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ECONOMIE PUBLIQUE APPROFONDIE

MASTER 2 : ECONOMIE PUBLIQUE


2

INTRODUCTION
En tant que branche de la science économique, l’économie publique a pour objet principal
l’étude des normes rationnelles qui régissent l’activité d’un secteur (publicou assimilé) visant
à produire des biens et services collectifsen vue de maximiser le bien-être social.
L’économie publique classique ainsi définie, qui fait de la maximisation du surplus collectif
le fondement de la rationalité des décisions publiques, a beaucoup évolué depuis trois
décennies. Une nouvelle économie publique a émergée, caractérisée par la substitution de
l’approche positive à l’approche normative classique. La nouvelle économie publique tient
compte en effet, dans l’analyse et la mise en œuvre des critères parétiens d’allocation
optimale des ressources, du comportement stratégique des agents publics, de l’action des
groupes de pression et des modalités concrètes des élections.Les mutations institutionnelles de
l’intervention de l’Etat et les phénomènes d’asymétrie d’information dans les relations
principal-agent ont été les facteurs déterminants de ce renouveau théorique de l’économie
publique, dans quatre directions principales :

- La gestion publique directe a régressé, se traduisant par une diversification des acteurs
ainsi que par une décentralisation au bénéfice des collectivités locales ;

- Le rôle des organismes internationaux s’est renforcé, à la faveur des programmes


d’ajustement structurel et de la globalisation des économies ;

- Les domaines d’intervention ses sont diversifiés, le développement durable devenant


un enjeu majeur face à la prise de conscience des biens collectifs mondiaux (biens de
biodiversité notamment) ;

- la mise en concurrence a progressé, et la régulation par des autorités indépendantes


s’est substituée à la gestion de monopoles publics dans un grand nombre de secteurs.

La littérature de référence est constituée par les nouvelles théories de la firme (ou théories
néo-institutionnelles), qui prennent racine dans les travaux précurseurs de l’école du « public
choice » (Tullock, Tollison), approfondis par les développements récents de la théorie des
incitations (Baron et Myerson, 1982 ; Laffont et Tirole, 1993).

Les questions introductives à ce cours sont relatives :


- aux acteurs de l’économie publique,
- au rôle de l’Etat,
- aux frontières du secteur public,
- à l’efficacité de l’action de l’Etat.
3

A. Les acteurs de l’économie publique


Par acteurs on entend ici les agents qui ont un intérêt spécifique dans l’activité publique
considérée, ou ceux qui peuvent être affectés par cette activité. Les acteurs les plus
fréquemment cités sont l’Etat, l’Administration, la société civile, les syndicats et les groupes
de pression.

A.1. L’Etat (Exécutif, Législatif et Judiciaire)

 Traditionnellement l’acteur de base dans l’économie publique.


 Trois grandes optiques du rôle de l’Etat dans l’économie publique :
1. Contrôle direct par les organisations gouvernementales,
2. Contrôle indirect au moyen d’incitations pour orienter les comportements privés,
3. Facilitation du fonctionnement du marché.

A.2. L’Administration

 Est impliquée dans l’économie publique à travers :


- le mode d’organisation administrative (centralisation ou décentralisation),
- le degré d’indépendance de l’administration (notamment administrations financières et
techniques)

A.3. La Société civile

 Le citoyen, bien formé et informé, peut participer à l’économie publique directement ou


par l’intermédiaire de ses représentants, à travers :
- Les ONG,
- Les partis politiques,
- Les associations diverses (civiques, professionnelles, volontaires),
- Les syndicats et groupes de pression.

 Deux principales conceptions du rôle de la société civile :


- Approcheparticipative, où la société civile est conçue comme une structureœuvrant
en cogestion pour une amélioration de l’efficacité du secteur public, et constituant un
contre-pouvoir face à l’Etat,
- Approche « démocratique », où cette structure œuvre en autogestion pour un
développement démocratique, par l’application de principes démocratiques dans sa
propre organisation.

A.4. Institutions internationales

 Elles sont impliquées dans l’économie publique nationale à travers :


- La conditionnalité (pertinence de la conditionnalité)
4

- La coordination des programmes de réforme (légitimité de l’intervention des I.I )

B. Le rôle de l’Etat
Les normes rationnelles qui sous tendent l’économie publique sont définies selon des
conceptions particulières du rôle de l’Etat, tant du point de vue de sa légitimité et de ses
missions, que de l’efficacité de son action.

Nous rappelons les principales théories de l’Etat, ainsi que la définition des frontières du
secteur public et l’analyse de l’efficacité de l’action de l’Etat

B.1. Les principales théories de l’Etat


B.1.1. Les théories normatives (individualistes) et libérales de l’Etat
 Théorie classique: L’Etat Gendarme,
- Politique du laissez-faire,
- Domainerestrictif d’intervention de l’Etat dans l’activité économique = défense
nationale, police, justice, administration
- Postulat de rationalité parfaite de l’agent économique.
- Main invisible. Intérêt général = somme des intérêts particuliers dans un cadre
concurrentiel.
- S’oppose à l’approche holistique, qui considère l’intérêt général dans une optique
organique, comme une entité distincte de la somme des intérêts particuliers.

 Théorie néo-classique

- Variante formelle de la théorie classique,


- Etat garant de l’intérêt général et de l’optimum social, notamment par la production
des biens et services collectifs et la prise en charge des externalités (au sens de
Pareto).
- Caractéristique distinctive de l’équilibre général (walrasien) par rapport à l’équilibre
global (keynésien) = interdépendance, qui se traduit par l’impossibilité d’offres ou de
demandes excédentaires (équation de Walras).

B.1.2. La Théorie marxiste: critique de l’Etat capitaliste libéral


 Etat = expression des intérêts de la classe dominante
 Incapacité de l’état capitaliste à assurer les progrès sociaux
 Nécessité d’une dictature du prolétariat

B.1.3. La théorie keynésienne: Etat-providence


 Intervention de l’Etat nécessaire pour assurer la compatibilité de l’intérêt général et des
intérêts particuliers.
5

 Intervention notamment pour assurer le plein emploi, par le mécanisme du multiplicateur.


L’équilibre du marché étant par définition un équilibre de sous emploi.
 Conception institutionnaliste et positive de l’Etat.

B.1.4. La théorie de la régulation: les limites de l’Etat acteur


 Conception positive et non plus normative de l’Etat
 Etat = ensemble de compromis portant sur les formes institutionnelles, ou invariants du
système.
 Rôle de l’Etat = combinaison harmonieuse des formes institutionnelles
- Rapport salarial
- Mode d’accumulation du capital
- Gestion de la contrainte monétaire
- Type d’intervention de l’Etat
- Mode d’insertion dans l’économie mondiale

B.1.5. La théorie du « Public Choice » : L’Ecole de Virginie (Buchanan,


Tullock et Tollison)
 Approche microéconomique de la rationalité des décisions publiques.
 Comportements de maximisation d’une utilité non monétaire: pouvoir, consommation,
biens et avantages en nature
 Dimension politique de la politique économique = marché politique dont on relève deux
principales manifestations : Les comportements de recherche de rente (le « Rent
Seeking » de Buchanan), et les cycles politico-monétaires (les « Political Business
Cycles » de Nordhaus).
 L’Etat peut, dans un contexte on démocratique, devenir un Etat prédateur.

B.2.Les limites des théories libérales de l’Etat: vers le néolibéralisme


B.2.1. Les défaillances du marché
 Le libéralisme a conduit très tôt (dès la crise de 1929) au néolibéralisme, pour la simple
raison que le modèle libéral est normatif, et donc appelé à s’adapter à l’économie réelle.
 La doctrine libérale se situait dans une logique d’Etat minimal, dans le cadre d’une
régulation par le marché. Or celle-ci est limitée par les défaillances du marché
occasionnant des fluctuations de l’activité économique, du chômage et des troubles
sociaux. Toutes choses qui ont conduit à réviser le libéralisme classique en un
néolibéralisme (ou libéralisme interventionniste) où une certaine dose de régulation
publique est considérée comme une nécessité pour restaurer le bon fonctionnement des lois
qui régissent le marché.

B.2.2. Dérégulation systématique et crises financières

 Les crises financières en Asie, en Amérique latine et centrale, en Russie ont ouvert la
première crise de la mondialisation libérale, et ont montréla nécessité d’une régulation. Les
institutions de Bretton Woods ont été incapables de les prévenir. Les conséquences de la
dérégulation systématique ont mis en évidence la fragilité du système.
6

 Le "Consensus de Washington" fondé sur la primauté des marchés financiers est alors
remis en cause dans un débat qui oppose les néo-keynésiens aux ultralibéraux. Il porte sur
la nature de la régulation et sur le rôle de l'État :
- Les uns, avec Milton Friedman, estiment que les institutions financières sont
responsables de la crise et qu'il vaudrait mieux les supprimer en faisant confiance au
seul marché pour réguler l'économie.
- D'autres, avec Joseph Stiglitz, insistent au contraire sur les dysfonctionnements du
marché, sur le rôle de l'État, et sur les politiques sociales. Cette confrontation a
alimenté les réflexions qui ont débouché sur le rapport "Meltzer", adopté en novembre
1998 par la commission de contrôle des institutions de Bretton Woods, mise en place
par le Congrès américain.
 La logique libérale de l’Etat minimal en économie cantonne l’Etat dans un rôle de
réglementation. Celle-ci est incompatible avec l’idée de régulation, fût-elle assurée
indirectement par le marché, car elle débouche inéluctablement sur l’interventionnisme
étatique, pour corriger les défaillances du marché.

B.2.3. Les effets pervers

 Plus généralement, les limites du modèle libéral sont analysées par référence au concept
d’effets pervers1, défini par Hayek comme le résultat non intentionnel d’une somme de
décisions individuelles rationnelles. Ceci représente une limite patente du modèle libéral,
puisque contrairement à la main invisible d’Adam Smith, l’agrégation de décisions
individuelles cohérentes ne conduit pas nécessairement à la réalisation de l’intérêt général.
 Quelques exemples d’effets pervers ont été relevés dans la pensée économique :
- Certains néoclassiques ultra-libéraux (notamment F. Von Hayek) se sont ainsi
opposés à l’intervention même minimale de l’Etat, qu’ils considèrent comme
potentiellement perturbatrice. Tout projet de l’Etat visant par exemple à réduire les
inégalités risque de contrarier la croissance économique, celle-ci étant en grande partie
fondée sur les différences de capacité engendrées par les disparités de revenus ;
- Hayek a également préconisé en 1976, et pour les mêmes raisons, une
dénationalisation de la monnaie, jugeant exorbitant le pouvoir monétaire de l’Etat,
qui peut user de la planche à billets et provoquer l’inflation ;
- L’économie de l’offre (« supply side economics ») développée aux Etats-Unis dans
les années 70 (voir notamment Laffer) illustre cette limite (les effets pervers) du
libéralisme, puisqu’elle condamne l’imposition excessive des entreprises, qui
risquerait de contrarier le rôle central que celles-ci jouent dans la croissance
économique dans un système libéral ;
- Sans utiliser le terme d’effet pervers, Keynes a mis en exergue dans sa « théorie
générale » les limites du libéralisme, en relevant la défaillance globale, et non plus
seulement locale, du modèle de marché. Il explique ainsi que son objectif n’est pas de
condamner le libéralisme, mais d’éviter que les choix individuels (aussi rationnelles
soient-elles) conduisent à une solution globalement sous-optimale.

