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Pr PRAO YAO SERAPHIN

Katythlinadja@gmail.com

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

L’analyse économique se fait dans trois cadres théoriques à la fois distincts et


dépendants :

- La microéconomie
- La macroéconomie
- La méso-économie
La science économie essaie de répondre à trois questions fondamentales à savoir :

- Le comment produire ?

On fait allusion ici à l’activité de production

- Le quoi produire ?

On fait allusion ici à l’activité de consommation

- Le pour qui produire ?

Il s’agit de l’activité de distribution des biens et services.


Mais que recouvre même la science économie ? L’économie vient du thème grec
« Oikonomia », « oikos » qui veut dire maison et « nomos » qui veut dire règle.
Ainsi donc, l’économie apparaît comme l’ensemble des règles qui gère la maison. Celle-
ci pouvant être un ménage, une entreprise au une nation. Puisque l’homme est au début
et à la fin de toute activité économie, l’économie est avant tout la science sociale.
Cependant, de par sa méthode d’approche et d’analyse systématique des choses, elle est
la science. La science économie met en rapport les moyens et les activités qui permettent
à l’homme de maximiser ce qui est plaisir et minimiser ce qui est peine.

Les ressources et les besoins en constituent la fondation. Les agents entrent en


interaction à travers des marchés où ils déchargent biens et services guidés par des
comportements rationnels fondés sur la rareté des ressources et la pluralité des besoins.
Dans le cadre de cette cours, nous essayerons de comprendre l’activité économique de
son ensemble : l’objet de la macroéconomie.
Si John Maynard Keynes ne crée pas la macroéconomie (dont les inventeurs véritables
sont des physiocrates, et la première tentative d’explication, le tableau économique de
Quesnay en 1758), il peut cependant être considéré comme le véritable fondateur.

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La macroéconomie est l’étude de la structure et de la performance d’une nation et des
politiques ayant un impact sur cette économie.

En conséquence, les grandeurs qui intéressent la macroéconomie sont la production


nationale et son utilisation (consommation, investissement), l’évolution de l’ensemble
des prix tels que l’indice des prix à la consommation, le taux de change et les taux
d’intérêts, l’emploi et le chômage, la distribution des revenus du capital et du travail, les
impôts et les dépenses publiques, les relations avec le reste du monde (RDM) en termes
d’exportation et d’importation, les flux financiers mondiaux.
L’analyse macroéconomique doit également faire un choix sur l’horizon temporel, le
court terme et le long terme. Sur les marchés financiers, l’attention se porte sur des
périodes très courtes.
A contrario, les questions de financement des retraites par exemple mobilisent le long
terme.
En dépit des interdépendances, il ne faut pas confondre la macroéconomie et la
microéconomie. Cette dernière étudie le comportement des principaux agents
(essentiellement les consommateurs et les producteurs) et postule que c’est l’agrégation
de leur comportement qui forme l’économie. Elle s’intéresse également à l’étude des
relations entre ces différents agents économiques, individuels, sur les marchés particuliers
où s’échangent les facteurs de production et les produits.
Ces agents économiques rationnels évoluent dans une économie de marché régulée par
la variation des prix.
L’objet de ce cours est de chercher à savoir ce qui est de l’efficacité des politiques
économiques dans la résolution des problèmes de fluctuation de la production, du
chômage, de l’inflation, ou des déséquilibrés extérieurs.
La réponse à cette interrogation suppose la construction de modèles économiques qui
fera l’objet de la 2ème partie de ce cours. Mais cette construction suppose aussi que les
éléments essentiels qui composent ces modèles soient explicités d’où la 1ère partie de
notre cours. Ainsi ce cours est structuré comme suit :

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Première partie : Les fonctions de comportement et les marchés

1- La description de l’activité économique


2- Le comportement de consommation
3- Le comportement d’investissement
4- Le comportement de liquidité
5- Le marché du travail

Deuxième partie : Les modèles macroéconomiques

1- Un modèle de plein emploi : le modèle classique


2- Un modèle de sous-emploi : le modèle keynésien.

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PREMIÈRE PARTIE : LES FONCTIONS DE COMPORTEMENTS
ET LES MARCHÉS

Chapitre 1: La description de l’activité économique


Dans ce chapitre, nous traitons successivement des indicateurs macroéconomiques et de
la mesure de l’activité économique.
Section 1 : Les indicateurs macroéconomiques
La science économique traite des faits économiques en vue de les comprendre et de les
interpréter. Afin d’avoir une image la plus fidèle possible de la réalité, les économistes
doivent disposer de statistique fiables sur l’état de l’économie nationale ou internationale.

1- La production économique
Une première classification des transactions économiques consiste à distinguer celles qui
portent sur des biens et services produits au cours d’une période de celles qui portent sur
des biens fabriqués antérieurement.
En effets, pour connaître la valeur de la production économique d’une période (exemple :
un trimestre, une année), il est nécessaire de n’additionner que les transactions impliquant
une nouvelle production.

2- Les stocks et les flux économiques


2.1- La distinction entre flux et stocks

L’économiste base son raisonnement sur des observations qui sont des stocks et des flux.
Un flux mesure une grandeur économique appréhendée dans un cadre temporel
déterminé au cours d’une période.
Ainsi, les flux renvoient à des durées, à des périodes plus ou moins longues, tandis que
les stocks sont évalués à l’instant donné.
La différence fondamentale entre les deux est le fait qu’un flux est évalué dans une
dimension temporelle.
Quel est donc l’intérêt du concept flux ?

L’activité d’une nation, d’une entreprise peut être étudiée grâce au concept de flux.

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Les schémas qui présentent sous la forme de circuit sont très classique en
macroéconomie. Ils permettent d’appréhende tout ou une partie de la vie économique
nationale.

2.2- Les flux réels et les flux monétaires


Les flux réels sont les flux de ressources et les flux de biens et services dans une
économie. Ces flux correspondent au déplacement d’un bien ou d’un service entre deux
agents économiques ou deux pôles de l’entreprise. Dans le modèle des flux circulaires,
les ressources sont transférées des ménages vers les entreprises, les biens et services sont
transférés des entreprises aux ménages.
Ces transferts représentent des flux réels dans le modèle. Dans une économie de troc, les
flux réels décrivent totalement l’économie.
Les flux monétaires sont des transferts « d’argent » qui accompagnent des transferts de
« biens réels ». Autrement dit, ils correspondent au mot de monnaie, qui est en général la
contrepartie des flux réels. Ainsi, les rémunérations versées aux ménages par les
entreprises en contrepartie de leurs ressources et les paiements effectués par ces derniers
aux entreprises en contrepartie des biens et services achetés constituent les flux
monétaires dans le modèle des flux circulaires.

Revenus versés

Vente de services
Entreprises <…………………………… Ménages
……………………………>
Vente de biens et de services

Paiement des achats

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3- Les quantités et les prix

On peut se poser la question de savoir quelles sont les variables macro les plus
importantes et existe-t-il la variable la plus importante, celle qui permet de nous informer
sur l’état de santé d’une économie ? Pour de nombreux économistes, cette variable est le
PIB (Produit Intérieur Brut), qui représente à la fois le revenu total de l’ensemble des
acteurs de l’économie et la dépense totale consacrée à l’acquisition des biens et services
produits dans une économie (ex : un pays qui présente un PIB élevé en termes de
volumes (en milliards de FCFA) Côte d’Ivoire : 2.000 milliards de FCFA, un pays qui
voit son PIB augmenté, les économistes diront que son économie se porte bien car le
PIB a augmenté de 200 milliards de FCFA).
Comment mesure-t-on un PIB ? On peut effectuer un raisonnement en PIB nominal
ou en PIB réel, c’est très souvent le PIB réel qui est retenu par les économistes pour
raisonner l’état de santé d’une économie. Dans une économie monétaire, les transactions
économiques concernent des quantités et des prix. Un problème se pose en comptabilité
nationale : celui de départager le rôle des prix et celui des quantités dans la valeur des
biens et services produits. Quand la valeur de la production accuse une augmentation au
cours d’une année, il importe donc de savoir si celle-ci est le fait d’une augmentation de
la quantité ou du volume réel de production ou plutôt le fait d’une hausse de prix. Pour
se faire, les économistes divisent les mesures de production en valeur par un indice de
variation des prix. Cette opération permet de transformer des mesures en CFA courant
(qui inclut les hausses des prix) en CFA constant (qui les exclut).
Comment calculer le PIB réel ? On multiplie les quantités produites de chaque bien par
leur valeur de marché, le prix puis on les additionne :

qi = quantité du bien i et pi = prix du bien i (avec i allant de 1 à n)

PIB = ∑ piqi
PIB réel : PIB nominal / IPC = PIB nominal / déflateur du PIB
Déflateur du PIB = [PIB nominal en t / PIB réel en t] * 100
Supposons que nous disposons des chiffres sur la production monétaire totale de l’année
2001 (1250 milliards) et 2002 (1377 milliards).
Supposons de plus que l’indice des prix passe de 100 en 2001 à 102 en 2002.
Quelles seront la valeur de production en CFA de 2001 (CFA constant) pour l’année
2002 et le taux de croissance de la production réelle de 2001 à 2002 ?
Il suffit de diviser la valeur monétaire de la production par l’indice des prix pour obtenir
une valeur déflatée en CFA constant de 2001. On en conclura qu’en 2002, la croissance
économique réelle est de 8% et qu’elle est accompagnée d’une inflation annuelle de 2%.

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PIB à prix constants et PIB à prix courants
La différence entre le PIB à prix courants et le PIB à prix constants :
· PIB à prix courants : le PIB est mesuré au moyen des prix effectivement pratiqués
pendant l'année étudiée (Par exemple, le PIB de 20Z0 est mesuré à prix courants signifie
que l'on a utilisé les prix en vigueur en 2020 pour évaluer la valeur du PIB). C'est le PIB
en valeur. · PIB à prix constants : Pour évaluer la variation réelle du PIB, on conserve
les prix à un niveau inchangé : on fixe alors une année, dite de référence, et on fait comme
si les prix restaient constants chaque année et égaux aux prix mesurés au cours de cette
année de référence, en ne tenant pas compte de l’augmentation des prix (l'inflation).

Section 2 : La mesure de l’activité économique


Le Produit intérieur brut est l’indicateur privilégié des économies pour mesurer l’activité
économie. Le produit intérieur brut (PIB) est le résultat synthétique de l'activité nationale
de production. Il représente la richesse créée au cours de la période considérée sur le
territoire économique du pays. Le PIB est déterminé selon le principe de la territorialité.
Nous présentons les trois approches avant de dire qu’il constitue une mesure imparfaite
de la richesse produite.

1- Les trois approches


La production intérieure brute (PIB) est un indicateur synthétique de la richesse produite
au sein d’une collectivité déterminée, ici un pays, une notion, au cours d’une période
donnée, l’année en générale. C’est l’agrégat principal de la comptabilité nationale. Les
agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat de l’activité d’ensemble
de l’économie nationale, en général pour une année. Le PIB correspond à la valeur de
marché de tous les biens et services produits dans un pays donné dans une période
donnée. Il y a trois (3) façons de mesurer cet indicateur synthétique qui donnent d’ailleurs
les mêmes résultats puisque la production, le revenu et la dépense sont équivalents dans
le circuit économique. La production donne lieu à des revenus, et les revenus permettent
de financer les dépenses qui rendent possible la production.
a- Le calcul de PIB par la production (Optique production)
Selon l'optique production (la création du PIB), le PIB est égal à la somme des valeurs
ajoutées des branches (ou des secteurs institutionnels) augmenté du montant des impôts
nets des subventions sur les produits.
Cette méthode consiste à additionner la valeur de tous les biens et services produits dans
un pays donné au cours d’une période donnée (c’est-à-dire la somme de toutes les ventes)
et à déduire de ce total la valeur des biens ou services qui ont été achetés pour être utilisé
dans le processus de production la même période. L’optique-production permet de
calculer l’apport des trois secteurs économiques (primaire, secondaire et tertiaire) au
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produit total de l’économie. Les économistes utilisent le concept de valeur ajoutée pour
calculer la valeur totale des biens et services produits d’une nation durant une année.
PIB=∑VA
PIB = ∑ Valeurs ajoutées des unités résidentes = PIB marchand (la PIB) + PIB
non marchand
PIB = somme des valeurs ajoutées = Chiffres d’affaires – consommations
intermédiaires.
Ou encore :
PIB = Valeur ajoutée au prix de base + Impôts sur les produits - Subventions sur
les produits
Valeur ajoutée au prix de base = Valeur ajoutée agricole + Valeur ajoutée non
agricole
La valeur ajoutée est donc la richesse effectivement créée par une unité de
production. On l’obtient en soustrayant à la valeur de la production (p x q) la valeur des
consommations intermédiaires utilisées au cours du processus de production. Les
consommations intermédiaires (CI) représentent l’ensemble des biens et des services
consommés entièrement (transformés ou détruits) au cours du processus de production.
On y retrouve notamment l’énergie, les matières premières, les services de transport,
de publicité ou encore de commercialisation.
b- Par les revenus (optique répartition : partage de la valeur ajoutée)
Cette optique permet d’enregistrer la valeur de l’ensemble des revenus reçus par les
différents agents économiques durant une année. Elle est aussi appelée optique de
répartition (où va le produit). L’optique-revenu s’intéresse à la rémunération des facteurs
de production, soit la terre, le travail et le capital. Cette approche permet d’aboutir au
revenu national brut.
La méthode présente consiste à additionner les rémunérations des deux (2) facteurs de
productions primaires que sont le travail et le capital auxquels il faut ajouter les impôts
(net de subventions) sur la production et les importations. Ces impôts inclus les impôts
sur les produits, la taxe professionnel, la taxe foncière. On peut écrire :
PIB = Σ W + Σ EBE + Σ T
Où W = salaire versé (rémunération de travail)
EBE= excédent brut d’exploitation (revenu des entreprises ou profits)
T= Taxes, impôts, net de subventions sur la production et les importations.
PIB = Rémunérations des salaires + EBE + Impôts sur la production et les
importations - Subventions
c- Par les utilisations finales ou par la dépense (optique dépense)
L’approche par la dépense a pour objet de montrer comment les différents acteurs
utilisent leur revenu disponible, c’est-à-dire comment ils consomment et investissent. Il

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s’agit de l’ensemble des opérations qui constituent la demande intérieure et la
contribution extérieure (la différence entre les exportations et les importations). Cette
dernière méthode consiste à additionner les valeurs des biens finals produits
PIB = Σ des emplois des produits
La consommation finale (C), l’investissement privé (I) les dépenses des administrations
publiques (G), l’accroissement des stocks de biens et de services (ΔS), et l’exportation
(X).
Comme la partie de la demande intérieure est satisfaite par les importations (M), il faut
déduire de la production nationale pour enfin avoir l’équation macroéconomie
fondamentale suivante :
PIB= C+I+G+ΔS+(X-M).
(X – M) représente la demande extérieure nette
PIB = Consommation finale + FBCF + Variation de stock + Exportations –
Importations
Pour passer du PIB au RN (revenu national), il faut prendre en considération les flux de
revenus échangés entre le pays et le reste du monde. Au PIB, il faut ajouter les revenus
des facteurs de production reçus du reste du monde (rémunérations des salariés et de la
propriété) et retrancher ceux versés.
Quant au produit national brut (PNB), il représente la valeur de la production des agents
économiques d’une même nationalité que ce soit sur le territoire national ou à l’extérieur
du territoire national. Il permet la mesure de la richesse créée par les agents économiques
nationaux à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Le PNB est déterminé selon le principe de
la nationalité.
PNB = PIB + Valeur de la production des agents économiques nationaux à
l’extérieur - Valeur de la production des agents économiques étrangers à
l’intérieur du pays
PNB = PIB + Revenus extérieurs nets
PNB = PIB + Rnet
Revenus extérieurs nets = Revenus reçus de l’extérieur - Revenus versés à
l’extérieur
• Rnet = revenus « nets » des facteurs de production.
• Rnet = revenus des facteurs de production en provenance du reste du monde
moins revenus des facteurs de production versés au reste du monde.
Notons pour finir que le PIB réel est mesuré à prix constants tandis que le PIB nominal
est mesuré à prix courants.
Enfin, nous pouvons revenir sur la notion Revenu National. En effet, le revenu national
(RN) représente l’ensemble des revenus primaires reçus par les différents secteurs
institutionnels du pays.

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Revenu National = PIB - Amortissements - Impôts liés à la production + Solde
des revenus reçus et versés à l’extérieur
Le Revenu National est un agrégat qui pose problème au niveau de l’évaluation de
l’amortissement et des provisions pour le maintien et le renouvellement du capital. C’est
pourquoi, on lui préfère donc le revenu national brut disponible (RNBD). Le RNBD est
la somme des revenus perçus par les différents secteurs institutionnels qui est disponible
après impôts et cotisations et qui est affectée à la consommation finale et à l’épargne.
RNBD = PIB + Revenus reçus de l’extérieur – Revenus versés à l’extérieur

2. Le PIB constitue une mesure imparfaite de la richesse produite


Le PIB ne mesure que la richesse créée dans un pays mais pas les effets de cette
richesse sur le bien-être de la population. Un pays dans lequel la population fumerait
de plus en plus, consommerait de plus en plus d’alcool, polluerait de plus en plus à cause
d’embouteillages monstres, fabriquerait des armes… verrait son PIB augmenter.
Est-ce que, pour autant, cela se traduirait par une augmentation du bien-être de sa
population ? Certes pas. Le PIB mesure donc la capacité d’un pays à générer des richesses
mais pas sa capacité à assurer le bien-être de sa population. Il faut noter cependant
qu’un pays qui ne produirait pas de richesses ne serait de toute façon pas capable
d’assurer un quelconque bien-être pour ses résidents. Le PIB ne mesure pas toutes les
richesses produites ; en effet, certaines sont produites en dehors du cadre légal qui
permet une comptabilisation par les statistiques officielles. Il peut s’agir d’activités
illicites par nature (vente de produit stupéfiant, proxénétisme, recèle…), ou bien il
s’agit d’activités qui pourraient être légales mais qui ne sont pas déclarées aux
services sociaux et fiscaux et donc pas comptabilisées, telles que le travail au noir (la
femme de ménage ou la baby-sitter non déclarée) ou le travail dissimulé (une entreprise
déclare ses activités et le travail de ses salariés mais leur fait effectuer des heures
supplémentaires qui, elles, ne seront pas déclarées).
En définitive, le PIB est donc le principal indicateur permettant de mesurer la richesse
produite par les unités institutionnelles résidentes (ménages, entreprises, etc.). Mais,
d’une part, il ne mesure pas toute la richesse (activités illicites ou non déclarées) et, d’autre
part, il ne prend en compte que la richesse produite mais ni les effets ni l’origine de cette
richesse. Que la richesse détériore le bien-être de la population n’entre pas en ligne de
compte. Si l’augmentation de la richesse entraîne une détérioration des conditions de la
population (bruit, pollution, maladies), le PIB ne s’en trouve pas réduit, au contraire ; on
pourrait donc envisager le recours à un autre indicateur.

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Chapitre 2 : Le comportement de consommation

On parle souvent de société de consommation, de l’économie de l’offre, de politique de


relance etc. Au cœur de ces problématiques, la consommation, chère à Malthus puis
Keynes, qui demeure plus que jamais un sujet d’actualité. De son niveau atteint, de son
évolution dépendent pour beaucoup la croissance à la récession, le pouvoir d’achat au
son absence.
C’est pourquoi nous commençons par l’analyse du comportement de consommation.
En effet, la consommation est la composante principale de la demande globale et à ce
titre, elle est au cœur du débat sur les politiques macroéconomiques de relance. Nous
définissons la consommation comme un acte de destruction d’un bien ou d’un service.
Cette consommation peut-être finale ou intermédiaire, la consommation intermédiaire
se rapporte à un bien ou un service qui n’a pas encore achevé son itinéraire dans le
processus productif et qui est appelé à être transformé en un être bien. Elle correspond
donc à la destruction créatrice. Mais la consommation finale est un acte de simple
« destruction » destiné à satisfaire un besoin humain.
Cette consommation peut être privée ou publique mais dans ce chapitre, nous nous
bornerons exclusivement à la consommation privée des ménages. La consommation
publique sera considérée comme exogène et intégrée dans « les dépenses publiques ».
Notre objectif est de passer en revue les analyses de la consommation globale des
ménages en vue de trouver des variables explicatives de cette évolution, c’est-à-dire de
dégager ces déterminants. Le déterminant premier qui a été avancé par les économistes
est le revenu. Mais ce concept peut recouvrir diverses réalités : le revenu courant, le
revenu relatif, le revenu permanent.
Keynes retient la notion du revenu courant, tandis que Duesenberry retient le revenu
relatif. Quand à Brown et Friedman, ils retiennent le revenu permanent.
Des prolongements peuvent être faits avec la théorie du choix inter-temporelle proposée
par Fisher qui prend en compte le long terme et donc l’évolution de la richesse.
Cette théorie va donner naissance à plusieurs autres interprétations dont celle du cycle
de vie de Modigliani.

