à maximiser l’équation
de Lagrange suivante :

£ est maximum lorsque :

(1)

(2)

(3)

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Or qui mesure la quantité de consommation future que le ménage

serait prêt de céder pour avoir une unité supplémentaire de consommation présente et
garder le niveau d’utilité constant. C’est le taux d’échange subjectif entre la consommation
future et la consommation présente.

(1+r) mesure la valeur future d’une unité de consommation présente. C’est le taux
d’échange objectif entre la consommation future et la consommation présente. Autrement
dit, l’optimum est tel que le taux d’échange objectif est égal au taux d’échange subjectif :

Cet équilibre implique quelques suggestions et remarques :


• Contrairement à l’hypothèse de Keynes, la consommation des ménages ne dépend pas
uniquement du revenu disponible, elle dépend également du taux d’intérêt.
• Cet équilibre peut déboucher sur deux catégories de ménages :
* un ménage créditeur caractérisé par une épargne positive, c'est-à-dire par une
consommation présente inférieure au revenu présent : C1* < Y1 S > 0.

* un ménage débiteur caractérisé par une épargne négative, c'est-à-dire par une
consommation présente supérieure au revenu présent : C1* > Y1 S < 0.
• Comme le ménage considéré ne lègue rien à ses héritiers, sa richesse doit être épuisée à
la fin de la deuxième période, c'est-à-dire qu’il ne doit avoir à la fin de sa vie ni une épargne,
ni des dettes.

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Agent créditeur Agent débiteur


C2
C2

Y2
Y2

Y1 C1 Y1 C1

- variation du taux d’intérêt et déplacement de l’équilibre


Toute variation du taux d’intérêt réel (Y1 et Y2 restant constants) implique un
déplacement non parallèle de la droite budgétaire et par la même occasion un déplacement
de l’équilibre. Ce déplacement de l’équilibre résulte d’un double effet : un effet substitution
et un effet richesse.
• L’effet richesse résulte du fait que le ménage va se sentir plus riche ou plus pauvre selon
le sens de variation du taux d’intérêt et selon que l’agent soit débiteur ou créditeur: une
augmentation du taux d’intérêt enrichit l’agent créditeur et appauvrit l’agent débiteur et
inversement. Et tout enrichissement (appauvrissement) implique une augmentation (une
baisse) de C1 et de C2.
• L’autre effet de la variation du taux d’intérêt est la modification de la récompense de la
renonciation au présent, c’est à dire du prix de C1 en termes de C2. Ceci se traduit par un
effet de substitution qui est le même quelle que soit la situation de l’agent : une
augmentation du taux d’intérêt incite à l’épargne et a donc un effet négatif sur la
consommation présente et positif sur la consommation future, et inversement.
• Les effets conjugués (effet global) sont donc relativement complexes sur les
consommations présentes et futures et sur l’épargne. Ils dépendent du sens de variation du
taux d’intérêt et de la situation de l’agent. Toutefois, les tenants de ce modèle font
l’hypothèse que lorsque l’effet revenu et l’effet substitution ne vont pas dans le même sens,
c’est ce dernier qui l’emporte de sorte que, par exemple, si l’effet revenu est positif et l’effet
substitution est négatif, l’effet global sera négatif.

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Conclusion
Si nous supposons que l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu, nous
pouvons conclure que l’approche de Fisher établit une relation croissante entre la
consommation présente et la richesse (la richesse elle-même est fonction croissante des
revenus) et décroissante entre la consommation présente et le taux d’intérêt réel.
C= f(Y, r)
Avec

A.3. L’HYPOTHESE DU CYCLE DE VIE DE MODIGLIANI

Dans les années 1950, Franco Modigliani va se référer aux conclusions du modèle
de Fisher de la consommation pour tenter de résoudre l’énigme de la consommation et
expliquer la contradiction entre la théorie keynésienne et les faits observés. Comme nous
l’avons vu, le modèle de Fisher suppose que la consommation d’une période dépend des
revenus de toutes les périodes. L’hypothèse que va poser Modigliani est que le revenu est
cyclique, qu’il est variable le long de la vie et que les ménages vont transférer une partie
de leurs revenus des années « grasses » vers la consommation des années « maigres ».
L’objectif de ces transferts de revenus est d’avoir une structure de consommation
relativement stable durant toute la vie. La principale raison à l’origine des fluctuations des
revenus est l’existence d’une période d’activité où les revenus sont relativement élevés, et
d’une période d’inactivité (la retraite) où les revenus sont relativement faibles, voir nuls.
Le rôle de l’épargne, dans ce cas, est de répondre au désir des ménages de ne pas voir leur
consommation baisser substantiellement durant la période de retraite. Cette incitation à
épargner va avoir des implications sur la fonction de consommation.
Pour illustrer la contribution de Modigliani, nous supposons un ménage qui dispose
d’une richesse initiale égale à Wo. Ce ménage s’attend à vivre encore n années dont e
années d’activité et (n - e) années de retraite. Il perçoit, durant la période d’activité, un
revenu annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers.
Question : quel niveau de consommation doit-il avoir pour être en mesure de « lisser
» sa consommation durant toute la durée de vie ? Pour simplifier le raisonnement, nous

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supposons que le taux d’intérêt est nul. Les ressources de ce ménages s’élèvent à : W0+eY
Sa consommation annuelle sera donc :

Si tous les ménages adoptent un comportement similaire, la fonction de consommation


agrégée sera : C = α W + β Y
Où : α = propension marginale à consommer une partie de la richesse
β = propension marginale à consommer une partie du revenu. Cette hypothèse ne
modifie en rien les résultats du modèle. Nous aboutirons aux mêmes résultats si le taux
d’intérêt était positif. A priori, nous pouvons supposer que la richesse est constante à court
terme. Elle ne varie qu’à long terme suite à l’accumulation de l’épargne.
Au niveau individuel, la richesse augmente, puis baisse. Mais pour l’ensemble des
ménages, c'est-à-dire au niveau macroéconomique, la richesse suit un trend ascendant.
Ainsi :
• à court terme α W = α W0 (une constante) et la fonction de consommation est: C=
αW0 +βY. Cette fonction de consommation est similaire à celle de Keynes où α W0
est la consommation autonome et β Y la consommation induite.
Et la décroissante par rapport au revenu.
• Mais, à long terme, au fur et à mesure que la richesse augmente, la fonction de
consommation va se déplacer vers le haut. L’accroissement du revenu va être
compensé par l’accroissement de la richesse de sorte que la propension moyenne à
consommer va rester constante. En effet, ; et comme W et Y vont
augmenter en parallèle, rien ne prédispose la PMC à baisser.

Ainsi, la contribution de Modigliani a établi que la consommation des ménages


dépend en partie du revenu courant, mais elle dépend aussi de la richesse. Cette

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contribution a permis de résoudre la contradiction entre la théorie de la consommation et


l’histoire concrète.

A.4. L’HYPOTHESE DU REVENU PERMANENT DE M. FRIEDMAN

Comme Modigliani et d’autres auteurs, Friedman va fonder son hypothèse sur celle de
Fisher et va élaborer un plan de consommation qui dépasse de loin la période courante. Il
va avancer les notions de revenu permanent et de consommation permanente.
La théorie du choix inter temporel montre que la richesse et le taux d’intérêt sont des
variables explicatives de la consommation. Et comme les revenus futurs ne sont pas
observables directement mais anticipés, la richesse elle-même est une notion qui sera, selon
l’approche du revenu permanent, anticipée.

a. La notion de revenu permanent :


Pour Friedman, le déterminant de la consommation n’est pas le revenu au sens habituel
mais le revenu permanent défini comme le flux périodique des recettes constantes qui
donnerait la même valeur actualisée que les recettes annuelles anticipées pour un horizon
donné. En d’autres termes, Le revenu permanent est défini comme « la somme qu’un
consommateur peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital ». Vu sous
l’angle des avoirs d’un ménage, le revenu permanent sera considéré comme le reflet des
revenus annuels stables sur une longue période dont la valeur présente actualisée est égale
à la richesse de ce ménage. On peut alors écrire :

L’utilisation des propriétés des progressions géométriques conduisent à écrire:

. D’où :

Le revenu permanent apparaît comme déterminé par le produit du taux d’intérêt et de la


richesse, ou du patrimoine. Ceci rejoint la définition du revenu : c’est ce que l’on peut
consommer chaque année sans s’appauvrir i.e. en laissant intact le niveau de son
patrimoine. Alors que la consommation inclut celle des biens durables, la consommation
permanente n’inclut que la valeur des services rendus par ces biens.

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On aura ainsi : . La
consommation permanente est proportionnelle au revenu : et la propension
moyenne égalise la propension marginale à consommer. Le paramètre dépend du taux
d’intérêt.

Mais cette définition théorique du revenu permanent ne permet pas de l’évaluer d’une
manière empirique étant donné l’indétermination des revenus futurs et du taux d’intérêt
futur. C’est pourquoi Friedman a proposé, pour surmonter cette difficulté, une définition
empirique qui se base sur les revenus observés au présent et durant les périodes passées.
L’hypothèse de base est que les revenus courants subissent, d’année en année, des chocs
temporaires aléatoires. Le revenu courant est donc formé par deux composantes : une
composante permanente et une composante transitoire :
Le revenu permanent est la composante du revenu que les ménages s’attendent à conserver
à l’avenir. Il représente donc la partie stable du revenu. Le revenu transitoire est la
composante du revenu dont les agents ne prévoient pas le maintien à l’avenir. Il représente
la différence à court terme entre le revenu courant et le revenu permanent à long terme.
Friedman fait trois hypothèses
- Absence de corrélation entre revenu permanent et transitoire
- Absence de corrélation consommation permanente et transitoire
- Absence de corrélation entre revenu transitoire et la consommation transitoire.
L’évaluation du revenu permanent peut se faire à partir du revenu courant et des revenus
observés par le passé, les différents revenus observés étant affectés d’un point qui décline
avec le temps à mesure que croît leur éloignement dans le passé.
Si le revenu permanent est le revenu moyen, le revenu transitoire apparaît comme l’écart
aléatoire par rapport à cette moyenne. Cet écart peut être positif ou négatif selon que le
revenu courant est supérieur ou inférieur au revenu permanent. Ce dernier est une notion
continuellement ajustée dans le temps en fonction de l’évolution des revenus courants des
ménages. Il peut être estimé à partir d’un processus d’anticipations adaptatives où le revenu
permanent d’une période serait égal au revenu permanent de la période précédente qui sera
ajusté à la hausse ou à la baisse selon que le revenu transitoire est positif ou négatif.

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Le revenu permanent est donc la moyenne pondérée des revenus courants des
périodes précédentes. Les coefficients de pondération sont de plus en plus faibles au fur
et à mesure que l’on remonte dans le passé.

b. La fonction de consommation
L’idée de base de la théorie du revenu permanent est que les ménages orientent leur
consommation permanente en fonction de la partie permanente de leur revenu et adoptent
un autre comportement face à leur revenu transitoire. Quand les revenus courants
augmentent ou baissent temporairement, les ménages ne bouleversent pas complètement
leurs habitudes de consommation. S’il s’agit d’une baisse temporaire, ils puisent dans leur
épargne accumulée pour financer leurs dépenses normales de consommation ; s’il s’agit
d’une augmentation temporaire, ils consacrent à l’épargne une proportion plus élevée de
leur revenu que d’habitude.

L’idée maîtresse derrière la théorie du revenu permanent est que la consommation


courante est une proportion du revenu disponible courant, mais cette proportion est plus
importante pour la partie du revenu qui est permanente et plus faible pour celle qui est
transitoire. Les ménages épargnent une plus grande proportion de leur revenu transitoire
que celle relative à leur revenu permanent. Si leurs revenus transitoires deviennent négatifs,
ils puisent dans leurs épargnes pour maintenir leurs niveaux de vie.

Les conclusions de la théorie du revenu permanent de Friedman sont très


semblables à celles de la théorie de la consommation en escalier de Duesenbery qui
explique la variabilité de la PMC à court terme et sa stabilité à long terme par le fait que
les ménages deviennent habitués à un certain niveau de vie et résistent à tout changement
brusque de ce dernier.

2. LE COMPORTEMENT (FONCTION) D’INVESTISSEMENT

L’investissement est la composante la plus volatile du PIB (Produit Intérieur Brut). En


cours de récession lorsqu’on constate une baisse de la demande globale, cette baisse est
imputée généralement à la baisse du PIB. Ainsi, les économistes étudient le comportement
de l’investissement pour comprendre les fluctuations de la production.

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Dans ce paragraphe, nous comprendrons pourquoi il existe une relation négative entre
l’investissement et le taux d’intérêt, pourquoi l’investissement augmente-il pendant les
phases d’expansion.

a) Définition et rôle de l’investissement


On entend par investissement l’acte qui consiste à acquérir des biens d’équipement
durables destinés à accroître la production de biens et services dans le futur. Les dépenses
d’investissement représentent le montant total que : les entreprises dépensent pour l’achat
d’usines, d’outillages ou d’équipements ou pour le financement des études ; les ménages
consacrent à l’achat de biens immobiliers neufs ; l’Etat consacre aux équipements
collectifs. Mais ici, nous nous intéressons uniquement à l’investissement privé, et
notamment celui des entreprises étant donné que l’investissement public sera intégré dans
les dépenses publiques.

Faisons Remarquer que : les produit de la revente et l’acquisition des valeurs mobilières
ne font pas parti des investissements. Il faut distinguer la formation brute de capital fixe
(FBCF) de l’investissement (I). En effet : I = FBCF + ΔSt (où ΔSt est la variation des
stocks).

L'investissement joue un double rôle au sein de l’activité économique : En tant que


composante de la demande finale globale, l’investissement est, comme la consommation,
une dépense et à ce titre, il peut soutenir l’activité économique indépendamment de l’usage
concret auquel il est destiné. En outre en tant que facteur de production,
l’investissement est souvent considéré comme le moteur de la croissance économique dans
la mesure où il accroît les capacités productives du pays et améliore sa productivité.
Partant de ces considérations, l’objet de ce paragraphe est de déterminer les facteurs
explicatifs de l’investissement. Cette tâche n’est pas aisée dans la mesure où
l’investissement résulte d’un choix relativement complexe où se mêlent des facteurs
objectifs observables et mesurables, tel que le taux d’intérêt, et des facteurs subjectifs dont
l’évaluation est difficile, telle que la confiance des milieux d’affaires. Toutefois, tout en
reconnaissant l’existence et l’importance de ces derniers facteurs, les économistes ne vont
pas leur accorder beaucoup de place et vont mettre en avant, selon les écoles de pensée, un

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ou deux facteurs explicatifs objectifs. Les classiques se limitent au rôle fondamental du


taux d’intérêt et Keynes introduit, en plus, la demande anticipée.

b. LA THEORIE KEYNESIENNE DE LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT


La décision d’investissement est le fait du producteur qui décide de transformer des avoirs
monétaires en actifs physiques, c'est-à-dire en biens d’équipement. Cette décision va
dépendre, selon Keynes, du taux d’intérêt et du volume des ventes anticipé.

Le rôle du taux d’intérêt dans la décision d’investissement


Tout investissement doit être financé, soit par des fonds propres, soit par des emprunts. Et
dans les deux cas, les intérêts représentent le coût rattaché à cet investissement. Et comme
les entrepreneurs cherchent toujours la rentabilité financière, ils vont comparer ce coût avec
le rendement du projet. Cette rentabilité peut être étudiée par référence au critère de la
Valeur Actuelle Nette.

- L’approche de la VAN

La règle fondamentale en matière de décision d’investissement est celle de la valeur


actuelle nette (VAN) qui consiste à comparer le coût et les recettes d’un projet
d’investissement. Lorsqu’un entrepreneur étudie une opportunité d’investissement, il se
trouve en présence de deux groupes d’éléments.
- Une dépense d’investissement (I0) à engager immédiatement pour l’acquisition de biens
d’équipement dont la durée de vie est de (n) années.
- Des recettes futures nettes (RN) attendues, résultant de la vente des produits obtenus grâce
à l’investissement considéré sur toute sa durée de vie.

Soit donc RN1, RN2, …, RNn, les recettes nettes attendues, ou les rendements escomptés,
par un entrepreneur qui envisage d’acheter des biens d’équipement d’une valeur I0. Soit r
le taux d’intérêt et n la durée de vie utile des équipements.
Pour décider de la faisabilité d’un projet, il faut calculer sa VAN, c'est-à-dire la différence
entre la somme des revenus actualisés et le coût d’achat des équipements :

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Ce projet ne sera considéré comme rentable et ne sera réalisé que si sa VAN est
positive. Remarquons qu’il s’agit, ici, de prévisions : prévision de la durée d’utilisation,
prévision des résultats à attendre de l’exploitation, prévision des coûts de production, ….
Ainsi, plus le taux d’intérêt est faible plus le montant des investissements est élevé
du fait qu’il y aura de plus en plus de projets rentables. L’investissement est donc une
fonction décroissante du taux d’intérêt : I = f (r) avec

Remarque :
- l’analyse keynésienne de courte période suppose que les prix sont constants, c'est-
à-dire que le taux d’inflation anticipée est nul, d’où les taux d’intérêt nominal est
réel sont égaux.
- à des niveaux très faibles du taux d’intérêt, l’investissement ne dépend plus du taux
d’intérêt, c'est-à-dire que la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt sera
nulle.

c. Le rôle de la demande anticipée dans la décision d’investissement : la théorie


de l’accélérateur

L’idée de base de cette théorie est que, plus l’output (la production) sera élevé, plus le
capital nécessaire pour le produire est important, et plus donc il faut investir.
L’investissement sera donc lié positivement aux variations de la demande anticipée.

Les hypothèses du modèle :


Pour qu’une variation de la demande se traduise par un accroissement des capacités de
production, trois conditions, au moins, doivent être vérifiées :

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 Les capacités de production sont pleinement utilisées. Il n’y a pas de capitaux


oisifs.
 On suppose que la production s’ajuste immédiatement à la demande de sorte que
la production remplace la demande dans la fonction d’investissement.
 On suppose une fonction de production à coefficients fixes et des rendements
d’échelle constants.

Formulation de l’accélérateur simple :

Nous partons ici de l’hypothèse que la production (Y) s’adapte immédiatement à la


demande anticipée (Ya), càd. Ya = Y.
Le principe de l’accélérateur suppose que l’investissement net d’une période est
proportionnel à la variation de la production de la même période, càd que :
Kt = αYt → Int = α (Δ Yt) = α(Yt - Yt-1) où α est le coefficient d’accélération, égal au
coefficient de capital. Et comme Yt-1 est une constante, on peut déduire que
l’investissement net est une fonction croissante du niveau de production :
Int = f (Y) avec

L’investissement nouveau nécessaire pour répondre à l’accroissement de la


demande est appelé investissement induit. L’investissement brut sera donc égal à
l’investissement induit plus l’investissement de remplacement (pour l’amortissement).

L’accélérateur ne fonctionne que dans le cas où la demande est croissante. Dans le


cas où la demande baisse, l’investissement net sera nul et il y aura constitution de capitaux
oisifs. En cas d’une reprise de la demande, les capitaux oisifs doivent être utilisés avant de
procéder à de nouveaux investissements.

