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Cours

D’ÉCONOMIE PUBLIQUE

1 MODULES
EQUIPE PÉDAGOGIQUE : Microéconomie
Responsable : Professeur Issa SACKO
Animateur du cours : Dr Dramane Lassana TRAORÉ
OCTOBRE 2022
INTRODUCTION
2  La puissance publique est divisée en deux niveaux : (1) les
autorités de la règlementation (le réglementeur) (2) et les
institutions politiques (le décideur politique).

 Le réglementeur se préoccupe de l’efficacité de son


intervention dans l’économie.
 Le décideur politique fait des choix de redistribution à
travers des ciblages précis.

 L’Etat doit intervenir dès qu’il existe une défaillance de


marché.
Evolution du rôle de l’ État
3
 De l’État gendarme à l’État Providence
 La légitimité du rôle de l’État au lendemain de
la seconde guerre mondiale
 La mise place de l’État providence dans le
monde occidental après 1945
Débats théoriques relatifs au rôle de l’Etat
4

 La théorie marxiste de l’État


 L’État minimal du courant libéral
 L’État interventionniste de John Maynard Keynes
 L’École Autrichienne et le refus de l’intervention de l’État
 La remise en cause des décisions publiques, l’école du Public
Choice
 La théorie de la croissance endogène, une nouvelle
légitimité de l’État
5

 MODULE I :
 JUSTIFICATION DE L’INTERVENTION
DE
L’ETAT
6
Plan
I.Résultats de l’économie
concurrentielle
II.Raisons de l’intervention publique
III.Modélisation de l’Etat
 L'État présente 3 grandes caractéristiques :
7  1- L'Etat utilise la contrainte de façon légitime.
 2- L'Etat a le monopole de cette contrainte légitime
 3- L'Etat a des devoirs (fonction régalienne et plus).
 Du point de vue du Droit, l'Etat, par le biais
d'un arsenal législatif, dicte des règles qui
régissent notre vie en société.
8
Définition
 L'économie publique consiste en
l'analyse de la formation des décisions
publiques et de l'intervention de l'Etat
justifiée par :
 d'une part l'éthique et la justice ;
 et d'autre part les défaillances du marché (biens collectifs,
monopole naturel, externalités, asymétrie d’information).
I. RÉSULTATS DE L’ECONOMIE CONCURRENCIELLE

 Sous les hypothèses de l’économie


9

concurrentielle, on peut obtenir une


allocation des ressources (et des biens) qui
est « Pareto optimale ».
1. 1er Théorème du bien-être : Un équilibre concurrentiel est un optimum de Pareto.
2. 2ème Théorème du bien-être: Un optimum de Pareto peut-être réalisé à l’aide d’une
économie concurrentielle y compris la prise en compte des taxes et des transferts.
Cas de deux biens et deux consommateurs
10
 Les hypothèses de ces théorèmes ne sont généralement
11
pas vérifiées, à cause du fait que dans l’économie :
1) La concurrence est imparfaite;
2) Les marchés ne sont pas complets;
3) Les droits de propriétés ne sont pas biens définis;
4) Il y a asymétrie d’information (problèmes de
sélection adverse et d’aléa moral.
II. RAISONS DE L’INTERVENTION PUBLIQUE
12
1) Rôle minimal des pouvoirs publics dans l’économie: mettre en place
un cadre légal protégeant les droits de propriétés, notamment
l’investissement privé.
2) Défaillances de marché:
 Bien public: non rivalité dans sa consommation et impossibilité d’exclusion,
 Externalité: il y a externalité si la décision économique d’un agent affecte un
autre agent et que cette influence ne se fait pas à travers un marché (ex:
pollution),
 Rendements d’échelle croissants: la taille optimale de l’entreprise peut être
trop importante par rapport à la taille du marché (monopole naturel),
 Asymétrie d’information
3) Redistribution
4) Stabilisation macroéconomique
Des défaillances du Marché à l’intervention de l’Etat
13 Justification de la remise en cause Défaillance du Intervention de
(concurrence imparfaite) dans la marché l’Etat
Hypothèses de la pratique
CPP
Atomicité Différentiation des marchés; des agents (grand et
petit) ; jeux stratégiques
Externalités et
Homogénéité Différentiation des produits, rendement d’échelle rendement d’échelle Régulation
croissant croissant

Transparence Asymétrie d’information (aléa moral et sélection Asymétries


adverse) d’informations

Libre entrée Existence de barrières, jeux concurrentiels, …,


stratégies d’entente
Biens publics Production des biens
Mobilité parfaite Barrières à l’entrée et à la sortie publics
III. MODÉLISATION DE L’ETAT
14

A. Deux Modèles de l’Etat


Tullock (1974) : “Nous avons donc deux « modèles » de gouvernement.
1. Selon le premier modèle, le gouvernement est une entreprise de coopération
entre individus désireux de réduire l’aspect «jeu à somme négative » de leurs
interactions. Confrontés à un dilemme du prisonnier, les individus choisissent
la coercition mutuelle pour se « comporter » de façon « coopérative ».
2. L’autre modèle est celui d’un groupe qui a le pouvoir d’exploiter les autres et
tirer le maximum.
3. Des éléments des deux modèles se retrouvent dans la quasi-totalité des
gouvernements existants.”
B. Cas du modèle de règne du plus fort (Etat fort)
15 Ici le modèle définit une autre façon de sortir de l’état de

nature (absence de l’Etat).


1)Le modèle suppose un état de nature légèrement
différent.
2)Supposons que, dans l’état de nature, les individus ne
sont pas tous égaux.
3)Certains sont plus doués pour les armes d’autres pour
la charrue, …
Les paiements du jeu deviennent :
16
1) Le joueur de gauche (1) a une stratégie dominante :
17 faire la guerre.
2) Cependant le joueur d’en haut (2), contrairement au
dilemme du prisonnier, n’a pas intérêt à entrer en
conflit.
3) Mieux vaut se faire plumer que de mourir ! On arrive
donc à la case (7, 2).
4) On pourrait alors en rester là; mais on voit qu’il y a la
possibilité d’un accord mutuellement favorable entre
les deux joueurs.
1) Au lieu que 1 aille attaquer 2 régulièrement, 1 peut dire à 2 : «
Verses moi les 4/7 de ta récolte et je ne t’attaquerai pas ! ».
18
2) Il s’agit là d’un accord entre les deux joueurs – un accord de paix
durable, sans guerre.
3) Il s’agit ici d’un résultat fort de la mise en place des institutions de
l’Etat.
4) Ainsi, le joueur 1 n’a plus besoin de faire la guerre. Il obtient en plus
des 5 unités de sa culture, 4 en impôt, ce qui lui fait 9.
5) Quant au joueur 2, il préfère toujours cette solution à la guerre.
6) Ainsi l’Etat pourrait naître de façon moins glorieuse.
1. Les théories sur l’origine de l’Etat sont donc très variées.
19 2. Nous rappelons ici les théories qui font de l’Etat une création
humaine.
3. Nous laissons de côté les théories qui font de l’Etat un « être »
au-dessus des citoyens, et qui leur serait antérieur.
4. Quoiqu’il en soit dans toutes ces théories l’Etat se retrouve
être de facto, ou par contrat, celui qui a le monopole de la
force, de la coercition (cf. La définition de l’Etat par Max
WEBER).
 Pour Douglass North (1981: 22): Un Etat est “une organisation qui a
un avantage comparatif dans les activités violentes, dont les pouvoirs
20
s’étendent sur une aire géographique dont les limites sont
déterminées par son pouvoir de taxer ses membres”.
 Que va-t-il faire de ce monopole, c’est la grande question. Il va (bien
entendu) essayer de faire respecter l’état de droit.
 Pour l’économiste moderne, l’Etat doit faire tout ce que les individus
souhaitent mais ne peuvent pas le réaliser de façon décentralisée.
 Bref, en théorie, l’Etat va remédier aux défaillances du marché.
Trois Modèles pratiques de l’Etat
21
Modèles Configuration

Etat entreprise de coopération Etat fort, citoyens pacifistes

Etat groupes de pressions Etat faible, citoyens ou groupes de citoyens


forts
Etat fort, citoyens pacifistes

Etat entreprise de coopération – Etat groupes Etat fort, citoyens pacifistes


de pressions Etat Faible, citoyens forts

Conclusion : seules des institutions fortes déterminent la qualité de l’Etat à longue terme
 C- Théorie normative et théorie positive
22
 L'approche normative de l'État cherche à dire ce qu'il
devrait être. c'est-à-dire la théorie qui spécifie l'État
idéal et les actions qu'il devrait mener.
 Ces actions reposent sur la norme d'efficacité – au
sens de Pareto.
 L'approche positive de l'état cherche à dire ce qui est.
A ce titre, la théorie de la domination permet par
exemple d'expliquer certain traits du comportement
des gouvernements.
23

MODULE II :
DEFAILLANCES DES MARCHES :
EXTERNALITÉS ET BIENS PUBLICS
24

Sous-module 1 : Effets
externes ou externalités
25 PLAN
I. Typologie des externalités
II. Solutions aux externalités :
compensation
III. Effets externes et optimum de Pareto
I. TYPOLOGIE DES
26
EXTERNALITÉS
A. Types d’externalités
1. Globalement, on distingue deux types d’externalités : les
externalités positives et les externalités négatives.
2. On parle d’externalité négative lorsqu’une firme impose des
coûts sur d'autres entreprises sans subir de pénalités (sans leur
fournir une compensation).
3. Une externalité positive désigne le fait que l'activité d'une
firme comporte des avantages pour d'autres firmes sans en
obtenir un bénéfice (rémunération).
 Aussi, on distingue :
27 4.Les externalités pécuniaires qui se traduisent par une
augmentation du taux de profit : cas où les profits d'une firme
dépendent du montant des intrants et des extrants produits par
une autre firme;
5.Les externalités technologiques, à savoir les interférences
entre producteurs;
6.Les externalités économiques prennent souvent une
signification très vague, par exemple l'idée « d’externalités de
développement » ;
7.Les externalités politiques émises par l'Etat,
28 un groupe, ou une majorité contre d'autres
agents (Buchanan, 1965). Pour ce dernier
auteur, certaines externalités peuvent être
compatibles avec la réalisation d'un optimum
de Pareto.
8.Les effets externes unilatéraux ou
réciproques, divisibles ou non, réversibles
ou irréversibles.
 Les externalités sont classées suivant des critères précis.
29 1. critère de l’origine : on parlera d’effets externes ou externalités de
production s’ils ont pour origine l’action de producteurs et d’effets
externes ou externalités de consommation si les responsables en sont des
consommateurs ;
2. critère des conséquences : on parlera d’économie externe ou externalité
positive pour désigner un effet externe qui a pour conséquence de
déséconomie externe ou externalité négative ou nuisance ou pollution
pour désigner un effet externe qui a les conséquences inverses.
3. Critère de la nature de l’effet : certains types d’effets
30 externes peuvent porter des noms spécifiques, souvent liés
à leur appellation dans leur discipline d’origine.
4. Ainsi un effet de débordement désignera une externalité
d’ordre spatial (quand, par exemple, les politiques mises en
œuvre par une commune sont sources de bénéfices ou de
coûts pour les individus situés en dehors de son territoire de
compétence).
B. Analyses graphiques
31 1. Effets externes négatifs (coûts)
a. L’analyse porte sur les cas de coûts externes ou
externalités négatives.

b. Nous prenons le cas d'une firme qui pollue une rivière et


impose des coûts aux autres. Il s’agit par exemple de la
pollution du fleuve Niger !

c. Exemples : Dans le district de Bamako et environs : Les


teinturières et les maraichers installées au bord du fleuve
Niger.
32
33
Coûts sociaux des externalités négatives
34
 Coût social = coût privé de production (offre)
+ coût externe
 CS(Q) = Cpriv(Q) + Cext(Q)
 Cpriv : coût d’offre du producteur
 Cext : coût lié à l’externalité (exemple :
pollution) ou l’ensemble des dommages
Equilibre d’utilisation de la route : effet de congestion
35
 L’Equilibre effectif est en A. L’optimum
social se situe en B.
36

 Comme les automobilistes ne


considèrent que le coût privé (P0) de
leur choix et non le coût social (P1), il y a
« trop » de voitures (Q0>Q1), ce qui fait
baisser la vitesse de tous, et entraine un
ralentissement de la circulation.
2. Externalités positives (bénéfices)
37 a.Ici l’analyse porte sur le cas des familles villageoises
bénéficiant gratuitement de la route privée construite par une
société privée de production de biens ou de services.
b.Les exemples les plus illustratifs concernent la construction
des pistes rurales par les compagnies minières exploitants l’or
dans les régions de Sikasso et de Kayes. On peut évoquer les
pistes rurales faites par la CMDT dans les zones cotonnières
38
c. L'équilibre est en Q* entre S et D. Il n'y a un bénéfice
39
externe venant de producteurs qui ne sont payés en retour.
d. Si les consommateurs devaient payer pour le bénéfice
externe qu'ils en retirent, on aurait alors un changement de
D en D’ : ils devraient payer plus cher pour avoir la même
quantité de bien.
e. Mais l'équilibre devrait alors avoir lieu en Q1; s'il est
fictivement en Q*, alors cela signifie qu' il y a sous-
production et mauvaise affectation des ressources.
40 1.Intuitivement, on comprend mieux les
externalités sociales négatives (pollution),
justifiant une intervention de l’Etat pour y
remédier.