Section 1 : L’hypothèse du revenu courant (HRC)

La fonction de consommation Keynésienne est exclusivement macroéconomique et elle


ne s’appuie pas sur des comportements microéconomiques. Comment cette fonction est-
elle construite ? La théorie générale (ouvrage de 1936) n’est pas un ouvrage formalisé,
technique c'est-à-dire il ne contient pas de démonstrations mathématiques ce qui veut
dire que la démarche est principalement littéraire, c’est par la suite l’interprétation que
feront les économistes de l’apport keynésien littéraire, ils vont proposer une véritable
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fonction au sens mathématique du terme telle que C+I. Dans la théorie keynésienne, la
fonction d’épargne est déduite, déterminée à partir de la fonction de consommation ;
comprendre la fonction de consommation c’est comprendre la fonction d’épargne. Cette
fonction de consommation, d’épargne va être sévèrement critiquée.

1-Les fondements et les caractéristiques de l’hypothèse de revenu courant (HRC)

Selon Keynes, la consommation de ménages s’explique essentiellement par le revenu


disponible courant noté Yd, c’est-à-dire le revenu national brut net d’impôt et des charges
sociales, d’où :
Yd = Y – T
Y = PIB ou PNB
T= charges fiscales et parafiscales
Le point de départ de la théorie Keynésienne est la loi dite loi psychologique de Keynes
qui s’annonce de la façon suivante : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons
nous appuyer en toute sécurité à la fois à priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et
à posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du
temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une
quantité aussi grande qui l’accroissement du revenu ».
De cette proposition nous retenons que, pour Keynes, la consommation est en relation
directe mais non proportionnel avec le niveau du revenu disponible.
𝑑𝑐𝑡
𝐶𝑡 = 𝑓(𝑌𝑑𝑡 ) avec 𝑜 < <1
𝑑𝑦𝑑𝑡
Ct = consommation des ménages de la période t
Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un niveau de revenu disponible nul, la
consommation est positive. Il existe donc un seuil minimum de consommation qui
correspond au minimum vital et qui sera appelé la consommation incompressible noté
Co.
Cette remarque et la loi psychologique permettent de formaliser la fonction de
consommation comme suit :
𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑐𝑌𝑑𝑡
𝑐 un paramètre positif mais inférieur à l’unité (c < 1).
De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques :
- la consommation comporte deux (2) composantes, la composante autonome (Co) et la
composante induite (cYdt) ;
- la propension marginale à consommer (PmC) qui mesure la variation de la
consommation des ménages suite à la variation du revenu disponible d’une unité, qui est
constante et comprise de 0 et 1.

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𝑑𝐶𝑡
𝑃𝑚𝐶 = =𝑐 𝑜<𝑐<1
𝑑𝑌𝑑

- La propension moyenne à consommer (PMC) qui mesure la consommation des


ménages par unité de revenu disponible est décroissante et supérieure à la propension
marginale à consommer ;
- La PMC n’est rien d’autre que le rapport entre la consommation le revenu
disponible.
𝐶𝑡 𝐶𝑜+𝑐𝑌𝑑𝑡 𝐶0
PMC = = = +𝑐
𝑌𝑑𝑡 𝑌𝑑𝑡 𝑌𝑑𝑡

𝐶𝑜
= 𝑃𝑚𝑐 +
𝑌𝑑𝑡
𝐶𝑜
PMC − Pmc = 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑃𝑀𝐶 > 𝑃𝑚𝑐
𝑌𝑑𝑡
La PMC décroît de + ∞ à c c’est-à-dire que pour revenus disponibles très élevés, la PMC
tend vers la PmC.
A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne.
En effet, la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée sera épargnée c’est-à-
dire que :

St = Ydt - Ct

= Ydt – (Co+cYdt)
= Ydt –Co – c Ydt
= Ydt (1- c) – Co

St = Ydt (s)- Co

De cette relation, nous pouvons tirer également un certain nombre de caractéristiques :

- L’épargne apparaît comme un résidu


- La PmS (propension marginale à épargner) qui mesure la variation de l’épargne
des ménages consécutive à la variation du revenu disponible d’une unité, est
constante et comprise entre 0 et 1
𝑑𝑆𝑡
𝑃𝑚 𝑆 = =𝑠 𝑜<𝑠<1
𝑑𝑌𝑑𝑡

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- La PMS (propension moyenne à épargner) qui mesure l’épargne de ménage par
unité de revenu disponible est croissante et inferieure à la propension marginale à
épargner (PmS). C’est le rapport entre l’épargne et le revenu disponible.
𝑆𝑡 𝑠𝑌𝑑𝑡−𝑐𝑜 𝐶𝑜
𝑃𝑀𝑆 = = =𝑠–
𝑌𝑑𝑡 𝑌𝑑𝑡 𝑌𝑑𝑡

𝑐𝑜
𝑃𝑀𝑆 = 𝑃𝑚𝑆 −
𝑌𝑑𝑡
𝐶0
𝑃𝑀𝑆 = 𝑃𝑚𝑆 − avec PmS > PMS
𝑌𝑑𝑡

La PMS croit de - ∞ à s, c’est-à-dire que pour des revenus très élevé, la PMS tend vers
la PmS.

- La somme de PmC et de PmS = 1


PmC + PmS = c + s
= c+ 1- c
=1
- La somme de PMC et de PMS = 1
C0 𝐶0
PMC + PMS = +c+s− = 𝑐 + 𝑠 = 𝑐 + (1 − 𝑐) = 1
Ydt 𝑌𝑑𝑡

Représentation graphique

L’épargne peut être négative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc
un niveau du revenu disponible pour lequel l’épargne est nulle : c’est le seuil d’épargne.
Le seuil d’épargne YdE est tel que :

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Ct = Ydt = Co + c Ydt
→ Co = Ydt – cYdt
= Ydt (1-c)

𝑪𝒐
Ydt =
𝟏−𝒄

Au seuil d’épargne, la PMC = 1

Remarque : Les fonctions de consommation et d’épargne définies ci-dessus suggèrent


que la somme des PmC et PmS = 1 mais ne permettent pas de savoir laquelle est
supérieure à l’autre. Toutefois, dans une économie « viable », la PmC est supérieure à
PmS. Le revenu est destiné essentiellement à la consommation et non à l’épargne.

2- Les implications et les limites de l’hypothèse de revenu courant


Nous abordons dans un premier temps des implications et dans un second temps, des
limites de l’HRC.

a- Les implications
Si nous considérons que les ménages ont des revenus différents, nous observons une
PMC de plus en plus faible et une PMS de plus en plus élevée à mesure que le revenu
disponible augmente.

Pour un pays donné la PMC doit diminuer au fur et à mesure que le niveau de la
population s’élève ce qui va faire baisser la consommation globale au profit de l’épargne

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globale. L’épargne est déterminée implicitement lorsque l’on analyse de près la fonction
de consommation. Keynes écrit :

« Personne ne conteste que l’épargne soit l’excès du revenu sur la dépense pour la consommation. […]
Une proportion de plus en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu croît. »
La fonction d’épargne est croissante en fonction du revenu :

Y=C+S  S=Y-C  S= Y-(c’Y + C0)  S= (1-c’) Y-C0

0<c’<1  0<(1-c’)/s<1  S=s’Y-C0

C=Y : Epargne nulle

Phénomène de désépargne (S<0). C0= consommation autonome ou consommation


incompressible : elle est indépendante du niveau de Y.

Si Y=0  C= C0  les ménages consomment même sans revenus, ce qui traduit une
épargne accumulée antérieurement.

Lorsque les revenus augmentent, la consommation et l’épargne augmentent aussi.

PMC décroissante  on consomme moins, on dépense moins mais on épargne plus :


on produira et on demandera moins ; l’emploi est touché ce qui entraîne du chômage. A
moins que cette baisse du plus important élément de la demande globale ne soit
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compensée par un autre élément tel que les dépenses publiques, on aura une tendance
de l’économie à la stagnation. C’est ce qu’on appelle l’hypothèse de stagnation.

Pour éviter cette situation, Keynes propose une intervention délibérée des pouvoirs
publics dans l’économie nationale en augmentant les dépenses publiques qui vont
compenser la baisse de la consommation.
La comparaison de deux pays doit faire ressortir une PMC plus faible et le PMS élevées
pour les pays les plus riches et inversement.
b- Les limites de l’HRC

La théorie keynésienne de la consommation est très critiquée et à plusieurs niveaux :

- La première critique est d’ordre empirique.


Nombreux sont les travaux qui remettent en cause les conclusions de Keynes. Les
travaux les plus significatifs sont ceux menés par Simon Kuznets sur l’économie
américaine sur la période 1869-1938. Ce dernier livre des résultats contrastés : la thèse de
Keynes n’est confirmée qu’à court terme où on observe effectivement la baisse de la
PMC. Mais les tests empiriques relatifs à des séries historiques révèlent au contraire une
stabilité de la PMC et de la PMS.
Par ailleurs, l’histoire n’a pas confirmé la stagnation séculaire qui devait survenir si
l’hypothèse keynésienne était suffisamment robuste.

- La fonction de consommation keynésienne ne tient pas compte de la répartition


du revenu. En effet, si nous considérons deux (2) catégories de ménages ayant des
fonctions de consommation différentes :
- Les riches avec une PMC faible ;
- Les pauvres avec une PMC élevé.
En considérant que la fonction de consommation globale est une agrégation des
fonctions de consommation des différentes catégories sociales, il en découle que toute
variation au niveau de la répartition des revenus entre les riches et les pauvres se traduit
immanquablement par une modification de la fonction de consommation et donc de la
consommation elle-même.
L’hypothèse du revenu courant ne peut rendre compte du comportement de
consommation des ménages dont les revenus subissent des variations aléatoires
importantes tels que les exploitants agricoles soumis aux aléas climatiques ou certaines
activités qui sont soumises à des variations saisonnières importantes.

17
En effet, ces catégories de ménages procèdent souvent à un lissage de leur
consommation en épargnant durant les années « grâces » et en désépargnant dans les
années « maigres ».

- La théorie Keynésienne donne une explication statique du comportement de


ménage dans la mesure où elle ne rend pas compte de l’arbitrage entre la consommation
présente et la consommation future et donne à l’épargne un statut de simple résidu.
Par ailleurs il n’y a aucun fondement microéconomique à la formalisation
macroéconomique du comportement de consommation. L’ensemble de ces limites
rendent nécessaire la reformulation de la théorie de la consommation.
Les contributions de Duesenberry, de Fisher, de Modigliani, de Friedman seront des
alternatives aux limites de la théorie Keynésienne.

Section 2 : Les multiplicateurs en économie fermée


Le multiplicateur présente les effets d’une modification de l’investissement (ou de la
dépense publique) sur le revenu global et donc sur l’emploi.
La théorie Keynésienne propose, pour lutter contre le chômage, une relance de l’activité
économique par le déficit budgétaire. Ce dernier peut prendre deux (2) formes :

- Une augmentation des dépenses à niveau de recettes fiscales inchangées ;


- Une diminution des impôts à niveau de dépenses identiques.
𝟏
Il est possible de montrer que le multiplicateur des dépenses publiques est toujours
𝟏−𝒄
𝑪
plus élevé que le multiplicateur fiscal
𝟏−𝐂

18
1- Le multiplicateur budgétaire en économie fermée sans intervention de
l’État

Nous abordons le multiplicateur statique dans l’économie fermée et le multiplicateur


dynamique.
a- Le multiplicateur statique dans l’économie fermée
Dans sa formulation initiale, le multiplicateur est analysé de manière statique. Les
différentes vagues de revenus générés pour une dépense initiale apparaissent
instantanément. L’équation ressources-emplois s’écrit de la façon suivante :

Y= C+ I
I = investissement
Y= revenu national
C = Consommation
On pose C = cY + Co
Y = cY + C0+ I

Y- cY = Co + I
Y (1- C) = Co + I
𝐴𝑌 1
=
𝐴𝐼 1−𝐶
1
Posons 𝑘 =
1−𝑐

1
𝑘=
s
𝑜𝑛 𝑎 𝑜 < 𝑐 < 1
1
𝑜 < 𝑐 < 1 𝑑𝑜𝑛𝑐 >1
1−𝑐
Il en découle que k > 1

k est appelé le multiplicateur. Il est d’autant plus fort lorsque la propension marginale à
consommer (c) est élevée.

Application numérique :
Pour c = 0,7 on a k = 3,33

19
Pour ΔI= 100, quelle sera la valeur de ΔY ?

ΔY = k Δ I

ΔY= 3,33x100= 333.


Dès que l’investissement dévient plus important (ΔI > o) l’augmentation de la production
qui en résulte est plus forte que la dépense initiale. Il y a un effet multiplicateur. Ce
processus de multiplication des revenus peut être freiné par une série d’obstacles :

- Les importations représentent une fuite en économie ouverte ;


- Les impôts diminuent également la valeur du multiplicateur ;
- L’accroissement du revenu global peut buter sur l’insuffisance des capacités de
production ou sur une hausse du taux d’intérêt.

Le multiplicateur suppose également le respect de certaines hypothèses.

- La consommation des ménages est supposée dépendre uniquement du revenu


courant et non du taux d’intérêt
- Les acteurs économiques doivent analyser la politique budgétaire expansive
comme un enrichissement et on suppose qu’ils ne s’interrogent pas sur la nécessité
pour l’Etat de financer sa dette par des hausses d’impôts.

La valeur de k est donc théorique, dans la réalité, les effets de multiplications sont souvent
élevés que sur le papier.

b- Le multiplicateur dynamique
Dans l’analyse dynamique, on prend en compte le temps qu’il faut pour que les
différentes vagues de revenus générés par la dépense initiale apparaissent.
Les augmentations du revenu global ne peuvent pas se faire immédiatement et de façon
simultanée. Si nous conservons une PmC (c) = 0,7, alors on peut distinguer deux types
de multiplicateurs dynamiques.

Premier cas

Retenons l’exemple d’un investissement supplémentaire et unique ΔI = 100.

On obtient les accroissements de revenus suivants.

20
Périodes ΔI ΔY ΔC ΔS
1 100 100 70 30
2 70 49 21
3 49 34,3 14,7
4 34,3 24,01 10,29
5 24,01 16,8 7,2
6 16,8 11,8 5

Si cet accroissement est réalisé dans la branche du bâtiment, les maçons qui ont réalisé
les travaux supplémentaires perçoivent un salaire. Ces salaires sont utilisés pour acheter
des biens de consommation chez les commerçants. Ces derniers ont eux-mêmes la
possibilité de dépenser la partie de ces flux nouveaux de revenus. Dans l’exemple que
nous retenons ici, la dépense initiale provoque un accroissement de revenus de 100. Sur
ces 100,70 sont consommés (100x0.7) et 30 sont épargnés. Ces 70 de consommation
supplémentaire donnent naissance à 70 de revenus chez d’autres agents économiques.
Ce revenu nouveau est consommé à hauteur de 49 (70 x 0,7) etc…
En principe le processus de multiplication est infini. En réalité, les différentes vagues de
revenus s’amortissent rapidement. On constate qu’au bout de la 6ème période, près de
90% des effets de multiplication sont réalisés. Le revenu global suit une progression
géométrique de raison 0,7.

ΔY + cΔY+c2 ΔY + c3 ΔY + c4 ΔY +…..+ cn ΔY
= ΔY (1 + c +c2 + ……..+cn )
𝐶−𝐶 𝑛 1
= ∆Y( ) ; la limite tend vers
1−𝐶 1−𝐶
1
ΔY + cΔY + 𝑐 2 ΔY + ⋯ + 𝑐 𝑛 ΔY = ΔY ( )
1−𝐶
1
100 ( ) = 333
1 − 0,1
Δy 333
= = 3,33 = k
ΔI 100

21
Deuxième cas

Périodes ΔI ΔC ΔY
1 100 70 100
2 100 70+49 100+70=170
3 100 70+49+34,3 100+70+49=219
4 100 70+49+34,3+24 253,5
5 100 70+49+34,3+24+16,8 277,51
6 100 70+49+34,3+24+16,8+11,7 294,1

Retenons l’exemple d’investissement additionnel (ΔI = 100) répété de période en


période. A chaque étape, de nouvelles vagues de revenus viennent s’ajouter aux résultats
de la période précédente. Si l’investissement est répété de manière infinie alors le revenu
global additionnel de chaque période tendra vers 333.
2- Le multiplicateur budgétaire en économie fermée avec intervention de
l’État
Reprenons notre équation emplois- ressources

𝑌 = 𝐶+𝐼+𝐺
G = Dépenses publiques

𝑂𝑛 𝑝𝑜𝑠𝑒 𝐶 = 𝐶𝑜 + 𝑐 𝑌𝑑 𝑜𝑟 𝑌𝑑 = 𝑌 − 𝑇

Y = Co + I + G + c (Y − T)

= cY − cT + Co + I + G

𝑌 − 𝑐𝑌 = −𝑐𝑇 + 𝐶𝑜 + 𝐼 + 𝐺

𝑌 ( 1 − 𝑐) = −𝑐𝑇 + 𝐶𝑜 + 𝐼 + 𝐺
−cT + Co + I + G
𝑌=
1−c
ΔY 1
= =𝑘
∆𝐺 1 − 𝑐
ΔY = 𝑘Δ𝐺
On constate que l’augmentation des dépenses de l’État provoque une augmentation plus
importante du revenu national Y
22
3- Le multiplicateur fiscal en économie fermée

𝑌 = 𝑐(𝑌 − 𝑇) + 𝐶𝑜 + 𝐼 + 𝐺
−cT + I + Co + G
𝑌=
1−𝑐
ΔY C
( )= = h
ΔT 1−C
h= multiplicateur fiscal

On a 𝑜 < 𝑐 < 1, on en déduit que k > h

AN : pour c = 0,7

k = 3,33 et h = 2,33
Ceci s’explique par le fait que la dépense publique agit directement sur l’activité économie
alors qu’une partie des revenus issus de la baisse de l’imposition constitue une fuite.
L’imposition que nous venons de voir est un impôt forfaitaire. A présent, étudions le
cas où les impôts sont proportionnels au revenu national. Dans ce cas on a :

T = tY

t= taxe proportionnelle.
On a Y =c (Y-T) + I + G + Co
= c Y – cT + I + G +Co
Y = cY –ctY + I + G + Co
Y- cY – ctY = I + G + Co
𝑌 ( 1 − 𝑐 + 𝑐𝑡) = 𝐶𝑜 + 𝐼 + 𝐺
∆𝑌 1 1
= = =e
∆𝐺 1 − c + ct 1 − c ( 1 − t)

𝐴𝑁 = 𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡 = 10% = 0,1


1
e= = 2,7
1−0,7 (1−0,1)

Les impôts ont pour conséquence d’atténuer les effets de multiplication. Il en découle
que la politique budgétaire de relance est affaiblit par le gonflement des recettes fiscales
et l’effet multiplicateur est réduit lorsque les impôts sont sensibles à la conjoncture.

23
Par ailleurs, on constate que le budget de l’État a un effet stabilisateur sur la conjoncture.
Lorsque le taux de croissance de la production est très élevé, les impôts augmentent
rapidement, le budget tend à devenir excédentaire ce qui limite les possibilités
d’emballement de la conjoncture. Inversement une récession est freinée par le fait que
les rentrées fiscales diminuent. Dans un cas comme dans l’autre, on parle de
stabilisation automatique.

4- Le multiplicateur de budget équilibré (Haavelmo, 1945)

Lorsque les pouvoirs publics doivent faire face à des dépenses supplémentaires, ils
peuvent chercher à les financer par un surcroît d’impôt d’un même montant, l’objectif
étant de préserver l’équilibre du budget de l’État. Dans ce cas, peut-on parler d’effet de
multiplication ? En utilisant les résultats précédents, on peut écrire que :
1 −C
ΔY = ( ) ΔG + ( ) ΔT
1 − c) 1 − c)
On a ΔT = ΔG donc
1 −C
ΔY = ( ) ΔG + ( ) ΔG
1−c) 1−c)

1 −C
ΔY = ( − )
1−c− 1 − c)

ΔY = ΔG (1) donc k = 1
La variation du revenu national est égale à celle des dépenses publiques. Le multiplicateur
du budget équilibré est égal à1 ( 𝑘 = 1). C’est le théorème d’Haavelmo : un budget
équilibré n’a pas un effet neutre sur l’activité économique. Si les dépenses et les impôts
augmentent d’une même valeur, le solde budgétaire reste inchangé mais il y a néanmoins
un effet de multiplication égal à l’unité (le montant du revenu s’accroît du même montant
que la variation initiale des dépenses. Cette approche justifierait les relances financées
par la hausse de la fiscalité et montrerait l'absence de neutralité de l'équilibre
budgétaire. Elle semble limitée de fait aujourd'hui par l'ouverture croissante des
économies, qui dilue considérablement toute politique volontariste dans une progression
des exportations et un risque de déficit commercial.

24
5- Le multiplicateur dans une économie ouverte

Pour préciser les conditions d’équilibre sur le marché des produits, nous considérons ici
que l’économie en question vend et achète à l’extérieur. On note M les importations
réalisées en provenance de l’ensemble des pays étrangers et X l’ensemble des
exportations effectuées. Dans ces conditions, l’offre global est donc maintenant
constituée de la production national Y accrue du montant des importations, ressources
supplémentaires que l’on s’est procuré à l’extérieur.

Quant à la demande globale, il faut ajouter à la demande provenant des consommateurs


et investisseurs nationaux, la demande adressée par les clients étrangers c’est-à-dire le
montant des exportations.
Au total, la condition d’équilibre sur le marché des produits s’écrit non plus comme
précédemment c’est-à-dire 𝑌 = 𝐷 mais 𝑌 + 𝑀 = 𝐷 + 𝑋.