I.2. Le marché de la monnaie 1


La monnaie est l’ensemble des moyens de paiement immédiatement utilisables pour
acquérir des biens et services ou régler des dettes. La monnaie est le stock d’actif

1
Le marché de travail et le marché des titres sont abordés dans le chapitre 2. Ici nous n’abordons que le marché de la
monnaie afin d’éviter une répétition

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
18

mobilisable pour procéder à des transactions. En grande approximation, les pièces et les
billets que possède le public constituent le stock de monnaie d’un pays 2.
La quantité de monnaie disponible dans une économie donnée à un moment donné
est mesurée par la masse monétaire qui traduit l’ensemble des moyens de paiement détenus
par les agents non financiers.

Au sens le plus strict du terme, il s’agit de l’agrégat M1 qui traduit les disponibilités
monétaire et qui regroupe la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. La monnaie
fiduciaire est l’ensemble des billets (et pièces) en circulation (c'est-à-dire détenus par les
agents non financiers). Cette composante de la monnaie est appelée monnaie centrale du
fait qu’elle est émise exclusivement par la Banque Centrale. La monnaie scripturale traduit
les dépôts à vue des agents non financiers auprès du système bancaire. Cette monnaie
bancaire est mobilisable par les chèques, les ordres de virement ou les cartes de paiement.
Donc : M1 = B + DAV (où B = billets de banque et DAV = dépôts à vue)

Mais de plus en plus souvent, la masse monétaire est assimilée à l’agrégat M2 qui
tient compte aussi de la quasi-monnaie c'est-à-dire : les dépôts à terme, les comptes
spéciaux d’épargne, les certificats de dépôt et les avoirs en devises :
M2 = M1 + Quasi monnaie.

A. L’offre et la demande de monnaie


1. L’offre de monnaie

L’offre de monnaie est la quantité de monnaie mise, à un moment donné, à la


disposition du public par le système bancaire (Banque Centrale et banques commerciales).
L’offre de monnaie est statistiquement égale à M2. Elle créée par la Banque Centrale et
les banques commerciale. Mais comme les deuxièmes sont soumises à l’autorité monétaire
(Banque Centrale, nous supposons que c’est la Banque Centrale qui « décide » de la
quantité de monnaie qui sera offerte à un moment donné. L’offre nominale de monnaie
sera donc considérée comme exogène : M0 =Ms et l’offre réelle de monnaie :

2
Gregory Mankiw (2001) Macroéconomie, p. 185

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
19

L’offre de monnaie est certes exogène, mais elle n’est pas toujours constante. Elle
peut varier selon la politique monétaire de la Banque Centrale (institut d’émission). Une
politique monétaire expansive se traduit par une augmentation de l’offre de monnaie (Δ M
> 0) et une politique monétaire restrictive se traduit par une baisse de l’offre de monnaie
(Δ M < 0). Dans le premier cas, la droite verticale se déplace vers la gauche et inversement
pour le deuxième cas.

Les instruments de la politique monétaire 3, qui sont étudiés avec plus de détail en
cours d’économie monétaire, sont : le réescompte, l’intervention sur le marché monétaire,
le taux de réserves obligatoires et l’encadrement du crédit(le cours politique économique
revient avec des détails sur ces questions).

3
On appelle intervention sur le marché monétaire (open market), les achats et les ventes d’obligation d’Etat, par la
Banque Centrale. Les Réserves obligatoires sont des réglementations par lesquelles les banques centrales obligent les
banques commerciales à respecter un coefficient de réserves minimal. Le taux d’escompte est le taux d’intérêt que
prélève la Banque Centrale lorsqu’elle consent des prêts aux banques commerciales. Ces dernières empruntent auprès de
la banque centrale lorsque leurs réserves sont insuffisantes.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
20

2. La demande de monnaie
Pour saisir les déterminants de la demande de monnaie, il faut d’abord connaître les
raisons qui poussent les agents économiques non financiers à détenir de la monnaie. Ces
raisons sont en étroite relation avec les propriétés de la monnaie dont les plus importantes
sont : l’unité de compte, comme moyen de paiement, la monnaie facilite les échanges
(transactions) et en fin elle est une réserve de valeur qui permet de résoudre le problème
de non synchronisation des recettes et des dépenses.

Toutefois, la monnaie n’est pas le seul bien pouvant servir de réserve de valeur.
Certains autres biens (métaux précieux, biens immobiliers, titres financiers, ….) peuvent
constituer une réserve de valeur plus sure et plus rentable que la monnaie. Mais, bien que
le rendement nominal de la monnaie soit nul, elle constitue toujours une réserve de valeur,
vu qu’elle constitue l’actif le plus liquide et que son coût de transaction est nul.

Etant donné ces propriétés, la théorie économique retient trois motifs de détention
de la monnaie : le motif de transaction, le motif de précaution et le motif de spéculation.

a) Le motif de transaction
Ce premier motif de détention de la monnaie résulte du problème de la non
synchronisation des échanges qui se traduit par une séparation des recettes et des dépenses,
c'est-à-dire que les agents vont vendre leurs biens ou ressources contre de la monnaie, puis
ils vont étaler leurs achats d’autres biens et services dans le temps.
La quantité de monnaie demandée pour ce motif sera donc d’autant plus importante que le
volume des transactions et le Niveau Général des Prix (NGP) sont élevés. Et comme le
niveau des transactions est approximé par le PIB, alors la demande de monnaie pour motif
de transaction sera fonction croissante de la valeur de la production.

A cet effet, les auteurs néoclassiques retiennent les transactions comme seul motif
de détention de monnaie. Toutefois, chaque unité monétaire est utilisée plus qu’une fois
durant l’année. Et si nous appelons « vitesse de circulation monétaire» le nombre de fois
qu’une unité monétaire change de main durant l’année, on peut dire que plus la monnaie
circule, moins nous aurons besoin de monnaie pour les transactions. Autrement dit, il existe

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
21

une relation décroissante entre la demande de monnaie pour motif de transaction et la


vitesse de circulation de la monnaie.

Par ailleurs, le rendement réel de la monnaie est négatif étant donné que l’inflation
réduit son pouvoir d’achat. La vitesse de circulation dépend des habitudes de paiement
d’une économie donnée à un moment donné. A titre d’exemple, cette vitesse sera plus
élevée lorsque les salaires sont payés à la semaine que lorsqu’ils sont payés au mois. De
plus, l’usage du chèque et de la carte de paiement électronique par exemple ; augmente
aussi la valeur de cette vitesse.

Si nous notons la demande nominale de monnaie pour motif de transaction (M T),


le Niveau générale des prix (P), la vitesse de circulation monétaire (v), alors on a
l’équation suivante : de cette équation on peut tirer en fin on a si on
désigne par k l’inverse de la vitesse de circulation et en divisant par P :

Cette relation est croissante car plus Y augmente, plus les besoins en monnaie pour des
fins de transaction augmente également.

b) Le motif de précaution

Outre les besoins pour effectuer les transactions courantes, les agents économiques
non financiers vont détenir une quantité supplémentaire de monnaie pour pallier aux
dépenses imprévues qui peuvent survenir dans le futur. Cette demande, qui est qualifiée de
demande de monnaie pour motif de précaution, est elle aussi fonction croissante de la
valeur de la production. Et comme sa valeur est relativement faible, elle sera confondue
avec la demande de monnaie pour motif de transaction.

c) Le motif de spéculation
L’acte de spéculation consiste à acheter des titres financiers (des obligations par
exemple) lorsque leur cours est relativement faible et que les agents s’attendent à ce qu’il
va augmenter dans le futur, en vue de les revendre lorsque leur cours augmente. Cette

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
22

activité n’existe que parce que l’évolution future du cours des titres est incertaine de sorte
que les anticipations les concernant varient d’un agent à un autre.

En achetant des titres, les encaisses spéculatives baissent. Autrement dit, la


demande de monnaie pour motif de spéculation augmente au fur et à mesure que le cours
des titres augmente et que les agents les vendent.

Or le cours des titres est inversement proportionnel au taux de rendement des titres.
Et comme le taux de rendement des titres financiers ne peut pas s’écarter durablement et
significativement du taux d’intérêt, nous pouvons assimiler taux de rendement et taux
d’intérêt.
La préférence pour la liquidité est forte lorsque le taux d’intérêt est faible, et elle
sera faible lorsque le taux d’intérêt sera élevé. Le taux d’intérêt accru oblige les agents à
réduire la quantité de monnaie détenue par les agents.

Toutefois, lorsque le cours des titres arrivent à un niveau tellement faible de sorte
que les agents considèrent qu’il ne peut plus baisses (minimum), c'est-à-dire que le taux
d’intérêt arrive à son niveau maximum, les agents vont chercher à convertir la totalité de
leurs liquidités en titres, et la demande de monnaie de spéculation sera donc nulle. Et
lorsque le cours des titres arrive à un niveau tellement élevé de sorte que les agents
considèrent qu’il ne peut plus augmenter (maximum) c'est-à-dire que le taux d’intérêt arrive
à son niveau minimum, les agents vont chercher à convertir la totalité de leurs titres en
monnaie, et la demande de monnaie de spéculation sera donc infinie. Cette situation
d’excès de liquidité est qualifiée de trappe à liquidité.

B. L’équilibre sur le marché de la monnaie


1. L’approche classique : la théorie quantitative de la monnaie
Cette théorie suppose que :
(i) l’économie est en concurrence parfaite,
(ii) l’information est parfaite,
(iii) les agents sont rationnels et
(iv) le niveau de production est fixé au plein emploi.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
23

Les 3 premières hypothèses impliquent que les agents non financiers ne détiennent
pas d’encaisses spéculatives. La monnaie n’est donc demandée que pour le motif de
transaction (et de précaution). La fonction de demande de monnaie sera donc : Md = MT =
kPY. L’équilibre sur le marché monétaire est tel que : La solution de cet équilibre
est la relation :
Comme la vitesse de circulation est supposée constante, la relation ci-dessus permet de
déterminer, pour un niveau d’offre de monnaie constant, le Niveau générale des prix. Nous
remarquons que la relation entre P et Y est décroissante comme l’indique le graphique ci-
dessous.

Y1

Y2

P1 P2 P

Et si nous nous référons à la quatrième hypothèse (Y = Y* = une constante), nous


pouvons déduire de la relation d’équilibre sur le marché monétaire une relation entre l’offre
de monnaie et le niveau général des prix (NGP). Ainsi, toute politique visant à accroître M
(politique monétaire expansive) se traduit inévitablement par une augmentation du niveau
général des prix (inflation). L’explication de ce phénomène est la suivante : la politique
monétaire expansive se traduit par une augmentation des liquidités des agents
économiques que ces derniers vont convertir en titres. La demande des titres augmente
ce qui implique une augmentation du cours de ces titres et par là même une baisse du
taux d’intérêt. Ceci va entraîner une augmentation de la demande d’investissement,
donc une augmentation de la demande de biens et services. Et comme l’offre de bien
et service est constante (Y = Y*), ce déséquilibre sur le marché des biens et services
ne peut se résorber que par une augmentation du niveau général des prix.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
24

Y1

P1 P2

2. L’approche keynésienne
L’approche keynésienne tient compte des trois motifs de détention de la monnaie
de sorte que : Md = MT + MS.
Et parce que la théorie keynésienne de courte période suppose que le taux
d’inflation anticipée est nul, c'est-à-dire que le niveau des prix est constant, l’analyse en
termes nominaux se confond avec celle en termes réel.
Pour simplifier notre réflexion, supposons donc que NGP = 1(dans la vision
keynésienne nous partons de l’hypothèse que les prix sont rigides, c’est pourquoi le NGP
est fixé à 1. Sous ces hypothèses :

La demande de monnaie dépend de revenu, Y et de taux d’intérêt), r. On a


donc :Md=f(r,Y) avec

Trappe à liquidité
Rmax

Rmin

Md

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25

Etant donné cette fonction de demande de monnaie, l’équilibre sur le marché


monétaire qui égalise l’offre et la demande de monnaie permet de déterminer le taux
d’intérêt d’équilibre compatible avec chaque niveau de production. Si nous posons que la
demande de monnaie pour le motif de spéculation est donnée par MS = B – g.r, et sachant
que : MT = kPY = kY (puisque P = 1). Alors :
.
Ainsi, toute augmentation du niveau de production se traduit par une augmentation
du taux d’intérêt. Ce phénomène s’explique comme suit : pour une offre de monnaie
donnée, afin de financer une production supplémentaire, les agents non financiers vont
émettre de nouveaux titres. L’offre de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par
une baisse du cours des titres, et par conséquent par une augmentation du taux d’intérêt.

Rmax

R0
R1
R2
Rmin

Md

Pour une offre de monnaie M0, le taux d’intérêt est : r0 pour Y = Y0, R1 pour Y =
Y1 et R2 pour Y = Y2. ; et comme : Y2 > Y1 > Y0 alors R2 > R1 > R0. Par ailleurs, toute
augmentation de l’offre de monnaie implique au contraire une baisse du taux d’intérêt. En
effet, pour un niveau de production donné, la politique monétaire expansive correspond à
une injection de monnaie par la Banque Centrale. Cette dernière va demander en
contrepartie des titres. La demande de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par
une augmentation du cours des titres, et par conséquent par une baisse du taux d’intérêt.

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26

rmax

r0
r1
r2
rmin

Md

Pour un niveau de production : Y = Y0, le taux d’intérêt d’équilibre est : r0 pour


M0, r1 pour M1 et r2 pour M2. Au niveau de la trappe à liquidité, la politique monétaire
expansive n’a plus d’effet sur le taux d’intérêt.

Chapitre II. La Macroéconomie Classique : L’équilibre de Plein – Emploi

Le modèle classique que nous allons présenter relève d’une vision de l’équilibre de
court terme dans laquelle les offres et les demandes des marchés des bien, du travail, de la
monnaie et des titres s’ajustent par les prix, et où le jeu concurrentiel des marchés conduit
à la fois au plein – emploi du travail et à la pleine utilisation des capacités de production.
Le discours macroéconomique n’a dans ce cadre comme seule spécificité que de s’appuyer
sur une méthode de raisonnement par agrégation.
Trois idées majeures (une conception générale et deux idées) sont à la base de la
théorie classique :
1) La conception générale consiste à analyser les économies contemporaines comme
des économistes de marché, ayant une capacité spontanée à s’autoréguler. La
coordination se fait par le marché et les prix sont parfaitement flexibles (cfr la main
invisible de A. Smith).
2) La loi des débouchés (ou loi de Say), qui exprime que l’offre (globale) crée toujours
sa propre demande, de sorte que l’économie ne peut jamais connaître de crise de
surproduction (version faible). Associée à l’hypothèse de flexibilité des prix et

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
27

d’ajustement des marchés, elle garantit que le niveau d’activité sera en outre
toujours maximal (version forte). Cette loi n’est donc que l’expression de la vision
classique de l’équilibre. Sa validité repose sur le rôle subordonné conféré à la
monnaie. C’est ce qu’exprime la dernière idée.
3) La théorie quantitative de la monnaie, selon laquelle la monnaie n’a pas d’effets
réels, mais affecte seulement le niveau général des prix (NGP), repose, sur le fond,
sur l’idée que la monnaie n’est pas demandée pour elle – même (le seul motif de
« demande de monnaie » est celui que Keynes identifiera sous le nom de « motif de
transaction » ; il en découle la constante de la vitesse de circulation de la monnaie).
Elle est donc la voie traditionnelle d’intégration de la monnaie à une théorie
« réelle » de l’économie de marché.

Au total, selon cette approche, le niveau d’activité, pour peu qu’on accepte de
laisser fonctionner librement les marchés, sera toujours optimal, et cela en particulier parce
que la monnaie n’a aucun rôle spécifique à jouer en dehors de celui d’instrument technique
destiné à faciliter l’occurrence des échanges. Pour ces auteurs, le plein emploi est l’état
normal des affaires. Les politiques économiques ne sont pas les bienvenues.

La théorie présentée est en effet, une théorie réelle de l’ajustement par les marchés
du travail et du capital. Ainsi, on suppose ce qui suit :
1) Tous les agents économiques sont rationnels et ont pour objectif de maximiser leur
profit ou leur utilité ; en outre, ils ne souffrent pas d’illusion monétaire ;
2) Tous les marchés sont en concurrence pure et parfaite, et les agents établissent leurs
plans optimaux « prenant » les prix comme donnés, lesquels sont parfaitement
flexibles ;
3) Les agents ont une parfaite connaissance des conditions de marché et des prix avant
de s’engager dans l’échange. Les échanges se réalisent lorsque les prix d’équilibre
sont obtenus sur tous les marchés. Ainsi il n’existe pas d’échanges à des prix faux
(fiction du marché walrasien);
4) Les anticipations des agents son stables.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
28

2.1. La structure d’ensemble du modèle classique

 LA LOI DE WALRAS

Sur les quatre macro– marchés envisageables a priori, on ne s’intéresse qu’aux trois
macro – marchés suivant : marchés du travail, des titres et de la monnaie, ceci en raison de
la loi de Walras qui s’applique et exprime l’idée que les marchés ne sont pas indépendants.
Pour notre propos, la conséquence essentielle de la loi de Walras est la suivante : il est
impossible qu’un équilibre soit établi sur le marché des biens et des titres, sans qu’il soit
également réalisé sur le marché du travail. En d’autres termes, un déséquilibre restreint
au seul marché du travail est inconcevable : il ne peut pas y avoir de situation d’équilibre
avec chômage involontaire (la somme des valeurs des demandes excédentaires serait alors
non nulle, ce qui violerait la loi de Walras)

 La Dichotomie Sphère Réelle/Sphere Monétaire

Le marché de la monnaie détermine les valeurs nominales ou les « prix monétaires »


(ou nominaux), et est au contraire sans influence sur les prix relatifs. La monnaie est
neutre, caractéristique de l’approche réelle. Cela implique que l’analyse de l’équilibre
monétaire ne se substitue pas à celle de l’équilibre réel, mais la complète d’une façon qui
ne remette pas en cause ses résultats.

Ainsi, dans un modèle d’équilibre général walrasien, la théorie de la valeur va


déterminer les prix relatifs et les quantités d’équilibre des marchandises, abstraction faite
de la monnaie. Cette analyse sera complétée par une analyse du marché de la monnaie et
de son équilibre, qui dépendent de la théorie de la valeur, mais ne l’affecte pas. Cette
méthode est ce que Don Patinkin a appelé la « dichotomie classique ».

Dans le modèle macroéconomique que nous présentons, cette dichotomie prend la


forme d’une dichotomie des « secteurs » : le secteur réel, est constitué des marchés du
travail, des titres (du capital), et des biens, et déterminent les prix relatifs et les quantités
réelles d’équilibre. L’équilibre du marché de la monnaie peut alors (moyennant la
connaissance du niveau de production réelle), déterminer, au regard de la masse monétaire
en circulation, le niveau général des prix (NGP). Les grandeurs réelles pourront alors

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
29

« revêtir » une apparence « monétaire » : la monnaie est un voile. Au total, la structure du


modèle sera donc :
Marchés Variables
déterminées
Bloc réel Travail Titres Quantités et prix
relatifs
Bloc monétaire Monnaie Prix nominaux

Cette structure résulte elle aussi du principe d’analyse adopté par les classiques :
envisager le fonctionnement économique comme le produit du comportement d’agents
individuels supposés tous parfaitement rationnels. Dans ces conditions, le comportement
des agents va avoir pour arguments, non pas les valeurs nominales, en particulier pas les
prix nominaux (salaire, prix et taux d’intérêt nominal), mais les valeurs réelles, c'est-à-dire
les quantités (en volume) et les prix relatifs (salaire réel et taux d’intérêt réel).

