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Licence/Bachelor Année 1

MACROECONOMIE
1
2022/2023 – Semestre 1

Dr. AZENG Thérèse


15/09/2022
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON
Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
--------------------- -------------------
UNIVERSITE SAINT JEAN SAINT JEAN SCHOOL OF
-------------- MANAGEMENT
------------------

COURS DE MACROECONOMIE I – MAE1112

Dr. AZENG Thérèse


Chargé de Cours / Maître Assistant CAMES
Département d’Analyse et Politiques Economiques
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Université de Yaoundé II
azeng.th@gmail.com

PLAN DU COURS

Introduction générale

Chapitre 1 : Mesures et cadres macroéconomiques

Chapitre 2 : Principaux objectifs macroéconomiques

Chapitre 3 : La Fonction de consommation et d’investissement

Chapitre 4 : La Fonction d’investissement

Chapitre 5 : Le Marché monétaire

LECTURE RECOMMANDÉE

BERR E. (2019). Macroéconomie, Dunod, Collection Eco Sup. 336 pages.

GUICHARDAZ R., LIGONNIÈRE S. & THOMMEN Y. (2022). Macroéconomie : Cours et


Exercices, Editions Ellipses, 288 pages.

GUILLAUMIN C. (2014). Macroéconomie, Collection Aide-Mémoire, Dunod, 304 pages.

MANKIW G.N. (2019). Macroéconomie, 8ème édition traduite par Jihad C. El Naboulsi, De
Boeck Supérieur, Collection Ouvertures Economiques. 640 pages.

REDSLOB A. (2000). Introduction à la théorie macroéconomique. Dunod, Collection Eco


Sup. 233 pages.

SIDIROPOULOS M. & VAROUDAKIS A. (2019). Macroéconomie en pratique. Dunod,


Collection Eco Sup. 256 pages.

VILLIEU P. (2008). Macroéconomie : Consommation et Epargne, Collection Repères, La


Découverte, 128 pages.
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INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Définition de l’économie

Étymologiquement, le terme « économie » vient du grec ancien oïkonomia, qui


associe deux expressions : oïkia qui signifie la maison et nomos qui signifie la règle
ou la norme. Donc à l’origine, l’économie désignait la gestion des affaires
domestiques et, par extension, la façon dont les biens sont produits, répartis et
échangés dans la cité. La définition qui fait référence est celle de Lionel ROBBINS
(1932) selon qui l’économie est « la science qui étudie le comportement humain
comme une relation entre des fins et des moyens rares à usages
alternatifs ».

De cette définition, on retient que (1) L’économie est une science ; (2) l’économie
traite des comportements humains c’est-à-dire des individus – ou les groupes
d’individus – qui agissent parce qu’ils ont des besoins à satisfaire ; (3) les êtres
humains recherchent la réalisation de leur bonheur, tout en évoluant dans un
environnement où les moyens dont ils disposent sont limités. L’économie est donc
une science sociale, au même titre que la sociologie, la psychologie,
l’anthropologie, etc. Ainsi, elle analyse la production, la répartition et l’utilisation
des richesses d’une société et s’attache notamment à donner des réponses aux
questions suivantes : Que produire ? Pour qui produire ? Comment produire ?

2. Objet et intérêt de la macroéconomie

La Macroéconomie est le domaine de la Science économique qui traite des


phénomènes économiques globaux et de leur interaction, qui prend pour objet
d’étude le fonctionnement de l’économie considérée dans son ensemble. Son
but est d’étudier le fonctionnement de l’économie dans sa globalité à travers les
grandeurs appelées agrégats macroéconomiques qui mesurent les résultats
agrégés générés par l’activité économique, par exemple le revenu national,
l’investissement national, l’épargne globale, la consommation globale, etc.

L’actualité est inondée d’informations se rapportant à des évolutions


macroéconomiques : le nombre de chômeurs qui augmente ou qui diminue ; la
croissance du revenu national et son accélération ou sa chute ; l’évolution des prix ;
la dette publique qui augmente dangereusement ; les taux d’intérêt qui sont en
hausse ou en baisse ; le taux de change du Dollar US ou de l’euro qui fléchit ou qui
renchérit, etc.

L’intérêt de l’analyse macroéconomique est de comprendre les relations entre les


grands agrégats de l’économie, leur fonctionnement et d’en prévoir leur évolution en
cas de chocs (crises économiques, crises sanitaires, conflits armés…). Ces évolutions
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macroéconomiques ont des répercussions importantes sur notre bien-être, même si
celles-ci ne sont pas toujours ressenties immédiatement par le grand public. La
macroéconomie s’efforce à la fois d’expliquer ces évolutions et aussi de concevoir des
politiques gouvernementales susceptibles d’améliorer les performances
économiques des pays concernés (c’est ce qu’on appelle la politique économique).

La macroéconomie est une discipline relativement récente, si on la compare aux


autres sciences sociales. En effet, le terme « macroéconomie » a été utilisé pour la
première fois par l’économiste norvégien Ragnar FRISCH en 1933 (Prix Nobel
d’économie en 1969). Même si on retrouve des origines de l’analyse
macroéconomique dans le circuit économique François QUESNAY dès 1767.

3. Différence entre microéconomie et macroéconomie

Il est courant de distinguer la microéconomie de la macroéconomie.

La microéconomie étudie le comportement des agents économiques individuels.


En d’autres termes, elle s’attache à comprendre comment les ménages et les
entreprises prennent leurs décisions et comment ces décisions s’influencent
mutuellement sur le marché. Elle fait l’hypothèse de base que les ménages et les
entreprises ont un comportement d’optimisation, autrement dit ils font tout ce
qu’ils peuvent pour atteindre leurs objectifs, étant donné leurs contraintes. Dans les
modèles microéconomiques, les ménages choisissent leurs achats en vue de
maximiser leur niveau de satisfaction, ou en termes économiques leur utilité, et les
entreprises fixent leur niveau de production en vue de maximiser leur profit.

La macroéconomie, quant à elle, étudie les forces qui affectent l’économie dans
son ensemble. Elle ne considère donc pas les comportements économiques des
individus pris isolément, mais elle appréhende l’économie dans son ensemble, à
travers les agrégats économiques (inflation, PIB, chômage, monnaie, déficit
public, etc.) afin de répondre à différentes problématiques de politiques publiques.

Cependant, la frontière entre macroéconomie et microéconomie semble aujourd’hui


s’amenuiser au fil du temps. Ceci s’explique par le fait que de nombreux modèles
macroéconomiques se fondent sur des bases théoriques microéconomiques, à travers
la modélisation du comportement d’un agent économique individuel, considéré
comme représentatif de tous les autres agents du même type dans l’économie. Il est
difficilement possible d’étudier l’économie dans son ensemble sans prendre en
compte les décisions des acteurs économiques individuels. Par exemple, pour
comprendre ce qui détermine la dépense totale de consommation, nous devons savoir
comment une famille décide d’allouer son revenu entre la dépense présente et
l’épargne en vue de l’avenir. Ainsi, la macroéconomie a nécessairement des
fondements microéconomiques : les variables agrégées sont en réalité la somme des
variables qui décrivent les actions des agents individuels.

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De même, les relations microéconomiques elles-mêmes, qui analysent la manière
dont les ménages et les entreprises prennent leurs décisions et des interrelations
entre ces décisions, ont des répercussions au niveau macroéconomique. Par
conséquent, la macroéconomie et la microéconomie sont inextricablement liées.

4. La méthodologie macroéconomique

Bien que la décision en matière de politique économique appartienne aux dirigeants


des pays, la tâche d’expliquer comment l’économie fonctionne dans son ensemble
revient aux macroéconomistes. Il leur est souvent demandé d’expliquer pourquoi
certains pays ont-ils connu une forte croissance des revenus au cours du dernier
siècle, alors que d’autres restent enlisés dans la pauvreté ? Pourquoi certains pays
ont-ils des taux d’inflation élevés, alors que d’autres réussissent à maintenir stable
le niveau de leurs prix ? Pourquoi tous les pays rencontrent-ils des récessions et des
dépressions, des épisodes récurrents de baisse des revenus et de l’emploi ? Comment
les politiques publiques peuvent-elles être utilisées pour réduire tant leur fréquence
que leur gravité ?

L’objet de l’étude de la macroéconomie n’est pas uniquement de comprendre et


d’expliquer les événements économiques. Au-delà, il s’agit de formuler et d’améliorer
la politique économique. À cette fin, les macroéconomistes collectent des données
sur les agrégats économiques, à des époques et en des lieux différents. Sur cette
base, ils essayent de formuler des théories générales susceptibles d’expliquer les
données ainsi rassemblées.

Comme toute science, la macroéconomie dispose de sa boîte à outils : terminologie,


données et modes de pensée. Les économistes s’efforcent d’aborder les thèmes qu’ils
étudient, même si ces derniers sont politiquement sensibles, avec objectivité
scientifique. Pour cela, les macroéconomistes ont recours à la modélisation, c’est-
à-dire l’utilisation de modèle. Un modèle est une représentation simplifiée de la
réalité. Les modèles économiques sont des théories qui synthétisent, souvent en
termes mathématiques, les relations entre les variables économiques selon les
hypothèses émises sur le système économique et son fonctionnement.

Les économistes utilisent dans leurs modèles deux catégories de variables : les
variables exogènes et les variables endogènes. Une variable est exogène dans
un modèle lorsque ses valeurs sont le résultat d’une observation extérieure au
modèle, elles sont introduites dans le modèle et servent d’inputs (on parle de
variable explicative), tandis qu’une variable endogène est celle qu’explique le
modèle lui-même (on parle de variable à expliquer). L’objectif du modèle est de
montrer comment les variables exogènes influencent les variables endogènes.

Variables exogènes ==> Modèle ==> Variables endogènes

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Exemple : Fonction de consommation

C = f (Y) Le revenu (Y) explique la consommation (C)

La variable consommation (C) est la variable à expliquer ou variable endogène

La variable revenu (R) est la variable explicative ou variable exogène

5. Les origines de la pensée macroéconomique

En fait, aucun modèle économique unique ne peut résoudre tous les problèmes
économiques. Les macroéconomistes utilisent donc de nombreux modèles différents
pour expliquer et comprendre des phénomènes assez divers. La multiplicité des
écoles de pensée explique en grande partie par la multiplicité des modèles
économiques. Toutefois, il est courant de distinguer deux grands courants de
pensée : la théorie keynésienne et la théorie classique.

C’est en 1936 que fut publié le célèbre livre de l’économiste britannique John
Maynard KEYNES (1883-1946) intitulé « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et
de la monnaie » et qui a fait de lui le père de la macroéconomie moderne. C’est à lui
que tout économiste fait inévitablement référence, soit pour interpréter et prolonger
sa théorie (les post-keynésiens, les néo-keynésiens, les nouveaux économistes
keynésiens, etc.), soit pour l’infirmer (les monétaristes, les néolibéraux, les
nouveaux économistes classiques, etc.). Il est extrêmement important, en
conséquence, pour les étudiants en macroéconomie, de garder constamment à
l’esprit qu’il n’existe aucun « modèle unique correct ». Bien au contraire, il y a une
variété de modèles, chacun devant être utilisé de façon adéquate en fonction des
objectifs poursuivis.

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CHAPITRE 1 : CADRE ET MESURES MACROÉCONOMIQUES

La macroéconomie étudie le fonctionnement du système économique pris dans sa


globalité et des opérations économiques qui résultent principalement des activités
effectuées par les agents économiques. Ces agents peuvent être des
consommateurs, des producteurs, des investisseurs (ou des entrepreneurs), l’État,
etc. les interactions entre eux peuvent s’opérer sous différentes plateformes
appelées marchés où chacun a une fonction bien précise. Toutes ces informations
sont regroupées dans des grandeurs globales mesurables qu’on appelle les agrégats
macroéconomiques. Toutes les opérations économiques effectuées par les agents
sont enregistrées par la comptabilité nationale. La comptabilité nationale est un
instrument adéquat d'observation macroéconomique. Elle vise à représenter de
manière globale, détaillée et chiffrée l'économie tout entière. L'objectif de ce chapitre
est de présenter le cadre macroéconomique et les agrégats qui y sont utilisés. Plus
précisément, il est question, d’une part, de définir les différents agents économiques,
leurs fonctions, leurs ressources et les emplois qu’ils en font, ainsi que les échanges
qu’ils effectuent entre eux ; et, d’autre part, de présenter les mesures les plus
utilisées pour expliquer le fonctionnement global de l’économie.

1. LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DU CADRE MACROÉCONOMIQUE

Pour bien analyser et comprendre le fonctionnement du système économique, il est


nécessaire de mettre l’accent sur les comportements des agents économiques et sur
les différentes interactions entre eux.

1.1. Les agents économiques (ou les secteurs institutionnels)

Un agent économique est une personne physique ou morale capable de prendre une
décision et d’effectuer un choix d’ordre économique compte tenu des différentes
alternatives possibles. On distingue plusieurs types d’agents économiques que l’on
peut regrouper selon plusieurs critères d’homogénéité. Ainsi, les agents peuvent être
classifiés selon le revenu, selon la classe sociale et selon la fonction.

En comptabilité nationale, les agents économiques sont distingués suivant leur


fonction principale. On peut donc définir l’agent économique comme étant
l’ensemble d’acteurs effectuant la même fonction économique et exerçant
des opérations économiques identiques. Une économie est composée de cinq
agents économiques.

1er Agent économique : Les ménages

Un ménage représente tout individu ou groupe d’individus qui vivent ensemble sous
le même toit, qu’ils aient des liens de parenté ou pas ; et ayant une consommation
commune. Ainsi, chaque individu vivant seul ou chaque groupe d'individus habitant
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un même domicile constitue un ménage. Il peut s’agir d’un couple, d’une famille, un
célibataire, ensemble des internes, etc.

Les ménages ont deux fonctions principales : la consommation de biens et de


services en vue de satisfaire leur besoins (du côté de la demande) ; la fourniture
des facteurs de production, notamment du travail offert aux entreprises et aux
organismes en contrepartie d’un revenu utilisé pour la consommation (du côté de
l’offre). Dans la comptabilité nationale, les entrepreneurs qui exercent des activités
individuelles (les entrepreneurs individuels) sont classés parmi les ménages.

2ème Agent économique : Les entreprises

Pour consommer, il faut produire. Produire c’est transformer des ressources


physiques (capital) et humaines (travail) appelées aussi facteurs de production
en biens et services consommables. La fonction principale des entreprises consiste
donc de produire des biens et des services marchands dans le but de réaliser des
profits. Les biens marchands sont des produits matériels pouvant être vendus et
achetés sur un marché à un prix donné (voiture, pain…) ; tandis que les services
sont plutôt immatériels (coiffure, soins médicaux, assurances…)1.

On distingue les entreprises non financières et les entreprises financières. Les


entreprises non financières ont pour but principal d’assurer une production
marchande, c’est-à dire de rassembler les facteurs de production et les utiliser pour
créer de biens ou des services (transformation des inputs en outputs) sur les marchés
afin de réaliser des profits. Les entreprises financières, quant à elles, mettent en
relation ceux qui disposent de surplus de ressources monétaires et financières et
ceux qui en besoin de façon à assurer le financement des activités de l’économie.
C’est notamment le rôle des banques, des microfinances ou des compagnies
d’assurance.

3ème Agent économique : Les administrations publiques

Elles regroupent les administrations publiques centrales (l’État et les organismes


qui lui sont rattachés) et les collectivités locales, qui représentent, chacune en ce qui
la concerne, l’autorité de l’État. L’État est garant de l’autorité publique dont le rôle
est de réguler la vie des hommes au sein de l’économie. Sur le plan économique,
l’État fixe le cadre institutionnel et juridique définissant les règles de l’activité
économique (fixation des prix, du droit de propriété, etc.) et il assure la justice
sociale en redistribuant les revenus par le prélèvement des impôts et l’octroi des
subventions.

