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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

O. INTRODUCTION GENERALE

0.1. Ce qu’étudie la macroéconomie


L’analyse économique a pour but d’expliquer la façon dont les ressources rares sont réparties
entre des utilisations concurrentes potentielles. On dit souvent que l’économie est la science
des choix. Quel que soit le domaine dans lequel l’économiste travaille, deux grands types de
démarches peuvent être distingués :

(i) l’analyse des choix au niveau des unités économiques (les ménages et les firmes)
et des marchés pris séparément : c’est l’objet de la théorie microéconomique.
(ii) l’analyse des choix au niveau de la société dans son ensemble.
C’est l’objet de la théorie macroéconomique qui a pour objectif l’étude des comportements
des groupes d’agents (plutôt que les comportements individuels), l’étude des interactions
entre ces groupes sur les marchés nationaux et l’étude des relations que ces groupes
entretiennent avec le reste du monde.
La macroéconomie comme branche des sciences économiques, renvoie à deux éléments
complémentaires :
- les phénomènes macroéconomiques décrivant une série de faits économiques globaux, à
partir des variables agrégées telles que la production, la consommation, le revenu, la demande
etc.
- les relations qu’il est possible d’établir entre ces variables agrégées, comme la demande
effective et le niveau de l’emploi.

La macroéconomie, terme introduit en 1933 par l’économiste norvégien Ragnar Frisch, est
l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les relations existant entre les grands
agrégats économiques : le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage,
l'inflation, etc. En tant que telle, elle constitue l'outil essentiel d'analyse des politiques
économiques des États. On dit que le macro-économiste travaille sur des agrégats, c’est-à-dire
des variables qui mesurent une réalité à l’échelle de la nation. Ainsi, on parlera de «
consommation des ménages » plutôt que de consommation individuelle, de « produit national
» plutôt que du chiffre d’affaire d’une firme particulière, ou encore « d’indice des prix »
plutôt que du prix pratiqué par une firme ou du prix d’équilibre sur un marché particulier.
Quelques exemples : Consommation privée = somme des consommations des ménages
nationaux Produit national = somme des productions des entreprises nationales Indice des prix
= moyenne des prix de tous les biens nationaux Masse salariale = somme des salaires reçus
par les travailleurs nationaux.

Les questions posées par les macroéconomistes diffèrent donc de celles posées par les micro
économistes. Par exemple, au sein des économistes du travail, les micro économistes étudient
les déterminants de l’offre de travail des travailleurs (qui dépend du salaire net offert, de leur
niveau d’éducation…), de la demande des firmes (qui dépend du coût salarial, de la
productivité des travailleurs) ou du fonctionnement du marché pour un type de qualification
particulier. Les macro économistes tentent plutôt d’expliquer la persistance du chômage au
niveau de la société et cherchent des politiques permettant de relancer l’emploi. En

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considérant d'emblée les relations entre les grands agrégats de l'économie, la macroéconomie
cherche à expliciter ces relations et à prédire leur évolution face à une modification des
conditions, qu'il s'agisse d'un choc (augmentation de prix du pétrole) ou d'une politique
économique. Contrairement à la microéconomie, qui favorise les raisonnements en équilibre
partiel, la macroéconomie se place toujours dans une perspective d'équilibre général. La
distinction systématique entre macroéconomie et microéconomie émerge au cours des années
Trente autour des travaux de John Maynard Keynes. Sa Théorie générale de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie conduisit à une séparation des deux domaines. La microéconomie se
portait alors sur les problèmes d'allocation des ressources par le moyen des prix relatifs, alors
que la macroéconomie étudiait la production globale et le niveau des prix. La macroéconomie
est l'étude de l'activité économique dans son ensemble.

La microéconomie analyse les décisions et les comportements des unités économiques


individuelles: consommateurs, producteurs, détenteurs des facteurs etc. La macroéconomie se
penche sur les phénomènes économiques globaux: la consommation, la production,
l'investissement, l'emploi etc., à l'échelle globale, c'est-à-dire au niveau de l'ensemble du
système économique, au niveau de toute la nation.
La macroéconomie constitue une approche théorique qui consiste à analyser l'économie d'un
pays, d'un point de vue global, à travers les relations qui peuvent exister entre ses agrégats.
Elle utilise les données statistiques qui concernent généralement les populations (ensemble
d'individus) et non des individus particuliers. Les relations de comportements considérés sont
des moyennes des comportements individuels ou leur résultante.

L’approche macroéconomique s’intéresse :


- aux faits économiques concernant des grands ensembles, pays, branches, agrégats de
production, d'investissements ...
- aux interdépendances entre un ensemble significatif de variations globales
- à l'évolution du système économique; par exemple le volume de la production dépendra de
celui des investissements
- à la totalité de l'ensemble économique: chaque fait ne prend son sens que par rapport à une
structure qui règle l'évolution du système. Ainsi le taux d'épargne est lié au comportement
d'investissement des chefs d'entreprises, etc.

L'inflation, l'emploi et la croissance constituent les trois principaux problèmes analysés en


macroéconomie L'analyse macro-économique utilise les statistiques fournies par la
comptabilité nationale. Celle-ci fournit des mesures quantitatives de la totalité de l'activité
d'une nation au cours d'une période. La comptabilité nationale agrège ainsi les données des
agents économiques.

La macroéconomie cherche à répondre à plusieurs questions, notamment:


- Pourquoi certains pays ont-ils connu une forte croissance des revenus au cours du derniers
siècle alors que d’autres restent enlisés dans la pauvreté ?
- Pourquoi certains pays ont-ils des taux d'inflation élevés alors que d'autres réussissent à
maintenir stable le niveau de leurs prix?
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- Quelles sont les causes de récession et de dépression qui caractérisent des phases de baisse
de revenu et de l'emploi?
- Comment les populations peuvent-elles influencer l'état de l'économie?
- Quelles politiques l'État peut-il mettre en œuvre compte tenu de l'état de l'économie?
- Comment les politiques publiques peuvent-elles être utilisées pour réduire tant leur
fréquence que leur gravité ? Les réponses à ces questions et à d'autres semblables nécessitent
l'analyse macroéconomique qui tente d'expliquer des phénomènes économiques globaux. En
effet, pour se rendre compte de l’importance de la macroéconomie, il suffit de suivre chaque
matin ou chaque soir les médias (Radio Okapi, RFI, BBC, France 24, …). On entend souvent
quotidiennement des grands titres tels que : « la croissance des revenus rebondit », « La
Banque Centrale prend des mesures contre l’inflation »
Ces événements macroéconomiques semblent être abstraits mais affectent la vie de tous les
citoyens. En effet, les chefs d’entreprises, pour prévoir la demande de leurs produits, doivent
anticiper la hausse des revenus des consommateurs. Les personnes âgées vivant avec un
revenu fixe se demandent à quelle vitesse les prix pourront augmenter dans ‘avenir. Les
nouveaux diplômés à la recherche d’un emploi espère un rebondissement de l’économie qui
incitera les entreprises à embaucher à nouveau. Comme ces conditions économiques affectent
toutes les couches de la population, on ne pas que les problèmes macroéconomiques jouent un
rôle essentiel dans le débat politique.
Les électeurs sont bien conscients de la situation économique et de l’impact sur celles-ci des
politiques publiques. C’est pourquoi la popularité de tout président et chef d’Etat croît
pendant les périodes d’expansion et se réduit pendant les récessions. La macroéconomie joue
également un rôle en politique économique. En effet l'analyse macro-économique aide les
décideurs à comprendre l'état de l'économie et à évaluer les effets et l'efficacité des diverses
politiques pour influencer l'état global dans lequel se trouve l'économie d'un pays. En effet, la
politique macro-économique est envisagée par rapport aux objectifs d'équilibre macro-
économique (plein emploi, stabilité des prix, croissance économique).

La macroéconomie est également au centre des relations internationales. Quand on lit la


presse internationale, on réfléchit rapidement à la diversité des questions internationales. Pa
exemple, on peut se poser la question de savoir s’il était une bonne chose aux pays de l’Union
Européenne d’adopter la monnaie unique (l’euro) ? La Chine devait-elle maintenir un taux de
change fixe par rapport au dollar américain ? Comment les pays en développement peuvent-
ils augmenter leur niveau de vie ? L'objet de l'étude de la macroéconomie est donc d'analyser
et d'expliquer les agrégats économiques nationaux d'une part et d'autre part, en partant de l'état
global de l'économie, d'évaluer les diverses politiques et leurs effets.

De façon synthétique, le macroéconomiste poursuit quatre objectifs majeurs :


1. La détermination des agrégats permettant d’expliquer le comportement des groupes
d’agents : c’est l’objet de la comptabilité macroéconomique ;
2. l’étude des relations entre ces variables afin de déterminer l’existence de rapports stables
dans le temps : cela fait l’objet des lois macroéconomiques ;

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3. l’analyse des principaux déséquilibres qui peuvent apparaître entre les agrégats :
augmentation des prix, chômage, déficit des finances publiques, déficit de la balance
commerciale avec l’étranger : c’est l’objet de la modélisation macroéconomique ;
4. l’étude des moyens permettant de corriger ces déséquilibres et d’atteindre certains buts
fixés (stabilité des prix, plein emploi, équilibre extérieur, …) : c’est l’objet de la politique
économique.

La micro-économie étudie les comportements des agents économiques individuels Elle


cherche à comprendre comment les ménages et les entreprises prennent leurs décisions et
comment ces décisions influencent le marché. La micro-économie interprète donc le
comportement d'individus ou d'entreprises qui prennent des décisions, s'informent, choisissent
des stratégies. A partir des comportements individuels, elle cherche à déduire des lois
générales. Ainsi de l'étude des comportements des consommateurs, on aboutit à la fonction de
demande, celle des producteurs débouche sur la fonction d'offre. Les deux fonctions servent à
comprendre comment se forment les prix sur différentes formes de marché.
Parmi les domaines de la micro-économie on a: la formation des prix, l'analyse de la
production optimale, l'analyse de l'équilibre du marché, la répartition de revenus dans le cadre
d'une théorie de la rémunération marginale ... La micro-économie suppose que les ménages et
les entreprise: ont un comportement d'optimisation ; ils visent à atteindre leurs objectifs sous
contrainte.

Dans le modèle micro-économique les ménages organisent leur demande en vue de maximiser
leur utilité ou leur niveau de satisfaction et les entreprises fixent leur niveau de production en
vue de maximiser leur profit. Les multiples interactions entre les décisions que prennent les
ménages finissent par susciter les phénomènes qui touchent l'ensemble de l'économie. Il n'est
pas possible d'étudier l'économie dans son ensemble sans prendre en compte les décisions des
acteurs économiques individuels. Les valeurs agrégées sont en définitive la somme des
variables qui décrivent les actions des agents individuels.

La macroéconomie a donc nécessairement de fondements micro-économiques. Les deux


disciplines sont inséparables. Si l'État décide par exemple de faciliter le crédit à la
construction en utilisant le déficit budgétaire ou en laissant croître sans contrainte la masse
monétaire, cet acte est macro-économique. De nombreux décideurs individuels vont modifier
leurs décisions en tenant compte du contexte global: chacun va peut-être réviser en hausse ses
investissements, produire plus, commander plus de biens intermédiaires, distribuer plus de
revenus ... Une décision macro-économique influence ainsi la micro-économie. D'autre part,
si une entreprise d'offre de carburant décide une augmentation de ses tarifs de 30 % et que sa
part de marché est importante, elle peut avoir un effet d'entraînement. Des concurrents
suivront et hausseront également leurs prix.

De même les entreprises et services utilisant le carburant répercuteront cette hausse de prix
sur leurs coûts de revient, sur les prix de vente. L'indice général des prix va enregistrer une
hausse. Les salariés vont réclamer le maintien de leur pouvoir d'achat, c'est-à-dire des hausses
de salaire qui peuvent encore pousser à la hausse les prix. Ainsi s'enchaîne à partir d'une
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décision microéconomique tout un mécanisme de type macro-économique affectant les grands


agrégats. Alors qu'en micro-économie on s'intéresse par exemple à la consommation ou à la
production de tel bien ou tel service, en macroéconomie on s'intéresse à la demande globale
ou à l'offre globale d'une nation entière. La séparation entre les deux approches est avant tout
une question de point de vue et de méthode.
Du point de vue méthodologique, la macro économie utilise les grandeurs synthétiques de la
comptabilité nationale pour en comprendre les relations par la modélisation et la formalisation
mathématique et graphique.

0.2. Les origines de la macroéconomie

La macroéconomie émerge en tant que discours distinct au sein de la théorie économique à


l’occasion de la parution, en 1936, de l’œuvre majeure de John Maynard Keynes, intitulée, «
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». Elle apparaît alors comme une
approche critique de la conception générale de l’économie que véhicule la tradition classique,
c’est-à-dire de la représentation que celle-ci se fait du mécanisme de fonctionnement spontané
de systèmes économique.
Cette tradition classique se représente les économies dans lesquelles nous vivons sous les
traits d’économies réelles d’échange, dans lesquelles la monnaie ne joue pas de rôle
spécifique et où les marchés sont conçus comme des « lieux », autorisant, par le jeu des
mouvements des prix, la mise en cohérence de la multitude des décisions économiques. Cette
tradition classique est donc celle qui fonde rationnellement le libéralisme et la doctrine du «
laissez-faire ». En outre, cet équilibre optimal n’est bien que le résultat de la mise en
cohérence mécanique des seuls comportements individuels : la compréhension de nos
économies peut donc entièrement se résoudre dans la compréhension de ces comportements
individuels et du mécanisme qui les concilie ; l’essence de cette approche est donc
fondamentalement microéconomique.

0.2.1. L’approche classique : avant la crise

En macroéconomie, il est usuel depuis Keynes de regrouper sous le nom de théorie «


classique » le courant de pensée qui va d’Adam Smith (Recherches sur la nature et le causes
de la richesse des nations, 1776), Jean Baptiste Say (Traité d’économie politique, 1803) et
David Ricardo (Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817) jusqu’à Alfred
Marsha (Principes d’économie politique, 1890) et Arthur Cécil Pigou (La théorie du cycle du
chômage, 1933), prédécesseurs de Keynes à Cambridge (Royaume-Uni). On associe donc, en
dépit de ce qui les oppose (sur la théorie de la valeur et de la répartition), les auteurs
classiques proprement dits (A. Smith, Ricardo et J.B. Say) et les auteurs qualifiés de néo-
classiques (Marshal, Pigou et Walras).

a. Les principes de l’économie classique

Pour les néoclassiques, trois principes majeurs sont à la base de leur théorie :
- Le principe des économies de marché et à en inférer leur capacité spontanée à s’autoréguler,
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- La loi des débouchés qui exprime que l’offre créé sa propre demande, de sorte que
l’économie ne peut jamais connaître de surproduction,
- La théorie quantitative de la monnaie, selon laquelle la monnaie n’a pas d’effets réels, mais
affecte seulement le niveau général des prix.
Cette théorie se fonde sur l’idée que la monnaie n’est pas demandée pour elle-même. Les
économies étaient donc perçues dans leur nature comme des économies d’échange, réelles et
certaines.
Qu’est-ce que cela signifiait
Des économies d’échange signifient
- que toute activité économique peut y être appréhendée comme une activité marchande,
- que la coordination des activités économiques, la conciliation entre intérêts individuels et
l’optimum social s’y effectue sur des marchés,
- que la monnaie est considérée comme étant un simple instrument d’échange n’intervenant
qu’au moment des transactions. La monnaie est un voile. Elle est neutre.
- Que la monnaie n’est jamais demandée pour elle-même : les agents rationnels ne sont
victimes d’aucune illusion monétaire et ne demandent de la monnaie que pour un motif de
transaction.
Des économies certaines signifient
- Qu’il n’ya pas d’incertitude exogène qui ne soit probabilisable : une distribution de
probabilité peut être affectée aux situations futures, le futur est donc risqué, mais pas
incertain.
- Qu’il n’existe pas d’incertitude endogène : les préférences individuelles sont entièrement
révélées sur les marchés par les coéchangistes et diffusées : l’information est donc parfaite, les
échanges ne se réalisent qu’une fois les préférences révélées et ajustées. De ce qui précède,
selon l’approche néoclassique, dans nos économies, le mécanisme essentiel qui permet de
coordonner les décisions des agents économiques est donc le marché : c’est en ce sens que
nos économies sont décrites comme des économies de « marchés ». L’objet de l’analyse est
donc la représentation de ce mécanisme d’ajustement marchand, puis la recherche des
conditions de réalisation de l’équilibre général des marchés et de sa stabilité. Ces économies
ont toutes en commun de se révéler sur des marchés, c’est-à-dire de prendre la forme d’achat
ou de vente, de demande ou d’offre qui peuvent alors être confrontées les unes aux autres et
ajustées par le biais des variations de prix.

A l’équilibre, il n’y a aucun agent rationné, et chacun est satisfait de la situation économique
qui prévaut, puisqu’il réalise au regard des prix en vigueur, les transactions qu’il souhaitait
opérer : au point E, la quantité (Q*) échangé au prix d’équilibre (P*) égale à la fois la quantité
offerte et quantité demandée à ce prix.

b. Les deux principes fondamentaux de la macroéconomie (néo)classique.


La loi des débouchés

La loi des débouchés ou de Jean Baptiste Say affirme que toute production trouve
nécessairement une demande qui lui est équivalente : le fait seul de la formation d’un produit
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ouvre, dès instant même, un débouché à d’autres produits ». Dès lors, toute crise de
surproduction est impossible au niveau macroéconomique. Dans la pensée classique, il ne
peut pas y avoir de problèmes de débouchés pour les biens produits : ce n’est pas la demande
de biens qui pose problème par son insuffisance, mais c’est l’offre de biens elle-même qui
peut être limitée à un moment donné.
Les modèles classiques sont donc des modèles d’offre et les politiques libérales qu’ils
inspireront sont des politiques orientées vers l’amélioration des conditions de l’offre, et non
vers le soutien à la demande. On comprend donc que la loi repose sur une double idée : Le but
ultime d’un producteur, d’un entrepreneur, en réalisant la production de son bien, est
d’acquérir d’autres biens. Par conséquent, la monnaie n’est jamais demandée pour elle-même.
Autrement dit, l’économie monétarisée qui est la nôtre se comporte comme une économie de
troc (la monnaie est neutre sur son fonctionnement). On comprend également que l’adhésion
des classiques à la loi de Say est étroitement liée à leur conception en matière monétaire,
laquelle prend la forme de l’adoption de la théorie quantitative de la monnaie.
La théorie quantitative de la monnaie.

La théorie quantitative de la monnaie exprime qu’il existe un lien direct entre la quantité de
monnaie en circulation dans l’économie au cours d’une période, le niveau général des prix de cette
économie : plus le stock de monnaie en circulation est important, plus le niveau général des prix
est élevé ; L’explication moderne de cette relation a été fournie par Irving Fisher. Le point de
départ de cette explication est un constat, celui d’une identité comptable entre d’une part la valeur
totale
nominale (en monnaie) des biens échangés dans une économie pendant une période de temps
donné (càd, en fait, le revenu nominal) et d’autre part la valeur totale de la dépense globale en
monnaie, soit : Par la suite, et puisque : Le dépense totale est le produit du stock total de
signes monétaires disponibles dans l’économie, M, par la vitesse de circulation de la monnaie,
v ; Le revenu nominal total est le produit de la production vendue en volume (en termes
réels), Q par le niveau général des prix. On a : PxQ = M x v ; On suppose ici que la vitesse de
la circulation de la monnaie v est un paramètre constat _ v = v et puis le volume de la
production Q échangé est déterminé avant la réalisation effective des transactions dans la
sphère réelle, et donc est insensible au déroulement des échanges monétaires : _ Q =Q ; On
peut alors écrie ⇒∆M ⇒ ∆P Toute variation du stock de monnaie se répercute par un lien
direct sur le niveau général de prix.
On comprend donc que la théorie quantitative est bien plus que la simple mise en évidence de
cette relation causale et qu’elle est une expression synthétique de la pensée monétaire
classique.

0.2.2. La critique keynésienne de l’école classique

Pour J.M.Keynes, l’économie doit se concevoir autrement Dans son projet sur l’étude des
variations de la production et de l’emploi, Keynes veut démontrer que le fonctionnement
spontané des économies capitalistes n’est pas harmonieux, qu’il débouche sur des situations
de sous-emploi massif de facteurs, en particulier sur un chômage involontaire de main-
d’œuvre. Dans les termes classiques, Keynes veut démontrer que le « marché » du travail peut
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se clore dans une situation où demeure du chômage involontaire, et ce en dépit d’une


flexibilité des salaires. La véritable attaque de Keynes concernera donc la loi de Jean Baptiste
Say. Pour fonder la démonstration voulue par Keynes, il faut admettre que les entrepreneurs
ne sont pas certains de leurs débouchés : il ne leur sert alors rien d’accroître l’emploi, si le
supplément de production qui en découle ne peut pas être
Revenu nominal= Dépense totale
Revenu nomina= Dépense totale
PxQ = M x v ; On suppose ici que la vitesse de la circulation de la monnaie v est un paramètre
constat _ v = v et puis le volume de la production Q échangé est déterminé avant la réalisation
effective des transactions dans la sphère réelle, et donc est insensible au déroulement des
échanges monétaires : _ Q =Q ;
On pet alors écrie ⇒∆M ⇒ ∆P Toute variation du stock de monnaie se répercute par un lien
direct sur le niveau général de prix. On comprend donc que la théorie quantitative est bien
plus que la simple mise en évidence de cette relation causale et qu’elle est une expression
synthétique de la pensée monétaire classique.

0.2.2. La critique keynésienne de l’école classique

Pour J.M.Keynes, l’économie doit se concevoir autrement Dans son projet sur l’étude des
variations de la production et de l’emploi, Keynes veut démontrer que le fonctionnement
spontané des économies capitalistes n’est pas harmonieux, qu’il débouche sur des situations
de sous-emploi massif de facteurs, en particulier sur un chômage involontaire de main-
d’œuvre. Dans les termes classiques, Keynes veut démontrer que le « marché » du travail peut
se clore dans une situation où demeure du chômage involontaire, et ce en dépit d’une
flexibilité des salaires. La véritable attaque de Keynes concernera donc la loi de Jean Baptiste
Say. Pour fonder la démonstration voulue par Keynes, il faut admettre que les entrepreneurs
ne sont pas certains de leurs débouchés : il ne leur sert alors rien d’accroître l’emploi, si le
supplément de production qui en découle ne peut pas être vendu. Une situation de chômage
involontaire, en dépit d’une flexibilité des salaires réels n’est donc envisageable que
moyennant l’invalidation de la loi de Say. En outre, cette invalidation de la loi de Say devra
conduire logiquement à remettre à cause la théorie quantitative de la monnaie selon laquelle la
monnaie est neutre et n’est jamais demandée pour elle-même. a. Nature de l’économie
keynésienne La nature de l’économie keynésienne est telle nous vivons dans des économies
monétaire de production. De ce fait, nous vivons dans des économies de production,
incertaines et monétaires. Qu’est-ce que cela signifie ? Des économies de production
signifient que : L’activité économique s’organise autour de a mise n œuvre, par les
entrepreneurs, de la production qui est un acte économique spécifique qui ne se réduit pas à
un acte marchand (achat des facteurs et vente de produits). Que l’économie n’est donc pas une
économie « de marché » au sens précis, où l’entendent les néoclassiques d’une économie
dotée naturellement de « lieux », « d’institution » où pourraient s’ajuster mécaniquement les
décisions économiques. Il n’existe pas en particulier de marché du travail où les décisions
d’offre de travail des ménages et les décisions de demande de travail des firmes pourraient
s’ajuster les unes aux autres par l’intermédiaire des variations, dans le sens indiqué par le
signe de la demande excédentaires, des salaires réels.
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Des économies monétaires ; Cela signifie que : La monnaie est davantage un simple
instrument des échanges. C’est d’abord l’unité de compte des transactions puis un moyen de
paiement ensuite un moyen de détention privilégiée de la richesse. La monnaie n’est pas
neutre. L’existence d’une préférence pour la liquidité va rompre de lien entre offre globale et
demande globale et peut être facteur de crise.
Des économies incertaines cela signifie que L’activité économique se déroule dans un
monde caractérisé par l’existence d’une incertitude radicale (non probabilisable). Les
anticipations jouent dès lors un rôle essentiel. Elles revêtent une forme souvent
conventionnelle, les agents ayant tendance à conformer leurs décisions à celle de l’opinion
commune telle qu’ils se la représentent.

c. Les deux principes fondamentaux de la macroéconomie keynésienne


Le principe de la demande effective.
Dans la construction positive de Keynes, les volumes de la production et de l’emploi ne se
déterminent donc pas comme résultat du fonctionnement du marché du travail, mais sont
déterminés par les entrepreneurs en fonction de leurs anticipations de débouchés. Le
principe de la préférence pour la liquidité : critique de la théorie quantitative de la
monnaie. Trois « variables » peuvent influencer le niveau d’activité par les entrepreneurs, et
donc le niveau d’emploi :
Le niveau de consommation anticipé, qui dépend principalement de la propension marginale à
consommer de la communauté, telle que la perçoivent les entrepreneurs. Or ce paramètre est
considéré comme stable, dépendant pour l’essentiel d’un comportement psychologique qui ne
se modifie pas à court terme.
La marge minimale de profit exigée par les entrepreneurs : plus celle-ci est importante, plus
le prix de l’offre sera élevé, et moins le niveau d’emploi sera élevé ; mais alors il s’agit d’une
convention stable à court terme, et en particulier difficile à influencer de la part des autorités.
Le niveau d’investissement.
Seule donc cette dernière variable est susceptible de varier dans la courte période, en même
temps qu’elle est susceptible d’être influencée par les autorités.
• Le taux de l’intérêt n’est pas le prix de la renonciation à la consommation mais une
incitation
• Le taux de l’intérêt n’est pas une variable d’ajustement, sur un marché du capital (des fonds
prêtables), entre une offre (d’épargne) et une demande (d’investissement).
En revanche pour Keynes :
• Le taux de l’intérêt est le prix de la renonciation à la liquidité
• Le taux de l’intérêt est donc la variable (monétaire) qui ajuste l’une à l’autre la préférence
pour la liquidité (la demande de monnaie pour elle-même résultant des motifs de précaution et
de spéculation) et la quantité de monnaie disponible. Keynes est un défenseur de l’économie «
libérale » qui, au nom de cette défense, plaide pour l’implication massive des Etats dans le
fonctionnement économique.

