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UNIVERSITE DE OUAGA 2 UFR/SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

COURS DE MACOECONOMIE

LIME/LISE

LICENCE 2

Enseignant : Dr Romuald S KINDA

Maitre Assistant en Economie


1

2

Ce cours de macroéconomie destinée aux étudiants de Licence Mention
Mathématique-Economie/Licence Mention Statistiques-Economie (LIME/LISE) de
deuxième année de licence (L2). Il a pour objectifs

1) Approfondir les concepts et les méthodes d’analyse de la macroéconomie


comme c’est la tradition. Il s’agit alors des grandeurs (agrégats et des acteurs
macroéconomiques)

2) Privilégier le repérage des courants de pensée et les enjeux des


controverses

Définition de la macro économie

La Macroéconomie ou macro-économie est la discipline qui a pour objet d’analyser


l’économie d’un pays d’un point de vue global. Cette définition simple appelle au
moins deux commentaires :

- premièrement, il faut insister sur le caractère global de l’analyse. On ne


s’intéressera par définition pas au fonctionnement du marché du blé, de
l’automobile ou de la mangue mais à toute l’économie à la fois. Les variables
d’intérêt seront donc ce qu’on appelle des agrégats. Il s’agira par exemple de
la production totale, du niveau général des prix ou encore de l’emploi global.
Tout au plus pourra-t-on s’intéresser à un marché s’il joue un rôle important
dans l’évolution globale de l’économie (ex. marché du travail). La perspective
est donc d’emblée celle d’un Etat, au moins. On pourra de plus s’intéresser
aux relations entre Etats. C’est l’objet de la macroéconomie internationale.

- deuxièmement, la macroéconomie se veut une discipline scientifique.


L’objectif de scientificité impose aux macroéconomistes des contraintes de
rigueur et de confrontation aux faits de leurs analyses.

Ce qu’on attend de la macroéconomie

L’économie est une science sociale qui s’est constituée au cours des siècles pour
conseiller les décisions des gouvernements. C’est pourquoi on parle encore
d’économie politique. La macroéconomie étant une branche de l’économie politique,
elle n’échappe pas à cette fonction. Ce que le public et les gouvernements attendent
donc de la macroéconomie est de formuler des jugements et de proposer des
politiques à mettre en œuvre.

La macroéconomie ne peut émettre directement des recommandations de politique


économique. Elle doit au contraire passer par une première étape au cours de
laquelle elle va avoir pour objet d’expliquer les phénomènes économiques.

Cette première étape relève de ce qu’on appelle une démarche positive. Elle
consiste à établir des relations entre certains faits, donc à fournir des explications,
des théories. L’étape qui consiste à formuler des recommandations relève d’une
démarche normative.
3

Une démarche normative repose forcément sur un jugement, ou norme, de valeur.
Ce sont les valeurs qui permettent de choisir des objectifs et de les hiérarchiser afin
de définir la politique que l’on recommande. Elles sont par définition subjectives.

Sur les aspects positifs de la macroéconomie, il s’agit de poser les questions telles
que : « qu’est-ce qui explique les différences de niveau de vie entre les pays ? », «
quel est l’effet d’une augmentation des dépenses publiques ? », ou encore « quelle
est l’origine de l’inflation ? » etc.

Ce faisant, on pourra proposer telle ou telle politique pour améliorer les niveaux de
vie, ou telle autre pour réduire l’inflation. On pourra le faire parce qu’implicitement on
considère que l’amélioration des niveaux de vie est souhaitable alors que l’inflation
ne l’est pas.

A cette fin, la démarche en macroéconomie est guidée par l’utilisation de modèles.

L’importance de la modélisation

La théorie macroéconomique repos largement sur des modèles. Un modèle est


l’expression d’une théorie sous la forme d’un ensemble d’hypothèses qui relie entre
elles des variables jugées pertinentes.

La plupart du temps, les modèles macroéconomiques sont formalisés. On y distingue


alors deux types de variables :

- les variables endogènes sont celles que le modèle va expliquer ;

- les variables exogènes sont les variables qui sont considérées comme «
données ».

Le but du jeu est d’expliquer les variations des variables endogènes par celles de
certaines variables exogènes. Les autres variables exogènes sont appelées des
paramètres.

Tous les modèles macroéconomiques sont confrontés à la même contrainte de


bouclage. Cette contrainte impose de tenir compte du fonctionnement et des
interactions de tous les marchés qui constituent le modèle (biens, marchés
financiers, marché du travail etc.).

Il n’est pas possible de s’intéresser à un marché sans tenir compte de ses effets sur
les autres marchés.

On doit donc toujours raisonner en termes d’équilibre global de l’économie. Certaines


égalités comptables doivent en particulier être respectées sans quoi le modèle sera
incohérent.

Pour conclure, la théorie macro-économique montre l’intérêt et les limites d’une


politique macro-économique, c’est-à-dire d’une intervention publique : - la « relance
de l’économie » est-elle une chose aisée ? quelles sont les limites d’un tel type de
4

relance ?…) ; - quels sont les outils fondamentaux d’une action de relance ? - quels
concepts nous aident à « voir » – et donc concevoir – cette action et ses limites ?

La théorie macro-économique est ainsi à la source de débats (des thèses s’affrontent


sur la manière de relancer « au mieux » l’économie et donc de réduire le chômage,…
et même sur la question « faut-il la relancer » ?).

Ce cours abordera deux parties essentielles :

- les agrégats macroéconomiques ; et


- l’économie dans le court terme c’est-à-dire les fluctuations.
Concernant cette analyse L’analyse des fluctuations, on cherche à expliquer les
phases d’expansion et de récession au cours du temps. Il est donc important de
faire une distinction entre court terme et long terme. Il existe au moins deux
différences importantes:

- à court terme, les prix sont rigides. En effet, on constate que beaucoup de
prix ne s’ajustent pas aux fluctuations de l’offre et de la demande. L’exemple le
plus frappant est celui des journaux quotidiens. Leur prix (200F ) est stable sur
des années alors que leur demande fluctue énormément en raison de l’actualité.
Cette rigidité concerne également les salaires.

- à court terme on constate que la production peut être inférieure à son niveau
potentiel. Les récessions ne sont pas dues à une réduction des capacités de
production de l’économie, mais une utilisation moins intensive des capacités de
production.

Graphique 1. Fluctuations économiques


5

Dans cette partie on va s’intéresser aux théories qui permettent de comprendre ces
phénomènes autour de 4 chapitres à savoir le marché des biens et services et à son
équilibre,( chapitre 2) le chapitre 3 sera consacré à la monnaie et au marché
financier, ensuite on va s’intéresser à l’analyse conjointe de l’équilibre sur le marché
de la monnaie et des biens pour en tirer des leçons de politique économique
(chapitre 4). Nous allons conclure en réintégrant l’offre c’est-à-dire les contraintes de
production, avec l’analyse du marché du travail (chapitre 5).

Plan du cours

• 0. Introduction

• Chapitre 1. Les agrégats

• Chapitre 2. Le marché de biens

• Chapitre 3. Le marché de la monnaie et le marché financier

• Chapitre 4. Le modèle IS-LM

• Chapitre 5. Le marché du travail

Bibliographie

• Mankiw N.G. ‘Macroéconomie’ Ed. de Book

• Blanchard, O & D. Cohen (2010) ‘Macroéconomie’ Pearson Education,


France.

• Devoluy, M (1998) ‘ Théories macroéconomiques’ Fondements et


contoroverses; Armand Colin
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Chapitre 1 : Les principaux agrégats macroéconomiques

Comme la macroéconomie étudie les phénomènes économiques d’un point de vue


agrégé, elle doit utiliser des données elles aussi agrégées. C’est ce qu’on appelle les
agrégats et c’est la comptabilité nationale qui permet de les construire.

L’objet de ce chapitre est donc de définir les principaux agrégats que nous serons
amenés à utiliser dans le cours afin de bien savoir de quoi nous allons parler.

Ces trois agrégats correspondent à trois des côtés de ce qu’on appelle le carré
magique (N. Kaldor, 1971) de la politique économique. Le carré magique est
composé de la croissance, du plein-emploi, la stabilité des prix et l’équilibre externe.
Le carré magique a donc pou sommets les quatre objectifs de la politique
économique. Plus la surface du carré magique est grande plus la santé économique
ou l’activité économique du pays est considéré comme importante. Le carré est
qualifié de « magique » selon Kaldor car il est impossible de réaliser à tous les quatre
objectifs simultanément. Le dernier objectif ne sera pas traité ici, mais dans la partie
du cours qui portera sur l’économie ouverte.

Dans ce chapitre, nous allons nous concentrer sur les agrégats qui mesurent les
principaux objectifs de la politique économique : le revenu (I), le niveau des prix (II),
et le chômage (III).
7

Cependant, avant d’aborder ces trois agrégats, nous allons commencer par définir la
notion du circuit économique qui est relative à l’activité économique et donc aux
différents agrégats.

1.1 L’approche en termes de circuit

1.1.1 Définition du circuit économique

Un circuit économique est une représentation schématique des mécanismes


fondamentaux du fonctionnement d’une économie.

Cas d’une économie simplifié

Supposons une économie privée (l’Etat est absent) et fermée composée seulement
de ménages et des sociétés non financières. Supposons également qu’il existe
seulement deux marchés, le marché des biens et le marché des facteurs.
8

Représentation d’un circuit économique

Selon ce schéma, les transactions entre les ménages et les entreprises donnent lieu
à un double flux :

→ un flux réel (en noir) correspondant au mouvement de biens et de facteurs


d’un agent à un autre; et

→ un flux monétaire (en rouge)qui est la contrepartie du flux réel, représentant


les sommes versées en échange des biens et des facteurs .

Autrement dit, dans ce circuit, les dépenses des entreprises constituent les revenus
des ménages et les dépenses de consommation des ménages représentent autant
les recettes ou le chiffre d’affaires des entreprises.

C’est la circularité des flux.

Toutefois, dans la réalité le circuit n’est pas complètement fermé, il s’y produit
certaines fuites qui mettent en cause ce caractère circulaire du circuit économique.
Exemple de fuite: l’épargne.
9

En supposant que les ménages épargnent une partie de leurs revenus, le circuit
économique, abstraction faite des flux réels, sera représenté comme suit (voir
deuxième partie du schéma)

1.2 Les agrégats

1.2.1 Le produit intérieur brut (PIB)


Le circuit économique permet d’appréhender le niveau de l’activité économique. La
grandeur ou l’agrégat qui synthétise ce niveau est le PIB. En effet , le PIB permet de
synthétiser en un seul chiffre la valeur d’ensemble de l’activité économique d’un
pays, c’est le principal agrégat.

Définition

Le produit intérieur brut ou PIB est la valeur monétaire de l’ensemble des biens et
services finaux produits sur le territoire d’un pays au cours d’une période donnée
généralement l’année.

Le PIB est donc censé mesurer la richesse d’un pays (tout ce qui est produit comme
richesse dans l’économie). Certaines activités sont exclues du PIB en raison des
difficultés pour les mesurer. Exemple: les activités illicites et les travaux domestiques.

Le PIB ne prend en compte que les biens et services finaux, ce qui exclut les
consommations intermédiaires pour éviter de les compter deux fois.

Le PIB mesure les activités sur le territoire national c’est-à-dire effectuées par les
résidents.

Le PIB mesure la valeur monétaire des biens et services c’est-à-dire grâce à leur
prix. C’est pourquoi on parle de PIB nominal.

1.2.2 Les modes de calculs du PIB

On distingue trois (3) modes de calcul qui aboutissent toutes au même nombre.

A) Premier mode: optique de la production

Dans ce cas le PIB est simplement la somme des valeurs ajoutée. PIB = ∑VA

VA = valeur du bien ou service – valeur des biens intermédiaires

B) Deuxième méthode : optique des dépenses

Le PIB mesure le revenu qui est dépensée au cours de l’année dans le pays, or la
dépense va être égale au revenu. On peut donc calculer le PIB par la dépense.

PIB = ∑ dépenses finales


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C) Troisième mode: optique des revenus

Lorsque la richesse a été produite, elle est distribuée sous forme de salaires,
revenus du capital, …. C’est-à-dire des facteurs de production.

PIB = ∑revenus des facteurs

Exemple

Supposons que le livre soit la seule production de l’économie dans la journée et que
les valeurs ajoutées soit respectivement : 800F, 150F, et 50F pour le livre, le papier
et l’encre.

∑VA = 8000F + 150F + 50F = 8200F (optique valeur ajoutée)

Il n y a qu’une consommation finale, le livre : 8200F (optique dépense finale)

Enfin le libraire aurait gagné: 8200 F – 150 F – 50F = 8000 F, le marchand de


papier, 150F et le marchand d’encre 50F.

La somme des revenus des facteurs est donc : 8000F + 150F + 50F = 8200F
(approche revenu des facteurs).

Les trois méthodes aboutissent donc au même résultat.

Tableau 1. Evolution du PIB au Burkina Faso selon l’optique production


(milliards de FCFA)

Sources : Institut national de la statistique et de la démographie

Tableau 1. Evolution du PIB au Burkina Faso selon l’optique revenu (milliards


de FCFA)

1.2.3 PIB au prix du marché, PIB au coût des facteurs


11

Le PIB que l’on vient de calculer est le PIB au prix du marché c’est-à-dire que l’on a
utilisé le prix de vente des biens sur le marché pour calculer les valeurs ajoutées. On
calcule aussi le PIB au coût des facteurs.

PIBcf = PIBpm - impôts indirects +subventions

Le PIBcf est une meilleure mesure de la production que le PIBpm car il est insensible
aux variations des impôts et des subventions.

1.3 Identité comptable

A partir de la définition du PIB, on peut déduire une identité comptable, c’est-à-dire


une égalité qui sera par construction toujours vraie. Cette identité comptable est
fondamentale en macroéconomie.

Considérons la définition du PIB par la dépense dans une économie fermée (pas de
relations avec l’extérieur) et sans Etat. Dans cette économie le PIB est utilisé soit
pour la consommation ou l’investissement.

Notons PIB = Y, I = investissement et C= consommation. On peut alors écrire:

Y≡C+I (1)

Cette égalité est une définition (signe ≡). Elle est toujours vraie.

Par définition, l’épargne S est la différence entre le revenu et la consommation. Or on


sait que le PIB(Y) est aussi égale à la somme des revenus. D’où:

S≡Y–C (2)

Comme il s’agit d’une définition cette égalité, est toujours vraie. Par conséquent la
combinaison des deux égalités donne une égalité toujours vraie:

S = (C + I) – C ou S=I (3)

Ceci est l’identité comptable fondamentale en économie fermée. Elle traduit le fait
que la production est repartie entre les consommateurs et les entreprises. Ce qui
n’est pas consommé donc épargné peut être investi et vice versa.