2.Les externalités sociales positives ont été


remises à l'honneur par la théorie de la
croissance endogène (Lucas, 1988 ; Barro,
1990, …).
41

Source : https://baripedia.org/wiki/Les_externalit%C3%A9s_et_le_r%C3%B4le_de_l%27%C3%89tat
Bénéfices sociaux et externalités positives
42
 Bénéfice social = bénéfice privé de production
(offre) ou profit privé + bénéfice externe
 BS(Q) = Bpriv(Q) + Bext(Q)
 Bpriv : Bénéfice du producteur
 Bext : Bénéfice lié à l’externalité (exemples :
l’éducation, la formation)
Education et externalités
43
III. SOLUTIONS AUX EXTERNALITÉS :
44 COMPENSATION
1. Pour remédier aux externalités négatives, la théorie
économique a imaginé depuis très longtemps de
nombreux mécanismes de compensation.
2. Deux débats existent comme illustrations dans la plupart
des ouvrages en économie publique.
3. Le premier porte sur le "chemin de fer" (Pigou/ Coase).
4. Le second concerne les « corn laws». 
A. Débat sur le chemin de fer
45
a. Le débat le plus célèbre sur les externalités
négatives du chemin de fer oppose Pigou et
l'économie du bien-être (welfare).
b. La compensation repose sur la taxation et
justifie l'intervention de l'Etat (Pigou)
c. Pour les néolibéraux, il faut négocier. Coase par
exemple avance son principe de marchandage.
1. Solution de Pigou – Taxer et réguler
46

a. Pigou part de l'exemple célèbre de la locomotive à vapeur


qui crée des dommages sur les récoltes des paysans.
b. Selon Pigou, la taxation de la compagnie des chemins de fer
permettra de compenser les dommages occasionnés aux
récoltes en diminuant la fréquence des trains.
c. Pigou propose ainsi une solution de compensation par la
réglementation.
2. Solution de Coase : Marchandage
47
a. Ronald Coase et l'école de Virginie soulignent au contraire l'importance
du marchandage en situation d 'externalités négatives.
b. Il faudra acheter l'abstinence de l'agent économique qui doit renoncer à
ses droits de propriété; de même il faut évaluer les droits de propriété
des pollués.
c. Il existe ainsi des coûts de transaction inhérents à de tels marchandages
dont Coase sera l'un des grands théoriciens (cf. son influence originelle
sur l'école néo institutionnelle américaine contemporaine).
d. Ainsi, il formule la nécessité du marchandage.
48
49
a. En abscisse, on considère le nombre
de trains passant à travers les
champs.

b. Ce nombre a une limite qui


correspond au fait qu'à ce stade le
bénéfice marginal est nul.
c. On considère en ordonnée OA, les bénéfices . La courbe AB
50 montre que le bénéfice des chemins de fer diminue avec le
nombre de firmes.
d. Une ordonnée parallèle DX1 représentant les dommages
éprouvés par les paysans. Soit la courbe CD ; on peut
admettre que les deux parties se mettent d'accord à partir
d'OX1 sur OX2. Si la réduction s'effectue jusqu'à OX3, il
n'est pas sûr que les paysans arrivent à payer la diminution
des bénéfices des chemins de fer.
B. Critères de Compensation

1. L’approche traditionnelle de coût


bénéfice (CB) repose sur le critère
d’efficacité de Pareto:
2. Une allocation est Pareto Prix
améliorante si on augmente le bien-
S
être d’un agent sans diminuer celui
d’aucun autre agent.
P1
3. Ce critère est très restrictif car il
requiert une amélioration unanime Pe
du bien-être, MC1
4. Administrativement c’est une mesure D

très coûteuse. 0 Q1 Qe Quantité


5. Existe-t il un « critère de
Pareto » qui autorise l’existence de
perdants ? Et quels types de perdants
?
C. Critère de Kaldor-Hicks
52
a. Il s’agit ici d’une extension du critère d’efficacité de
Pareto: on suppose une amélioration hypothétique au
sens de Pareto.

b. Une allocation (un projet) est Pareto améliorant


(rentable) si les bénéfices nets sont tels que les
gagnants puissent compenser les perdants, sans
pour autant que ces compensations soient
réellement versées.
D. Critère de Kaldor-Hicks
53
a. Il s’agit ici d’une extension du critère d’efficacité
de Pareto: on suppose une amélioration
hypothétique au sens de Pareto.

b. Une allocation (un projet) est Pareto améliorant


(rentable) si les bénéfices nets sont tels que les
gagnants puissent compenser les perdants, sans
pour autant que ces compensations soient
réellement versées.
E. Solutions privées aux externalités
54 1. Internalisation : Élargir l’agent économique jusqu’à
ce qu’il se sente concerné par l’interaction technique.
L’externalité est prise en compte par l’agent lui-
même.

2. Législation et responsabilité : La victime peut


demander à une cour d’obliger le pollueur à la
compenser pour le dommage subit. Cette
responsabilité est anticipée et incite le pollueur à
limiter à l’avance l’entité du dommage.
F. Limites des solutions privées
55
Dans la pratique les deux solutions privées sont difficile à mettre
en œuvre, pour différentes raisons :
a. définition imprécise des droits de propriété : biens collectifs
(l’air, l’eau, le silence)
b.impossibilité ou la difficulté de l’exercice plein de ces droits :
réglementation (interdiction de fumer dans les lieux publics,
coûts excessifs d’exercice)
c. Faible équité du système légal : recours en justice cher et avec
résultat incertain donc ``réservé aux riches ’’
• Les difficultés de négociation entre les parties
56
intéressés :
a. information sécrète d’une des parties,
b. comportement stratégique,
c. surestimation du dommage par la victime,
d. surestimation du coût de dépollution par le pollueur,
e. comportement du passager clandestin (j’attends que les autres
victimes agissent pour limiter la pollution),
f. coût de transactions élevés, organisation des parties (par exemples les
nombreuses victimes),
g. définition d’un accord et contrôle de leur respect.
G. Solutions publiques aux externalités
57
Il existe deux catégories d’intervention :
a.Les normes: des aspects des lois ou des réglementations
qui ont recours à des directives explicites concernant les
méthodes et les niveaux du contrôle des externalités.
b.Instruments de marché : des aspects des lois ou des
réglementations qui incitent à un certain comportement à
travers des signaux de marché.
Instruments de marché
58 •Taxes ou amendes
a.Un prix par unité d’émissions polluantes : La firme
pollue jusqu’à ce que dépolluer davantage lui permet
seulement d’éviter la taxe.
b.Taxation optimale (Pigouvienne) : Le pollueur fait face
au coût marginal social de son activité, qui inclut le coût
marginal de production+ le dommage marginal subit par
les victimes de la pollution
• Subventions à la dépollution - incitations
59
a.La firme pollue jusqu’à ce que dépolluer
davantage lui permet seulement d’obtenir la
subvention.
b.Différentes conséquences de long terme :
davantage de bénéfices dans le secteur plus de
firmes et d’activité, donc aussi de pollution !
H. Limites des solutions publiques
60
 Non respect des normes et des lois : Une externalité
fréquente tient dans les effets d'encombrement; dans
ce cas, la qualité du bien dépend du nombre
d'usagers.
 Les encombrements se produisent à propos des
routes, des trains, du téléphone, entre usagers
similaires ou successifs. Ils peuvent être cycliques,
sous la forme de pointes et creux dans l'utilisation des
équipements.
Difficultés d’application des instruments de marché
61 – problème de régulation – dilemme de l’Etat
 Il faut donc adapter la tarification en évitant soit
l'encombrement, soit l'exclusion. Pour éviter
l'exclusion, le tarif ne doit pas dépasser la disposition
à payer pour une consommation donnée.
 Pour éviter l'encombrement, le tarif doit permettre de
supporter les coûts marginaux correspondant aux
tarifs de pointe.
IV. EFFETS EXTERNES DE CONSOMMATION, DE
62
PRODUCTION ET OPTIMUM
 A. Cas de deux consommateurs, deux producteurs et deux
biens
 Soit une économie
 à deux biens (x et z),
 deux consommateurs (consommant respectivement {x 1, z1} et {x2, z2})
 et deux producteurs (produisant respectivement des quantités X= x 1 + x2 et Z =z1+ z2)

 Soit U1 la fonction d’utilité de l’individu 1 telle que : U 1 =


U1(x1, z1, x2, z2, X, Z),
 où xi et zi sont les consommations de x et z par l’individu i
(i=1,2).
 Il y a effet externe (de consommation) dès que
63 dans le cas de l’individu 1 par exemple l'une des
dérivées partielles suivantes est non nulle :
δU1/δx2, δU1/δz2, δU1/δX, δU1/δZ
 Dans le cas de l’individu 2, les dérivées partielles
concernées seraient
 δU2/δx1, δU2/δz1, δU2/δX, δU2/δZ.
 Si δU1/δx2 et δU2/δx1 sont simultanément non
nulles, les effets externes sont dits réciproques.
B. Effets externes et optimum
Soit une économie de consommation pure,
64

avec 2 biens et deux individus, dont les


fonctions d’utilité sont : U =U (x1, z1, x2)
1 1

 et U2=U2(x2, z2),
 y1=px.x1+pz.z1
 et y2=px.x2+pz.z2
 Un optimum parétien peut être obtenu en maximisant U1
65 pour U2 donnée (U2= Ū2) sous la contrainte générale de
ressources y1 + y2 = px.(x1+x2) + pz.(z1 +z2).
 L= U1(x1, z1, x2) + α . [ y1 + y2 - px . (x1 + x2) - pz . (z1 +
z2)] + ß . [U2(x2, z2) -Ū2]
 CPO
 δL/δx1=δU1/δx1 - α.px = 0
 δL/δz1=δU1/δz1 - α.pz = 0
 δL/δx2=δU1/δx2 - α.px + ß.δU2/δx2=0
 δL/δz2= - α.pz + ß.δU2/δz2=0
Soit
66

(δU1/δx1)/(δU1/δz1) = px/pz

et
(δU2/δx2)/(δU2/δz2) + δU1/δx2)/(δU1/δz1)= px/pz
Dans le cas de l’individu 1, le rapport des
67
prix doit être égal, comme dans le cas
habituel, au TMS entre le bien x et le bien
z.

Dans le cas de l’individu 2, l’optimum


implique d’internaliser l’effet externe que
cet individu génère.
 Pour cela, il faut égaliser le rapport
68

des prix au TMS social,


 c'est-à-dire à la somme du TMS privé
(personnel) pour l’individu 2 entre les biens x et
z
 et du TMS pour l’individu 1 entre l’effet
externe lié à la consommation du bien x par 2
(x2) et la consommation de bien z (z1).
69

 Sous-module 2 : Biens Publics


70
PLAN

I. Définitions

II. Caractéristiques d'un bien public pur

III. Typologie détaillée des biens publics

IV. Fourniture optimale d’un bien public


I. DÉFINITIONS
71
1. Dans l’analyse microéconomique, l’équilibre général étudie
la production et l’échange de biens dits privés.
2. Un bien est privé s’il possède deux propriétés qui sont
connues sur le plan microéconomique.
3. Le bien privé est rival si la quantité consommée par un
consommateur réduit d’autant la quantité disponible pour les
autres consommateurs ;
4. Le bien privé est exclusif d’usage s’il est possible d’exclure
n’importe quel consommateur de sa consommation.
5. Exemple : PEAGE, HOTEL, CASINO
Un bien est dit collectif (ou public) s’il ne possède pas toutes les propriétés d’un bien privé. La typologie classique
des biens en quatre types

72

Exclusion Non exclusion


d’usage d’usage

Rival Biens privés Biens communs


exemple : jus d’orange, de exemple : pâturages, parcs,
bisap, mangue forêts

Non rival Biens de club Biens public


exemples : Malivision, exemple : défense nationale
Canal +
 Un bien public est un bien ou service dont la
73
consommation apporte des bénéfices - ou des
coûts moindres - à un grand nombre de personnes
à la fois.

Ces biens correspondent donc à des cas particuliers


- et extrêmes - d’effets externes.
II. CARACTÉRISTIQUES D'UN BIEN PUBLIC
74 PUR
1. Un certain nombre de biens, appelés biens publics purs, ne peuvent
pas être fournis par le marché (c'est-à-dire par des agents agissant de
façon décentralisée), bien qu’ils soient susceptibles de procurer un
fort surplus social.
2. Du fait de leurs caractéristiques techniques, ces biens ne seront
fournis aux consommateurs que si l’Etat intervient. Il ne s’agit plus
de seulement corriger le marché mais de le compléter.
3. Il existe une catégorie intermédiaire correspondant à des biens
publics impurs, où la fourniture par le marché est possible mais
sous-optimale.