Compte tenu des équations de définition de D et Y, on peut écrire :

𝐂+𝐒+𝐌= 𝐂+𝐈+𝐗

S−I=X−M
Si S − I > 𝑜 <=> 𝑋 − M > 𝑜 <=> 𝑋 > 𝑀
S − I < 𝑜 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑋 − M < 𝑜 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑋 < 𝑀

a- Le développement des exportations comme des injections

Soit C = Co + cYd or
Y =C+I
= Co + cYd + I
Y + M = Co + cYd + I + X
= Co + c (Y − T ) + I + X
= Co + c Y − cT + I + X
Y − cY = Co − cT + I + X − M
Y( 1 − c) = Co − cT + I + X − M

Co − cT + I + X − M
Y=
1−𝐶

Co − cT + I + (X − M)
Y=
1−𝐶

25
∆𝑌 1 1
= =
∆𝑋 1 − 𝑐 𝑠

∆𝑌 1 1
= =
∆𝐼 1 − 𝑐 𝑠
On peut remarquer que le multiplicateur d’exportation a la même valeur que le
multiplicateur d’investissement d’où la conclusion suivante : concernant la stimulation de
l’activité économique et le niveau de l’emploi, il a y équivalence entre l’accroissement de
l’investissement et celui des exportations.
Un (1) million de FCFA d’exportation supplémentaire a les mêmes effets (à court terme)
sur l’activité économique et le niveau d’emploi qu’un (1) million de FCFA supplémentaire
d’investissement.

b- Les importations comme des fuites

Alors que dans l’analyse qui vient d’être faite, le montant des importations était considéré
comme fixe, (implicitement) déterminé de façon exogène, on va ici considérer pour plus
de réalisme que les importations varient avec le niveau de l’activité économique.
Soit 𝑀 = 𝑀 (𝑌)𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑚′ > 𝑜;
Pour simplifier la présentation, on va supposer qu’un certain montant d’importation Mo
est dépendant du niveau de production et que la relation est de la forme suivante :

𝐌 = 𝐌𝐨 + 𝐡 𝐘

Y+M=C+I+X
Y + Mo + hY = C + I + X
Y + Mo + hY = Co + c ( Y − T) + I + X
Y + hY − cY = Co − cT + I + X − Mo
Y (1 + h − c) = Co − cT + I + X − Mo

𝐶𝑜 − 𝑐𝑇 + 𝐼 + 𝑋 − 𝑀𝑜
𝑌=
1+ℎ−𝑐
∆𝑌 1
=
∆X 1+ℎ−𝑐

∆𝑌 1 1 1
= et <
∆I 1+ℎ−𝑐 1+ℎ−𝑐 1−𝑐

26
L’introduction d’importation partiellement induite par le niveau d’activité aboutit à la
diminution de la valeur du multiplicateur dans l’économie considérée. Les importations
ont le même effet que l’épargne dans la détermination du revenu d’équilibre.

Circuit en économie ouverte

Revenus

Entreprises Ménages

Injection Dépenses de consommation Fuite

Exportation Investissement Epargne Importations

Après la 2ème Guerre mondiale certains économistes vont porter un regard critique
(travaux de Simon Kuznets, récompensé par le prix Nobel d’économie en 1971) sur la
fonction de consommation keynésienne. Kuznets constate que l’on peut confirmer la
fonction de consommation keynésienne seulement en courte période, mais cette fonction
est non validée sur la longue période. Kuznets ne parvient pas à confirmer la décroissance
de la PMC, au contraire ses travaux montreront que la PMC serait au contraire stable et
non décroissante. Si PMC stable, il se peut que PmC=PMC, ce qui veut dire qu’il n’y a
plus d’ordonnée donc la fonction de consommation à long terme passerait par l’origine
et si on élimine C0 , cela conduit à une remise en cause de toute l’analyse sur la fonction
d’épargne. Les travaux de Kuznets avec cette analyse économétrique remettent en cause
l’analyse keynésienne, notamment sur le long terme et dans les faits. Va-t-il y avoir une
fonction de consommation de long terme qui viendrait remettre en cause la fonction
keynésienne de courte période ? Les travaux des économistes monétaristes de l’université
de Chicago, opposée sur le plan scientifique à l’université de Cambridge montreront que
oui, travaux fondés sur un approfondissement du concept de revenu.

27
Section 3 : L’hypothèse du revenu relatif (Duesenberry, 1949)
Cette théorie est formulée en 1949 par James Duesenberry qui introduit cette théorie. Il
part d’une constatation statistique simple des Etats-Unis ; il constate qu’un ménage blanc
percevant un revenu de 8000 $ par an épargnait moins et consommait plus qu’un ménage
de couleurs percevant le même revenu. La PmC d’un ménage blanc serait supérieure à la
PmC d’un ménage de couleurs. Explication d’ordre psychologique : l’homme n’est jamais
isolé, il vit en société, il s’insère dans une communauté, un groupe de référence. Il se
compare sans cesse aux autres membres de son groupe de référence. Duesenberry
conclue sur ce qui détermine la consommation d’un individu : ce n’est pas le revenu
absolu qui détermine le niveau de C°, c’est plutôt la position de son revenu dans la
hiérarchie des revenus des individus de son groupe de référence : le revenu relatif. Il
ajoute à son explication une autre explication qui porte sur les comportements des
ménages et la prise en considération de la dimension sociale : les ménages ont de la
mémoire et cela a des conséquences sur leur niveau de consommation (les ménages
peuvent se rappeler de leurs niveaux de consommation antérieurs, au moins des périodes
proches) et donc les consommateurs vont sans cesse chercher à maintenir leur
consommation sur les niveaux antérieurs atteints dans le passé ( aucun ménage n’aime
réduire sa consommation, même s’il enregistre des revenus plus faibles, qui diminuent).
C’est l’effet Cliquet. Selon cet effet, la consommation serait rigide aux baisses de
revenus. En définitive, l’hypothèse du revenu relatif est basée sur deux (2) hypothèses
fondamentales :
La première hypothèse spécifie que les individus sont sensibles à la comparaison de
leurs dépenses de consommation avec celle des autres consommateurs. Chaque individu
compare sa situation à celle des personnes qui l’entoure, il en découle l’émulation sociale
appelée par Duesenberry : ‛‛Effet de démonstration”.
Par conséquent, le niveau de consommation atteint par un ménage dépend non
seulement de son niveau de revenu absolu mais aussi du rapport entre son revenu et celui
des personnes qui les entourent.

En d’autres termes, la consommation individuelle n’est pas uniquement fonction du


niveau absolu de revenu, mais aussi de la situation relative de l’individu sur l’échelle des
revenus. Ainsi lorsqu’un individu atteint grâce à une promotion ou une augmentation de
ses revenus une catégorie sociale supérieure, il tend à adopter le mode de vie du groupe
auquel il vient d’accéder.

28
La deuxième hypothèse est que la consommation d’une période est davantage en
fonction du revenu antérieur le plus élevé que celui de la période courante.

Par exemple un haut fonctionnaire de la compagnie Air-Côte d’Ivoire qui vient d’être
compressé ne va pas consommer par rapport à la situation courante à court terme mais
essayer de s’accrocher à son standing de vie soit désépargnant soit en exerçant des
activités d’appoint. Tout se passe comme si par un « effet de cliquet », les consommateurs
réagissent à la baisse relative de leur revenu par une hausse de leur propension à
consommer pour préserver leur niveau de vie qui est socialement conforme à leur passé.

𝐶𝑡 = 𝑎𝑌𝑡 + 𝑏𝑌𝑡−1

Selon Duesenberry, la PMS (𝑆𝑡 /Yt) au cours d’une période t est fonction du rapport du
revenu de la période t au revenu précédent le plus élevé (𝑌o) soit :
𝐒𝐭 𝐘𝐭
=𝒂 +𝒃
𝒀𝒕 𝒀𝒐

𝒀𝒕
Si est constant, par exemple, si le revenu croît régulièrement de période en période,
𝒀𝒐
la PMS est constante. Mais si le revenu tombe au-dessous du niveau précédent le plus
élevé alors PMS diminue. Ainsi s’explique à la fois que la consommation croisse en
longue période proportionnellement au niveau et que la fonction de consommation varie
constamment en courte période.

Les travaux de Brown (1952) vont introduire l’effet de mémoire, le coefficient λ :

Ct= c’Yt+C0+λCt-1

0<λ<1, Yt baisse quand λ0.

Section 4 : La théorie du choix intertemporel de Fisher (Fisher, 1930)


Cette approche a été présentée par Irving Fisher en 1930 dans le but de donner un
fondement microéconomique à la fonction de consommation macroéconomique.
D’inspiration néoclassique, cette théorie suppose des agents rationnels qui agissent dans
un environnement de concurrence parfaite. Ces agents rationnels en termes réel adoptent
un comportement calculateur de maximisation de la fonction objectif sous contrainte.
L’hypothèse de base de cette théorie est que la finalité de la consommation de ménages,
c’est la maximisation de l’utilité. Mais il ne s’agit pas de maximiser l’utilité pour une
période donnée mais plutôt pour toute la durée de vie. Autrement dit un ménage serait
prêt à sacrifier une certaine quantité de consommation au présent en vue d’avoir une
quantité plus élevée au futur et inversement. Si l’espérance de vie d’un ménage

29
représentatif est de n années, ses revenus disponibles réels anticipés sont : Y1, Y2, Y3
….Yn et ses consommations réelles annuelles sont : C1, C2, C3 …..Cn .

Alors son plan de consommation inter-temporel est celui qui maximise son utilité sous
la contrainte de la richesse.
1- Le plan de consommation intertemporel

Pour simplifier notre raisonnement, nous supposons toujours un ménage représentatif :

- Dont l’espérance de vie est de deux (2) périodes : le présent (période 2) et le futur
(période 2) ;
- Qui n’a pas de richesse initiale et qui ne lègue rien à ses héritiers.

Supposons que ce ménage a une préférence pour le présent noté 𝜌 c’est-à-dire qu’entre
une unité de consommation présente et la même unité au futur, il préfère consommer au
présent.
Le taux d’intérêt réel r est la récompense de la renonciation au présent, c’est-à-dire la
récompense de l’abstinence. Autrement dit, ce ménage obtiendrait (1+ r) unité de
consommation au futur s’il accepte de renoncer à une unité de consommation du présent.

Ce ménage peut donc à chaque période avoir une consommation inférieure à son revenu
courant et épargner le reste ou avoir une consommation supérieure et emprunter la
différence. Sous cette hypothèse, l’objet de cette section est d’expliquer les mécanismes
d’élaboration du plan de consommation intertemporel.

a- La notion de richesse
Nous désignons par richesse d’un ménage noté W la somme des revenus disponibles
réels actualisés.
𝒀𝟐
L’équation de richesse 𝑾 = 𝒀𝟏 +
𝟏+𝐫

b- La contrainte budgétaire

Par contraire budgétaire d’un ménage, nous désignons l’égalité entre ses ressources et
leurs emplois. Il s’agit ici de l’égalité entre la somme des revenus disponibles réels
𝑪𝟐
actualisés et la somme ses consommations annuelles réelles actualisées. 𝑪 = 𝑪𝟏 +
𝟏+𝐫

Y2 𝐶2
𝑊 = 𝐶 ⇔ 𝑌1 + = C1 +
1+r 1+𝑟
𝐶2
𝑊 = C1 +
1+𝑟

30
𝐶2
C1 = 𝑊 − 𝑒𝑡 C2 = (1 + r)(𝑊 − C1) = W + r W –C1 – r C1
1+𝑟
C2 = (1+ r) W – (1+r) C1

Cette dernière relation est l’équation de la contrainte budgétaire ou de richesse. Nous


remarquons que c’est une droite décroissante de pente négative −( 1 + 𝑟)

Si C2 = 0 alors C1 = W

C1 = 0 alors C2 = ( 1+r) W

c- La fonction d’utilité

L’objectif du ménage représentatif est de maximiser sa fonction d’utilité intertemporelle :

U = U ( C1 ;C2 ).
Cette fonction peut être représentée dans un espace à trois (3) dimensions par une colline
d’utilité ou dans un plan, par une carte d’indifférence qui représente l’ensemble des
courbes d’indifférence. Une courbe d’indifférence intertemporelle est le lieu
géométrique de toutes les combinaisons de consommation (C2, C2) qui donnent le même
niveau d’utilité.

31
d- L’optimum
Il s’agit de maximiser la fonction d’utilité sous la contrainte de richesse. Cela revient à
maximiser l’équation de Lagrange suivante :
𝑪𝟐
L = U (C1 ; C2) + λ (W – C1 - )
𝟏+𝒓

L est maximum
𝜕𝐿 𝜕𝑈
= −𝜆 =𝑂
𝜕𝐶1 𝜕𝐶1

𝜕𝐿 𝜕𝑈 𝜆
= − =𝑂
𝜕𝐶2 𝜕𝐶2 1+𝑟

𝜕𝐿 𝑪𝟐
= W – C1 - =𝟎
𝜕𝜆 𝟏+𝒓

𝜕𝑈
On a =𝜆 (1) 𝜕𝐿
𝜕𝐶1
1 𝜕𝐶1
𝜕𝑈 1 = =1+𝑟
= 1+ 𝑟 (2) 2 𝜕𝐿
𝜕𝐶2 𝜕𝐶2

𝐶2
𝑤 = 𝐶1 +
1+𝑟

Or on sait que

𝜕𝐿
𝜕𝐶1 𝑈𝑚𝐶1 −𝑑𝐶2
𝜕𝐿 = = = 𝑇𝑀𝑆𝐼 (Taux marginal de substitution intertemporel)
𝑈𝑚𝐶2 𝑑𝐶1
𝜕𝐶2

32
Le 𝑇𝑀𝑆𝐼 mesure la quantité de consommation future que le ménage serait prêt de céder
pour avoir une unité supérieure de consommation présente et garder le niveau d’utilité
constant. C’est le taux d’échange subjectif entre la consommation future et la
consommation présente. (1+r) mesure la valeur future d’une unité de consommation
présente. C’est le taux d’échange objectif entre la consommation future et la
consommation présente. Autrement dit, l’optimum est tel que le taux d’échange objectif
est égal au taux d’échange subjectif c’est-à-dire :
𝐶2
TMSI = 1 + r et W= C1 + .
1+𝑟
Cet équilibre implique quelques suggestions et remarques :
- Contrairement à l’hypothèse de Keynes, la consommation des ménages ne dépend
pas uniquement du revenu disponible mais également du taux d’intérêt ;
- Cet équilibre peut déboucher sur deux catégories de ménages :
► Un ménage créditeur caractérisé par une épargne positive, c’est-à-dire avec une
consommation présente inférieure au revenu présent C1* < Y1 ⇒ S> 𝑜.
►Un ménage débiteur caractérisé par une épargne négative, c’est-à-dire une
consommation supérieure au revenu présent C1* > Y1 ⇒ S< 𝑜 .
Etant donné que le ménage considéré ne lègue rien à ses héritiers, sa richesse doit être
épuisée à la fin de la deuxième période c’est-à-dire qu’il ne doit avoir à la fin de sa vie
ni une épargne ni des dettes. Autrement dit, son épargne à la deuxième période est égale
à l’opposé de son épargne de la première période.

2- Déplacement de l’équilibre

Nous avons montré ci-dessus que la consommation dépendait du revenu disponible et


du taux d’intérêt mais nous n’avons pas précisé la nature de la relation (croissante ou

33
décroissante). Pour le faire, nous devons analyser les conséquences des variations du
revenu disponible et du taux d’intérêt lesquelles variations se traduisent par un
déplacement de l’équilibre.

a- Variation du revenu disponible et déplacement de l’équilibre


Toute variation des revenus disponible (r restant constant) se traduit par une variation
dans le même sens de la richesse. La droite budgétaire va subir un déplacement parallèle,
puisque la pente (- 1+ r) ne varie pas et par conséquent les consommations présentes et
futures ainsi que l’épargne vont aussi variés dans le même sens.

 ∆ 𝑌1 > 𝑜 𝑒𝑡/𝑜𝑢 ∆ 𝑌2 > 𝑜 ⇒ ∆ 𝑊 > 𝑜 ⇒ ∆𝐶1 > 𝑜 , ∆𝐶2 > 𝑜 𝑒𝑡∆𝑆 > 𝑜
 ∆𝑌1 < 0 𝑒𝑡/𝑜𝑢 ∆𝑌2 < 𝑜 ⇒ ∆𝑊 < 𝑜 ⇒ ∆𝐶1, < 𝑜, ∆𝐶2 < 0 𝑒𝑡 ∆𝑆 < 𝑜

b- Variation du taux d’intérêt et déplacement de l’équilibre

Toute variation du taux d’intérêt réel (Y1 et Y2 constants) entraîne un déplacement non
parallèle de la droite budgétaire et par la même occasion un déplacement de l’équilibre.
Ce déplacement de l’équilibre résulte d’un double effet : un effet substitution et un effet
de richesse.

- L’effet de richesse résulte du fait que le ménage va se sentir plus riche ou plus
pauvre selon le sens de variation du taux d’intérêt et selon que l’argent soit débiteur ou
créditeur : une augmentation du taux d’intérêt enrichit l’agent créditeur et appauvrit
l’agent débiteur et inversement. Et tout enrichissement (appauvrissement) entraine une
augmentation (une baisse) de C1 et de C2.
- L’effet de substitution
L’effet de la variation du taux d’intérêt est la modification de la récompense de la
renonciation au présent c’est-à-dire du prix de C1 en termes de C2. . Ceci se traduit par un
effet de substitution : qui est le même quel que soit la situation de l’agent : une

34
augmentation incite à l’épargne et entraine un effet négatif sur la consommation présente
et un effet positive la consommation future et inversement.

- Les effets conjugués (effet global) sur les consommations présentes et futures
ainsi que sur l’épargne sont relativement complexes. Ils dépendent du sens de variation
de taux d’intérêt et de la situation de l’agent.
Toutefois, les tenants de ce modèle font l’hypothèse que lorsque l’effet revenu et l’effet
substitution ne vont pas dans le même sens, c’est l’effet substitution qui l’emporte de
sorte que par exemple, si l’effet revenu est positif et l’effet de substitution négatif, alors
l’effet global est négatif.
Le tableau suivant récapitule les conséquences des variations du taux d’intérêt réel selon
la situation de l’agent.

Δr > 0 Δr < 0
Agent créditeur Agent débiteur Agent créditeur Agent débiteur
ES ER EG ES ER EG ES ER EG ES ER EG
ΔC1 - + - - - - + - + + + +
ΔC2 + + + + - + - - - - + -
ΔS + - + + + + - + - - - -

Remarque : Pour représenter graphiquement ES, il faut créer un point intermédiaire en


traçant une droite parallèle à la nouvelle droite budgétaire, tangente à la courbe
d’indifférence initiale. Le graphique suivant illustre le cas d’une augmentation du taux
d’intérêt dans le cas d’un agent créditeur.

35
Equilibre initiale : point A
Equilibre final :C
Effet de substitution : de A à B
Effet de revenu :BàC
Effet global :AàC

c- Conclusion

Si nous supposons que l’ES l’emporte sur l’ER, nous pouvons conclure que l’approche
Fisherienne établit une relation croissante de la consommation présente et la richesse
(cette dernière étant fonction croissante des revenus) et décroissante entre la
consommation présente et le taux d’intérêt

Section 5 : L’hypothèse du cycle de vie de Modigliani (Modigliani, 1963)

Dans les années 1950, Franco Modigliani va se référer aux conclusions de Fisher pour
tenter de résoudre l’énigme de la consommation et expliquer la contradiction de la théorie
Keynésienne et les faits observés. Comme nous l’avons vu, le modèle de Fisher suppose
que la consommation d’une période dépend des revenus de toutes les périodes.
L’hypothèse que va poser Modigliani est que le revenu est cyclique, qu’il est variable le
long de la vie et que les ménages vont transférer une partie de leurs revenus des années
« grâces » vers la consommation des années « maigres ». L’objectif de ces transferts de
revenus est d’avoir une structure de consommation relativement stable durant toute la
vie. La raison primordiale à l’origine des fluctuations des revenus est l’existence d’une
période d’activité à les revenus sont relativement élevés et d’une période d’inactivité
(retraite) où les revenus sont relativement faibles, voir nuls.
Le rôle de l’épargne dans ce cas est de répondre aux désirs des ménages de ne pas voir
leur consommation baisser substantiellement durant la période retraite.
Cette incitation à épargner va avoir des implications sur la fonction de consommation.
Pour illustrer la conception de Modigliani, supposons un seul instant un ménage qui
possède une richesse initiale Wo. Ce ménage s’attend à vivre n années et e années
d’activité et (n-e) années de retraite. Il perçoit, durant la période d’activité un revenu
annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers.
On peut donc se poser la question de savoir quel niveau de consommation doit-il avoir
pour être en mesure de « lisser » sa consommation durant toute la période de vie ?

36
Pour simplifier le raisonnement, nous supposons que le taux d’intérêt est nul. Les
ressources de ce ménage s’élèvent à 𝑊𝑜 + 𝑒𝑌 . Sa consommation sera donc C =
𝑊𝑜+𝑒𝑌 Wo eY
= +
𝑛 𝑛 𝑛

Exemple : Pour 𝑛 = 40 𝑒𝑡 𝑒 = 20 , 𝐶 = 0,025𝑊𝑜 + 0,5𝑌

Cette dernière relation indique que la consommation dépend de la richesse et du revenu.