En raisonnant dans le cas d’une économie ouverte avec la présence d’un Etat, ce qui
est réaliste on a alors, le PIB par la dépense, est:

Y ≡ C + I + G + NX (4)

avec G = dépenses publiques;

NX = exportations nettes des importations (X – N)

L’épargne en tenant compte de l’Etat s’écrit :

S≡Y–C–T (5)
12

avec T = impôts ou recettes fiscales c’est-à-dire le revenu de l’Etat

On aura S ≡ C + I + G + NX – C – T (6)

En simplifiant et en réarrangeant, on obtient une identité comptable importante:

(S - I) + (T – G) = NX

S -I = épargne privée

T - G = solde budgétaire

Cette égalité indique que la capacité de financement (S + I) + (T -G) est égale au


solde de la balance commerciale.

L’interprétation est la suivante : l’excédent commercial est égal à la somme de


l’épargne privée et de l’épargne publique.

A l’inverse si l’excédent budgétaire est négatif (déficit budgétaire), et si l’épargne


privé ne le compense pas, on observera aussi un déficit commercial (ou déficit de la
balance commercial). On peut donc envisager qu’un déficit budgétaire soit
accompagner d’un déficit commercial et réciproquement. On parle alors de déficits
jumeaux (twin deficit) ou double déficits.

La théorie du double déficit a été proposée par Chenery & Strout en 1966. Cette
théorie désigne la situation d’un pays enregistrant simultanément un déficit
budgétaire (T – G <0) et un déficit commercial (X – M < 0). Elle met donc en relation
la relation entre le déficit budgétaire et le déficit extérieur et construit un modèle dans
lequel le capital-épargne et les devises constituent des contraintes séparées de
dotations de facteurs pour la croissance économique. Pour résoudre ce double
déficit (lever ces contraintes), l’emprunt de devises et/ou l’augmentation des
exportations s’imposent.

Notons cependant que la relation n’est pas systématique et que l’on ne saurait
expliquer un déficit par un autre.

L’identité comptable fondamentale n’est qu'une relation comptable. Elle et toujours


vérifiée mais elle n’explique pas l’origine des déficits. Elle n’est pas non plus une
relation de cause à effet. Mais cette identité est toujours vraie et elle sera toujours
vérifiée ex post.

1.4 La comparaison du PIB dans le temps et l’espace

Il est intéressant d’analyser l’évolution du PIB au cours du temps pour mesurer la


croissance économique du pays.

Sa comparaison dans l’espace c’est-à-dire entre différents pays donnerait une idée
des écarts entre pays (exemple Burkina et Etats-Unis) ou pays développés et pays
13

en développement et (Burkina et Cote d’Ivoire) ou pays en développement et pays à
revenu intermédiaire).

Ces comparaisons ne peuvent pas se faire sur la base du PIB nominal pour deux
raisons essentielles:

– le PIB agrège des quantités des biens différents en les pondérant par
leur prix or les prix évoluent au cours du temps; et

– de même, ils diffèrent d’un pays à un autre.

Il faut alors neutraliser l’évolution des prix pour faire cette comparaison. On convertit
alors le PIB nominal en PIB réel.

PIB nominal: mesuré à prix courants e

PIB réel: mesuré à prix constant

Année Prix des Quantité des Prix des Quantité des


pommes pommes oranges oranges
2013 100F 100 50F 50

2014 200F 50 75F 100

1.1.3 Calcul du PIB nominal

2013 : (100F * 100) + (50F* 50) = 12500F

2014 : (200F * 150) + (75F * 100) = 37500F

Le PIB nominal a donc augmenté de façon considérable de 2013 à 2014. Mais cette
augmentation est trompeuse car elle est due à l’accroissement des prix en 2014.

Pour que la comparaison entre les deux années ait un sens il faut neutraliser
l’inflation en définissant le PIB réel.

A cette fin, on choisit une année de référence ou année de base et on utilise les prix
de cette année pour les appliquer aux quantités des autres années. On obtient ainsi
le PIB réel de chaque année au prix de l’année de base.

PIB réel, en volume ou à prix constants est la production des biens et services
valorisée aux prix de l’année de base.

Calcul du PIB réel

Calcul du PIB réel, base 2013 :


14

2013 : (100 F * 100) + (50 F* 50) = 12500F

2014 : (100 * 150) + (50 * 100) = 20000F

⇒ Déflateur du PIB :

Déflateur du PIB = [PIB nominal en t / PIB réel en t] * 100

Indice de prix pour l’ensemble des biens et services finaux de l’économie.

Niveau actuel des prix par rapport à l’année de base.

Exemple :

En 2013 : [PIB nom / PIB réel] * 100 = [12500/ 12500] * 100 = 100.

En 2014 : [PIB nom / PIB réel] * 100 = [37500 / 20000] * 100 =187,5

→ Prix des B&S finaux ont augmenté de 87,5 % entre 2013 et 2014.

1.3.2 Taux de croissance

Pour calculer le taux de croissance entre les deux années, on doit absolument
toujours utiliser le PIB réel.

Taux de croissance 𝑔 !"#$


! ! !"#$
! !!
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! !!

g = 100 (PIB réel 2014 – PIB réel 2013)/PIB réel2013

Ou g = (20000 – 12500)/12500 = 60%

Le taux de croissance étant positif, on conclut qu’il y a eu une augmentation de la


production du pays en termes réels.

Les taux de croissance les plus élevés au cours des dernières années sont ceux des
pays émergents comme la Chine et l’Inde. Le graphique ci-après donne une
évolution de ces taux de croissance.

Graphique 1 : Evolution des taux de croissance Chine, Inde et Belgique


15

Source : Banque Mondiale

Produit Intérieur Brut (PIB) - Taux de croissance réelle du Burkina Faso: 4,9% (2011
est.) 7,9% (2010 est.) 3,2% (2009 est.)

1.4 Le PIB à parité de pouvoirs d’achat (PPA)

Les difficultés rencontrées pour comparer les PIB dans le temps sont les mêmes
pour une comparaison dans l’espace. De plus les pays utilisent des monnaies
différentes. Exemple du dollar US pour les Etats-Unis, l’euro pour la France, le yuan
pour la chine et le CFA pour le Burkina.

Pour comparer le Pib entre ces pays, il faut convertir les Pib dans une monnaie
commune en utilisant le taux de change qui est le prix d’une monnaie convertie dans
une autre monnaie. Mais comme les prix, les taux de change sont fluctuants au
cours du temps.

Pour contourner la difficulté des fluctuations des taux de change, on utilise la


moyenne internationale des prix au lieu des prix d’un seul pays, pour ne pas
accorder de l’importance ou privilégier la structure des prix d’un pays. Cette solution
revient à calculer le taux de change d’une monnaie fictive qui respecte la parité des
pouvoirs d’achat.

Définition : la parité à pouvoir d’achat permet de gommer les effets de change et les
écarts de prix entre les pays. Les prix vont être convertis en PPA et vont permettre
d’exprimer le rapport entre deux pays différents pour un panier de biens et services
identiques.

1.5 Le PIB par habitant


16

Définition : le PIB par habitant est un outil de mesure plus efficace que le PIB pour
comparer le développement d’un pays. Cependant, il n’est qu’une moyenne et donc
il ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenus et de richesses au sein
d’une population.

1.6 Le produit national brut (PNB)

Le PNB est la valeur monétaire de l’ensemble des biens et services finaux produits
par les facteurs de production nationaux au cours d’une période donnée
généralement l’année. Ce qui compte ici c’est la nationalité (Burkinabè) des
détenteurs des facteurs de production et non le lieu de leur activité.

PNB (Revenu national) = PIB + revenus des facteurs reçus du reste du


monde – revenus des facteurs versés au reste du monde.

Le produit intérieur net mesure donc la richesse créée nette de celle qui a été
détruite au cours de la production. C’est donc une meilleure mesure du revenu d’un
pays. C’est pourquoi on l’appelle également revenu national.

1.7 Le PIB potentiel

Le PIB potentiel est un autre indicateur macroéconomique important. Il mesure le


montant que pourrait produire l’économie si le travail était pleinement employé, à des
niveaux supportables d’heures supplémentaires et si le capital (machines et
bâtiments) était utilisé dans des conditions normales. Le PIB effectif se situe en
dessous du

PIB potentiel quand l’économie est à des niveaux de sous-emploi des ressources
productives supérieures à la normale.

Le taux de croissance potentielle est donc le taux de croissance maximum de la


production qui serait possible sans augmentation de l’inflation grâce à une
utilisation optimale des facteurs de production (travail et capital). La croissance
potentielle dépend donc de la population active, du stock de capital et de la
productivité globale des facteurs. Il est donc différent du taux de croissance effective.
17

Un boom (expansion) correspond à une forte fluctuation à la hausse. On appelle


récession une fluctuation à la baisse. Dans ce cas, on admet en général que le PIB
réel baisse pendant deux trimestres consécutifs. En période de récession, l’économie
fonctionne très en dessous de ses capacités (faible utilisation des capacités, sous-
emploi des travailleurs). Lorsque la récession est très profonde, on dit qu’il s’agit
d’une dépression.

1.8 Les limites du PIB

Le PIB ne tient pas compte du travail au noir (économie souterraine) ;

Il évalue mal les services non marchands et la production domestique ;

Il ne prend pas en compte les inégalités ;

Il ne calcul pas les dégradations sur l’environnement naturel ;

Il calcul mal le développement d’un pays ;

Il ne prend pas en compte le Bien-être.

C’est pour cela qu’on a été obligé de construire d’autres indicateurs…

1.9 Les mesures alternatives au PIB

1.9.1 Indice de développement humain (IDH)

Cet indice a été développé par A. SEN. Cet un indice composite qui dépend du
revenu par habitant mais qui tient compte de l’espérance de vie, du taux
d’alphabétisation et du taux de scolarisation.
18

L'indicateur de développement humain mesure le niveau moyen auquel se trouve un
pays donné selon trois critères essentiels du développement humain : longévité,
instruction et conditions de vie."

L’IDH a des valeurs entre 0 et 1, où 0 représente moins de développement et 1 le


plus de développement possible. Le trio de tête est constitué de la Norvège (0,963)
de l'Islande et de l'Australie. Les pays au plus faible indice se trouvent en Afrique
noire (Tchad, Mali, Burkina Faso, Sierra Leone, Niger) avec un indice aux alentours
de 0,3.

Calcul de l’IDH

Des valeurs maximales et minimales ont été fixées pour le calcul des indicateurs
qui conforment l’IDH :

Espérance de vie: 25 -85 ans,

Alphabétisation des adultes: 0 -100%,

Taux de scolarisation: 0 -100%,

Produit intérieur brut (PIB) par habitant: 100 $ – 40 000 $

Formules

Formule de calcul des indicateurs composants de

IDH = Valeur réelle – valeur minimale

Valeur maximale – valeur minimale

Formule de calcul de l’IDH = IEV+ INE + IPIB

IEV= Indicateur de l’espérance de vie

INE = Indicateur du niveau d’éducation

IPIB = Indicateur du produit intérieur brut (PIB) par habitant

Exemple de calcul : cas de la Turquie


19

Les valeurs des éléments qui conforment l’IDH de la Turquie

Eléments Maximal Minimal Turquie


Espérance de 85 ans 25 ans 71,4ans
vie
Taux
d’alphabétisation 100% 0% 87,4%
Taux de 100%
scolarisation 0% 68,7%
PIB/Habitant 40.000$ 100$ 8407$

IVE = (71,4 – 25)/ (85 – 25) = 0,773

Indicateur d’éducation = 2/3 indicateur d’alphabétisation + 1/3 indicateur de


scolarisation

Indicateur d’alphabétisation = (87,4 – 0)/ (100-0) = 0,874

Indicateur de scolarisation = (68,7 – 0)/ (100 – 0) = 0,687

Indicateur de d’éducation = 2/3 * 0,874 + 1/3 * 0,687 = 0,812

L’indicateur d’éducation est donc compose d’une pondération de l’indicateur


d’alphabétisation et de l’indicateur de scolarisation

Indicateur du PIB/habitant (on utilise le logarithme pour ajuster les valeurs) :


(log 8407 – log 100)/ (log 40000 – log 100) = 0,740

IDH = (0,773 + 0,813 + 0,740)/ 3 = 0,775

1.9. 2 Le PIB vert

Avec l’amortissement du capital, les comptes nationaux intègrent une mesure de la


dépréciation annuelle du stock national de bâtiments et d’équipements. En revanche,
ils ne tiennent pas compte de la dépréciation du stock des ressources naturelles ni
de la dépréciation de l’environnement que peut provoquer l’activité de production.
Exemple: abattre tous les arbres d’une forêt accroit le PIB d’un pays mais cela fait
aussi baisser le montant de ses actifs. Par conséquent, ce type de production n’est
pas soutenable.

Le PIB vert est défini comme la mesure qui soustrairait du PIB conventionnel la
baisse du stock des ressources naturelles. Une telle méthode de comptabilisation
permettrait de mieux savoir si une activité économique accroit ou fait baisser la
richesse nationale lorsqu’elle utilise des ressources naturelles. De même une mesure
20

des niveaux de vie devrait tenir compte de la modification dans la qualité de


l’environnement.

1.10 Stocks et Flux

Un stock est une grandeur mesuré à un instant donné tandis qu’un flux est une
grandeur donnée dans un période donné.

La quantité d’eau qui coule dans un robinet chaque minute est un flux tandis que
celle recueillie dans le seau à un moment donné est un stock.

Le PIB, par exemple, est un flux car on mesure ce qui se passe dans l’économie
pendant une année.

En macroéconomie la distinction entre stock et flux est permanente. Le nombre de


licenciements et d’embauches sont des flux tandis que le nombre de chômeurs et le
nombre de personnes qui ont un emploi sont des stocks. De même l’investissement
est un flux, mais le capital est un stock. Le déficit est un flux mais la dette est un
stock.

Il existe alors une relation mécanique entre stock et flux. Un stock peut être
considéré comme une accumulation de flux.

Prenons l’exemple de la dette publique (stock) mais qui est l’accumulation des
déficits budgétaires passés (flux). La dette publique au temps (t) ou (Dpubt) est la
dette publique au temps (t-1) ou (Dpubt-1) plus le déficit au temps (t)Ce qui s’écrit:

Dpubt = Dpubt-1 + déficitt

Pour la période t-1 on peut écrire:

Dpubt-1 = Dpubt-2 + deficitt-1

Dpubt = deficitt + deficitt-1 + Dpubt-1

En adoptant un raisonnement par récurrence, on écrira:

Dpubt = deficitt + deficitt-1 + ….+ deficitt-1+n + Dpubt-n

En remontant très loin dans le temps, on trouvera une période t-n ou la dette
publique était nulle (Dpubt-n). Finalement la dette est bien la somme des déficits
passés.

On peut également exprimer les flux en fonction des stocks à l’inverse. Si on connait
par exemple les montants de la dette publique entre deux périodes t-1 et t, le
montant du déficit et la différence entre les deux.

deficitt = Dpubt – Dpubt-1


21

On retiendra alors que de façon général, les flux correspondent aux variations des
stocks soit:

∆STOCKS = FLUX

1.11 L’inflation

L’inflation est la hausse du niveau général des prix. La lutte contre l’inflation est un
des objectifs de la politique économique.