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Chapitre 1 MACROECONOMIE ET COMPTABILITE NATIONALE

La macroéconomie s'intéresse aux grandeurs synthétiques qui quantifient les résultats de


l'activité économique de l'ensemble du pays. On passe donc de l'activité économique des
agents individuels à l'activité économique nationale. Ce passage nécessite la synthèse des
informations des agents individuels et leur considération pour l’ensemble de l'économie. La
comptabilité nationale aide à effectuer ce passage, en effet, c'est un système d'informations
comptables fournissant une quantification du circuit économique national pour une période
donnée.
Elle regroupe les agents économiques individuels en catégories homogènes: les ménages, les
entreprises, les institutions financières, les administrations et le Reste du Monde. En plus la
comptabilité nationale agrège les flux correspondant à des opérations de même nature et ayant
un rôle identique dans le processus économique global: le flux de consommation finale des
ménages, le flux des investissements des entreprises ... Un agrégat est une grandeur
caractéristique de l’économie.
Les comptes de la nation sont le résultat chiffré de l’activité économique du pays au cours de
l’année. La comptabilité nationale s'inscrit dans un triple cadre:
- Cadre spatial: elle s'intéresse aux phénomènes économiques qui concernent une économie
nationale donnée.
- Cadre temporel: elle est une comptabilité d'exercices qui analyse les opérations économiques
réalisées au cours de chaque année.
- Cadre comptable: la comptabilité nationale décrit le fonctionnement annuel du circuit
économique national sous forme d'enregistrement dans un ensemble structuré de comptes.
La comptabilité nationale calcule des grandeurs globales des moyennes nationales: des
chiffres synthétiques. Ce sont ces agrégats nationaux qu'utilise l'analyse macro-économique.

I.1. Principaux problèmes macroéconomiques:

1. Le chômage
Le chômage est une situation de l'emploi national telle qu'il y a un nombre d'individus qui
sont demandeurs de travail mais qui sont dépourvus d'emplois. Il est mesuré par le taux de
chômage, c'est-à-dire le pourcentage de la population active en chômage.
La macroéconomie se pose des questions à propos du chômage: Pourquoi le chômage
augmente-t-il ? Les travailleurs s'excluent-ils eux -mêmes des emplois par des revendications
salariales exagérées ? Un chômage élevé est-il nécessaire pour contenir l'inflation ? L'Etat
pourrait-il créer davantage d’emplois ? Quelles sont les conditions du plein emploi ? Toute
économie se caractérise par l'efficacité avec laquelle elle utilise ses ressources notamment la
main-d'œuvre.
A tout moment, toute personne en âge de travailler peut se retrouver dans l'une des trois
situations suivantes: « ayant un emploi »; « n'ayant pas d'emploi », « ne souhaitant pas
travailler ». Les informations statistiques sur l’emploi et sur le chômage répondent à deux
types de préoccupations essentielles, l’une relative à l’appareil productif, l’autre aux
travailleurs. L’appareil productif a besoin de main-d’œuvre dont le niveau quantitatif et

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qualitatif est fonction de plusieurs variables : conjoncture économique, technologie utilisée,


durée du travail, organisation du travail …
Les ressources de main-d’œuvre varient selon la structure par âge de la population, sa
formation, l’âge de la retraite etc., selon l’importance de la demande des entreprises, le niveau
de l’investissement, le niveau de la consommation etc. L’ensemble des offres d’emploi des
entreprises et des demandes d’emploi des travailleurs constitue le marché du travail. La
population active est constituée par les personnes en âge de travailler et désirant travailler.
La population totale comprend la population active et la population inactive. La population
active est composée des chômeurs et des personnes actives ayant un emploi. Le taux de
chômage mesure la part des citoyens souhaitant travailler mais qui ne trouvent pas d'emploi.
Population active = nombre de personnes ayant un emploi + nombre de personnes en âge de
travailler n'ayant pas d'emploi. Un indicateur de santé important pour l’économie est letaux de
chômage. On le mesure comme la proportion de chômeurs au sein de la population active,
c’est-à-dire de la population en âge de travail et désireuse de travailler : Taux de chômage (en
%) = Nombre de chômeurs/population active Population totale - population inactive =
population active.
Population active-population au travail = personnes au chômage
Taux d'activité= population active/population en âge de travailler.
Taux de chômage = Nombre de personne n'ayant pas d'emploi/Population active. Cependant
toute personne qui n’a pas d’emploi ne cherche pas obligatoirement du travail et n’est donc
pas nécessairement chômeur. Selon le Bureau International du Travail est chômeur toute
personne qui est même de travailler, n’a pas d’emploi et cherche un travail rémunéré.

Mais il n’est pas aisé de déterminer exactement le nombre de chômeurs. En effet, beaucoup de
questions se posent : - Peut-on qualifier de chômeur le comédien qui, entre deux films, est
sans emploi réel ? - Peut-on qualifier de chômeur l’étudiant qui ne trouve pas d’emploi
pendant les vacances scolaires ? - Peut-on qualifier de chômeur le travailleur qui travaille une
heure par jour ? Le marché du travail peut être en équilibre si, pour un niveau donné de
salaire, quantité de travail offerte et quantité demandée s’ajustent. Le marché est déséquilibré
si les offres et demandes ne s’équilibrent pas. Le marché est en situation de sous-emploi si la
demande d’emploi excède l’offre. Le marché est en situation de suremploi si l’offre excède la
demande.
Le rôle du macro économiste est d’expliquer les raisons de la montée du chômage, d’évaluer
les politiques de protection mises en place par l’Etat (la Sécurité sociale) ou encore les
politiques de lutte contre le chômage.

2. L'inflation
L'inflation c'est la hausse généralisée du niveau des prix. Au sens strict il y a inflation lorsque
le niveau général des prix augmente de façon auto entretenue. L'inflation se traduit
notamment par la hausse de l'indice du coût de la vie. Cependant, il faut que cette hausse dure.
Elle peut être relativement importante.
L'inflation est mesurée par le taux d'inflation qui est un indicateur de l'augmentation en
pourcentage des niveaux moyens des prix des biens et services. La mesure de l'inflation est un
taux de croissance annuelle, en pourcentage, de l'indice des prix de détail et des prix à la
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consommation. Pour étudier l'inflation, on se sert des indices. Ils permettent de mesurer
l'évolution des prix d'une période courante par rapport à une période de référence.
A propos de l'inflation, l'analyse macroéconomique peut se poser les questions suivantes:
Quelle est la cause de l'inflation ? La masse monétaire ? Les syndicats ? Pourquoi est-il
important de s'en soucier ? Quelles en sont les conséquences ? Est-elle responsable du
chômage? Il y a plusieurs explications de l'inflation. Nous pouvons en citer deux groupes:
- Pour les monétaristes, l'inflation est expliquée principalement par la demande. En effet une
augmentation de l'offre de la monnaie accroît l'encaisse des agents économiques, la demande
augmente, le prix hausse.
L'inflation est alors tirée par la demande (demand pull) et tous les facteurs qui la déterminent
(expansion rapide de la masse monétaire, déficits budgétaires…).
- D'autres expliquent l'inflation par l'offre: la hausse des prix est expliquée par une
augmentation des coûts de production dont les causes peuvent être complexes. L'inflation est
alors poussée par les coûts (cost push) par exemple la hausse des prix pétroliers, la hausse du
taux de change pour une économie ouverte ...

L'inflation a diverses conséquences: elle a de l'influence sur la production. En effet, l'inflation


crée l'incertitude chez les producteurs et contribue à ralentir la croissance économique.
D'autre part, l'inflation a également une influence sur le coût de la vie. Si les salaires ne sont
pas indexés, l'inflation détériore le pouvoir d'achat des travailleurs. L'inflation peut également
entraîner une fuite devant la monnaie.

3. Le produit et la croissance
Le niveau d’activité économique est généralement mesuré par le produit national brut (PNB)
qui mesure la production d’une économie nationale au cours d’une période donnée,
généralement l’année. On note Yt le produit national à l’année t. On rencontre également un
autre terme qui est le produit intérieur brut (PIB). L'agrégat généralement utilisé est le PIB. Il
mesure la valeur de tous les biens et services finis produits à l'intérieur d'un pays pendant une
période donnée (habituellement 1 an). En comparant une période à une autre de référence, si
on observe une augmentation du PIB, on parle de croissance économique.
Elle est mesurée par le taux de croissance annuelle en pourcentage. Pour François Perroux, la
croissance c’est l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, pour une
nation, de son produit global net en termes réels. Certaines questions sont soulevées par
l'analyse macroéconomique: quels sont les déterminants du niveau du PIB ? Le chômage
signifie-t-il que le PIB réel est plus faible? Pourquoi la croissance est-elle plus vive dans
certains pays que dans d'autres?
4. La politique macroéconomique
Les gouvernants font face aux problèmes de l'inflation, du chômage et du ralentissement de la
croissance. La politique macroéconomique représente différentes mesures prises par les Etats
pour influencer l'état de l'économie nationale. Les décisions gouvernementales doivent être
basées sur une analyse de la marche de l'économie pour établir ainsi les priorités ou le
jugement des valeurs. Ainsi, l'Etat peut lever des impôts, engager des dépenses, réguler la
masse monétaire, réglementer le taux d'intérêt et le taux de change, fixer ses objectifs pour la
production, fixer les prix des secteurs nationalisés, etc.
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I.2. Cadre général: une vue d'ensemble


1. Le circuit économique
Une économie complète compte plusieurs millions d'unités économiques distinctes: ménages,
entreprises, autorités publiques. Leurs décisions déterminent la dépense totale de l'économie,
son revenu total et sa production totale de biens et services. Les interactions entre agents
économiques sontschématisées dans un circuit économique qui représente les flux des biens et
services et les flux monétaires qui en résultent. L'utilisation comptable du circuit économique
exprime une approche macroéconomique qui met en évidence l'interdépendance des unités
institutionnelles lors des opérations principales qui les relient: production, échange,
financement, consommation, fiscalité, prestations sociales, ...
Le circuit comprend ainsi des aspects monétaires: achat de biens et services, versement de
salaires, impôts et cotisations sociales, allocations ... ; et des flux réels dont la nature plus
matérielle correspond au travail, aux marchandises qui circulent etc.
De façon simplifiée, on peut considérer les interactions entre les ménages et les entreprises sur
base des transactions entre ces agents :

MENAGES ENTREPRISES
Possèdent les facteurs de production Utilisent les facteurs de production
qu'ils offrent aux entreprises offerts par les ménages pour produire
des biens et services
Reçoivent les revenus des entreprises Rémunèrent les ménages en
en échange de la fourniture des contrepartie de l'utilisation des
facteurs de production facteurs de production
Dépensent pour acquérir les biens et Vendent les biens et services aux
services produits par les entreprises ménages

En schématisant, ces transactions donnent lieu aux transferts des ressources réelles ou flux
réels et aux transferts monétaires ou flux d'argent. ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;
Ce schéma suggère trois façons de mesurer le niveau de l'activité économique dans une
économie.
On peut mesurer la valeur des biens et services produits, le niveau des revenus des facteurs de
production qui représentent la valeur des services des facteurs offerts. On peut enfin évaluer le
montant des dépenses consacrées à l'achat des biens et services. Comme tous les paiements
constituent la contrepartie des transferts des ressources réelles (flux réel) et comme il est
supposé que tous les paiements (revenu) sont réutilisés pour acheter des ressources réelles, on
obtient nécessairement la même évaluation de l'activité économique totale en mesurant la
valeur de la production, les niveaux de revenus des facteurs ou la demande des biens et
services (dépenses). Les revenus des facteurs sont nécessairement égaux aux dépenses des
ménages puis qu'il est supposé que tout le revenu est dépensé.
La valeur de la production ou du produit est nécessairement égale au total des dépenses
consacrées aux biens et services puisqu'il est supposé que tous les biens et services sont
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vendus. Ce modèle reste simple. En effet que se passe-t-il si les entreprises ne vendent pas
toute leur production? Que se passe-t-il si elles vendent leur production non pas aux ménages
mais à d'autres entreprises? Que se passe-t-il si les ménages ne dépensent pas la totalité de
leurs revenus ?
En tenant compte de ces possibilités, le niveau de l'activité économique peut toujours être
mesuré en évaluant la demande totale, la production totale ou les revenus totaux. Les trois
méthodes fournissent la même réponse. Ces méthodes sont utilisées par la comptabilité
nationale. Elle permet de relier les flux de paiement à ceux des moyens de production et des
biens et services produits. Ce cadre permet d'explorer le comportement de l'ensemble de
l'économie. Une augmentation de l'offre des facteurs de production ou des progrès
technologiques permet à l'économie de croître en produisant davantage des produits; cela
conduit à une hausse de revenus et des dépenses des ménages qui assure à la population
nationale un niveau de vie plus élevé. Une diminution des ventes des biens et services conduit
les entreprises à contracter le niveau de leur production, à réduire leur utilisation des facteurs;
il y a chômage de la main d'œuvre et une sous-utilisation des autres facteurs tels que les
machines. Le revenu des ménages baisse, ce qui les conduit à réduire leur demande. Il y a
ainsi de nouvelles diminutions de la production et de l'utilisation des facteurs. On peut donc se
demander jusqu'où ira ce processus ou si l'économie dans son ensemble dispose d'un
mécanisme qui rétablit automatiquement le plein emploi. On peut également chercher à savoir
ce qui se passe quand les ménages veulent dépenser plus que la valeur des biens produits. Ce
circuit économique simple montre qu'il y a des interactions qui ont une importance majeure
dans l'étude de l'ensemble de l'économie. Certes ce schéma simplifié ne prend pas en compte
d'autres caractéristiques importantes de l'économie: l'épargne et l'investissement, les dépenses
publiques et les impôts, les transactions entre entreprises et avec le reste du monde. Un
système complet de comptabilité nationale intègre toutes ces dimensions.
2. Mesurer le PIB
Le P.I.B. mesure la valeur de tous les biens et services produits à l'intérieur d'un pays pendant
une période donnée. Le P.I.B. est un ensemble de production réalisée par des agents
économiques, pourvu que cette production soit réalisée à l'intérieur du territoireadditionne les
valeurs ajoutées (VA) dans l’économie, c'est-à-dire l'augmentation des valeurs des biens qui
résulte du processus de production.
P.I.B. = ∑.V.A. Le bien ou le service est comptabilisé dans le P.I.B. de l'année de sa
production. Au concept de valeur ajoutée est liée la distinction entre bien final et bien
intermédiaire. Le bien final est acheté par l'utilisateur final. Les biens intermédiaires sont des
biens semi-finis qui sont consommés dans le processus de production.
3. Les autres mesures du revenu
3.1. Le produit national brut
Le PNB est égal à la somme du P.I.B, des revenus (salaires, dividendes, intérêt, loyer) reçus
du reste du monde de laquelle on déduit les revenus versés au reste du monde. Le P.N.B
considère le critère de nationalité. Le P.N.B net représente le PNB duquel on déduit
l'amortissement. Par amortissement on considère la mesure de la perte annuelle de la valeur
du capital fixe. Il constitue un coût parce que le maintien de la capacité de production exige
que des ressources soient affectées au remplacement de la partie amortie du capital.
3.2. Le revenu national
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Par revenu national, on entend l'ensemble des rémunérations gagnées conjointement par tous
les agents d'une économie. Ce revenu a comme composantes : - Rémunérations des salariés; -
Bénéfices des entreprises ; - Intérêts nets: intérêts perçus sur le territoire national + intérêts
perçus du monde extérieur ; - Intérêts payés; - Revenus de la propriété des particuliers et de
l'Etat ; - Revenus des entrepreneurs individuels, revenus des indépendants et des professions
libérales. De ces rémunérations, on déduit les impôts liés à la production et à l'importation.
Revenu national = PNN - impôts liés à la production et aux importations Le revenu national
représente ainsi la valeur monétaire de l'ensemble des rémunérations ou gains perçus par les
agents économiques pendant une période donnée. C'est la sommation des salaires, des revenus
de la propriété foncière et mobilière, des intérêts, des bénéfices des entreprises, des profits des
sociétés, des rémunérations des professions libérales et des revenus de l'Etat. national au
cours d'une période. Pour éviter de compter doublement les productions réalisées, le P.I.B.
4. Les composantes de la demande
a) les ménages et les entreprises
L'investissement se définit comme l'acquisition des biens d'équipement par les entreprises
dans un objectif de production. L'épargne est la fonction du revenu qui n'est pas dépensée en
achat des biens et services; c'est-à-dire qui n'est pas consommée. Considérons la valeur du
PIB Y qui est aussi égal au montant du revenu des ménages. Si C est la demande de
consommation des ménages et S leur épargne, on a : Y = C + S (l) => S = Y - C De même, le
PIB peut être mesuré par la somme des demandes finales de consommation et
d'investissement: Y = C + I (2) donc C = I (3) De la relation (3), il ressort que la somme
investie est égale à la somme épargnée. Celle-ci est canalisée par les banques vers les
demandeurs des capitaux qui empruntent pour investir dans les nouveaux biens d'équipement.
Une question peut se poser: le PIB étant mesuré par le prix du marché, que se passe-t-il si les
entreprises ne vendent pas toute leur production? Il y a donc constitution de stock. Les biens
ne sont pas intégralement consommés au cours de la période retenue. Les stocks sont des
biens détenus actuellement par une entreprise en vue d'une production ou d'une vente future.
Comme ils n'ont pas été consommés intégralement dans la production ou vendus pendant la
période, les stocks sont classés dans le capital. L'augmentation de stock est l’investissement
en capital circulant. Quand les stocks baissent, on peut parler désinvestissement.
b) L'Etat
Il est important de faire intervenir également le rôle de l'Etat. Les administrations publiques
collectent des recettes par des impôts directs (Td) prélevés sur les revenus (salaire profits,
intérêts, rentes) et par des impôts indirects (Tb) appelés aussi impôts sur la dépense (ex. tva,
taxes sur les produits pétroliers, taxes sur les cigarettes). L’Etat a trois missions
fondamentales (distinguées par Musgrave):
1. L'affectation ou l'allocation des ressources (mission allocative) : l'État doit prendre en
charge la production de certains types de biens et appliquer une tarification au coût marginal,
et promouvoir les activités générant des externalités positives et endiguer celles qui
produisent des externalités négatives. L'État doit aussi produire les biens collectifs, les
infrastructures.
2. La redistribution des revenus et des patrimoines (mission redistributive) : cette fonction
sert à réduire les inégalités.

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3. La régulation de la conjoncture économique (mission régulatrice) : l'État doit stimuler


l'activité économique, créer un environnement favorable aux affaires (code des
investissements, code fiscal etc.). En plus comme le marché ne mène pas toujours à une
situation optimale, L'État doit donc utiliser ses instruments de politique de manière contra-
cyclique. Les recettes collectées par l’Etat peuvent financer deux sortes des dépenses: d'une
part, les administrations publiques achètent des biens et services. Il s'agit des dépenses de
consommations gouvernementales (G).
Elles incluent aussi les dépenses servant à payer les traitements des fonctionnaires civils et
militaires, l'achat des outils et des équipements, au financement des programmes
d'investissement pour les routes et les hôpitaux etc. D'autre part, l'Etat dépense aussi pour
financer les transferts (F) qui comprennent: des pensions, des allocations diverses, des
subventions diverses, etc. Les transferts sont des paiements sans fourniture des biens et
services en contrepartie. Par les impôts et les transferts l'Etat redistribue le revenu.
L'évaluation du PIB au prix du marché doit donc inclure la dépense publique en biens et
services.
En évaluant la consommation C, l'investissement I et la dépense publique en biens et services
G, aux prix du marché, le produit de l'économie est donné par la relation (4). Si Y = C+S (1) ;
Y = C + I (2) ; S = I (3)
PIB = Y = C+I+G (4) (PIB au prix du marché) Nous utilisons le symbole Y pour désigner le
PIB. Dans C et G aux prix du marché sont compris des impôts indirects qu'il faut déduire pour
obtenir le PIB au coût des facteurs. Ainsi en retranchant les impôts indirects, le produit de
l'économie est évalué par: PIB = Y = C+I+G-Tb (5) (PIB au coût des facteurs). Le membre de
droite de l'identité (5) est l'évaluation du PIB par la demande finale par le produit net, chacun
étant mesuré au coût des facteurs.
Le membre de gauche de (5) et l’évaluation du PIB au coût des facteurs mesuré par le revenu.
Par l’intermédiaire de la rémunération des facteurs de production et des profits, les entreprises
payent aux ménages la valeur exacte du produit net mesuré aux prix qu’elles reçoivent
réellement, c’est-à-dire nets des impôts indirects. Ainsi, les évaluations du PIB au coût des
facteurs par le produit, la demande et le revenu sont toutes trois égales.
L'identité (5) indique pourquoi on ne doit pas inclure les impôts directs Td ou les transferts F
dans l'évaluation du PIB fondée sur le revenu. Ils ne correspondent pas à une production
réelle. Pour un niveau donné du produit et de la demande, les impôts directs et les transferts
ne font que modifier la façon dont le revenu total est partagé entre les différents ménages. Ils
n'influent pas sur le revenu total lui-même.