75
III. Typologie détaillée des biens publics
76 1. Il existe un continuum de degrés dans les biens publics
en fonction du degré de rivalité et du degré
d’exclusivité du bien.
2. On appelle bien-public pur un bien fortement non-rival
et fortement non-exclusif.
3. On appelle bien collectif un bien non-rival mais
exclusif (exemples : brevet, télévision codée, route à
péage) ,
4. On appelle bien commun pur un bien rival mais non-
exclusif (exemples : bancs des jardins publics, bancs
d’une classe, places de stationnement gratuites)
A. Configuration bien public/ bien privé
77
Non rivalité
Faible Forte
Forte Biens communs (exemples Biens publics
: poissons au fond du (exemples : Défense
Non fleuve, plage de sable, nationale, police
exclusivité faune sauvage) nationale, …)

Faible Biens privés (exemples: Biens collectifs


Automobile, vélo, moto) (exemples : télévision
par câblée, réseau
internet)
B. Conséquences
78
1. Dans une économie, avec biens privés et biens publics, l'Etat
est une entreprise spécialisée dans la fourniture de biens
publics, en fonction de la demande des citoyens.
2. L'équilibre donné entre offre et demande détermine un prix
ou un montant global d'impôts à prélever. Ainsi, les biens
publics sont payés à un juste prix.
3. Chaque individu contribue volontairement par l'impôt au
financement de la production étatique, en proportion des
satisfactions qu'il retire des biens publics.
IV- Biens publics mondiaux et régionaux
79  Les biens publics sont des biens qui offrent des
avantages non rivaux et non exclusifs.
 Cette définition classique s’applique aux « biens
publics purs » tels que l’air pur, la paix
mondiale ou la stabilité financière mondiale.
 D’autres exemples de biens purs sont, entre
autres, la limitation de la propagation des
maladies contagieuses et la publication des
résultats de la recherche scientifique.
 Le concept de biens globaux ou mondiaux aide à
80 examiner en détail les responsabilités spécifiques de la

communauté internationale."
 "Une paix plus solide, une prospérité mieux partagée, un
environnement épargné : rien de ceci n'est hors de portée
si l'on en a la volonté politique.
 Mais ni les marchés, ni les gouvernements ne peuvent,
livrés à eux-mêmes, réaliser ces biens publics mondiaux.
 L'économiste américain Joseph Stiglitz et l’ancien
secrétaire général des Nations unies Koffi Annan, sont
des défenseurs de ces biens publics globaux. 
 Le terme de « bien public mondial » n'est
81
devenu d'usage courant dans les milieux
académiques que dans les années 1990.
 Charles Kindleberger, l'un des auteurs
pionniers en la matière, définit les biens
publics mondiaux comme « l'ensemble des
biens accessibles à tous les États qui n'ont
pas nécessairement un intérêt individuel à les
produire » ou a les prendre en charge.
 Comme exemples de biens publics mondiaux :
82  l'existence d'un système monétaire stable,
 un régime commercial ouvert, 
 des changes fixes, une monnaie d'échanges internationale,
ou encore l'existence d'un prêteur international en dernier
ressort.
 On pourrait ajouter, dans le domaine de l'environnement :
 la préservation de la couche d'ozone,
 la réduction des gaz à effet de serre,
 le problème du réchauffement climatique,
 la pollution des océans ou les pluies acides par exemple,
 voire le maintien de la paix dans le monde.
 Selon l’école des « choix publics », les « biens
83 publics mondiaux » sont définis à partir de trois
critères :
 la non-exclusivité : l’impossibilité d’empêcher
quiconque d’y accéder, par exemple l’air ;
 la non-rivalité : la possibilité d’étendre sa
consommation sans qu’elle se raréfie, par exemple le
savoir ;
 la non-divisibilité, à savoir l’obligation de l’utiliser de
manière conjointe, par exemple un barrage ou une route.
 Les Biens publics régionaux sont considérées comme étant des
84
biens non rivaux, non exclusifs et déterminés par le type de
fourniture globale, ce qui permet d’établir une taxonomie des
biens publics régionaux répartis en 24 catégories.
 La catégorie de fourniture est particulièrement importante pour
comprendre le pronostic d’approvisionnement puisque chaque
modèle de fourniture contient une série d’incitations différentes
pour la contribution des pays à l’offre globale, alors que le type
de Biens Publics Régionaux (BPR), à savoir biens impurs ou
biens purs, est plus pertinent pour comprendre les diverses
options de financement.
85
 La sommation : le niveau global du bien public fourni est égal à la somme des
contributions des pays. Chaque unité contribuée par un pays a un impact identique
86 aux contributions des autres pays. Les contributions individuelles sont par
conséquent des substituts parfaits.
 Une technologie de sommation, lorsqu’elle est associée aux avantages non rivaux et
non exclusifs, entraîne des difficultés de financement pour les BPR et le besoin
d’une coordination transnationale du secteur public. Le nettoyage d’un lac pollué,
par exemple, requiert les actions cumulées de divers agents et le niveau total du
nettoyage consiste en la somme des efforts individuels.
 La somme pondérée : le niveau global du bien public est égal à la somme pondérée
différenciée des contributions des pays participants. Cet arrangement en matière
d’approvisionnement a pour résultat une distribution différenciée des biens. Les
pays qui bénéficient le plus du bien seront les plus motivés pour contribuer à la
fourniture du bien. La lutte contre la propagation d’une maladie infectieuse tombe
dans cette catégorie parce que les efforts d’un pays auront un impact plus ou moins
important selon la prévalence de la maladie dans la population de ce pays, par
rapport à ses voisins.
 Le maillon le plus faible : la contribution la plus faible détermine le niveau global du
bien. Dans le cas d’une infrastructure de réseau, par exemple, la section la moins fiable
87 du réseau déterminera la fiabilité de l’ensemble du réseau. L’agrégateur (regroupeur) du
maillon le plus faible incite les autres pays/institutions à fournir le bien public afin
d’éviter les répercussions nuisibles à l’ensemble de la région ou du réseau. Les nations
plus riches sont plus enclines à ajouter à la contribution de la nation la plus faible afin de
limiter les externalités négatives.
 Le maillon plus faible : la plus faible contribution a la plus grande influence sur le niveau
global du bien, suivi de près par la contribution tout juste un peu plus importante, et ainsi
de suite. Dans cette catégorie, les pays sont motivés à contribuer davantage que la plus
faible contribution dans la mesure où des avantages supplémentaires se cumulent lorsque
les autres participants augmentent le niveau de leur contribution. Cependant, il est
difficile de coordonner le niveau de contribution de chaque pays. La distribution de
médicaments contre le paludisme est un exemple de maillon plus faible, puisque les
actions supplémentaires qui dépassent le niveau d’effort minimum peuvent engendrer des
avantages supplémentaires (jusqu’à une certaine limite).
 Le meilleur tir : la plus grande contribution détermine à elle seule le niveau global
d’un bien public régional. Une fois qu’un pays a trouvé la solution à un problème
88 donné, tous les autres pays bénéficient du BPR ainsi créé, et les efforts
supplémentaires n’y ajoutent aucune valeur. Les percées dans les domaines de la
santé et de la recherche scientifique tombent dans cette catégorie. Le défi principal
consiste à faire des efforts de coordination entre les pays afin d’éviter la
redondance puisqu’il est plus judicieux d’appuyer les efforts d’un pays doté de
ressources suffisantes, que de risquer la répétition inutile des efforts.
 Un meilleur tir : ceci est une forme moins extrême de l’agrégateur du meilleur tir.
Des contributions inférieures à la contribution la plus importante peuvent tout de
même ajouter à la valeur totale du bien. Même des efforts de second rang peuvent
contribuer au niveau global fourni.
 À la différence du BPR du meilleur tir, où un fournisseur unique rend les autres
fournisseurs inutiles, les BPR d’un tir meilleur, peuvent être engendrés par de
nombreux fournisseurs. La découverte d’un vaccin efficace est un bon exemple de
ce type de bien, puisqu’un vaccin moins efficace pourrait tout de même jouer un
rôle dans la lutte contre la maladie (à cause de différences dans le prix par
exemple).
V. Fourniture optimale d’un bien public
89
1. Soit un bien public produit en quantité z. Puisqu’il
est non rival, tous les consommateurs peuvent
bénéficier de la consommation du bien en quantité z.
2. Puisqu’il est sans exclusion d’usage, il est
impossible de les en empêcher.

3. On en déduit la propriété suivante :


4. si un bien public est produit en quantité z, chaque
consommateur i consomme z unités de ce bien : z1 =
… = zI = z.
 A. Propriétés d’un état économique optimal au sens de Pareto.
1. L’état économique E0 est optimal s’il est possible et s’il maximise l’utilité d’un
90
consommateur donné, par exemple le consommateur 1, sous la contrainte que
les autres consommateurs aient une utilité au moins égale à celle qu’ils
obtiennent en l’état E0.
2. On considère un modèle simplifié, dans lequel le nombre de bien est n = 2. Le
bien 1 est un bien privé. Le bien 2 est un bien public.
3. On note :
 wi = dotation initiale du consommateur i en bien privé,
 xi = quantité de bien privé consommée par le consommateur i,
 yj = quantité de bien privé produite par le producteur j,
 zj = quantité de bien public produite par le producteur j,
 z = Σj zj = quantité de bien public consommée par les consommateurs.

4. La fonction d’utilité du consommateur i s’écrit Ui(xi, z). La fonction de


transformation du producteur j s’écrit f j(yj, zj).
B. Condition de Bowen-Lindahl-Samuelson (BLS)
91

1.Si l’état économique E0 (défini par les quantités x0i, pour


tout i, y0j et z0j, pour tout j) est optimal au sens de Pareto,
alors il vérifie les conditions :

2.Σi TMSi (x, z) = Σi Ui2/Ui1 = TMTj (y, z) = fj2/fj1, pour


tout j.
3.Un état économique est possible s’il satisfait les
conditions : f j(y0j,z0j) = 0, pour tout j, Σi xi = Σi yj + Σi
wi et z = Σj zj.
C. Démonstration de la condition BLS
92

1.On pose le Lagrangien du problème, consistant à maximiser U1(x1,z), sous


les contraintes :
2.Ui(xi, z) ≥ Ui(x0i, z0) = u0i (pour i = 2, …, I), fj(yj, zj) ≤ 0 (pour j = 1,…, J) et
l’état est possible (Σi xi = Σj yj + Σi wi et z = Σj zj).
3.Notons ai, bj, c et d les multiplicateurs de Lagrange associés aux
différentes contraintes. En posant a1 = 1, le lagrangien s’écrit :
4.L = Σi ai (Ui(xi, z) – u0i) – Σj bj f j(yj, zj) – c (Σi xi – Σj yj – Σi wi) – d (z – Σj
zj)
5.La solution optimale consiste à annuler toutes les dérivées premières du
Lagrangien, desquelles on tire la condition Bowen-Lindahl-Samuelson
(BLS).
1. Ce résultat est illustré par Samuelson (1955) à
93 l’aide de la figure en deux parties.

2. Par hypothèse, il y a deux consommateurs et le


problème est de savoir quelles quantités produire
du bien privé et du bien public, étant données les
préférences des deux consommateurs et la
technologie des entreprises.
94
 Figure dessus
95
 On représente l’ensemble des possibilités de production de l’économie,
sous la frontière TT, et la courbe d’indifférence du consommateur 2,
associée à un niveau d’utilité u02 donné (on suppose qu’il est
accessible, i.e. que la courbe d’indifférence rencontre la frontière TT en
deux points, notés a et b sur la figure).
 Figure dessous
 On construit l’ensemble des possibilités de consommation du
consommateur 1 et son optimum, de la façon suivante: pour chaque
quantité de bien public z, on détermine la quantité du bien privé restant
au consommateur 1, une fois que l’individu 2 a consommé ce qu’il faut
pour avoir une utilité juste égale à u02.
 On construit ainsi l’ensemble des possibilités de consommation
du consommateur 1, sous la frontière a’b’. On note que, par
96 construction, la pente de la frontière a’b’ est égale à la

différence entre la pente de la frontière des possibilités de


production et la pente de la courbe d’indifférence de l’individu
2, soit à TMTy,z – TMS2x,z.
 L’optimum du consommateur 1 s’obtient en un point de
tangence de sa courbe d’indifférence la plus élevée avec cet
ensemble (en posant les conditions de convexité nécessaires).
On vérifie bien la condition BLS en ce point :

 TMS1x,z = TMTy,z – TMS2x,z ⇔ TMS1x,z + TMS2x,z =


TMTy,z.
OPTIMALITE
97 BLS
PARETO
98

MODULE III :
FINANCEMENT DES BIENS PUBLICS :
INCIDENCE FISCALE ET FISCALITÉ
OPTIMALE
PLAN
99
INTRODUCTION
I.CRITÈRES DU SYSTÈME FISCAL
II.EFFETS ÉCONOMIQUES DE LA FISCALITÉ
III.INCIDENCE FISCALE
IV.DISTORSIONS FISCALES ET LES PERTES SOCIALE
V.THÉORIE DE L’INCIDENCE FISCALE ET EQUILIBRE GÉNÉRAL
VI.THÉORIE DE L’IMPÔT OPTIMAL
INTRODUCTION
100
Origine de l’impôt
1.L’impôt est né avec les rois, les empereurs et les grands
prêtres et qu’il a longtemps servi à éponger les déficits issus
des guerres, des palais et des privilèges que s’offraient ces
grands et leur cour.
2.Pourtant, en 1789, à l’aube des démocraties modernes,
lorsque la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen
fut proclamée afin d’abolir les privilèges de la noblesse et du
clergé, l’impôt a été maintenu à titre de devoir de citoyen.
L’article 13 de la Déclaration stipule que :
101
1.Pour l’entretien de la force publique, et pour les
dépenses d’administration, une contribution
commune est indispensable : elle doit être
également répartie entre tous les citoyens, en
raison de leurs facultés.
2.L’État devenant démocratique, l’impôt qui lui
procure sa capacité d’action s’imposait donc
comme un outil central du pouvoir populaire
I. CRITÈRES DU SYSTÈME FISCAL
102
1. Dans cette vie des humains, deux certitudes sont à retenir : mourir et
payer de l’impôt.

2. Payer de l’impôt répond aux choix des citoyens, de permettre à


l’État de financer ses différentes interventions et divers programmes
publics à l’aide de prélèvements obligatoires.

3. En général, les économistes s’entendent sur quatre critères clés que


devrait avoir un système fiscal : l’équité, la neutralité, la simplicité
et l’efficacité économique.
4.
A. Equité verticale et horizontale
103
1.Le financement du secteur public pose principalement une question de
juste répartition du poids du financement entre les personnes.
2.Pour cela, on retient deux critères de juste répartition : le principe
d’équivalence et le principe de la capacité contributive.

