Vous êtes sur la page 1sur 7

Chapitre 1 

: La pensée
I- Les réflexions économiques dans l’antiquité
Dans l’antiquité, il y avait des marchands, paysans, artisans  interrogation sur les moyens de prod°,
l’efficacité productive, la combinaison des facteurs de prod°, termes d’un échange, l’investissement,
la consommation, la finance publique…  pas de trace écrite mais absence de texte ne veut pas dire
absence d’idée

Seuls documents trouvés à l’époque sont des lois, des traités notamment dans le domaine de la
religion qui ont été trouvés en Mésopotamie ; la PE (=pensée économique) est indissociable de la
moralité et du droit à cette époque

1. La Mésopotamie
Les premières problématiques éco° apparaissent dans le texte de loi : « Code d’Hammurabi » datant
du 18e siècle av. JC  code inscrit dans la pierre par le roi de Babylone Hammurabi (qui régnait sur
l’ancienne Mésopotamie)

C’est le plus ancien document d’économie au monde

On y trouve des problématiques telles que la fixation des salaires, le règlement des prêts…

Ce code n’a été découvert que récemment donc il n’a pas eu d’influence directe sur l’économie
moderne mais il témoigne cependant que l’économie est très ancienne.

2. Les réflexions grecques


Les idées développées pendant l’Antiquité en Grèce Antique ont eu un impact important sur la
philosophie occidentale et sur la théorie économique moderne.

Smith, professeur de philosophie, enseignait les préceptes d’Aristote et de Platon donc des préceptes
de la pensée antique.

Encore aujourd’hui, dans certaines prépas par ex, on enseigne la philosophie d’Aristote et de Platon
 prouve l’influence de la pensée antique

La GA (=Grèce Antique) est considérée comme le berceau de la démocratie.

Toutefois comme tout commencement, il y a des défauts. L’économie grecque dépendait bcp du
travail des esclaves que cela soit en ce qui relève du travail agricole ou artisanal. Dans les
démocraties grecques, on ne considérait pas la possibilité de supprimer l’esclavagisme, le travail
forcé.

L’économie grecque était prospère grâce notamment au commerce international qui était permis par
la maîtrise du transport maritime. (Bateaux apportaient des marchandises mais aussi des idées)

a) Xénophon (426-354 av. JC)


L’un de ses principaux ouvrages s’appelle « L’économique », rédigé après s’être retiré de l’armée au
service de Sparte. Xénophon introduit donc le mot « économie » qui provient du grec « oïkos » =
maison et nomos = administration

L’économie n’avait pas le même sens, à cette époque, c’est tout ce qui renvoyait au gouvernement
de la maison puis le sens du terme a évolué au cours du temps.
b) Platon
Platon fait évoluer la notion d’économie, il a une vision plus générale de l’économique.

Pour lui, l’économie, ce n’est pas que la gestion domestique, c’est plutôt « l’ordonnancement
harmonieux de la cité ». (Vision + macro)

Dans l’esprit de Platon, l’ordonnancement passe par un strict contrôle collectif des pratiques et des
relations éco°.

Platon est contre la propriété privée et donc pour la communauté des biens.

Il imagine une sorte de cité idéale composée de 5000 personnes. 2 catégories sociales hiérarchisées
dans cette cité :

 Les races d’or et d’argent qui sont, pour lui, les gardiens et les dirigeants de la cité
Gardiens = guerriers qui défendent la cité, principale qualité : sagesse
Dirigeants = sénateurs (politique)
Ils ont la charge d’assurer la sauvegarde des mœurs et par conséquent pour Platon, ces
catégories sont écartées de toute activité éco°, afin de préserver leurs qualités morales 
idée que tout ce qui relève de l’économique vient pervertir les mœurs, cela corrompt la
sagesse des individus
 Les commerçants, artisans qui assurent le fonctionnement matériel de la cité

Platon soutient que la prospérité et la richesse ne doivent pas être une fin en soi et que les seules
quêtes des cités doivent être la justice et l’harmonie sociale fondées sur le respect des vertus
morales notamment la sagesse, le courage, la justice et la tempérance.

c) Aristote
(Revoir vidéo pour réviser)

Aristote a été élève de Platon

La définition de l’économique d’Aristote est proche de la vision de Xénophon.

En effet, Aristote a une vision plus micro de l’économie, c’est ce qui relève de la gestion du
domaine/domestique. L’échelle macroéconomique, pour lui, renvoie plutôt à la politique.

Chrématistique renvoie au négoce avec enrichissement, à l’accumulation de monnaie grâce au


commerce, au commerce avec effet de levier (=faire du profit grâce au commerce).

