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Macroéconomiecours profaugustinms
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INTRODUCTION
Pour la logique néoclassique, tout part de l’offre, c’est à dire des conditions d’une
production rentable pour les entrepreneurs. Le chômage est alors dû à un coût du travail
trop élevé, si bien qu’il n’est pas rentable pour les entreprises d’embaucher toutes les
personnes à la recherche d’un emploi. L’Etat doit par conséquent lutter contre les
“rigidités” qui empêchent le marché du travail de “fonctionner correctement” (syndicats,
salaire minimum, protection de l’emploi, allocations chômage,...).
Une alternative consiste à baisser les charges sociales sur les bas salaires afin de concilier
équité redistributive et lutte contre le chômage. Par ailleurs, le plein emploi dans cette
conception est l’état normal des affaires et les politiques interventionnistes de l’Etat ne
sont pas les bienvenues.
Un courant de synthèse moderne existe en réalité depuis la fin des années ’70. On admet
l’existence simultanée des deux types de mécanismes à court terme, et pour reconnaître
que seule la théorie néo-classique est valable à moyen (long) terme.
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Les notions du revenu et de période ont dû être précisées. Dans cette conception, l’épargne
est conçue comme un résidu alors qu’un autre courant considère que l’épargne résulte
d’un choix délibéré des agents qui décident d’affecter une partie de leur revenu à la
consommation future.
Le point de départ de la théorie keynésienne est une loi dite loi psychologique de Keynes
qui s’énonce comme suit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons
nous appuyer en toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la
nature humaine et à posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est
qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur
consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que
l’accroissement du revenu » (Théories Générale, Chap VIII, section III). Cette loi n’est
étayée d’aucune justification théorique ou empirique, il est seulement de notre
connaissance de la nature humaine et des renseignements détaillés de l’expérience
humaine, sans plus de précisions.
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De cette proposition, Keynes établit que la consommation est en relation directe, mais non
proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible : Ct = f(Ydt) avec dY/dc compris entre
0 et 1 (où Ct est la consommation des ménages de la période t).
Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un revenu disponible nul, la
consommation est positive. Il existe un seuil minimum de consommation qui correspond
au minimum vital et qui sera appelé consommation incompressible. Cette remarque et la
loi psychologique permettent de formaliser la fonction de consommation keynésienne
comme suit : Ct = C0 + cYdt (où C0 est la consommation incompressible et « c » un
paramètre positif inférieur à 1). De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de
caractéristiques :
A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne car
l’épargne apparaît comme le résidu dans l’analyse de Keynes. En effet, la partie du revenu
disponible qui n’est pas consommée sera épargnée, c'est-à-dire que la fonction d’épargne
est : St = Ydt – Ct = Ydt – C0 - cYdt = – C0 + (1-c)Ydt = – C0 + sYdt (où St est l’épargne des
ménages et s = (1-c) est la propension marginale à épargner.
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Cette approche a été présentée par Irving Fisher en 1930 dans le but de donner un
fondement microéconomique à la fonction de consommation macroéconomique.
D’inspiration néoclassique, cette théorie suppose des agents rationnels qui agissent dans
un environnement de concurrence parfaite. Ces agents raisonnent en terme réel et adoptent
un comportement calculateur de maximisation de la fonction objectif sous contrainte.
L’hypothèse de base de cette théorie est que la finalité de la consommation des ménages
est la maximisation de l’utilité. Mais il ne s’agit pas de maximiser l’utilité pour une période
donnée, mais plutôt pour toute la durée de vie. Autrement dit, un ménage serait prêt à
sacrifier une certaine quantité de consommation au présent en vue d’avoir une quantité plus
élevée au futur et inversement.
Si l’espérance de vie d’un ménage représentatif est de n années, ses revenus
disponibles réels annuels anticipés sont : Y1, Y2, Y3, …,Yn, et ses consommations réelles
annuelles sont : C1, C2, C3, ……,Cn, alors son plan de consommation intertemporel est
celui qui maximise son utilité sous contrainte de richesse.
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C1
(1+r)w
w C2
c. La fonction d’utilité
L’objectif du ménage représentatif est de maximiser sa fonction d’utilité inter
temporelle : U = U( C1, C2). Cette fonction peut être représentée, dans un espace à trois
dimensions, par une colline d’utilité ou, dans un plan, par une carte d’indifférence qui
représente l’ensemble des courbes d’indifférence. Une courbe d’indifférence intemporelle
est le lieu géométrique de toutes les combinaisons de consommation ( ) qui donnent
le même niveau d’utilité.
(1)
(2)
(3)
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serait prêt de céder pour avoir une unité supplémentaire de consommation présente et
garder le niveau d’utilité constant. C’est le taux d’échange subjectif entre la consommation
future et la consommation présente.
(1+r) mesure la valeur future d’une unité de consommation présente. C’est le taux
d’échange objectif entre la consommation future et la consommation présente. Autrement
dit, l’optimum est tel que le taux d’échange objectif est égal au taux d’échange subjectif :
* un ménage débiteur caractérisé par une épargne négative, c'est-à-dire par une
consommation présente supérieure au revenu présent : C1* > Y1 S < 0.
• Comme le ménage considéré ne lègue rien à ses héritiers, sa richesse doit être épuisée à
la fin de la deuxième période, c'est-à-dire qu’il ne doit avoir à la fin de sa vie ni une épargne,
ni des dettes.
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Y2
Y2
Y1 C1 Y1 C1
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Conclusion
Si nous supposons que l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu, nous
pouvons conclure que l’approche de Fisher établit une relation croissante entre la
consommation présente et la richesse (la richesse elle-même est fonction croissante des
revenus) et décroissante entre la consommation présente et le taux d’intérêt réel.
C= f(Y, r)
Avec
Dans les années 1950, Franco Modigliani va se référer aux conclusions du modèle
de Fisher de la consommation pour tenter de résoudre l’énigme de la consommation et
expliquer la contradiction entre la théorie keynésienne et les faits observés. Comme nous
l’avons vu, le modèle de Fisher suppose que la consommation d’une période dépend des
revenus de toutes les périodes. L’hypothèse que va poser Modigliani est que le revenu est
cyclique, qu’il est variable le long de la vie et que les ménages vont transférer une partie
de leurs revenus des années « grasses » vers la consommation des années « maigres ».
L’objectif de ces transferts de revenus est d’avoir une structure de consommation
relativement stable durant toute la vie. La principale raison à l’origine des fluctuations des
revenus est l’existence d’une période d’activité où les revenus sont relativement élevés, et
d’une période d’inactivité (la retraite) où les revenus sont relativement faibles, voir nuls.
Le rôle de l’épargne, dans ce cas, est de répondre au désir des ménages de ne pas voir leur
consommation baisser substantiellement durant la période de retraite. Cette incitation à
épargner va avoir des implications sur la fonction de consommation.
Pour illustrer la contribution de Modigliani, nous supposons un ménage qui dispose
d’une richesse initiale égale à Wo. Ce ménage s’attend à vivre encore n années dont e
années d’activité et (n - e) années de retraite. Il perçoit, durant la période d’activité, un
revenu annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers.
Question : quel niveau de consommation doit-il avoir pour être en mesure de « lisser
» sa consommation durant toute la durée de vie ? Pour simplifier le raisonnement, nous
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supposons que le taux d’intérêt est nul. Les ressources de ce ménages s’élèvent à : W0+eY
Sa consommation annuelle sera donc :
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Comme Modigliani et d’autres auteurs, Friedman va fonder son hypothèse sur celle de
Fisher et va élaborer un plan de consommation qui dépasse de loin la période courante. Il
va avancer les notions de revenu permanent et de consommation permanente.
La théorie du choix inter temporel montre que la richesse et le taux d’intérêt sont des
variables explicatives de la consommation. Et comme les revenus futurs ne sont pas
observables directement mais anticipés, la richesse elle-même est une notion qui sera, selon
l’approche du revenu permanent, anticipée.
. D’où :
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On aura ainsi : . La
consommation permanente est proportionnelle au revenu : et la propension
moyenne égalise la propension marginale à consommer. Le paramètre dépend du taux
d’intérêt.
Mais cette définition théorique du revenu permanent ne permet pas de l’évaluer d’une
manière empirique étant donné l’indétermination des revenus futurs et du taux d’intérêt
futur. C’est pourquoi Friedman a proposé, pour surmonter cette difficulté, une définition
empirique qui se base sur les revenus observés au présent et durant les périodes passées.
L’hypothèse de base est que les revenus courants subissent, d’année en année, des chocs
temporaires aléatoires. Le revenu courant est donc formé par deux composantes : une
composante permanente et une composante transitoire :
Le revenu permanent est la composante du revenu que les ménages s’attendent à conserver
à l’avenir. Il représente donc la partie stable du revenu. Le revenu transitoire est la
composante du revenu dont les agents ne prévoient pas le maintien à l’avenir. Il représente
la différence à court terme entre le revenu courant et le revenu permanent à long terme.
Friedman fait trois hypothèses
- Absence de corrélation entre revenu permanent et transitoire
- Absence de corrélation consommation permanente et transitoire
- Absence de corrélation entre revenu transitoire et la consommation transitoire.
L’évaluation du revenu permanent peut se faire à partir du revenu courant et des revenus
observés par le passé, les différents revenus observés étant affectés d’un point qui décline
avec le temps à mesure que croît leur éloignement dans le passé.
Si le revenu permanent est le revenu moyen, le revenu transitoire apparaît comme l’écart
aléatoire par rapport à cette moyenne. Cet écart peut être positif ou négatif selon que le
revenu courant est supérieur ou inférieur au revenu permanent. Ce dernier est une notion
continuellement ajustée dans le temps en fonction de l’évolution des revenus courants des
ménages. Il peut être estimé à partir d’un processus d’anticipations adaptatives où le revenu
permanent d’une période serait égal au revenu permanent de la période précédente qui sera
ajusté à la hausse ou à la baisse selon que le revenu transitoire est positif ou négatif.