1
Pour le cas des biens et services marchands, le prix de vente doit pouvoir couvrir les coûts de production engagés
pour leur production.
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Les administrations publiques exercent, tout comme les entreprises, une fonction de
production et offrent aux consommateurs et aux producteurs des biens et des
services publics non marchands destinés à la collectivité. Un service est non
marchand s'il est rendu gratuitement ou à un prix couvrant moins de la moitié du
coût moyen de production (on dit alors qu’il est quasi-gratuit). Il s’agit
principalement des services relatifs à la sécurité, à la santé, à l’éducation, à
l’éclairage, aux routes, aux organismes de soins, aux organismes de l’éducation, etc.
En contrepartie de ces services, les administrations publiques ne peuvent tirer
qu’une partie minime de leurs ressources à travers des prélèvements des cotisations
sociales et des impôts.

4ème Agent économique : Les institutions sans but lucratif au service des
ménages (ISBLSM)

Les ISBLSM fournissent des biens et services aux ménages sans objectif de faire des
profits. Elles comprennent par exemple les églises, les clubs de sport (amateurs), les
syndicats, les partis politiques ou les associations.

5ème Agent économique : Le reste du monde ou l’extérieur

Les consommateurs, les producteurs et l’État sont donc les principaux agents
économiques au sein d’une économie. Mais une économie n’est jamais fermée sur
elle-même. Elle a toujours des relations avec d’autres économies. Les autres
économies représentent un agent économique appelé le reste du monde ou
l’extérieur. Le reste du monde est constitué par l’ensemble des agents ne résidant
pas sur le territoire national et possédant des relations en effectuant des opérations
avec les résidents nationaux. Un agent est qualifié de résident s'il exerce son
activité sur le territoire national depuis au moins un an.

Sur le plan économique, la relation de l’économie nationale avec l’extérieur donne


lieu à des opérations d’exportations et d’importations de biens et de services et
de transfert de revenus et de capitaux.

1.2. Les opérations économiques

La création des richesses dans l’économie et la réparation de ces richesses


représentent deux fondamentaux axes de la comptabilité nationale. D’où
l’importance du revenu et de la production.

1.2.1. Les opérations sur les biens et services

Dans le domaine des biens et services, on retrouve essentiellement les opérations de


production, de consommation, d’investissement.

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a. La production

La production est une création des biens et des services dans le but de satisfaire les
besoins des agents économiques. La production peut donc être marchande ou non
marchande. Pour la production marchande, les biens et les services sont
échangés sur les marchés en contrepartie d’un prix qui sert comme une évaluation
de la valeur de cette production. Dans la mesure où la production non
marchande ne possède pas un prix de marché, son évaluation dans la comptabilité
nationale varie selon les contextes, soit sur la base des coûts supportés pour cette
production, soit par approximation de valeur par rapport aux biens privés.

b. La consommation

La consommation consiste à la destruction des différents biens et services offerts


sur le marché. Il existe plusieurs types de consommation :

La consommation intermédiaire : Il s’agit d’une consommation des biens


marchands pour assurer leur utilisation dans une autre activité de production dans
le but de créer un bien final. Autrement dit, c’est la transformation de biens ou
services dans le but de produire d’autres biens ou services. Par exemple, le
boulanger utilise la farine pour fabriquer du pain.

La consommation finale : C’est l’utilisation définitive d’un bien ou service sans


que cela donne lieu à une production quelconque. Après avoir transformé les inputs
en outputs à leur stade final, elle consiste à une utilisation et à une destruction de
ces inputs pour satisfaire les besoins.

La consommation destinée à la collectivité : Il s’agit d’une consommation des


services non marchands. En comptabilité nationale, la valeur de ces services est
définie en fonction de la consommation finale effectuée par les administrations
publiques, souvent assimilée aux dépenses publiques.

c. L’investissement

Pour assurer l’activité de production, l’entreprise acquiert des biens durables dont
la période d’utilisation dure au moins une année. La valeur de ces biens représente
la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). Cet investissement consiste à
l’acquisition des équipements de production qui seront amortis au cours du temps à
travers leur utilisation continue dans la production. Avec la déduction des valeurs
de l’amortissement des équipements, on définit la Formation Nette de Capital Fixe
(FNCF). On écrit donc :

FNCF = FBCF – Amortissements

Une importante capacité de production de l’entreprise influence son poids sur le


marché. De même, le volume des stocks des produits intermédiaires possède une
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influence sur la production des entreprises. L’investissement englobe de ce fait la
formation des stocks. Au cours du processus productif, le stock des produits
intermédiaires varie au cours du temps. On peut donc définir la différence entre le
volume du stock final et son niveau initial par « la variation des stocks ».

Investissement Brut = FBCF + Formation des stocks

Avec FBCF = FNCF + Amortissements

La formation des stocks est définie aussi par la variation des stocks (ΔStock), d’où :

Investissement Brut = FNCF + Amortissements + ΔStock

d. Les opérations financières

Il s’agit des opérations relatives à créer et à circuler les moyens facilitant les
paiements. Les opérations financières assurent de même le placement de l’argent
dans les établissements financiers qui assurent de leur part le financement des
entreprises et des ménages en contrepartie des intérêts payés. Il s’agit de montrer
comment les agents qui n’ont pas dépensé la totalité de leurs revenus ont utilisé
l’excédent (épargne), et nous montrent également comment les agents qui ont
dépensé plus que leurs revenus ont financé le déficit (emprunt). Les opérations
financières portent donc sur les créances et les dettes des différents agents
économiques.

e. Les opérations avec le reste du monde

Les relations avec l’extérieur se définissent à travers les opérations des exportations
et des importations. Les ventes d’un pays donné au reste du monde sont définies par
les exportations. Leurs prix ne tiennent pas compte des coûts relatifs aux
assurances et aux coûts de la transportation des marchandises. L’achat des
marchandises auprès du reste du monde consiste à de l’importation. La valeur des
marchandises importées intègre le coût de leur transportation et les frais des
assurances entre le pays importateur et le reste du monde.

1.2.2. Les opérations de répartition des richesses

La production des entreprises consiste à créer de la valeur ajoutée, c’est-à-dire de


la richesse créée lors du processus de production. En clair, la valeur ajoutée est le
supplément de valeur donné par une entreprise par son activité de production aux
biens et services intermédiaires.

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Les opérations de répartitions consistent à une distribution de cette valeur entre les
agents économiques. On peut identifier deux types de répartition : primaire et
secondaire.

La répartition primaire de la richesse consiste à une distribution de la richesse


entre ceux ayant contribué à sa création. Tout processus de production est assuré
par deux facteurs essentiels, le travail et le capital. D’une part, la répartition de
la richesse consiste à une première opération de rémunération du travail en payant
les salaires et les cotisations sociales des travailleurs. Ces rémunérations sont
assurées par l’employeur. D’autre part, on distingue une deuxième opération de
répartition de la richesse qui est relative à la rémunération du capital. L’employeur
doit payer les loyers, les dividendes et les intérêts.

La répartition secondaire de la richesse consiste à une opération de


redistribution des richesses entre les différentes couches sociales. Elle s’effectue à
travers un transfert aux ménages des prestations sociales. Ces versements sont
issus des prélèvements obligatoires sous forme d’impôts que l’État fixe sur la
production des entreprises, sur les produits, sur le revenu, sur le patrimoine et à
travers les prélèvements des cotisations sociales.

1.3. Les types de marché

Un marché se définit comme un lieu (physique ou virtuel) où se rencontrent des


vendeurs ou des offreurs et des acheteurs ou des demandeurs d’un bien ou d’un
service. La quantité échangée des biens se détermine à travers cette rencontre.
Plusieurs types de marché sont distingués.

▪ Le marché des biens et des services

Sur ce marché s’effectuent les échanges des biens et des services entre les agents
économiques dans la mesure où la production est destinée à la vente sur ce type de
marché. D’une part, pour produire et se présenter sur le marché des biens et
services, le producteur peut alors être vu comme un offreur des biens et des services
sur ce marché où se détermine le prix d’équilibre pour le cas d’une économie de
marché. D’autre part, le consommateur peut être vu comme demandeur de biens et
services.

▪ Le marché du travail

Sur ce marché se confrontent les offreurs et les demandeurs de travail. Sur le


marché de travail, le consommateur peut constituer son revenu en offrant son
travail en contrepartie d’une rémunération ou d’un salaire. L’acte de production
amène les producteurs à se présenter sur le marché de travail appelé aussi le
marché des facteurs de production comme demandeurs de travail et de capital. Le

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marché de travail permet la détermination du salaire d’équilibre, du niveau d’emploi
et de celui du chômage.

▪ Le marché financier

Ce marché est appelé aussi marché de capitaux. Les investisseurs ont besoins des
moyens de financement pour financer leurs projets et leurs entreprises. Ce sont des
demandeurs de capitaux. Les établissements financiers, qui sont des épargnants,
offrent leurs capitaux sur ce marché. Le taux d’intérêt se détermine donc à travers
le niveau d’offre et de la demande de capitaux sur ce marché.

▪ Le marché monétaire

Les liquidités qui sont considérées comme des moyens de paiement pour les agents
économique s’échangent sur le marché monétaire. Les institutions financières et
monétaires comme les banques et la banque centrale sont les acteurs principaux de
ce marché. Ce dernier influence le niveau du taux d’intérêt.

▪ Le marché de change

Les opérations avec le reste du monde s’effectuent sur le marché de change. Les
devises nécessaires pour effectuer le paiement des importations et des exportations
s’échangent sur ce type de marché.

Il existe une relation directe traduisant la liaison entre ces marchés. L’ensemble des
relations d’interdépendance entre ces marchés s’illustre à travers le circuit
économique.

1.4. Le circuit économique

Le circuit économique est un modèle réel qui traduit les relations entre les agents
économiques effectuant des opérations sur les différents marchés. Il s’agit d’un
modèle visuel qui reflète les flux réalisés entre les agents économiques. Il existe
deux types de flux : les flux réels relatifs aux transferts des biens et des services,
au travail offert ou au capital acquis ; les flux monétaires traduisant les transferts
des rémunérations ou des sommes d’argent versées en contrepartie d’un travail
offert ou de l’acquisition d’un bien ou d’un service.

1.4.1. Le circuit économique d’une économie fermée sans


l’intervention de l’État

Il s’agit d’une relation simplifiée illustrant les transactions effectuées uniquement


entre deux agents économiques : les entreprises et les ménages. On a :

- Les flux réels des biens et des services montrent que les produits circulent en
allant des entreprises vers les ménages (les consommateurs) afin que ces derniers
satisfassent leurs besoins. De même, les ménages représentent les facteurs de
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production dont les entreprises ont besoin pour assurer leurs activités. Les flux
réels des facteurs de production (travail) partent des ménages pour aller vers
les entreprises à qui ils offrent leur service.

- Les flux monétaires montrent la monnaie échangée en contrepartie d’un bien


acheté ou d’un travail fourni. En échangeant les biens et les services, les ménages
payent de l’argent. Ces sommes d’argent représentent les recettes des ménages
fournies aux entreprises. Ces dernières constituent aussi des sources de revenus
pour les ménages qui fournissent les facteurs de production (salaire versé en
contrepartie du travail).

Cas 1 : Les ménages consomment la totalité de leur revenu (pas d’épargne).

Dans ce cas, le circuit économique met en valeur la production et le revenu. On note


que la consommation des ménages est égale à la production des entreprises (C = Y).

Pour le revenu, les recettes réalisées par les entreprises sont égales aux revenus
reçus par les ménages : Pour les entreprises, le revenu tiré en vendant la production
(Y) offerte sur les marchés sera orienté vers le paiement des salaires des ménages,
le règlement des intérêts des emprunts et les charges fixes liées à la production. La
valeur de la production (vendue) permet donc la rémunération des facteurs de
production. Le diagramme des flux s’illustre comme suit :

Figure 1 Diagramme des flux pour le cas d'une économie fermée à deux agents
économiques sans Etat et sans épargne

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Dans ce cas de diagramme, les ménages consacrent tout leur revenu à la
consommation ; ils n’épargnent donc pas.

Cas 2 : Les ménages consomment une partie de leur revenu et épargnent le


reste.

Si nous prenons l’autre cas où les ménages consacrent une partie de leur revenu à
l’épargne, nous illustrons donc le diagramme des flux ci-dessous (figure 2). La part
épargnée des ménages peut être consacrée au placement dans une banque. Aussi,
avec le montant à épargner, les ménages peuvent acheter des titres sur le marché
financier. Nous supposons que les investissements effectués par les entreprises
seront financés par la part de l’épargne des ménages.

Figure 2 Diagramme des flux pour le cas d'une économie fermée à deux agents
économiques sans l’intervention de l’Etat

Dans ce cas, la production (Y) sera consacrée à la consommation (C) et à


l’investissement (I) :

Y=C+I

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Le revenu (noté Y), pour sa part, sera consacrée à la consommation et à l’épargne
(notée E) :

Y = C + E.

On peut donc écrire :

Y=C+I=C+E

Ce qui permet de déduire que I = E

L’investissement est égal à l’épargne des ménages. Il s’agit donc d’une épargne
privée.

1.4.2. Le circuit économique d’une économie fermée avec l’intervention


de l’État

On considère désormais les transactions effectuées entre trois agents économiques :


les entreprises, les ménages et l’État. L’intervention de l’État dans l’activité économique
s’effectue suivant deux dimensions exprimées par deux variables : les impôts et taxes
collectés par l’État et les dépenses des administrations publiques (voir la figure 3 ci-
dessous). L’État enlève une partie du revenu des ménages sous forme de taxes et d’impôts
notée T. De même, l’État effectue des transferts aux ménages d’un montant noté Tr. Le
montant net des prélèvements effectués par l’État et sera déduit du revenu des
ménages. Il est noté :

T – Tr

L’État, quant à lui, effectue des dépenses publiques relatives à des achats des biens et
des services. L’État de même réalise des activités d’investissement et accorde aux
ménages des indemnités sans recevoir une contrepartie. On note les dépenses publiques
par G.

Dans ce cas, la production notée Y permet de satisfaire, la demande de consommation (C),


d’investissement (I) et celle publique (G). Les ménages et l’État reçoivent un revenu. Une
partie du revenu des ménages sera consacré à des dépenses de consommation et l’autre
partie sera consacrée à l’épargne. Le revenu réalisé par l’État est constitué par les taxes et
les impôts collectés (T) déduits du montant des transferts versés par l’État (Tr). On peut
donc noter :

Y = C + I + G = C + E + (T – Tr)

Sachant que l’épargne (E) = l’Investissement (I).

On a :

I=Y–C–G

Si on ajoute à cette expression les variables de prélèvements nets :

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I = Y – C – G + (T – Tr) – (T – Tr)

On peut écrire :

I = Y – C – G + T – Tr – T + Tr

On aura donc :

I = (Y – C – T + Tr) + (T – Tr – G)

Épargne privée + Épargne publique

Dans ce cas, Y – C – G représente l’épargne intérieure.

Il en résulte que l’investissement est financé par l’épargne nationale qui est formée
par deux composantes essentielles : l’épargne privée et l’épargne publique.

Figure 3 Diagramme des flux pour le cas d'une économie fermée avec l’intervention de l’État

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1.4.3. Le circuit économique d’une économie ouverte

Dans le cas où l’économie nationale est ouverte aux échanges avec l’extérieur, on
doit prendre en considération les flux des exportations et des importations.

Chaque pays dispose de ressources notées constituées du revenu national et des


importations (Y + M) et qu’il va employer pour ses dépenses publiques et privées (C
+ I + G + X).

L’égalité emplois-ressources donne :

Y+M=C+I+G+X

D’où

Y = C + I + G + (X – M)

Le solde de la balance commerciale est la différence entre la valeur des


exportations et des importations (X – M) :

➢ Si (X – M) > 0 alors la valeur des exportations est supérieure à celle des


importations (X > M) : la balance commerciale est excédentaire ;
➢ Si (X – M) < 0 alors la valeur des exportations est inférieure à celle des
importations (X < M) : la balance commerciale est déficitaire.

2. LA MESURE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE NATIONALE


L’activité économique d’un pays peut être mesurée à travers des grandeurs
synthétiques appelées les agrégats économiques. Les résultats des activités
économiques peuvent être donc comparés à travers ces grandeurs de référence tout
en tenant compte des deux facteurs temporel (année) et spatial (entre les pays).
Cette section met l’accent sur les différents types d’observations statistiques qui
constituent la base de la macroéconomie.