3.Un système fiscal doit répartir de manière équitable le fardeau fiscal


entre les différents contribuables et agents économiques. Bien
qu’évidente, cette dernière proposition s’avère en fait extrêmement
imprécise. L’idée « d’équitable » peut être interprétée de plusieurs
façons.
104 1. Le principe de l’impôt progressif, qui vise à accroître la proportion de
l’imposition à mesure que les citoyens ont des revenus plus élevés, est
reconnu comme étant le plus équitable. Ce principe prend en compte la
capacité de payer des citoyens de deux manières.
2. D’abord, il reconnaît que ces derniers ont des besoins essentiels à couvrir
avant de pouvoir être imposés. Ainsi, dans la plupart des régimes fiscaux,
l’impôt ne commence à être calculé qu’à partir d’un certain seuil de revenu
qu’on juge essentiel pour les dépenses de base de l’individu et de sa famille
(logement, alimentation, etc.).
3. Ensuite, la capacité de payer fait référence aussi à l’idée qu’en vertu de
l’hypothèse de l’utilité marginale décroissante des revenus, il faut imposer à
un taux plus fort les revenus élevés si l’on souhaite exiger un « sacrifice
équivalent » pour tous.
1. Les économistes avancent que l’utilité (le plaisir ou
105
le bien-être) que procure chaque nouveau dollar
diminue à mesure que l’on s’enrichit.
2. Cent dollars supplémentaires représenteraient une
somme plus importante pour un pauvre que pour un
millionnaire.
3. Sur ces bases, le principe de la progressivité de
l’impôt semble faire consensus comme critère de
l’équité verticale d’un système fiscal.
4. Par contre, le degré de cette progressivité demeure,
pour sa part, de l’ordre des préférences politiques.
106 1. L’équité d’un système fiscal est aussi souhaitée entre les
citoyens qui ont la même capacité de contribuer et le même
niveau de revenu, peu importe la source de ce dernier.
2. Ainsi, ce principe d’équité horizontal veut que deux citoyens
qui ont le même revenu, mais des situations familiales
différentes (enfants ou personnes dépendantes à charge) ne
contribuent pas au même niveau étant donné leurs besoins de
base différents.
3. À l’opposé, un citoyen qui est salarié et un autre qui vit de
ses placements, qui ont des niveaux de revenu et une
situation familiale identiques, devraient contribuer de
manière égale.
107
1. Le critère d’équité revêt une importance primordiale, non
seulement afin de garantir une meilleure répartition de la
richesse et du fardeau fiscal, mais surtout afin d’assurer la
collaboration des contribuables.

2. Un système fiscal perçu comme inéquitable par la population


devient rapidement fragile en raison de l’opposition qu’il
soulève.

3. Cette opposition se transforme rapidement en contestation,


voire en évitement ou en fraude fiscale.
B. La neutralité
108

1.Un système de fiscalité doit être le plus neutre possible.

2.Ceci signifie que les impôts et les taxes doivent modifier le


moins possible les comportements des différents acteurs
économiques.

3.Il ne faut pas que les acteurs cessent d’agir de manière qui
serait profitable à l’économie et à la société dans le seul but
d’éviter de payer de l’impôt.
C. La simplicité
109

1. Un régime fiscal simple est un régime que les citoyens peuvent comprendre
aisément et qui est facile et économique à administrer.
2. Cet objectif permet d’assurer que le moins possible de temps et d’argent est
perdu dans le calcul et la perception des impôts, à la fois pour les citoyens
qui remplissent leur déclaration que pour les employeurs et le gouvernement
qui l’administre.

3. De plus, un système simple permet aux citoyens de mieux comprendre le


niveau de contribution de chacun.
4. L’objectif de simplicité demeure secondaire et a pour principal impact,
lorsqu’il n’est pas atteint, de faire vivre toute une faune d’avocats fiscalistes
et de comptables.
D. L’efficacité économique
110

1.L’efficacité d’un système fiscal est évaluée selon deux


axes.
2.D’abord, le système d’imposition et de taxation doit
générer plus de revenus qu’il en coûte pour le gérer. Un
impôt inefficace rapporte peu à l’État, mais surtout entraîne
des pertes sèches de ressources qui ne servent ni à financer
les programmes publics ni à la consommation des citoyens.
3.Ensuite, un système d’imposition efficace doit assurer un
financement adéquat des programmes, services et transferts
mis sur pied par un gouvernement, ...
E. Equilibre recherché
111
1. Les quatre principaux critères sont à la fois
complémentaires et souvent contradictoires.

2. Un grand nombre d’exemptions de taxes sur les produits


de base afin d’assurer l’équité peuvent contribuer à
augmenter la complexité et les coûts de gestion d’un
système fiscal, ce qui en réduit l’efficacité.

3. Il faut que chaque système fiscal en arrive à des


compromis et se construise un équilibre qui répond aux
aspirations et aux valeurs mises de l’avant par les
gouvernements.
II.EFFETS ÉCONOMIQUES DE LA FISCALITÉ
112
1. Pourquoi l’impôt
2. Favoriser une allocation publique
a. financer les biens publics : impôt forfaitaire
b. corriger des distorsions : impôt proportionnel

3. les effets des impôts concernent à la fois :


a. les contribuables
b. les échanges
c. l’économie
III. INCIDENCE FISCALE
113

1. Le prélèvement de pratiquement tous les impôts


entraîne une double charge.

2. Une charge financière : Impôt sur le consommation:


effet sur le choix du consommateur et charge fiscale
excédentaire
3. Une charge fiscale excédentaire, due à l’effet de
substitution : Impact du taux d’imposition sur la
charge financière (recette fiscale) et la charge fiscale
excédentaire
 Recette fiscale et charge fiscale excédentaire

114
IV. DISTORSIONS FISCALES ET LES PERTES
115 SOCIALES

1. Les distorsions fiscales et les pertes sociales de


l’impôt dépendent de sa translation en fonction
de l’élasticité-prix.

2. Le sens et l’ampleur de la translation dépendent


notamment :
a. du type d’impôt
b. des élasticités
c. de la structure du marché
 Translation et élasticité-prix : équilibre partiel

116
117
118
119
V. Théorie de l’incidence fiscale et Equilibre général
120

 L’analyse prend en compte l’effet de richesse et l’effet de substitution.


A. Taxes sur des biens (taxe indirecte)

1. Quand un produit est taxé, sa demande a tendance à baisser, la


demande d’autres produits augmente donc. Si le coût marginal
de production est croissant, le prix des autres biens va donc
avoir tendance à augmenter.
2. Comme le mix d’output change, la demande en facteurs de
production va également changer. Par exemple: si la
production d’un bien taxé est très capital-intensif et que les
biens substituts sont au contraire travail-intensif, la substitution
va conduire à une augmentation des revenus du travail et à une
baisse des revenus du capital.
B. Taxes sur les facteurs de production (taxes directes)
121

1.L’offre du facteur taxé a tendance à baisser, la rareté


relative des autres facteurs de production va donc
décliner et leur rémunération va donc baisser.
2.Le prix des produits dépendant le plus du prix des
facteurs de production impactés va donc également
changer.
3.Pour les taxes sélectives, l’effet dépend de la mobilité du
facteur de production touché (les facteurs vont bouger
vers les emplois moins taxés même si leur rémunération
brute est inférieure)
L’incidence se produit à travers une du surplus total
122
 L’effet d’une taxe est au moins proportionnel à son niveau.
123
VI. THÉORIE DE L’IMPÔT OPTIMAL
124

A. Introduction
1.La théorie de la taxation optimale étudie le système de taxation qui
minimise les distorsions et les inefficacités économiques.
2.Les taxes générèrent des distorsions économiques car les agents
économiques réagissent et modifient leur comportement.
3.Par exemple, une taxe sur le travail peut inciter les individus à
travailler moins qu'ils ne le désireraient, ou même de renoncer à un
emploi.
4.La taxation d'un bien spécifique modifierait le comportement des
consommateurs, qui se reporteraient vers d'autres produits moins
désirés, diminuant ainsi leur satisfaction.
1. Les taxes sur les biens et services entrainent également ce
que les économistes appellent une perte sèche.
125

2. Les économistes ont ainsi développé des modèles


permettant de déterminer la manière de taxer les biens et
les revenus de telle sorte que les effets négatifs soient
minimisés.
3. Franck Ramsey (1927) a proposé de taxer uniquement
les biens et services, de telle sorte que les biens à la
demande la plus inélastique soient le plus fortement taxés.
L'idée est que si les taxes portent en priorité sur des biens
dont la demande varie peu en fonction du prix, le
consommateur ne modifiera pas de façon importante son
comportement de consommation.
126
1. James Mirrlees (1971) a façonné la théorie
moderne de la taxation du revenu, en
formalisant l'arbitrage que doit réaliser le
gouvernement entre égalité d'une part, et
efficacité d'autre part.

2. Si une taxation plus forte des salaires élevés


peut apporter plus d'égalité, elle décourage en
revanche le travail et peut faire diminuer le
nombre d'heures travaillées.
1. L'imposition optimale est alors un système de
127 prélèvements obligatoires qui maximise les recettes
fiscales, tout en minimisant les désincitations à l'effort
chez les contribuables.
2. Le problème posé est donc celui du choix des barèmes
et de la forme d'imposition des revenus qui maximisent
le bien-être collectif.

3. Ce choix résulte, comme l'a montré Mirrlees, d'un


arbitrage entre redistribution et efficacité économique,
dès lors qu'on cherche à limiter les coûts d'efficience de
l'imposition (effets négatifs sur l'activité économique)
tout en poursuivant un objectif d'équité donné, fonction
des préférences collectives
B. Éléments du calcul économique

128 1. Les résultats sont largement dépendants de la spécification du modèle et de la nature des hypothèses
simplificatrices prises.
2. Quelques résultats classiques peuvent cependant être soulignés:

3. Taxation indirecte optimale (lorsque l’impôt sur les facteurs de production est à taux proportionnel)

a. Sous certaines hypothèses restrictives (séparabilité des utilité,


production à rendement constant), le système fiscal optimal doit
décourager moins la consommation de biens qui sont surtout
consommés par les agents ayant une utilité marginale sociale nette du
revenue élevée.
b. Sous d’autres hypothèses, il est optimal de taxer davantage les biens
complémentaires au loisir (matériel de ski) que les biens
complémentaires au travail (transports urbains)
1. Taxes directes du salaire . Lorsque l’impôt sur le revenu a un barème progressif, la modélisation repose sur une
préférence de l’Etat en matière de choix social (rawlsien vs utilitariste).
129
1. Trois principaux facteurs déterminent le barème optimal de l’impôt:
élasticité de l’offre de travail, distribution de la productivité des
individus, nature des préférences sociales
2. Taxation optimale directe du capital.

1. Taxation du capital est une double taxation des revenus


2. Résultat classique de l’inutilité de taxation du capital – sous hypothèse
de séparabilité des utilités pour le partage entre consommation présente
et future, héritage, optimalité de la formation de capital dans
l’économie et corrélation entre capital et travail qualifié.
3. Taxation mixte optimale: Atkinson Stiglitz: l’impôt indirect est inutile si l’impôt direct est optimal (sous
certaines hypothèses sur la forme des fonctions d’utilité des agents)
C. Critique de la fiscalité optimale
130

1.Problématiques liées à la modélisation:


a. hypothèses sur le comportement des agents
b. préférence du gouvernement
2.Négligence de l’équité horizontale
a. Les critères pertinents pour justifier d’un traitement
différent (différence de sexe retraite et longévité) sont
difficiles à définir
b. Pas de prise en compte de l’existant
c. Pas de prise en compte des coûts d’administration et de
conformité
131

MODULE IV : INTRODUCTION A LA
THEORIE DES CHOIX COLLECTIFS
PLAN
132

I. THÉORIE ÉCONOMIQUE DES CHOIX COLLECTIFS


II. VISION LIBÉRALE DU RÔLE DE L'ÉTAT
III. DÉFAILLANCE DE L'ÉTAT

IV. METHODES DE CHOIX COLLECTIF


 A) Règle majoritaire
 B) Procédure à la Borda
 C) Ingrédients logiques du théorème de Arrow
 D) Théorème d’impossibilité de Arrow
I. THÉORIE ÉCONOMIQUE DES CHOIX COLLECTIFS

133
A. Définition
1.La théorie des choix publics est un courant
économique qui décrit le rôle de l'État et le
comportement des électeurs, des hommes politiques et
des fonctionnaires.
2.Il s’agit d’une application de la théorie économique
à la science politique.
3.«The Calculus of Consent», James M. Buchanan (« Prix
Nobel » d'économie 1986) et Gordon Tullock, publié en 1962 .
B. Fondements
134
1. La politique y est expliquée à l'aide des outils développés par la
microéconomie.
2. Les hommes politiques et les fonctionnaires se conduisent comme
le feraient les consommateurs et producteurs de la théorie
économique, dans un contexte institutionnel différent.
3. La motivation du personnel politique est de maximiser son propre
intérêt, ce qui inclut l'intérêt collectif (du moins, tel qu'ils peuvent
le concevoir), mais pas seulement.