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Le revenu permanent est donc la moyenne pondérée des revenus courants des
périodes précédentes. Les coefficients de pondération sont de plus en plus faibles au fur
et à mesure que l’on remonte dans le passé.
b. La fonction de consommation
L’idée de base de la théorie du revenu permanent est que les ménages orientent leur
consommation permanente en fonction de la partie permanente de leur revenu et adoptent
un autre comportement face à leur revenu transitoire. Quand les revenus courants
augmentent ou baissent temporairement, les ménages ne bouleversent pas complètement
leurs habitudes de consommation. S’il s’agit d’une baisse temporaire, ils puisent dans leur
épargne accumulée pour financer leurs dépenses normales de consommation ; s’il s’agit
d’une augmentation temporaire, ils consacrent à l’épargne une proportion plus élevée de
leur revenu que d’habitude.
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Dans ce paragraphe, nous comprendrons pourquoi il existe une relation négative entre
l’investissement et le taux d’intérêt, pourquoi l’investissement augmente-il pendant les
phases d’expansion.
Faisons Remarquer que : les produit de la revente et l’acquisition des valeurs mobilières
ne font pas parti des investissements. Il faut distinguer la formation brute de capital fixe
(FBCF) de l’investissement (I). En effet : I = FBCF + ΔSt (où ΔSt est la variation des
stocks).
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- L’approche de la VAN
Soit donc RN1, RN2, …, RNn, les recettes nettes attendues, ou les rendements escomptés,
par un entrepreneur qui envisage d’acheter des biens d’équipement d’une valeur I0. Soit r
le taux d’intérêt et n la durée de vie utile des équipements.
Pour décider de la faisabilité d’un projet, il faut calculer sa VAN, c'est-à-dire la différence
entre la somme des revenus actualisés et le coût d’achat des équipements :
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Ce projet ne sera considéré comme rentable et ne sera réalisé que si sa VAN est
positive. Remarquons qu’il s’agit, ici, de prévisions : prévision de la durée d’utilisation,
prévision des résultats à attendre de l’exploitation, prévision des coûts de production, ….
Ainsi, plus le taux d’intérêt est faible plus le montant des investissements est élevé
du fait qu’il y aura de plus en plus de projets rentables. L’investissement est donc une
fonction décroissante du taux d’intérêt : I = f (r) avec
Remarque :
- l’analyse keynésienne de courte période suppose que les prix sont constants, c'est-
à-dire que le taux d’inflation anticipée est nul, d’où les taux d’intérêt nominal est
réel sont égaux.
- à des niveaux très faibles du taux d’intérêt, l’investissement ne dépend plus du taux
d’intérêt, c'est-à-dire que la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt sera
nulle.
L’idée de base de cette théorie est que, plus l’output (la production) sera élevé, plus le
capital nécessaire pour le produire est important, et plus donc il faut investir.
L’investissement sera donc lié positivement aux variations de la demande anticipée.
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Le marché de travail et le marché des titres sont abordés dans le chapitre 2. Ici nous n’abordons que le marché de la
monnaie afin d’éviter une répétition
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mobilisable pour procéder à des transactions. En grande approximation, les pièces et les
billets que possède le public constituent le stock de monnaie d’un pays 2.
La quantité de monnaie disponible dans une économie donnée à un moment donné
est mesurée par la masse monétaire qui traduit l’ensemble des moyens de paiement détenus
par les agents non financiers.
Au sens le plus strict du terme, il s’agit de l’agrégat M1 qui traduit les disponibilités
monétaire et qui regroupe la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. La monnaie
fiduciaire est l’ensemble des billets (et pièces) en circulation (c'est-à-dire détenus par les
agents non financiers). Cette composante de la monnaie est appelée monnaie centrale du
fait qu’elle est émise exclusivement par la Banque Centrale. La monnaie scripturale traduit
les dépôts à vue des agents non financiers auprès du système bancaire. Cette monnaie
bancaire est mobilisable par les chèques, les ordres de virement ou les cartes de paiement.
Donc : M1 = B + DAV (où B = billets de banque et DAV = dépôts à vue)
Mais de plus en plus souvent, la masse monétaire est assimilée à l’agrégat M2 qui
tient compte aussi de la quasi-monnaie c'est-à-dire : les dépôts à terme, les comptes
spéciaux d’épargne, les certificats de dépôt et les avoirs en devises :
M2 = M1 + Quasi monnaie.
2
Gregory Mankiw (2001) Macroéconomie, p. 185
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L’offre de monnaie est certes exogène, mais elle n’est pas toujours constante. Elle
peut varier selon la politique monétaire de la Banque Centrale (institut d’émission). Une
politique monétaire expansive se traduit par une augmentation de l’offre de monnaie (Δ M
> 0) et une politique monétaire restrictive se traduit par une baisse de l’offre de monnaie
(Δ M < 0). Dans le premier cas, la droite verticale se déplace vers la gauche et inversement
pour le deuxième cas.
Les instruments de la politique monétaire 3, qui sont étudiés avec plus de détail en
cours d’économie monétaire, sont : le réescompte, l’intervention sur le marché monétaire,
le taux de réserves obligatoires et l’encadrement du crédit(le cours politique économique
revient avec des détails sur ces questions).
3
On appelle intervention sur le marché monétaire (open market), les achats et les ventes d’obligation d’Etat, par la
Banque Centrale. Les Réserves obligatoires sont des réglementations par lesquelles les banques centrales obligent les
banques commerciales à respecter un coefficient de réserves minimal. Le taux d’escompte est le taux d’intérêt que
prélève la Banque Centrale lorsqu’elle consent des prêts aux banques commerciales. Ces dernières empruntent auprès de
la banque centrale lorsque leurs réserves sont insuffisantes.
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2. La demande de monnaie
Pour saisir les déterminants de la demande de monnaie, il faut d’abord connaître les
raisons qui poussent les agents économiques non financiers à détenir de la monnaie. Ces
raisons sont en étroite relation avec les propriétés de la monnaie dont les plus importantes
sont : l’unité de compte, comme moyen de paiement, la monnaie facilite les échanges
(transactions) et en fin elle est une réserve de valeur qui permet de résoudre le problème
de non synchronisation des recettes et des dépenses.
Toutefois, la monnaie n’est pas le seul bien pouvant servir de réserve de valeur.
Certains autres biens (métaux précieux, biens immobiliers, titres financiers, ….) peuvent
constituer une réserve de valeur plus sure et plus rentable que la monnaie. Mais, bien que
le rendement nominal de la monnaie soit nul, elle constitue toujours une réserve de valeur,
vu qu’elle constitue l’actif le plus liquide et que son coût de transaction est nul.
Etant donné ces propriétés, la théorie économique retient trois motifs de détention
de la monnaie : le motif de transaction, le motif de précaution et le motif de spéculation.
a) Le motif de transaction
Ce premier motif de détention de la monnaie résulte du problème de la non
synchronisation des échanges qui se traduit par une séparation des recettes et des dépenses,
c'est-à-dire que les agents vont vendre leurs biens ou ressources contre de la monnaie, puis
ils vont étaler leurs achats d’autres biens et services dans le temps.
La quantité de monnaie demandée pour ce motif sera donc d’autant plus importante que le
volume des transactions et le Niveau Général des Prix (NGP) sont élevés. Et comme le
niveau des transactions est approximé par le PIB, alors la demande de monnaie pour motif
de transaction sera fonction croissante de la valeur de la production.
A cet effet, les auteurs néoclassiques retiennent les transactions comme seul motif
de détention de monnaie. Toutefois, chaque unité monétaire est utilisée plus qu’une fois
durant l’année. Et si nous appelons « vitesse de circulation monétaire» le nombre de fois
qu’une unité monétaire change de main durant l’année, on peut dire que plus la monnaie
circule, moins nous aurons besoin de monnaie pour les transactions. Autrement dit, il existe
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Par ailleurs, le rendement réel de la monnaie est négatif étant donné que l’inflation
réduit son pouvoir d’achat. La vitesse de circulation dépend des habitudes de paiement
d’une économie donnée à un moment donné. A titre d’exemple, cette vitesse sera plus
élevée lorsque les salaires sont payés à la semaine que lorsqu’ils sont payés au mois. De
plus, l’usage du chèque et de la carte de paiement électronique par exemple ; augmente
aussi la valeur de cette vitesse.
Cette relation est croissante car plus Y augmente, plus les besoins en monnaie pour des
fins de transaction augmente également.
b) Le motif de précaution
Outre les besoins pour effectuer les transactions courantes, les agents économiques
non financiers vont détenir une quantité supplémentaire de monnaie pour pallier aux
dépenses imprévues qui peuvent survenir dans le futur. Cette demande, qui est qualifiée de
demande de monnaie pour motif de précaution, est elle aussi fonction croissante de la
valeur de la production. Et comme sa valeur est relativement faible, elle sera confondue
avec la demande de monnaie pour motif de transaction.
c) Le motif de spéculation
L’acte de spéculation consiste à acheter des titres financiers (des obligations par
exemple) lorsque leur cours est relativement faible et que les agents s’attendent à ce qu’il
va augmenter dans le futur, en vue de les revendre lorsque leur cours augmente. Cette
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activité n’existe que parce que l’évolution future du cours des titres est incertaine de sorte
que les anticipations les concernant varient d’un agent à un autre.
Or le cours des titres est inversement proportionnel au taux de rendement des titres.
Et comme le taux de rendement des titres financiers ne peut pas s’écarter durablement et
significativement du taux d’intérêt, nous pouvons assimiler taux de rendement et taux
d’intérêt.
La préférence pour la liquidité est forte lorsque le taux d’intérêt est faible, et elle
sera faible lorsque le taux d’intérêt sera élevé. Le taux d’intérêt accru oblige les agents à
réduire la quantité de monnaie détenue par les agents.
Toutefois, lorsque le cours des titres arrivent à un niveau tellement faible de sorte
que les agents considèrent qu’il ne peut plus baisses (minimum), c'est-à-dire que le taux
d’intérêt arrive à son niveau maximum, les agents vont chercher à convertir la totalité de
leurs liquidités en titres, et la demande de monnaie de spéculation sera donc nulle. Et
lorsque le cours des titres arrive à un niveau tellement élevé de sorte que les agents
considèrent qu’il ne peut plus augmenter (maximum) c'est-à-dire que le taux d’intérêt arrive
à son niveau minimum, les agents vont chercher à convertir la totalité de leurs titres en
monnaie, et la demande de monnaie de spéculation sera donc infinie. Cette situation
d’excès de liquidité est qualifiée de trappe à liquidité.