2.1. La valeur ajoutée (VA)

La valeur ajoutée est la richesse créée lors du processus de production. Autrement


dit, c’est le supplément de valeur donné par une entreprise par son activité de
production aux biens et services intermédiaires.

Elle se mesure par la différence entre le chiffre d’affaires réalisé par les entreprises
et la somme des consommations intermédiaires effectuées.

La valeur ajoutée (VA) = chiffre d’affaires (CA) – consommation


intermédiaire (CI)

VA = CA – CI
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2.2. Le produit intérieur brut (PIB)

Pour évaluer la capacité d’une économie à créer des richesses, les économistes
mesurent le Produit Intérieur Brut (PIB). Le PIB recense la richesse créée sur
une période donnée (généralement une année ou un trimestre) et un périmètre
géographique donné (pays ou région). Il peut être calculé par trois approches :

➢ l’approche par la production ;


➢ l’approche par les dépenses ;
➢ l’approche par les revenus.

La comptabilité nationale, qui est une représentation schématique et quantifiée


de l’activité économique et des comptes agrégés d’une nation, démontre que les trois
approches sont équivalentes. Autrement dit, quelle que soit l’approche utilisée, on
aboutit au même résultat suivant l’identité macroéconomique comptable :
Production = Dépenses = Revenus

EXEMPLE :

Supposons une économie simple dans laquelle un seul bien est produit par les
entreprises : des téléviseurs. Chaque année, les entreprises du pays produisent 2
millions de téléviseurs vendus à 1000FCFA l’unité. Le pays est peuplé de 2 millions
de ménages, qui ne consomment que des téléviseurs pour vivre. Parmi ces 2 millions
d’habitants, 1,5 millions sont des travailleurs employés au sein des entreprises du
pays (ils apportent le travail permettant de produire) et 0,5 millions sont
actionnaires des entreprises (ils apportent le capital permettant de produire).

La richesse créée dans cette petite économie (c’est-à-dire le PIB noté par la variable
Y) peut aussi bien se calculer par l’approche par la production, les revenus, ou encore
les dépenses.

1ère méthode : Approche par la production

Cette approche consiste à calculer la valeur marchande totale de la production


annuelle (calculée en multipliant le prix unitaire par la quantité produite) en
déduisant les intrants utilisés pour les produire, encore appelés les consommations
intermédiaires.

𝒀 = 𝑷𝑰𝑩 = ∑ 𝑽𝑨 = ∑ 𝑷 − 𝑪𝑰 = ∑ 𝒑 ∗ 𝒒 − 𝑪𝑰

Donc ici, Le PIB représente la somme des valeurs ajoutées (VA) réalisées
dans une économie par l’ensemble de ces agents économiques. Donc le
produit intérieur brut est défini par l’ensemble des valeurs ajoutées réalisées par
les ménages, les entreprises et les administrations publiques (État) :

PIB = VAménages +VAEses + VAEtat


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Dans notre exemple, les entreprises n’utilisent aucun intrant pour produire les
téléviseurs et n’ont donc pas de consommation intermédiaire. La valeur ajoutée
totale produite est égale à :

2 millions de téléviseurs×1000 FCFA = 2milliards FCFA

Ainsi, selon l’approche de la production, le PIB de notre petite économie est ainsi
égal à 2 milliards FCFA2.

2ème méthode : Approche par les dépenses

Encore appelée approche par la demande, elle consiste à calculer la somme des
dépenses réalisées par les agents économiques pour acquérir des biens et services.

Il s’agit clairement de la demande des agents économiques qui résident dans le


territoire national pour satisfaire des besoins de consommation (ménages C, des
administrations publiques G) ou des besoins d’investissement (entreprises et
administrations publiques 3 ). Elle peut aussi provenir des agents économiques
étrangers pour acquérir des biens nationaux (exportations X) auxquelles sont
soustraites les dépenses des agents économiques nationaux vers des biens étrangers
(importations M). Enfin, elle contient également les biens et services invendus par
les entreprises, qui sont considérés comme "achetés" par les entreprises. Ils sont
ainsi comptabilisés comme une dépense, sous le nom de variation de stock.

Y = PIB = Consommation finale des ménages

+ Dépenses en formation brute de capital fixe (investissement)

+ Dépenses publiques

+ Exportations−Importations

+ Variation des stocks

Donc Y = C + I + G + X −M

2
Il faut bien comprendre qu’il s’agit des biens et services finaux, signifiant que seul le produit final d’une chaîne
de production est pris en compte dans le calcul. Autrement dit, les consommations intermédiaires (nous avons
supposé qu’il n’y en avait pas dans notre exemple), qui sont des biens ou services utilisés dans le processus de
production, sont intégrés dans le prix final et non comptés séparément, afin d’éviter un double comptage ! Donc
si pour produire chaque téléviseur, les entreprises du pays avaient dû acheter 200 FCFA de plastique à d’autres
entreprises du pays, ces 200 FCFA ne doivent pas être comptés deux fois. Il ne faut donc pas additionner 200 FCFA
de plastique produits par l’entreprise de plastique et 1000 FCFA du téléviseur, puisque les 1000 FCFA du téléviseur
comprennent déjà les 200 FCFA de plastique utilisés dans le processus de production du téléviseur.
3
Dans ce cours, l’investissement effectué par les administrations publiques, principalement l’État, sera inclus dans
la variable G et non pas I. Ainsi, G désignera aussi bien les dépenses de consommation que les investissements de
l’État.
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Dans le cas de notre petite économie, supposons que 1,8 millions d’habitants
achètent un téléviseur chacun et qu’il n’y a ni exportation, ni importation. La valeur
des téléviseurs achetés par les ménages s’élève donc à :

1,8 million de téléviseurs×1000 FCFA = 1,8 milliard FCFA

Qu’en est-il des téléviseurs qui ne sont pas vendus ? Les invendus sont détenus par
les entreprises et entrent dans leurs stocks (ils sont considérés comme "achetés" par
les entreprises). La valeur des téléviseurs stockés s’élève donc à :

0,2 million de téléviseurs × 1000 FCFA = 0,2 milliard FCFA

De ce fait, les dépenses totales en téléviseurs s’élèvent à 1,8 + 0,2 = 2 milliards


FCFA.

Ainsi, selon l’approche par les dépenses, le PIB de notre petite économie est égal à
2 milliards FCFA.

Nous retrouvons bien l’égalité macroéconomique Production = Dépenses,


autrement dit Y =C+I+G+X −M.

3ème méthode : Approche par les revenus

Cette approche consiste à calculer la somme des revenus perçus par tous les agents
économiques ayant contribué à la création de richesse en mettant en œuvre les
facteurs de production nécessaires (capital et travail). La richesse produite et
vendue est en effet répartie entre la rémunération des travailleurs, la rémunération
des actionnaires ou autres propriétaires (profit) 4 , le paiement des impôts sur la
production (ex. les taxes sur les salaires) et sur les produits (ex. TVA) à l’État. Dans
le calcul, on retranche les subventions perçues par les entreprises.

Y = PIB = Rémunérations des salariés

+ Excédent Brut d’Exploitation (EBE) ou revenu mixte

+ Impôts sur la production et les produits

− Subventions

Dans le cas de notre petite économie, les entreprises ont généré 2 milliards FCFA
de richesses. Elles ne paient pas d’impôts et ne perçoivent pas de subventions.

4
Le profit est généralement associé à l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), qui correspond à la ressource
d’exploitation dégagée au cours d’une période par une entreprise, après avoir payé les salaires, les cotisations
sociales et les impôts sur la production. Dans le cas d’une entreprise individuelle, il s’agit du revenu mixte, qui
comprend à la fois le salaire et la rémunération du capital (dividende sur le profit)

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Supposons qu’elles versent un salaire de 800 FCFA à chaque salarié. Le total des
salaires versés (rémunération du travail) aux salariés est égal à :

1,5 million de ménages × 800 FCFA = 1,2 milliard FCFA

Le reste correspond à la rémunération du capital, qui est versé aux actionnaires :

2 milliards FCFA − 1,2 milliard FCFA = 0,8 milliard FCFA

Les revenus totaux versés aux agents économiques de notre petite économie
s’élèvent donc à

1,2 + 0,8 = 2 milliards FCFA.

Selon l’approche par les revenus, le PIB de notre petite économie est égal à 2
milliards FCFA.

Nous retrouvons bien l’égalité macroéconomique Production = Dépenses =


Revenus.

N.B. : L’exemple de la petite économie présentée ci-dessus est volontairement


simplifié. En réalité, les échanges sont souvent plus complexes, impliquant de
nombreux agents économiques : ménages, associations, entreprises,
administrations (État), sociétés financières (banques), reste du monde. Il est
possible de construire un schéma de flux circulaire plus sophistiqué, prenant en
compte tous ces échanges, mais les trois approches pour calculer le PIB restent
valables.

2.3. Le taux de croissance du PIB

Le taux de croissance entre deux dates est la variation exprimée en pourcentage de


la valeur de départ. Ainsi, le taux de croissance de la consommation entre deux
périodes (t et t-1) est :

𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 − 𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑖𝑛𝑖𝑡𝑖𝑎𝑙𝑒


𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 = 𝑥 100
𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑖𝑛𝑖𝑡𝑖𝑎𝑙𝑒
𝑷𝑰𝑩𝒕 − 𝑷𝑰𝑩𝒕−𝟏
𝑻𝒂𝒖𝒙 𝒅𝒆 𝒄𝒓𝒐𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆 𝒅𝒖 𝑷𝑰𝑩𝒕 = 𝒙 𝟏𝟎𝟎
𝑷𝑰𝑩𝒕−𝟏

2.4. Le coefficient de variation du PIB

Il est intéressant, et souvent utile, d’exprimer les variations d'une variable sous la
forme d’un coefficient multiplicateur entre deux dates. On l’appelle le coefficient
de variation. Ce dernier est égal au rapport entre la valeur finale et la valeur
initiale. Il se calcule comme suit :

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𝑽𝒂𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍𝒆 𝑷𝑰𝑩𝒕
𝑪𝒗𝒂𝒓 = =
𝑽𝒂𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒊𝒏𝒊𝒕𝒊𝒂𝒍𝒆 𝑷𝑰𝑩𝒕−𝟏

On en déduit que : 𝑻𝒂𝒖𝒙 𝒅𝒆 𝒄𝒓𝒐𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆 = (𝑪𝒗𝒂𝒓 − 𝟏)𝒙𝟏𝟎𝟎


𝑻𝒂𝒖𝒙 𝒅𝒆 𝒄𝒓𝒐𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆
et 𝑪𝒗𝒂𝒓 = 𝟏 + (
𝟏𝟎𝟎
)

Nota Bene : LES ERREURS À ÉVITER

o On ne peut additionner ou soustraire des pourcentages que s’ils sont calculés


par rapport au même total ;
o Les hausses et les baisses d’une même variable en pourcentage n’ont pas des
effets symétriques sur les valeurs absolues ;
o On ne cumule pas les taux de croissance par addition mais par multiplication
des coefficients de variation correspondants.

2.5. Le PIB nominal (PIB au prix courant)

Une série statistique nominale décrit la valeur monétaire de la variable étudiée,


mesurée avec les prix courants, autrement dit les prix en vigueur à la date
d’observation. Ainsi, les variables nominales sont généralement celles que l’on
observe directement ; par exemple le salaire nominal est simplement le montant
inscrit sur le bulletin de paye des salariés.

On parle donc de PIB nominal pour désigner les valeurs de tous les biens et
services qu’une économie donnée peut produire durant l’année en cours. On appelle
aussi le PIB à prix courants ou même de PIB en valeur dans la mesure où il
tient compte du niveau général des prix atteint à chaque période.

La valeur de la production est égale à la quantité produite (Q) multipliée par le prix
des biens (P) :

𝑃𝐼𝐵 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙𝑡 = ∑ 𝑄𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é𝑡 × 𝑃𝑟𝑖𝑥𝑡

Exemple : 𝑷𝑰𝑩𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕 𝒂𝒏𝒏é𝒆 𝟐𝟎𝟐𝟐 = 𝑸𝟐𝟎𝟐𝟐 × 𝑷𝟐𝟎𝟐𝟐

Par conséquent, l’évolution du PIB nominal dépend de l’évolution de la quantité


produite ou des prix ou des deux à la fois.

2.6. Le PIB réel (PIB au prix constant)

Le calcul du PIB réel s’effectue en se basant sur une année de base choisie au début
du calcul. On l’appelle aussi le PIB au prix constant dans la mesure où on
maintient les prix constants durant la période de calcul. La valeur du PIB réel varie

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seulement avec la variation des quantités. L’effet de la variation des prix n’est pas
pris en compte.

𝑃𝐼𝐵𝑡/0 = 𝑄𝑡 × 𝑃0

Exemple : En prenant l’année 2005 comme une année de base, le PIB réel de
l’année 2022 se calcule comme suit : PIB réel(2022/2005) = Q2022 x P2005.

On comprend ainsi que le PIB réel, ou encore PIB en volume, ou même de PIB à
prix constants mesure le PIB corrigé de l’effet de l’inflation (hausse généralisée
des prix). On peut donc écrire :

𝑷𝑰𝑩 𝒏𝒐𝒎𝒊𝒏𝒂𝒍
𝑷𝑰𝑩𝒓é𝒆𝒍 =
𝑰𝒏𝒅𝒊𝒄𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒓𝒊𝒙

Ce qui signifie que

𝑷𝑰𝑩 𝒏𝒐𝒎𝒊𝒏𝒂𝒍
𝑰𝒏𝒅𝒊𝒄𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒓𝒊𝒙 =
𝑷𝑰𝑩𝒓é𝒆𝒍

Remarque : Il faut bien noter que pour l’année de base l’agrégat nominal (aux prix
courant) est égal à l’agrégat réel (au prix constant).

2.7. Le produit national brut (PNB)

Le PNB est un agrégat qui mesure la richesse produite par un pays pendant une
année par l’ensemble des agents économiques qui en sont ressortissants, que ceux-
ci opèrent dans le pays ou à l’étranger.

Ceci signifie que contrairement au PIB qui mesure la richesse produite par
l’ensemble des résidents d’un territoire précis (nationaux et étrangers), le PNB est
calculé en fonction des ressortissants d’un pays, quel que soit leur lieu de résidence.

Le PIB repose sur le critère de la territorialité alors que le PNB repose sur le
critère de la nationalité.

PNB = PIB + Revenus des facteurs en provenance des ressortissants du


pays basés à l’étranger – Revenus issus des agents économiques étrangers
vivant dans le pays

2.8. Les limites du PIB et ses variantes

Bien qu’il soit l’indicateur le plus souvent utilisé pour évaluer la situation
économique des pays, le PIB est un indicateur imparfait pour plusieurs raisons :

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• il ne donne que des éléments quantitatifs qui ne sont pas toujours pertinents
pour analyser des niveaux de bien-être ;
• il ne tient pas compte de l'économie souterraine (production domestique,
activités illégales, secteur informel, etc.) ;
• il ne comptabilise pas les externalités de la croissance négatives (par exemple
la pollution) et positives (par exemple la formation) ;
• il ne prend pas en compte les différences de conditions de production entre les
pays. Or deux pays peuvent avoir un niveau de confort équivalent mais avec
les PIB différents ;
• enfin, la comparaison des niveaux de PIB ne permet pas de comparer les
niveaux de satisfaction puisque cette notion est subjective et diffère selon les
pays, les culture ou encore les régions.

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CHAPITRE 2 : PRINCIPAUX OBJECTIFS MACROÉCONOMIQUES

L’un des défis majeurs auquel la plupart des pouvoirs publics (gouvernement,
collectivités locales, banques centrales, etc.) sont confrontés est celui de la recherche
du bien-être économique et social de la nation lorsque l’environnement change à la
suite des chocs divers (crises économiques, crises sanitaires, conflits armés, etc.). Ils
se fixent donc des objectifs traduisant des jugements de valeur sur le niveau
souhaitable de certaines variables pour garantir l’intérêt général : ce sont les
objectifs macroéconomiques. Ces objectifs sont conçus pour éclairer les
décideurs, grâce à l’analyse macroéconomique, dans la compréhension du
fonctionnement et la prévision de l’évolution de l’économie. De ce fait, la
macroéconomie constitue un outil essentiel de compréhension des choix de
politique économique qui, selon l’économiste français Xavier Greffe, « désigne
un ensemble de décisions cohérentes prises par les pouvoirs publics, et visant à l’aide
de divers instruments ou moyens, à atteindre des objectifs fixés relatifs à la
situation économique d’un pays ». Par conséquent, les objectifs macroéconomiques
sont en réalité des objectifs de politique économique.