Toute unité supplémentaire de richesse entraine une augmentation de la consommation
de 0,025 unité, et toute augmentation du revenu se traduit par l’augmentation de la
consommation de 0,5 unité. Si tous les ménages adoptent un comportement similaire, la
fonction de consommation agrégée sera C = 𝛼W + βY où 𝛼 est la propension marginale
à consommer une partie de la richesse et β est la propension marginale à consommer une
partie du revenu.
A priori, nous pouvons supposer que la richesse est constante à court terme et elle ne
varie à long terme que suite à l’accumulation de l’épargne.

Au niveau individuel, la richesse augmente puis baisse. Mais pour l’ensemble des
ménages c’est-à-dire au niveau macroéconomique, la richesse suit un trend ascendant.
Ainsi :

- à court terme, 𝛼W = 𝛼Wo (une constante) et la fonction de consommation est :


C = 𝛼Wo + βY. Cette fonction de consommation est similaire à celle de Keynes
où 𝛼Wo est la consommation incompressible (Co) et βY est la consommation
𝛼𝑊𝑜
induite. La PMC = + β est quant à elle décroissante par rapport au revenu.
𝑌
- Mais à long terme, au fur et à mesure que la richesse augmente, la fonction de
consommation va se déplacer vers le haut. L’accroissement du revenu va être compensé
par l’accroissement de la richesse de sorte que la PMC va rester constante.

37
𝛼𝑤
En effet, PMC = + β et comme W et Y vont augmenter parallèlement, rien ne
𝑌
prédispose que la PMC à baisser. Chez Modigliani, les PMC diffèrent selon qu’on est en
activité ou pas.
Supposons que la consommation est fonction du revenu courant et de la richesse de
l’individu. On peut écrire C = ∅ YL où YL est le revenu permanent c’est-à-dire qu’en
début de carrière et à la retraite, le revenu actuel doit être inférieur à YL. En âge d’adulte,
il sera supérieur à YL.
𝑑𝐶
A long terme, la PmC = =∅
𝑑𝑌

𝐶 ∅ YL
La PmC = =
𝑌 𝑎𝑐𝑡𝑢𝑒𝑙 𝑌 𝑎𝑐𝑡𝑢𝑒𝑙

𝑌𝐿
Or PMC= PmCLT =
𝑌 𝑎𝑐𝑡𝑢𝑒𝑙

En âge jeune et à la retraite, Y actuel < YL donc PMC >PmCLT ; En âge adulte,
Y actuel > YL donc PMC <PmCLT
La courbe du patrimoine ci-dessus a un profil en doche. Par conséquent au niveau
macroéconomique, les taux d’épargne sont différents selon les classes d’âges. Le taux
d’épargne global de la population dépend de la structure par âge de la population. Une
population jeune à un niveau élevé de dépense alors qu’une population qui vieillit épargne
plus car les individus préparent leur retraite. Mais cette présentation de l’hypothèse de
cycle de vie présente des limites :

- Les ménages ne connaissent pas leur espérance de vie avec certitude


- Ils ont souvent des visées dynastiques (volonté de léguer un patrimoine à ces
enfants).
- Ils peuvent faire des erreurs quant à l’évaluation des ressources qu’ils perçoivent
au cours de leur cycle de vie. Les héritages peuvent alors être interprétés comme des
erreurs d’appréciation de la part des individus qui sont placés en situation d’incertitude.
Par ailleurs, on constate qu’il existe une fraction non négligeable de la population qui ne
n’entreprend aucun projet d’accumulation qui détient un patrimoine dont la valeur
liquidative est proche de 0 quel que soit l’âge retenu. Pour ces personnes :

- La consommation annuelle C est proche du revenu Y au moment de la vie active


(absence ou faiblesse de l’épargne).
- Le passage à la retraite produit un effondrement du niveau de vie. La personne vie
alors de revenu d’assistance (minimum vieillesse)
38
Enfin, les études empiriques montrent que la baisse du patrimoine des ménages au cours
de la période d’inactivité est faible. De plus certains ménages continuent d’épargner
quand bien même ils sont retraités. On peut avancer les explications suivantes :

- Les ménages veulent maximiser la quantité de biens qu’ils lèguent à leurs enfants ;
- Le patrimoine est utilisé pour la jouissance qu’il procure (il n’est pas
nécessairement consommé)
- En Europe par exemple, l’accroissement spectaculaire du niveau de vie des
retraités après la seconde guerre mondiale leur a donné les moyens d’épargner même s’ils
n’ont pas d’activités professionnelles

Pour améliorer le modèle du cycle de vie Modigliani, certains économistes ont proposé
des modèles de cycle de vie de la seconde génération. Ces modèles visent à introduire :

- Les incertitudes au niveau des ressources et de la durée de vie qui peut conduire à
des héritages involontaires ou accidentels.
- L’existence d’une véritable stratégie de transmission qui va au-delà de la
consommation d’un patrimoine à des fins uniquement personnelles.

Deux (2) formes de richesses sont à distinguer :

- Le patrimoine de cycle de vie noté S est celui au travers duquel les individus
cherchent à améliorer leur propre existence. Il a les caractéristiques mises en évidence
par Modigliani : profil en doche, montant proportionnel au revenu permanent.
- Le patrimoine destiné à la transmission qui n’apparait qu’à partir d’un seuil
minimal de patrimoine S. Il est accumulé par les ménages aisés et possède les
caractéristiques des biens de luxe (sa possession augmente avec le niveau de revenu). Il
n’est pas accumulé dans une perspective de cycle de vie, il correspond plutôt à l’effort
fait par les familles pour conforter leurs pouvoirs économiques et leurs stratégies sur
plusieurs générations.

Section 6 : L’hypothèse du revenu permanent de Friedman (Friedman, 1957)

Milton Friedman admet qu’il a une stricte proportionnelle entre la consommation et le


revenu, à condition de considérer les valeurs de la consommation et du revenu prévues
par le sujet économique. Celles-ci dépendent non seulement du montant des recettes et
des dépenses de l’année en cours, mais aussi des constatations du passé et des
anticipations sur l’avenir. Les valeurs du revenu et de la consommation ainsi prévues sont
appelés YP (revenu permanente) et Cp (consommation permanente) pour les distinguer
donc des éléments transitoires de la consommation et de l’épargne. Ceux-ci n’ont pas

39
d’influence sur la loi générale de la consommation dégagée par Friedman selon laquelle
il y a stricte proportionnelle entre la Cp et le Yp tel que Cp =Yp

1- La notion du revenu permanent


Le revenu permanent est défini comme « la somme qu’un consommateur peut dépenser
(ou consommer) en maintenant constante la valeur de son capital »
Vu sous l’ongle des avoirs d’un ménage, le revenu permanent sera considéré comme le
reflet des revenus annuels stables sur une longue période dont la valeur présente
actualisée est égale à la richesse de ce ménage. Quand un ménage épargne, il ajoute à sa
richesse et accroit donc son revenu permanent. Fort de cela, nous pouvons dire que ce
concept est intimement lié au concept de richesse (W).
𝑌2 𝑌3 𝑌𝑛
La richesse s’écrit W = 𝑌1 + + + ⋯+
1+𝑟 (1+𝑟)2 (1+𝑟)𝑛−1

Le revenu permanent serait ce revenu constant à long terme tel que :


𝑌𝑃 𝑌𝑃 𝑌𝑃 1 1 1
𝑊 = 𝑌𝑃 + + + ⋯ + (1+𝑟)𝑛−1 = 𝑌 𝑃 (1 + + + ⋯+ )
1+𝑟 (1+𝑟)2 1+𝑟 (1+𝑟)2 (1+𝑟)𝑛−1

1
Ici on a affaire à une suite géométrique de premier terme 1 et de raison .
1+𝑟

1 𝑛
1−( ) 1+𝑟 𝑟
𝑃
𝑊= 𝑌 ( 1+𝑟
1 )= 𝑌 𝑃 ( 𝑟
) ; il en découle que 𝑌 𝑃 = 𝑊 (1+𝑟 ) .
1−( )
1+𝑟

Mais cette définition théorique du revenu permanent Yp ne permet pas de l’évaluer d’une
manière empirique étant donné l’indétermination des revenus futurs et du taux d’intérêt
futur. C’est la raison pour laquelle Friedman a proposé, pour surmonter cette difficulté,
une définition empirique qui se base sur les revenus observés au présent et durant les
périodes passés. L’hypothèse de base est que les revenus courants subissent d’année en
année des chocs temporaires aléatoires. Ce revenu est donc formé par deux (2)
composantes : une composante transitoire et une composante permanente :
𝑝
𝑌𝑡 = 𝑌𝑡 + 𝑌𝑡𝑇

𝑌𝑡 = 𝑌 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑎𝑛𝑡
𝑝
𝑌𝑡 = 𝑌 𝑝𝑒𝑟𝑚𝑎𝑛𝑒𝑛𝑡
𝑌𝑡𝑇 = 𝑌 𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑖𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒

𝑝
Le 𝑌𝑡 est la composante du revenu que les ménages s’attendent à conserver à l’avenir, il
représente donc la partie stable du revenu. Le revenu transitoire est la composante du

40
revenu dont les agents ne perçoivent pas le maintien à l’avenir. Il représente la différence
𝑝
à court terme entre le revenu courant et le revenu permanent à long terme. Si le 𝑌𝑡 est
le revenu moyen alors le revenu transitoire apparaît comme l’écart aléatoire par rapport
à cette moyenne. Cet écart, peut être positif ou négatif selon que le revenu courant est
supérieur ou inférieur au revenu permanent. Ce dernier est une notion
conditionnellement ajustée dans le temps en fonction de l’évaluation des revenus
courants des ménages. Il peut être estimé à partir d’un processus d’anticipation
𝑝 𝑝
adaptative où le 𝑌𝑡 d’une période serait = au 𝑌𝑡 d’une période serait égal au revenu
permanent de la période précédente qui sera ajusté à la hausse ou à la baisse selon que le
revenu transitoire est positif ou négatif.

Supposons un coefficient d’ajustement λ (o< λ < 1 ). Tout écart entre le revenu courant
𝑝 𝑝 𝑝
et le 𝑌𝑡 de la période précédente (𝑌𝑡−𝐼 ) sera ajouté ou retranché à l’évaluation du 𝑌𝑡
𝑝
dans une proportion égale à λ , c’est-à-dire que si nous considérons que 𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−𝐼 est le
revenu transitoire alors :
𝑝 𝑝 𝑝 𝑝 𝑝 𝑝
𝑌𝑡 = 𝑌𝑡−𝐼 + 𝜆(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−𝐼 ) = 𝑌𝑡−𝐼 + 𝜆 𝑌𝑡 − 𝜆𝑌𝑡−𝐼 = 𝜆𝑌𝑡 + (1 − 𝜆)𝑌𝑡−𝐼
𝑝 𝑝 𝑝 𝑝
Où 𝑌𝑡−𝐼 = 𝜆 𝑌𝑡−1 + (1 − 𝜆)𝑌𝑡−2 = 𝜆𝑌𝑡−1 + (1 − 𝜆)(𝜆𝑌𝑡−2 + (1 − 𝜆)𝑌𝑡−3 )
𝑝
𝑌𝑡 = 𝜆 𝑌𝑡 + 𝜆(1 − 𝜆)𝑌𝑡−1 + 𝜆(1 − 𝜆)2 𝑌𝑡−2 + 𝜆(1 − 𝜆)3 𝑌𝑡−3 +. . +𝜆(1 − 𝜆)𝑛 𝑌𝑡−𝑛
𝑝
𝑌𝑡 = 𝜆 ∑𝑛0(1 − 𝜆)𝑖 𝑌𝑡−𝑖 avec n= espérance de vie
𝑝
Le 𝑌𝑡 est donc la moyenne pondérée des revenus courants des périodes précédentes.
Les coefficients de pondération sont de plus en plus faibles ou fur et à mesure que l’on
remonte dans le passé.

2- La fonction de consommation
L’idée de base de la théorie du revenu permanent est que les ménages orientent leurs
consommations permanentes en fonction de la partie permanente de leur revenu et
adoptent un autre comportement face à leur revenu transitoire. Lorsque les revenus
courants augmentent ou baisent temporairement, les ménages ne bouleversent pas
complètement leurs habitudes de consommation. S’il s’agit d’une baisse temporaire ils
puisent dans leurs épargnes accumulées pour financer leurs dépenses normales de
consommation. S’il s’agit d’une augmentation temporaire à contrario, ils consacrent à
l’épargne une proposition plus élevée de leurs revenus que d’habitude. L’idée maitresse
derrière la théorie du revenu permanent est que la consommation courante est une
proportion du revenu disponible mais cette proportion est plus importante pour la partie
du revenu qui est permanente et plus faible pour celle qui est transitoire. L’une des
41
conséquences de la distinction entre le revenu permanent et le revenu transitoire est la
variation de la PMC et de la PmC à court terme par rapport à leur valeur de long terme
au cours du cycle économique.
On définit le cycle économique comme une fluctuation récurrente de la production et de
l’emploi comprenant une oscillation à la hausse et une oscillation à la baisse par rapport
à une tendance.

En effet, en période d’exploitation économique, les ménages réalisent des revenus


transitoires positifs et importants, ce qui les incite à l’épargne ; leur richesse va donc
augmenter. En Revanche, ils ont un comportement inverse en cas de récession (𝑌𝑡𝑇 <o).

De forces contraires agissent sur la PMC. La première tend à favoriser la baisse du ratio
𝐶
à court terme en période d’expansion et une hausse en période de ralentissement. Cela
𝑌
s’explique par le fait que la consommation est relativement stable dans le temps, mais les
revenus le sont moins. Mais ces tendances sont contrecarrées par la tendance des
ménages à épargner une forte proportion des revenus transitoires. La conséquence de
ces mécanismes est que la fonction de consommation n’est stable qu’à long terme. A
𝑝
court terme, cette fonction est instable. Si nous désignons par 𝐶𝑡 la consommation
permanente de long terme, on peut écrire la fonction de consommation de long terme
𝑝 𝑝
de la façon suivante : 𝐶𝑡 = 𝑘 𝑌𝑡 où k est PmC du revenu permanent anticipé. Ce
coefficient est selon Friedman proche de l’unité mais il peut varier d’un pays à l’autre et
d’une catégorie de ménage à l’autre. Dans ces études empiriques, l’auteur trouve une
valeur = 0,88 pour les USA.

Et comme 𝑌𝑡𝑃 = 𝑌𝑡−1𝑃 𝑃


+ 𝜆(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 ), nous pouvons déduire la fonction de
consommation à court terme d’un revenu transitoires :
42
𝐶𝑡𝑃 = 𝑘[𝑌𝑡−1
𝑃 𝑃
+ 𝜆(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 𝑃
) ]= 𝑘𝑌𝑡−1 𝑃
+ 𝑘𝜆 (𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 )

Application numérique

Pour 𝑘 = 0,9 𝑒𝑡 𝜆 = 0,25


𝑝
La PmC du 𝑌𝑡 = 0,9 et la PmC du 𝑌𝑡𝑇 = 0,225.

Cela veut dire que l’épargne normale représente 0,1 du revenu permanent et l’épargne
spéciale représente 0,775 du revenu transitoire. La dernière équation peut être exprimée
différemment de manière à établir une relation entre la consommation permanente et le
revenu disponible courant.
𝑝
Soit : 𝐶𝑡𝑃 = 𝑘 (1 − 𝜆)𝑌𝑡−1 + 𝑘𝜆𝑌𝑡 .
𝑝
Les conclusions de la théorie du 𝑌𝑡 de Friedman sont très semblables à celles de la
théorie de la consommation en escalier de Duesenberry qui explique la variation de la
PMC à court terme et sa stabilité à long terme par le fait que les ménages deviennent
habitués à un certain niveau de vie et résistent à tout changement brusque de ce dernier.

Par ailleurs, il est également possible d’établir une relation de proximité entre les
conclusions de Friedman et celles de Brown. En effet, Brown introduit l’idée d’un
décalage temporel entre la consommation et les revenus. Les ménages ajustent leurs
dépenses à leurs revenus actuels mais aussi à leurs revenu antérieurs et plus exactement
au plus haut revenu obtenu dans le passé. Ainsi en période de récession, il tente de
préserver un niveau de consommation qu’ils ont précédemment atteint en réduisant
leur épargne, de sorte que les dépenses de consommation déclinent plus lentement que
le revenu.
Par opposition, en période d’expansion, la consommation progresse plus lentement que
les revenus afin de reconstituer l’épargne. La fonction de consommation avec un effet
de mémoire de la façon suivante :

𝐶𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 + 𝐵𝐶𝑡−1 + 𝛺
𝑑𝐶𝑡
La PmC de courte période vaut PmC = =𝑐
𝑑𝑌𝑡

Si la consommation croit à un taux de u % par an, alors, on a

𝐶𝑡 = ( 1 + 𝑢)𝐶𝑡−1 d′ où
𝐶𝑡
𝐶𝑡 = 𝑐. 𝑌𝑡 + 𝛽 +𝛺
1+𝑢

43
𝐶𝑡
⇒ 𝑐. 𝑌𝑡 + 𝛺 = 𝐶𝑡 − 𝛽 = 𝐶𝑡 [1 + 𝑢 − 𝛽]/(1 + 𝑢))
1+𝑢
⇒ 𝐶𝑡 = ⌈𝑐 (1 + 𝑢)/(1 + 𝑢 − 𝛽)⌉. 𝑌𝑡 + ⌈(1 + 𝑢/(1 + 𝑢 − 𝛽)⌉. 𝛺
La PmC de longue période s’écrit :
𝑑 𝐶𝐿𝑇
𝑃𝑚𝐶𝐿𝑡 = = ⌈𝑐(1 + 𝑢)/(1 + 𝑢 − 𝛽)⌉ > 𝑃𝑚𝐶 CT = c.
𝑑𝑌𝑡

Cette analyse montre que conformément à l’analyse de Kuznet, les résultats de long
terme diffèrent de ceux de court terme.

44
Chapitre 3 : Le comportement de l’investissement

L’investissement est la deuxième composante globale de la demande globale.


L’investissement est une demande et c’est une demande qui provient des entreprises
(c’est faux). Pour être plus précis, l’investissement peut provenir des ménages (ex :
lorsque les ménages parviennent à acquérir un logement neuf, ils investissent).
Généralement, les entreprises demandent des biens de production ; la production d’une
entreprise dépend de son stock de capital et l’entreprise, à termes, va chercher à accroître
ses capacités de production, son stock de capital doit nécessairement augmenter
entraînant ainsi l’accroissement de son stock de travail.

Section 1 : La notion d’investissement et son rôle


Nous abordons la notion d’investissement avant de donner son rôle au sein d’une
économie.
1- Définition de l’investissement
On entend par investissement, l’acte qui consiste à acquérir des biens d’équipement
durables destinés à accroître la production de biens et services dans le futur. La dépense
d’investissement représente le montant total que :

- Les entreprises dépensent pour l’achat d’usines, d’outillages ou d’équipements ou


pour le financement des études ;
- Les ménages consacrent à l’achat de biens immobiliers neufs ;
- L’Etat consacre aux équipements collectifs.
Mais dans ce chapitre, nous nous intéresserons uniquement à l’investissement privé et
notamment à celui des entreprises. L’investissement public sera intégré dans les dépenses
publiques.
L’acquisition des valeurs mobilières (obligation, action etc) est exclue. Il s’agit d’un simple
transfert d’une demande d’actif (monnaie) vers un autre élément d’actif (action).
Signalons également que le produit de la revente des biens d’équipement ou des biens
immobiliers est également exclu.
Cet acte représente un simple transfert de propriété et ne constitue en aucun cas un
accroissement de la capacité productive de l’économie considérée.
Il faut distinguer la formation brute de capital fixe (FBCF) de l’Investissement (I). En
effet, l’investissement est composé de la FBCF plus la variation des stocks (ΔST)

45
I = FBCF + ΔST

Il faut également distinguer l’Investissement brut (𝐼𝑏𝑡 ) de l’investissement net (𝐼𝑛𝑡 ).

L’investissement net est égal à l’accroissement du stock de capital, alors que


l’investissement brut intègre aussi les investissements de remplacement (amortissement).
Ces derniers servent à maintenir le stock de capital constant suite à sa dépréciation par
usure physique ou par usure technologique (obsolescence). Comme le montant de
l’amortissement est difficile à estimer, le plus souvent, on suppose qu’il est représenté
par une proportion constante du stock de capital de la période précédente. Si nous
supposons que le stock de capital (K) se déprécie à un taux constant 𝜎, alors nous
pouvons écrire :

𝐼𝑏𝑡 = 𝐼𝑛𝑡 + ∆𝐴𝑡 = (𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1 ) + 𝜎𝐾𝑡−1


2- Rôle de l’investissement au sein d’une économie
L’investissement a un double rôle au sein de l’activité économique :

- En tant que composante de la demande finale globale, l’investissement est comme


la consommation, une dépense et à ce titre, il peut soutenir l’activité économique
indépendamment de l’usage concret auquel il est destiné.
- Mais en tant que facteur de production, l’investissement est souvent considéré
comme le moteur de la croissance économique dans la mesure où il accroît les
capacités productives du pays et améliore sa productivité.
Partant de ces considérations, l’objet de ce chapitre, est de déterminer les facteurs
explicatifs l’investissement.