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Les 3 premières hypothèses impliquent que les agents non financiers ne détiennent
pas d’encaisses spéculatives. La monnaie n’est donc demandée que pour le motif de
transaction (et de précaution). La fonction de demande de monnaie sera donc : Md = MT =
kPY. L’équilibre sur le marché monétaire est tel que : La solution de cet équilibre
est la relation :
Comme la vitesse de circulation est supposée constante, la relation ci-dessus permet de
déterminer, pour un niveau d’offre de monnaie constant, le Niveau générale des prix. Nous
remarquons que la relation entre P et Y est décroissante comme l’indique le graphique ci-
dessous.
Y1
Y2
P1 P2 P
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Y1
P1 P2
2. L’approche keynésienne
L’approche keynésienne tient compte des trois motifs de détention de la monnaie
de sorte que : Md = MT + MS.
Et parce que la théorie keynésienne de courte période suppose que le taux
d’inflation anticipée est nul, c'est-à-dire que le niveau des prix est constant, l’analyse en
termes nominaux se confond avec celle en termes réel.
Pour simplifier notre réflexion, supposons donc que NGP = 1(dans la vision
keynésienne nous partons de l’hypothèse que les prix sont rigides, c’est pourquoi le NGP
est fixé à 1. Sous ces hypothèses :
Trappe à liquidité
Rmax
Rmin
Md
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Rmax
R0
R1
R2
Rmin
Md
Pour une offre de monnaie M0, le taux d’intérêt est : r0 pour Y = Y0, R1 pour Y =
Y1 et R2 pour Y = Y2. ; et comme : Y2 > Y1 > Y0 alors R2 > R1 > R0. Par ailleurs, toute
augmentation de l’offre de monnaie implique au contraire une baisse du taux d’intérêt. En
effet, pour un niveau de production donné, la politique monétaire expansive correspond à
une injection de monnaie par la Banque Centrale. Cette dernière va demander en
contrepartie des titres. La demande de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par
une augmentation du cours des titres, et par conséquent par une baisse du taux d’intérêt.
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rmax
r0
r1
r2
rmin
Md
Le modèle classique que nous allons présenter relève d’une vision de l’équilibre de
court terme dans laquelle les offres et les demandes des marchés des bien, du travail, de la
monnaie et des titres s’ajustent par les prix, et où le jeu concurrentiel des marchés conduit
à la fois au plein – emploi du travail et à la pleine utilisation des capacités de production.
Le discours macroéconomique n’a dans ce cadre comme seule spécificité que de s’appuyer
sur une méthode de raisonnement par agrégation.
Trois idées majeures (une conception générale et deux idées) sont à la base de la
théorie classique :
1) La conception générale consiste à analyser les économies contemporaines comme
des économistes de marché, ayant une capacité spontanée à s’autoréguler. La
coordination se fait par le marché et les prix sont parfaitement flexibles (cfr la main
invisible de A. Smith).
2) La loi des débouchés (ou loi de Say), qui exprime que l’offre (globale) crée toujours
sa propre demande, de sorte que l’économie ne peut jamais connaître de crise de
surproduction (version faible). Associée à l’hypothèse de flexibilité des prix et
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d’ajustement des marchés, elle garantit que le niveau d’activité sera en outre
toujours maximal (version forte). Cette loi n’est donc que l’expression de la vision
classique de l’équilibre. Sa validité repose sur le rôle subordonné conféré à la
monnaie. C’est ce qu’exprime la dernière idée.
3) La théorie quantitative de la monnaie, selon laquelle la monnaie n’a pas d’effets
réels, mais affecte seulement le niveau général des prix (NGP), repose, sur le fond,
sur l’idée que la monnaie n’est pas demandée pour elle – même (le seul motif de
« demande de monnaie » est celui que Keynes identifiera sous le nom de « motif de
transaction » ; il en découle la constante de la vitesse de circulation de la monnaie).
Elle est donc la voie traditionnelle d’intégration de la monnaie à une théorie
« réelle » de l’économie de marché.
Au total, selon cette approche, le niveau d’activité, pour peu qu’on accepte de
laisser fonctionner librement les marchés, sera toujours optimal, et cela en particulier parce
que la monnaie n’a aucun rôle spécifique à jouer en dehors de celui d’instrument technique
destiné à faciliter l’occurrence des échanges. Pour ces auteurs, le plein emploi est l’état
normal des affaires. Les politiques économiques ne sont pas les bienvenues.
La théorie présentée est en effet, une théorie réelle de l’ajustement par les marchés
du travail et du capital. Ainsi, on suppose ce qui suit :
1) Tous les agents économiques sont rationnels et ont pour objectif de maximiser leur
profit ou leur utilité ; en outre, ils ne souffrent pas d’illusion monétaire ;
2) Tous les marchés sont en concurrence pure et parfaite, et les agents établissent leurs
plans optimaux « prenant » les prix comme donnés, lesquels sont parfaitement
flexibles ;
3) Les agents ont une parfaite connaissance des conditions de marché et des prix avant
de s’engager dans l’échange. Les échanges se réalisent lorsque les prix d’équilibre
sont obtenus sur tous les marchés. Ainsi il n’existe pas d’échanges à des prix faux
(fiction du marché walrasien);
4) Les anticipations des agents son stables.
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LA LOI DE WALRAS
Sur les quatre macro– marchés envisageables a priori, on ne s’intéresse qu’aux trois
macro – marchés suivant : marchés du travail, des titres et de la monnaie, ceci en raison de
la loi de Walras qui s’applique et exprime l’idée que les marchés ne sont pas indépendants.
Pour notre propos, la conséquence essentielle de la loi de Walras est la suivante : il est
impossible qu’un équilibre soit établi sur le marché des biens et des titres, sans qu’il soit
également réalisé sur le marché du travail. En d’autres termes, un déséquilibre restreint
au seul marché du travail est inconcevable : il ne peut pas y avoir de situation d’équilibre
avec chômage involontaire (la somme des valeurs des demandes excédentaires serait alors
non nulle, ce qui violerait la loi de Walras)
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Cette structure résulte elle aussi du principe d’analyse adopté par les classiques :
envisager le fonctionnement économique comme le produit du comportement d’agents
individuels supposés tous parfaitement rationnels. Dans ces conditions, le comportement
des agents va avoir pour arguments, non pas les valeurs nominales, en particulier pas les
prix nominaux (salaire, prix et taux d’intérêt nominal), mais les valeurs réelles, c'est-à-dire
les quantités (en volume) et les prix relatifs (salaire réel et taux d’intérêt réel).
4
Nous avons déjà présenté le marché du travail dans le chapitre précédent et nous avons déterminé, selon
l’approché classique, l’équilibre sur le marché de la monnaie..
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Taux
de
salaire
réel
(w/p)*
Niveau d’emploi
Salaire réel (w/p) et niveau de l’emploi (N) sont déterminés simultanément par
l’action symétrique d’une offre de travail dépendant positivement du salaire réel et d’une
demande de travail dépendant négativement du travail réel.
Il faut donc expliquer une fonction d’offre et une fonction de demande de travail,
qui dépendent toutes deux du salaire réel (w/p) (prix de la « marchandise » échangée). Une
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On suppose que le marché des produits est un marché concurrentiel : les prix des
biens, en particulier, s’imposent aux entreprises.
Sur cette situation de concurrence pure et parfaite les entreprises ne peuvent pas
augmenter les profits en augmentant les prix, l’entreprise va donc chercher la quantité de
travail qui lui permet de maximiser, pour chaque niveau de salaire réel, son profit. Son
problème de maximisation est donc donné par :
Ce qui donne
Condition de premier ordre(cpo) :
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des prix augmentent dans une même proportion, les ménages ne modifient pas leur
offre de travail).
La quantité offerte de travail est réputée alors dépendre des préférences des
ménages pour la consommation et le loisir, qui fournissent tous deux de l’utilité. Mais, pour
consommer, il faut diminuer son temps de loisir : le travail, source des revenus à
consommer, est donc source de désutilité. Pour le dire autrement, l’offre de travail est le
résultat d’un arbitrage entre consommation (est donc travail) et loisirs, et le problème de
maximisation du ménage représentatif prend la forme suivante :
où N0 est le temps total disponible et donc (N0 - N+) est le temps de loisir demandé.
L’offre de travail est, sur cette base, une fonction croissante du taux de salaire réel.
Si le salaire réel augmente, cela rend le loisir plus cher (hausse du coût d’opportunité), et
doit donc provoquer une hausse de l’offre de travail (effet de substitution). Cependant, cette
hausse du taux de salaire réel a aussi pour conséquence d’induire une meilleure
rémunération des heures déjà effectuées, et donc, par un effet-revenu, peut amener une
augmentation de la demande de loisirs (diminution de l’offre de travail), si le loisir est un
bien normal. Le modèle classique suppose en général que l’effet de substitution l’emporte
sur l’effet revenu : si tel est le cas, l’offre de travail est donc, bien croissante avec le niveau
du taux de salaire réel.
Finalement, on a :
- L'EQUILIBRE
On suppose un univers concurrentiel, c'est-à-dire un univers dans lequel chaque
agent cherche à rendre optimale sa situation individuelle pour un couple (p, w)
paramétriquement fixé : chacun s'adapte donc par les seules quantités (on va de w/p vers
N+ et N-).