4. Ainsi, les hommes politiques souhaitent maximiser leurs chances


d'être élus ou réélus, et les fonctionnaires souhaitent maximiser
leur utilité (revenu, pouvoir, etc.)
C. Principaux acteurs : les intermédiaires (hommes politiques et
fonctionnaires)
135
 1- Partis politiques et les administrations
 PP : Les hommes politiques sont les principaux acteurs
des partis politiques qui sont les principales entités
organisées et mises en place.
 Mission principale : fournir des politiques publiques aux citoyens

 Au Mali on dénombre, au moins 120 partis politiques et


regroupements politiques
 Marché politique : En théorie il est de type concurrentiel ;
 En pratique il est de type concurrence imparfaite
 2- Administrations publiques (AP)
136
 Administrations centrales
 Administrations déconcentrées et décentralisées
 Les principaux acteurs sont les fonctionnaires qui sont les
principaux intermédiaires
 Mission principale:
 Fourniture des biens et services non marchands au citoyens
 Marché des AP : en concurrence imparfaite
D- Typologie du marché des choix publics
Offreurs (intermédiaires) Demandeurs (citoyens)
137

Offreurs Grand Petit Grand Petit


(intermédiaires)
Grand MGCP MCPI

Petit MCPI MCPI

Grand MGCP MCPI


Demandeurs
(citoyens)

Petit MCPI MCPI

MGCP : marché de grande concurrence politique


MCPI : marché de concurrence politique imparfaite
Meilleures stratégies publiques
 Jeux de coordination :
138
mêmes stratégies pour les joueurs – stratégies
gagnant-gagnant ou stratégies d’équilibre

 Bataille des sexes : une fille et garçon veulent aller au cinéma, n’ont
pas la même préférence de film (garçon : film d’action, fille : film
d’art) ; paiements plus élevés des actions à cause de la coordination ;
mise en place d’un gouvernement d’union nationale entre la mouvance
présidentielle et l’opposition !
 Jeux de l’assurance : course à l’armement ( cas Etats Unies, Russie);
stratégies: construire ou ne pas construire un missile - meilleure
stratégie de coordination ne pas construire un missile ou des missiles
 Dilemme du prisonnier : stratégies, nier et
139
ne pas nier ; meilleure stratégie de
coordination : nier : stratégie dominante :
avouer
 Poule mouillée : jeu automobile popularisé
par le cinéma ; stratégies : faire un écart ou
droit devant ; stratégie de coordination : faire
un écart
II. VISION LIBÉRALE DU RÔLE DE L'ÉTAT
140
A. Principe de base :
1.Les hommes politiques et les fonctionnaires
sont motivés par la même recherche de l'intérêt
personnel qui fonde l'analyse néoclassique.
2.L'enjeu théorique a trait à la coordination des
intérêts particuliers et au bien-être collectif.
B. Choix des politiques efficaces
141 1.La théorie des choix publics traite la question de savoir
quelles décisions ont le plus de chances d'être prises étant
donné le contexte politique ?
2.À partir de là, et dans un second temps, elle traite la question
de comment faire en sorte que les politiques les plus
efficaces gagnent les meilleures chances d'être mises en
œuvre ?
3.Comment bien choisir les politiciens et les fonctionnaires,
quel système de sanction et récompenses prévoir, ...).
III. DÉFAILLANCE DE L'ÉTAT
142 A. Sous-optimalité de la démocratie
1.Une des conclusions de la théorie des choix publics est que
les démocraties produisent moins de « bonnes » décisions
que l'optimum, en raison de l'ignorance et de l'indifférence
rationnelles des électeurs.
2.En effet, aucun électeur singulier ne peut s'attendre à ce que
sa voix ait un poids sensible sur le résultat des élections,
tandis que l'effort nécessaire pour s'informer afin de voter
en toute connaissance est, lui, considérable.
3.Ainsi, le choix rationnel de l'électeur est de rester dans
l'ignorance, voire de s'abstenir (irrationalité du vote).
B. Défaillances des intermédiaires
143  Les choix publics sont dépendants du comportement des
intermédiaires (politiciens et fonctionnaires). Leurs intérêts diffèrent
de celui des citoyens (intérêt général)
 La défaillance de l’Etat provient de l’incapacité à satisfaire les
préférences individuels (inefficacité de l’Etat).
 Les intermédiaires étant incapables d’assurer la compatibilité entre
leurs intérêts personnels et l’intérêt général.
 Pour le cas des politiciens, on se rend compte qu’ils sont plus
préoccupés par leurs carrières politiques.
C. Défaillance de la majorité
144
 La majorité politique impose sa décision aux autres
intermédiaires politiques.
 Ceci ne répond pas très souvent à la logique de la
satisfaction des préférences individuelles.
 La défaillance vient du fait que la majorité est
incohérente, instable, changeante et cyclique.
 Les règles mises en œuvre posent de nombreux
problèmes.
D. Les décisions politiques comme un bien public
145
1.La théorie explique ainsi l'ignorance massive du corps
électoral, a fortiori le taux d'abstention généralement
constaté.

2.Les bonnes décisions politiques peuvent être


considérées comme un bien public pour la plupart des
électeurs,
3.Ils en bénéficient quoi qu'ils fassent, et qu'ils n'en
privent personne d'autre.
1. Cependant, il existe un grand nombre de factions ou
146 d'intérêts particuliers qui pourraient tirer un avantage en
obligeant le gouvernement à adopter des décisions
généralement nuisibles, mais profitables pour eux.
2. Par exemples, les industriels du textile peuvent avoir
intérêt à faire interdire les importations à bas prix, ce qui
leur permettrait d'obtenir une rente. C’est aussi le cas
des pharmacies et officines de médicaments ;
interdiction des importations de faux médicaments
1. Le coût d'une telle mesure protectionniste se
147
retrouve diffusé dans l'ensemble de la
population, et le préjudice subi par chaque
électeur est invisible tellement il est minime.

2. Les bénéfices, eux, sont partagés par une


petite minorité, dont la préoccupation majeure
devient alors de faire perdurer ce type de
décision
C. Possibilité des décisions nuisibles
148
1.La théorie des choix publics explique ainsi
que de nombreuses décisions nuisibles à la
majorité seront prises quand même.
2.Elle parle de « défaillance de l'État », comme
miroir de l'expression « défaillance du
marché » couramment employée en économie
publique.
IV. METHODES DE CHOIX COLLECTIF
149 1. Les méthodes de choix collectifs s’appuient sur
l’analyse positive en définissant les règles qui dictent
les choix des électeurs pour les différents candidats.
2. Ils opèrent un classement des différents candidats en
fonction de leurs préférences (choix).

A) Règle de la majorité
a) Principe
1. Chaque électeur vote pour un candidat, un programme,
une issue, etc.
2. Celui ou celle recueillant le plus grand nombre de
suffrages est élu.
b) Majorité optimale
150 1.Soit un vote sur la fourniture et le financement
d’un bien public.
2.Un programme définit la quantité produite du bien
public et la contribution des électeurs au
financement du coût de production de cette quantité.
3.Les votants, au nombre de n, négocient le
programme avant de le mettre au vote.
1. Délibération : le projet est mis au vote et élu s’il remporte au
minimum k suffrages (1≤ k ≤ n), définissant la majorité
151
qualifiée.

2. si k = n (vote à l’unanimité), le programme élu décentralise


toujours un état optimal ;
3. Étant donné que chaque électeur peut opposer un veto à tout
programme qui lui serait défavorable ;

4. si k < n, le vote risque de ne pas désigner un état optimal.


5. Il existe donc un coût externe de la règle de vote (le choix de
k), noté C, vérifiant :
1. C décroît avec k et est nul quand k = n, d’un
152 autre côté, plus k est grand, plus la négociation
d’un programme éligible est longue et difficile.

2. Il existe donc un coût de la procédure de vote (le


choix de k), noté D (essentiellement, le temps
nécessaire à la décision).

3. Le coût de décision vérifie : D est nul quand k =


1 et croît avec k.
Définition :
153

1.La majorité qualifiée optimale est le


nombre k* tel que la somme du coût
externe C et du coût de décision D est
minimale.
2.Elle correspond au minimum de la
Courbe (C+D).
154
 Propriétés

155
1. la majorité qualifiée optimale dépend de la forme de C et D,
donc des caractéristiques de la décision à prendre ;
2. a priori, k* augmente quand : (i) les préférences pour le bien
public sont très hétérogènes (ce qui augmente C), (ii) le coût du
temps diminue (ce qui diminue D) ;
3. l’effet d’une augmentation de n est ambigu : si n augmente, k/n
restant le même, D augmente sous l’effet taille (négociation plus
longue, coûtant à un plus grand nombre), mais C diminue, du
fait qu’une population plus nombreuse doit avoir a priori des
préférences plus homogènes.
156
1. La majorité qualifiée optimale
devient alors n/2, dans un grand
nombre de cas.
2. Le coût de la décision est
discontinue.
157
 Propriétés de la majorité simple : 2 candidats
158
1.A = {x, y} = ensemble des candidats ; n = nombre des
votants ;
2.Di ϵ {– 1, 0, 1} = préférence de l’électeur i, avec la
convention :
a. Di = 1 = i préfère x à y,
b. Di = – 1 = i préfère y à x,
c. Di = 0 = i est indifférent.
3.D ϵ {– 1, 0, 1} = préférence sociale, avec la convention :
a. D = 1 = le groupe élit x ; D = – 1 = le groupe élit y,
b. D = 0 = le groupe est indifférent
 Définition :
159 1. De façon générale, une règle de choix collectif (pour le groupe des
n électeurs) est une fonction f qui, aux nombres D1, …, Dn
(définissant un profil d’opinions), associe un nombre D, avec la
convention ci-dessus :
2. f : {– 1, 0, 1}n → {– 1, 0, 1}
3. D1, …, Dn → D
4. Dans le cas de la règle de vote à la majorité simple, la fonction f
associée est définie par :
Propriétés :
160  La règle à la majorité simple vérifie les
propriétés :
1.Propriété de Bentham : elle est définie pour
n’importe quel profil d’opinions D1, …, Dn ;
(i.e., f(D1, …, Dn) est définie sur le produit
cartésien {– 1, 0, 1}n) ;
2.Elle est anonyme : si l’on permute les valeurs
des nombres D1, …, Dn, la valeur f(D1, …, Dn)
n’est pas affectée (i.e., f(D1, …, Dn) est
symétrique) ;
1. Elle est neutre : si chacun des nombres D1, …, Dn
161 est remplacé par son opposé, le nombre D
résultant est, lui aussi, remplacé par son opposé
(i.e., f(D1, …, Dn) est impaire) ;
2. Elle est monotone : si, pour un profil d’opinions
D1, …, Dn, la valeur de f est 0 ou 1, et si l’un des
nombres D1, …, Dn augmente strictement (i.e.,
passe de – 1 à 0 ou 1, ou de 0 à 1), alors la
nouvelle valeur de f (pour le nouveau profil
d’opinions) est 1.
Définition :
162

1.Une règle de choix collectif est dite non


manipulable si chaque électeur a intérêt à
voter conformément à son opinion, quel que
soit l’état de l’opinion.

2.Autrement dit, quand la règle de choix


collectif est non manipulable, le votant
favorise le candidat qu’il préfère ; il utilise
son vote pour déclarer ses préférences.
163 Démonstration
1.S’il y a deux candidats, ces deux
propositions sont équivalentes :
i. la règle de choix collectif f est non
manipulable ;
ii. la règle de choix collectif f est monotone.
164
Propriétés de la majorité simple : p candidats (p > 2)
1651. Pour plus de deux candidats, un bulletin de vote, portant un seul nom,
n’exprime pas toute l’opinion des électeurs. La règle majoritaire peut
alors conduire à des paradoxes.
2. Par exemple, considérons la situation suivante, où 90 votants élisent, à
la majorité relative, un candidat parmi a, b et c.
3. Tableau de Condorcet
1. La règle majoritaire désigne le candidat c (34 suffrages, contre
29 pour a et 27 pour b). Et pourtant, une majorité de 56
166 votants le place en dernier.
2. D’autres règles sont envisageables :
a. la majorité absolue : un candidat est élu s’il obtient plus de
la moitié des suffrages ;
b. le critère de Condorcet : un candidat est élu s’il bat tous
les autres à la majorité simple (dans un duel par paires).
On appelle un tel candidat vainqueur de Condorcet ;
c. le vote majoritaire à deux tours : un candidat est élu au
premier tour s’il obtient la majorité absolue ; sinon, les
deux premiers candidats du premier tour s’opposent au
second tour à la majorité simple.
1. a est élu au scrutin majoritaire à deux tours ;
2. b est vainqueur de Condorcet ;
167 3. c est choisi à la majorité simple ; personne n’est élu à la majorité absolue.

Définition :
1. On dit qu’une règle de choix collectif est décisive s’il existe toujours (pour tout profil d’opinions) un
candidat qui remplit les conditions d’éligibilité fixées par la règle.
2. Le vote majoritaire à deux tours est décisif :

a. il est rare qu’un candidat soit classé en premier rang dans au


moins la moitié de la population des votants, dès que le nombre de
candidats est suffisamment grand. En pareil cas, la règle à la
majorité absolue n’est pas décisive ;
b. un vainqueur de Condorcet n’existe pas toujours,
1. Quel que soit l’état de l’opinion, deux candidats sont
168 retenus au second tour (si plus de deux candidats sont
éligibles au second tour, les candidats retenus sont
choisis en dehors du vote) ;
2. au second tour, ou bien un candidat est élu, ou bien ils
arrivent exæquo (auquel cas, on peut imaginer un choix
hors vote).
3. Dans tous les cas, il existe au moins un candidat qui
remplit les conditions :
a. il est premier ou second au premier tour
b. et il obtient au moins la moitié des suffrages au
second tour.
1. On suppose que l’état de l’opinion est tel qu’il existe un vainqueur de
Condorcet
169
2. un vainqueur de Condorcet est un candidat qui bat à la majorité simple
tout autre candidat.
3. D’un point de vue normatif, il est a priori souhaitable qu’une règle de
choix collectif désigne un tel candidat (quand il existe). On montre que :
a. la règle à la majorité absolue élit toujours un vainqueur de Condorcet, lorsqu’elle est
décisive (en effet, si un candidat obtient plus de la moitié des voix, c’est-à-dire est
en premier rang dans l’ordre de préférence de plus de la moitié des votants, il bat
tous les autres candidats à la majorité simple) ;
b. par contre, il est possible que le vote à la majorité absolue ne soit pas décisif, alors
qu’il existe un vainqueur de Condorcet ;
c. le scrutin majoritaire à deux tours peut désigner un candidat différent du vainqueur
de Condorcet.
Premier paradoxe
170

1. Le candidat b est vainqueur de Condorcet :


2. il obtient 34 + 27 voix contre a et 29 + 27 voix contre c.
3. Le candidat a est élu au scrutin majoritaire à deux tours :
4. au premier tour, les candidats c et a arrivent en première et
seconde places, respectivement ;
5. au second tour, a est élu face à c, avec 29 + 27 suffrages.
1. Finalement, on peut montrer que le scrutin majoritaire à
deux tours est manipulable.
171
2. Les 34 votants de la première ligne, en votant pour c au
premier tour, sont la cause de l’élimination du candidat b au
second tour, donc, en fin de compte, de l’élection de a ;
pourtant, ils préfèrent b à a.
3. On en déduit qu’ils ont intérêt à voter pour b au premier
tour. De cette façon, au premier tour :
i. b est en tête, avec 34 + 27 voix ;
ii. a est en seconde position, avec 29 voix ;
iii. et c n’a aucun suffrage.
4. Il n’y a pas de second tour, puisque b a la majorité absolue.
D’ailleurs, même si un second tour avait lieu, b serait élu
face à a avec 34 + 27 voix.
 Théorème de l’électeur médian
1. Tableau Absence de vainqueur de Condorcet
172

2. On constate également que, partant de préférences individuelles transitive, la propriété s’écrit :


a. si x > y et y > z, alors x > z), la règle à la majorité simple conduit, après agrégation, à un classement du groupe non
transitif :
b. La relation x → y (x bat y à la majorité simple) est cyclique : a → b → c → a.
1. Pour généraliser, on considère la situation où il existe
173
trois candidats a, b et c, et un nombre impairs de votants
tous capables de classer les candidats avec des
préférences strictes, c’est-à-dire sans jamais exprimer
d’indifférence.