A. Analyse des différents marchés4


 Le Marché du travail

L’analyse de ce marché a pour but de fixer simultanément le salaire réel (w/P) et le


niveau de l’emploi N. A l’instar des marchés microéconomiques, la fixation du prix et de
la quantité sur la macro – marché du travail est analysée comme le produit de la
confrontation d’une offre et d’une demande de travail. Les entreprises demandent le travail
et les employés offre le travail. La première courbe est décroissante et la seconde est
croissante.

4
Nous avons déjà présenté le marché du travail dans le chapitre précédent et nous avons déterminé, selon
l’approché classique, l’équilibre sur le marché de la monnaie..

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
30

Figure 2.1 : L’équilibre du marché du travail

Taux
de
salaire
réel

(w/p)*

Niveau d’emploi

Salaire réel (w/p) et niveau de l’emploi (N) sont déterminés simultanément par
l’action symétrique d’une offre de travail dépendant positivement du salaire réel et d’une
demande de travail dépendant négativement du travail réel.

Il faut donc expliquer une fonction d’offre et une fonction de demande de travail,
qui dépendent toutes deux du salaire réel (w/p) (prix de la « marchandise » échangée). Une

condition fondamentale est que l’existence et les propriétés des fonctions

doivent être déduites des règles de maximisation des agents individuels.

- La demande de travail : le « premier » postulat classique

La demande de travail est déduite des conditions techniques de la production et de


l’hypothèse de rationalité des entreprises. La fonction de production macroéconomique
de court terme est donnée par . Cette fonction exprime la quantité maximale que
la firme représentative peut produire à partir d’une combinaison donnée des facteurs de
production. A court terme, on suppose que seul le facteur travail est variable : le montant
de capital fixe et la technologie sont donnés.

Une telle fonction est caractérisée par les propriétés suivantes :


1) Il existe une relation positive N et Q+ ;
2) Mais la fonction de production connaît des rendements décroissants ;

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
31

On suppose que le marché des produits est un marché concurrentiel : les prix des
biens, en particulier, s’imposent aux entreprises.

Sur cette situation de concurrence pure et parfaite les entreprises ne peuvent pas
augmenter les profits en augmentant les prix, l’entreprise va donc chercher la quantité de
travail qui lui permet de maximiser, pour chaque niveau de salaire réel, son profit. Son
problème de maximisation est donc donné par :

Puisqu’en situation de concurrence pure te parfaite les entreprises ne peuvent pas


augmenter les profits en augmentant les prix, l’entreprise va donc chercher la quantité de
travail qui lui permet de maximiser, pour chaque niveau de salaire réel, son profit. Son
problème de maximisation est donc donné par :

Ce qui donne
 Condition de premier ordre(cpo) :

 Condition de second ordre (cso): ce qui est toujours vrai puisque la


productivité marginale du travail est décroissante.

La fonction de demande de travail est, si l’on suppose la fonction de production inversible,


. Cette fonction est aussi décroissante puisque.

L’offre de travail : le « second » postulat classique


Pour déduire la fonction d’offre de travail on suppose :
1) Que les ménages, offreurs de travail, ont toujours la possibilité de choisir entre le
travail et le loisir : l’offre de travail n’est pas rigide ;
2) Que les conditions de l’offre de travail sont concurrentielles : le taux de salaire réel
(w/p) est exogène, les agents sont « preneurs de prix », et chacun essaie d’optimiser
sa situation individuelle sur la base de la connaissance objective de ce « prix » ;
3) Le volume du travail dépend non pas du salaire nominal, mais de salaire réel : il y
a absence d’illusion monétaire (si le taux de salaire nominal et le niveau général

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
32

des prix augmentent dans une même proportion, les ménages ne modifient pas leur
offre de travail).

La quantité offerte de travail est réputée alors dépendre des préférences des
ménages pour la consommation et le loisir, qui fournissent tous deux de l’utilité. Mais, pour
consommer, il faut diminuer son temps de loisir : le travail, source des revenus à
consommer, est donc source de désutilité. Pour le dire autrement, l’offre de travail est le
résultat d’un arbitrage entre consommation (est donc travail) et loisirs, et le problème de
maximisation du ménage représentatif prend la forme suivante :

où N0 est le temps total disponible et donc (N0 - N+) est le temps de loisir demandé.

L’offre de travail est, sur cette base, une fonction croissante du taux de salaire réel.
Si le salaire réel augmente, cela rend le loisir plus cher (hausse du coût d’opportunité), et
doit donc provoquer une hausse de l’offre de travail (effet de substitution). Cependant, cette
hausse du taux de salaire réel a aussi pour conséquence d’induire une meilleure
rémunération des heures déjà effectuées, et donc, par un effet-revenu, peut amener une
augmentation de la demande de loisirs (diminution de l’offre de travail), si le loisir est un
bien normal. Le modèle classique suppose en général que l’effet de substitution l’emporte
sur l’effet revenu : si tel est le cas, l’offre de travail est donc, bien croissante avec le niveau
du taux de salaire réel.
Finalement, on a :

- L'EQUILIBRE
On suppose un univers concurrentiel, c'est-à-dire un univers dans lequel chaque
agent cherche à rendre optimale sa situation individuelle pour un couple (p, w)
paramétriquement fixé : chacun s'adapte donc par les seules quantités (on va de w/p vers
N+ et N-).
Finalement, comme indiqué sur la figure 2.2, la pression exercée symétriquernent
sur le marché du travail par les fonctions d'offre et de demande de travail établissent un
équilibre pour un taux de salaire réel w/p et un niveau d'emploi (N*), équilibre (point E sur
la figure 2.2) qui est en outre supposé compatible avec l'équilibre général de marchés

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
33

(même si le raisonnement suivi ici a été mené en termes d'équilibre partiel).


On comprend en effet que si le taux de salaire réel effectif est inférieur au taux de
salaire réel d'équilibre, il y a excès de la demande de travail de la part des firmes, et les
salaires monétaires vont, sous l'effet de la concurrence et la pression exercée par les
ménages qui se situent du côté « court » du marché, augmenter. Le niveau général des prix
étant inchangé (clause « toutes choses égales par ailleurs» du raisonnement en équilibre
partiel), les salaires réels vont donc augmenter, réduisant la demande de travail et
augmentant l'offre de travail. Le processus se poursuivra jusqu'à ce que, de proche en
proche, le taux de salaire réel qui « équilibre» le marché soit restauré: il n'y aura alors plus
aucune incitation à modifier la situation obtenue.
Évidemment un processus similaire à la baisse du taux de salaire réel se met en
œuvre si le taux de salaire réel effectif est, à un moment donnée, supérieur au taux de salaire
réel d'équilibre, de telle manière que l'offre de travail des ménages excède en ce point la
demande de travail émanant des firmes (point A sur la figure 2.2).
Selon ces hypothèses, le niveau d'emploi obtenu N* est donc un niveau de plein-
emploi, en ce sens que tous ceux qui désirent travailler aux taux de salaire réel en
vigueur peuvent le faire: il n'y a pas de rationnement.
À l'équilibre, il y a donc un niveau de chômage, mais qui est du chômage
exclusivement volontaire: au taux de salaire (w/p), toute la main-d'œuvre n'est pas encore
disposée à travailler, En l'occurrence, à ce taux de salaire, seule la quantité N est désireuse
de s'embaucher. Le reste de la population active est constitué de personnes dont le salaire
de réserve demeure supérieur au salaire effectif, et qui sont donc au chômage
volontairement.
Milton Friedman introduira plus tard, pour exprimer cette idée, le
concept de « taux de chômage naturel» comme étant le niveau de chômage volontaire
qui équilibre le marché du travail et est compatible avec l'équilibre général des
marchés).

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
34

Figure 2.2. Équilibre et déséquilibre sur le


marché du travail
Niveau Chômage volontaire
d’emploi

Niveau d’emploi

La « bonne forme» des courbes d'offre et de demande de travail garantit l'existence,


l'unicité et la stabilité de l'équilibre E. Le salaire réel, argument des offres et des demandes,
joue le rôle de variable d'ajustement et ajuste à la hausse ou à la baisse suivant le signe de
la demande excédentaire. Une situation de chômage involontaire ne peut persister que le si
le salaire réel est rigide à la baisse.
La concurrence sur le marché du travail et, plus généralement, le libre
fonctionnement de celui-ci (le libre ajustement des salaires réels) garantit donc, pour les
classiques, l'élimination de tout chômage involontaire: si du chômage involontaire apparaît,
il est éliminé au bout d'un temps par le fonctionnement même du marché. Si du chômage
persiste, cela ne peut être dû qu'à son caractère volontaire, ou une: insuffisante flexibilité
du marché du travail. Seuls donc des obstacles au libre fonctionnement du marché sont
susceptibles de faire perdurer des situations de chômage involontaire.

- LA STABILITE DE L'EQUILIBRE
Notons qu'à ce point est introduite une hypothèse fondamentale concernant la
stabilité de l'équilibre. Une chose est en effet de prouver que, pour une économie donnée
(caractérisée par des dotations initiales, un système de préférences, des contraintes
techniques), un équilibre existe (ici un équilibre entre offre et demande de travail) et qu'il
est unique". Une autre est d'expliquer comment cet équilibre émerge des relations
décentralisées d'échange entre les agents. Pour résoudre ce problème, la théorie
néoclassique suppose l'existence d'un mécanisme distinct de l'échange personnifié depuis

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
35

Walras par la présence d’un « commissaire-priseur » (qualifié aussi de « crieur» walrasien)


qui:
- Annonce un prix unique par marché ;
- Fait varier les prix au vu des demandes excédentaires ;
- Interdire la conclusion d’échanges effectifs tant que la situation d’annulation des
demandes excédentaires n’est pas atteinte

Ces conditions impliquent que, sous l'effet des variations de prix (réels), ici sous
l’effet des variations de taux de salaire (réel), variations induites par les déséquilibres de
marché, l'équilibre doit se réaliser (il est Il stable» au sens général du terme). On a donc N +
= N- : le plein-emploi est spontanément réalisé par les comportements rationnels en
économie de marché; mais ce résultat n’est pas démontré: il s'agit davantage d'un acte de
foi dans la capacité de régulation du système capitaliste, présenté comme système de
marché.

LA LIAISON MARCHE DU TRAVAIL/MARCHE DES BIENS

En effet, pour les classiques, le marché du travail fixe (N) (= N + = N-) et (w/p) (et
non pas w et p). Par conséquent le niveau de production (Q+ = F(N) se déduit de l'équilibre
du marché du travail. La stabilité de l'équilibre du marché du travail exige tout
particulièrement que face à une baisse du salaire réel, les firmes acceptent d'augmenter leur
demande de travail. Cela implique que la maximisation du profit des firmes ne dépend que
de l'égalisation entre salaire réel et productivité marginale physique du travail (c'est-à-dire
d'une contrainte de rentabilité de la demande de travail, d'une contrainte d'offre), et donc
pas d'une autre contrainte. La vision classique du marché du travail présuppose donc
l'adhésion à la loi de Say: les firmes ne subissent jamais de contrainte de demande (on
exclut toute crise de surproduction), et peuvent donc toujours pousser l'emploi (et la
production), pour peu que le salaire réel baisse (figure 2.3).

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
36

Figure 2.3. La liaison marché du travail/marché des biens dans


le modèle classique

Offre de
travail :

Demande de travail
w/P Niveau d’emploi

Fonction de production
Q Q=F(N)

Niveau d’emploi
N

Le marché du travail détermine simultanément le salaire réel d'équilibre et le niveau


d'emploi (qui exclut le chômage involontaire). Connaissant le niveau d'emploi, on
détermine le niveau d'offre par la fonction de production. Cette représentation n'est valide
qu'à la condition de supposer que tout accroissement de l'offre équivaut à un accroissement
des ventes (pas de contrainte de débouchés ou de demande). La loi de Say sous-tend
implicitement la représentation classique du marché du travail.

• LE MARCHE DES TITRES (OU MARCHE DU CAPITAL DE PRET)


Le marché des titres met en relation, d'une part, les ménages-épargnants désirant de
placer leurs fonds sous forme de titres financiers et, d'autre part, les entreprises désirant
emprunter en vue d'investir: les entreprises offrent des titres (demandent des fonds) et les
ménages demandent des titres (offrent des fonds, résultant de leur décision d'épargne).
Le libre fonctionnement du marché va, comme dans le cas du marché du travail,
fixer une quantité échangée d'équilibre et un prix (réel) d'équilibre, en l'occurrence un taux
d'intérêt (réel) d'équilibre.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
37

- LA DEMANDE DE TITRES (OFFRE DE FONDS PRETABLES) DES MENAGES


La fonction de demande des titres est dérivée, comme toutes les autres, des règles
supposées de comportement individuel. En l'occurrence, on admet que la demande des
titres (l'offre de capital de prêt) est le résultat d'une procédure d'optimisation inter
temporelle des ménages entre consommer aujourd’hui et consommer dans le futur : on
suppose en effet qu’il n’y a pas d’utilité propre à la détention de titres (à l’offre de fonds),
sinon celle d’accroître les revenus et donc la consommation future.
Dans ces conditions, le taux d’intérêt (réel :r) va apparaître comme une récompense
de l’abstinence de consommation. Le taux d'intérêt vient rémunérer celui qui choisit de
différer sa consommation : sa légitimité repose donc sur le fait qu’il conduit les individus
à se comporter comme la régulation globale de l’économie l’exige : nous verrons en effet
que, dans la perspective classique, l’épargne est considérée comme bénéfique, fournissant
la base indispensable de l’investissement et de l'accumulation du capital.
On suppose ici, intuitivement, que plus le taux d’intérêt (réel) est élevé, plus les
épargnants voudront prêter des fonds sur leur épargne courante (et donc voudront acquérir
des titres financiers). Cela implique que, dans la détermination du partage
consommation/épargne, et face à une variation du taux d’intérêt, l'effet de substitution
l'emporte sur l'effet-revenu. Une hausse de taux d’intérêt renchérit en effet le prix de la
consommation aujourd’hui (élévation du coût d'opportunité) et doit logiquement conduire
le ménage à augmenter son épargne et à réduire sa consommation; mais la hausse du taux
de l'intérêt induit aussi un effet-revenu: l'épargne étant correctement rémunérée, le revenu
intertemporel de l'agent augmente et la demande de tous les biens normaux doit augmenter;
il doit donc augmenter sa consommation. L'épargne (et la demande de titres) ne sera donc
bien croissante avec le niveau de taux d'intérêt réel qu'à la condition que ce second effet
soit plus que compensé par le premier. Finalement, on a, r étant le taux d'intérêt (réel) :

- L'offre de titres (demande de capital de prêt) des firmes


Elle est le fait des entreprises qui investissent: elle est donc, précisément, déterminée par
leurs décisions d'investissement. Nous savons que P.I= . L'entrepreneur calcule le
rendement interne de son projet d'investissement en mettant en balance le coût de son
investissement au moment de l'achat du bien capital (P.I) et l'échéancier des recettes nettes

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
38

futures attendues de cet investissement, soit: p.Bt+1, …p.Bt+n. Après actualisation (le taux
d'intérêt réel r servant de facteur d'actualisation), cela donne:

On suppose que les bénéfices donnés en (t) dépendent uniquement de la


productivité du capital (théorie de la productivité marginale du capital) : dans ce cas, le
niveau d'investissement dépend uniquement du taux d'intérêt. Comme la productivité
marginale du capital est décroissante, l'investissement sera une fonction inverse du taux
d'intérêt réel. Au total, on a donc :

- L'équilibre sur le marché des titres


La caractérisation que nous venons de rappeler des fonctions d'offre et de demande
de titres semble devoir assurer l'existence d'un équilibre en prix et en quantités sur le
marché des titres. On fait évidemment, concernant ce marché, les mêmes hypothèses
(discutables, même si elles peuvent être éventuellement plus« réalistes» dans ce cas)
concernant la stabilité de l'équilibre.
Au total, c'est donc l'action des forces de la productivité et de l'abstinence qui
déterminent conjointement (symétriquement) le taux d'intérêt (réel), et les variations de ce
taux jouent comme une force équilibrante qui maintient en permanence l'égalité entre
l'offre et la demande de capital de prêt.

Figure 2.4. Équilibre sur le marché des titres


r réel

Demande de titres (Offre de fonds


prêtables)

r* Offre de titres
(Demande de fonds prêtables)

Quantité réelle de titres échangée

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
39

Les variations du taux d'intérêt réel assurent l'équilibre entre l'offre de titres
(dépendant des décisions d'investissement) et la demande des titres (résultant de l'arbitrage
consommation présente/consommation future des ménages).
De cette manière, l'épargne (financière) est toujours égale à l'investissement: par
conséquent, selon la conception classique, toute épargne étant nécessairement réinvestie,
l'épargne est bien un phénomène économique vertueux. En particulier, à court terme,
l'épargne ne conduit pas à une réduction du niveau d’activité et d'emploi: ceux-ci sont
déterminés sur le marché du travail et à partir des conditions techniques de production
(technologie, état des capacités de production ...).
Les contraintes à l'emploi et à la production sont du côté de l'offre, et l’épargne
n’introduit pas de contrainte de demande : elle consiste à réduire une dépense de
consommation pour augmenter, via les ajustements sur le marché du capital (des titres),
une dépense d'investissement. Le niveau de dépense est inchangé : c'est sa structure qui a
été modifiée. Ainsi, le marché des titres, dans un modèle classique de court terme, n'a pas
d'influence sur le niveau de la production: il en détermine la structure. Une hausse
d'épargne conduit à réorienter les dépenses et l'activité vers le secteur.des biens
d'investissement et à réduire la production de biens de consommation.
Ainsi, sur la figure 2.5, une hausse ex ante d'épargne des ménages (déplacement
vers la droite de la tourbe de demande de titres: à tout niveau d'intérêt les ménages
souhaitent épargner davantage) conduit à une baisse du taux d'intérêt d'équilibre (de ro à r1)
qui stimule l'investissement. La hausse ex post d'épargne (de demande de titres) est égale à
la hausse d'investissement (offre de titres) : cette hausse compense exactement la baisse de
consommation (seul le partage consommation/investissement a été modifié). L'épargne
n'est donc pas une réduction de demande globale, mais une réorientation vers une dépense
qui sera bénéfique à long terme puisque l'accumulation du capital nourrira la croissance.
Loin d'être une contrainte à la croissance et à l'emploi, elle en est, à long terme, une
condition.
On comprend donc que cette vision classique du marché des titres (de l'équilibre
épargne/investissement) est essentielle à la foi dans la loi de Say: il n'y a jamais de fuite
dans le circuit des revenus, et donc jamais de contrainte de demande parce que tout revenu
non dépensé (en consommation), c'est-à-dire épargné, fait nécessairement place à une autre
dépense d'investissement. L'offre globale, qui génère une contrepartie en revenus qui est

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
40

intégralement dépensée, d'une manière (consommation) ou d'une autre (investissement),


est donc nécessairement égale à la demande globale qu'elle suscite.

- L'OFFRE DE TITRES PUBLICS


Il est possible dans ce cadre d’introduire l’offre des titres publics. Elle apparaît alors
comme contrepartie non monétarisée du déficit budgétaire. cette offre est considérée
comme exogène. L'offre de titres publics vient s'ajouter à l'offre de titres privés. Cela
modifie l'équilibre sur le marché car elle augmente le taux d’intérêt suscitant une hausse de
l’épargne.
 LE MARCHE DE LA MONNAIE
Les grandeurs réelles se trouvent déterminées par le jeu des deux marchés
précédents (bloc « réel »): le marché du travail fixe le salaire réel, permettant de déterminer
la quantité offerte et le marché des titres fixe le taux d’intérêt et le volume des
investissements. L’introduction de la monnaie a pour seule fonction de fixer les grandeurs
nominales, et, par suite, le niveau général des prix(NGP).