Les objectifs de politique économique sont nombreux mais en 1971, l’économiste


britannique Nicholas KALDOR les résume par quatre objectifs qui sont : la
croissance économique, le taux du chômage faible, la stabilité des prix ainsi que
l’équilibre des comptes extérieurs. C’est ce que les économistes appellent le carré
magique de KALDOR.

Figure 2.1 : Le carré magique de KALDOR

Dans le carré magique, la croissance économique est mesurée par la variation


en pourcentage du PIB réel ; le plein emploi par le taux de chômage ; la stabilité

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des prix mesurée par le taux d’inflation ; l’équilibre extérieur par le solde de la
balance des transactions courantes. En fait, le carré est qualifié de magique parce
que l’expérience montre qu’il est difficile d’atteindre tous les quatre objectifs à la fois
et de donner une forme homogène et régulière au carré5.

D’autres cibles peuvent être poursuivies par les autorités publiques comme : la
distribution équitable des revenus, la soutenabilité des finances publiques, la
stabilité financière ou encore la protection de l’environnement. Néanmoins, dans le
cadre de ce chapitre, nous mettons l’accent uniquement sur les quatre objectifs du
carré magique de Nicholas KALDOR, car ce sont eux qui sont retenus comme
objectifs finals de la politique économique conjoncturel (c’est-à-dire de court terme).

1. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
1.1. Définition de la croissance économique

La croissance économique est un phénomène de long terme que François Perroux


définit comme l’augmentation sur une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur
de dimension de l’activité économique globale d’un pays (généralement le PIB réel).

La croissance économique est un phénomène relativement récent. Elle prend


naissance avec l’apparition de la révolution agricole des XVIème et XVIIème siècles,
en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. C’est la première fois que des pays voient le
volume global de leur production augmenter plus vite que leur population, et de
manière soutenue, sur une longue période de temps. Mais elle connait surtout une
formidable accélération avec l’émergence de la révolution industrielle de la fin
du XVIIIème siècle et qui produit ses premiers effets en Grande Bretagne avant de
se diffuser dans tout le continent européen et en Amérique.

1.2. Les indicateurs de la croissance économique


L'indicateur le plus utilisé pour mesurer la croissance économique est le taux de
croissance annuel moyen du PNB ou du PIB (présentés dans le Chapitre 1). On
utilise également, surtout dans le long terme, le PIB par habitant ou PNB par
habitant. En effet, il y a croissance à long terme si les quantités produites
augmentent fortement, c'est-à-dire plus fortement que la population pour permettre
l'augmentation du niveau de vie. C'est d'ailleurs pour cela que cet indicateur est
essentiellement utilisé pour mesurer le niveau de vie d'une population.

Il convient de faire une distinction entre le phénomène de croissance économique


qui renvoie à une augmentation durable et cumulative du PIB dans le temps, et le
taux de croissance économique qui désigne la variation en pourcentage du PIB entre

5
En réalité, le carré de KALDOR n’a presque jamais la forme d’un carré, il est plutôt déformé sous l’aspect d’un
losange. Sa déformation dans une direction particulière fournit une indication sur la capacité des pouvoirs publics
à atteindre un objectif donné.
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deux périodes. Si on désigne par g le taux de croissance du PIB, alors on peut
écrire :
PIBt − PIBt − 1
g=  100
PIBt − 1
- Lorsque g  0 le taux de croissance est positif et cela signifie qu’il y a une
expansion de l’activité économique entre l’année t et l’année t − 1 . Toutefois,
si cette expansion n’est observée que sur une seule année on ne dira pas que
l’économie est dans une phase en croissance. Pour qu’il y ait croissance,
l’expansion doit être observée sur plusieurs périodes.
- Lorsque g  0 cela signifie qu’il y a une contraction de l’activité économique
entre l’année t et l’année t − 1 . Mais si cette contraction n’est observée que
sur une seule période, cela ne suffit pas pour qu’on dise que l’économie est
entrée en récession. Pour qu’on parle de récession, la contraction de l’activité
doit être observée sur quelques périodes au moins. Aux Etats-Unis par
exemple, la récession est constatée après deux trimestres de baisse
consécutive du PIB réel.

1.3. Les sources de la croissance économique


La croissance économique prend sa source de la mobilisation et de l'efficacité avec
laquelle sont combinés les facteurs de production que sont : le travail et le
capital. Il existe généralement plusieurs combinaisons possibles de ces facteurs :

▪ On parle de croissance extensive lorsque la croissance provient d'une


utilisation d'une plus grande quantité de facteurs de production (capital et
travail) ;
▪ Et de croissance intensive quand la croissance résulte d'une hausse de la
productivité de ces facteurs. Elle correspond à une utilisation plus efficace
des facteurs de production.
À ces deux facteurs de production principaux, on rajoute un troisième qui est le
progrès technique. Ce sont les trois grands leviers de la croissance (ou sources de
la croissance).
1.3.1. Le rôle du facteur travail dans la croissance économique

La contribution et l'efficacité du facteur travail sont fonction de sa quantité et de sa


qualité.

La quantité de travail disponible dépend du volume de la population active et de


la durée du travail. La population active est constituée par l’ensemble des
individus exerçant ou déclarant chercher à exercer une activité rémunérée. Elle est
fonction des variables démographiques (taux de natalité, pyramide des âges…).

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La qualité du travail dépend du niveau de qualification des travailleurs et de la
productivité du travail. Le niveau de qualification, la formation et l'allongement
de la durée des études contribuent à améliorer la qualité du travail. La productivité
du travail est le rapport entre les quantités produites et la quantité de travail
utilisée.

1.3.2. Le rôle du facteur capital dans la croissance économique

On distingue plusieurs types de capitaux :

• Le capital physique qui désigne l'ensemble des moyens de production


utilisés pour produire des biens et des services. Il comprend le capital fixe
(brevets, immeubles, machines…) et le capital circulant (stock de matières,
de produits finis…).
• Le capital financier qui désigne la valeur des capitaux propres d'une
entreprise. Il permet de financer en partie le capital technique.
Tout comme pour le travail, la contribution et l'efficacité du facteur capital dans la
croissance économique sont fonction de sa quantité et de sa qualité.

L'accroissement de la quantité du capital provient de l'investissement matériel


(biens durables) et immatériel (recherche, formation…) destiné à augmenter les
capacités de production. Il résulte de la mobilisation de l'épargne intérieure et des
capitaux venant de l'étranger (les investissements directs étrangers).

La qualité du capital est mesurée par la productivité du capital, c'est-à-dire


par le rapport entre la valeur ajoutée et le stock de capital fixe.

L’accumulation du capital a un impact fondamental sur la croissance économique


car elle permet à chaque travailleur d’être plus efficace, plus productif et plus
performant.

1.3.3. Le rôle du progrès technique dans la croissance économique

Lorsque l'on additionne le taux de croissance du travail et celui du capital, on


n'explique qu'une partie du taux de croissance, le résidu est appelé progrès
technique (l'économiste Robert SOLOW le nomme croissance résiduelle). Le
progrès technique permet d'améliorer la productivité de la combinaison des facteurs
de production. C'est un facteur d'accélération de la croissance économique. Les
innovations permettent de produire plus sans utiliser plus de travail ou de capital :
on dit alors que le progrès technique est source de gains de productivité.

Selon l’économiste autrichien Joseph SCHUMPETER, le progrès technique


provient des innovations mises en œuvre par les entrepreneurs et qui se traduisent
par :

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o La mise au point de produits nouveaux ;
o La mise en œuvre de nouveaux procédés de fabrication ;
o La mise en place de nouvelles méthodes d'organisation ;
o Le développement de nouveaux marchés.
À la suite des innovations majeures, un certain nombre d'entreprises disparaissent
au profit de celles qui ont innové et un certain nombre de secteurs entrent en
expansion tandis que d'autres secteurs connaissent le déclin : c'est ce que
SCHUMPETER appelle la "destruction créatrice". Par exemple, l'invention puis
la diffusion des téléphones portables qui a provoqué la disparition des cabines
téléphoniques publiques.

Dans les années 1980, les nouvelles théories de la croissance considèrent le progrès
technique comme le résultat de quatre types d'investissements :

✓ L'investissement en capital physique qui accroît la productivité des


autres firmes par un effet d'apprentissage (Romer, 1986) ;
✓ L'investissement en recherche et développement qui accroît le stock
de connaissances et permet des innovations cumulatives (Romer, 1987) ;
✓ L'investissement en capital humain : en donnant la priorité à
l'éducation, la formation, la santé, on améliore la qualité du travail (Lucas,
1988) ;
✓ L'investissement en infrastructures qui améliore le rendement de
l'investissement privé en capital physique (Barro, 1990).
À travers ces quatre types d'investissements, la croissance n’est plus exogène
(comme le pensait SOLOW), elle est endogène (c’est-à-dire générée par l'activité
économique elle-même). Ils permettent de générer des externalités positives pour
l'ensemble de l'économie, enclenchant ainsi une spirale d'amélioration des
connaissances et des techniques favorables à la croissance économique. La hausse
du PIB engendre en effet une augmentation des revenus qui permet des
investissements supplémentaires, sources de progrès technique et donc de
croissance future. La croissance est donc un phénomène cumulatif : la
croissance entraîne la croissance.

1.3.4. Le rôle des institutions

Si la croissance économique a des causes essentiellement économiques, elle est


également favorisée par des critères institutionnels. Pour qu'un pays produise
davantage, il est important qu'existe un contexte institutionnel, politique et social
propice. Les pouvoirs publics doivent garantir que des institutions encadrent le
fonctionnement des marchés et de l’activité économique. Les institutions
représentent des ensembles de normes ou de conventions qui encadrent les relations
entre agents économiques.

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Un cadre légal fiable permet en effet d'encourager et de faciliter les échanges
marchands : le respect des obligations contractuelles et des droits de propriété
incite en effet à investir et à innover. Les droits de propriété ont une place
essentielle au sein des institutions économiques, puisqu’ils garantissent au
détenteur d’un bien (ou d’une innovation par la possession d’un brevet) de pouvoir
utiliser ce bien, d’en percevoir un revenu, de le transformer, de le vendre ou de le
donner, dans la limite du cadre de la loi. Les droits de propriété sont favorables à
l’investissement et à l’innovation, puisqu’ils incitent les agents économiques à
rechercher leur profit personnel en garantissant qu’il ne pourra leur être retiré.
C’est cette incitation à l’investissement qui entraîne l’apparition d’innovations,
sources de progrès technique et de croissance économique.

2. LE PLEIN-EMPLOI

Le plein emploi correspond à un niveau minimal et acceptable de chômage, c’est à


dire une situation dans laquelle toute la main d’œuvre disponible est
utilisée de la manière la plus efficiente possible pour produire les biens et
services. Dans la plupart des pays, l’expérience démontre qu’il n’est pas possible
que tous les travailleurs aient en tout temps un emploi. Ce que les pouvoirs publics
recherchent, c’est de rapprocher le plus possible l’économie du plein-emploi et non
de l’atteindre.

2.1. Le chômage et le taux de chômage

Au sens du Bureau International du Travail (BIT), le chômage désigne la


situation d’un individu en âge de travailler, disposé à travailler, et qui
recherche activement un emploi pendant un certain temps sans en
trouver.

Ainsi, pour qu’une personne soit classée comme chômeur au sens du BIT, les trois
conditions doivent être remplies :

- L’absence d’un emploi salarié ou non salarié pendant un période de référence ;


- Le comportement de recherche d’emploi : inscription dans une agence de
promotion de l’emploi, réponses à des offres d’emploi, etc. ;
- La disponibilité à accepter un emploi.

Les statistiques sur le chômage donnent un signal sur la capacité des travailleurs
d’un pays à obtenir rapidement un emploi rémunéré pour qu’ils puissent contribuer
à l’effort de production de la nation. Par conséquent, un niveau élevé de chômage
signifie que la production économique est plus faible que ce qu’elle aurait dû être.
C’est pourquoi le niveau et la durée du chômage sont généralement utilisés comme
des indicateurs de la santé macroéconomique des pays.

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Le taux de chômage (u ) est défini comme le pourcentage de la population
active qui est au chômage ou qui n’a pas d’emploi. Au Cameroun, le taux de
chômage est mesuré par l’Institut National de la Statistique (INS) qui collecte à des
intervalles de temps bien précis, des données sur différents éléments du marché du
travail à partir d’un échantillon d’individus âgés de plus de 15 ans. En fonction des
réponses données, les individus sont classés en trois catégories :

- Les employés : cette catégorie inclut les personnes qui au cours de la période de
référence (généralement les semaines ayant précédé l’enquête), étaient des
employés salariés, travaillaient pour leur propre compte, ou travaillaient comme
des employés non-salariés dans une entreprise familiale. On inclut aussi dans
cette catégorie les personnes qui ne travaillaient pas, mais qui disposait d’un
emploi pour lequel elles étaient temporairement absentes pour cause par exemple
de vacance, de maladie ou de mauvais temps.
- Les chômeurs : ce sont les personnes qui n’étaient pas employées pendant
l’enquête, qui étaient disposées à travailler, et qui avaient essayé de trouver un
emploi pendant les semaines ayant précédé l’enquête. Sont également inclus dans
cette catégorie les personnes attendant d’être rappelés pour un emploi auquel
elles avaient été préalablement licenciées.
- Les non actifs : il s’agit des personnes n’appartenant pas à la population active,
c'est-à-dire les personnes n’étant pas comptées dans les deux premières catégories
telles que les élèves et étudiants en plein temps, les retraités, les invalides, etc.

Nombre de chômeurs
Taux de chômage =  100
Population active

Population active=nombre de personnes employées+nombre de chômeurs

2.2. Les différentes formes de chômage

Le chômage structurel : C’est la forme de chômage qui survient parce que le


nombre de postes d’emplois disponibles sur le marché du travail est
structurellement insuffisant par rapport à la demande. Autrement dit c’est une
catégorie de chômage qui résulte de l'inadéquation entre les emplois disponibles sur
le marché de travail et les compétences des travailleurs disponibles sur ce marché.

Le chômage conjoncturel ou chômage cyclique : C’est un chômage qui est dû


aux différentes phases du cycle de l’activité économique. Il augmente pendant la
phase de récession du cycle et baisse pendant la phase d’expansion économique.

Le chômage frictionnel : C’est un type de chômage qui survient lorsque les


individus qui ont quitté un emploi ou qui ont été licenciés recherchent un nouvel

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emploi ou passent d’un emploi à l’autre. Il s’agit du temps qui doit s’écouler pour
que ceux-ci trouvent un nouvel emploi qui correspond au mieux à leur profil.

Le chômage volontaire : est une situation dans laquelle les chômeurs ne


souhaitent pas intégrer le marché du travail à cause d’un niveau de salaire trop
faible proposé par les employeurs. Chaque individu accepte de travailler à partir
d’un certain niveau de salaire appelé salaire de réserve (ou salaire de
réservation). Si aucune offre d’emploi ne propose ce salaire, alors l’individu préfère
rester volontairement chômeur.

Le chômage involontaire : représente le cas où les chômeurs sont disposés à


travailler au salaire en vigueur dans le marché du travail mais ne parviennent pas
à trouver d’emploi.

Le chômage naturel : est souvent défini comme un niveau inévitable de chômage


qui existe dans une économie quelles que soient les mesures prises par les autorités.
Il est dû aux changements technologiques, au temps que doivent passer les
travailleurs pour changer d’emploi, aux asymétries d’information sur les postes
vacants et les emplois disponibles, et aux coûts de transaction élevés par exemple
les coûts liés à la mobilité des travailleurs. Le taux de chômage naturel englobe donc
le chômage frictionnel et le chômage structurel.

3. LA STABILITÉ DES PRIX

La stabilité des prix désigne une situation où l’inflation est faible et stable dans
le temps.