Exemple certaines banques centrales se fixent un objectif d’inflation à atteindre. Pour


la Banque Centrale Européenne la cible d’inflation doit être inférieure à 2%. Pour le
Pacte de Stabilité et de croissance des pays de l’UEMOA

1.11.1 Mesure de l’inflation

Pour mesurer l’inflation, on peut construire l’indice des prix à la consommation (IPC)
ou le déflateur du PIB.

A) Indice des prix à la consommation (IPC)

Il est facile de mesurer l’évolution des prix d’un seul bien. Mais les difficultés
apparaissent lorsqu’on considère tous les prix des biens d’une économie en raison
des problèmes d’agrégation. Comment mesurer l’évolution des prix des biens
différents, consommés en quantités différentes, en tenant compte de l’évolution du
pouvoir d’achat?

On peut contourner ces difficultés dans la construction d’un indice de prix selon les
trois étapes suivants:

Etape 1: définir le panier du consommateur moyen c’est-à-dire la répartition


de son budget entre les différents biens et services qu’il consomme.

Etape 2: calculer le prix de ce panier de biens, à intervalle régulier (mois,


trimestre, année).

Etape 3: calculer l’indice des prix en rapportant le prix courant du panier à


celui d’une année de base.

Taux d’inflation est alors taux de variation de l’IPC sur une période donnée.

Exemple d’application numérique

IPC au Burkina Faso, voir site de l’INSD

1.11.2 Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH)

L’indice des prix à la consommation harmonisé signifie qu’un groupe de pays dans
une union économique ou dans un processus d’intégration économique par exemple
ont harmonisé leur méthode de calcul de l’IPC pour rendre comparable leur taux
22

d’inflation. Le principe de la construction de l’IPCH est rigoureusement identique à
celui de l’IPC.

1.11.3 Mesure de l’inflation par le déflateur du PIB

L’IPC ayant des lacunes (exemple surestimation de l’inflation), il devient alors


nécessaire d’avoir une autre méthode complémentaire pour mesurer l’inflation. A
cette fin, on utilise le déflateur du PIB qui est, comme on l’a vu, le rapport entre le

PIB nominal et le PIB réel. Comme l’IPC, le déflateur est un indice et n’a donc pas de
sens en tant que tel, mais c’est sa variation qui permet d’appréhender l’évolution des
prix.

La différence fondamentale entre le déflateur et l’IPC est que le déflateur concerne


l’évolution des prix de tous les biens et services produits sur le territoire alors que
l’IPC n’intègre que les prix des biens et services consommés sur le territoire.

1.12 Le chômage

Le taux de chômage reste une préoccupation pour les pays développés et en


développement et constitue aussi une priorité de la politique économique.

Sa mesure nécessite de préciser certains concepts tels que ceux de la population


active, inactive et employée. Cette précision conduira après à proposer les mesures
du chômage.

1.12.1 Population active, inactive et employée ou la distinction entre chômage,


inactivité et emploi

Généralement pour les adultes, on fait le classement suivant:

- ceux qui ont un emploi, c’est-à-dire une activité rémunérée;

- les chômeurs ou ceux qui n’ont pas d’activité non rémunérée; et

- les inactifs c’est-à-dire ceux qui ont une activité non rémunérée (étudiants,
femmes ou hommes au foyer, etc).

La population active regroupe ceux qui ont un emploi et les chômeurs.

C’est la population active qui permet de mesurer le taux de chômage.

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑚𝑒𝑢𝑟𝑠
𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑚𝑎𝑔𝑒 = ×100
𝑝𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒

On distingue le taux d’activité de la population du taux de chômage. Le taux d’activité


de la population mesure la proportion des actifs dans la population adulte.
23

!"!#$%&'"( !"#$%&
𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑 ! 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é = !"!#$%&'"( !"#$%&
×100

1.12.2Mesure du chômage

Pour mesurer le chômage, il convient de faire une limite nette entre activité,
inactivité et chômage afin de pouvoir classer les individus entre ces différentes
catégories. Cette limite n’est pas aisée à obtenir et pose par conséquent les
difficultés de mesurer le chômage. (exemple le travail à temps partiel involontaire, un
chômeur en formation peut être considéré comme actif, ou comme inactif puisqu’il
suit une formation).

C’est pour cela que l’on adopte une définition opérationnelle du chômage.

Une première définition est de considérer tous ceux qui sont inscrits dans une
structure ou organisme étatique pour une demande d’emploi. Exemple cas de
l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) au Burkina.

Cette définition a cependant des limites car:

– Tous les chômeurs ne sont pas inscrits;

– Certains travailleurs au noir peuvent être inscrits.

C’est pour ces différentes raisons qu’il existe un consensus relatif à la définition
proposée par le Bureau international du travail (BIT) en 1982.

Chômeur au sens du BIT: toute personne en âge de travailler, sans emploi,


immédiatement disponible, et à la recherche d’un emploi ou ayant trouvé un qui
commence ultérieurement.

L’ âge de travailler pour le BIT est 15 ans ou plus, le fait d’ être sans emploi comme
celui de pas avoir travaillé, ne serait ce qu’une heure, durant une semaine de
référence, et le fait d’ être immédiatement disponible comme celui de pouvoir
prendre un emploi dans les 15 jours.

Cette définition a l’avantage d’ être précise et permet clairement de classer les


individus entre actifs, inactifs et chômeurs. Elle permet par ailleurs de faire des
comparaisons internationales.

Son seul inconvénient cependant est qu’elle exige des enquêtes permanentes.

1.10.1 Les différentes formes de chômage

Les économistes font une distinction entre quatre catégories de chômage:

→ Chômage saisonnier: on appelle chômage saisonnier le chômage qui varie


suivant les saisons (tourisme, agriculture, bâtiment). Comme ces fluctuations de
l’emploi et du chômage correspondent à des phénomènes saisonniers normaux, le
taux de chômage qui est publié est corrigé du volume moyen de chômage pendant la
24

saison considérée. Ces ajustements sont appelés ajustements des variations
saisonnières.

→ le chômage frictionnel. Ce type de chômage résulte du fait d’un processus


normal de transition d’un emploi à un autre. Si les individus pouvaient passer
instantanément d’un emploi à un autre, il n’y aura pas de chômage frictionnel. Dans
une économie dynamique comme celle des Etats-Unis, où certains secteurs sont en
croissance et d’autres en déclin, il y aura toujours des mouvements d’un emploi à
l’autre et donc du chômage frictionnel.

→ le chômage structurel. C’est un chômage de long terme (généralement d’une


durée supérieur à 6 mois) et il résulte souvent des facteurs liés aux structures de
l’économie. Un chômage structurel important coexiste souvent avec des emplois
vacants parce que les chômeurs ne possèdent pas la qualification requise pour les
nouveaux emplois créés. Exemple: il peut avoir simultanément des emplois dans

l’informatique et du chômage dans le secteur du bâtiment ou la main d’œuvre peut


manquer dans des zones de forte croissance et être surabondante dans les zones
de déclin.

→ le chômage cyclique: ce type de chômage est associé aux fluctuations


économiques lorsque l’économie descend en dessous de son niveau potentiel. Le
chômage cyclique est donc le chômage qui augmente en période de ralentissement
économique et baisse en période de prospérité. Il s’agit d’un sujet de préoccupation
majeur en macroéconomie.

Graphique 2 : Evolution du taux de chômage en France (1990-2008)


25

Chapitre 2¨ Le marché des biens

Introduction: L’importance de la demande de biens à court terme

Dans un raisonnement de court terme, il y a possibilité de surproduction dans


l’économie. Cela nécessite de prendre en compte la demande des biens. Il est
important alors de comprendre pourquoi la demande de biens n’est pas suffisante
pour absorber toute la production. Il s’agit alors d’avoir une compréhension de la
demande. Ceci peut être déclinée en deux étapes.

La première étape sera consacrée à la description des composantes de la demande.


Nous avions vu que le PIB est défini comme la somme des demandes des biens
finaux c’est-à-dire la consommation, l’investissement et les dépenses de l’Etat en
économie fermée. Doù:

Y=D=C+I+G

Cette première étape sera donc de spécifier les fonctions de comportement des
composantes de la demande.

La deuxième étape sera de construire un diagramme à 45 degrés à partir de ces


fonctions de comportement considérées comme des données dans l’objectif de
représenter graphiquement ce modèle pour comprendre l’évolution de l’économie
dans le court terme et la politique économique.

2.1 Les composantes de la demande globale

On raisonne en économie fermée

2.1.1 La consommation

La consommation est la composante la plus importante du PIB et c’est pour cette


raison que l’on admet que la consommation est le « moteur » de l’activité
économique ou de la croissance.

Quels sont alors les déterminants de la consommation?

En raisonnant sur une vision keynésienne du fonctionnement de l’économie, on


répondra que le revenu est le déterminant principal de la consommation. Il faudra par
la suite préciser de quel revenu s’agit-il: revenu courant ou revenus futurs.

A) La consommation : fonction du revenu courant

Dans la tradition keynésienne, selon le raisonnement de la loi psychologique


fondamentale, loi qui stipule que les hommes ont tendance à augmenter leur
consommation lorsque leur revenu s’accroit mais moins que proportionnellement, la
fonction consommation la plus simple est linéaire et s’écrit:

C = cY + C0 (1)
26

c = propension marginale à consommer (Pmc)

C0= consommation incompressible

!"
Ou 𝑃𝑚𝑐 = !"
=c (2)

Selon la loi psychologique C augmente avec Y donc c>0 mais cette augmentation
étant moins que proportionnelle, alors 0<c<1

On définit également la propension moyenne à consommer comme étant la part du


revenu qui est consacrée à la consommation.

PMC = C/Y = c + C0/Y (3)

Graphique 1 ; Giagramme de 45 degrés et fonction de consommation


27

On peut déduire la fonction d’épargne à partir de l’identité comptable fondamentale:

S≡ Y – C = Y – (cY + C0)

S = (1-c)Y – C0

L’épargne ne dépend donc que du revenu courant c’est-à-dire est le résidu du


revenu courant après consommation. Tout se passe comme si les consommateurs
ne tiennent pas compte de l’évolution future de leur revenu. Cela a été une critique
de la fonction keynésienne ce qui a eu pour conséquence de réviser la fonction de
consommation.

Notons pour être rigoureux que C = f(Yd) avec Yd = Y – T = revenu disponible après
déduction des impôts (T)

B) la consommation : fonction des revenus futurs

En analyse micro-économique selon la vision classique indique que la décision de


consommer repose sur un arbitrage entre consommation présente et consommation
future. Dans ces conditions c’est le taux d’intérêt qui va rémunérer celui qui choisit de
différer sa consommation. Lorsqu’ils font cet arbitrage, les consommateurs tiennent
compte de leur contrainte budgétaire inter-temporelle.

Par conséquent, la consommation doit tenir compte aussi des revenus futurs et du
taux d’intérêt.

• L’effet du taux d’intérêt étant ambiguë, on suppose ici que la consommation


est indépendante du taux d’intérêt et ne dépend des seuls revenus futurs.
Deux économistes, dans les années cinquante, M. Friedman et F. Modigliani,
ont reconnu le rôle joué par les revenus futurs (évolution des revenus) dans la
détermination de la consommation.

Friedman part de l’idée que le consommateur est prévoyant. Sur la base de cette
prévoyance, il ne va pas fonder uniquement sa consommation sur son revenu
courant, qui peut être très variable, mais sur l’évolution prévisible de son revenu.

Friedman distingue alors deux types de revenu : le revenu permanent (YP) et le


revenu transitoire (YT)

Le revenu permanent est le revenu que le consommateur peut anticiper en moyenne


. Tandis que le revenu transitoire est un revenu accidentel, par exemple un gain à la
loterie ou des heures supplémentaires.
28

Le revenu courant est la somme du revenu permanent et du revenu transitoire ou:

Y = Y P + YT

Selon cette théorie si le consommateur est prévoyant, il fondera sa consommation


sur son revenu permanent. S’il bénéficie d’un revenu courant supérieur à son revenu
permanent (ou si YT>0), il sera incité à épargner davantage.

Par contre si le revenu courant est plus faible que le revenu permanent (YT<0), le
consommateur empruntera ou va désépargner. Par conséquent la relation entre la
consommation et le revenu transitoire peut être faible ou nulle et Friedman de
conclure que la seule relation stable qui existe est celle qui relie la consommation au
revenu permanent. Soit :

C = k. YP

Friedman de conclure que l’hypothèse du revenu permanent indique que la fonction


de consommation keynésienne est mal spécifiée.

F. Modigliani va plus loin que la théorie du revenu permanent et soutient qu’il est
possible de prévoir l’évolution du revenu de l’individu durant toute sa vie. Sa théorie
repose alors sur l’hypothèse de cycle de vie.

Selon cette hypothèse, un consommateur va commencer sa vie avec des revenus


nuls puisqu’il ne travaille pas, puis verra ses revenus augmenter avec l’âge et
l’expérience. A sa retraite, ses revenus deviennent nuls et il vivra grâce à son
épargne qu’il a accumulée lorsqu’il était actif. Si le consommateur est prévoyant et
qu’il veut maintenir une consommation à peu près identique, il tiendra compte de
l’évolution de son épargne au cours de sa vie.
29

La théorie du cycle de vie a deux implications essentielles au niveau agrégé:

– Elle suggère qu’il existe une relation entre la structure démographique


d’un pays et son taux d’épargne. Les pays trop jeunes ou trop vieux
auront tendance à moins épargner.

– Elle suggère surtout, que les fluctuations du revenu de court terme


n’influencent pas la détermination de la consommation. Elle complète
donc l’hypothèse du revenu permanent de Friedman.

En conclusion, il existe des arguments théoriques pour remettre en cause la fonction


de consommation keynésienne c’est-à-dire la relation entre le revenu courant et la
consommation courante. Mais cette fonction reste néanmoins à la base des modèles
macroéconomiques. Parmi les raisons de l’utilisation de cette fonction, on peut
évoquer le fait que dans la fonction de consommation keynésienne, la PMC diminue
avec le revenu ce qui est conforme aux fluctuations temporaires des revenus.

2.1. 2 L’investissement

L’investissement (formation brute du capital fixe ou FBCF) est l’un des agrégats le
plus variable car il dépend avant tout de la décision des entreprises (moral des
entrepreneurs). Même si cela n’est pas à négliger, l’investissement comme la
consommation est une décision inter-temporelle puisqu’elle affecte les capacités de
production des entreprises de façon durable. L’investissement dépend alors d’une
variable cruciale, le taux d’intérêt et des anticipations des entrepreneurs.
30

A) L’investissement: une fonction du taux d’intérêt

Le coût d’opportunité de l’investissement est le taux d’intérêt sur les titres. En effet,
un entrepreneur qui cherche à investir un Franc, va se demander s’il a intérêt à
acheter des titres, par exemple des obligations, ou augmenter son stock de capital
de son entreprise (investir). Pour effectuer cet arbitrage, il va comparer le rendement
de ses obligations, le taux d’intérêt, avec le rendement du capital c’est-à-dire la
productivité marginale du capital.