- Demande de monnaie et théorie quantitative


La « marque de fabrique » de la théorie « classique» est donc la séparation des
variables réelles et monétaires. Cette dichotomie classique permet d'examiner le
comportement des variables réelles dans le système économique en ignorant les variables
nominales: la quantité de monnaie el mutile dans la détermination de l'équilibre général du
secteur réel. Ensuite seulement peuvent être réintroduites la monnaie, et les variables
nominales qu'elle concourt alors à déterminer. Pour expliquer la détermination de ces
grandeurs nominales, les classiques adoptent la théorie quantitative de la monnaie. Cette
théorie est dérivée de l'équation quantitative, ou équation des échanges, qui livre
simplement une identité constatée ex post, selon laquelle « la valeur totale des
marchandises échangées est identiquement égale aux moyens monétaires ayant circulé à
l'occasion de ces échanges », soit: M.V=p.Q, où v est la vitesse de circulation de la
monnaie.
Le problème théorique d'interprétation de cette identité est alors celui de
l'identification de la relation de comportement expliquant sa réalisation. On peut distinguer
deux interprétations principales de cette théorie.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
41

1) La version primitive a été mise définitivement forme par Irving Fisher (1911), et se
veut une théorie explicative du niveau général des prix par l’offre de monnaie. Elle s'écrit:

où la masse monétaire est exogène (c'est le cas dans toute la tradition classique), v est un
paramètre et Q est déterminée préalablement par le secteur réel indépendamment de M.
La signification de l'équation est alors celle-ci: p s'ajuste de manière à réaliser
l'identité des échanges; la variable explicative des variations de p est , c'est-à-dire une
variable exogène. Son interprétation normative est que toute variation de l'offre de
monnaie est sans effet sur les grandeurs réelles (déjà déterminées), mais cause des
perturbations nominales sous la forme d'inflation du niveau général des prix.
2) La deuxième version est celle correspondant à « l'équation de Cambridge» et est
principalement due à Alfred Marshall. Elle sert à déterminer, non les prix, mais les besoins
de monnaie pour « motif de transaction », c'est-à-dire la demande d'encaisses monétaires,
Au lieu de prendre en compte un paramètre « vitesse de circulation de la monnaie », on
raisonne alors sur un coefficient, lui aussi paramètre, mesurant la part de la richesse qui
doit être conservée sous une forme monétaire pour assurer les échanges. En fait, ce
paramètre, k, est logiquement égal à l'inverse de la vitesse de circulation de la monnaie.
L'équation de Cambridge s'écrit alors:
M- = k.p.Q
Notons tout de suite qu'une troisième version sera proposée ultérieurement par
Milton Friedman. Elle a pour objet, également, de déterminer une demande de monnaie.
Mais dans cette formulation « monétariste », v ou k ne constituent plus des paramètres fixés
a priori (ce qui, nous le verrons, avait été mis en cause par les conceptions keynésiennes),
mais constituent des variables exprimant, précisément, les comportements de demande de
monnaie.
La théorie de Friedman aura alors pour objet de montrer que la demande de
monnaie, précisément, est stable", et donc d'expliquer pourquoi k ou v apparaissent comme
des constantes, ce qui est posé, sans justification, dans les versions précédentes: k et v
n'apparaissent alors plus comme des données sociotechniques, mais expriment la
préférence stable des agents pour la détention de monnaie.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
42

Nous retiendrons, dans la présentation que nous faisons de la théorie classique,


l'équation de Cambridge. Elle nous fournit une équation de demande de monnaie :

L'idée à l’origine de cette spécification (idée qui sera réfutée par Keynes) est que
personne ne détient de la monnaie pour le plaisir de détenir de la monnaie (il n’ya pas de
« préférence pour la liquidité ») : puisque l'individu est rationnel, il peut prêter cette
monnaie et percevoir un intérêt, tandis qu'il n'existe aucune utilité à la détention de monnaie
(à la thésaurisation),
Notons aussi, encore une fois, le rapport de cette théorie de la demande de monnaie
fondée sur la théorie quantitative avec la loi de Say. S'il n'existe aucune thésaurisation,
toute l'épargne sur les revenus est nécessairement investie (il n'y a pas de « fuite»
[définitive] dans le circuit des revenus et des dépenses). Par conséquent, une baisse de la
consommation ne conduit pas à une contraction de la demande globale (des débouchés),
mais simplement à une allocation différente du produit global: celle-ci a été modifiée, mais
le niveau des grandeurs (du produit, de l'emploi) demeure inchangé et optimal (le niveau
de l'emploi est déterminé par ajustement des comportements individuels sur le marché du
travail et correspond à une situation de plein emploi, au sens entendu plus haut; le niveau
de produit global s'en déduit mécaniquement par la fonction de production).
C'est en ce sens, que, sous ces conditions, « toute offre crée sa propre demande» :
une hausse de l'offre globale induit une hausse des revenus; même si toute cette hausse
n'est pas répercutée dans une hausse de la demande de consommation (une partie des
revenus supplémentaires est épargnée, car, pour employer des termes keynésiens, la
propension marginale à consommer est inférieure à 1), la partie non consommée se
retrouvera finalement prêtée et investie, et, in fine, la hausse de demande équivaudra à la
hausse initiale de l'offre. Encore une fois, cette démonstration repose de manière cruciale
sur l'hypothèse que les agents ne thésaurisent jamais leur épargne.
Au total, on comprend que « loi de Say», « théorie quantitative de la monnaie » et
représentation classique du marché du capital (on parle à ce propos de « tradition Turgot /
Smith ») expriment une seule et même conception du fonctionnement global de l'économie,
qui relève d'une approche réelle (de la monnaie et du taux de l'intérêt) et dichotomique, et
conduit à affirmer l'optimalité de l'économie capitaliste (en particulier le respect, par elle,
de la condition d'abondance et de plein-emploi des forces productives).

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
43

- OFFRE DE MONNAIE
Il est, comme dans toute la tradition classique, considérée comme exogène et sous
le contrôle exclusif des autorités monétaires: M+ = Mo + ∆M+ (offre monnaie =encaisse
initiale + variation de l'offre de monnaie dans la période. La création monétaire est
exclusivement associée, au financement monétaire du déficit public.

- L'EQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA MONNAIE


L'équilibre sur le marché de la monnaie résulte de la confrontation entre la demande
de monnaie et l'offre (exogène) de monnaie, soit (voir chapitre 1:

Graphiquement, cette équation est celle d'une hyperbole (figure 2.7).


Figure 2.7 Equilibre sur le marché de la monnaie

Niveau de produit
global

NGP
P

Remarquons que l'équation d'équilibre sur le marché de la monnaie n'a de sens que
si Q est interprétée comme le niveau des échanges effectivement réalisé. Or, le marché du
travail donne logiquement Q: et non pas Q. On doit donc supposer implicitement une règle
de formation de l'équilibre sur le marché des biens (que pourtant le modèle classique choisit
de traiter comme « dernier » marché dans le cadre de la loi de Walras) telle que Q + = Q.
En dehors de l'aspect relativement contradictoire de cette référence implicite au marché des
biens, notons que cela revient à mettre une nouvelle fois en évidence le lien fort entre loi
de Say (qui, précisément, assure que Q+=Q : le niveau offert est automatiquement celui qui
sera échangé, car il y a absence de contraintes des débouchés) et théorie quantitative de la
monnaie.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
44

Jusqu'à présent nous avions souligné que l’adoption de la théorie quantitative de la


monnaie était implicite dans la validité reconnue par le modèle classique à la loi de Say ;
cette fois, c’est l’adoption de la théorie quantitative de la monnaie qui nécessite l’adoption
implicite de la loi de Say. Ces deux propositions sont donc bien deux faces (l’un « réelle
», l'autre« monétaire ») de la même conception réelle de son fonctionnement de l'économie
de marché qui conduit à affirmer son optimalité sur la base d’une conception réelle de son
fonctionnement, laquelle n’est en toute rigueur acceptable (dans le sens: les agents n’ont
pas de préférence pour la liquidité et la monnaie n'est utilisée que comme un simple moyen
d'échange) qu'à la condition que l'économie fonctionne de manière optimale (puisque, nous
le verrons, la « préférence pour la liquidité » ne peut venir que d'une incertitude quant à la
réalisation des grandeurs économiques) !

La formation de l'équilibre macroéconomique et la portée du modèle classique

A. RESOLUTION ET CARACTERISATION DU MODELE


• Le bouclage du modèle
Étudions tout d'abord le bouclage du modèle macroéconomique «classique» en
écrivant la forme « structurelle» du modèle.
Fonction de production
(1) Q+= F (N-)
Marché du travail
(2)

(3)

(4)
Marché des titres

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
45

Marché de la monnaie

Le système est déterminé si l'on admet de bonnes propriétés sur les fonctions a
priori non linéaires introduites avec la partie théorique.

• PLACE ET ROLE DE LA LOI DE SAY


Nous avons vu que le système n'a besoin, semble-t-il, d'aucune règle explicite de
formation de l'équilibre sur le marché des biens. Ceci est particulièrement commode dans
la mesure où les trois autres marchés mettent en présence un bien relativement homogène,
ce qui n'est pas le cas du marché des biens puisqu'on doit faire intervenir logiquement, et
au minimum, deux biens: un bien de consommation et un bien d'investissement.
Mais, et nous avons eu l'occasion de l'évoquer à de multiples reprises au long des
paragraphes précédents, l'application de la loi de Walras recouvre implicitement
l'application de fait de la loi de Say. On remarque en effet que jamais les variables de
demande ne sont spécifiées sur le marché des biens: on calcule Q: à partir de l'étude des
conditions du marché du travail, et on suppose, sans autre forme de démonstration, que Q
= Q+. On suppose donc qu'il n'existe jamais aucune contrainte de débouchés, et que sont
alors impossibles des crises de surproduction. Plus exactement, c'est, nous l'avons vu, la
représentation classique du marché du capital, dans laquelle le taux d'intérêt est réputé
garantir l'équilibre entre épargne et investissement, qui « transforme» la loi de Walras en
loi des débouchés.
Encore une fois, c'est bien ce point précis qui est important:
- en fonction de l'application de la loi de Walras, l'équilibre du marché des biens se
trouve toujours déterminé une fois connus ceux du marché du travail, des titres et
de la monnaie;
- mais on s'aperçoit en fait que cela ne signifie pas que le marché des biens puisse
être ignoré pour analyser la formation de l'équilibre sur ces trois marchés: la
fonction de demande de monnaie, en particulier, n'a de sens que par rapport à une
hypothèse particulière quant à la formation de l'équilibre sur le marché du bien.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
46

Au total, le modèle classique, avec loi de Say, flexibilité des prix, des salaires et du
taux de l'intérêt, peut connaître des variations de la structure de la demande, sans déficience
globale quant à son niveau. Pour autant, cela ne demeure vrai que sous l'hypothèse
d'absence de préférence pour la liquidité (acceptation de la théorie quantitative) et de la
représentation classique du marché du capital.

Figure 2.8. Structure général du modèle classique

Marché du travail Marché des titres

w/p r

N
N*

Q*
Q*

N* N Q
Q*
Fonction de production
P

Marché de
la monnaie
P*
Q
Q*

Le marché du travail détermine le salaire réel et le niveau de l'emploi, puis, via la


fonction de production le niveau de production (loi de Say). Le marché des titres détermine
le taux d'intérêt réel et le montant de titres échangés, c'est-à-dire la structure de la dépense
et de la production globales. Le marché de la monnaie détermine le niveau général des prix:

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
47

la monnaie est un voile qui donne une apparence monétaire aux grandeurs déterminées
dans le secteur « réel » (quantités d équilibre et prix relatifs).

2.2. LES EFFETS D'UNE REGULATION MACROECONOMIQUE


L'idée est de mesurer l'effet perturbateur de l'intervention conjoncturelle de l'État,
sachant que nous avons déjà évoqué les conséquences éventuelles de son intervention
réglementaire: la tentation d'instaurer de telles réglementations (en particulier sur le marché
du travail) ne peut qu'empêcher le système libéral de fonctionner correctement ; les
déséquilibres, qui n'auraient pu être que temporaires, vont alors se pérenniser puisque le
mécanisme d'ajustement ne joue plus.

- LA PROPRIETE D'OPTIMALITE

L'équilibre classique que nous venons de décrire est un « optimum» au sens de


Pareto: à chaque équilibre de marché, l'ensemble des agents est satisfait, que chaque agent
particulier soit ou non en situation de transaction. Il n'est par conséquent pas possible
d'améliorer la situation de qui que ce soit, sans pénaliser au moins un autre agent.
Évidemment, cette propriété nourrit clairement l'intuition que la politique économique est
inutile: si le fonctionnement spontané de l'économie capitaliste, conçue comme
économie de marchés, est harmonieux, pourquoi s'embarrasser à déterminer et
appliquer des politiques économiques ? Il suffit de laisser faire librement les marchés,
qui, en vertu de leurs qualités autorégulatrices et au travers de l'ajustement des variables-
prix, élimineront progressivement les éventuels déséquilibres se faisant jour au fur et à
mesure qu'échanges et accumulation se développeront.

Bien plus, on va logiquement retrouver ce que Smith, le premier, avait souhaité


établir: dès lors que le mécanisme de fonctionnement spontané de l'économie de marché
est harmonieux, toute volonté d'intervention extérieure dans ce mécanisme, aussi bien
intentionnée soit-elle, ne peut être que perturbatrice et introduire des déséquilibres qui
étaient apriori absents. En l'occurrence, ces déséquilibres vont prioritairement se
manifester dans le secteur monétaire qui est de la responsabilité directe de l'État, et traduit
à ce titre directement les influences de la politique économique: l'intervention de l'État

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
48

n'aura a priori d'effet que sur les grandeurs nominales, mais aucun effet sur les grandeurs
réelles.
Mais l'intervention publique aura comme autre défaut de se substituer par un « effet
d'éviction» à l'intervention privée. Au total, la politique économique apparaîtra comme
inutile (l'équilibre général est optimum), illégitime (l'équilibre résulte des choix
microéconomiques rationnels des agents: vouloir le modifier consiste à vouloir aller à
l'encontre des choix privés volontaires), inefficace'(1es politiques économiques, du fait de
la structure dichotomique du modèle, seront réputées n'avoir aucun effet sur les grandeurs
réelles) et perturbatrice (en créant des perturbations nominales [inflation] et/ou en évinçant
l'initiative privée).
- LA POLITIQUE ECONOMIQUE: INEFFICACITE ET EFFET D'EVICTION
Politique budgétaire
Supposons une augmentation ex ante des dépenses publiques. Si ces dépenses sont
financées par l'impôt, le déficit budgétaire demeure inchangé, et donc le montant d'offre de
monnaie, la politique financière de l'État. Il n'y a donc aucun effet sur le marché de la
monnaie, ni sur le marché des titres.
Par ailleurs, il n'y a pas d'effet sur le marché du travail (l'équilibre n'est pas perturbé
puisque le niveau de salaire réel est inchangé), et donc le niveau d'emploi (N) et le niveau
de produit réel demeurent inchangés. Finalement, on comprend que, puisque les dépenses
publiques ont progressé et que le niveau de produit global est demeuré inchangé, c'est que
la dépense privée a dû se réduire.
Si l'on suppose à présent que l'augmentation de dépenses publiques est financée par
la création monétaire, c'est-à-dire à fiscalité (et éventuellement politique financière)
inchangée(s), l'équilibre sur le marché de la monnaie est perturbé: l'offre de monnaie
augmente, ce qui, toutes choses égales par ailleurs, augmente le niveau général des prix
(inflation). Cela conduit à une baisse du salaire réel sur le marché du travail, qui réduit
l'offre de travail: l'équilibre est restauré par une élévation du salaire nominal, et les niveaux
d'emploi, de salaire réel et de production retrouvent leurs niveaux initiaux.
De la même manière, l'équilibre initial sur le marché des titres est restauré par une
élévation du taux d'intérêt nominal proportionnelle à la hausse des prix. Le niveau de
production est inchangé et les dépenses publiques augmentent: il y a donc à nouveau effet
d'éviction, qui passe cette fois encore par une baisse de la consommation des ménages. En

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
49

effet, la hausse de l'offre de monnaie a pour contrepartie à l'équilibre une hausse de la


demande de monnaie : à niveau de produit inchangé, devant l'élévation du niveau général
des prix, les ménages accroissent leur demande de monnaie de transaction (M- = k. P.Q).
Enfin, si l’on réintroduit la politique financière de l'État, et que l'on suppose que
l'augmentation des dépenses publiques est financée par l'emprunt, les équilibres sur le
marché de la monnaie et du travail sont inchangés: les niveaux de l'emploi, de la production
(et du revenu, total et disponible) et des prix demeurent inchangés. L'effet d'éviction
transite par la modification de l'équilibre financier du modèle: l'augmentation de l'offre de
titres publics pousse à la hausse le taux d'intérêt réel, qui suscite une épargne
supplémentaire des ménages et une réduction de l'investissement des firmes. L’effet
d'éviction porte à la fois sur la consommation et l'investissement.
Pour conclure: quel que soit son mode de financement, l'augmentation des dépenses
publiques:
- n'aura aucun effet sur le niveau d'activité et d'emploi. Le niveau des dépenses
publiques n'influence pas l'équilibre sur le marché du travail, et donc le niveau
d'emploi et de production demeure inchangé (moyennant une hausse du salaire
nominal proportionnelle à l'inflation dans le cas du financement monétaire) : la
politique budgétaire est inefficace ;
- générera un effet d'éviction, pouvant porter sur chacune des composantes de la
demande privée (consommation des ménages et investissement des entreprises) : la
politique budgétaire est illégitime.
En outre, et dans le cas d'un financement monétaire, la politique budgétaire créera
l'inflation de toutes les variables nominales: la politique budgétaire est perturbatrice.
Remarquons enfin que l'effet d'éviction est nul dans le cas où l'État s'est
complètement désengagé de l'économie. Le niveau de consommation des ménages atteint
sa valeur maximale. On peut dire alors que l'État-zéro constitue, parmi tous les optimums
correspondant aux équilibres associés aux valeurs des variables exogènes G et F, «
l'optimum des optimums ». La validité d'une telle proposition implique évidemment que
l'État ne représente rien par lui-même: le bien-être de l'État (qui est croissant avec le niveau
de dépenses publiques) doit rester sans signification du point de vue du bien-être social.
Cette proposition n'est finalement que l'issue logique d'un modèle entièrement
construit de manière à rationaliser l'idée d'une optimalité spontanée de l'économie de