Des taux d'imposition plus élevés augmentent la valeur du PIB au prix du marché.
La valeur du produit n'est donc pas due à un effort productif mais à un accroissement de
l'imposition. Le transfert constitue une composante du revenu disponible. Les revenus des
ménages Y sont complétés par les transferts F, diminués des impôts directs Td. Le revenu
disponible au coût des facteurs est la somme des revenus des ménages après impôts directs et
des transferts. Revenu disponible Yd = Y+F-Td. Il faut alors modifier la définition de
l'épargne avec la prise en compte du secteur public. L'épargne est la fraction du revenu
disponible qui n'est pas consommée: S = Y-C

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S = (Y+F-Td)-C (6) L'identité (6) implique que le PIB au coût des facteurs est donné par: Y =
C + S-F +Td En comparant cette identité par rapport à (5), on a: Y = C +I +G - Tb (5) et Y =
C + S -F + Td (6); comme ces expressions sont identiquement égales, on a: C+I + G-Tb = C +
S-F +Td =>I + G + F =S +Td + Tb (7a) G+F-Td-Tb =S-I (7b). (I +G +F) représente le flux
injecté dans le circuit de payement: la demande d'investissement des entreprises, les dépenses
publiques en biens et services et les transferts font rentrer de l'argent dans le système. (S + T d
+ Tb) représente le flux qui sort du circuit de payement par l'intermédiaire de l'épargne des
ménages et des impôts payés à l'État. (S - I) représente un solde de l'épargne: s'il est positif,
c'est un excédent financier du secteur privé. (G + F - Td -Tb) représente le solde des
ressources et dépenses de l'Etat.
Cette grandeur représente le déficit financier du secteur public au cas où les dépenses sont
supérieures aux ressources. Le secteur privé et le secteur public peuvent connaître un déficit
ou un excédent. Il faut que le retrait net du circuit (S-I) soit exactement compensé par les
injections nettes du secteur public (G +F - Td- Tb). c) La prise en compte du reste du monde
Progressivement, on peut ajouter à ces relations les transactions avec le reste du monde, dans
l'hypothèse d'une économie ouverte qui échange avec les autres pays.
Les ménages, les entreprises et l'Etat peuvent acheter des importations (M) ; les importations
sont des biens produits à l'étranger mais achetés en vue d'une utilisation dans l'économie
nationale. Elles ne font pas partie du produit intérieur et ne figurent pas dans l'évaluation du
PIB fondé sur la production du pays. Mais les importations figurent dans la demande finale.
Les exportations sont les biens produits à l'intérieur du pays mais vendus à l'étranger. Elles
représentent une partie de la production du pays bien qu'elles soient destinées à une
consommation extérieure. On mesure donc la demande finale de la production intérieure en
additionnant la consommation, l'investissement, les dépenses publiques et les exportations.
On en déduit les importations. Demande finale = C+I+G+X-M = C+I+G+XN (XN =
exportations nettes, c'est-à- dire (X-M).
Dans une économie, ouverte, on peut intégrer la présence d'échanges commerciaux avec
l'étranger en redéfinissant comme suit le PIB au coût des facteurs. Y = C+I+G+ X-M-Tb =
C+I+G+XN-Tb (8). Les importations représentent une fuite d'argent hors du circuit de
paiement et les exportations constituent une injection d'argent dans ce circuit.
En combinant les relations (8), (6) et (7a), on a : (5) Y= C+I+G-Tb (6)
SS= (Y+F-Td)-C .
En économie ouverte S-I = G+F-Tb-Td+X-M
S-I = (G+F-Tb-Td) + XN (9b)
(S-I) représente le solde financier du secteur privé; (G+F - Td- Tb) représente le solde des
ressources et des dépenses de l'État; si les dépenses excèdent les ressources, c'est une situation
de déficit du secteur public. XN représente le solde du commerce extérieur ou exportations
nettes; si les M excèdent les X, la Nation connait un déficit de son commerce extérieur.
L'excédent du secteur privé doit être équilibré par le déficit budgétaire de l'Etat et le déficit
commercial extérieur (9b).
5. Approches de mesure du PIB

a) Par les produits

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Par cette approche, le PIB est la valeur monétaire de l'ensemble des biens et services produits
dans une économie pendant une période donnée. Comme ce produit est évalué au prix du
marché, pour éviter de créer le double emploi, on additionne les valeurs ajoutées par stade de
production des biens et services. L'addition des valeurs ajoutées dans toutes les entreprises et
tous les secteurs de l'économie conduit à estimer le PIB. Cependant les prix auxquels
s'échangent les produits sur le marché comprennent les taxes indirectes prélevées par l'Etat sur
les transactions. Une estimation non biaisée nécessite de déduire ces taxes.

b) Par les revenus


Le revenu national est la valeur monétaire de l'ensemble des gains provenant soit de l'activité
économique, soit du placement de certains biens de valeur pendant une période donnée. Il
s'agit des rétributions qui reviennent aux ménages, aux entreprises et à l'Etat. L'ensemble de
ces revenus est égal au PIB déduit des revenus des facteurs reçus du reste du monde net de
ceux versés au reste du monde. On en déduit également les impôts liés à la production et à
l'importation.

c) Par les dépenses


Le PIB représente la valeur monétaire de la somme des dépenses effectuées pour des biens et
services pendant une période donnée par l'ensemble des agents économiques. En additionnant
toutes les dépenses liées à la production dans un pays, on obtient donc le PIB de ce pays. En
économie, ces dépenses constituent ce qu'on appelle la demande globale. La comptabilité
nationale regroupe les demandes globales en trois catégories: la consommation,
l’investissement et les dépenses nettes à l’étranger. Au sein des dépenses de consommation,
on distingue la consommation privée et consommation publique.
Dans l'investissement appelé aussi formation brute de capital fixe, on range non seulement les
achats des machines et d'équipement par les privés ou l'Etat mais aussi la constitution des
stocks.
Exemple 1 : Soient les données suivantes d'une économie (en millions $)
- Variations des stocks : 2,823
- Dépenses privées en biens et services: 400, 148
- Importations des biens et services: 201, 835
- Dépenses publiques en biens et services: 1 33,038
- FBCF = 150,188
- Exportations des biens et services: 193,045
a) Déterminez les exportations nettes
b) Calcules le PIB sous l'angle des dépenses
Exemple 2 : Soient les éléments suivantes (en millions de $) :
- dépenses personnelles en biens et services: 25,280
- salaire, traitement et revenus dépenses publiques en biens et services: 5,181
- Revenus des entreprises individuelles: 3,458
- Investissement: 4,384 - Importations des biens et services: 7,222
- Bénéfices des sociétés: 8,533
- Revenus des exploitants agricoles: 1,026
Exportations des biens et services : 6,709
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- Intérêts et revenus de placement: 1,174


Déterminez le PIB : sous l'angle de revenu et sous l'angle de dépenses
Remarque
Bien que le PIB soit le meilleur indicateur pour mesurer l'activité économique d’un pays il
n'est pas parfait parce qu'il ne tient pas compte de toutes les activités économiques.
Dans le calcul du PIB, on tient compte de toutes les activités économiques et de tous les
revenus déclarés au gouvernement. Les activités non déclarées ne sont donc pas
comptabilisées. Par les activités omises, on peut citer: l'autoconsommation, le travail
bénévole, les activités illégales, l'économie informelle, les travaux ménagers ...
Le PIB présente une limite comme critère de comparaison des pays. En 1990, le PIB de l'Inde
était de 900 milliards de dollars canadiens et celui du Canada de 57 milliards. On peut en
conclure que l'Inde était alors plus riche que le Canada.
En comparant le PIB par habitant, l'écart se creuse en défaveur de l'Inde. Le PIB ne
permettant pas non plus de mesurer le bien être de la population, le type de production influe
sur la qualité de vie de la population. Le pays produit-il des armes ou des biens de
consommation, les activités productives sont-elles polluantes ou réalisées dans le respect de
l'environnement? Le PIB ne donne pas des indications là-dessus.
En plus, un PIB important peut masquer des situations d'inégalités au sein de la population.
L'indice de développement humain (IDH) a été introduit pour pallier certaines limites du PIB
dans la mesure du bien-être de la population.

Chap. 2 LES COMPOSANTES DE LA DEMANDE

II.1. La fonction de la consommation

L’approche néoclassique de la consommation est fondée sur l’étude microéconomique des


comportements individuels du consommateur. La thématique centrale est la suivante :
comment, pour un revenu donné, le consommateur représentatif choisit-il entre les différents
biens offerts par le marché ? Par extension, l’analyse néoclassique de l’épargne examine les
choix entre la consommation de biens présents et la consommation de biens dans le futur.
L’épargne est ainsi conçue comme un désir de consommation différée.
La variable déterminant ce partage entre consommation et épargne est là encore un prix, le
taux d’intérêt, prix d’équilibre du marché du capital.
La perspective keynésienne se situe quant à elle aux antipodes de la démarche néoclassique.
Elle se veut d’emblée macroéconomique, en se centrant sur la consommation agrégée de
l’ensemble des ménages. Pour Keynes, le facteur déterminant cette fonction de consommation
est le revenu (les prix étant considérés comme rigides e période de sous-emploi). Concernant
l’épargne, elle n’est pas selon lui le résultat d’une volonté de transfert des consommations
vers le futur, mais fondamentalement une renonciation à la consommation. Elle relève d’un
paramètre macro psychologique.
L’acte d’épargne est alors « un vice collectif » car il se traduit par une fuite dans le circuit
économique ;
L’excès de l’épargne est le facteur principal de la faiblesse de la croissance. 0. La loi
psychologique fondamentale La loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons
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nous appuyer en toute sécurité, c’est qu’en moyenne et a plupart du temps, les hommes
tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une
quantité aussi grande que l’accroissement du revenu.
En d’autres termes, Cs étant le montant de la consommation et Rs le montant du revenu, ∆Cs
est de même signe que ∆Rs mais d’une grandeur moindre, càd dr/ dC est positif et inférieur à
1.
1. Doutes empiriques et premières reformulations de la fonction de consommation
Au lendemain de la guerre mondiale, la plupart des pays industrialisés mettent en place des
systèmes de comptabilité nationale. Dès lors ces premières constructions de séries statistiques
cohérentes et homogènes vont permettre de tester l’hypothèse keynésienne de relation causale
entre le revenu national et la consommation totale des ménages. Une réalité peu conforme à
l’hypothèse keynésienne ? Afin de valider ou non la « loi psychologique fondamentale » deux
types de test sont envisageables : Sur les séries temporelles. On observe sur des périodes
successives (mois, trimestres ou années) la relation entre les agrégats nationaux de
consommation finale et de revenu disponible brut ; En coupe instantanée.
A un instant donné, on étudie les montants de consommation de ménages aux revenus
disponibles différents. En matière de séries temporelles sur les données américaines (1869-
1938), Kuznets (économistes américain (1901-1985) né en Russie et prix noble d’économie
en 1971 pour ses travaux d’interprétation de la croissance économique), il publie en 1946 les
premières tentatives de vérifications de la théorie de la fonction de consommation de Keynes.
Il aboutit à la conclusion suivante : Sur le long terme, la propension moyenne à consommer
est constante et approximativement égale à la propension marginale qui correspond à la
première interprétation. En revanche, à court terme, la propension moyenne à consommer est
décroissante et la propension marginale est très volatile et devient particulièrement erratique
depuis la fin des années 80. Enfin, en coupe instantanée, à un moment donné, lorsque l’on
progresse dans l’échelle des revenus, les propensions moyenne et marginale à consommer
sont tendanciellement décroissantes.
Ces résultats posent 2 problèmes au regard de l’hypothèse de Keynes : Comment les rendre
compatibles.
Comment expliquer l’instabilité de la propension à consommer sur le court terme, sans pour
autant renoncer au message keynésienne ?

La prise en compte de la répartition du revenu


Afin d’expliquer les divergences de résultats entre données transversales et temporelles,
Duesenbery élabore en 1949 une théorie socio-économique de la fonction de consommation,
qui repose sur l’idée que les ménages déterminent leurs choix de consommations en imitant
les modes de vie de couche sociale immédiatement supérieure. Cet « effet de démonstration »
du voisinage social pousse à consommer proportionnellement plus. En effet, les agents
économiques ne définissent plus leur niveau et leur structure de consommation uniquement en
fonction du montant de leur revenu personnel mais également par référence aux dépenses, et
donc aux revenus de catégories qui leur sont socialement les plus proches. Cette théorie du «
revenu relatif » va permettre de concilier les constats obtenus sur données transversales et
données chronologiques.

20
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

Supposons qu’il n’existe pour simplifier que deux groupes sociaux : les « pauvres » (i) et les «
riches » (j) qui se partagent le revenu nationale Y en deux parts (a % pour la classe de revenu
i, 1-a% pour la classe j ; avec évidemment a%inférieur à 50% . La fonction de consommation
nationale peut alors s’écrire.
C = Ci+Cj = ciaY + cj(1-a).Y

Le poids des habitudes


Le second défi pour les économistes postkeynésiens est d’expliciter l’instabilité de la
propension à consommer sur le court terme. Vraisemblablement, et Keynes l’avait déjà noté,
les ajustements de la consommation aux modifications du revenu courant ne sont pas
immédiats, mais plutôt décalés dans le temps. Ces retards sont à la fois volontaires, le
consommateur s’étant habitué à un certain niveau de consommation, et contraints, car
certaines dépenses sont incompressibles à court terme. On assiste là à une sorte d’effet de
cliquet qui rend impossible tout retour en arrière du montant de la consommationniveau de
consommation, et contraints, car certaines dépenses sont incompressibles à court terme.

2. Choix inter-temporels et débat sur les fondements micro-économiques de la fonction de


consommation
Une des critiques couramment adressées à la théorie de Keynes est de négliger les variables
de stock. En particulier, la consommation dépend uniquement d’un flux, le revenu courant, et
ne prend pas en compte le « stock » de richesses accumulées par les agents économiques. Or,
vraisemblablement, le ménage détermine sa consommation s’insère ainsi au sein d’un
comportement de planification d’optimisation des ressources et des dépenses sur plusieurs
périodes.
C’est ce cadre d’analyse qui va successivement donner lieu à une attaque frontale contre la
théorie keynésienne, à l’élaboration d’une construction faisant la synthèse entre les approches
néoclassique et keynésienne et enfin plus récemment à un certain retour aux sources de la
théorie générale.
Le rôle des anticipations et la théorie du revenu permanent

La publication en 1957 de l’ouvrage A Theory of Consumtion Function de Milton Friedman


constitue une étape marquant de la science économique.
Sur le plan positif, Friedman se propose d’opérer le lien entre la théorie microéconomique des
choix inter-temporels (telle qu’elle est présentée plus haut), et la fonction macroéconomique
de consommation. Sur le plan normatif, il s’en suit une remise en question de l’efficacité des
politiques interventionnistes de relance keynésienne. Selon Friedman, le consommateur
dissocie au sein de son revenu effectif (Yt = Yt P + Yt T ), ce qu’il juge comme étant de
nature durable (dénommé « revenu permanent » Yt P ), de ce qu’il considère comme ayant un
caractère temporaire ou accidentel (qualifié de « revenu transitoire. Yt T ), comme des plus-
values inattendues, des heures supplémentaires inhabituelles. De même, sa consommation
globale (Ct = Ct P + Ct T ) est composée de deux éléments une composante « pure »,
permanente (Ct P ), et une composante transitoire (Ct T ).
Enfin, Friedman considère que la seule relation stable existante est entre revenu permanent et
consommation permanente, soit : Ct P = kYt P. La part transitoire du revenu est quant à elle
21
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

plutôt mise de côté au gré des humeurs et des opportunités, sans qu’il n’y ait de règles
préétablies. Le montant de la consommation observée Ct qui intègre cette consommation
transitoire, aléatoire et imprévisible, devient alors instable dans sa relation avec le revenu
courant Yt .
Autrement dit, la propension à consommer fluctue en fonction des anticipations optimistes ou
pessimistes des agents économiques. Afin de tester son hypothèse, Friedman choisit d’estimer
le revenu permanent par une formule d’anticipations adaptatives. L’agent révise ses calculs de
revenu permanent (Yt P – Yt-1 P ) en prenant en compte une fraction λ de l’écart non prévu
entre le revenu actuel constaté Yt et le revenu permanent anticipé en T-1 pour cette même
période Yt-1 P , soit Yt P -Yt-1 P = λ (Yt-Yt-1 P ) avec 0<λ<1.Implicitement, le
consommateur considère a priori, qu’une proportion λ de l’écart provient d’une erreur de
prévision commise à la période précédente sur son revenu permanent, et qu’une proportion 1-
λ correspond à un revenu transitoire.

L’influence de la démographie : l’hypothèse du cycle de vie


En 1954, Modigliani et Brumberg puis, en 1963, Ando et de nouveau Modigliani, soulignent
qu’en général les revenus du travail sont repartis irrégulièrement sur la durée de vie. Le
revenu salarial suivrait une « courbe en cloche » avec l’âge (dont la fin se situe vers la
quarantaine), du fait d’une productivité de travail faible en début de carrière et en fin de vie
professionnelle (capacité physique déclinante ou formation obsolète). Or, les individus
désirent un niveau de consommation relativement stable tout au long de leur vie. Afin de
lisser leur potentiel de consommation, ils sont alors dans l’obligation d’opérer des transferts
de ressources sur leur cycle de vie par des opérations d’épargne et d’emprunt.
Le consommateur durant son cycle de vie passe par trois phases de gestion optimisée de son
patrimoine :
o La jeunesse (0 à 25 ans).
Les dépenses sont supérieures aux ressources tirées du travail. L’individu s’endette pour
financer sa formation et faire face aux dépenses d’installation lors de son départ du domicile
parental. La valeur de son patrimoine net est de plus en plus négative. Il peut s’agir d’un
endettement moral (et affectif) vis-à-vis de ses parents (solidarité intergénérationnelle), ou
implicite vis-à-vis de l’Etat qu’il remboursera sous forme d’impôts lorsque ses revenus seront
plus importants).
o L’activité (25 à 60 ans ?).
La hausse de revenu lui permet d’abord de se désendetter (la valeur du patrimoine net se
rapproche de zéro). Puis il accumule un patrimoine en vue de son inactivité future sous la
forme d’achats immobiliers, de capitalisation auprès de fonds de pension, ou d’acquisition de
droits à la retraite en cas de système de fonds de pression, ou d’acquisition de droits à la
retraite en cas de système public.
o La retraite (plus de 60 ans).
Les revenus du travail disparaissent et la personne âgée couvre ses besoins en vendant
progressivement les divers éléments de son patrimoine.
L’un des principaux intérêts de la théorie du cycle de vie réside dans la manière dont elle
articule les analyses microéconomiques et macroéconomiques, articulation qui va permettre
22
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

de résoudre les résultats contradictoires des études empiriques précitées. Au plan


microéconomique, les consommateurs optimisent donc leurs comportements sur leur horizon
de vie.

Les dépenses courantes de consommation dépendent alors du revenu courant (Y) et du


patrimoine calculé sur le cycle de vie (W). Ainsi deux ménages disposant de revenus
équivalents n’auront pas le même niveau de consommation si le montant de leur patrimoine
est différent. Au plan macroéconomique, l’étude de la consommation agrégée implique
l’usage d’un raisonnement en termes de « générations imbriquées ». A un moment donné, au
sein de la société cohabitent trois générations : les jeunes, les actifs et les retraités ; et la
consommation globale résulte des interactions de comportements entre ces trois générations
ou catégories de la population. En situation stationnaire, économiquement et
démographiquement, le taux d’épargne est nul à tout moment. En effet, les 3 générations ont
alors les mêmes comportements aux trois âges de la vie, et l’épargne des actifs s’effectue sous
la forme de prêts aux jeunes pour leur consommation et de rachats de biens patrimoniaux aux
retraités. A contrario, ce sont donc les faits démographiques et/ou la croissance économique
qui seuls peuvent expliquer l’existence d’une épargne globale positive et ses éventuelles
variations.

II.2. La fonction d’investissement

La formation brute du capital fixe (FBCF, dénomination de l’investissement en comptabilité


nationale) représente une fonction du PIB beaucoup moins importante que la consommation
finale des ménages. Les théories de l’investissement ont toutes pour objectif d’expliquer
l’instabilité des achats de biens de production au regard des variations de l’activité
économique nationale. A cette fin, trois déterminants de la décision d’investir sont en général
mis en valeur :
- L’influence de la demande. Pour faire face à une augmentation des commandes de ses
clients, l’entreprise doit accroître ses capacités de production.
- La rentabilité relative : l’achat de capital technique est en concurrence avec la possibilité
d’opérer des placements financiers. Le détenteur d’avoir monétaires évalue toujours les
rendements attendus d’un bien d’équipement au regard du niveau des taux d’intérêt.
- Le rôle des anticipations. L’investissement en tant qu’achat de capital fixe, correspond à
une immobilisation de fonds. Dans un monde économique incertain, l’irréversibilité partielle
qu’en découle constitue ainsi un pari sur l’avenir.
1. Investissement et capacité de production : le multiplicateur
L’investissement est un flux d’achats de biens d’équipement qui vient modifier chaque année
le stock de capital productif déjà existant. Le principe de l’accélération d’investissement
repose sur les effets cycliques de cette articulation entre flux d’investissement et le stock de
capital. Ce mécanisme, dans sa version la plus simple, fut mis en évidence pour la première
fois par monsieur J.M. CLARK en 1917. Cependant, le modèle d’accélération est plus réaliste
lorsque l’investissement de remplacement et les coûts de transaction sont pris en compte. Le

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multiplicateur est un coefficient d'une variable exogène dans la forme réduite d'un modèle
économique dont les équations sont linéaires.
On utilise le terme multiplicateur parce que toute variation d'une variable exogène engendre
une variation de la variable Y.∆X = k∆ endogène égale à celle de l'exogène multiplié par le
coefficient qui affecte celle-ci.

Le multiplicateur le plus connu est le multiplicateur keynésien qui met en rapport la variation
du revenu national (variable endogène) avec celle de l'investissement (variable exogène).
Keynes a montré comment dans une économie où il n'y a pas plein emploi des ressources, une
variation « autonome» ou « exogène» de la demande peut provoquer une variation plus
importante du revenu national. Le multiplicateur keynésien donne le rapport entre ces deux
variations. La variation de la demande est considérée comme autonome si elle correspond à
un changement dans le comportement des agents économiques.
1.1. Le modèle du multiplicateur simple.
La fonction de production exprime l’ensemble des contraintes techniques qui s’imposent à
l’entreprise. Elle relie le volume (ou la valeur) de produit final obtenu (Y) aux combinaisons
de facteurs de production utilisés. Pour simplifier, il est commode de considérer qu’il n’existe
que deux grands types de facteurs, le travail (L) et le capital (K) et la fonction de production
s’écrit comme suit : Y = f(K,L) Lorsque le coefficient de capital est fixe pour fabriquer une
unité de plus de produit, l’entreprise doit disposer de v unités (ou francs) supplémentaires de
biens d’équipement.
Autrement dit, le stock de capital nécessaire est alors strictement proportionnel au volume de
production réalisée. K = v.Y Pour répondre à une augmentation de la demande adressée à la
firme (∆D), et si la production suit la demande (∆Y = ∆D), le producteur doit investir afin
d’augmenter son stock d’équipements de production : I = ∆K = v∆Y = v. ∆D. En raison en
termes continus, la fonction d’investissement est alors : I = v.dY/dt et les variations de
l’investissement s’expriment sous la forme : 2 2 .dv Y / dt dt dI = En tant que source de la
variation du stock de capital, l’investissement de la firme dépend alors non du niveau de la
demande mais de la modification de celle-ci, ce qui va rendre les fluctuations de
l’investissement particulièrement importantes. a. Le multiplicateur de la consommation La
relation économique sur laquelle se fonde le multiplicateur keynésien est une fonction de
consommation qui établit un lien entre les dépenses de consommation courantes des ménages
dans leur ensemble et leur revenu courant.
Considérons l'économie en l'absence de l'activité gouvernementale. La dépense globale s'écrit:
Y = C+I. or C = cY + Co et I = Io
Y-cY=Co+Io
Y=cY + Co+Io
(1-c)Y = Co +Io tirez y ici(1)
Supposons un accroissement de la consommation y = cY +Co + ∆Co + Io
Y-cY=Co + ∆Co + Io
(1-c)Y)= Co + ∆Co + Io tirez Y ici également(2)
Faites ensuite la différence entre (2) et (1) on obtient le multiplicateur k

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La variation de la consommation impulse celle du revenu ; k est un facteur d’accroissement


du revenu qui résulte d’un accroissement de la consommation. Comme c représente la PmC,
l'accroissement de revenu ∆Y sera d'autant plus fort que la PmC est élevée. En résumé, la
théorie macroéconomique enseigne donc qu'une modification des comportements de
consommation fait varier le revenu national et ce pour un montant plus grand que cette
modification elle-même. Le coefficient de proportionnalité k qui détermine ce montant
dépend de la propension marginale à consommer. Dans la vie privée des ménages, on
considère en général que l'épargne est une qualité alors que la dépense, dès lors qu'elle est
excessive, conduit à la banqueroute. Keynes montre qu'au niveau macroéconomique, la
propension excessive à l'épargne est source de déflation économique et de chômage: mieux
vaut donc inciter les agents à la consommation plutôt qu'à l'épargne. Un raisonnement jugé
vertueux au niveau micro économique peut se révéler être une absurdité macroéconomique.
b. Le multiplicateur de l’investissement et la détermination du revenu
Par hypothèse, on considère une économie fermée sans prise en compte explicite de l'Etat. Le
principe de la demande globale, dans ce cas, exprime le fait que ce niveau de l'activité et de
l'emploi dépend du montant des dépenses de consommation des ménages (C) et de
l'investissement des entreprises (I). Le revenu national (Y) atteint un niveau d'équilibre
lorsque la demande globale des biens et services générés par ce revenu est égale à l'offre
globale des biens et services. Keynes raisonne en situation de sous-emploi; dans ce cas,
l'offre globale va s'ajuster au montant de la demande sans variation du niveau général des prix
(on parle souvent de modèle à prix fixes). On suppose également que l'économie est en
situation d'autarcie (pas de relations commerciales avec le reste du monde), que la fonction de
consommation est du type : C = Co + cY, que l'investissement I est autonome (c'est-à-dire
indépendant du revenu global) et qu'il n'y a ni impôt ni dépense publique. I exerce un
effet∆Dans ces conditions, une augmentation de l'investissement I ; k, le multiplicateur
d'investissement étant égal à 1/ l-c.∆Y = k. ∆amplifié sur le revenu.
L'offre globale représente l'ensemble des biens et services produits et le revenu global,
l'ensemble des revenus créés lors du processus de production. OG=DG Y=C+I Or C = cY +
Co et I = Io.
Y = cY + Co + Io (1-c)Y = Co + Io
Supposons une variation de ∆I sachant que ∆I = ∆Io
Y= C+I → Y = cY + Co+Io + ∆Io
Y - cY = Co+Io + ∆Io
∆Io impulse une variation du revenu ∆Y. C'est la variation de l'investissement ∆Io qui suscite
la modification du revenu. k = 1/ 1-c ; c = PmC avec 0inferieur à et c inférieur à 1.