En micro-économie, à l’équilibre du producteur, la productivité marginale du capital


est égale au taux d’intérêt, c’est-à-dire au rendement de l’obligation. Comme la PmK
est décroissante, la quantité du capital utilisée va être une fonction décroissante du
taux d’intérêt. L’investissement sera aussi une fonction décroissante du taux
d’intérêt.

I = I(r) + I0

I0 = investissement autonome

r = taux d’intérêt réel

et ∂I/∂r < 0

B) L’investissement : une fonction de la demande et des anticipations

Une entreprise investit pour augmenter sa capacité de production. Quel que soit
donc le niveau du taux d’intérêt, il ne lui sert à rien d’investir c’est-à-dire d’augmenter
son stock de capital, sil elle n’arrivera pas à écouler sa production.

Par contre si la demande augmente et que l’entreprise se trouve dans l’incapacité


d’augmenter son stock, elle va laisser passer des occasions d’augmenter son profit.
L’investissement est donc une fonction croissante de la demande de biens. A
l’échelle macro-économique, la demande des biens dépend du revenu donc de la
production. On peut alors établir que l’investissement est une fonction du revenu.

Enfin lorsqu’une entreprise investit, elle acquiert du nouveau capital qu’elle pourra
utiliser pendant plusieurs années. Ce capital va lui procurer des profits courants mais
également dans l’avenir (profits futurs). L’investissement va donc être une fonction
des profits anticipés par l’entreprise qui dépendent à leur tour de l’évolution anticipée
demande, des taux d’intérêt, des prix des inputs, etc. mais aussi dans une large
mesure de l’optimisme des entrepreneurs ou des investisseurs ( esprit animaux
selon Keynes).
31

En résumé, l’investissement est donc une fonction décroissante des taux d’intérêt, et
croissante du revenu et des profits anticipés (ou escomptés).

I = f (r, Y, ∏e) avec :

∂I/∂r <0;

∂I/∂Y >0;

∂I/∂ ∏e >0 (5)

2.1.3 Les dépenses publiques

La dépense publique est la dernière composante de la demande globale en


économie fermée. Elle est quantitativement importante. (%PIB).

Cette composante est utilisée par l’Etat à des fins de politique économique.
Cependant le niveau des dépenses publiques sont soumises à une contrainte
(déficits budgétaires). Dans tous les cas les gouvernements doivent respecter la
contrainte budgétaire inter-temporelle s’ils ne veulent pas se trouver en situation de
défaut de paiement de leurs dettes.

2.2. L’équilibre sur les marchés des biens

Le diagramme à 45 degrés décrit l’équilibre sur le marché des biens. Il est important
de comprendre le fonctionnement de ce diagramme et de faire apparaitre l’un des
résultats novateurs de la théorie keynésienne.

2.2.1 Le digramme à 45 degrés

Ce diagramme repose sur l’égalité de l’offre et de la demande sur le marché des


biens. Il repose sur l’hypothèse que les prix sont fixes et que l’économie se trouve en
situation de sous-emploi. La conséquence est que l’ajustement de l’offre et de la
demande ne se fera par l’ajustement des prix (théorie micro-économique) mais par
celui des quantités produites.

En situation de sous-emploi, il existe par définition des capacités excédentaires ou


capacités non utilisées. Les producteurs pourront par conséquent augmenter leur
production (sans investir) s’ils pouvaient l’écouler. Ils sont cependant contraints par
une demande insuffisante. On dit que la demande constitue le côté court du marché.
32

Dans ces conditions, c’est la demande qui va déterminer la production. C’est pour
cette raison que la détermination de l’équilibre de l’économie fait abstraction des
conditions de la production et de la définition de la fonction d’offre/

La demande globale correspond alors à :

DG = C + I + G (6)

Comme les entreprises sont en situation de surcapacité (pas besoin d’investir et


donc r n’est pas pris en compte) alors: I = I0

L’investissement est donc considéré comme une constante.

De même les dépenses publiques sont déterminées par le gouvernement. Elles sont
aussi considérées comme un paramètre du modèle. G = G0

Par conséquent la seule composante endogène est la consommation C.

DG = cY + C0 + I0 + G0 (7)
33

L’équilibre sur le marché des biens est réalisé lorsque l’offre est égale à la demande.
Autrement dit, les producteurs vont adapter leur offre de telle sorte qu’elle satisfasse
la demande et éviter ainsi de se retrouver avec excédents.

Au niveau agrégé, l’offre des biens est égale à la production. Soit: Ys=Y (Ys est l’offre
des biens).

Le revenu d’équilibre est notée Y*.

Si les producteurs avaient surestimés la demande globale et produit une quantité de


biens supérieure à Y*, dans ce cas la demande des biens est inférieure à l’offre. Les
producteurs ne pourront pas vendre toute leur production, alors ils vont constituer
des stocks. Ce qui va les augmenter. Cette augmentation aura pour conséquence
une réduction de la production ce qui va les rapprocher de l’équilibre.

Si au contraire, ils sous-estiment la demande, une demande excédentaire apparaitra,


alors les producteurs vont puiser dans leur stock pour satisfaire cette demande. Par
la suite, ils augmenteront leur production pour se rapprocher de l’équilibre.

Détermination algébrique du revenu d’équilibre. On sait que à l’équilibre:

– Ys= DG; ou

– Y = cY + C0 + I0 + G0,

– Y(1 – c) = C0 + I0 + G0; alors

– Y* = (C0 + I0 + G0)/ (1 –c) (8)

Le revenu d’équilibre est une fonction croissante des dépenses.


34

B) Le multiplicateur keynésien

On sait que le revenu d’équilibre est une fonction croissante des dépenses. Par
conséquent l’augmentation d’une des composantes de la dépense entrainera une
augmentation du revenu d’équilibre. Quel sera alors le montant de cette
augmentation? C’est le multiplicateur qui permet de déterminer cette augmentation.

Le multiplicateur mesure le rapport entre la variation du revenu et la variation de la


dépense qui l’a provoqué.

Supposons par exemple que le gouvernement pour stimuler la demande globale


décide d’entreprendre des travaux de réhabilitation des grands axes routiers , de
revaloriser la rémunération des fonctionnaires et d’augmenter les allocations des
étudiants. Cette politique se traduira par une augmentation des dépenses publiques
(G).

Si on note ∆G la variation des dépenses publiques et ∆Y celle du revenu, alors on


peut écrire:

– ∆Y* = (∂Y*/ ∂G0) ∆G (9)

Ce qui d’après (8) est équivalent à :

∆Y*= (1/1-c) ∆G (10)

Le multiplicateur (k) est donc égale à la dérivée du revenu par rapport aux dépenses
ou:

k = (1/1-c) (11)

(Autre méthode du calcul du multiplicateur)

Comme 0<c<1, alors le k >1. Autrement dit si le gouvernement augmente de 1F les


dépenses publiques supplémentaires cela se traduira par une augmentation du
revenu supérieur à 1F. L’Etat peut donc relancer l’économie grâce à l’augmentation
de ses dépenses.
35

Le multiplicateur keynésien repose donc sur un cercle vertueux:

G ↗ → DG ↗ → Y ↗

↖ ↓

↖ C↗

A chaque tour de cercle, le revenu va augmenter mais moins que


proportionnellement parce que une partie de ce revenu supplémentaire est
épargnée. L’épargne constitue donc une fuite car elle sort du marché des biens.
Cette fuite est d’autant plus importante que la propension marginale à épargner est
élevée (s = 1 – c). Le multiplicateur k est donc une fonction décroissante de la
propension marginale à épargner (s). K ici est appelé multiplicateur de la dépense.

N.B. L’exemple du calcul du multiplicateur ici est relatif aux dépenses publiques,
mais il est applicable à n’importe quelle autre composante de la dépense publique.

Que se passe-t-il si le budget de l’Etat est équilibré (G = T) car la relance peut


creuser des déficits alors que l’Etat doit respecter sa contrainte budgétaire? Dans ce
cas de figure pour intégrer les impôts dans le raisonnement, il faut déterminer le
revenu disponible Yd avec Yd = Y – T. On a alors C devient: C = c (Y – T) + C0

A l’équilibre :

Ys = DG ou :

Y = c (Y – T) + C0 + I0 + G
36

Y(1 – c) = -cT + C0 + I0 + G

Y* = (C0 + I0 + G – cT)/ (1 –c) (12)

Comme G = T , on a :

Y* = (C0 + I0 + G – cG)/ (1 –c)

∆Y* = ∆G (1 –c) / (1 –c) (13)

Le multiplicateur budgétaire est donc égal à 1

On constate donc que le multiplicateur budgétaire est égal à 1. Ce résultat est dû à


Haavelmo. Le théorème d’Haavelmo stipule que le multiplicateur est égal à 1 à
l’équilibre budgétaire. Ce résultat signifie que l’on peut relancer l’économie par la
politique budgétaire en maintenant l’équilibre budgétaire ou la relance sans déficit.
On peut donc atteindre le plein emploi uniquement par la politique budgétaire (pas
besoin d’une politique monétaire).

2.2. Le rôle de la politique économique

On évoquera la politique de la demande et celle des prix et des salaires.

2.2.1 La politique de la demande

L’enjeu de la politique économique conjoncturelle est double: il faut rechercher le


plein-emploi, mais il faut également minimiser les fluctuations dues aux mouvements
erratiques des anticipations. Cela signifie concrètement qu’il faut à la fois compenser
les déficiences de la demande globale et coordonner les anticipations sur le futur des
décideurs. Lorsque l’objectif est fixé, il convient alors de choisir les modalités de la
politique.

Ces choix découlent selon le modèle keynésienne de deux caractéristiques


principales:

– L’influence déterminante des investissements résumée par les relations


causales : I → Y → N. Il faut donc agir sur I.

– Le rôle des esprits animaux sur les décisions d’investissement. Il faut


donc agir sur I en maintenant le plus possible les effets de volatilité des
anticipations.

A cet effet, on peut avoir deux types d’intervention sur I. Agir indirectement sur la
détermination de r par la politique monétaire. Par exemple une politique monétaire
37

accommodante aura pour conséquence de faire baisser r qui influencera à son tour I.
Le second est l’action directe à travers les investissements autonomes I0 qui sont
constitutifs de I. Par conséquent la politique doit arbitrer entre un contrôle direct ou
indirect.

2.2.2 Politique des prix et des salaires

Dans le court terme, nous avons que les prix et les salaires sont rigides et donc
considérés comme des paramètres. C’est pour cette raison qu’il faut privilégier les
ajustements par les quantités c’est-à-dire la dynamique des quantités que celle des
prix et des salaires pour agir sur l’activité économique.

Examinons pour cela l’hypothèse d’une baisse des prix et des salaires.

Supposons que le salaire W0 soit rigide et que l’on constate une baisse des prix P.
Cette baisse des prix entraine automatiquement une augmentation du salaire réel, ce
qui provoque une diminution de embauches de la part des entreprises et donc un
ralentissement de l’activité économique.

A cela, il faut ajouter les conséquences suivantes:

– Si P baisse, le poids de la dette à rembourser augmente, ce qui


entraine des faillites;

– La baisse continue des prix installe l’économie dans la déflation. Mais


une déflation conduit les agents à anticiper d’autres baisses et donc à
différer leurs achats.

Examinons à présent le cas d’une baisse du salaire nominal w0 à w1. La baisse du


salaire nominal aura pour conséquence de diminuer le coût de production des
entreprises et de stimuler l’activité économique à condition que les prix soient
maintenus constants.

Mais le fonctionnement de ce mécanisme est improbable car elle pose certaines


questions: peut-on vraiment baisser les salaires dans la réalité et à quel taux
(exception faite des contreparties d’un ajustement extérieur)? Les prix peuvent-ils
être maintenus constants?

Conclusion

L’étude du marché des biens en situation de sous-emploi indique que le revenu


global peut rester durablement à un niveau inférieur à son niveau de plein-emploi.

Une augmentation des dépenses publiques par peut augmenter la demande globale
donc la production. L’effet de cette augmentation peut être amplifié le jeu du multiplicateur.
Le théorème d’Haavelmo montre que la politique budgétaire reste efficace, même quand le
budget est équilibré.
38

L’objectif de la politique économique est d’amener l’économie vers l’équilibre de
plein-emploi. Cette politique permet, en mémé temps de stabiliser les prévisions sur
le futur afin d’éviter les fluctuations de court terme.
39

Chapitre 3. Le marché de la monnaie et les marchés financiers

3.1.1Introduction : définition de la monnaie et actifs financiers.

La monnaie est définie comme tout actif qui est généralement acceptée pour le
paiement des biens et services ou en remboursement des dettes. Cette définition
inclut les pièces et les billets c’est-à-dire la monnaie fiduciaire, les chèques ou
monnaie scripturale (dépôts à vue) et les cartes de paiements ou monnaie
magnétique.

Mais selon cette définition, la monnaie n’est pas synonyme ni de revenu, ni de


richesse ou de patrimoine. Le revenu est flux qu’un individu peut consacrer à ses
dépenses ou à son épargne. La richesse et le patrimoine représentent l’ensemble
des actifs qu’un individu possède (immobiliers, titres financiers, voitures, bétail etc,
…). Seule une partie du patrimoine peut être conservée sous forme de monnaie.

Cependant la question qui se pose est de savoir pourquoi l’individu décide de


conserver une part de son patrimoine sous forme de monnaie que d’actifs financiers.
En effet l’une des alternatives serait la détention d’actifs financiers. Ceci met en
évidence la relation entre marché monétaire et marchés financiers. C’est sur le
marché monétaire que sera déterminé le taux d’intérêt qui va influencer
l’investissement et la consommation et avoir par conséquent des influences réelles
c’est-à-dire économiques. C’est ce que l’on va analyser dans ce chapitre.

A) Les trois fonctions de la monnaie

La monnaie assure trois fonctions essentielles : intermédiaires d’échange (1), unité


de compte (2) et de réserve de valeur (3).

(1) La fonction d’intermédiaire d’échange signifie que la monnaie est utilisée


pour faire des achats dans les économies contemporaines. Le troc ne joue qu’un rôle
marginal. La monnaie ne sert donc qu’intermédiaire d’échange puisqu’elle n’est pas
échangée pour elle-même.

(2) La fonction d’unité de compte

Cette fonction signifie que la monnaie est utilisée pour mesurer la valeur de tous les
biens et services de l’économie. Les unités monétaires (FCFA, Cedi, Euro, Dollar,
Yen, Livre sterling, etc…) servent d’unités pour mesurer la valeur au même titre que
les kilogrammes servent pour mesurer les masses et les litres pour les volumes.