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
50

marchés: la seule politique souhaitable est celle qui laisse les marchés libres de fonctionner,
en leur assurant la flexibilité maximale: les prix, en particulier, doivent s'ajuster à la hausse
comme à la baisse. Par ailleurs, L'État doit s'efforcer d'avoir la gestion monétaire (et donc
ici, corollairement, la gestion publique) la plus rigoureuse possible de manière à contrôler
j'inflation.
Politique monétaire
La politique monétaire n’est indépendante de la politique budgétaire que si l'on
réintroduit la politique financière de l’Etat (dans le cas contraire, l’offre de monnaie est la
contrepartie du déficit budgétaire, et est donc dépendante de la politique budgétaire et
fiscale). On peut alors parler de politique monétaire « pure» : une politique monétaire
expansionniste (respectivement, restrictive) va consister, à déficit budgétaire inchangé, à
accroître (resp., à réduire) l'offre de monnaie, en réduisant (resp., en augmentant) à due
proportion d’endettement de l’Etat ( c’est la structure de financement du déficit budgétaire
qui se modifie : la banque centrale acquiert (resp., vend) sur le marché des titres publics
contre monnaie, ce qui réduit (resp., augmente) l’endettement consolidé des
administrations auprès des agents privés, et accroît (resp., réduit) la circulation monétaire.
On parle de politique « d’open market ».
L'effet d'une politique monétaire expansionniste sera donc d’accroître la masse
monétaire en circulation, et donc de générer une élévation du niveau général des prix, et
d'induire, au terme des ajustements de marché, une inflation proportionnelle de toutes les
variables nominales.
La réduction de l’offre de titres publics, qui est la contrepartie d’une telle politique,
conduit à une baisse du taux d'intérêt « réel" (la baisse du taux nominal est plus importante,
en valeur absolue, que l'élévation du niveau général des prix), qui réduit l'épargne
financière des ménages et augmente l’investissement des entreprises. Finalement, la
politique monétaire suscite une modification de la structure de la dépense privée, à niveaux
de production et de dépense publique inchangés: la hausse de l'investissement privé
compense la baisse de la consommation (due à l'accroissement de l'encaisse monétaire). La
politique monétaire peut être de ce point de vue, si l’on met de côté ses conséquences
inflationnistes, et au regard des canons classiques, une politique vertueuse, en favorisant
l’accumulation du capital :

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
51

Le mieux resterait quand même de réduire les dépenses publiques, et donc


l'endettement de l'État, pour favoriser l'investissement privé sans avoir recours à des
artifices inflationnistes.
B. CONCLUSION: LES LIMITES DU MODELE CLASSIQUE
On peut contester les hypothèses mêmes du modèle. La théorie classique repose en
effet sur une idéalisation discutable du fonctionnement des marchés: elle suppose
l'existence d'une prévision parfaite de la part des agents, le caractère parfaitement
concurrentiel du fonctionnement des marchés, une parfaite symétrie statutaire et
informationnelle entre les agents, l'inexistence d'échanges à prix faux ...
Les propriétés de l’équilibre sont en outre fortement dépendantes d'hypothèses
(dominance des effets de substitution, décroissance des rendements marginaux) qui ont pu
et peuvent être critiquées.
On peut également choisir de s'interroger sur la pertinence d'un certain nombre de
comportements, tels ceux sous-tendant la construction de l'offre de travail ou de la demande
de titres, On peut imaginer la possibilité de contester l'idée que l'offre de travail est dotée
d'une flexibilité par rapport au salaire (et cette remise en cause ne sera pas étrangère à la
construction keynésienne), et l'idée même qu'il y a un comportement d'arbitrage entre
travail et loisirs. Mais ces critiques ne sont pas les plus déterminantes, et ne se concentrent
pas sur les aspects les plus fragiles du modèle classique: au contraire, la force de ce
modèle réside précisément dans ce que les relations de comportement
macroéconomiques reposent sur des fondements microéconomiques identifiables, qui
donnent un sens aux relations macroéconomiques. En outre, dans une science dont la
méthode est essentiellement hypothético-déductive, le « réalisme» des hypothèses, si tant
est qu'une telle notion ait un sens, importe finalement peu.
Une des caractéristiques essentielles de la théorie classique est l'assimilation de
l'économie monétaire à une économie de troc: tout se passe dans cette représentation
comme si la circulation monétaire n'affectait aucune manière l'échange de marchandises.
Or, l'insistance sur le caractère monétaire de l'échange comme étant précisément ce qui
introduit la possibilité d'une non-réalisation d'un échange, même a priori fructueux (car les
transactions deviennent, comme l'avait bien souligné Marx, des demi-transactions), est à la
base de la réfutation de la loi de Say, laquelle à son tour invalide en grande partie la
modélisation classique du marché du travail et des ajustements vers le plein-emploi.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
52

Après avoir trouvé trace d'une telle réfutation chez les physiocrates, on la retrouve
chez Marx, Malthus et Sismondi au XIX' siècle. Mais il faudra attendre Keynes pour
aboutir à une formulation de « l'économie monétaire de production » possédant la même
cohérence que la théorie classique de « l'économie réelle d'échanges ", et susceptible dès
lors de décrire une économie de « surproduction» et de sous-emploi.

wr Ld L0

L* L

Toute augmentation de la demande de travail qui se traduit par un déplacement de


la courbe de demande de travail vers la droite crée un déséquilibre sur le marché du travail
(excès de demande). Cette demande supplémentaire de travail ne peut être satisfaite que si
les entreprises proposent un taux de salaire réel plus élevé. Cette augmentation du taux de
salaire augmente l’utilité marginale du travail et rend ce dernier plus attrayant par rapport
au loisir, ce qui incite les ménages salariés à augmenter leur offre de travail. Ce processus
se solde donc par une augmentation du taux de salaire réel et une augmentation du niveau
de l’emploi d’équilibre : Δ Ld > 0 ⇒ Δwr > 0 et Δ L* > 0

wr Ld L0

L* L

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
53

2.3. L’APPROCHE KEYNESIENNE DU MARCHE DU TRAVAIL


A) L’offre et la demande de travail
Pour Keynes, le concept de marché du travail n’est pas pertinent. Keynes admet les
fondements de la courbe de demande de travail, à savoir la loi de la rémunération du travail
à la productivité marginale du travail résultant du postulat de rationalité des entreprises qui
maximisent leur profit. Il critique, par contre, les fondements de la courbe d’offre de travail
selon lesquels la désutilité marginale du travail est égale à l’utilité marginale du salaire. La
critique de la relation croissante entre l’offre de travail et le taux de salaire réel se base sur
trois arguments :
- Les travailleurs sont victimes de l’illusion monétaire. Ils raisonnent en termes de
salaire nominal et non réel. Selon Keynes, les contrats salariaux sont fixés en
termes nominaux.
- L’offre de travail n’est pas concurrentielle, c'est-à-dire que les travailleurs ne se
font pas concurrence entre eux, et le taux de salaire nominal est rigide à la baisse.
En effet, les salariés entrent sur le marché de travail, appuyés par leurs syndicats
qui s’opposent à toute baisse du taux de salaire nominal au dessous d’un seuil jugé
minimum (w0).
- Il existe un certain nombre de travailleurs (LP) qui acceptent de travailler au taux
de salaire minimum, les autres n’acceptent d’offrir leur travail que pour un taux de
salaire plus élevé.
Sous ces hypothèses la fonction d’offre de travail s’écrit comme suit :

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
54

L0
w

w0

LP L0

B) L’équilibre de sous emploi

En critiquant le concept du marché de travail, Keynes soutient que le niveau


d’emploi d’équilibre n’est pas déterminé directement par la confrontation entre l’offre et
la demande de travail. Le niveau de l’emploi dépend de la demande de travail par les
entreprises, laquelle est déterminée à son tour par le niveau de production, fonction lui-
même de la demande anticipée de biens et services, appelée par Keynes demande
effective.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
55

Niveau de la demande effective → Niveau de production → Niveau de l’emploi.

Ld
w L0

Chômage Chômage
involontaire
volontaire

L* LP L

Y*

Ainsi, pour un niveau de production Y*, le niveau de l’emploi L* est inférieur au


niveau de plein emploi (LP). Et la différence entre L* et LP constitue du chômage
involontaire. Cet équilibre est donc un équilibre de sous emploi, dans le sens où il ya du
chômage involontaire, c'est-à-dire des personnes qui acceptent de travailler au taux de
salaire du marché w0 et qui ne trouvent pas à être employés parce que la demande effective
qui s’adresse aux entreprises ne justifie pas leur emploi.

Toutefois, Keynes ne s’arrête pas à ce constat. Il fait des propositions permettant


d’atteindre le plein emploi. Selon lui, si le libre jeu du marché ne mène pas au plein emploi,
l’intervention de l’Etat devient nécessaire. Ce dernier peut, par ses politiques économiques
de relance, stimuler la demande effective, et résorber par la même le sous emploi. Ainsi, si
la production passe à Y*’, le niveau de l’emploi passe à LP, et le chômage involontaire
s’annule.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
56

CHAPITRE III. LE MODELE IS-LM

Ce chapitre a pour objet de fournir une explication des fluctuations économiques à


partir du modèle keynésien. En effet, nous avons vu dans le chapitre précédent que
l’analyse classique postule que le plein emploi est l’état normal des affaires. La
coordination par les marchés et la flexibilité des prix font que l’intervention de l’Etat soit
indésirable dans les économies des marchés, car conclut-on, toute intervention de l’Etat
perturbe le fonctionnement normal de l’économie.
Cependant les fluctuations économiques sont un problème récurent pour les
économistes et responsables politiques. On peut remarquer que les phases de croissance
sont alternées par la récession (baisse de l’emploi et de la production). Ces fluctuations
sont appelées par les économistes de cycle conjoncturel. Ce chapitre se consacre à l’analyse
de ces derniers car elles affectent le bien être de l’individu. Par conséquent le PIB se
trouvera au centre de notre analyse. L’étude des fluctuations s’inscrit dans un horizon
temporel de court terme. Il importe donc de distinguer le long terme et le court terme. La
différence entre les deux réside dans le comportement des prix. A long terme les prix sont
flexibles alors qu’à court terme certains prix sont rigides. C’est par ce que les prix se
comportent différemment à court et à long terme que les politiques économiques ont des
impactes différents à des horizons temporels différents.
Dans le chapitre II, nous avons vu que les politiques budgétaires et monétaires n’ont
pas d’influence sur le niveau de la production et de l’emploi. Cela est dû au fait que les
prix sont parfaitement flexible et s’ajustent automatiquement. La réflexion adoptée dans ce
chapitre postule à court terme la rigidité des prix. A cet effet l’on justifie la place des
politiques économiques pour réguler l’économie. D’où la question suivante : l’introduction
des prix rigides modifie-t-elle notre compréhension du fonctionnement de l’économie ?

1. Le Modèle keynésien

John Maynard Keynes a pose, en 1936, les premiers jalons de la macroéconomie


moderne en présentant une présentation particulière du fonctionnement de l’économie.
Face aux désordres des années ’30, il remet en cause le dogme de l’autorégulation du
système économique. Pour lui, les situations de sous-emploi durables sont non seulement

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
57

durables mais possibles si le laisser-faire est le principe qui régit le fonctionnement de


l’économie. Il va ainsi mettre en évidence les causes du chômage et en proposer les
remèdes. Il constate que le chômage résulte de l’insuffisance de la demande adressée aux
entreprises il s’oppose ainsi à la théorie classique notamment à la loi de débouchés énoncée
en début du XIXième par J.B. Say selon laquelle toute production supplémentaire crée sa
propre demande niant la possibilité de toute crise de surproduction. Ceci conduit
effectivement à dire que certaines politiques macroéconomiques étaient susceptibles
d’augmenter l’emploi. Pour Keynes, l’économie de fonctionne pas comme le suggère la loi
de Walras à cause des rigidités des prix. Il remet en cause l’hypothèse de flexibilité des
prix. Ce chapitre expose le modèle IS LM afin de formaliser la théorie keynésienne de
l’emploi (section 1) et la seconde section élargie la réflexion dans une économie ouverte.
A. Le marché des biens et service et la courbe IS
L’équilibre keynésien sur le marché des biens et services est une situation dans
laquelle les entreprises, contraintes sur leur débouchés les quantités nécessaire pour
satisfaire la demande. La demande agrégée des biens et services est alors notée Y s et est
égale à la somme de la demande des ménages (c), des entreprises (I(r)) et de l’Etat (les
dépenses publiques. Nous pouvons écrire : Ys=C(Y-T)+I(r)+G. l’équilibre keynésien
correspond à une situation où les entreprises produisent effectivement ce qui leur est
demandé. Il s’agit de la demande effective. 5 On suppose que les entreprises sont capables
d’observer la demande et d’y satisfaire. D’où Ys=Y :
Y= C(Y-T)+I(r))+G.
Il existe un seul niveau de revenu qui égalise la demande. Et comme la propension à
consommer est inférieur à un, une augmentation du revenu entraine une augmentation de
la consommation mais dans des proportions moindres, ce qui implique en outre qu’il existe
un seul niveau du revenu qui égalise la demande.

Nous avons une relation entre le revenu, les dépenses publiques et le taux d’intérêt.
La dénomination IS fait référence à l’équilibre entre épargne et investissement. Les
entreprises n’épargnant pas, l’épargne privée correspond à celle réalisée par les ménages

5
La loi des débouchés (loi de Say n’est plus vérifiée ici.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
58

et l’épargne globale est la somme d et l’épargne privée et publique(T-G). S=Y-G-C=I


correspond à la définition de la courbe IS.
C(Y-T)=C0+c(Y(T) et I=I0-a1r avec c compris entre 0 et 1 ; a1 supérieur à 0, le revenu
d’équilibre a l’expression suivante :

Avec A=C0+I0+G-cT. Le revenu compatible avec l’équilibre sur le marché des biens et
services est une fonction décroissante du taux d’intérêt puisque un accroissement du taux
d’intérêt entraine une diminution de revenu de l’ordre de: . Si le taux d’intérêt

augmente, cela diminue l’investissement et contracte (entraîne une baisse) la demande


globale et donc la production des entreprises.
Par ailleurs, à taux d’intérêt donné, la courbe IS décrit une relation positive entre
les composantes autonomes et le revenu. Une augmentation de la demande autonome
induit une augmentation plus que proportionnelle du revenu. C’est le jeu du multiplicateur
qui facilite cet accroissement. Il est de pour les dépenses publiques et l’investissement

autonome et de pour les impôts et taxes.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
59

Figure 3.1. La courbe IS


r

IS
Y
B. Le marché monétaire et la courbe LM
L’équilibre sur le marché de la monnaie établit l’égalité entre la masse monétaire
et le stock de monnaie détenue par les ménages. Si MO est le stock de monnaie en début
de période et ∆M la création monétaire, alors on a : M= MO+∆M. nous savons par ailleurs

que : . L’équilibre vérifie . Alors . Comme la demande


d’encaisse réelle a la forme : avec supérieurs à 0. La courbe Lm
devient :

La relation entre le taux d’intérêt et le revenu est croissante. Lorsque le revenu s’accroît, la
demande de monnaie augmente du fait du motif de transaction et de précaution que nous
avons évoqué précédemment. Les ménages vendent leur titres financiers, ce qui fait
diminuer leur cours, et accroit le taux d’intérêt, ce qui fait retourner à l’équilibre sur le
marché des capitaux.
Equilibre macroéconomique
L’équilibre macroéconomique est défini par le système d’équation IS et LM. Le
revenu et le taux d’intérêt d’équilibre égalisent l’offre et la demande simultanée sur le
marché des biens et de la monnaie. Par substitution on obtient la solution suivante :

(1) et (1)

Ces deux équations expriment le revenu et le taux d’intérêt d’équilibre en fonction


des paramètres du modèle. Le revenu et le taux d’intérêt sont fixés simultanément. Le
revenu dépend ainsi des variables qui interviennent sur le marché des biens et services et
le marché monétaire comme la masse monétaire. Graphiquement on a la situation suivante :

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
60

Figure 3.2. Equilibre macroéconomique


r IS LM

r*

y*
La solution proposée par le modèle IS-LM permet d’indiquer que rien ne garantit
que l’équilibre coïncide avec l’équilibre de plein emploi. Aucune force de régulation ne
pousse Y à s’accroître pour atteindre le revenu YPE. Seules les politiques de demande
permettent d’atteindre ce niveau. Envisageons à présent l’efficacité des politiques de
demande.
 POLITIQUES ECONOMIQUES
L’Etat peut agir sur certaines variables pour stimuler l’activité économique. Les
variables sous son contrôle sont notamment G, T, l’endettement public et la masse
monétaire.
a. politique budgétaire

Une politique budgétaire, financée par emprunt public (on creuse le déficit
budgétaire) induit les mécanismes suivants: à taux d'intérêt donné, la demande globale
augmente, ce qui accroît le produit global et les revenus (à niveau général des prix donné).
Il en résulte une hausse de la consommation (dans une mesure indiquée par la valeur
de la propension marginale à consommer), finalement, il y a un effet multiplicateur : le
niveau de produit global augmente davantage que le niveau de dépenses publiques (car les
dépenses de consommation viennent relayer l’impact initial de la hausse des dépenses
publiques), On a :

où (c) est la propension marginale à consommer ( c = dC/dy). Cet effet en volume est
représenté graphiquement ci dessous par le déplacement de A en B (translation de la courbe
IS vers la droite') : la nouvelle courbe IS est paramétrée par un niveau différent des
dépenses publiques).

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
61

Mais, dans le cas général, les taux d’intérêt ne restent pas insensibles:
l'accroissement du revenu augmente la demande d’encaisses actives. A masse monétaire
inchangée, l'équilibre sur le marché de la monnaie est restauré par une augmentation du
taux de l'intérêt (prix de la renonciation à la liquidité) qui autorise une baisse de la demande
d'encaisses oisives. Les ménages achètent donc davantage de titres financiers, ceux-là
même émis par l’'Etat pour financer son déficit budgétaire, L'élévation des taux d'intérêt
pénalise l'investissement : il y a éviction de l'investissement privé par la dépense publique,
dont l'importance dépend de l'élasticité de la demande d'encaisses actives aux variations du
revenu (LY), de l'élasticité de la demande d'encaisse oisives au taux de l'intérêt (Li) (moins
celle-ci sera élevée, plus il faudra que les taux augmentent pour rétablir l'équilibre sur le
marché de la monnaie), et de celle de l'investissement aux variations du taux de l'intérêt
(Li). On a donc apparition d'un frein financier qui réduit l'expansion (le niveau final de
produit sera Y1 et non Y2 et le multiplicateur de la politique budgétaire devient:

Graphiquement, on passe du point B au point C sur le graphique (déplacement le long de


la nouvelle courbe IS, au fur et à mesure que le taux d'intérêt augmente), Le multiplicateur
demeure positif, et l'est strictement pour des valeurs « normales » des paramètres. Notons
que cette politique a une efficacité maximale lorsque 1i est infinie (cas de la trappe à
liquidités: LM horizontale) : l'ajustement sur le marché de la monnaie est alors instantané
au taux minimal de taux d'intérêt et le frein financier est nul. C'est aussi le cas lorsque le
niveau d'investissement ne dépend pas du coût du capital (modèle dit de l'accélérateur:
courbe IS verticale, cas où l’investissement ne dépend pas du taux d’intérêt i.e. le modèle
keynésien simple avec investissement autonome).
Figure 3.3. Déplacement de la courbe IS
r IS0 IS1 LM

r1 C

r2 B

Y0 Y1 y2

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
62

En revanche, l’efficacité est minimale dans tous les autres cas, et en particulier dans
le cas où l’élasticité de la demande de monnaie au taux de l’intérêt est nulle (Li = 0: LM
verticale) : on est alors ramené au cas « classique », et la politique budgétaire provoque un
effet d’éviction total : les taux d'intérêt s'élèvent, mais le niveau de produit reste inchangé
(on est au maximum de revenu finançable : c'est l’équation de LM qui détermine Y, et le
taux d'intérêt équilibre le marché des titres (ou le marché des biens) : la position de IS
détermine le niveau de taux).
Notons enfin qu'un moyen d'annuler le frein financier est de financer: le déficit
budgétaire par un accroissement de l'offre de monnaie, et non plus par emprunt, On
accompagne alors la politique budgétaire d'une politique monétaire « accommodante », qui
satisfait l'élévation de la demande d'encaisses actives sans jouer sur les taux de l'intérêt
(Policy mix)

Au contraire, une expansion des dépenses publiques financée par l'impôt (politique
budgétaire à budget équilibré) est d'une efficacité limitée sur le niveau d'activité, puisque
la hausse des taxes vient réduire le revenu disponible et réduit la consommation: un frein
fiscal s'ajoute alors au frein financier pour réduire l'expansion, On démontre que le
'multiplicateur est alors égal à 1 (théorème de Haavelmo).

b. Politique monétaire

La banque centrale d’un pays a la possibilité de modifier l’offre de la monnaie en


fonction de la conjoncture économique. Cette variable n’intervient pas directement comme
composante de la demande globale. La politique monétaire a donc un effet indirect sur
l’activité économique dont le mécanisme de transmission est le taux d’intérêt. Il convient
de préciser ici la manière dont la banque centrale intervient dans l’économie. En effet, par
la politique de « open market » la banque peut acheter ou vendre des bons de l’Etat.
Dans le cas de création monétaire, l’excès de demande des titres va provoquer une
augmentation de leur cours et donc une baisse du taux d’intérêt. La baisse du taux d’intérêt
va entrainer une demande de monnaie pour les fins de spéculation, et donc une baisse de la
demande privée des titres. Cette baisse du taux d’intérêt consécutive à une expansion
monétaire est appelée effet Keynes.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
63

La baisse du taux d’intérêt représente le mécanisme de transmission de la politique


monétaire sur l’activité réelle. D’après l’équation du revenu, le multiplicateur monétaire
est positif :

Les variables conditionnent l’efficacité de la politique monétaire. Au-delà


de l’influence de la propension marginale à consommer qui indique que le mécanisme de
multiplicateur entre en jeu une fois que l’investissement est stimulé. Une sensibilité élevée
de l’investissement au taux d’intérêt augmente l’efficacité de la politique de « open
market ». La hausse de l’investissement sera plus forte que a1 est élevé.