k représente, dans ce cas - ci, l'accroissement du revenu résultant de l’accroissement de


l'investissement. L'intensité du processus de multiplication dépend de c ; il indique comment
un accroissement donné de revenu Y se partage entre la consommation et l'épargne.
L'augmentation du revenu sera d'autant plus forte que la PmC sera élevée. Dans la théorie du
multiplicateur d'investissement, le supplément de revenu dû à la variation de l'investissement
est partiellement consommé. Plus la fraction consommée du nouveau revenu est forte, et plus
elle alimente la formation de revenus supplémentaires dans les entreprises fabriquant des
biens de consommation; ces revenus seront à leur tour partiellement consommés, d'où l'effet
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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

multiplicateur dont parle Keynes. Le multiplicateur est d'autant plus élevé que le coefficient «
c » est important.
Retenons que toute augmentation de revenu qui ne se transforme pas en augmentation de
consommation constitue une fuite qui réduit d'autant l'effet de multiplication. S = Y-C or C =
cY+Co
S = Y-cY –Co
S = (1-c) Y – Co
Le multiplicateur est l'inverse de la PmE. Il sera d'autant plus élevé que la PmE est faible.
L'accroissement du revenu résultant d'un accroissement de l'investissement est d'autant plus
élevé que le PmE est moindre.
L’investissement constitue donc un facteur de croissance du fait de l'effet de multiplication
qui en fait le moteur de la capacité d'emploi.
Tout investissement additionnel impulse deux types des dépenses:
- L'achat des biens et services
- L'appel à une quantité additionnelle des facteurs de production. L'analyse économique
repose sur le postulat selon lequel les modifications de la production et de l'emploi sont
automatiquement liées. Sur base du principe du multiplicateur, Keynes a présenté les vertus
d'une politique de "grands travaux publics" ou d'incitation des entreprises privés à
l'investissement en situation de sous-emploi.
Remarque
Les analyses qui font appel au multiplicateur keynésien attirent l'attention sur les liens qui
existent entre les variations autonomes de l'investissement ou de toute autre dépense et celles
du revenu d'équilibre de l'économie. Keynes a voulu montrer l'importance des dépenses
autonomes dans la détermination du niveau d'emploi. Face au chômage (après la dépression
de 1929), il voyait dans l'effet multiplicateur de dépenses une justification de l'intervention de
l'Etat pour stimuler l'économie.
L'effet multiplicateur peut cependant aussi jouer lorsqu'il y a plein emploi puisque l'égalité Y
= C+I+G est valable quelle que soit la situation de l'emploi. Cependant comme les grandeurs
C, I et G sont nominales, toute augmentation de la dépense autonome va se répercuter sur le
niveau de prix.
La logique du multiplicateur relève de l'équilibre général: pour qu'il y ait équilibre entre un
accroissement de l'offre et un accroissement de la demande, il faut que ce dernier soit
multiplié par un coefficient de proportionnalité. Le multiplicateur d'investissement varie selon
les types d'investissement qui sont réalisés et le multiplicateur de la consommation n'est pas le
même selon que le changement de comportement porte sur les biens alimentaires, les biens
normaux ou les biens supérieurs. Le changement de comportement de consommation et
d'investissement affecte de manière positive le niveau de revenu national et ce de manière
"multipliée". Les multiplicateurs interviennent dans la réflexion keynésienne dans le cadre de
l'équilibre de sous-emploi. On peut déterminer aussi les multiplicateurs des dépenses
publiques et de la fiscalité qui sont respectivement associés aux grandeurs macroéconomiques
G et T également présentes dans la définition de la dépense globale. Le phénomène de
multiplication se produit donc pour toutes modifications de la demande globale quelle que soit
sa nature.
1.2. L’accélérateur flexible
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Tout ace d’investissement implique des coûts de transaction inversibles. La programmation


du projet, l’installation de l’équipement et la formulation du personnel pour son utilisation
représentent pour l’entreprise une perte de production immédiat, qui en cas d’erreur de
prévision ne sera jamais rattrapée. De plus, le caractère durable de l’augmentation de la
demande est toujours incertain. Les entreprises ne vont donc pas seulement fonder leurs
prévisions sur l’évolution la plus récente de la demande. L’ajustement optimal entre stock de
biens de production hérité de la période précédente (Kt-1) et stock désiré (Kt*) n’est que
partiel sur la période, et le paramètre λ représente la vitesse d’ajustement (0 ≤ λ ≤1). Si l’on
suppose maintenant que le niveau de capital désiré est proportionnel au volume de la
demande, soit : Kt * = v.Yt , on obtient : t = t − Kt−1 I λvY λ
L’investissement dépend positivement du montant absolu de la demande (Yt) et non plus de la
variation de celle-ci (Yt-Yt-1), et négativement de l’importance des capacités de production
de la période précédente (Kt-1). Néanmoins, l’effet d’accélération demeure. En effet, on a :
It=λKt * -λKt-1 et de même It-1=λKt-1 * -λKt-2 D’où It-It-1=λ(Kt * -Kt-1 * ) - λ(Kt-1 – Kt-
2), et comme (Kt-1 – Kt-2) = It-1 alors It = (λKt * - λKt * -1) + (1-λ)It-1 et donc: It = λv(Yt-
Yt-1) + (1-λ)It-1 L’effet d’accélération est atténué car, d’une part le coefficient d’accélération
est plus faible, et d’autre part le retard pris à la période précédente donne un caractère inertiel
au modèle.
Dès lors, l’effet d’accélération en est assez profondément modifié. Au cours de la phase où la
demande finale augmente à un taux décroissant, dans la version de l’accélérateur flexible, il
va par contre dans un premier temps croître jusqu’à ce que l’effet de freinage exercé par le
stock de capital compense l’effet inverse impulsé par la progression de la demande. Il existe
ainsi une concordance assez nette, aussi bien à la hausse qu’à la baisse entre les fluctuations
de ce taux et celles du PIB. Lorsque la croissance repart, les entreprises répondent en partie au
surplus de demande en utilisant leurs réserves de capacité, ce qui a un effet de freinage sur le
processus d’accélération. Inversement en cas de ralentissement économique, et encore plus en
cas de récession plutôt que de désinvestir, les entreprises choisissent de conserver des
capitaux inemployés, ce qui comme nous l’avons vu retardera la mise en marche de
l’accélérateur au début du cycle économique suivant. 2. Distinction entre investissement brut
et investissement net Nous avons raisonné jusqu’à présent comme si les biens de production
avaient une durée de vie infinie. Or, cette hypothèse « d’éternité » n’est empiriquement
acceptable que pour les bâtiments. Les outils de production ont quant à eux une durée de vie
limitée, voire de plus en plus réduite du fait de l’accélération du progrès technique. En effet,
leur durabilité est à la fois de nature technique et de nature économique. En premier lieu,
l’utilisation d’un bien d’équipement engendre une détérioration progressive de son efficacité,
et à terme une destruction physique soudaine de toute possibilité d’usage du bien après x
périodes. En second lieu, tout bien durable devient progressivement obsolète du ait du progrès
technique incorporé dans les nouvelles générations de biens apparaissant sur le marché.
L’obsolescence peut même être totale lors de l’apparition pour un prix similaire d’un bien
techniquement beaucoup plus performant. La totalité de la durée de vie physique potentielle
est donc loin d’être toujours atteinte. La mise au rebut d’un bien en état de marche étant non
négligeable, seule importe finalement la durée de vie économiquement (d’utilisation) du bien.

3. Investissement et rentabilité : le rôle du taux d’intérêt


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L’existence d’une demande supplémentaire est un préalable nécessaire à l’étude d’un projet
d’investissement. Mais ce projet ne sera effectivement réalisé que si l’entrepreneur le juge
rentable. L’agrégation de ces calculs économiques individuels va déterminer par comparaison
avec le taux d’intérêt le montant de l’investissement national.

3.1. Les procédures de choix des investissements


Lorsqu’il envisage un projet d’investissement, l’entrepreneur cherche avant tout à évaluer le
supplément de profit qu’il pourra espérer réaliser. Sur la durée totale d’utilisation du bien (n
années), il essaie ainsi de prévoir, d’anticiper ce que devraient être les rendements annuels
futurs : R1, R2, R3, …Rn. Ces rendements correspondent aux probabilités de recettes nettes.
Ces bénéfices anticipés n’ont aucune raison d’être identiques sur les diverses années.
Trois facteurs notamment peuvent affecter la série des rendements annuels :
- Le progrès technique : la série des Ri sera en général plutôt décroissante car, au fur et à
mesure que le temps s’écoule, apparaissent sur le marché de nouvelles machines performantes
et/ou moins coûteuses, qui diminueront la compétitivité des anciens équipements.
- Les risques, s’agissant de rendements futurs et donc incertains, l’entreprise va sans doute
accorder plus d’importance aux prévisions de résultats des premières années suivant
l’investissement, qu’à ceux anticipés pour un avenir lointain souvent à dix ans ou plus.
- Le taux d’inflation. Une hausse future des prix de vente des produits équivaut à une
augmentation des rendements en termes nationaux. L’achat d’un bien d’équipement procure
ainsi une certaine protection contre le risque d’inflation alors que la même somme conservée
sous la forme de monnaie perdra de sa valeur. Inversement, en cas de déflation, l’anticipation
d’une baisse des prix aura tendance à déprimer l’investissement.

a. Le critère du délai de récupération (ou temps de retour sur l’investissement). Il s’agit de


calculer le nombre d’années nécessaires à la récupération de la mise de fonds initiales grâce
aux recettes attendues. L’entrepreneur choisit ensuite le projet pour lequel le délai de
récupération est le plus court. Le critère, très simple à appliquer, est cependant très fruste, car
il ne tient pas compte des rendements postérieurs à la date de récupération, et il additionne des
valeurs disponibles à ces différentes, sans aucune actualisation.

b. Le critère de la valeur actualisée du bénéfice


Le taux d’actualisation utilisé est le taux d’intérêt ®. Dans ces conditions, la série de
rendements a pour équivalent, pour valeur actualisée, la somme pondérée V Si V est
supérieur au prix d’acquisition (Ca), alors l’investissement apparaît avantageux puisque, en
valeur actualisée, les recettes excédent le coût initial. Autrement dit, entre deux projets
concurrents, l’entreprise choisira celui qui a le bénéfice actualisé par franc de capital investi
(V/C) le plus élevé. Dans le cas contraire, l’entreprise aura intérêt à renoncer à son projet, les
sommes

c. Le taux de rendement interne


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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

Au lieu de rechercher la valeur actuelle à l’aide d’un taux d’intérêt r externe à l’entreprise, il
s’agit de déterminer le taux interne de rendement (Ca) qui égalise le coût du projet Ca et les
bénéfices prévisibles actualisés tirés de cet investissement. La distribution dans le temps des
rendements est essentielle : le taux de rendement interne est d’autant plus fort que les revenus
arrivent précocement, puisque le dénominateur des fonctions croît avec le temps. Et entre
deux projets concurrents, l’entreprise choisira alors celui qui a le taux de rendement interne le
plus élevé.

3.2. De la courbe d’efficacité marginale du capital à la fonction d’investissement.


Lorsque l’investissement augmente, l’efficacité marginale du capital diminue, et cela quel que
soit le niveau de l’analyse. La première possibilité est de considérer des projets de montants
différents, mais portant un même type de bien d’investissement. L’efficacité marginale va
diminuer pour deux raisons :
- Du fait d’une productivité marginale du capital décroissante dans le secteur des biens de
consommation la série des Ri diminue avec le rang de la machine.
- Mais aussi du fait de rendements également décroissants dans le secteur de biens de
production.
La 2ème possibilité est de considérer tous les types de projets d’investissement. Ces projets
très divers sont classés par ordre de décroissance de rentabilité au sein de chaque firme mais
également au plan national.

3.3. Le rôle des modalités de financement

Dans le cadre d’analyse simplifié utilisé jusqu’à présent, le taux d’intérêt était considéré
comme ayant une seule et unique valeur tant dans son aspect coût d’opportunité que dans sa
version d’emprunt.

Traditionnellement, on distingue :
- L’autofinancement. Il exige l’existence préalable au sein de l’entreprise de bénéfices non
distribués. L’entreprise n’a alors aucune contrainte de remboursement, ce qui est un avantage
indéniable lorsque la conjoncture devient morose.
- L’augmentation du capital social, par émission d’actions est un mode de financement qui a
pour privilège de n’avoir jamais à rembourser les fonds ainsi obtenus. De plus, son coût peut
être ajusté aux variations conjoncturelles des résultats de l’entreprise.
- Le financement par endettement peut se faire à travers une grande variété d’emprunts, en
particulier lorsque l’entreprise dépasse une certaine taille critique.

INVESTIEMENT ET ANTICPATIONS :
L’investissement est fondamentalement un pari sur l’avenir. Ici, on considère que la volonté
d’investir repose essentiellement sur une foi en l’avenir. Il s’agit d’un pari radical reposant sur
des bases extrêmes précaires, dépendent de l’état de confiance des entrepreneurs, qui lui-
même est grand influencé par la spéculation financière.
1. L’extrême précarité des prévisions à long terme

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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

La très forte variabilité de l’investissement est largement imprévisible car elle est inhérente
au système économique. Ainsi, la série de rendements annuels anticipés, fondant le calcul de
l’efficacité marginale du capital, est profondément imprévisible du fait d’une quadruple
incertitude : - Incertitude sur la durée d’utilisation du bien d’équipement - Incertitude sur les
perspectives de vente - Incertitude sur les coûts de production
- Incertitude sur les taux d’intérêt futurs.
2. De « l’Etat de la prévision à long terme » à « l’Etat de confiance ».
La décision d’investissement est ainsi établie sur la base de « l’état de la prévision à long
terme. Comment alors vont se déterminer ces anticipations sur l’avenir, Selon Keynes, « il
serait absurde lorsqu’on forme des prévisions, d’attacher beaucoup de poids aux choses très
incertaines ». L’incertitude augmentant avec l’éloignement par rapport à la période présente,
il est alors vraisemblable que « les faits actuels jouent un rôle qu’on pourrait juger
disproportionné dans la formation de nos prévision à long terme. L’état de la prévision à long
terme, sur lequel nos divisions sont fondées, ne dépend pas seulement de la prévision la plus
probable que l’on peut faire. Il dépend aussi de la confiance avec laquelle on la fait, c’est-à-
dire de la probabilité que l’on assigne au risque que sa prévision la mieux établie se révèle out
à fait fausse. L’investissement va donc dépendre de l’état de confiance, de la psychologie
actuelle des affaires.

3. Investissement et spéculation financière


Selon Keynes, l’état de confiance est déterminé par l’état historique du capitalisme ; Le
capitalisme du 19ème siècle était dominé par des entreprises de taille relativement faible et à
caractère familial. Le capitalisme du 20ème siècle, qui se met en place aux USA dans les
années 20 et ne se développera pleinement en Europe qu’après la seconde guerre mondiale, se
caractérise par un capitalisme managérial. Le marché boursier a, en théorie, un impact positif
sur l’investissement. Le capital techniquement fixe (machines, bâtiments, …) actions, titres de
propriété de ce capital fixe.

Chap.3 L’EQUILIBRE MACROECONOMIQUE

L’équilibre peut être défini comme une situation de cohérence de l’ensemble du système
économique dans laquelle les décisions des groupes armées d’agents, s’expriment sur les
différents marchés, sont compatibles entre elles. Cet état de l’économie se maintient tant que
« rien ne bouge », c’est-à-dire tant qu’une perturbation exogène ne vient pas modifier une des
composantes du système. Pour les néoclassiques, l’équilibre macroéconomique est un
équilibre général au sens où les offres et les demandes s’égalisent sur tous les marchés à la
fois.
Les principales caractéristiques de cet équilibre sont les suivantes :
- Il résulte de l’agrégation des comportements individuels de tous les agents économiques,
- Tous les marchés sont indépendants à travers les ajustements de prix relatifs,
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- Il est déterminé dans un univers sans monnaie,


- Le laissez-faire conduit spontanément à un équilibre de plein-emploi,
- Il est optimal.

Pendant le 19ème siècle et la première décennie du 20ème, les économistes admettaient que le
plein emploi des ressources disponibles était la situation normale de l'économie.
Toute perturbation de l'équilibre de plein emploi déclenchait des forces qui ramenaient
l'économie vers sa fonction d'équilibre. Cette conception est liée à la loi de J.B. Say selon
laquelle l'offre crée toujours sa propre demande. Par conséquent il ne peut y avoir de
déséquilibre durable entre l'offre et la demande globale. Seuls les déséquilibres temporaires
peuvent apparaître, les mécanismes de marché rétablissent rapidement l'équilibre. Pour
Keynes, la demande globale peut être inférieure à l'offre. Des injections peuvent être
nécessaires pour compenser des fuites dans le circuit économique. Une action sur la demande
peut favoriser l'emploi.

Rappelons que la demande globale est la somme des dépenses pour tout niveau de revenu.
L’équilibre macroéconomique, pour les keynésiens est donc qualifié d’équilibre global et a
comme caractéristiques :
- Il résulte de l’interaction de fonctions macroéconomiques (Consommation, Investissement,
Demande de monnaie et importation),
- L’hypothèse de fixité des prix implique que les différents marchés soient reliés par des
ajustements quantitatifs en termes d’enchainements revenus-dépenses.
- La monnaie est pleinement intégrée dans la détermination du revenu national,
- C’est un équilibre de sous-emploi. L’offre de travail est supérieure à la demande et les
équipements ne sont pas totalement utilisés. Par conséquent, il s’agit d’une situation sous-
optimale puisque toutes les potentialités du système économique ne sont pas exploitées. Au
regard de tout ceci on comment se comporte l’équilibre de sous-emploi ? Au sein d’une
économie capitaliste, les décisions de production et donc d’embauche sont entièrement
décentralisées et profondément risquées.

De ce fait, les anticipations des entrepreneurs sont primordiales car préalables à la mise en
route de tout le processus économique.
Dans leur recherche de l’obtention d’un profit maximum, les chefs d’entreprise commencent
par élaborer des prévisions sur deux types de dépenses :
- Les dépenses qu’ils devraient engager pour produire en fonction de la quantité qu’ils se
proposent d’offrir, coûts de production augmentés du profit jugé normal.
- Les dépenses qu’ils attendent des agents économiques pour l’achat de cette production
prévue sur la base des comportements habituels de demande en biens de consommation et en
biens d’équipement des consommateurs, des épargnants et des entreprises.

3.1. Equilibre en économie "bipolaire"

Dans le modèle simplifié à deux agents: ménages et entreprises, la demande globale est la
somme de la dépense de consommation C et la dépense d'investissement I.
31
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Y = C+I Nous supposons que la demande d'investissement est constante, la consommation


est la seule fraction de la demande globale qui augmente avec le revenu. Dans le modèle
simplifié, revenu national et PIB sont égaux. Il y a donc équilibre si l'offre globale (Y) est
égale à la demande globale (C + I).

Pour que l'économie atteigne l'équilibre, il faut que tout le revenu national soit affecté à
l'achat de toute la production nationale (biens de consommation et biens durables). En d'autres
termes le PIB sous l'angle de revenu est égal au PIB sous l'angle des dépenses. Si à toute
valeur du revenu correspond la même valeur en dépense, l'offre globale est représentée par
une droite formant avec l'axe des abscisses un angle de 45°. Le point d'équilibre est défini par
le point de rencontre de la courbe de demande globale et de la droite de 45°. Il s'agit d'une
représentation de l'équilibre du marché des produits faite par l'économiste américain
Samuelson.

Le graphique représente, sur l'axe des abscisses, l'offre globale (ou, identiquement, le revenu
national qui en est l'expression monétaire) et, sur l'axe des ordonnées, la demande globale
(soit C +I, en économie fermée). La ligne à 45° représente le lieu des points d'équilibre,
puisque, par construction, sur chacun des points de cette ligne, l'offre globale est égale la
demande globale. La projection sur l'axe des abscisses du point de contact entre la ligne C + I
et la ligne à 45° donne le revenu d'équilibre, c'est-à-dire le revenu égalisant l'offre à la
demande globale ou, ce qui revient au même, l'épargne à l'investissement.

Le revenu dégagé par l'activité de production est alors égal à l'ensemble des dépenses
projetées par les consommateurs et les investisseurs. Pour des niveaux de revenu plus élevés,
l'offre globale excéderait la demande globale et les entreprises seraient amenées à réduire leur
production; pour des niveaux plus faibles, l'offre étant inférieure à la demande globale, les
firmes développeraient davantage leur production.
1. Paul Samuelson et le diagramme à 45°
Si Keynes avait utilisé les termes de courbes d’offre globale et de demande globale et conçu
la demande effective comme le point d’intersection de ces deux courbes, il n’avait
paradoxalement jamais tracé le schéma correspondant. C’est Paul Samuelson en 1948 qui va
pour la première fois proposer une détermination graphique du revenu national en reprenant le
raisonnement exposé par Keynes. Il dresse un diagramme où figurent, en abscisses le revenu
national Y et en ordonnées les dépenses projetées pour chaque niveau de revenu envisageable,
dépenses portant sur les biens de consommation (C) et d’investissement (I). Conformément
aux définitions keynésiennes, il est commode de retenir :
- Une fonction de consommation affine C = cY +Co
- Et une fonction d’investissement autonome I = Io
La demande globale s’écrit alors D =C+I et peut être représentée graphiquement en
rehaussant verticalement la droite de consommation, exprimant les dépenses projetées par les
ménages, de la distance exprimant l’investissement projeté par les entreprises.

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Sur ce même graphique la bissectrice 0Z est constituée de l’ensemble de points pour lesquels
s’égalise la valeur de l’abscisse. Cette droite à 45° passant par l’origine représente donc
l’ensemble des équilibres, économiques possibles où l’offre de produits est égale à la
demande.
2. Stabilité de l’équilibre de sous-emploi

De plus, le système économique n’atteindra cette situation d’équilibre de sous-emploi qu’au


bout de multiples tâtonnements car tout repose sur les anticipations des entrepreneurs, et «
l’erreur est humaine ». Ainsi, sous l’hypothèse de rigidité des prix, le processus de
rééquilibrage suite à des prévisions erronées va s’effectuer à travers des variations d stock.
Cette augmentation des stocks correspond, en tant que valeur réservée, à un investissement
involontaire pour les entreprises. Ce jeu entre investissement désiré à priori, formation de
stock et investissement réalisé à postériori, assure donc un retour automatique vers l’équilibre.
Il existe don une stabilité de l’équilibre de sous-emploi.