Section 2 : La théorie Keynésienne de la demande d’investissement


La décision d’investissement est le fait du producteur qui décide de transformer des
avoirs monétaires en actifs physiques c’est-à-dire en biens d’équipement. Cette décision
va dépendre, selon Keynes du taux d’intérêt et du volume des ventes anticipées.

1- Définition de quelques notions essentielles


Lorsque nous prêtons de l’argent à une entreprise pour investir, nous nous séparons
d’une partie de notre patrimoine aujourd’hui dans l’attente d’en avoir plus demain.

a- La valeur future d’une somme


La formule permettant de calculer la valeur future est la suivante :

46
𝑉𝑛 = 𝑉𝑜 (1 + 𝑟)𝑛

𝑉𝑛 = 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟 à 𝑙𝑎 𝑃é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑛.


𝑉𝑜 = 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑎𝑛𝑡𝑒 à 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 t=0.
𝑟 = 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑 ′ 𝑖𝑛𝑡é𝑟ê𝑡
𝑛 = 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒
Par exemple, si nous plaçons 100FCFA au taux d’intérêt de 6% , on a
𝑉1 = 100 + 100 (0,06)
= 100 (1 + 0,06)
𝑉2 = 100 (1 + 0,06)(1 + 0,06) = 100 (1 + 0,06)2
𝑉3 = 100 (1 + 0,06)(1 + 0,06) = 100 (1 + 0,06)3

𝑉𝑛 = 𝑉𝑛−1 (1 + 𝑟) = 𝑉0 (1 + 𝑟)𝑛

b- Valeur présente d’une somme future


Si quelqu’un nous propose 100FCFA l’an prochain au taux d’intérêt de 6% alors quelle
serait la valeur de ce 100FCFA ?
C’est l’opération inverse de la valeur future.
𝑉1 = 𝑉𝑜 (1 + 𝑟)
𝑉1
𝑉𝑜 =
1+𝑟
𝑣𝑛
De façon générale, 𝑉𝑜 =
(1+𝑟)

Remarque : le terme du prêt peut ne pas être l’année, il peut–être le mois, 3 mois, ou 6
mois.
Supposons que m soit ce terme. Cette formule devient :

𝑉𝑛
𝑉0 = C’est –à-dire 𝑉𝑛 = 𝑉0 (1 + 𝑟/𝑚)
(1+𝑟/𝑚)𝑛

2- Le rôle du taux d’intérêt dans la décision d’investissement


Tout investissement doit être financé soit par des fonds propres soit par des prêts
(emprunt) et dans les deux cas, l’intérêt représente le coût rattaché à cet investissement.
Etant donné que les entrepreneurs cherchent toujours la rentabilité financière, ils vont
comparer ce coût avec le rendement du projet. Cette rentabilité peut être étudiée par
référence aux critères de la valeur actuelle nette (VAN)

47
a- L’approche de la VAN
Cette règle fondamentale permet de prendre une décision en matière d’investissement.
Elle consiste à comparer le coût et les recettes d’un projet d’investissement. Lorsqu’un
entrepreneur étudie une opportunité d’investissement, il se trouve en présence de deux
(2) groupes d’éléments :
- Une dépense d’investissement 𝐼0 à engager immédiatement pour l’acquisition des
Biens d’équipements dont la durée de vie est de 𝑛 années.
- Des recettes futures nettes notées RN attendues résultant de la vente des produits
obtenues grâce à l’investissement considéré sur toute sa durée de vie.
Soit RN1 ; RN2 ; RN3 ; ….. RNn, les recettes nettes attendues ou les rendements
escomptés par un entrepreneur qui envisage acheter des biens d’équipement d’une valeur
de Io.
Soit r le taux d’intérêt et 𝑛 la durée de vie utile des équipements. Pour décider de la
faisabilité d’un projet, il faut calculer sa VAN c’est-à-dire la différence entre de la somme
des revenus actualisés et le coût des équipements :
𝑅𝑁1 RN2 RN3 RNn
𝑉𝐴𝑁 + + (1+𝑟)2 + (1+𝑟)3 + ⋯ + (1+𝑟)𝑛 − Io
1+𝑟

Ce projet ne sera considéré comme rentable et ne sera réalisé que si sa VAN>o


Ex : 𝐼𝑜 = 66 085, 𝑛 = 3, 𝑅𝑁1 = 36 000; 𝑅𝑁2 = 24 000 ; RN3 = 18 000 et r = 0,08

36 000 24 000 18 000


𝑉𝐴𝑁 = + + − 66 085 = 2113 > 𝑜
1 + 0,08 (1 + 0,08)2 (1 + 0.8)3

Ce projet est rentable et peut être réalisé du fait de sa VAN>o

b- Le taux de rendement interne (TRI)


Partant de la VAN, Keynes va proposer le concept alternatif d’efficacité marginale de
capital (EMC) appelé également le taux de rendement interne de l’investissement (TRI).
Le TRI est le taux d’actualisation 𝜌 qui rend la différence entre la valeur présente de
l’investissement et ces revenus futurs égale à 0. Le TRI d’un projet est tel que :
𝑅𝑁1 RN2 RN3 RNn
𝑉𝐴𝑁 = + (1+𝜌)2 + (1+𝜌)3 + ⋯ + (1+𝜌)𝑛 − Io.
1+𝜌
Dans cette condition, la décision d’investir résultera d’une comparaison de entre 𝜌 et le
taux d’intérêt. Pour qu’un investissement soit réalisé, il faut que son TRI soit supérieur
au taux d’intérêt.
Exemple : partant du projet décrit dans exemple précédent, la solution de la relation
36 000 24 000 18 000
+ (1+𝜌)2 + (1+𝜌)3 − 66 085 est 𝜌 = 0,1.
1+𝜌

48
Autrement dit, ce projet n’est rentable que pour 𝜌 > 𝑟. On a 0,1 > 0,08 donc ce projet
est rentable. Partant de cette règle, nous supposons un entrepreneur face à plusieurs
projets d’investissement à TRI différents. La démarche à suivre dans ce cas est la
suivante :
-
- De classer les différents projets par TRI décroissants
- De comparer ces TRI au taux d’intérêt tel qu’il apparait sur le marché financier
- De décider des projets à réaliser selon la règle 𝜌>r.

Supposons les 6 projets suivants

Projet A B C D E F
TRI 0,25 0,08 0,06 0,14 0,12 0,2
Montant de 100 120 80 150 100 80
l’Investissement

Projet A F O E B C
TRI 0,25 0,02 0,14 0,14 0,14 0,6
Montant de 100 80 150 100 120 80
l’Investissement
Investissement 100 180 333 550 630
cumulé

49
Si r = 5%, alors tous les projets seront réalisés s et I = 630. Si r = 9%, alors les projets
réalisés sont, E, D, F, A et I= 430. Ainsi, plus le taux d’intérêt est faible, plus le montant
d’investissement est élevé du fait qu’il y aura de plus en plus de projets rentables.
L’Investissement est donc une fonction décroissante du taux d’intérêt ⇔ I = I ( r)
𝑑𝐼
avec <𝑜
𝑑𝑟

En définitive, la demande d’investissement dans la théorie Keynésienne dépend aussi


bien du taux d’intérêt que du volume des ventes anticipées avec 𝐼𝑛𝑡 = 𝑓(𝑟, 𝑌) avec
𝑑𝐼𝑛𝑡 𝑑𝐼𝑛𝑡
< 0 et > 0.
𝑑𝑟 𝑑𝑌

Remarques importantes

- L’analyse Keynésienne de courte période suppose que les prix sont constants,
c’est-à-dire que taux d’inflation anticipé est nul ce qui fait que les taux nominaux et réels
sont égaux parce que r = R – 𝜋 𝑒
- Lorsque 𝜋 𝑒 = o alors r = R
- A des niveaux très faibles du taux d’intérêt, l’investissement ne dépend pas du taux
d’intérêt, c’est-à-dire que la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt sera nulle.

3- Le rôle de la demande anticipée dans la décision d’Investissement : la


théorie de l’accélérateur
L’idée de base de cette théorie est que, plus l’output (produit) sera élevé, plus le capital
nécessaire pour le produire, sera important et plus donc il faut investir. L’investissement
sera donc lié positivement aux variations de la demande anticipée.

a- Les hypothèses du modèle


Pour qu’une variation de la demande se traduise par un accroissement des capacités de
production, trois conditions au moins doivent être vérifiées :

H1 : Les capacités de production sont pleinement utilisées. Il n’y a pas de capitaux oisifs.
H2 : On suppose que la production s’ajuste immédiatement à la demande de sorte que
la production remplace la demande dans la fonction d’investissement.
H3 : On suppose une fonction de production à coefficient fixe et des rendements
d’échelle constants.

50
b- La formulation de l’accélérateur simple.

Les propositions d’Aftalion et de Clark sont extrêmement intéressantes. Si on s’intéresse


de près à l’analyse de Clark qui date de 1917, il effectue une étude sur les chemins de fer
aux USA : il constate que l’achat de nouveaux wagons n’est pas fonction du volume du
trafic mais plutôt des variations du trafic ; il constate aussi que l’achat de nouveaux
wagons précèdent les augmentations de trafic. Ces deux constations méritent une
constatation plus profonde : l’investissement dépend des variations de la production et
non du montant de la production. On comprend bien pourquoi si le trafic se maintient
on se contente de remplacer les wagons. On achète des wagons neufs s’il y a
augmentation du trafic. De plus, l’investissement précède les variations de la production
ce qui revient à confirmer la relation suivante : augmentation de la demande de biens de
consommation et augmentation de l’investissement qui permet d’expliquer
l’augmentation de la production. Le modèle de l’accélérateur est un modèle qui permet
d’expliquer l’existence de cycles, de fluctuations dans une économie. Il s’agit d’une
relation entre la variation de la demande d’un bien et celle des capacités de production
qui permettent de satisfaire cette augmentation, cette variation de la demande : on parle
alors d’accélération dans la mesure où la mise en œuvre de capacités de production
nouvelles entraîne généralement des dépenses bien plus importantes que celles qui
accompagnent la production supplémentaire nécessaire pour satisfaire une demande
accrue.
Si nous supposons que la production s’attaque immédiatement à la demande anticipée,
c’est-à-dire Ya = Y, le principe de l’accélérateur suppose que l’investissement net d’une
période est proportionnel à la variation de la production de la même période c’est-à-
dire :

𝐾𝑡 = 𝛼𝑌𝑡

𝐾𝑡−1 = 𝛼𝑌𝑡−1

𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1 = 𝛼(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 )

∆𝐾𝑡 = 𝛼∆𝑌𝑡

𝐼𝑛𝑡 = 𝛼∆𝑌𝑡 = 𝛼(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 )

𝛼= coefficient d’acceleration = coefficient de capital

En considérant 𝑌𝑡−𝐼 comme une constante, on peut déduire que l’Int est une fonction
𝑑𝐼𝑛𝑡
croissante de la production I = f (Y) avec > 𝑜.
𝑑𝑌

51
Remarque

- L’investissement nouveau nécessaire pour répondre à la croissance de la demande


est appelé investissement induit
Ibt = investissement induit + investissement de remplacement

- L’accélérateur ne fonctionne que dans le cas où la demande est croissante. Dans


le cas où la demande baisse, l’investissement net sera nul et il y aura constitution de
capitaux oisifs. En cas d’une reprise de la demande, les capitaux oisifs doivent être utilisés
avant de procéder à de nouveaux investissements.

c- L’accélérateur flexible
Des recherches empiriques notamment celles de Simon Kuznets ont montré la
médiocrité de l’accélérateur simple. On observe statiquement que l’accélérateur définit
comme le rapport de la variation de la production et de l’investissement est peu élevé et
inférieur au rapport capital – production.
Pour expliquer cette contradiction apparente, Koyck (1954) émet l’hypothèse que le
stock de capital désiré Kt est proportionnel à la moyenne pondérée de la production des
années précédentes, avec l’effet de production décroissante dans le temps.

Soit 𝐾𝑡 = 𝛼(1 − 𝜆)[ 𝜆𝑄𝑡−1 + 𝜆2 𝑄𝑡−2 + ⋯ + 𝜆𝑛 𝑄𝑡−𝑛 ]

𝜆𝐾𝑡 = 𝛼(1 − 𝜆)[𝑄𝑡 + 𝜆𝑄𝑡−1 + 𝜆2 𝑄𝑡−2 + ⋯ + 𝜆𝑛 𝑄𝑡−𝑛 ]

En soustrayant terme à terme, il vient puisque 𝜆𝑛 tend vers 0 quand n tend vers l’infini
(plus l’infini).

𝐾𝑡 − 𝜆𝐾𝑡−1 = 𝛼(1 − 𝜆)𝑄𝑡


𝐾𝑡 = 𝛼(1 − 𝜆)𝑄𝑡 + 𝜆𝐾𝑡−1

Comme 𝐼𝑡 = 𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1 , il vient que

𝐼𝑡 = 𝛼(1 − 𝜆)𝑄𝑡 − (1 − 𝜆)𝐾𝑡−1


L’investissement est une fonction croissante du niveau de la production et fonction
décroissante du stock de capital (elle est dite d’accélérateur flexible)

En comparant ses résultats, avec ceux de l’accélérateur simple, on note :

52
- La croissance décélérée de la production ne peut conduire l’investissement à
baisser jusqu’à un niveau nul avec l’accélérateur flexible, ce qui est plus réaliste que
l’accélérateur simple.
- Avec l’accélérateur flexible, l’investissement croît d’abord avec la production
jusqu’à ce que le capital soit à un niveau tel que l’effet négatif du capital l’emporte sur
l’effet positif de la production, à partir de ce moment-là, on assiste à une baisse des
investissements. Cette observation est plus conforme à la réalité que l’amplification
brutale des variations de la production issues de l’accélérateur simple sur le niveau des
investissements.
d- Le principe d’ajustement du stock de capital et principe de capacités
(Goodwin 1951 de Chenery 1952)
Au début des années 1950, on s'aperçoit que l'on désinvestit moins que d'après le modèle
de l'accélérateur simple. La dépression serait plutôt liée à une augmentation du taux de
chômage du capital qu'à du désinvestissement. C’est Goodwin en 1951, puis Chenery en
1952, qui proposeront un modèle d'ajustement du stock de capital. Il considèrent, comme
dans le modèle de l'accélérateur simple, que le capital désiré K* est déterminé à un
moment donné t au regard de la demande Y qu'elle doit satisfaire mais qu'il existe un
paramètre u>0 influant sur le niveau de l'investissement réalisé tel que : It = u(Kt*-K(t-
1)).

U représente la proportion de l’écart entre Kt* , stock de capital désiré en t et K(t-1),


stock de capital effectif en t-1.
Dans cette formulation d’ajustement de stock, l’investissement est alors fonction du
niveau de la production et non plus de sa variation alors que l’élément de base de la
théorie de l’accélérateur reste présent : Il subsiste en effet une relation de
proportionnalité entre niveau du stock de capital ( il s’agit ici du capital désiré) et le niveau
de production.
Il est à noter que Cheneny a ensuite modifié légèrement la formulation en divisant les
deux membres par K(t-1), ce qui permet d’obtenir :
𝑰𝒕 𝑲∗𝒕
= 𝒖( − 𝟏)
𝑲𝒕−𝟏 𝑲𝒕−𝟏

𝑲∗𝒕
est interprété par Chenery comme une mesure de la capacité utilisée, ce qui explique
𝑲𝒕−𝟏
que la formulation précédente soit appelée principe de capacité. C’est cette
formulation qui, après vérification, apparaît à l’auteur comme tout à fait supérieure à la
version naïve de l’accélérateur. Elle est d’ailleurs sous cette forme largement utilisée de
nos jours.
53
e- L’oscillation de Samuelson (1939)

L'auteur a donné son nom à un modèle simple, qui reprend le multiplicateur Keynésien
et le principe de l'accélérateur : "l'oscillateur de Samuelson". L'interaction du
multiplicateur keynésien et de l'accélérateur peut engendrer des cycles (des oscillations),
dont l'origine est alors endogène (déterminés par le modèle lui-même, et non en dehors
de lui). Une telle explication des cycles est fondée sur des problèmes de comportement
et de coordination : cet oscillateur combine une "loi psychologique", la fonction de
consommation, et un principe, l'accélérateur, qui résulte des conditions techniques.
Samuelson montre en 1939 la possibilité de fluctuations en combinant l'effet
d'accélération (générateur d'instabilité économique) et l'effet de multiplication
(générateur de stabilité). L’oscillateur de Samuelson prend pour base un système
composé de trois équations : (1) Le revenu national est la somme de trois composantes :
la consommation, l’investissement et la dépense gouvernementale ; (2) La dépense de
consommation est fonction du revenu de la période antérieure, compte tenu de la
propension à consommer ; (3) l’investissement est fonction de la variation de la
consommation compte tenu de l’accélérateur.

𝐶𝑡 = c𝑌𝑡−1 + Α avec Α la dépense autonome et une fonction d'investissement de type


accélérateur avec un décalage temporel: It = β(𝑌𝑡−1 -𝑌𝑡−2 ). L'équilibre emploi-ressources:

Yt = Ct + It conduit à l'équation d'évolution du produit :

Yt = c𝑌𝑡−1 + Α + β(𝑌𝑡−1 - 𝑌𝑡−2 ).

Équilibre stationnaire : Yt = 𝑌𝑡−1 = 𝑌𝑡−2 = Y = Α/(1-c).


Par définition d'un équilibre stationnaire, si on y est on y reste. Que se passe-t-il si
l’économie part hors de l’équilibre stationnaire ? Dépend de la valeur des paramètres c et
β.
Samuelson montre que, selon les valeurs prises par la propension à consommer et le
coefficient d’accélération, différents types d’évolution du revenu national sont
envisageables. Si l’on suppose que l’économie se trouve à l’instant t en situation
d’équilibre, et que la valeur d’un paramètre exogène se trouve modifiée, il est dès lors
possible de calculer la valeur finale d’équilibre du revenu qui est donnée par le
multiplicateur. L’évolution du revenu prend 4 formes différentes et, selon les valeurs de
la propension à consommer et du coefficient d’accélération, à mesure que le temps se
prolonge, on aboutit à une configuration explosive, amortie ou monotone. Samuelson
envisage 4 cas : (1) le revenu converge de façon monotone vers sa valeur finale d’équilibre
qui est donnée par le multiplicateur ; (2) le revenu converge de façon oscillatoire vers sa
valeur d’équilibre ; (3) le revenu enregistre des oscillations de type explosif autour de la

54
valeur d’équilibre ; (4) le revenu croît de façon monotone et s’éloigne indéfiniment de la
valeur d’équilibre.

Section 3 : Le modèle néoclassique de l’investissement


Dans ce modèle, l’investissement est défini comme la différence entre le stock de capital
désiré 𝐾𝑡∗ et le stock de capital existant (𝐾𝑡−𝐼 ) moyennant un coefficient d’ajustement
λ où 𝑜 < 𝜆 < 1.

Mais pour simplifier notre raisonnement, nous supposons que l’ajustement est immédiat
de sorte que λ = 1. Le stock de capital désiré, appelé également stock de capital optimum
est celui qui maximise le profit des entreprises. Le point de départ sera donc la fonction
de production de courte période où le facteur travail sera considéré comme constant, le
capital étant dans ce cas, le seul facteur variable.

1- Le stock de capital optimum


Pour simplifier le raisonnement, nous supposons que le capital est vendu à la fin de la
période et racheté ou loué pour la période suivante.

Soit 𝐾𝑡 : la quantité de capital détenu par chaque production à la fin de la période t. Le


nouveau capital n’étant pas immédiatement opérationnel, nous supposons que ce stock
de capital de la période t n’entre dans le cycle de production qu’au cours de la période
t+1 :

𝑌𝑡+1 = 𝑓(𝐾𝑡 ; 𝐿𝑡+1 ).


L = le niveau de l’emploi.

L=niveau de l’emploi
Etant donné que Lt + 1 est donné, l’entrepreneur doit choisir Kt qui maximise le profit
à la période t + 1 :

𝜋𝑡+1 = (𝑃𝑡+1 )(𝑌𝑡+1 ) − [(𝑤𝑡+1 )(𝐿𝑡+1 ) + (𝑐𝑢𝑡 )(𝐾𝑡 )]


w=coût unitaire du travail

cu : coût unitaire du capital


Si nous augmentons le stock de capital d’une unité alors la production va augmenter de
∆𝑌𝑡+1
qui n’est rien d’autre que la productivité marginal du capital noté Pmk , qui,
∆𝐾𝑡
rappelons-le est décroissante lorsque le capital augmente, le niveau de l’emploi restant
constant.
55
Supposons par ailleurs qu’il n’existe qu’un seul bien dans l’économie. Les
consommateurs l’achètent pour la consommation et les producteurs pour
l’investissement. Il en découle que le prix unitaire du capital à la période t est Pt.
Pour augmenter son capital, le producteur achète une unité de capital aux prix Pt qui
représente le coût en unité monétaire d’une unité d’investissement.