3.1. Définition de l’inflation


L’inflation désigne un processus de hausse continue du niveau général des prix
dans une économie donnée. La déflation, quant à elle, est l’inverse de l’inflation,
et désigne une baisse continue du niveau général des prix. Le taux d’inflation
désigne donc le taux d’accroissement du niveau général des prix des biens et services
entre deux périodes de temps. La déflation signifie donc que le taux d’inflation est
négatif.

3.2. Mesure de l’inflation


Comme les autres variables macroéconomiques, l’inflation est calculée sur une base
annuelle en se référant aux mouvements d’un indice de mesure du niveau général
des prix. Les économistes utilisent généralement l’Indice des Prix à la
Consommation (IPC) qui est calculé sur la base d’un panier de biens de
consommation qu’un ménage typique achète (appelé « panier de la ménagère »). On
se base sur un panier de référence fixe incorporant les catégories de biens suivantes :
le logement, la nourriture et les boissons, le transport, les soins médicaux, les
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divertissements, l’éducation et la communication, l’habillement, et autres. En
considérant les différents biens du panier de référence, l’IPC est calculé comme suit :

IPC =
 pi q0
 p0 q0
Où pi désigne les prix courants ; p0 les prix de l’année de base ; et q0 le panier fixe
de référence. Si l’indice des prix est de 120 pour l’année 2018 et 135 pour l’année
2019, alors le taux d’inflation se calcule de la manière suivante :

((135 - 120) 120)  100 = 12,5% .


Si en 2020 l’indice des prix passe à 148,5, bien que le niveau des prix ait augmenté,
le taux d’inflation va quant à lui baisser pour se situer à 10% car :

((148,5 - 135) 135)  100 = 10%


4. L’ÉQUILIBRE EXTÉRIEUR

Aucun pays ne vit en vase clos, et chaque économie interagit avec d’autres économies
à travers le monde. C’est pourquoi on parle d’économie ouverte. Lorsque
l’économie est ouverte, les choix des consommateurs ne sont plus restreints aux
produits fabriqués sur le territoire national, tandis que les débouchés des
producteurs ne sont plus confinés aux marchés nationaux. Les transactions
économiques qu’un pays entretien avec le reste du monde conditionne l’équilibre
extérieur.

4.1. Définition de l’équilibre extérieur


L’équilibre extérieur désigne une situation dans laquelle le solde du commerce
extérieur entre un pays et le reste du monde est positif. Le solde du commerce
extérieur désigne la différence entre la valeur des exportations de biens et services
et celle des importations de biens et services. En d’autres termes, l’équilibre
extérieur désigne une situation où la valeur des exportations de biens et services est
égale à celle des importations de biens et services.

4.2. Présentation de la balance des paiements


La balance des paiements est un document comptable qui enregistre l’ensemble
des transactions entre les résidents d’un pays et les résidents du reste du monde
pendant une période de temps donnée (généralement l’année). Ces transactions
prennent la forme soit de commerce de biens et services (transactions réelles), soit
de commerce de capitaux. Les transactions sur les biens et services sont enregistrées
dans un compte appelé compte des transactions ou des opérations courantes,
et les transactions sur les capitaux sont enregistrées dans le compte de capital.

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4.2.1. Le compte des opérations courantes

Le compte des opérations courantes a deux principales composantes : la balance


commerciale qui enregistre les transactions sur le commerce visible (biens ou
marchandises), et la balance des invisibles qui enregistre les transactions sur le
commerce invisible (services, revenus tirés des investissements, transferts
courants)). Toutes les transactions donnant lieu à une entrée de monnaie sur le
territoire national sont enregistrées avec un signe positif (c’est le cas des
exportations) et toutes les transactions donnant lieu à une sortie de monnaie sont
enregistrées avec un signe négatif. Ainsi, le coût que supporte un tchadien venu
passer ses vacances à Kribi est enregistré dans la balance des invisibles comme une
exportation de service parce qu’il s’agit d’une entrée de monnaie sur le territoire
national. Par contre le coût de transport maritime d’une voiture qu’un camerounais
a achetée en France est enregistré dans la balance des invisibles comme une
importation de service parce qu’elle donne lieu à une sortie de monnaie du territoire
national.

Son solde noté (BOC ) est appelé solde des transactions ou solde des opérations
courantes et est égal à la différence entre les exportations et les importations de
biens et de services (NX ) , plus les transferts courants nets (NT ) .

BOC = 
X−
M + NT = NX + NT
NX

Ce qu’on appelle donc communément balance commerciale n’est qu’un sous


compte de la balance des transactions courantes dans lequel on enregistre
uniquement les transactions sur les biens ou marchandises (biens palpables ou
visibles). C’est pourquoi on définit la balance commerciale comme la différence entre
les exportations et les importations de marchandises. Mais pour des besoins de
simplifications, on assimile souvent la balance des transactions courantes à la
balance commerciale.

- Lorsque le solde de la balance des transactions courantes d’un pays est positif,
cela veut dire que soit les résidents de ce pays accroissent leur propriété sur
les actifs étrangers, soit ils diminuent leur endettement vis-à-vis de
l’étranger.
- Par contre, lorsque le solde de la balance des transactions courantes d’un pays
est négatif, cela veut dire que soit les résidents de ce pays accroissent leur
endettement vis-à-vis de l’étranger, soit ils vendent les actifs qu’ils détiennent
à l’étranger.

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4.2.2. Le compte de capital et des opérations financières

Le compte de capital enregistre les transactions portant sur les investissements,


les opérations de prêt et d’emprunt du secteur bancaire et d’autres acteurs non
bancaires du secteur privé, les opérations de prêt et d’emprunt du gouvernement et
des collectivités locales. Les opérations d’investissements concernent à la fois les
investissements directs étrangers (achat et vente d’entreprises à l’étranger) et
les investissements de portefeuille (achat et vente de parts de capital). Lorsque
les résidents d’un pays accroissent leurs stocks d’investissements directs étrangers
et de portefeuille, cela s’enregistre avec un signe négatif parce que ces opérations
entrainent une sortie de monnaie du territoire national. Par contre une baisse de
ces investissements est enregistrée par un signe négatif parce qu’elle indique une
entré de monnaie. Parce qu’elle entraine une entrée de monnaie sur le territoire, les
opérations d’emprunt sont enregistrées avec un signe positif, tandis que les flux de
prêt sont enregistrés avec un signe négatif

4.2.3. La balance globale ou balance des règlements officiels

Elle s’obtient en additionnant la balance des transactions courantes et le balance


des capitaux. On l’appelle également balance des règlements officiels. C’est un
enregistrement de la différence entre la demande et l’offre de la monnaie nationale
par les marchands et les investisseurs sur le marché international des changes
pendant une période de temps. Il s’agit des interventions cumulatives de la banque
centrale sur le marché international des changes pour vendre et acheter la monnaie
nationale.

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CHAPITRE 3 : LA FONCTION DE CONSOMMATION

La consommation constitue la composante essentielle de la demande globale. Il ne


s’agit pas de la consommation intermédiaire effectuée par les entreprises, mais de
la consommation finale des ménages et des administrations publiques en matière
des biens et des services. Dans notre chapitre, la consommation effectuée par les
administrations publiques est supposée exogène (constante). Ne sera donc étudiée
que la consommation des ménages. Le volume des dépenses effectuées par les
ménages est exprimé selon leur fonction de consommation. Ceci signifie que le
niveau des dépenses des ménages dépend d’un ensemble de facteurs explicatifs tels
que le revenu, le niveau des crédits, le taux d’intérêt sur le marché etc.

Dans ce chapitre nous présenterons la théorie Keynésienne qui constitue le


fondement de la théorie macroéconomique de la consommation. Par la suite, nous
présenterons les théories alternatives de la fonction de consommation.

I. LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNÉSIENNE

La fonction de consommation a été présentée pour la première fois par l’économiste


britannique John Maynard KEYNES dans son célèbre ouvrage publié en 1936 qui
a fait de lui le père de la macroéconomie : Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt
et de la monnaie. L’idée fondamentale développée par KEYNES est que le revenu
disponible d’un ménage durant une période donnée influence son niveau
de consommation durant la même période.

1.1. Présentation des notions de base

Selon KEYNES, la consommation des ménages est expliquée en grande


partie par le niveau de revenu disponible courant (noté Yd). Le revenu
disponible est défini comme le revenu (Y) dont le ménage dispose après déduction
des impôts et des charges sociales (T).

Le revenu disponible est noté Yd = Y – T.

Le revenu disponible est consacré à la consommation du ménage (C) et à l’épargne


(S) :

𝒀𝒅 = 𝑪 + 𝑺

L’épargne est donc la part du revenu non destinée à la consommation, donc :

𝑺 = 𝒀𝒅 − 𝑪

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1.1.1. Définition des propensions moyennes à consommer et à épargner

La propension moyenne à consommer, notée PMC, est le rapport entre la


consommation et le revenu disponible. Elle est calculée comme suit :

𝑪
𝑷𝑴𝑪 =
𝒀𝒅

Elle représente la part du revenu disponible destinée immédiatement à la


consommation.

La propension moyenne à épargner, notée PMS, est le rapport entre l’épargne


et le revenu disponible. Elle est calculée comme suit :

𝑺
𝑷𝑴𝑺 =
𝒀𝒅

Elle représente la part du revenu disponible consacrée à l’épargne.

La somme des deux propensions moyennes à consommer et à épargner est égale à


1:

PMC + PMS = 1

1.1.2. Définition des propensions marginales à consommer et à


épargner

La propension marginale à consommer, notée PmC, est le rapport entre la


variation des dépenses de consommation et la variation du revenu disponible Yd.
Elle est calculée comme suit :

∆𝑪
𝑷𝒎𝑪 =
∆𝒀𝒅

Cette propension mesure la variation de la consommation des ménages suite à la


variation du revenu Yd.

La propension marginale à épargner, notée PmS, est le rapport entre la


variation de l’épargne et la variation du revenu disponible Yd. On note :

∆𝑺
𝑷𝒎𝑺 =
∆𝒀𝒅

Il est à noter que la somme des deux propensions marginales à consommer et à


épargner est égale à 1 :

PmC + PmS = 1.

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La théorie Keynésienne est fondée sur la loi psychologique de Keynes qui évoque
l’idée de base relative à la relation entre l’accroissement du revenu et
l’accroissement de la consommation.

Selon KEYNES : « En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent


à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît mais non
d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu ». Autrement dit,
lorsque leurs revenus augmentent, les individus sont incités à augmenter leurs
dépenses de consommation, mais pas dans les mêmes proportions. En d’autres
termes, l’augmentation de la consommation reste toujours inférieure à celle de
revenu.

∆𝒀𝒅 > 𝟎 → ∆𝑪 > 𝟎 𝑎𝑣𝑒𝑐 ∆𝐶 < ∆𝑌𝑑

→ 0 < ∆𝐶 < ∆𝑌𝑑

0 ∆𝐶 ∆𝑌𝑑
→ < <
𝑌𝑑 𝑌𝑑 𝑌𝑑

Donc 𝟎 < 𝑷𝒎𝑪 < 𝟏

1.2. Illustration et formulation de la consommation Keynésienne

Une représentation simple de la fonction de consommation keynésienne est de


l’écrire sous la forme suivante :

𝑪𝒕 = 𝑪𝟎 + 𝒄𝒀𝒅𝒕

On note que c est la propension marginale à consommer (PmC) comprise entre 0 et


1. Elle représente la pente de la fonction de consommation. La pente dans ce
cas est le rapport de la variation de la variable dépendante (C) sur la variation
correspondante de la variable indépendante (Yd).

C0 est appelée la consommation incompressible ou la consommation


autonome c’est-à-dire la consommation qui ne dépend pas du revenu.

C0 et c sont toutes les deux constantes, elles ne varient donc pas.

À partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne.


En effet, la partie du revenu disponible qui n’est pas consacrée à la consommation
sera épargnée (l’épargne est la partie non consommée du revenu). La fonction
d’épargne est donc :

𝑺 = 𝒀𝒅 − 𝑪𝒕

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𝑆 = 𝑌𝑑 − (𝑪𝟎 + 𝒄𝒀𝒅𝒕 )

𝑆 = 𝑌𝑑 − 𝑪𝟎 − 𝒄𝒀𝒅𝒕

𝑆 = −𝑪𝟎 + 𝑌𝑑 − 𝒄𝒀𝒅𝒕

𝑆 = −𝑪𝟎 + (𝟏 − 𝒄) 𝑌𝑑

𝑆 = −𝑪𝟎 + 𝒔 𝑌𝑑

où S est l’épargne des ménages et s = 1-c est la propension marginale à épargner.

1.3. Propriétés de la fonction de la consommation Keynésienne

Selon Keynes, la fonction de consommation doit vérifier les propriétés suivantes :

a) La consommation ne dépend que du revenu disponible Yd.

b) Il s’agit d’une fonction croissante du revenu disponible Yd, donc toute


augmentation du revenu Yd entraine une augmentation de la consommation des
ménages.

c) 𝑷𝒎𝑺 + 𝑷𝒎𝑪 = 𝟏 𝑐𝑎𝑟 𝑃𝑚𝐶 + 𝑃𝑚𝑆 = 𝑐 + 𝑠 = 𝑐 + (1 − 𝑐) = 1


𝐶 −𝐶0
d) 𝑷𝑴𝑺 + 𝑷𝑴𝑪 = 𝟏 𝑐𝑎𝑟 𝑃𝑀𝐶 + 𝑃𝑀𝑆 = 𝑌0 + 𝑐 + ( ) + 𝑠 = 𝑐 + 𝑠 = 𝑐 + (1 − 𝑐) = 1
𝑑 𝑌𝑑

e) 0 < 𝑃𝑚𝐶 < 1


𝐶
f) La PMC diminue quand Yd augmente car 𝑃𝑀𝐶 = 𝑌0 + 𝑐
𝑑

𝐶 𝐶0 +𝑐𝑌𝑑 𝐶 𝐶
g) La PMC est supérieure à la PmC 𝑐𝑎𝑟 𝑃𝑀𝐶 = 𝑌 = = 𝑌0 + 𝑐 = 𝑌0 + 𝑃𝑚𝐶
𝑑 𝑌𝑑 𝑑 𝑑

𝐶0
𝑎𝑖𝑛𝑠𝑖 𝑃𝑀𝐶 = + 𝑃𝑚𝐶 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑷𝑴𝑪 > 𝑷𝒎𝑪
𝑌𝑑

h) La PMC décroît de ∞ à c, c’est-à-dire que pour les revenus disponibles très


élevés, la PMC tend vers la PmC.

1.4. Illustration graphique

La fonction de consommation est représentée graphiquement comme suit :

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Figure 3.1 : Présentation de la fonction de consommation Keynésienne

Graphiquement, l’épargne est mesurée par l’écart entre la droite de consommation


et la première bissectrice (Yd = C) : S=0. (Yd = C + S ; si S = 0 donc Yd = C).

L’épargne peut être négative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il


existe un niveau de Yd = Yd* pour le quel S=0 (tout le revenu est consommé, donc
l’épargne est nulle).

Yd* est le seuil d’épargne. Yd* correspond à la valeur de Yd quand Yd = C ou S =


0

Le seuil d’épargne Yd* est tel que C = Yd ⇔ C0 + cYd = Yd ⇔ Yd (1-c) = C0 ⇔


𝐶
Yd*=1+𝑐
0

- Pour Yd > Yd*, donc C < Yd donc S > 0.

- Pour Yd < Yd*, donc C > Yd et S < 0 : dans ce cas il y a une désépargne et le
consommateur peut recourir à l’épargne antérieure pour combler l’insuffisance de
Yd (dans ce cas la PMC peut être supérieure à 1).

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EXERCICE D’APPLICATION

Les données suivantes sont relatives à une fonction de consommation keynésienne :

Yd C PmC PMC PmS S


800 200
650 250
0,7 300
1100

a) Compléter le tableau ci-dessus en mettant en évidence les formules utilisées.

b) Donner la signification de la PmC trouvée.

c) Quelles sont les propriétés posées par Keynes ? Sont-elles vérifiées ?

d) Déterminer la fonction de consommation de cette économie. Que représente Co ?

e) Tracer sur un même graphique la droite de consommation et celle d’épargne.