1
Yves Crozet. Analyse économique de l’Etat. Armand Colin, Paris,(1991), pp 126 ss.
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B.2.4. Néolibéralisme et keynésianisme

 Le néolibéralisme se rapproche du keynésianisme, par l’affirmation de la nécessité


d’une intervention de l’Etat pour réguler l’économie, mais en diffère par le mode et les
domaines de régulation proposés. Tandis que le néolibéralisme justifie l’intervention de
l’Etat ex post par la nécessité de corriger les défaillances du marché, tout en affirmant
l’efficacité de la régulation par le marché, le keynésianisme justifie cette intervention ex
ante, dans l’optique de l’Etat-providence, par des politiques autonomes pour assurer la
compatibilité de l’intérêt général et des intérêts particuliers.
 Depuis1929, on a assisté à une alternance du néolibéralisme et du keynésianisme
comme doctrines de référence dominante pour les politiques économiques mondiales :
- Tout d’abord, l’incapacité du modèle classique à rendre compte de la crise de 1929 a
promu la doctrine keynésienne au rang de doctrine officielle ;
- Durant les années 50 et début 60, la doctrine néoclassique fut adoptée par la majorité
des économies, pour son aptitude à fournir une base rationnelle à la décision
économique dans le cadre d’une économie de marché ;
- Mais le keynésianisme revint au devant de la scène dès 1962, à la suite de l’accent mis
par l’administration Kennedy sur les politiques de stabilisation ;
- Ensuite, l’échec du keynésianisme à rendre compte des problèmes croissants posés par
l’inflation dans les années 70, réhabilita la pensée libérale à travers l’école
monétariste (Friedman notamment). Il s’en suivit un renouveau de la doctrine
classique (la« Nouvelle économie classique »), notamment sous l’impulsion des
travaux de Lucas et Sargent sur les anticipations rationnelles, et de Kydland et Prescott
sur la théorie des cycles réels, qui se montrent plus aptes à rendre compte des cycles
économiques, en les expliquant par les facteurs d’offre plutôt que par les facteurs
monétaires ;
- Les prescriptions néolibérales du « Rapport Berg » publié par la Banque mondiale en
1981ont constitué la référence pour des programmes d’ajustement structurel en
Afrique subsaharienne dans les années 80, même si le modèle de référence utilisé de
son côté par le FMI est d’inspiration keynésienne (modèle Polack) de par l’accent mis
sur la réduction de l’absorption ;
- Finalement, l’approche en termes d’équilibre de la nouvelle économie classique s’est
révélée incapable de rendre compte de la crise mondiale des années 80, et l’échec des
programmes d’ajustement structurel a conduit à un retour au keynésianisme, mettant
l’accent sur les limites de l’ajustement par le marché, et la nécessité de l’intervention
de l’Etat pour réaliser l’équilibre.

B.3. Le néo keynésianisme


 Les échecs répétés du libéralisme, mis en exergue par le mouvement de mondialisation de
l’économie, a suscité un retour au keynésianisme. L’intégration des marchés et des
structures de production caractéristiques de la mondialisation, renforce les comportements
stratégiques, et rend plus plausible l’hypothèse de concurrence imparfaite où le salaire
apparaît plus encore que dans la théorie keynésienne traditionnelle, comme une variable
institutionnelle déterminée par les négociations syndicales et non par le marché.
 Le retour au keynésianisme s’est fait sous l’impulsion des « nouveaux keynésiens »2. Le
néo keynésianisme explique le chômage par la rigidité des prix à la baisse, dans un
2
R. Arena et D. Torre (1992). Keynes et les nouveaux keynésiens. Presse Universitaires de France, Paris.
8

contexte de rigidités technologiques et organisationnelles.La nouvelle économie


keynésienne tire les leçons de l’échec des politiques néolibérales mises en œuvre
notamment dans les programmes d’ajustement structurels dans la décennie 80, pour
remettre l’accent sur les rigidités des prix et des salaires. La principale hypothèse de la
nouvelle école keynésienne est, en effet, que la non-neutralité de la monnaie résulte de la
rigidité des prix, laquelle résulte elle-même des imperfections du marché. Cette hypothèse
s’oppose notamment à celle de la théorie du cycle réel, qui considère que le cycle
s’explique par des facteurs réels tels que les chocs technologiques, et non par des facteurs
monétaires.
 Il est important de comprendre que le modèle keynésien traditionnel postulait plus qu’il
n’expliquait la rigidité des prix et des salaires. Il s’agissait donc pour la nouvelle école
keynésienne, de construire une théorie rationnelle de cette rigidité3, dans laquelle la
réduction de l’offre globale de biens et de travail (ajustement par les quantités) dans les
phases de récession, soit le résultat d’un choix volontaire, et non plus une fatalité tenant à
l’impossibilité d’un ajustement par les prix.
 La nouvelle économie keynésienne cherche ainsi à fournir une explication
microéconomique des rigidités des prix et des salaires, explication dans laquelle les
travailleurs et les entreprises maximisent rationnellement leur utilité, comme dans le cadre
d’analyse de la théorie des choix de nouveaux classiques (avec notamment des prix
flexibles et des anticipations rationnelles).
 Une distinction est faite entre les rigidités nominales, qui se réfèrent aux prix et salaires
nominaux, et les rigidités réelles, qui se réfèrent aux facteurs influençant la productivité et
les comportements de demande, notamment les imperfections de l’information4. Dans la
nouvelle école keynésienne, les prix nominaux sont fixés par les négociations individuelles
plutôt que par le marché. Il en résulte que les prix et les salaires réels d’équilibre peuvent
être différents de ceux qui résultent de l’équilibre du marché.

C. Les frontières du secteur public


C.1. Les domaines d’intervention de l’Etat
 La comptabilité nationale distingue deux secteurs d’activités publiques:
- Le secteur public non marchand, qui regroupe les activités économiques gérées par
la puissance publique produisant des biens et services non vendus sur le marché ;
- Le secteur public marchand, qui regroupe les activités des entreprises publiques,
produisant des biens dont le prix est déterminé par le marché.

C.2. La légitimité de l’intervention de l’Etat


 Exigence accrue de désengagement de l’Etat (« moins » et « mieux » d’Etat) dans le
contexte actuel de libéralisation de l’économie mondiale. Question = Quels services l’Etat
doit-il offrir ? Comment devraient-ils être financés ? La réponse dépend du degré
d’efficience du marché (externalités existantes, acceptabilité de la répartition

3
Stanley Fisher (1988). “Recent Developments in Macroeconomics”, Economic Journal, June.
4
B. C. Greenwald and J. E. Stiglitz (1993). “Keynesian, New Keynesian and New Classical Economics”,
Oxford Economic Papers, March.
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fonctionnelle, forme de la fonction d’utilité collective, degré de plein emploi, taux


d’inflation…) et des défaillances institutionnelles (par action ou par omission).
 Limites de l’intervention de l’Etat : principe de subsidiarité, selon lequel l’Etat doit
s’abstenir de toute intervention chaque fois que l’initiative privée décentralisée suffit pour
régler une question.

D. L’ efficacité de l’intervention de l’Etat


 Deux conditions générales d’efficacité :
- Maîtrise de la taille du secteur public, mesurée en termes de dépenses publiques (limites
de la loi de Wagner) et d’effectifs (bureaucratie et loi de Parkinson).
- Tarification optimale des services publics

 Limites du modèle du marché


- Information imparfaite, incomplète et asymétrique sur les prix, les quantités et la qualité
des biens et services. Résulte souvent d’un développement insuffisant des institutions du
marché (services de certification, normes de qualité, incitations…). L’asymétrie
d’information se traduit par une perte de surplus du consommateur (inefficience Y),
associé généralement à une perte de surplus du producteur (inefficience X, due aux
imperfections du marché, notamment les monopoles et la segmentation).
- Incertitude et myopie dans l’actualisation.
- Sélection adverse et hasard moral.

 Problème de l’ « optimum d’Etat » dans la production.


- Pas de règles a priori.
- Toutefois, production publique plus efficace que production privée en l’absence de
problèmes d’information, car alors correction automatique des distorsions du marché.
Mais même dans ce cas, problème de délégation du contrôle (décentralisation et bureaucratie)
dans les relations principal-agent-client.

E. Plan du cours
Le cours comporte deux parties :

- Dans la première nous verrons la théorie classique de l’économie publique ;

- La deuxième partie examinera les limites et les adaptations de la théorie classique.


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PREMIERE PARTIE

LA THEORIE CLASSIQUE DE L’ECONOMIE PUBLIQUE

Cette théorie s’est développée dans deux principales directions, qui constitueront les chapitres
de cette première partie:
- L’économie du bien-être (chapitre I)
- La théorie des choix collectifs (chapitre II)

CHAPITRE I. L’ECONOMIE DU BIEN-ETRE

Il s’agit de la branche normative de l’économie qui étudie les effets des activités économiques
sur le bien-être de la collectivité. Elle inclut l’analyse des comportements individuels au
moyen d’une fonction d’utilité sociale (ou collective), l’analyse des biens collectifs, la
définition de critères d’efficience (optimum parétien et optimum de second rang) et d’équité
(évaluation des politiques publiques).

I.1. LA FONCTION D’UTILITE SOCIALE

La fonction d’utilité sociale se présente sous la forme


T

 u ( q )e
t
U= dt
0

- U désigne l’utilité sociale,

- T l’horizon temporel considéré,


q

- u(q) =  p(r )rdr


0
le flux d’utilité sociale procurée par la quantité q de biens

consommée, au prix p, flux actualisé au taux d’escompte social δ (pour tenir compte
des exigences d’équité intergénérationnelle). Le flux d’utilité sociale est défini comme
la somme des surplus des producteurs et des consommateurs.

- r la variable d’intégration

 Deux approches dans l’utilisation des indicateurs de bien-être :

- l’approche ordinale, dans laquelle les indicateurs sont utilisés pour construire une
échelle de préférences permettant de distinguer entre plusieurs niveaux de bien-être,
représentés graphiquement par des courbes d’indifférence.
11

- l’approche cardinale, dans laquelle les indicateurs sont utilisés pour construire un
étalon ou une unité de mesure de l’utilité.

 Prix du marché impropres à l’expression de la valeur des biens et services sociaux, du fait
des distorsions du marché. On utilise en général les prix virtuels (ou implicites), qui
prévaudraient en cas de marché efficient, et qui résultent de l’optimisation (maximisation
sous contrainte)

 La fonction a été progressivement adaptée à l’analyse de l’équité intra et


intergénérationnelle, à partir de l’hypothèse traditionnelle d’additivité selon laquelle
l’utilité collective est la somme des utilités particulières (individus, périodes générations).
Deux corollaires en découlent:
1) les préférences de la société sont semblables à celles des individus;
2) l’élasticité de l’utilité marginale par rapport à l’indice d’utilité est égale à 1, c’est-à-dire
que l’augmentation de l’utilité (bien-être) est proportionnelle à celle de l’indice (surplus).