3.2.Le modèle tripolaire : à 3 agents


Il s'agit du modèle élémentaire de l'économie fermée avec l'intervention de l'Etat.
L'introduction de l'Etat dans le modèle suppose la prise en compte d'autres variables : les
dépenses gouvernementales G, les prélèvements fiscaux T, les transferts octroyés par l'Etat F.
En termes de revenus et dépenses, on a : Y = C + I + G. Cependant le revenu disponible dans
l'économie doit tenir compte du prélèvement fiscal et de l'octroi des transferts. En effet, les
décisions de consommation et d'épargne ne se font pas à partir des revenus perçus mais à
partir des revenus qui restent à la disposition des agents après le payement des impôts et
l'encaissement des transferts. L'investissement, les dépenses gouvernementales, les impôts et
taxes et les transferts sont considérés comme de variables exogènes
I = I0
G = Go
, T = T0
, F = F0.
On a donc le revenu disponible : Yd=Y-To+Fo
C = cYd + Co

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C = c(Y-To+Fo)+Co
Comme Y = C + I + G donc Y = C+Io +Go
Y = c(Y-To+Fo) + Co+I0+G0
Y = cY-cT0+cF0+C0+I0+G0
Y-cY= -cT0+cF0+C0+G0
(1-c)Y=-cT0+cF0+C0+I0+G0 Tirez Y ici.
Le revenu global Y est déterminé par la propension marginale à consommer et les diverses
composantes de la demande globale. En termes d'injections et de fuites, Y=C+S+F-T où Y =
C + S + T* avec T* = impôts nets de transferts (T – F) Comme Y = C + I + G Y= C + S +T*

C + I + G = C + S + T* La condition d'équilibre : I + G = S + T* Les injections dans le circuit


de paiement (I + G) doivent être exactement compensées par les fuites (S + T*). I + G = S +
T* => G - T* = S - I G - T* représente le solde du budget de l'Etat qui peut être excédentaire
si T* >G ; ou déficitaire si G > T*.
S - I représente le solde des ressources financières du secteur privé qui peut représenter une
capacité ou un besoin de financement. L'équilibre est atteint si on égalise l'offre et la demande
globale ou encore les injections et les fuites du circuit économique. L'équilibre économique
dans l'optique de production est réalisé lorsque le revenu dégagé par l'activité productrice est
égal à la masse de dépenses de divers agents économiques c'est-à-dire au point de rencontre
de la courbe de demande globale et la bissectrice ( Cfr graphique de Paul Samuelson ci-
dessous).

3.3 L'équilibre en économie ouverte : le modèle quadripolaire


L'ouverture de l'économie sur l'extérieur est à intégrer dans l'analyse de l'équilibre
macroéconomique. En faisant intervenir le rôle de l'Etat, la demande globale s'écrit:
DG=C+I+X-M. Les exportations comme l'investissement donnent naissance à des revenus
intérieurs et font partie de la demande globale. Les exportations constituent une injection dans
le flux des dépenses. Ainsi dans l'optique de production : Y = C+I+X; Y = C + S +M. En
termes de revenu, une partie est affectée à la consommation des produits nationaux, une autre
est épargnée et une fraction sert au paiement des produits importés.
Y=C+I+X Y=C+S+M
Si Y = Y alors C+I+X=C+S+M ⇒ I+X = S+M
→ X-M=S-I En supposant autonomes les investissements et les exportations et en retenant les
fonctions linéaires de consommation et de l'exportation,
on a : C = cY + Co ;
I = Io
X = Xo
M = mY+M Avec m la propension marginale à importer Y
Y=C+I+X+M <=> Y = (c Y + Co) + Io + Xo - (mY + Mo)
Y = cY + C0 + I0 + X0 – mY – M0 Y - cY + mY = C0 + I0 + X0 – M0
(1- c + m) Y = C0 + I0 + X0 – M0
3.3. Les freins au multiplicateur
Nous avons vu que le principe de multiplicateur est un des concepts essentiels de la théorie
générale et par suite de toute la macroéconomie contemporaine. Il permet de présenter sous un
34
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aspect le rôle moteur dans le processus économique de l’acte de dépense et l’égalité


investissement-épargne en démontrant que l’épargne est en général néfaste à l’emploi. Le
principe du multiplicateur permet également de comprendre la raison pour laquelle l’égalité
entre l’investissement et l’épargne est qualifiée par les keynésiens d’égalité ex post au sens où
un investissement engendre toujours, nécessairement, un montant d’épargne strictement
équivalent. En d’autres termes, dans la logique keynésienne, l’égalité investissement épargne
est à la fois le reflet d’une identité comptable (I = S car Y = C+I et Y = C+S) et la
conséquence du fonctionnement du circuit économique, ce que l’on symbolise souvent par I =
S.

Les ménages ont plus tendance à épargner pour raison de précaution ; ce désir de frugalité
accrue se traduit par une amputation dans leurs achats de consommation et constitue donc une
réduction de revenu pour d’autres agents économiques. Aussi, lorsque ce comportement de «
fourni » se généralise, la fonction d’épargne se déplacera parallèlement vers le haut et la
communauté dans son ensemble voit sa richesse diminuer. Ce paradoxe de la frugalité montre
ainsi qu’une vertu individuelle se mue au plan collectif, selon l’expression de Keynes en un
vice social. Par ailleurs, dans une économie ouverte, la « mécanique » du multiplicateur ne
fonctionne à plein régime que si certaines conditions sont remplies. Tout d’abord, l’économie
doit se trouver dans une situation de sous-emploi généralisé. Ceci signifie qu’il doit exister
dans toutes les branches des capacités de production inutilisées, et qu’un nombre suffisant de
personnes au sein de la population active se trouvent sans emploi. En second lieu, une partie
de la demande supplémentaire risque de se porter sur des biens d’équipement et de
consommation étrangers. L’impact du multiplicateur est alors limité par une fuite partielle de
la dépense vers les entreprises étrangères. En économie ouverte, On sait que Y = C+I+X-M
⇒(1)
Y+M = C+I+X avec M = MO+m.Y où m est la propension à importer et C = CO + cY et
I = IO et X = XO.
Y+MO+mY = CO+cY+IO+XO (2)
on sait aussi que le revenu national est utilisé pour la consommation et l’épargne ⇒ Y = C+S
ou bien en remplaçant Y par sa valeur. C+S+M = C+I+X ⇒ S+M = I+X
D’où la nouvelle valeur des multiplicateurs d’investissement et maintenant également
d’exportations devient : 1/s+m
La valeur du multiplicateur sera d’autant plus faible que le degré d’ouverture au commerce
international d’un pays est élevé.
3.4. Le paradoxe de la pauvreté dans l’abondance et le rôle
La théorie keynésienne de la détermination du revenu permet de définir deux situations
contrastées, l’écart inflationniste et l’écart déflationniste. Dans les 2 cas, l’Etat a un rôle à
jouer, rôle de régulation conjoncturelle de la demande globale par une politique budgétaire
appropriée. Cependant, la mise en place d’une politique structurelle de lutte contre la sous
consommation chronique est également indispensable.
1. Ecart déflationniste et écart inflationniste
Le niveau d’équilibre de revenu national n’est pas en soi nécessairement favorable. Dans la
logique keynésienne de demande effective, il n’existe aucun mécanisme économique qui
garantisse que ce revenu d’équilibre soit en même temps un revenu de plein-emploi. Si
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l’investissement privé est faible, le revenu d’équilibre engendre un chômage important et un


gaspillage des ressources nationales. Lorsque dans une telle économie la production globale
serait alors supérieur à la demande globale, ce déséquilibre est appelé écart déflationniste. Cet
écart représente la quantité dont il faudrait majorer la demande globale pour également
s’exposer en relation avec l’égalité épargne-investissement. En effet, pour atteindre le plein
emploi, il faut que l’investissement absorbe exactement l’épargne de plein-emploi.
Inversement, l’économie peut se trouver en présence d’un écart inflationniste. Supposons que
la fonction de demande globale (C+I) détermine un revenu national Yi. Mais ce niveau de
revenu est purement virtuel car par nature la production et le revenu réel ne peuvent être
supérieurs au revenu de plein-emploi. Il apparaît donc un écart inflationniste. La plupart du
temps, l’écart doit donc réguler la demande globale, soit pour le restreindre (écart
inflationniste), soit pour la renforcer (écart déflationniste).
2. La régulation budgétaire conjoncturelle
Selon Keynes, les mesures fiscales et les dépenses publiques peuvent modifier le niveau
d’équilibre du revenu national. En effet, dans le processus du multiplicateur d’investissement,
l’essentiel n’est pas le but de l’investissement privé mais qu’il y ait une dépense, une
augmentation de la demande et une distribution de revenus. Au même titre qu’une
augmentation de l’investissement des entreprises, une hausse des dépenses publiques de
consommation, peuvent donc également contribuer à mettre en route le jeu du multiplicateur.
Les dépenses publiques ont ainsi un effet multiplicateur identique à celui des investissements
privés.
La réaction en chaîne, par les dépenses de consommation, se propage de manière identique,
engendrant la création d’emplois primaires et secondaires. Côté prélèvements, il est commode
de construire une fonction d’impôts, sous la forme : T=TO+tY où le montant des recettes
fiscales totales T dépend de TO le montant des impôts indépendants de l’activité et de t le
taux marginal d’imposition. Ces impôts réduisent le revenu disponible des ménages, ce qui les
oblige à comprimer leurs dépenses de consommation.
La propension à consommer des ménages ne dépend plus alors du revenu distribué par les
entreprises mais du revenu disponible (après paiement des impôts et charges sociales), Y d =
Y-T.
C = CO+cYd = CO+c(Y-T) = CO+(1-t)Y-cTO
Notons qu’en présence de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires, la condition
d’équilibre sur le marché des produits en économie fermée s’écrit: Y = CO+c(1-t)Y –
cTO+IO+G .Il faut tirer Y à ce niveau.

Le multiplicateur de dépenses publiques est alors identique au multiplicateur


d’investissement.
Le multiplicateur fiscal d’impôts autonomes est plus faible (0<c<1)car une part de
l’augmentation du revenu en réclamant est épargnée et donc non dépensée.
Concernant le raisonnement de base de l’égalité épargne investissement (I=S) ex post, il est
modifié. Comme on a Y=C+I+G et Y=C+S+T on aura Y=Y ⇒⊄+I+G=⊄+S+T ⇒I+G=S+T
Soit encore G-T=S-I où G-T est le déficit budgétaire qui créé l’épargne pour le financer.
3. La nécessité d’un Etat providence

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Le rôle économique de l’Etat ne se limite pas à des interventions ponctuelles de régulation


conjoncturelle de relance ou de freinage de la demande globale. En effet, comme nous l’avons
vu, lorsqu’une société s’enrichit, l’écart entre le revenu national et la consommation de la
population s’accroît « mécaniquement » en montant absolu, puisque la propension à
consommer est inférieure à 1. Afin de combler cet écart, source de chômage, le volume
d’investissement privé devrait alors être tendanciellement croissant, ce qui paraît peu
vraisemblable puisque le problème de débouchés se fait plus en plus aigu. L’Etat doit alors
s’impliquer de manière continue dans la vie économique càd mener une politique structurelle
de coordination des flux au sein du circuit économique national.

Chap.4 EQUILIBRE ET DESEQUILIBRES MACRO-ECONOMIQUES SUR LE


MARCHE DES BIENS ET SERVICES ET DE LA MONNAIE EN ECONOMIE
FERMEE
4.1. L’équilibre sur le marché des biens et services en économie fermée
La construction du schéma d’équilibre sur le marché des biens et services est directement
fondée sur le modèle « revenu-dépense » 1. Rappel des conditions d’équilibre sur le marché
Les conditions d’équilibre s’expriment par l’égalité Y = C+I=C+S, d’où l’on tire Sachant que
la fonction de consommation est donnée par C=c(Y)+CO on tire la fonction d’épargne
S(Y)=Y-c(Y)-CO. Il est remarquable que dans sa construction théorique, Keynes caractérise
l’épargne comme une grandeur résiduelle qui est directement et uniquement fonction du
niveau du revenu courant. Etant donné que la condition de l’équilibre est réalisée lorsque S=I
sachant S(Y)=Y-c(Y)-CO, il en résulte qu’à l’équilibre I(i) = Y – c(Y) – CO = S(Y) 2.
Construction de la courbe IS La courbe IS est définie sur l’ensemble des points formés par les
combinaisons entre i et Y qui assurent l’équilibre sur e marché des biens et services. Cette
relation ne détermine pas le niveau de Y et de i, il s’agit simplement d’une relation implicite.
Autrement dit, le fait que Y soit d’un certain montant ne permet pas de déterminer i, et vice
versa. Il nous faut maintenant établir la fonction Y = f(i), en mettant en relation
l’investissement et l’épargne. Or, si le 1er résulte des décisions des entreprises et est fonction
du taux de l’intérêt, la seconde relève de leur revenu, elle va donc dépendre de ne pas
consommer l’intégralité de leur revenu, elle va donc dépendre du niveau du revenu. Il s’agit
donc d’expliquer comment deux grandeurs, déterminées par des groupes d’agents différents et
non coordonnés par quelque autorité centrale que ce soit, peuvent s’égaler. En bref, l’objectif
est d’établir une relation objective entre les comportements d’investissement des entreprises ;
Pour construire la courbe IS, nous aurons recours à un système graphique composé de 4
quadrants mis en relation les uns avec les autres.

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Le quadrant a représenté la fonction d’investissement qui est décroissante par rapport au


taux d’intérêt : I=I(i) que l’on peut encore exprimer par la relation I=IO-gi où IO représente la
part de l’investissement qui est indépendante du taux de l’intérêt, et g la part de
l’investissement qui est immédiatement fonction du taux de l’intérêt.
Le quadrant b représente l’égalité entre l’épargne et l’investissement : I=S. Dans un repère
orthogonal, tous les points d’égalité de l’investissement et de l’épargne se trouvent sur la
première bissectrice.
Le quadrant c représente la fonction d’épargne : S(Y) = Y-5cY+CO) = (1-c)Y-CO
Le quadrant d enfin, déduit des quadrants a et c, nous donne l’ensemble des conditions
d’équilibre sur le marché des biens et services, soit la courbe IS : Y= f(i)

4.2 La demande de monnaie


L’une des originalités de la théorie développée par Keynes est que celui-ci a introduit dans
l’analyse économique une nouvelle conception de la monnaie et de l’intérêt. La théorie
keynésienne de la monnaie se démarque nettement de la théorie quantitative pour laquelle la
monnaie n’influe pas sur la détermination des variables réelles. Aux deux fonctions de
consommation et d’investissement, Keynes ajoute une fonction, de liquidité qui est déduite
des fonctions de demande et d’offre de monnaie.
1. La préférence pour la liquidité
Pour Keynes, la monnaie est le moyen de détenir le pouvoir de disposer, avec un maximum de
sécurité et de commodité, d’une richesse quelconque en quelque lieu ou temps que ce soit. La
monnaie est la forme de la richesse qui présente le plus haut degré de liquidité càd qu’elle

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peut être mobilise sans délai et sans coût. Dans ce cas le taux d’intérêt, dans la théorie
keynésienne n’est pas à proprement parler le produit d’un actif, mais il est plutôt le prix de la
renonciation à la liquidité.
2. Les motifs de détention de monnaie
Selon Keynes, il y a 3 motifs de préférence pour la liquidité par les agents économiques : les
motifs de transaction, de précaution et de spéculation.
a. Le motif de transactions. Il correspond aux besoins de monnaie pour la réalisation des
paiements courants personnels et professionnels
b. Le motif de précaution. Il est engendré par le souci qu’ont les ménages ou les entreprises
cherchant à parer aux imprévus qui peuvent exiger des dépenses immédiats. Le montant de
cette encaisse va dépendre de la confiance qu’ont les ménages ou les entreprises dans les
perspectives d’avenir quant à leur situation.
c. Le motif de spéculation. Il résulte aussi de la prise en compte de l’incertitude, mais il est
directement lié au marché monétaire et plus particulièrement au marché des titres financiers
porteurs d’intérêts, comme notamment les obligations, privées ou d’Etat.
3. La fonction de demande de monnaie
La forme de la fonction de demande de monnaie dépend principalement du comportement
des spéculateurs qui cherchent à maximiser leurs gains en capital (plus-value) et à minimiser
leurs pertes (moins-values). Les encaisses demandées au titre des motifs de transaction et de
précaution peuvent s’écrire : M1=L1(Y) ou encore MT = tY, où t représente la part de leur
revenu que les agents désirent conserver pour satisfaire leurs besoins de transactions et de
précaution. Les encaisses demandées pour satisfaire au motif de spéculation peuvent être
exprimées par la relation : M2 = L2(i)
ou encore Ms = lO-li , où lO représente la quantité de monnaie que les agents souhaitent
garder pour maintenir leur richesse, et li la demande de monnaie proprement dit spéculative
dépendante du taux t’intérêt. Donc, la fonction de préférence pour la liquidité est donnée par :
L = L1(Y) + L2(i). La demande globale de monnaie peut alors s’écrire M D = M1 + M2 =
L1(Y) + L2(i) ou encore MD = MT + MS = tY + lO – li
Keynes estime qu’il y a un taux d’intérêt maximum, iM, pour lequel les spéculateurs ne
peuvent que prévoir une baisse, et donc une hausse du prix des titres. Pour ce taux, ils ne
demandent plus de monnaie, mais que des titres, on parle de préférence absolue pour les titres.
D’une manière générale, lorsque le taux d’intérêt est très élevé ou tend à augmenter
fortement, la demande de monnaie pour motif de spéculation diminue puisque les agents
peuvent prévoir dans un futur proche une baisse du taux de l’intérêt, aussi anticipent-ils une
hausse du cours des titres et peuvent-ils envisager des gains en capital. De l’autre côté,
Keynes estime aussi qu’il y a un taux d’intérêt minimum ou plancher, im, en dessous duquel
le taux ne peut plus baisser, puisque les spéculateurs envisagent comme inévitable la baisse du
prix des titres. A ce taux, ils transforment tous leurs avoirs en liquidités. On parle de trappe à
liquidité ou de trappe monétaire.

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Construction de la fonction globale de demande de monnaie :

Le quadrant (a) représente la demande de monnaie pour motifs de transactions et de


précaution qui est fonction du revenu et non du taux d’intérêt. Ces deux demandes peuvent
être confondues et représentées par une droite verticale parallèle à la droite des ordonnées.
Le quadrant (b) représente la demande de monnaie pour motif de spéculation. Dans sa partie
haute, à partir de iM, la courbe se confond avec l’axe des ordonnées, c’est la zone de
préférence absolue pour les titres. Entre iM, et im, la courbe est fonction décroissante de i.
Pour un taux d’intérêt im, les spéculateurs prévoient la remontée du taux d’intérêt et donc la
baisse du cours des titres. Ils préfèrent donc détenir de la monnaie liquide pour éviter de
risque des pertes, la préférence pour la liquidité devient alors infinie, c’est la partie
horizontale de la courbe. Toute augmentation de la quantité de monnaie sera, pour ce niveau
du taux d’intérêt, absorbée, comme dans une trappe, dans les encaisses oisives des agents.
Le quadrant c représente la fonction globale de demande de monnaie. Il faut remarquer que
la forme de cette fonction dépend pour beaucoup du comportement des spéculateurs qui
cherchent à maximiser leurs gains en capital, plus-values, et à minimiser leurs pertes. Pour des
valeurs du taux d’intérêt égales ou supérieures à iM, plutôt que de détenir de la monnaie, les
spéculateurs vont transformer tous leurs avoirs en titres et ne souhaitent donc pas détenir de
monnaie spéculative, c’est pourquoi la demande de monnaie se résume aux motifs de
transactions et de précaution et que la fonction est parallèle à l’axe des ordonnées. Dans la
portion comprise entre iM et im, la pente de la droite est due uniquement aux comportements
spéculatifs. Enfin, dans la parie horizontale correspondant à la trappe à liquidités, les agents
ne demandent pas de monnaie pour spéculer, ni pour effectuer des transactions, et toute
augmentation de la quantité de monnaie sera vouée à la constitution d’encaisses oisives.

4.3. L’équilibre sur le marché de la monnaie en économie fermée


4.3.1. La détermination du taux d’intérêt sur le marché de la monnaie
Dans le schéma keynésien, l’offre de monnaie est une variable déterminée par la Banque
Centrale, qui est en dernier ressort l’institution qui détermine le volume de la masse monétaire

40
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et ce indépendamment du niveau du taux d’intérêt en vigueur. La Banque Centrale fixe la


quantité de monnaie disponible dans l’économie, autrement l’offre de monnaie est exogène.
Cette hypothèse permet notamment d’affirmer l’existence d’un marché de la monnaie qui,
bien que de nature monopolistique, serait régi par la loi de l’offre et de la demande. Le
montant de la quantité de monnaie offerte par la Banque Centrale ne dépend pas, directement,
du taux d’intérêt. Il s’en suit que dans un graphique ayant pour coordonnées Y et i, l’offre de
monnaie sera représentée par une droite verticale parallèle à l’axe des ordonnées.

Notons que le rôle du taux de l’intérêt n’est pas d’assurer l’égalité de l’épargne et de
l’investissement, comme cela est le cas dans les théories classiques et néoclassiques, mais
l’équilibre sur le marché de la monnaie.

4.3.2. Construction de la fonction globale de liquidité : LM


Il s’agit de dégager une équation d’équilibre sur le marché de la monnaie afin de déterminer
la quantité de monnaie disponible dans l’économie en fonction des valeurs de Y et i. Cette
équation doit effet traduire la relation quantitative qui s’établit entre Y et i, lorsque la
demande de monnaie, L, égale l’offre de monnaie, M. D’où le nom de sa courbe
représentative, LM, qui est caractérisée par l’ensemble des couples (Y,i) tels que L = M. Ce
qui, en utilisant les notations que nous avons retenues précédemment, peut s’exprimer par : M
D = MO , soit : tY +lO –li = MO .Tirez Y de cette égalité.
Nous utilisons ainsi, pour la construction, un système graphique à quatre quadrants mis en
correspondance.

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Construction de la forme de liquidité Le quadrant (a) représente la demande d’encaisses de


transactions qui est fonction du niveau de l’activité économique donc du revenu : M1 =
L1(Y). Le quadrant (b) illustre l’égalité de la demande et de l’offre de monnaie. C’est la
droite de substitution de M1 à M2 pour une offre MO donnée : L1(Y) = MO -L2(i) Le
quadrant (c) représente la demande de monnaie pour motif de spéculation qui est directement
fonction du taux d’intérêt : M2 = L2(i) Le quadrant (d) représente l’équilibre sur le marché
monétaire sous forme de la droite LM, c’est –à-dire tous les points correspondant à
l’ensemble des couples (Y,i) pour lesquels l’équilibre monétaire est réalisé, c’est-à-dire
encore l’ensemble des couples (Y,i) pour lesquels la demande de monnaie est égale à l’offre
exogène de monnaie. L(Y,i) = MO La courbe LM est horizontale sur s gauche car elle
représente u état où le taux d’intérêt ne peut plus baisser, il est à son minimum. On peut dire
que dans cette zone, l’économie est dans la trappe à liquidité puisque la demande de monnaie
est infiniment élastique au taux d’intérêt. Dans cette partie de la courbe, toute émission
supplémentaire de monnaie serait affectée à des encaisses oisives pour lesquelles on peut
parler de thésaurisation. Lorsque la pente de la courbe devient positive, le revenu global
augmente simultanément avec le taux d’intérêt. Enfin, lorsque la courbe tend à devenir

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verticale, le revenu global ne varie pas, et ce quel que soit le niveau du taux d’intérêt. Pour
cette valeur du revenu global, Y, le taux d’intérêt est maximum et toute l’offre de monnaie
supplémentaire serait utilisée à l’achat d’actifs financiers. Nous sommes en effet dans la zone
de préférence absolue pour les titres. Dans cette zone, la demande de liquidités est
parfaitement rigide par rapport au taux d’intérêt, son élasticité est nulle.
4.4. Equilibre réel et équilibre monétaire simultanés (IS-LM)
1. Représentation de l’équilibre.
Pour représenter géométriquement l’équilibre global, il suffit de superposer dans le même
plan les courbes IS et LM. On obtient ainsi le diagramme de Hicks-Hansen. L’intersection des
deux courbes correspond à un couple de valeurs (Y,i) qui assure l’équilibre sur chacun des
deux marchés des produits et de la monnaie et, partant, de l’économie dans son ensemble.
L’équilibre est atteint lorsque l’équilibre sur le marché des biens et services coïncide avec
l’équilibre sur le marché de la monnaie. Arithmétiquement, cela s’exprime grâce aux
équations IS et LM.
2 Le déplacement de l’équilibre
Il s’agit de supposer que les deux courbes subissent des déplacements et la modification de
leurs pentes respectives.
a. Déplacement de la courbe IS
Cette courbe peut subir un déplacement suite à :
- Une variation de l’investissement autonome
- Une variation dans les importations et les exportations
- Une augmentation ou une baisse des dépenses publiques.

On peut distinguer 3zones possible d’intersection correspondant à des phénomènes différent.