Mettez en évidence le seuil d’épargne.

II. CRITIQUES DU MODÈLE KEYNÉSIEN ET REFORMULATIONS


POST-KEYNÉSIENNES DE LA FONCTION DE CONSOMMATION

Le modèle keynésien de la fonction de consommation a été critiqué non seulement


du point de vue de son application empirique mais surtout du fait des hypothèses
d’origine sur lesquelles il se fonde. C’est ainsi que des tentatives de modèles
théoriques alternatifs vont être proposés par divers auteurs.

2.1. Critiques et amélioration de la fonction de consommation


Keynésienne

Selon KEYNES, en général, le consommateur tend à augmenter sa consommation,


quand son revenu disponible courant augmente, cette hausse de la consommation
est inférieure à celle du revenu courant. On peut en conclure que la partie moyenne
consommée du revenu disponible (appelée propension moyenne à consommer
PMC) diminue quand on grimpe dans l’échelle sociale des revenus, puisque les
riches consacrent la majorité de l’augmentation de leurs revenus à l’épargne, qui est
considérée par KEYNES comme un résidu c’est-à-dire un luxe. On comprend donc
que l’analyse Keynésienne suppose que la PMC est donc élevée pour les catégories
sociales dont les revenus sont faibles, étant plus démunis, les ménages consacrent
presque la totalité de leurs revenus additionnels à la consommation. Le même
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raisonnement peut s’appliquer aussi sur l’ensemble d’un pays, la PMC est plus
importante dans les pays à revenus bas que dans ceux a revenus élevés.

Les critiques à l’approche Keynésienne surviennent en premier, d’un économiste


Américain, Simon KUZNETS, qui, suite à des travaux statistiques en 1946, il
démontre qu’à long terme la consommation augmente au même rythme que le
revenu. Pour Kuznets, la loi psychologique de Keynes ne serait valide qu’à court
terme. En effet, les enquêtes sur les budgets des ménages ont montré que la PmC a
diminué quand le revenu disponible courant a augmenté et que sur une longue
période, la PMC n’a pas diminué malgré l’augmentation du niveau de vie. Selon
KUZNETS cela est probablement dû à l’urbanisation et à la découverte sur le
marché, de nouveaux produits par les consommateurs.

La deuxième contestation à Keynes est aussi statistique et faite par James


DUESENBERRY en 1949, selon laquelle, lorsque le revenu diminue, les
consommateurs cherchent au minimum dans un premier temps, à maintenir leurs
niveaux de consommation et non à le réduire comme prétend Keynes. Pour cela et
afin d’expliquer le comportement de consommation d’un ménage, DUESENBERRY
propose de retenir le revenu relatif plutôt que le revenu courant.

En 1952, Thomas BROWN propose, quant à lui, d’introduire des effets de retard
dans la fonction de consommation d’un agent consommateur. Il retient en plus du
revenu courant, la consommation de la période précédente.

Une critique non moins importante a été faite par Franco MODIGLIANI en 1954,
qui reproche à KEYNES la négligence de l’âge du consommateur dans son analyse.
Selon MODIGLIANI, à chaque tranche d’âge de la vie, les besoins diffèrent et sont
spécifiques à la tranche correspondante. Suite à cela, il retient l’ensemble des
revenus durant toute la vie pour expliquer la consommation et non le revenu courant
tel que fait par KEYNES.

Enfin le chef de file des économistes monétaristes, Milton FRIEDMAN énonce en


1957 le comportement de consommation des ménages n’est pas tributaire du revenu
courant effectivement perçu a un moment donne, mais plutôt du revenu
permanent, c'est-à-dire, le revenu que le consommateur anticipe avoir. Le ménage
peut ainsi modifier sa consommation suite à l’augmentation de son revenu.

2.2. Dépassements et reformulations de la fonction de consommation


Keynésienne

Chacun des auteurs énumérés précédemment propose une reformulation de la


fonction de consommation Keynésienne pour la rendre plus compatible avec les faits.

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2.2.1. L’effet de démonstration et d’imitation : L’hypothèse du revenu
relatif (DUESENBERRY, 1948)

L’approche de la fonction de consommation faite par KEYNES, où il ne retient que


le revenu disponible courant pour l’expliquer, est quelque peu différente de celle
adoptée par DUESENBERRY en 1948. Ce dernier tente de remédier aux
contradictions constatées, entre la fonction de consommation telle que présentée par
KEYNES et celle empirique. Selon DUESENBERRY et sa théorie du revenu relatif,
il fallait plutôt retenir comme variable explicative de la consommation d’un ménage,
pas seulement le revenu disponible Yd, comme KEYNES, mais aussi le revenu le
plus élevé atteint dans le passé.

Pour argumenter sa logique, DUESENBERRY se base sur le fait que, vues les
habitudes de consommation acquises durant les périodes précédentes, les ménages
commencent d’abord par piocher dans leurs épargnes ou s’endetter, avant d’ajuster
leurs consommations, en espérant que leurs revenus augmentent plus tard et ainsi
éponger leurs dettes et reconstituer leur épargne. DUESENBERRY avance que les
consommateurs sont regroupés en différents groupes, allant des plus pauvres, au
groupe des plus riches.

Suite à ce découpage, DUESENBERRY introduit la théorie du revenu relatif,


c'est-à-dire que la consommation d’un ménage dépend du groupe social auquel il
appartient dans la hiérarchie sociale. La consommation des ménages d’un certain
groupe est guidée par un effet d’imitation, qui suppose que les biens ne sont pas
seulement demandes pour leur utilité mais pour leur symbole d’appartenance à une
classe sociale supérieure à la leur, c’est ce que DUESENBERRY appelle un effet de
démonstration.

Ce raisonnement est appuyé par le fait que la propension moyenne à consommer des
groupes a revenu relativement faible s’est avérée plus forte que celle des groupes a
revenu relativement élevé. Les groupes des plus démunis, aux revenus faibles
cherchent à imiter la consommation des groupes immédiatement supérieurs à eux.
Les choix des consommateurs dépendent donc, certes du revenu courant, mais aussi,
selon DUESENBERRY, sont modulés en fonction de l’image que le
consommateur veut montrer aux autres membres de la société, en copiant
le style de vie de la classe sociale qui lui est immédiatement supérieure.

La reformulation de la fonction de consommation est donc la suivante :

𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑎𝑌𝑡 + 𝑏𝑌𝑡𝑚𝑎𝑥

Ytmax représente le revenu antérieur le plus élevé.

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2.2.2. L’effet de cliquet ou effet de mémoire (DUESENBERRY, 1949)

L’observation des données statistiques montre que la consommation des ménages


diminue moins vite que le revenu en période de dépression et qu’elle s’accroît moins
vite que le revenu en période d’expansion. Pour expliquer ce phénomène,
DUESENBERRY introduit un nouveau facteur : le décalage temporel.

Au-delà de l’effet de démonstration, DUESENBERRY fait ici l’hypothèse que la


consommation des ménages est également influencée par les niveaux de
consommation atteints dans le passé. En effet, les ménages ajustent leurs dépenses
de consommation non seulement en fonction de leur revenu actuel, comme le pensait
KEYNES, mais également à leurs revenus antérieurs et plus spécialement
au plus haut revenu obtenu dans le passé. C’est ce que DUESENBERRY
appelle « l’effet de cliquet » ou effet de mémoire. Il marque la volonté des
consommateurs de maintenir leur niveau de vie passé.

La consommation dépend du rapport du revenu courant (Rt) et au revenu le plus


élevé atteint dans le passé (Rmax). La fonction de consommation proposée est donc :

𝑪𝒕 = 𝒄𝑹𝒕 + 𝒃𝑹𝒎𝒂𝒙

En période de croissance, le revenu le plus élevé atteint dans le passé correspond au


revenu de la période précédente (Yt-1). La fonction de consommation devient :

𝑪𝒕 = 𝒄𝒀𝒕 + 𝒃𝒀𝒕−𝟏

2.2.3. La théorie de la formation d’habitudes de consommation : L’effet


de retard (BROWN, 1952)

Dans le même ordre d’idée que l’effet de cliquet de DUESENBERRY, Thomas


BROWN introduit l’effet de retard de la consommation. Selon lui, la
consommation d’un ménage dépend non seulement du revenu courant
(comme chez KEYNES) mais aussi de la consommation de l’année précédente.
Ainsi selon BROWN, la fonction de consommation est de la forme suivante :

𝑪𝒕 = 𝒄𝒀𝒕 + 𝒃𝑪𝒕−𝟏

Ainsi l’effet de mémoire s’applique à la consommation pour BROWN, et non pas au


revenu (comme chez DUESENBERRY).

On note que plus le coefficient b est élevé et plus l’effet mémoire est important.

2.2.4. La théorie du revenu permanent (FRIEDMAN, 1957)

Milton FRIEDMAN est le chef de file des monétaristes qui s’opposent aux
conclusions émises par KEYNES. Pour invalider le principe de la stabilité de la

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relation consommation-revenu et remettre en cause la fonction de consommation
Keynésienne, FRIEDMAN considère un revenu courant différent de celui de
KEYNES. Il distingue entre revenu permanent (Yp) et revenu transitoire (YT) :

𝑌𝑡 = 𝑌𝑃 + 𝑌𝑇

Le revenu permanent (YP) est le montant des ressources sur laquelle le


consommateur peut compter avec certitude compte tenu de sa qualification, de son
expérience et sa fortune. Le revenu transitoire (YT) dépend plutôt d’évènements
imprévisibles, accidentels, temporaires, susceptibles de fluctuer d’une période a une
autre, comme par exemple éventuellement des heures supplémentaires ou encore
un chômage rémunéré.

Le revenu ainsi calculé se distingue des revenus courants perçus par les
consommateurs. A une certaine période, le revenu courant Yt peut être supérieur
au revenu permanent Yp; à d’autres, il peut être inférieur :

➢ Si 𝑌𝑡 > 𝑌𝑝 alors 𝑌𝑡𝑟 > 0


➢ Si 𝑌𝑡 < 𝑌𝑝 alors 𝑌𝑡𝑟 < 0

Avec Ytr le revenu transitoire et Yt le revenu courant

En s’appuyant sur la théorie des choix intertemporels du consommateur,


FRIEDMAN montre que la consommation permanente est proportionnelle au
revenu permanent :

𝐶𝑝 = 𝑘𝑌𝑝

FRIEDMAN décompose le revenu Y et la consommation C :

𝑌 = 𝑌𝑝 + 𝑌𝑡𝑟

𝐶 = 𝐶𝑝 + 𝐶𝑡𝑟

Le revenu transitoire Ytr résulte de facteurs considérés comme accidentels ou


aléatoire. La consommation transitoire représente l’écart entre la valeur des
services qui ont été effectivement consommés et ceux que l’agent avait prévu de
consommer.

FRIEDMAN précise qu’il n’a y pas de corrélation entre Yp et Ytr , ni entre Cp et


Ctr, ni entre Ytr et Ctr.

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2.2.5. La théorie du cycle de vie (MODIGLIANI-BRUMBERT, 1954)

Comme pour la théorie du revenu permanent de FRIEDMAN, la théorie de cycle de


vie de MODIGLIANI, retient le revenu disponible de long terme comme principal
revenu déterminant de la consommation courante. Cette théorie soutient que la
consommation d’un ménage représente une proportion à peu près constante du
revenu des ménages tout au long de leur durée de vie, qui peut être divisée en trois
périodes principales : la vie non active, la vie active et la retraite. C’est la théorie
du cycle de vie qui introduit l’âge du consommateur dans ses décisions de
consommation.

Durant sa jeunesse, le consommateur a un revenu minimum, il n’a pas assez de


revenu pour satisfaire sa consommation, il va donc emprunter et consommer plus
que son revenu. Une fois dans la vie active, il va voir ses revenus augmenter
régulièrement et ainsi constituer un patrimoine grâce à son ancienneté dans le
travail, il peut donc rembourser son emprunt, épargner pour l’avenir et préparer sa
retraite. Enfin, à l’âge de la retraite, les revenus des consommateurs vont diminuer
et le ménage désépargne, en puisant dans son patrimoine et ainsi consommer plus
que son revenu courant. Le revenu est donc cyclique et variable le long de la vie et
les ménages transfèrent une partie de leurs revenus des années ‘’aisées’’ vers les
années ‘’difficiles’’, de manière à garder la consommation relativement constante
durant toute la vie grâce à un lissage de la consommation.

Selon la théorie de cycle de vie de MODIGLIANI, la consommation dépend du


revenu disponible courant et de la richesse financière de l’agent économique. D’où
la fonction de consommation de la forme suivante :

𝑾
𝑪𝒕 = 𝒂𝒀𝒕 + 𝒃
𝑷
Avec

Yt : est le revenu courant

a = N/n : représente la propension à consommer le revenu disponible (N étant le


nombre d’années anticipées du travail et ‘’n’’ l’espérance de vie

(W/P) : la richesse réelle, sachant que P mesure le niveau général des prix

b : est la propension à consommer la richesse.

Selon MODIGLIANI et BRUMBERG le ménage essaie de maintenir un niveau de


consommation constant ou relativement croissant au cours de sa vie. À partir de
cette formulation, on retrouve la fonction de consommation Keynésienne de courte
période, où bW correspond à la consommation incompressible de Keynes qui est
constante.
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CHAPITRE 4 : LA FONCTION D’INVESTISSEMENT

L’investissement constitue un élément essentiel et une composante fondamentale


de la demande. Il possède la même grandeur que la fonction de consommation. Pour
produire les biens et les services, il faut que les entreprises mettent en disposition
le capital nécessaire. Les entreprises fournissent leur production sur le marché et
créent leurs richesses à travers les ventes effectuées. Elles ne consomment pas la
totalité de la production mais vont réserver une partie leur permettant par la suite
de renouveler leurs équipements. Cette fraction réservée pour accroitre le capital
est appelée l’investissement.

On mesure l’investissement sur une période de temps donnée. On le considère donc


comme un flux. L’entreprise dispose de son ancien capital qui lui permet d’assurer
sa fonction de production. L’investissement est considéré comme un nouveau stock
de capital ajouté à l’ancien. Sur le plan microéconomique, il s’agit d’un
accroissement du stock de capital pour que l’entreprise puisse améliorer sa
production sur le plan qualitatif et quantitatif. Sur le plan macroéconomique,
l’accroissement de stock de capital permet d’améliorer les projets destinés à la
collectivité. Dans ce chapitre, on se focalisera uniquement sur l’investissement privé
effectué par les entreprises.

I. DÉFINITION DE L’INVESTISSEMENT ET DES CONCEPTS DE


BASE

Investir consiste à acheter de nouveaux biens de production (biens d’équipement)


tels que les machines, les ordinateurs, les voitures, etc., ou la construction
d’immeubles et d’ateliers destinés à l’augmentation de la production dans le futur.
Le financement des études est aussi un investissement. Ce que les ménages
consacrent à l’achat des biens immobiliers neufs est considéré comme un
investissement. Tout cela représente la formation brute de capital fixe (FBCF).

La variation des produits finis, des produits semi-finis ainsi que la variation des
matières premières est aussi un investissement : tout cela représente la variation
des stocks (ΔS).

On appelle investissement total ou encore investissement brut (IB) :

IB = FBCF + ΔS

On appelle investissement net (IN), le montant de l’investissement brut déduit


des amortissements :

IN = IB - At

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où l’amortissement est aussi appelé l’investissement de remplacement car le
matériel devient obsolète au cours du temps.

L’investissement net (IN) est la variation de capital (K) (c’est-à-dire ΔK). On peut
donc écrire :

IN = ΔK = (Kt – Kt-1)

L’investissement net (IN) est la variation de capital (K) (c’est-à-dire ΔK) donc on
écrit :

IN = ΔK = (Kt – Kt-1)

L’amortissement est noté At = α Kt-1 avec α est le taux de dépréciation ou le taux


d’amortissement.

En conclusion, nous pouvons exprimer l’investissement brut comme suit :

IB = IN+ Αt = (Kt – Kt-1) + α Kt-1.

Le plus important est de déterminer les facteurs explicatifs d’une décision


d’investissement.