Critique de Rawls
 L’hypothèse traditionnelle d’additivité a d’abord été critiquée par Rawls (1971), qui
propose le critère du maximin (dit critère de Rawls). Dans cette hypothèse la fonction
d’utilité sociale s’écrit :
U = min (U1, U2, ….., Un)
où U1 représente l’utilité de l’individu (ou de la période ou de la génération) 1.
Le critère du maximin signifie que le maximum de bien-être social est obtenu par la
maximisation du bien-être de l’individu (de la période ou de la génération) le (la) moins
riche, soit
Max U = max [min (U1, U2, …..., Un).

Critique de Solow
 Solow a ensuite introduit le critère deconsommativité, et actualise l’indice q plutôt que
l’utilité. La maximisation intertemporelle du bien-être social est soumise à la
maximisation du niveau de consommation indéfiniment soutenable.

Critique de Phelps et Riley


 Phelps et Riley ont enfin introduit l’hypothèse des générations imbriquées, qui relativise
le problème de l’équité intergénérationnel (un s’occupera nécessairement de son fils et lui
lèguera ses biens). Ceci n’est valable toutefois que pour des ménages dynastiques, dans
lesquelles des règles successorales sont clairement définies. Au niveau collectif, la
coexistence peut engendrer des conflits de générations
12

I.2. LES BIENS COLLECTIFS (OU PUBLICS)

Les biens collectifs sont, avec les externalités et le monopole naturel, des manifestations de la
défaillance du marché (cf infra), c’est-à-dire de son incapacité à assurer une allocation
efficiente des ressources dans certains cas. La définition des biens collectifs repose
généralement sur la distinction biens privés / biens publics, et selon les critères de rivalité et
d’exclusion. La congestion est une caractéristique supplémentaire permettant d’affiner la
classification des biens collectifs. Un biencongestionné (ou encombré) est un bien dont le
coût marginal social de consommation est supérieur au coût marginal privé de consommation,
du fait d’une demande excessive. L’exemple le plus plausible est celui d’un site touristique
surpeuplé. On peut remédier à la congestion par une augmentation du prix. Cette mesure
renforce en fait l’exclusion, comme dans le cas d’un bien de club.

Tableau 4

Exclusion Non exclusion

Rivalité Bien privé pur Bien à accès libre

Non rivalité Bien congestionnée Bien public pur

Le marché est par nature impropre à la fourniture des biens publics purs, du fait de leur non
exclusion. Dans ce cas l’Etat se substitue au marché pour la fourniture de ces biens. On parle
de biens tutélaires (« merit goods »). C’est le cas des campagnes de vaccinations par
exemple, qui sont gratuites et obligatoires, la santé étant (dans ce cas) un bien public pur.

L’accès libre est également une manifestation de la défaillance du marché. La plupart des
ressources naturelles sont en accès libre, du fait de l’absence de droit de propriété défini, et
par conséquent l’absence de marché et de prix pour réguler leur exploitation.

I. 3. L’OPTIMUM PARETIEN

L’optimum parétien est défini comme le meilleur état de satisfaction collective réalisable, ou
un état où il n’est plus possible d’améliorer la satisfaction d’un agent quelconque, sans réduire
celle d’au moins un autre agent.

Formellement, l’optimum de Pareto sera réalisé si l’utilité de chaque agent est maximale,
étant donné l’utilité des autres agents.

I.3.1. Le cas d’une économie de consommation

I.3.1.1. Le taux marginal de substitution entre biens (TMSB)


En prenant par exemple une substitution de B à A, c’est la quantité de B qui est nécessaire pour
amener le consommateur à renoncer à une unité de A. C’est la quantité de B qui compense la perte
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d’une unité de Ade manière à maintenir constante la satisfaction du consommateur sur la courbe
d’indifférence,soit :

TMSB B/A = - dA/dB

Le taux de substitution entre biens est alors égal au rapport des utilités marginales de A et B. Pour une
substitution de B à A, On aura

dA U ' B
TMSBB / A    5
dB U ' A

I.3.1.2.La détermination de la combinaison optimale pour un


consommateur
Le consommateur optimise sa consommation lorsque le TMSB est égal au rapport des prix des biens.
Dans le cas de la substitution de B à A, la condition s’écrira

U 'B pB
TSTB / A   6
U 'A pA

Graphiquement, cette condition est remplie au point de tangence entre la droite de budget et la courbe
d’indifférence (E sur le graphique 1). Toute combinaison autre que celle définie en ce point [(A0,B0)
par exemple], bien que procurant la même satisfaction (on est sur la même courbe d’indifférence),
représente une dépense plus élevée (au-dessus de la droite de budget).

Graphique 1

5
U = U (A,B). La variation de U est nulle sur la courbe d’indifférence, soit dU = U’ A.dA + U’B.dB = 0 et
TSMBB/A= U’B /U’A = - (dA/dB)
6
R = pAA + pBB. La variation du revenu R est nulle sur la droite de budget, soit dR= p A.dA + pB.dB = 0 et
pB/pA= - (dA/dB) = U’B /U’A
14

A0

U1U2

U0

O B0 B

I.3.1.3.La détermination de la combinaison optimale pour plusieurs


consommateurs. L’égalité des taux marginaux de substitution entre biens
(TMSB) : la courbe de contrat
Soit une économie simple à deux consommateurs (1 et 2) et deux biens (A et B). Les
fonctions d’utilité pour 1 et 2 sont :
U1(a1, b1) et U2(a2, b2), avec a1 + a2 = a0 et b1 + b2 = b0
où a et b sont les quantités des biens A et B consommées, a0 et b0 les contraintes en A et B

Soit U 20  cte le niveau de satisfaction du consommateur 2. Pour maximiser l’utilité du


consommateur 1 sous la contrainte de celle du consommateur 2, on forme le lagrangien dont
on annule les dérivées partielles. Soit :


U1  U1 (a1 , b1 )   U 2 (a 0  a1 , b 0  b1 )  U 20 
Où λ est le multiplicateur de Lagrange. En annulant les dérivées partielles il vient :
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U 1 U 1 U 2
  0
a1 a1 a 2
U 1 U 1 U 2
  0
b1 b1 b2
U 1
 U 2 (a 0  a1 , b 0  b1 )  U 20  0

et, en utilisant les deux premières équations,
U 1 / a1 U 2 / a 2

U 1 / b1 U 2 / b2

C’est la condition d’optimalité recherchée. Les deux membres représentent les TMSB
(rapports des utilités marginales) des consommateurs 1 et 2.

Arrow et Debreu ont donné une représentation graphique de l’équilibre. C’est la courbe de
contrat, lieu des points de tangence, ou des optima de Pareto, dans le diagramme emboîté
(ou diagramme d’Edgeworth), dans le cas simple d’une économie à deux agents et deux biens
(CC sur le graphique 2).Les TMSB des consommateurs 1 et 2 (représentés ici par les axes
d’origine 01 et 02 respectivement) sont égaux aux points de tangence entre les courbes
d’indifférence de 1 et 2.

Graphique 2

a2 02

b
C

b2

b1

C
01a

a1
16

I.3.2.Le cas d’une économie de production

I.3.2.1. Le taux marginal de substitution technique (TMST)


La pente de la tangente en un point de l’isoquant (A par exemple sur le graphique 3) indique le taux de
substitution des facteurs K et L nécessaire pour maintenir le niveau de production Y0. L’opposée de
cette pente définit le taux marginal de substitution technique (TMST).

TMST = - dK/dL

Le TMST est égal au rapport des productivités marginales des facteurs, soit :

TMSTL/K = - dK/dL = F’L / F’K

où TMSTL/K désigne le taux marginal de substitution de L à K.

On en déduit L’élasticité de substitution, notée σ, définie comme le rapport de la variation relative de


la combinaison productive K/L, à la variation relative du TMST, soit

 ( K / L)  ( F ' L / F ' K )
 /
K/L F 'L / F 'K

σ mesure la sensibilité de la combinaison productive à une variation de la productivité marginale des


facteurs.

- Un σ égal à 0 signifie que les facteurs sont complémentaires, sans aucune possibilité de
substitution.
- Un σ positif signifie que les facteurs sont substituables.

I.3.2.2. La détermination de la combinaison optimale pour un producteur


La tangente en un point de l’isoquant définit un isocoût, comme le lieu des combinaisons de K et L qui
représentent le même coût pour le producteur.

- Pour des facteurs substituables l’isocoût est une droite de la forme


K = aL + b

Comme sur le graphique 2.

- Pour des facteurs complémentaires, l’isocoût se réduit au point A.

Le point de tangence avec l’isoquant définit alors la combinaison optimale. Cet optimum se
caractérise par l’égalité du taux marginal de substitution technique et du rapport des prix des facteurs,
soit :

F 'k p
TMST   k
F ' L pL
17

Graphique 3

Y2

Y1

Y0

0 L

I.3.2.3. La détermination de la combinaison optimale pour plusieurs


producteurs :l’égalité des taux marginaux de substitution entre facteurs
(TMSF)
Soit une économie simple à deux producteurs (1 et 2) et deux facteurs (K et L). Les fonctions
de production pour 1 et 2 sont :
Y1(K1, L1) et Y2(K2, L2), avec K1 + K2 = K0 et L1 + L2 = L0
où K0 et L0sont les contraintes en K et L

Soit Y20  cte le niveau de production du producteur 2. Pour maximiser la production du


producteur 1 sous la contrainte de celle du producteur 2, on forme le lagrangien dont on
annule les dérivées partielles. Soit :


Y1  Y1 ( K1 , L1 )   Y2 ( K 0  K1 , L0  L1 )  Y20 
Où λ est le multiplicateur de Lagrange. En annulant les dérivées partielles il vient :
18

Y1 Y1 Y
  2  0
K 1 K 1 K 2
Y1 Y1 Y
  2  0
L1 L1 L2
Y1
 Y2 ( K 0  K 1 , L0  L1 )  Y20  0

et, en utilisant les deux premières équations,
Y1 / K 1 Y2 / K 2

Y1 / L1 Y2 / L2

C’est la condition d’optimalité recherchée. Les deux membres représentent les


TMST(rapports des productivités marginales) des producteurs 1 et 2.

I.3.3. L’optimalité de Pareto pour l’ensemble de l’économie


Les conditions d’optimalités ci-dessus peuvent à présent être étendues à l’ensemble de
l’économie (producteurs et consommateurs). On considère alors une économie avec m
consommateurs, N producteurs, n facteurs de production et s biens produits.

I.3.3.1. Hypothèses et relations du modèle


A. Hypothèse d’interdépendance des fonctions d’utilité et de production

A.1.Tous les consommateurs consomment de chaque bien produit. Les fonctions d’utilité
des consommateurs sont :

U i  U i (qi*1 ,..., qis* , xi01  xi*1 ,..., xin0  xin* ) , aveci = 1, …, m

- qik* est la quantité du bien Qkconsommée par i,

- x ij0 , le stock du facteur j détenu par le consommateur i,

- x ij* , la quantité du facteur j que le consommateur i fournit aux producteurs et

- ( xij0  xij* )la quantité du facteur j consommée par i

A.2. Tous les producteurs utilisent tous les facteurs de production et produisent tous les
biens.Les fonctions de production implicites sont :

Fh (qh1 ,..., qhs , xh1 ,..., xhm )  0 , avec h = 1,…, N


19

- q hk est la quantité du bien Qk produit par l’entreprise h,

x hj
- la quantité du facteur Xj utilisée par h,

B. Hypothèse d’équilibre général

B.1. Les quantités globales de facteurs fournies par les consommateurs sont égales aux
quantités globales utilisées par les producteurs
m N

x
i 1
*
ij   x hj , avec j = 1,…,n
h 1

B.2. Les quantités consommées globales des biens produits sont égales aux quantités
produites globales
m N

 qik*   q hk , avec k = 1,…, s


i 1 h 1

I.3.3.2. Résolution du modèle


Le problème d’optimalité parétienne est maximiser la satisfaction de chaque consommateur,
sous la contrainte des niveaux d’utilité des autres consommateurs ( U i0 ), ainsi que sous les
contraintes d’interdépendance et d’équilibre général.