Finalement, comme indiqué sur la figure 2.2, la pression exercée symétriquernent
sur le marché du travail par les fonctions d'offre et de demande de travail établissent un
équilibre pour un taux de salaire réel w/p et un niveau d'emploi (N*), équilibre (point E sur
la figure 2.2) qui est en outre supposé compatible avec l'équilibre général de marchés
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Niveau d’emploi
- LA STABILITE DE L'EQUILIBRE
Notons qu'à ce point est introduite une hypothèse fondamentale concernant la
stabilité de l'équilibre. Une chose est en effet de prouver que, pour une économie donnée
(caractérisée par des dotations initiales, un système de préférences, des contraintes
techniques), un équilibre existe (ici un équilibre entre offre et demande de travail) et qu'il
est unique". Une autre est d'expliquer comment cet équilibre émerge des relations
décentralisées d'échange entre les agents. Pour résoudre ce problème, la théorie
néoclassique suppose l'existence d'un mécanisme distinct de l'échange personnifié depuis
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Ces conditions impliquent que, sous l'effet des variations de prix (réels), ici sous
l’effet des variations de taux de salaire (réel), variations induites par les déséquilibres de
marché, l'équilibre doit se réaliser (il est Il stable» au sens général du terme). On a donc N +
= N- : le plein-emploi est spontanément réalisé par les comportements rationnels en
économie de marché; mais ce résultat n’est pas démontré: il s'agit davantage d'un acte de
foi dans la capacité de régulation du système capitaliste, présenté comme système de
marché.
En effet, pour les classiques, le marché du travail fixe (N) (= N + = N-) et (w/p) (et
non pas w et p). Par conséquent le niveau de production (Q+ = F(N) se déduit de l'équilibre
du marché du travail. La stabilité de l'équilibre du marché du travail exige tout
particulièrement que face à une baisse du salaire réel, les firmes acceptent d'augmenter leur
demande de travail. Cela implique que la maximisation du profit des firmes ne dépend que
de l'égalisation entre salaire réel et productivité marginale physique du travail (c'est-à-dire
d'une contrainte de rentabilité de la demande de travail, d'une contrainte d'offre), et donc
pas d'une autre contrainte. La vision classique du marché du travail présuppose donc
l'adhésion à la loi de Say: les firmes ne subissent jamais de contrainte de demande (on
exclut toute crise de surproduction), et peuvent donc toujours pousser l'emploi (et la
production), pour peu que le salaire réel baisse (figure 2.3).
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Offre de
travail :
Demande de travail
w/P Niveau d’emploi
Fonction de production
Q Q=F(N)
Niveau d’emploi
N
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futures attendues de cet investissement, soit: p.Bt+1, …p.Bt+n. Après actualisation (le taux
d'intérêt réel r servant de facteur d'actualisation), cela donne:
r* Offre de titres
(Demande de fonds prêtables)
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Les variations du taux d'intérêt réel assurent l'équilibre entre l'offre de titres
(dépendant des décisions d'investissement) et la demande des titres (résultant de l'arbitrage
consommation présente/consommation future des ménages).
De cette manière, l'épargne (financière) est toujours égale à l'investissement: par
conséquent, selon la conception classique, toute épargne étant nécessairement réinvestie,
l'épargne est bien un phénomène économique vertueux. En particulier, à court terme,
l'épargne ne conduit pas à une réduction du niveau d’activité et d'emploi: ceux-ci sont
déterminés sur le marché du travail et à partir des conditions techniques de production
(technologie, état des capacités de production ...).
Les contraintes à l'emploi et à la production sont du côté de l'offre, et l’épargne
n’introduit pas de contrainte de demande : elle consiste à réduire une dépense de
consommation pour augmenter, via les ajustements sur le marché du capital (des titres),
une dépense d'investissement. Le niveau de dépense est inchangé : c'est sa structure qui a
été modifiée. Ainsi, le marché des titres, dans un modèle classique de court terme, n'a pas
d'influence sur le niveau de la production: il en détermine la structure. Une hausse
d'épargne conduit à réorienter les dépenses et l'activité vers le secteur.des biens
d'investissement et à réduire la production de biens de consommation.
Ainsi, sur la figure 2.5, une hausse ex ante d'épargne des ménages (déplacement
vers la droite de la tourbe de demande de titres: à tout niveau d'intérêt les ménages
souhaitent épargner davantage) conduit à une baisse du taux d'intérêt d'équilibre (de ro à r1)
qui stimule l'investissement. La hausse ex post d'épargne (de demande de titres) est égale à
la hausse d'investissement (offre de titres) : cette hausse compense exactement la baisse de
consommation (seul le partage consommation/investissement a été modifié). L'épargne
n'est donc pas une réduction de demande globale, mais une réorientation vers une dépense
qui sera bénéfique à long terme puisque l'accumulation du capital nourrira la croissance.
Loin d'être une contrainte à la croissance et à l'emploi, elle en est, à long terme, une
condition.
On comprend donc que cette vision classique du marché des titres (de l'équilibre
épargne/investissement) est essentielle à la foi dans la loi de Say: il n'y a jamais de fuite
dans le circuit des revenus, et donc jamais de contrainte de demande parce que tout revenu
non dépensé (en consommation), c'est-à-dire épargné, fait nécessairement place à une autre
dépense d'investissement. L'offre globale, qui génère une contrepartie en revenus qui est
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1) La version primitive a été mise définitivement forme par Irving Fisher (1911), et se
veut une théorie explicative du niveau général des prix par l’offre de monnaie. Elle s'écrit:
où la masse monétaire est exogène (c'est le cas dans toute la tradition classique), v est un
paramètre et Q est déterminée préalablement par le secteur réel indépendamment de M.
La signification de l'équation est alors celle-ci: p s'ajuste de manière à réaliser
l'identité des échanges; la variable explicative des variations de p est , c'est-à-dire une
variable exogène. Son interprétation normative est que toute variation de l'offre de
monnaie est sans effet sur les grandeurs réelles (déjà déterminées), mais cause des
perturbations nominales sous la forme d'inflation du niveau général des prix.
2) La deuxième version est celle correspondant à « l'équation de Cambridge» et est
principalement due à Alfred Marshall. Elle sert à déterminer, non les prix, mais les besoins
de monnaie pour « motif de transaction », c'est-à-dire la demande d'encaisses monétaires,
Au lieu de prendre en compte un paramètre « vitesse de circulation de la monnaie », on
raisonne alors sur un coefficient, lui aussi paramètre, mesurant la part de la richesse qui
doit être conservée sous une forme monétaire pour assurer les échanges. En fait, ce
paramètre, k, est logiquement égal à l'inverse de la vitesse de circulation de la monnaie.
L'équation de Cambridge s'écrit alors:
M- = k.p.Q
Notons tout de suite qu'une troisième version sera proposée ultérieurement par
Milton Friedman. Elle a pour objet, également, de déterminer une demande de monnaie.
Mais dans cette formulation « monétariste », v ou k ne constituent plus des paramètres fixés
a priori (ce qui, nous le verrons, avait été mis en cause par les conceptions keynésiennes),
mais constituent des variables exprimant, précisément, les comportements de demande de
monnaie.
La théorie de Friedman aura alors pour objet de montrer que la demande de
monnaie, précisément, est stable", et donc d'expliquer pourquoi k ou v apparaissent comme
des constantes, ce qui est posé, sans justification, dans les versions précédentes: k et v
n'apparaissent alors plus comme des données sociotechniques, mais expriment la
préférence stable des agents pour la détention de monnaie.
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L'idée à l’origine de cette spécification (idée qui sera réfutée par Keynes) est que
personne ne détient de la monnaie pour le plaisir de détenir de la monnaie (il n’ya pas de
« préférence pour la liquidité ») : puisque l'individu est rationnel, il peut prêter cette
monnaie et percevoir un intérêt, tandis qu'il n'existe aucune utilité à la détention de monnaie
(à la thésaurisation),
Notons aussi, encore une fois, le rapport de cette théorie de la demande de monnaie
fondée sur la théorie quantitative avec la loi de Say. S'il n'existe aucune thésaurisation,
toute l'épargne sur les revenus est nécessairement investie (il n'y a pas de « fuite»
[définitive] dans le circuit des revenus et des dépenses). Par conséquent, une baisse de la
consommation ne conduit pas à une contraction de la demande globale (des débouchés),
mais simplement à une allocation différente du produit global: celle-ci a été modifiée, mais
le niveau des grandeurs (du produit, de l'emploi) demeure inchangé et optimal (le niveau
de l'emploi est déterminé par ajustement des comportements individuels sur le marché du
travail et correspond à une situation de plein emploi, au sens entendu plus haut; le niveau
de produit global s'en déduit mécaniquement par la fonction de production).
C'est en ce sens, que, sous ces conditions, « toute offre crée sa propre demande» :
une hausse de l'offre globale induit une hausse des revenus; même si toute cette hausse
n'est pas répercutée dans une hausse de la demande de consommation (une partie des
revenus supplémentaires est épargnée, car, pour employer des termes keynésiens, la
propension marginale à consommer est inférieure à 1), la partie non consommée se
retrouvera finalement prêtée et investie, et, in fine, la hausse de demande équivaudra à la
hausse initiale de l'offre. Encore une fois, cette démonstration repose de manière cruciale
sur l'hypothèse que les agents ne thésaurisent jamais leur épargne.
Au total, on comprend que « loi de Say», « théorie quantitative de la monnaie » et
représentation classique du marché du capital (on parle à ce propos de « tradition Turgot /
Smith ») expriment une seule et même conception du fonctionnement global de l'économie,
qui relève d'une approche réelle (de la monnaie et du taux de l'intérêt) et dichotomique, et
conduit à affirmer l'optimalité de l'économie capitaliste (en particulier le respect, par elle,
de la condition d'abondance et de plein-emploi des forces productives).
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- OFFRE DE MONNAIE
Il est, comme dans toute la tradition classique, considérée comme exogène et sous
le contrôle exclusif des autorités monétaires: M+ = Mo + ∆M+ (offre monnaie =encaisse
initiale + variation de l'offre de monnaie dans la période. La création monétaire est
exclusivement associée, au financement monétaire du déficit public.
Niveau de produit
global
NGP
P
Remarquons que l'équation d'équilibre sur le marché de la monnaie n'a de sens que
si Q est interprétée comme le niveau des échanges effectivement réalisé. Or, le marché du
travail donne logiquement Q: et non pas Q. On doit donc supposer implicitement une règle
de formation de l'équilibre sur le marché des biens (que pourtant le modèle classique choisit
de traiter comme « dernier » marché dans le cadre de la loi de Walras) telle que Q + = Q.