(3) La fonction réserve de valeur

Elle signifie que la monnaie permet d’épargner du pouvoir d’achat entre le moment
où un revenu perçu et celui où il est dépensé. La monnaie est certainement une
meilleure réserve de valeur que beaucoup d’autres biens qui se dégradent
rapidement. Mais elle ne remplit ce rôle que de façon imparfaite. En effet elle perd
40

rapidement ce rôle en période d’inflation. D’autres biens remplissent cette fonction de
façon plus satisfaisante : immobilier, métaux précieux (or, diamant), titres, etc…

B) La mesure de l’offre de monnaie

La mesure de l’offre de monnaie peut s’avérer difficile en raison des actifs qui
peuvent être assimilés à de la monnaie en raison de sa définition et des trois
fonctions qu’elle assume. Par exemple le billet de banque ou le compte créditeur sur
un compte chèque que l’on peut utiliser comme moyen de paiements. Par contre ce
n’est également pas le cas d’un compte d’épargne car on ne peut pas l’utiliser
directement pour régler un achat.

Mais un simple virement suffit pour pouvoir le faire. Le solde du compte d’épargne
peut être considéré dans ce cas comme une forme de monnaie. Ce qui distingue le
compte d’épargne du compte courant est sa liquidité c’est-à-dire sa capacité à être
converti rapidement en moyen d’échange. C’est pour cette raison que l’on définit
plusieurs agrégats monétaires selon leur degré de liquidité.

Ces principaux agrégats sont:

– M1 : monnaie fiduciaire (billets et pièces) + dépôts à vue;

– M2 : M1 + dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à 2 ans +


dépôts remboursable avec préavis inférieur ou égale à 3 mois;

– M3 = M2 + pensions + titres de créances émis pour une durée


inférieure ou égale à 2 ans.

3.2 La création de la monnaie

A) La création monétaire en l’absence des banques commerciales

Supposons dans un premier temps qu’il n’existe qu’une seule banque, la Banque
Centrale. Cette Banque a le monopole de la création de la monnaie fiduciaire. Pour
créer cette monnaie, elle a besoin de contrepartie sous forme de titres financiers
(bons de trésor, obligations, action, ….) que les agents vont lui vendre pour obtenir
les billets et les pièces.

Cette forme de mise sur le marché de la monnaie est une opération d’open market,
car la Banque Centrale intervient directement sur le marché financier pour acquérir
des titres et vendre ou offrir de la monnaie.

Les opérations d’open market peuvent aussi contribuer à réduire la monnaie en


circulation. Dans ce cas la Banque Centrale émet des titres qu’elle vend en
contrepartie de la monnaie. Elle récupère ainsi une partie de la monnaie en
circulation.

B) La création de la monnaie en présence des banques commerciales


41

La monnaie ne se résume pas à sa forme fiduciaire. Il faut tenir compte aussi de sa
forme scripturale par l’intermédiaire des dépôts dans les banques commerciales. Il
convient alors d’intégrer les banques commerciales et des dépôts dans la création
monétaire.

Les ressources de banquiers proviennent des intérêts des prêts accordés à leurs
clients.

Les fonds des dépôts de clients servent alors aux banquiers à faire des prêts. Les
banquiers sachant que les clients ne vont pas retirer leurs fonds en même temps, ils
peuvent accorder des prêts sans risque pour percevoir des intérêts et plus les prêts
accordés sont importants, plus leurs intérêts sont également importants.

Cependant si une banque prêtait toute sa monnaie de ses dépôts, elle ne pourrait
pas faire face à la demande de ses clients et ferait faillite.

De même si une partie importante des clients décidait de retirer leurs dépôts, la
banque serait dans l’incapacité d’y faire face (exemple de la Grèce avec le risque
d’une ruée bancaire ou banking running).

C’est pour toutes se raisons que la banque conserve toujours une partie de ses
dépôts sous forme de monnaie. Il s’agit de ses réserves ou de sa trésorerie.

La législation bancaire (cas de la Commission de supervision bancaire de la BCEAO)


impose aux banques un montant minimum de réserves sous la forme d’un coefficient
de réserves obligatoires ou coefficient de trésorerie ou ratio prudentiel.
!é!"#$"!
Ce coefficient est : !é!"#$
≥ 𝑏 𝑐𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑜𝑏𝑙𝑖𝑔𝑎𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒𝑠

Plus généralement, le volume des dépôts (D) est égale à celui des réserves (R)
divisé par le coefficient obligatoire (Ω) soit:
!
𝐷 = !
(1)

Cette expression repose sur l’hypothèse que les agents ne conservent jamais de
billets, ce qui est irréaliste et que le rôle de la Banque Centrale est uniquement
l’impression de la monnaie. Ce qui est inexact car les banques Centrales accordent
également des crédits et ses crédits peuvent servir de réserves.

On appelle monnaie banque centrale ou base monétaire la somme des billets et des
crédits accordés par la banque Centrale.

Supposons cb la fraction de la masse monétaire détenue sous forme de billets et le


complément étant gardé sous forme de dépôts (D). Si M est la masse monétaire et
E, les espèces (billets et pièces ) alors:
42

E = cb M (2)

Et D = (1 - cb ) M (3)

Par ailleurs la monnaie banque centrale (H) peut être détenue par les ménages sous
forme de billets ou les banques commerciales sous forme de réserves. D’où:

H=E+R (4)

On sait que le réserves sont proportionnelles aux dépôts, on a lors:

H = E + ΩD (5)

On peut ensuite remplacer E et D par leur expression pour et exprimer la masse


monétaire en fonction de la base monétaire, soit:

H = cb M + Ω (1 - cb) M (6)

H = [cb + Ω (1 – cb)] M (7)

On peut alors obtenir l’expression de la masse monétaire:


!
𝑀 = !! ! ! ∁ ! !!! )

Étant donné que cb et Ω sont des paramètres, alors la masse monétaire (M) est
proportionnelle à la base monétaire (H).

Le multiplicateur monétaire est :


!
𝑘 = !! ! ! ∁ ! !!! )

De plus le dénominateur étant inférieur à 1, on a lors le coefficient de proportionnalité


supérieur à 1. ce coefficient est appelé multiplicateur monétaire. Il signifie qu’une
augmentation donnée de la base monétaire se traduit par une augmentation
supérieure de la masse monétaire.

L’une des implications importantes du multiplicateur est qu’une part importante de la


monnaie est créée par les banques commerciales.

La Banque Centrale ne détient donc pas le monopole de la création monétaire.

3.3 Le contrôle de l'offre de monnaie

Même si l'on admet que la majeur partie de la monnaie en circulation est créée par
les banques commerciales, la Banque Centrale dispose néanmoins d'instruments de
contrôle de cette monnaie. Il s'agit des opérations d'open market (a) qui influencent
l'offre de monnaie de base, et du coefficient des réserves obligatoires (b)qui
43

déterminent la quantité des dépôts que les banques accordent sur une base
monétaire donnée.

A) Les opérations d'open market

Son principe est d'échanger de la monnaie Banque Centrale contre des titres
détenus par les banques commerciales. Les banques effectuent ces échanges
lorsqu'elle besoin des liquidités. Ces opérations peuvent alors considérés comme
des prêts contre des garanties des banques commerciales et ces prêts donnent lieu
à des versements d'intérêts.

Pour encourager les banques commerciales à recourir à ces prêts, la banque


Centrale va baisser son taux d'intérêt dit taux directeur.

Plus le taux directeur est bas, plus les banques commerciales seront incitées à
demander des liquidités à la banque Centrale qui pourra émettre une quantité
importante de monnaie.

La Banque Centrale dispose alors d'un instrument supplémentaire - le taux d'intérêt


de refinancement des banques commerciales- pour contrôler la base monétaire.

B) Les réserves obligatoires

En reprenant la formule du multiplicateur monétaire (7) et en supposant que la base


monétaire est donnée, la masse monétaire devient une fonction des réserves
obligatoires (Ω). Plus précisément, le multiplicateur est une fonction décroissante du
coefficient des réserves obligatoires.

Par conséquent, la Banque Centrale peut faire varier la masse monétaire en


circulation en manipulant le coefficient des réserves obligatoires. Si elle réduit ce
coefficient, les banques commerciales pourront accorder plus de crédits avec les
mêmes réserves. Si au contraire, elle augmente le coefficient des réserves
obligatoires, les banques commerciales seront contraintes d'accorder moins de prêts.

3.4. La demande de monnaie

La demande de monnaie ne signifie pas la demande de revenus ni de richesse. Au


sens économique, la demande de monnaie correspond à la quantité de liquidités que
souhaitent détenir les agents. Pour comprendre cette demande, il faut comprendre
pourquoi un agent va souhaiter détenir le monnaie considérée comme un actif non
rémunérée, plutôt que des actifs rémunérés comme les actions ou les obligations. La
réponse à cette question est donnée par la première fonction de la monnaie qui est
un moyen d’échange.

La fonction d'intermédiaire d'échange en effet a été longtemps considérée comme la


seule fonction de la monnaie. Dans une économie monétaire en effet, les agents
44

vont détenir de la monnaie ou de la liquidité pour effectuer leurs transactions. La
première théorie de la demande de monnaie est de considérer alors quelle est
fonction du nombre de transactions réalisées. Cette fonction renvoie à la théorie
quantitative de la monnaie développée par les classiques.

3.41 La théorie quantitative de la monnaie

Cette théorie a été développée par les classiques et les néoclassiques. Elle part de
l'idée suivante. La monnaie est détenue pour effectuer des transactions. Cependant
comme la monnaie ne rapporte rien alors que la détention des titres proposent une
rémunération, les agents ne détiendront alors que le strict minimum nécessaire à
leurs transactions. Par conséquent pour les néoclassiques, il est irrationnel de
détenir toute monnaie non indispensable aux transactions car elle impliquerait une
perte inutile d'intérêts.

La demande de monnaie serait donc proportionnelle à la valeur des transactions


exprimées en unités monétaires FCFA, Cedi, Euro, Dollar).

Si on note T le nombre de transactions et P le niveau général des prix ou prix


moyens des transactions, alors la quantité de monnaie demandée est:

Md = k P.T (8)

où k est un paramètre ou coefficient structurel

On peut également écrire:

Md/P = k.T (9)

Md/P est la demande d'encaisses réelles qui augmente avec T.

Le coefficient structurel k est l'inverse de la circulation de la monnaie qui indique le


nombre moyen d'utilisation de chaque unité monétaire pour effectuer les
transactions.

L'offre de monnaie Ms étant considérée comme exogène, la masse monétaire Mo est


donc contrôlée par les autorités monétaires d'où:

Ms = Mo (10)

L'équation Ms = Mo représente la condition d'équilibre sur le marché monétaire. On


peut donc écrire:

Ms = k. P.T (11)

Ou encore P = Ms/k/T (12)


45

Le volume des transactions étant donné, le niveau des prix est proportionnel à la
quantité de monnaie en circulation. Le niveau général des prix P est alors déterminé
selon la tradition de la théorie quantitative de la monnaie.

Dans la pratique, il est difficile de dénombrer le nombre de transactions T). Mais on


peut admettre raisonnablement que le nombre de transaction est proportionnelle à la
production Y). On peut alors remplacer T par Y:

Md = PY/v (13)

Selon cette équation la demande de monnaie est une fonction croissante de la


production et des prix; et décroissante de la vitesse de circulation de la monnaie.
Sous cette forme , l'équation des échanges est appelée « équation de Cambridge »

L'équilibre sur le marché de la monnaie entraine simultanément le mécanisme


d'équilibre entre l'offre et la demande globale grâce à la flexibilité des prix.

Décrivons ce marché: la demande globale Yd dépend de manière inverse du prix.


Pour préciser cette fonction il suffit de réécrire (13) en montrant que la demande
globale de biens dépend des encaisses réelles détenues soit Mo/P, d'où la relation
causale:
! !!
𝑌! = ! !
(14)

Le paramètre k étant donné, à chaque volume d'encaisses nominales correspond


une courbe de demande globale/ Yd augmente lorsque P diminue. (graphique)

4.3.2 La préférence pour la liquidité

Jusqu'à Keynes, la demande de monnaie est était uniquement expliquée par le motif
de transactions. C'est à Keynes que l'on doit l'existence d'autres motifs de détention
de la monnaie. Keynes distingue en effet trois motifs de détention de la monnaie: (a)
le motif de transaction, (b) le motif de précaution et(c) le motif de spéculation.

a) Le motif de transaction. IL représente une demande de monnaie pour


effectuer les transactions.

b) Le motif de précaution. Les agents souhaitent détenir de la monnaie pour faire


face à des dépenses imprévues et à l'incertitude.

c) c) Le motif de spéculation. C'est là qu'apparait le caractère novateur de Keynes. Les


agents demandent de la monnaie car a détention offre la flexibilité face au futur.
Keynes énonce alors l’hypothèse de la préférence pour la liquidité pour justifier le
motif de spéculation. Parmi tous les actifs, la monnaie est totalement liquide car elle
est utilisable immédiatement et sans coût de transaction pour saisir des possibilités
de gains.
46

La préférence pour la liquidité conduit alors à détenir de la monnaie qui ne rapporte
rien. Il existe donc un coût d'opportunité pour cette détention et ce coût s'évalue par
le taux d'intérêt monétaire i. Le taux d'intérêt mesure donc le prix que l'on accorde à
la liquidité.

Au total, la fonction de demande de monnaie Md intègre les trois motifs:

Md = Md (Y,i) = L1(Y) + L2(i) (15)

avec L1(Y) > 0 et L2(i) <0

• Introduisons maintenant l'offre de monnaie pour déterminer l'équilibre sur le


marché? On sait que Mo est fixé par les autorités. Donc Ms = Mo. L'équilibre
sur le marché de la monnaie s'écrit alors:

– Md = Ms ou encore Md(Y,i) = Mo (16)

Ce marché fait apparaitre deux variables d'ajustement Y et i. dans le cadre d’une


analyse statique, Y et i ont le même statut. Théorique. Autrement dit tous les deux
varient simultanément pour résoudre l'équation (16).

Une augmentation de l'offre de monnaie se traduit par une diminution du taux


d'intérêt. Or nous avons vu que l'investissement est une fonction décroissante du
47

taux d'intérêt. Par conséquent; si le taux d'intérêt diminue, l'investissement va
augmenter, ce qui va aussi augmenter la demande globale et éventuellement
relancer l'activité. C’est pourquoi une politique d'augmentation de l'offre de monnaie
est qualifiée de politique monétaire expansionniste.

3.4. Le marché financier

A) Définition et rôle

Le marché financier, comme tout marché, est un lieu d’échange entre acheteurs et
vendeurs. De plus, comme dans n'importe quel marché, les prix de vente et d'achat
sont déterminés par le niveau de l'offre et de la demande. Cet échange concerne des
produits ou instruments financiers.

Les vendeurs ou agents à besoin de liquidités, dits agents à besoin de financement,


sont généralement des entreprises ou l’Etat à la recherche de liquidités pour financer
leurs projets de développement.