Soit U1l’utilité d’un consommateur représentatif 1. Le Lagrangien du problème s’écrit

   m 
m N n N
Z  U 1 (q11
*
,..., x10n  x1*n )   i U i (qi*1 ,..., xin0  xin* )  U i0   h Fh (q h1 ,...x hn )    j   xij*   xhj 
i 2 h 1 j 1  i 1 h 1 
s
 N m

   k   q hk   qik* 
k 1  h 1 i 1 

où i ,  h ,  j et  k sont les multiplicateurs de Lagrange. L’annulation des dérivées partielles donne :


20

Z U
 *1   k  0
q1k q1k
*

Z U
 i *i   k  0
qik
*
qik
Z U
  h *i   k  0
q hk qik
Z U 1
  j  0
x1 j
*
 ( x10j  x1*j )
Z U i
 i  j  0
xij
*
 ( xij0  xij* )
Z Fh
 h  j  0
x hj
*
x hj )

En résolvant ce système, on obtient les conditions marginales définissant l’optimum parétien

I.3.3.3. Les conditions marginales


1) Les taux marginaux de substitutions entre biens (TMSB) de tous les consommateurs et
les taux marginaux de transformation des produits (TMTP)7 de tous les producteurs
doivent être égaux pour tous les biens produits pris deux à deux (j et k)

Cette première condition marginale est établie en résolvant le système ci-dessus en  j /  k ,


soit :

 j U 1 / q1*j U m / qmj
*
F1 / q1 j FN / q Nj
           , avec j, k = 1,…, s
 k U 1 / q1*k U m / qmk
*
F1 / q1k FN / q Nk

2) Les TMSB de tous les consommateurs et les taux marginaux de substitution technique
(TMST) de tous les producteurs doivent être égaux pour tous les facteurs(biens primaires)
pris deux à deux (j et k)

Cetteconditionest établie en résolvant le système en  j /  k , soit :

 j U1 / ( x10j  x1*j ) U m / ( xmj


0
 xmj
*
) F1 / x1 j FN / x Nj
            , avec j, k =
 k U1 / ( x10k  x1*k ) U m / ( xmk
0
 xmk
*
) F1 / x1k FN / x Nk
1, …, n

7
Rappelons que dans la théorie des productions jointes, la courbe de transformation des produits (qui a la forme
d’un isoquant concave) est le lieu des combinaisons d’outputs (Q 1 et Q2) qui peuvent être obtenues avec un
niveau donné d’un input (X par exemple). Le TTP est alors défini comme le rapport de la productivité marginale
de X pour la production de Q2, à la productivité marginale de X pour la production de Q1.
21

3) les taux de substitution bien-facteur des consommateurs doivent être égaux aux taux de
transformation correspondants facteur-bien des producteurs

Cette condition est établie en résolvant le système en  j /  k , soit :

 j U 1 / ( x10k  x1*j ) U m / ( xmj


0
 xmj
*
) F1 / x1 j FN / x Nj
        
k U 1 / q1k )
*
U m / qmk )
*
F1 / q1k FN / q Nk

avec
j= 1, …, n
k = 1, …, s

I.3.3.4. Optimum parétien et équilibre général concurrentiel : les


théorèmes de l’économie du bien être
 L’un des axes de développement de la théorie de l’optimum parétien a étécelui de la
correspondanceentre cet optimum et l’équilibre général concurrentiel.Au cœur de
l’argumentationse trouve l’indétermination de l’optimum. En effet, comme on l’a vu plus
haut dans le diagramme en boîte d’Edgeworth, il n’existe pas une mais plusieurs situations
optimales, caractérisées chacune par des critères spécifiques d’efficience ou/et d’équité
(goûts et préférences, technologie, structure de répartition et système de prix). Pareto ne
précise pas « l’optimum optimorum », le meilleur optimum.

 L’indétermination a été levée par la démonstration de l’existence de l’équilibre, dont on a


déduit les deux théorèmes de l’économie du bien être. Dans sa théorie de l’équilibre
général, Walras postulait plus qu’il ne démontrait l’existence de l’équilibre. Ce sont
Debreu (Théorie de la valeur) et Arrow (Choix social et valeurs individuelles) qui vont
faire cette démonstration, sur la base d’un ensemble d’hypothèses relatives à la fois à
l’efficacité (taux de réalisation des objectifs), à l’efficience (maximisation des
rendements), et à l’équité (répartition socialement justedes revenus) :

1. Hypothèses relatives à la convexité du domaine de production.


- rendements constants à l’échelle,
- rendements décroissants des facteurs,
- divisibilité des processus.
Ces hypothèses garantissent la convexité du domaine de production, et l’existence
d’un équilibre efficace.

2. Hypothèses relatives à la concurrence parfaite (atomicité, transparence, fluidité,


homogénéité).
3. Hypothèses relatives à l’existence de l’équilibre intertemporel
- information parfaite, avenir certain, ce qui implique l’existence d’un système
complet de marchés (au comptant et à terme).
22

4. Si de plus on dispose d’informations réciproques sur les préférences et les


quantités de biens, tel que les échanges se fassent au prix d’équilibre, on dit que
l’équilibre efficace se trouve dans le cœur de l’économie.
5. Si par ailleurs la répartition des revenus est équitable, il y a correspondance entre
la concurrence parfaite et l’optimum de Pareto.

 Lorsque ces conditions sont toutes réunies, les deux théorèmes suivants de l’économie
du bien être sont vérifiés. Ils ont été démontrés par Maurice Allais en 1944 (Guerrien
1985, pp 194 ss) :

o Premier théorème de l’économie du bien être :tout équilibre concurrentiel est


un optimum de Pareto. L’allocation résultant de marchés concurrentiels en
équilibre est optimale ou efficace au sens de Pareto.

o Deuxième théorème de l’économie du bien être :tout optimum de Pareto est


un équilibre.

CHAPITRE II. LA THEORIE DES CHOIX COLLECTIFS


La théorie des choix collectifs concerne la manière dont un groupe, l’Etat ou la société
effectuent leurs décisions concernant l’allocation des ressources en vue de la fourniture des
biens collectifs. Cette théoriedéfinit les règles du calcul économique public, ainsi que les
conditions d’optimalité des choix collectifs, d’une part, et les mécanismesde votepar lesquels
ces choix expriment les préférences individuelles, d’autre part.

II. 1. LE CALCUL ECONOMIQUE PUBLIC

Deux questions fondent en général, la théorie du calcul économique public :

- La première est de savoir si l’Etat doit fixer le prix des biens et services qu’il fournit
aux citoyens, selon les lois du marché.

- La seconde porte sur la spécificité des techniques d’évaluation des projets publics.

II.1.1. LA TARIFICATION DES ENTREPRISES PUBLIQUES

La tarification des entreprises publiques obéit à une logique d’optimum de second rang.
Elle considère le prix théorique (p*)detarification au coût marginal(p* = Cm)comme une
norme parétienne de référence permettant de déterminer le « vrai prix »pour les monopoles
publics, par la prise en compte descontraintes de marché. Uneentreprise publique(en général
un monopole fonctionnant à rendements constamment croissants) serait en effet en déficit
budgétaire structurel si elle tarifiait sa production au coût marginal8. De plus, il
nepourraitcoexister avec des entreprises privées ayant un comportement non marginaliste. La
vérité des prix implique alors un prix qui permette aux entreprises publiques de couvrir leurs
coûts de production,en leur assurant un « profit normal »(π*)qui concilie l’objectif de service

8
En rendements croissants en effet, le coût marginal est inférieur au coût moyen.
23

public avec la contrainte d’équilibre budgétaire.Le prix « vrai » (p)serait ainsi donné pour
l’entreprise publique par
p = Cm + π*9
Dans cette optique de second rang, la tarification des entreprises publiques utilise
habituellement deux types d’instruments, prenant le coût marginal comme base de
tarification :
- La tarification au coût moyen(supérieur au coût marginal dans sa branche
décroissante, c-à-d. en rendement croissants). Dans ce cas, π* représente l’écart entre
le coût marginal et le coût moyen.
- Le péage. Dans ce dernier cas π* désigne le péage, qui représente l’écart entre le prix
« vrai » (p) et le prix théorique (p*).

II.1.2. L’EVALUATION DES PROJETS PUBLICS

L’évaluation des projets publics repose sur un ensemble de méthodes visant à comparer les
avantages et les coûts sociaux de ces projets, en vue de déterminer les conditions d’optimalité
des choix publics. Souvent condensés sous le terme d’analyse coût-avantage (ACA), ces
méthodes évaluent non seulement la rentabilité financière des projets, mais également leur
rentabilité économique c-à-d les externalités (positives et négatives) qu’ils génèrent.

Ces méthodes utilisent principalement deux critères :

- Lecritère de la valeur ajoutée nette (VAN), qui actualise les flux de coûts et de
bénéfices du projet sur un horizon temporel donné [0, T], selon la formule

où Bt et Ct désignent les flux de bénéfices et de coûts pour une période t donnée (t =


1, …, T), et (r) le taux d’escompte social.. Le choix de r est habituellement guidé par
le taux d’intérêt du capital, les préférences temporelles des agents économiques, les
conditionnalités des bailleurs de fonds, le degré de partenariat entre les secteurs public
et privé …

- Le critère du taux de rendement interne (TRI), défini comme le taux de rendement de


l’investissement qui égalise la valeur présente des bénéfices et des coûts. Il est
généralement déterminé de façon itérative, et est équivalent au taux d’escompte (r) qui
annule la VAN, soit

9
Noter que la taxation optimale utilise formule similaire, à cette différence près que π est remplacé par une taxe
t* qui « internalise » le coût marginal externe (l’externalité générée par l’activité du polluer)
24

II.2. LA THEORIE DE L’EQUILIBRE POLITIQUE :LA REGLE MAJORITAIRE,


SES CARACTERISTIQUES ET SES LIMITES

Dans le domaine des choix collectifs,les processus politiques démocratiques se substituent


aux négociations privés pour traduire les préférences des agents et conduire éventuellement à
l’équilibre général. Les citoyens votent et décident librement à la majorité des voix. Le vote
majoritaire est donc la règle de décision dans les sociétés démocratiques.

L’examen de la logique des décisions par scrutin met en évidence les caractéristiques et les
limites de la règle majoritaire.La littératureconcerne cinq principaux points :

1) Les risques d’intransitivité des décisions collectives : le paradoxe de Condorcet.

2) Le théorème d’impossibilité d’Arrow.

3) L’hypothèse d’unimodalité des préférences et le rôle de l’électeur médian.