2. Dans cette situation, on peut montrer que les deux


propositions suivantes sont équivalentes :

a. il n’existe pas de vainqueur de Condorcet ;

b. l’ordre induit par la règle à la majorité est cyclique.


1. Puisque le nombre d’électeurs est impair et les préférences individuelles
entre deux candidats sont toujours strictes, chaque duel entre une paire
174 quelconque de candidats désigne un vainqueur à la majorité simple :
2. Pour tout x et y pris dans {a, b, c}, on a : x → y ou y → x.
3. Autrement dit, il n’y a jamais d’exæquo.

4. Si l’on considère le candidat a : il bat b ou c, mais pas les deux.


5. En supposant que a → b et c → a. Si c → b, c est vainqueur de
Condorcet, ce qui contredit l’hypothèse première (i) ; donc b →c.

6. On a finalement le cycle a → b → c → a.
7. Deux cycles sont possibles. Dans les deux cas, il est évident qu’il n’y a
pas de vainqueur de Condorcet
175
B) Procédure à la Borda
176
1. Elle concerne une élection à plusieurs tours avec plusieurs
candidats face à n votants.
2. Admettons 4 candidats ( x, y, z, w) classés par 3 votants de
1 à 4.
Candidats x y z w
 Votant 1 4 3 2 1
 Votant 2 4 3 2 1
 Votant 3 2 1 4 3
----------------------------------------------------
Somme 10 7 8 5

Sur la base du premier tour x est largement élu.


1. Supposons que y se retire, la répartition des votes entre les 3 candidats devient :
177
 Candidats x z w
 Votant 1 3 2 1
 Votant 2 3 2 1
 Votant 3 1 3 2
 ------------------------------------------------
 Somme 7 7 4
2. Le classement entre x et z devient indéterminé. Une règle implicite a
été violée à savoir l'indépendance du choix collectif par rapport à la
procédure de vote elle même.
3. Cette règle sera reprise par Sen dans ses travaux sur la fonction de
décision collective comme règle « d'expansion cohérente ».
V. ANALYSE AXIOMATIQUE DU CHOIX
178
COLLECTIF
1. Qualités et défauts de base
A) Enoncé
1. A partir de la majorité simple et le décompte de Borda, on s’aperçoit que chaque
méthode a ses propres défauts, et qu’aucune ne parvient à vérifier un ensemble de
propriétés désirables :
a. la règle à la majorité simple ne remplit les conditions requises que s’il y a deux candidats à
départager ; dans le cas de trois candidats ou plus, toute méthode de vote généralisant la
règle majoritaire pose des difficultés : soit elle ne sera pas toujours décisive (absence de
vainqueur de Condorcet), soit elle ne sera pas efficace (elle ne choisit pas le vainqueur de
Condorcet lorsqu’il existe ou elle est manipulable) ;
b. les méthodes à scores présentent le même type de défaut.
2. On en vient alors à questionner la possibilité logique de la construction d’une règle
compatible avec ces règles.
B) Démonstration
179 1.Chaque électeur est supposé capable d’ordonner tous les
candidats (éventuellement avec des ex-aequo).
2.De ces ordres individuels, une procédure ordonnale déduit
un classement collectif. C’était le cas de la procédure de
Borda, ce n’était pas le cas de la méthode des duels
(Condorcet) puisque qu’une majorité d’électeurs peut se
dégager pour :
a. - préférer un candidat a à un candidat b ;
b. - préférer un candidat b à un candidat c ;
c. - préférer le candidat c au candidat a.
1. Dans la méthode des duels, l’ordre de deux
180
candidats au classement général ne dépendant
que de la façon dont ces deux candidats étaient
placés dans l’esprit de chaque électeur.
2. La présence éventuelle d’autres candidats ne
modifie en rien ce classement.
1. « A côté des qualités de base sur lesquelles se
181
concentre l’attention, le défaut majeur des méthodes
de majorité consiste en l’existence de cycles.
2. Une majorité peut se dégager pour préférer a à b, b à
c, et c à a.
3. Un cycle peut d’ailleurs comporter plus de trois
éléments et il n’est pas plus satisfaisant qu’une
méthode oblige à préférer :
4. a1 à a2, a2 à a3, a3 à a4, … et an–1 à an, et
pourtant an à a1.
1. Cette notion de cycle est liée à celle de vainqueur
182 de Condorcet.
2. Dans les situations que nous étudions, un
vainqueur de Condorcet est un candidat qui,
opposé séparément à chacun des autres, est choisi
par la majorité des électeurs.
3. On peut alors démontrer que s’il n’existe pas de
vainqueur de Condorcet, alors il existe au moins
trois candidats formant un cycle.
2. Affaiblissements des règles
183
3. Le résultat obtenu par Arrow est frappant, d’au tant
plus que les postulats posés semblent raisonnables,
d’une part, et que d’autres conditions pourraient
légitimement être demandées à une règle de choix
collectif, d’autre part (ce qui ne ferait que «
renforcer » le résultat).
3. Abandon de l’hypothèse de transitivité

184
1. Arrow introduit cette condition pour deux raisons (procédure
ordonnale) : un premier motif est que la règle choisie désigne une
(meilleure) issue pour tout état de l’opinion (c’est-à-dire évite des
configurations du type du paradoxe de Condorcet) ; un second
motif est que la règle de choix collectif doit être telle que le choix
final ne dépende pas du cheminement qui y conduit (appelé
l’agenda électoral).
2. Ces deux justifications sont en fait très différentes. Concernant la
première justification, les conditions posées par Arrow sont plus
strictes que nécessaires. Il impose que la relation de préférence
faible définisse un (pré-) ordre complet et transitif.
4. Abandon de la propriété de Bentham (appelée aussi domaine universel) :
185 1. La justification de cette condition est : la liberté d’opinion et d’expression ; la
nécessité du choix.
2. On sait qu’il existe des théorèmes d’existence si cette condition n’est pas vérifiée :
Cf. le théorème de l’électeur médian (Black, 1948).

5. Abandon de l’i.i.e.
1. Arrow avance deux justifications de cet axiome : l’économie de la collecte
d’information ; la non-manipulabilité du choix collectif.
2. Cette hypothèse revient à interdire que la règle de choix collectif soit construite sur
une information cardinale (Sen). Ceci était précisément dans les intentions de Arrow,
qui affirme que la mesure de l’utilité est difficile et arbitraire, manipulable aussi bien
par le sondeur que par le sondé
6. Théorème d’impossibilité de Arrow (1951)
186
a) Fondements
1.Les normes éthiques de la théorie économique des
choix collectifs sont formalisées au moyen de la
logique déductive.
2.Le point de départ de cette théorie consiste à formaliser
les relations de choix existant entre des individus ou la
collectivité d'une part, et des états sociaux alternatifs
d'autre part.
b) Enoncé
187
Arrow pose les conditions suivantes sur la règle de
choix social :
1. elle est ordonnante (elle associe à tout profil de
préférences individuelles un (pré-) ordre de
préférence social transitif) ;
2. elle vérifie la propriété de Bentham (elle est
définie pour tout profil d’opinions) (parfois
appelée condition de domaine universelle) ;
3. Elle respecte le critère de Pareto : si tous les individus classent une option
x devant y, alors le groupe doit classer x devant y ;
188
4. Elle vérifie l’indépendance par rapport aux informations extérieures ;
5. Elle n’est pas dictatoriale : il n’existe pas d’individu tel que la méthode
de choix collectif classe toute paire d’issues x devant y quelconque dans
le même sens que lui, quelles que soient les opinions des autres.

3. Théorème d’impossibilité : Arrow (1951) :


4. Si le choix porte sur plus de deux candidats, il n’existe pas de fonction de
choix social qui vérifie les cinq axiomes.
5. En fait, on montre que toute fonction de choix social remplissant les
quatre premiers axiomes est dictatoriale.
c) Démonstration
189
Première étape
1.Elle repose sur la notion de partie décisive dans l’ensemble
des votants.
2.Une partie Q de l’ensemble des votants est dite décisive pour
x contre y s’il suffit que tous les électeurs de Q classe x
devant y (on notera cela x > y) pour qu’il en soit de même au
résultat du vote, quelles que soient les préférences des
autres.
3.Une partie de l’ensemble des électeurs est dite simplement
décisive si elle est décisive pour n’importe quel x contre
n’importe quel y.
4. Une première étape de la démonstration est : avec les
propriétés exigées, une partie Q décisive pour x contre y est
190
tout simplement décisive.
5. Soit donc une partie Q décisive pour x contre y. Montrons
qu’elle est décisive pour n’importe quel candidat u.
6. Imaginons d’abord un candidat u tel que pour les électeurs de
Q : x > y > u pour les autres électeurs : y > u > x
7. Alors, au classement résultant :
a. x bat y, puisque Q est décisive pour cette paire ;
b. y bat u, puisque l’unanimité classe y devant u.
1. Lorsque
191
a. pour les électeurs de Q : x > u
b. pour les autres électeurs : u > x
c. x bat u ; autrement dit, la partie Q est décisive
pour x contre tout autre candidat u.

2. Conclusion : puisque la procédure est supposée


ordonnante, que x bat u, selon le vœu des
électeurs de Q et contre le vœu des autres
électeurs.
1. Soit un autre candidat z tel que :
192
2. pour les électeurs de Q : z > x > u ;
3. pour les autres électeurs : u > z > x
4. Au classement résultant :
a. x bat u, puisque Q est décisive pour cette paire ;
b. z bat x, puisque l’unanimité classe z devant x.
5. On en conclut, puisque la procédure doit être ordonnante,
que z bat u, selon le vœu de Q et contre le vœu des autres.
6. Lorsque pour les électeurs de Q : z > u ; pour les autres
électeurs : u > z ; z bat u ; autrement dit, Q est décisive
pour tout candidat z contre tout autre candidat u.
7. Q est simplement décisive.
 Seconde étape de la démonstration
1. Elle consiste à partir d’une partie décisive (il en existe au moins une, c’est
193
l’ensemble des votants, du fait du critère de Pareto) et à déduire
séquentiellement l’existence d’un dictateur.
2. Soit Q une partie décisive. Divisons-la en deux ensembles disjoints A et B.
Imaginons des candidats tels que :
a. pour les électeurs de A : x > y > u
b. pour les électeurs de B : y > u > x
c. pour les autres électeurs : u > x > y
3. Dans ces conditions, y bat u, puisque c’est le vœu des électeurs de Q, qu’ils
appartiennent à A ou à B.
4. De deux choses l’une :
a. ou bien y bat x, selon le vœu des électeurs de B et contre celui de tous les autres. B est
alors décisif ;
b. ou bien x bat y, selon le vœu des électeurs de A et contre celui de tous les autres. A est
alors décisif.
8. Théorème d’impossibilité de Sen
(1970)
194

 Sen (1970) pose une méthode de choix social telle que :


 (1) elle vérifie la propriété de Bentham ;
 (2) elle associe à tout profil de préférences individuelles une préférence
sociale acyclique ;
 (3) elle est libérale : tout individu est décisif sur une paire d’options au
moins ; autrement dit, pour tout individu, il existe une paire x et y que la
règle de choix collectif classe dans le même sens que lui, quelles que
soient les opinions des autres ;
 (4) elle respecte le critère de Pareto : si tous les individus classent une
option x devant y, alors le groupe doit classer x devant y.
9. Théorème de Gibbard (1973) et
195
Satterthwaite (1975)