II. LA THÉORIE KEYNÉSIENNE DE LA DEMANDE


D’INVESTISSEMENT

Pour financer un investissement, l’entreprise dispose de deux sources possibles : les


emprunts et les fonds propres. Dans le premier cas l’entreprise doit payer les
intérêts. Dans le deuxième cas, elle subit un coup d’opportunité mesuré par les
intérêts que l’entreprise aurait pu recevoir en plaçant son capital.

L’entreprise compare dans les deux cas ce que coûte le projet à ce qu’il rapporte. La
rentabilité du projet est étudiée par deux critères : la valeur actuelle nette (VAN)
et le taux de rendement interne (TRI).

2.1. L’approche de la valeur actuelle nette : la VAN

La VAN est la différence entre les revenus futurs nets actualisés (ramenés à leur
valeur actuelle) et le coût d’investissement I0 (ou le coût d’achat des équipements).

𝑹𝑵𝟏 𝑹𝑵𝟐 𝑹𝑵𝟑 𝑹𝑵𝒏


𝑽𝑨𝑵 = + 𝟐
+ 𝟑
+ ⋯+ − 𝑰𝟎
𝟏 + 𝒊 (𝟏 + 𝒊) (𝟏 + 𝒊) (𝟏 + 𝒊)𝒏

Les revenus futurs nets sont appelés les cash-flows.

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i est relatif au taux d’intérêt (taux d’emprunt).

La VAN dans ce cas constitue un critère pour la décision d’investissement :

• Si la VAN est positive (VAN > 0), le projet est donc rentable.
• Si la VAN est négative (VAN < 0), le projet n’est pas donc rentable.

Entre deux projets substituables, on choisit le projet dont la VAN est la


plus élevée.

EXEMPLE 1:

L’entreprise « A » a investi dans l’achat d’une machine pour améliorer le volume de


sa production. Le montant de l’investissement initial est I0 = 110000 FCFA. La
durée de vie de cette machine est 3 ans. La valeur résiduelle est nulle et le taux
d’intérêt est de 7%. Les cash-flows sont respectivement de 38000 FCFA ; 37000
FCFA et 32000 FCFA.

Travail à faire : Vérifier la rentabilité du projet.

CORRIGÉ

𝟑𝟖𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟕𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟐𝟎𝟎𝟎


𝑽𝑨𝑵 = + + − 𝟏𝟏𝟎𝟎𝟎𝟎
𝟏 + 𝟎, 𝟎𝟕 (𝟏 + 𝟎, 𝟎𝟕)𝟐 (𝟏 + 𝟎, 𝟎𝟕)𝟑
𝟑𝟖𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟕𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟐𝟎𝟎𝟎
= + + − 𝟏𝟏𝟎𝟎𝟎𝟎 = −𝟏𝟔𝟎𝟒𝟕, 𝟒𝟕 < 𝟎
𝟏, 𝟎𝟕 (𝟏, 𝟎𝟕)𝟐 (𝟏, 𝟎𝟕)𝟑

La VAN est négative. Le projet est non rentable. Donc on ne peut pas l’accepter.

EXEMPLE 2 :

On reprend les mêmes données de l’application ci-dessus avec une valeur résiduelle
VR=10000 FCFA.

Remarque : la valeur résiduelle est déterminée au moment de l’acquisition du bien.


Il s’agit de l’estimation de la valeur du bien lors de sa cession (la fin de la durée de
l’amortissement).

𝟑𝟖𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟕𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟐𝟎𝟎𝟎 + 𝟏𝟎𝟎𝟎𝟎


𝑽𝑨𝑵 = + + − 𝟏𝟏𝟎𝟎𝟎𝟎
𝟏 + 𝟎, 𝟎𝟕 (𝟏 + 𝟎, 𝟎𝟕)𝟐 (𝟏 + 𝟎, 𝟎𝟕)𝟑
𝟑𝟖𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟕𝟎𝟎𝟎 𝟒𝟐𝟎𝟎𝟎
= + + − 𝟏𝟏𝟎𝟎𝟎𝟎 = −𝟕𝟖𝟖𝟒, 𝟐𝟑 < 𝟎
𝟏, 𝟎𝟕 (𝟏, 𝟎𝟕)𝟐 (𝟏, 𝟎𝟕)𝟑

La valeur actualisée nette (VAN) est négative, donc le projet n’est pas rentable et
on ne peut pas l’accepter.

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2.2. Le taux de rendement interne (TRI)

En se basant sur la VAN en tant que point de départ, Keynes développe une notion
alternative relative au taux de rendement interne (TRI) qui définit l’« Efficacité
Marginale du Capital » (EMC).

Le TRI est relatif au taux d’actualisation (ρ) qui permet d’avoir une différence nulle
entre la valeur actuelle de l’investissement et ses recettes futures. Il s’agit du taux
d’actualisation qui annule la VAN. C’est le taux d’intérêt maximum que l’entreprise
peut supporter si elle emprunte le capital K pour son projet.

Le TRI d’un projet ρ est déterminé tel que :

𝑹𝑵𝟏 𝑹𝑵𝟐 𝑹𝑵𝟑 𝑹𝑵𝒏


+ + + ⋯ + − 𝑰𝟎 = 𝟎
𝟏 + 𝝆 (𝟏 + 𝝆)𝟐 (𝟏 + 𝝆)𝟑 (𝟏 + 𝝆)𝒏

Après la détermination du taux de rendement interne, l’entreprise va décider


d’investir ou non dans le projet concerné à travers la comparaison entre le taux
identifié (ρ) et le taux d’intérêt en vigueur. Pour que l’entreprise accepte la
décision d’investissement, il faut que le TRI dépasse le taux d’intérêt sur le
marché.

Si on suppose, par exemple, après le calcul que le TRI du projet est de 8%. Si le taux
d’emprunt est inférieur à 8%, le projet sera rentable et l’entreprise devra l’accepter.
Dans l’autre cas, si le taux d’intérêt est supérieur à 8%, le projet ne sera pas rentable
et l’entreprise ne l’acceptera pas.

Si on suppose qu’on est face à six projets différents ne possédant pas le même TRI.

EXEMPLE 3 :

On présente 6 projets avec leurs TRI et la valeur de l’investissement pour chaque


projet :

Projets 1 2 3 4 5 6
TRI 0,50 0,16 0,12 0,28 0,24 0,4
Valeur de 120 140 100 170 120 100
l’investissement

Dans une première étape, il faut tout d’abord classer les projets existants suivant
un ordre décroissant (en fonction du TRI). Dans une deuxième étape, on compare le
TRI de chaque projet au taux d’intérêt en vigueur sur le marché. Dans une dernière
étape la décision d’investir ou non est formulée en respectant la règle suivante : le
TRI soit supérieur au taux d’intérêt i.

Selon le TRI de chaque projet, on les classe comme suit :

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Projets 1 2 3 4 5 6
TRI 0,50 0,16 0,12 0,28 0,24 0,4
Valeur de 120 140 100 170 120 100
l’investissement
Valeur cumulée de 120 220 390 510 650 750
l’investissement

Figure 4.1 : Illustration de la relation entre le montant investi et le taux de rendement


interne

Pour un taux d’intérêt de 10%, les six projets sont tous réalisables et le montant
investi est de 730. Pour un taux d’intérêt de 20%, les projets 1, 6, 4 et 5 sont
réalisables et le montant investi sera égal à 510.

Selon KEYNES, un taux d’intérêt faible aura pour résultat une augmentation du
montant des investissements à réaliser dans la mesure le nombre de projets
rentables sera très élevé. Il en résulte donc une relation négative et décroissante
entre le taux d’intérêt (i) sur le marché et le montant de l’investissement. La baisse
du taux d’intérêt permet l’accroissement de l’investissement. Dans ce sens, les
entreprises seront encouragées par l’investissement productif. Il en résulte que
l’investissement et le taux d’intérêt sont donc liés suivant une fonction décroissante.

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Figure 4.2 : Illustration de la relation entre l’investissement et le taux d’intérêt

On note donc I = f(i) où la variation de la fonction d’investissement par rapport au


taux d’intérêt i est négative ce qui explique la pente négative de la courbe.

APPLICATION :

Une entreprise envisage de réaliser un investissement I0 de 400 FCFA. Les revenus


nets prévus sont de 110 FCFA pour la première année et 121 FCFA pour la
deuxième année. La valeur résiduelle de ce projet est de 242 FCFA.

1) Calculer le TRI de ce projet

2) Sous quelle condition ce projet serait-il réalisable ?

CORRIGE

1) Le TRI est le taux qui annule la VAN, on aura donc :

𝑅𝑁1 𝑅𝑁2 𝑅𝑁3 𝑅𝑁𝑛


+ 2
+ 3
+ ⋯+ − 𝐼0 = 0
1 + 𝜌 (1 + 𝜌) (1 + 𝜌) (1 + 𝜌)𝑛

𝟏𝟏𝟎 𝟏𝟐𝟏 + 𝟐𝟒𝟐


+ − 𝟒𝟎𝟎 = 𝟎
(𝟏 + 𝝆) (𝟏 + 𝝆)𝟐

𝟏𝟏𝟎 𝟏𝟐𝟏 + 𝟐𝟒𝟐


+ = 𝟒𝟎𝟎
(𝟏 + 𝝆) (𝟏 + 𝝆)𝟐

𝟏𝟏𝟎 × (𝟏 + 𝝆) 𝟑𝟔𝟑 𝟒𝟎𝟎 × (𝟏 + 𝝆)𝟐


+ =
(𝟏 + 𝝆)𝟐 (𝟏 + 𝝆)𝟐 (𝟏 + 𝝆)𝟐

𝟏𝟏𝟎 × (𝟏 + 𝝆) + 𝟑𝟔𝟑 𝟒𝟎𝟎 × (𝟏 + 𝝆)𝟐


=
(𝟏 + 𝝆)𝟐 (𝟏 + 𝝆)𝟐

→ 𝟏𝟏𝟎 × (𝟏 + 𝝆) + 𝟑𝟔𝟑 − 𝟒𝟎𝟎 × (𝟏 + 𝝆)𝟐 = 𝟎

On pose (𝟏 + 𝝆) = 𝒙

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→ 𝟏𝟏𝟎𝒙 + 𝟑𝟔𝟑 − 𝟒𝟎𝟎𝒙𝟐 = 𝟎

Avec ∆= 𝑏 2 − 4𝑎𝑐

−𝑏−√∆ −𝑏+√∆
→ 𝑥1 = et 𝑥2 =
2𝑎 2𝑎

∆= (110)2 − 4 × (−400) × (363) = 592900

−110 − √592900
→ 𝑥1 = = 1,1 = (1 + 𝜌)
−800
→ 𝝆 = 𝟎, 𝟏 ≈ 𝟏𝟎%

−110 + √592900
→ 𝑥2 = = −0,125 = (1 + 𝜌)
−800
→ 𝝆 = −𝟏, 𝟏𝟐𝟓 à 𝒓𝒆𝒋𝒆𝒕𝒆𝒓

Donc 𝝆 = 𝟏𝟎%
2) Le projet est réalisable si le taux d’intérêt est inférieur à 10%.

III. LE PRINCIPE DE L’ACCÉLÉRATEUR

KEYNES considère que la fonction d’investissement dépend du taux d’intérêt mais


aussi de la demande des ventes anticipées futures.

Les entreprises ne décident d’investir que si elles anticipent une augmentation de


la demande c’est-à-dire c’est l’augmentation de la demande qui les pousse à investir
et à accroitre leur stock de capital.

3.1. Présentation des hypothèses de base

Trois hypothèses du modèle d’accélérateur doivent être vérifiées :

- Les capacités existantes doivent être totalement utilisées.

- Le stock de produit doit être nul (les produits à vendre).

- À tout instant, le stock de capital Kt doit être proportionnel à la production Yt.

3.2. Formulation et définition de l’accélérateur

On suppose qu’il y a un ajustement de la production au niveau de la demande


anticipée. Donc le niveau de la production sera égal au niveau de la production
anticipée. Selon le principe de l’accélérateur simple, il s’agit d’une relation de
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proportionnalité entre l’investissement réalisé, durant une période donnée, et la
variation du niveau de la production. On peut écrire :

𝑲𝒕
𝑲𝒕 = 𝝀𝒀𝒕 → 𝝀 =
𝒀𝒕

D’où λ est constante car Kt varie proportionnellement avec le niveau de production


Yt. Le coefficient d’accélérateur qu’on appelle aussi le coefficient de capital est
représenté par le coefficient λ. Il mesure le nombre d’unités de K nécessaires pour
produire une unité d’un bien.

On note que l’investissement brut est la somme de l’investissement net de


l’amortissement :

𝐼𝐵 = 𝐼𝑁 + 𝐴𝑡

Et

𝐼𝑁 = 𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1

Avec l’amortissement est notée

𝐴𝑡 = 𝛼𝐾𝑡−1

où α désigne le taux de dépréciation.

APPLICATION

On suppose que les hypothèses du modèle d’accélérateur de KEYNES sont vérifiées.


Le coefficient de K = 3%. Le taux de dépréciation α = 20%.

Travail à faire : Remplir le tableau ci-dessous.

Années Yt Kt At IN IB
1 10 30
2 15 45
3 15 45
4 13 39
5 10 30
6 40 120

CORRIGÉ

(1) CALCUL DE At

On a : At = α Kt-1
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On ne peut pas calculer l’amortissement (At) pour la première année puisqu’on ne
dispose pas de la valeur du stock de capital de l’année antérieure.

Pour les autres années : calcul de l’amortissement

Année 2 : At = 30 x 0,2

Année 3 : At = 45 x 0,2

Année 4 : At = 45 x 0,2

Année 5 : At = 39 x 0,2

Année 6 : At = 30 x 0,2

(2) CALCUL DE IN

On a : IN = Kt – Kt-1

De même, on ne peut pas calculer l’investissement net pour la première année


puisqu’on ne dispose pas de la valeur du stock de capital de l’année antérieure.

Pour les autres années, on a :

Année 2 : IN = 45 - 30

Année 3 : IN = 45 - 45

Année 4 : IN = 39 - 45

Année 5 : IN = 30 - 39

Année 6 : IN = 120 - 30

(3) CALCUL DE IB

On a : IB = IN+ Αt

De même, on ne peut pas calculer l’investissement brut pour la première année


puisque on ne dispose pas des valeurs de l’amortissement (At) et de l’investissement
net (IN) de la première année.

Pour les autres années, on a :

Année 2 : IB = 15 + 30

Année 3 : IB = 0 + 9

Année 4 : IB = -6 + 9

Année 5 : IB = -9 + 7,8
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Année 6 : IB = 90 + 6

On obtient donc le tableau suivant :

Années Yt Kt At IN IB
1 10 30 – – –
2 15 45 6 15 21
3 15 45 9 0 9
4 13 39 9 -6 3
5 10 30 7,8 -9 -1,2
6 40 120 6 90 96

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CHAPITRE 5 : LE MARCHÉ MONÉTAIRE

Pour pouvoir se procurer les biens et les services qu’il désire et qu’il ne produit pas
lui-même, l’agent économique utilise un bien particulier : la monnaie. Il s’agit d’un
élément central dans les échanges car il facilite les transactions en les simplifiant.
La monnaie possède une place importante et primordiale dans l’analyse
macroéconomique de l’ère moderne. La monnaie joue un rôle important où elle
permet de réaliser et d’assurer l’équilibre sur le plan macroéconomique. La théorie
Keynésienne aussi accorde une importance à la monnaie en tant que facteur
fondamental permettant aux investisseurs et aux entrepreneurs d’accepter et de
rejeter une décision d’investissement. En se basant sur la quantité de monnaie
offerte et celle demandée en tant que deux facteurs essentiels, on peut déterminer
le niveau du taux d’intérêt qui en résulte de la confrontation de ces deux
composantes. Le but de chapitre est d’analyser le marché de la monnaie en
ressortant ses différentes composantes et son mode de fonctionnement.

I. LA MONNAIE
1.1. Définition la monnaie

En économie, la monnaie désigne tous les moyens de paiement dont les agents
économiques disposent qui sont généralement acceptés pour la livraison de biens ou
le règlement des dettes.

La monnaie est un bien économique car il a une utilité et doit être produit par un
agent économique spécifique.

La monnaie est aussi un actif qui permet à celui qui le détient d’acquérir un bien
ou un service.