4) Relations entre la décision majoritaire, l’optimum parétien et la redistribution des


revenus.

5) Le traitement majoritaire des biens collectifs et les procédures de Bowen.

II.2.1. LE PARADOXE DE CONDORCET

Dans son « Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la
pluralité des voix » (1785), Condorcet avait énoncé en le théorème suivant : toute règle
démocratique de choix collectif présente des risques d’intransitivité dès que le choix porte
sur trois alternatives ou davantage. Ce théorème est connu sous le nom de « Paradoxe de
Condorcet ». Chaqueélecteur a son ordre de préférence transitif, mais différent des autres.

Le tableau 1 illustre ce paradoxe. Il montre qu’en appliquant la règle majoritaire aux


préférences individuelles, pourtant transitives, on aboutit à un classement intransitif.

Tableau 1
PREFERENCES

ELECTEURS X Y Z X
25

A > > <

B > < >

C < > >

CLASSEMENT > > >

II.2.2. LE THEOREME D’IMPOSSIBILITE D’ARROW

Les axiomes de préférence(ou règles d’agrégation des préférences individuelles).

Selon Arrow, les préférences collectives peuvent être déterminées de deux manières, à partir
des préférences individuelles : soit par un dictateur,soit par une procédure de vote majoritaire.
Dans ce dernier cas, tous les membres de la société participent au vote, et Arrow énonce cinq
axiomesque doivent vérifier les structures de préférences collectives pour être démocratiques :

1) Ordre complet. Les préférences doivent être réflexives et transitives sur tout le
domaine des choix. Le classement des préférences dans l’optimum parétien n’est
pas complet à cet égard, puisqu’il suppose qu’une allocation A est préférée
collectivement à B si le niveau d’utilité d’une personne au moins est supérieur
pour A et si le niveau d’utilité d’aucun individu n’est inférieur. Cet axiome
signifieque l’on accepte l’état des choix tel qu’il est, et que les choix individuels
sont indépendants, de telle manière qu’un mouvement d’opinion ne puisse pas
infléchir toutes les préférences dans le même sens.

2) Association positive des choix collectifs et individuels. On ne peut imposer de


préférences collectives indépendamment des préférences individuelles. La liaison
est positive entre les préférences individuelles et collectives. Ainsi si personne ne
préfère B à A et si un individu au moins préfère A à B, la collectivité doit préférer
A à B. Cet axiome est conforme au classement de Pareto décrit ci-dessus.

3) Souveraineté des citoyens. Les choix collectifs doivent respecter les préférences
unanimes. Si tous lesindividus préfèrent une option, le choix collectif doit refléter
cette option10.

4) L’indépendance des choix par rapport aux alternatives non concernées. Le


choix collectif ne doit pas être modifié par l’introduction ou le retrait d’un choix
individuel.

5) Choix non dictatoriaux. Les préférences collectives ne doivent pas refléter


uniquement les préférences d’un individu.

10
Ceci revient en fait à faire l’hypothèse d’additivité des préférences
26

Arrow a démontré deux théorèmes relatifs à la vérification de ces axiomes :

- Le premier prouve qu’un choix collectif vérifiant les axiomes 2, 3 et 4 est parétien et
unanime, puisque ne nuisant à personne.

- Le second théorème prouve qu’aucun ordre de préférence collectif ne peut


simultanément être parétien et vérifier l’axiome 1 (ordre complet sur toutle domaine
de choix), 3 (indépendance à l’égard des choix extérieurs) et 5 (non dictature).

Le second théorème est un « théorème d’impossibilité » de constitution d’un ordre de


préférence collectif à partir des ordres de préférence individuels quelle que soit la procédure
démocratique utilisée, sauf à abandonner ou à atténuer l’axiome 1 ou le 3, ou les deux.
L’abandon de l’axiome 1 permet, grâce à l’hypothèse d’unimodalité des ordres de préférence
(cf infra), de ramener la fonction d’utilité sociale à celle de l’électeur médian, tandis
l’abandon de l’axiome 3 permet de recourir à des modes de scrutin plus complexes, et de
prendre en compte le marchandage politique (le « logrolling »). Cette dernière hypothèse
(abandon de 3) permet de prendre en compteles effets de redistribution dans la fonction
d’utilité.

II.2.3. L’HYPOTHESE D’UNIMODALITE DES PREFERENCES ET LE ROLE DE


L’ELECTEUR – MEDIAN

D.Black a montré en 1948, que le scrutin majoritaire garantissait la transitivité des choix
collectifs selon un seul critère si tous les votants avaient des ordres de préférence
unimodaux, c’est-à-dire ne présentant qu’un seul maximum11. On en déduit le théorème de
l’électeur-médian, c’est-à-dire celui dont la position est centrale, partageant l’ensemble des
électeurs en deux sous-ensembles égaux. Black montre que cette position peut être décrite par
la règle de la majorité absolue, soit la position :

M = [(N-µ) / 2] + 1

où N désigne le nombre de votants, avec µ = 0 si N est pair et µ = 1 si N est impair. Le cas de


l’électeur-médian implique N impair, et donc :

M = [(N-1) / 2] + 1

La position de l’électeur médian est en effet donnée par (N + 1) / 2, ce qui est équivalent à la
position M de la majorité absolue.

Le théorème s’énonce comme suit : si les votants sont en nombre impair et ont tous des
préférences unimodales, le scrutin majoritaire est transitif, et coïncide avec l’optimum de
l’électeur-médian.L’électeur-médian joue ainsi un rôle primordial dans la décision, puisqu’il
peut donner la majorité absolue à l’une quelconque des deux coalitions (N-1) / 2 situées à sa
gauche soit à sa droite.

11
Ceci signifie que le domaine des préférences de chaque électeur est convexe
27

II.2.4. DECISION MAJORITAIRE, OPTIMUM PARETIEN ET REDISTRIBUTION

Le théorème de l’électeur médian a pour corollaire, que le scrutin majoritaire conduit


nécessairement à un optimum parétien, lequel se confond avec l’optimum individuel de
l’électeur-médian. Ce corollaire est démontré (Benard 1985, p 233) dans l’état initial de
l’économie, que cet état soit parétien ou non :

1) Si l’état initial est non parétien, l’on se trouve en situation de jeu coopératif, ou à
somme positive. Ceci veut dire que si on se donne trois électeurs 1, 2, et 3 ayant des
préférences unimodales, et si 1 est l’électeur-médian, la décision majoritaire conduira
à un optimum parétien en même temps qu’à l’optimum individuel pour 1. La raison en
est que toute tentative de 1 pour passer à une satisfaction plus élevée, lèserait soit 2
soit 3 soit les deux, et donnerait lieu à des coalitions instables entre les trois électeurs.

2) Si l’état initial est parétien, l’on se trouve en situation de jeu non coopératif, à somme
nulle. Cette fois tout écart par rapport à l’optimum initial, donnera lieu à des effets de
redistribution des satisfactions individuelles et des revenus au profit de la coalition
majoritaire, quiramèneront à l’optimum.

II.2.5. LE TRAITEMENT MAJORITAIRE DES BIENS COLLECTIFS.


LAPROCEDURE DE BOWEN
H. Bowen a montré en 1943, que le vote majoritaire avec unimodalité des préférences,
conduit à un optimum de second rang, c’est-à-dire avec biens collectifs. Bowen considère en
effet, que l’indivisibilité de consommation des biens collectifs est incompatible avec le
marché (c’est-à-dire l’optimum de premier rang), régi parle théorème d’équilibre de
production et de consommation des biens privés et rivaux (égalité du prix avec le coût
marginal et l’utilité marginale).

Bowen énonce alors, 12 ans avant Samuelson12, le théorème d’équilibre de production des
biens collectifs, non rivaux. La production de tout bien collectif est optimale lorsque la
somme des utilités marginales individuelles de consommation est égale au coût marginal de
production. L’indivisibilité de consommation des biens collectifs (non rivaux) implique en
effet que chaque unité supplémentaire non de bien non rival profite à tous les consommateurs.
La procédure de Bowen sera généralisée et dynamisée par Green et Laffont 13 pour établir les
conditions sous lesquelles cette procédure conduit à un optimum parétien.

12
Paul A. Samuelson, « Diagrammatic Exposition of a Theory of Public Expenditure ». Review of Economics
and Statistics, Vol 37, N° 4, 1955, pp 350-56.
13
J.R. Green et J.J. Laffont. Incentives in Public Decision Making. North Holland, 1979.
28

DEUXIEME PARTIE

LIMITES ET ADAPTATIONS DE LA THEORIE CLASSIQUE DE


L’ECONOMIE PUBLIQUE
Les principales limites du modèle néo-classique d’économie publique se trouvent dans les
défaillances du marché et celles institutionnelles, qui font obstacle à l’agrégation des choix
individuels en choix collectifs.

Deux principales adaptations sont présentées ici :

- La théorie de l’optimum de second rang, qui repose sur le modèle de l’optimum


parétien en présence d’externalités, définissant les nouvelles conditions d’optimalité et
des politiques d’internalisation des externalités.

- Les nouvelles théories de l’économie publique, notamment les théories néo-


institutionnelles, En termes de politique publique, cette adaptation se traduit
aujourd’hui par un appel systématique au secteur privé, dans le cadre de partenariats
public-privé.

CHAPITRE III. LES LIMITES DE LA THEORIE CLASSIQUE DE


L’ECONOMIE PUBLIQUE
III.1. LES DEFAILLANCES DU MARCHE

Les défaillances du marché se réfèrent à l’absence d’une ou de plusieurs caractéristiques du marché


efficient, faisant obstacle à la réalisation de l’optimum parétien. Ces défaillances se traduisent
notamment par des externalités, qui sont brièvement définies, classées et analysées ci-dessous.

III.1.1. DEFINITION DES EXTERNALITES

Une externalité est un coût (ou un bénéfice) résultant d’une activité donnée, qui n’est pas
supporté par (qui n’échoit pas à) l’agent exerçant l’activité considérée, ou qui n’est pas pris
en compte par le marché. Dans le premier cas on parle d’un coût externe ou d’une externalité
négative. Dans le second cas on parle d’un bénéfice externe ou d‘une externalité positive. La
littérature se réfère généralement (Buchanan et Stubblebine, 1962) au concept d’externalité
au sens de Pareto(« Pareto-relevant ») , c’est-à-dire une externalité qui s’oppose à la
réalisation de l’optimum parétien, notamment par la violation de l’hypothèse d’indépendance
des fonctions d’utilité des agents. Deux conditions d’existence ; Il y a externalité au sens de
Pareto chaque fois :
29

1. Qu’existent des fonctions d’utilité ou de production individuelles incluant des variables


réelles dont la valeur est déterminée par d’autres sans égard aux effets sur le bien-être
des individus considérés.
2. Qu’un décideur dont l’activité affecte les fonctions d’utilité ou de production des agents,
ne reçoit (ne verse) pas une compensation d’une valeur égale au bénéfice (au coût)
généré par son activité.
Un coût externe peut être par exemple une pollution (de l’air ou de l’eau), un bruit, une radiation, dont
l’impact sur autrui ou sur l’environnement n’est pas compensé par son auteur.