Les acheteurs ou agents disposant d’un excédent de liquidités, dits agents à


capacité de financement, sont généralement des épargnants ou des investisseurs
qui souhaitent investir dans les projets des entreprises ou de l’Etat en prêtant de
l’argent ou en devenant associés.

Dans ce marché, les investisseurs contribuent au financement de l’Etat et des


entreprises par le placement de leur épargne. Les instruments financiers qui
contractualisent cet investissement sont appelés titres ou valeurs mobilières.
48

Les marchés financiers sont donc des marchés sur lesquels se rencontrent les
demandes et les offres de capitaux à long terme. On distingue le marché financier
primaire et le marché financier secondaire.

Le marché financier primaire repose sur l‘émission nouvelle de titres c’est-à-dire


d’actions et d’obligations alors que le marché financier secondaire est lui le marché
où s'échangent les titres déjà émis.

C'est ce marché secondaire qui est traité par les bourses des valeurs mobilières
(Wall Street ou la Bourse Régionale des valeurs mobilières, BRVM de l’UEMOA, par
, exemple).

L'idée ici est comprendre la relation entre le prix des titres et le taux d'intérêt courant.

La particularité d'un titre par exemple une obligation est qu'il est un titre négociable.
On achète donc le titre en sachant qu'on obtiendra en échange d une somme
donnée à l'échéance. On sait aussi qu'on peut bien revendre le titre avant
l'échéance. Dans ce cas c'est l'acheteur de cette obligation qui bénéficiera du
versement de la somme à l'échéance. Il s'agit maintenant de déterminer comment
va évoluer le prix de revente de l'obligation.

Considérons une obligation émise par l'entreprise A, le 1er janvier à 12h, au prix de
1000 FCFA et au taux d'intérêt en vigueur sur le marché en ce moment-là à 10%.
1000FCFA représente la valeur faciale de cette obligation. Sa date d’échéance est
fixée au 31 décembre.

L'entreprise A émet donc des titres qui qui garantissent à leur porteur le versement
d’une somme de 1000 + 10% × 1000 = 1100FCFA le 31 décembre.

Admettons que 30 minutes plus tard (12h30), le taux d'intérêt passe à 20% et que
c'est le moment choisit par l'entreprise B pour émettre des obligations de même
caractéristiques que celles de l'entreprise A. leur valeur faciale est de 1000FCFA et
leur échéance est aussi fixée au 31 décembre. La différence est que l'entreprisse B
ne peut vendre ses obligations que sil propose au moins le même rendement que le
marché soit 20%.

Par conséquent, les détenteurs dune obligation de l'entreprise B obtiendront :

1000 + 20%× 1000 = 1200F le 31 décembre.

Les détenteurs des obligations A ont intérêt à les revendre pour acheter des
obligations B qui offrent un meilleur rendement. Le prix des obligations A va donc
baisser. Mais cette baisse ne se poursuit pas indéfiniment. Au fur et à mesure que le
prix des obligations A baisse, leur rendement augmente.

A l'équilibre; il faut que le rendement des obligations A et B soit le même. C est la


condition d'arbitrage.
49

Chaque FCFA consacré à l'achat d'obligations B rapporte (1000 + 200)/1000 = 1.2F
le 31 décembre.

Soit PA le prix de revente de l'obligation A. Chaque FCFA consacré à l'achat


d'obligations A va rapporter (1000 + 100)/PA.

L'arbitrage assure que les deux rendements soient égaux on a alors : 1100/PA = 1.2

Le prix de l'obligation A doit donc passer à 1100/1.2= 916.6 FCFA.

On constate donc que l'augmentation du taux d'intérêt s'est traduite par une
diminution du prix de l'obligation A.

On peut alors généraliser cette relation.

Soit VFA la valeur faciale dune obligation et

iA le taux d'intérêt au moment de son émission. Soit i le taux d'intérêt courant sur les
obligations émises par la suite mais à la même échéance.

Si PA est le prix de revente de l'obligation A, son rendement va être égal à :


!"# !! !! ! !!
𝑟𝑑𝑡 = !!
(17)

Puisque le rendement de l'obligation A doit en permanence être égal à celui des


obligations émises par la suite, on peut écrire rdt = i et résoudre l'équation pour
obtenir l'expression du prix auquel l'obligation se négocie.
!! !!
- 𝑃! = !! !
VFA (18)

On retrouve une relation négative entre le taux d'intérêt courant et le prix de


l'obligation A.

Si le taux d'intérêt est élevé, le prix de titres sera bas. Une forte proportion des
spéculateurs anticipera une augmentation du prix des titres et cherchera à acheter
des titres c'est-à-dire à se débarrasser de leur monnaie. La demande de monnaie est
donc faible.

Si le taux d'intérêt est bas, le prix des titres sera élevé. Une forte proportion des
spéculateurs anticipera une baisse des prix des titres et cherchera donc à vendre
des titres c'est-à-dire à les échanger contre de la monnaie. La demande de monnaie
(aux fins de spéculations) sera forte.

Il y a une deuxième raison pour laquelle la relation entre demande de monnaie et


taux d’intérêt est décroissante. Cette raison dépend du comportement des
50

spéculateurs (individus qui cherchent à acheter des titres au prix le plus faible pour
les revendre au prix le plus élevé). En effet, une fois que la taux d’intérêt sera
devenu suffisamment faible, les prix des titres sera tellement élevé que tous les
spéculateurs anticiperont un retournement de tendance au même moment.

Ainsi, ils chercheront tous à revendre leurs titres. La demande de monnaie sera alors très
importante et infiniment élastique au taux d’intérêt. Cette situation est qualifiée de trappe à
liquidité parce que les spéculateurs absorbent toute la liquidité qui est mise sur le marché. Le
taux d’intérêt atteint donc son niveau minimum.

Conclusion

Ce chapitre a permis d'étudier les facteurs qui déterminent l'offre et la demande de


monnaie et d'analyser l'équilibre sur le marché de la monnaie. Il apparait que le
marché de la monnaie subit l'influence du marché des biens, puisque le revenu
détermine la demande de monnaie de transaction. A l'inverse, comme le taux
d'intérêt affecte l'investissement, le marché de la monnaie va influencer le marché
des biens.

Nous allons étudier dans le chapitre suivant l'analyse conjointe des deux marchés.

Par ailleurs ce chapitre a permis d'établir une relation négative entre le taux d'intérêt
et le prix des titres.
51

Chapitre 4. Le modèle IS/LM et ses approfondissements

Le modelé IS/LM a été introduit en 1937 par J.R. Hicks pour interpréter le modèle
keynésien c'est-à-dire la Théorie générale et c'est en 1973 que Hansen met en forme
le modèle Keynésien actuel. IS/LM est devenu l'instrument le plus populaire en
macro-économie. Il utilise une approche en terme d'équilibre générale pour intégrer
les sphères monétaires et réelles.

Le modèle IS/LM offre un cadre conceptuel aux débats de politique conjoncturelle. Il


constitue un instrument d’évaluation de la rivalité entre politiques monétaires et
budgétaires. Dans ce chapitre, nous présenterons les équations du modèle et ses
conséquences sur les politiques économiques

4.1 Le modèle IS/LM de base

L'enjeu du modèle IS/LM est d'intégrer d’une manière formelle et compacte les
facteurs réels et monétaires qui déterminent l'équilibre macroéconomique:

- c'est un modèle dont l'esprit est keynésien. Il détermine le niveau d la


demande qui conduit à l'équilibre de court terme. Une situation de chômage
involontaire représente l'équilibre macro-économique;

- c'est un modèle dont la méthode est néoclassique. Il utilise une approche en


termes d'équilibre général. Le fonctionnement de l'économie est caractérisé par une
interdépendance entre tous les marchés.

L'intégration des facteurs monétaires et réels est effectuée grâce à la division


conceptuelle de l'économie en deux marchés. Le marché des biens (IS) et le marché
de la monnaie (LM).

Le modèle IS/LM décrit les principaux mécanismes à mettre en œuvre lorsqu’une


politique de gestion de la demande globale (politique budgétaire et fiscale) et
politique monétaire est appliquée. C’est donc un puissant instrument d’analyse de la
politique économique puissant et flexible, malgré sa simplicité.

4.4.1 La courbe IS ou l'équilibre sur le marché des produits

La courbe IS ( « investment » and « saving ») établit les conditions d'équilibre sur le


marché des produits. Plus précisément, elle détermine les conditions d'équilibre
entre la demande globale (DG) et le revenu distribué (Y); étant admis que l'offre
globale (Ys) est toujours identique au revenu distribué.

On sait que la demande globale DG est:

DG = C + I + G (1)

avec C = cY + C0 et

I = I(i) et
52

G = G0

La condition d'équilibre entre demande et offre est:

D G = Ys (2)

En réalité, ce modèle ne traite pas du comportement d'offre. Par conséquent, rien


n'explique Ys. Pour le prix donné, l'offre répond à la demande. Il n'y a donc pas de
« marché » au sens des économistes, où Ys égaliserait DG grâce à une variable
d'ajustement.

Cependant on peut surmonter cette difficulté grâce à l'identité entre la valeur du flux
de production offerte Ys et le flux de revenu distribué Y au cours dune période de
production. D’où l'introduction de l'identité :

Ys = Y

Au total, on réécrit l'équation d'équilibre (2) en utilisant toutes les autres pour la
formulation de la courbe IS:

cY + C0 + I(i) + G – Y = 0 (3)

La résolution de l'équation (3) nécessite de bien identifier les variables. Y et i sont


inconnues. Y est ici la variable « clé » puisqu'on cherche sur ce « marché » le revenu
d'équilibre. Par contre i résulte du marché de la monnaie, mais on ne connait pas
pour autant sa valeur. Ces observations permettent de donner la définition suivante
de la courbe IS : La courbe IS associe à chaque valeur de i la valeur de Y qui permet
d'assurer l'équilibre entre la dépense et le revenu.

Pour faciliter la compréhension de la courbe IS, nous rappelons que la condition


d'équilibre entre dépense et revenu est équivalente à la condition d'équilibre entre
investissement et épargne, soit:

I = S, avec S (Y) et ∂S/∂Y>0

On peut donc reformuler la définition de la courbe IS : chaque point de la courbe


donne un couple de valeur de i et de Y qui permet de maintenir l'équilibre entre
l'investissement et l'épargne.
53

Graphique 1 : Construction de la courbe IS


54

La logique de la construction de la courbe IS est résumée par l’enchainement


suivant:

i↗ → I↘ → DG ↘ → Y↘

↖ ↓

C↘

Autrement dit, l’augmentation du taux d’intérêt réduit l’investissement ce qui déprime


la demande globale. La production s’ajuste à la demande, ce qui réduit le revenu et
la consommation.

Il s’enclenche alors un mécanisme multiplicateur qui amplifie la réduction initiale de


l’investissement.

On peut donc conclure que la diminution de la production va être égale à la variation


de l’investissement multipliée par le multiplicateur des dépenses (∆Y= k . ΔI)

En reprenant la différentielle totale de (3) on a


!" !"
!"
𝑑𝑌 + !"
𝑑𝑖 − 𝑑𝑌 + 𝑑𝐺 = 0

En admettant que G = cste, alors dG = 0. la pente de Is est alors:


!"
!" !!
!"
= !"
!" <0
!"

Lorsque l’investissement est indépendant de i (investissement autonome)

on a : ∂I/∂i → 0.Dans ces cas IS est verticale.

Si à l’opposé, ∂C/∂Y = 1 (propension marginale égale à l’unité) ou ∂I/∂i→∞


(l’investissement est infiniment élastique par rapport à i) alors IS devient horizontale

4.4.2 La courbe LM ou l’équilibre sur le marché de la monnaie

La courbe LM (« liquidity » and « money ») représente les conditions d d’équilibre sur


le marché de la monnaie. On sait que sur ce marché, la demande de monnaie Md
dépend positivement de Y et négativement de i. Le stock de monnaie offerte, Ms, est
exogène, soit Mo. Mo est fixé par le gouvernement.

Md = Md(Y,i) (4)
55

!!! !!!
avec !"
> 0 et !"
<0

A l’équilibre, Md = Mo (5)

L’équation de l’équilibre devient:

Md(Y,i) – Mo = 0 (6)

(6) représente l’équation de la courbe LM. Ici, i est la variable d’ajustement clé, tandis
que Y résulte de l’équilibre entre dépense et revenu, d’où la définition: la courbe LM
associe à chaque valeur de Y la valeur de i qui assure l’équilibre sur le marché de la
monnaie.

La courbe LM a une pente positive. En effet la différentielle totale de l’équation (6)


donne:
!!! !!!
!"
𝑑𝑌 + !"
𝑑𝑖 − 𝑑𝑀! = 0 (7)

On sait que Mo = ceste donc dMo = 0. La pente de LM est :


!!!
!"
!"
= !"
!!! >0
!"

LM peut avoir deux positions extrêmes:

– horizontales c’est-à-dire la trappe à liquidité, lorsque la demande de


monnaie est infiniment sensible au taux d’intérêt i (∂Md/∂i →∞);

– verticale, si Md est indépendant de i (∂Md/∂i →0)


56

La pente de la courbe LM représente donc la sensibilité du taux d’intérêt d’équilibre


sur le marché de la monnaie aux variations du revenu. Il s’agit d’un paramètre
essentiel qui mesure la puissance du canal de transmission entre le marché de la
monnaie et celui des biens. On a l’enchainement suivant:

Y↗→ Md ↗ → i ↗ →Md ↘

L’augmentation des revenus augmente les besoins de monnaie de transaction. Il


apparait une demande excédentaire de liquidité qui provoque à son tour
l’augmentation du taux d’intérêt. Comme le taux d’intérêt augmente, la demande de
monnaie pour motifs de spéculation diminue. On retourne ainsi à l’équilibre sur le
marché de la monnaie.

4..4 L’équilibre global

L’équilibre global est la condition d’équilibre simultané sur le marché des biens
(équilibre dépense-revenu) et sur le marché de la monnaie. Algébriquement, la
condition d’équilibre est obtenue par la résolution des équations (3) et (6).
Géométriquement, on obtient l’intersection entre IS et LM, soit le point (Ye, ie). Cet
équilibre est unique. Il résulte de l’intégration des forces réelles et monétaires de
l’économie.
57

Ce graphique indique qu’au point d’intersection entre les courbes IS et LM le marché


des biens et celui de la monnaie sont conjointement en équilibre. On a donc
déterminé à la fois le taux d’intérêt et le revenu d’équilibre (Y0, i0). Comme l’équilibre
sur ces deux marchés est stable, l’équilibre global sera également stable.

4.5 Politiques économiques en hypothèse de prix fixes

Admettons au départ une situation d'équilibre. Pour accroitre le niveau de l'activité


économique, il faut que le revenu d'équilibre augmente. Graphiquement, la nouvelle
intersection entre IS et LM doit se déplacer vers la droite. Techniquement cela
signifie que IS ou LM ou les deux courbes doivent subir une translation à droite.