Le rendement de l’investissement est constitué de deux (2) éléments :

- Cet investissement d’une unité augmente la production 𝑌𝑡+1 de la Pmk qui sera
vendu au prix (Pt + 1), c’est-à-dire que le revenu additionnel sera (Pt + 1) x( Pmk)
- Par ailleurs, en tenant compte du taux d’amortissement 𝛿 , il restera de cet
investissement à la fin de la période (1 − 𝛿)). Et puisque le producteur vend la totalité
de son capital à la fin de chaque période, la valeur résiduelle qui sera récupérée est (Pt +
1) x(1 − 𝛿 ).

Ainsi, une unité d’investissement coûte Pt en t et rapporte en t+1 : (Pt + 1)


x[𝑃𝑚𝐾𝑡 + (1 − 𝛿)]

D’où le rendement en valeur de ce investissement qui correspond au :

Gain net = (Pt + 1) x[𝑷𝒎𝑲𝒕 + (𝟏 − 𝜹)] − 𝑷𝒕

Gain net d’une unité d’investissement = recette marginale + valeur résiduelle –


Prix d’achat
Signalons au demeurant que le montant Pt dépensé pour l’achat du capital à un coût
d’opportunité, c’est-à-dire un revenu ou un gain qui aurait pu être réalisé si Pt était placé.
Si nous supposons que le taux d’intérêt créditeur est égal au taux d’intérêt débiteur (R),
nous pouvons dire que : le coût d’opportunité des fonds investis est = R. Pt

2- La décision d’investissement
Cette décision dépend de la comparaison et le gain net (rendement de l’investissement)
et le coût d’opportunité des fonds investis.
Toute entreprise aura intérêt à augmenter son stock de capital, c’est-à-dire à investir, tant
que coût du capital. Le stock de capital optimum est donc obtenu par l’égalisation entre
rendement et coût d’opportunité :

(Pt + 1) x[𝑷𝒎𝑲𝒕 + (𝟏 − 𝜹)] − 𝑷𝒕 = R. Pt (1)


𝑃
Supposons que 𝑃̂t = 𝑡+1 − 1 → Pt + 1 = (𝑷
̂ t + 1) (Pt).
𝑃𝑡

56
L’équation (1) devient :
̂ t + 1) (Pt)). x[𝑷𝒎𝑲𝒕 + (𝟏 − 𝜹)] − 𝑷𝒕 = R. Pt
((𝑷

Simplifions par Pt pour obtenir l’équation suivante :


̂ t + 1). x[𝑷𝒎𝑲𝒕 + (𝟏 − 𝜹)] − 𝟏 = R.
((𝑷

On en déduit que le rendement nominal de l’investissement est égal au taux


d’intérêt nominal.

((𝑃̂t + 1). x[𝑃𝑚𝐾𝑡 + (1 − 𝛿)] = R + 1

[𝑃𝑚𝐾𝑡 + (1 − 𝛿)] = R + 1/(𝑃̂t + 1)

Remarquons qu’il est possible de démontrer que si 0 < 𝑃̂t < 1 , alors R + 1/(𝑃̂t + 1)
= 1 + R - 𝑃̂t.

Du coup, [𝑃𝑚𝐾𝑡 + (1 − 𝛿)] = 1 + R - 𝑃̂t

Avec R - 𝑃̂t = taux d’intérêt réel (r ).

Ceci conduit à exhiber deux écritures possibles :

 Soit Pm 𝑘𝑡 − 𝛿 = 𝑟 ( 2 )

𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑃𝑚 𝑘𝑡 − 𝛿 correspondant au taux de rendement réel d’une unité additionnelle


d’investissement. L’équation (2) indique que les investisseurs égalisent le taux de
rendement réel de l’investissement et le taux d’intérêt réel.

 Soit 𝑃𝑚 𝑘𝑡 = 𝑟 + 𝛿 (3)

avec 𝑟 + 𝛿 = 𝐶𝑢, le coût d’ulisation du capital pendant une période de production.


Ce coût est appelé Coût d’usage du capital.
Suivant la relation (3), le capital optimum est obtenu en égalisant ce que rapporte une
unité de capital et ce que coût l’usage de cette unité de capital, c’est-à-dire que le capital
optimum est tant que : 𝑃𝑚 𝑘𝑡 = 𝐶𝑢
Vu qu’il est admis que la production efficace suppose que la productivité marginale soit
décroissante, il est possible de dire que le stock de capital optimum est une fonction
décroissante du coût d’usage du capital.

57
𝑑𝐾𝑡∗
𝐾𝑡∗ = 𝑓(𝑐𝑢) avec < 0.
𝑑𝑐𝑢

̂ t + 𝛿 , il revient que :
Mais vu que 𝑐𝑢 = 𝑟 + 𝛿 = R - 𝑷
𝑑𝐾𝑡∗ 𝑑𝐾𝑡∗
𝐾𝑡∗ = 𝑓(𝑟 + 𝛿) avec < 0 et < 0.
𝑑𝑟 𝑑𝛿

Remarquons que r varie si l’une de ses composantes R ou 𝑃̂t varient.

3- Du stock de capital optimum à l’investissement

On sait que 𝐼𝑏𝑡 = 𝐼𝑡 + 𝐴𝑡 = (𝐾𝑡∗ − 𝐾𝑡−1 ) + 𝛿𝐾𝑡−1

Vu que 𝐾𝑡−1 est constante, il s’ensuit que :


𝑑𝐼𝑏𝑡
𝐼𝑏𝑡 = 𝑓(𝐾𝑡∗ ) avec > 0.
𝑑𝐾𝑡∗

𝑑𝐾𝑡∗ 𝑑𝐾𝑡∗
On sait également que 𝐾𝑡∗ = 𝑓(𝑟 + 𝛿) avec < 0 et < 0.
𝑑𝑟 𝑑𝛿

𝑑𝐼𝑏𝑡 𝑑𝐼𝑏𝑡
Du coup, 𝐼𝑏𝑡 = 𝑓(𝑟 + 𝛿) avec < 0 et < 0.
𝑑𝑟 𝑑𝛿

𝑑𝐼𝑏𝑡 𝑑𝐼𝑏𝑡 𝑑𝐼𝑏𝑡


𝐼𝑏𝑡 = 𝑓(R − 𝑃̂t + 𝛿 ) avec < 0 et > 0 et < 0.
𝑑𝑅 𝑑𝑃̂t 𝑑𝛿

En conclusion, cela veut dire que l’investissement est en relation décroissante avec le
taux d’intérêt nominal et le taux d’amortissement, en relation croissante avec le taux
d’inflation anticipé.

58
Chapitre 4 : Le comportement de liquidité

Etudier la fonction de liquidité consiste à étudier la fonction d’offre ou la fonction de


monnaie. Cela suppose qu’on essaie de comprendre ce qui recouvre le concept de la
monnaie. Il faut se poser la question suivante : qu’est-ce que la monnaie ? Cette question
n’admet pas de réponse simple accepté par l’ensemble des économistes, ni sous l’angle
empirique ni sous l’angle théorique. On peut la définir comme l’ensemble des moyens
de paiement immédiatement utilisable pour acquérir des biens et services ou régler des
dettes. Nous retiendrons dans le cadre de notre cours l’approche fonctionnelle de la
monnaie.

Section 1 : Définition fonctionnelle de la monnaie

1- La monnaie
Depuis Aristote, la monnaie est définie par les trois fonctions qu’elle est supposée
exercée :

- La monnaie comme intermédiaire des échanges


- La monnaie comme revenus de valeur
- La monnaie comme unité de compte
a- La monnaie comme intermédiaire des échanges
En tant qu’intermédiaire des échanges, la monnaie est un instrument qui permet
d’échanger de biens en évitant les contraintes du troc. Dans une économie de troc, deux
biens M et M’ s’échangent directement l’un contre l’autre. En revanche, dans une
économie monétaire de production, deux biens M et M’ s’échangent par le truchement
d’in instrument spécifique, la monnaie M → A→ M’. L’agent détenant le bien M et
souhaitant l’échanger contre M’ le cède d’abord contre de la monnaie A puis cède de la
monnaie A contre M’.
Cette définition très simple met en exergue le bénéfice qu’une société peut tirer de la
circulation de la monnaie, lorsqu’il existe une division du travail, c’est-à-dire, lorsque les
producteurs sont spécialisés dans la production de certains biens de sorte qu’ils sont
tenus de vendre ce qu’ils produisent pour acheter ce qu’ils consomment.
b- La monnaie comme étalon dans valeurs et comme unité de compte

Sans monnaie, dans une économie marchande, il y a autant de prix que des paires de
𝑛(𝑛−1)
biens, de types d’échanges et de biens. S’il y a n biens, c’est qu’il y a prix relatif.
2
Pour opérer ces arbitrages dans un système de troc, chaque consommateur doit avoir en
tête tous ces prix.
59
Si un de ces biens est utilisé comme étalon de valeur, le système des prix est
profondément simplifié. Il suffit alors de connaitre les n-1 expressions de valeur des
autres biens dans le bien choisit comme monnaie pour connaitre l’ensemble des rapports
de valeur des n biens ;

La valeur de la monnaie peut être repérée par une mesure de quantité physique de la
monnaie par exemple son poids. Le prix d’un bien i sera alors q i (M) si M est le bien
utilisé comme monnaie, où q est la quantité de monnaie M qui s’échange contre une
unité du bien i.
Si par exemple, la monnaie est l’or, le prix de chaque chose peut être exprimé en once
d’or, unité de poids d’or d’une teneur donnée. L’unité de compte est alors l’once d’or :
on dira que le prix d’une chose est tant once d’or.

c- La monnaie comme réserve de valeur


Le modèle considérant la monnaie comme intermédiaire des échanges fait apparaitre que
les moments de l’échange ne sont pas simultanés et que durant le temps qui les sépare,
la monnaie exerce une fonction de réserve de valeur
La fonction d’intermédiaire des échanges est donc inséparable de celle de réserve de
valeur à cause de la non-synchronisation de l’achat et la vente. D’une manière générale,
la monnaie exerce une fonction de réserve de valeur pour ou moins deux raisons :

Premièrement, la non-synchronisation entre les recettes et les dépenses :

Deuxièmement, l’incertitude sur les revenus futurs.


Elles constituent deux (2) motifs de demande de monnaie. Mais la monnaie n’est pas le
seul moyen dont les agents économiques disposent pour conserver de la valeur c’est-à-
dire détenir de la richesse. La richesse peut – être détenue sous plusieurs. On distingue :

- La richesse non financière qui est constituée des biens matériels (or, maison,
bijoux, usine…...) et immatériels (un fonds de commerce, une qualification) ;
- La richesse financière qui est constitué des titres qui peuvent s’échanger
directement contre des biens matériels ou qui, en générale, doivent d’abord s’échanger
en monnaie pour s’échanger contre des biens matériels. Les premiers sont des titres
monétaires ou des actifs monétaires et les deuxièmes sont les financiers ou actifs
financiers. Les actifs financiers se distinguent en deux grandes catégories : les obligations
et les actions.

60
Section 2 : Les définitions de la masse monétaire et les agrégats monétaires.

On définit la masse monétaire comme les moyens de paiement disponible dans une
économie donnée à une période donné. Les moyens de paiement sont aujourd’hui très
variés avec les innovations financières apparues dans les années 80 et qui ont remis en
cause la distinction traditionnelle ente la monnaie et les placements financiers car certains
de ces derniers sont susceptibles d’être transformer en moyen de paiement. En ce qui
concerne les agrégats monétaires, on distingue le plus souvent 4 agrégats monétaires dont
le principal est l’agrégat M1 qui représente la masse monétaire au sens strict.
La première définition de la masse monétaire, M1 est la plus restreinte : la quantité de
monnaie en circulation à un moment donné est la valeur des pièces de monnaie et les
billets de papier monnaie, de même que la valeur des dépôts bancaire à vue en FCFA sur
lesquels on peut tirer des chèques. La masse monétaire est donc égale, par définition,
au total des créances liquides des instituts bancaires détenues par des agents non –
bancaires. Seules les pièces de monnaie, de papier monnaie et les dépôts bancaires à vue
du secteur privé sont concernés par elle. Les pièces de monnaie et le papier monnaie sont
appelée la monnaie fiduciaire c’est-à-dire une monnaie qui tire sa valeur de la confiance
que les agents placent en elle. Quant à la monnaie scripturale, elle se compose des
montants inscrits dans les banques, de dépôts à vue ou dans les comptes courants
postaux (CCP)

M1 = monnaie fiduciaire + dépôt à vue au CCP

Il existe trous autres définitions plus larges de la masse monétaire.


M2, M3 et M4

M2 = M1 + quasi-monnaie
La quasi-monnaie est moins liquide car elle ne constitue pas un moyen de paiement aussi
immédiat que M1.

M2 = M1 + est essentiellement composé des dépôts à terme, des dépôts d’épargne et


les certificats de dépôt

L’agrégat M3 adjoint à M2 les obligations et emprunts à plus d’un an ; les épargnes projets
d’investissement et l’épargne logement.
M3 = M2 + épargne logement + épargne projet d’investissement + obligation et emprunt
à plus d’un an.
L’épargne M4 désigne M3 augmenté des titres de l’Etat et des billets de trésorerie

61
M4 = M3 + titre de l’Etat + Billets de trésorerie

Section 3 : L’offre de monnaie et le processus de création monétaire


Nous abordons rapidement la question de l’offre de la monnaie et le processus de
création monétaire.

1- L’offre de monnaie
L’offre de monnaie est la quantité de monnaie mise à un moment donné à la disposition
du public par le système bancaire (Banque centrale + les banques de deuxième rang). En
générale, l’offre de monnaie est statistiquement égale à M2. Cette monnaie est créée par
la banque centrale et les banque commerciales. Toutefois, ces dernières sont soumises au
contrôle de la première qui représente « l’autorité monétaire ». C’est pourquoi nous
supposerons que c’est la banque centrale qui « décide » de la quantité de monnaie qui
sera offert à un moment donné. Dans ce cas, nous dirons que l’offre de monnaie est
𝑀𝑜
exogène soit Mo. L’offre réelle de monnaie est :
𝑃

L’offre de monnaie est certes exogène mais elle n’est pas toujours constante. Elle peut
varier selon la politique monétaire de la banque centrale. Une politique monétaire
expansionniste se traduit par l’offre de monnaie supérieure à o, ΔMo >o et la politique
monétaire restrictive caractérisé par ce baisse de l’offre de monnaie Δ Mo <o
Les instruments de la politique monétaire qui seront étudiés avec plus de détails dans
le cours de macroéconomie monétaire sont : le réescompte, l’intervention sur le marché
monétaire, l’encadrement de crédits et le taux de réserve obligatoire (Ro)

2- Le processus de création monétaire


La création monétaire est principalement assurée par les institutions financières
monétaires résidente notamment les établissements de crédits qui créent de la monnaie
scripturale à la suite de la demande émanant de la clientèle non-financière.

a- La création de monnaie par la banque uniquement

Dans un premier temps, considérons un système bancaire constitué d’une seule banque.
Cela nous évite les problèmes de conversion d’une monnaie dans une autre. Tous les
règlements entre agents économique s’effectuent en monnaie scripturale.

 Première opération : achat d’un bien entre deux agents non financier (ANF).
Le ménage achète un bien d’une valeur de 100 à l’entreprise. On observe les
mouvements suivants dans le bilan des agents économiques.

62
Bilan des ménages Bilan des entreprises

Actif Passif Actif Passif


Biens : + 100 Biens : -100
Avoir à la Avoir à la
Banque : 100 Banque

Bilan de la Banque

Actif Passif
DAV des ménages
- 100
DAV des
entreprises: 100

Dans cette opération, il n’y a pas de création de monnaie puisque la banque n’est pas
intervenue dans les interactions. L’agrégat M1 n’a donc pas été modifié. Les transactions
ont été effectuées et ANF. Seule la répartition de la monnaie entre les ANF a changé. Le
mécanisme de la création de monnaie se réalise par un accroissement simultané de l’actif
et du passif de la banque. Ainsi, la création monétaire intervient quand la banque procède
à l’une des opérations suivantes :

 Deuxième opération : achat de devises étrangères par la banque à une


entreprise exportatrice
Entreprise Banque

Actif Passif Actif Passif


Devises : -100 Devises : +100 DAV des
Avoirs à la entreprises +100
banque : + 100

63
• Troisième opération : achat de titres émis par une entreprise par la banque

Entreprise Banque

Actif Passif Actif Passif


Titres : -100 Titres : +100 DAV des
Avoirs à la entreprises +100
banque : + 100

 Quatrième opération : crédit accordé par une banque à une ANF

Bilan des ANF Bilan de la banque

Actif Passif Actif Passif


Dette bancaire : + Crédit : +100 DAV des ANF
Avoirs à la 100 +100
banque : + 100

La création de monnaie (DAV) est de 100 dans chaque compte. Ainsi, nous constatons
une augmentation de l’agrégat M1. Lorsque la monnaie est créée en contrepartie d’achat
de devises de monnaie, la création de monnaie est définitive (l’opération de destruction
s’opère par la vente de devises à un ANF).
Dans le cas où la monnaie est créée en contrepartie d’un crédit ou d’un achat de titre
financier, la création monétaire est temporaire. En effet, elle est annulée lors du
remboursement du crédit ou de la cession du titre à un ANF. Il s’agit alors de destruction
monétaire. Un acte de création monétaire consiste à transformer des créances qui
apparaissent à l’actif du bilan de la banque en monnaie scripturale qui figure au passif. La
quantité de la monnaie en circulation dans une économie n’augmente que si les flux de
création sont supérieurs au flux de destruction. Cette situation se vérifiera tant que le PIB
augmente donc tant qu’il y a besoin de monnaie.
b- Création de monnaie dans un système bancaire diversifié et hiérarchisé
Banque centrale
BCEAO
Hiérarchie

Banque Banque Banque Banque

A B C D

Diversification

64
Dans la réalité, il existe de nombreux établissement de crédits et diverses sortes de
monnaie : fiduciaire, scriptural, électronique etc. Les opérations de crédits réalisées par
les établissements représentent une source majeure de création monétaire. C’est ce qu’on
appelle « Loans make deposits ». Ils ont le monopole d’émission de la monnaie
scripturale. Cependant, ils ne peuvent pas émettre de la monnaie centrale. Les
établissements sont par ailleurs en concurrence puisqu’ils émettent chacun leur
monnaie : monnaie SIB, monnaie UBA, SGBCI…. Pour leur propre compte ou pour
celui de leur clientèle, ils doivent procéder régulièrement à des opérations dont le
règlement transite par les comptes qu’ils détiennent auprès de la banque centrale. Les
établissements rencontrent par conséquent des limites à leur pouvoir de création
monétaire. Il existe cinq possibilités lorsque l’établissement accorde un crédit :

- La monnaie créée reste chez lui, c’est-à-dire dans ses comptes ;


- Elle est transformée en billets de banque ;
- Elle est virée hors du circuit des établissements de crédits par exemple dans le
circuit du trésor ;
- Elle est transférée dans un autre établissement ;
- Elle est convertie en devises étrangères
Ainsi, l’établissement doit faire face à des fuites monétaires hors de son circuit quand il
doit assurer la conversion de sa monnaie dans une autre forme de monnaie. Pour ce
faire, il doit disposer de monnaie centrale, c’est-à-dire, la monnaie émise par la banque
centrale qui est acceptée par tous les agents financiers et qui se présente comme un
compte créditeur auprès de la banque centrale. Si n’en dispose pas, il emprunte cette
monnaie centrale auprès sur le marché interbancaire auprès des autres banques. Dans le
cas, l’établissement à un besoins de refinancement. Cette monnaie centrale permet aux
banque de se procurer des billets, d’acheter devises étrangères, de régler entre institutions
financières les soldes des créances ou de dettes qui résultent des transactions effectuées
entre agents économiques et de répondre aux contraintes des opérations de politiques
monétaires.

65
Section 4 : la demande de monnaie

1- Les trois motifs de demande de monnaie

Comme le montre ce schéma, il existe trois principaux motifs de demande de


monnaie. Le premier, le motif de transaction, est le seul motif de demande de monnaie
pour les Classiques ; les deux autres motifs sont proprement keynésiens. En effet, pour
les Classiques, l’unique raison pour laquelle les agents demandent de la monnaie est pour
pouvoir réaliser des transactions.

Le motif de transaction se décompose en deux autres motifs : le motif de revenu, du


côté des ménages, et le motif professionnel, du côté des entreprises. Du côté des
ménages, le motif de revenu existe car il y a un décalage entre le moment où les ménages
perçoivent leur revenu, et le moment de la consommation.

Du côté des entreprises, le motif professionnel existe car la monnaie permet de


combler le décalage temporel entre la production et les recettes. Ainsi, le motif de
transaction dépend du revenu des agents : si le revenu augmente, le nombre de
transactions augmente, et les agents demandent davantage de monnaie.

Le motif de précaution : les agents demandent de la monnaie pour se prémunir du


risque ou pour saisir des opportunités. De même, plus les revenus des agents
augmentent, plus ils souhaitent détenir de la monnaie par motif de précaution. Ainsi, la
demande de monnaie pour motif de précaution croît avec le revenu.

Le motif de spéculation : comme nous l’avons dit, les ménages arbitrent entre
détention de la monnaie et détention de titres sur les marchés financiers : ce sont les taux
d’intérêt qui leur permettent de réaliser cet arbitrage. Plus les taux d’intérêt sont élevés,
66
moins ils demandent de monnaie, et plus ils achètent des titres financiers pour réaliser
des plus-values sur les marchés financiers.