Un bénéfice externe peut être par exemple une amélioration de l’efficacité productive des firmes par la
production de nouvelles technologies, sans contrepartie pour l’inventeur. Il peut aussi s’agir d’une
externalité de réseau, dérivant par exemple d’une connexion à internet

Il peut s’agir d’une externalité de consommation ou de production. Le tableau 2 décrit les externalités
selon les deux critères d’activité (production ou consommation) et d’impact (négatif ou positif).

Tableau 2
Exemples d’externalités selon l’activité et l’impact
Impact Activité

Externalité de production Externalité de consommation

Externalité négative (ou coût Pollution, bruit ou radiation par Déchets ménagers ou bruit de
externe) une usine par exemple téléviseur par exemple

Externalité positive (ou bénfice Amélioration de l’efficacité Externalité de réseau


externe) productive des firmes par de
nouvelles technologies

Les externalités sont généralement définies par référence à la responsabilité du générateur (le pollueur)
envers la victime (individu ou collectivité), dans une optique d’internalisation. Elles peuvent alors
être décrites selon quatre types de relations pollueur-victime : 1) Producteur-producteur, 2)
Producteur-consommateur, 3) Consommateur-consommateur, 4) Consommateur-producteur. Le
tableau 3 résume cette description. Une case du tableau décrit l’externalité générée par le pollueur (à
gauche en ligne), et subie par la victime (au dessus en colonne).

Tableau 3
Exemples d’externalités selon la relation pollueur-victime
Victime
Pollueur
Producteur Consommateur

Déversement d’effluents Fuites d’une centrale


toxiques par une usine atomique causant des
Producteur
dans un cours d’eau, cancers aux résidents
utilisé en aval pour de la zone.
30

l’irrigation par une ferme.

Baisse de la productivité Encombrement de


des firmes due à la trafic causé par un
Consommateur consommation d’alcool et automobiliste mal
de tabac par les stationné
travailleurs

Les externalités présentent les caractéristiques des biens collectifs, notamment la non rivalité
(ou l’indivisibilité) et la non exclusion. Les externalités sont ainsi des « biens » à
consommation indivisible, c’est-à-dire entrant dans les fonctions d’utilité de tous les agents de
la collectivité considérée.

III.1.2. TYPOLOGIE DES EXTERNALITES


Quatre classifications sont utilisées selon les besoins d’analyse: 1) Externalités publiques (non rivales)
et privées (rivales), 2) Externalités technologiques et pécuniaires, 3) Externalités transférables et non
transférables, 4) Externalités unidirectionnelles et réciproques.

Externalités publiques et privées


Cette distinction met en exergue le caractère de bien public de la plupart des externalités, lesquelles
sont souvent consommées par tous (indivisibilité), et la consommation par un individu n’affecte pas
celle des autres (non rivalité). Certains des exemples ci-dessus sont de ce type. Par exemple, la
pollution par une centrale nucléaire affecte tous les riverains de la même manière.

A l’inverse, le cas du déversement d’effluents toxiques par une usine dans un cours d’eau utilisé en
aval pour l’irrigation par une ferme, est une externalité privée.

Externalités technologiques et pécuniaires


Cette distinction met en exergue le rôle du marché dans la transmission de l’externalité. L’externalité
pécuniaire se transmet ainsi par ses effets sur les prix. Ainsi par exemple une industrie qui utilise une
technologie polluante mais moins coûteuse et donc plus compétitive, qui fait baisser les profits des
industries « propres » en détournant leur clientèle par de bas prix.

A l’inverse, l’externalité technologique se transmet par des mécanismes hors marché, notamment
biochimiques. Dans l’exemple ci-dessus l’externalité technologique (pollution accrue) est associée à
l’externalité pécuniaire.

Externalités transférables et non transférables


31

Cette distinction renvoie au problème de l’identification de l’incidence de l’externalité, et donc de


l’efficacité de l’internalisation. La victime primaire peut en effet transférer cette incidence sur un tiers,
soit physiquement (cas de déchets transférés chez le voisin), soit à travers le marché (cas d’une
externalité pécuniaire répercutée sur le prix). Ceci est le propre d’une externalité privée, lorsque le
marché n’est pas concurrentiel (exemple d’un monopoleur).

L’externalité est au contraire non transférable en général, lorsqu’elle est publique et que le marché est
concurrentiel.

Externalités unidirectionnelles et réciproques


Cette dernière distinction renvoie aux problèmes de partage de la charge de l’épuration au niveau
global. L’hypothèse d’externalité unidirectionnelle se réfère au cas simple où le pays émetteur de gaz à
effet de serre et le pays victime sont clairement identifiables.

L’hypothèse d’externalité multidirectionnelle est plus réaliste toutefois, chaque pays étant pollueur et
victime. Ce dernier argument fonde la coopération internationale pour la réduction des émissions de
gaz à effet de serre.

III.1.3. L’ANALYSE DES EXTERNALITES


La théorie économique analyse les externalités dans deux optiques complémentaires : celle d’équilibre
partiel, et celle d’équilibre général.

L’analyse des externalités en équilibre partiel


En équilibre partiel, l’externalité est analysée comme un écart entre coûts marginaux privés et sociaux.
Si les seconds sont supérieurs aux premiers, l’agent privé fait supporter à la collectivité des
externalités négatives.

Le graphique 7 décrit ce cas. Les abscisses décrivent les quantités (Q) de pollution (l’externalité)
épurée. Les ordonnées décrivent les coûts (C) et les bénéfices (B) de l’externalité. La droite CMP
désigne le coût marginal privé de la pollution. CMS désigne le coût marginal social de la dépollution.
La droite BMS désigne le bénéfice marginal social de l’épuration. L’’externalité négative est
représentée par la surface hachurée ABCD.

Graphique 7
32

CMS = CMP + CME

BMS CMP
B
A

D C

Q0 Q’ Q

L’analyse des externalités en équilibre général


En équilibre général, l’externalité est analysée comme un écart entre les bénéfices marginaux et les
coûts marginaux sociaux, c’est-à-dire comme un écart par rapport à l’optimum social (Q*) où ces deux
grandeurs sont égales.

Par rapport à cet optimum, deux cas de sous-optimalité correspondant à une perte de bien-être collectif
(ou d’externalité) sont décrits sur le graphique 8 :

1. En Q1, le bénéfice social de la dépollution est supérieur au coût social (BMS > CMS). Il y a donc
un manque à gagner pour la société, puisqu’un volume supplémentaire de pollution peut être épurée.
La perte de bien-être correspondante est représentée par le triangle ABE.

2. En Q2 , la situation inverse prévaut (BMS < CMS). La société supporte un coût excessif de
dépollution. La perte de bien-être correspondante est représentée par le triangle CDE

Graphique 8
33

C,B
CMS
BMS
A C
E
B D

O
Q1 Q* Q2 Q

III.2.LES DEFAILLANCES INSTITUTIONNELLES

Les défaillances institutionnelles renvoient aux insuffisances de l’Etat dans l’exercice de ses
fonctions de régulation économique et de gouvernance. Pour être justifiées, les interventions
de l’Etat doivent être nécessaire (nécessité tenant généralement aux défaillances du marché et
à un déficit de gouvernance). Elles doivent ensuite être efficaces (correction des distorsions
aux moindres coûts). Ces défaillances incluent : 1) les distorsions du marché engendrées par
des interventions erronées de l’Etat (notamment par des taxes, des subventions, des quotas,
des entreprises et des projets publics inefficients); 2) la non internalisation des effets
secondaires, d’interventions par ailleurs justifiées (par exemple la contamination des nappes
souterraines par l’utilisation d’engrais subventionnés); 3) la non intervention par omission de
l’Etat, lorsque la défaillance du marché aurait justifié l’intervention. Des vides juridiques dans
l’exploitation des ressources naturelles ont parfois conduit à des conflits tragiques entre
législations traditionnelle et moderne ; 4) L’absence de bonne gouvernance dans la gestion
des ressources, c’est-à-dire l’absence de participation, de transparence, de responsabilité, de
primauté du droit, d’efficacité et d’équité. C’est le cas notamment dans la gestion des
ressources des ressources forestières où l’absence de bonne gouvernance détruit les
écosystèmes et exclut les populations riveraines.

CHAPITRE IV

LES ADAPTATIONS DE LA THEORIE CLASSIQUE DE L’ECONOMIE


PUBLIQUE

IV.1. L’OPTIMUM DE SECOND RANG : L’OPTIMUM PARETIEN EN PRESENCE


D’EXTERNALITES
Les défaillances sont des exemples illustrant les limites de la théorie néoclassique de
l’économie publique. Les conditions marginales traditionnelles de l’optimum parétien ne
s’appliquent pas en effet, dès lors que ces défaillances génèrent des externalités. Le problème
34

est alors de déterminer les conditions d’un optimum de second rang. Lipsey et Lancaster ont
été les premiers à définir ces conditions14. L’idée de base est que lorsque toutes les conditions
de l’optimum parétien ne peuvent pas être satisfaites, l’équilibre général de marché ou la
référence aux conditions marginales parétiennes conduit alors à des situations sous-optimales.

Si par exemple pour une branche donnée de l’économie le prix est supérieur au coût marginal,
il ne sera plus efficient de se référer à la condition marginale parétiennes p = Cm pour les
autres branches, car alors il y aurait une demande excessive des biens produits par ces
dernières. Dans une optique de second rang, il conviendrait alors de taxer ces autres biens
pour amener les consommateurs à affecter leur budget comme ils le feraient dans l’optique
parétienne de tarification au coût marginal.

Nous rappelons brièvement ci-dessous les principales conclusions du modèle de l’optimum


parétien en présence d’externalités15, emprunté à l’économie de l’environnement (domaine
d’application par excellence de l’économie publique). Les nouvelles conditions marginales
définies par le modèle constituent le fondement des politiques d’internalisation des
externalités. L’externalité (défaillance du marché) est en effet considérée comme un "bien"
collectif associé à la production privée, en ce sens qu'elle entre dans la fonction d'utilité de
tous les agents (cf non rivalité et non exclusion). Ce caractère fondamental de l’externalité
justifie l’intervention de l’Etat pour corriger la défaillance du marché.

La première condition d'optimalité s’écrit

Fk U 1 m U j
k     j 
E k E j 2 E

- E désigne le niveau global de pollution (d’externalité) générée par les activités


productives, fonction croissante de la pollution E k  émise parla
production Yk  Fk Lik , E k  de la firme k(k = 1, ..., h).Les Lik sont les quantités de
ressource utilisées par les entreprises.

- U1désigne l’utilité d'un consommateur représentatif, fonction décroissante du niveau


de pollution (E), et fonction croissante de la consommation du bien i (i= 1,…., n) par
le consommateur j (j = 1, ….,m).

-  j et  k sont les multiplicateurs de Lagrange, qui jouent ici le rôle de coefficients de


pondération indiquant le poids de la pollution (de l’externalité) E dans la fonction
d'utilité de chaque consommateur j et la fonction de production de chaque firme k,
respectivement.