Dans la zone AB, lorsqu’IS1 se déplace vers IS’1, on peut voir que l’effet sur le taux d’intérêt
i est rigoureusement nul. En revanche, ce déplacement va provoquer une augmentation
sensible du revenu global, on peut penser notamment que l’effet multiplicateur joue
pleinement.
Dans la zone BC, le déplacement de IS se traduit à la fois par l’augmentation de taux i et du
revenu Y. Mais il faut remarquer même si y augmente en même temps que i, il se traduit par

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le fait que l’augmentation de i va inciter les agents à faire des placements sur le marché
financier plutôt qu’à investir ou à consommer.
Dans la zone CD, le glissement de IS se traduit uniquement par une hausse du taux d’intérêt,
le revenu étant inchangé. La forte hausse du taux d’intérêt fait que les agents sont plutôt
incités à faire des placements qu’à investir dans la production.

b. Déplacement de LM
Cela peut être provoqué par :
- Une variation de l’offre de monnaie par les autorités monétaires
- Une prise de confiance dans l’avenir de la part des particuliers, ce qui pourrait réduire les
encaisses de précaution
- Une variation du revenu

On Remarque également trios zones:


- Dans la zone AB. IS1 coupe LM dans sa partie horizontale, toute augmentation de la
quantité de monnaie est absorbée dans la trappe à liquidités. La constitution d’encaisses
oisives ne favorise pas l’augmentation du revenu, ni aucune variation du taux d’intérêt qui
reste à son minimum.
- Dans la zone BC et B’C’. L’augmentation de la liquidité a un double effet. Elle va se
traduire par une augmentation des encaisses des agents qui vont repartir ce surcroît de
liquidités entre spéculation et transactions. D’un côté la demande supplémentaire de titres va
provoquer une hausse de leur cours et donc une baisse du taux d’intérêt, de i2 à i’2, de l’autre
côté l’augmentation des encaisses de transactions va favoriser le développement de la
consommation et aussi de l’investissement. Ce dernier sera en outre stimulé par la baisse du
taux d’intérêt.
- Dans la zone CD et C’D’, on assiste à un phénomène du même type que le précédent mis
dans des proportions amplifiées. La baisse du taux d’intérêt étant forte, elle favorisera

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d’autant plus l’investissement dont l’augmentation se traduit par une forte augmentation du
revenu

Chap.5 L’EQUILIBRE MACROECONOMIQUE EN ECONOMIE OUVERTE

Le développement économique des pays se traduit par la multiplication des échanges


internationaux et par l’établissement d’un système mondial qui renforcent de jour en jour les
relations d’interdépendance entre les économies des pays. Les échanges internationaux
couvrant des domaines extrêmement vastes et ne sont pas limités à des flux de marchandises,
biens et services, mais concernent aussi les banques, les assurances, etc. et donc les
mouvements des capitaux. Les relations économiques internationales influent sur le
fonctionnement même des économies nationales et contraignent les différents gouvernements
à adapter leur politique aux flux des marchandises et de capitaux qui traversent les frontières
des Etats.
Cependant même si les relations économiques qui s’établissent entre les pays sont
importantes, chaque nation ou pays constitue une entité politique et économique qui présente
des caractéristiques spécifiques. L’économie internationale est une économie d’échange,
c’est-à-dire une économie qui est caractérisée par l’absence de production. Il n’ya pas de
création des richesses dans le champ des relations économiques internationales. Toutes les
marchandises sont produites et tous capitaux formés dans le pays. Le modèle de l’équilibre
macroéconomique en économie ouverte qui est sans doute le plus connu et le plus utilisé est le
modèle de Mundell-Fleming, du nom de 2 économistes anglosaxons.

Dans les années 60, ces deux économistes, Robert A. Mundell et J.M. Fleming, ont élaboré
un modèle qui est pour l’essentiel une extension du modèle IS-LM . Aux deux courbes
fondamentales qui caractérisent l’équilibre intérieur, les auteurs ajoutent une courbe
représentative de l’équilibre de la balance des paiements. Ce modèle présente l’indiscutable
avantage d’associer dans une analyse cohérente les effets des variations dans la demande
intérieure de marchandises, de monnaie et d’actifs financiers avec ceux qui sont occasionnés
par les échanges extérieurs.

5.1. La balance des paiements


Les opérations qui mettent en relation les agents nationaux avec les agents extérieurs sont au
fond de même nature que celles qui concernent les agents nationaux entre eux. Toutefois, les
échanges internationaux revêtent un aspect particulier en raison de deux éléments
fondamentaux :
- L’existence d’une hétérogénéité politique, qui se traduit par l’existence de frontières qui, les
plus souvent, délimitent des espaces économiques.

- L’absence de monnaie universelle, qui se traduit par une hétérogénéité économique. Pour
importer ou placer des capitaux à l’étranger, il faut disposer des moyens de paiement
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étrangers ; or un pays ne peut se procurer ces moyens qu’en exportant des marchandises ou en
recevant des capitaux étrangers. Ces moyens de paiement étrangers sont les devises. Les
mouvements divers de marchandises et de capitaux influent sur le fonctionnement de la
balance des paiements. Elle est un état statistique dont l’objet est de retracer pour un pays
donné sous une forme comptable l’ensemble des mouvements des biens et services, de
capitaux et de monnaies à travers les frontières au cours d’une période déterminée. Elle est
tenue selon les règles de la comptabilité en partie double ; à chaque dette correspond une
créance de même montant. Notons que dans ce cas plus précis, la balance de paiements ne
doit pas être réduite à sa dimension comptable. Elle a aussi une dimension économique.

En bref, la balance des paiements donne un aperçu de l’Etat des échanges économiques
effectués par les résidents d’un pays avec le reste du monde. Elle présente en effet l’évolution
du montant des avoirs détenus par les nationaux à l’étranger. Elle permet là même, d’évaluer
l’importance que revêtent les échanges internationaux dans l’activité d’un pays et le degré de
dépendance économique de celui-ci vis-à-vis de l’extérieur. L’objet de la balance des
paiements n’est pas de faire apparaître l’équilibre des échanges avec l’extérieur, mais bien
plutôt de faire ressortir la manière dont l’équilibre des recettes et des dépenses a pu être
réalisé au cours de la période considérée. L’information qu’elle apporte n’est donc pas
saisissable dans la seule lecture de son solde globale, mais bien plutôt dans le fait qu’elle
présente les caractéristiques des opérations que les particuliers ont réalisées avec le reste du
monde.

1. Structure générale de la balance de paiement

Pour être bref, disons que la balance de paiements d’un pays est décomposée en 3 grands
comptes :
- Le compte de transactions courantes qui regroupe les flux de biens et services à travers les
frontières. C’est dans cette balance que sont enregistrées les exportations et les importations
de biens et services. - Le compte de capital, dans lequel sont enregistrés les transferts de
capitaux et les acquisitions d’actifs non financiers tels les brevets.
- Le compte financier qui fait ressortir les mouvements financiers donnant lieu à
investissements ainsi que la variation des réserves en devises et des engagements de
l’économie nationale.
Toutes les opérations enregistrées, qu’elles portent sur des biens et services ou des
mouvements de capitaux, engendrent des mouvements monétaires. C’est la raison pour
laquelle chaque transaction donne lieu à une double inscription :
• L’une traduit la nature économique de l’opération, puisqu’elle enregistre les mouvements
d’actifs à travers les frontières (export ou import).
• L’autre fait ressortir le mode de règlement des opérations économiques (transferts de devises
ou engagements).

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2. Construction de la courbe BP (balance des paiements)

Du fait du double enregistrement des flux, le solde de la balance des paiements est toujours
nul. Si on désigne par BP le solde global de la balance des paiements, par BTC le solde de la
balance des transactions courantes et par BK le solde de la balance des capitaux, on peut
écrire la relation : BP = BTC + BK avec BTC = -BK
BK est précédé d’un signe négatif parce que les mouvements monétaires sont comptés dans
la balance financière au sens large. Pour saisir les conséquences des échanges internationaux
sur l’équilibre intérieur, il faut intégrer l’équilibre de la balance des paiements en relation
avec le niveau du revenu national, Y, et avec celui du aux d’intérêt intérieur i. Cela permet de
construire la courbe représentative de l’équilibre externe désignée par BP. Retenons que le
niveau d’équilibre de la balance des transactions courantes est fonction du revenu national Y.

Certes, on peut considérer que plus le produit national est élevé et plus la capacité d’exporter
est grande, néanmoins le montant des exportations dépend principalement de la demande des
non résidents, ce qui fait qu’il n’est pas directement fonction du revenu national Y. Il est
avéré, en revanche, que les importations sont directement fonction du revenu intérieur : plus
le revenu augmente et plus les résidents auront tendance à demander des produis étrangers.
Nous pouvons alors écrire : BTC = BTC(Y)

Les mouvements des capitaux quant à eux, sont fonction du taux d’intérêt intérieur i. Il est
vrai que le niveau des taux d’intérêt pratiqués à l’étranger influent sur les mouvements des
capitaux. En toute rigueur, les capitaux sont fonction du différentiel entre le taux d’intérêt
intérieur et les taux d’intérêt extérieurs. BK = BK(i) Il s’en suit que l’équilibre de la balance
des paiements, BP, peut s’écrire : BP(Y,i) = BTC(Y) + BK(i) = 0 ; soit encore BTC(Y) = -
BK(i)
Toutefois, rien n’indique a priori que les couples (Y,i) correspondant à l’équilibre de la
balance des paiements coïncident avec les couples Y,i) caractérisant l’équilibre interne.

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Graphiquement, on a :

Le quadrant (a) figure l’évolution du solde de la balance des transactions courantes en


fonction du revenu : BTC = BT (y). L’échelle des ordonnées est croissante vers des valeurs
négatives du solde de la balance des transactions courantes. Cela tient à ce que plus le revenu
national, Y, est élevé et plus les résidents peuvent acheter des produits à des non-résidents, et
ce, sans que pour autant le montant des exportations varie, puisque celles-ci ne dépendent pas
directement du montant du revenu national.
Le quadrant (b) représente le solde de la balance des paiements pour lequel le montant des
mouvements de capitaux et de devises enregistrés dans la balance des capitaux. Sur la
première bissectrice de notre repère orthonormé, nous avons –BTC (y) = BK(i)
Le quadrant (c) indique que le montant des mouvements des capitaux est fonction croissante
du taux d’intérêt national : BK = BK(i)
Le quadrant (d) donne la courbe BP déduite de la combinaison des trois graphiques
précédentes, elle représente l’ensemble des combinaisons du taux d’intérêt domestique et du
revenu national compatibles avec l’équilibre de la balance des paiements : BP = BTC (y) +
BK(i) = 0. La courbe BP représente l’ensemble des couples (Y,i) pour lesquels est réalisé
l’équilibre de la balance des paiements.

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3. Interdépendance internes et externes


Parlant de l’équilibre interne et équilibre externe, il faut noter que l’équilibre de la balance
des paiements est défini par les flux nets de devises sur une période donnée, les fluctuations
du revenu intérieur et du taux d’intérêt peuvent se compenser sur la période considérée.
Toutefois, quand bien même les variations du taux de l’intérêt et du revenu se compensent
dans le cadre de la balance des paiements, elles auront inévitablement des conséquences sur la
détermination de l’équilibre interne de l’économie. Un afflux des capitaux se traduit par une
augmentation de la liquidité intérieure qui va susciter une tendance à la baisse du taux
d’intérêt. Une sortie des capitaux aura l’effet inverse. Aussi, à travers une modification de
l’équilibre sur le marché monétaire, c’est ‘équilibre général de l’économie qui est modifié.
5.2. Le taux de change
Toutes les transactions réalisées par les résidents d’un pays avec les non-résidents donnent
lieu à des opérations de change parce que chaque pays a sa propre monnaie, représentative de
sa production nationale, et que les monnaies nationales sont hétérogènes. D’une manière
générale, les créanciers internationaux souhaitent être payés dans la monnaie de leur propre
pays. Les exportateurs doivent en effet pouvoir réaliser des transactions au sein de leur propre
pays et, bien que vendant leurs produits à l’étranger, ils ont besoin de la monnaie du pays dans
lequel ils exercent leur activité pour y effectuer des paiements. Aussi faut-il, pour que se
réalisent les règlements internationaux, que le passage d’une monnaie à l’autre soit assuré par
une opération économique particulière. C’est cette opération que l’on dénomme le change et
qui permet de convertir les monnaies nationales entre elles ; cette conversion se fait sur un
marché spécialisé : le marché des changes.

1 Détermination du taux de change

Le taux de change, ou encore le prix d’une devise exprimé en monnaie nationale, c’est la
quantité de monnaie nationale qui doit être dépensée pour se procurer une unité de devise
étrangère. Ainsi, lorsque l’on dit que le taux de change s’élève, c’est le prix des devises
étrangères, exprimé en monnaie nationale, qui s’accroît. Cela revient encore à dire que le
cours de la monnaie nationale diminue. En revanche, quand le taux de change diminue, c’est
qu’il faut moins de monnaie nationale pour obtenir une unité de devises étrangères. On dit
encore que le cours de la monnaie nationale s’élève.
L’attention des étudiants sur ces questions et l’utilisation de ces expressions est requise, car
cela peut prêter à la confusion. Le taux de change résulte de la confrontation de l’offre et de la
demande de devises. L’offre de devises émane des non-résidents qui souhaitent acquérir soit
des marchandises, soit des titres financiers, soit de la monnaie du pays considéré. La demande
de devises provient des résidents pour que ceux-ci puissent payer leurs fournisseurs étrangers.
Le taux de change de la monnaie nationale de son côté sera donc dépendant des flux de
marchandises et de capitaux à travers les frontières du pays.

2 Régime de taux de change fixes et de taux de change flexibles.

On peut distinguer deux situations extrêmes : le régime de taux de changes fixes et le régime
de taux de change flottants. Pour le 1er, les monnaies peuvent fluctuer dans une marge étroite,
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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

contrôlée par les autorités monétaires. Les régimes de changes flottants, qui sous-entendent
que les monnaies fluctuent librement sans interventions des autorités monétaires, ne se
rencontrent que dans des situations exceptionnelles et pour des durées relativement courtes.

a. Régime de taux de changes fixes


Sous un tel régime, les autorités définissent un taux de convertibilité des monnaies, on parle
de parité. Dans ce cadre, les banques centrales interviennent sur le marché pour maintenir le
cours du change à une valeur égale ou proche de la parité initialement fixée. D’une manière
générale, le cours peut varier dans le respect de marges de fluctuations déterminées à ‘avance.
Le fait que le régime de change soit fixe ne signifie pourtant pas que le taux de change soit
immuable, la pression des flux de marchandises et de capitaux peut faire que les autorités
monétaires soient contraintes de modifier la parité de leur monnaie, on dira alors que celle-ci
est dévaluée ou réévaluée. La fixité du change suppose une condition de convertibilité de la
monnaie nationale, c’est-à- dire que les banques centrales doivent se mettre en position
d’acheter ou de vendre la quantité de monnaie nécessaire pour satisfaire les demandes des
agents économiques.

C’est dire qu’elles sont tenues e constituer des réserves de changes en devises afin de pouvoir
réguler le marché et soutenir le cas échéant le cours de la monnaie dont elles ont la
responsabilité. Toutefois, les interventions des banques centrales de puiser dans leurs réserves
connaissent une limite. Un déficit chronique va progressivement épuiser les réserves de la
banque centrale qui ne pourra plus intervenir de façon efficace. Le moment viendra alors où il
faudra modifier la parité des monnaies. Pour faire face à une situation de déficit prolongé de
la balance des paiements, on procédera alors à une dévaluation. A l’inverse pour éviter que
perdure l’excédent de la balance des paiements, on procédera à une réévaluation. Dans l’un ou
l’autre cas, on assistera à un déplacement de BP.

b. Régime de taux de change flottants.


Sous un tel régime, le cours des monnaies se détermine librement, par le simple jeu de l’offre
et de la demande sur le marché des changes. En principe, sous ce régime, es banques centrales
n’interviennent pas et laissent le marché s’équilibrer librement en vertu des principes dégager
par la théorie de la parité des pouvoirs d’achat.

5.3. L’équilibre macroéconomique en économie ouverte

1. Représentation de l’équilibre global

La présentation de l’équilibre global en économie ouverte nécessite de rassembler dans un


schéma unique l’équilibre interne et externe. On sait que l’équilibre, en traçant BP, de la
balance des transactions courantes est directement fonction du niveau du produit national, Y,
et l’équilibre de la balance des capitaux est fonction du taux d’intérêt domestique, i. Ce qi fait
que l’équilibre de la balance des paiements peut être représenté dans le plan constitué par
l’ensemble de ces couples (Y,i) dans lequel est défini l’équilibre interne. Dès lors, on peut

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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

représenter l’équilibre macroéconomique en économie ouverte par la superposition du schéma


IS-LM avec le schéma BP.

Par souci de simplification et afin de rester dans le cas le plus général qui soit, nous
représentons seulement la partie « pendue » de LM

Les trois courbes de la figure représentent respectivement les trois marchés fondamentaux de
l’économie :
- Le marché des biens et services représenté par la courbe IS qui retrace les combinaisons du
taux d’intérêt domestique i et le niveau du revenu national Y pour lesquels est atteint
l’équilibre sur le marché des biens et services.
- Le marché de la monnaie représenté par la courbe LM, qui retrace toutes les combinaisons
du niveau du revenu national Y, et du taux d’intérêt intérieur i pour lesquelles l’offre et la
demande de monnaies sont égales.
- Les échanges avec l’extérieur représenté par la courbe BP qui retrace toutes les
combinaisons du revenu national Y, et du taux d’intérêt intérieur i compatibles avec un certain
niveau d’équilibre de la balance des paiements. La représentation graphique nous permet de
saisir que l’équilibre macroéconomique d’une économie ouverte est atteint au point
d’intersection des trois courbes IS, LM et BP. En ce point E, les trois marchés sont
simultanément équilibrés pour un coupe (Y,i) mais aussi pour un taux de change e. Autrement
dit, le taux de change est un facteur qui participe à la définition de l’équilibre global.

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Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

Chap.6 LE DILEMME INFLATION/CHOMAGE

6.1. La courbe de Phillips et l’arbitrage inflation-chômage


Les deux objectifs essentiels de politique macroéconomique sont un faible niveau d'inflation
et un chômage réduit. Mais ces deux objectifs sont souvent conflictuels. En 1958, le
professeur Philips a démontré qu'il y avait une forte corrélation statistique entre le taux annuel
d'inflation et le taux annuel de chômage au Royaume Uni. Il a observé une relation négative
entre les deux taux. Une relation similaire a été observée dans d'autres pays. Cette liaison a
pris le nom de courbe de Phillips. Si la production s'accroît, il y a baisse de chômage puisque
les entreprises ont besoin de plus de travailleurs pour la réaliser.

Cependant si la demande augmente, les ventes augmentent, les travailleurs vont demander des
hausses de salaire. Il s'ensuivra une répercussion sur les prix de revient et donc la hausse des
prix c'est-à-dire l'accélération de l'inflation. La politique de croissance de l'économie conduit à
réduire le taux de chômage et à accroître le taux d'inflation. Si les prix continuent à grimper,
le pouvoir d'achat s'érode, la demande se contracte, les prix des biens et services chutent, les
entreprises ne vendent plus assez et donc réduisent la production et par conséquent leur
demande des facteurs de production. La politique de contraction de la demande se traduit par
plus de chômage et moins d'inflation. La courbe de Philips montre qu'un taux d'inflation plus
élevé s'accompagne d'un taux de chômage plus faible et inversement.
Au courant des années 60, les décideurs avaient à comparer, quel niveau d'inflation, ils étaient
prêts à tolérer en échange d'une baisse du chômage.

Au point E, situation d’équilibre, l'inflation est nulle et le chômage est en un point tel que le
marché de travail se situe en équilibre. Supposons que la demande globale augmente.
Admettons par exemple qu'il y ait augmentation de la masse monétaire, les prix et les salaires
n'augmentent pas beaucoup au départ, le taux d'intérêt baisse pour inciter les gens à détenir
une plus grande demande d'encaisse. A court terme, l'augmentation de la demande globale des
biens entraîne un accroissement de la production, l'emploi s'améliore et le chômage diminue.
Cependant l'augmentation de la demande globale a pour effet, de déplacer l'économie du point
E vers le point A de la courbe de Philips. En effet comme les prix ont augmenté, l'inflation est
supérieure à zéro. L'économie ne reste pas au point A. Progressivement le salaire monte en
réaction à l'augmentation de la demande de travail par les entreprises. Les entreprises
répercutent la hausse des salaires sur les prix de revient et sur les prix de vente. La hausse des
prix réduit la masse monétaire réelle, la demande globale commence à diminuer, le chômage
augmente à nouveau et les prix baissent. L'économie se met à redescendre le long de la courbe
de Philips du point A vers le point E. La baisse du salaire et des prix rend l'inflation négative à
court terme.

La diminution de la demande globale accroît le chômage, l'économie se déplace vers le point


B. Si le chômage se poursuit, le salaire et le prix continueront à baisser, la masse monétaire
réelle va augmenter, le taux d'intérêt va diminuer et la demande globale va croître de nouveau.
52
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

L'économie remonte vers la gauche le long de la courbe de Philips. Il s'agit d'une relation
statistique selon laquelle, il existe sur la longue période une relation inverse entre le taux de
progression des salaires nominaux (en ordonnées) et le taux de chômage (en abscisses). En
faisant l'hypothèse que la hausse nominale des salaires reflète assez fidèlement la hausse des
prix, d'autres économistes ont déduit de la courbe de Phillips une relation stable entre la
hausse des prix et le taux de chômage: la variation du niveau général des prix apparaît comme
une fonction décroissante du taux de chômage. A noter que cette relation n'est pas linéaire, car
au fur et à mesure que l'on tend vers le plein emploi, les prix augmentent de plus en plus
rapidement.

L'intersection entre la courbe et l'axe des abscisses indique le taux de chômage compatible
avec la stabilité des prix. Selon une étude de Samuelson et Solow, publiée en 1960, la stabilité
des prix aux États-Unis impliquait un taux de chômage voisin de 5 %. La courbe de Phillips
établit une relation a priori conforme au bon sens : quand le travail se raréfie et que le taux de
chômage diminue, la concurrence entre les employeurs devient plus forte pour drainer la
main-d’œuvre qui leur est nécessaire. De ce fait, les salaires augmentent, ce qui rejaillit sur les
prix. La relation montre que l'économie oscille entre deux pôles: chômage et stabilité des prix
d'un côté, plein emploi et inflation de l'autre. Entre ces deux extrêmes, il existe un grand
nombre de situations intermédiaires caractérisées par un certain chômage et une certaine
inflation, mais l'idéal keynésien de plein emploi sans inflation apparaît comme une utopie. La
relation de Phillips explique aussi le dilemme auquel sont confrontés les pouvoirs publics aux
prises à ce que l'on appelle parfois un « marchandage cruel» : ils doivent toujours choisir entre
plus de chômage (pour freiner l'inflation) ou plus d'inflation (pour lutter contre le chômage).

Au cours des années 1950-1960, les gouvernements optaient, selon la conjoncture, pour l'un
ou l'autre de ces objectifs et menaient des politiques de réglage conjoncturel au coup par coup,
qualifiées de stop and go, tantôt en freinant la demande globale (politiques de rigueur
monétaire et budgétaire), tantôt en la stimulant (par la dépense publique, notamment).

N.B. : L'hypothèse de Philips a été remise en cause par les théories ultérieures. Il a 88 été
relevé que sa théorie n'est pas toujours confirmée par les faits. Cependant, il faut retenir que la
courbe de Philips exprime un arbitrage temporaire et non permanent entre l'inflation et le
chômage qui existe quand l'économie s'ajuste à la demande globale. Une augmentation de
celle-ci nécessite une période passagère d'inflation pour réduire les encaisses réelles et
ramener la demande globale à son niveau de plein emploi. Par ailleurs, le mouvement de
l'économie le long de la courbe de Philips dépend du degré de flexibilité des salaires
nominaux et en conséquence des prix. La flexibilité des salaires nominaux et des prix
influence la masse monétaire réelle et la demande globale. Les monétaristes ont ajouté à ce
constat l'hypothèse de l'accroissement de la masse monétaire à long terme.

La masse monétaire nominale ayant augmenté, l'inflation, les taux d'intérêts nominaux et les
salaires nominaux augmentent. Mais selon l'état de l'économie, le salaire réel peut rester
constant et l'économie se maintenir en plein emploi. Jusqu'à la fin des années 1960, le schéma
de Phillips se vérifie. Mais on constate, au cours des années 1970, que l'arbitrage entre
53
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

l'inflation et le chômage paraît de moins en moins pertinent; on a même forgé le terme de


stagflation pour décrire une situation dans laquelle l'économie souffre simultanément (et non
plus alternativement) d'inflation et de chômage. En fait, il semble qu'il n'existe plus de courbe
de Phillips ou que cette courbe est très instable et la conclusion de Friedman et Phelps (en
1968) est qu'il n'existe pas, à long terme, de relation entre la production (et l'emploi) et
l'inflation.