À ces trois motifs, Keynes ajoute un quatrième : la préférence pour la liquidité. Il s’agit
de la confiance qu’ont les agents dans l’avenir du système économique. La détention de
monnaie permet d’apaiser l’inquiétude face à l’incertitude de l’avenir.

2- Le motif de finance de Keynes

Après la publication de la Théorie Générale (Keynes, 1973a), Keynes dut faire face aux
critiques des théoriciens des fonds prêtables, en particulier Ohlin et Robertson, qui
affirmaient que finalement, les thèses de la Théorie Générale n'étaient pas très différentes
des leurs et qu'en tout cas elles ne contredisaient pas fondamentalement leur conception
de la détermination du taux d'intérêt par ajustement de l'offre et la demande de liquidités.
Afin de répondre à ces critiques, dans deux articles publiés dans les numéros de Juin et
Décembre 1937 de The Economie Journal (Keynes, 1973b et 1973c), J. M. Keynes ajoute
aux trois motifs de détention de monnaie qui fondent sa théorie de la préférence pour la
liquidité, un quatrième motif : le motif de finance. Ce faisant, Keynes voulait montrer
que le taux d'intérêt ne dépend pas seulement du stock de liquidités disponibles sur le
marché monétaire, mais aussi du processus de financement de la production. Keynes
définit littéralement le motif de finance de la manière suivante : "Pendant la période
d'interrègne - et pendant cette période uniquement - entre la date où l'entrepreneur
aménage sa finance et la date où il réalise son investissement, il y a une demande
additionnelle de liquidités sans que, pour autant, il y ait nécessairement un accroissement
de l'offre de celle-ci. C’est la demande monnaie pour le paiement des salaires et des
fournitures. .La question de la détermination du taux de l'intérêt se présente alors comme
directement attachée à celle de l'émission monétaire et à celle de la définition du revenu.

67
Chapitre 5 : L’équilibre sur le marché du travail

Le marché du travail est un marché particulier où s’échange une offre de travail amenant
des ménages salariés et une demande de travail émanant des entreprises, et où se
déterminent les niveaux d’équilibre du t de salaire et de l’emploi. Dans ce chapitre, nous
allons faire 2 hypothèses :
H1 : Le travail est homogène, c’est-à-dire que tous les salariés ont la même qualification
et partant, ils ont le même t de salaire ;
H2 : les stocks de capital est constant c’est-à-dire que nous sommes en courte période.

Section 1 : L’approche classique du marché du travail

1- Les hypothèses
H1 : L’économie est en concurrence parfaite et l’information est parfaite.
H2 : Les agents sont rationnels de leur fonction objective sous contraintes. Les ménages
salaires maximisent leurs profits sous la contrainte technique de la fonction de
production.

H3 : Les travailleurs se font concurrence entre eux.


Il n’y a pas de syndicats.

H4 : Les travailleurs raisonnent en termes de pouvoir d’achat (salaire réel)


H5 : Prix et les taux de salaire sont parfaitement flexibles à la hausse comme à la baisse
et les agents adaptent leur comportement à la variation du taux de salaire réel.
2- L’offre de travail
C’est la quantité de travail que les ménages salariés sont disposées à offrir à un moment
donné. Pour comprendre les dettes cette offre de travail, nous considérons un travailleur
représentatif qu’offre une quantité de travail pour avoir en contrepartie un salaire
monétaire qui lui servira à financer principalement ses dépenses de consommation. Ce
ménage dispose, par période, d’un temps maximum de 𝐿̅ qu’il cherche à repartir et le
travail 𝐿0 et le loisir 𝑙 dans le but de maximiser son utilité totale. Le loisir procure un
salaire qui permet de financer des biens de consommation qui procure une satisfaction.
Ainsi la fonction d’utilité sera

U= U(C, 𝑙 ) avec C la quantité de biens à consommer.

68
L’objet de ce paragraphe est de trouver la combinaison (𝐶 ∗ , 𝑙 ∗ ) qui maximise cette
fonction d’utilité sous la contrainte budgétaire. Soit P le niveau général des prix et 𝑤 le
t de salaire nominal.
Si nous supposons que ce ménage dépense la totalité de son revenu d’une période pour
la consommation de la même période, c’est-à-dire que S=o la contrainte budgétaire sera :

w𝐿0 -PC = 0

Si nous posons la fonction d’utilité U = 𝛼𝐿𝑜𝑔𝐶 + 𝛽𝐿𝑜𝑔𝑙 avec 𝐿0 + 𝑙 = 𝐿̅ alors d’utilité


est maximale lorsque Z= 𝛼𝐿𝑜𝑔𝐶 + 𝛽𝐿𝑜𝑔𝑙 + 𝜆 (w𝐿0 − PC) est maximun.

𝐶𝛽
Si nous posons w/P= 𝑤𝑟 alors 𝐿0 = 𝐿̅ −
𝛼𝑊𝑟

Ainsi pour un niveau de consommation donnée, l’offre de travail est une fonction
croissante du taux de salaire réel 𝑤𝑟 :
𝑑𝐿°
L° = f(𝑤𝑟 ) avec >o avec L° max = 𝐿̅
𝑑𝑤𝑟

L’offre de travail est assimilée à un échange entre une certaine quantité de travail et une
certaine quantité de biens et de consommation. C’est un échange réel qui se fait par
l’intermédiaire dans la monnaie cette courbe d’offre de travail se déplace dans deux cas ;
1er cas : Il s’agit du cas où il y a une variation de la population active. L’augmentation
déplace la courbe la droit la baisse déplace la courbe vers la gauche.

2ème cas: Il s’agit d’une variation de la fonction d’utilité des ménages salariés : il augmente
de la préférence pour les loisirs la déplace vers la gauche et l’augmente de la préférence
pour la consommation la déplace vers la droite.

69
3- La demande de travail
Les entreprises demandent du travail dans le but de produire les quantités qui
maximisent leur profit sous la contrainte technique de la fonction de production.

Soit la fonction de production de type Cobb Douglas

Y= f (K ; L) = A𝐾 𝛼 𝐿𝛽

A= indicateur de progrès technique

En courte période, nous posons K= Ko ⇔ Y= F(L) = A𝐾0𝛼 𝐿𝛽

Soit F le coût fixe et Π le profit.

Π = RT − CT = PY − wL − F
𝑑Π 𝑑f 𝑤
Il est maximum lorsque =0 ce qui conduit au résultat suivant : =
𝑑𝐿 𝑑𝐿 𝑃

𝑑f 𝑤
Or, est la productivité marginale du travail et .est le taux de salaire réel.
𝑑𝐿 𝑃

Autrement dit, les entreprises maximise leur profit en demandant une quantité de travail
𝑑𝑓 𝑤
tel que =
𝑑𝐿 𝑝

𝑑𝑓
Et comme est décroissante, il en découle que la demande de travail sera fonction
𝑑𝑐
décroissante du taux de salaire réel.

EQUATION

70
La courbe de demande de travail n’est rien d’autre que la courbe de la productivité
marginale du travail cette courbe de demande du travail se déplace si la productivité
marginale du travail se déplace également, c’est-à-dire si la fonction de production varie
on celle-ci varie dans de cas :

- Lorsqu’ il y a une variation du stock du capital


- Lorsqu’il y a une variation du coefficient de progrès technique (A)
AK>o et / ou ΔA>o se traduit par un déplacement vers la droit de la courbe de demande
de travail et inversement.

4- L’équilibre sur le marché du travail


L’équilibre sur ce marché est tant que l’offre de travail est égale à la demande de travail
la solution de cet équilibre est le niveau d’emploi et le taux de salaire d’équilibre et par la
même, le niveau de production d’équilibre.

𝐿0 (𝑤𝑟 ) = 𝐿𝑑 (𝑤𝑟 ), ce qui conduit à déterminer (𝐿∗ , 𝑤𝑟∗ ) et 𝑌 ∗ = 𝑓(𝐿∗ )

Cet équilibre est un équilibre de plein dans le sens où ceux qui désirent travailler au taux
de salaire réel du marché 𝑤𝑟∗ trouvent un emploi et toute les demandes de travail émanant
des entreprises à ce même taux de salaire est satisfaite. Il n’y a pas de chômage
involontaire. Le chômage est plutôt volontaire.

71
Il y a plein-emploi continuel sur le marché du travail classique parce que les prix sont
flexibles à la hausse comme à la baisse. 𝑌 ∗ est aussi un volume de production de plein
emploi, qui ne varie que si l’équilibre sur le marché du travail se déplace.

∆𝐿0 > 0 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑢𝑖𝑡 à ∆𝑊𝑟 < 0 𝑒𝑡 ∆𝐿∗ > 0

Toute augmentation de la demande de travail qui se traduit par un déplacement de


demande de travail vers la droite crée un déséquilibre sur le marché du travail (excès de
demande). Cette demande supplémentaire ne peut être satisfaite que si les entreprises
proposent un taux de salaire réel plus élevé. Cette augmentation du taux de salaire réel
augmente l’utilité marginale du travail et rend ce dernier plus attrayant par rapport aux
loisirs, ce qui incite les ménages salariés à augmenter leur offre de travail. Ce processus
se solde par une augmentation du taux de salaire réel et une augmentation du niveau de
l’emploi d’équilibre :

∆𝐿0 > 0 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑢𝑖𝑡 à ∆𝑊𝑟 > 0 𝑒𝑡 ∆𝐿∗ > 0

72
Section 2 : L’approche Keynésienne du marché du travail

1- L’offre et la demande de travail


Pour Keynes le concept de marché de travail n’est pas pertinent. Keynes admet les
fondements de la courbe de demande de travail, à savoir la loi de la rémunération du
travail à la production marginale du travail résultant du postulat de rationalité des
entreprises qui maximisent leurs profits. Il critique par contre les fondements de la
courbe d’offre de travail selon lesquels la désutilité marginal du travail est égale à l’utilité
marginale du salaire. La critique de la relation croissante entre l’offre de travail et le taux
de salaire réel se base sur 3 arguments :

- Les travailleurs sont victimes de l’illusion monétaire, c’est-à-dire qu’ils résonnent


en termes de salaire minimal et non de salaire réel. Selon Keynes, les contrats
salariaux sont fixés en terme nominaux.
- L’offre de travail n’est pas concurrentielle, c’est-à-dire que les travailleurs ne se
font de concurrence entre eux et le taux de salaire nominal est rigide à la baisse.
En effet, les salariés entre sur le marché du travail appuyés par leurs syndicats qui
s’opposent à la baisse du taux de salaire en dessous du seuil jugé minimum, noté
𝑊0
- Il y a un certain nombre de travailleurs noté Lp qui acceptent de travailler au taux
de salaire minimum les autres n’acceptent d’offrir leur force de travail que pour
un taux de salaire plus élevé.
- Sous cette hypothèse, la fonction d’offre de travail s’écrit comme suit :

𝐿0 = 0 𝑞𝑢𝑒𝑙 𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑤 < 𝑤0


𝐿0 = 𝐿𝑝 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑤 = 𝑤0
0 0 (𝑤)𝑎𝑣𝑒𝑐
𝑑𝐿0
𝐿 =𝐿 > 0 𝑒𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙 𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑤 > 𝑤0
{ 𝑑𝑤
𝐿0𝑚𝑎𝑥 = 𝐿̅

73
2- L’équilibre de sous-emploi

En critiquant le concept du marché du travail, Keynes soutient que le niveau d’emploi –


d’équilibre n’est pas déterminé directement par la confrontation entre l’offre et la
demande de travail. Le niveau de l’emploi dépend de la demande de travail par les
entreprises laquelle est déterminée à son tour par le niveau de production, fonction lui-
même de la demande anticipée de biens et services, appelée par Keynes demande
effective. Il s’en suit l’enchainement suivant

Niveau de la demande effective niveau de production niveau de l’emploi

Ainsi pour un niveau de production 𝑌 ∗ , le niveau de l’emploi 𝐿∗ , est inférieur au niveau


de plein emploi (Lp) et la différence entre L* et Lp constitue le chômage involontaire
Cet équilibre est donc un équilibre de sous-emploi dans la mesure où il y a du chômage
involontaire c’est-à-dire des personnes qui acceptent de travailler au taux de salaire du
marché 𝑤0 et qui ne trouvent pas à être employés parce que la demande effective qui
s’adresse aux entreprises ne justifie pas leur emploi. Mais l’Etat peut, par ses politiques
éco de relance stimuler la demande effective et résorber le sous-emploi.

74
DEUXIEME PARTIE : LES MODELES MACROECONOMIQUES

Chapitre 6 : Un modèle de plein-emploi : le modèle classique


L’objet de ce chapitre est de montrer que selon l’approche classique, le marché est le
meilleur régulateur de l’économie, et de ce fait, l’intervention de l’Etat à travers cette
politique éco est totalement inefficace

Section 1 : Le modèle de plein-emploi

1- Les hypothèses et leurs implications

H1 : L’économie est en concurrence parfaite et l’information est également parfaite.


H2 : Les agents sont rationnels et adoptent un comportement de maximisent de la
fonction objectif sous-contrainte. Les ménages salariés maximisent leur utilité sous
contraintes budgétaires et les entreprises maximisent leur profit sous contrainte
technique de la fonction de production.

H3 : Tout les prix (P, r et 𝑤𝑟 ) sont par parfaitement flexibles à la hausse comme à la
baisse, et l’justement vers l’équilibre se fait par les prix et non par les quantités.

H4 : Tous les marchés sont en équilibre stable.


H5 : Toute offre crée sa propre demande.
H6 : Le temps de production se déroule sur la courte période, c’est-à-dire que le stock
de capital est constant.
La 5è hypothèse signifie qu’il n’y a pas de contrainte de demande, c’est-à-dire que les
entreprises sont assurées de pouvoir vendre toutes les quantités qu’elles décident de
produire. Le volume de l’équilibre et de déterminer par les conditions d’offre et de
demande. Et comme l’objectif des entreprises est la maximisation du profit, le volume
de production d’équilibre sera donc celui qui maximise le profit des entreprises. Lorsque
la productivité marginale du travail est égale au taux de salaire réel, le profit est maximum.
Etant donné que ce dernier se détermine sur le marché du travail, il en découle que le
point de départ obligé du modèle classique sera l’équilibre sur le marché du travail. Ceci
va avoir implication importantes :

- Comme l’équilibre sur le marché du travail est un équilibre de plein-emploi, le


niveau de production d’équilibre qui en résulte sera aussi un volume de production de
Lp.

75
- Comme l’équilibre sur le marché du travail .est un équilibre réel, le niveau de
production d’équilibre résulte donc des considérations réelles. C’est pourquoi le modèle
classique est un modèle dichotomique dans le sens où il est composé de 2 sphères
autonomes : la sphère monétaire et la sphère réelle. En particulier, la sphère monétaire
n’a aucune influence sur la sphère réelle.
2- L’équilibre macroéconomique
a- La sphère réelle

La production du modèle

Nous supposons une économie concurrentielle décrite par le modèle suivant :

 Y = 𝑓 (𝐾; 𝐿) = 𝐴𝐾 𝛼 𝐿𝛽

𝐾 = 𝐾𝑜 ⇒ 𝑌 (𝐿) = 𝐴𝐾𝑜𝛼 𝐿𝛽
dL°
 𝐿𝑜 = 𝑓 (𝑤𝑟) avec > 𝑜 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐿°max = 𝐿̅
𝑑𝑤𝑟
 𝑐 = 𝐶𝑜 + 𝑐𝑌𝑑 − 𝑎𝑟
b = sensibilité de la consommation par rapport au taux d’intérêt

 𝑇 = 𝑇0 + 𝑡𝑌
To = impôt autonome

t= le taux d’imposition fiscale

 G= Go
G= les dépenses publiques sont exogènes et égales à Go

 𝐼 = 𝐼0 − 𝑏𝑟

𝐼𝑂 L’Investissement autonome et b la sensibilité de l’investissement par rapport au t


d’intérêt

 𝑋 = 𝑋𝑜
X représentant les exportations qui sont exogènes et égales à Xo

 Mp = Mpo +mY
Mp représentant les importations

76
Mpo représentant les importations autonomes, et m la propension marginale à importer.

 Les amortissements et les transferts extérieurs nets sont nuls


La résolution du modèle

 Equilibre sur le marché du travail


dy
β A 𝐾0𝛼 𝐿𝛽−1 = = 𝑃𝑚𝐿
dL
𝑃𝑚𝑙 = 𝑊𝑟 ⇔ 𝐵β A 𝐾0𝛼 𝐿𝛽−1 = 𝑤𝑟
1
β A 𝐾0𝛼 1−𝛽 DLd
⇒ Ld = ( ) = 𝐿𝑑 (wr) avec <𝑜
𝑤𝑟 dwr

LO (Wr) = Ld (Wr) permet de déterminer l’équilibre sur le marché du travail (𝐿∗ , 𝑤𝑟∗ )
ainsi que le niveau de production d’équilibre 𝑌 ∗ .
NB : Ce niveau d’équilibre de la production est un niveau d’équilibre de plein-emploi qui
ne varie que si l’équilibre sur le marché du travail se déplace, c’est-à-dire si les courbes
d’offre et / ou de demande de travail se déplacent.

 Equilibre sur le marché des biens et services

La demande de biens et services est :

Yd = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑌 + 𝑀𝑝
= 𝐶𝑜 + 𝑐𝑌𝑑 − 𝑎𝑟 + 𝐺𝑜 + 𝐼𝑜 − 𝑏𝑟 + 𝑋𝑜 − 𝑀𝑝𝑜 − 𝑚𝑌
= 𝐶𝑜 + 𝑐 (𝑌 − 𝑇𝑜 − 𝑡𝑌) − 𝑎𝑟 + 𝐺𝑜 + 𝐼𝑜 − 𝑏𝑟 + 𝑋𝑜 − 𝑀𝑝𝑜 − 𝑚𝑌
⇒ 𝐘 𝐚 = (𝟏 − 𝒄 + 𝒄𝒕 + 𝒎) = 𝑪𝒐 − 𝒄𝑻𝒐 + 𝐺𝑜 + 𝐼𝑜 + 𝑋𝑜 − 𝑴𝒑𝒐 − (𝒂 + 𝒃)𝒓

Co − cTo + Go + Io + Xo − Mpo − (a + b)r


Yd =
1 − 𝐶 + 𝑐𝑡 + 𝑚

Posons ℎ = 1 − 𝑐 + 𝑐𝑡 + 𝑚

ℎ = 𝑠 + 𝑐𝑡 + 𝑚

𝐴𝑜 = 𝐶𝑜 − 𝑐𝑇𝑜 + 𝐺𝑜 + 𝐼𝑜 + 𝑋𝑜 − 𝑀𝑝𝑜

ℎ𝑌𝑑 = 𝐴𝑜 − (𝑎 + 𝑏) + 𝑟

77
Ao − (a + b)r
𝑌𝑑 =

Et comme l’offre de biens et services est : 𝑌 𝑜 = 𝑌 ∗ , il s’en suit que l’équilibre sur le
marché des B et S est tant que 𝑌 𝑜 = 𝑌 𝑑

Ao − (a + b)r
𝑌∗ =


Ao − h𝑌 ∗
𝑟 =
(𝑎 + 𝑏)
Ainsi, l’équilibre sur le marché des B et S permet de déterminer le taux d’intérêt réel
d’équilibre ce que nous permet de déterminer toutes les variables de la sphère réelle
(𝑇 ∗ , 𝑌𝑑∗ , 𝐶 ∗ 𝑒𝑡 𝑀𝑝 ∗)
Remarquons que le taux d’intérêt réel d’équilibre se détermine simultanément sur le
marché des biens et services et sur le marché financier.
En effet, l’équilibre sur le marché des biens et services ne se réalise que si l’équilibre sur
le marché financier est réalisé. En effet :

𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀𝑝

⇒ 𝑌𝑑 + 𝑇 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼 + 𝑋 − 𝑀𝑝

Et comme 𝑌𝑑 = 𝐶 + 𝑆

⇒ 𝐶 + 𝑆 + 𝑇 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀𝑝.