En dehors de l'aspect relativement contradictoire de cette référence implicite au marché des
biens, notons que cela revient à mettre une nouvelle fois en évidence le lien fort entre loi
de Say (qui, précisément, assure que Q+=Q : le niveau offert est automatiquement celui qui
sera échangé, car il y a absence de contraintes des débouchés) et théorie quantitative de la
monnaie.
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(3)
(4)
Marché des titres
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Marché de la monnaie
Le système est déterminé si l'on admet de bonnes propriétés sur les fonctions a
priori non linéaires introduites avec la partie théorique.
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Au total, le modèle classique, avec loi de Say, flexibilité des prix, des salaires et du
taux de l'intérêt, peut connaître des variations de la structure de la demande, sans déficience
globale quant à son niveau. Pour autant, cela ne demeure vrai que sous l'hypothèse
d'absence de préférence pour la liquidité (acceptation de la théorie quantitative) et de la
représentation classique du marché du capital.
w/p r
N
N*
Q*
Q*
N* N Q
Q*
Fonction de production
P
Marché de
la monnaie
P*
Q
Q*
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la monnaie est un voile qui donne une apparence monétaire aux grandeurs déterminées
dans le secteur « réel » (quantités d équilibre et prix relatifs).
- LA PROPRIETE D'OPTIMALITE
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n'aura a priori d'effet que sur les grandeurs nominales, mais aucun effet sur les grandeurs
réelles.
Mais l'intervention publique aura comme autre défaut de se substituer par un « effet
d'éviction» à l'intervention privée. Au total, la politique économique apparaîtra comme
inutile (l'équilibre général est optimum), illégitime (l'équilibre résulte des choix
microéconomiques rationnels des agents: vouloir le modifier consiste à vouloir aller à
l'encontre des choix privés volontaires), inefficace'(1es politiques économiques, du fait de
la structure dichotomique du modèle, seront réputées n'avoir aucun effet sur les grandeurs
réelles) et perturbatrice (en créant des perturbations nominales [inflation] et/ou en évinçant
l'initiative privée).
- LA POLITIQUE ECONOMIQUE: INEFFICACITE ET EFFET D'EVICTION
Politique budgétaire
Supposons une augmentation ex ante des dépenses publiques. Si ces dépenses sont
financées par l'impôt, le déficit budgétaire demeure inchangé, et donc le montant d'offre de
monnaie, la politique financière de l'État. Il n'y a donc aucun effet sur le marché de la
monnaie, ni sur le marché des titres.
Par ailleurs, il n'y a pas d'effet sur le marché du travail (l'équilibre n'est pas perturbé
puisque le niveau de salaire réel est inchangé), et donc le niveau d'emploi (N) et le niveau
de produit réel demeurent inchangés. Finalement, on comprend que, puisque les dépenses
publiques ont progressé et que le niveau de produit global est demeuré inchangé, c'est que
la dépense privée a dû se réduire.
Si l'on suppose à présent que l'augmentation de dépenses publiques est financée par
la création monétaire, c'est-à-dire à fiscalité (et éventuellement politique financière)
inchangée(s), l'équilibre sur le marché de la monnaie est perturbé: l'offre de monnaie
augmente, ce qui, toutes choses égales par ailleurs, augmente le niveau général des prix
(inflation). Cela conduit à une baisse du salaire réel sur le marché du travail, qui réduit
l'offre de travail: l'équilibre est restauré par une élévation du salaire nominal, et les niveaux
d'emploi, de salaire réel et de production retrouvent leurs niveaux initiaux.
De la même manière, l'équilibre initial sur le marché des titres est restauré par une
élévation du taux d'intérêt nominal proportionnelle à la hausse des prix. Le niveau de
production est inchangé et les dépenses publiques augmentent: il y a donc à nouveau effet
d'éviction, qui passe cette fois encore par une baisse de la consommation des ménages. En
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marchés: la seule politique souhaitable est celle qui laisse les marchés libres de fonctionner,
en leur assurant la flexibilité maximale: les prix, en particulier, doivent s'ajuster à la hausse
comme à la baisse. Par ailleurs, L'État doit s'efforcer d'avoir la gestion monétaire (et donc
ici, corollairement, la gestion publique) la plus rigoureuse possible de manière à contrôler
j'inflation.
Politique monétaire
La politique monétaire n’est indépendante de la politique budgétaire que si l'on
réintroduit la politique financière de l’Etat (dans le cas contraire, l’offre de monnaie est la
contrepartie du déficit budgétaire, et est donc dépendante de la politique budgétaire et
fiscale). On peut alors parler de politique monétaire « pure» : une politique monétaire
expansionniste (respectivement, restrictive) va consister, à déficit budgétaire inchangé, à
accroître (resp., à réduire) l'offre de monnaie, en réduisant (resp., en augmentant) à due
proportion d’endettement de l’Etat ( c’est la structure de financement du déficit budgétaire
qui se modifie : la banque centrale acquiert (resp., vend) sur le marché des titres publics
contre monnaie, ce qui réduit (resp., augmente) l’endettement consolidé des
administrations auprès des agents privés, et accroît (resp., réduit) la circulation monétaire.
On parle de politique « d’open market ».
L'effet d'une politique monétaire expansionniste sera donc d’accroître la masse
monétaire en circulation, et donc de générer une élévation du niveau général des prix, et
d'induire, au terme des ajustements de marché, une inflation proportionnelle de toutes les
variables nominales.
La réduction de l’offre de titres publics, qui est la contrepartie d’une telle politique,
conduit à une baisse du taux d'intérêt « réel" (la baisse du taux nominal est plus importante,
en valeur absolue, que l'élévation du niveau général des prix), qui réduit l'épargne
financière des ménages et augmente l’investissement des entreprises. Finalement, la
politique monétaire suscite une modification de la structure de la dépense privée, à niveaux
de production et de dépense publique inchangés: la hausse de l'investissement privé
compense la baisse de la consommation (due à l'accroissement de l'encaisse monétaire). La
politique monétaire peut être de ce point de vue, si l’on met de côté ses conséquences
inflationnistes, et au regard des canons classiques, une politique vertueuse, en favorisant
l’accumulation du capital :
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Après avoir trouvé trace d'une telle réfutation chez les physiocrates, on la retrouve
chez Marx, Malthus et Sismondi au XIX' siècle. Mais il faudra attendre Keynes pour
aboutir à une formulation de « l'économie monétaire de production » possédant la même
cohérence que la théorie classique de « l'économie réelle d'échanges ", et susceptible dès
lors de décrire une économie de « surproduction» et de sous-emploi.
wr Ld L0
L* L
wr Ld L0
L* L
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L0
w
w0
LP L0
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Ld
w L0
Chômage Chômage
involontaire
volontaire
L* LP L
Y*
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1. Le Modèle keynésien
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Nous avons une relation entre le revenu, les dépenses publiques et le taux d’intérêt.
La dénomination IS fait référence à l’équilibre entre épargne et investissement. Les
entreprises n’épargnant pas, l’épargne privée correspond à celle réalisée par les ménages
5
La loi des débouchés (loi de Say n’est plus vérifiée ici.
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Avec A=C0+I0+G-cT. Le revenu compatible avec l’équilibre sur le marché des biens et
services est une fonction décroissante du taux d’intérêt puisque un accroissement du taux
d’intérêt entraine une diminution de revenu de l’ordre de: . Si le taux d’intérêt
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IS
Y
B. Le marché monétaire et la courbe LM
L’équilibre sur le marché de la monnaie établit l’égalité entre la masse monétaire
et le stock de monnaie détenue par les ménages. Si MO est le stock de monnaie en début
de période et ∆M la création monétaire, alors on a : M= MO+∆M. nous savons par ailleurs
La relation entre le taux d’intérêt et le revenu est croissante. Lorsque le revenu s’accroît, la
demande de monnaie augmente du fait du motif de transaction et de précaution que nous
avons évoqué précédemment. Les ménages vendent leur titres financiers, ce qui fait
diminuer leur cours, et accroit le taux d’intérêt, ce qui fait retourner à l’équilibre sur le
marché des capitaux.
Equilibre macroéconomique
L’équilibre macroéconomique est défini par le système d’équation IS et LM. Le
revenu et le taux d’intérêt d’équilibre égalisent l’offre et la demande simultanée sur le
marché des biens et de la monnaie. Par substitution on obtient la solution suivante :
(1) et (1)
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r*
y*
La solution proposée par le modèle IS-LM permet d’indiquer que rien ne garantit
que l’équilibre coïncide avec l’équilibre de plein emploi. Aucune force de régulation ne
pousse Y à s’accroître pour atteindre le revenu YPE. Seules les politiques de demande
permettent d’atteindre ce niveau. Envisageons à présent l’efficacité des politiques de
demande.
POLITIQUES ECONOMIQUES
L’Etat peut agir sur certaines variables pour stimuler l’activité économique. Les
variables sous son contrôle sont notamment G, T, l’endettement public et la masse
monétaire.
a. politique budgétaire
Une politique budgétaire, financée par emprunt public (on creuse le déficit
budgétaire) induit les mécanismes suivants: à taux d'intérêt donné, la demande globale
augmente, ce qui accroît le produit global et les revenus (à niveau général des prix donné).
Il en résulte une hausse de la consommation (dans une mesure indiquée par la valeur
de la propension marginale à consommer), finalement, il y a un effet multiplicateur : le
niveau de produit global augmente davantage que le niveau de dépenses publiques (car les
dépenses de consommation viennent relayer l’impact initial de la hausse des dépenses
publiques), On a :
où (c) est la propension marginale à consommer ( c = dC/dy). Cet effet en volume est
représenté graphiquement ci dessous par le déplacement de A en B (translation de la courbe
IS vers la droite') : la nouvelle courbe IS est paramétrée par un niveau différent des
dépenses publiques).