14
R.G. Lipsey et Kelvin Lancaster. “The General Theory of Second Best”, Review of Economic Studies, Vol 24
(1956-1957), pp. 11-32.
15
Anthony C. Fisher. Resource and environmental Economics. Cambridge University Press, 1981, pp 166 ss.
35

La première condition d’optimalité signifie que chaque firme poursuivra son activité
F
polluante, jusqu'au point où la productivité marginale  k  k , de l'émission de déchets
E k
polluants (considérés comme facteur de production), est égale au coût marginal de cette
émission, c'est-à-dire la somme pondérée des désutilités pour tous les consommateurs, soit

U 1 m U j
  j 
E j  2 E

La seconde condition d'optimalités’écrit

U j F
j  k  k
X ij Lik

où Xij désigne les quantités de biens i consommées par j


Cette seconde condition d’optimalité signifie que les utilités marginales pondérées des
consommateurs j doivent être égales aux productivités marginales pondérées des producteurs
k, pour tout bien consommé ou toute ressource Li utilisée par les entreprises.

IV. 2. APPLICATION DU MODELE : LES POLITIQUES D’INTERNALISATION


DES EXTERNALITES

IV.2.1. L’instrument de prix : la taxe pigouvienne


Sur le graphique 21, l’axe horizontal décrit le niveau d’activité d’un producteur
représentatif. La droite OK représente le coût marginal social du dommage (externalité)
résultant de cette activité. CY1 décrit le profit marginal (Pm) retiré de l’activité considérée par
le pollueur, ou le coût marginal d’épuration.

En l’absence d’internalisation, le niveau d’activité optimal de la firme est Y1, où le profit


marginal Pm est nul. Mais il s’agit d’un optimum socialement inefficient, puisque le coût
marginal social est supérieur au profit marginal pour tout niveau d’activité supérieur à
l’optimum social Y*. L’écart entre Y* et Y1 représente l’écart entre le coût privé et le coût
social, c’est-à-dire une externalité à internaliser (par une taxe dans le cas présent). MY*
représente alors le profit marginal net de taxe (Pm - t*). La taxe a donc pour effet de faire
coïncider optimum privé et optimum social en Y*.

Graphique 9

Coûts, Profits

C
Pm
36

Il convient de noter que cette .

IV.2.2. L’instrument de quantité : les droits à polluer


Les droits à polluer ont été proposés par l’économiste canadien John Dales en 1968,
comme une alternative à la régulation par les prix (c-à-d une taxe pigouvienne par unité de
pollution). L’idée de base était qu’au lieu de fixer des normes uniformes sans information sur
la demande de pollution, les gouvernements devaient distribuer ou vendre une quantité limitée
de droits et interdire la pollution sans droits. Le marché doit alors affecter la quantité de droits
allouée aux firmes ayant le coût marginal d’épuration le plus élevé comparé au cours des
droits sur le marché, et égaliser finalement ces deux grandeurs, minimisant ainsi le coût social
d’épuration.

IV.2.3. La négociation privée (ou l’indemnisation volontaire) : Le théorème de Coase

Selon le théorème de Coase, les externalités peuvent être corrigées par le marché (contrats et
négociations privés) si les droits de propriété sont définis, et s’il n’y a pas de coûts de
transaction. Les pollueurs et les victimes peuvent alors internaliser les externalités par des
contrats privés, et instaurer une utilisation efficiente des ressources, puisque la distribution
des droits de propriété affecte uniquement la structure et non le niveau du revenu.

Le « prix » est représenté dans ce cas par l'indemnité versée après négociation soit par le
pollueur pour compenser le dommage subi par la victime, soit par ce dernier pour compenser
la perte d'activité subie par le pollueur.

L'indemnité sera fixée au point où le volume de pollution égalise le bénéfice marginal de la


pollution pour le pollueur, et le coût marginal du dommage pour la victime.

Le théorème de Coase comporte plusieurs corollaires importants pour la politique de


contrôle des externalités :
- Le premier est que les droits de propriété doivent être distribués de manière efficiente,
notamment par la minimisation des coûts liés à leur commercialisation. L’exemple type
est celui des droits à polluer, lorsque le nombre d’échanges est élevé.
37

- Un second corollaire est que l’efficience (du moins à court terme) peut être réalisée à
travers le principe “victime payeur” plutôt que le principe “pollueur payeur”, si pour des
raisons d’équité (ou pour toute autre raison) on peut s’attendre à une défaillance du
pollueur.
- Le troisième corollaire découle de l’absence d’effet revenu et d’effet de richesse. La
commercialisation des droits étant de ce fait aisée et sans coût, le marché les redistribue
de manière efficiente quelle que soit leur distribution initiale.
La principale limite du théorème de Coase tient au fait que la pollution étant un « mal »
public, sa non rivalité induit des comportements de passager clandestin et des coûts de
négociation qui rendent celle-ci difficile selon le théorème de Coase. Le théorème de Coase
est ainsi mieux indiqué pour des négociations dans des petits groupes voire entre voisins.

IV.3. LES THEORIES NEO-INSTITUTIONNELLES

Ces courants sont essentiellement issus des nouvelles théories de l’organisation industrielle,
auxquelles sont associés notamment les noms de F.Knight (1921), R. Coase (1937), A.
Alchian (1952), H. Leibenstein (1966), H. Demsetz (1972), O. Williamson (1975), Jensen et
Meckling (1976). Les nouvelles théories de la firme (encore appelées nouvelle économie
institutionnelle ou théories néo-institutionnelles) ont une filiation directe avec la théorie de la
rationalité limitée (ou procédurale)16, ou les limites du modèle néoclassique de l’optimum
parétien. Dans ce dernier modèle de référence de l’analyse économique des décisions
publiques, l’efficience économique repose sur des conditions très restrictives : concurrence
parfaite, information parfaite, absence d’externalités, etc... Ces conditions garantissent, du fait
de l’hypothèse sous-jacente de rationalité substantielle des choix individuels, que les objectifs
fondamentaux des politiques publiques sont atteints :

1) Le degré d’équité dans la distribution des revenus est conforme aux préférences
collectives ;
2) L’offre de monnaie dans l’économie est suffisante pour assurer un équilibre de plein
emploi avec stabilité des prix.

Dans les nouvelles théories de la firme, les choix économiques publics ont une rationalité
limitée par l’imperfection des marchés et de l’information, ainsi que par les externalités. La
firme apparaît dans ce contexte, comme une organisation, un lieu de négociations
contractuelles, un mode de coordination économique alternatif au marché.

Deux principales approches symétriques se dégagent de cette littérature sur la nouvelle


économie institutionnelle:

16
Le concept de rationalité limitée (ou procédurale) a été forgé par Herbert Simon (Prix Nobel 1978), pour ses
recherches en intelligence artificielle, caractérisée par le recours aux machines pour pallier les carences de
l’intelligence humaine, ainsi que pour ses recherches appliquées en nouvelle microéconomie, caractérisée par la
prise en compte de l’environnement social comme contrainte sur les décisions individuelles.
38

- celles fondées sur les défaillances du marché, qui justifient l’intervention publique
pour l’internalisation des externalités, la fourniture des biens et services collectifs, la
régulation des monopoles naturels,
- et celles fondées sur les défaillances institutionnelles, qui justifient à l’inverse
l’ouverture à la concurrence et au secteur privé, pour pallier la faiblesse du cadre
incitatif public.

IV.3.1. LES APPROCHES FONDEES SUR LES DEFAILLANCES DU MARCHE

IV.3.1.1. La théorie des droits de propriété

La théorie des droits de propriété aborde le problème des organisations du point de vue de la
répartition des droits de propriété. Selon cette théorie l’entreprise est caractérisée par une
structure particulière de droits de propriété définis par un ensemble de contrats [Alchian and
Demsetz, 1972]. D’après le théorème de Coase (1960), l’efficience économique sera réalisée,
et l’optimum instauré par des contrats privés, si les droits de propriété sont clairement définis,
et sont échangeables sur un marché concurrentiel, et s’il n’y a pas de coûts de transaction. Un
système de propriété efficace permet aux cocontractants de profiter des avantages de la
spécialisation et d’assurer un système efficace d’incitation.

IV.3.1.2. La théorie de l’agence

La théorie de l’agence permet de comprendre dans une certaine mesure le recours par les
gouvernements aux partenariats public-privé. Selon cette théorie, la divergence d’intérêts et
l’asymétrie d’information existant entre deux acteurs, le mandant et le mandataire, engendre
bien souvent des coûts d’agence comme ceux liés aux dépenses de surveillance et d’incitation,
et aux assurances. La relation d’agence peut être définie comme un contrat par lequel une
personne (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour exécuter en son nom une
tâche qui implique une délégation de pouvoir de décision à l'agent [Jensen et Meckling,
1976].

Dans le cas des organisations publiques, les gestionnaires jouent un rôle qui leur a été confié
par l’Etat, considéré comme le propriétaire et l’actionnaire principal de l’entreprise publique.
Mais, puisque ce sont les gestionnaires qui y prennent les décisions pertinentes, ce dernier n’a
pas le contrôle de l’entreprise. Dans cette relation, les intérêts de l’agent (les gestionnaires) et
ceux du principal (l’Etat) ne concordent pas, ce qui engendre des coûts de surveillance
(« monitoring costs »), par exemple les coûts des vérifications comptables et les coûts
d'établissement des états financiers. Les pertes engendrées par ces divers coûts sont
supportées par l’Etat. L’argumentation de Jensen et Meckling (1976) suppose que la
séparation de la structure de propriété des fonctions managériales engendre inéluctablement
des conflits d’intérêts entre propriétaires (actionnaires) et dirigeants et donne lieu à des coûts
d’agence.

Cette asymétrie d’information et les intérêts divergents du principal et de l’agent confèrent


dans bien des cas, un avantage à l’agent qui, en plus d’imposer son agenda propre, peut cacher
39

au principal certaines informations (comme par exemple certaines caractéristiques du bien en


termes de coûts, de qualité ou de vices), ce qui a pour conséquence d’amener le principal (qui
est ici l’Etat) à prendre de mauvaises décisions (risque de sélection adverse). L’incertitude
entourant donc la capacité de l’agent à produire les résultats voulus conduit le principal (donc
l’Etat) à déployer des efforts considérables trop souvent coûteux (contrats de performance,
bonis et autres) afin de d’inciter l’agent à révéler l’information.

IV.3.1.3. La théorie des coûts de transaction

La théorie des coûts de transaction tire son origine des travaux de Coase(1937). L’auteur part
d’un constat selon lequel, alors que sur le marché la coordination entre agents économiques se
fait de façon inconsciente par le système de prix, à l’intérieur de la firme elle résulte de
l’autorité de l’entrepreneur. L’essence de la coordination par la firme, d’après Coase, se
trouve dans la hiérarchie et la suppression du système de prix. Le recours au marché entraîne
des coûts, qui sont constitués de coûts de découverte de prix adéquats et de coûts de
négociation et de conclusion de contrats séparés, pour chaque transaction. Par conséquent, la
coordination administrative par la firme s’impose parce qu’elle permet une économie de coûts
(appelés plus tard coûts de transaction par Williamson). La question principale posée par
Coase est de savoir quelle est la nature de la firme et pourquoi elle existe. Selon l’auteur, les
firmes existent parce qu’elles permettent de réduire les coûts de transaction, via un système de
coordination fondé sur la hiérarchie.