La monnaie est également un phénomène social car elle repose sur la confiance
des agents dans le système qui la produit.

1.2. Les fonctions de la monnaie

Depuis le philosophe grec ARISTOTE, on attribue trois fonctions à la monnaie :

▪ Unité de compte : La monnaie permet de donner, au moyen du prix, une valeur


relative à tout bien ou service échangeable sur un marché, et de faire des choix
en conséquence. On peut ainsi comparer la valeur de biens et services
économiques, chacun étant évalué par un prix d'échange qui représente la
quantité de monnaie qu'un individu doit fournir pour son acquisition.
▪ Réserve de valeur : La monnaie permet l’épargne, c’est-à-dire elle offre la
possibilité de différer sa consommation dans le temps. On parle aussi de réserve
de pouvoir d'achat, car son détenteur conserve un pouvoir d'achat qu'il pourra
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mobiliser au moment où il voudra consommer. Cependant, pour que sa valeur
soit maintenue dans le temps, il faut le niveau général des prix (l'inflation) soit
stable.
▪ Intermédiaire des échanges : La monnaie rend possible des échanges qui
seraient beaucoup trop complexes avec le troc. On ne recherche donc pas la
monnaie pour elle-même mais parce qu'elle donne la possibilité de se procurer
des biens et des services. Elle a permis de passer d'une économie de troc
(échange d'un bien contre un bien) à une économie monétaire (échange d'un
bien contre de la monnaie).

Par conséquent, la monnaie est un outil formidable de civilisation, qui a permis de


sortir du troc, d’épargner et de se coordonner par le marché.

1.3. Les formes de monnaie

La monnaie prend différentes formes :

• la monnaie primitive, sont les premières formes de monnaies utilisées dans


les sociétés traditionnelles. C’est ainsi qu’on a eu recours aux cauris, aux
coquillages, ou à tout autre bien socialement accepté. En fait, Milton
FRIEDMAN affirme que n’importe quel bien susceptible de fournir une garantie
provisoire sur le pouvoir d’achat général, peut faire office de monnaie.
• la monnaie divisionnaire ou monnaie métallique, constituée de l’ensemble
des pièces en circulation dans une économie qui sont fabriquées à partir de
mélanges de métaux (or, argent ou cuivre). C’est la forme de monnaie la plus
connue dans l’histoire.
• la monnaie fiduciaire ou monnaie papier composée de l’ensemble des billets
émis par la Banque Centrale et détenus par les agents économiques.
• la monnaie scripturale qui est la monnaie inscrite dans les comptes bancaires
et des autres établissements financiers. C'est une monnaie immatérielle, que
l'on ne peut pas toucher. Elle circule via les moyens de paiement scripturaux
(chèques, virements bancaires, cartes bancaires, etc.). C’est la forme de monnaie
la plus répandue dans les économies développées.

1.4. Le prix de la monnaie

La valeur d’une unité monétaire est égale à une unité de monnaie. En clair, le prix
de la monnaie vaut la monnaie en elle-même : C’est le prix absolu. Par exemple,
le prix d’un Euro est un Euro ; le prix d’un Franc CFA est un Franc CFA, etc.

Toutefois, étant donné que la monnaie sert à donner la valeur des biens et services,
on peut dire que le prix de la monnaie est égal à la quantité des biens et services
qu’elle permet d’acquérir : C’est le prix relatif. On parle aussi de pouvoir d’achat

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de la monnaie. L’inflation (hausse générale des prix) est donc un déséquilibre qui
détériore le prix relatif de la monnaie.

Le taux d’intérêt est le prix de la monnaie sur le marché financier. Il désigne à la


fois le coût d’un emprunt (on parle du prix de l’argent). C’est aussi la rémunération
de l’épargne (on parle de rendement de l’argent).

Le taux de change est le prix de la monnaie lorsqu’il est exprimé dans une autre
monnaie. Le taux de change peut être fixe (1 Euro vaut 655,957 FCFA) ou flottant
(évolue en fonction de l’offre et la demande de monnaie sur le marché des changes).

II. L’OFFRE DE MONNAIE

L’offre de monnaie est la quantité de monnaie mise, à un moment donné, à la


disposition du public par le système bancaire. Cette monnaie est créée par la Banque
Centrale et les banques commerciales. Toutefois, les banques commerciales sont
soumises au contrôle de la Banque Centrale qui représente l’autorité monétaire :
on dit que la Banque exogène centrale est la banque des banques. C’est elle qui
décide de la quantité de monnaie qui sera offerte dans l’économie : on dit que l’offre
de monnaie est exogène.

L’offre nominale de monnaie sera donc considérée comme :

𝑴𝒐 = 𝑴𝒐𝟎

et l’offre réelle de monnaie sera :

𝑴𝒐 𝑴𝒐𝟎
=
𝑷 𝑷

Avec M la masse monétaire et P l’indice des prix.

C’est grâce à la masse monétaire qu’on peut déterminer la quantité de monnaie


en circulation dans une économie pendant une période donnée.

Figure 5.1. L’offre de monnaie.

L’offre de monnaie est certes exogène, mais elle n’est pas toujours constante. Elle
peut varier selon la politique monétaire de la Banque Centrale.

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Une politique monétaire expansive se traduit par une augmentation de l’offre
de monnaie : ΔMo > 0.

Une politique monétaire restrictive se traduit par une baisse de l’offre de


monnaie : ΔMo < 0.

Figure 5.2. Illustration d’une politique monétaire restrictive et expansive.

III. LA DEMANDE DE MONNAIE

Pour saisir les déterminants de la demande de monnaie, il faut d’abord connaître


les raisons qui poussent les agents économiques non financiers à détenir de la
monnaie. Ces raisons sont en étroite relation avec les fonctions de la monnaie (unité
de compte, réserve de valeur, intermédiaire des échanges). La théorie économique
Keynésienne retient trois motifs de détention de la monnaie : le motif de
transaction, le motif de précaution et le motif de spéculation.

3.1. Le motif de transaction

Ce premier motif de détention de la monnaie résulte du problème de la non


synchronisation des échanges qui se traduit par une séparation des recettes et des
dépenses, c'est-à-dire que les agents vont vendre leurs biens ou ressources contre de
la monnaie, puis ils vont étaler leurs achats d’autres biens et services dans le temps.

La quantité de monnaie demandée pour ce motif sera donc d’autant plus importante
que le volume des transactions et le niveau général des prix sont élevés. Et comme
le niveau des transactions est approximé par le PIB, alors la demande de monnaie
pour motif de transaction sera fonction croissante de la valeur de la production.

Toutefois, chaque unité monétaire est utilisée plus qu’une fois durant l’année. On
définit la « vitesse de circulation de la monnaie » 6 comme le nombre de fois
qu’une unité monétaire change de main durant l’année, on peut dire que plus la

6
La vitesse de circulation dépend des habitudes de paiement d’une économie donnée à un moment donné. A titre
d’exemple, cette vitesse sera plus élevée lorsque les salaires sont payés à la semaine que lorsqu’ils sont payés au
mois. Par ailleurs, l’usage du chèque et de la carte de paiement augmente aussi la valeur de cette vitesse.
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monnaie circule, moins on a besoin de monnaie pour les transactions. Autrement
dit, il existe une relation décroissante entre la demande de monnaie pour motif de
transaction et la vitesse de circulation de la monnaie.

Si on note la demande nominale de monnaie pour motif de transaction (MT), le


niveau général des prix (P), la vitesse de circulation monétaire (v), alors nous
pouvons écrire :

1 1
𝑀𝑇 = 𝑃𝑌 = 𝑘𝑃𝑌 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑘 =
𝑣 𝑣

Dans ce cas la demande réelle de monnaie pour motif de transaction sera :

𝑴𝑻
= 𝒌𝒀
𝑷

Et comme la vitesse de circulation est un paramètre de comportement qui traduit


les habitudes de paiement, nous pouvons supposer qu’elle est constante en courte
période étant donné que les comportements ne varient qu’en longue période. Et de
ce fait, nous pouvons écrire :

𝑴𝑻 𝒅𝑴𝑻
= 𝒇(𝒀) 𝒂𝒗𝒆𝒄 >𝟎
𝑷 𝒅𝒀

Figure 5.3. La demande de monnaie pour motif de transaction.

3.2. Le motif de précaution

Outre les besoins pour effectuer les transactions courantes, les agents économiques
non financiers vont détenir une quantité supplémentaire de monnaie pour pallier
aux dépenses imprévues qui peuvent survenir dans le futur. Il peut s’agir par
exemple de maladie, d’accident, de voyage imprévu, etc. Cette demande, qui est
qualifiée de demande de monnaie pour motif de précaution, elle est aussi
fonction croissante de la valeur de la production.

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La demande de monnaie pour motif de transaction (MT) et pour motif de précaution
(MP) est notée :

𝑳𝟏 = 𝑴𝑻 + 𝑴𝑷

L1 est une fonction croissante du revenu Y donc :

𝑳𝟏 = 𝒇(𝒀)

La demande de monnaie L1 vérifie l’équation suivante :

1
𝐿1 = 𝑘. 𝑌 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑘 = 𝑙𝑒 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑙𝑖𝑞𝑢𝑖𝑑𝑖𝑡é
𝑉

Cette fonction est indépendante du taux d’intérêt r. Elle ne dépend que du revenu.

Figure 5.4. Illustration de la demande de monnaie pour motif de transaction et pour


motif de précaution

3.3. Le motif de spéculation

L’acte de spéculation consiste à acheter des titres financiers (des obligations par
exemple) lorsque leur cours est relativement faible et que les agents s’attendent à
ce qu’il va augmenter dans le futur, en vue de les revendre lorsque leur cours
augmente. Cette activité n’existe que parce que l’évolution futur du cours des titres
est incertaine de sorte que les anticipations les concernant varient d’un agent à un
autre.

Un agent qui achète des titres voit ses encaisses spéculatives baisser et
inversement. Autrement dit, la demande de monnaie pour motif de spéculation (MS)
augmente au fur et à mesure que le cours des titres (CT) augmente et que les agents
les vendent.

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𝒅𝑴𝒔
𝑴𝒔 = 𝒇(𝑪𝑻) 𝒂𝒗𝒆𝒄 >𝟎 (1)
𝒅𝑪𝑻

Or le cours des titres est inversement proportionnel au taux de rendement des titres
(RT).

En effet, supposons une obligation émise pour une valeur nominale de 100 FCFA
avec un rendement annuel de 10 FCFA, soit un taux de rendement égal à : RT =
10/100 = 0,1. Si le cours de ce titre augmente et passe à 125 FCFA, son taux de
rendement passe à : RT = 10/125 = 0,08, et si son cours passe à 80 FCFA, son taux
de rendement passe à : RT = 10/80 = 0,125.

Ainsi :
𝒅𝑹𝑻
𝑹𝑻 = 𝒇(𝑪𝑻) 𝒂𝒗𝒆𝒄 <𝟎 (2)
𝒅𝑪𝑻

La combinaison des relations (1) et (2) permet d’écrire :


𝒅𝑴𝒔
𝑴𝒔 = 𝒇(𝑹𝑻) 𝒂𝒗𝒆𝒄 <𝟎 (3)
𝒅𝑹𝑻

Et comme le taux de rendement des titres financiers ne peut pas s’écarter


durablement et significativement du taux d’intérêt (R), nous pouvons assimiler taux
de rendement des titres et taux d’intérêt. Ceci nous permet d’écrire la relation (3)
comme suit :
𝒅𝑴𝒔
𝑴𝒔 = 𝒇(𝑹) 𝒂𝒗𝒆𝒄 <𝟎 (4)
𝒅𝑹

La préférence pour la liquidité est forte lorsque le taux d’intérêt est faible, et elle
sera faible lorsque le taux d’intérêt sera élevé.

Toutefois, lorsque le cours des titres arrive à un niveau tellement faible de sorte que
les agents considèrent qu’il ne peut plus baisses (CT minimum), c'est-à-dire que le
taux d’intérêt arrive à son niveau maximum, les agents vont chercher à convertir la
totalité de leurs liquidités en titres, et la demande de monnaie de spéculation sera
donc nulle.

Et lorsque le cours des titres arrive à un niveau tellement élevé de sorte que les
agents considèrent qu’il ne peut plus augmenter (CT maximum) c'est-à-dire que le
taux d’intérêt arrive à son niveau minimum, les agents vont chercher à convertir la
totalité de leurs titres en monnaie, et la demande de monnaie de spéculation sera
donc infinie. Cette situation d’excès de liquidité est qualifiée de trappe à liquidité.

La relation (4) combinée à ces deux dernières remarques permet d’écrire la


fonction de demande de monnaie de spéculation :

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𝑀𝑠 = 0 ∀ 𝑅 ≥ 𝑅𝑚𝑎𝑥
𝑑𝑀𝑠
{𝑀𝑠 = 𝑓(𝑅) 𝑎𝑣𝑒𝑐 < 0 ∀ 𝑅𝑚𝑖𝑛 < 𝑅 < 𝑅𝑚𝑎𝑥
𝑑𝑅
𝑀𝑠 = ∞ ∀ 𝑅 ≤ 𝑅𝑚𝑖𝑛

Figure 5.4. Illustration de la demande de monnaie pour motif de spéculation.

La détention de la part de la monnaie pour motif de spéculation est une fonction


décroissante par rapport au taux d’intérêt.

À partir d’un taux d’intérêt jugé très intéressant Rmax, toute la monnaie consacrée
à la spéculation est placée est donc la monnaie pour motif de spéculation est nulle
(MS = 0).

En dessous d’un taux d’intérêt minimum (Rmin), celui à partir duquel les
placements ne sont plus intéressants, les agents économiques n’achètent plus de
titres et la demande de monnaie pour motif de spéculation est infinie (totale). Dans
ce cas l’économie entre dans la phase de la trappe à la liquidité (préférence totale
pour la liquidité que le placement dans la mesure où l’incertitude est très grande).
Plus la préférence pour la liquidité est grande et plus l’incertitude des agents est
grande.

3.4. La demande totale de monnaie

Dès lors qu’on combine les trois motifs de détention monétaire, la fonction de
demande totale de monnaie (Md) s’écrit comme suit :

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Graphiquement, la courbe de demande totale de monnaie est une fonction
décroissante par rapport à « r » dont l’expression est :

(𝟏) 𝑴𝒅 = 𝑳𝟏 ∀ 𝒓 ≥ 𝒓𝒎𝒂𝒙
{(𝟐) 𝑴𝒅 = 𝑳𝟏 + 𝑳𝟐 ∀ 𝒓𝒎𝒊𝒏 < 𝒓 < 𝒓𝒎𝒂𝒙
(𝟑) 𝑴𝒅 = ∞ ∀ 𝒓 ≤ 𝒓𝒎𝒊𝒏
La courbe de demande totale de monnaie est représentée comme suit :

Figure 5.5. Illustration de la courbe de demande totale de monnaie

IV. L’ÉQUILIBRE DU MARCHÉ MONÉTAIRE

L’équilibre du marché monétaire est obtenu lorsque la demande totale de monnaie


égale à l’offre de monnaie :

(Mo = Md)

Graphiquement, l’équilibre est situé à l’intersection des courbes d’offre et de


demande de monnaie. Le point d’intersection détermine le taux d’intérêt
d’équilibre « r* ».

Figure 5.6. Illustration de l’équilibre du marché monétaire

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À partir de l’équilibre initial, on suppose que l’État fait une politique monétaire
expansive en injectant plus de monnaie dans l’économie. Graphiquement, cela se
traduit par un déplacement de la courbe d’offre de monnaie parallèlement vers la
droite et pas une baisse du taux d’intérêt d’équilibre ce qui encourage
l’investissement.

Si l’offre de monnaie augmente encore jusqu’à entrer dans la zone de trappe à la


liquidité, la politique monétaire expansive est inefficace car le taux d’intérêt ne
diminue plus car il est déjà à son minimum.

Si l’État réduit la quantité de monnaie dans l’économie, elle fait donc une politique
monétaire restrictive. Graphiquement, cela se traduit par un déplacement vers
la gauche et le taux d’intérêt d’équilibre augmente. L’objectif donc est de limiter
l’inflation. Il existe donc une relation inverse entre la valeur d’un titre financier et
le taux d’intérêt.

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