Dans le cas du modèle keynésien élémentaire, a1=0, la courbe IS est verticale et


toute politique monétaire est inefficace. Un autre cas d’inefficacité de la politique
monétaire est la trappe à liquidité dans laquelle l2 tend vers l’infini. La politique monétaire
est totalement inefficace.
Par ailleurs, elle est totalement efficace lorsqu’il n’existe pas de motif de
spéculation, i.e. lorsque l2=O la courbe LM est verticale. Dans ce cas, le revenu national
est déterminé uniquement par la politique monétaire. L’expression du revenu d’équilibre
est donnée par l’expression : lorsque l2 tend vers zéro.

B. LE MODELE IS-LM EN ECONOMIE OUVERTE : LE MODELE


DE MUNDELL-FLEMING
Dans cette section nous intégrons dans l’analyse le RDM. Il s’agit de prendre en
considération les importations, les exportations et les mouvements des capitaux.

1. UNE PETITE ÉCONOMIE OUVERTE·


Une «économie ouverte» correspond à une économie qui réalise des échanges avec
le reste du monde (RDM). Ces échanges se traduisent par des importations et des

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
64

exportations de biens et services, des transferts internationaux de revenu ou encore des


mouvements de capitaux, et sont tous reportés dans la Balance des Paiements.
La caractéristique d’une « petite » économie ouverte est qu’elle n’influence pas
ses partenaires économiques. Le principal avantage de cette hypothèse est de simplifier
sensiblement l’analyse grâce à l’élimination des effets de rétroaction du « petit » pays sur
le RDM.
L’analyse du fonctionnement à court terme d’une petite économie ouverte peut être
réalisée dans un modèle de type IS-LM. Le passage du modèle d’économie fermée IS-LM
au modèle d'économie ouverte Mundell-Flerning s'opère en intégrant les exportations et
les importations dans l'équation d'équilibre sur le marché des biens et services, et en
introduisant une relation représentant l’équilibre de la Balance des Paiements.

1 Les hypothèses du modèle

Mundell et Fleming retiennent la plupart des hypothèses du modèle IS-LM en


particulier :
 Le niveau général des prix (NGP), P et le niveau général des salaires nominaux
étant rigides, les marchés des biens et services et du travail s’ajustent par les
quantités.
 L'offre de biens et services suit la demande de produits nationaux.
 Les capacités de production sont constantes.
Quatre hypothèses supplémentaires, liées à l'ouverture de l'économie aux échanges
internationaux, sont retenues dans ce modèle :
 Les variations des grandeurs macroéconomiques domestiques ont un effet
négligeable sur le reste du monde (RDM). C'est ce que l’on appelle l'hypothèse de
petite économie ouverte. Le produit et le taux d'intérêt étrangers peuvent en
particulier être considérés comme donnés. L'hypothèse de petite économie ouverte
privilégie donc l’influence du RDM sur le pays considéré par rapport à l’influence
opposée.
 Les titres domestiques et étrangers sont parfaitement substituables. Selon cette
hypothèse, la décision de détenir les premiers ou les seconds ne dépend que du

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
65

différentiel de taux d'intérêt entre les pays domestique et étranger. Elle implique
donc la relation de parité des taux d’intérêt : r=r*.
 La parité des pouvoirs d'achat n’est pas vérifiée : si E est le taux de change coté à
l’incertain et P* le niveau général des prix étrangers, alors EP* .
2. Le marché des biens et services et la courbe IS

Le modèle décrit le marché des biens et services en terme très proche du modèle
IS-LM classique6, mais on y ajoute les exportations nettes. Ceci donne l’équation suivante :
Y= C+I(r*)+G+NX(e) avec NX =X-M
La production agrégée est la somme des consommations des ménages, des entreprises,
de l’Etat donc des entreprises publiques et des exportations nettes.
L’investissement est une fonction du taux d’intérêt r lequel est égal au taux d’intérêt
mondial. Les exportations nettes sont une fonction décroissante du taux d’échange défini
comme la quantité de monnaie étrangère par unité de monnaie nationale. Nous supposons
ici que les prix sont constants. Le taux de change nominal est égal au taux de change réel.
L graphique montre qu’une hausse de taux de change entraîne une baisse des exportations
nettes, composante de la demande globale. Cela induit une baisse de DG entrainant une
baisse de revenu. La courbe IS* décrit la relation entre le taux de change e et le revenu.
L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt r qui est égal au
taux d’intérêt mondial. Les exportations nettes quant à elles, sont une fonction décroissante
du taux de change e défini comme la quantité des devises étrangères par unité de monnaie
nationale.
Si e est le taux de change nominal, le taux d’intérêt réel sera donné par £=e.P/P*,
avec p le niveau de prix intérieur et P* le prix mondial (RDM)
Comme on suppose que les prix sont constants, le taux de change réel est
proportionnel au taux de change nominal dans ce modèle. Par exemple : si le CDF (francs

6
Les hypothèses relatives aux comportements de consommation, d’investissement, de
demande de monnaie, de dépenses publiques et de taxation sont identiques que ceux du modèle
IS-LM traditionnel.
Les deux composantes de la balance courantes sont en outre les exportations et les
importations et la balance globale est la somme de la BC et la balance des capitaux. Le solde
de la balance courante est fonction du revenu domestique, du revenu étranger et du taux
d’échange réel.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
66

congolais) passe de 2 shillings ougandais à 4 shillings ougandais, les biens ougandais


deviennent moins cher que les biens congolais (RDC). Ceci va entraîner une chute des
exportations congolaises et en conséquence une hausse des importations. Cette équation de
l’équilibre sur le marché des biens et services peut s’illustrer à l’aide d’une courbe reliant
le revenu au taux de change. L’astérisque (*) nous indique que cette courbe a été tracée
lorsque le taux d’intérêt est maintenu à son niveau mondial.

- Le marché monétaire et la courbe LM


Le marché monétaire se présente comme suit : M/P=L (r*, y). Selon cette équation,
l’offre de monnaie est égale à la demande de monnaie. La quantité de la masse monétaire
est exogène et est contrôlée par la Banque Centrale. Le prix est également fixé de manière
exogène.

Figure 3.4. La courbe LM*

LM

e LMx

Y
Y*

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
67

La condition d’équilibre du marché monétaire et de taux d’intérêt mondial


détermine le revenu d’équilibre. La courbe LM, en économie ouverte, est indépendante du
taux de change. C’est pourquoi cette courbe est verticale. Comme les dépenses publiques
G, les impôts et taxes T, la masse monétaire M, le niveau général des prix P et le taux
d’intérêt mondial r * sont exogènes ; les variables endogènes sont le revenu y et le taux de
change e. L’équilibre correspond à la rencontre de IS* et LM*.
Figure 3.5. Equilibre macroéconomique

LM

e*

IS
Y
3. Petite économie ouverte en régime de change flottant

Le système de change flottant est le plus répandu dans le monde. Dans ce régime le
taux d’intérêt peut librement s’ajuster en réaction aux variations des conditions
économiques. C’est la loi de l’offre et de la demande qui détermine le taux d’intérêt dans
ce système. Nous analysons ci-dessous les effets de politique monétaire et budgétaire.

a. La politique budgétaire
La politique budgétaire expansionniste déplace IS* vers la droite, le taux de change
augmente mais le niveau de revenu reste inchangé.
Figure 3.6. Politique budgétaire en économie ouverte

e
LM*

e2
IS*2

e1
IS*1

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68

Comme on le voit à travers la figure ci-avant ; la politique budgétaire a des effets


différents de ceux observés en économie fermée. Dans une économie fermée, une
expansion budgétaire augmente le revenu alors qu’en petite économie ouverte, en régime
de change flottant, elle n’a aucun impact sur le revenu. La raison en est qu’en économie
fermée, l’accroissement du revenu entraîne la hausse du taux d’intérêt parce que le revenu
plus élevé accroît la demande de monnaie. Mais en économie ouverte, dès que le taux
d’intérêt tend à excéder le taux d’intérêt mondial les capitaux étrangers entrent dans le pays.
Ce qui augmente la demande de monnaie nationale sur le marché de change et provoque
une appréciation de la monnaie nationale. Cette appréciation renchérit le taux de change et
provoque une augmentation de prix des biens et services intérieurs lesquels deviennent
chers par rapport aux biens étrangers. Ce qui provoque une diminution des exportations
nettes qui compense l’impact sur le revenu de l’expansion budgétaire initiale.
En effet, dans une économie fermée l’expansion budgétaire fait augmenter le taux
d’intérêt d’équilibre. Cette hausse pèse négativement sur la demande de monnaie et permet
le relèvement du revenu d’équilibre, ce qui accroît la demande de monnaie. Mais dans une
petite économie ouverte le taux d’intérêt est maintenu constant au taux d’intérêt mondial
et ceci n’est compatible qu’avec un seul niveau de revenu qui ne se modifie pas avec l’effet
de la politique budgétaire de hausse des dépenses publiques ou de réduction fiscale,
l’appréciation de taux de change et la baisse des exportations nettes doivent exactement
avoir l’ampleur de compenser totalement l’impact de la politique budgétaire.
b. La politique monétaire
On suppose toujours que le niveau des prix est donné. Envisageons un
accroissement de l’offre de monnaie par la Banque Centrale. Cette hausse de l’offre de
monnaie se traduit par un accroissement des encaisses réelles parce que le prix n’a pas
changé. Cet accroissement de l’offre de monnaie déplace la courbe LM vers la droite.
Figure 3.7. Politique monétaire en économie ouverte

LM1 * LM2 *

e1

e2
IS*

Y
Y1 Y2
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
69

Comme conséquence ; le revenu s’accroît et le taux de change est réduit.


Conclusion : la politique monétaire affecte donc le revenu en économie ouverte tout
comme en économie fermée. Cependant le mécanisme de transmission monétaire y est
différent. En économie fermée, la hausse de l’offre de monnaie réduit le taux d’intérêt, ce
qui stimule les investissements et donc la dépense totale. En petite économie ouverte, le
taux d’intérêt est fixé au taux d’intérêt mondial, c’est-à-dire r=r*. Dès que l’offre de
monnaie baisse le taux intérieur, les capitaux quittent le pays pour aller ailleurs où le
rendement est plus élevé. Cette sortie empêche le taux d’intérêt de baisser. De surcroît,
comme la sortie des capitaux alimente l’offre de monnaie nationale sur le marché, le taux
de change se déprécie et réduit les prix des biens intérieurs à celui des biens étrangers. Ce
qui stimule les exportations nettes. La politique monétaire influence donc le revenu en
modifiant le taux de change.

c. Politique commerciale
Imaginons que le gouvernement mette en place une politique de réduction des
importations. Cette politique entraîne une augmentation des exportations nettes. Comme
conséquence : la courbe IS se déplace vers la droite. Comme la courbe LM est verticale,
cette restriction accroît le taux de change sans modifier le revenu.

LM*
e1
IS*
e2

IS*1

Y
Y1

Il apparaît donc que les politiques commerciales déclarées et qui ont pour but de modifier
la balance commerciale n’y parviennent toujours pas.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
70

3.3. Petite économie ouverte en régime de change fixe


En régime où il y a fixité de change, la Banque Centrale s’engage à acheter ou
vendre la monnaie nationale contre les devises étrangères à un prix préétabli. La politique
poursuivie par la politique monétaire est celle de maintenir ce taux au niveau annoncé.
Fondamentalement ce système exige de la BC qu’elle s’engage à permettre à l’offre
de monnaie de s’ajuster à tout niveau susceptible d’assurer l’égalité entre taux de change
d’équilibre et taux de change annoncé. L’offre de monnaie s’ajuste donc automatiquement
au niveau correspondant aussi longtemps que la BC est prête à acheter ou à vendre les
devises étrangères au taux de change fixé.

a. Politique budgétaire
Une expansion budgétaire, comme nous le savons, déplace IS* vers la droite et
pousse le taux de change à s’élever.

LM1 LM2
1F=600$

1F=500$ e

IS*1

Y1 Y2

Mais comme la BC est prête à acheter les devises intérieures et extérieures au taux
fixe, les arbitragistes réagissent promptement à la hausse du taux de change en vendant à
la BC les devises étrangères ; comme le montre le graphique ci-dessus, ce qui induit une
expansion monétaire et LM* se déplace vers la droite et le revenu augmente de Y1 à Y2.
b. Politique monétaire
Graphique
LM*2

LM*2

1F=50$ e1

1F=30$ e2

IS*

Y Y

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
71

Une expansion monétaire déplace LM* vers la droite, ce qui réduit le taux de
change (e1-e2). Mais comme la BC s’est engagée à vendre et à acheter les devises à un
taux fixé, les arbitragistes ne traînent pas à lui vendre la devise intérieure. Ce qui ramène
l’offre de monnaie et la courbe LM à sa position initiale. Cette politique n’a aucun impact
sur le revenu. Cependant, on peut dans ce système, recours aux politiques de réévaluation
et de dévaluation.
La dévaluation déplace LM* vers la droite accroît NX, ce qui croît le revenu
agrégé ; tandis que la réévaluation déplace LM* vers la gauche et diminue les exportations.
La différence entre dévaluation, réévaluation et appréciation, dépréciation de la
monnaie est que les premiers résultent d’une décision d’autorité politique alors que les
deuxièmes des conditions des marchés7.
c. Politique commerciale
Une restriction des échanges déplace IS* vers la droite. Ce déplacement a tendance
à accroître le taux de change, mais pour maintenir celui-ci inchangé l’offre de monnaie doit
augmenter, ce qui déplace LM* vers la droite et le revenu augmente.

7
L’inflation et la déflation résultent des conditions économiques mais la dévaluation

résulte de la décision politique. L’appréciation et la dépréciation résultent des conditions

économiques

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
72

 Différentiel du taux d’intérêt

Nous avons supposé jusqu’ici que r=r*. Cependant, le taux d’intérêt varie d’un pays à
l’autre. Deux raisons explique cette situation
- Le risque-pays
- Les anticipations de change

En effet, dans le de la petite économie ouverte r est déterminé par r*. On se referait
à la loi du prix unique(LPU). Selon cette loi, si le r était > r* les pays étrangers prêteraient
au pays concerné poussant son taux à la baisse.
A l’inverse, si r>r*, les individus du pays du pays concernés prêteraient à l’étranger
pour y obtenir un revenu plus élevé. Ceci pousserait r à la hausse ; mais cette logique ne
s’applique pour les raisons sus évoquées. Le risque-pays est fonction de la stabilité
politique et économique quand les investisseurs attendent des où ils placent leur argent.
Plus ses conditions sont favorables plus ils sont surs de récupérer leurs mises et les intérêts
que celle-ci produisent et en conséquence la prime de risque qu’ils demandent sera faible.

La deuxième de différenciation r réside dans la variation anticipée de taux de


change. Imaginons par exemple que les investisseurs anticipent une dépréciation du
« Yen » par rapport au dollar us. Ils pensent les emprunts libellés en Yen seraient
remboursés dans une devise de moindre valeurs que les dollars. Dans ce cas, le r japonais
sera supérieur à r américain.
Les différentiels, de change dans le modèle de Mundell-Fleming pour être
intégrer va ajouter au r une prime de risque, θ d’où, r =r+ θ. La prime de risque dépend
de la perception des raisons évoquées précédemment. Elle est exogène de ce fait, on a
le modèle suivant :
Y=C(Y-T)+G+I(r*, θ)+NX(e )
M=L(r*+ θ,Y)
Ces 2 équations déterminent, pour toute politique budgétaire et monétaire
donnée, pour tout niveau de prix et de la prime de risque, le niveau de production et du
taux de change qui équilibre le marché de Biens et Service et le marché monétaire.
Pour toute prime de risque donné, les politiques de budget et monétaire
produisent les mêmes effets que ceux décrits ci-dessus dans les deux régimes.. En cas

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
73

d’une hausse de la prime de risque résulta de la turbulence politique, le taux d’intérêt


va augmenter ce qui déplace IS* vers la gauche.

LM1 LM2*

IS IS*
Y1 Y2 Y

La hausse de r produit deux effets :


- Déplacement de IS* vers la gauche, le r élevé réduit l’investissement
- LM se déplace vers la droite car le r accru réduit la demande de monnaie dont le
cout d’opportunité devient élevé ; ce qui permet une production accrue à tout niveau
donné de l’offre monnaie.

Ces 2 déplacements provoquent par ailleurs une hausse du revenu et une dépréciation
de la monnaie.

De manière surprenante et peut-être incorrecte, il semble ressortir de cette analyse


que la hausse du risque associée à un pays y induit un accroissement du revenu comme
l’indique le déplacement de LM à droite. Il est vrai que le taux d’intérêt élevé pèse
négativement sur le revenu mais la dépréciation de la monnaie stimule plus que
proportionnellement les exportations nettes induisant en définitive une hausse du revenu.