De ce fait, l'efficacité et même l'opportunité des politiques de réglage conjoncturel (le stop
and go) sont mises en cause. Les auteurs monétaristes ont vu dans ce phénomène la
confirmation de leur hypothèse d'existence d'un taux de chômage naturel que l'intervention de
L'Etat ne parvient pas à combattre (du moins par les moyens keynésiens, c'est-à-dire par les
politiques de relance conjoncturelle). Dans un article publié en 1968, Friedman juge que
l'erreur de Phillips a consisté à ne pas distinguer les salaires nominaux des salaires réels.
Milton Friedman a fait observer que dans un équilibre à long terme où l'inflation augmente, la
masse monétaire nominale et les salaires nominaux augmentent au même rythme que le prix.
L'inflation n'érode pas la masse monétaire réelle ni les salaires réels. A long terme, l'inflation
n'avait pas d'influence sur les valeurs d'équilibre du plein emploi des salaires réels et du
chômage.
6.2. Les coûts du chômage

Le coût économique le plus visible du chômage est celui de la demande de la sécurité sociale
c'est à dire le financement des allocations versées aux chômeurs. Un coût important le moins
visible est celui de la perte de l'activité productive des chômeurs. Leur inactivité forcée prive
toute la société des biens et services qu'ils pourraient produire. Au niveau global, le PIB est à
un niveau inférieur à celui qu'il aurait pu atteindre (production perdue) et le bien être que cette
production aurait pu apporter. Cette production et ce bien être ne seront jamais récupérés ni
compensés. Au plan social, la perte d'un emploi ou l'impossibilité d'en trouver signifie d'abord
une perte de revenu et donc de niveau de vie et ensuite une déstabilisation psycho sociale pour
ceux qui en sont victimes. Statistiquement, on observe que les maladies, les violences et la
criminalité augmentent dans les périodes de chômage important. Compte tenu de ces coûts, la
diminution du chômage constitue un des objectifs fondamentaux des politiques
macroéconomiques.

6.3. L'effet d'hystérésis sur le chômage


Le concept d'hystérésis (ou de persistance) a été récemment emprunté par les économistes à la
science physique. Appliqué au phénomène du chômage, il explique qu'une fois que le taux de
chômage a augmenté, il n'a que très peu tendance à revenir à son état antérieur. En d'autres
termes, lorsque le chômage s'aggrave, le nairu se dégrade également. Trois éléments
principaux sont généralement avancés pour expliquer cette tendance: - des chômeurs de
longue durée perdent progressivement leur qualification et deviennent inemployables. Leur «
capital humain» se déprécie; - les agents déjà titulaires d'un travail intéressant (les « insiders
») peuvent négocier pour eux-mêmes, dans les phases de reprise économique, des avantages
salariaux qui aggravent la situation des « outsiders» recherchant un emploi; - le retard
d'investissement accumulé au cours des périodes de récession freine la possibilité d'une
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reprise suffisante pour résorber le chômage. L'effet d'hystérésis peut donc contribuer à la
dégradation inexorable du taux de chômage naturel. Il montre également que la mise en œuvre
de politiques déflationnistes peut exercer des effets irréversibles sur l'emploi

6.4. La courbe de Phillips


Pendant les années 1930, l’inflation n’était pas un problème macroéconomique majeur. Elle
redevient progressivement une préoccupation dans la période d’après-seconde guerre
mondiale, période de reconstruction et de plein-emploi.

a. La relation statistique de Phillips (1958)

Alban Phillips, économistes néo-zélandais, dans son étude, cherchait à valider l’hypothèse
selon laquelle le taux de variation du taux de salaire monétaire peut être expliqué par le
niveau de chômage ou le taux de changement du chômage. A partir des statistiques pour le
Royaume-Uni couvrant la période 1861-1957 des taux de chômage et des taux de variation du
taux de salaire monétaire, Phillips répondait positivement à la question qu’il s’était posée en
mettant en évidence l’existence d’une relation (non linéaire) décroissante entre les deux
variables sur la période étudiée. Il trouva également le niveau du taux de chômage de 5,5%
susceptible d’assurer la stabilité de salaire monétaire. Ce taux de chômage sera plus tard
appelé, en macroéconomie, le NAWRU, Non Accelerating Wage Rate of Unemployment
(taux de chômage non accélérateur de salaire). Pour lui, à des situations de chômage élevé
correspondaient de faibles hausses du taux de salaire monétaire et inversement.

b. La courbe inflation/chômage
Le schéma de Phillips ne va devenir une référence qu’à l’occasion d’un travail de Paul
Samuelson et Robert Solow présenté en décembre 1959 lors du 72ème colloque de
l’American Economic Association.

Dans cette étude, couvrant la période 1900-1958, portant sur les Etats Unis, es deux auteurs
choisissent de reformuler la relation de Phillips, en remplaçant la variation du taux de salaire
par l’augmentation annuelle des prix : la courbe de Phillips devient ainsi une relation
décroissante entre le taux de chômage et le taux d’inflation.

6.5. Inflation et chômage dans le court et long terme


1. Stagflation et instabilité de la courbe de Phillips
Encore perceptible à la fin des années 1960, la liaison qu’établit la courbe de Phillips entre
inflation et chômage disparaît totalement au cours des dix années suivantes. On entre
maintenant dans la stagflation. La stagflation est la combinaison de stagnation (et de
chômage) et d’inflation. Cette stagflation révélait donc une disparition des courbes de
Phillips. Sur plus d’un siècle, la relation inverse entre inflation et chômage semblait
simultanément dans tous les pays développés. Le défi était alors posé aux macro-économistes
de résoudre cette énigme : il s’agissait d’expliquer à la fois l’existence passée de la courbe de
Phillips, sa disparition, et aussi le fait que cette disparition se soit produite simultanément
dans tous les pays industrialisés.
55
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

1. L’explication monétariste et ses implications


Milton Friedman s’efforcera de démontrer qu’un arbitrage entre inflation et chômage ne peut
exister à son sens qu’à la condition qu’existe une imperfection sur le marché de travail, en
l’occurrence une illusion monétaire de la part des salariés. C’est en jouant de cette illusion
monétaire (prenant la forme d’erreurs dans les anticipations de prix) que les autorités peuvent
créer (artificiellement) de l’activité en créant des surprises d’inflation. Mais l’illusion des
salariés finit par s’effacer (par être corrigées), et l’activité, et donc le chômage, retrouvent leur
niveau « naturel » : les politiques économiques sont donc finalement inutiles tout en ayant
durablement augmenté l’inflation.
a. La question des fondements de la courbe de Phillips
Dans la situation initiale, le niveau de prix est PO, le taux de salaire nominal WO : l taux
de salaire réel (WO/PO) est d’équilibre et le niveau de plein-emploi est N*. Il en résulte
un niveau de production Q*.
b. l’interprétation monétariste de la courbe de Phillips
La relation de Phillips avec anticipations Le point de départ de la démonstration de Friedman
consiste tout d’abord à affirmer que la courbe initiale de Phillips, mettant en relation le taux
de chômage et le taux de variation des salaires nominaux (ou monétaires) était mal spécifiée,
précisément pour les variables nominales mais les salaires réelles. Sur le marché du travail les
décisions d’offre de travail de travail (des ménages) et de demande de travail (des entreprises)
dépendent non pas des salaires nominaux mais des salaires réels.

A la place de la relation originelle de Phillips. W=f(U) où w est le taux de croissance du


salaire nominal et U le taux de chômage, il faut chercher à établir ne fonction ou une relation
du type w=f(U)+P où P est le niveau général des prix. Cependant, et puisque les salaires sont
négociés pour des périodes de temps définies, le taux de salaire réel pris en compte par les
agents dans leurs décisions d’offre et de demande de travail sera un taux de salaire réel
anticipé (W/P)a . En effet, il existera u décalage dans le temps entre le moment où les salaires
sont fixés et celui où les prix seront connus. Finalement, on obtient une relation de Phillips
augmentée des anticipations.

L’introduction d’une imperfection des anticipations


Prenant en compte les mouvements conjoncturels, pour expliquer la stabilité apparente des
courbes de Phillips et leurs susceptibilités d’être erronées. Précisément, les salaires monétaires
peuvent être connus avec certitude, puisqu’ils sont négociés dans le cadre du contrat de
travail, mais pas le niveau général des prix. Ainsi : - Si le niveau de prix anticipé est inférieur
au niveau de prix qui prévaut sur le marché alors les ménages vont être amenés à surestimer le
niveau de salaire réel. C’est-à-dire si Pa

(W/P) et LO (W/Pa ) > LO (W/P) - Inversement, si Pa > P alors (W/Pa ) < (W/P) et L°(W/Pa
)< LO (W/P) Le concept de taux de chômage naturel Ce concept est défini, selon l’économiste
suédois Knut Wicksell, comme le niveau de chômage volontaire qui équilibre le marché du
travail et qui entraîne un taux de salaire réel comparable avec l’équilibre de marchés
multiples. Le taux de chômage naturel est donc aussi le taux qui maintient constant le taux de

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salaire réel moyen et qui maintient le niveau des prix constant (ou le taux d’inflation), on a
donc la relation : taux de chômage naturel = NAIRU = NAWRU.
c. L’effet déstabilisant des politiques conjoncturelles

La conséquence de la politique de relance a été d’accélérer l’inflation, sans efficacité durable


sur le niveau d’activité réelle et sur l’emploi, qui retrouvent un déplacement vers le haut de la
courbe de Phillips, qui s’avère n’être par conséquent une relation stable que pour un prix
anticipé donné. Dès lors que les anticipations ont le temps de s’ajuster, la courbe de Phillips
se déplace et révèle son instabilité. Si le gouvernement continue à essayer de réduire le
chômage en dessous du taux de chômage naturel au moyen de politiques conjoncturelles
expansionnistes, le processus précédant, trompant les salariés, se reproduit à un niveau
d’inflation encore supérieur, et la courbe de Phillips accrue des anticipations se déplace à
nouveau. D’où l’explication proposée par Friedman : à court terme, il existe bien une liaison
négative entre hausse des prix et taux de chômage ; mais à long terme, il est impossible de
s’écarter durablement du taux de chômage « naturel » et les efforts interventionnistes ne
peuvent plus créer qu’une inflation sans cesse relancée.

6.6. Chômage et emploi


Le chômage constitue un des problèmes macro économiques majeurs. Le chômage est une
situation de l'emploi national tel que il y a un nombre d'individus qui sont offreurs du travail
mais sont dépourvus d'emploi. Le chômage présente des coûts sociaux importants à tel point
qu'il présente un danger pour la stabilité économique et sociale. Le gouvernement met en
place des politiques d'emploi pour éviter le chômage élevé. Toute économie se caractérise, en
effet, par l'efficacité avec laquelle elle utilise ses ressources notamment la main d'œuvre.
Rappelons que la population active comprend toutes les personnes qui ont un emploi ou sont
au chômage c'est-à-dire qui cherchent un emploi. Le chômage est mesuré par le taux de
chômage, c'est-à-dire le pourcentage de la population active sans emploi mais qui est
enregistrée comme désireuse et capable de travailler. On considère généralement comme
chômeur (au sens du BIT) : - tout individu qui recherche un emploi salarié ou non salarié, qui
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effectue des démarches ou quiconque qui est disponible et n'a pas d'occupation
professionnelle ; - toute personne disponible ayant trouvé un emploi qu'elle occupera
ultérieurement. En termes d'objectif le gouvernement peut chercher à réaliser ou à atteindre un
taux de chômage le plus bas possible. En partant de l'origine du problème; on distingue
différents types de chômage.

6.6.1. TYPES DE CHOMAGE


1. L e chômage frictionnel C'est le chômage minimum, irréductible dans une société
dynamique. Il comprend les personnes que les handicaps physiques ou mentaux rendent
presque impossibles à employer mais aussi celles qui passent par une brève période de
chômage entre deux emplois dans une économie où la population active et les emplois offerts
changent continuellement.

2. Le chômage structurel
A plus long terme, la structure de la demande et de la production ne cesse de changer. Le
chômage structurel se rapporte à celui qui provient d'un déséquilibre entre les qualifications
et les emplois offerts tenant au changement de la structure de la demande et de la production.
Les travailleurs employés dans la structure précédente mais n'ayant pas les qualifications pour
la structure présente sont victimes d'un chômage structurel.
3. Le chômage dû à l'insuffisance de la demande
Ce chômage dit keynésien apparaît lorsque d'une part la demande globale diminue et d'autre
part, quand les salaires et les prix ne sont pas encore ajustés pour établir le plein emploi. Ce
chômage naît quand il existe une contrainte des débouchés c'est-à-dire une insuffisance de la
demande. C'est la baisse de la demande qui induit celle de l'investissement puis celle des
capacités de production et de l'emploi. Le chômage keynésien est dû à une contrainte de la
demande.
4. Le chômage classique
Ce chômage apparaît lorsque la rentabilité des entreprises est insuffisante pour les inciter à
embaucher. L'insuffisance de rentabilité due notamment à des coûts de production élevés
(matières premières, énergie, salaires, … ) se traduit par la baisse des profits puis de
l'investissement et de capacités de production et enfin de l'emploi. Le modèle classique
suppose que la flexibilité des salaires et des prix maintient l'économie à son niveau de plein
emploi. Le pouvoir des syndicats maintient le taux des salaires au-dessus de ce niveau
d'équilibre et empêche l'ajustement indispensable de se produire. Le chômage apparaît quand
le salaire est maintenu délibérément au-dessus du niveau où les droites d'offre et de demande
du travail se coupent. Il peut être dû soit à l'exercice de leur pouvoir par les syndicats soit à
une législation sur le salaire minimum qui impose un salaire supérieur au taux de salaire
d'équilibre. L'économie « classique» est une économie de plein emploi.

58
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Le plein emploi est la situation normale ou naturelle étant donné principalement le caractère
concurrentiel du marché de travail: les taux des salaires peuvent, comme le prix de n'importe
quelle marchandise, fluctuer librement en fonction de l'offre de travail émanant des
travailleurs et de la demande de travail émanant des employeurs. La concurrence garantit un
taux de salaire d'équilibre. Selon les classiques, comme n'importe quel marché de concurrence
pure et parfaite, l'offre de travail et la demande du travail sont fonction du taux de salaire réel
(pouvoir d'achat). L'offre de travail est une fonction croissante du salaire réel car les agents
sont plus disposés à travailler si on leur propose une rémunération plus attractive.

La demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel car les entreprises
maximisent leur profit en égalisant la productivité marginale du facteur travail au taux de
salaire réel. Comme la productivité marginale du facteur travail décroît, les entreprises
embauchent d'autant plus que le salaire réel est bas. Il y a chômage lorsque le marché de
travail a perdu son caractère concurrentiel. Le syndicat impose des salaires trop élevés pour ce
taux excessif. Il y a plus d'offre de travail qu'il n'y a des demandes car la productivité du
travail est trop faible pour justifier les salaires si élevés. Il y a donc un chômage qualifié de
"volontaire" car sa responsabilité incombe aux travailleurs eux-mêmes ou à leur syndicat.

On parle de chômage volontaire si à un taux de salaire donné un certain nombre des personnes
actives ne souhaite pas travailler. Le chômage est involontaire pour des personnes actives qui
aimeraient prendre un emploi à un taux de salaire quelconque mais ne peuvent le trouver.

5. Le chômage Keynésien
C'est le chômage dû à l'insuffisance de la demande. Ce chômage est involontaire. Il est la
conséquence de la lenteur de l'ajustement sur le marché du travail, ajustement qui échappe au
contrôle des travailleurs ou des syndicats. Keynes estime que le montant d'investissement
effectué va dépendre de la confrontation entre la rentabilité que les firmes attendent de ces
investissements (qu'il qualifie d'efficacité marginale du capital, EMC) et du taux d'intérêt. Or
l'EMC est largement déterminé par le degré d'optimisme ou de pessimisme des firmes, leur
état de confiance quant à l'avenir. Si l'économie est déprimée, les perspectives de débouchés
restreintes, les firmes anticiperont un bas niveau d'efficacité marginale du capital, et rien ne
prouve que la baisse des taux d'intérêt soit efficace. D'où la nécessité de politiques
économiques pouvant provoquer la confiance des investisseurs.

Notons encore que l'EMC peut être non seulement très basse mais qu'elle est aussi très
instable, car l'état de psychologie collective est très volatil. Dans des articles postérieurs à la
Théorie générale, Keynes insiste encore plus largement sur le fait que l'incertitude de la vie
économique voue l'investissement à fluctuer selon l'état d'esprit des milieux d'affaires. Dans
ces conditions, on comprend que l'intervention de l'État puisse jouer un rôle régulateur. La
distinction entre chômage classique et chômage keynésien est due à l'économiste français
Edmond Malinvaud et s'appuient sur la théorie du déséquilibre. Le chômage keynésien est une
situation dans laquelle l'offre de travail (proposée par les travailleurs) excède la demande (des
employeurs), tandis que, simultanément, il y a une offre excédentaire également sur le marché
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des produits. C'est la situation examinée par Keynes: les entreprises ne recrutent pas
suffisamment car elles n'ont pas de débouchés suffisants pour leur production. La demande
effective est trop faible.

Le chômage classique a des traits différents: il y a simultanément offre excédentaire sur le


marché du travail (comme dans le cas précédent) mais demande excédentaire sur le marché
des produits. L'insuffisance de l'offre sur le marché des produits (expliquant le chômage) peut
être due au niveau trop élevé du prix du travail et d'une manière générale à l'insuffisante
rentabilité de la production. Les deux formes de chômage peuvent naturellement coexister
dans la même économie: certains secteurs souffrent de chômage keynésien et d'autres de
chômage classique.

6.6.2. Pourquoi le chômage est-il élevé?


Aux différents types de chômage correspondent différents facteurs déterminants. De façon
plus particulière, on peut retrouver des parts respectives des facteurs du chômage classique et
des facteurs du chômage keynésien. Rappelons que le chômage classique est dû à une
contrainte de capacité et une insuffisance d'équipement (capital) suite à une insuffisance de la
rentabilité de l'entreprise. Le chômage keynésien est dû pour sa part à une contrainte de la
demande.

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer un chômage très élevé en plus des
explications classiques et keynésiennes:
-la démographie, les revendications salariales, la productivité du travail, le taux d'intérêt, la
politique économique, l'éducation et la formation, ... Il existe aussi des facteurs institutionnels
et structurels mis en avant pour expliquer le développement du chômage dans certains pays :
- La tertiarisation de l'économie : la croissance de l'activité dans certains pays est portée par
le secteur tertiaire. La création d'emplois dans le tertiaire se traduit par la perte d'emplois dans
l'industrie où la croissance est de moins à moins forte. Selon les secteurs, il y a donc une
liaison croissance-emploi. Dans certains secteurs, la croissance est susceptible de créer peu
d'emplois et même d'en supprimer: une même valeur ajoutée, un même revenu ou une valeur
ajoutée et un revenu supérieur sont créés avec moins de main-d'œuvre.

La croissance économique peut donc s'accompagner d'une hausse du chômage.


- Une indemnisation trop généreuse est supposée allonger la durée de recherche d'un emploi et
de ce fait augmenter la durée du chômage d'une part et diminuer l'offre de travail d'autre part.
- La croissance des prélèvements sociaux (cotisations sociales) signifie pour l'entreprise une
hausse du coût du travail qui peut diminuer la demande du travail et accroître le chômage.
- La contrainte institutionnelle d'un salaire minimal pourrait exclure de l'emploi des salariés
ayant une faible productivité puisque leurs salaires, s'ils étaient embauchés, excéderaient leur
productivité marginale.

60
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6.6.3. Analyse keynésienne du marché de l'emploi

§1. La demande et l'offre de travail


Comme pour les classiques, la demande de travail est une fonction décroissante du salaire
réel. DT = f (W/P). Cependant KEYNES apporte des éléments de différence par rapport aux
classiques:

1) Pour les offreurs de travail, l'élément de comparaison est le salaire nominal qui figure dans le
contrat de travail et non le salaire réel. Les offreurs du travail souhaitent trouver un emploi au
salaire nominal courant. Cette hypothèse est justifiée par l'idée d'illusion monétaire. Il y a
illusion monétaire lorsque les variables réelles et nominales sont confondues. A court terme,
la main d'œuvre, n'a pas la possibilité de connaître le rapport entre le mouvement des salaires
et le niveau général des prix. Ce rapport n'est calculable que pour une période passée.

L'hypothèse keynésienne selon laquelle les offreurs de travail adaptent leur comportement au
salaire nominal fait qu'une diminution de l'emploi est sans incidence sur la rémunération des
salariés. Le salaire nominal apparaît à un moment donné indépendant du niveau de l'emploi:
on parle de rigidité de l'offre du travail. Mais au-delà d'un certain niveau, l'embauche d'un
volume de main d'œuvre additionnel suppose un accroissement du salaire nominal (on
retrouve ici la conception classique de l'offre de travail, fonction croissante du salaire réel).
(Cfr Graphique) Le fait que l'offre de travail n'est plus fonction croissante du salaire est
représenté graphiquement par le segment WoP horizontal et parallèle à l'axe des abscisses. A
ce taux de salaire, le nombre d'offreurs de travail augmente ou encore la quantité de travail
augmente alors que le taux de salaire est constant. Cependant au-delà du point P, les offreurs
ne peuvent offrir une quantité de travail additionnelle qu'avec l'augmentation du taux de
salaire (offre coudée). l'action des organisations syndicales et les réglementations étatiques
notamment en matière de salaire minimum. L'équilibre du marché du travail apparaît à
l'intersection des courbes de demande DT et d'offre de travail OT Etant donné l'indice du
niveau général des prix (supposé égal à Po) on porte en ordonnées le salaire réel Wo/Po.

La rencontre au point P des courbes DT et OT montre qu'un volume de main d'œuvre To est
utilisé. Mais le long de OT au taux de salaire Wo/Po, un nombre de travailleurs TE était prêt à
offrir le travail, l'écart entre TE et To constitue un chômage de type involontaire puisque le
nombre des personnes qui désirent travailler au niveau de salaire nominal Wo correspondant
au salaire réel W o/Po est égal à T.E. Si au point P, il y a équilibre du marché du travail, il
s'agit d'un équilibre de sous-emploi. Dans l’hypothèse où les entreprises souhaiteraient
produire davantage, leur coût augmenterait et l'indice de prix s'élèverait à Pl. Dans l'hypothèse
où le salaire nominal ne connaît pas des modifications, le chômage pourrait être réduit du fait
du déplacement vers le bas de la courbe d'offre, du fait de la baisse du salaire réel suite à une
hausse des prix.

61
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Le salaire a deux dimensions: il constitue un coût de production pour les entreprises et un


revenu pour les ménages. La baisse des salaires nominaux réduit le coût du travail mais elle
diminue aussi le revenu distribué. Ceci provoque une baisse de la demande globale, un
processus de récession et une augmentation du sous-emploi.

§2. Production, emploi et revenu global


Pour Keynes, l'initiative en matière d'emploi ne revient pas aux ménages qui offrent leur
travail mais aux entreprises qui créent les emplois. Dans cette perspective, la main-d'œuvre se
présente comme «preneur d'emploi» et non plus en tant qu'offreur de travail. L'existence du
sous-emploi n'est pas due au refus par la main-d'œuvre d'un salaire nominal en baisse, mais
plutôt à une insuffisance de création d'emploi et ceci en raison d'un niveau de production
inférieur à celui qui permettrait l'emploi de toute la population active disponible. L'offre de
travail aussi est déterminée par le mouvement démographique, la durée de la scolarité, la
durée du travail, l'âge de la retraite, ... La stabilité relative de ces différents éléments fait que
l'offre du travail n'est pas soumise à des variations brusques à court et moyen terme.