⇔ 𝑆 + 𝑇 = 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀𝑝

𝐼 = 𝑆 + (𝑇 − 𝐺) + (𝑀𝑝 − 𝑋)
= épargne des ménages +épargne publique +épargne extérieure

= épargne global (E)

𝐼 = 𝐼𝑜 − 𝑏𝑟 = f(r)
𝑑𝐼
= −b < 0
𝑑𝑟
E = Yd − C + T − 𝐺 + 𝑀𝑝 − 𝑋

78
= −Co − sYd + 𝑎𝑟 + 𝑇𝑜 + 𝑡𝑌 − 𝐺𝑂 + 𝑀𝑝𝑜 + 𝑚𝑌 − 𝑋𝑜
𝑑𝐸 𝑑𝐸
= E(Y; r) avec > 𝑜 𝑒𝑡 >𝑜
𝑑𝑌 𝑑𝑟
Et comme, 𝑌 = 𝑌 ∗ (déterminé a partir de l’équilibre sur le marché du travail), il s’en
suit que : E(r) = I(r) traduit l’équilibre sur le marché et permet de déterminer le taux
d’intérêt réel sur le marché

b- La sphère monétaire

Le modèle: 𝑀° = 𝑀𝑑
𝑀 𝑑 = 𝑘 𝑃𝑌

Résolution du modèle

𝑀° = 𝑀𝑑 ⇒ 𝑀𝑜𝑜 = 𝑘𝑃𝑌
𝑀𝑜𝑜
P∗ =
𝑘𝑌 ∗

L’équilibre sur le marché monétaire permet donc de déterminer le niveau global des prix
et d’exprimer par la même toute les variables du modèle en terme nominaux :

Par 𝑊 ∗ = (𝑤𝑟∗ )(𝑝 ∗)

79
c- L’articulation graphique du modèle

La position d’équilibre macroéconomique (L* ; 𝑤𝑟∗ ; , 𝑌 ∗ , 𝑟 ∗ , 𝑝 ∗ se déplace :

- Suite au déplacement de l’équilibre sur le marché de travail ;


- Suite aux politiques économiques

Section 2 : Le déplacement de l’équilibre et les politiques économiques

1- Le déplacement de l’équilibre sur le marché du travail


L’équilibre sur le marché du travail se déplace suite du déplacement de la courbe d’offre
et/ ou la courbe de demande de travail

a- Le déplacement de la courbe d’offre de travail


L’augmentation de la pop active ou de l’utilité marginale du travail déplace la courbe
d’offre de travail vers la droite et se traduit par une baisse du taux de salaire réel
d’équilibre et une augmentation du niveau de l’emploi d’équilibre ce qui implique une
augmentation du niveau de production. L’augmentation du niveau de la production
engendre une augmentation de l’épargne des ménages étrangère, donc sur l’épargne
globale. En considérant un investissement constant, l’excès d’offre de fond pretable crée
un deséquilibre sur le marché financier qui ne sera résorbé que par une baisse du taux
d’intérêt réel. Le graphique suivant traduit le déplacement de l’équilibre sur le marché
financier

80
L’augmentation du niveau de production et la baisse du taux d’intérêt impliquerons une
augmentation de la consommation des ménages, de l’investissement et des importations.
Les dépenses publiques et les exportations sont exogènes et resteront donc constantes.

Par ailleurs, au niveau de la sphère monétaire, l’augmentation du niveau de production


se traduit par une augmentation de la demande de monnaie qui implique une
augmentation de la valeur réelle de la monnaie et donc une baisse du niveau globale des
prix. La baisse du niveau globale des prix, combinée avec la baisse globale du salaire réel
tend à avoir une incidence négative sur le taux de salaire nominal.

∆𝐿0 > 0 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 à ∆𝑊𝑟 < 0 𝑒𝑡 ∆𝐿∗ > 0 et ∆𝑌 > 0 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 à ∆𝑟 <
0

∆𝑌 > 0 𝑒𝑡 ∆𝑟 < 0, 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 à ∆𝐶 > 0, ∆𝐼 > 0 𝑒𝑡 ∆𝑀𝑝 > 0

∆𝑌 > 0 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 à ∆𝑃 < 0

∆𝑃 < 0 et ∆𝑊𝑟 < 0 , ce qui conduit à ∆𝑤 < 0

b- Le déplacement de la courbe de demande de travail


L’augmentation du stock de capital et / ou l’amélioration du progrès techniques déplace
la courbe de demande de travail vers la droite et se traduit par une augmentation du taux
de salaire réel d’équilibre et une augmentation du niveau de la production. Dans ce cas,
le niveau de production augmentation pour deux (2) raisons : l’augmentation du niveau
de l’emploi et l’augmentation de la productivité marginale du travail, l’augmentation du
niveau de production implique une augmentation de l’épargne des ménages, l’épargne
publique et de l’épargne des ménages, l’épargne publique et de l’épargne extérieur c’est-
à-dire une augmentation de l’épargne globale.
En considérant toujours un investissement constant, l’excès d’offre de fond prêtable
crée un déséquilibre sur le marché financier qui ne sera résorbé que par une baisse du
taux d’intérêt réel. L’augmentation du niveau de production et la baisse du taux d’intérêt

81
impliquent une augmentation de la consommation des ménages, l’investissement et des
importations. Les dépenses publiques et les exportations étant exogènes, elles resteront
donc constantes.
Par ailleurs, au niveau de la sphère monétaire, l’augmentation de la demande de monnaie
qui implique une augmentation de la valeur réelle de la monnaie et donc une baisse du
niveau globale des prix. Par contre l’incidence sur le taux de salaire nominal est
indéterminée du fait qu’il subit un double effet : un effet négatif résultant de la baisse du
niveau globale des prix et un effet positif lié à l’augmentation du taux de salaire réel

2- Les politiques économiques


Les politiques économiques sont des modes d’interventions de l’Etat dans l’économie.
Nous verrons très rapidement de façon sommaire 3 politiques économiques

- La politique budgétaire qui se traduit par une variation des dépenses publiques
- La politique fiscale qui se traduit par une variation des impôts (ΔT)
- La politique monétaire qui se traduit par une variation de l’offre de monnaie
(ΔMo)
a- La politique budgétaire
Supposons une politique budgétaire expansive (augmentation de G donc ΔG >o). Cette
augmentation de G entraîne une augmentation de la demande globale de biens et services.
Or, selon la loi de J.B Say qui représente une hypothèse de ce modèle, par une variation
de l’offre de biens et services ne se traduit pas par une variation de l’offre de biens et
services, à moins que l’équilibre sur le marché du travail se déplace.

Autrement dit, ΔG >o⇒ ΔY= o or, comme ΔY = ΔC + ΔI +ΔG +ΔX –


ΔMp
et comme ΔY = o ⇒ ΔMp= 0
Si ΔY = o alors

ΔC +ΔG +ΔI = O

ΔG = -(ΔC + ΔI)
L’augmentation ou l’accélération des G se traduit par une baisse des dépenses privées (la
consommation des ménages et l’investissement des entreprises). Ce phénomène est
appelé en économie : l’effet d’éviction
L’incidence réelle de la politique budgétaire expansionniste dépend de son mode de
financement : par emprunt, par la fiscalité ou par émission monétaire.

82
►Si le financement se fait par emprunt (émission de titres financiers) (ΔG >o avec ΔT=
ΔM=0) alors l’augmentation des G se traduit par une baisse de l’épargne publique et
donc par une baisse de l’épargne globale. En considérant un investissement constant, le
déficit d’offre au l’excès de demande de fonds prêtable entraîne un déséquilibre sur le
marché financement se fait par une hausse du taux d’intérêt réel.
►Si le financement se fait par la fiscalité (ΔG= ΔT >o avec ΔM=0) alors la politique
budgétaire expansionniste n’aura aucune incidence sur l’épargne publique. Elle a par
contre un impact direct négatif sur l’épargne des ménages du fait que l’impôt réduit le
revenu disponible Yd des ménages. Ainsi, l’épargne global va baisser et le rendement
réel va augmenter toutefois, la baisse de l’épargne est d’un montant plus faible qui dans
les cas du financement par emprunt. Et de ce fait, l’augmentation de rendement sera
également plus faible. C’est pourquoi, l’investissement des entreprises sera faiblement
évincé. Par contre la consommation des ménages va subir une double éviction: par
l’augmentation des taux d’intérêt et par l’augmentation de la fiscalité.
►Si le financement se fait par émission monétaire, on a ΔG= ΔM>o avec ΔT = 0
La conséquence de ce mode de financement sur la sphère réelle est exactement la même
que le financement par emprunt. Toutefois, au niveau de la sphère monétaire, ce mode
financement se traduit aussi par une augmentation du niveau des prix.

83
b- Politique fiscale

Supposons une augmentation de la fiscalité autonome : ΔTo=ΔG >o et ΔG =ΔMo = 0.


Ceci se traduit par une baisse de Yd, et donc par une baisse de la consommation des
ménages, c’est-à-dire une baisse de la demande globale des biens et services. Toute
variation de l’offre exige un déplacement de l’équilibre sur le marché du travail.

ΔTo >o ce qui implique que et ΔWr =ΔL = ΔP= ΔY= ΔG= ΔX= ΔMp = 0
Toutefois l’augmentation des impôts se traduit par une augmentation de l’épargne
publique égale à ΔTo et une baisse de l’épargne des ménages égale à (- sΔTo). Mais
l’épargne globale va donc augmenter. En considérant un investissement constant, l’excès
d’offre (ou le déficit de demande) de fonds prêtables crée un déséquilibre sur le marché
financier qui ne sera résorbé qui par une baisse du taux d’intérêt réel.
L’augmentation des impôts autonomes se traduit donc une baisse de la consommation
des ménages et pas une augmentation des investissements des entreprises. C’est comme
si l’investissement exerçait un effet d’éviction sur la consommation.

c- La politique monétaire
Nous allons supposer ici une politique monétaire expansionniste :∆𝑀 > 𝑜 𝑒𝑡 ∆𝐺 =
∆𝑇𝑜 = 0)
En raison de la dichotomie de notre économie, cette politique n’a aucune incidence sur
la sphère réelle de sorte que :
∆𝑀° > 𝑜 ⇒ ∆ 𝑊𝑟 = ∆𝐿 = ∆𝑌 = ∆ 𝑟 = ∆𝐶 = ∆ 𝐺 = ∆𝐼 = ∆𝑋 = ∆𝐼 =
∆𝑀𝑝 = 𝑂

Elle agit par contre sur la sphère monétaire en créant des pressions inflationnistes qui se
traduisent par une augmentation du niveau globale des prix.
∆𝑀°
∆𝑀° > 𝑜 ⇒ ∆𝑃 = >𝑜
𝑘𝑌

d- Conclusion sur les politiques économiques

Ainsi donc comme nous pouvons le constater, les politique éco dans le cadre du modèle
classique sont non seulement inefficace mais elles ont en plus des effets <o sur l’éco tant
que l’éviction ou l’inflation. Ce modèle défend l’idée selon laquelle le marché est le
meilleur régulateur de l’activité économique. De ce point de vue, si le marché est le
meilleur régulateur, alors l’intervention de l’Etat crée des distinctions qui éloignent
l’économie de l’optimum.

84
Chapitre 7 : Un modèle de sous-emploi : le modèle Keynésien

L’objet de ce chapitre est de présenter l’approche Keynésienne qui considère le marché


comme un régulateur imparfait de l’économie et que les imperfections du marché
peuvent toutefois être corrigés par l’intervention de l’Etat, qui peut à travers cette
politique économique résorber le chômage ou stimuler l’investissement.

Section 1 : L’équilibre macroéconomique


1- Introduction

L’analyse Keynésienne est en rupture avec l’analyse classique sur plusieurs pts :

 Contrairement aux classiques, Keynes soutient que l’économie n’est pas


concurrentielle. Au contraire, elle est dominée par les monopoles et les oligopoles
 Keynes soutient que l’info n’est pas parfaite. L’état de l’économie dépend donc
largement de la vision des agents éco concernant le futur. La production,
l’investissement et la demande de monnaie dépendent donc des anticipations.
 Keynes contexte la loi de Say dont les limites ont été confirmées par la crise de
1929. Il soutient l’idée selon laquelle les entreprises produisent les quantités qui
leur sont demandé. Donc le niveau de production est déterminé par la demande
globale anticipée par les entreprises, laquelle demande ne peut –être insuffisante
pour assurer le PE, c’est pourquoi, le niveau de production d’équilibre peut être
un niveau de production de sous-emploi.
 Les mécanismes de régulation par le marché peuvent donc être relayés par l’Etat,
qui intervient pour corriger les insuffisances du marché.
 Le niveau globale des prix et le taux de salaire sont rigides le taux d’inflation
anticipé est nul. L’ajustement vers l’équilibre se fait donc par les quantités non par
les prix.
 L’analyse Keynésienne n’est pas dichotomique (les 2 sphères réelles et monétaires
sont intégrées) par l’intermédiaire, par l’entremise du taux de rendement). En
effet, ce dernier qui est déterminé sur le marché monétaire (sphère monétaire) est
lui-même un déterminant de l’investissement (sphère réelle)
2- Le modèle Keynésien complet : le modèle IS-LM
L’objectif recherché par Hicks et Hansen consiste à représenter de façon commode
l’équilibre simultané sur le marché des biens et services ainsi que sur le marché de la
monnaie. Au même titre que l’équilibre global Walrasien, l’équilibre IS-LM permet une
présentation formelle d’une théorie économie. Mais contrairement au schéma Walrasien,
le modèle dit IS-LM peut déboucher sur une série de proposition politique économique.

85
a- Le modèle

Soit une économique de sous-emploi décrite par le modèle suivant :

 C=Co + çYd
 T= To +tY
 G=Go
 I= Io + iY-br
 X=Xo
 Mp = Mpo + mY
 M° =𝑀00

Md = kY ∇ r ≥ 𝑟 𝑚𝑎x

Md = kY + B − gr ∇ r min ≤ r ≤ r max

Md = ∞ Pour r = r min
Les amortissements et les transferts extérieurs nets sont nuls et le niveau général des prix
est constant.

b- L’équilibre sur le marché des Biens et Services : la relation IS


La relation IS est établie à partir de l’équilibre sur le marché des biens et services. Cet
équilibre est tel que :

𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀𝑝

𝑌 = 𝐶0 + 𝑐𝑌 − 𝑐𝑇𝑂 − 𝑐𝑡𝑌 + 𝐺0 + 𝐼0 + 𝑖𝑌 − 𝑏𝑟 + 𝑋0 − 𝑀𝑝0 − 𝑚𝑌

𝑌(1 − 𝑐 − 𝑖 + 𝑐𝑡 + 𝑚) = (𝐶0 − 𝑐𝑇𝑂 + 𝐺0 + 𝐼0 + 𝑋0 − 𝑀𝑝0 ) − 𝑏𝑟

En posant 1 − 𝑐 − 𝑖 + 𝑐𝑡 + 𝑚 = ℎ et (𝐶0 − 𝑐𝑇𝑂 + 𝐺0 + 𝐼0 + 𝑋0 − 𝑀𝑝0 ) = 𝐴0


𝐴0 −𝑏𝑟
On arrive à poser : ℎ𝑌 = 𝐴0 − 𝑏𝑟 et il en découle que 𝑌𝐼𝑆 =

Cette dernière relation est la relation IS. Elle admet une infinité de solution en (Y ; r)
La courbe IS est donc le lieu géométrique de tous les couples (y ; r) qui assure
l’équilibre sur le marché des biens et services.
𝑑𝑌 −𝑏
Cette courbe est une relation décroissante entre Y et r car = <0
𝑑𝑟 ℎ

86
Etant donné que nous supposons les paramètres (c ; i; m, t et b) constants, il en découle
que la courbe IS ne se déplace que suite aux variations de Ao. Ce déplacement est
évidemment parallèle étant donné que la pente de la courbe IS dépend de h et b. Ainsi
toute variation de 𝐶0 , 𝑇𝑂 , 𝐺0 , 𝐼0 , 𝑋0 𝑜𝑢 𝑑𝑒 𝑀𝑝0 engendre un déplacement parallèle de la
courbe IS.

c- L’équilibre sur le marché de la monnaie relation LM


La relation LM est établie à partir de l’équilibre sur le marché de la monnaie. Cet équilibre
est tel que l’offre de la monnaie est égale à la demande de monnaie :

𝑀0 = 𝑀𝑑 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 à 𝑀00 = 𝑘𝑌 + 𝐵 − 𝑔𝑟


A partir ce cette dernière, on titre
(𝑀00 −𝐵)+𝑔𝑟
⇒ 𝑌𝐿𝑀 =
𝑘

87
Cette dernière relation est la relation LM. Elle admet une infinité de solution en
(y ; r). La courbe est donc le lieu géométrique de tous les couples (y ; r) qui
assurent l’équilibre sur le marché de la monnaie.
𝑑𝑌 𝑔
Cette courbe est une relation croissante entre Y et r car = >o
𝑑𝑟 𝑘

Notons toutefois que la relation LM déterminé ci-dessus n’est définie que


𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑 ′ 𝑖𝑛𝑡é𝑟ê𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑖𝑠 entre le taux d’intérêt minimum et le taux
d’intérêt maximum

 Pour r > 𝑟𝑚𝑎𝑥 la demande de monnaie pour motif de spéculation est nulle et la
𝑀𝑜𝑜
courbe devient 𝑌𝐿𝑀 = c’est-à-dire une constante ; la courbe LM sera donc une droite
𝐾
verticale.
Cette valeur de Y correspond à la valeur maximale compatible avec le niveau d’offre de
monnaie. Le niveau de production ne peut être accru en dessous de cette valeur que si
l’offre de monnaie augmente. Cette branche de la courbe ln est appelé zone classique du
fait que le niveau de production devient rigide.

 Pour r = 𝑟𝑚𝑖𝑛 , la demande de monnaie devient infinie et la courbe LM sera donc


une droite horizontale. Nous sommes à la trappe à la liquidité.

Etant donné que nous supposons les paramètres (B ; g et k) sont constants, il en découle
que la courbe LM ne se déplace que suite aux variations de l’offre de monnaie. Ce
déplacement est évidemment parallèle comme la pente de LM dépend de g et de k.

88
d- L’équilibre global du modèle IS-LM

L’équilibre est tel que 𝑌𝐼𝑆 = 𝑌𝐿𝑀

Par ailleurs, les relations IS ln peuvent s’écrire de la façon suivante :

L’équilibre global dans ce cas sera : 𝑟𝐼𝑆 = 𝑟𝐿𝑀

La confrontation et la relation IS et ln a donc permis de déterminer la position d’équilibre


macroéconomique (Y* ; r*). Mais cet équilibre ne correspond pas forcément à un
équilibre de plein-emploi, où tous ceux qui désirent travailler au taux de salaire du

89
marché, trouvent un emploi et que la production est à son niveau maximum. C’est
pourquoi Keynes estime que l’intervention de l’Etat est non seulement souhaitable mais
nécessaire pour aider l’économie à tendre vers l’équilibre. Les politiques de relance sont
donc destiner à résorber ces déséquilibres.

Section 2 : Les politiques économiques et leur efficacité

Nous étudions ici les politiques budgétaire et fiscale et la politique monétaire.


1- Les politiques budgétaires et fiscales
Nous abordons dans un premier temps, des conséquences des politiques budgétaire et
fiscale et dans un second temps, l’interprétation en termes d’efficacité.

a- Les conséquences des politiques budgétaires et fiscales


Nous supposons une politique budgétaire ou fiscale expansionniste qui se décline en une
augmentation des dépenses publiques et/ou une baisse des impôts autonomes : ΔGo>o
et / ΔTo <o
Ces différentes politiques se traduisent par un déplacement de la courbe IS vers la droite
et leurs effets sur la position d’équilibre macroéconomique (Y* ; r*) va dépendre de la
valeur du taux d’intérêt par rapport à son niveau minimum et son niveau maximum.

b- Interprétation en termes d’efficacité

Premier cas de figure : le cas général


L’augmentation des dépenses publiques augmente directement la demande effective et
la baisse des impôts augmente indirectement cette demande effective puisqu’elle

90
augmente le revenu disponible Yd et par ricochet la consommation des ménages vue que
les entreprises produisent les quantités qui leur sont demandés, le niveau de production
va augmenter et le chômage involontaire va baisser. Ces politiques sont donc efficaces
pour stimuler la croissance économique et réduire le sous-emploi. Notons tout de même
que le financement du déficit budgétaire va élever les taux d’intérêt sans forcément
réduire l’investissement.

Deuxième cas de figure : la trappe à la liquidité

Dans cette zone, les effets de cette politique sur le niveau de production sont les même
et s’interprètent de la même façon que le cas global mais si le taux d’intérêt ne peut pas
augmenter car il y a un excès de liquidité et la production pourra augmenter par une
absorption des surliquidités pour financer l’économie sans même créer des tensions sur
les taux d’intérêt.

Troisième cas de figure : la zone classique


Dans ce cas, les effets de cette politique sur les taux d’intérêt sont les mêmes et
s’interprètent de la même façon que dans le cas général. Mais le niveau de production
ne peut pas augmenter du fait qu’il est déjà à son niveau maximum étant donné les
liquidités disponibles. L’efficacité d’une telle politique va dépendre du niveau du taux
d’intérêt.
2- La politique monétaire
a- Les conséquences de la politique monétaire
Nous supposons une politique monétaire expansionniste qui se traduit par un
déplacement de la courbe LM vers la droite et ses effets sur la position de l’équilibre
macroéconomique (Y* ; r*) vont dépendre du niveau du taux d’intérêt.

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b- Interprétations en termes d’efficacité

Premier cas de figure : cas général et zone classique


L’augmentation de l’offre de monnaie se traduit par une augmentation de la demande de
titre de la part des institutions bancaires et monétaires. Cette augmentation de la
demande de titres engendre une hausse des cours des titres et donc de baisse du taux
d’intérêt. La baisse des taux d’intérêt incite les investissements à augmenter leurs
investissements. La production va donc augmenter et réduire dans le même temps le
chômage.

Deuxième cas de figure : la trappe à liquidité


Dans cette zone, la politique monétaire est inefficace et une politique monétaire laxiste
ne fait qu’approfondir la situation de surliquidité qui caractérise l’économie. En effet, le
taux d’intérêt est déjà à son niveau minimum et ne peux plus baisser. L’investissement
devient dès lors insensible aux variations du taux d’intérêt. La banque centrale doit mener
dans ce cas une politique monétaire non conventionnelle et le soutien de l’Etat.

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