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Mais, dans le cas général, les taux d’intérêt ne restent pas insensibles:
l'accroissement du revenu augmente la demande d’encaisses actives. A masse monétaire
inchangée, l'équilibre sur le marché de la monnaie est restauré par une augmentation du
taux de l'intérêt (prix de la renonciation à la liquidité) qui autorise une baisse de la demande
d'encaisses oisives. Les ménages achètent donc davantage de titres financiers, ceux-là
même émis par l’'Etat pour financer son déficit budgétaire, L'élévation des taux d'intérêt
pénalise l'investissement : il y a éviction de l'investissement privé par la dépense publique,
dont l'importance dépend de l'élasticité de la demande d'encaisses actives aux variations du
revenu (LY), de l'élasticité de la demande d'encaisse oisives au taux de l'intérêt (Li) (moins
celle-ci sera élevée, plus il faudra que les taux augmentent pour rétablir l'équilibre sur le
marché de la monnaie), et de celle de l'investissement aux variations du taux de l'intérêt
(Li). On a donc apparition d'un frein financier qui réduit l'expansion (le niveau final de
produit sera Y1 et non Y2 et le multiplicateur de la politique budgétaire devient:
r1 C
r2 B
Y0 Y1 y2
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En revanche, l’efficacité est minimale dans tous les autres cas, et en particulier dans
le cas où l’élasticité de la demande de monnaie au taux de l’intérêt est nulle (Li = 0: LM
verticale) : on est alors ramené au cas « classique », et la politique budgétaire provoque un
effet d’éviction total : les taux d'intérêt s'élèvent, mais le niveau de produit reste inchangé
(on est au maximum de revenu finançable : c'est l’équation de LM qui détermine Y, et le
taux d'intérêt équilibre le marché des titres (ou le marché des biens) : la position de IS
détermine le niveau de taux).
Notons enfin qu'un moyen d'annuler le frein financier est de financer: le déficit
budgétaire par un accroissement de l'offre de monnaie, et non plus par emprunt, On
accompagne alors la politique budgétaire d'une politique monétaire « accommodante », qui
satisfait l'élévation de la demande d'encaisses actives sans jouer sur les taux de l'intérêt
(Policy mix)
Au contraire, une expansion des dépenses publiques financée par l'impôt (politique
budgétaire à budget équilibré) est d'une efficacité limitée sur le niveau d'activité, puisque
la hausse des taxes vient réduire le revenu disponible et réduit la consommation: un frein
fiscal s'ajoute alors au frein financier pour réduire l'expansion, On démontre que le
'multiplicateur est alors égal à 1 (théorème de Haavelmo).
b. Politique monétaire
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différentiel de taux d'intérêt entre les pays domestique et étranger. Elle implique
donc la relation de parité des taux d’intérêt : r=r*.
La parité des pouvoirs d'achat n’est pas vérifiée : si E est le taux de change coté à
l’incertain et P* le niveau général des prix étrangers, alors EP* .
2. Le marché des biens et services et la courbe IS
Le modèle décrit le marché des biens et services en terme très proche du modèle
IS-LM classique6, mais on y ajoute les exportations nettes. Ceci donne l’équation suivante :
Y= C+I(r*)+G+NX(e) avec NX =X-M
La production agrégée est la somme des consommations des ménages, des entreprises,
de l’Etat donc des entreprises publiques et des exportations nettes.
L’investissement est une fonction du taux d’intérêt r lequel est égal au taux d’intérêt
mondial. Les exportations nettes sont une fonction décroissante du taux d’échange défini
comme la quantité de monnaie étrangère par unité de monnaie nationale. Nous supposons
ici que les prix sont constants. Le taux de change nominal est égal au taux de change réel.
L graphique montre qu’une hausse de taux de change entraîne une baisse des exportations
nettes, composante de la demande globale. Cela induit une baisse de DG entrainant une
baisse de revenu. La courbe IS* décrit la relation entre le taux de change e et le revenu.
L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt r qui est égal au
taux d’intérêt mondial. Les exportations nettes quant à elles, sont une fonction décroissante
du taux de change e défini comme la quantité des devises étrangères par unité de monnaie
nationale.
Si e est le taux de change nominal, le taux d’intérêt réel sera donné par £=e.P/P*,
avec p le niveau de prix intérieur et P* le prix mondial (RDM)
Comme on suppose que les prix sont constants, le taux de change réel est
proportionnel au taux de change nominal dans ce modèle. Par exemple : si le CDF (francs
6
Les hypothèses relatives aux comportements de consommation, d’investissement, de
demande de monnaie, de dépenses publiques et de taxation sont identiques que ceux du modèle
IS-LM traditionnel.
Les deux composantes de la balance courantes sont en outre les exportations et les
importations et la balance globale est la somme de la BC et la balance des capitaux. Le solde
de la balance courante est fonction du revenu domestique, du revenu étranger et du taux
d’échange réel.
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LM
e LMx
Y
Y*
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LM
e*
IS
Y
3. Petite économie ouverte en régime de change flottant
Le système de change flottant est le plus répandu dans le monde. Dans ce régime le
taux d’intérêt peut librement s’ajuster en réaction aux variations des conditions
économiques. C’est la loi de l’offre et de la demande qui détermine le taux d’intérêt dans
ce système. Nous analysons ci-dessous les effets de politique monétaire et budgétaire.
a. La politique budgétaire
La politique budgétaire expansionniste déplace IS* vers la droite, le taux de change
augmente mais le niveau de revenu reste inchangé.
Figure 3.6. Politique budgétaire en économie ouverte
e
LM*
e2
IS*2
e1
IS*1
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
68
LM1 * LM2 *
e1
e2
IS*
Y
Y1 Y2
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
69
c. Politique commerciale
Imaginons que le gouvernement mette en place une politique de réduction des
importations. Cette politique entraîne une augmentation des exportations nettes. Comme
conséquence : la courbe IS se déplace vers la droite. Comme la courbe LM est verticale,
cette restriction accroît le taux de change sans modifier le revenu.
LM*
e1
IS*
e2
IS*1
Y
Y1
Il apparaît donc que les politiques commerciales déclarées et qui ont pour but de modifier
la balance commerciale n’y parviennent toujours pas.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
70
a. Politique budgétaire
Une expansion budgétaire, comme nous le savons, déplace IS* vers la droite et
pousse le taux de change à s’élever.
LM1 LM2
1F=600$
1F=500$ e
IS*1
Y1 Y2
Mais comme la BC est prête à acheter les devises intérieures et extérieures au taux
fixe, les arbitragistes réagissent promptement à la hausse du taux de change en vendant à
la BC les devises étrangères ; comme le montre le graphique ci-dessus, ce qui induit une
expansion monétaire et LM* se déplace vers la droite et le revenu augmente de Y1 à Y2.
b. Politique monétaire
Graphique
LM*2
LM*2
1F=50$ e1
1F=30$ e2
IS*
Y Y
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
71
Une expansion monétaire déplace LM* vers la droite, ce qui réduit le taux de
change (e1-e2). Mais comme la BC s’est engagée à vendre et à acheter les devises à un
taux fixé, les arbitragistes ne traînent pas à lui vendre la devise intérieure. Ce qui ramène
l’offre de monnaie et la courbe LM à sa position initiale. Cette politique n’a aucun impact
sur le revenu. Cependant, on peut dans ce système, recours aux politiques de réévaluation
et de dévaluation.
La dévaluation déplace LM* vers la droite accroît NX, ce qui croît le revenu
agrégé ; tandis que la réévaluation déplace LM* vers la gauche et diminue les exportations.
La différence entre dévaluation, réévaluation et appréciation, dépréciation de la
monnaie est que les premiers résultent d’une décision d’autorité politique alors que les
deuxièmes des conditions des marchés7.
c. Politique commerciale
Une restriction des échanges déplace IS* vers la droite. Ce déplacement a tendance
à accroître le taux de change, mais pour maintenir celui-ci inchangé l’offre de monnaie doit
augmenter, ce qui déplace LM* vers la droite et le revenu augmente.
7
L’inflation et la déflation résultent des conditions économiques mais la dévaluation
économiques
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
72
Nous avons supposé jusqu’ici que r=r*. Cependant, le taux d’intérêt varie d’un pays à
l’autre. Deux raisons explique cette situation
- Le risque-pays
- Les anticipations de change
En effet, dans le de la petite économie ouverte r est déterminé par r*. On se referait
à la loi du prix unique(LPU). Selon cette loi, si le r était > r* les pays étrangers prêteraient
au pays concerné poussant son taux à la baisse.
A l’inverse, si r>r*, les individus du pays du pays concernés prêteraient à l’étranger
pour y obtenir un revenu plus élevé. Ceci pousserait r à la hausse ; mais cette logique ne
s’applique pour les raisons sus évoquées. Le risque-pays est fonction de la stabilité
politique et économique quand les investisseurs attendent des où ils placent leur argent.
Plus ses conditions sont favorables plus ils sont surs de récupérer leurs mises et les intérêts
que celle-ci produisent et en conséquence la prime de risque qu’ils demandent sera faible.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
73
LM1 LM2*
IS IS*
Y1 Y2 Y
Ces 2 déplacements provoquent par ailleurs une hausse du revenu et une dépréciation
de la monnaie.
Mais dans la réalité, 3 raisons expliquent que l’on n’assiste pas à un accroissement
du revenu :
1. Pour éviter une importante dépréciation, la Banque Centrale peut restreindre l’offre
de la monnaie.
2. La dépréciation de la monnaie entraîne une hausse soudaine des prix des biens
importés qui se répercutent dans les prix des biens intérieurs.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
74
3. Les gens peuvent (les résidents) peuvent accroître leur demande de monnaie parce
que cette dernière devient l’actif le plus sûr lorsqu’il y a une hausse du risque pays.
En définitive, les hausses du risque pays sont donc à éviter.
A présent nous pouvons nous poser la question suivante :
Faut-il choisir entre un taux de change fixe ou un taux de change flottant ? Au regard de
cette question, les économistes sont partagés et cela suscite un vif débat. Certains (la
plupart) d’entre eux préfèrent le taux de change flottant. Mais très récemment d’autres ont
pris position en faveur du taux de change fixe.