 Définition : Une méthode de choix social est


dite non manipulable en stratégie dominante si
elle incite les votants à déclarer honnêtement
leur opinion, quel que soit le profil d’opinion
des autres.
CONCLUSION
196
1. La théorie des choix collectifs fait de l’analyse
microéconomique le fondement de l’offre de politiques
publiques et de la demande de politiques publiques.
2. Les règles de choix collectifs se révèlent contradictoires
pour assurer un équilibre entre offre et demande de
politiques publiques.
3. Les différents théorèmes essayent à partir de ces
contradictions (défauts de base) de formuler des principes
favorisant la mise en œuvre des choix collectifs.
4. La meilleure règle de choix collectif (social) c’est celle
197
convenue par les parties prenantes (citoyens, partis politiques,
gouvernements).
5. Pour Pierre Lemieux (2008), les choix publics sont
généralement moins efficaces que les choix individuels, si on
définit l'efficacité comme la satisfaction maximum des
préférences individuelles.
6. Les défaillances de l'État sont au moins aussi graves que les
défaillances présumées du marché parce que, dans le marché,
personne n'impose ses préférences à autrui. Deux principales
défaillances se révèlent : celles des intermédiaires et celles de
la majorité.
6. La concurrence sur le marché politique rend l’Etat incontrôlable. Ce
qui produit des enchainements incontrôlés de politiques publiques. La
198
concurrence sur les marchés ordinaires aboutit à une satisfaction des
préférences individuelles. Ce qui n’est pas le cas sur le marché
politique.
7. Les choix publics sont nécessaires. Mais, il convient de noter que plus
on étend le domaine des choix publics, plus la politique prend de
l'ampleur, et plus les problèmes se poseront avec acuité.
8. La démocratie est un bon système pour changer les gouvernants,
mais un mauvais système pour décider de tout. Elle peut imposer des
mauvais choix publics.
199

TRAVAUX DIRIGÉS
200 PLAN
I- questions de réflexions
II- Questions à Choix Multiples (QCM) –
Affirmations
III- Exercices -
IV- Analyse de Quelques indicateurs liés à
l’intervention de l’Etat
201

I- questions de réflexions - mini dissertation


1) Si les marchés sont imparfaits, les politiques sont aussi
202
imparfaites que les marchés.
2) Toutes les fois que les gouvernements prétendent faire nos
affaires, ils les font plus mal et plus dispendieusement que
nous.
3) L’État peut être défaillant, tout comme le marché ! Hélas si
une défaillance du marché se corrige vite, par la faillite, pour
l’État, hélas, il n'en est rien et il aime bien entretenir des
zombies avec notre argent.
4) Loin de produire des «biens publics», l’intervention de l’Etat
produirait plutôt des «maux publics ».
5) Soit deux façons de diviser un gâteau entre deux personnes. La méthode 1
consiste à jeter une petite partie du gâteau mais à donner deux parts égales.
203 La seconde méthode conduit à donner 75% du gâteau à la première personne
et 25% à la seconde. Quelle méthode préférez–vous et pourquoi ?
6) Après paiement de tous les coûts, le capitaine d’un bateau de pêche distribue
les bénéfices au propriétaire et à l’équipage. Le propriétaire reçoit 50%, le
capitaine 30% et les 20% restant sont distribués aux membres de l’équipage
selon leur grade. Cette distribution est-elle Pareto-efficace ? Est-elle juste ?
7) Lors d’un débat sur la consommation de tabac, un non-fumeur avance
l’argument suivant : « On devrait restreindre la liberté des fumeurs car ils
coûtent cher à l’assurance maladie ». Qu’en pensez-vous ?
8) Combien d’allocations satisfont l’allocation de BLS ?
204

I- QCM – AFFIRMATIONS
Vraie ou fausse
Justification
1.Un optimum économique n’est jamais
remis en cause dans le cas d’une
205

défaillance du marché.
2.L’économie publique étudie les activités
relatives aux secteurs privé et public.
3.Seul l’Etat dispose du monopole de la
violence au nom de l’intérêt général.
4. Trois raisons principales justifient l’intervention de
206 l’Etat, à savoir ses missions régaliennes, les
défaillances du marché et la stabilisation
macroéconomique.
5. Selon Tullock (1974), le gouvernement est une
entreprise de coopération entre citoyens qui veulent
réduire les effets négatifs de leurs interactions
économiques et sociales.
6. Pour une externalité négative donnée, on distingue un
agent émetteur, un agent récepteur et un agent
remediateur.
7. L’existence de l’état de nature (absence de l’Etat)
207 dans certaines régions du monde est la principale
caractéristique des Etats faibles ou fragiles.
8. Pour Max WEBER, l’Etat se retrouve par contrat,
celui qui a le monopole de la violence, de la
coercition sur un territoire donné.
9. Douglass North (1981) définit l’Etat comme une
organisation qui a un avantage comparatif dans les
activités violentes sur un territoire donné, dont les
limites dépendent de sa capacité à taxer ses
populations.
10.Le modèle d’Etat démocratique du Mali ressemble
208 à celui d’un groupe qui a le pouvoir d’exploiter les
autres afin d’en tirer le maximum de bénéfices.
11.Les externalités économiques sont des facteurs
essentiels que l’on retrouve dans les théories de la
croissance endogène et dans plusieurs autres
théories économiques.
12.Lorsqu’un pays est en guerre, les externalités
deviennent irréversibles et leurs conséquences sont
pluridimensionnelles.
13.Pour les Keynésiens (Pigou notamment), les
209 solutions aux externalités négatives passent par la
compensation et la taxation.
14.Les néoclassiques privilégient des solutions
privées pour remédier aux externalités négatives.
15.Si la solution d’internalisation des externalités
négatives était efficace, aucun pays, comme le
Mali, ne serait confronté à des problèmes
d’assainissement en termes de gestion des
déchets.
16.Une des solutions au développement
durable au Mali est l’application du
210

principe du pollueur-payeur.
17.La non application de la loi d’interdiction
des déchets au Mali pose le problème de la
régulation en terme de dilemme de l’Etat.
18.Les biens publics purs sont indivisibles,
non rivales et non exclusifs.
211
19.Le fleuve Djoliba à Bamako est un
bien public pur.
20.Le stade du 26 mars 1991 est un
bien commun.
21.La fourniture optimale d’un bien
privé et public est expliquée par
l’optimum de Pareto.
22.Selon la condition de Bauwel Lindahl et
212 Samuelson (BLS), toute production d’un bien
public indivisible aboutie à un optimum de Pareto.
23.Les coûts de production d’un bien public sont les
mêmes pour tous les citoyens quelques soit leur
localisation et leur participation à son financement.
24.L'Etat est une entreprise spécialisée dans la
fourniture de biens privés et publics en tenant
compte de la demande des populations.
25.Lorsque les citoyens font confiance à l’Etat,
213
chacun contribue volontairement via le paiement
de l'impôt au financement de la production
étatique, en fonction de leurs niveaux de
satisfaction de leurs demandes en biens publics.
26.Un bon système fiscal est équitable, simple et
efficace.
27.L’équité fiscale horizontale fait la différence
entre les classes sociales dans un pays.
28.L’équité verticale indique qu’il faut définir un
214 système fiscal adapté à chaque catégorie sociale,
chaque secteur, voire chaque domaine d’activité.
29.Selon Buchanan, la théorie des choix collectifs est un
courant de pensée économique décrivant le rôle de
l'État, les comportements des électeurs, des hommes
politiques et des fonctionnaires, en appliquant le
calcul microéconomique.
30.La théorie des choix collectif indique que les
hommes politiques font un arbitrage entre choix
individuels et choix collectifs.
31.La courbe de Laffer permet de voir la relation entre
215 d’une part la charge fiscale et le niveau des recettes
fiscales, et d’autres part entre les recettes fiscales et le
niveau du taux d’imposition.
32.L’acceptabilité sociale, la transparence, la cohérence
ne sont pas des principes aussi importants d’un bon
système fiscal.
33.Franck Ramsey (1927) préconise de taxer uniquement
les biens et services dont la demande est fortement
élastique.
34.L'imposition optimale est un système de
216 prélèvements obligatoires qui maximise les recettes
fiscales, tout maximisant les incitations à l'effort chez
les contribuables, quels que soit leurs rangs sociaux.
35.James Mirrlees (1971) pense que la fiscalité
optimale est un système d’imposition obligatoire qui
maximise les recettes fiscales de l’Etat, tout en
encourageant le patriotisme et le civisme chez les
citoyens.
36.La théorie des choix collectifs préconise les
stratégies de coordination de la part de l’Etat.
37.La bataille des sexes n’est pas un jeu de
217 coordination applicable dans le cadre de la mise
en place d’un gouvernement d’union nationale.
38.La vision libérale de l’Etat met l’accent sur la
nécessité de faire un arbitrage entre les intérêts
particuliers des intermédiaires et le bien-être
collectif des citoyens.
39.La sous-optimalité de la démocratie est une
défaillance essentielle de l’Etat, à cause des
décisions prises à la minorité électorale.
40.En présence de défaillance de l’Etat, il y a une
218 capacité à satisfaire les préférences individuelles des
citoyens.
41.Au Mali la majorité politique est défaillante à cause
du fait qu’elle est incohérente, instable, changeante
et cyclique.
42.Dans un contexte de crise (cas actuel du Mali), les
bonnes décisions politiques peuvent être considérées
comme des biens publics pour les citoyens-électeurs;
du fait d’une absence d’exclusion forte.
43. Le principe de la majorité optimale indique qu’un
219 programme définit la quantité produite du bien
public et la contribution des citoyens au
financement du coût de production de cette
quantité.
44. Lorsque la règle de la majorité est dite sous-
optimale, le programme élu décentralise toujours un
état optimal au sens de Pareto.
45. La règle à la majorité simple vérifie la propriété de
Bentham, car elle est définie pour n’importe quel
profil d’opinions des citoyens-électeurs.
46.La règle de choix collectif est dite non
220
manipulable si chaque citoyen-électeur a intérêt
à voter conformément à son opinion, quel que
soit l’état de l’opinion.
47.Au Mali, la règle de choix collectif est non
manipulable, car chaque citoyen vote selon son
opinion.
48.Le vainqueur de Condorcet est un candidat élu
qui bat dans un duel par paires tous les autres à
la majorité simple.
49.Une règle de choix collectif est décisive s’il
221
existe toujours un candidat qui remplit les
conditions d’éligibilité fixées par ladite règle.
50.La règle de la majorité absolue à deux tour
permet d’élire le président de la république, au
Sénégal, au Mali et au Gabon.
51.Quel que soit le nombre de candidat, le vote
majoritaire à deux tours est décisif et peut
offrir un vainqueur de Condorcet.
52.Le paradoxe de Condorcet, repris par Borda, indique
222
clairement la non transitivité de la relation de
préférence des citoyens-électeurs en terme de vote.
53.Le théorème d’impossibilité de Arrow (1951)
indique la nécessité de prendre en compte les normes
éthiques de la théorie économique des choix
collectifs.
54.Selon Arrow la règle de choix social doit être :
ordonnale, universelle, optimale au sens de Pareto,
indépendante par rapport au information venant de
l’extérieur et dictatoriale.
55.Pour Sen, la règle de choix social doit vérifier les
223
conditions suivantes : universalité (règle de Bentham),
préférences sociales acycliques, non libérale et Pareto-
optimale.
56.Selon le Théorème de Gibbard (1973) et
Satterthwaite (1975), une règle de choix social est dite
non manipulable en stratégie dominante, si elle n’incite
pas les votants à déclarer honnêtement leurs opinions,
quel que soit le profil d’opinions des autres.
57.La concurrence sur le marché politique rend l’Etat
incontrôlable et produit des enchainements incontrôlés
de politiques publiques.
58.La concurrence sur les marchés ordinaires
224 aboutit à une non satisfaction des préférences
individuelles.
59.La concurrence sur les marchés politiques
aboutit une satisfaction des demandes
individuelles.
60.Au sens de la satisfaction effective des
préférences individuelles, un dictateur
clairvoyant vaut mieux qu’un démocrate éternel.
61.La démocratie est un bon système
225 d’alternance des gouvernants, mais un
système inefficace pour satisfaire tous les
citoyens.
62.La meilleure règle de choix social est celle
convenue par les parties prenantes (citoyens,
partis politiques, gouvernements).
63.Tout comme les choix individuels, les choix
publics aboutissent à une meilleure
satisfaction des préférences individuelles.
64.Les défaillances de l'État sont moins graves que
226 les défaillances présumées du marché.
65.L’importance de la corruption financière est une
des causes de la défaillance des intermédiaires.
66.Lorsque les hommes politiques échouent dans la
réalisation des bons programmes en faveur des
citoyens et s’éternisent au pouvoir, les meilleures
alternatives de choix social proviennent des
citoyens et des groupes de pression.
227