 Pour Aristote, ces 3 éléments sont condamnables

Déf plus claire de chrématistique : science de l’enrichissement, de la production de richesses éco°

La chrématistique peut aujourd’hui être assimilée aux activités spéculatives et aux activités de rentier

Aristote fut un précurseur concernant le prêt à intérêt (mm s’il le condamnait) et également c’est lui
qui va mettre en évidence pour la première fois en économie ce qu’on appelle la valeur d’usage et la
valeur d’échange (reprit par la pensée classique plus tard)

Economie selon Aristote = connaissance des lois permettant l’optimisation des biens d’une maison.
Autrement dit, l’économie est l’art d’administrer la maison (échelle microéco°, comme pour
Xénophon)
Aristote distingue 2 formes de chrématistiques  :

- Chrématistique naturelle et légitime  commerce a pour but d’acquérir des biens en vue de
la satisfaction des besoins naturels et de la survie de l’individu et de sa famille
Ex : alimentation, achat de vêtements
Dans ce type de chrématistique, la monnaie est une conséquence du troc. Autrement dit,
l’échange de produits a rendu nécessaire l’émergence d’une mesure commune : la monnaie
Ainsi, le rôle de la monnaie est de faciliter les échanges, c’est un instrument des échanges.

Mais pour Aristote, l’intro° de la monnaie va donner naissance à une forme corrompue de
chrématistique :

- Chrématistique basse et condamnable  a pour but de tirer un profit, un enrichissement de


l’activité
Confusion entre moyen et fin puisque la monnaie devient ici le principe et le terme de
l’échange
Pour cette chrématistique, il n’y a pas de fin en soi, il n’y a pas de fin à l’accumulation de
richesses
Ex : Aristote prend l’ex d’un acheteur de blé qui va ensuite le stocker et qui va finalement
attendre une pénurie pour le vendre et profiter donc de la flambée des prix  spéculation
Autre ex : le prêt à intérêt  pour Aristote cela consiste à gagner de l’argent avec de
l’argent, c’est cela qu’il condamne car pour lui l’argent doit être neutre et doit juste servir à
faciliter les échanges, la monnaie ne doit pas servir à faire du profit

Autre distinction faite par Aristote : valeur d’usage (usage propre) / valeur d’échange

Valeur d’usage : valeur naturelle  c’est par ses propriétés qui vont servir à satisfaire un besoin
humain, qu’un objet acquiert de la valeur

Ex : chaussures

Valeur d’échange : valeur non naturelle  acquise par la loi d’échange, elle va dépendre des coûts,
des conditions de prod°, de la rareté du bien

Ex : c’est en vendant des chaussures que le cordonnier obtient de la monnaie qui va permettre
d’acheter un autre bien

Dernière distinction pour Aristote  : économique / politique

Economique : renvoie à une échelle microéco° et qui fait référence à la gestion domestique

Politique : renvoie à une échelle macroéco° et qui vise à l’harmonie et à la justice dans la cité

Même si Aristote condamnait la mauvaise chrématistique (l’enrichissement), contrairement à Platon,


il était en faveur de la propriété privée. Il justifie cela par l’idée que l’on prend moins soin de ce qui
est commun à un très grand nombre, les individus s’occupent principalement de ce qui leur est
propre, moins de ce qui est commun (thème tjrs d’actualité : les ressources naturelles, la nature)

II- La pensée médiévale


Peu d’écrits, seulement écrits théologiques (=relatif à la religion) et juridiques (comme pour la
pensée antique)

La pensée éco° n’est qu’un accessoire à la pensée morale et éthique


1. L’islam médiévale
Sans le développement de la religion musulmane, la culture grecque et romaine aurait disparue
après la chute de l’empire romain. En effet, les invasions barbares ont complètement détruit la
civilisation antique en Europe (ils n’ont laissé que des monuments).

Mahomet a fondé la religion musulmane qui s’est propagée principalement au 7 e et 8e siècle pour
couvrir un espace géographique énorme allant du Maroc au Pakistan. Cette conquête arabe, qui vise
l’expansion et l’unification des peuples s’est traduite par un essor éco°, politique et culturel très
important. En effet, cette conquête a introduit une paix relative qui a favorisé les échanges éco°.

Également, pour gérer un espace aussi vaste, des institutions se sont développées et sont devenues
de + en + sophistiquées. Dans cette culture arabe, une grande place a été accordée à l’étude et au
savoir

Les intellectuels arabes se considéraient comme les héritiers de la culture helléniste (= issue de la
littérature grecque). Ce sont eux qui ont transcrit et traduit les textes grecques.