Mais dans la réalité, 3 raisons expliquent que l’on n’assiste pas à un accroissement
du revenu :
1. Pour éviter une importante dépréciation, la Banque Centrale peut restreindre l’offre
de la monnaie.
2. La dépréciation de la monnaie entraîne une hausse soudaine des prix des biens
importés qui se répercutent dans les prix des biens intérieurs.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
74

3. Les gens peuvent (les résidents) peuvent accroître leur demande de monnaie parce
que cette dernière devient l’actif le plus sûr lorsqu’il y a une hausse du risque pays.
En définitive, les hausses du risque pays sont donc à éviter.
A présent nous pouvons nous poser la question suivante :
Faut-il choisir entre un taux de change fixe ou un taux de change flottant ? Au regard de
cette question, les économistes sont partagés et cela suscite un vif débat. Certains (la
plupart) d’entre eux préfèrent le taux de change flottant. Mais très récemment d’autres ont
pris position en faveur du taux de change fixe.
Ceux qui soutiennent le taux de change flottant avancent qu’il permet d’utiliser la
politique monétaire pour d’autres fins

En régime de change fixe, la politique monétaire poursuit le seul objectif de


maintenir le taux de change à son niveau annoncé alors que le taux de change est l’une des
nombreuses variables macro économiques que la politique monétaire peut influencer. Un
régime de taux de change flottant permet donc aux autorités monétaires de poursuivre
d’autres objectifs tels que la stabilisation de l’emploi et de prix.
Ceux qui soutiennent le taux de change fixe avancent que l’incertitude en ce qui
concerne le taux de change rendent plus difficile le commerce international. Ils pensent
qu’avec le taux de change flottant les taux de change nominaux et réels sont devenus plus
volatiles que quiconque s’y attendait. Ils attribuent cette volatilité à la spéculation
irrationnelle et déstabilisante des investisseurs internationaux qui de surcroit affectent les
transactions internationales.

Par ailleurs, les défenseurs du taux de change fixe voient dans l’engagement à
défendre ce taux l’une des manières d’obliger les autorités monétaires à éviter une
croissance excessive de la monnaie. Mais en définitive, le choix entre taux de change fixe
et flottant n’est pas aussi déterminant. Chacun de deux régimes offre un certain nombre
d’avantages qui lui sont particuliers. Aussi, les taux de change sont rarement
complètement fixes ou complètement flottants.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
75

Conclusion
Ce chapitre nous a permis de comprendre le fonctionnement de l’économie tel
qu’issue de l’analyse keynésienne. Dans le chapitre suivant ; nous abordons l’offre globale
et l’arbitrage entre l’inflation et le chômage.

CHAPITRE 4. OFFRE GLOBALE ET ARBITRAGE INFLATION/CHOMAGE

La prise en compte des mouvements de prix et des contraintes inflationnistes dans


le modèle de la synthèse doit s'opérer en deux temps. En statique, la modélisation des
comportements d'offre s'opère à partir de la réintégration, dans le modèle IS/LM, d'une
modélisation des équilibres du marché du travail. On peut ainsi aboutir à un modèle « quasi-
offre globale/quasi-demande globale» (section 1) qui permet de traiter de la conjugaison
des effets-prix et quantités des différents chocs macroéconomiques. L'intégration, par la
suite, d'une « relation de Phillips » liant le taux de croissance du salaire nominal au niveau
du chômage permet finalement d'exhiber l'existence d'un arbitrage inflation/chômage
(section 2) : la « courbe de Phillips » devient la frontière des choix de politique économique,
qui ne sont dès lors plus réputés devoir se limiter à la seule lutte contre le chômage.

0. Les limites du modèle IS/LM

Le modèle IS/LM du chapitre précédent nous a permis d’étudier simplement la


détermination du produit Y en regardant simultanément les équilibres sur les marchés des
biens et sur le marché de la monnaie. Toutefois, si sa relative simplicité a pu rendre ce
modèle attirant, de nombreux aspects ont été omis qui inspirent une réserve face à un
recours inconsidéré à ce modèle.
Du point de vue théorique :
 Le modèle IS/LM donne une prédiction du niveau du PIB (et donc de l’emploi) sans
tenir compte du fonctionnement du marché du travail. Ainsi, est-il vrai qu’à la suite
d’un accroissement des dépenses publiques, de l’offre de monnaie ou d’une
réduction des prix, les entreprises aient intérêt à embaucher davantage pour
accroître leur production ?

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
76

 D’autre part, le niveau du produit prédit par le modèle IS/LM dépend du niveau des
prix que ce modèle considère comme exogène. Par ailleurs, du point de vue
empirique, certains faits semblent contredire les prédictions du modèle IS/LM.
Ainsi, à différents moments de l’histoire, lorsque des politiques ont suivi de trop
près les recommandations du modèle IS/LM, ces politiques ont à terme échoué

1. Le modèle quasi-offre globale/quasi demande globale

Après avoir étudié l'importance de la prise en compte des conditions de l'offre


globale pour l'appréhension de la nature et des effets des chocs macroéconomiques (sous-
section a), nous présenterons la dérivation analytique des quasi-fonctions de demande
globale (sous-section b) et d'offre globale (sous-section c), avant d'étendre l'analyse des
politiques économiques menée au chapitre 3 à la prise en compte de la flexibilité des prix
(sous-section d).

a. L'importance d'une prise en compte des conditions d'offre globale


• Introduction: L'équilibre global d'une économie

Nous avons vu que le modèle IS/LM issu de l'interprétation « keynésienne" de la


théorie générale se présentait comme un modèle à prix fixes. Une manière simple d'intégrer
les prix dans les analyses précédentes consiste à introduire des fonctions d'offre et de
demande globales (de bien), c'est-à-dire des équations Q- = Q-(P) et Q+ = Q+(P).
Conformément à l'analyse des autres marchés, un schéma serait alors mobilisable pour
étudier la formation des prix (en l'occurrence, il s'agirait ici du niveau général des prix) en
liaison avec les quantités, et donc les problèmes liés aux ajustements de prix: inflation,
stagflation, déflation ...
Supposons pour le moment que l'existence de ces fonctions puisse être établie et
qu'elles aient la pente attendue: positive pour la courbe d'offre, négative pour la courbe de
demande. La fonction d'offre peut alors être représentée de façon à comporter deux
situations extrêmes (figure 4.1) :

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
77

1) On peut d'abord supposer qu'il existe un niveau de production, QPE, pour lequel les prix
deviennent infiniment élastiques (c'est-à-dire que les ajustements se font entièrement en
prix). On se trouve alors, en quelque sorte, dans un monde classique.

Deux séries de raisons peuvent être données pour suggérer l'explication d'une telle
élévation de la pente de la fonction d'offre avec la valeur de Q et sa position verticale pour
QPE.

La première est d'ordre technique: À court terme, pour un état donné des capacités
de production, on peut considérer que les prix ont une élasticité nulle par rapport aux
quantités pour des niveaux d'activité faibles (l'économie a des marges de capacité
inemployées et les ajustements se font en quantités) ; les prix deviennent élastiques au
voisinage de la capacité installée: les quantités produites devenant progressivement de
moins en moins élastiques à la demande, les ajustements sont appelés à se faire de plus en
plus en prix.

La seconde série de raisons est relative à la formation des salaires et des prix. Il
suffit de supposer une parfaite indexation des salaires sur les prix (ou une quasi-
indexation). Alors, le salaire réel est une constante (ou une variable « visqueuse »). Comme
le salaire réel ne peut plus diminuer (ou très faiblement), toute hausse des prix se traduit
en hausse de salaire et la rentabilité de l'offre ne s'améliore pas à là suite de la hausse des
prix. Il n'y a donc aucune raison pour que la production s'accroisse. On peut considérer que
cette situation devient plus probable à mesure que l'activité, et donc l'emploi, s'élèvent,
parce qu'alors le pouvoir de négociation des salariés se renforce.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
78

Figure 4.1 Les configurations de la courbe d'offre globale

Prix (NGP)
Q+(P)
Q-(P)

Pm
Production
QPE

2) L'autre situation extrême est relative aux faibles niveaux d'activité où la fonction
d'offre est représentée par une droite horizontale. Cette situation est symétrique de la
précédente: les ajustements se font alors entièrement en quantités et non plus en prix. On
peut, alors, considérer que l'on se trouve dans un monde keynésien.
Les raisons explicatives peuvent, là aussi, être d'ordre technique ou relatives à la
formation des prix et des salaires. Par exemple, on peut supposer l'existence d'un salaire
rigide à la baisse et d'un taux de marge désiré par les entreprises, deux données qui fixent
un minimum au niveau des prix. Le prix ne peut pas descendre au-dessous d'un plancher
pm et, par conséquent, les seuls ajustements possibles sont les ajustements en quantités,
lesquelles deviennent infiniment flexibles. C'est un monde keynésien pur, comme l'autre
situation correspondait à un monde classique pur.
3) Entre ces situations extrêmes, on considérera que les ajustements se font
partiellement en prix et partiellement en quantités. L'univers envisagé est alors classico-
keynésien. Les raisons explicatives seront précisées ultérieurement.
• Déplacement de la courbe de demande globale: effets-prix, effets-quantités en
univers classico-keynésien

Pour le moment, laissons de côté l'analyse théorique pour nous intéresser aux effets
d'un déplacement de la fonction de demande (consécutive, par exemple, à une politique
budgétaire ou monétaire).
Une politique d'expansion va se traduire, dans le plan (Q, P), par une translation
vers la droite de la courbe de demande. Ce déplacement a des effets contrastés selon la

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
79

pente de la fonction d'offre. Dans une situation où la fonction d'offre est verticale,
l'augmentation de la dépense n'aura aucun effet sur la production: l'ensemble de
l'ajustement se traduira en prix. Dans une situation où la fonction d'offre est horizontale,
l'augmentation de la dépense se traduira par un ajustement par les seules quantités, donc
par une croissance de la production. Dans la région intermédiaire, lorsque la fonction
d'offre est croissante, mais avec une pente ni nulle ni infinie, nous sommes dans un monde
classico-keynésien : l'ajustement se fait partiellement par les quantités et partiellement par
les prix. Il est facile de représenter les ajustements qui vont alors se produire. La hausse de
la demande globale se traduit par une hausse simultanée des prix et de la production. Les
effets prix et quantités peuvent être isolés: l'effet-quantités se monte à Q’0 - Qo (à prix
fixes) ; l'effet-prix se monte à P'O – P0 (à quantités fixes). L'équilibre (Pl, Q1) apparaît donc
comme une combinaison des équilibres à prix et quantités fixes. On remarque en outre que
la pente de la fonction d'offre détermine l'importance relative des deux effets. Plus la
fonction d'offre est pentue, plus l'effet-prix l'emporte sur l'effet-quantités. La pente de la
courbe d'offre globale mesure ce que l'on appelle, d'un terme peu élégant, le degré de «
viscosité » des prix: ce terme désigne la situation intermédiaire entre la flexibilité
(verticalité de la fonction d'offre) et la rigidité (horizontalité de la fonction d'offre). Ce
régime de prix correspond au modèle de la synthèse, c'est-à-dire à l'univers classico-
keynésien.
Figure 4.2. Effets prix et quantités d'une relance de la demande globale

Prix
(NGP))
DG0
P’0 DG1 OG

P1

P0
Produit
Q0 Q1 Q’0 global

• Chocs d'offre, chocs de demande

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
80

On appelle chocs d’offre ou de demande, les perturbations exogènes qui affectent


la fonction d’offre et de demande.
Soit, une conjoncture économique qui se déprime en raison de la faiblesse de la
demande. La fonction de demande se déplace vers le bas. Le résultat est une diminution
des prix et de la production, comme le fait apparaître la partie A de la figure 4.3. Le cas
traditionnel auquel peut s'appliquer ce premier schéma est la dépression consécutive à la
crise de 1929. La réponse de politique économique est claire dans ce cas: il faut relever la
demande globale par les dépenses budgétaires ou l'offre de monnaie. Cette réponse se
traduit par une hausse de la production avec une inflation partielle (inévitable) qui
correspond à la contrepartie de la déflation antérieure. Les recettes keynésiennes
s'appliquent admirablement dans cette configuration.
Supposons maintenant que la dépression de l'activité provienne, non pas d'un
déplacement de la demande-, mais d'un déplacement vers la gauche de l’offre, comme il est
représenté dans la partie B de la figure 4.3. Le déplacement vers la gauche de Q + signifie
que, pour une même quantité produite, les offreurs exigent un prix supérieur. Quelles
peuvent être les raisons de ce changement de comportement? Les principales raisons
tiennent à l'élévation exogène des coûts de production: hausse du prix du pétrole par
exemple, ou augmentation de la fiscalité sur les entreprises, ou augmentation du paramètre
d'endettement des entreprises ... Ce cas de figure se rapporte notamment aux chocs
exogènes qui ont affecté l'économie mondiale durant la décennie 1970 (les deux chocs
pétroliers). L'origine de ces « crises » est diamétralement opposée à celle de la crise de
1929. On appelle « chocs d'offre» les chocs qui se traduisent par un déplacement de la
fonction d'offre. Comme dans le cas de la dépression de la demande, le volume de
production baisse, mais elle se trouve cette fois accompagnée d'une augmentation des
prix.
L'économie, au lieu de se situer dans un régime de déflation, va connaître un régime
de stagflation. Les recommandations de politiques économiques sont inévitablement
différentes de celles recommandées pour la lutte contre une déflation.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
81

Figure 4.3. Effets prix et quantités de chocs récessifs

Prix DG1 DG0 OG

Produit global
Q1 Q0

A . Choc de demande

Prix 0G1 0G0

DG0

Produit global
Q1 Q0

A . Choc d’offre

Envisageons, d'abord, la politique compensatrice traditionnelle centrée sur la


manipulation de la demande (<< politique keynésienne »). L'augmentation de Q provoque
certes une hausse de la production d'équilibre, mais elle se traduit aussi par une hausse des
prix. Le point essentiel est que cette inflation n'est pas, comme dans le cas d'une dépression
tenant à la demande, la contre- partie d'une déflation antérieure, c'est une inflation qui
vient s'ajouter à une inflation antérieure. On avait précédemment une « inflation par les
coûts» ; il s'y ajoute maintenant une « inflation par la demande ». On peut donc dire que,
en situation de stagflation, la politique keynésienne traditionnelle de stimulation de la
demande se trouve confrontée à un dilemme, à un conflit d'objectifs: il n'est pas possible
simultanément de stimuler l'activité et de maîtriser l'inflation : le gouvernement doit
choisir entre ces deux objectifs et accepter d'accélérer l'inflation pour retrouver le niveau
initial d'emploi.

En revanche, ce conflit d'objectifs se dissout si une politique centrée sur

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
82

l'offre est entreprise. La politique consiste à mettre en œuvre des facteurs susceptibles «
d'abaisser» la fonction d'offre. Le déplacement vers le bas permet alors tout à la fois: la
désinflation (comme contrepartie de l'inflation antérieure) et la stimulation de l'activité.
L'identification d'une telle politique est néanmoins délicate: il ne s'agit ni de politique
monétaire, ni de politique budgétaire jouant sur quelques agrégats macroéconomiques
simples. Il s'agit, par exemple, de promouvoir une politique de la recherche pour mieux
accompagner le processus d'innovations dans les entreprises, ou une politique plus
performante de formation de la main-d’œuvre, ou bien encore une politique de revenus
visant à infléchir le partage de la valeur ajoutée entre salaires et revenus du capital. On
quitte alors le domaine du quantitatif pur dans lequel se définissent les politiques de
régulation macroéconomiques pour le domaine des politiques structurelles.
Les développements qui précédent ont eu pour but de souligner l'importance tant
théorique que pratique des propriétés des fonctions d'offre et de demande globales. Il s'agit
maintenant de les établir de façon précise.

b. La construction de la courbe de demande globale


Nous commencerons par une présentation graphique et littéraire avant la dérivation
analytique. Partons du graphique IS-LM et supposons que le point d'équilibre (I 0,Q0)
coïncide avec un niveau de prix que l'on appellera Po. Ce prix correspond à un point dans
le plan en p – Q. Supposons maintenant que le prix baisse à P 1. Où va se trouver à Q1, la
demande « notionnelle» pour ce nouveau prix P 1 ? La stratégie pour établir la pente
négative de la fonction de demande globale va consister à expliciter les raisons pour
lesquelles le niveau de Q1 doit être supérieur à Q0. En économie fermée, deux effets-prix
jouent, qui se conjuguent pour donner à la courbe de demande globale la forme attendue :
l’effet Keynes et l’effet Pigou.
 L'effet Keynes
Quand les prix baissent, les encaisses monétaires augmentent en termes réels. De plus,
il se produit une modification dans l’affectation de la demande de monnaie entre demande
de transaction et demande de spéculation. La variation des prix est à l'origine de deux effets:
un effet de richesse et un effet de substitution. L'effet de richesse sera envisagé dans le
point suivant. Considérons pour le moment le seul effet de substitution, c'est-à-dire l'effet
Keynes.

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
83

Comme les prix ont diminué, les ménages ont besoin de moins de monnaie pour assurer
les transactions. La quantité totale de monnaie ayant augmenté en termes réels, la demande
de spéculation doit donc s'élever. Cela se traduit par une baisse de la demande de titres
(pour une richesse que l'on suppose pour le moment inchangée) et baisse du taux d'intérêt.
La baisse du taux d'intérêt élève le niveau des investissements et donc la production. Par
conséquent, la baisse des prix joue favorablement sur l'activité économique via la
demande de monnaie et le taux d'intérêt. Les variations du niveau général des prix ont
un effet réel. On appelle « effet Keynes" ce mécanisme,

Figure 4.4. Construction de la courbe de demande globale: l'effet Keynes

Taux
d’intérêt

IS LM/P0 LM1/P1

i0
i1 Demande globale

Prix (NGP)

P0
DG
P1

Demande
globale

Cet effet peut être représenté simplement dans les diagrammes IS-LM et
prix/quantités superposés (figure 4.4). Soit P1 dans le diagramme « du bas », celui en prix-
quantités. On se demande à quel niveau d’équilibre il doit correspondre dans le diagramme
« du haut », le diagramme IS – LM, pour pouvoir ensuite revenir au graphe « du bas » et
fixer le point P1 – Q1. Comme la quantité réelle de monnaie a augmenté, à la suite de
la baisse de prix, cela signifie que la courbe LM a dû nécessairement se déplacer vers
la droite dans le diagramme IS-LM. Le nouvel équilibre macroéconomique correspond

augustinms macroéconomie1/L12023/unio
84

donc à un niveau de demande plus important. On retrouve évidemment la baisse du taux


de l'intérêt consécutive à la hausse de la masse monétaire. Donc, le point représentatif de
la fonction de demande se situe au croisement de Q1 et de Pl. Il suffit de répéter le
raisonnement précédent et de relier l'ensemble des points pour établir que la fonction est
décroissante.
• L'effet d'encaisses réelles (effet Pigou)

Les prix interviennent également dans l'expression de la richesse des agents en


termes réels, richesse réelle qui peut constituer une variable explicative des fonctions de
comportement, notamment de la fonction de consommation, L'effet de richesse n'avait pas
à intervenir comme variable explicative tant que les prix étaient supposés fixes. Si les prix
sont variables, la richesse en termes réels devient elle-même une variable malgré le fait que
la richesse soit une donnée provenant de l'accumulation antérieure.
Par exemple, la baisse des prix accroît la valeur réelle de la richesse. Ce surcroît de
richesse, comme la hausse des revenus, va avoir un effet réel en augmentant les dépenses
de consommation (ou la demande de titres).
Pour simplifier, on admettra provisoirement que l'effet de richesse intervient
seulement sur la consommation (non sur la demande de monnaie). Un effet d'encaisses
réelles positif se traduit par un déplacement de la courbe IS vers la droite. Nous arrivons à
la même conclusion qu'avec l'effet Keynes en suivant un raisonnement identique. Les deux
effets se conjuguent pour accroître la pente de la fonction de demande globale, comme
l'indique la figure 4.5.
Notons que les prix pourraient apparaître, en économie ouverte à une troisième
place, comme variable explicative des exportations et des importations. La baisse du prix
conduit à une hausse des exportations et à une baisse des importations. Cela doit se traduire
par un déplacement de la courbe IS vers la droite, Dans le diagramme précédent, il faudrait
donc considérer une nouvelle courbe IS, intégrant l'effet de compétitivité et située à droite
de IS/P1. La pente de la courbe de demande s'en trouve augmentée d'autant.