Les modifications qui affectent le volume de l'emploi doivent être saisies plus comme des
modifications de la demande de travail que de l'offre. La demande de travail par l'entreprise
est liée aux fluctuations de la conjoncture. Celle-ci fait varier la demande globale et donc le
revenu global. C'est le revenu global qui détermine le volume de l'emploi. On a la relation de
causalité keynésienne: Revenu global = niveau d'emploi. Cette relation peut être schématisée
comme suit:

2) La rigidité du salaire à la baisse est soulignée par l'analyse keynésienne : le salaire n'est pas
sensible à des modifications permanentes en fonction de la situation au jour le jour du marché
du travail. Le taux de salaire n'est pas uniquement régulé par les mécanismes automatiques du
marché du travail. Il faut prendre en compte également L'équilibre du marché du travail
apparaît à l'intersection des courbes de demande DT et d'offre de travail OT. Etant donné
l'indice du niveau général des prix (supposé égal à Po) on porte en ordonnées le salaire réel
Wo/Po. La rencontre au point P des courbes DT et OT montre qu'un volume de main d'œuvre
To est utilisé. Mais le long de OT au taux de salaire Wo/Po, un nombre de travailleurs TE
était prêt à offrir le travail, l'écart entre TE et To constitue un chômage de type involontaire
puisque le nombre des personnes qui désirent travailler au niveau de salaire nominal Wo
correspondant au salaire réel W o/Po est égal à T.E. Si au point P, il y a équilibre du marché
du travail, il s'agit d'un équilibre de sous-emploi.

Dans l’hypothèse où les entreprises souhaiteraient produire davantage, leur coût augmenterait
et l'indice de prix s'élèverait à Pl. Dans l'hypothèse où le salaire nominal ne connaît pas des
modifications, le chômage pourrait être réduit du fait du déplacement vers le bas de la courbe
d'offre, du fait de la baisse du salaire réel suite à une hausse des prix. Le salaire a deux
dimensions: il constitue un coût de production pour les entreprises et un revenu pour les
ménages. La baisse des salaires nominaux réduit le coût du travail mais elle diminue aussi le

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revenu distribué. Ceci provoque une baisse de la demande globale, un processus de récession
et une augmentation du sous-emploi.

§3. Production, emploi et revenu global

Pour Keynes, l'initiative en matière d'emploi ne revient pas aux ménages qui offrent leur
travail mais aux entreprises qui créent les emplois. Dans cette perspective, la main-d'œuvre se
présente comme «preneur d'emploi» et non plus en tant qu'offreur de travail. L'existence du
sous-emploi n'est pas due au refus par la main-d'œuvre d'un salaire nominal en baisse, mais
plutôt à une insuffisance de création d'emploi et ceci en raison d'un niveau de production
inférieur à celui qui permettrait l'emploi de toute la population active disponible. L'offre de
travail aussi est déterminée par le mouvement démographique, la durée de la scolarité, la
durée du travail, l'âge de la retraite, ... La stabilité relative de ces différents éléments fait que
l'offre du travail n'est pas soumise à des variations brusques à court et moyen terme.

Les modifications qui affectent le volume de l'emploi doivent être saisies plus comme des
modifications de la demande de travail que de l'offre. La demande de travail par l'entreprise
est liée aux fluctuations de la conjoncture. Celle-ci fait varier la demande globale et donc le
revenu global. C'est le revenu global qui détermine le volume de l'emploi. On a la relation de
causalité keynésienne: Revenu global = niveau d'emploi. Cette relation peut être schématisée
comme suit:
Il y a détermination du couple des valeurs d’équilibre (Ye, ie) sur le marché des biens et des
services et sur le marché de la monnaie. A partir de la valeur du revenu global, se déduit la
quantité de main d'œuvre nécessaire T*. A ce niveau d'emploi correspond un niveau de salaire
réel Wo/Po. Ye constitue une position d'équilibre bien qu'il y ait une quantité de travail TQ-
T* inemployée. Le niveau du revenu global détermine donc le volume de l'emploi au sein
d'une économie.

63
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

Chap.7 LES POLITIQUES MACROECONOMIQUES

7.1. Eléments de la politique conjoncturelle


Pour agir sur l’activité économique, l’Etat dispose de nombreux instruments qui s’inscrivent
dans une perspective d’ensemble. Celle-ci a été caractérisée par l’économiste américain
Robert Musgrave en une typologie du rôle économique de l’Etat : la fonction d’allocation, la
fonction de répartition et la fonction de stabilisation. La première fonction concerne
principalement la production de services collectifs, la seconde concerne la redistribution des
ressources sur des critères qi ne sont pas nécessairement économiques, mais peut être sociaux
ou éthiques, et enfin la troisième, qui est celle qui intéresse ce chapitre la capacité de l’Etat à
orienter et soutenir l’activité économique en agissant sur les acteurs.

Par ses interventions conjoncturelles, l’Etat régulateur s’efforce d’agir sur le taux de
croissance de l’économie en même temps que sur l’évolution des prix, le chômage et
l’équilibre des échanges extérieurs. Pour ce faire, il doit mobiliser des instruments en vue
d’atteindre certains objectifs, intermédiaires ou finals. C’est ainsi que l’économiste
néerlandais Tinbergen a pu établir une règle suivant laquelle il faut choisir autant
d’instruments différents que d’objectifs et que, pour chaque objectif, il faut appliquer
l’instrument le plus efficace. En matière de politique conjoncturelle, l’action de l’Etat
s’appuie sur deux grands piliers :
- La politique budgétaire et fiscale qui consiste en un ensemble de mesures visant à agir sur la
demande des biens et services. On parle d’une action sur les flux réels.
- La politique monétaire qui vise à contrôler la liquidité de l’économie à travers l’offre de
monnaie. Il s’agit donc d’une régulation des flux monétaires.

1. La politique budgétaire et fiscale


L’action de l’Etat en termes de politique budgétaire, s’exerce principalement à travers les
dépenses d’une part et les recettes d’autre part, c’est-à-dire en termes d’équilibre. Il s’agit
dans tous les cas d’agir sur le revenu disponible des ménages à travers le jeu du (des)
multiplicateurs (s).
Le multiplicateur de dépenses d’un côté et le multiplicateur fiscal de l’autre.

a. Les objectif et instruments

Les grands objectifs économiques de la politique budgétaire sont : la croissance, l’emploi, la


stabilité des prix et l’équilibre extérieur. A côté de ces objectifs essentiels, il y a des objectifs
sociaux d’équité, d’égalité, de bien-être, etc. Ces différents objectifs peuvent apparaître
comme complémentaires ou contradictoires. D’où les nombreuses interrogations et
discussions relatives au rôle de l’Etat dans l’économie. La politique budgétaire agit
principalement sur la demande globale, et donc sur les flux dits réels, par opposition aux flux
monétaires. Les dépenses budgétaires, les dépenses publiques permettent de financer le
fonctionnement général de l’Etat. Elles permettent le paiement des traitements des agents de
l’Etat, fonctionnaires ou non, d’assurer les dépenses courantes de fonctionnement des
administrations, de financer des investissements nécessaires à la production de services

64
Macroéconomie CT KASEREKA MULIRO Papy

collectifs, d’effectuer des transferts pour aider les ménages ou subventionner les entreprises,
enfin elles permettent aussi de rembourser les dettes de l’Etat. Les recettes budgétaires, les
recettes budgétaires permettent évidemment de financer les dépenses et donc de rendre
effectives les grandes orientations de la politique économique. Elles proviennent des impôts et
taxes et/ou des emprunts. Mais cette dernière source de recettes, et donc l’emprunt, se traduit
par une hausse des taux d’intérêts. En effet, pour attirer l’épargne, l’émission des bons de
Trésor doit se faire à un taux d’intérêt supérieur à celui du marché courant.

b. L’efficacité de la politique budgétaire.

Dans la zone AB, qui est la zone à trappe à liquidités ou zone keynésienne, le déplacement
d’IS vers IS’1 est très efficace. Entre A et B, la demande de monnaie est infiniment élastique
au taux d’intérêt qui est à son minimum. Dans la zone intermédiaire BC, la politique
budgétaire par augmentation des dépenses reste efficace : elle provoque une augmentation de
Y2 à Y’2. Cependant, pour une augmentation des dépenses d’un même montant que dans le
cas précédent, l’augmentation du revenu est moindre ; Y’2-Y2< Y’1-Y1. Cela tient à ce
qu’une partie de la monnaie nouvellement disponible vient alimenter la demande de monnaie
pour motif de spéculation, ce qui se traduit par une augmentation du taux d’intérêt. Dans la
zone CD, qualifiée de zone classique, la politique budgétaire est totalement inefficace.

L’augmentation de la dépense publique provoque bien un glissement de IS, de IS3 à IS’3,


mais n’entraîne pas d’augmentation de la masse monétaire car LM est fixe. L’augmentation
de i entraîne implicitement la tendance à l’augmentation des prix, ce qui va provoquer une
hausse de la demande de monnaie pour motif de transaction au détriment de la demande de
monnaie pour motif de spéculation. On croirait que cela entraînerait une diminution de i mais
comme LM est fixe le taux d’intérêt augmente au contraire. La hausse du taux d’intérêt va

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entraîner une diminution de l’investissement privé. Dans cette situation, l’intervention de


l’Etat revient à substituer l’investissement public à l’investissement privé ; c’est le
phénomène d’effet d’éviction puisqu’il s’agit d’une simple substitution des pouvoirs publics
aux investisseurs privés sans qu’il y ait augmentation significative de la production nationale.

2. La politique monétaire
La politique monétaire comprend l’ensemble des interventions des autorités monétaires,
généralement la banque centrale de chaque pays, pour agir sur l’activité économique par
l’intermédiaire de la masse monétaire. A la différence de la politique budgétaire qui répond à
des critères démocratiques, puisque le budget est voté et contrôlé par le Parlement, la
politique monétaire échappe pour une large part au contrôle des élus.

a. Les objectifs et instruments de la politique monétaire


Les objectifs de la politique monétaire sont définis par une série d’interventions sur l’offre de
monnaie et le taux d’intérêt. Ces interventions peuvent se traduire par des mesures plus ou
moins restrictives et contraignantes pour les banques et les établissements de crédit. Il est
donc possible d’apprécier l’impact de la politique monétaire en prenant pour point de repère
l’influence exercée sur l’activité économique par l’intermédiaire du taux de l’intérêt. Les
variations de celui-ci ont une influence directe sur les composantes de la demande globale : la
consommation et l’investissement. Les instruments de la politique monétaire sont :
- Le réescompte, cette politique a déjà été abandonnée par la plupart des pays, en France en
1971. Cette politique consistait en un refinancement contrôlé des banques
L’efficacité de la politique budgétaire va dépendre de la pente des courbes de la pente des
courbes IS et LM. Il paraît évident que si le point d’intersection des courbes IS et LM se situe
dans la zone horizontale de cette dernière ou dans sa zone verticale, les conséquences d’une
augmentation des dépenses gouvernementales ne seront pas les mêmes, tant sur le montant du
revenu national que sur le niveau du taux d’intérêt auprès de la banque centrale. Elle se
traduisait par des interventions soit e termes de prix (taux d’escompte), soit en termes de
quantités. Considéré comme trop rigide, elle a été remplacée par un système des mises en
pension.
- Les pensions : elles représentent une des techniques les plus utilisées par les banques
centrales dans leurs interventions. La mise en pension consiste en ce que les banques qui ont
besoin de liquidités cèdent des titres, avec engagement de rachat à un terme déterminé, à la
banque centrale qui, en contrepartie, leur accorde des liquidités. Il s’agit d’opérations de
court-terme. Par exemple, les appels d’offre de la banque centrale européenne pour les prises
en pension ont une échéance de deux semaines.
- L’open-market : il s’agit d’interventions directes de la banque centrale sur le marché
monétaire. Cette politique consiste en ce que la banque centrale se présente sur le marché
monétaire comme un agent financier ordinaire qui achète et vend des titres.
- Les réserves obligatoires et ratios de trésorerie : politique très rigide, qui consiste à
imposer aux banques de constituer des réserves liquides non rémunérées après de la banque
centrale. Elle constitue un instrument relativement efficace.
- La politique des échanges : cette politique a pour but de réguler le cours de la monnaie
nationale vis-à-vis des autres monnaies. Bref, la politique monétaire comprend l’ensemble des

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interventions des autorités monétaires pour agir sur l’activité économique par l’intermédiaire
de la masse monétaire

a. L’efficacité de la politique monétaire

Sur le plan graphique, nous pouvons distinguer trois zones caractéristiques.


- Dans la zone extrême AB, AB’, appelée zone keynésienne, la courbe LM est parallèle aux
abscisses, la demande de monnaie est infiniment élastique par rapport au taux d’intérêt. Si
l’économie se trouve dans la situation où IS1 coupe LM entre A et B, toute augmentation de
l’offre de monnaie est absorbée dans les encaisses oisives et ne provoque aucune variation du
taux d’intérêt. Donc pour sortir d’une situation de sous-emploi, et favoriser la croissance, une
politique monétaire expansionniste est tout à fait inefficace.
- Dans la zone intermédiaire BC, B’C’, la politique monétaire devient efficace. Un
déplacement de LM vers LM2, grâce à une augmentation de l’offre de monnaie, entraîne une
baisse du taux d’intérêt, ce qui va stimuler l’investissement et susciter l’augmentation de Y.
Toutefois, il est bon de remarquer que l’efficacité va largement dépendre de la pente de IS. Si
IS est proche de la verticale alors l’investissement est peu sensible aux variations du taux
d’intérêt, l’effet est moindre que si IS est proche de l’horizontale.
- Dans la zone classique CD, C’D’ où LM est verticale, l’augmentation de l’offre de
monnaie aura l’effet le plus important sur le taux d’intérêt. La baisse du taux d’intérêt étant
forte, elle favorisera donc fortement l’augmentation de l’investissement ce qui va se traduire,
grâce au mécanisme du multiplicateur, par une forte augmentation du revenu. Il faut noter que
l’effet sera le même sur Y quelle que soit la pente de la droite IS. Dans la pratique, il est
difficile de séparer la politique budgétaire et la politique monétaire. Il n’ya pas de politique
budgétaire pure, ni de politique monétaire pure. Le plus souvent l’une et l’autre se combinent
pour tendre vers les mêmes objectifs de croissance, de stabilité des prix et de plein-emploi.

3. La combinaison des deux politiques, la politique mixte.


On se place dans la situation où un gouvernement souhaite soutenir la croissance économique
en associant augmentation des dépenses publiques et accroissement de la masse monétaire.

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7.2. Les politiques conjoncturelles en économie ouverte

L’efficacité de l’une et l’autre politique doit maintenant être jugée au regard des flux de
marchandises et de capitaux, à travers les frontières, qui peuvent résulter de toute
modification de la dépense intérieure, du taux d’intérêt domestique, de la liquidité interne ou
d’une variation du taux de change.
1. Régime de taux de change fixes
a. Politique budgétaire et fiscale

Dans le cadre du modèle IS-LM, toute intervention du gouvernement par l’intermédiaire


d’une variation de ses recettes ou de ses dépenses budgétaires se traduit dans un 1er temps par
un déplacement de la droite IS. Si l’économie était fermée, le déplacement de IS aurait un
double effet. Il provoquerait d’une part l’accroissement du revenu et, d’autre part,
l’augmentation du taux d’intérêt. Le nouvel équilibre se situerait au point A. Cependant, cette
tendance à la hausse du aux d’intérêt domestique va provoquer l’afflux de capitaux vers le
pays. Ayant à l’esprit que nous sommes en change fixe donc aucun changement de parité de la
monnaie nationale, l’entrée massive des capitaux se traduit par une augmentation de la
liquidité intérieure, ce qui provoque un glissement de LM vers la droite et vers le bas. On
passe de LM1 à LM2. Cela va engendrer ne tendance à la baisse du taux d’intérêt intérieur qui
va progressivement s’aligner sur le taux d’intérêt international i*. Le processus va finalement
aboutir à une situation d’équilibre stable en E2, correspondant à un revenu plus élevé que
précédemment, YE>YE1. Bref, la politique budgétaire et fiscale est très efficace dans un
régime de taux de change fixes.

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b.Efficacité de la politique monétaire

1 er cas. Accroissement de la masse monétaire

La politique d’augmentation de l’offre de monnaie est inefficace en régime de aux de change


fixes. En effet, le déplacement de LM1 à LM2 au niveau intérieur aura pour effet
l’augmentation du revenu de YE à Y1 et le taux intérieur i1 sera inférieur au taux
international i*. Cette dernière situation a à son tour pour effet la fuite des capitaux car le taux
extérieur est plus rémunérateur : ce qui va exercer une pression à la baisse du cours de la
monnaie nationale. Voulant soutenir le cours de la monnaie nationale, les autorités monétaires
seront contraints à demander la monnaie nationale en puisant dans leurs réserves de change.
Elles vont offrir des devises pour acquérir la monnaie nationale et donc, réduire la liquidité
intérieure.
La conséquence est alors le retour ou le ré-glissement de LM vers la gauche soit de LM2 vers
LM1 jusqu’à ce que le taux intérieur sera égal au taux international i*.
2 ème cas. Baisse du taux d’intérêt intérieur
Une politique de baisse du aux d’intérêt intérieur domestique est inefficace en régime de taux
de changes fixes

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En baissant le taux d’intérêt intérieur, cela signifie que celui-ci devient inférieur au taux
d’intérêt international. La naissance de ce différentiel de taux d’intérêt va provoquer une
sortie massive de capitaux, ce qui fait que la liquidité intérieure diminue et que la courbe LM
se déplace vers la gauche et vers le haut de LM1 à LM2. On pourrait aussi penser que la
baisse du taux d’intérêt devrait favoriser l’investissement, or ce n’est pas certain. La mobilité
des capitaux étant supposée parfaite, l’alternative à laquelle sont confrontés les détenteurs de
capitaux n’est pas entre placement intérieur et investissement, mais entre placement à
l’étranger et investissement intérieur.
3 ème cas. Baisse de parité de la monnaie nationale (dévaluation).
Une dévaluation consiste en une baisse brutale, et non pas progressive, de la valeur de la
monnaie nationale exprimée en devises. Il faut donc moins de devises pour obtenir une unité
de monnaie nationale. Donc les produits nationaux deviendront, ceteris paribus, moins
coûteux sur les marchés internationaux. On peut passer que les exportations vont se
développer, ce qui aura pour effet de soutenir la demande et entrainera un déplacement de IS
vers la droite et vers le haut. Cette translation de IS va provoquer une tendance à
l’augmentation du revenu national, et une tendance à la hausse du taux d’intérêt. L’équilibre
pourrait alors se former au point A. Cependant, le aux d’intérêt est supérieur au taux d’intérêt
international. Avec l’hypothèse de mobilité des capitaux parfaite, on va assister à un afflux
des capitaux dans le pays, ce qui va se traduire par une augmentation de liquidité intérieure, la
courbe LM se déplacera à sont tour vers la droite. On passe de LM1 à LM2. La dévaluation va
finalement aboutir à la détermination d’un nouvel équilibre, E2, correspondant à une
augmentation du revenu national d’équilibre qui devient YE2. Bref, la dévaluation de la
monnaie nationale peut se révéler efficace à court terme.
3. Régime de taux de change flexibles
Un régime de taux de change flexibles se caractérise par l’ajustement automatique et
progressif du cours des monnaies par le jeu de l’offre et de la demande sur le marché des
changes. A la différence d’un régime de taux de change flottant où en principe les autorités
monétaires laissent fluctuer librement leur monnaie, dans un régime de changes flexibles les
banques centrales peuvent intervenir pour réguler les cours des monnaies afin d’éviter des
fluctuations trop fortes susceptibles de déstabiliser les échanges extérieurs du pays.

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a. L’efficacité de la politique budgétaire et fiscale

Politique de stimulation de la demande

L’accroissement des dépenses publiques, où la baisse de la fiscalité, provoquera le


déplacement de IS vers le haut et à droite. Ce mouvement se traduit une tendance
d’augmentation du revenu national et du taux d’intérêt. Comme les importations sont
fonctions croissantes du revenu intérieur. D’autre part, en A le taux d’intérêt national est
supérieur au taux d’intérêt international. Les capitaux spéculatifs vont alors être attirés vers le
pays, ce qui va provoquer une hausse du cours de la monnaie nationale et par la-même rendre
les produis nationaux moins compétitifs à l’exportation. Par ailleurs, la tendance
d’augmentation du taux d’intérêt n’incitera pas l’accroissement de l’investissement intérieur,
mais stimulera au contraire le phénomène spéculatif. Finalement toutes ces phénomènes vont
engendrer le phénomène le déplacement de IS vers la gauche et le bas jusqu’à attendre
l’équilibre initial E.

La politique budgétaire et fiscale dans un cas est inefficace dans un régime de change
flexibles mais efficaces dans un régime de changes fixes. Dans un régime de taux de change
flexibles, la politique monétaire est d’une manière générale beaucoup plus efficace que la
politique budgétaire car elle permet une meilleure adaptation de l’économie nationale aux
contraintes internationales. Toutefois, cette meilleure adaptation a sa contrepartie.
L’économie nationale est beaucoup plus sensible aux fluctuations de l’activité internationale
et en ressent plus fortement les effets ; En effet, lorsqu’il y a baisse du taux d’intérêt dans un
régime de change fixe, cela équivaut à une hausse du aux d’intérêt extérieur. L’analyse reste
valable au régime de changes flexibles. La baisse de i fait naître un différentiel. Cette baisse
va tout d’abord se traduire par une sortie de capitaux qui entraîne une baisse de la liquidité
intérieure, soit un déplacement de LM vers le haut à gauche.

En même temps, cette sortie de capitaux va provoquer une baisse du cours de la monnaie
nationale. Or cette baisse associée à celle du taux d’intérêt va favoriser la production
intérieure. D’un côté, cette baisse du cours de la monnaie nationale va rendre les produits
nationaux plus compétitifs sur les marchés étrangers et va inciter les entreprises résidentes à
produire plus. De l’autre côté la rentabilité relative des investissements intérieurs est
améliorée. A ces deux phénomènes, il faut ajouter le taux de change étant plus élevé, le prix

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de ces dernièrs éléments va favoriser le déplacement de IS vers le haut à droite. L’addition de


ces trois phénomènes fait que l’amplitude du déplacement de IS est plus grande que celle
appliquée à LM. Le mécanisme se stabilisera jusqu’à ce que i va rejoindre la situation initiale.
b. L’efficacité de la politique monétaire
2. 1 er cas : expansion monétaire,
on considère que l’accroissement de l’offre de monnaie favorise l’augmentation du revenu
national. Ce qui va provoquer le déplacement de LM vers le bas et à droite. La liquidité
augmentant dans l’économie, le taux d’intérêt intérieur tend à baisser et l’équilibre semble
vouloir se placer en A. Cette baisse du taux d’intérêt va entraîner deux choses : la fuite des
capitaux et la baisse du cours de la monnaie nationale (hausse du taux de change) qui n’est
pas demandée. Cette baisse de cours va entraîner la compétitivité des produits nationaux et les
produits étrangers deviennent ainsi plus coûteux. La conséquence est alors l’accroissement de
la production nationale soutenue par la tendance à la baisse du taux d’intérêt qui rend
l’investissement plus rentable. La sortie des capitaux sera alors limitée du fait de
l’accroissement de la rentabilité des investissements intérieurs. D’où en régime de taux de
change flexible, la politique d’expansion monétaire est efficace.
3. 2 ème cas : baisse du taux d’intérêt national.
Dans un régime de taux de change flexibles, la politique monétaire est d’une manière générale
beaucoup plus efficace que la politique budgétaire car elle permet une meilleure adaptation de
l’économie nationale aux contraintes internationales. Toutefois, cette meilleure adaptation a
sa contrepartie. L’économie nationale est beaucoup plus sensible aux fluctuations de l’activité
internationale et en ressent plus fortement les effets ; En effet, lorsqu’il y a baisse du taux
d’intérêt dans un régime de change fixe, cela équivaut à une hausse du taux d’intérêt
extérieur. L’analyse reste valable au régime de changes flexibles. La baisse de i fait naître un
différentiel.

Cette baisse va tout d’abord se traduire par une sortie de capitaux qui entraîne une baisse de la
liquidité intérieure, soit un déplacement de LM vers le haut à gauche. En même temps, cette
sortie de capitaux va provoquer une baisse du cours de la monnaie nationale. Or cette baisse
associée à celle du taux d’intérêt va favoriser la production intérieure. D’un côté, cette baisse
du cours de la monnaie nationale va rendre les produits nationaux plus compétitifs sur les
marchés étrangers et va inciter les entreprises résidentes à produire plus. De l’autre côté la
rentabilité relative des investissements intérieurs est améliorée. A ces deux phénomènes, il
faut ajouter le taux de change étant plus élevé, le prix de ces derniers éléments va favoriser le
déplacement de IS vers le haut à droite. L’addition de ces trois phénomènes fait que
l’amplitude du déplacement de IS est plus grande que celle appliquée à LM. Le mécanisme se
stabilisera jusqu’à ce que i va rejoindre la situation initiale.

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE

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