Les penseurs de cette époque, vont finalement tenter d’interpréter la philosophie grecque à travers
la religion musulmane.

Intellectuels arabo-musulmans avec pensée éco°  :

- Al farabi : a rédigé une thèse sur la politique qui se concentre sur les affaires courantes et
économiques, sa pensée est directement inspirée de Platon
- Ibn Sina  (« Avicenne »): sa pensée se base sur Aristote, très connu et très respecté en
Occident
Dans son œuvre intellectuel, il essaye de trouver la concordance entre la raison
philosophique et la moralité du Coran
- Al Biruni : se penchait sur la relation qui existe entre la pop° et les ressources (thème repris 8
siècle plus tard par la pensée classique, notamment par Malthus)

2. L’Europe médiévale
a) Contexte de la période
Haut Moyen Age (5e-10e siècle après JC) : période marquée par la chute de l’empire romain 
invasion barbare qui se traduit par un contexte d’insécurité et de fragmentation. Cette instabilité
génère des dégradations techniques et éco° extrêmement sévères.

Quelques périodes de redoux qui permettent un léger essor éco° et culturel (notamment le cas sous
Charlemagne)

 Mais les vrais développements n’ont pas lieu avant le 11 e siècle

A partir du 12e et 13e siècle, l’Occident est le théâtre d’un renouveau intellectuel et éco°, cela
s’explique par la redécouverte des œuvres d’Aristote qui avait été perdues pdt plusieurs siècles en
Europe mais qui finalement ont été conservées puis diffusées par des commentateurs venus du
monde arabo-musulman (notamment par Avicenne).

Dans le domaine éco°, le servage a progressivement remplacé l’esclavage en tant que rapport de
prod°.
 Période où le commerce se développe bcp, apparition et multiplication des marchés
hebdomadaires et des foires commerciales

Même si le prêt à intérêt est tjrs condamné par l’Eglise, c’est la période des grandes croisades et les
templiers ont recours aux prêts à intérêts pour financer leurs croisades  paradoxal

Période où vont naître les premières universités  centres d’activités intellectuels à la marge de la
pensée éco°

Tout cet élan intellectuel (éco°, démographique…) va connaître un coup d’arrêt brusque à la fin du
13e siècle qui va s’expliquer par des conflits armés au sein de l’Europe mais aussi par la peste noire
qui va sévir en Europe et en Afrique du Nord (40% de la pop° meurt)  conséquences sur la
structure de la société et sur toute l’organisation éco°

Pour faire face à cette baisse de la pop° qui créée des désordres éco°, les autorités vont fixer des prix
sur les marchés (prix des denrées alimentaires : pain et vins principalement à cette époque) et aussi
fixer des salaires (obligation pour la classe laborieuse de travailler).  Les Etats vont donc, pdt cette
période, restructurer leur système fiscal pour prendre en compte la baisse démographique.

Cette période sombre va durer jusqu’à la fin du 15 e siècle

b) Présentation de Thomas d’Aquin


Thomas d’Aquin (1224-1274 : courte période où il y a eu un renouveau intellectuel) : sa réflexion
éco° est encastrée dans un cadre théologique et moral, sa pensée éco° n’est donc pas traitée de
manière à part entière

Dans ses écrits, il va essayer de concilier la philosophie aristotélicienne et la pensée chrétienne 


cela va lui permettre de légitimer le commerce (alors que commerce condamné dans l’antiquité car
mauvaise chrématistique)

La pensée éco° de d’Aquin apparaît lorsqu’il aborde la problématique de la justice commutative et


distributive

i. Justice commutative et justice distributive


Justice commutative : ignore les différences entre les individus et donne à chacun la même part

Justice distributive : fait intervenir l’idée d’une inégalité ou plus exactement d’une proportionnalité
dans l’allocation des biens, des récompenses ou des honneurs et qui tient donc compte de la valeur
de chacun, du mérite ; il est donc « donné d’autant plus à une personne que sa place dans la
communauté est prépondérante «   idée soutenue plus tard par Walras

ii. La théorie thomiste du juste prix


L’expression « juste prix » renvoie à l’expression moderne de « prix d’équilibre du marché »

Notion qui apparaît à l’antiquité, elle a des références juridiques et non éco° mais cela va changer
avec d’Aquin qui va développer une conception éco° de cette notion de juste prix

L’idée de juste prix chez d’Aquin est fonction des besoins de l’individu mais aussi de l’utilité de ce
bien  idée novatrice au 13e siècle