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Figure 4.5. Construction de la courbe de demande globale : Effet Keynes et effet


d'encaisses réelles
Taux d’intérêt

IS/P0 IS/P1 LM/P0 LMP1

1
2

i0
i0
i1
Demande globale

Prix

P0 DG2(effet total
P1
DG1(effet Keynes
Demande
globale

L’effet Keynes irnpacte LM. L’effet Pigou impacte IS. Une baisse du niveau
général des prix augmente la demande globale sous l'influence conjuguée de ces deux
effets. L'impact sur le niveau de taux dépend de l'importance des deux effets et de
l'élasticité de IS et LM au taux d'intérêt.

On remarquera que tous ces effets jouent dans le même sens, de sorte que le signe
de la somme de ces trois effets n'est jamais ambigu. Ce résultat tient cependant à la
modélisation que nous nous sommes donnée car il existe des effets-prix susceptibles de
jouer en sens contraire. Par exemple, si nous avions pris en compte l'endettement en termes
réels comme une variable explicative des comportements, par exemple de la
consommation, la baisse des prix serait de nature à jouer négativement sur l'activité
économique en relevant la charge réelle de la dette et en provoquant un effet de richesse
négatif sur la demande globale. Cet effet est appelé effet Fisher. D'autres effets-prix existent
encore, comme l'effet d'illusion monétaire ou les effets d'anticipations. Ces effets ne

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semblent néanmoins pas en mesure de modifier le signe de la dérivée de la fonction de


demande globale.

Notons pour finir que, puisque la courbe de demande globale résume les résultats
du modèle IS/LM (elle se déduit du modèle IS/LM une fois relâchée l'hypothèse de rigidité
des prix nominaux), tous les chocs qui déplacent IS ou LM à prix inchangés déplacent
aussi la demande globale: c'est ainsi qu'une politique expansionniste qui déplace IS
(politique budgétaire) et/ou LM (politique monétaire) vers la droite dans le plan (Q d, i),
déplace également la courbe de demande globale vers la droite dans le plan (Q d, P).

c. La construction de la courbe d'offre globale

La fonction de demande globale est une simple réécriture du modèle initial (IS LM)
sous la forme d'une équation entre niveau de production et niveau de prix, équation qui
représente le degré de liberté du système. La construction de la fonction d'offre globale
implique au contraire la modélisation d'idées nouvelles.
Il s'agit de considérer les déterminants du prix du point de vue de l'offre, c'est-à-
dire de modéliser le mode de formation des coûts de production et le comportement de
profit des entreprises. On peut exprimer l'idée de la façon suivante: le côté de l'offre, non
pris en compte dans le modèle IS-LM keynésien à prix fixes (qui est un modèle de
demande), est seul susceptible d'endogénéiser les prix. La fonction d'offre globale
indique les niveaux d'offre que les entreprises acceptent de mettre en œuvre pour différents
niveaux de prix. Elle est donc relative à la détermination d'une relation p – Q+ indépendante
de la demande, c’'est-à-dire indépendante du principe keynésien. Une telle modélisation ne
peut s'effectuer qu'en prenant en compte le marché jusqu'à présent négligé, à savoir le
marché du travail puisque le seul coût est le coût en travail.
Deux grandes conceptions président à l'analyse de la formation des salaires:
 La première conception considère que la formation des salaires, et donc des prix,
relève de facteurs socioéconomiques exogènes (rapport de forces entre catégories
sociales). Dans cette conception, le niveau du salaire (réel ou nominal) se définit
hors marché. On est alors amené à adopter une hypothèse de salaire fixe. Si on
considère, de plus, que les entreprises ont un prix désiré correspondant à un taux de

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marge exogène, alors on aboutit à l'hypothèse de prix fixes habituelle dans les
modèles keynésiens standard. Dans cette version extrême, deux normes s'opposent
donc: la norme de profit et la norme de salaire.
 La seconde conception est plus traditionnelle. Elle consiste à voir la formation des
salaires comme le résultat d'un mécanisme des marchés. Le salaire se forme sur le
marché du travail par la confrontation de l’offre et de la demande de travail.
Dans les deux cas, on peut considérer qu'il s'agit de modèles purs. Les deux modèles
peuvent néanmoins coexister et, en général, ils coexistent dans la réalité. On est alors en
présence de ce que l'on peut appeler un modèle de synthèse. Ce modèle doit être
convenablement écrit. Sous certaines candirions, sur des paramètres bien choisis, on doit
pouvoir revenir aux deux modèles purs comme des cas particuliers.

• La vision « classique » de la fixation des salaires

Pour construire la fonction d'offre globale dans le cadre du modèle classique,


plaçons-nous à court terme avec un marché du travail initialement en équilibre et supposons
que le niveau général des prix diminue, le salaire nominal restant constant. La figure 4.6
illustre les ajustements qui vont se produire.

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Figure 4.6. La construction de la courbe d'offre globale: le modèle néoclassique de


marché

Niveau
général des
Salaire Marché prix Marché
réel de travail
OGLT des biens

N+(w/p)
P0 OGCT
w0P1 P1

w1P1/w0/P0 Produit
Niveau global
Nd N0 d’emploi
Produit
global

Q0 i
Q1 Droite de
Fonction de report
production
45°
Niveau Q
N1 N0
d’emploi

Si le niveau général des prix diminue, le salaire réel augmente, il y a alors excès
d'offre et la demande de travail fixe la quantité échangée. Donc, nous aurons une fonction
d'offre globale p(Q+) qui est croissante.
Cette fonction est de court terme, en ce sens que l'on suppose un non-ajustement du
salaire nominal c'est-à-dire une rigidité nominale du salaire.
L’idée de base de la rigidité nominale que les salaires nominaux sont fixés pour une période
plus longue que les prix. C’est le cas, par exemple, dans les conventions collectives ou
d’entreprises. Les niveaux des salaires sont fixés pour une période de l’ordre d’un ou deux
ans. Dans le moyen et le long terme les salaires sont révisés en fonction des prix. C'est à
ce moment que le salaire réel peut être réajusté et éventuellement revenir à sa valeur
antérieure.

Si le temps nécessaire pour revenir à cette valeur d'équilibre est très court, on dira
qu’il y a flexibilité des salaires. Si c'est le cas, comme dans le schéma pur de marché du
modèle classique, alors, la courbe d’offre globale devient une verticale. Le niveau d’offre
est indépendant du niveau de prix puisque toute variation de prix se traduit en variation de

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salaire et que la rentabilité reste constante. Ce niveau d'offre est alors déterminé,
conformément à l'analyse classique, par la fonction de production, le volume de la
population active, la fonction d’utilité des ménages ... mais pas par le niveau des prix, qui
est uniquement en raison de la viscosité des salaires à court terme. Le principe keynésien
de la demande effective est alors susceptible de jouer, puis que le niveau de production
n’est plus donné par l’équilibre du marché du travail. Cet effet est néanmoins considéré
comme transitoire par les théoriciens néoclassiques car, les individus étant rationnels, les
phénomènes d'indexation sont appelés à intervenir dans le moyen terme. À long terme, c'est
l'univers dichotomique de la théorie classique qui est restauré. Dans un tel univers
pleinement classique, toute politique monétaire ou budgétaire est donc nécessairement
inefficace sur l'activité économique, même si elle peut engendrer des effets de prix.

Par conséquent, s'il n'y a pas un minimum de viscosité des salaires, il ne peut y avoir
ni fonction d'offre globale avec une pente positive ni, par conséquent, de place pour un
modèle valide de politique économique d'inspiration keynésienne. Pour envisager les
facteurs explicatifs de cette viscosité, il faut nécessairement se tourner vers des
considérations hors marché et, sans doute, le plus simple dans un premier temps est-il
d'envisager un modèle pur fonctionnant sur l'existence de normes exogènes de
rémunération des salariés et des entreprises.

• L'existence de normes salariales et de prix

Trois catégories de considérations sont avancées par les théoriciens pour rendre
compte d'effets hors marché dans la formation des prix et des salaires: celles relatives à
l'existence des syndicats; celles tenant aux réglementations sur les salaires (SMIC,
conventions collectives de branches ou d'entreprises qui fixent les salaires pour une période
relativement longue) ; celles provenant d'une illusion monétaire chez les salariés.

Dans ce dernier cas, l'idée est que les salariés acceptent plus volontiers des
variations du salaire réel provenant des prix plutôt que du salaire nominal en raison d'un
phénomène d'irrationalité ou de défaut d'information, ce qui conduit à une viscosité à court
terme des salaires nominaux vis-à-vis des prix.

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Keynes avance un principe quelque peu différent de l'illusion monétaire pour rendre
compte de l'asymétrie des prix et du salaire nominal: l'idée de Keynes est que les salariés
sont beaucoup plus vigilants sur les modifications du salaire nominal que sur les prix pour
des raisons sociales. Une variation des prix affecte tous les salariés de manière
indifférenciée, c'est-à-dire qu'elle laisse la hiérarchie des salaires, donc les avantages
catégoriels, inchangés, Une variation des salaires de caractère général et indifférencié est
rarissime. La variation des salaires passe en général par celle des salaires nominaux au plan
des négociations de branche, d'entreprises, voire d'établissement. Cette modalité contient
en germe l'éventualité d'une redéfinition des statuts et des positions catégorielles.
D'un point de vue macroéconomique, il nous suffira de constater que:

- les salaires sont régis par des contrats de travail dépassant en règle générale
l'horizon de la courte période, c'est-à-dire l'horizon durant lequel les prix sont
susceptibles de varier;
- les contrats de travail sont toujours exprimés en termes nominaux. Les clauses
d'indexation explicites, quand elles existent, sont des clauses qui sont appelées à
intervenir à intervalles discrets (l'année en général).

On doit donc considérer qu'il existe une hiérarchisation temporelle des niveaux
d'ajustement: à très court terme, les ajustements se font par les quantités, comme dans un
modèle keynésien strict; puis, les ajustements sont progressivement appelés à se faire par
les prix (avec des salaires nominaux qui restent rigides) ; enfin, à plus long terme, les
ajustements concernent les salaires nominaux.

En supposant que les facteurs socio-institutionnels précédents soient dominants et


que les entreprises appliquent de leur côté un profit désiré sur les coûts, on aboutit à court
terme à des salaires et des prix fixes dans la tradition keynésienne. La fonction d'offre
globale qui correspond à cette hypothèse est alors une droite horizontale dans le diagramme
en prix quantités. L'ordonnée à l'origine représente évidemment le prix exogène qui intègre
la norme de salaire et la norme de profit, Toute variation de la demande se traduit alors
uniquement par un ajustement en quantités.

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On a donc deux cas extrêmes correspondant l’un au modèle classique, l'autre au


modèle keynésien à prix fixes. Ces deux modèles sont théoriques et ne permettent pas de
se donner un schéma adéquat pour analyser concrètement les prix et les salaires, même
pour le « court terme ».

2. La courbe de Phillips et l'arbitrage inflation/chômage


Le modèle offre globale/demande globale conduit naturellement à se poser la
question de la relation entre inflation et chômage: les augmentations de la demande globale
impliquent à la fois une hausse du niveau général des prix et une baisse du taux de chômage.
Si l'on ne peut alors parler de taux d'inflation, c'est en raison du caractère statique du
modèle.
En 1958, l'économiste néo-zélandais Alban W. Phillips allait proposer une
estimation de la relation expliquant les variations du taux de salaire nominal à partir du
taux de chômage observé en Grande-Bretagne sur la période 1861-1957. Reprise à leur
compte par Paul Samuelson et Robert Solow, cette relation, qui relie finalement taux de
chômage et taux d'inflation, allait constituer l'équation manquante de la théorie
keynésienne: en permettant de passer d'une macroéconomie statique à une macroéconomie
dynamique. Elle constituera, pour la décennie qui suivra, le guide des politiques
économiques, avant que la remise en cause, tant du point de vue empirique que théorique,
de la relation qu'elle esquisse ne favorise la « contre-révolution» libérale des années 1970
et 1980.
a. La courbe de Phillips
L'inflation n'était pas un problème macroéconomique majeur au cours des années
1930, période pendant laquelle furent rédigés tant la Théorie générale de Keynes (1936)
que les premières versions de ce qui deviendra le modèle IS/LM (notamment l'article
séminal de Hicks [1937]). En revanche, l'inflation redevint progressivement une
préoccupation dans la période de l'après-Seconde Guerre mondiale, période de
reconstruction économique et de plein-emploi, et un enjeu majeur des débats théoriques
entre ceux qui se faisaient les avocats de la mise en œuvre des politiques keynésiennes de
gestion de la demande globale, et ceux qui souhaitaient continuer de s'y opposer en arguant,
précisément, de leur caractère inflationniste. Plus généralement, les économistes
keynésiens, dont la pensée devient presque unanimement dominante en macroéconomie

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dans les années 1940 et 1950, ressentirent alors le besoin de faire évoluer leur système
théorique pour lui permettre de fonder un « keynésianisme de la prospérité» qui puisse se
substituer au « keynésianisme de la dépression» élaboré au moment de la grande crise.
L'occasion de le faire va donc leur être fournie par la publication, en 1958, par Phillips,
d'une étude statistique et économétrique mettant en évidence une liaison entre chômage et
variation des salaires qui conduira à la mise en évidence d'une relation d'arbitrage entre
inflation et chômage.

• La relation statistique de Phillips (1958)


Dans son étude Phillips cherchait à valider « l'hypothèse selon laquelle le taux de
variation du taux de salaire nominale peut être expliqué par le niveau du chômage ou le
taux de changement du chômage». Phillips, à partir de statistiques des taux de chômage et
des taux de variation du taux de salaire monétaire couvrant, pour le Royaume-Uni, la
période 1861-1957, répondait positivement à la question qu'il s'était posée, en mettant en
évidence l'existence d'une relation linéaire décroissante entre les deux variables sur la
période étudiée: à des situations de chômage élevé correspondaient de faibles hausses du
taux de salaire monétaire et inversement. Phillips était également à même d'estimer au
niveau de 5,5 % le niveau du taux de chômage susceptible d'assurer la stabilité des taux de
salaires monétaires, taux de chômage qui sera appelé ensuite dans la littérature
macroéconomique le NAWRU : Non Accelerating Wage Rate of Unemployment (taux de
chômage non accélérateur de salaire).
À la suite de ce travail de Phillips, la recherche sur cette relation entre chômage et
taux de variation des salaires monétaires s'est poursuivie dans deux directions principales,
l'une théorique, l'autre empirique. Les études empiriques ont consisté pour l'essentiel à
tester le même type de relation pour d'autres économies de marché que le Royaume-Uni.
Les études théoriques, elles, ont visé à fournir des fondements analytiques à l’existence de
cette relation, et ce d’autant plus que devenait rapidement un enjeu du débat de politique
économique à la suite des travaux de Samuelson et Solow.

• La courbe inflation/chômage
Le schéma de Phillips ne va devenir une référence qu'à l’occasion d’un travail de
Paul Samuelson et Robert Solow présenté en 1959. Dans cette étude, les deux auteurs

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choisissent de reformuler la relation de Phillips, en particulier en remplaçant la variation


du taux de salaire par l'augmentation annuelle des prix: la « courbe de Phillips » devient
ainsi une relation décroissante entre le taux de chômage et le taux d'inflation. Sur cette
base, ils choisissent alors de modifier la manière même de lire le schéma, qu'ils interprètent
comme « un diagramme des différents niveaux de chômage dont on aurait besoin pour
chaque degré de variation du niveau des prix».
Pour le dire d'une autre manière, la courbe devient la frontière des possibilités
d'arbitrage entre inflation et chômage que le décideur politique peut utiliser: Il y a un coût
(en inflation) à payer pour garantir un taux de chômage faible, de même qu'il existe un coût
(en activité et en emploi) pour maintenir les prix à un niveau faiblement inflationniste".
Alors que Keynes avait fondé la macroéconomie sur le débat central concernant l'emploi,
et a affirmé le choix de combattre par tous les moyens le chômage, les économistes
keynésiens substituaient l'idée d'un arbitrage possible entre inflation et chômage,
considérés finalement comme deux « déséquilibres» alternatifs, dont l'évaluation du
caractère nocif ne relevait plus du discours positif, mais de la préférence collective ou
publique.

b. L'arbitrage inflation/chômage
Finalement, la relation de Phillips constitue bien la relation manquante de la théorie
keynésienne. Pour un niveau donné de salaire nominal au début d'une période t, le modèle
offre globale/demande globale détermine l'équilibre macroéconomique de cette période, en
particulier le taux de chômage qui lui est associé. La relation de Phillips donne alors le taux
de croissance du salaire nominal entre t et t + 1. On introduit donc une dynamique du
chômage et du taux d'inflation.
Dans le cadre de ce modèle, les autorités ont la possibilité d'influencer le taux de
chômage sur le long terme: elles peuvent « troquer" plus d'inflation en régime stationnaire
pour obtenir moins de chômage. II y a donc un arbitrage entre inflation et chômage: la
poursuite de l'objectif de plein-emploi se paie d'un surcroît d'inflation. Cet arbitrage peut
alors être tranché au regard des préférences collectives en matière d'inflation et de
chômage.

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Figure 4.10. Courbe de Phillips et politique

économique

Taux d’inflation

Chômage

U2 U0 Q

Le passage d'un niveau de chômage U0, à un niveau U2 implique pour les autorités de sacrifier à
l'objectif d'inflation, en acceptant de voir celle-ci passer de Po à P2. L'économie chemine ainsi le
long de la courbe de Phillips qui la caractérise du point A vers le point B. La courbe de Phillips
représente donc la frontière des possibilités de politique économique disponibles pour les autorités.

Finalement, le rôle de la politique économique revient à choisir la position souhaitée


le long de la courbe de Phillips. Cette idée pourrait à son tour se représenter en confrontant
la courbe de Phillips (figurant la contrainte à laquelle est soumise l'autorité publique) et
une fonction d'utilité collective, ayant pour argument chômage et inflation (on souhaite à
la fois moins de chômage et moins d'inflation), dont cette autorité serait porteuse. La
fonction d'utilité collective représenterait les préférences, non pas d'un individu, comme
dans la fonction d'utilité du consommateur en microéconomie, mais de la collectivité entre
inflation et le chômage plus que synthétise des intérêts et des préférences individuelles
probablement contradictoires, on peut imaginer qu’elle est le résultat d’un choix politique,
porté par les autorités élues. Elle n’est utilisée ici qu'à titre d'illustration, laissant sous
silence les difficultés que tel concept peut faire apparaître, et qui sont du ressort de
l’économique publique.

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Bibliographie

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Lecaillon, J-D, Lepage, J-M et Ottavj, C, Economie Contemporaine, analyse et


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Mankiw, G, Principes de l’Economie

Mankiw, N. G., Macroéconomie, Deboeck Université, 2002

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