L’approche de Williamson (1985) est quelque peu différente de celle de Coase (1937). Il
présente la théorie de la firme comme une partie de la théorie des institutions du capitalisme
et la firme elle-même n’est plus conçue comme une hiérarchie (vision de Coase), mais plutôt
comme un nœud de contrats. Dans la conclusion de ces contrats, Williamson (1985) distingue
les coûts ex ante, qui correspondent aux coûts de recherche et de conclusion du contrat, et des
coûts ex post, qui sont relatifs à l’exécution du contrat lui-même. C’est sur ces derniers coûts
que l’auteur focalise son analyse de la théorie de la firme. L’analyse de Williamson repose
tout comme celle de Coase sur l’hypothèse de rationalité limitée, mais en diffère par la prise
en compte des comportements stratégiques des agents consistant, dans un contexte
d’information incomplète, à induire leur partenaire en erreur pour en tirer profit. L’auteur
distingue deux formes de comportements stratégiques : ex ante et ex post.

- La première est celle qui peut être observée en amont de la passation du contrat. Cette
forme peut conduire à la sélection adverse [Akerlof, 1970] c’est-à-dire à des
transactions sur des produits de mauvaise qualité.
- La deuxième se réfère à la phase d’exécution du contrat. Elle tient à l’incomplétude du
contrat17 et la difficulté de déterminer la volonté des parties à respecter leurs
engagements.

17
L’incomplétude des contrats résulte de l’incertitude, les coûts de transaction étant plus élevés dans ce contexte
du fait de l’impossibilité de prévoir explicitement toutes les contingences au moment de la signature du contrat.
40

IV.3.1.4. La théorie des marchés contestables

La théorie des marchés contestables a été formulée initialement par Baumol, Panzer et Willig
(1986) aux Etats-Unis dans un contexte de renforcement du libéralisme économique et du
déclin de l’Etat-providence. L’idée de base est que la concurrence, lorsqu’elle n’est pas
confrontée à des contraintes de barrières à l’entrée et à la sortie, garantit l’efficience des
entreprises présentes sur le marché, même si ces dernières sont peu nombreuses, offrent le
même produit ou sont en situation de monopole. Un tel marché implique que toute entreprise
nouvelle peut à tout moment venir s’installer sur le marché, et l’accès par les entreprises aux
mêmes informations, à la même technologie et aux mêmes services. Les barrières incluent les
barrières juridiques, l’attribution de droits exclusifs à certaines entreprises, les investissements
non récupérables.

Ainsi, afin d’arriver à une organisation économique plus optimale du secteur public, l’Etat
devrait favoriser la concurrence. Cette concurrence ferait en sorte que les entreprises en place
puissent être contestées par des concurrents potentiels disposés à les supplanter par un produit
ou service de meilleure qualité au moindre coût, par l’innovation, etc...

IV.3.2. LES APPROCHES FONDEES SUR LES DEFAILLANCES


INSTITUTIONNELLES

IV.3.2.1. La théorie du New Public Management

Né en Grande-Bretagne au début des années 80 sous l’administration Thatcher et dans bien


d’autres pays de tradition anglo-saxonne, le Nouveau Management Public est un mode de
gestion qui vise à introduire dans l’administration publique les valeurs et modes de
fonctionnement de la firme privée. Il peut être perçu comme une réponse à la crise des
finances publiques, fondée sur une logique d’efficacité et d’efficience des organisations
publiques [Bernrath, 1998]. Ceci suppose la décentralisation des responsabilités et des
ressources et un cadre normatif orientant les activités des entreprises publiques vers les
résultats plutôt que vers les procédures. L’adoption de ce mode de gestion a été stimulée par
le Traité de Maastricht18. Il faut ajouter à cela la crise de légitimité qui a secoué
l’administration publique, critiquée pour ses dysfonctionnements..

IV.3.2.2. La théorie de l’efficience X

La théorie de l’efficience X a été développée par Leibenstein (1966) pour prendre en compte
le fait que certaines inefficacités organisationnelles ne résultent pas d’un défaut d’allocation
des facteurs de production. C’est le cas notamment des inefficacités liées à la motivation du
personnel ou à une mauvaise organisation de l’entreprise. Des entreprises disposant de la
même composition de main-d’œuvre (facteur travail) et de la même technologie (facteur

18
Le traité de Maastricht signé le 7 février 1992, dépasse l’objectif initial de la Communauté Européenne qui
visait à réaliser un marché commun. Ce traité établit entre autres, la neutralité des gouvernements quant à
lapropriété de certaines entreprises. Les services publics sont invités au libre jeu de la concurrence.
41

capital) peuvent parvenir à des performances inégales. Il existerait ainsi un facteur X,


différent des facteurs de production traditionnels (travail et capital) qui explique l’efficience
ou l’inefficience des firmes.

Les travaux de Leibenstein sur la théorie de l’efficience X étaient initialement appliqués à


l’analyse du sous-développement et n’établissaient pas de lien formel entre l’inefficience X et
les organisations publiques. C’est dans un article ultérieur [ Leibenstein, 1978] que l’auteur
dégage un certain nombre de facteurs qui seraient source d’inefficience X dans les
organisations publiques et qui, par conséquent, pouvaient implicitement justifier certaines
politiques entreprises par l’État. Ces facteurs sont liés à la structure organisationnelle
fortement bureaucratisée des organisations publiques, et aux comportements stratégiques des
agents publics. Ces facteurs incluent notamment :

- L’absence de pression externe du fait que ces entreprises sont souvent en situation de
monopole, ce qui favoriserait une « vie tranquille » et n’inciterait pas à un effort de
compétitivité, d’efficience et d’efficacité, contrairement au secteur privé.

- L’immortalité des organisations publiques, tant que la politique financière et


monétaire de l’État est suffisamment expansive pour limiter la probabilité de faillite.
Dans un tel contexte, les agents développent une aversion pour le risque, une faible
propension à l’innovation.

- Le caractère souvent conflictuel des objectifs(économiques, sociaux et politiques)


assignés aux entreprises publiques tend à exacerber les difficultés d’évaluation des
gestionnaires, et entraîne l’arbitraire de la valse des dirigeants par les ministères de
tutelle.

IV.3.2.3. La théorie des choix publics (« Public choice »)

C’est vers la fin des années 60 que l’analyse économique des choix publics prend
véritablement son essor, notamment avec les travaux de l’École de Virginie. La théorie des
choix publics est apparue très tôt comme l’une des théories ayant le plus aidé à faire avancer
les idées néo-libérales sur le plan économique. Élaborée essentiellement par des économistes
comme Buchanan et Tollison (1972), Tullock, elle postule que l’inefficience des entreprises
publiques est due notamment aux groupes d’intérêts et aux jeux politiques qui caractérisent
les administrations publiques. Selon l’Ecole du « Public Choice » les agents qui prennent les
décisions publiques, notamment les administrateurs d’entreprises publiques, les politiciens et
les bureaucrates, le font en privilégiant non pas l’intérêt général, mais leurs intérêts propres
comme le ferait tout individu dans ses choix privés [Hodge, 2000]. Ainsi, le courant du
« Public Choice » oppose l’État au marché, le marché étant considéré comme le mécanisme
d’allocation efficiente par excellence des ressources.

La théorie du « Public Choice » recherche donc la manière de rendre minimale l’intervention


de l’Etat dans l’économie. L’État, dans cette approche, est perçu en effet comme ce qui
échappe au marché, et les hommes politiques comme des entrepreneurs de la production de
42

services collectifs. L’objectif de l’Ecole du « Public Choice » est « […] de compléter la


théorie de la production et de l’échange des biens et des services marchands par une théorie
équivalente et, autant que possible, compatible avec le fonctionnement des marchés
politiques» [Buchanan et Tollison 1972].

IV.3.3.Application des théories néo-institutionnelles : Le partenariat public-privé (PPP)

Les théories néo-institutionnelles constituent le cadre conceptuel des politiques de partenariat


public-privé. Ces théories permettent de comprendre la stratégie de l’État face aux contraintes
de l’environnement des choix collectifs, consistant à se concentrer davantage sur ses fonctions
régaliennes et à stimuler et encadrer, au lieu de le remplacer, le secteur privé dans le
financement des infrastructures publiques et la production de certains services.

Il est important de noter que les implications du modèle parétien de référence rendent inutile
le PPP pour la production et la fourniture des services collectifs. Ces implications sont en
effet celles de la théorie classique de la firme, dans laquelle la firme est assimilée à un agent
individuel maximisateur :

1) Il y a coïncidence entre la régulation par l’Etat et la régulation par le marché. les


décisions économiques n’ont pas de spécificité sectorielle, et aucune combinaison de
politiques publiques et privée n’est donc nécessaire pour atteindre les objectifs ci-
dessus.
2) L’Etat et les entreprises du secteur privé ont la même fonction de production. Les
services collectifs fournis par l’Etat sont donc substituables aux facteurs de production
privés.
3) La taille du secteur public est toujours optimale, en ce sens que la fourniture des
services publics peut être accrue sans coût marginal supplémentaire, c’est- à-dire à
rendements d’échelle constants. Il n’y a donc pas d’encombrement (ou saturation) des
services publics qui puisse contraindre l’Etat à faire appel à des partenaires.

On peut résumer comme suit les implications des théories néo-institutionnelles pour le PPP :

- La théorie des droits de propriété complétée par celle de l’agence impliquent que le
recours au secteur privé dans les ententes contractuelles de partenariats public-privé
permet à l’Etat de minimiser ses coûts d’agence. Dans la firme privée, la nature des
transactions est différente et il n’y a pas d’opposition fondamentale entre elle et le
marché (contrairement à l’État et le marché).

- La théorie des coûts de transactions est évoquée pour justifier le PPP, du fait de
l’inefficience des organisations publiques, lesquelles ne sont pas capables de
minimiser leurs coûts de transaction (c’est-à-dire d’information, de négociation,
d’exécution des contrats). La rigidité des structures, le processus de prise de décision
et les cercles vicieux bureaucratiques imposent une délégation des pouvoirs, ce qui
engendre, en raison notamment de l’imperfection de l’information et des
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comportements stratégiques des agents, des structures onéreuses et des mesures


coûteuses de surveillance qui conduisent finalement à l’inefficacité des agents
d’exécution du contrat et, par conséquent, à l’inefficacité de l’organisation même.

- La théorie des marchés contestables insiste sur le rôle de l’Etat dans l’assainissement
de l’environnement économique, pour stimuler la concurrence avec le secteur privé
dans l’offre et la production de biens et services aux citoyens. L’existence
d’entreprises intégrées en situation de monopole, surtout lorsqu’elles sont publiques,
est fortement remise en question. Ceci s’est traduit au cours des dernières années par
des mouvements de dérégulation, des transferts de gestion, des contrats de concession,
de sous-traitance et des PPP afin de permettre à l’Etat d’améliorer sa performance.

- La théorie du « New Public Management » apparaît comme ayant grandement


favorisé l’émergence des partenariats public-privé, qui érigent l’efficience en dogme
dans la gestion des affaires publiques.

- La théorie de l’efficience X implique que les PPP pourraient contribuer à réduire ces
facteurs d’inefficience dans les organisations publiques, et accroître ainsi la
performance et la compétitivité de celles-ci, afin de mieux intégrer la vérité des prix.

- La théorie des choix publics implique qu’en raison de l’inefficacité de l’Etat pour des
considérations partisanes et bureaucratiques, il est nécessaire de soumettre à la
sanction du marché, le plus grand nombre d’activités gouvernementales.
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