L’intérêt du modèle IS/LM est qu’il synthétise l’équilibre de deux marchés sur un seul
diagramme.

On sait qu'une augmentation autonome des dépenses gouvernementales (dG )


pousse IS à droite, tandis qu'une politique monétaire expansionniste (dM0) déplace
LM à droite. Une politique de relance économique est donc confrontée à un choix.
Pour opter il faut étudier l'efficacité relative des deux politiques selon les spécificités
structurelles de l'économie.

4.5.1 La politique budgétaire


58

La politique budgétaire consiste à manipuler les dépenses publiques pour accroitre la
demande globale. Elle peut bien consister à une augmentation des dépenses
(politique budgétaire expansionniste) ou à leur réduction (politique budgétaire
restrictive).

A) Cas d’une politique budgétaire expansionniste

Une politique budgétaire expansionniste consiste à augmenter les dépenses


publiques dans l’espoir d’augmenter la demande globale et relancer l’activité
économique. Dans ce cas l’augmentation des dépenses publiques donc de la
demande globale provoque un déplacement de la courbe IS vers la droite dans la
représentation standard de IS/LM. L’ampleur de ce déplacement correspond à l’effet
du multiplicateur.

Cependant, la politique budgétaire pose la question préalable du financement de la


dépense supplémentaire de l’Etat. On suppose qu’il y a équilibre budgétaire au
départ, c’est-à-dire au point (i0, Y0) sur le graphique. D’où vient alors dG, la somme
que l’Etat va injecter dans l’économie?
59

Il existe trois sources possibles en économie fermée.

– Le prélèvement des impôts;

– L’emprunt par émission de bons de Trésor;

– L’émission monétaire par la Banque Centrale

• Les modalités de financement du déficit budgétaire s’expriment sous la forme


d’une équation d’identité du budget:

Déficit budgétaire (Dépenses- Impôts)=

Variation de la masse monétaire + Ventes de bons du Trésor .

Quelle est la conséquence de chacune des modalités du financement du déficit


budgétaire?

1) Un financement du déficit budgétaire par le prélèvement de l’ impôt c’est-à-dire par


un des impôts supplémentaires conduit à accroitre l’ »assiette de l’ impôt ». On
admet dans ce modèle que cette assiette est le revenu. Cela revient à poser les
impôts (T) en fonction du revenu(Y). Soit : T = T(Y).

T devrait augmenter pour générer le surplus d’ impôt dT tel que dT= dG. Cela signifie
que même dans le cas d’un budget équilibré le revenu augmente à la suite de dG>0.
60

Graphiquement, la courbe IS se déplace vers la droite, si on introduit dG>0 avec
dG=dT

2) Si le déficit est financé par le bon de trésor, la monnaie reçue par le gouvernement
à l’occasion de la vente de bons de Trésor est remise en circulation à travers de dG.
Par conséquent l’offre de monnaie demeure identique au cours de la période. Seule
IS se déplace.

3) Le financement est assuré par la création monétaire. Dans ce cas, les deux
courbes sont affectées puisque LM se déplace également à droite. Il ne s’agit pas ici
d’une politique budgétaire au sens strict, car la politique monétaire intervient
également.

Quels sont les impacts des diverses politiques sur Y et i? Sur la base des
hypothèses du modèle, le financement par l’emprunt doit être plus efficace que le
financement par l'impôt. En effet, T réduit la consommation des ménages, alors que
l’achat des bons de trésor par ces mêmes agents ne change pas leurs
comportements de demande de biens de consommation.

Une politique de relance budgétaire avec stock de monnaie constante pousse i à la


hausse. Comme Y augments la demande de monnaie de transaction s’accroit. Pour
compenser cette demande excédentaire de monnaie, la demande de monnaie de
spéculation doit baisser d’où la hausse de i. Cette hausse de i entraine un effet
d’éviction partiel des dépenses d’investissement privé.

Autrement dit l’effet d’éviction est l’effet négatif de l’augmentation des dépenses
publiques sur l’investissement privé. Expliquons graphiquement l’effet d’éviction.

Supposons que i reste bloqué à i1. Le nouveau revenu d’équilibre serait alors Y3 avec
Y3>Y2. En Y3, l’effet d’éviction est nul. Le passage de Y1 à Y3 représente le résultat
du multiplicateur « pur » keynésien où le taux d’intérêt n’est pas affecté.

Autrement dit l’effet d’éviction est l’effet négatif de l’augmentation des dépenses
publiques sur l’investissement privé. Expliquons graphiquement l’effet d’éviction.

Supposons que i reste bloqué à i1. Le nouveau revenu d’équilibre serait alors Y3 avec
Y3>Y2. En Y3, l’effet d’éviction est nul. Le passage de Y1 à Y3 représente le résultat
du multiplicateur « pur » keynésien où le taux d’intérêt n’est pas affecté.

A l’opposé si la demande de monnaie est indépendante du taux d’intérêt ou lorsque


la courbe LM est verticale c’est-à-dire que la demande de monnaie est insensible au
taux d’intérêt, alors l’effet d’éviction devient total. On retrouve la vision néoclassique
de l’économie: l’investissement public dG remplace à l’identique l’investissement
privé, avec un coût financier inutile représenté par la hausse de i.

On peut donc conclure que l’efficacité de la politique budgétaire est maximale


quand l’économie est en situation de trappe à liquidités, par contre, elle est
totalement inefficace quand la demande de monnaie est insensible au taux
d’intérêt.
61

En comparant les deux situations et en les comparant à la situation standard, on peut


dire que la politique budgétaire est d’autant plus efficace que la demande de
monnaie est sensible au taux d’intérêt.

4.5.2 La politique monétaire

Une politique monétaire expansionniste consiste à augmenter l’offre de monnaie


pour faire baisser le taux d’intérêt et relancer l’activité économique. L’accroissement
exogène de l’offre de monnaie en circulation provoque une offre excédentaire
d'encaisses réelles qui ne se résorbe qua condition que le taux intérêt diminue. Cela
se traduit par une translation de la courbe LM vers le bas.

Dans ce modèle la masse monétaire est uniquement composée de monnaie Banque


Centrale sous forme de billets, de pièces ou de dépôts auprès de la Banque. Sous
cette hypothèse, la création monétaire, en économie fermée, s'effectue selon deux
modalités:

– l'émission de monnaie en contrepartie d'un déficit budgétaire.

– l'achat de bons de bons de Trésor dans le cadre des opérations d'open


market.

La politique monétaire est totalement inefficace dans deux cas:

– La situation de la trappe à liquidité. Toute la nouvelle monnaie est


thésaurisée; elle n’a aucun effet sur le développement de l’activité
économique. Graphiquement, dM0 laisse la courbe LM horizontale et
inchangée;
62

– les investissements sont insensibles à i. la courbe IS est verticale. Le
déplacement de LM fait baisser i, mais Y demeure fixé.

A l’opposé lorsque LM est verticale ou la demande de monnaie inélastique au taux


d'intérêt, elle ne dépend que du revenu (cas classique), la politique monétaire a son
efficacité maximum. IS étant donné, le déplacement de LM permet au multiplicateur
monétaire de fonctionner parfaitement.

4.5.3 Le policy mix

Le policy mix est la combinaison des deux politiques, budgétaire et monétaire. Cette
politique conduit au déplacement simultané des deux courbes (Graphique).
63

Cette situation représente le cas d’un financement du déficit budgétaire par une
création monétaire: dG0 et dM0 . La hausse des dépenses publiques permet de
passer de IS1 à IS2 (A à B) puis l’accompagnement monétaire fait passer LM1 à
LM2 (A à C).

L'intérêt de combiner les deux politiques vient de ce que l’expansion monétaire


compense l’effet d’éviction du à de i lorsque la politique monétaire n’accommode pas
les effets financiers du déficit budgétaire. Sur le graphique on remarquera que le taux
d'intérêt i n’a pas changé.

En conclusion, la politique budgétaire est maximale quand LM est horizontale (trappe


à liquidité) et quand IS est verticale (niveau d’investissement insensible au taux
intérêt ou au coût du capital). Pour Hicks, ce cas représente un double cas
keynésien: préférence pour la liquidité et investissement sensible aux débouchés
(demande anticipée des entrepreneurs). Les keynésiens préfèrent en général la
politique budgétaire car elle a un impact direct sur la demande et sur l’activité
économique.

La politique monétaire a une efficacité qui dépend du comportement des ménages et


de celui des investisseurs. En période de crise les keynésiens sont assez
pessimistes sur ces comportements car les ménages vont préférer détenir de la
liquidité ou thésauriser (monnaie de précaution) et les entreprises ne vont pas
investir quelque soit le taux d'intérêt.

A l’opposé Hicks montre que la politique monétaire est plus efficace dans un cas
classique. Pour que la politique monétaire soit efficace, il faut que la demande de
64

monnaie soit peu sensible au taux d'intérêt (LM verticale). Dans ce cas on cherche à
détenir uniquement de la monnaie pour effectuer des achats.

4.6. L’introduction des prix et les courbes AD-AS

Dans cette partie on relâche l’hypothèse de la fixité de prix pour d'une part étudier
l’impact des politiques conjoncturelles sur le niveau des prix et d’autre part prendre
en compte l’inflation. Cela nécessite dans un premier temps de construire les
courbes d’offre et de demande globale (AD et AS) pour ensuite analyser les
conséquences des politiques conjoncturelles sur les prix. Cette approche
débouchera sur une théorie de l’inflation par la demande et les coûts.

4.5.1 Construction des courbes d’offre et de demande globale(AD-AS)

Nous supposerons que le niveau des prix, P, se fixe sur les marchés des biens? Ce
marché est défini à l’aide de deux fonctions: la demande globale et l’offre globale.

A) La courbe de demande globale (AD)

La courbe AD (aggregate demand) est construite à partir des équations (1 à 4) qui


définissent les courbes IS et LM et qui ont été exprimées en termes réelles en posant
P=1.

Pour construire AD, nous pouvons reprendre les équations (1) à (4) et (5) en
admettant quelles s’expriment directement en termes réels. Ainsi l’offre de monnaie
en termes réels s’écrit:
!!
𝑀! = !
(8)

Ce changement affecte alors l’expression de l’équation d’équilibre sur le marché de


la monnaie puisque(6) devient:
!!
𝑀! 𝑌, 𝑖 − !
= 0 (9)

L’équation (9) indique que pour chaque valeur de P, on obtient une courbe LM
particulière dans le référentiel (Y,i). Pour des prix P1>P2>P3 correspondent des
courbes LM(P1), LM(P2), LM(P3).
65

Le graphique associe à chaque prix le revenu d’équilibre correspondant. La courbe


AD obtenue est la courbe de demande globale qui indique, pou chaque prix, la
quantité macroéconomique demandée Y. Elle est décroissante. Si P diminue, la
quantité demandée augmente.

B) La courbe d’offre globale AS

La courbe AS (agregate supply) associe à chaque prix la quantité de biens offerte


par les entreprises. La courbe AS est obtenue à partir de la synthèse entre la vision
66

classique et celle de Keynes. La synthèse entre les deux approches fait intervenir les
trois hypothèses suivantes:

– H1. Le salaire nominal (W) est rigide à la baisse. En conséquence, le


salaire réel (w = W/P) ne peut baisser qu’à travers une hausse des prix;

– H2. Le marché du travail s’ajuste selon w. Pour un taux de salaire réel


(w) donné, le niveau d’emploi (N) est déterminé par celle des deux
fonctions d’offre de travail(Ns) ou de demande de travail (Nd).

- H3. lorsque le plein-emploi est atteint (N*), on y reste, même si le niveau


des prix continue à augmenter. Autrement dit, l’ajustement par le taux de
salaire réel ne vaut que pour des salaires réels supérieurs à w*.

La courbe AS est alors construite à partir de ces hypothèses en associant le marché


du travail et la fonction de production
67

68

La courbe AS : à chaque P correspond une volume d’offre globale. La courbe AS


devient verticale à partir de Y* à cause de H3.

L’équilibre entre AD et AS détermine P0 et Y0.

4.6 Politiques conjoncturelles et prix

Le modèle AD et AS détermine, d’une part, le niveau des prix et démontre, d’autre


part, la possibilité du sous-emploi d’équilibre.

A) Les politiques de demande

Une politique qui déplace AD à droite détermine un nouvel équilibre où Y et P


augmente simultanément. Jusqu’à ce que le plein-emploi soit atteint (en Y*) les
politiques de relance par la demande sont efficaces, mais elles ne sont pas en même
temps inflationnistes. Au-delà de Y* le seul effet est la hausse des prix.

B) Les politiques de l’offre

L’autre politique de relance s’applique à l’offre. Supposons une baisse du salaire


nominal (W1 W0). Dans ce cas, à chaque niveau de prix P correspond un salaire réel
inférieur. Par conséquent, N et Y augmentent (Graphique). Le point (Y1, P1)
représente le nouvel équilibre associé à l’intersection de AD et AS (W1). En
comparant avec l’équilibre précédent (Y0, P0), on constate que le revenu d’équilibre
s’accroit, alors que le niveau des prix diminue.

Cette politique de relance déflationniste repose sur la possibilité d’imposer une


baisse du salaire nominal sur le marché du travail ce qui n’est pas conforme à la
réalité.

Dans le modèle AD/AS, lorsque les courbes se déplacent, P change. Cela nécessite
alors d’étudier l’inflation à travers les causes du déplacement de ces courbes.

4.6..1 Le déclenchement de l’inflation

Un choc de demande déplace AD à droite ( Graphique). La nouvelle position


d’équilibre indique que P augmente. On passe du point A au point B sur le
graphique.
69

On parle dans ce cas d’inflation autonome par la demande. Exemple une


augmentation des dépenses gouvernementales ou de l’offre nominale de monnaie
déclenche une inflation par la demande.

Un choc d’offre négatif c’est-à-dire une hausse exogène des coûts de production
(exemple une hausse des prix des matières premières, salaires nominaux ou du
pétrole) déplace AS vers la gauche sur sa partie croissante (Graphique). On passe
de A à C, donc P augmente.

4.5.2. La dynamique de l’inflation

Généralement, les deux causes se cumulent dans un processus dynamique.


L’inflation autonome devient une inflation induite à la période suivante.

Une inflation provoquée par la demande conduira les salariés à souhaiter un


rattrapage de P par une augmentation des salaires. Ainsi AS se déplacera à son
tour, à la suite du déplacement de AD. Pour éviter de surcharger le graphique, on
gardera les mêmes amplitudes pour les changements des courbes. On passe alors
de A à D.

Inversement si le processus débute par l’offre on se retrouve à C Là le revenu


d’équilibre diminue. En réaction, on déclenche une politique de relance. Cette
politique affecte AD. Ainsi; après AS, AD bougera à son tour. Sur le graphique; o n
va de A à C puis on aboutit à D.