II- EXERCICCES
Énonces
Exercice 1 : externalités et optimum
Enoncé
228

1.Soit une économie de consommation pure, avec 2


biens et deux individus, dont les fonctions d’utilité
sont : U1=U1(x1,z1,x2) et U2=U2(x2, z2), y1=px.x1+pz.z1
et y2=px.x2+pz.z2
2.Un optimum parétien peut être obtenu en
maximisant U1 pour U2 donnée (U2= Ū2) sous la
contrainte générale de ressources y1 + y2 = px.(x1+x2)
+ pz.(z1 +z2).
229
Exercice 2 : Biens publics Conditions BLS
Enoncé
Considérons une économie comportant un bien privé, un bien
public, deux consommateurs i = 1, 2 et un producteur.
On utilise la spécification suivante :
 U1(x1, z) = x1 + v1 (1 – z) z,
 U2(x2, z) = x2 + v2 (1 – z) z,
 w1 = w2 = 1/2.
 f(y, z) = y + c z.
Déterminer les états optimaux de cette économie. Donnez une
interprétation économique.
230
Exercice 3 : Biens publics - Conditions BLS
Énoncé
Soit une économie avec les spécifications suivantes :
 U1(x1, z) = ln(x1) + v1 ln(z),
 U2(x2, z) = ln(x2) + v2 ln(z),
 w1 = w2 = 1/2.
 f(y, z) = y + c z.
Déterminer les états optimaux de cette économie.
Donnez une interprétation économique.
Exercice 4 : états optimaux et Pseudo-équilibre général de Lindahl-
231 Samuelson
 Enoncé général
On considère une économie comportant un bien privé, un bien public, I
consommateurs, indicés i = 1, 2, …, I, et un producteur représentatif. On
note :
 wi = dotation initiale en bien privé du consommateur i ;
 xi = consommation du bien privé par le consommateur i ;
 y = production du bien privé par le producteur ;
 z = production du bien public par le producteur ;
 Ui(xi, z) = ln(xi) + vi ln(z) = utilité du consommateur i ; vi > 0 ;
 f(y, z) = y + z = fonction de transformation du producteur.
A- Etats optimaux
232  Énoncé 1
 On suppose ici qu’il y a deux consommateurs, c’est-à-dire que
I = 2.
 a) Calculer le taux marginal de substitution du bien privé au
bien public du consommateur i.
 b) Calculer le taux marginal de transformation du bien privé en
bien public du producteur.
 c) En supposant que v2 = w1 = w2 = 1, déterminer l’ensemble
des états optimaux de l’économie, en prenant x1 comme
paramètre. (Exprimer x2, y et z en fonction de x1).
B- Pseudo-équilibre général de Lindahl-Samuelson.
233  Énoncé 2
 On suppose à nouveau que I = 2. On note :
 pi = prix individualisé du bien public pour le consommateur i ; p = prix
du bien public pour le producteur.
 a) Déterminer l’équilibre du consommateur i.
 b) Déterminer l’équilibre du producteur.
 c) Donner la définition d’un pseudo-équilibre de marché
de Lindahl-Samuelson.
 d) En déduire les relations caractéristiques d’un pseudo-
équilibre de marché.
 e) Déterminer le pseudo-équilibre de marché quand v2 = w1
= w2 = 1.
Exercice 5 : Incidence fiscale
234
 Soit une économie comportant un seul consommateur dont les
préférences sont données par :
 U = log(x1 ) + log(x2 ) − l
 x1 et x2 donnent les niveaux de consommation des biens 1 et 2. l est
le temps consacré au travail. On suppose que les 2 biens sont produits
à partir du travail uniquement. Les unités sont choisies de telle
manière que les prix du producteur pour les 2 biens (q1 et q2) et le
taux de rémunération (w) sont égaux à 1.
 a. Ecrivez le programme de maximisation du consommateur et
déterminez sa demande de biens et son offre de travail.
 Le gouvernement souhaite prélever un montant T=1 au
consommateur pour financer ses activités. Pour cela, il envisage deux
systèmes de taxation différents : la taxation des biens d’une part et la
taxation du revenu d'autre part.
 b. On se place dans le cas où le gouvernement choisit de taxer les biens.
Ecrivez le programme de maximisation du consommateur adapté à ce
235
nouveau contexte. Déterminez ses fonctions de demande pour les deux
biens. Appliquez la règle de l'élasticité inverse pour montrer que les
deux biens doivent être taxés de la même manière. Calculez le montant
de la taxe permettant d’obtenir un niveau de revenu T=1. Déduisez-en la
demande pour chaque bien et l'offre de travail.
 c. On se place maintenant dans le cas où le gouvernement choisit de
taxer le revenu de l'individu. Ecrivez le programme de maximisation du
consommateur adapté à ce nouveau contexte. Déterminez la demande du
consommateur pour les deux biens et son offre de travail.
 d. Montrez que la taxation des biens est une taxation de second rang.
Exercice 6 : Internaliser une externalité de consommation
 Fumer provoque une externalité négative en imposant un risque pour la santé de ce que l'on
236 appelle les fumeurs passifs. La consommation de cigarettes entraîne également des pertes de
productivité pour l'économie à cause de l'espérance de vie plus faible des fumeurs. Le centre
américain pour le contrôle des maladies a estimé le coût social moyen de la consommation
d'un paquet de cigarettes dans différents États en prenant en considération ces externalités
négatives. Le tableau suivant indique le prix des cigarettes et le Coût social moyen estimé
dans cinq États.

Prix des cigarettes taxe comprise (par paquet) Estimation du coût de la consommation de cigarettes
États en2006 (par paquet)

Californie 4,40$ 15,10$


New York 5,82$ 21,91$
Floride 3,80$ 10,14$
Texas 4,76$ 9,94$
Ohio 4,60$ 9,19$

Source : Paul Krugman, Microéconomie, 1ère éd. De Boeck université. 2009. Bruxelles.
237
1) Pourquoi le coût sociétal de la consommation d’un paquet de cigarettes est-il

systématiquement supérieur au coût privé (prix de vente) d’un paquet de

cigarette ?

2) Pourquoi la mise en place d’une taxe plus élevée sur la consommation est-elle une

solution économique efficace afin que le coût sociétal soit effectivement pris en

compte ?

3) D’autres solutions sont-elles possibles ?


Exercice 7 : Pollution et coût social
 Une usine (A) produisant de la peinture est installée le long d'une rivière dans laquelle elle rejette ses
238 déchets. Une fabrique d'eau minérale (B) située en aval de l'usine subit un dommage (ou coût) : elle doit
accroître ses dépenses de dépollution de l'eau contaminée à mesure que la quantité de déchets rejetés dans la
rivière par l'usine augmente. Les coûts de A et B sont résumés dans le tableau suivant :

Quantité de Coût marginal de Coût marginal de Coût social par tonne de peinture
peinture (tonnes) production de A (€) dépollution de B (€)

1 50 20
2 60 40
3 100 120
4 120 150

 On définit le coût social (Cs) comme étant la somme des coûts marginaux de production et des coûts
marginaux de dépollution pour tous les agents économiques. Ici nous n'avons que deux entreprises, A et B,
donc le coût marginal d'une tonne de peinture est : Cs = Cm A + Cm B.


1) Dans cette situation de pollution, pourquoi peut-on parler d'externalité négative ?
2) Rappelez ce qu'est le coût marginal et mettez les chiffres entourés dans une
239
phrase.
3) Reproduisez et complétez le tableau.
4) Sachant que le prix de marché d'une tonne de peinture est de 100 euros, quelle
quantité de peinture l'entreprise a-t-elle produire à l'équilibre sur le marché ?
5) Pour cette quantité produite, l'usine A pourrait-elle compenser les dommages
qu'elle fait subir à B ? Qu'en est-il pour des productions plus élevées ?
6) Quel est le niveau de production qui permet à l'entreprise A de faire le plus de
profits tout en indemnisant l'entreprise B (niveau socialement optimal) » ?
Exercice 8 :Apiculteur et verger : externalités positives
240  Un apiculteur vit à côté d’un verger de pommes. Le propriétaire du verger
bénéficie d’externalités positives des abeilles parce qu’une ruche pollinise à peu
près 1 acre de pommiers. Le propriétaire du verger ne paie cependant rien en
contrepartie pour ce service parce que les abeilles viennent dans le verger sans
qu’il n’y ait rien à faire. Parce qu’il n’y a pas assez d’abeilles pour polliniser le
verger en entier, le propriétaire du verger doit compléter la pollinisation par des
moyens artificiels, à un coût de 10 € par acre d’arbres.
 L’apiculteur a un coût marginal Cm = 10 + 5 Q, avec Q le nombre de ruches.
Chaque ruche lui rapporte un miel d’une valeur de 40 €.
 a. Combien de ruches l’apiculteur va t’il conserver ?
 b. Est-ce le nombre économiquement efficace de ruches ?
 c. Si le propriétaire du verger subventionne l’apiculteur, quels changements vont
conduire à un fonctionnement plus efficace ?
Exercice 9 : Financement de la production des biens collectifs

241
 Exercice 9.1 : Trois citoyens consommateurs (A, B, C) valorisent tous différemment les services de police. La
demande d’A pour ce bien public est Q = 40 - 5P, celle de B est Q = 80 – 12P, et celle de C Q = 100 – 10P. Le
coût marginal des services de police est de 12$. Quel est le niveau socialement optimal de ces services ?
 Exercice 9.2 : On considère une économie comprenant deux consommateurs dont les préférences sont
représentées par les fonctions d’utilités suivantes : ( ) , ( ) , x désigne la quantité de bien collectif produit dans
l’économie et M1, M2 représentent la valeur des consommations de biens privés de chaque individu, avec x>0,
M1>0, M2>0. La production de x unités de bien collectif entraîne un coût total CT=x. Chaque consommateur
dispose d’un revenu égal à 15 qu’il répartit entre sa contribution au financement de la production du bien
collectif, notée ti, et sa consommation de biens privés Mi. On a donc 15=Mi + ti pour i=1,2. Un vecteur
(x,M1,M2) définit une allocation, c’est-à-dire une manière de répartir les richesses de l’économie entre la
production de bien collectif et la consommation de biens privés. a. Définissez l’ensemble des allocations
réalisables. On précise qu’une allocation est dite réalisable si elle compatible avec le financement de la
production de bien collectif et si elle vérifie les conditions de signe x>0, M1>0, M2>0. b. Définissez l’ensemble
des optima de Pareto. c. Déterminez l’optimum de Pareto associé à des prélèvements identiques t1=t2. d.
Caractérisez l’équilibre de Lindahl, c’est-à-dire l’équilibre avec prix personnalisés. Montrez que c’est un
optimum de Pareto.
242

IV- Analyse de Quelques indicateurs


liés à l’intervention de l’Etat
1. Consommation étatique dans la consommation totale
 Il s'agit du pourcentage de la consommation des administrations publiques sur la
243
consommation totale, deux composantes essentielles du PIB (produit intérieur brut).
Une valeur proche de zéro signifie que les dépenses de l'État sont relativement très
faibles. Inversement, un pourcentage proche de 100 signifie que l'État assume
l'ensemble des dépenses de la société. Au-delà de ces deus pôles théoriques, on
retrouve une variété importante. Notez que les dépenses de l'État couvrent
indistinctement les dépenses de santé et les dépenses militaires. Il s'agit d'un des
indicateurs qui permet d'évaluer le niveau d'intervention de l'État dans l'économie.
Cette information est construite par le CATO Institute situé à Washington. Il s'agit
d'un organisme voué à la défense de la libre entreprise créé au milieu des années
1970.
 Source: Cato Institute/
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=
9&codeStat=GOUV.CATO.1A.REEL&codePays=MLI&optionsPeriodes=Aucune&
codeTheme2=9&codeStat2=x&codePays2=MLI&optionsDetPeriodes=avecNomP&
langue=fr
244

 Gr
2. Niveau des régulations étatiques
 De 0 à 10 : 0 signifiant un État interventionniste, qui régule l'ensemble de
245
l'activité économique et 10, un État qui intervient très peu. Cet indicateur
synthétise plusieurs aspects : 1) le contrôle du crédit; 2) le contrôle du marché du
travail; et 3) le contrôle des entreprises par des pouvoirs de contrôle,
bureaucratiques ou autres, incluant des formes d'extorsions illégales qui viennent
limiter la liberté du marché. Plus les contrôles extérieurs au marché sont
importants, plus l'indicateur s'approche de 0. Inversement, plus le marché est libre
et sans entrave, plus la valeur de cet indicateur s'approche de 10. Cette
information est construite par le CATO Institute situé à Washington. Il s'agit d'un
organisme voué à la défense de la libre entreprise créé au milieu des années 1970.
 Source: Cato Institute/
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeThem
e=9&codeStat=GOUV.CATO5&codePays=MLI&optionsPeriodes=Aucune&code
Theme2=9&codeStat2=GOUV.CATO5&codePays2=MLI&optionsDetPeriodes=a
vecNomP&langue=fr
246
3. Taille de l'État
247
 De 0 à 10 : 0 signifiant un État très lourd et 10 une intervention
minimale de l'État. Cet indicateur synthétise plusieurs aspects relatifs
à la taille de l'État : 1) la consommation des administrations publiques
en pourcentage de la consommation totale; 2) l'importance des
transferts et des subsides en pourcentage du PIB; 3) l'utilisation des
investissements publics plutôt que les investissements privés; et 4) le
niveau d'imposition marginal. Cette information est construite par le
CATO Institute situé à Washington. Il s'agit d'un organisme voué à la
défense de la libre entreprise créé au milieu des années 1970.
Source: Cato Institute/
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=9&codeStat=
GOUV.CATO1&codePays=MLI&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=9&codeStat2=GOUV.
CATO1&codePays2=MLI&optionsDetPeriodes=avecNomP
248
4. Degré de liberté face à la corruption
 Un degré proche de 100 signifie que la corruption est faible ou qu'elle n'exerce pas
249 une limitation sur la liberté individuelle. Les pays les plus souvent au sommet
sont : le Danemark, la Nouvelle-Zélande, la Finlande et les Pays-Bas. Inversement,
un degré proche de 0 signifie que la corruption est grande et qu'elle limite
fortement la liberté des individus. Au cours des dernières années ce fut le cas du
Turkménistan et de l'Angola. Cet indice est basé sur plusieurs sources; la première
est le Transparency International, Corruption Perceptions Index. Cet indicateur est
utilisé par Héritage Foundation, en partenariat avec le Wall Street Journal, pour
évaluer l'évolution des libertés. The Heritage Foundation est un institut de
recherche et d'éducation fondé en 1973 dont la mission consiste à formuler et à
promouvoir des politiques conservatrices basées sur les principes de la libre
entreprise.

Source: Heritage Foundation/
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=9&codeStat=HF
I.CORRUPTION&codePays=MLI&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=9&codeStat2=HFI.C
ORRUPTION&codePays2=MLI&optionsDetPeriodes=avecNomP
250
5. Démocratie: efficacité et responsabilité
251 gouvernementale.

 Le classement est de 1 à 10, 10 étant le plus haut


niveau. Le gouvernement est considéré comme efficace
et en mesure de mettre en place son programme.
Source: The Economist/
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?
codeTheme=9&codeStat=EIU%2CDEMO.GVT&codePays=MLI&opt
ionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=9&codeStat2=EIU%2CDEMO.G
VT&codePays2=MLI&optionsDetPeriodes=avecNomP
252

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