(Dès le MA (=Moyen Age), on voit apparaître une théorie subjective de la valeur qui sera reprise par
les néoclassiques au 19e siècle)
Ce qui motive l’échange pour d’Aquin ce n’est pas l’intérêt privé et individuel mais le bonheur de
tous et le bien commun

Derrière cette théorie du juste prix, on a une théorie de l’ordre social et notamment d’Aquin disait
« si le prix dépasse le juste prix de la chose ou, si l’inverse, son juste prix dépasse le prix, l’égalité de
la justice est détruite »

Selon l’enseignement traditionnel de l’Eglise, l’individu est caractérisé par 2 éléments  :

- La vertu : dans le cas où l’individu est vertueux, il prend en considération plusieurs choses : le
bien commun, les intérêts propres de ses partenaires d’échange et puis surtout
l’information, à la fois concernant les biens eux mm mais aussi l’information sur le fait que
les acheteurs et les vendeurs soient ou pas vertueux
Pour d’Aquin on ne peut tomber sur le juste prix que dans le cas de la vertu
- L’absence de vertu : situation d’asymétrie entre le vendeur qui fixe le prix et l’acheteur qui y
consente

iii. La fraude commerciale et la question de la légitimité du commerce

- Est-il permis de vendre une chose plus chère qu’elle ne vaut ?


- Vendeur est-il tenu de dire les défauts de sa marchandise ?
- Est-il permis dans le commerce, de vendre une marchandise plus chère qu’on ne l’a
achetée ?

Derrière ces 3 questions d’Aquin s’interroge sur ce qui est moralement condamnable, càd sur ce qui
constitue un péché ou pas. Pour savoir si cela constitue un péché ou non, il faut s’intéresser à un
principe : l’intention

1) Est-il permis de vendre une chose + chère qu’elle ne vaut  ?

Pour d’Aquin : non cela n’est pas permis

Pour lui, c’est « tromper son prochain à son détriment », cela relève pour lui d’une mauvaise
intention et le vendeur commet donc un péché

Dans l’autre sens, pour l’acheteur, acheter une marchandise moins chère que ce que le bien vaut
réellement, est « injuste et illicite »  acheteur commet un péché

Mais d’Aquin expose un cas particulier, une exception  : lorsqu’on vend plus cher ou qu’on achète
moins cher ce n’est pas un péché quand le vendeur subit un préjudice en vendant sa marchandise à
l’acheteur

2) Le vendeur est-il tenu de dire les défauts de sa marchandise  ?

3 types de défauts :
- Défaut de nature (vendre du cuivre jaune au lieu de vendre de l’or)
- Défaut de quantité
- Défaut de qualité 

Pour d’Aquin : le vendeur est tenu de dire les défauts car sinon  mauvaise intention
Mais 2 exceptions  : si le vendeur ignorait au moment de la transaction le défaut de sa propre
marchandise ; si le défaut n’est pas caché mais qu’il est manifeste (ex : cheval borgne, mais pas
cheval boiteux car ça ne se voit pas)

Tout cela renvoie à l’asymétrie de l’information avec un risque d’antisélection

3) Est-il permis dans le commerce de revendre une marchandise + chère qu’on ne l’a achetée ?

 Non, d’Aquin reprend l’idée de mauvaise chrématistique d’Aristote

Mais 3 exceptions  :
- Si les gains modérés dégagés par le vendeur sont affectés à l’entretien de la famille
- Si les gains sont utilisés pour secourir les indigents (=les pauvres)
- Si l’activité du commerçant favorise l’utilité sociale

Chez d’Aquin il y a bcp d’exceptions qui rendent le commerce profitable et juste alors que
normalement c’est quelque chose qui est condamné par son époque

iv. Usure, intérêt et monnaie


L’Eglise considère l’emprunt comme un mécanisme inégalitaire dans le sens où le prêteur peut
généralement attendre alors que l’emprunteur est contraint

D’Aquin va trouver une parade, une exception : il sépare l’intérêt et l’usure

Intérêt : somme que le débiteur paie au créancier en rémunération de l’usage de l’argent prêté 
accepté

Usure : l’intérêt perçu au-delà du taux licite  délit, condamné

Il va falloir attendre un siècle plus tard avec Jean Calvin pour que le prêt à intérêt soit validé par
l’Eglise et c’est à cette période que l’on va voir se développer les ancêtres de l’industrie

Distinction de Calvin : prêts commerciaux/de production vs prêts de conso°

Prêts commerciaux : finance l’investissement  versement d’intérêts  cautionné

Prêt de conso° : ont pour objectif de secourir les personnes en difficulté  logique de dons  gratuit

Vous aimerez peut-être aussi