Ceux qui soutiennent le taux de change flottant avancent qu’il permet d’utiliser la
politique monétaire pour d’autres fins
Par ailleurs, les défenseurs du taux de change fixe voient dans l’engagement à
défendre ce taux l’une des manières d’obliger les autorités monétaires à éviter une
croissance excessive de la monnaie. Mais en définitive, le choix entre taux de change fixe
et flottant n’est pas aussi déterminant. Chacun de deux régimes offre un certain nombre
d’avantages qui lui sont particuliers. Aussi, les taux de change sont rarement
complètement fixes ou complètement flottants.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
75
Conclusion
Ce chapitre nous a permis de comprendre le fonctionnement de l’économie tel
qu’issue de l’analyse keynésienne. Dans le chapitre suivant ; nous abordons l’offre globale
et l’arbitrage entre l’inflation et le chômage.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
76
D’autre part, le niveau du produit prédit par le modèle IS/LM dépend du niveau des
prix que ce modèle considère comme exogène. Par ailleurs, du point de vue
empirique, certains faits semblent contredire les prédictions du modèle IS/LM.
Ainsi, à différents moments de l’histoire, lorsque des politiques ont suivi de trop
près les recommandations du modèle IS/LM, ces politiques ont à terme échoué
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
77
1) On peut d'abord supposer qu'il existe un niveau de production, QPE, pour lequel les prix
deviennent infiniment élastiques (c'est-à-dire que les ajustements se font entièrement en
prix). On se trouve alors, en quelque sorte, dans un monde classique.
Deux séries de raisons peuvent être données pour suggérer l'explication d'une telle
élévation de la pente de la fonction d'offre avec la valeur de Q et sa position verticale pour
QPE.
La première est d'ordre technique: À court terme, pour un état donné des capacités
de production, on peut considérer que les prix ont une élasticité nulle par rapport aux
quantités pour des niveaux d'activité faibles (l'économie a des marges de capacité
inemployées et les ajustements se font en quantités) ; les prix deviennent élastiques au
voisinage de la capacité installée: les quantités produites devenant progressivement de
moins en moins élastiques à la demande, les ajustements sont appelés à se faire de plus en
plus en prix.
La seconde série de raisons est relative à la formation des salaires et des prix. Il
suffit de supposer une parfaite indexation des salaires sur les prix (ou une quasi-
indexation). Alors, le salaire réel est une constante (ou une variable « visqueuse »). Comme
le salaire réel ne peut plus diminuer (ou très faiblement), toute hausse des prix se traduit
en hausse de salaire et la rentabilité de l'offre ne s'améliore pas à là suite de la hausse des
prix. Il n'y a donc aucune raison pour que la production s'accroisse. On peut considérer que
cette situation devient plus probable à mesure que l'activité, et donc l'emploi, s'élèvent,
parce qu'alors le pouvoir de négociation des salariés se renforce.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
78
Prix (NGP)
Q+(P)
Q-(P)
Pm
Production
QPE
2) L'autre situation extrême est relative aux faibles niveaux d'activité où la fonction
d'offre est représentée par une droite horizontale. Cette situation est symétrique de la
précédente: les ajustements se font alors entièrement en quantités et non plus en prix. On
peut, alors, considérer que l'on se trouve dans un monde keynésien.
Les raisons explicatives peuvent, là aussi, être d'ordre technique ou relatives à la
formation des prix et des salaires. Par exemple, on peut supposer l'existence d'un salaire
rigide à la baisse et d'un taux de marge désiré par les entreprises, deux données qui fixent
un minimum au niveau des prix. Le prix ne peut pas descendre au-dessous d'un plancher
pm et, par conséquent, les seuls ajustements possibles sont les ajustements en quantités,
lesquelles deviennent infiniment flexibles. C'est un monde keynésien pur, comme l'autre
situation correspondait à un monde classique pur.
3) Entre ces situations extrêmes, on considérera que les ajustements se font
partiellement en prix et partiellement en quantités. L'univers envisagé est alors classico-
keynésien. Les raisons explicatives seront précisées ultérieurement.
• Déplacement de la courbe de demande globale: effets-prix, effets-quantités en
univers classico-keynésien
Pour le moment, laissons de côté l'analyse théorique pour nous intéresser aux effets
d'un déplacement de la fonction de demande (consécutive, par exemple, à une politique
budgétaire ou monétaire).
Une politique d'expansion va se traduire, dans le plan (Q, P), par une translation
vers la droite de la courbe de demande. Ce déplacement a des effets contrastés selon la
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
79
pente de la fonction d'offre. Dans une situation où la fonction d'offre est verticale,
l'augmentation de la dépense n'aura aucun effet sur la production: l'ensemble de
l'ajustement se traduira en prix. Dans une situation où la fonction d'offre est horizontale,
l'augmentation de la dépense se traduira par un ajustement par les seules quantités, donc
par une croissance de la production. Dans la région intermédiaire, lorsque la fonction
d'offre est croissante, mais avec une pente ni nulle ni infinie, nous sommes dans un monde
classico-keynésien : l'ajustement se fait partiellement par les quantités et partiellement par
les prix. Il est facile de représenter les ajustements qui vont alors se produire. La hausse de
la demande globale se traduit par une hausse simultanée des prix et de la production. Les
effets prix et quantités peuvent être isolés: l'effet-quantités se monte à Q’0 - Qo (à prix
fixes) ; l'effet-prix se monte à P'O – P0 (à quantités fixes). L'équilibre (Pl, Q1) apparaît donc
comme une combinaison des équilibres à prix et quantités fixes. On remarque en outre que
la pente de la fonction d'offre détermine l'importance relative des deux effets. Plus la
fonction d'offre est pentue, plus l'effet-prix l'emporte sur l'effet-quantités. La pente de la
courbe d'offre globale mesure ce que l'on appelle, d'un terme peu élégant, le degré de «
viscosité » des prix: ce terme désigne la situation intermédiaire entre la flexibilité
(verticalité de la fonction d'offre) et la rigidité (horizontalité de la fonction d'offre). Ce
régime de prix correspond au modèle de la synthèse, c'est-à-dire à l'univers classico-
keynésien.
Figure 4.2. Effets prix et quantités d'une relance de la demande globale
Prix
(NGP))
DG0
P’0 DG1 OG
P1
P0
Produit
Q0 Q1 Q’0 global
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
80
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81
Produit global
Q1 Q0
A . Choc de demande
DG0
Produit global
Q1 Q0
A . Choc d’offre
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82
l'offre est entreprise. La politique consiste à mettre en œuvre des facteurs susceptibles «
d'abaisser» la fonction d'offre. Le déplacement vers le bas permet alors tout à la fois: la
désinflation (comme contrepartie de l'inflation antérieure) et la stimulation de l'activité.
L'identification d'une telle politique est néanmoins délicate: il ne s'agit ni de politique
monétaire, ni de politique budgétaire jouant sur quelques agrégats macroéconomiques
simples. Il s'agit, par exemple, de promouvoir une politique de la recherche pour mieux
accompagner le processus d'innovations dans les entreprises, ou une politique plus
performante de formation de la main-d’œuvre, ou bien encore une politique de revenus
visant à infléchir le partage de la valeur ajoutée entre salaires et revenus du capital. On
quitte alors le domaine du quantitatif pur dans lequel se définissent les politiques de
régulation macroéconomiques pour le domaine des politiques structurelles.
Les développements qui précédent ont eu pour but de souligner l'importance tant
théorique que pratique des propriétés des fonctions d'offre et de demande globales. Il s'agit
maintenant de les établir de façon précise.
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
83
Comme les prix ont diminué, les ménages ont besoin de moins de monnaie pour assurer
les transactions. La quantité totale de monnaie ayant augmenté en termes réels, la demande
de spéculation doit donc s'élever. Cela se traduit par une baisse de la demande de titres
(pour une richesse que l'on suppose pour le moment inchangée) et baisse du taux d'intérêt.
La baisse du taux d'intérêt élève le niveau des investissements et donc la production. Par
conséquent, la baisse des prix joue favorablement sur l'activité économique via la
demande de monnaie et le taux d'intérêt. Les variations du niveau général des prix ont
un effet réel. On appelle « effet Keynes" ce mécanisme,
Taux
d’intérêt
IS LM/P0 LM1/P1
i0
i1 Demande globale
Prix (NGP)
P0
DG
P1
Demande
globale
Cet effet peut être représenté simplement dans les diagrammes IS-LM et
prix/quantités superposés (figure 4.4). Soit P1 dans le diagramme « du bas », celui en prix-
quantités. On se demande à quel niveau d’équilibre il doit correspondre dans le diagramme
« du haut », le diagramme IS – LM, pour pouvoir ensuite revenir au graphe « du bas » et
fixer le point P1 – Q1. Comme la quantité réelle de monnaie a augmenté, à la suite de
la baisse de prix, cela signifie que la courbe LM a dû nécessairement se déplacer vers
la droite dans le diagramme IS-LM. Le nouvel équilibre macroéconomique correspond
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
84
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85
1
2
i0
i0
i1
Demande globale
Prix
P0 DG2(effet total
P1
DG1(effet Keynes
Demande
globale
L’effet Keynes irnpacte LM. L’effet Pigou impacte IS. Une baisse du niveau
général des prix augmente la demande globale sous l'influence conjuguée de ces deux
effets. L'impact sur le niveau de taux dépend de l'importance des deux effets et de
l'élasticité de IS et LM au taux d'intérêt.
On remarquera que tous ces effets jouent dans le même sens, de sorte que le signe
de la somme de ces trois effets n'est jamais ambigu. Ce résultat tient cependant à la
modélisation que nous nous sommes donnée car il existe des effets-prix susceptibles de
jouer en sens contraire. Par exemple, si nous avions pris en compte l'endettement en termes
réels comme une variable explicative des comportements, par exemple de la
consommation, la baisse des prix serait de nature à jouer négativement sur l'activité
économique en relevant la charge réelle de la dette et en provoquant un effet de richesse
négatif sur la demande globale. Cet effet est appelé effet Fisher. D'autres effets-prix existent
encore, comme l'effet d'illusion monétaire ou les effets d'anticipations. Ces effets ne
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
86
Notons pour finir que, puisque la courbe de demande globale résume les résultats
du modèle IS/LM (elle se déduit du modèle IS/LM une fois relâchée l'hypothèse de rigidité
des prix nominaux), tous les chocs qui déplacent IS ou LM à prix inchangés déplacent
aussi la demande globale: c'est ainsi qu'une politique expansionniste qui déplace IS
(politique budgétaire) et/ou LM (politique monétaire) vers la droite dans le plan (Q d, i),
déplace également la courbe de demande globale vers la droite dans le plan (Q d, P).