4.6. Le problème de la « soutenabilité » de la dette

La « soutenabilité » de la dette publique est la capacité de l’Etat à rembourser les


intérêts de sa dette. Il s’agit dans cette section de faire ressortir les conditions de
« soutenabilité » car le but est d’éviter l’accumulation de la dette qui pourra conduire
à court terme, à l’insolvabilité de l’Etat.
70

5.6.1 Les conditions de stabilisation de la dette publique

Soit l’équation suivante:

G – T + iB = ΔM + ΔB (9)

Pour mesurer le déficit, au cours d’une période, on tient compte de deux éléments:

- d’une part, de la différence entre les dépenses (G) et les recettes (T)
courantes, qu’on appelle le solde primaire;

- d’autre part, du paiement des intérêts de la dette publique. Ce deuxième élément


représente le service de la dette.

Si B est l’encours de la dette et i le taux d'intérêt servi sur la dette, la produit iB


indique la somme des intérêts versés au cours d’une période.

Le déficit global (dette primaire et service de la dette) doit être financé au cours de la
période. Deux possibilités s’offrent alors a priori : une émission monétaire (ΔM) et/ou
une émission de bons de Trésor (ΔB).

Si le financement monétaire est négligeable ou impossible (cas d’une zone


monétaire), l’équation du budget devient:

G – T + iB = ΔB (10)

Pour analyser l’équation (10); divisons toutes les variables par le revenu (Y). Cette
transformation offre trois avantages:

1. Elle facilite les comparaisons internationales,

2. Elle permet de donner un sens aux conditions de stabilité recherchées;

3. Elle offre la possibilité d’étudier le comportement dynamique de la dette.

Transformons l’équation (10) pour introduire le taux de croissance de l’économie g.


La comparaison entre g et le taux d'intérêt i deviendra cruciale pour appréhender les
capacités d’une économie nationale à bien gérer sa dette publique.

Posons :g = ΔY/Y et notons : g = G/Y; t = T/Y; b= B/Y.

On obtient alors en divisant (10) par Y:

g – t + ib = ΔB/Y (11)

On remarquera que le taux de croissance g n’apparait pas dans (11). On peut


l’introduire en effectuant une transformation supplémentaire sur la partie droite de de
l’équation (11). Exprimons pour cela Δb = Δ (B/Y) et dérivons.

∆b = (∆B . Y – B . ∆Y)/ Y2
71

Ou encore en utilisant
g = ΔY/Y :
∆B /y = ∆b +
gb

L’équation (11) devient:

g – t + ib = σ b + ∆b (12)

ce qui donne : ∆b = (g – t) + b(i – σ) (13)

L’équation (13) détermine la variation de b (∆b) en fonction du niveau de b et deux


groupes de paramètres (g-t) et (i- σ).

Cette équation exprime par conséquent l’évolution dynamique du ratio B/Y.

En analysant (13), on voit que si un déficit budgétaire (t<g) s’accompagne d’un taux
d’intérêt inférieur au taux de croissance, la dette a tendance à ne pas se détériorer.

4.6.2 L’évolution dynamique de la dette publique

L’équation (13) permet de voir comment la dette évolue dans le temps. Si :

∆b > 0, la dette augmente et si ∆b < 0 la dette diminue.

Le signe de ∆b dépendra de l’évolution relative de (σ - i) par rapport à (g – t).

Si (σ - i) >0 ou le taux de croissance économique supérieur au taux d’intérêt de la


dette alors on peut se permettre d’avoir un solde primaire (g – t) >0. Si au
contraire

(σ - i)<0, le taux de croissance est inférieur au taux d’intérêt, alors un déficit primaire

(g – t) < 0 entraine automatiquement une augmentation de la dette.


72

73

Conclusion

Le modèle IS/LM constitue un excellent instrument d’analyse des effets de politique


économique de relance conjoncturelle dans une économie fermée:

– il permet de comparer l’impact des politiques monétaires et budgétaires


sur le niveau de l’activité;

– L’analyse des modalités de financement d’un déficit budgétaire


débouche sur une interprétation dynamique du modèle;

– L’introduction des fonctions d’offre et de demande globales conduisent


à une détermination conjointe du niveau des prix et du volume d’emploi;

– Selon le modèle AS/AD, l’inflation se déclenche à la suite d’une hausse


autonome de la demande, ou des coûts. Par la suite, l’inflation peut
persister à cause des effets de rattrapage entre l’offre et la demande.
74

Chapitre 5. Le marché du travail

Introduction .On étudie le marché du travail pour deux raisons essentielles:

– i) il est inconcevable d’analyser l’évolution de la production et des prix à


court terme sans tenir compte des capacités de production de
l’économie: Q = f(N), K = constante;

– Ii) le chômage étant devenu un fléau tant dans les économies


développées que dans les économies en développement, il s’agit alors
de comprendre les spécificités du marché du travail qui aboutissent à
l’existence du chômage.

5.1 Description d’un marché de travail concurrentiel

Lorsqu’on étudie le marché du travail, on considère le travail comme un bien. Son


prix est déterminé de façon à égaliser les quantités offertes et les quantités
demandées. Les agents qui offrent leur travail sont les travailleurs et ce sont les
entreprises qui le demandent. Une fois déterminé l’offre et la demande de travail, on
peut définir l’équilibre et analyser les causes du chômage.

A) L’offre de travail

L’offre de travail émane des travailleurs. Ce son donc des agents particuliers qui
offrent de leur temps en contrepartie d’un salaire. Comme le temps disponible du
travailleur est limité, l’offre est d’une quantité supplémentaire de travail ne peut se
faire d’en réduisant le temps de loisir (loisir : tout travail non rémunéré).

Il existe donc un arbitrage entre le revenu du travail et les loisirs.

Comme le salaire sert à consommer, la décision d’offre du travail repose donc sur un
arbitrage entre consommation et loisir.

On distingue le salaire nominal et le salaire réel. Le salaire nominal (W) est mesuré
en unités monétaires. Le salaire réel mesure la quantité de biens que peut acheter le
salaire versé pour une heure de travail. Il s’obtient en divisant le salaire nominal par
le niveau des prix (w = W/P).

Déterminer la fonction d’offre de travail de l’individu, consiste donc à déterminer


comment il va modifier le temps qu’il consacre au travail lorsque le taux de son
salaire réel varie.

Supposons que le taux de salaire réel augmente. Cela signifie que l’individu va
pouvoir consommer davantage pour un temps de travail donné. Cela implique
également que le coût d’opportunité du loisir augmente. On peut donc dire qu’une
augmentation du salaire réel se traduit par une augmentation du prix relatif du loisir
par rapport à la consommation.
75

Déterminer la fonction d’offre de travail de l’individu, consiste donc à déterminer
comment il va modifier le temps qu’il consacre au travail lorsque le taux de son
salaire réel varie.

Supposons que le taux de salaire réel augmente. Cela signifie que l’individu va
pouvoir consommer davantage pour un temps de travail donné. Cela implique
également que le coût d’opportunité du loisir augmente. On peut donc dire qu’une
augmentation du salaire réel se traduit par une augmentation du prix relatif du loisir
par rapport à la consommation.

Comme lors de l’arbitrage entre deux biens, deux effets vont entrer en jeu :

- un effet de revenu : puisque le salaire augmente, la valeur du temps que le


travailleur peut affecter au travail augmente. Il est en quelque sorte « plus
riche ». Si le loisir est un bien supérieur, le travailleur peut alors être incité à
en prendre davantage et réduire ainsi son offre de travail.

- un effet de substitution : comme l’augmentation du salaire implique une

augmentation du prix relatif du loisir par rapport à la consommation, le travailleur est


incité à substituer de la consommation au loisir, ce qui augmente son offre de travail.

La tendance séculaire à la diminution du temps de travail suggère que l’effet de


revenu l’emporte sur l’effet de substitution à long terme. On considère en revanche
que c’est l’effet de substitution qui l’emporte à court terme, parce que les travailleurs
vont être disposés à travailler davantage lorsqu’ils considèrent que l’augmentation du
salaire qui leur est proposée est temporaire. De plus, les études statistiques montrent
que l’élasticité de l’offre de travail au salaire est positive

La relation entre le salaire réel et l’offre de travail est donc ambiguë. L’offre de travail
peut soit augmenter soit diminuer lorsque le taux de salaire réel augmente. La
solution est donc empirique. Elle dépend de plus de l’horizon considéré. La relation
entre l‘offre du travail et le salaire réel est ambiguë. L’offre de travail peut soit
augmenter soit diminuer lorsque le salaire réel augmente. Cependant en raisonnant
à court terme, on suppose que la de travail est croissante.

Comme nous considérons l’économie dans son ensemble, l’offre de travail est la
somme des offres de travail individuelles.

S = ∑nj sj (W/P) avec S’ >0 (1)

Lorsque le taux de salaire diminue, certains travailleurs peuvent décider de quitter le


marché de travail parce qu’ils ne considèrent pas les emplois disponibles comme
suffisamment rémunérateurs.

A l’inverse l’augmentation du taux de salaire réel peut inciter certains travailleurs à


revenir sur le marché du travail.

B) La demande de travail
76

La demande de travail est exprimée par les entreprises. Elles utilisent le travail
comme facteur de production. Si on suppose qu’à court terme la quantité de travail
est fixée, la production devient une fonction de la quantité de travail utilisée:

Q = f(L)

L’entreprise va alors choisir la quantité de travail de façon à maximiser son profit. Ce


profit est une fonction de la quantité de travail utilisée, du taux de salaire et du prix
du bien:

𝜋 = 𝑃. 𝐹 𝐿 − 𝑤𝐿 (3)

La quantité de travail qui maximise le profit est celle qui annule la dérivée du profit,
soit:
!"
!"
= 𝑃. 𝑃!" − 𝑤 = 0 (4)

Ainsi l’entreprise maximise son profit lorsque le taux de salaire réel est égale à la
productivité marginale du travail. La productivité marginale du travail étant
décroissante, la demande du travail sera une fonction décroissante du taux de
salaire réel.

5.2 L’équilibre du marché de travail

Si le marché est organisé de façon concurrentielle, om peut déterminer le taux de


salaire réel d’équilibre. C’est celui qui assure l’égalité entre l’offre de travail et la
demande de travail.

La courbe d’offre de travail au-delà d’une certaine quantité (L) devient verticale. Cela
traduit le fait que l’offre de travail butte sur une limite supérieure lorsque toute la
population en âge de travailler est employée

Graphique 1 : Equilibre sur le marché du travail


77

La population en âge de travailler se répartit entre travailleurs et chômeurs


volontaires.

Le chômage volontaire inclut tous les actifs qui ne travaillent pas parce qu’ils
préfèrent ne pas exercer une activité rémunérée au taux de salaire réel en vigueur.

Le chômage volontaire n’est pas la seule forme de chômage sur le marché du travail.
On distingue bien sur le chômage involontaire et le chômage frictionnel.

Le chômage involontaire est due d’abord à l’inadéquation entre les caractéristiques


des chômeurs et celles que recherchent les employeurs. Elle s’explique également
par l’inadéquation géographique lorsque les chômeurs sont éloignés des bassins
d’emplois.

5.3 Les possibilités du sous-emploi

Si le chômage involontaire est possible c’est qu’il existe des mécanismes qui
empêchent d’atteindre l’équilibre sur le marché de l’emploi.
78

A) Les rigidités du marché du travail

La spécificité du marché du travail peut inciter à la fois les offreurs et les demandeurs
à créer des rigidités à la baisse du salaire réel.

Les rigidités exogènes au marché du travail

La législation est la cause principale de la baisse du salaire réel. L’existence d’un


salaire minimum (salaire minimum interprofessionnel garanti ou SMIG) empêche le
salaire réel de baisser en dessous d’une certaine limite. Une telle mesure est
susceptible d’augmenter la rémunération des travailleurs les moins qualifiés dont la
productivité marginale est souvent la plus faible.

La conséquence est que les entreprises sont incitées à moins embaucher ces
travailleurs si le salaire minimum dépasse leur productivité marginale. Un chômage
alors apparait.

Rigidités créées du coté de l’offre de travail

Elles sont souvent dues à la présence des organisations syndicales dans


l’entreprise. Les syndicats regroupant une masse de travailleurs peuvent obtenir un
pouvoir de négociation important et revendiquer des salaires plus élevés que sur un
marché concurrentiel.

Une raison supplémentaire pour laquelle l’existence des syndicats peut se traduire
par un salaire supérieur au salaire de plein-emploi et provoquer du chômage tient au
fait que le syndicat ne défend en principe que les intérêts des travailleurs et non des
chômeurs. Si les revendications aboutissent, elles réduiront les chances des

chômeurs d'être embauchées. Il apparait alors un conflit entre les insiders et les
outsiders.

B) Rigidités créées du côté de la demande de travail

Ces rigidités s’expliquent par la spécificité de la relation entre un employeur et ses


employés. La première spécificité est que la plupart c’est une relation de long terme
qui existe entre l’employé et l’employeur. Cette relation repose sur un contrat qui est
défini pour une période donnée (contrat à durée déterminée ou CDD et contrat à
durée indéterminée ou CDI). Ce contrat renferme les conditions du travail et
principalement la rémunération.

Ce contrat est considéré comme un contrat implicite d’assurance car la rémunération


de l’employé est indépendante des aléas économiques et c’est l’employeur qui
supporte les coûts économiques (il n’existe pas de fluctuations du salaire)

.
79

5.4 Le chômage involontaire

Le chômage involontaire résulte d’une offre excédentaire de travail conjuguée avec


une rigidité à la baisse du salaire réel

Graphique 2 : Rigidité du salaire réel à la baisse

Ce graphique indique que le salaire réel d’équilibre est (W/P)0. A ce salaire réel, il
n’existe pas donc que du chômage volontaire.

Pour un taux de salaire réel (W/P)1, il existe un chômage involontaire car on se


trouve en présence d’une offre excédentaire de travail ( Ls1 > Ld1). Ainsi donc si
le salaire réel est fixé à un niveau supérieur au salaire réel d’équilibre du marché du
travail, il apparaît une offre excédentaire de travail c’est-à-dire du chômage
involontaire (Uinv = Ls1 – Ld1)

Dit autrement, certains travailleurs souhaitent offrir leur travail au taux de salaire réel
en vigueur mais ne trouvent pas d’emploi. Le chômage total sera donc composé du
chômage volontaire et du chômage involontaire.
80

Si le salaire réel était flexible , il s’adapterait à l’offre excédentaire de travail en
diminuant. Le marché convergerait alors vers l’équilibre.si ce n’est pas le cas, cela
signifie qu’il existe des forces sur le marché du travail qui maintiennent le taux de
salaire réel au-dessus de son niveau d’équilibre.

Conclusion

Le marché du travail est un marché particulier sur lequel il existe un taux chômage
structurel positif (chômage de longue durée). Ce taux de chômage est probablement
en large partie involontaire. Le chômage involontaire s’explique principalement par
les rigidités du salaire réel .

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