La fonction de demande globale est une simple réécriture du modèle initial (IS LM)
sous la forme d'une équation entre niveau de production et niveau de prix, équation qui
représente le degré de liberté du système. La construction de la fonction d'offre globale
implique au contraire la modélisation d'idées nouvelles.
Il s'agit de considérer les déterminants du prix du point de vue de l'offre, c'est-à-
dire de modéliser le mode de formation des coûts de production et le comportement de
profit des entreprises. On peut exprimer l'idée de la façon suivante: le côté de l'offre, non
pris en compte dans le modèle IS-LM keynésien à prix fixes (qui est un modèle de
demande), est seul susceptible d'endogénéiser les prix. La fonction d'offre globale
indique les niveaux d'offre que les entreprises acceptent de mettre en œuvre pour différents
niveaux de prix. Elle est donc relative à la détermination d'une relation p – Q+ indépendante
de la demande, c’'est-à-dire indépendante du principe keynésien. Une telle modélisation ne
peut s'effectuer qu'en prenant en compte le marché jusqu'à présent négligé, à savoir le
marché du travail puisque le seul coût est le coût en travail.
Deux grandes conceptions président à l'analyse de la formation des salaires:
La première conception considère que la formation des salaires, et donc des prix,
relève de facteurs socioéconomiques exogènes (rapport de forces entre catégories
sociales). Dans cette conception, le niveau du salaire (réel ou nominal) se définit
hors marché. On est alors amené à adopter une hypothèse de salaire fixe. Si on
considère, de plus, que les entreprises ont un prix désiré correspondant à un taux de
augustinms macroéconomie1/L12023/unio
87
marge exogène, alors on aboutit à l'hypothèse de prix fixes habituelle dans les
modèles keynésiens standard. Dans cette version extrême, deux normes s'opposent
donc: la norme de profit et la norme de salaire.
La seconde conception est plus traditionnelle. Elle consiste à voir la formation des
salaires comme le résultat d'un mécanisme des marchés. Le salaire se forme sur le
marché du travail par la confrontation de l’offre et de la demande de travail.
Dans les deux cas, on peut considérer qu'il s'agit de modèles purs. Les deux modèles
peuvent néanmoins coexister et, en général, ils coexistent dans la réalité. On est alors en
présence de ce que l'on peut appeler un modèle de synthèse. Ce modèle doit être
convenablement écrit. Sous certaines candirions, sur des paramètres bien choisis, on doit
pouvoir revenir aux deux modèles purs comme des cas particuliers.
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88
Niveau
général des
Salaire Marché prix Marché
réel de travail
OGLT des biens
N+(w/p)
P0 OGCT
w0P1 P1
w1P1/w0/P0 Produit
Niveau global
Nd N0 d’emploi
Produit
global
Q0 i
Q1 Droite de
Fonction de report
production
45°
Niveau Q
N1 N0
d’emploi
Si le niveau général des prix diminue, le salaire réel augmente, il y a alors excès
d'offre et la demande de travail fixe la quantité échangée. Donc, nous aurons une fonction
d'offre globale p(Q+) qui est croissante.
Cette fonction est de court terme, en ce sens que l'on suppose un non-ajustement du
salaire nominal c'est-à-dire une rigidité nominale du salaire.
L’idée de base de la rigidité nominale que les salaires nominaux sont fixés pour une période
plus longue que les prix. C’est le cas, par exemple, dans les conventions collectives ou
d’entreprises. Les niveaux des salaires sont fixés pour une période de l’ordre d’un ou deux
ans. Dans le moyen et le long terme les salaires sont révisés en fonction des prix. C'est à
ce moment que le salaire réel peut être réajusté et éventuellement revenir à sa valeur
antérieure.
Si le temps nécessaire pour revenir à cette valeur d'équilibre est très court, on dira
qu’il y a flexibilité des salaires. Si c'est le cas, comme dans le schéma pur de marché du
modèle classique, alors, la courbe d’offre globale devient une verticale. Le niveau d’offre
est indépendant du niveau de prix puisque toute variation de prix se traduit en variation de
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89
salaire et que la rentabilité reste constante. Ce niveau d'offre est alors déterminé,
conformément à l'analyse classique, par la fonction de production, le volume de la
population active, la fonction d’utilité des ménages ... mais pas par le niveau des prix, qui
est uniquement en raison de la viscosité des salaires à court terme. Le principe keynésien
de la demande effective est alors susceptible de jouer, puis que le niveau de production
n’est plus donné par l’équilibre du marché du travail. Cet effet est néanmoins considéré
comme transitoire par les théoriciens néoclassiques car, les individus étant rationnels, les
phénomènes d'indexation sont appelés à intervenir dans le moyen terme. À long terme, c'est
l'univers dichotomique de la théorie classique qui est restauré. Dans un tel univers
pleinement classique, toute politique monétaire ou budgétaire est donc nécessairement
inefficace sur l'activité économique, même si elle peut engendrer des effets de prix.
Par conséquent, s'il n'y a pas un minimum de viscosité des salaires, il ne peut y avoir
ni fonction d'offre globale avec une pente positive ni, par conséquent, de place pour un
modèle valide de politique économique d'inspiration keynésienne. Pour envisager les
facteurs explicatifs de cette viscosité, il faut nécessairement se tourner vers des
considérations hors marché et, sans doute, le plus simple dans un premier temps est-il
d'envisager un modèle pur fonctionnant sur l'existence de normes exogènes de
rémunération des salariés et des entreprises.
Trois catégories de considérations sont avancées par les théoriciens pour rendre
compte d'effets hors marché dans la formation des prix et des salaires: celles relatives à
l'existence des syndicats; celles tenant aux réglementations sur les salaires (SMIC,
conventions collectives de branches ou d'entreprises qui fixent les salaires pour une période
relativement longue) ; celles provenant d'une illusion monétaire chez les salariés.
Dans ce dernier cas, l'idée est que les salariés acceptent plus volontiers des
variations du salaire réel provenant des prix plutôt que du salaire nominal en raison d'un
phénomène d'irrationalité ou de défaut d'information, ce qui conduit à une viscosité à court
terme des salaires nominaux vis-à-vis des prix.
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90
Keynes avance un principe quelque peu différent de l'illusion monétaire pour rendre
compte de l'asymétrie des prix et du salaire nominal: l'idée de Keynes est que les salariés
sont beaucoup plus vigilants sur les modifications du salaire nominal que sur les prix pour
des raisons sociales. Une variation des prix affecte tous les salariés de manière
indifférenciée, c'est-à-dire qu'elle laisse la hiérarchie des salaires, donc les avantages
catégoriels, inchangés, Une variation des salaires de caractère général et indifférencié est
rarissime. La variation des salaires passe en général par celle des salaires nominaux au plan
des négociations de branche, d'entreprises, voire d'établissement. Cette modalité contient
en germe l'éventualité d'une redéfinition des statuts et des positions catégorielles.
D'un point de vue macroéconomique, il nous suffira de constater que:
- les salaires sont régis par des contrats de travail dépassant en règle générale
l'horizon de la courte période, c'est-à-dire l'horizon durant lequel les prix sont
susceptibles de varier;
- les contrats de travail sont toujours exprimés en termes nominaux. Les clauses
d'indexation explicites, quand elles existent, sont des clauses qui sont appelées à
intervenir à intervalles discrets (l'année en général).
On doit donc considérer qu'il existe une hiérarchisation temporelle des niveaux
d'ajustement: à très court terme, les ajustements se font par les quantités, comme dans un
modèle keynésien strict; puis, les ajustements sont progressivement appelés à se faire par
les prix (avec des salaires nominaux qui restent rigides) ; enfin, à plus long terme, les
ajustements concernent les salaires nominaux.
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dans les années 1940 et 1950, ressentirent alors le besoin de faire évoluer leur système
théorique pour lui permettre de fonder un « keynésianisme de la prospérité» qui puisse se
substituer au « keynésianisme de la dépression» élaboré au moment de la grande crise.
L'occasion de le faire va donc leur être fournie par la publication, en 1958, par Phillips,
d'une étude statistique et économétrique mettant en évidence une liaison entre chômage et
variation des salaires qui conduira à la mise en évidence d'une relation d'arbitrage entre
inflation et chômage.
• La courbe inflation/chômage
Le schéma de Phillips ne va devenir une référence qu'à l’occasion d’un travail de
Paul Samuelson et Robert Solow présenté en 1959. Dans cette étude, les deux auteurs
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b. L'arbitrage inflation/chômage
Finalement, la relation de Phillips constitue bien la relation manquante de la théorie
keynésienne. Pour un niveau donné de salaire nominal au début d'une période t, le modèle
offre globale/demande globale détermine l'équilibre macroéconomique de cette période, en
particulier le taux de chômage qui lui est associé. La relation de Phillips donne alors le taux
de croissance du salaire nominal entre t et t + 1. On introduit donc une dynamique du
chômage et du taux d'inflation.
Dans le cadre de ce modèle, les autorités ont la possibilité d'influencer le taux de
chômage sur le long terme: elles peuvent « troquer" plus d'inflation en régime stationnaire
pour obtenir moins de chômage. II y a donc un arbitrage entre inflation et chômage: la
poursuite de l'objectif de plein-emploi se paie d'un surcroît d'inflation. Cet arbitrage peut
alors être tranché au regard des préférences collectives en matière d'inflation et de
chômage.
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économique
Taux d’inflation
Chômage
U2 U0 Q
Le passage d'un niveau de chômage U0, à un niveau U2 implique pour les autorités de sacrifier à
l'objectif d'inflation, en acceptant de voir celle-ci passer de Po à P2. L'économie chemine ainsi le
long de la courbe de Phillips qui la caractérise du point A vers le point B. La courbe de Phillips
représente donc la frontière des possibilités de politique économique disponibles pour les autorités.
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Bibliographie
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